le kapital. pour rebâtir l'industrie par christian saint-etienne et robin rivaton
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7/28/2019 LE KAPITAL. Pour rebtir l'industrie par Christian Saint-Etienne et Robin Rivaton
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pourrebtir lindustrie
Chrsa SAint-tienne Rb RivAton
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RSUM
Lindustrie ranaise a t abandonne, carte, dans le cadre dune
vision errone de la mondialisation qui voulait aire produire plutt
que produire soi-mme. Pourtant il nest de richesse que dusines et lamatrise des outils de production est bien un enjeu stratgique dans les
relations conomiques daujourdhui. Pour comprendre les causes du
dclin industriel ranais, il aut remonter trois dcennies de lhistoire
industrielle de la France. Trois vagues se dessinent, mettant en vidence
des politiques macro-conomiques direntes.
Si les annes soixante et le dbut des annes soixante-dix ont pu marquer
un ge dor de la politique industrielle, au cours de la premire annedu septennat de George Pompidou 54 % des Conseils des ministres,
soit 25 sur 46, urent consacrs la politique industrielle , les annes
quatre-vingt sont marques par une srie dchecs qui vont contribuer,
inconsciemment, aaiblir la vocation industrielle de la France. Deux
outils ont ainsi vu le jour cherchant avoriser lore de production :
le plan Machines commandes numriques et le Fonds Industriel de
Modernisation (FIM) 1983. Ces deux aits majeurs, qui reprsentrent du
point de vue de leurs contemporains des checs importants, constituentsans nul doute les deux blessures originelles de la chute de lindustrie
ranaise.
La seconde priode va de 1985 1998 et correspond, de manire
provocante, une industrie abandonne elle-mme. Paradoxalement
les rsultats ne sont pas moins bons car la politique gnrale est plutt
avorable aux entreprises. Alors que la rentabilit de lappareil industriel
ranais est la plus basse des pays du G7 au milieu des annes 80, les
entreprises ranaises se situent la n de la dcennie au second rang des
entreprises les plus protables, juste derrire leurs consurs amricaines.
Lamlioration des marges des entreprises va surtout permettre de
consacrer des ressources nouvelles linvestissement. La priode de
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1985 1990 savre tre lune des plus ortes priodes de croissance de
linvestissement industriel sur les quarante dernires annes. Cela permet
aux industriels ranais, une poque o lUnion montaire rend lesdvaluations moins videntes, de mener un travail de monte en gamme et
de raliser des progrs en terme de productivit hors cot. Cette dcennie
de rorme structurelle conre un coussin qui permettra dattnuer la
dtrioration de lindustrie manuacturire dans les annes 90.
laube de lan 2000, lindustrie ranaise semble avoir travers avec
une certaine rsistance les crises de 1986 et de 1993 alors mme que les
pouvoirs publics nont conduit aucune politique spcique lindustrie
depuis les checs des annes 80 ni men de rfexion proonde sur lastructure du secteur exportateur ranais. Cest pourtant cette priode
1998-2012 qui va se rvler le vrai rvlateur de la dshrence de
lindustrie ranaise. La politique gnrale marque par labandon de
la politique de dsinfation comptitive, linstauration de la rduction
du temps de travail alimente par une vision dlirante dun monde sans
usines et dune croissance tire par la consommation, devient hostile
aux entreprises. Aucun autre pays que la France, partir de 1998, namis en uvre de aon aussi systmique et centralis une pense ce
point errone que lentre revendique dans un monde post travail post
industriel.
La premire rponse, relativement inecace, nintervient quau dbut
des annes 2000 et est centre sur linnovation immatrielle et non
spcique au secteur manuacturier. Sur la priode 2001-2007 la branche
manuacturire poursuit sa diminution dans la valeur ajoute de 15,2 %
11,9 % en acclrant (3,5 % contre 1,4 % par an). Plus grave encore,alors que la France suivait une trajectoire de dsindustrialisation somme
toute assez similaire celle de ses voisins, les annes 2000-2007 marquent
un dcrochage avec nos concurrents europens. Face notre incapacit
sortir de la trappe productivit, une seule solution : mobiliser le
Kapital.
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Le dbat sur lindustrie continue et samplie mme, aliment par un
engouement mdiatique indit, tiraill entre la triste accumulation des
statistiques qui montrent jour aprs jour la disparition de pans entiers de
lindustrie et les discours volontaristes voquant un retour des grandsplans pompidoliens1 .
Parler de lindustrie, cest dj une premire renaissance pour un secteur
longtemps plong dans loubli. Mais encore aut-il en parler de manire
exhaustive, prendre lindustrie au sens large, ne pas oublier le bleu de
travail mais y associer les robots, penser la production sans omettre
le travail de design, voir lusine sans cacher le centre de recherche et
dveloppement. Cest dans cet esprit que se place ce travail qui vise
prsenter une stratgie de sortie de crise pour lindustrie ranaise. Un
travail qui dbute par une analyse historique de la politique conomique
et de ses eets sur lindustrie.
1. arud Mburg, nus s su 59 961 mpls , Le Journal du dimanche, 16 mrs 2013.
LE KAPITALpur rbr ldusr
Christian SAINT-TIENNEPrssur ulr d l chr dcm dusrll u Csrr nl ds ars Mrs
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On observe que la politique industrielle quelle t mene sous des
gouvernements de droite comme de gauche sest rvle contre-
productive et que la politique actuelle sinscrit dans la droite ligne
de celle-ci. Pourtant, la situation est urgente. Alors que le monde est
transorm par la troisime rvolution industrielle, la France a renonc
son industrie. La part de la valeur ajoute industrielle dans le PIB a
baiss de plus de 30 % de 1998 2012, tandis que nos exportations, en
proportion des exportations mondiales, ont baiss de 43 % sur la mme
priode. Mme si les services reprsentent 80 % du PIB des conomies
des pays dvelopps, les exportations mondiales hors nergie et matires
sont 80 % des produits industriels. Sans industrie, pas dexportations et
de services orte valeur ajoute. Sans industrie, les budgets de larme etde la diplomatie ne seront plus nancs, et les budgets sociaux amputs.
Lindustrie ranaise a t abandonne, carte, dans le cadre dune
vision errone de la mondialisation qui voulait aire produire plutt
que produire soi-mme. Pourtant, il nest de richesse que dusines et la
matrise des outils de production est bien un enjeu stratgique dans les
relations conomiques daujourdhui. Les mauvaises perormances de
lindustrie ranaise battent en brche la vision dactivits manuacturiresdmatrialises qui pousserait aire produire plutt qu produire
soi-mme, ne conservant en France que le reste des activits de sige,
de conception et de vente. Une puissance industrielle na nanmoins
dimportance quau regard de son contrle sur son outil de production.
Il semble quune volution soit amorce. Mais la entre dopportunit
pour agir est troite et les leviers se rduisent, dans un contexte de
pression sur les comptes publics et dans la situation sociale propre
la France. Les ides ne vivent que parce quelles doivent trouver une
utilit pratique, nous avons donc essay didentier le levier : il porte
le titre dun livre historique, Le Kapital(nous reviendrons sur ce choix
dans la dernire partie). Capital dont il aut tout aire pour quil irrigue
lindustrie et lui apporte le nouveau soufe ncessaire la modernisation
de lappareil producti et la constitution dun porteeuille de produits
concurrentiels sur les marchs nationaux et internationaux.
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QUATRE DCENNIES DE POLITIQUE INDUSTRIELLE,LA RUSSITE DANS LABSENCE
Pour comprendre les causes du dclin industriel ranais, il aut remonter
trois dcennies de lhistoire industrielle de la France. Trois vagues sedessinent, qui mettent en vidence des politiques macroconomiques
direntes, spciques lindustrie ou non, gnrales ou par lire,
avec intervention directe ou indirecte de ltat pour soutenir lappareil
industriel ranais aux rsultats contrasts.
Les checs originels de la politique industrielle (1974-1984)Si les annes 1960 et le dbut des annes 1970 ont pu constituer un
ge dor de la politique industrielle au cours de la premire anne
du septennat de Georges Pompidou, 54 % des conseils des ministres,
soit 25 sur 46, urent consacrs la politique industrielle 2 , les annes
1980 ont t marques par une srie dchecs qui, inconsciemment, ont
contribu aaiblir la vocation industrielle de la France. La priode
1974-1985 a t caractrise par une politique globalement hostile
lore, non spcique lindustrie, qui a consist aire payer le prix deschocs ptroliers aux entreprises plutt quaux mnages, rebours de ce
qui a t ait au Japon et en Allemagne. Pour compenser la dgradation
de lappareil producti, ltat a men une politique interventionniste
sectorielle.
Lindustrie ranaise a subi un sous-investissement ds le milieu des annes
1970, le ralentissement de linvestissement des entreprises a t suprieur
celui de la croissance, de telle sorte que le taux dinvestissement, savoir
le rapport de la ormation brute de capital xe au produit intrieur brutmarchand, a diminu. Ce taux stablissait en valeur moyenne 13,5 %
entre 1963 et 1973, 12,3 % entre 1974 et 1979, et 11,3 % entre 1980
et 1985. La baisse marque de linvestissement au dbut des annes 1980
attire lattention des pouvoirs publics encore sensibles limportance
de lindustrie et plusieurs stratgies sont envisages pour y rpondre.
Cest essentiellement une ois notre industrie modernise et renorce
grce linvestissement quil sera protable de recourir une croissanceplus orte [] qui avorisera la cration demplois , peut ainsi dclarer
Laurent Fabius 3, alors ministre de lIndustrie et de la Recherche. Deux
2. Brrd esmbr, Une vie dinfuence. Dans les coulisses de la Ve Rpublique, Prs, Flmmr, 2013.
3. D l Cmmss d l prduc ds chgs d lassmbl l, 21 rr 1984.
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outils voient ainsi le jour durant cette priode, cherchant avoriser
lore de production : le plan Machines-Outils, en 1981, et le Fonds
industriel de modernisation (FIM), en 1983.
Dans les annes 1970, lindustrie ranaise de la machine-outil, orte de
sa position hgmonique sur le march national, trop ragmente, trop
conante dans sa capacit dinnovation technologique, rate le virage de
la commande numrique et sexpose donc une concurrence nouvelle
de la part de ses rivaux allemands ou japonais qui rpondent cette
demande insatisaite. Le secteur perd un tiers de ses eectis en cinq ans
(de 1976 1981), le taux de couverture de la demande intrieure baisse
de 94 % en 1975 70 % en 1982 4 et suscite linquitude des pouvoirs
publics, conscients de lenjeu stratgique que reprsente le secteur desbiens industriels. Cest toute lindustrie manuacturire, sous-quipe
en machines-outils commande numrique 10 000 units en France
contre 30 000 en RFA, 50 000 au Japon, 70 000 aux tats-Unis , qui
risque de perdre en comptitivit.
En novembre 1981, le plan Machines-Outils voit le jour, avec pour
objecti de doubler la production de machines commande numrique
pour atteindre 16 000 units sur trois ans. Huit plans lont dj prcdsans succs tmoignage erayant de lchec de la politique de lire ,
mais il sen direncie par son ambition et sa vocation globale. Il vise
dabord rorganiser lindustrie de la machine-outil an de constituer
des entits comptitives . Ces rapprochements capitalistiques
dentreprises plus de 130 PMI occupaient alors le secteur taient
censs aider la constitution de champions nationaux, dmarche dj
entame cinq ans plus tt dans le cadre du plan dOrnano. En outre,
ltat a orc les groupes ainsi crs se spcialiser sur certaines
gammes de abrication et orger des ples industriels : Lin, Forest et
Berthiez pour les machines lourdes, Bret et Spiertz pour la presse 5. Les
moyens nanciers mobiliss sont importants, puisquils atteignent 2,3
milliards de rancs sous des ormes diverses : octroi de prts du Fonds
de dveloppement conomique et social, prises de participation directe
de ltat ou via des entreprises publiques Paralllement, la demande
est stimule en incitant lachat dquipements de conception avanceet de robotique par lintermdiaire des prts accords dans le cadre
4. is, msr d lidusr (Sss).
5. Mchl Pch, L Frc sll u pys d mchul ? , Machines Production, 931eP, rr 2012,p. 1014.
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de la procdure Meca . Pour encourager la commande publique,
lducation nationale et lAssociation pour la ormation proessionnelle
des adultes (Apa) se voient dotes de 1,2 milliard de rancs sur trois ans,
pouvant thoriquement acheter ainsi 10 % de la production nationale.
Le journal Les chos se licite alors de leort sans prcdent ralispour le dveloppement de cette industrie prioritaire.
Mais ce plan, coteux, gr par ltat, qui constitue lui-mme la gamme
et dcide des spcialisations, est un chec court terme. Entre 1981
et 1984, la production en volume baisse dun tiers et 5 700 emplois
disparaissent, soit 29 % des eectis 6. Les prts et autres injections
de capitaux ont seulement permis dponger les dettes, et les aillites
se sont poursuivies, comme celle, emblmatique, de Cazeneuve, LaPlaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les eorts sur la demande
accompagnant la restructuration du secteur alors quils auraient d lui
tre postrieurs ne conduisent qu limportation de machines-outils
trangres et au creusement de la balance commerciale. Le constat de
aiblesse tait bon mais le diagnostic se rvla erron : ce nest pas tant
la structure ragmente des entreprises qui posait un problme mais bien
un mauvais positionnement de march et de stratgie commerciale trop
dpendant dun march domestique.Si le plan Machines-Outils est lchec le plus ameux de la politique
industrielle relative aux biens industriels, il nest pas unique. Les lasers
grande puissance destins lusinage ournissent un exemple intressant
de ce point de vue. Alors que, dans les annes 1960, la France possde
un avantage en termes de savoir-aire scientique, elle noccupe plus
quune position marginale au dbut des annes 1990, en dpit dun
plan gouvernemental ambitieux, le plan Laser civil, incapable daider la cration dacteurs industriels dimportance. En 1989, lindustrie
ranaise du laser produisait dix ois moins dexemplaires que son
homologue allemand alors que la demande nationale en France ntait
que moiti moins importante 7.
Autre outil ambitieux de la politique industrielle du gouvernement,
le Fond industriel de modernisation (FIM), cr en 1983, visait une
intervention cohrente pour assurer la modernisation des entreprises,
6. Grrd Pd, Rssc du scur : ls mus srucurlls rllls ds l mchul mux , Formation Emploi. Revue ranaise de sciences sociales, Prs, L Dcum rs, 15, jullspmbr 1986, p. 3343.
7. achm Wlr, thms Pz Hlwg Schmd, L dlppm gl d l chlg ds lsrs dusrls Frc allmg. Qulqus sgms pur l plqu chlgqu , Revue dconomieindustrielle, 76. 2 rmsr 1996, p. 91113.
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prcisment pour contribuer au nancement des entreprises industrielles
qui engagent des investissements matriels et immatriels en vue de
moderniser leurs procds de abrication ou de dvelopper des produits
ou procds nouveaux . En loccurrence, les axes xs recouvraient
linstallation dans les entreprises de machines et dquipements haute
technologie, le dveloppement de la bureautique et des cartes mmoire,
les biotechnologies, lquipement des tablissements dducation et
de ormation en micro-ordinateurs, la mise au point de vhicules trs
conomes en carburant . Ce onds richement dot, dont les encours de
prts engags atteignaient 19,4 milliards de rancs, agissait laide de
deux instruments : des prts aux socits de crdit-bail pour orir leurs
clients des contrats de crdit-bail taux rduit ; des prts participatis moyen (3 5 ans) et long terme (5 7 ans) pouvant couvrir de 70
100 % du programme dinvestissement, avec un taux rduit, x sur la
rmunration du Codevi. Il sagissait de prts participatis considrs
comme des crances de dernier rang, assimilables des onds propres, qui
avaient lavantage de ne pas rentrer dans le calcul du taux dendettement
et donc ne pas obrer le ratio des entreprises.
Situ au sein de lAgence nationale de valorisation de la recherche (Anvar),
le FIM permettait de rallouer une partie des ressources longues, trop
longtemps diriges vers le logement et le secteur public 8, en direction de
linvestissement industriel. Parce quil ne mobilisait pas de nancements
publics mais orientait de lpargne prive, le FIM pesait peu sur le dcit
budgtaire. La mise disposition de ressources peu onreuses par rapport
celles disponibles sur les marchs nanciers et auprs des acteurs
bancaires a permis de rduire le cot du nancement qui reprsentait
une charge lourde obrant la comptitivit des entreprises ranaises.Les rsultats urent mitigs, 66 % des crdits ayant t attribus des
grandes entreprises de plus de 2 000 salaris et de nature publique, la
moiti des entreprises nances ayant des liens capitalistiques avec le
secteur public. Certes, une reprise de linvestissement industriel a eu lieu
en 1984 et 1985 (+ 8 % en volume en moyenne) alors quil stait rduit
en moyenne de 1,9 % par an de 1974 et 1978 et de 1,4 % par an de
1979 et 1983, mais il est malais dtablir un lien de causalit directe
avec le FIM, dautant plus que la plus orte priode de croissance des
investissements industriels sur les quarante dernires annes a dmarr
partir de 1986, date de la suppression du FIM.
8. Rbr Sls, Ls srgs d mdrs d 1983 1986 : l mrch, lrgs, l cm , conomie et Statistique, 213, dssr adp ds srucurs dmpl mdrs dsrprss , spmbr 1988, p. 5173.
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Ces deux aits majeurs, qui reprsentent aujourdhui des checs
importants constituent sans nul doute les deux blessures originelles de la
chute de lindustrie ranaise.
Une respiration salutaire, une politique gnrale avorable aux entreprises(1985-1998)La deuxime priode va de 1985 1998 et, de manire provocante,
correspond une industrie abandonne elle-mme. Paradoxalement,
les rsultats ne sont pas moins bons car la politique gnrale est plutt
avorable aux entreprises.
Entre 1980 et 1989, la valeur ajoute de lindustrie en valeur adiminu passant de 20,6 17,7 % 9 de la valeur ajoute globale, avec
une variation des prix identique celle de lensemble de lconomie,
ce qui signie que la valeur ajoute en volume a progress moins vite
que le reste de lconomie. Sur le plan de lemploi, la baisse est encore
plus marque, de 22,1 17,8 %, consquence dune augmentation de
la valeur ajoute par tte. Le mouvement dexternalisation de certaines
activits de lindustrie vers les services, consquence de changement
organisationnels, expliquerait environ un quart de cette diminution.Lindustrie parvient conserver une comptitivit leve grce
la politique de rigueur salariale entreprise partir de 1982. La
suppression progressive des clauses dindexation des salaires sur les
prix et leur interdiction rarme dans les lois Auroux permettent une
modration salariale. La hausse annuelle du cot du travail par tte
(+ 2,1 %), inrieure celle de la productivit (+ 2,9 %), est bnque
pour la rentabilit des entreprises manuacturires, leur taux de margeprogressant sur la priode de 27,6 34,0 %. Alors que la rentabilit
de lappareil industriel ranais est la plus basse des pays du G7 au
milieu des annes 1980 10, les entreprises ranaises se situent la n
de la dcennie au deuxime rang des entreprises les plus protables,
juste derrire leurs consurs amricaines. La politique de dsinfation
comptitive porte aussi ses ruits en termes de comptitivit et permet
de conserver un solde extrieur, hors eet de cycle, quilibr. Le solde
extrieur de lindustrie manuacturire est excdentaire en moyenne de
9. JFrs eudl, Gbrl Sklrd adr Zkhrchuk, LIndustrie manuacturire en Francedepuis 2008 : quelles ruptures ?, Prs, is, dcmbr 2012.
10. adrw Gly, Ds aggrg Prbly Rlly Mr? , Cambridge Journal o Economics, oxrd,oxrd Ursy Prss, l. 21(5), 1997, p. 593619.
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4,7 milliards deuros par an sur la dcennie, son aaiblissement la n
des annes 1980 rsultant dune croissance trs orte du PIB. Les parts de
march lexportation en pourcentage des exportations manuacturires
de lensemble de lOCDE remontent de 8,2 % en 1985 9,6 % en 1992.
Lamlioration des marges des entreprises va surtout permettre de
consacrer des ressources nouvelles linvestissement. La priode de
1985 1990 savre tre lune des plus ortes priodes de croissance
de linvestissement industriel sur les quarante dernires annes.
Linvestissement en machines et quipements augmente de manire
constante partir de 1984, au-dessus de la moyenne des pays du G7,
creusant lcart avec le Royaume-Uni, lAllemagne et les tats-Unis,
rattrapant lItalie. Cela permet aux industriels ranais, une poqueo lUnion montaire rend les dvaluations moins videntes, de mener
un travail de monte en gamme et de raliser des progrs en termes de
productivit hors cot.
Linvestissement sobserve aussi travers lintensit de recherche et
dveloppement, qui passe de 5,8 6,8 % de la valeur ajoute entre
1988 et 1994, dpassant la moyenne des pays de lOCDE, notamment
lAllemagne (6,2 %) 11. Pour mmoire, le montant des investissements
directs entrants double entre 1981-1990 et 1991-1996, tmoignant ainsi
du rle essentiel des entreprises trangres dans cet eort dinvestissement.
La France qui reprsentait 6,3 % du total des investissements directs
entrants de lOCDE sur la priode 1981-1990 atteint 11,2 % sur la
priode 1991-1996.
Cette dcennie de rorme structurelle conre un coussin qui permettra
dattnuer la dtrioration de lindustrie manuacturire dans les annes
1990. Sur cette priode, la part du secteur manuacturier poursuit sartractation, passant de 17,7 % 15,2 % dans la valeur ajoute nationale
et de 17,8 % 14,3 % en termes demploi. Les causes de cette baisse sont
nanmoins direntes de la dcennie passe. Les prix de la production
manuacturire marquent en eet une stabilit totale sur la priode alors
que les prix de la production globale sachent en hausse de 1,5 %.
En partie grce aux investissements raliss dans la priode prcdente,
les gains de productivit prsentent un visage dynamique (+ 3,5 %par an sur la priode), permettant de compenser la hausse du cot du
travail (+ 3,3 %) 12. Lvolution des cots unitaires de la main-duvre
11. oCDe, Perspectives de la science, la technologie et de lindustrie 1998, Prs, ds d loCDe, 1998.
12. oCDe ssqus.
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dans lindustrie manuacturire est sensiblement en dessous de celle
des pays du G7, mme sur la priode 1995-2000, preuve des eorts de
modernisation et de restructuration suite la crise de 1993. Entre 1997
et 2000 une orte hausse des investissements leur permet datteindre des
niveaux comparables ceux observs dans les annes records de la n dela dcennie 1980 avec la gnralisation des technologies de linormation
et de la communication reprsentant presque 18 % des investissements
corporels en 1998. Il en rsulte une utilisation plus ecace du capital
et une acclration de la productivit en n de dcennie. La dure
dutilisation des quipements atteint mme 54,9 heures, un niveau
exceptionnel jamais atteint depuis 1963.
Ainsi la stabilit des prix permet de prserver les marges des entrepriseset elle saccompagne dune amlioration de la comptitivit prix de la
France. Le solde extrieur manuacturier samliore donc, gnrant un
excdent denviron 10,1 milliards deuros par an en moyenne sur la
dcennie. Cet excdent rsiste mme la orte croissance de la demande
intrieure la n des annes 1990, linverse de ce qui sest pass dix
ans plus tt, tmoignant dun caractre quasi structurel.
La France paie touteois un lourd tribut la crise montaire de 1992-1993
en termes de potentiel industriel du ait dune erreur politique, ce quimrite une explication particulire. LAllemagne, dans le processus
dintgration de lEst, accuse un choc de demande considrable la ois
par la baisse de lore et par la hausse de la demande suite des transerts
sociaux levs et la perspective dun rattrapage des salaires, demande
comble par une hausse des importations en provenance de France et
dItalie. Dans un rgime de taux de change xes comme le Systme
montaire europen, linfation en Allemagne devient suprieure celledes autres pays ce quentend combattre la Bundesbank qui sengage
dans une politique montaire restrictive. Pour viter de sengager dans
une telle politique dsinfationniste, les autorits allemandes avaient
demand une rvaluation du Deutsche Mark ace au ranc ranais et
la lire italienne, ce qui aurait conduit diminuer le cot des importations.
Linfexibilit de Franois Mitterrand conduit la seule dvaluation de
la lire, la France perdant alors un nombre considrable de PME-PMI et
sacriant de nombreux emplois.
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Lindirence ace lindustrie abandonne dans la trappe productivit(1998-2012) laube de lan 2000, lindustrie ranaise semble avoir travers avec
une certaine rsistance les crises de 1986 et de 1993 alors mme que les
pouvoirs publics nont conduit aucune politique spcique lindustriedepuis les checs des annes 1980, ni men de rfexion proonde sur la
structure du secteur exportateur ranais. Cest pourtant cette priode
1998-2012 qui va se rvler le vrai rvlateur de la dshrence de
lindustrie ranaise. La politique gnrale, marque par labandon de
la politique de dsinfation comptitive et linstauration de la rduction
du temps de travail alimente par une vision dlirante dun monde sans
usines et dune croissance tire par la consommation, devient hostileaux entreprises. La politique industrielle se rvle mal apprhende,
laide est trop concentre sur le problme acadmique de la recherche
et dveloppement, montrant un tat trop interventionniste qui ne
comprend pas quil aut laisser les entreprises investir.
Labandon de lindustrie et du travail, le monde sans usines (1998-2002)
Dans son dition 2002-200313
, le rapport de la Commission permanentede concertation pour lindustrie (CPCI) souligne bien que selon la
nouvelle enqute du Centre dobservation conomique (COE) sur
limage des biens de consommation imports sur le march europen,
les produits allemands et ranais demeurent les mieux placs du point
de vue des critres hors prix (qualit, design, notorit et contenu en
innovation technologique). Touteois, cette avance se rduit vis--vis
des produits italiens, japonais et amricains en termes de contenu en
innovation et de rapport qualit/prix. Si les produits ranais continuentde sarmer par leur qualit et leur notorit, leur contenu en innovation
technologique nvolue pas avorablement et reste en retrait (5e rang
mondial et 3e rang europen) . Pourtant, les premiers signaux ngatis
sont apparus ds le dbut des annes 1990. La monte en gamme sest
essoufe ce moment-l, la France tant le seul pays du G7, avec
lItalie, o la part des industries de haute technologie dans la valeur
ajoute diminue entre 1985 et 1995. Dans le mme temps, la part desindustries de aible technologie diminue moins quen Allemagne (30,8 %
contre 20,3 % 14). Plus grave encore, lintensit dinvestissement dnie
13. CPCi, LIndustrie ranaise en 2002/2003, Prs, ds d lidusr, 2003.
14. oCDe, Science, technologie et industrie. Perspectives de lOCDE 2002, Prs, ds d loCDe, 2002.
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comme la ormation brute de capital xe sur la valeur ajoute dans le
secteur manuacturier qui, en 1990, tait encore suprieure en France
par rapport lAllemagne, lItalie, au Royaume-Uni et aux tats-Unis
(17,1 % contre respectivement 14,3 %, 16,9 %, 12,8 % et 11,0 %) passe
derrire lAllemagne et lItalie en 1995 (12,4 % contre 13,2 % et 14,3 %).Les annes 1992-1994, dans un contexte de crise montaire et de taux
dintrt rels suicidaires, marquent donc le dbut dun aaiblissement
prolong de linvestissement, qui passe inaperu du ait du rebond
constat la n des annes 1990. Ce sous-investissement se concentre
sur les machines et quipements, et lge moyen du parc ranais slve
progressivement pour atteindre 17 ans en moyenne en 1998, alors quil
est de 10 ans en Italie et 9 ans en Allemagne selon lune des derniresenqutes disponibles sur le sujet.
Du point de vue de la doctrine conomique, la n des annes 1990,
alimente par la bulle des technologies Internet, provoque une infexion
de la vision dominante en France, laissant penser que lavenir rside non
dans lindustrie mais dans les services et la mise en uvre des nouvelles
technologies de linormation et des communications dont lorigine
importe peu. Sur les vingt-cinq principaux produits de cette lire
largement utiliss sur notre sol, aucun nest abriqu en France depuisle dbut du sicle. Preuve sil en est de labandon de lindustrie par les
pouvoirs publics le Service des tudes et des statistiques industrielles
(Sessi) cesse la publication dtudes sur lge du parc de machines et
quipements la n des annes 1990, dans un pays pourtant royaume
de la statistique.
Le dploiement de la troisime rvolution industrielle au cours de la
priode 1980-2030 va transormer les rapports de orce entre nations etcontinents avant que cette rvolution se consolide, vraisemblablement au
cours du demi-sicle suivant. Cest dans le contexte de cette extraordinaire
mutation que la France sest convaincue dans la seconde moiti des
annes 1990 que nous tions entrs dans un monde postindustriel et
post-travail. Sur ce substrat conomique et industriel est intervenu un
choix stratgique de politique conomique qui gouverne plus que jamais
la France aujourdhui : cest la consommation, y compris crdit, qui est
suppose tre le moteur de la croissance. La production doit sajusteret sa comptitivit est cense tre un non-problme. Les entrepreneurs
doivent, par patriotisme, innover et monter en gamme avec des marges
bnciaires plus aibles que dans les pays concurrents et accepter de
payer des impts plus lourds quailleurs.
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La France a continuellement privilgi le consommateur ace au
producteur, car le modle intellectuel dominant des lites tait marqu
par une conception keynsienne simpliste. La consommation est suppose
tre le vritable moteur conomique car contrlable par la distribution des
revenus. Pour la avoriser, elle doit tre servie par la production la moins
chre, quelle soit nationale ou non. De ait, la part des importations de
biens et services dans la demande intrieure a progress de 16 % en 1996
20,2 % en 2002, puis 22,6 % en 2011 15. Une nouvelle envole de la
pntration des importations est anticipe par lOCDE pour 2013.
La pntration grandissante des importations est lie la politique
proconsommation alors que la production nationale est nglige. Elle
ne constitue un problme grave que lorsque les entreprises nationales nepeuvent pas exporter dun montant suprieur la monte des importations,
ce qui est malheureusement le cas en France. Il en rsulte des dfcits
croissants de la balance courante des paiements. La pntration de nos
marchs augmente massivement sous les gouvernements de Jospin et Chirac
2, lorsque domine totalement cette vision post-travail et postindustrie.
En aisant, tort, de la seule consommation le moteur de la croissance, les
dangers de la consommation crdit ont t sous-estims, notamment de
la consommation nance par la dette publique. Et lon a surtout nglig
la capacit et la protabilit productives, ce qui na pas permis lessor
des milliers dentreprises de taille intermdiaire (ETI), de 250 5 000
salaris, qui nous manquent si cruellement aujourdhui. La aiblesse de
la protabilit na pas permis les investissements de monte en gamme
qui donne un rapport qualit/prix attrayant pour le consommateur et
des marges leves et durables aux producteurs grce la constitution
de niches par la segmentation de lore.Il savre que la crise allemande de 1998-2003 masque les problmes
de comptitivit de la France, alors mme que des grandes rormes
taient mises en uvre Berlin. Les pouvoirs publics allemands
conduisent une politique trs volontariste de promotion du site de
production Allemagne partir de 1997, et spciquement de lindustrie
partir de 2002. Pendant ces annes derrements en France, lAllemagne
a ait le choix inverse de tout miser sur la comptitivit industrielle an
daccrotre massivement ses exportations, notamment en direction des
marchs en orte croissance dAsie mais aussi vers les pays consommateurs
du sud de lEurope. La monte en gamme des industriels allemands
15. Perspectives conomiques de lOCDE, 2012.
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en 2003, le CPCI considre comme un handicap majeur le ait que
lindustrie allemande soit trop oriente vers la moyenne technologie
sopre autant par le biais de la ormation de la main-duvre,
lorganisation dun systme de production transnationale tirant partie
de la main-duvre qualie des pays dEurope centrale et orientale,
linvestissement en biens matriels en 2004, malgr un contexte de crise,
lAllemagne achte 27 % de robots industriels de plus quen 1999, la
France en achte 3 % de moins que par un eort continu de recherche
et dveloppement. Les entreprises manuacturires se rorment. Entre
2002 et 2004, plus de la moiti dentre elles ralisent des innovations
caractre non technologique (nouvelle mthode de commercialisation,
changements de la conception ou du conditionnement, nouvelle mthodeorganisationnelle) contre moins dun quart en France. Selon Natixis 16,
llasticit-prix des exportations en volume de lAllemagne diminue
constamment sur la priode, passant de 0,74 de 1990 1999 0,46 de
2000 2012, rvlant une hausse du niveau de gamme et permettant
de rpercuter dans les prix les cots de production. Le volume des
importations augmente aussi en Allemagne de 1996 2011, sous leet
dachats de composants abriqus dans des usines allemandes installes
en Europe centrale, mais ces biens sont incorpors aux productions
allemandes et rexports avec de gros prots.
En prenant en compte le aible cot des services intgrs la production
industrielle en Allemagne et la prise en compte de la sous-traitance massive
en Europe de lEst par les industriels allemands qui abaisse encore le cot
de production en Allemagne des produits intgrant ces composants, on
arrive la conclusion que la dgradation de la comptitivit industrielle
relative de la France vis--vis de lAllemagne de 1998 2012 nest pasde 18 % mais de lordre de 35 % 17. La balance courante allemande est
quilibre en 2001, puis ortement excdentaire ensuite, lexcdent
atteignant en moyenne 5,7 % du PIB en 2010-2012 alors que le dcit
annuel ranais est de 2 % du PIB au cours de la mme priode.
La France a choisi au milieu des annes 1990 un modle postindustriel et
post-travail, la consommation devant servir de moteur de la croissance
dans une vision tronque du keynsianisme. Ce choix sest opr dans un
contexte sociopolitique particulier. De ce point de vue, il aut sintresser
16. nxs, il u ccrr ls mrgs bcrs d ldusr Frc il , Flash conomie.Recherche conomique, 109, 8 rr 2012.
17. nxs, Lcr d c d prduc d ldusr , Flash conomie. Recherche conomique, 666,5 cbr 2012, qu clcul u dgrd cr plus r d 40 %.
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lensemble des livres, discours et articles qui accrditent cette option
ds le milieu des annes 1990, dont le livre de Jeremy Rikin, La Fin du
travail, publi aux tats-Unis en 1995 et en France en 1996 18. Ce livre a
eu un norme retentissement et a popularis en France le thme de la n
du travail et de la n de lre industrielle onde sur le travail de masse.La loi Robien sur lamnagement du temps de travail, qui permettait
aux entreprises qui le souhaitaient de rduire le temps de travail des
salaris, tait vote en juin 1996. Cette loi ponctuelle ouvrant une simple
possibilit damnagement partiel du temps de travail a involontairement
prpar le terrain dune loi gnrale applique de aon uniorme.
Le thme de la n du travail, qui vient en partie des tats-Unis, a t
aveuglment mis en uvre en France mais pas aux tats-Unis.En France, ce message dcliniste sessentialise dans les annes 1997-2002
autour de la n du travail et de lindustrie. La loi sur les 35 heures
est vote le 15 dcembre 1999 aprs deux ans de dbats idologiques
houleux : la dure du travail est xe 35 heures compter du 1er
vrier 2000 pour les entreprises de plus de 20 salaris et compter
du 1er janvier 2002 pour les autres. En dpit des assouplissements
ultrieurs, de 2003 2007, comme lannualisation du temps de travail
et le recours aux heures supplmentaires, la dure du travail ne retrouveplus ses niveaux antrieurs. La dure eective du travail temps plein
a baiss de 14 % de 1999 2010 en France contre 6 % en Allemagne et
4 % aux Pays-Bas. Surtout, lide de partage du travail sinstalle quasi
dnitivement. Lide cl, propage par Alred Sauvy, que cest le travail
des uns qui ait le travail des autres devient inaudible. Pour rester
simple, quand les travailleurs rentrent tt chez eux, ils repeignent seuls
leurs cuisines ou ont eux-mmes leurs jardins, supprimant des centainesde milliers demplois. Alors que des salaris bien orms, donnant leur
pleine mesure, sadjoignent beaucoup de monde pour eectuer les tches
secondaires quils ne peuvent plus aire eux-mmes.
Le renchrissement du cot du travail amen par les 35 heures est
particulirement vrai dans les services o les cots salariaux unitaires
augmentent sur la priode 2001-2005 en comparaison la priode
1996-2000, alors quils baissent en Allemagne, aux tats-Unis, au
Royaume-Uni et au Japon. Dans lindustrie les salaires nominauxaugmentent plus vite que chez nos concurrents mais restent compenss
par des gains de productivit plus levs. Enn, le nancement du passage
18. Jrmy Rk, La Fin du travail, prc d Mchl Rcrd, Prs, L Dcur, 1996.
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aux 35 heures via des allgements de charges sur les bas salaires a obr
les capacits de ltat, alors que lAllemagne choisit de dplacer une
partie du nancement de la protection sociale vers la consommation, en
baissant les charges patronales et en augmentant la TVA.
Le basculement vers un monde post-travail et postindustriel est acclrpar lide oudroyante de lentreprise sans usines. Cest le 26 juin 2001,
lors dun colloque organis par le Wall Street Journal, que Serge Tchuruk
a thoris son ambition de aire dAlcatel une entreprise sans usines.
Lobjecti ach tait de passer de 120 12 usines en dix-huit mois, le
journaliste du Monde rendant compte de cette annonce prcisant : Cest
le tour de orce que souhaite raliser Alcatel 19. Mme si le contenu
industriel des activits de tlcommunications se rduisait tandis quelentreprise se rorientait dj vers la recherche et dveloppement et
le marketing, lannonce de Tchuruk signiait une acclration brutale
du processus. cette poque, le groupe venait tout juste de mettre en
bourse son activit de cbles, Nexans, le 13 juin 2001. Le groupe se
sparait aussi de sa liale Sat, spcialis dans les batteries. Lentreprise
sans usines est un slogan qui eut beaucoup dimpact. Il sagissait de
se dbarrasser demploys, dusines ou de suraces encombrantes an
de maximiser la valeur pour lactionnaire . De ait, en dcidant detransormer le puissant conglomrat constitu par Alcatel-Alstom pour
en aire un pure player sans usines, contrairement Samsung, Tchuruk
a assassin le gant global dont il avait reu les commandes 20. Aprs de
multiples changements de primtre et notamment la usion avec Lucent
en 2006, le groupe Alcatel reste dans une situation dicile.
Le concept dentreprise sans usines se rvlera dangereux dans la mesure
o la sous-traitance complte des activits de production conduit inverser le rapport de orce entre des sous-traitants possdant rapidement
les principaux savoir-aire techniques et prlevant une marge rendant
trop chers les produits vendus par un donneur dordres sans capacits
industrielles. La dclaration de Tchuruk de juin 2001 et la stratgie mise
en uvre par son groupe ont conort lide que les usines ne relevaient
plus dune activit noble et que lavenir de notre conomie rsidait dans
les services, ce qutait prt croire un gouvernement qui venait de
19. Le Monde, 28 ju 2001.
20. e 1988, l Cmpg grl dlcrc us s ll alshm (rg, csrucs rrrs chrs ls) c l brqu Grl elcrc Cmpy (GeC) pur rmr GeCalshm. e1990, l CGe rmm s c dqupms lcrqus Cglc. Srg tchuruk prd l prsdc 1995 l dpg cmmc c l ms burs d GeCalshm du alshm 1998, pusulrurm alsm.
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mettre en place les 35 heures. Certes, dautres ches dentreprise avaient
aussi parl dentreprises sans usines, comme Jacques Nasser, le patron
de Ford, un peu avant Tchuruk. Dautres gouvernements avaient voqu
une rduction partielle de la dure du travail pour rduire le chmage. Et
de plus, la abrication des produits lectroniques est aujourdhui de plusen plus sous-traite au niveau mondial. Mais aucun autre pays que la
France partir de 1998 na jamais mis en uvre de aon aussi systmique
et centralis une pense aussi errone que lentre revendique dans un
monde post-travail et postindustriel.
Une prise de conscience lente et insusante (2002-2012)
Une rponse partielle centre sur la recherche et dveloppementLinquitude des acteurs politiques et des commentateurs conomiques
ranais dbute avec le dbat sur le manque dinnovation de lconomie
ranaise partir de 2002-2003. Obnubil par lindicateur de dpense
intrieure brute de recherche et dveloppement (DIRD), le gouvernement
rpond aux premires inquitudes sur le commerce extrieur en se
concentrant uniquement sur linvestissement immatriel. En eet, leratio DIRD/PIB slve 2,2 % et scarte de la progression nettement
plus rapide constate aux tats-Unis, au Japon et en Allemagne. Un plan
gouvernemental est lanc en avril 2003 avec pour objecti datteindre
un ratio de 3 % du PIB dici 2010, conormment lobjecti dni
au niveau europen. Ce plan comporte sept axes principaux, dont trois
mesures entirement nouvelles, la cration de la socit unipersonnelle
dinvestissement risque pour les business angels, lappui aux jeunes
entreprises innovantes et la rnovation en proondeur du crdit dimptrecherche (CIR). Lensemble de ces mesures, censes apporter une aide
importante linnovation, reprsente un cot annuel de 500 millions
deuros, soit 0,03 % du PIB. Leort est donc trs aible et, surtout, ne
constitue pas leet dentranement attendu, la part de la recherche et
dveloppement de lenseignement suprieur nance par lindustrie,
la ameuse collaboration entre recherche ondamentale et recherche
thorique, passe mme de 3,1 % en 2001 1,6 % en 200621
. titre decomparaison, elle progresse de 12,2 14,1 % en Allemagne sur la mme
priode.
21. oCDe, Science, technologie et industrie. Perspectives de lOCDE 2008, Prs, ds d loCDe, 2008.
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Cette politique centre sur linnovation immatrielle et non spcique
au secteur manuacturier se poursuit avec des mesures comme la
cration du Haut Conseil de la science et de la technologie en 2006, la
modication du CIR compter de 2008 et la rationalisation des aides
publiques consenties aux petites et moyennes entreprises avec la usionde lAgence de linnovation industrielle (AII) dans Oso.
Sur la priode 2001-2007, la branche manuacturire poursuit sa
diminution dans la valeur ajoute de 15,2 11,9 % ( 3,5 % contre
1,4 % par an). Plus grave encore, alors que la France suivait une
trajectoire de dsindustrialisation somme toute assez similaire celle
de ses voisins, les annes 2000-2007 marquent un dcrochage avec
nos concurrents europens. La hausse des prix de la valeur ajoutemanuacturire de + 24 % en Espagne, de + 12 % en Italie, de +/ 0%
en Allemagne contraste avec une baisse de 6 % en France. Cette baisse
signie que les entreprises ne peuvent rpercuter la hausse des cots
intermdiaires dans les prix de vente et doivent jouer sur les prix pour
conserver des parts de march quand leuro sapprcie. La aiblesse de
la gamme ranaise est dmontre par une lasticit-prix extrmement
orte en France (1,0) par rapport ses concurrents industriels que sont
lItalie (0,6), lAllemagne (0,4), les tats-Unis et le Japon (0,3) 22.La protabilit des entreprises manuacturires sache donc en baisse
(de 33 28 %), scartant de la protabilit des entreprises allemandes et
italiennes. Incidemment, le solde extrieur de la branche manuacturire
se dgrade progressivement passant de + 10,5 milliards deuros en 2000
10,7 en 2007. Le dcit semble prendre un caractre structurel partir
de 2008. Le solde de nos changes industriels est pass dun excdent
de 11 milliards deuros en 2003 un dcit de 44 milliards en 2011,quand lAllemagne a un excdent industriel de 266 milliards et lItalie,
encore elle, un excdent de 56 milliards. Lcart de perormance est de
100 milliards deuros avec lItalie et de 310 milliards avec lAllemagne.
La France a alors mentalement act sa sortie de lindustrie. Il nous
reste des ingnieurs brillants, des entrepreneurs courageux et quelques
activits industrielles, mais nous ne sommes plus une grande puissance
industrielle. Ce diagnostic, au cur du livre de Christian Saint-tienne
LIncohrence franaise23, ut exactement conrm par le rapport Gallois.
22. nxs, Lcr d c d prduc d ldusr , op. cit.
23. Chrs S, LIncohrence ranaise, Prs, Grss, jr 2012.
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Lincapacit sortir de la trappe productivitLa raction des acteurs politiques a t tardive et insusante. En 2010
dbutent les tats gnraux de lindustrie qui ont un constat raliste du
dcrochage de lindustrie ranaise le chire de 100 milliards deuros
de dcit dinvestissement dans lindustrie est mme avanc , maisdont les propositions savrent dcevantes. Laide la rindustrialisation
(200 millions deuros rabonds de 120 millions en 2013), le mdiateur
des relations interentreprises industrielles et de la sous-traitance, la
rfexion sur les lires ont certainement eu un eet positi, mais il
sagit de dispositis marginaux au regard du choc dores massi dont
lindustrie manuacturire avait et a toujours besoin.
Cest nalement le rapport Gallois qui marque lavnement dunerfexion structure sur les besoins de lindustrie ranaise, avec deux
solutions proposes : une baisse du cot du travail via le crdit dimpt
pour la comptitivit et lemploi (CICE), qui reprsente une crance
scale de 13 milliards deuros ds 2013 et de 20 milliards ds 2014 pour
1,5 million dentreprises, et des possibilits de nancement tendues par
lintermdiaire de la Banque publique dinvestissement (BPI).
Il est rappant de constater que ces mesures portent toujours en elles
les erreurs originelles des annes 1990. Aucun eort particulier nestenvisag en direction de linvestissement matriel, lpoque o les
robots industriels, source de comptitivit prix et hors prix, ont remplac
les machines commande numrique des annes 1980. Alors que
lentre dans l iconomie entrepreneuriale dpend de notre capacit
robotiser nos usines, pour substituer du cerveau duvre la main-
duvre, le stock de robots installs au 31 dcembre 2011 tait plus de
quatre ois suprieur en Allemagne et presque deux ois suprieur enItalie. La France ne comptait que 34 500 robots, contre 62 300 en Italie et
157 200 en Allemagne et mme 29 900 en Espagne, selon lInternational
Federation o Robotics (IFR). Lcart avec nos concurrents europens
saccrot : seulement 3 050 robots ont t installs en France en 2011,
quand lAllemagne en ajoutait six ois plus (19 500, au parc existant),
lItalie 5 100 et lEspagne 3 091. Pour illustrer ce phnomne, le nombre
dentreprises ne dclassant aucun quipement dans lanne tait de
18 % sur la priode 1991-1996, 19 % sur la priode 1996-2001 ; il estpass 25 % entre 2001 et 2006 et mme 30 % entre 2006 et 2011 24.
Linormatique est galement en voie de sous-dveloppement par la
24. Chfrs is.
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aiblesse et le vieillissement des capacits installes, alors quelle est au
cur de liconomie, ce qui donne un taux de pannes inormatiques qui
est double en France par rapport au niveau observ en Allemagne, mais
aussi au Royaume-Uni et en Italie.
Les aides aux entreprises sont un maquis inextricable de 60 milliardsdeuros dont lorientation et le fchage appartiennent ladministration,
pourtant incapable de aire elle-mme les choix davenir. La ragmentation
se traduit par des aides ponctuelles, ici 20 millions deuros pour la
construction navale, ici 25 millions pour la lire lectronique, qui
suscitent des eets daubaine et dont limpact est extrmement aible, en
lespce 0,8 % du chire daaires du secteur naval.
La baisse des charges, si elle ouvre une perspective damlioration rapideet de aible ampleur pour les entreprises, ne peut soutenir le ncessaire
redressement des marges. Aussi, pour sortir du cercle vicieux de la
aiblesse des marges qui empche linvestissement par autonancement,
il aut durgence ouvrir un circuit court de nancement entre les
entreprises et lpargne des mnages qui ne mobilise pas les ressources
de ltat.
Ces mesures ne seront pas capables de sortir moyen terme lindustrie
ranaise de la trappe productivit o elle se trouve. En eet, la chutede linvestissement va continuer dimpacter ngativement la productivit
dans les prochaines annes et entamer ce qui tait considr comme
une ert ranaise, savoir notre productivit horaire. Dailleurs, le
direntiel sest install avec nos concurrents : en 2011, la croissance de la
productivit horaire ranaise tait de 1,3 % contre 1,6 % en Allemagne
et 1,5 % dans les pays de lOCDE. Quant aux rcentes accusations de
leuro ort pour expliquer nos problmes de comptitivit, elles ne sontquune aon de masquer des problmes dont ltude historique de la
politique industrielle montre la longue histoire.
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UN S EUL LE VIER : ORIENTER LE CAPITAL POUR REBTIR LINDUSTRIE
Les leons de quatre dcennies de politique industrielle
crase et avec un potentiel conomique largement dtruit en 1944,la France se reconstruit sur la priode 1945-1980 pour redevenir la
quatrime puissance industrielle et exportatrice du monde en 1980.
Elle sest nanmoins dj aaiblie pour avoir ait payer le premier choc
ptrolier de 1973 aux entreprises plutt quaux mnages, contrairement
au Japon et lAllemagne. Lerreur est renouvele lors du deuxime choc
ptrolier de 1979 et aggrave en 1981 avec la volont de laisser ler
la dpense publique qui augmente ortement en 1981-1983. Les trois
dvaluations du ranc de 1981-1983 attnuent touteois les consquences
de cette politique sur la comptitivit conomique du pays. La mise
en place dune politique de dsinfation comptitive sur la priode
1984-1996, onde sur une consolidation montaire et budgtaire et
une restructuration de lappareil de production double dune mesure de
TVA sociale en 1995-1996, permet de stabiliser la situation relative de
notre appareil de production en Europe, en dpit de lerreur de politique
de change en 1992-1993 qui a laiss le ranc se survaluer et les tauxdintrt rels atteindre un niveau de 8 % pendant prs dun an.
La France est encore la quatrime puissance industrielle et exportatrice
du monde en 1998-1999 en dpit de nombreuses aiblesses : grave
insusance du nombre dentreprises de taille intermdiaire (ETI),
disparition de pans entiers de production dans la machine-outil et les
industries de biens de consommation lors de la crise de 1992-1993,
aiblesse de la recherche applique et de linnovation, aiblesse de la
ormation proessionnelle, etc.Cest alors que les lites ranaises vont commettre une erreur stratgique
majeure : elles se convainquent en 1997-1998 que nous sommes entrs
depuis le milieu des annes 1990 dans une conomie postindustrielle et
post-travail. En voulant mener une politique de partage dun travail suppos
tre une quantit donne et divisible et une politique de redistribution
alimentant une consommation suppose tre le seul moteur de la croissance,
les gouvernements de gauche et de droite qui se succdent de 1998 2013ont provoqu une violente dsindustrialisation qui a rduit, sur la priode
1999-2012, la part de la valeur ajoute de lindustrie dans le PIB de 30 %
tandis que notre part dans les exportations mondiales a chut de 43 %.
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Constatant les eets dsastreux des orientations stratgiques mises en
uvre depuis 1998, les responsables nationaux ont essay, au-del des
dirences de couleur politique, de contrer les eets de leurs politiques
sur lappareil de production par des politiques sectorielles en aveur de
certains secteurs industriels, soit par des prts et subventions spciques,soit par un ciblage des crdits de recherche, soit par des apports en
capital. Ces politiques ont globalement chou. Une politique de lires
industrielles a t mene dans les annes 1980 et 1990. Depuis le
milieu des annes 2000, une politique avorable la recherche a t
mise en place. chaque ois, on peut rsumer ces actions de la aon
suivante : mme si elles ntaient pas toutes mauvaises, elles relevaient
toutes du trop peu, trop tard, au mauvais endroit . Lorsque ltat at en position de aire des choix, quils soient de nature technologique,
organisationnelle, de produits, ceux-ci ont t trop souvent des checs.
La meilleure politique industrielle doit consister donner les moyens les
plus importants possibles aux entreprises an que celles-ci ondent les
choix stratgiques uturs sur les lois du march, protgs des infuences
politiques ou administratives.
Or la ralit de l entreprise France est dsormais claire : sa rentabilit
est inrieure dun tiers celle de ses comptitrices en Allemagne, auRoyaume-Uni et aux tats-Unis, et mme en Italie et en Espagne ; elle est
sous-capitalise et endette, et ne peut donc conduire seule le ncessaire
eort de reconstruction du capital producti du pays. Cest en se ondant
sur cette double ralit chec global des politiques sectorielles depuis
trois dcennies et entreprise France sous-capitalise et aible marge
quil aut mettre en place une politique enn en phase avec la nature
et la gravit de la situation : il aut simultanment rduire la dpensepublique, provoquer un choc de comptitivit par une politique gnrale
avorable l entreprise France et acclrer la recapitalisation de nos
entreprises.
Une grande politique de mobilisation du capitalSi cette note a t titre Le Kapital en rrence la critique de
lconomie politique par Karl Marx publie en 1867, cest parce queles analyses de Marx et Engels ont eu un tel retentissement en France au
XXe sicle que le mot capital y est devenu un gros mot. Prtendument
source de toutes les ingalits, son accumulation doit tre reine et ses
dtenteurs punis. Or la troisime rvolution industrielle, en cours depuis
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les annes 1980 et qui sacclre depuis les annes 2000, est une mutation
globale qui est onde sur une iconomie entrepreneuriale. Cette dernire
est hyperindustrielle et trs capitalistique au sens o la conception et
la production des assemblages de produits et services qui caractrisent
cette iconomie supposent des investissements initiaux considrables avecune probabilit de succs trs incertaine. Cest donc une conomie de
onds propres, et laccumulation de capital producti est le pralable de
son dveloppement. Ce renorcement des onds propres est dautant plus
dcisi dans un contexte o le rle des banques est en train dvoluer
sous la contrainte des rglementations bancaires. Les rglementations
bancaires prises dans le cadre de Ble III, dont la mise en uvre est
on peut le regretter circonscrite lEurope pour linstant, vontproondment remettre en question le modle conomique des banques,
les contraignant rduire le volume de crdits, en augmenter le cot et
rduire lhorizon de nancement.
Il aut donc reconstruire le capital producti ranais alors que le corps
sociopolitique ranais se me du capital. Qui plus est, pour dvelopper
nos PME et ETI, il aut particulirement avoriser laccumulation de
capital par les entreprises amiliales et individuelles qui constituent
99 % de notre systme producti en nombre et concentrent lessentielde nos perspectives de rebond conomique. Cest donc les yeux ouverts
sur la double ralit ranaise conomique de notre eondrement
capitalistique et sociopolitique de notre mance envers le capital que
nous aisons une proposition cl et novatrice en droit ranais : il aut
instaurer en urgence des ondations de production permettant disoler
le patrimoine producti des agents conomiques de leur patrimoine
personnel. Nous aisons le pari que les Franais sont assez lucides pouraccepter de avoriser laccumulation de capital producti mme sils
continuent de se mer des grandes ortunes prives .
Alors que les ondations ont t interdites en France par la loi Le Chapelier
en 1791, elles sont progressivement rapparues depuis la n du XIXme
sicle avec un rythme de cration trs lent au regard de nos voisins
europens (en 2011, lAllemagne comptait ainsi 18 000 ondations
dutilit publique contre 570 en France). Celles qui existent aujourdhui
ont essentiellement un rle de gestion des patrimoines existants, il sagitde crer un type nouveau de ondation : la ondation productive
aurait pour objet de dtenir des actions de socits industrielles et
commerciales apportes par des personnes physiques qui nen auraient
plus la libre disponibilit pour des priodes trs longues. Lunit de temps
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serait de quinze ans, lengagement pouvant tre renouvel indniment.
Ces socits commerciales devraient avoir leur sige social en France. Les
apporteurs dactions renonceraient donc pour de longues priodes de
temps la libre disposition de leur capital et sengageraient capitaliser
dans la ondation les deux tiers des dividendes perus. Aussi longtempsque ces conditions seraient respectes, les actions et revenus capitaliss
seraient isols du patrimoine personnel des personnes physiques ayant
ait lapport de leurs actions aux ondations productives. Les ondations
seraient alimentes par des dividendes perus aprs paiement de limpt
sur les socits et dun prlvement libratoire de 20 %. Les personnes
physiques paieraient les impts dus sur la part des dividendes quils
percevraient directement (les actions transres aux ondationsnentreraient pas dans le patrimoine priv soumis lISF). Les parts
de ondation pourraient tre transmises par hritage aux ayants droit
sans scalit. Les actions ne pourraient tre retires des ondations
lissue des priodes de dtention que si les deux tiers des membres de
la ondation lacceptent. En cas de sortie, les dividendes accumuls
seraient imposables et les actions libres rentreraient immdiatement
dans le patrimoine imposable des personnes physiques. Pour prmunir
les acteurs concerns des divagations scales du pouvoir, ces ondationsseraient cres par un nouvel article de la Constitution.
Cette novation juridique vise crer les conditions dune accumulation
sereine de capital producti permettant la France de rattraper son
retard dans la troisime rvolution industrielle et de se doter des PME et
ETI permettant de mailler son territoire dunits de production donnant
les emplois ncessaires aux populations de nos territoires.
Dans le mme lan, il aut mobiliser lpargne des mnages trop peuoriente vers les entreprises. Les Franais pargnent beaucoup. Lanne
2012, avec un taux dpargne de 16,8 %, a dailleurs marqu une
anne record depuis prs de trente ans. Or la tendance orte des quinze
dernires annes a t la diminution du nancement destination des
entreprises ranaises, qui captaient 43 % de lpargne des mnages en
2000 contre moins de 38 % dix ans plus tard, au prot dune hausse des
investissements en dette dtats, de la zone euro essentiellement. En outre,
sur ces 38 %, seulement les deux tiers environ ont la orme dactions cotes(138 milliards deuros, dont 126 pour les entreprises ranaises) et non
cotes (497 milliards), montrant ainsi la aiblesse de linvestissement en
capitaux propres dans les entreprises. Au nal, les entreprises ranaises
nattirent quune partie restreinte de labondante pargne des mnages.
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Il aut librer les canaux de nancement des entreprises en avorisant
lmergence dacteurs assurant une allocation directe de lpargne.
Or cest la stratgie inverse qua choisie ltat en dcidant dintermdier
lpargne nationale via la cration de la BPI. Il se retrouve donc en
position darbitrer les choix stratgiques et de avoriser les lires audtriment des acteurs de march. La BPI correspond la cration dun
canal monolithique de nancement parasit par les acteurs politiques et
administratis, alors quil aut avoriser la multiplication de vhicules
dinvestissement avec une dimension locale, scalement intresss,
qui peuvent tre mixtes condition que linvestissement priv y soit
majoritaire. Bien que le rapport Gallois ait prconis que lpargne soit
oriente vers des placements de longue dure en actions , prsentantce changement comme le complment indispensable du choc de
comptitivit , les rcentes augmentations du plaond du livret A, dont
la collecte est aux deux tiers destine au logement social et la politique
de la ville, soulvent de proondes interrogations, sachant quen
janvier 2012 les ressources excdaient dj de 75 milliards les prts
accords. Lpargne des Franais nallant pas soudainement senvoler,
tout mouvement vers le livret A se ralise par transert depuis dautres
produits dpargne, notamment lassurance-vie. Le renorcement delattractivit se ait donc au dtriment du nancement des entreprises,
alors que celles-ci en ont cruellement besoin pour assurer la mise
niveau de leur appareil de production. Il semble prioritaire de avoriser
lallocation des ressources destination dinvestissements productis,
source de richesse uture.
Si ces mesures constituent le premier lment permettant damener des
ressources nancires aux entreprises court terme pour sengager dansla monte de gamme, il aut provoquer un choc de comptitivit par une
politique qui redonnera des marges de manuvre gnrales avorables
l entreprise France et acclrer la recapitalisation de nos entreprises.
L entreprise France a aujourdhui des cots de production, en incluant
le cot des services lindustrie, qui sont de 30 et 40 % suprieurs
ceux de lAllemagne. Par ailleurs, notre march du travail, mme aprs la
rcente volution des rgles de licenciement et des accords dentreprise,
est un des moins fexibles des pays dvelopps. La protabilit moyennedes entreprises non nancires, notamment si on exclut les entreprises
industrielles et commerciales du CAC 40, est inrieure de plus dun tiers
celle note en Allemagne et dans les pays anglo-saxons. titre illustrati,
le taux de rentabilit moyen des PME industrielles en Europe, selon la
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base de donnes Bach-ESD-Banque de France, tait en 2012 de 3,83 % en
France, 4,62 % en Belgique, 5,04 % en Allemagne, 5,59 % en Autriche,
6,30 % aux Pays-Bas et 6,40 % en Pologne. Le taux dautonancement
de linvestissement producti est tomb 60 % et la dette des entreprises
augmente ortement. Si lon applique le taux de marge des entreprisesallemandes la valeur ajoute des entreprises ranaises, il manque
100 milliards deuros dans lexcdent brut des entreprises ranaises.
Nous avons galement not que les politiques sectorielles menes par
ltat depuis trois dcennies ont globalement chou. Nous devons donc
mener des politiques globales et non sectorielles de comptitivit. Il aut
simultanment rduire le cot du travail et augmenter les marges des
entreprises, ce qui suppose de rduire laugmentation des prestationssociales retraites et allocations de toutes natures. Ces dernires, qui
reprsentent le quart du PIB, sont nances par les cotisations sociales
payes par les employeurs et les employs. Pour un salaire brut de 100,
les employeurs acquittent en moyenne 45 de cotisations sociales et les
employs 22 en sorte que le revenu net du salari est de 78 et le cot
du travail de 145. Lcart de 67, somme de 45 et 22, sert nancer
des prestations sociales qui augmentent vive allure compte tenu du
vieillissement de la population et de la monte du chmage.La seule politique gnrale capable de restaurer la comptitivit de
nos entreprises ne peut venir que dune dsindexation des prestations
sociales, selon lorientation donne par laccord employeurs-syndicats
de mars 2013 sur les retraites complmentaires Agirc-Arrco, et dune
modication du nancement de ces prestations. Seule lutilisation
dun puissant mcanisme de TVA sociale est de nature provoquer
un choc de comptitivit instantan capable darrter la descente auxeners de notre appareil de production. Une dsindexation de toutes
les prestations simpose aussi longtemps que lensemble des rgimes de
scurit sociale naura pas retrouv un quilibre prenne qui serait rendu
constitutionnellement obligatoire. LAllemagne a instaur le 1er janvier
2007 une hausse de TVA sociale de 3 % qui a eu un impact sur les prix
de lordre de 0,5 %. La France pourrait mettre en place un mcanisme de
mme ampleur an dliminer la cotisation employeur de 5,4 % sur les
salaires au bnce de la politique amiliale, ce qui rduirait les chargessociales des entreprises de 34 milliards deuros, soit le tiers de lcart
de marge entre la France et lAllemagne. Pour prenniser les marges de
manuvre ainsi libres, il aut rduire le taux dimpt sur les bnces
mis en rserve 18-20 % an de consolider les onds propres des
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entreprises en les incitant laisser le capital lintrieur de lentreprise.
Une ois que lamlioration des marges se traduira dans les comptes des
entreprises, ces dernires devront sengager sans tarder dans le travail
de monte en gamme par lautomatisation des moyens de production et
la recherche et dveloppement avec une rfexion autour du porteeuillede produits. Ce travail de rorme saccompagne donc dun exercice de
communication particulier. La dcision dinvestissement possde une
trs large composante psychologique et il aut aire sentir aux acteurs
responsables de linvestissement quils sont encourags et soutenus.
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Les classes moyennes dans les pays mergentsJulien Damon, avril 2013, 34 pages
La comptitivit passe aussi par la fscalitAldo Cardoso, Michel Didier, Bertrand Jacquillat, Dominique Reyni,Grgoire Sentilhes, dcembre 2012, 20 pages
Relancer notre industrie par les robots (1) : les enjeuxRobin Rivaton, dcembre 2012, 40 pages
Relancer notre industrie par les robots (2) : les stratgiesRobin Rivaton, dcembre 2012, 32 pages
Une autre politique montaire pour rsoudre la criseNicolas Goetzmann, dcembre 2012, 40 pages
La nouvelle politique fscale rend-elle lISF inconstitutionnel ?Aldo Cardoso, novembre 2012, 12 pages
Fiscalit : pourquoi et comment un pays sans riches est un pays pauvreBertrand Jacquillat, octobre 2012, 32 pages
Youth and Sustainable DevelopmentFondapol/Nomadis/United Nations, juin 2012, 80 pages
La philanthropie. Des entrepreneurs de solidaritFrancis Charhon, mai / juin 2012, 44 pages
Les chires de la pauvret : le sens de la mesureJulien Damon, mai 2012, 40 pages
Librer le fnancement de lconomie
Robin Rivaton, avril 2012, 40 pagesLpargne au service du logement socialJulie Merle, avril 2012, 40 pages
LOpinion europenne en 2012Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, mars 2012, 210 pages
Valeurs partagesDominique Reyni (dir.), PUF, mars 2012, 362 pages
Les droites en EuropeDominique Reyni (dir.), PUF, vrier 2012, 552 pages
Innovation politique 2012Fondation pour linnovation politique, PUF, janvier 2012, 648 pages
Lcole de la libert : initiative, autonomie et responsabilitCharles Feuillerade, janvier 2012, 36 pages
NOS DERNIRES PUBLICATIONS
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Politique nergtique ranaise (2) : les stratgiesRmy Prudhomme, janvier 2012, 44 pages
Politique nergtique ranaise (1) : les enjeuxRmy Prudhomme, janvier 2012, 48 pages
Rvolution des valeurs et mondialisationLuc Ferry, janvier 2012, 40 pages
Quel avenir pour la social-dmocratie en Europe ?Sir Stuart Bell, dcembre 2011, 36 pages
La rgulation proessionnelle : des rgles non tatiques pour mieux responsabiliserJean-Pierre Teyssier, dcembre 2011, 36 pages
Lhospitalit : une thique du soinEmmanuel Hirsch, dcembre 2011, 32 pages
12 ides pour 2012Fondation pour linnovation politique, dcembre 2011, 110 pages
Les classes moyennes et le logementJulien Damon, dcembre 2011, 40 pages
Rormer la sant : trois propositionsNicolas Bouzou, novembre 2011, 32 pages
Le nouveau Parlement : la rvision du 23 juillet 2008
Jean-Flix de Bujadoux, novembre 2011, 40 pagesLa responsabilitAlain-Grard Slama, novembre 2011, 32 pages
Le vote des classes moyenneslisabeth Dupoirier, novembre 2011, 40 pages
La comptitivit par la qualitEmmanuel Combe et Jean-Louis Mucchielli, octobre 2011, 32 pages
Les classes moyennes et le crdit
Nicolas Pcourt, octobre 2011, 32 pages
Portrait des classes moyennesLaure Bonneval, Jrme Fourquet, Fabienne Gomant, octobre 2011, 36 pages
Morale, thique, dontologieMichel Maesoli, octobre 2011, 40 pages
Sortir du communisme, changer dpoqueStphane Courtois (dir.), PUF, octobre 2011, 672 pages
La jeunesse du mondeDominique Reyni (dir.), ditions Lignes de Repres, septembre 2011, 132 pages
Pouvoir dachat : une politiqueEmmanuel Combe, septembre 2011, 52 pages
La libert religieuseHenri Madelin, septembre 2011, 36 pages
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Rduire notre dette publiqueJean-Marc Daniel, septembre 2011, 40 pages
cologie et libralismeCorine Pelluchon, aot 2011, 40 pages
Valoriser les monuments historiques : de nouvelles stratgiesWladimir Mitroano et Christiane Schmuckle-Mollard, juillet 2011, 28 pages
Contester les technosciences : leurs raisonsEddy Fougier, juillet 2011, 40 pages
Contester les technosciences : leurs rseauxSylvain Boulouque, juillet 2011, 36 pages
La raternitPaul Thibaud, juin 2011, 36 pages
La transormation numrique au service de la croissanceJean-Pierre Corniou, juin 2011, 52 pages
LengagementDominique Schnapper, juin 2011, 32 pages
Libert, galit, FraternitAndr Glucksmann, mai 2011, 36 pages
Quelle industrie pour la dense ranaise ?Guillaume Lagane, mai 2011, 26 pages
La religion dans les aaires : la responsabilit sociale de lentrepriseAurlien Acquier, Jean-Pascal Gond, Jacques Igalens, mai 2011, 44 pages
La religion dans les aaires : la fnance islamiqueLila Guermas-Sayegh, mai 2011, 36 pages
O en est la droite ? LAllemagnePatrick Moreau, avril 2011, 56 pages
O en est la droite ? La Slovaquietienne Boisserie, avril 2011, 40 pages
Qui dtient la dette publique ?Guillaume Leroy, avril 2011, 36 pages
Le principe de prcaution dans le mondeNicolas de Sadeleer, mars 2011, 36 pages
Comprendre le Tea PartyHenri Hude, mars 2011, 40 pages
O en est la droite ? Les Pays-BasNiek Pas, mars 2011, 36 pages
Productivit agricole et qualit des eauxGrard Morice, mars 2011, 44 pages
LEau : du volume la valeurJean-Louis Chaussade, mars 2011, 32 pages
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Eau : comment traiter les micropolluants ?Philippe Hartemann, mars 2011, 38 pages
Eau : dfs mondiaux, perspectives ranaisesGrard Payen, mars 2011, 62 pages
Lirrigation pour une agriculture durableJean-Paul Renoux, mars 2011, 42 pages
Gestion de leau : vers de nouveaux modlesAntoine Frrot, mars 2011, 32 pages
O en est la droite ? LAutrichePatrick Moreau, vrier 2011, 42 pages
La participation au service de lemploi et du pouvoir dachatJacques Perche et Antoine Pertinax, vrier 2011, 32 pages
Le tandem ranco-allemand ace la crise de leuroWolgang Glomb, vrier 2011, 38 pages
2011, la jeunesse du mondeDominique Reyni (dir.), janvier 2011, 88 pages
LOpinion europenne en 2011Dominique Reyni (dir.), dition Lignes de repres, janvier 2011, 254 pages
Administration 2.0Thierry Weibel, janvier 2011, 48 pages
O en est la droite ? La BulgarieAntony Todorov, dcembre 2010, 32 pages
Le retour du tirage au sort en politiqueGil Delannoi, dcembre 2010, 38 pages
La comptence morale du peupleRaymond Boudon, novembre 2010, 30 pages
LAcadmie au pays du capitalBernard Belloc et Pierre-Franois Mourier, PUF, novembre 2010, 222 pages
Pour une nouvelle politique agricole communeBernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages
Scurit alimentaire : un enjeu globalBernard Bachelier, novembre 2010, 30 pages
Les vertus caches du low cost arienEmmanuel Combe, novembre 2010, 40 pages
Innovation politique 2011Dominique Reyni (dir.), PUF, novembre 2010, 676 pages
Dense : surmonter limpasse budgtaireGuillaume Lagane, octobre 2010, 34 pages
O en est la droite ? LEspagneJoan Marcet, octobre 2010, 34 pages
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Les vertus de la concurrenceDavid Sraer, septembre 2010, 44 pages
Internet, politique et coproduction citoyenneRobin Berjon, septembre 2010, 32 pages
O en est la droite ? La PologneDominika Tomaszewska-Mortimer, aot 2010, 42 pages
O en est la droite ? La Sude et le DanemarkJacob Christensen, juillet 2010, 44 pages
Quel policier dans notre socit ?Mathieu Zagrodzki, juillet 2010, 28 pages
O en est la droite ? LItalieSofa Ventura, juillet 2010, 36 pages
Crise bancaire, dette publique : une vue allemandeWolgang Glomb, juillet 2010, 28 pages
Dette publique, inquitude publiqueJrme Fourquet, juin 2010, 32 pages
Une rgulation bancaire pour une croissance durableNathalie Janson, juin 2010, 36 pages
Quatre propositions pour rnover notre modle agricolePascal Perri, mai 2010, 32 pages
Rgionales 2010 : que sont les lecteurs devenus ?Pascal Perrineau, mai 2010, 56 pages
LOpinion europenne en 2010Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de repres, mai 2010, 245 pages
Pays-Bas : la tentation populisteChristophe de Voogd, mai 2010, 43 pages
Quatre ides pour renorcer le pouvoir dachatPascal Perri, avril 2010, 30 pages
O en est la droite ? La Grande-BretagneDavid Hanley, avril 2010, 34 pages
Renorcer le rle conomique des rgionsNicolas Bouzou, mars 2010, 30 pages
Rduire la dette grce la ConstitutionJacques Delpla, vrier 2010, 54 pages
Stratgie pour une rduction de la dette publique ranaiseNicolas Bouzou, vrier 2010, 30 pages
O va lglise catholique ? Dune querelle du libralisme lautremile Perreau-Saussine, octobre 2009, 26 pages
lections europennes 2009 : analyse des rsultats en Europe et en FranceCorinne Deloy, Dominique Reyni et Pascal Perrineau, septembre 2009, 32 pages
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Retour sur lalliance sovito-nazie, 70 ans aprsStphane Courtois, juillet 2009, 16 pages
Ltat administrati et le libralisme. Une histoire ranaiseLucien Jaume, juin 2009, 12 pages
La politique europenne de dveloppement :Une rponse la crise de la mondialisation ?Jean-Michel Debrat, juin 2009, 12 pages
La protestation contre la rorme du statut des enseignants-chercheurs :dense du statut, illustration du statu quo.Suivi dune discussion entre lauteur et Bruno BensassonDavid Bonneau, mai 2009, 20 pages
La lutte contre les discriminations lies lge en matire demploilise Muir (dir.), mai 2009, 64 pages
Quatre propositions pour que lEurope ne tombe pas dans le protectionnismeNicolas Bouzou, mars 2009, 12 pages
Aprs le 29 janvier : la onction publique contre la socit civile ? Une question dejustice sociale et un problme dmocratiqueDominique Reyni, mars 2009, 22 pages
LOpinion europenne en 2009Dominique Reyni (dir.), ditions Lignes de repres, mars 2009, 237 pages
Travailler le dimanche: quen pensent ceux qui travaillent le dimanche ?
Sondage, analyse, lments pour le dbatDominique Reyni, janvier 2009, 18 pages
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Pour renorcer son indpendance et conduire sa mission dutilitpublique, la Fondation pour linnovation politique, institution de la
socit civile, a besoin du soutien des entreprises et des particuliers. Ilssont invits participer chaque anne la convention gnrale qui dnitses orientations. La Fondapol les convie rgulirement rencontrer sesquipes et ses conseillers, discuter en avant premire de ses travaux, participer ses maniestations.
Reconnue dutilit publique par dcret en date du 14 avril 2004, la Fondapolpeut recevoir des dons et des legs des particuliers et des entreprises.
Vous tes une entreprise, un organisme, une association
Avantage scal : votre entreprise bncie dune rduction dimpt de60 % imputer directement sur lIS (ou le cas chant sur lIR), dansla limite de 5 du chire daaires HT (report possible durant 5 ans).
Dans le cas dun don de 20 000 , vous pourrez dduire 12 000 dimpt,votre contribution aura rellement cot 8 000 votre entreprise.
Vous tes un particulier
Avantages scaux : au titre de lIR, vous bnciez dune rductiondimpt de 66 % de vos versements, dans la limite de 20 % du revenuimposable (report possible durant 5 ans) ; au titre de lISF, vousbnciez dune rduction dimpt, dans la limite de 50 000 , de 75 %de vos dons verss.
Dans le cas dun don de 1 000 , vous pourrez dduire 660 de votreIR ou 750 de votre ISF. Pour un don de 5 000 , vous pourrez dduire3 300 de votre IR ou 3 750 de votre ISF.
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7/28/2019 LE KAPITAL. Pour rebtir l'industrie par Christian Saint-Etienne et Robin Rivaton
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