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Présenté et soutenu le 9 Juin 2016
LA PROTECTION SOCIALE DU
DIRIGEANT DE SOCIETE
COMMERCIALE COMPARAISON ENTRE LE REGIME SALARIE ET LE REGIME TNS
Université du Maine
Faculté de Droit, des Sciences Economiques et de Gestion
Présenté pour l’obtention du MASTER 1 Comptabilité Contrôle Audit
11 Allée des Gémeaux, 72009 Le Mans
Mémoire préparé par
ROMAIN DESHAYES Sous la direction de M.Pascal Huguet,
Expert-Comptable
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Remerciements
Actuellement ce n'est pas évident de trouver un stage de trois mois pour un
étudiant sortant d'un cursus de licence général. Le manque de professionnalisation se
fait ressentir du fait que les étudiants diplômés de DCG et DUT sont privilégiés pendant
la période de recherche de stage. C'est pourquoi je tiens à remercier l’entreprise
CEFIGES et en particulier le siège social du groupe situé au Mans de m'avoir accueilli
durant cette période dans leurs bureaux.
Je tiens principalement à remercier M.Brilland, responsable du cabinet
comptable CEFIGES et M.Huguet de m'avoir accordé une place au sein de leur
structure en cette période fiscale intense. De plus je voudrais remercier Mme Ramard de
m'avoir supervisé durant le déroulement de mon stage et de m'avoir offert de son temps
de travail pour m'aider à comprendre et développer mes missions comptables. Merci
également à tous le personnel de l'entreprise, qui m'a permis d'évoluer dans mes
méthodes de travail et dans mon raisonnement personnel pour ce rapport.
Faire mon stage dans votre cabinet a été un réel plaisir. J'ai pu apprendre et
découvrir beaucoup de choses comme les travaux comptables que l’on réalise à la
clôture de l’exercice ou encore l’élaboration des déclarations fiscales. J'ai aussi renforcé
ma vision de mon projet professionnel ce qui va me permettre de faire les bons choix
pour la poursuite de mes études.
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Table des matières Remerciements ………………………………………………………………………… 1 Index des sigles et acronymes …………………………………………………………. 4
Le cabinet comptable CEFIGES ………………………………………………...…….. 5
Introduction ……………………………………………………………………………. 7
Partie 1 : Les cotisations au régime social résultant de la forme juridique et de la rémunération du dirigeant .........................................................................................…... 8 Section1 : La détermination du régime de protection sociale selon la forme juridique ... 9
1 – Le régime salarié ................................................................................................... 10
2 – Le régime social des indépendants ou des travailleurs non-salariés (TNS).......... 11
Section 2 : Les cotisations aux différents régimes de protection sociale ....................... 13 1 – Les appels de cotisations fondés sur la rémunération ........................................... 13
1.1 – Les cotisations de « base » pour les dirigeants dépendant du régime salarié 14
1.2 – Les cotisations de base au régime des travailleurs non-salariés..................... 15
2 – Comparaison des cotisations sociales en fonction du régime du dirigeant ........... 17
2.1 - Au niveau des charges sociales ....................................................................... 17
2.2- Au niveau du coût global pour le dirigeant ...................................................... 18
Partie 2 : La protection sociale du dirigeant ………………………………...……….. 25
Section 1 : La couverture sociale selon le régime de base ............................................. 25 1 – La couverture sociale de base pour le régime salarié ........................................... 25
1.1 - Frais de santé et arrêt maladie ......................................................................... 26
1.2 – Congé maternité/paternité .............................................................................. 27
1.3 – La pension d’invalidité ................................................................................... 28
1.4 – Le capital décès .............................................................................................. 29
2 – La couverture sociale de base pour le régime TNS .............................................. 30
2.1 - Frais de santé et arrêt maladie ......................................................................... 30
2.2 – Congé maternité/paternité .............................................................................. 30
2.3 – La pension d’invalidité ................................................................................... 31
2.4 – Le capital décès ....................................................................................... 32
3 – Comparaison de la protection sociale selon le régime du dirigeant...................... 32
Section 2 : L’intérêt de souscrire au régime supplémentaire.......................................... 35 1 – Le régime supplémentaire salarié ......................................................................... 35
1.1 – L’article 82 du CGI ........................................................................................ 35
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1.2 – L’article 83 du CGI ........................................................................................ 36
2 – Le régime supplémentaire TNS ............................................................................ 38
2.1 – Loi Madelin (Article 154 du CGI) ................................................................. 38
2.2- L’Assurance vie ............................................................................................... 40
3 – Comparaison du régime social supplémentaire selon le régime du dirigeant ....... 41
Conclusion ……………………………………………………………………………. 45
Bibliographie ………………………………………………………………………… 48
Annexes ………………………………………………………………………………. 49
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Index des Sigles et Acronymes :
AGC : Association de Gestion et de Comptabilité
BIC : Bénéfice Industriel Commerciaux
CCA : Comptabilité Contrôle Audit
CGAH : Centre de Gestion Agrée et Habilitée
CGI : Code Général des Impôts
CICE : Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi
CRDS : Contribution au Remboursement de la Dette Sociale
CSG : Contribution Sociale Généralisé
DCG : Diplôme de Comptabilité et de Gestion
DUT : Diplôme Universitaire Technologique
EURL : Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée
IRPP : Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques
IS : Impôt des Sociétés
PASS : Plafond Annuel de la Sécurité Sociale
RSI : Régime Social des Indépendants
SA : Société Anonyme
SARL : Société A Responsabilité Limitée
SAS : Société Anonyme Simplifiée
SASU : Société Anonyme Simplifiée Unipersonnelle
SCA : Société en Commandite par Actions
SCS : Société en Commandite Simple
SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance
SNC : Société en Nom Collectif
TNS : Travailleurs Non-Salariés
URSSAF : Union de Recouvrement pour la Sécurité Sociale et les Allocations
Familiales
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Le cabinet comptable CEFIGES
Afin de concrétiser les connaissances acquises au cours de mon année
universitaire de Master 1 CCA, j’ai effectué un stage de professionnalisation dans un
cabinet comptable. Ce stage s’est déroulé dans le cabinet CEFIGES pendant une durée
de 3 mois.
Cette entreprise s’est constituée en 1993 sous la forme d’un
Centre de Gestion Agrée et Habilité (CGAH) afin de répondre au
développement de la tenue d’une comptabilité dépendante du régime
BIC que le cabinet CEFIGA ne pouvait pas tenir du fait qu’il s’occupe que de la tenue
d’une comptabilité agricole. En 2010, le CEFIGES intègre l’ordre des experts
comptables et se transforme en Association de Gestion et de Comptabilité (AGC) qui va
par ailleurs instaurer le visa fiscal pour continuer de faire bénéficier à ses adhérents des
avantages fiscaux liés à leurs adhésions.
Aujourd’hui le CEFIGES est
implanté dans 6 départements : Le Mans
(72), Blois (41), Chambray les Tours (37),
Nantes (44), Auray (56), et Pelissanne
(13), il regroupe près de 42 salariés dont
25 sont basés au siège du Mans. Ce
cabinet est présidé actuellement par M.
Jean François Daudin et est dirigé par M.
Franck Brillant. Son domaine d’activité
couvre les professions commerciales,
artisanales et libérales qui sont le plus
souvent composées de petites ou de très
petites sociétés En effet la majorité des
adhérents sont entreprises individuelles à
hauteur de 46%.
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Ce cabinet a pour missions de prendre en charges la comptabilité de leurs
adhérents mais aussi de les accompagner au niveau fiscal, social, juridique, prévoyance
et patrimoine. En effet la prise en charge de la comptabilité a pour objectif
l’établissement des documents de synthèses annuels qui sont le bilan, le compte de
résultat et l’annexe. Ainsi que de conseiller leurs adhérents, soit au niveau de la vie de
l’entreprise en matière comptable ou fiscale, soit au niveau personnel d’un point de vue
d’investissement immobilier ou de prévoyance. De plus il propose une mission fiscale à
travers l’élaboration de déclarations pour le centre des impôts. Le cabinet offre un
service social en faisant le suivi de la gestion de la paye ainsi que des charges sociales
que l’entreprise doit effectuer. Enfin un accompagnement juridique est proposé afin
d’accompagner les adhérents dans les domaines de constitution ou de transformation de
leurs sociétés. Toutes ces missions sont complémentaires pour accompagner au mieux
le chef d’entreprise.
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Introduction
Aujourd’hui en France, le système social du dirigeant est très controversé. Ce
dernier a pour effet de protéger le dirigeant en fonction de leurs problèmes de santé en
contrepartie de cotisations versées auparavant. Ces cotisations sont souvent critiquées
du fait de leur coût représentatif pour la société ainsi qu’à la protection auquel le
dirigeant pourra prétendre en cas de soucis de santé. Ce constat est mis en avant puisque
tous les dirigeants ne sont pas protégés à la même façon. Cette présentation vient à nous
interroger sur la question de pourquoi tous les dirigeants n’ont pas la même protection
sociale alors qu’un principe fondamental de la société française est l’égalité des
citoyens.
Actuellement il existe 4 régimes sociaux dont peut bénéficier le dirigeant : le
régime salarié, le régime des travailleurs non salariés, le régime agricole ainsi qu’un
régime spécial. Ces différents systèmes ont pour but d’organiser la protection sociale du
dirigeant. Celle-ci est définie comme étant l’ensemble des mécanismes de prévoyances
collectives permettant aux individus de faire face aux conséquences financières des
risques sociaux auquel il est confronté. Les prévoyances collectives sont des assurances
couvrant les risques liés à l’individu. Ces risques sont la santé (maladie), la famille
(allocations familiales) et la vieillesse (retraite).
Tout au long de sa vie professionnelle le dirigeant cotisera à différents
organismes sociaux pour financer le régime de sécurité sociale qui couvre les risques de
maladie, de famille et de vieillesse. Cependant les cotisations ne sont pas identiques
pour tous les dirigeants. Elles dépendent du régime social de ce dernier. En fonction du
régime le dirigeant aura le droit à une protection sociale mais celle-ci n’est pas
universelle. C’est pourquoi il convient d’étudier :
Comment s’organise la protection sociale du dirigeant ?
Afin de comprendre ce processus nous nous focaliserons sur la prévoyance du dirigeant
avec une comparaison entre le régime du dirigeant salarié et le régime du dirigeant non
salarié dans le cadre de sociétés commerciales.
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Pour répondre à cette problématique nous verrons dans une première partie les
cotisations sociales du dirigeant au régime général de base à travers la détermination du
régime de protection sociale et les cotisations obligatoires au régime. Puis nous
étudierons dans une seconde partie la protection sociale du dirigeant en analysant la
couverture de base que possède le dirigeant et en s’intéressant à l’intérêt de s’orienter
vers le régime social supplémentaire.
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Partie 1 : Les cotisations au
régime social résultant
de la forme juridique et de la rémunération du
dirigeant
A travers cette première partie nous allons étudier comment la protection sociale
du dirigeant de société commerciale est organisée en France. Pour comprendre ce
système il faut analyser la structure de la société. En effet c’est à partir d’elle que l’on
va déterminer de quel régime dépend le dirigeant de société. Puis selon le régime, nous
verrons comment le dirigeant cotise au système social. Cette cotisation au régime est
dite de base du fait qu’elle est obligatoire. Elle se fonde en principe sur la rémunération
ou les revenus reçus de l’activité du dirigeant, et permet de bénéficier d’une couverture
sociale en cas d’arrêt d’activité. Enfin nous étudierons un exemple pour comprendre et
comparer les deux dispositifs de cotisations
Section1 : La détermination du régime de protection sociale selon la forme juridique
Aujourd’hui il existe quatre types particuliers de régime de base contribuant à la
protection sociale. On y retrouve le régime général des salariés, les régimes spéciaux
regroupant le plus souvent les fonctionnaires, le régime des non-salariés non agricole, et
le régime agricole. Au sujet de nos travaux on retiendra juste le régime général des
salariés et celui des non-salariés non agricole appelé plus souvent le Régime Social des
Indépendants (RSI). Ce sont ces deux régimes qui sont les plus courant sur notre
territoire et qui couvre la majorité des dirigeants de société.
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Néanmoins il convient de savoir à quel régime appartient le chef d’entreprise sachant
que ce régime de protection n’est pas le même pour tous. Il dépend principalement de la
forme juridique de la société qui va induire la protection sociale de ce dernier.
1 – Le régime salarié
Afin de comprendre si le dirigeant de la société dépend du régime social salarié
il convient de savoir la structure juridique de cette dernière. Le chef d’entreprise va
aussi être affecté selon le nombre de parts détenu dans l’entreprise qui vont déterminer
si celui-ci est un gérant majoritaire ou minoritaire.
Le dirigeant de société va dépendre du régime social salarié selon la typologie de
la forme juridique de la société. Dans la liste des sociétés commerciales ont en
dénombres 4 principales qui sont soumises au régime salarié. Parmi-elles nous
retrouvons :
La Société Anonyme (SA) : dans ce type de société il existe deux types
d’organisations soit une SA avec un conseil d’administration ou alors une SA
avec un conseil de surveillance. La SA avec un conseil d’administration nomme
un Président, qui est chargé d’organiser et de diriger le conseil d’administration,
afin de veiller au bon fonctionnement de la société. Le président qui peut être
aussi nommé directeur général s’il a été élu relève du régime social des salariés.
Si la SA est constituée d’un directoire avec un conseil de surveillance alors les
membres du directoire qui sont au plus de 5 personnes sont soumis au régime
social des salariés.
La Société Anonyme Simplifiée (SAS/SASU) : cette forme de société à la
particularité d’être composée soit de plusieurs associés ou alors d’un associé
unique, dans ce cas on nommera la société une SASU. Ces deux formes de
sociétés nomment obligatoirement un président pour diriger l’organisation de la
société. Ce président bénéficiera du régime social des salariés pour sa protection
sociale.
La Société A Responsabilité Limitée (SARL) : cette structure juridique offre le
choix de plusieurs régimes sociaux. En effet pour pouvoir prétendre au régime
salarié il faut que le gérant rémunéré possède un nombre de parts dans la société
dites « minoritaires » ou égalitaires.
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C'est-à-dire que le gérant possédant jusqu’au maximum 50% des parts de la
SARL sera soumis au régime salarié. L’autre choix de régime social sera détaillé
dans la prochaine partie.
D’autre part, il existe d’autre cas particulier où le dirigeant de la société va être régit par
le régime social des salariés. Ces exceptions sont les gérants des sociétés commerciales
non associées mais rémunérés en contrepartie du travail effectué, c’est souvent le cas
quand une personne tierce dirige la société.
Nous avons constaté que plusieurs structures juridiques bénéficient du régime
social des salariés. Ces dernières y sont automatiquement inscrites quand nous
retrouvons une forme de société tel que une SA, SAS ou SASU, et selon le nombre de
part détenu par la gérance nous trouvons certaines SARL. Nous remarquons que le
régime social des salariés est induit quand le dirigeant rémunéré à un pouvoir limité ou
minoritaire dans la société. C'est-à-dire qu’il dépend de cette protection sociale quand il
ne possède pas les « pleins pouvoirs » de la société. A défaut si le chef d’entreprise
possède les « pleins pouvoirs » alors il sera régit par un autre régime de protection
social qui est celui des indépendants.
2 – Le régime social des indépendants ou des travailleurs non-salariés (TNS)
A défaut de dépendre du régime social des salariés, les autres dirigeants de
sociétés commerciales dépendent en principes du régime des travailleurs non salariés.
Ce régime est entrainé, tout comme le régime social des salariés, en fonction de
la forme juridique de la société et/ou du pourcentage de détention du capital dans la
société. Parmi ce régime nous pouvons recenser 8 formes principales de sociétés
commerciales :
L’Entreprise Individuelle : le chef d’entreprise dirige à titre individuel son
activité et de ce fait il est d’office régit par le régime des travailleurs non-salariés
L’Entreprise Individuelle A Responsabilité Limitée (EIRL) : ce type d’entreprise
offre en termes de protection sociale la même couverture que l’entreprise
individuelle. De ce fait le dirigeant d’une EIRL dépend du régime TNS.
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L’Auto-entrepreneur : la personne travaillant sous ce régime est considéré
comme un chef d’entreprise même si il travaille au régime de la micro-
entreprise. Par conséquent il est soumis au régime de protection sociale des
travailleurs non-salariés.
La Société A Responsabilité Limitée ou l’Entreprise Unipersonnelle a
Responsabilité Limitée (SARL/EURL) : comme nous l’avons vu dans la partie
précédente, cette forme juridique offre deux régimes de protection sociale. Les
dirigeants qui vont dépendre du régime des travailleurs non salariés sont les
gérants majoritaires.
C'est-à-dire que ce sont les personnes possédant plus de 50% des parts de la
société, en additionnant les parts du gérant plus celui de sa femme si ils sont
mariés ou pacsé et la part de détention de capital des enfants mineurs non
émancipés. Nous retrouvons aussi ce régime de protection sociale quand la
société est dirigée par un collège de gérance. En effet quand la structure possède
plusieurs gérants pour diriger la société, il faut additionner la part de tous ces
gérants et savoir si ils ont plus de 50% de détention de capital, si c’est le cas
alors ils dépendent alors du régime des travailleurs non salariés. Enfin un dernier
cas existe pour cotiser à ce régime mais il est peu fréquent, c’est la situation où
l’associé majoritaire dans la société est non-gérant mais touche un salaire pour
un travail accompli.
L’EURL est une spécificité de la SARL puisque une seule personne possède le
capital, par conséquent si cette personne détient la gérance alors elle va
bénéficier du régime des travailleurs non-salariés.
La Société en Nom Collectif (SNC) : cette forme de société commerciale est
assez particulière puisque tous les associés sont indéfiniment et solidairement
responsables des dettes de la société. Par conséquent tous les associés ont la
qualité de gérant, les différents gérants associés sont soumis au régime social des
travailleurs non-salariés et cotisent au régime social des indépendants.
Par ailleurs, il y a d’autres structures juridiques qui dépendent de ce régime comme les
Sociétés en Commandites par Actions (SCA) et les Sociétés en Commandites Simple
(SCS), mais elles ne seront pas approfondies puisqu’elles représentent une infime partie
des différentes formes de sociétés commerciales
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Nous notons que le régime des travailleurs non-salariés, pour la protection
sociale du dirigeant, s’applique à plus de structures commerciales que le régime salariés.
Effectivement celui-ci est directement adopté quand le dirigeant exerce seul et détient
100% du capital, se qui est le cas dans l’entreprise individuelle, l’EIRL, L’EURL, ainsi
que l’auto-entrepreneur. Pour la SARL, il faut que le gérant ou le collège de gérance
détiennent plus de 50% du capital pour dépendre de ce régime. Le dirigeant bénéficie de
cette protection sociale aussi quand il a formé une société de personnes vu que les
associés sont indéfiniment et solidairement responsables de la société.
Nous venons de voir à travers cette première section, comment le dirigeant d’une
société commerciale bénéficie d’un régime de protection sociale que ce soit le régime
salarié ou celui des travailleurs non-salariés. Ces différents régimes sont induis en
fonction de la forme juridique de la société et selon le pourcentage de détention du
capital par le ou les dirigeants. En effet certaines formes de sociétés sont directement
assimilés au régime salariés comme les SA, SAS, SASU. D’autres dépendent du
pouvoir du dirigeant, si celui-ci a les « plein pouvoirs » alors il sera soumis au régime
des travailleurs non-salariés sinon il bénéficiera du régime de protection sociale des
salariés. A présent il convient de savoir comment le dirigeant cotise à cette protection
sociale quand il est soumis aux différents régimes.
Section 2 : Les cotisations aux différents régimes de protection
sociale
Pour comprendre le mécanisme de protection sociale du dirigeant de société, il
convient de savoir comment celui-ci cotise aux différents régimes et sur quoi se fondent
ces cotisations. Afin de cerner le processus un exemple sera étudié pour mettre en avant
les différences des régimes distinctifs.
1 – Les appels de cotisations fondés sur la rémunération
La protection sociale du dirigeant de société commerciale dépend de deux
régimes : le régime salarié ou celui des travailleurs non-salariés. Chaque régime va de
plein droit cotiser à une protection sociale dite de « base » et à une protection
supplémentaire selon la volonté du dirigeant. Cependant ces cotisations ne se fondent
pas sur les mêmes assiettes, elles dépendent du régime de protection sociale et de la
rémunération versée au dirigeant.
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1.1 – Les cotisations de « base » pour les dirigeants dépendant du régime salarié
Certaines formes de sociétés dépendent du régime social salarié. C’est le cas
pour les SA, SAS, SASU ainsi que les SARL à gérance minoritaire ou égalitaire. Ces
dirigeants vont cotiser obligatoirement auprès de l’Union de Recouvrement de la
Sécurité Sociale et des Allocations Familiales (URSSAF) pour le financement du
régime général de la Sécurité Sociale comme un « vrai » salarié cadre d’une entreprise.
Concernant le dirigeant salarié, son régime social offre les mêmes avantages et
inconvénients qu’une personne cadre salariée de l’entreprise. La société subira des
charges salariales et patronales pour la protection sociale de son dirigeant en fonction du
salaire versé. En effet la structure va le rémunérer selon le même mécanisme qu’un
autre salarié. C'est-à-dire qu’elle versera un salarie brut auquel sera retraité des charges
salariales pour arriver à un salaire net payé au dirigeant de la société. En plus des
dépenses de charges salariales, la société s’acquittera des charges patronales sur le
salaire versé au dirigeant, le tout formant les charges sociales. Ces charges sociales se
composent principalement de cotisations de sécurité sociale pour la maladie, maternité,
invalidité décès et des allocations familiales auprès de l’URSSAF. Le dirigeant va aussi
cotiser à une caisse de prévoyance pour sa mutuelle qui est obligatoire depuis le 1er
janvier 2016 et va cotiser à une caisse de retraite. Enfin comme les salariés une partie du
salaire est soumis aux prélèvements sociaux (CSG + CRDS) au taux de 8%.
La grande différence avec les cadres salariés concerne l’assurance chômage. En effet le
dirigeant même en étant affiliés au régime social salarié ne cotise pas à l’assurance
chômage auprès de l’URSSAF du fait qu’il peut principalement s’immiscer dans la
gestion de l’entreprise. En effet si le dirigeant veut cotiser à l’assurance chômage et
bénéficier des allocations en cas de perte d’emploi, il doit démontrer le lien de
subordination entre lui et son employeur qui est lui-même. De plus l’emploi doit être
réel avec une charge de travail différente de son rôle de gérance et cette charge de
travail doit apparaître à part sur son bulletin de salaire en plus de son salaire de gérance.
Dans la réalité il est très difficile de prouver ce lien de subordination c’est pour cela que
dans la plus part des cas le dirigeant ne cotise pas à l’assurance chômage.
A noter que le salaire du dirigeant n’entre pas dans la base de calcul du Crédit Impôt
Compétitivité Emploi (CICE) sauf si le lien de subordination est démontré. De plus le
salaire n’ouvre pas le droit à la réduction Fillon.
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Nous venons de traiter les cotisations obligatoires que s’acquitte le dirigeant
soumis au régime social salarié. Ce dernier cotise comme un autre salarié cadre de
l’entreprise à l’exception qu’il ne peut pas prétendre aux cotisations chômage comme un
vrai salarié vu qu’il est difficile d’identifier le lien de subordination entre le salarié et
l’employeur. Ses cotisations se calculent en fonction du salaire brut versé au dirigeant.
Elles vont permettre d’établir un montant de charges sociales que l’entreprise va payer
et donne un coût supplémentaire à la rémunération du dirigeant contrairement au régime
des travailleurs non-salariés où ce cout est impliqué différemment.
1.2 – Les cotisations de base au régime des travailleurs non-salariés
Le régime des travailleurs non-salariés est impliqué pour toutes les entreprises
de formes individuelles comme l’auto-entrepreneur, l’EIRL, L’EURL, l’entreprise
individuelle ainsi que pour les gérants majoritaires de SARL et les dirigeants de sociétés
de personnes. Ces dirigeants appelés dirigeants TNS vont cotiser à un régime distinctif
de celui du régime salarié.
La protection sociale du dirigeant TNS est presque identique à celui du régime
salarié. C'est-à-dire que le dirigeant cotise à un régime général de base qui est le Revenu
Social des Indépendants (RSI). Cependant les cotisations sociales ne sont pas identiques
au régime salarié mais le dirigeant cotise aux mêmes charges sociales qui sont la
maladie maternité, les allocations familiales et la retraite ainsi que les prélèvements
sociaux (CSG +CRDS). Ces cotisations versées au RSI se calculent selon la
rémunération prise par le dirigeant et/ou les dividendes reçus si nous sommes dans le
cas d’une société. Sinon si nous sommes dans le cas d’une entreprise individuelle les
cotisations sont fondées sur le montant des bénéfices reversé au dirigeant dans le cadre
de son activité BIC. C'est-à-dire que les cotisations se calculent sur la base des revenus
professionnels. Cependant il y a un seuil minimum à cotiser, égal à 10% du Plafond
Annuel de la Sécurité Sociale (PASS) qui est actuellement de 38616€ soit un minimum
à cotiser de 3816€.
Ces cotisations sont fixées sur le revenu professionnel de l’année antérieure puis
régularisées l’année suivante une fois les revenus réels connus. Cette modalité de calcul
pour le paiement du RSI peut induire un coût caché puisque le dirigeant va payer des
cotisations non en rapport avec sa rémunération ou son bénéfice qu’il vient de gagner
grâce à son activité, vu que c’est sur le résultat N-1 que s’établissent les cotisations.
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Nous pointons l’un des problèmes du RSI qui est que le dirigeant paye des cotisations
sur des revenus encaissés depuis une année alors que peut être pendant l’année en cours
il n’a pas pu se dégager un revenu car il ne voulait pas endommager la trésorerie de son
entreprise. La difficulté de ce régime TNS est le paiement des cotisations du fait d’un
décalage dans le temps et que la société n’a pas toujours assez de trésorerie pour les
payer. Par exemple elle peut connaître des difficultés économiques qu’elle ne subissait
pas l’année précédente.
Il y a une particularité concernant les dirigeants de société dépendant du régime TNS.
Les cotisations sont calculées sur le montant de la rémunération versée au dirigeant
ainsi que les dividendes qu’il a reçu. Si le dividende représente plus de 10% de la
somme du capital social que possède le dirigeant et du solde moyen de son compte
courant d’associé, alors le dividende entre dans la base de calcul des cotisations au RSI,
après un abattement de 10% correspondant à 10% de la somme du capital détenu par le
dirigeant et du solde moyen de son courant d’associé. Sinon si le dividende représente
moins de 10% du capital social détenu par le dirigeant alors le dividende reçu n’entre
pas dans la base de cotisation au RSI, et sera soumis aux prélèvements sociaux.
Nous venons d’étudier les cotisations au régime de base pour un dirigeant TNS.
Ce dernier cotise au régime général du RSI qui est l’interlocuteur social unique des
travailleurs indépendants. Le dirigeant cotise pour les mêmes charges sociales que le
dirigeant salarié mais pas aux mêmes taux. De plus nous pouvons déterminer un coût
caché à travers le paiement des cotisations sociales puisque ces cotisations sont fixées
sur la rémunération ou les bénéfices procurés par l’activité BIC de l’année précédente et
elles sont appelées l’année suivante alors que l’entreprise ne réalise pas forcément le
même niveau d’activité. Pour que l’entreprise puisse honorer ces cotisations il faut
qu’elle place de sa trésorerie gagnée au cours de l’année précédente pour qu’une fois les
cotisations appelées l’exercice suivant elle ne soit pas en déficit de trésorerie. Enfin
nous remarquons une particularité pour la base de cotisation du dirigeant au RSI. Cette
particularité est due si le dirigeant reçoit un dividende de la part de la société. Pour plus
de réalité nous allons étudier un exemple pour comprendre les caractéristiques de
chaque régime général de cotisations que ce soit le régime salarié ou TNS.
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2 – Comparaison des cotisations sociales en fonction du régime du dirigeant
Pour illustrer les spécificités de chaque régime, nous allons étudier les
différences de cotisations au niveau des charges sociales. Puis nous verrons au cours
d’une situation complète quels sont les enjeux de la protection sociale du dirigeant.
2.1 - Au niveau des charges sociales
Selon la forme juridique de la société le dirigeant relève soit du régime salarié
ou du régime TNS. Pour chacun d’entre eux le dirigeant devra payer des charges
sociales qui sont fixées en fonction de ses salaires ou de sa rémunération procurés par le
bénéfice de son activité BIC. Cependant ces deux régimes n’ont pas les mêmes taux de
cotisations aux différentes charges sociales qui sont la maladie, la vieillesse et les
allocations familiales. Il convient par conséquent de faire un comparatif entre ses deux
régimes pour savoir quels sont les caractéristiques de chacun des régimes de protection
sociale.
Si nous faisons le comparatif entre les deux régimes de cotisations payés par le
dirigeant pour sa protection sociale, avec une base de salaire net de 1 250 € par mois,
faisant un salaire annuel de 15 000 €. Nous obtenons :
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Nous remarquons que si le dirigeant veut un salaire ou une rémunération nette
mensuelle de 1 250€, il subira des charges sociales à hauteur de 46.53% s’il dépend du
régime TNS et à hauteur 65.01% s’il dépend du régime salarié. Les deux régimes
offrent un taux de charges sociales assez différent. De plus nous pouvons voir que la
dépense de charges sociales n’est pas la même dans les deux régimes. En effet pour le
régime TNS le dirigeant va débourser 582€ tandis que le dirigeant salarié payera 1 060€
soit une différence de 478€. Cette différence s’explique par des taux de cotisations
différents aux organismes sociaux, notamment pour la maladie avec un taux de
cotisation moitié moindre pour le régime TNS, puis au niveau des retraites le dirigeant
TNS cotisera à un taux de 24.65% au RSI contre 46.16% pour le dirigeant salarié. Ces
différences de cotisations vont avoir comme conséquence une protection sociale
moindre pour le dirigeant TNS comparé au dirigeant salarié qui sera mieux couvert.
Aussi nous constatons que cette différence de cotisation induit une dépense pour
l’entreprise qui n’est pas la même. Effectivement le coût de la rémunération pour
l’entreprise du dirigeant TNS sera de 1 832€ contre 2 310€ chez le dirigeant salarié, soit
une différence de 478€ qui revient à celle constaté au niveau des charges sociales. Par
conséquent si nous raisonnons annuellement nous observons un écart de trésorerie de
5 736€, qui est une somme non anodine dans la vie d’une l’entreprise.
Par conséquent, pour une même rémunération dans chacun des régimes, nous
observons une inégalité de cotisations aux organismes sociaux qui va induire un écart de
coût des charges sociales. Cet écart va entraîner une dépense de trésorerie moindre pour
le dirigeant TNS comparé au dirigeant salarié mais si nous convertissons l’écart
annuellement ce dernier est significatif dans la trésorerie de l’entreprise. Cependant
même si le régime TNS procure un coût moindre que le régime salarié il faut
s’interroger sur la qualité de sa protection sociale qu’il va procurer au dirigeant.
2.2- Au niveau du coût global pour le dirigeant
Maintenant si nous voulons avoir une vue globale sur le fonctionnement de ses
deux régimes et leurs conséquences il faut analyser le coût au niveau de l’impôt et des
taxes assises sur les rémunérations ou dividendes. En effet derrière la question de la
protection sociale du dirigeant se cache une question du coût de cette protection et de sa
fiscalité.
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Romain Deshayes
Pour comparer ces deux régimes prenons plusieurs types de sociétés et
d’entreprises qui dépendent du régime TNS et salarié, comme dans le comparatif des
charges sociales le dirigeant se verse un salaire de 1 250€ mensuel soit 15 000€ annuel.
Puis quand le dirigeant est en société il se verse un dividende de 9 000€ ou si c’est une
entreprise le bénéfice restant a distribué de l’activité BIC est de 9 000€, tout cela pour
arriver à un revenu annuel de 24 000€. De plus nous prenons l’exemple dans le cadre de
l’IRPP que le dirigeant est marié et a deux enfants mineurs à sa charge et que sa
compagne gagne 24 000€ nets annuel dans la catégorie des traitements et salaires. Par
simplification, nous n’avons pas retenu de CSG non déductible (au taux de 2.1%) dans
la base des salaires nets imposables et nous avons fait l’hypothèse que le solde moyen
du compte courant d’associé du dirigeant est nul. Nous obtenons :
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Romain Deshayes
* Acompte demandé selon certaines conditions
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Romain Deshayes
A la suite de ce tableau, nous constatons que pour un revenu annuel de 24 000€
annuel constitués de rémunérations et de dividendes, le dirigeant sera soumis aux
prélèvements sociaux, à l’IRPP et il cotisera au RSI ou paiera des charges sociales.
En effet que ce soit en régime salarié ou TNS les dividendes reçus par le dirigeant sont
soumis aux prélèvements sociaux qui sont la CSG–CRDS au taux de 15.5%. Cependant
ces dividendes n’ont pas la même base de taxation. Concernant le régime salarié, le
dividende brut est soumis au taux de 15.5%. A contrario la taxation du dividende chez
le dirigeant TNS dépend de la somme de son capital social et du solde moyen de son
compte courant d’associé. Effectivement il faut connaître la part propre que détient le
dirigeant dans la société, (si c’est une EURL on prend tout le capital social vu qu’il a
100% des parts de la société), si le dividende reçu est supérieur à 10% du capital que
possède le dirigeant alors le dividende est soumis aux prélèvements sociaux pour un
montant de 10% du capital social qu’il possède et le reste est soumis aux cotisations du
RSI.
Dans notre exemple c’est le cas de la première société (situation 1), le dividende de
9000€ est supérieur à 100 (10% du capital que détient le dirigeant), par conséquent les
10% vont être taxés à 15.5% (100*15.5% = 15.5) et le reste (9000-100 = 8900) est
soumis au RSI en plus de la rémunération du dirigeant. Par contre si le dividende est
inférieur à 10% du capital comme dans le cas de la seconde situation alors la totalité du
dividende est soumise aux prélèvements sociaux comme si nous étions dans le cadre du
régime salarié.
Concernant l’IRPP, le schéma de taxation pour déterminer le montant de l’impôt
à payer par le dirigeant est identique pour les deux régimes. Le dirigeant de société va
dans un premier temps toucher un salaire ou une rémunération qui va être inscrit dans la
catégorie des traitements et des salaires dans sa déclaration d’IRPP. Cette rémunération
va pouvoir bénéficier d’un abattement forfaitaire de 10% correspondant aux frais
professionnels que le dirigeant a eu à sa charge pour se rendre sur son lieu de travail. En
revanche le dirigeant d’une entreprise individuelle (cas 3) ne bénéficie pas de cet
abattement puisque sa rémunération provenant des bénéfices liés à son activité BIC est
inscrite non pas dans la catégorie des traitements et des salaires mais en revenu BIC.
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Romain Deshayes
Dans un second temps le dirigeant va inscrire les dividendes reçus de sa société dans la
catégorie des revenus de capitaux mobiliers. Ces derniers bénéficieront d’un abattement
de 40% sur la totalité du dividende. Puis le dirigeant peut être soumis de payer un
acompte de 21% sur le montant des dividendes reçus si le revenu fiscal de référence de
l’avant dernière année d’imposition est supérieur à 50 000€ si il est célibataire ou
75 000€ si il est en couple.
Ici dans notre exemple le dirigeant n’est pas concerné par cet acompte puisque son
revenu est inférieur à 75 000€ Enfin le dirigeant bénéficie d’une charge déductible de
son revenu imposable qui est la CSG déductible équivalent à 5.10% du montant des
dividendes soumis aux prélèvements sociaux. Après les différents déductions nous
arrivons à la base soumise au barème progressif de l’IRPP, c’est sur le montant de cette
base que s’applique le taux d’imposition. Dans nos différentes situations le dirigeant est
soumis au taux marginal de 14%.
Nous remarquons que l’impôt est sensiblement identique selon les exemples, la seule
différence concerne le montant de CSG déductible qui se fonde sur le montant des
dividendes soumis à prélèvements sociaux. De plus le dirigeant d’une entreprise
individuelle va payer plus d’impôt du fait que toute sa rémunération est soumise au
revenu BIC et il ne bénéficie pas des abattements possibles sur les revenus provenant
des traitements et des salaires ou des capitaux mobiliers.
A propos des charges sociales et du RSI, nous constatons plusieurs différences,
la première concerne les cotisations RSI qui se fondent sur le montant de la
rémunération et des dividendes reçus par le dirigeant. Le dividende n’entre pas dans la
base à cotisation du RSI quand il représente moins de 10% du capital social détenu par
le dirigeant, c’est le cas dans notre situation 2, ceci va expliquer l’écart de cotisation
avec la situation 1. La seconde différence fut expliquée précédemment et concerne
l’opposition des taux de cotisations entre le régime salarié et le régime TNS.
Au final nous remarquons que la situation 2 est plus favorable pour le dirigeant puisque
c’est dans cette situation que le revenu net disponible est le meilleur. Celui-ci s’explique
principalement par la faible charge de cotisation au RSI du fait que les dividendes reçus
n’entre pas dans la base de cotisations au RSI. La situation 4 engendre un coût plus
important, ce coût supplémentaire comparé aux autres situations provient des charges
sociales payées par la société.
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Romain Deshayes
En effet la différence de revenu net disponible entre les situations 4 et 2 correspond à
l’écart de cotisation de 5736€ annuel que nous avons constatée dans la partie
précédente. Concernant les autres situations (1 et 3) le revenu net disponible est assez
proche, nous notons une différence de 1281€ entre l’entreprise individuelle et la SARL.
Cette différence s’explique par le montant d’IRPP payé par le dirigeant de l’entreprise
individuelle puisqu’il ne peut bénéficier d’aucun abattement sur ses revenus
contrairement à la rémunération provenant de la SARL. Nous pouvons encourager le
dirigeant d’une entreprise individuelle à former une SARL ou une EURL s’il est tout
seul, pour payer moins d’impôt et pour bénéficier de pouvoir inscrire ses revenus dans
la catégorie des traitements et salaires. Cependant, notre exemple ne prend pas en
compte l’Impôt des Sociétés (IS) payé par la SARL. L’entreprise individuelle n’est pas
concernée par cet impôt du fait qu’elle paye l’impôt au niveau des associés et non au
niveau de la société. Nous notons aussi qu’il existe une autre situation qui est celle du
dirigeant salarié dans une société soumise à l’IR mais elle n’est pas étudiée car c’est un
cas particulier.
Nous avons vu à travers ces illustrations les différences qui existent entre le
régime salarié et le régime TNS, la principale différence concerne le montant des
charges sociales qui ont une part plus conséquente dans le régime salarié. Avec les
différentes situations nous avons montré que le montant du capital social que détient le
dirigeant est décisif si ce dernier veut se verser des dividendes pour se rémunérer
puisque c’est en fonction du capital détenu et du solde moyen de son compte courant
d’associé que nous savons si le dividende entre dans la base de cotisation au RSI. Sinon
il sera soumis aux prélèvements sociaux. De plus nous avons montré que les régimes de
protection sociale ont peu d’incidence sur l’IRPP du dirigeant de société, la seule
différence notable est la CSG déductible.
Tout au long de cette première partie, nous avons pu étudier comment est
déterminé le régime de protection sociale du dirigeant. Ce dernier est définit
principalement par la forme juridique de sa société. La structure juridique va permettre
de décider si le dirigeant est soumis au régime salarié ou au régime TNS. Aussi il faut
prendre en compte la part de détention de capital du dirigeant pour savoir si celui-ci
possède les « pleins pouvoirs » de sa société ou non.
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Romain Deshayes
S’il les possède alors il dépendra du régime TNS, dans le cas contraire il relèvera du
régime salarié. A la suite de la détermination du régime de protection sociale nous
avons pu analyser les cotisations du dirigeant au régime de base. Concernant le dirigeant
salarié il cotise comme un salarié cadre de son entreprise, c'est-à-dire sur sa base de sa
rémunération. A la seule différence qu’il ne peut pas verser aux allocations chômages
du fait qu’’il est difficile de prouver l’existence d’un lien de subordination. Pour le
dirigeant TNS l’assiette est sensiblement similaire, elle repose sur la rémunération
perçue ou les bénéfices procurés par l’activité BIC. Par contre le taux de cotisation
sociale au RSI est moindre que celui du régime salarié. Cet écart de cotisation entraîne
un gain de trésorerie non anodin pour les dirigeant TNS. C’est cet écart qui est
prédominant dans le cout de la protection sociale puisque suite à la comparaison entre
les deux régimes, nous avons pu constater que ceux sont les cotisations sociales qui
diminuent essentiellement le revenu net disponible du foyer fiscal. Cependant même si
le dirigeant veut garder un revenu net disponible fort, se pose la question de sa
protection sociale du fait que cette dernière se fonde particulièrement sur le montant des
cotisations payées par le dirigeant.
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Partie 2 : La protection sociale du dirigeant
Auparavant nous avons pu distinguer que le dirigeant de société dépend
principalement du régime salarié ou du régime TNS pour sa protection sociale. Tout au
long de son activité professionnelle, il va cotiser soit sur la base de sa rémunération ou
alors sur le montant des bénéfices procurés par son activité BIC. Ces différentes
cotisations que ça soit en termes de retraite, de prévoyance ou d’allocations familiales
vont lui permettre de prétendre à un revenu complémentaire ou de substitution quand le
dirigeant en aura besoin. Cependant même si le dirigeant cotise tout au long de son
activité, sa couverture sociale n’est pas à la hauteur de ces versements. C’est pourquoi
nous aborderons d’abord la protection sociale que le dirigeant a le droit grâce au régime
de base. Puis nous étudierons l’intérêt de se diriger et de souscrire le régime
supplémentaire de protection sociale.
Section 1 : La couverture sociale selon le régime de base
Tout au long de son activité professionnelle, le dirigeant de société va cotiser
aux différents organismes sociaux. Ceux sont ces années et/ou le montant de ses
cotisations qui vont déterminer la somme que le dirigeant peut percevoir en cas d’arrêt
maladie. Toutefois la couverture prévoyance du dirigeant n’est pas identique, elle
dépend du régime auquel cotise le dirigeant. Cette protection n’est pas uniformiser c’est
pourquoi nous analyserons d’abord le régime salarié puis le régime TNS. Puis nous
ferons un comparatif entre ces deux régimes pour comprendre leur différence.
1 – La couverture sociale de base pour le régime salarié
La protection sociale du dirigeant salarié est fondée sur les charges sociales
prélevées sur ses salaires. Ces charges sociales vont permettre de donner droit au
dirigeant d’avoir recours à des revenus concernant une prévoyance et à une retraite. La
prévoyance du dirigeant se compose des charges de maladie, de maternité et d’invalidité
décès.
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1.1 - Frais de santé et arrêt maladie
Le dirigeant salarié cotise au régime salarié de base et bénéficie de la même protection
que les salariés cadre de son entreprise. C'est-à-dire qu’en cas d’arrêt maladie il peut
percevoir plusieurs remboursements pour recouvrir les frais engagés ou perdus.
Concernant l’arrêt maladie nous distinguons de prestations : la prestation en nature et la
prestation en espèce. La prestation en nature va permettre le remboursement des frais de
santé à hauteur d’une certaine somme. :
70% pour les honoraires médicaux
60% pour les honoraires d’auxiliaires médicaux
80% pour les frais d’hospitalisation
100% pour les examens liés à la maternité
Ces prestations sont mises en place dès lors que l’activité professionnelle est
commencé, il n’y a pas de délai ou de montant de cotisation. Les sommes prisent en
charges par la sécurité sociale sont forfaitaire, l’autre partie est à la charge du dirigeant
c’est ce que l’on appelle le ticket modérateur. Ce ticket peut être nul si le dirigeant à une
complémentaire santé qui prend en charge le complément de frais non remboursé par la
sécurité sociale.
La prestation en espèce concerne l’arrêt de travail du dirigeant, celui-ci pourra toucher
des indemnités journalières pour combler la perte de salarie lié à son absence après un
délai de carence de trois jours. Pour pouvoir prétendre à ses indemnités il faut :
Pour un arrêt de travail de
moins de six mois
Soit avoir travaillé au moins 150H au cours des trois
mois civils ou des 90 jours précédent l’arrêt de travail
Soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 1015
fois le montant du SMIC horaire au cours des six
mois civils précédant l’arrêt de travail
Pour un arrêt de travail de plus
de six mois
Soit avoir travaillé au moins 600H au cours des douze
mois civils ou des 365 jours précédent l’arrêt de
travail
Soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 2030
fois le montant du SMIC horaire au cours des douze
mois civils précédant l’arrêt de travail
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Romain Deshayes
Le montant de l’'indemnité journalière est égal à 50 % du salaire journalier de base. Ce
dernier est calculé sur la moyenne des salaires bruts des trois derniers mois précédant
votre arrêt de travail, ou des douze mois en cas d'activité saisonnière ou discontinue,
pris en compte dans la limite de 1,8 fois le SMIC mensuel en vigueur (soit 2 639,92
euros au 1er janvier 2016). Ce salaire brut est divisé par 30.42 pour obtenir un salaire
journalier de base. A partir du 31ème jour, l’indemnité est majorée, elle est alors égale à
2/3% du salaire journalier de base.
Montant maximum de l'indemnité journalière maladie au 1er janvier 2016 Indemnité journalière maladie 43,40 euros
Indemnité journalière maladie majorée à partir du 31eme jour d'arrêt de travail 57,86 euros
1.2 – Congé maternité/paternité
Si le dirigeant veut prétendre aux indemnités journalières correspondant au congé de
maternité/paternité. Il doit justifier :
Soit avoir travaillé au moins 150H au cours des trois mois civils précédent le
congé maternité/paternité.
Soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 1015 fois le montant du SMIC
horaire au cours des six mois civils précédent le congé.
Son montant est égal au salaire journalier de base. Celui-ci est calculé sur les salaires
des trois mois (ou des 12 mois en cas d'activité saisonnière ou discontinue) qui
précèdent l'interruption de travail du fait de la grossesse, pris en compte dans la limite
du plafond mensuel de la sécurité sociale de l'année en cours (soit 3 218,00 euros au 1er
janvier 2016). Le montant maximum au 1er janvier 2016 de l'indemnité journalière
maternité/paternité est de 83,58 euros par jour. Le dirigeant a aussi la possibilité de
bénéficier d’un congé paternel réservé au conjoint. Ce dernier se calcule sur le salaire
journalier de base limité à 83.53 euros par jour pendant une période 11 jours dans le cas
d’une naissance simple ou 18 jours en cas de naissances multiples.
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La durée du congé maternité/paternité dépend de la composition du foyer :
Durée du congé maternité
Situation familiale Durée du congé prénatal
Durée du congé
postnatal
Durée totale du congé maternité
Vous attendez un enfant et vous (ou votre ménage) avez moins de deux enfants à charge ou nés viables 6 semaines 10 semaines 16 semaines
Vous attendez un enfant et vous avez déjà au moins deux enfants à votre charge effective et permanente 8 semaines 18 semaines 26 semaines
Vous attendez des jumeaux 12 semaines 22 semaines 34 semaines Vous attendez des triplés ou plus 24 semaines 22 semaines 46 semaines
1.3 – La pension d’invalidité
Dans le cadre de sa protection sociale le dirigeant peut percevoir une pension
d’invalidité s’il est diagnostiqué d’un état invalide par son médecin traitant. Pour cela il
devra justifier :
Soit avoir travaillé au moins 600H au cours des douze mois civils précédent
l’interruption de travail.
Soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 2 030 fois le montant du SMIC
horaire au cours des douze mois civils précédent l’interruption de travail.
Son montant se fixe sur le salaire annuel moyen à partir des 10 meilleures années
d'activité (salaires soumis à cotisations dans la limite du PASS). La pension dépend de
la catégorie d'invalidité attribuée par le médecin traitant selon la capacité à exercer une
activité professionnelle :
1. Si vous êtes capable d'exercer une activité professionnelle rémunérée, vous êtes
classé en 1re catégorie.
2. Si vous ne pouvez plus exercer d'activité professionnelle, vous êtes classé en 2e
catégorie.
3. Si vous ne pouvez plus exercer d'activité professionnelle et que vous avez besoin
de l'aide d'une personne pour vous assister dans les gestes essentiels de la vie
courante, vous êtes classé en 3e catégorie.
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Montants des pensions d’invalidité au 1er janvier 2016
Calcul de la pension en % sur la base du salaire annuel moyen perçu
pendant les 10 meilleures années d'activité
Montant mensuel minimum
Montant mensuel
maximum
Pension d'invalidité de 1re catégorie 30 % 281,66 euros 965,36 euros
Pension d'invalidité de 2e catégorie 50 % 281,66 euros 1 609,00 euros
Pension d'invalidité de 3e catégorie
50 % + majoration pour tierce personne
281,66 euros + 1 103,08 euros
1 609,00 euros + 1 103,08 euros
1.4 – Le capital décès
Le dirigeant cotise à l’assurance décès par conséquent un capital décès est versé aux
ayants droits quand ce dernier vient à disparaître. Les ayant droits sont les personnes qui
étaient à la charge du dirigeant ainsi que le conjoint survivant non séparé. Les
conditions pour ouvrir droit sont :
Soit avoir travaillé au moins 60H pendant un mois
Soit avoir cotisé sur un salaire au moins égal à 120 fois le montant du SMIC
horaire pendant 3 mois.
Le montant du capital est fixé en fonction des revenus que percevait l'assuré décédé. Il
représente 91,25 fois le salaire journalier de base. Il ne peut être inférieur à 1 % du
PASS et ne peut être supérieur au quart de celui-ci.
Capital décès au 1er janvier 2015 Montant minimum 380,40 euros Montant maximum 9 510,00 euros
Nous avons vu comment été organisé la protection sociale du dirigeant salarié. A
travers sa prévoyance le dirigeant perçoit les mêmes prestations qu’un autre salarié
cadre de son entreprise. Ces prestations ont pour base non pas le montant cotisé mais le
nombre d’heures travaillées. Elles offrent pour chaque composante de la prévoyance un
revenu minimum qui est fixé sur la base du salaire brut du dirigeant et est limité par le
PASS. Par conséquent peu importe le montant des charges sociales payées par le
dirigeant, tout dirigeant même ayant un salaire faible peut avoir droit à cette protection
sociale. Contrairement au dirigeant TNS qui ne repose pas sur la même base de calcul.
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2 – La couverture sociale de base pour le régime TNS
Le dirigeant TNS cotise au RSI selon sa rémunération annuelle ou selon les
bénéfices procurés par son activité BIC. Il relève du RSI pour ses remboursements de
soins dès la date de son début d'activité. Ces cotisations en fonction de leur montant
vont donner droit à une protection sociale Cependant pour pouvoir prétendre à des
prestations il doit être affilié au RSI depuis au moins un an, ou ne pas être radié depuis
plus d'un an, et être à jour de l'intégralité de ses cotisations santé. Sa protection sociale
couvre les frais de prévoyance et de retraite. Cependant à la différence du régime
salarié, la protection sociale des dirigeants TNS ne repose pas sur le salaire mais sur les
montants de cotisations versés au RSI.
2.1 - Frais de santé et arrêt maladie
Comme le régime général de base, les dirigeants TNS peuvent prétendre à deux types de
prestations concernant la maladie. Le régime TNS peut percevoir des prestations en
nature pour le remboursement des frais médicaux. Ces frais médicaux sont couverts à la
même hauteur que ceux du régime salarié. Il reste donc à la charge du dirigeant TNS le
ticket modérateur.
Le dirigeant TNS peut aussi recevoir des prestations en espèce s’il est artisan et
commerçant, contrairement aux professions libérales qui ne peuvent pas recevoir ces
prestations en espèces. Ces revenus sont versés sous la forme d’indemnités journalières.
Ces indemnités journalières sont perçues après un délai de carence qui est de l’ordre de
4 jours si l’arrêt est du à une hospitalisation et 8 jours si c’est un arrêt maladie. Elles
peuvent s’étendre jusqu’à 3 ans dans le cadre d’une affection longue durée et 360 jours
sur une période de 3 ans en cas d’arrêt de travail. Le montant de cette indemnité dépend
du montant cotisé : il faut qu’au cours des trois dernières années il ait cotisé plus de
10% du PASS (actuellement le PASS = 38 616 *0.1 = 3 816€) pour pouvoir y avoir
droit. Si le dirigeant entre dans les critères ses indemnités seront comprises entre 21,16€
(PASS*0.4/730) et 52.90€ (PASS/730) par jour.
2.2 – Congé maternité/paternité
Le dirigeant TNS concernant le congé maternité/paternité peut prétendre à plusieurs
aides. Il obtient obligatoirement s’il a effectué les démarches l’indemnité forfaitaire de
repos maternel/paternel. Puis selon certaines conditions il peut se voir attribuer d’autres
revenus de substitution pour combler la perte de revenu lié au congé
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Romain Deshayes
Allocation forfaitaire de repos maternel:
Naissance Adoption
Versement au 7ème mois de grossesse 1 609,00 € 804,50 €
Versement après l'accouchement 1 609,00 € 804,50 €
Total 3 218,00 € 1 609,00 €
L’allocation forfaitaire est égale à 1/12 du PASS et est distribué en deux fois. Pour
l’adoption, nous remarquons qu’à chaque fois ceux sont la moitié des prestations qui
sont versées.
Indemnité journalière forfaitaire d'interruption d'activité
Conditions Cessation d'activité pendant au moins 44 jours
consécutifs dont au moins 14 jours avant la date présumée de l'accouchement
Montant journalier 52,89 € Note: l'entrepreneur n'est pas
obligé de se faire remplacer pour bénéficier de cette prestation. Depuis le 1er janvier 2016, les prestations versées en cas de
maternité sont réduites à 10 % de leur valeur si le revenu de
l'assurée est inférieur à 3 754 €.
Montant pour 44 jours 2 327,28 €
Montant Maximum = 74 jours
3 916,86 €
Le montant journalier est égal à (1/12)/60.84 du PASS
Congés Maternité/Paternité
Conditions L'assuré doit interrompre son activité
professionnelle et faire une demande à son organisme conventionné.
Montant Maximum 581,82 € En cas de naissance ou adoption
simple
Montant Maximum 952,07 € En cas de naissance ou d'adoption
multiples
Montant Journalier maximum
52,89 €
Le congé maternité/paternité est de 11 jours maximum pour une naissance simple et de
18 jours pour des naissances multiples.
2.3 – La pension d’invalidité
Le dirigeant TNS comme le dirigeant salarié est couvert en cas d’invalidité lié à son
activité professionnelle. Le revenu de substitution est fixé selon le 50% d’incapacité
déterminé par le médecin traitant.
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2.4 – Le capital décès
Dans le cadre de sa prévoyance le dirigeant TNS peut aussi faire bénéficier à ses ayants
droits d’un capital en cas de disparition de ce dernier. Le capital varie selon si le
dirigeant était encore en activité ou non. S’il l’est alors le capital est égal à 20% du
PASS sinon dans le cas contraire le capital est égal à 8% du PASS.
Capital décès Assuré cotisant 7 723,20 € Assuré retraité 3 089,28 €
Au cours de cette partie, nous venons de voir comment été organisé la
prévoyance du dirigeant TNS. Cette dernière à la grande différence du régime salarié est
fondée sur les cotisations versées au RSI et sur le PASS qui est l’assiette principale de
remboursement.
3 – Comparaison de la protection sociale selon le régime du dirigeant
Afin de mieux comprendre les différences de protection sociale entre les deux
régimes salariés et TNS, il convient de faire un comparatif entre ces deux dispositifs. En
effet précédemment nous avons analysé les deux régimes de protection sociale et nous
avons remarqué qu’ils n’offrent pas les mêmes prestations.
Pour illustrer ce comparatif reprenons l’exemple vu précédemment : le dirigeant
se verse une rémunération de 15 000€ annuel, il est marié et sa conjointe touche un
salaire annuel de 24 000€ net soit 32 430€ de salaire annuel brut. Nous obtenons :
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Romain Deshayes
Protection sociale du dirigeant Dirigeant TNS Dirigeant salarié
Salaire annuel nets 15 000,00 € 15 000,00 €
Charges sociales /RSI 6 979,00 € 12 715,44 €
% 46,53% 65,01%
Maladie
Prestation en nature Selon le barème
de la sécurité sociale
Selon le barème de la sécurité
sociale
Prestation en espèce (indemnités journalières)
21,16 € 26,79 €
Délai de carence 8 jours 3 jours
Congé Maternité/Paternité
Allocation forfaitaire de repos
3 218,00 €
6 001,31 € Interruption journalière
forfaitaire d'activité 3 916,86 €
Congé Paternel 581,82 € 919,38 €
Invalidité Invalidité Totale 4 500,00 € 4 500,00 €
Invalidité Partielle 7 500,00 € 7 500,00 €
Capital décès Assuré cotisant 7 723,20 €
4 889,46 € Assuré retraité 3 089,28 €
A la suite de ce tableau nous constatons que dans les mêmes conditions le
dirigeant ne bénéficie pas de la même protection sociale, cette dernière est influencée
par le régime social du dirigeant. Précédemment nous avons remarqué que le dirigeant
TNS supporte moins de cotisations sociales que le régime du dirigeant salarié.
Cependant il ne va pas avoir droit aux mêmes remboursements. En effet nous voyons
qu’au titre de l’assurance maladie, même si le remboursement des prestations en nature
est identique (il reste à la charge du dirigeant le ticket modérateur, prise en charge par sa
complémentaire personnelle), les prestations en espèce sont remboursées différemment.
En effet le dirigeant TNS est moins couvert que le dirigeant salarié pour les indemnités
journalières. Ceci est principalement du à l’assiette de calcul qui n’est pas la même, le
régime TNS se fixe sur le PASS alors que le régime salarié est évalué sur le salaire brut
journalier du dirigeant. De plus il y a une inégalité au niveau du délai de carence avant
que les remboursements se mettre en place : le délai est double pour le régime TNS
comparé au régime salarié.
Concernant le congé maternité/paternité nous observons que les indemnités ne sont pas
équivalentes. Le dirigeant salarié est mieux indemnisé pour sa perte de salaire lié à la
naissance comparé au dirigeant TNS.
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Ce dernier touche une allocation forfaitaire obligatoire pour la grossesse, cependant
pour bénéficier de l’interruption journalière le dirigeant TNS doit au minimum s’arrêter
de travailler pendant 14 jours. Ici le remboursement qu’il peut percevoir est estimé pour
74 jours d’arrêt, soit le maximum. Mais il faut noter que si le dirigeant TNS s’arrête
pendant plus de deux mois, il doit salarier quelqu’un d’autre pour assurer la gérance et
l’activité de l’entreprise ce qui fait un coût supplémentaire surtout quand le dirigeant
TNS possède une entreprise individuelle. A la différence du dirigeant salarié qui
délèguera son rôle de gérance à un autre salarié de l’entreprise s’il y a plusieurs salariés
dans cette société.
A propos de la pension d’invalidité, nous remarquons que celle-ci est identique quelque
soit le régime social du dirigeant. Contrairement au versement du capital décès qui
dépend de la situation active du dirigeant. Si ce dernier vient à disparaître alors qu’il est
encore en activité alors l’allocation est plus importante que le régime salarié. Par contre
s’il est retraité et plus en activité alors ses ayants droits toucheront moins que les ayants
droits du dirigeant salarié.
Il faut noter que les indemnités perçues par le dirigeant sont soumises à cotisations
sociales pour le dirigeant TNS s’il est encore en activité, c'est-à-dire qu’il rentre dans la
base de cotisation au RSI. A contrario, le régime salarié n’est pas soumis à cotisation
sociale, le dirigeant supporte juste de la CSG-CRDS à hauteur de 7% sur le montant de
ces remboursements. Par contre les indemnités perçues dans les deux régimes sont
imposables au barème de l’IRPP.
Au cours de cette première section nous avons vu comment était organisé la
protection sociale du dirigeant salarié ou TNS selon le régime général de base. Quelque
soit le régime social du dirigeant, celui-ci a le droit de prétendre à des remboursements
concernant ces frais médicaux, son arrêt maladie, son congé maternité/paternité, son
invalidité et pour son décès. Mais ces remboursements sont hétérogènes entre les deux
régimes sociaux. En effet à travers l’illustration nous avons observé que pour une même
rémunération le dirigeant était couvert différemment. Cette couverture est avantageuse
pour le régime salarié qui a une meilleure protection mais qui supporte de plus lourdes
charges sociales. A la différence du régime TNS où la couverture sociale protège moins
bien le dirigeant et si ce dernier veut en bénéficier pleinement il devra faire face à des
coûts supplémentaires liée à l’arrêt (exemple du congé maternité/paternité).
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Romain Deshayes
Cependant même si nous avons vu que le régime TNS offre moins de garantit, nous
pouvons apercevoir que les remboursements proposés ne sont pas complétement à la
hauteur de la perte de salaire ou de rémunération lié à l’arrêt. C’est pourquoi il est
intéressant pour le dirigeant de s’orienter vers un régime supplémentaire pour bénéficier
d’une meilleure protection conforme à ces attentes.
Section 2 : L’intérêt de souscrire au régime supplémentaire
Au fur et à mesure de la section précédente, nous avons vu qu’il était avantageux
de cotiser au RSI puisque le coût était moindre que le régime salarié. Cependant les
deux régimes n’offrent pas la même couverture sociale. Même si le dirigeant salarié est
mieux protégé que le dirigeant TNS il convient pour eux de s’orienter vers le système
supplémentaire puisque le régime général de protection sociale comporte des lacunes et
ne protège pas les dirigeants à hauteur de leurs espérances. Ce régime supplémentaire
existe aussi bien dans le régime salarié que dans le régime TNS.
1 – Le régime supplémentaire salarié
La protection sociale du dirigeant salarié est identique à celle d’un salarié de
l’entreprise. Cependant pour avoir une protection à hauteur de ses besoins, il n’est pas
obligé de souscrire une protection supplémentaire au niveau de la vie privée, il peut
souscrire un contrat au niveau de la société. Les différents contrats de protection sociale
portent soit sur de la prévoyance ou soit sur la retraite. Pour bénéficier de ses contrats au
niveau de la société, le dirigeant doit savoir quel bénéficiaire et quelle fiscalité veut-il
mettre en place. Concernant le régime social supplémentaire du dirigeant salarié on
dénombre trois contrats dans le cadre sa prévoyance. Nous recensons les articles 82 et
83 du Code General des Impôts (CGI).
1.1 – L’article 82 du CGI
Le dirigeant salarié peut installer au sein de son entreprise un dispositif de
prévoyance pour améliorer la protection sociale de lui ou de ses salariés. Ce dispositif
peut être l’article 82 qui permet de placer l’épargne de son entreprise tout en assurant un
sur-salaire aux salariés. L’article 82 est un contrat individuel à adhésion facultative.
C’est un contrat d’assurance vie permettant au salarié et au dirigeant de bénéficier d’un
complément de revenu au moment de son départ en retraite.
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Romain Deshayes
Les cotisations aux contrats sont en général bloquées pendant 6 ans et par la suite
disponible à tout moment. Ces dernières sont déterminées en fonction d’un pourcentage
du niveau de salaire brut. Ce pourcentage est fondé sur les besoins de prévoyance que
souhaite avoir le dirigeant. L’arrêt de ce contrat a lieu quand le bénéficiaire part à la
retraite et cesse son activité professionnelle, elle entraine une sortie en capital ou en
rente viagère. Cependant une sortie en capital anticipé peut être mise en œuvre avant la
cessation d’activité selon les conditions de décès du titulaire du contrat, d’invalidité
totale et de la fin des allocations chômages pour les salariés.
Concernant la fiscalité du contrat celui-ci pour l’entreprise est déductible de son résultat
imposable mais les cotisations à l’article 82 entre dans la base taxable des charges
sociales en plus du salaire brut habituel.
Au niveau individuel, les cotisations du dirigeant sont non déductible et par conséquent
imposables à l’IRPP. Au moment de la sortie, si celle-ci est anticipée avant le terme du
contrat, alors le capital et les plus-values ne sont pas imposables. En revanche si la
sortie est due au départ en retraite alors le capital n’est pas imposé mais la plus-value est
soumise à l’IRPP selon le régime fiscal de l’assurance vie. Pour une sortie en rente,
cette dernière est taxée comme une rente viagère à titre onéreux, c'est-à-dire que ces
rentes sont imposables selon une base. Cette base est déterminée en fonction de l’âge du
premier versement :
70% de la rente si le dirigeant était âgé de moins de 50 ans à la date du premier
versement
50% de la rente si le dirigeant était âgé entre 50 et 59 ans à la date du premier
versement
40% de la rente si le dirigeant était âgé entre 60 et 69 ans à la date du premier
versement
30% de la rente si le dirigeant était âgé de plus de 69 ans à la date du premier
versement
1.2 – L’article 83 du CGI
Le dirigeant salarié peut aussi souscrire au sein de sa société un article 83 qui est
un contrat d’assurance de groupe à cotisations définies au profit des salariés et du
dirigeant. Comme l’article 82, l’article 83 est un placement financier dans le but de se
constituer une épargne.
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Romain Deshayes
C’est un dispositif à adhésion obligatoire qui est proposé à tous les salariés ou à un
ensemble de salarié définis à partir de critères objectifs, l’article ne peut pas être
individualisé. Les cotisations sont financées soit par l’employeur uniquement ou à la
fois par l’employeur et à la fois par le salarié. Les cotisations sont en fonction d’un
pourcentage applicable sur le salaire brut. Le dirigeant peut aussi verser spontanément
sur son article 83 si celui-ci le permet. Les cotisations prennent fin à la date de départ en
retraite du dirigeant au moment de la cessation d’activité. Cette fin de cotisation
entraîne la sortie principalement en rente ou en capital aux conditions suivante :
Décès
Invalidité totale
Situation de surendettement
Fin de droit à l’assurance chômage
Absence de contrat de travail ou de mandat social depuis plus de deux ans
Concernant la fiscalité au niveau de l’entreprise, les cotisations sont déductible
fiscalement et par conséquent non imposable. Socialement, les cotisations sont
exonérées de charges sociales dans la limite du disponible social. Ce disponible social
est égal à la valeur la plus élevée entre 5% du PASS ou 5% de la rémunération brute
annuelle dans la limite de 5 fois le PASS. Cependant les cotisations exonérées de
charges sociales sont soumis à la contribution du forfait social de 20%.
Au niveau du dirigeant, les cotisations versées par la société ou par le dirigeant lui-
même sont exonérées d’impôt dans la limite du disponible social. Le disponible social
en cas de versement de la société est égal à 8% de la rémunération brute annuelle
limitée à 5 PASS. En cas de versement volontaire le disponible social est égal à la plus
forte des valeurs entre 10% de la rémunération annuel ou 10% du PASS. Quelques soit
la situation les cotisations seront soumises aux prélèvements sociaux au taux de 8%. Au
moment de la sortie de la société la rente est assujettie à l’IRPP après un abattement de
10% et elle subit des prélèvements sociaux à hauteur de 8.4%. En revanche le rachat
sous forme de capital est exonéré d’imposition.
Nous notons qu’il existe aussi l’article 39 du CGI. Cependant ce dernier privilégie plus
le régime des retraites et concerne principalement les salariés vu que le dirigeant est
concerné que s’il démontre son lien de subordination.
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Romain Deshayes
Nous venons d’étudier le régime social supplémentaire du dirigeant salarié.
C’est un régime facultatif que le dirigeant souscrit soit à sa demande ou en fonction des
conventions collectives. Ce régime a pour but d’offrir une meilleure protection sociale
en complément du régime général de base. Pour le régime social salarié nous y
retrouvons 2 articles principaux : l’article 82 et 83. Ces derniers sont opposés puisque
même s’ils offrent tous les deux un supplément de prévoyance ou de retraite au régime
de base, leur régime fiscal et social sont différents. La particularité de l’article 82 repose
sur le fait qu’il est réservé à des personnes définies qui peuvent être nominés
individuellement, les cotisations pour le dirigeant sont imposables fiscalement et
socialement mais lors de la sortie en rente ou en capital le dirigeant n’est pas imposée
sur la somme touchée ou très faiblement. En revanche l’article 83 est soumis à tout une
partie ou à l’ensemble des salariés, les cotisations pour le dirigeant sont non imposables
fiscalement et socialement même si elles supportent le forfait social de 20%. Par contre
au moment de la sortie la somme touchée est soumis à l’IRPP sauf pour une sortie en
capital. A présent nous allons traiter du régime supplémentaire du dirigeant TNS pour
savoir s’il peut souscrire la même protection.
2 – Le régime supplémentaire TNS
Le dirigeant TNS cotise obligatoirement au RSI pour son régime social. Le RSI
organise la protection sociale générale de base du dirigeant à travers les organismes de
l’URSSAF. Pour qu’il s’assure une protection sociale correcte à hauteur de ses
espérances le dirigeant doit souscrire au régime supplémentaire pour améliorer et
compléter sa prévoyance ou sa retraite. Dans le régime TNS nous retrouvons deux
dispositifs : l’article 154 du CGI concernant la loi Madelin et le régime de l’Assurance
vie.
2.1 – Loi Madelin (Article 154 du CGI)
Dans le cadre de son régime social supplémentaire, le dirigeant TNS peut
souscrire un contrat « Loi Madelin ». Ce contrat couvre le dirigeant TNS dans les
domaines de la complémentaire retraite, de sa prévoyance, de ses frais de santé et pour
le chômage. Pour qu’il puisse en bénéficier le dirigeant TNS doit être à jour dans ses
cotisations au régime de base. Les cotisations sont fixées en fonction du besoin du
dirigeant selon les attentes qu’il veut obtenir du contrat. La sortie se fait en rente au
moment où le dirigeant cesse son activité professionnelle et part à la retraite.
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Le dirigeant peut aussi faire un rachat anticipé dans les conditions suivantes :
Invalidité à plus de 80%
Cessation d’activité liée à une liquidation judiciaire
Décès
Situation de surendettement
Absence de contrat de travail ou de mandat social depuis plus de 2 ans
Expiration des allocations chômages
D’un point de vue fiscal, le dirigeant TNS dans le cadre d’une entreprise soumise à l’IS
ses cotisations sont intégralement déductibles. Si nous dans une entreprise soumise à
l’IRPP alors les cotisations du dirigeant sont déductibles selon une certaine limite et
selon la nature du contrat Madelin :
Contrat retraite : valeur la plus forte entre : 10% du PASS ou 10% du revenu
professionnel dans la limite de 8 PASS augmenté de 15% du revenu compris
entre 1 et 8 PASS
Si le bénéfice est de 24 000€ : 0.1*38 616 = 3 862€
Si le bénéfice est de 65 000€ : 0.1*65 000 + 0.15*(65 000-38 616)
= 10 458€
Contrat de prévoyance et frais de santé : 3,75% du revenu professionnel
augmenté de 7% du PASS, le tout limité à 3% de 8 PASS
Si le bénéfice est de 24 000€ : 0.0375*24 000 + 0.07*38 616 = 3 603€
Si le bénéfice est de 65 000€ : 0.0375*65 000 + 0.07*65 000 = 5 141€
Contrat perte d’emploi : valeur la plus forte entre 1,875% du revenu
professionnel dans la limite de 8 PASS ou 2,5% du PASS
Si le bénéfice est de 24 000€ : 0.025*38 616 = 965€
Si le bénéfice est de 65 000€ : 0.01875*65 000 = 1 219€
A la sortie, le rachat anticipé du capital est exonéré d’impôt. A la différence de la rente
qui est soumise au barème progressif de l’IRPP après un abattement de 10% mais subira
les prélèvements sociaux à hauteur de 8%. Cependant il y a une exception concernant
les rentes indemnisant un arrêt de travail :
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Romain Deshayes
Si le dirigeant est encore en activité alors les indemnités sont à réintégrer au
revenu professionnel et ne bénéficie pas de l’abattement de 10%. Par conséquent
elles seront soumises aux cotisations sociales du RSI. De plus elles subiront les
prélèvements sociaux au taux de 8%.
Si le dirigeant n’est plus en activité alors les indemnités journalières sont
perçues à inscrire dans la catégorie des pensions et rentes et subiront
l’abattement de 10%. Il payera aussi 8% pour la CSG-CRDS.
2.2- L’Assurance vie
Le dirigeant TNS peut aussi souscrire pour son régime social supplémentaire une
assurance vie. Cette dernière est un contrat d’assurance individuelle dont l’objectif est
un placement d’épargne afin de se constituer un capital pour sa prévoyance et/ou sa
retraite. Pour ce dispositif il n’y a pas de cotisation, ceux sont les versements du
dirigeant TNS prévu par le contrat qui vont constituer le capital disponible. La sortie du
contrat s’effectue soit en rente ou en capital à n’importe quel moment du contrat.
Cependant la fiscalité ne sera pas la même.
Cette fiscalité au niveau de l’entreprise est déductible si nous sommes en société mais
pour le dirigeant les versements sur ce contrat sont à rajouter au revenu professionnel.
Au moment de la sortie du contrat, si celle-ci réalise en rachat de capital alors :
Avant huit années de détention du contrat : le capital versé est exonéré d’impôt
mais la plus-value est soumise à l’IRPP ou au taux forfaitaire de 35% si le
contrat a une ancienneté inférieure à 4 ans et au taux forfaitaire de 15% si le
contrat a une ancienneté entre 4 et 8 ans. Le dirigeant subira en plus les
prélèvements sociaux au taux de 15.5% sur la plus-value.
Après huit années de détention du contrat : le capital versé est toujours exonéré
d’impôt et la plus-value est soumise au barème de l’IRPP ou au taux forfaitaire
de 7.5%. le dirigeant bénéficie en plus d’un abattement à hauteur de 4 600€ s’il
est célibataire ou 9 200€ s’il est en couple. Si le dirigeant choisit le taux
forfaitaire de 7.5% alors l’abattement possible est proratisé au taux de 7.5%. De
même le dirigeant subira les prélèvements sociaux au taux de 15.5%.
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Le dirigeant TNS peut aussi à la sortie du contrat demander le versement en rente.
Celle-ci sera traitée comme une rente viagère à titre onéreux. Le montant de la rente est
soumis à l’IRPP. Cette dernière dépend de l’âge du dirigeant auquel il a souscrit le
contrat :
70% de la rente si le dirigeant était âgé de moins de 50 ans à la date du premier
versement
50% de la rente si le dirigeant était âgé entre 50 et 59 ans à la date du premier
versement
40% de la rente si le dirigeant était âgé entre 60 et 69 ans à la date du premier
versement
30% de la rente si le dirigeant était âgé de plus de 69 ans à la date du premier
versement
Nous avons vu de quelle manière le dirigeant TNS pouvait souscrire un régime
social supplémentaire. Il peut le mettre en place grâce soit au dispositif de la loi Madelin
et/ou en ayant recours à l’assurance vie. La loi Madelin permet de souscrire un contrat
de protection sociale concernant le ou les besoin(s) particulier(s) du dirigeant. Durant le
contrat le dirigeant TNS se constitue un capital, en cotisant périodiquement, qui sera
disponible soit lors de son départ à la retraite ou avant s’il veut y recourir pour des frais
de prévoyance ou de santé. Dans la plupart des cas les cotisations sont déductibles de
l’IRPP mais lors de la sortie les rentes sont imposées et peuvent même être soumises à
cotisation sociale si le dirigeant est encore en activité comme dans le cas des indemnités
journalières. En revanche l’assurance vie a pour but de se constituer une épargne
disponible à n’importe quel moment pour faire face à une attente du dirigeant
concernant sa vie privée. Les versements ne sont pas déductibles fiscalement mais à la
sortie seule la plus-value ou une partie de la rente est soumise à imposition.
3 – Comparaison du régime social supplémentaire selon le régime du dirigeant
Afin de mieux cerner les différences existantes entre les deux régimes à propos
de leur couverture sociale, il convient de les comparer afin de savoir quel contrat est
plus avantageux, mais aussi pour connaitre leurs inconvénients :
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Romain Deshayes
Au niveau de l'entreprise Avantages Inconvénients
Fiscal Fiscal Social
Dirigeant salarié
Article 82 Cotisations déductibles
Cotisations soumis aux
charges sociales
Article 83 Cotisations déductibles
Forfait social de 20%
Dirigeant TNS
Loi Madelin Cotisations
déductibles à l'IS
Indemnités journalières sont
soumises au RSI si le dirigeant est en
activité
Assurance Vie
Nous remarquons qu’au niveau de l‘entreprise, toutes les cotisations aux contrats
sont déductibles. Par contre le régime social n’est pas identique. Pour le régime salarié
les cotisations à l’article 82 sont soumises à charges sociales qui sont constitués de
charges salariales et patronales. Ces charges sociales représentent un taux d’environ
65% (cf. cotisations sociales du dirigeant salarié). En revanche si le dirigeant salarié
opte pour l’article 83, il n‘y a pas de cotisation sociale mais un taux forfaitaire de 20%
est quand même appliqué.
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Maintenant si nous analysons au niveau du dirigeant, nous constatons que le régime
social supplémentaire offre des similitudes de contrats entre le régime social salarié et le
régime TNS. En effet l’article 82 concernant le régime salarié équivaut au contrat
d’assurance vie en termes de fiscalité du fait qu’au moment de la sortie le dirigeant peut
soit récupérer le capital en rente ou en intégralité avec le rachat et selon son choix la
fiscalité sera identique. De plus les cotisations sociales à l’article 82 ou les versements
sur le contrat d’assurance vie sont soumise à l’IRPP. A l’opposé nous trouvons l’article
83 pour le régime salarié et la loi Madelin pour le régime TNS. Les cotisations à ces
contrats sont déductibles fiscalement mais à la sortie la rente est imposable à l’IRPP.
Notons qu’il est possible de faire un rachat anticipé de capital mais celui-ci se fait selon
des conditions particulières et non prévus à l’origine par le contrat.
Au final nous remarquons que si le dirigeant veut souscrire un régime social
supplémentaire, plusieurs possibilités s’offre à lui. Ces dernières proposent
approximativement le même produit pour la protection sociale du dirigeant mais une
différence réside au niveau de la fiscalité et principalement au paiement. Pour l’article
82 et l’assurance vie le dirigeant subira l’impôt au moment des cotisations ou des
versements ainsi qu’à la sortie sur la plus-value constatée ou la rente. Pour l’article 83 et
la loi Madelin le dirigeant subira l’impôt qu’à la sortie du contrat.
A travers cette partie nous avons pu analyser comment s’organise la protection
sociale du dirigeant. Ce dernier qu’il soit salarié ou TNS peut bénéficier d’une
couverture sociale de base. Celle-ci est définie par son régime social et sur les
cotisations versées. En fonction du régime social duquel il dépend, nous remarquons
que sa protection n’est pas identique. Le dirigeant salarié bénéficie d’une couverture
plus avantageuse du fait qu’il est considéré comme un salarié et qu’il paye plus de
charges sociales. En effet pour un arrêt maladie du dirigeant, s’il est salarié alors il sera
mieux indemnisé que son homologue TNS. Cette différence est aussi notable
notamment pour un congé maternité, même si le dirigeant TNS peut être dédommagé
d’avantage. Mais pour cela il devra arrêter son activité et par conséquent embaucher une
personne supplémentaire pour que la société continue à fonctionner.
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Afin de couvrir les carences du système général de protection sociale, le dirigeant peut
s’orienter vers un régime social supplémentaire. Ce dernier existe aussi bien pour le
dirigeant salarié que TNS. D’ailleurs le régime supplémentaire propose sensiblement
des produits ressemblants selon le régime social du dirigeant. Le traitement fiscal est
comparable pour l’article 82 et l‘assurance vie. A l’opposé nous retrouvons l’article 83
et la loi Madelin. Tous ces contrats ont pour but de constituer un capital pour la
protection sociale du dirigeant. La différence réside principalement sur la fiscalité de
chaque contrat et du coût d’opportunité que le dirigeant peut bénéficier.
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Conclusion Au cours de cette étude nous avons pu analyser comment s’organiser la
protection sociale du dirigeant de société commerciale. Cette dernière est définie en
fonction du régime social du dirigeant. Le dirigeant peut soit être affilié au régime
social des salariés ou alors au régime social des travailleurs non salariés (TNS). Ce
régime est déterminé principalement par la forme juridique de la société.
Certaines formes induisent directement le régime social salarié, c’est le cas pour les SA
et SAS. A contrario, l’entreprise individuelle, l’EURL, l’EIRL, la SNC sont
obligatoirement régit par le régime TNS. D’autres formes juridiques ont besoin de
savoir la part de détention du capital du dirigeant pour connaitre son régime social. En
effet le régime social du dirigeant d’une SARL est défini par la part de capital détenue
par le dirigeant. Celle-ci doit être augmentée de la part de détention du capital par la ou
le conjoint du dirigeant, quand il est marié ou pacsé, et de la part détenue par ses enfants
mineurs non émancipés. Si la somme est minoritaire alors le dirigeant relève du régime
salarié. Dans l’autre situation, s’il est majoritaire alors il est soumis au régime TNS. De
plus si plusieurs gérants sont à la direction de la SARL alors il faut faire le cumul de
leur part respective et si le résultat est majoritaire alors le collège de gérance est soumis
au TNS. Par conséquent nous avons pu voir que les personnes qui possédaient les
« pleins pouvoirs » de la société sont soumises au régime TNS et à l’inverse ceux qui ne
possèdent pas les « pleins pouvoirs » sont soumis au régime salarié.
Puis nous avons vu que quelque soit le régime social du dirigeant, ce dernier paiera des
cotisations sociales. Celles-ci sont déterminées en fonction de la rémunération du
dirigeant. C'est-à-dire les salaires bruts pour les dirigeants salariés, et la rémunération
perçue ou le bénéfice provenant de l’activité BIC pour les dirigeants TNS. Cependant
ces cotisations ne sont pas identiques et ne sont pas dues aux mêmes organismes. Le
dirigeant TNS cotisera au RSI et paiera moins de cotisations sociales que le dirigeant
salarié qui cotise à l’URSSAF. En effet les taux de cotisations pour les différentes
charges sociales ne sont pas équivalents notamment pour la maladie où le taux est plus
élevé dans le régime salarié que le régime TNS. Ces différents taux de cotisations
entraînent un écart de l’ordre de 20% entre les deux régimes.
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Par conséquent le dirigeant TNS subira moins de cotisations sociales que le dirigeant
salarié, il pourra économiser près 5 736€ qui est une somme non anodine pour de petites
structures. De plus nous avons constaté que le revenu net disponible pour le dirigeant
TNS est supérieur à celui du dirigeant salarié. Ce dernier est vrai d’autant plus quand le
dirigeant TNS se rémunère par des dividendes et qu’ils ne sont pas soumis à RSI vu que
le dividende représente moins de 10% des parts de capital détenu par le dirigeant.
Toutefois même si le dirigeant TNS aura un coût moindre pour ses cotisations sociales,
sa protection sociale sera affectée puisqu’elle sera de moins bonne qualité que l’autre
régime. Effectivement la protection sociale du dirigeant est définie selon le montant
cotisé au différent régime. Nous remarquons que même si le remboursement des frais de
santé est identique pour les deux régimes, les arrêts maladies n’ont pas des indemnités
équivalentes. Les différences sont dues à la base de remboursement qui n’est pas la
même. Ces différences de remboursement se constatent aussi au niveau du congé
maternité. Alors il convient pour le dirigeant de s’orienter vers un régime social
supplémentaire dans le but de combler les carences liées au régime général et aussi pour
avoir une prévoyance en rapport avec ses espérances et ses besoins.
Le régime supplémentaire propose des produits similaires selon les régimes, le dirigeant
salarié peut souscrire un article 82 qui équivaut à un contrat d’assurance vie pour le
dirigeant TNS. Ou alors le dirigeant salarié contractera un article 83 qui est comparable
au contrat Madelin pour le régime TNS. Ces différents contrats permettent de constituer
un capital pour le dirigeant disponible le plus souvent à la fin de son activité
professionnelle quand il part à la retraite. Mais il peut aussi en bénéficier plus tôt selon
certaines conditions ou s’il bénéficie d’un contrat d’assurance vie. Le capital placé
permet au dirigeant de faire face à des risques de santé et par conséquent d’améliorer sa
prévoyance. Cependant une différence réside entre ces contrats, c’est la fiscalité de
chacun. Soit le dirigeant paiera de l’impôt lors de ses cotisations et au moment de la
sortie sur la plus constatée s’il possède un contrat d’assurance vie ou un article 82. Soit
il paiera de la fiscalité que quand il recevra ses rentes, c’est le cas si le dirigeant a
souscrit un article 83 et un contrat Madelin.
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Au final nous avons vu qu’il n’existe pas un régime social plus avantageux que
l’autre. Puisque pour le régime salarié on paye plus de charges sociales et le dirigeant
est mieux couvert. A l’opposé le dirigeant TNS paye moins de cotisations sociales et sa
protection sociale induite par le régime générale sera plus faible. Mais il peut
l’améliorer grâce en souscrivant au régime social supplémentaire pour avoir une
protection sociale en accord avec ses besoins.
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Bibliographie
Livres :
AG2R (2010), « Les périphériques de rémunération », support de présentation
Le Particulier (Janvier 2016), Guide de la déclaration de revenus
Webographie :
https://www.afecreation.fr/pid1629/les-societes.html?espace=1&tp=1
http://www.ag2rlamondiale.fr/
http://www.ameli.fr/
http://business.lesechos.fr/outils-et-services/guides/guide-de-la-creation/1417/1423-6-les-differents-types-de-societes-24609.php
http://www.cercledesepargnants.com/
http://droit-finances.commentcamarche.net/
http://www.experts-comptables.fr/
http://www.expert-comptable-tpe.fr
http://www.impots.gouv.fr/
http://www.lecoindesentrepreneurs.fr/
https://www.legifrance.gouv.fr/
http://lentreprise.lexpress.fr/creation-entreprise/statuts/tableau-comparatif-cinq-statuts-juridiques-d-entreprise-a-la-loupe_1609491.html
http://www.loimadelin.com/
https://www.rsi.fr/
http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/protection-sociale/definition/comment-protection-sociale-est-elle-organisee-france.html
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Annexes Annexe 1 : Bulletin de salaire, Dirigeant salarié
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Annexe 2 : Décompte IRPP Entreprise Individuelle, situation 3
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Annexe 3 : Décompte IRPP, SARL Situation 1
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Annexe 4 : Décompte IRPP, SARL situation 2 et SAS situation 4
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Annexe 5 : Cotisations RSI, SARL situation 1
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Annexe 6 : Cotisations RSI, SARL situation 2
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Annexe 7 : Cotisations RSI, Entreprise Individuelle situation 3