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Crédits photos : Fernando Javier Urquijo / studioMilou architecture Le Nouveau Carreau du Temple studioMilou architecture dossier de presse

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Page 1: Le Nouveau Carreau du Temple - arts-et-metiers.net · du Carreau du Temple s’épure et semble s’ouvrir comme une sculpture à la lumière, le sol de l’espace public périphérique

Crédits photos : Fernando Javier Urquijo / studioMilou architecture

Le Nouveau Carreau du TemplestudioMilou architecture

dossier de presse

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Le Nouveau Carreau du Temple, Paris 2014studioMilou architecture

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Maîtrise d’œuvre studioMilou architecture

Jean François Milou, architecte dplg, concept architecturalThomas Rouyrre, architecte ensais parcours Chaillot, chef de projet toutes phases

Shinobu Takaso, diplômée, assistant de projet, design mobilier et signalétiqueLorène Pouliquen, architecte dplg assistant de projet 2008-2010

Jean Loup Baldacci, architecte dplg free lance phase concours et perspectivesSébastien Guiho, architecte dplg assistant phase concours et DCE fluides phase synthèse

Florence Soulier, suivi administratif maîtrise d’œuvreAgueda de Urruela, suivi administratif travaux

Fernando Javier Urquijo, photographe chantier et photos finalesOnt aussi collaboré : Volha Aukimovich, Laurence Macheboeuf, Angel Menéndez, Eudora Tan,

Tae Woo Kim, Nicolas Huche, David Tresilian, Antoine le Fraiteur

Co-traitants

Bollinger + Grohmann, Simone Murr (BET structure)Batiserf Ingénierie, Pierre Olivier Cayla (soustraitant structure infra)

Inex, Pierre Gimla, Pascal Astasie (BET Fluides)Ayda, Yves Dekeyrel (acousticien phase concours à APD)

Peutz et associés, Stéphane Mercier, Maud Serra (acousticien depuis le PRO)Tribu Sarl, Emilie Rocha études / Camille Morvan chantier (BET hqe)

Architecture et Technique, Jacques Moyal (scénographe salle)Cosil, Gérard Foucault, Nawel Créach-Dehouche (éclairagiste)

Bureau Michel Forgue, Michel Forgue, J.Yves André (économiste)

Maîtrise d’ouvrage

Ville de ParisDirection du Patrimoine et de l’architecture

Jean-François Danon, Marie Hélène BorieAgende de conduite des projets:

Virginie Katzwedel, architecte, chef de projet Christophe Crippa, assistant chef de projet

Direction de la Jeunesse et des Sports :Eric Ringenbach

Algoé, Alexandre Picoulet, Marion Talarmin (AMO)Veritas, Pascal Queru, Alain Beyrand, Anne-Sophie Nizet (BC)

IPCS, Pascal Jaton, Ludovic Beyneix, Raphael Picciotino, David Pieron (OPC)Maximis, Cyril Bernu (Coordonateur SSI)

I2S, Alain Deruy (Sûreté)Coteba, Dany Pochol (Contrôle exploitation)IUD Seges, Tehrani jusqu’à août 2013 (CSPS)

Cossec, Frédéric Achaintre depuis septembre 2013 (CSPS)Erich Berger (CSTB)

Marie-Hélène Didier, conservateur général des monuments historiques (DRAC) Sophie Hyafil, architecte des bâtiments de France (ABF)

Philippe Simon, architecte (Etude patrimoniale)

autres intervenants

Musée Carnavalet (Textes et documentation espace mémoire)Renée Davray-Piékolek, Conservateur en chef Musée Carnavalet

Catherine Tambrum, Chargée des collections photographiques

exploitant

Société Publique Locale “Le Carreau du Temple” : Jean-Luc Baillet, Directeur Général du Carreau du Temple

Jean Pierre Belet, directeur techniqueSignalétique concept graphique, General Design; Maroussia Jannelle

www.carreaudutemple.eu

Adresse de l’opération : 4, rue Spuller 75003 ParisSurface Shon : 9 045,20 m2

Coût des travaux non définitif : 34,8M € h.t.Ouverture au public : avril 2014

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Le Carreau du Temple rouvrira ses portes au printemps 2014. Sa renaissance symbolise la volonté de restituer un des rares témoins de la grande tradition des architectures métalliques parisiennes de la fin du 19e siècle mais elle traduit aussi l’attachement de la Ville et de ses habitants pour ce marché couvert, l’âme du Paris d’autrefois. Elément patrimonial du Haut-Marais, cet édifice à l’architecture aérienne se situe à deux pas de l’École supérieure des arts appliqués Duperré et de l’historique square du Temple aménagé par Jean-Charles Adolphe Alphand, l’ingénieur du Baron Haussmann.

Pendant un siècle, son importance économique est considérable pour toute la population laborieuse parisienne. Le brassage des échoppes où se vendent soieries, tapis, linge et accessoires de mode inspire les écrivains du 19e siècle qui prennent souvent le Carreau du Temple pour décor de leurs intrigues ; ainsi, Eugène Sue dans « Les Mystères de Paris » ou encore Paul Féval dans son roman « Le fils du diable ». En 1904, il accueille la première Foire de Paris. Devenu le marché incontournable « du vêtement populaire pour les petites bourses et les coquets », plusieurs centaines de marchands occupent le site et son succès demeure de l’après-guerre jusqu’aux années 1970. Mais peu à peu, les activités de ce temple de la fripe s’amenuisent. Voué à être rasé pour édifier un parking à son emplacement, il est sauvé des bulldozers en 1976 grâce à une pétition signée par cinq mille habitants du quartier opposés à sa destruction.

Classé en 1982 à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, soit cinq ans après la démolition des Halles de Paris, son sauvetage n’est pas étranger à la disparition des célèbres pavillons Baltard dont la capitale mesure, encore aujourd’hui, l’amer ravage. En 2001, Bertrand Delanoë, le nouveau maire de Paris, décide de faire restaurer le Carreau du Temple et le principe en est acté au Conseil de Paris. L’idée d’une expérience de démocratie participative est alors lancée auprès des habitants du quartier qui décident par vote de sa vocation finale : ce bâtiment restitué dans son lustre abritera à la fois des activités culturelles et sportives.

Un concours d’architecture entre cinq agences a lieu en 2007 et après décision du jury, le projet de restauration du Carreau du Temple est confié à l’agence studioMilou architecture que dirige l’architecte Jean François Milou, auteur notamment du Musée National de l’Automobile à Mulhouse. Commencés en novembre 2009, les travaux s’arrêtent lorsque la reprise en sous œuvre du Carreau – situé dans l’ancien enclos des Templiers - met au jour des traces archéologiques. Le chantier redémarre en fin 2011, sous la houlette de Thomas Rouyrre, chef de projet, après une année de fouilles. En 2012, Jean-Luc Baillet, ancien directeur de Hors-les-Murs, du Centre National des Arts du Cirque et du Centre Culturel Français de Bamako, est nommé Directeur Général du Carreau du Temple pour développer un projet d’activités de loisirs, événementiels et culturels.

La renaissance du Carreau

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Lauréat du concours du Carreau du Temple, le studioMilou architecture compte à son registre de nombreux projets de réhabilitation-conversion, pilotés par l’architecte Jean François Milou en France et un peu partout dans le monde, notamment en Asie. Ces projets exigent une bonne connaissance du patrimoine mais aussi une force de création architecturale capable de composer une partition plus contemporaine. Cette approche sensible de la ville - dont Jean François Milou aime concevoir la continuité spatiale - a valu au studioMilou une certaine reconnaissance sur plusieurs opérations remarquées en France ; parmi elles le musée des Tumulus à Bougon, édifié sur la plus ancienne nécropole européenne ; la Cité de la Mer conçue à Cherbourg dans le bâtiment art déco de l’ancienne gare transatlantique restructurée ; le musée de l’Automobile à Mulhouse aménagé dans une ancienne filature du 19e siècle. Ces réalisations lui ont donné l’occasion de développer le thème des confrontations d’époques où toute nouvelle intervention devient l’occasion d’ajouter une strate. Une occasion surtout de mettre à l’épreuve une écriture rigoureuse, empreinte d’un certain classicisme et nourrie d’éléments modernistes.

La restauration du Carreau du Temple puise sa justesse dans cette même veine. Elle révèle une architecture épurée dans une réhabilitation minimale, restituant, ainsi, l’un des rares témoins de la grande tradition des architectures métalliques parisiennes du 19e siècle, de surcroît classé Monuments Historiques. L’effacement courtois dont Jean François Milou fait preuve dans cette mise en œuvre n’a cependant pas freiné sa capacité à tirer profit des volumes pour mieux réinterpréter l’esprit du lieu et sa qualité d’usage. Deux conditions qui sont autant essentielles à l’exploitant qu’aux visiteurs puisque le Nouveau Carreau du Temple sera un repère à l’échelle du quartier et de la capitale, mais aussi « l’écrin » des évènements parisiens à venir.

Respectueux du cahier des charges et des recommandations imposées par l’Architecte des Bâtiments de France, Jean François Milou a cependant « désobéi » avec sagesse pour proposer un aménagement du Carreau différent de celui qui était suggéré afin de parvenir à une meilleure gestion des flux publics. Ainsi cet équipement culturel et sportif s’intègre-t-il dans le volume existant, à ceci près qu’il est augmenté de deux nouveaux niveaux de sous-sols créés jusqu’à une profondeur de six mètres. Cette organisation spatiale est immédiatement lisible.

L’Esprit d’une restauration

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Le projet de réhabilitation Le projet minimise l’impact visuel des interventions sur les façades afin de valoriser la structure métallique et de la baigner de lumière sur toutes ses faces. Ainsi l’architecture se révèle lumineuse mise au service de l’espace, comme de grands parapluies posés sur un morceau d’espace public. Le travail des matériaux et des couleurs se décline pour jouer avec l’architecture et le ciel de Paris : inox pour les soubassements et les nouvelles menuiseries, peinture gris vert pour les structures d’acier existantes, zinc pour les toitures, parements intérieurs en bois de chêne et inox.

L’organisation périphérique En même temps que l’architecture du Carreau du Temple s’épure et semble s’ouvrir comme une sculpture à la lumière, le sol de l’espace public périphérique fonctionne comme un « socle » qui relie le Carreau du Temple aux bâtiments qui composent le quartier et tend à devenir un « parvis » pour le nouvel équipement.

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Plan 1 Accueil 2 Halle 3 Gradins escamotables 4 Auditorium 250 places 5 Scène 6 Café 7 Bureaux

L’organisation intérieure Le projet a conservé la nef centrale intacte pour en faire un espace de distribution des activités des deux halles. Ce principe permet d’ouvrir lors de certaines manifestations l’intégralité du sol du Carreau du Temple aux activités publiques, sans aucun obstacle intérieur. Dans les différents scénarios d’occupation des halles, la nef centrale peut par ailleurs être utilisée de manière totalement autonome par rapport aux deux autres halles dans le cadre de défilés de mode ou d’expositions par exemple.

L’accueil au niveau bas Un espace de grande hauteur permet au niveau bas de garantir aux nombreux utilisateurs du Carreau du Temple un accueil convivial, facilitant l’information et l’orientation des différents publics. La convivialité est assurée par une présentation historique du Carreau du Temple au travers de panneaux signalétiques et de maquettes évoquant les trois grands moments de l’histoire du site : l’enclos du Temple, Halles en bois de Jacques Molinos, grand Carreau de Jules de Mérindol. La distribution du niveau bas reprend le caractère symétrique des deux halles supérieures ainsi que la grande lisibilité des circulations périphériques et centrales. Dans les différents scénarios d’occupation des salles, les circulations séparent ou non les différents publics permettant une très grande flexibilité dans l’occupation des espaces.

Ce dispositif de plans permet une polyvalence et une réversibilité quasi infinie, ce qui constitue une ressource pour le bâtiment à toutes les étapes de sa vie.

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Rue Dupetit-Thouars

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Historique du Carreau du TemplePremière éPoque L’enclos du Temple à la fin du 18e siècle Au 12e siècle, les chevaliers de l’ordre du Temple de Jérusalem occupèrent le nord de Paris, un « enclos » repérable par un donjon. Cet ordre souverain dépendant du Pape jouissait d’une franchise qui l’exemptait de taxes et du droit d’asile de sorte que l’enclos était un refuge attirant les débiteurs insolvables. Les privilèges concernant les métiers étaient d’un enjeu plus important : on pouvait y trouver ce qui était interdit ailleurs, comme la bijouterie de fantaisie (dont le quartier du Temple est toujours le centre), ou les étoffes prohibées comme les indiennes. Au 18e siècle, cafés, cabarets, salles de billards et bains publics prospéraient. Cet enclos de 6 hectares situés entre les rues du Temple et de Bretagne fut saisi à la Révolution et la famille Royale fut enfermée dans la tour du Temple en août 1792. Celle-ci fut démolie par Napoléon entre 1808 et 1811, mais son dessin est inscrit dans le bitume, rue Eugène Spuller, là où elle se dressa pendant 600 ans.

Deuxième éPoque

Le vieux Marché du Temple : une renommée bien parisienne La rotonde bâtie en 1781 sous le bailli de Crussol par Lefèvre de Laboulaye sur les dessins de Pérard de Montreuil fut le seul des bâtiments insignes de l’enclos à subsister. Construite en bois et surnommée le Colisée de la Friperie elle était constituée d’une galerie de 44 arcades formant boutiques avec des logements de l’entresol et aux étages. En 1809, sur les terrains de l’enclos cédés par l’Etat à la Ville de Paris, de nouvelles halles en bois furent élevées par Molinos formant quatre quadrilatères : la halle du vieux linge. C’est cet ensemble avec la Rotonde qui donna le jour au premier marché du Temple. Les quatre carrés portaient des noms pittoresques : Palais-Royal, Pavillon de Flore, Pou-Volant et Forêt Noire, chacun ayant sa spécialité, vêtements d’occasion, linge de maison, fripes, souliers. Deux mille emplacements y étaient loués à la semaine.

Troisième éPoque

Grandeur et décadence du Marché du Temple : 1865-1905 Au milieu du 19e siècle, le Marché du Temple est dans un état de grande vétusté qui le rend dangereux. Décision est prise de le démolir pour y élever des bâtiments plus lumineux et aérés. En 1863, l’architecte Jules de Mérindol est lauréat du concours pour la construction du nouveau marché qui s’inscrit dans le cadre de la rénovation urbaine voulue par Napoléon III et le préfet Haussmann. Sa façade monumentale s’ouvre sur la rue du Temple : il est construit dans la même tradition que les nouvelles Halles Baltard ont popularisé, avec des pavillons de métal, de verre et de briques, contenant plus de 2000 places pour les vendeurs. La Ville de Paris confie sa gestion à un concessionnaire moyennant une redevance annuelle pour une durée de 50 ans. Outre les emplacements permanents, il abrite le Carreau ouvert aux fripiers. Déclin oblige, en 1901, la Ville envisage de raser une partie des pavillons pour effectuer une opération immobilière. Dernier sursaut : il abrite en 1904 la première Foire de Paris. Un an plus tard, quatre des six pavillons du marché de Mérindol sont démolis. Les deux restants, rouverts en 1907, forment le Carreau du Temple tel qu’il fonctionnait jusqu’à sa fermeture définitive. Très attachée à ce lieu, la population locale réussit en 1982 à faire inscrire à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques l’unique bâtiment épargné, écartant ainsi tout risque de démolition future.

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« Nous utilisons des modes de conception classique, attachant une grande importance à la composition, à la proportion et au choix restreint des matériaux et des couleurs que l’on s’attarde à faire vivre ensemble. Cette démarche se poursuit en chantier par l’utilisation de matériaux traditionnels, bois, plâtre posés par des équipes d’artisans formés aux exigences des monuments historiques. Pas moins de quatre menuisiers ont ainsi travaillé sur l’élaboration des différents parements de bois et d’éclats d’inox ».

Thomas Rouyrre, chef de projet

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La mise en valeur du monumentTransparence L’intervention sur le monument vise à restituer dans l’espace public la vue sur l’architecture des nefs vitrées du Carreau, comme un exemple unique d’une tradition architecturale dont il reste peu d’exemple à Paris. De fait, le Studio Milou Architecture a pris le parti « d’idéaliser » ce monument inscrit aux Monuments Historiques, autrement dit de l’alléger, de le rendre transparent afin que les promeneurs du quartier puissent, d’un seul regard, contempler la composition poétique de sa charpente métallique. Pour atteindre cet objectif, studioMilou architecture a choisi de transformer le mur maçonné qui le borde par un filtre de verre, d’acier et de bois qui assure le maintien de la construction initiale mais créée cette perméabilité visuelle qui révèle l’espace spectaculaire du Carreau du Temple.

Les façades fines Ainsi dessinées les façades laissent entrevoir l’activité de la Halle. Ce travail a été fait pour donner à la façade la juste épaisseur qui permettrait de la renforcer avec de nouveaux poteaux acier, de l’isoler, d’y nicher des portes ouvrant vers l’extérieur avec un débord de moins de 20 centimètres sur l’espace public comme le veut la règle. Ce parti pris évite de faire de la façade du Carreau un volume épais, intégrant les sas et les sorties de secours. En restant fine, dégagée sur les circulations intérieures, la façade se montre, elle devient transparente et permet de révéler la magie des nefs intérieures.

Un retour aux dessins d’origine En partie haute du bâtiment, de nouveaux panneaux vitrés reprennent le dessin d’origine datant de la construction de 1863. Le rythme et la densité des travers horizontaux et verticaux sont conservés. L’utilisation de profils en acier de faible largeur accueillant des panneaux en double vitrage permet de restituer le rapport plein/vide d’origine tout en assurant les contraintes acoustiques et thermiques nécessaires à ce type d’équipement. De ce fait, il permet au Carrreau du Temple de retrouver le dessin des façades originelles malmenées au fil du temps par des reprises successives des panneaux vitrés.

Un nouveau soubassement Quand studioMilou architecture a répondu au concours, l’agence s’est rendue compte que l’on allait devoir percer les murs de soubassement d’origine en brique pour intégrer les nombreuses sorties de secours. « L’architecte des Monuments Historiques nous a donné son autorisation à condition que nous conservions au bâtiment son unité. Pour y parvenir Jean François Milou a créé un registre de claustras en bois et inox reprenant la hauteur et les lignes de composition du soubassement initial. Ainsi, vu de loin, l’édifice préserve-t-il cet aspect unitaire qui participe à l’élégance de son ordonnance. En revanche, l’effet de transparence s’accentue lorsque l’on s’en approche, de sorte que ce dispositif architectural joue sur les deux tableaux. La nuit, l’effet s’amplifie et le Carreau semble une lanterne ». Thomas Rouyrre, chef de projet.

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La présence récurrente du bois Blond, parfois doré sous les reflets des rayons du soleil traversant les verrières, le bois de chêne est omniprésent dans l’habillage intérieur du Carreau. Ce choix fait par studioMilou architecture participe à la recommandation des Monuments Historiques de toujours différencier l’architecture contemporaine, mais il correspond aussi à la volonté du maître d’œuvre de trouver un matériau assez « chaud » pour mettre en valeur la structure métallique. En outre, ce bois de chêne travaillé à la manière d’une marqueterie apaise l’espace et magnifie la légèreté des nefs.

Une double peau, traitement thermique et acoustique de l’enveloppe À l’intérieur des Halles, une double peau en parement de chêne est positionnée à 45 cm en retrait des arcatures en tôle et des poteaux extérieurs. Elle permet de répondre à toutes les contraintes thermique et acoustiques. Des joints creux reprennent la composition horizontale des trois éléments verriers des façades et camouflent des stores qui contrôlent la lumière et les apports thermiques en été. Quant aux chevrons en chêne strié du plafond – et à la demande de l’ABF – ils font écho aux voliges d’autrefois qui protégeaient l’intérieur du toit.

Une réponse aux objectifs de développement durable La conservation de la transparence complète des lanterneaux permet de maintenir une grande quantité de lumière zénithale des trois nefs. Cette transparence est toute fois atténuée sur les versants Sud par la mise en place de cellules photovoltaïques autorisant une protection solaire les jours de plein soleil. Les cellules de dimensions 10 x 15 cm sont disposées comme des pixels surdimensionnés formant un dessin de moins en moins dense vers le faîtage. Au Nord, un dessin identique mais aux pixels évidés, forme une antisymétrie laissant passer la lumière. Les verrières des lanterneaux ont été entièrement déposées et remplacées par des verrières à profils en acier de faible largeur et double vitrage. Le rythme des profils en acier est calé sur ceux des traverses des verrières et des poteaux, supports des grilles décoratives existantes. Les grilles sont également conservées et restaurées. Visibles depuis l’intérieur des halles, elles jouent de la même façon un rôle de brise soleil sur les façades Sud.

Une nappe de zinc homogène L’aspect général de la toiture en zinc est conservé dans son ensemble maintenant le caractère très parisien de la couverture des trois halles. Le renfort des structures acier des trois nefs est réalisé au-dessus des fermes Polonceau dans l’épaisseur du complexe de toiture. Ce système permet de conserver apparent l’ensemble des structures à l’intérieur des halles. La nappe de zinc est refaite à neuf et à l’identique de l’existant, à joints sur tasseaux de sapin. Les rives et les entablements sont refaits également à l’identique de l’existant. Les passerelles sont démontées, restaurées et remontées après réalisation de la nouvelle couverture.

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Les enjeux du Carreau par Jean François Milou

Après la disparition des regrettés pavillons Baltard aux Halles dans les années 1970, la réhabilitation du Carreau du Temple est un événement attendu à Paris. Pourquoi sa mutation/conservation fera-t-elle date ?

Jean François Milou : Le Carreau du Temple est tout ce qui reste du grand marché du Temple démoli au début du 20e siècle, c’est un échantillon réduit qui témoigne des grandes structures de marché qui avaient été créées à Paris à la fin du 19e (Halles de Paris, Marché du Temple, …). Vous avez raison de penser aux Halles de Paris. En fait, le projet du Carreau du Temple est la démonstration technique que l’on pouvait parfaitement garder les Halles Baltard et construire les infrastructures du Forum des Halles dessous.

En quoi cette opération a-t-elle été délicate ?

JFM : Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, le travail sur le Carreau du Temple ne pouvait pas restituer l’échelle de ces grands ensembles de Halles centrales.

Le projet a donc choisi, plutôt qu’un parti pris d’authenticité archéologique, un parti pris d’idéalisation, d’amplification poétique de la structure fine de la Halle du Carreau.

Dès lors, le travail architectural a consisté dans un premier temps à alléger partout pour réduire la masse apparente de la structure existante à la stricte épure structurelle. Puis dans un second temps, il a cherché à ouvrir partout les transparences afin d’inviter la lumière et le regard des Parisiens à circuler librement, à toute heure du jour et de la nuit, en filigrane de cette structure retrouvée. On voit dans cet énoncé que, derrière l’objectif de simplicité, se cache une réalité de projet complexe et délicate puisque tout le travail acharné du projet consiste à épurer, à simplifier et à rendre, par moments, invisible les mille interventions de l’architecte…

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Quels étaient les enjeux et les défis ?

JFM : Les défis rencontrés ont été de plusieurs types, j’en choisis trois. Evoquons d’abord les négociations des autorisations administratives concernant les modifications apportées au monument. Il a fallu convaincre les autorités en charge du patrimoine que ce parti pris d’allégement pouvait aller jusqu’à supprimer les murs maçonnés d’origine. Ces remplissages en briques n’avaient aucun rôle dans la stabilité de la structure métallique en tant que tels mais étaient des éléments historiques qui constituaient le système de clôture du Carreau depuis 150 ans. Nous avons proposé de les remplacer par un jeu de grilles inox qui permet une transparence le soir entre l’intérieur et l’extérieur et ouvre ainsi cette relation entre l’espace de la Halle et la rue, et permet au nouveau Carreau de jouer pleinement ce rôle de lanterne sur l’espace de la rue. Nous avons rencontré des réticences de la part de certains experts en conservation qui campaient sur une position plus archéologique de restauration alors que nous avions une interprétation plus libre de ce qui nous paraissait l’essence de cette architecture métallique du 19e siècle. Je crois que nos interlocuteurs ont vu le soin porté à chaque détail dans la conception de ce nouveau projet et l’attention portée par l’agence à ces substitutions de matériaux dans le projet, je pense que cela a clarifié que les évolutions que nous proposions ne pouvaient pas dégrader à terme la qualité d’ensemble du monument, bien au contraire ! Nous avons réussi à convaincre, et c’est une bonne chose.

Ensuite, il a fallu appréhender l’intégration discrète des normes de construction du 21e siècle dans un bâtiment du 19e siècle. Les nouvelles normes qui pèsent sur la construction en termes de performance acoustique et énergétique ou de sécurité incendie, les politiques de la ville en termes d’intégration du solaire dans les constructions, nous ont été imposées par le maître d’ouvrage pour des raisons opérationnelles faciles à comprendre. Il reste que l’application de normes contemporaines présente le risque de totalement dénaturer le caractère et l’authenticité d’un bâtiment si frêle et si léger. Nous avons travaillé sur l’enveloppe du carreau afin de lui conférer toute la performance attendue en matière énergétique et acoustique et en même temps conserver sa légèreté apparente et son caractère historique fait de petits modules, tout cela a constitué un vrai challenge.

L’enveloppe telle qu’elle a été réalisée a demandé des milliers d’heures de travail de conception et constitue un tour de force technique que personne ne verra ! Et c’est très bien comme cela !

Enfin, je voudrais parler du suivi au quotidien d’une opération de cette nature.

La vraie nature de ces projets fait qu’ils croisent tout à la fois les logiques de production de la construction contemporaine (rentabilité, efficacité, gestion du temps de travail) avec la logique de conservation quasi archéologique liée au caractère exceptionnel du Carreau du Temple. La réconciliation de ces deux logiques dans une pratique de projet et de suivi de chantier oblige à une présence constante sur le chantier. C’est un fait que la gestion de cette complexité est de plus en plus difficile à faire partager pour des raisons objectives (réduction du temps de travail, rentabilité fragilisée des entreprises, perte de formations à l’Histoire, perte de la conscience artisanale traditionnelle). Seul l’architecte peut apporter sur le site cette présence informée et sensible, qui peut permettre au chantier de négocier les constants compromis et arbitrages que la vie quotidienne du chantier amène. Le rôle de l’architecte devient dès lors central et doit être reconnu comme tel. À titre d’exemple, Thomas Rouyrre, chef de projet sur le chantier du Carreau du Temple a été une présence quasiment à plein temps durant trois ans.

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Votre agence est reconnue pour sa capacité à restaurer le patrimoine urbain en France et à l’étranger, notamment en Asie, une restauration qui apporte également une dimension contemporaine. En quoi cette volonté de protéger l’existant est-elle importante mais aussi délicate compte tenu des contextes urbains ?

JFM : On assiste partout dans le monde à une croissance urbaine et économique qui est la conséquence de l’extension des villes, de l’exode rural, de l’émergence des classes moyennes qui sont les principaux demandeurs de cette croissance échevelée… Dans le même temps, il est intéressant de constater que dans les sociétés civiles, et au sein de ces mêmes classes moyennes, des réticences se font jour et des sensibilités s’expriment ouvertement pour la prise en compte plus attentive des situations historiques et paysagères dans les logiques de développement… C’est le cas en Europe depuis longtemps mais cela devient aussi le cas en Asie.

Il est clair, en effet, qu’en Birmanie, en Thaïlande, à Singapour, au Cambodge, au Vietnam, et même en Chine, les voix opposées à la démolition de monuments, de quartiers historiques, ou des paysages sensibles sont aujourd’hui écoutées…Les dirigeants politiques l’ont bien compris qui ont gelé ou modifié la plupart des projets de démolition et recherchent aujourd’hui des solutions de réutilisation. On peut dire qu’il est presqu’impossible de détruire un bâtiment à l’image des Halles Baltard dans n’importe quel centre-ville du monde aujourd’hui sans provoquer une révolution. Trente ans après, les sociétés civiles ne l’accepteraient plus !

Cette tendance récente recouvre certainement un tournant dans les sensibilités sur les valeurs associées à la croissance urbaine planifiée à l’infini… Elle reflète une volonté de ralentir les processus de construction et d’inviter d’autres dimensions dans les logiques de développement du cadre de vie (historique, paysager, rituels). Il est trop tôt pour dire quelles formes prendra cette tendance d’aujourd’hui, quelles influences elle va avoir sur les politiques de développement urbain ou sur les pratiques architecturales, on peut seulement constater son existence et son influence croissantes dans le débat public au sein des centres urbains constitués.

L’agence s’est trouvée, dans les différents projets qu’elle a eu à réaliser, prise au cœur de ces questions sur l’importance de la restauration du patrimoine architectural existant et sur sa nécessaire réutilisation en Europe et en Asie. Dans toutes ces occasions, l’agence a tenté de dépasser les logiques de conservation pure et de proposer en plus d’un savoir-faire de conservation exigent, une approche architecturale contemporaine et libre inspirée du lieu et des situations. Le Carreau du Temple, la nouvelle entrée du Musée de l’automobile à Mulhouse, ou la National Art Gallery à Singapour témoignent de cette approche tout à la fois respectueuse, attentive et néanmoins contemporaine et libre.

Architecture & Patrimoine : les deux facettes du studioMilou architecture

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Le chantier de la National Gallery à Singapour est en voie d’achèvement, c’est un important projet de reconversion, sur quels critères votre agence a-t-elle gagné le concours ?

JFM : Le projet de la National Art Gallery propose de réutiliser deux des Monuments Historiques majeurs de Singapour, le City Hall et la Supreme Court pour en faire un Musée d’art moderne et contemporain dédié aux Arts de l’Asie du Sud-est. La surface de la nouvelle institution est de 60 000 m2 et l’investissement consacré à l’opération avoisine les 500 000 000 de dollars sg. Nous avons gagné le concours international d’architecture en 2007.

Le projet du studioMilou propose de relier les deux monuments par un voile qui flotte sur les toitures terrasses des deux monuments. Ce voile complexe de verre et d’acier, tel un grand « sari » posé sur les deux monuments, invite et filtre la lumière intense du ciel de Singapour; il crée de nouveaux espaces baignés de lumière naturelle ouverts à la promenade des visiteurs et vient délicatement s’ajuster sur le jeu de niveaux des façades du Suprême Court et du City Hall.

Le projet n’impacte pas l’architecture des deux monuments, mais en ouvrant tout un paysage de toitures ouvertes à la circulation et de passerelles entre les deux bâtiments il change radicalement les parcours, les points de vue que les visiteurs auront sur les deux monuments. Le jury a apprécié cette solution élégante qui consiste à changer tout dans l’expérience du visiteur sans rien changer dans les deux monuments eux-mêmes.

Au contact du chantier, on comprend très vite que derrière cette très grande simplicité de composition se cache une exigence de sobriété et de parfait ajustement géométrique qui en fait un projet très délicat et d’une très grande complexité. Comme pour le Carreau du Temple, la résolution au quotidien des mille questions posées par les monuments, oblige l’agence à une présence constante sur le chantier. Le studio Milou architecture a ouvert à Singapour une filiale de son agence de Paris et 15 architectes à temps complet sont dédiés au suivi de la qualité architecturale pendant la phase de construction. ©

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fondateur de studioMilou architecture

Jean François Milou

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Dès le départ, Jean François Milou détenait son moyen d’expression qui deviendra plus tard sa marque de fabrique : l’art de préserver la tr(âme) d’une ville par l’enrichissement de sa continuité urbaine. Il fera de ce travail de réflexion sur la mémoire des lieux et la richesse enfouie des tissus urbains le suc de son action de bâtisseur. Elle le guidera, ensuite, dans sa manière d’utiliser l’architecture pour mettre en scène des activités cachées afin de leur redonner des lettres de noblesses.

Dans son département d’origine des Deux-Sèvres, l’apprentissage quasi anthropologique du fonctionnement de la petite ville industrielle de Cerizay l’a conduit à des interventions subtiles (place couverte, secteur piétonnier, hôtel des postes) qui ont fondé son métier d’architecte. Par la suite, à Niort, il agira de même concevant la mairie comme « un bâtiment tissu urbain » traversé par un passage couvert bâti sur une ancienne rue condamnée. Sur ce même territoire - qui lui a pour ainsi dire servi de laboratoire - il a réalisé, en 1993, le musée des Tumulus à Bougon, sa première incursion remarquée dans la sphère des projets culturels.

Lorsqu’il lance son agence en 1997, le voici repéré comme un maître d’œuvre à part, qui plus est voué aux projets de réhabilitation-reconversion. Un cheminement qui ne lui nuira pas : le studio Milou connaîtra un certain succès dans le domaine des consultations en étant lauréat pour la restructuration de la gare maritime de Cherbourg, la Cité de la Mer (2002) ; pour la réhabilitation de l’ancienne filature des frères Schlumpf qui abrite le musée national de l’automobile devenu Cité de l’Automobile, (2006) ; ou encore pour la mise en lumière d’importantes fouilles archéologiques en Géorgie aujourd’hui visibles au site de Dmanisi (2010). Identifié comme un spécialiste des questions de patrimoine, il effectuera plusieurs missions pour l’Unesco en Inde et à Bali.

En 2005, alors qu’il réorganise son agence avec Thomas Rouyrre, Karim Ladjili et Florence Soulier, ses trois associés, Jean François Milou atteint la maturité d’une écriture personnelle à la fois empreinte de classicisme et ponctuée d’éléments modernistes. Familiarisé avec l’Asie, il remporte, en 2007, le prestigieux concours de la National Art Gallery de Singapour, un nouveau défi pour l’agence parisienne qui décide, en 2008, d’implanter sur place une succursale réunissant 25 collaborateurs. Ce premier grand projet d’envergure à l’étranger ouvrira ses portes en 2015, mais auparavant, le studioMilou architecture livrera le Nouveau Carreau du Temple, à Paris, et la Place de la Brèche à Niort, un nouvel espace public central de la ville.

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projets du studioMilou architecture

2014 Place de la Brèche, Niort (Deux-Sèvres)

Le projet amorcé en 2003 entend redonner une dimension urbaine à l’ancien champ de foire de Niort bordant les remparts. Espace central de la ville, transformé en parking de 1200 places à ciel ouvert, il est devenu peu à peu le centre géométrique de la ville moderne. L’objectif vise à intégrer de façon invisible – et c’est la complexité de cet aménagement – plusieurs fonctions du programme ; notamment, un complexe cinématographique de 12 salles, une galerie d’exposition (1500m2) ainsi qu’un garage (530 places), des cafés, restaurants, un pôle transport pour la desserte locale, étant entendu que des jardins à thèmes et un miroir d’eau équiperont le tracé de cet espace « apaisé ». Jean François Milou propose, ici, des solutions qui réconcilient les tendances contradictoires de l’opinion publique (un parc sans nuisance mais avec des activités) en réduisant l’impact des émergences telles que les serres et les kiosques. Dans ce travail, l’architecture s’est effacée, n’intervenant qu’à des points stratégiques de la place afin que le paysage reprenne progressivement le dessus. Un tissage se fait jour entre la trame de composition des éléments enterrés (garage souterrain, cinémas) et celle du jardin lui-même. Ce tissage architectural sensible permet au paysage de s’insinuer naturellement dans les infrastructures devenues invisibles. Le site a retrouvé sa nature d’origine.

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2013 Le centre de conférences, Quy Nhon, Vietnam

Sous l’impulsion de son fondateur Jean Tran Thanh Van, l’Association Rencontres du Vietnam a développé depuis 20 ans un réseau d’étroite coopération internationale entre chercheurs du monde entier grâce à l’organisation de conférences de haut niveau réunissant scientifiques des pays développés aussi bien qu’émergents, jeunes étudiants asiatiques et lauréats du prix Nobel.

Afin de renforcer ce lien étroit entre le Nord et le Sud et pour lui donner une dimension nouvelle, la création du Centre International de Rencontre Scientifique Interdisciplinaire (International Centre for Interdisciplinary Scientific Encounters) à Qui Nhon (une heure d’avion d’Ho-Chi-Minh Ville) représente une opportunité pour un nombre limité de partenaires. Ceux là mêmes qui souhaitent être associés au développement d’un projet à haute valeur culturelle, scientifique, de transfert de connaissance et de coopération internationale.

L’agence retenue pour la création de l’ICISE est le studioMilou architecture fondé par Jean François Milou, maître d’œuvre français également implanté à Singapour et reconnu pour son expertise en matière d’architecture des bâtiments à vocation culturelle ou éducative.

Sur un site de 20 hectares, ce projet est davantage qu’un simple centre de conférences. Entre une plage de 300 m de long, une cocoteraie, des falaises de rocher et une rivière bordée de rizières, le lieu porte en lui une dimension paysagère qui a inspiré Jean François Milou. Dans ce cadre préservé, l’architecte a imaginé un fin péristyle en béton de teinte gris brun posé sur la rive droite, il a la hauteur des arbres et semble surgir de la végétation pour finalement disparaître sous la canopée. La simplicité de la composition, comme un long coffret surgissant de la masse végétale, donne au lieu des colloques le caractère d’un pavillon de méditation et une identité visuelle unique depuis la route nationale.

Ce bâtiment qui accueille un auditorium (300 places) et des salles de conférences offre des vues spectaculaires sur la mer et la montagne. L’alternance des pleins et des vides en façade permet d’abriter des espaces intérieurs des rayons de soleil tout en cadrant des vues sur le paysage.

Au delà du Centre, pièce maîtresse de cette composition spatiale, le site est aménagé pour recevoir un hôtel, un restaurant, une piscine, un spa, des terrasses hautes, et des bungalows construits avec le même vocabulaire architectural que le bâtiment péristyle. L’idée forte étant de créer une atmosphère propice au développement du savoir et à l’épanouissement de la personnalité humaine.

2015 National Art Gallery, Singapour

L’intervention du studioMilou architecture consiste à réunir en un seul et même bâtiment l’ancienne mairie (1920) et la Cour suprême (1939), deux monuments historiques de 40 600 m2 situés dans le centre ancien. Hérités de la période coloniale, ces édifices sont les témoins des évènements majeurs de l’histoire récente de Singapour. Cette restructuration qui abritera une vaste galerie d’art moderne et contemporain est un geste fort du gouvernement, un engagement artistique néanmoins indispensable pour que Singapour accède à un niveau de reconnaissance international. Le parti pris est d’unir les édifices par une galerie souterraine et de couvrir les deux toits d’une même canopée. Ce voile métallique en forme d’anse de panier à la fois transparent et occultant enveloppera l’architecture sans jamais la toucher. Les structures métalliques supportant cette nouvelle toiture habitée ressemblent aux branches géantes de cinq arbres ancrés au sol, un enchevêtrement complexe à faible impact sur l’architecture existante. studioMilou architecture est également chargé de l’aménagement intérieur.

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liste des lots et des entreprises

Fouilles arChéologiques lot 01 déMolition lot 02.1 gros-œuvre lot 02.2 Charpente Métallique lot 03 Couverture / Zinguerie lot 04 Menuiserie extérieure / serrurerie lot 05a Menuiserie intérieure bois lot 05b pareMents bois lot 06 revêteMents de sol bois lot 07 plâtrerie /doublages lot 08 revêteMents de sol durs lot 09 peinture lot 10 ChauFFage/ventil./raFF. lot 11 ploMberie lot 12 eleCtriCité CF / CF lot 13 appareils elévateurs lot 14 plâtrerie / doublages

lot s1 MaChinerie sCénique lot s2 eleCtriCité sCénographique lot s3 audiovisuel lot s4 sièges de l’auditoriuM

lot M1 signalétique lot M2 equipeMents sportiFs

EVEHA Isabelle CaillotdgC Cord Home, Giordanopradeau-Morin Didier Bavard, Romain Chiesa, Ludovic LamusseATELIER TOTEM synthèseeiFFage CM Thierry Baudoin, Romain Mendel, Gwenael PedronlenY Jean Christophe Leny, Didier Devoucouxloison Frédéric Caux, Jerôme Motte, prodesign Franck Fraioli, Marc Wallerand, Juan Rekisbonnardel Arnaud RenardJMs / FroMent Yorrick Dosquet, Daniel FromentClestra stabi Rémy AzraFlipo Nicola AdamovelieZ Patrick Kowalski, Rambobalas Stéphane Albert, Fabrice Defaye, Omar DeghrarduCre Olivier Didier, Thierry Dufourineo Kevin Hyppolite, Abdel Jalil RhoumathYssen Krupp Joaquim Pereiradbs Igor Findiczwe, Nicolas Decoudier, Sylvain Dasilva

aMg FeChoZ Clémentine Lebret, Claude Polycarpeineo Olivier DantanaMg FeChoZ Jean Marc Senejouxdelagrave Mickael Rebillet

bosCher Philippe DuytscheCaMMa sport Thierry Loubradou

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agence 14 septembre Viviane Kajjaj

[email protected] ter, rue du Temple, 75003 Paris

+33 (0)1 55 28 38 28+33 (0)6 12 29 58 58

www.14septembre.fr

studioMilou architectureAgueda de Urruela

[email protected] rue du Temple 75003 Paris

+33 (0)6 42 11 78 68+33 (0)1 42 71 65 32

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