le financement de l’innovation dans la pme marocaine .apport du capital investissement

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Institut Suprieur de Commerce et dAdministration des Entreprises Cycle Suprieur de Gestion Rabat

Le financement de linnovation dans la PME marocaine : quel apport du capital investissement

Mmoire prsent pour lobtention du diplme du Cycle Suprieur de Gestion

par : Said RHOMAD Jamaleddine Mohammed IDRISSI

Jury: Prsident : Bouzid AZZOUZI, Professeur lISCAE, Directeur de recherche Suffragants : Rachid MRABET : Professeur et Directeur Gnral de lInstitut Suprieur de Commerce et dAdministration des Entreprises Professeur la Facult des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales, Universit Mohammed V Agdal et Directeur Gnral du Centre Marocain de Conjoncture (CMC) Ex Prsident de la Fdration des PME/PMI et membre de la Confdration Gnrale des Entreprises du Maroc

Ahmed LABBOUDI :

Adnane DEBBAGHE :

Mars 2005

Ddicace

A nos parents que Dieu les prserve A nos deux familles respectives

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RemerciementsLa prsente recherche naurait pu aboutir sans les orientations et les conseils prcieux de notre Directeur de recherche Monsieur Bouzid Azzouzi. Quil trouve, ici, lexpression de notre profonde reconnaissance. Nous remerions vivement messieurs Rachid MRABET, Ahmed LAABOUDI et Adnane DEBBAGHE qui ont accept dhonorer ce travail par leurs apprciations. Nous tenons remercier vivement M. Rachid MRABET, Directeur Gnral de lISCAE et M. Ahmed ASSLOUN, Directeur du Cycle Suprieur de Gestion ainsi que lensemble du personnel de notre Institut pour leur disponibilit chaque fois quils ont t sollicits. Toute notre gratitude va galement Messieurs Abdennacer Daif, Directeur Gnral de Daif Conseil et Mohcine Bakkali, Directeur Gnral Adjoint de Moussahama pour les nombreux conseils quils nous ont prodigus pour la ralisation de ce travail.

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Extrait de la Lettre de SA MAJESTE le ROI Feu HASSAN IIAdresse au Premier Ministre Abderrahmane El Youssoufi A loccasion de la prparation du plan de dveloppement conomique et social 2000-2004

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Le dveloppement global pour lequel nous oeuvrons, signifie la promotion du pays dans tous les domaines conomiques, sociaux, culturels et politiques et ldification de son dveloppement, de telle manire que lensemble de ses composantes puissent bnficier des fruits du progrs, aussi bien au niveau des catgories sociales que sur le plan spatial. Sur cette base, il importe de concevoir une stratgie de dveloppement intgr dont lexcution aura pour but de renforcer les structures de la socit, dintgrer ses diffrentes composantes et de consolider son tissu et son unit. Il sagit essentiellement de ce qui suit Premirement: la promotion des rgions dfavorises et leur intgration dans la dynamique du dveloppement, notamment en rattrapant le retard dont souffre le monde rural en matire dquipements socio-conomiques, et en trouvant des solutions la baisse du revenu, lanalphabtisme et linsuffisance des prestations sociales. Deuximement : lintgration de la jeunesse, particulirement celle instruite, dans le processus de production, afin de tirer profit de ses potentialits remarquables et de ses hautes comptences au service du dveloppement conomique et social du pays, en lincitant la crativit, linnovation, en comptant sur elle-mme, sans ngligence, ni hsitation. Troisimement: lassociation de la femme aux activits de dveloppement en lui permettant dexercer tous ses droits, en tant qulment agissant et influent au sein de la socit. Quatrimement: la lutte contre la pauvret, la marginalisation et lexclusion, qui sont contraires aux prceptes de notre sainte religion, fonde sur un ensemble de valeurs humaines, en premier lieu le renforcement de la solidarit et de lentraide et la prservation de la dignit.

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.. Sa Majest le Roi Feu Hassan II Fait, au Palais Royal Rabat, Mardi 17 joumada II 1420 de lHgire, correspondant au 28 septembre 1999

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Extrait du Message de SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VIAdress aux participants au sminaire La PME : moteur de croissance conomique organis par le Ministre des Affaires Gnrales du Gouvernement, du 30 novembre au 1er dcembre 1999

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. Lobjectif du dveloppement durable du secteur des petites et moyennes entreprises que nous voulons atteindre, demeure tributaire de la prise de conscience, par lensemble des acteurs conomiques, du rle vital qui incombe ce secteur et de leur engagement veiller ladaptation de leurs mthodes de travail et de leurs pratiques de sorte ragir et rpondre positivement aux dispositions de la charte nationale aprs quun consensus se fut dgag son sujet et quelle fut adopte conformment aux procdures constitutionnelles qui lui confrent force de loi. Nous saisissons, par ailleurs, cette occasion pour nous adresser aux institutions financires les incitant, de nouveau, accorder davantage dattention ce secteur, en veillant adapter leurs mthodes dvaluation de la faisabilit des projets, mettre en place les structures daccueil et les mcanismes de financement mme de lui permettre de se doter des ressources ncessaires ses investissements et son fonctionnement par le biais dune mobilisation optimale des crdits trangers qui lui sont destins et dune plus large affectation de lpargne nationale son profit, sans toutefois perdre de vue les exigences de prservation de la solidit de notre systme montaire et financier et des fondements qui lui confrent la crdibilit aux plans national et international. Il est vident que le renforcement du tissu des petites et moyennes entreprises dans notre Royaume est tributaire de lattention qui sera porte ce secteur par ladministration territoriale et les collectivits locales tous les chelons et de leur engagement effectif et permanent le soutenir et lui faciliter la tche. Ceci ncessite, vu limportance du rle de ces instances, que le degr de leur implication dans ce domaine soit llment dterminant dans notre valuation de leur performance et de leur capacit rpondre nos attentes concernant la transformation profonde quelles doivent oprer dans la qualit de leurs pratiques, la mthode de leur gestion et la nature de leur comportement. Au-del de ces considrations, nous souhaiterions nous adresser aux petites et moyennes entreprises elles-mmes pour leur dire que nous attendons delles quelles consentent, elles aussi, les efforts ncessaires pour sorganiser et sintgrer dans des rseaux dalliances diversifies tant au niveau des objectifs que des partenaires, afin quelles jouent pleinement le rle que nous attendons delles en matire de cration de richesses, de multiplication des opportunits demploi, de diffusion de lesprit dinnovation et dinitiative. Nous comptons sur leur participation active et efficiente au progrs et la stabilit de notre socit, la promotion de ses valeurs authentiques incitant la perfection de louvrage, la sincrit dans les relations et la solidarit base en toutes circonstances sur la justice et lquit. Nous sommes persuad que toute approche stratgique visant le renforcement de notre systme de production, lenrichissement de son tissu et lamlioration de sa comptitivit, doit tre une approche globale. Le dveloppement ne peut tre rduit des techniques, des moyens financiers ou des dbouchs dont la responsabilit incombe lEtat ou un quelconque oprateur dans le domaine conomique et social. Le dveloppement exige, au contraire, que lacte de produire soit hiss au niveau dune obligation responsable et objective ayant pour finalit la stabilit et limmunit de la patrie en matire de croissance conomique, de solidarit sociale et dharmonie culturelle et spirituelle. Ainsi, le dveloppement est un processus de mobilisation qui requiert la conjugaison des efforts de toutes les forces vives du pays pour moderniser lenvironnement de la production et aboutir une convergence des vues et des ambitions lgitimes de chacun des diffrents partenaires, sur la base de laction honnte au service de lentreprise en tant que moyen collectif de cration de richesses et demplois. Il sagit galement de veiller, de manire collective, la distribution quitable du revenu et du produit du labeur, car cest le meilleur moyen dinciter la productivit et de promouvoir des relations civilises au sein dune socit qui aspire la paix et la fraternit, entre ses diffrentes composantes et assurer des conditions de vie dignes tous ses membres, dans le respect de sa personnalit souveraine tant lintrieur qu lextrieur de ses frontires.

Sa Majest le Roi Mohammed VI Fait au Palais Royal de Rabat, le 29 novembre 1999

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Introduction gnrale

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Evolution de lenvironnement des PME la suite de la crise conomique du dbut des annes 1980, les gouvernements marocains qui se sont succds ont acclr le train des rformes introduites avant cette date et appliqu une politique de rigueur visant rtablir les quilibres macro-conomiques du pays. Dans ce cadre, les mesures prconises, dans le cadre du programme dajustement structurel, ont insist, entre autres, sur la diminution de la protection des changes, la rduction du dficit budgtaire et le rchelonnement de la dette extrieure. Les rsultats obtenus sur le plan comptable ont t positifs mais au dtriment des secteurs sociaux. Ainsi, si la dcennie 1990 a t caractrise par un degr lev de stabilit macroconomique, on a observ plus rcemment, depuis lan 2000, un relchement de la discipline budgtaire. Sagissant de la croissance conomique, les rsultats obtenus par le pays ont t dcevants, le taux de croissance tombant une moyenne de 3,3%, en termes rels, au cours de la priode 1980-1998 par an contre une moyenne de 3,8% dans les annes 19801. Ce recul a t principalement imputable des facteurs extrieurs (six scheresses en dix ans, lenteur de la croissance en Europe) ainsi qu la stagnation des rformes structurelles globales. La dpendance envers la production agricole et des conditions mtorologiques variables ont provoqu gnralement une forte irrgularit du taux de croissance. La faiblesse du taux de croissance au cours de la dcennie 1990 sest traduite par la stagnation du niveau de PIB par habitant. Lconomie na pas t en mesure dattnuer les pressions dcoulant du dveloppement rapide de la main duvre (la progression dmographique, bien quen recul, demeure de 1,7%). Le taux de chmage reste lev (suprieur 20% dans les zones urbaines)2. Pour limiter les risques dun retour une situation similaire lavant 1983, les autorits marocaines ont poursuivi ces dernires annes des politiques visant consolider la stabilit du cadre macro-conomique et renforcer la croissance.

1 Plan de dveloppement conomique et social 2000-2004 tel quil a t arrt dans le document annex la loi n 37-00, promulgue par le Dahir n 1-00-267 du 2 joumada II 1421 (1er septembre 2000) ; page 43. 2

Chiffres tirs des annuaires statistiques labors par la Haut Commissariat au Plan.

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Ces politiques ont permis lconomie marocaine denregistrer quelques avances en portant la croissance3 relle une moyenne de 3,5% sur la priode 2000-02 contre 1,4% sur 1990-95. En 2003, la croissance a atteint 5,2% et les prvisions4 permettent desprer une croissance de 4,4% en 2004. Toutefois, la croissance marocaine est trs erratique car elle reste troitement dpendante du secteur agricole, malgr les efforts entrepris par le Gouvernement pour stabiliser les performances de ce secteur et les rendre moins vulnrables aux alas climatiques. Sa part dans le PIB total avoisine 14% et occupe plus de 50% de la main duvre. La rcente croissance conomique sest accompagne dune relative amlioration du cadre macro-conomique illustre par une baisse du taux dendettement global du Trsor, ramen de 71,4% du PIB en 2002 69,4% en 2003 et par un maintien de linflation 1,2% en 2003 contre 2,8% en 2002. La situation des finances publiques a t tributaire, au cours des annes 2000, des produits de la privatisation et continuera ltre dans un contexte budgtaire o ltat doit concilier une baisse des recettes, dcoulant du dmantlement tarifaire dcid dans le cadre de ltablissement des zones de libre-change (avec lUnion europenne, les Etats-Unis dAmrique, la Turquie, les pays de la quadrilatrale5, les pays de la ligue arabe) et une demande de plus en plus exigeante. Les progrs observs ces dernires annes ont introduit des rformes structurelles et des amliorations dans ltablissement dune conomie de march viable et concurrentielle. Parmi les rsultas enregistrs figurent, notamment : la privatisation des entreprises publiques (les recettes gnres en 2003 et 2004 ont t suprieures aux prvisions) ; la rforme des tlcommunications ; la poursuite de la libralisation des changes extrieurs matrialise par ladhsion au GATT devenu OMC en 1995 et la signature de plusieurs accords de libre change ; la matrise des pressions inflationnistes ; la libralisation des prix (sauf ceux dun certain nombre de produits de base comme lessence, lhuile vgtale, le sucre et la farine, qui sont fixs par ltat) ; le retour la rigueur budgtaire ;

Chiffres du Haut Commissariat au Plan Prvisions du Centre Marocain de Conjoncture. 5 Il sagit de laccord sign Agadir entre le Maroc, la Tunisie, lEgypte et la Jordanie pour ltablissement dune zone de libre change.3 4

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la promotion de linitiative prive que lEtat a charg de jouer le rle de locomotive du dveloppement conomique dans le cadre du plan de dveloppement conomique et social 2000-2004 ; la mise en uvre du programme de mise niveau des entreprises.

Concernant le cadre rglementaire et le dveloppement du secteur priv, les rglementations et la bureaucratie demeurent pesantes malgr les efforts de rforme consentis par lEtat. Les entrepreneurs se plaignent de la lenteur avec laquelle seffectue la dlivrance des autorisations. Les procdures publiques ne sont pas toujours transparentes, efficaces ou rapides. Le Maroc a redoubl defforts en 2003 pour amliorer lenvironnement gnral des entreprises et encourager le dveloppement du secteur priv. Les autorits ont pris des mesures pour crer des conditions de concurrence quitables et supprimer les obstacles la cration de nouvelles entreprises. Parmi les mesures adoptes on citera la mise en oeuvre de la lgislation sur la concurrence et le lancement du nouveau rgime de gestion dcentralise des investissements par louverture de 16 centres rgionaux dinvestissement (CRI). Soucieux dattirer plus dinvestissements trangers directs (IDE), le Maroc accorde un traitement identique aux investissements trangers et nationaux ( lexception du secteur de la construction) et une participation trangre de 100% est autorise dans la plupart des secteurs. Il nexiste pas dobligation dexamen de linvestissement tranger mais celui-ci est soumis des restrictions dans certains secteurs, notamment les tlcommunications mobiles. Les trangers sont autoriss investir dans le secteur agricole, sans pouvoir acqurir de terrains. La rglementation empche les socits trangres de dtenir une participation majoritaire dans une entreprise marocaine dassurance. Les rsidents comme les non rsidents peuvent tre titulaires de comptes en devises, sous rserve de certaines conditions et restrictions. Les paiements privs, le transfert dintrts et le paiement des voyages sont soumis certaines limites, la prsentation de justificatifs et, dans certains cas, une autorisation. Le programme de mise niveau vise lamlioration des performances des entreprises et le renforcement de leur environnement immdiat. Pour cela, le Maroc bnficie dune aide de lUnion Europenne dans le cadre du programme MEDA. Le programme de mise niveau est plac sous la responsabilit du Ministre charg de lIndustrie et du Commerce, et est pilot sur le terrain par le Comit national de mise niveau (CNMN).10

Les domaines couverts par le programme concernent la formation professionnelle, la promotion des exportations et les mcanismes de financement de linvestissement des entreprises. En matire de formation, les taux dencadrement suprieur et moyen nont pas progress et lapport des fonds disponibles grce au programme MEDA na pas suffi engager davantage les entreprises, en particulier les PME, dans lamlioration de la qualification de leurs employs. En matire de financement, plusieurs instruments ont t mis en place, notamment dans le cadre de la contribution de la Caisse Centrale de Garantie (CCG), des fonds spcialiss et de lignes de crdit trangres. Concernant le secteur financier, les autorits marocaines ont entam, au dbut des annes 1990, un processus de rforme, ax principalement sur la rvision du cadre juridique et rglementaire du systme financier et laccroissement du rle des forces du march. Ltat continue cependant de contrler une grande partie des tablissements financiers. Lamlioration des pratiques financires na pas suivi les volutions institutionnelles et la concurrence lextrieur du systme bancaire tend tre limite en raison de lorganisation de ce secteur au sein du Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM). Sagissant du secteur bancaire, certaines banques publiques reprsentaient en 2003 le segment le plus vulnrable du secteur, ayant dans leurs portefeuilles un grand nombre de crances douteuses et ne respectant gure les rglementations et dispositions prudentielles du secteur bancaire. Trois banques publiques {Caisse Nationale du Crdit Agricole (CNCA), Crdit Immobilier et Htelier (CIH) et Banque Nationale du Dveloppement Economique (BNDE)} semblent insolvables et ont t exemptes des obligations en matire de rserves et de respect des normes prudentielles tout en cherchant une solution ce problme. Concernant les actions de restructuration de ce secteur, il faut signaler la transformation de la Banque nationale de dveloppement conomique en banque daffaires (une partie de son activit), de la Banque Centrale Populaire en socit anonyme et le plan de redressement du Crdit immobilier et htelier. Par ailleurs, la Banque Centrale sest employe introduire au cours des trois dernires annes un certain nombre de rformes visant consolider le systme bancaire et amliorer le fonctionnement du march des capitaux, afin de dynamiser le financement de la restructuration de lconomie et sa mise niveau. Les normes prudentielles imposes aux banques ont t rformes, avec ladoption dun cadre rglementaire rgissant laudit externe des tablissements de crdit et spcifiant les conditions dagrment des auditeurs externes et ltendue des travaux quils doivent effectuer. La Banque Centrale a aussi amnag la rglementation affrente la classification des crances et leur couverture par les provisions, tout en tendant cette rglementation aux socits de financement.11

la fin de 2003, la rforme du secteur financier est entre dans une nouvelle phase, refltant la dtermination des autorits de poursuivre la modernisation du secteur. Une nouvelle lgislation est en cours dadoption. Elle comporte, en particulier, les lments suivants : la rforme du statut de la Banque Centrale, par le renforcement de son indpendance et de son rle de surveillance ainsi que de son rle moteur dans la gestion montaire et la rgulation du secteur bancaire; une nouvelle loi bancaire qui prvoit la cration dune commission de surveillance conjointe pour lensemble du secteur bancaire et non bancaire; un certain nombre de dispositions relatives au secteur financier, telles que le renforcement de lorgane de surveillance du march financier {le Conseil Dontologique des Valeur Mobilires (CDVM)} et un contrle plus strict des oprateurs financiers.

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Le Maroc sest engag libraliser un certain nombre de services bancaires et autres services financiers sans aucune limitation en ce qui concerne la prsence commerciale. Le secteur des assurances a t assaini, par la liquidation de certaines socits, et la mise en place dun plan de redressement pour celles en difficults. Un nouveau Code des assurances a t publi en octobre 2002. La prsence commerciale en ce qui concerne les services dassurance est conditionne par ltablissement dun sige social sur le territoire marocain. Les capacits institutionnelles de la Direction de la Supervision des Assurances du Ministre des Finances et de la Privatisation ont t renforces. Dans le cadre de la nouvelle loi bancaire, cette direction fera partie de la commission de supervision du secteur financier. Par ailleurs, les efforts ont t entrepris pour assainir la situation financire des organismes de retraite et de prvoyance. Un processus de mise niveau de ces organismes a t mis en place. En ce qui concerne les valeurs mobilires, la Bourse de Casablanca poursuit systmatiquement ses efforts de modernisation. Les nouveaux textes lgislatifs concernant le renforcement de lorgane de contrle et la transparence dans le fonctionnement du secteur financier pourraient redonner confiance et aider au dveloppement de ce march. La bourse reste, toutefois, caractrise par la concentration de sa capitalisation, ainsi que par le manque de papiers nouveaux et de liquidit.

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Lensemble de ces rformes touchant aux composantes du secteur financier a pour finalit dassurer la prennit de ce secteur en vue de promouvoir lpargne long terme et le dveloppement de lactivit des marchs de capitaux. Une rflexion devrait tre mene incessamment sur les moyens de renforcer la mobilisation de lpargne longue. Selon Bank Al-Maghrib Elle devrait porter non seulement sur les produits et les circuits mais galement sur lensemble des incitations lpargne 6. Selon les prvisions du plan de dveloppement conomique et social 2000-2004, le Maroc a besoin dune croissance de 5 en moyenne par an avec, 6,4% la fin du plan pour lever le niveau de vie de la population, diminuer le chmage et rduire la pauvret7. Pour atteindre cet objectif, il doit parvenir amliorer, entre autres, les conditions de cration des PME qui constituent une part prpondrante8 du tissu conomique et favoriser linnovation par un environnement et des financements adquats. En effet, dans le nouveau type d'conomie dans lequel nous voluons, qualifi dconomie de la connaissance, linvestissement constituera le facteur cl de la croissance, mais cette croissance ne saccompagnera de cration demplois qu condition quune forte fraction de cet investissement soit consacre linnovation. Les problmes de la performance et de la comptitivit des entreprises sont donc au cur des proccupations actuelles des spcialistes de gestion et particulirement des spcialistes de stratgie. En ce qui concerne ces derniers, la proccupation est ancienne et cela est bien normal puisque l'objectif majeur de l'action stratgique est la comptitivit long terme. Ainsi, la performance des entreprises dont le corollaire et la comptitivit ne se mesurera plus par les prix. Dsormais, quelles soient grandes ou de petites tailles, la comptitivit des entreprises dpendra de leur capacit innover. Or, la relativisation de l'analyse de la performance en matire dinnovation devrait se faire par la prise en compte de la spcificit de certaines populations d'entreprises. Malgr lintrt rcent, pour les PME, par le monde universitaire, il nen demeure pas moins que de nombreuses recherches leurs ont t consacres et ont t centres non seulement sur les problmes des PME mais galement sur leurs capacits intrinsques dont notamment leurs aptitudes innover.Rapport annuel de Bank Al-Maghrib ; dition 2003. Plan de dveloppement conomique et social 2000-2004 tel quil a t arrt dans le document annex la loi n 37-00, promulgue par le Dahir n 1-00-267 du 2 joumada II 1421 (1er septembre 2000) ; page 22. 8 La part des PME dans le tissu conomique diffre selon la source retenue. Voir tableau de la page 35.6 7

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Par ailleurs, la PME fait lobjet dun intrt de plus en plus croissant de la part des pouvoirs publics. Des politiques spcifiques de soutien ce type dentreprises ont t mises en place dans lobjectif de favoriser un environnement propice la cration de nouvelles entreprises et au dveloppement de celles existantes. Bien plus, ces programmes sont revus au fur et mesure de lvolution de lenvironnement des entreprises. Conscients de limportance de linnovation dans la course vers la performance et partant la comptitivit, les PME innovantes se voient accorder un intrt particulier. Une multitude de mesures sont mises en places pour assurer lengagement de travaux de recherche et dveloppement et dinnovation. Les programmes nationaux sont complts par dautres communautaires comme cest le cas de lUnion Europenne. Lobjectif ultime tant de promouvoir la contribution de ces entreprises la croissance. Au Maroc, lintrt pour les PME sest manifest avec beaucoup de consistance au cours des dernires annes. Certes des mesures de soutien existaient mais leur impact ntait pas visible. Face la ncessit d'amliorer la contribution des PME la croissance conomique, un ensemble de mesures visant l'assainissement de l'environnement des affaires et la modernisation de lenvironnement des entreprises a t mis en place comme on la vu ci-haut mais le problme du financement reste pos.

Choix du thme de rechercheLes problmes de financement des PME revtent un intrt particulier tant sur le plan personnel que gnral. Sur le plan personnel, nous avons choisi de mener cette tude en vue dapprofondir nos connaissances sur ce tissu dentreprises qui reprsente une proportion importante dans la majorit des conomies tant en terme numrique quen terme de contribution la cration des richesses, demploi, dinnovation, etc. ces entreprises sont rputes par leurs capacits dadaptation aux volutions conjoncturelles. Nous voulons, par ce travail, apprhender les caractristiques intrinsques des PME innovantes, comprendre leur comportement vis--vis des politiques publiques de soutien linnovation. Nous voulons galement apprcier leurs degrs douverture pour un accs ais au capital investissement comme source de financement de linnovation. Le but est de contribuer la proposition dun plan stratgique pour la facilitation de laccs des PME innovantes au capital-investissement.

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Sur le plan gnral, nous voulons contribuer par ce travail susciter le dbat sur les activits dinnovation au sein des PME et montrer leur impact sur la survie et la comptitivit de ces entreprises. Nous essayerons ainsi de montrer : - Comment ces entreprises financent leurs activits dinnovations ; - Quels sont les freins au dveloppement des ces activits dans un environnement en perptuelle mutation ; - Pourquoi les diffrentes rformes de lenvironnement financier des PME nont pas t en mesure de pousser ces entreprises innover davantage ; - Dans quelle mesure les PME marocaines utilisent les fonds de capital investissement comme source de financement de linnovation ; Globalement, la recherche que nous nous proposons de mener part du constat qui considre que la PME marocaine recle d'importants atouts de croissance. Ce type d'entreprises a des particularits lies notamment leurs capacits innover. Or, elles restent confrontes des difficults daccs au financement bancaire.

Intrt du sujetLe caractre particulier de l'innovation implique un traitement spcifique en faveur des PME innovantes. Dans ce cadre, des financements adapts ont t mis en place sous forme de capital investissement pour palier aux insuffisances des fonds propres de ces structures et des difficults de leur accs aux emprunts bancaires. Il convient de souligner que ce genre de financement a jou un rle essentiel de fournisseur de fonds propres aux entreprises jeunes et innovatrices aux USA et par la suite en Europe avant de se propager dans le reste des pays dvelopps et ceux en dveloppement. En effet, le capital investissement sest dvelopp aux Etats-Unis d'Amrique au dbut des annes 1940 et a connu un vritable essor partir de 1950. Ce pays prsente lui seul prs des deux tiers du march mondial du capital-investissement. L'investissement a connu une augmentation de 150 % entre 1998 et 1999 ; soit un montant quatre fois plus important que les investissements similaires dans lUE (50% en 1998 75% en 1999)9.

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Le capital-risque de Mondher CHERIF - Editeur Banque - 2000

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En Europe, le march du capital-investissement a suivi lexemple amricain. Dans ce cadre, la Commission Europenne et les Etats membres de lUnion Europenne ont pris des initiatives pour encourager ce crneau. En 2003, prs de 22,9 milliards deuros ont t investis dans six pays seulement (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Sude)10. Au Maroc, les socits de capital investissement ont vu le jour la fin des annes 1980 sous l'impulsion d'organismes trangers. On en compte actuellement une dizaine de socits. Toutefois, son bilan est plutt mitig. Selon une tude rcente ralise par la Caisse de Dpt et de Gestion (CDG)11 sur lvolution de ce mode de financement, il apparat que les montants levs, entre 1990 et 2002, sont passs de 140 Mdh 1.198 Mdh, soit une augmentation annuelle moyenne de 20%. Toutefois, la leve de Fonds a connu un ralentissement durant ces dernires annes. Ainsi, entre 2001 et 2002, la croissance des ressources disponibles tait de 4% seulement. Selon cette mme tude, la taille moyenne des Fonds est de 171 Mdh. Ces chiffes sont trs faibles relativement ceux de pays o ce mode de financement a pu soutenir un tissu de PME largi notamment aux Etats-Unis dAmrique et en France. Les statistiques montrent galement que le niveau moyen des fonds levs reste relativement modeste par rapport aux aspirations affiches par les gestionnaires des fonds marocains savoir le financement des entreprises en dveloppement. A titre de comparaison, la taille moyenne des Fonds damorage en France est de lordre de 131 millions de dirhams. En terme dutilisation des disponibilits, 60 entreprises ont bnfici du concours des fonds du capital-investissement couverts par ltude au Maroc entre 1990 et 2003. Ce qui est trs faible comparativement limportance du tissu des PME marocaines. Celles-ci reprsentent seulement 7% des PME ligibles ce mode de financement souligne la Caisse de Dpt et de Gestion (CDG). En terme de valeur, le montant cumul des concours octroys aux PME sest lev 778 millions de dirhams entre 1999 et 2003. Nous tmoignons donc dune sous utilisation de ce mode de financement. Cest partir de ce constat quil nous est apparu opportun de se pencher, dans ce travail de recherche, sur la dtermination des raisons de cette situation, les obstacles son dveloppement comparativement aux expriences russies et la proposition de mesures damlioration.Rapport dactivit de lAssociation Franaise des Investisseurs en Capital ; 2003/2004

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Cette tude a port sur lactivit de sept investisseurs en capital les plus reprsentatifs de ce mtier au Maroc.

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En partant toujours des bons exemples muler sur le plan international, nous allons examiner ce mode de financement en relation avec la ralit des PME marocaines et sa pratique de linnovation.

Dlimitation du sujetSelon nos recherches effectues tant au niveau des professionnels quau niveau de la recherche documentaire, il existe peu dcrit sur l'exprience du Maroc en matire de financement des PME par le capital-investissement. Aussi, y a-t-il un besoin manifeste de la part des investisseurs en capital et des entrepreneurs sintressant ce mode de financement de mettre la lumire sur un mtier qui prsente un levier de dynamisme de linvestissement, de la croissance et par voie de consquence, de cration des richesses et des emplois. Ainsi, note travail de recherche a concern les trois mots clefs suivants : PME ; innovation et ; accs au financement.

Dans ce cadre, nous avons essay dapporter des rponses aux questionnements suivants : - Dans quelle mesure lactivit dinnovation influence le choix des acteurs du march des capitaux ? - Comment mobiliser les intermdiaires publics et privs pour son dveloppement au sein des PME ? - Quel rle peut jouer le secteur public dans ce domaine et comment ? - Comment articuler le financement priv avec les ressources publiques ? Ce sont l les principales interrogations qui ont guid notre travail de recherche.

ProblmatiqueLa PME innovante se heurte une multitude de problmes en particulier le financement. Plusieurs travaux et rencontres sur les PME en gnral et celles innovantes en particulier ont mis laccent sur les difficults daccs de ce tissu dentreprises au financement, do la ncessit dun mode de financement appropri savoir le capitalinvestissement. Toutefois, malgr les fonds disponibles au Maroc, il savre que les PME innovantes nen bnficient pas amplement.17

La problmatique qui sous-tend ce travail de recherche part donc du constat dune faible utilisation des disponibilits des fonds de capital investissement au Maroc malgr lexistence dune demande potentielle trs importante et des efforts entrepris depuis la mise en place du premier fonds (Moussahama). Nous nous sommes interrogs, en particulier, sur la place du financement des PME innovantes par ce mode de financement. Rappelons que plusieurs mesures ont t prises pour renforcer les capacits financires des PME et dynamiser leurs activits. Toutefois, le dispositif mis en place na pas suffit convaincre le systme bancaire financer linnovation. Le niveau du risque demeurant plus lev pour les inflchir saventurer. Les banques rechignent investir dans les jeunes entreprises en gnral et celles innovantes en particulier, qui n'ont leur offrir que des profits rduits et des risques levs. Ainsi, dans la mesure o le processus dinnovation est entour de nombreuses incertitudes dans ses phases initiales, et aussi parce quil est au cur de la stratgie de lentreprise, il est normal que les fonds propres constituent la source majeure de cet investissement. Mais il est rare que ce soit suffisant et lentreprise doit alors faire appel au financement externe, notamment au capital investissement estim comme le moyens le plus adquat pour les PME innovantes. Or, et comme il a t prcis plusieurs reprises (forums, sminaires et crits sur les PME), il y a une insuffisance au niveau de l'appui de l'Etat l'innovation qui ncessite des structures de capitalinvestissement au vrai sens du terme 12. Dans ce cadre, nous nous sommes fixs comme objectifs de montrer dans quelle mesure la PME marocaine dispose des atouts ncessaires pour bnficier de ce type de financement. Par ailleurs, nous avons essay de dmontrer que le faible taux d'utilisation des fonds de capital-investissement disponibles est d en partie trois lments : une mconnaissance de ces outils de financement par ces entreprises. Nous montrerons que l'adoption d'une dmarche marketing de la part des socits de financement permettrait de dvelopper cet outil et partant garantir l'adhsion de la population des PME ;

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Livre blanc de la PME

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les contraintes lies aux PME elles-mmes qui ne sont pas suffisamment transparentes pour inciter les bailleurs de fonds leur consentir des concours financiers ; les difficults daccs des PME innovantes au capitalinvestissement en raison des risques lis linnovation.

Dans ce cadre, nous avons essay dapporter des rponses aux interrogations suivantes : - Dans quelle mesure lactivit dinnovation influence le choix des acteurs du march des capitaux ? - Comment mobiliser les intermdiaires publics et privs pour son dveloppement au sein des PME ? - Quel rle peut jouer le secteur public dans ce domaine et comment ? - Comment articuler le financement priv avec les ressources publiques ?

MthodologiePour la conduite de notre travail de recherche, nous avons procd, dans un premier temps, un reprage documentaire en partant des lectures que nous avons pu recueillir sur les PME au Maroc et dans certains pays dvelopps (OCDE, UE) ainsi que sur le mtier. Linnovation a fait lobjet dun examen par rfrence lexprience des pays de lUnion europenne et des autres pays de lOCDE. Ces deux groupements conomiques constituent des leaders mondiaux en la matire. En matire de financement, le reprage documentaire a concern la gense et l'volution de ce mtier au Maroc, les dfinitions des concepts d'innovation et de capital investissement. A l'occasion de ce reprage documentaire, nous avons examin minutieusement les expriences de pays leader dans ce type de financement. L'attention a t porte, en priorit, sur les Etats-Unis d'Amrique, berceau de ce mtier, et la France. D'autres informations ont t intgres en fonction de leur pertinence et de leur utilit pour le dveloppement stratgique. Nous avons cart de notre analyse les pays dits conomie comparable car le but est de se mesurer aux expriences russies. Lobjectif est de pouvoir tirer des leons de ces expriences tant donn leur longue tradition dans ce domaine, leur avance dans le processus dinnovation et des mesures destins promouvoir les PME innovantes. Nous avons galement choisi de nous comparer ces leaders mondiaux car il est de plus en plus accept que la PME marocaine opre dans un environnement mondialis, donc elle subira incontestablement les impacts des politiques menes dans les autres pays. Pour cela, notre mmoire sest articul autour de quatre parties.19

Dans la premire partie, nous avons examin les typologies des PME au Maroc et dans le monde et la place et lapport de ces structures dans lactivit conomique. Nous nous sommes attels faire ressortir limportance de ces entreprises au Maroc et dans un chantillon dconomies dveloppes. Etant donn la priorit accorde linnovation dans les PME en particulier, nous avons procd, dans la deuxime partie, lexamen des expriences des pays de lOCDE et des politiques mises en place par les pays de lUnion europenne pour soutenir linnovation dans ces entreprises. Le But tant de montrer, par des exemples concrets, les actions prises pour soutenir les PME innovantes et les retombes de ces soutiens sur linnovation dans les PME. Nous avons prsent galement les mesures prconises au Maroc pour le soutien de linnovation et des activits de R&D, la lumire de ces expriences internationales, pour montrer la dynamique et le rle moteur que peuvent jouer les pouvoirs publics en matire de dveloppement de linnovation Vues les diffrentes mutations qu connues le secteur bancaire marocain visant notamment soutenir les PME, nous avons jug opportun de consacrer la troisime partie lvolution du secteur bancaire au Maroc et les rorientation de la politique du crdit en relation avec les PME innovantes. Lobjectif recherch est de montrer que malgr les rformes introduites, les banques continuent de bouder les PME, notamment celles innovantes, et que leffort est orienter vers dautres sources de financement. Enfin, nous avons examin, dans la quatrime partie, le financement par capital-investissement comme outil pour combler le dficit de financement de linnovation dans les PME. Nous avons termin notre travail de recherche par un dveloppement stratgique fond sur deux volets complmentaires et indissociables pour un accs ais des PME innovantes au capital-investissement. Le premier volet a concern les PME innovantes et a vis la transparence des PME vis--vis des bailleurs de fonds. Quant au second, il a concern les pouvoirs publics et a vis instaurer un partenariat russi entre le secteur public et les oprateurs privs du capital investissement en faveur des PME innovantes. Le but tant de rehausser la capacit des PME convaincre les bailleurs de fonds des chances de russite de leurs projets innovants et damliorer la capacit de mobilisation des diffrentes ressources financires pour favoriser le dveloppement de linnovation dans les PME.

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Bien entendu, le plan stratgique formul sera bas la fois sur notre recherche documentaire et sur nos entretiens avec les responsables du Ministre des Finances et de la Privatisation (Direction du Trsor et des Finances Extrieurs) et des socits de capital investissement ainsi que des travaux raliss sur les PME dans ce domaine. Il convient de souligner que nous avions prvu de raliser une enqute auprs dun chantillon de PME pour pouvoir complter notre recherche documentaire par les propos des chefs dentreprises quant leur attitude vis--vis de linnovation et son financement (voir questionnaire en annexe). Les rponses reues ne permettent pas dapporter un jugement sur ces entreprises puisquils se situent en de des normes de reprsentativit reconnues en la matire. Nous avons pu contourner cette difficult par le recours des tudes ralises au Maroc par le Ministre charg de lIndustrie et du Commerce, le Ministre des Finances et de la Privatisation, la Caisse de Dpt et de Gestion et la Banque Mondiale que nous avons complt par des entretiens avec les professionnels du capital investissement et les responsables sus mentionns. Ces tudes portent sur linnovation au Maroc, le financement par capital investissement et le financement des PME.

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Premire partie Les PME Typologie et poids conomique

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IntroductionLes PME jouent un rle de premier ordre dans lensemble des conomies aussi bien dveloppes que celles en dveloppement. Ce rle reste crucial pour le renforcement des performances, notamment, au regard du rcent ralentissement de lactivit conomique mondiale. Dsormais, la force de toutes les conomies dpendra de la capacit et du dynamisme dun secteur de PME capable de saisir les opportunits qui se prsentent, de se restructurer et dadapter ses activits aux besoins du march. Etant considres comme la cheville ouvrire de la croissance et du dveloppement conomique, les PME occupent actuellement le premier rang des proccupations conomiques de notre pays. Ce regain dintrt pour ces entreprises trouve son origine dans la prpondrance numrique de cette catgorie dentreprises au sein du tissu productif national, dans les missions qui lui sont dvolues consistant en la densification de ce tissu, au renforcement de la cohsion sociale et au dveloppement rgional et dans leur aptitude sadapter aux volutions de lenvironnement, rpondre de faon souple aux besoins des marchs, valoriser les ressources locales voire favoriser lintgration progressive du tissu industriel. Au sein des pays dvelopps, les PME occupent une large partie du tissu conomique priv et gnrent la plus grosse part de son chiffre daffaires tout en constituant gnrer des crations demplois. Au Maroc, les chiffres montrent une forte prpondrance numrique des PME parmi les entits du secteur priv. Toutefois, leur apport lactivit conomique reste faible. Si le secteur des PME se caractrise par un dynamisme et une activit entrepreneuriale considrables, il ne faut pas oublier que la plus grande proportion de PME sont de petites tailles qui desservent des marchs locaux et pour la plupart luttent pour rester concurrentielles. Le dfi, dans ce cadre, pour lensemble des gouvernements, y compris le Maroc, est de fournir un environnement qui permette cette vaste population dentreprises de rester comptitives notamment par des politiques adaptes de soutien linnovation. Avant de sattarder sur ces programmes de soutien aux PME au Maroc et dans les pays pris pour la comparaison (Union europenne et les pays de lOCDE), nous analyserons dans un premier chapitre les diffrentes typologies de PME pour en cerner le concept.

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Chapitre I : Typologie des petites et moyennes entreprises

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IntroductionLintrt du monde universitaire et de la recherche en gnral pour les petites et moyennes entreprises est relativement rcent. En effet, les premiers crits sur la PME ont t le fait de chercheurs isols tels A.H. Cole (1942), J. Steindl (1947), G.H. Evans (1949) ou C. Barnard (1949). Ces chercheurs ont t les prcurseurs en matire danalyse et dtudes spcifiques aux PME. Ils ont t suivis, au cours des annes 1950 et 1960, par une nouvelle vague de chercheurs beaucoup plus nombreux dans ce domaine comme B.C Churchil, H. Gross, E.T Penrose, A.C. Cooper, E.D. Hollander, G.A. Steiner. Quoique ces derniers ont t considrs comme tant originaux, certains les considraient comme peu srieux ou du moins tudiaient un sujet qui nen valait pas tellement la peine. Dans les annes 1970, les recherches sur les PME sont devenues plus nombreuses et suscitaient de plus en plus dintrt sous limpulsion de chercheurs tels que Kilby, Waite, Boswel, Echne, Des jardins. Les travaux de ces chercheurs continuaient se faire en marge de la recherche dite plus importante axe sur les grandes entreprises. Enfin, au cours de la dcennie 1980, le monde universitaire a vu la multiplication des quipes de recherches de toutes tailles spcialises dans le domaine. Malgr cette volution et cette attention nouvelle, certains milieux scientifiques sont rests conservateurs considrant peu ou non opportun de sattarder sur la recherche centre autour des PME. Pour eux, les PME rpondaient aux mmes critres que les grandes entreprises auxquelles on peut appliquer les mmes concepts et les mmes thories. Dautres plus ''radicaux'' considraient que les petites entreprises ne devraient tre analyses que dans la mesure o elles taient en marche de devenir grandes. Bien plus, pour les macro-conomistes, il est vain de persister dans lanalyse de ce type dentreprises qui ne peuvent quvoluer la remorque des grandes entits. Leur argument repose sur le fait que seuls les multinationales et les grandes entreprises dirigent ou conditionnent lconomie en raison essentiellement de la thorie des conomies dchelles .

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Ce rappel historique montre que lintrt pour la recherche oriente vers les PME a volu avec la confirmation de ces entreprises comme entits part, capables de crer une nouvelle dynamique conomique, de gnrer de lemploi notamment dans les rgions pour lesquelles les grands investissements sont hors de porte ou requirent trop de ressources. Section1 : Quest ce quon entend par PME ? La majorit des chercheurs considrent que lune des difficults rencontres dans lanalyse de ce type dentreprises rside dans son caractre extrmement htrogne. Cette htrognit, conjugue une grande volatilit due aux crations constantes de PME et aux disparitions en grand nombre dans les premires annes, serait lune des principales raisons de dcouragement des chercheurs y consacrer leurs nergies et partant den tirer des thories et des concepts adquats limage des grandes entreprises. Toutefois, labsence dune dfinition unifie peut tre contourne par une diffrenciation des PME et ce, grce au recours des critres quantitatifs ou qualitatifs.Paragraphe 1 : Classification selon les critres quantitatifs

Les typologies quantitatives sont nombreuses et diversifies. Pour toutes ces typologies, le GREPME13 souligne quil faudrait distinguer les entreprises des tablissements . En effet, pour ce groupe de recherche, lorsquon parle de PME ou dentreprise en gnral, il est fait rfrence des centres de contrle avec une proprit (du capital) limite. Ainsi, si au niveau des tablissements ou des toutes petites entreprises la notion de contrle se confond avec celle de proprit de capital, cela nest pas le cas des PME o lon ne peut pas faire cette distinction aisment. Selon cet argumentaire, il est considr que le critre li la notion juridique dindpendance de lentreprise permet de faire une premire classification des PME. Toutefois, il ne permet pas de rsoudre tous les problmes de classification des entreprises notamment celles franchises, des sous-traitants, etc.

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Groupe de recherche en conomie et gestion des PME (GRPME). Ce groupe a publi, en 1994, louvrage intitul Les PME : Bilan et perspectives sous la Direction de Pierre-Andr Julien

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Nest il pas vrai que certaines entreprises franchises reoivent peu ou pas de services de leurs franchiseurs et donc considres comme des entreprises indpendantes alors que dautres cres par une dcision stratgique du propritaire tranger et partant ont lapparence dune structure indpendante alors que toutes leur stratgie et gestion sont orientes par lentreprise mre ? Cette situation prvaut galement pour les sous-traitants dits de capacit lis un seul donneur dordre dont lindpendance est compromise alors que les sous-traitants dits de spcialit disposent dune marge de manuvre vis--vis des donneurs dordre et partant un certain pouvoir de ngociation. Malgr cette notion de dpendance, il est possible de dire que les analystes des PME saccordent sur le fait que les typologies les plus couramment utilises sont celles qui touchent diffrentes composantes de lactivit de lentreprise. Elles se rfrent des donnes quantitatives relatives leffectif, le chiffre daffaires, la valeur ajoute, le capital social, limplantation, etc. De par ses fondements, cette typologie quantitative ne pntre pas lintrieur de lentreprise. Elle ne touche quaux lments les plus apparents. Cest pour cela d'ailleurs, que lon se rend compte que ces critres quantitatifs ne sont pas utiliss de faon homogne par tous les pays. En effet, plusieurs pays mettent en place des normes pour certains programmes daides gouvernementaux tels que les programmes daides aux exportations, daccs au financement, etc. Par ailleurs, ces critres constituent une premire porte pour pouvoir procder des chantillonnages. Cependant, ils ne manquent pas de manifester certaines difficults telles que la dfinition dun chantillon bas sur le critre de main duvre entre un secteur capitalistique et un autre intensif en main duvre. Lapproche quantitative est, certes, facile utiliser et est recommande comme premire approche visant lexamen des PME. Toutefois, elle prsente des limites auxquelles lapproche qualitative peut remdier.Paragraphe 2 : Classification des entreprises selon les critres qualitatifs

Les typologies qualitatives sont plus complexes. Elles peuvent tre rparties en quatre grands groupes quon peut rsumer ainsi : - 1re catgorie : Le type dorigine ou de proprit de lentreprise ; - 2me catgorie : La stratgie ou les objectifs de la direction ; - 3me catgorie : Lvolution ou le stade de dveloppement ou dorganisation ; - 4me catgorie : Le secteur ou le type de march dans lequel lentreprise volue.27

Le premier groupe de typologie, est bas sur le fait que le type dorigine ou de proprit de lentreprise affecte sa forme dorganisation et/ou son volution long terme. Ainsi, selon Deeks14, la PME peut tre oligarchique sil y a plus dun propritaire, patricienne si cest une entreprise familiale gre par un grant unique ou monocratique dans le cas ou le propritaire est un actionnaire. Par ailleurs, selon Glinier, Gaultier et Barry, deux types dorganisations peuvent exister : familiale si la proprit est transmise par succession un membre de la famille ou personnelle si les fondateurs dtiennent toujours le pouvoir. Le deuxime groupe concerne le type de proprit ou les intrts des propritaires-dirigeants. Cette typologie part de celle du premier groupe tout en faisant le lien avec la taille de lentreprise. Elle a t affine pour embrasser dautres lments telle que la stratgie suivie par la direction, lorganisation ou le potentiel des entreprises. Le troisime groupe est relatif lvolution ou le stade de dveloppement ou dorganisation. Il met le point sur diffrents critres dont notamment le cycle de vie des entreprises qui considre que toutes les entreprises suivent le mme sentier dvolution depuis leur naissance toutes petites jusqu ce quelles deviennent grandes, moins de disparatre en cours de chemin ou de rester pour toujours des petites entreprises. Le quatrime groupe met laccent sur le secteur ou le type de march dans lequel lentreprise volue. Selon cette typologie, il est fait rfrence aux liens entre : - le comportement des propritaires-dirigeants : conservateur favorable au statu-quo, professionnel qui est anim par la fibre entrepreneuriale, innovateur qui ne mnage aucun effort pour rester leader de son activit par des produits ou procds nouveaux, etc. ; - le type de secteur ou de march : traditionnel ou mature, moderne, nouveau, local, national ou international, etc. ; - les produits offerts : uniques ou de crneau, concurrentiels par les prix ou par les spcifications, primaires ou secondaires, etc. ; - la technologie utilise : mature, moderne, de pointe, etc. ; - les liaisons avec les autres entreprises particulirement les grandes : PME indpendantes ou sous-traitantes.14

Les chercheurs cits dans cette partie ont t puiss de ltude ralise par le Groupe de recherche sur les PME (GRPME) sus mentionn.

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Certes, il existe dautres classifications telles que celles concernant la situation financire ou lintensit capitalistique. Cependant, les quatre typologies prsentes suffisent pour montrer la complexit de la dlimitation des PME et partant leur grande htrognit. Grosso modo, la PME peut tre cerne travers les six principales caractristiques suivantes : - La petite taille des PME ; - La centralisation de la gestion voire parfois la personnalisation de la gestion en la personne du propritaire-dirigeant ; - La forte concentration des fonctions au niveau de la direction qui ne reconnat pas lutilit de la dlgation et partant assume plusieurs tches la fois et la faible spcialisation au niveau des employs et des quipements. La spcialisation devient de plus en plus pousse avec laugmentation de la taille de lentreprise qui passera dune production varie et en petites sries une production rptitive et en srie. Lagrandissement de la taille de lentreprise saccompagne galement de la mise en place de structures organisationnelles : comptable, production, marketing, achats, R&D, personnel, etc. - Une stratgie intuitive ou peu formalise dans les PME contrairement aux grandes entreprises o lon prpare des plans plus ou moins prcis et claires en recourant des mthodes plus sophistiques, assortis dobjectifs prcis auxquels la direction doit se rfrer ; - Un systme dinformation interne peu complexe ou peu formalis qui sadapte aisment la taille des PME. Dans ces entreprises, le dirigeant tant proche de ses collaborateurs, il communiquera par contact direct avec eux ; - Un systme dinformation externe simple recourant au contact direct du dirigeant avec ses clients et fournisseurs pour avoir des informations sur lvolution du march, de la demande, de leurs gots, etc. Les grandes entreprises recourent, elles, aux tudes de march qui serviront llaboration de leurs stratgies. En conclusion, il est possible davancer que malgr ces typologies mises en place pour rpondre des besoins varis, il nen demeure pas moins que le champ danalyse des PME comporte encore des problmes. En effet, si ces typologies sadaptent plus aux entreprises artisanales et aux PME industrielles, on manque encore de typologies oprationnelles pour les PME commerciales ou de services notamment avec lintgration des services dans le produit.

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Par ailleurs, si des travaux acadmiques et des recherches empiriques rcents ont port sur le comportement des entrepreneurs, le concept de stratgie dans les PME ou le rle des PME dans le dveloppement local, dautres domaines nont pas t suffisamment ou peu tudis comme ceux du marketing, de la gestion des ressources humaines, du financement et de linnovation dans les PME. Section 2 : Dfinition des petites et moyennes entreprises Malgr lexistence dune dfinition lgale15 prvue pour la premire fois par le code des investissements promulgu en janvier 198316, les PME ont continu de subir plusieurs dfinitions selon des critres fixs par les bailleurs de fonds (B. Azzouzi). Ainsi, en labsence dune dfinition unifie, les PME ont t pendant longtemps apprhendes, au Maroc, selon diffrents critres essentiellement qualitatifs dpendant des besoins des utilisateurs (programmes daccs au financement des jeunes promoteurs). Les codes dinvestissements, en tant que cadre doctroi des avantages par les pouvoirs publics, avaient galement dfini les PME17. Avec ladoption de la charte de la PME, le Maroc sest dot dune dfinition unifie reposant sur des critres qualitatifs et quantitatifs.Paragraphe 1 : Adoption dune dfinition de la PME au Maroc

En vue de permettre l'unicit d'approche et de dlimiter la population d'entreprises qui peuvent prtendre aux traitements spcifiques prvus dans le cadre de la politique des PME, la charte de la PME a prvu une dfinition unifie de ces entreprises reposant sur des critres qualitatifs et quantitatifs. Ainsi, cette charte prcise qu'on entend par PME toute entreprise gre et/ou administre directement par les personnes physiques qui en sont les propritaires, copropritaires ou actionnaires, et qui n'est pas dtenue plus de 25% du capital ou des droits de vote par une entreprise ou conjointement par plusieurs entreprises ne correspondant pas la dfinition de la P.M.E . Ce seuil peut tre dpass si l'entreprise est dtenue par : - des fonds collectifs d'investissements ; - des socits d'investissement en capital ; - des organismes de capital risque ;PME et stratgie de dveloppement au Maroc ; Bouzid Azzouzi ; 2me dition 1997 larticle 3 dudit code dfinit la PME comme tant : lentreprise dont les investissements la cration ou lextension ne dpassent pas 5 millions de dh et dont la valeur en bien dquipements par emploi stable cr ne dpasse pas 70 000 dh 17 Voir annexe 1 : Matrice des lments de dfinition des PME au Maroc confectionne par M. Bouzid Azzouzi dans son ouvrage PME et stratgie de dveloppement au Maroc ; 2me dition, 199715 16

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- des organismes financiers dment habilits faire appel l'pargne publique en vue d'effectuer des placements financiers, condition que ceux-ci n'exercent, titre individuel ou conjointement, aucun contrle sur l'entreprise. En outre, les PME doivent rpondre aux conditions suivantes : a. pour les entreprises existantes, avoir un effectif permanent ne dpassant pas deux cents personnes et avoir ralis, au cours des deux derniers exercices, soit un chiffre d'affaires annuel hors taxes n'excdant pas soixante-quinze millions de dirhams, soit un total de bilan annuel n'excdant pas cinquante millions de dirhams ; Lorsqu'il s'agit d'une P.M.E. qui dtient directement ou indirectement plus de 25% du capital ou des droits de vote dans une ou plusieurs entreprises, il est fait addition des effectifs permanents et des chiffres d'affaires annuels hors taxes ou des totaux des bilans annuels de ladite P.M.E. et des autres entreprises prcites, sans toutefois que le total de chacun de ces critres dpasse les seuils fixs ci-dessus. b. pour les entreprises nouvellement cres, engager un programme d'investissement initial global n'excdant pas vingt-cinq millions de dirhams et respecter un ratio d'investissement par emploi de moins de deux cent cinquante mille dirhams. On entend par entreprise nouvellement cre, toute entreprise ayant moins de deux annes d'existence. Il convient de noter que le lgislateur a procd ainsi une actualisation de la dfinition lgale de la PME introduite en janvier 1983 par le code des investissements. Le but tant de faire bnficier les PME des avantages et des mcanismes de soutien prvus, cette fois, par la charte de la PME.Paragraphe 2 : Dfinition de la PME dans les pays de lOCDE et de lUE

Il nexiste pas une dfinition unifie des PME dans les pays de lOCDE18 et le nombre demploys nest pas toujours le seul critre de dfinition. Nanmoins, on considre gnralement que les PME sont des entreprises indpendantes qui ne sont pas des filiales dautres entreprises et dont leffectif est un nombre variant selon le pays. Comme cest le cas dans les pays de lUnion europenne, la limite suprieure la plus frquente est de 250 salaris. Dans dautres pays, cette limit est fixe 200 salaris, tandis que les Etats-Unis dAmrique qualifient de PME les entreprises de moins de 500 personnes. Dans ce pays, les micro-entreprises emploient 10 employs, voire 5 tout au plus dans certains cas.

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Perspectives de lOCDE des PME ; dition 2002

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Il convient de noter quen plus de leffectif, les PME se dfinissent aussi par leur actif financier. Au sein de lUnion europenne, et en vue de faire bnficier les PME des Etats membres des mesures prvues dans les divers programmes mis en place en faveur des PME, mais aussi en vue dassurer une harmonisation au niveau des mesures prvues par les Etats membres en faveur de ces entreprises, la Commission europenne a adopte une dfinition unifie des PME. En effet, la Commission avait propos de limiter la prolifration des dfinitions des petites et moyennes entreprises en usage au niveau communautaire. Une recommandation de la Commission19 concernant la dfinition des petites et moyennes entreprises reposait donc sur l'ide que l'existence de dfinitions diffrentes au niveau communautaire et au plan national pourrait susciter des incohrences. Dans la logique d'un seul march sans frontires intrieures, il est considr que les entreprises devraient faire l'objet d'un traitement fond sur un socle de rgles communes. La poursuite d'une telle approche est d'autant plus ncessaire qu'il existe de nombreuses interactions entre les mesures nationales et communautaires de soutien aux micro, petites et moyennes entreprises (PME), et le fait qu'il faut viter que la Communaut cible ses actions sur un certain type de PME et les Etats membres sur un autre. En outre, il a t considr que le respect d'une mme dfinition par la Commission, les tats membres, la Banque Europenne d'Investissement (BEI) et le Fonds Europen d'Investissement (FEI) renforcerait la cohrence et l'efficacit de l'ensemble des politiques visant les PME et limiterait ainsi les risques de distorsion de concurrence. Selon cette recommandation, la commission dfinit les micro entreprises, les petites entreprises et les moyennes entreprises en fonction de leur taille, de leur chiffre d'affaires ou de leur bilan et de leur indpendance en vue de mieux adapter les mesures les concernant. Cette dfinition de la PME est rsume dans le tableau ci-dessous. Cette dfinition est entre en vigueur depuis le 30 avril 1996 et la date limite de transposition dans les Etats membres a t fixe au 31 dcembre 1998.

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Recommandation de la commission 96/280/CE du 3 avril 1996 relative la dfinition des micro, petites et moyennes entreprises publie au journal officiel de lUnion europenne L 107 du 30 avril 1996.

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Dfinition de la petite ou moyenne entreprise (PME) Critres Micro-entreprises Petites entreprises Moyennes entreprises Nombre de salaris < 10 < 50 < 250 Chiffre daffaires annuel < 7 millions deuros < 40 millions deuros --ou total bilan < 5 millions deuros < 27 millions deuros Indpendance --Pas plus de 25% du capital dtenu ou des droits de vote par une ou plusieurs entreprises qui ne sont pas elles-mme des PME

La recommandation du 30 avril 1996 a t largement applique par les tats membres, et la dfinition contenue dans son annexe a t reprise notamment dans le rglement de la Commission du 12 janvier 2001 concernant l'application de certains articles du trait de la commission europenne aux aides d'tat en faveur des petites et moyennes entreprises. Outre la ncessaire adaptation aux volutions conomiques, telle que prvue l'article 2 de l'annexe de ladite recommandation, il convient de prendre en considration un certain nombre de difficults d'interprtation qui sont apparues lors de son application ainsi que les observations reues des entreprises. Compte tenu du nombre de modifications qu'il est ncessaire d'apporter la recommandation sus mentionne, et par souci de clart, il a t dcid de la remplacer par une nouvelle recommandation. Ainsi, la Commission europenne a adopt une nouvelle dfinition20 des micro, petites et moyennes entreprises (PME) qui entrera en vigueur pour remplacer la dfinition actuelle. Celle-ci fait suite deux consultations publiques approfondies. Elle maintient les diffrentes classes d'effectif permettant de dfinir les catgories des micro, petites et moyennes entreprises. Elle prvoit nanmoins une augmentation substantielle des plafonds financiers (chiffre d'affaires et total du bilan), rsultant notamment de l'inflation et de la croissance de la productivit, depuis 1996, date de la premire dfinition communautaire des PME. Des dispositions diverses permettent de rserver aux seules entreprises ayant les caractristiques de vraies PME (sans le pouvoir conomique des grands groupes) le bnfice de l'accs aux mcanismes nationaux et aux programmes europens de soutien aux PME. Cette modernisation de la dfinition des PME favorisera la croissance, l'entrepreneuriat, les investissements et l'innovation. Elle favorisera galement la coopration et les grappes d'entreprises indpendantes. La condition pour tre reconnue comme PME est qu'une entreprise respecte les seuils pour l'effectif et, soit les seuils du total du bilan, soit ceux du chiffre d'affaires.20

Recommandation de la commission du 6 mai 2003 concernant la dfinition des micro, petites et moyennes entreprises [notifie sous le numro C(2003) 1422] [Texte prsentant de l'intrt pour l'EEE (2003/361/CE

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Nouvelle Dfinition de la petite ou moyenne entreprise (PME) Critres Micro-entreprises Petites entreprises Moyennes entreprises Nombre de salaris < 10 10 49 50 249 Chiffre daffaires annuel ou total bilan Indpendance