le positionnement du château du clos lucé en · il y passe 3 ans de sa vie. il est nommé premier...

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1 Le Positionnement du Château du Clos Lucé en tant qu’entreprise touristique culturelle privée Conférence donnée par M. Paul Riffault Responsable de l’action pédagogique au Château du Clos Lucé Le 11 Mars 2014, à l’Office de Tourisme de Paris dans le cadre des conférences de lIREST Compte-rendu réalisée par : Calypso Coene, Cécile Coutu, Emilie Emond, Hedwige Labardin, Katell Peron, Lara Romagnolo, Katerina Tzima, Angélique Vétral, Natalia Zabozhenko Master I Spécialité Gestion des Sites culturels et Valorisation Touristique

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Le Positionnement du Château du Clos Lucé en

tant qu’entreprise touristique culturelle privée

Conférence donnée par M. Paul Riffault

Responsable de l’action pédagogique au Château du Clos Lucé

Le 11 Mars 2014, à l’Office de Tourisme de Paris

dans le cadre des conférences de l’IREST

Compte-rendu réalisée par :

Calypso Coene, Cécile Coutu, Emilie Emond, Hedwige Labardin, Katell Peron, Lara

Romagnolo, Katerina Tzima, Angélique Vétral, Natalia Zabozhenko

Master I – Spécialité Gestion des Sites culturels et Valorisation Touristique

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Introduction :

Monsieur Riffault travaille au Château du Clos Lucé. Dans un premier temps, il va expliquer

son parcours puis son positionnement sur différents sujets. Il a un Master en Gestion du

Patrimoine culturel réalisé à Orléans précédé d’une maîtrise d’histoire en recherche. Son

premier poste, à la sortie de son stage, a été de travailler au Conseil Général du Loiret au

Château de Sully sur Loire. Qui dit Conseil Général, dit administration publique. Il y a

travaillé 7 ans et cela va lui permettre d’avoir un discours beaucoup plus modéré sur le public

et sur le privé. Il y a 2 ans il a eu l’occasion de partir au Château du Clos Lucé qui est un site

100% privé et qui le revendique. De ce fait, il a cette double vision publique/privée avec les

tenants, les aboutissants, les fonctionnements qui sont complètement différents d’un site à

l’autre, d’une administration à l’autre. Il n’a jamais passé le concours, malgré le fait de sortir

d’un Master qui devait l’amener vers le concours. Il ne l’a pas passé volontairement parce

qu’il savait que le privé existait. Les deux secteurs existent et il y a des passerelles qui se font

très bien. 7 ans sans concours, 7 ans de contrats d’un an. Par conséquent, quand l’opportunité

s’est présentée de partir, il a décidé de changer pour aller au Clos Lucé.

Le Château du Clos Lucé est la dernière demeure de Leonard de Vinci. Léonard de Vinci

est arrivé en France en 1516 à la demande de François 1er

. Ils se sont rencontrés, environ, un

an avant lors de la fameuse bataille de Marignan. 1515 est la date du voyage en Italie de

François 1er

qui rencontre alors le grand Leonard de Vinci et qui lui dit « viens chez moi,

viens en France ». Cela tombait bien pour Leonard parce qu’il était dans une période, un petit

peu, de disgrâce. Il avait fait le tour des mécènes possibles, il avait fait Florence, Milan,

Rome. La particularité de Leonard est que, comme il « batifole » un petit peu : il est sur un

chantier, il n’y est pas, il livre une commande, il prend l’argent, il ne prend pas la

commande… Il avait un petit peu usé tout le monde. Il était temps pour lui de changer

d’horizon. C’est à ce moment-là qu’il décide de partir en France. En 1516 il prend son âne, il

traverse les Alpes et il vient en France avec 3 tableaux, 3 fameux tableaux : la Joconde, le

Saint Jean-Baptiste et Sainte-Anne, la Vierge et l’enfant. Ces 3 tableaux resteront en France.

Léonard meurt en 1519. Léonard est aujourd’hui enterré à Amboise, il est resté sur place. Il

est allé à 200 mètres en face.

En plein cœur du Val de Loire, il y a un triangle « magique ». Il y a Tours, complètement

à l’ouest, Orléans à l’Est et entre, il y a 150km, c’est le Val de Loire. Léonard est donc arrivé

ici. Il y passe 3 ans de sa vie. Il est nommé premier peintre, ingénieur et architecte du Roi. À

la mort de Leonard, le Château du Clos Lucé reste dans le giron royal. Le Château avait été

acheté, a été donné à Leonard en logement de fonction et ce logement de fonction reste dans

le giron royal jusqu’à la Révolution. Il faut savoir que ce site a toujours été habité sous le

format de demeure privée. Certes, il appartenait au domaine royal, mais quand il était à

Leonard on peut considérer que c’était une demeure privée. Le Château du Clos Lucé est

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toujours resté dans un secteur privé. À aucun moment, l’administration, que cela soit une

municipalité, que cela soit un département, une région n’a été propriétaire de ce site. Le

Château a été récupéré par la famille Saint-Brice que vous connaissez surement. Il a été

racheté en 1854 et il a été ouvert au public en 1954. Cela va être important pour la suite de

notre discours. Le bâtiment étant acheté depuis longtemps, les murs ne sont donc pas à

rembourser, ce qui nous permet de dégager des fonds et d’avoir suffisamment de financement

sans avoir cela sur le dos.

Au niveau du positionnement du Clos Lucé en tant qu’entreprise privée. Mr Riffault nous

annonce qu’il va faire un parallèle avec le public régulièrement. Son objectif n’est pas de

critiquer le privé ou le public puisqu’il estime qu’il y a du bon partout. Il partage une

expérience et différents points de vue et abordera différentes thématiques : entreprenariat,

service, existence, commercialisation…

Comment exister au milieu de cette densité dans le Val de Loire ? Dans le Val de Loire, il y

a : Chambord, Chenonceau, Cheverny, Villandry… Dans le grand Val de Loire, il y a une

association qui s’appelle l’association de la Vallée des Rois. Elle s’étend de Saint-Nazaire, va

jusqu’à Nevers : à peu près 120 sites. Or au milieu de tout cela, il faut savoir se démarquer, il

faut trouver un positionnement, il faut pouvoir dire « pourquoi venir chez nous plus qu’en

face ». La concurrence existe en local puisqu’à 400m du Clos Lucé, il y a le Château royal

d’Amboise. Pour faire un petit parallèle, c’est un petit peu comme Versailles et le Trianon.

Amboise était la demeure royale, et le Clos Lucé, était un petit peu la résidence d’été pour se

retirer de la cour. À 400m, cela ne change pas beaucoup, mais à l’époque cela comptait.

Pourquoi venir au Clos Lucé plutôt qu’au Château d’en face et comment faire ?

Légitimement, il y a une thématique qui tombe sous le sens. Utiliser Leonard de Vinci : il

reste un personnage mondial, un personnage reconnu partout. Il a des études qui ont été faites.

On peut présenter la Joconde n’importe où, il y a très peu de pays où il y a très peu de

civilisations qui vont vous dire « non, on ne connait pas ce sourire », « non, on ne connait pas

ce regard ». Le Clos Lucé a cette chance-là. Il y a une double légitimité : la France n’a pas

volé la Joconde sous Napoléon, elle est bien restée en France en permanence. Elle a été

vendue à la mort de Leonard directement à François 1er

et la Joconde est restée dans le giron

royal en permanence. Elle s’est promenée à Fontainebleau, elle est revenue, elle est partie, on

a fait des copies… C’est ce qui fait aujourd’hui que la France est un des grands centres en

termes d’œuvres de Leonard. Les 3 œuvres citées sont au Louvre. Avec la Vierge au Rocher,

cela fait 4.

Le positionnement du Clos Lucé par rapport aux autres sites de la Vallée de la Loire

Le positionnement du Clos Lucé repose en partie sur la distinction faite entre le parc et le

château lui-même. À l’inverse du Château de Chaumont par exemple, la promotion faite

autour du site a mis en place une dichotomie très claire entre le château et le Parc qui permet

d’envisager le parc en tant que le prolongement de la pensée de Léonard de Vinci. C’est cette

dichotomie même qui fait que le site parvient à tirer son épingle du Jeu au sein du groupe de

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sites environnants. Le parti pris établi depuis quelques années a en effet permis de

redynamiser la fréquentation avec une hausse de plus de 100 000 visiteurs en l’espace de

trois ans. En termes de positionnement par rapport à la Vallée de la Loire, cela le situe dans le

« Top 5 ». S’il est difficile de déterminer son positionnement exact, l’appareil statistique

donnant des données toutes relatives, on sait néanmoins est presque en mesure de rivaliser

avec les Châteaux, Ambroise et se place devant le Château de Chaumont. La taille des sites

est bien sûr un argument à prendre en compte, mais pour autant il ne s’agit pas là d’un facteur

discriminant. Chacun des sites est en effet parvenu à imposer une image propre en termes de

communication grâce au développement d’une « maxime ». Le Château de Chambord est

naturellement associé à la figure de François de Ier et occupe une place très forte dans

l’imaginaire collectif dans la mesure où il est considéré comme le « Château de la

Renaissance » par excellence. Le Château de Chenonceau est quant à lui connu comme le

« Château des Dames ». Chaumont a décliné son Festival « Des Parques et Jardins » et ses

concours d’horticulture qui a presque effacé à tel point que le château est en train de

disparaître. Enfin, le Château d’Amboise joué énormément sur son positionnement

géographique privilégié avec le promontoire sur lequel il est installé qui domine la Loire. Le

positionnement géographique constitue également un véritable atout pour le Clos Lucé qui

bénéficie de la chance d’avoir deux sites importants sur 400m d’hectares. Le site peut ainsi

proposer une offre double qui permet de remplir une journée assez facilement.

La promotion et commercialisation du site

Avec la privatisation du site, sa commercialisation était essentiellement assurée par le

Conseil Général. Toute la commercialisation et toute la promotion étaient alors déléguées au

Conseil Départemental du Tourisme qui représentait conjointement les trois sites appartenant

au Conseil Régional du tourisme à savoir : le Château de Chamerolle, le Château de Gien le

Château de Sully. L’action en interne était par conséquent réduite au néant et le site payait les

frais d’une opacité totale entre la structure elle-même et l’action menée en marge par le

Conseil Régional. Aujourd’hui le schéma a été totalement revu. La commercialisation et

promotion du site a été pris en charge par 7 personnes du Clos Lucé soit la quasi- totalité la

quasi-totalité du bureau dédiée à son développement. Au sein de celui-ci, on compte 4

commerciaux en charge de la promotion auprès des scolaires, publics adultes, séminaires et

comités d’entreprise, deux personnes travaillant sur la communication et le directeur du site

lui-même, le reste du personnel étant en charge de l’exploitation. L’action commerciale est

répartie sur deux secteurs : d’une part le marché autonome et d’autre part la mutualisation. Le

marché autonome s’effectue surtout à l’échelle nationale. Mais il arrive également qu’il puisse

être exploité de manière profitable à l’étranger lorsque l’on possède un partenaire ou contact

déjà implanté dans ce pays (l’un des commerciaux du Clos Lucé est par exemple parti en

mission de démarchage autonome avec un restaurateur déjà implanté là-bas. Pour le reste

l’essentiel de la commercialisation s’effectue via un principe de mutualisation. Les

commerciaux ne passent pas moins d’une centaine de nuits à l’étranger pour aller chercher ou

consolider des marchés émergents (clientèle asiatique et sud-américaine). L’argument

promotionnel majeur est alors la figure universelle de Léonard de Vinci. Parallèlement à cela,

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le Château du Clos Lucé bénéficie aussi du rayonnement d’un territoire, celui du Val-de-Loire

qui lui permet de développer une véritable force de proposition dans le discours et de profiter

de l’ « effet groupe ». L’idée, lorsque l’on s’adresse à une clientèle étrangère, c’est de vendre

une offre globale en associant Le Château du Clos Lucé à la Vallée de la Loire, à

l’oenotourisme, les excursions en montgolfière, qui permettra de mettre en place des séjours

plus longs. C’est la raison pour laquelle le Château du clos Lucé s’inscrit dans une dynamique

de réseaux et d’initiatives quitte à se confronter à des structures plus importantes. Il s’agit de

mutualiser les ressources culturelles d’un territoire pour mieux en tirer profit. Cela implique

par la même une bonne connaissance du territoire. L’intérêt du partenariat devient alors

double : il s’agit d’accroître la fréquentation d’une part, mais également de mettre en place

une comptabilité partagée. Des partenariats sont régulièrement établis avec l’Office de

Tourisme, la « Vallée des Rois ». Les « Grands Sites du Val de Loire », superstructure crée

pour gérer le classement UNESCO joue également un rôle important dans la mesure où il

permet une professionnaliser et une améliorer de la qualité des services non négligeable. Au

niveau national on notera l’importance d’Atout France qui assure la promotion de la France à

l’étranger. Sur ce sujet, le site a développé deux axes principaux : la distinction « Patrimoine

et tourisme » et « Tourisme pour les jeunes ». Si la première paraît logique, la seconde répond

davantage à un positionnement stratégique. Il ne s’agit pas d’aller chercher des scolaires à

l’étranger, mais plutôt des étudiants intéressés dans le cadre d’une année de césure, d’un

séjour linguistique, etc. La promotion à l’étranger, dans une démarche de mutualisation,

s’effectue le plus souvent à travers un des tarifs préférentiels, parfois très bas. Ils permettent

de mettre en place un processus de rétro commission établi sur un principe d’échange

d’intérêts et de compétences et de principes. De manière plus générale, ce principe permet de

redynamiser la filière tourisme, notamment sur le plan local, en faisant vivre restaurateurs et

aubergistes.

L’intervenant travaille dans le département pédagogique qui s’occupe des offres scolaires et

familiales. Il accueille chaque année 40 000 scolaires. 50% de ces réservations sont faites par

des agences (autocaristes ou hébergeurs) c'est-à-dire que 400 groupes viennent par

l’intermédiaire d’une agence. Il ne se soucie pas des tarifs préférentiels qui pourraient être

accordés aux scolaires puisque ces derniers payent les prix imposés par l’agence choisie. Il est

important d’avoir une bonne connaissance du territoire alentour, car il arrive de devoir

renseigner sur les offres d’hébergement. L’intervenant met donc en relation les hébergeurs

avec les publics. En contrepartie, les hébergeurs poussent leurs clients à visiter le Clos Lucé.

Une autre manière d’attirer le public est de mener une politique de mailing. De plus, durant la

haute saison, une personne est engagée pour approvisionner en dépliants tous les points

d’informations entre Orléans et Nantes. Ainsi, le Clos Lucé est présent dans tous les lieux

touristiques de la région. Une attention est portée au visuel du dépliant pour qu’il attire l’œil :

couleurs vives et portrait de Léonard de Vinci et de La Joconde qui fondent la particularité du

Clos Lucé. Cette année, une étape supplémentaire a même été franchie avec la création de sets

de table distribués aux restaurateurs. Être visuellement présent partout est donc le maître mot

de la communication mise en place par le Clos Lucé.

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Le Conseil Général du Loiret est propriétaire de trois châteaux : Sully-sur-Loire,

Chamerolles et Gien. Pour ces trois châteaux, les politiques de gestion sont différentes et il

n’existe aucune cohésion entre elles. Ainsi, le site de Sully-sur-Loire recherche l’équilibre

tandis que celui de Chamerolles mise sur des prix élevés.

En 1962, le Conseil Général rachète le château de Sully-sur-Loire. Tout est à recréer, un

nouveau départ est insufflé. Le château n’est plus meublé et se pose la question des moyens

pour le remeubler. Demander un million d’euros pour obtenir rapidement tous les meubles

nécessaires ? Du fait que l’argent provient du contribuable, le choix a été fait de demander

une enveloppe de cent mille euros par an. Les achats sont alors plus raisonnés, ils doivent

valoir le coup. À l’inverse, le Clos Lucé est avant tout une entreprise privée cherchant à

générer des profits et des marges. La gestion du budget est donc différente. Dans une

administration publique, le budget doit être décidé et détaillé un an et demi à l’avance.

Aucune rallongé n’est accordée à moins qu’une très belle occasion se présente. Le Clos Lucé

appartient à une famille qui y vit toujours, l’affect est donc à prendre en compte, mais

débloquer les fonds se fait de manière plus instantanée.

La politique tarifaire du clos Lucé :

L’intervenant est pour la culture pour tous. Il connaît les contraintes imposées par une

entreprise privée, tout argent investi doit être rentabilisé. Pour autant, il considère qu’il est

nécessaire d’équilibrer la programmation et les dépenses, entre animations rentables et soutien

à la création. En règle générale, la politique tarifaire du Clos Lucé est perçue comme élevée.

Cependant, il ne faut pas oublier que le site a une gestion complètement privée, il ne reçoit

aucune subvention et tout est réglé en financement propre.

On va partir vers l’aménagement des ateliers de Léonard, on remplacerait un salon XVIIIe

et réintégrer une époque Renaissance. Comme ce sont des fonds propres on est déjà en train

d’acheter petit à petit pour qu’en temps voulu, on soit capable de présenter un projet cohérent

et viable financièrement. On a un business plan, on n’ira pas chercher des travaux aussi

énormes que cela si derrière on n’a pas la trésorerie, si on n’a pas la fréquentation qui va avec.

Le problème c’est que les deux sont liés. Si on veut augmenter la fréquentation, il faut être

capable de présenter quelque chose de nouveau, quelque chose qui va se retenir, quelque

chose qui suscite de l’intérêt. Il faut avoir un projet, il faut qu’il y ait des visiteurs. Où est-ce

qu’on commence ? Qu’est-ce qu’on fait de raisonnable ? L’avantage du public c’est que l’on

peut inscrire quelque chose dans le temps, il y a le temps de poser les bases, sans demande de

rentabilité immédiate. Au Clos Lucé, il faut une rentabilité immédiate, si un projet est

proposé, que cela échoue, et qu’à la fin du projet, on est à -10000 €, cela ne passera pas deux

fois. Tout cela n’est pas forcément incohérent, la culture reste un sujet de financement. La

France est le leader mondial du tourisme, pas forcément dans le sens « je capitalise » ou « je

m’en mets plein les poches » mais il faut s’intégrer aussi dans un tissu. Concernant les

prestataires touristiques : un site fait vivre les hôteliers, la restauration, le site voisin qui est

plus petit, un artisan d’art qui est sur la route entre Amboise et Chenonceau, les caves. Vous

avez des retombées indirectes. Alors le conseil général peut capitaliser là-dessus, ce qui est

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investit pour le site c’est la ville qui est en face qui en profite. Le Clos Lucé est un site privé :

il faut qu’il soit rentable avant tout. Du coup il y a une question très serrée des dépenses et

notamment de la masse salariale, avec un double intérêt. L’objectif c’est forcément de réduire

au minimum les effectifs quand on est en basse saison. Actuellement on est une petite

vingtaine, 18. Cela inclut l’exploitation, les bureaux et la technique. En haute saison on passe

à 50. Entre les personnels d’accueil, de médiation, les services annexes, on passe à 50. Mais

tout cela relève toujours du même principe : « comment est-ce qu’on peut générer de l’argent

avec quelque chose de culturel ? ». Parler de tourisme fait moins « bondir ». Le fait de dire

culture et profit cela fait un peu bondir, le fait de dire tourisme et profit, c’est mieux accepté.

Les choses sont en train d’évoluer. Ce n’est pas pour autant qu’il faut négliger la création, ce

n’est pas pour autant qu’il faut négliger les soutiens aux artistes, ce n’est pas pour autant qu’il

faut négliger la recherche, cela fait aussi partie de notre cœur de métier, c’est d’être capable

d’avoir un discours scientifique et cohérent, tout en ayant la capacité de fonctionner comme

une entreprise. Pour multiplier les profits, en tout cas les sources de profit, il y a différents

leviers. Certes il y a la visite, c’est un grand classique, mais tout le monde l’a. Ce que vous

avez en plus, ce sont ce qu’on appelle les services annexes qui permettent d’augmenter la

trésorerie et aussi d’augmenter le temps de visite sur le site. Si on prend les grands classiques,

il y a la boutique. C’est devenu un incontournable, n’importe quel site maintenant propose au

moins un jeu de cartes ou un livre sur son comptoir. Ce n’était pas forcément le cas il y a

encore vingt ans, maintenant c’est acté. La boutique, l’intérêt est de pouvoir proposer un

complément à la visite : quelqu’un a visité votre site, mais qu’est-ce que qu’il peut emmener

de votre visite ? Pas un caillou, pas une brique, pas un meuble. Tout se vole dans un site.

Tout : on peut voler les charnières, les caches charnières sur une porte, cela s’est vu. On peut

voler les embrases des rideaux, cela s’est vu aussi. Donc toute la sécurité que l’on peut voir

sur un site, les mises à distance, des fois cela paraît superflu, cela parait disgracieux, mais tout

cela une fois que vous êtes dedans, vous n’avez plus le même regard. C’est-à-dire que le

touriste, il y a forcément une suspicion à un moment, plus il y a de touristes, plus il y a un

risque. Une porte qui n’est pas fermée à clé est une porte ouvrable. Oui, ça paraît bête, mais

même s’il y a un sens interdit, interdit au public, « ce n’était pas fermé à clé » ! La boutique

permet d’emmener quelque chose. L’idée bien entendu est de lutter contre le vol, donc une

surveillance accrue, puisqu’il en faut pour tous les budgets. Il en faut pour le scolaire qui vient

en voyage, qui a un billet de 10 €, il en faut pour le coréen ou le japonais qui a un billet de

500€ ou aux Russes. Les produits grands publics se déclinent, les ouvrages classiques, sur la

Renaissance, sur Léonard, sur François Ier et puis jusqu’au produit griffé, c’est le produit

« ++ », un rayon, une balle, une gomme, un tapis de souris. Même quand un produit ne

semble pas bien, il se vend quand même. Une boutique peut représenter jusqu’à 10% du

budget. En fin d’année, ce n’est pas négligeable. Le deuxième grand classique, la restauration.

Au clos Lucé il y a trois restaurants. Pour un château qui fait cette salle, il y a certes 7

hectares de parc, 3 restaurants… un ouvert toute l’année, une crêperie. Pourquoi une crêperie

au milieu du Val de Loire ? Avec Léonard, l’Italie... Très certainement parce que cela ne

coûte pas cher en matières premières. Une crêperie, un snack, grill, salade en très haute saison

et un restaurant Renaissance. Quand je dis un restaurant Renaissance, c‘est dans un ancien

prieuré qui date de l’époque de la construction du château de clos Lucé. Service avec des

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aliments de l’époque, on vous annonce les plats, recettes de l’époque et service en costume.

Bancs en bois, chaises en bois. L’idée c’est toujours d’aller jusqu’au bout de votre expérience

de visite, c’est quelque chose qui se fait et qui se décline très bien au Puy du Fou. Le Puy du

Fou reste une référence dans le Val de Loire en tout cas, sur la création d’un parc historique,

d’un parc à thème historique. Ils ont réussi à aller très loin. Et c’est une référence qu’on nous

ressort très régulièrement, en tout cas au Clos. La proximité fait aussi que cela marche bien. Si

vous n’avez jamais fait le Puy-du-fou, allez-y, il y a énormément de bonnes pratiques.

Pour revenir à la nourriture du restaurant Renaissance du Clos Lucé, en fait on cuisinait

beaucoup avec les épices à l’époque, les grands voyages. L’idée n’est pas de faire manger

n’importe quoi, on a modernisés un peu, mais d’aller jusqu’au bout de votre expérience de

visite. En commençant par la visite d’un site, on entre dans une époque renaissance et pour

allez jusqu’au bout, jusqu’à avoir votre déjeuner renaissance. Boutique, restauration et, de

plus en plus maintenant, les séminaires, la location d’espaces. Cela se fait de plus en plus dans

le cadre de grands événements. Ca peut être une réunion de travail à dix personnes, la capacité

proposer un service complet, c’est-à-dire décentraliser une réunion, team building ou pas team

building. Proposer une visite qui a le petit plus, proposer une animation, proposer une

restauration, de qualité renaissance ou pas renaissance. Avoir quelque chose qui permette

d’aller plus loin. Une location de salle, c’est 200 € auxquels on rajoute les entrées, 10 repas,

cela ne prend pas beaucoup de temps quand l’espace est disponible. Si effectivement il faut

vider un château ou la moitié d’un château pour le mettre à disposition, cela se complique

plus.

L’aménagement des espaces et la nécessaire rentabilité :

Le château de Sully présente des avantages comme de très grandes salles permettant des

conférences ainsi que de grands événements. Cependant, le château ne présente pas certaines

commodités comme l’eau courante, le chauffage, l’absence de cuisine ainsi que de traiteur.

Les activités doivent donc être réalisées en pleine saison, ce qui implique une privatisation du

site ou la création d’un circuit parallèle. Les sites essayent aujourd’hui de plus en plus de

s’équiper et de se réinventer pour les besoins du public. La politique du Clos Lucé est d’avoir

une surfacturation des expositions temporaires. Le Clos Lucé est un des musées les plus chers

du val de Loire. L’entrée est à 14 euros pour les adultes auquel il faut rajouter 5 euros de plus

pour une exposition. Cependant des produits ont été réalisés comme celui famille ainsi que

des réductions pour les groupes. Suite à ce prix la qualité doit être évidemment à l’ordre du

jour ce qui implique une communication honnête et d’avoir un standard de qualité. Le musée

doit répondre à certains critères sur la qualité du musée vis-à-vis du touriste par exemple la

bonne communication, la signalétique, l’organisation de la visite, etc.…Pour l’exposition

temporaire, le musée a pu avoir des originaux de Léonard de Vinci ; pour cela il a fallu

réaménager l’espace muséale, faire appel à des polices d’assurance. Suite au succès de cette

exposition, le musée en a fait une exposition définitive. Cependant elle reste toujours payante.

Au Clos-Lucé se trouve une petite pièce d’eau que Léonard de Vinci a utilisée pour la

propulsion et l’hydraulique, notamment pour les bateaux à aube. Dans cette pièce on trouve

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quatre barques qui requièrent 2 euros. Cela fait partie de la politique de ce musée où il y a

beaucoup de maquettes actionnables grandeur nature pour faire comprendre aux visiteurs leur

fonctionnement. Le musée comporte donc l’exposition, les restaurants et le tour en barque. Si

le visiteur participe à tout, ses dépenses sont aux alentours de 40/50 euros. Cela implique

l’obligation de proposer une visite durative. La visite dure donc entre 2 et 3 heures ce qui

prend une demi-journée d’un visiteur. Les tranches où il y a le plus de visite sont de10h à 15h

en incluant la restauration. Il y a possibilité de pique-niquer sur place pour les visiteurs. On

est dans une politique de service au public avant tout chose cependant tout service se paye. Le

but c’est que le visiteur ait le sourire en sortant du site, qu’il ait passé un bon moment et qu’il

en garde un bon souvenir. Les plus difficiles à convaincre restent les scolaires qui n’ont pas

forcément choisi la visite. Ce sont les acteurs du musée qui ont le rôle de faire en sorte que les

scolaires ne s’ennuient pas, qu’ils apprennent des choses en ayant de la curiosité tout en

passant un bon moment.

Quand il y a la légitimité, quand quelque chose de cohérent est proposé, quelque chose de

qualité, les visiteurs sont capables de mettre le prix. Une politique tarifaire est nécessaire, et

tout ca participe à la question : « comment faire revenir notre visiteur? ». Faire revenir notre

visiteur, c'est-à-dire qu'il faut assurer la pérennité d’un site, assurer une fréquentation

constante, une politique de nouveauté, une politique d’animation de travaux constants. Ca

permet de faire revenir le visiteur. Un visiteur peut revenir pour plusieurs raisons, mais l’idée

est vraiment, d’être capable de créer une offre, pour que le visiteur revienne. Il y a différents

types d'offres, les animations d'enfants, les offres de grand public, les visites spéciales, qui

coûtent pas cher et peuvent faire revenir le visiteur. Par exemple, les visites des travaux

marchent très bien, puisque elles donnent au visiteur l’opportunité de se sentir unique. Le

visiteur s’intéresse toujours a voir comment cet œuvre était créer, pourquoi on l'a mit la, il y a

quoi derrière cette porte. Ce type de visite peut être très intéressant pour le visiteur, et peut

créer l’opportunité pour le visiteur de revenir. L’idée c'est d’être capable d'exister. Un autre

aspect important est d'avoir une politique de communication concrète. D'avoir une présence

forte sur Facebook, en anglais et en français afin d’être capable de communiquer avec le

public.

Avec la communication : plus vous occupez les journaux, plus on vous connaît, plus on vous

reconnaît. Mais il ne faut pas oublier qu'il faut toujours cette garantie scientifique qui

permettre de s’asseoir, et dire que vous avez la légitimité. Ce sont deux questions qui sont

venues en discutant, en préparant…Ca fait partie du débat puisque cela fait partie des

questions qu'on va se poser quand on crée l'animation, le but de l'animation est forcement

ramener de l'argent. Il est également important de définir la raison de la création de

l'exposition : si c'est une exposition dossier, ou une exposition sur un sujet scientifique et

spécialisé que personne va comprendre. Par exemple, à l’époque des rois, la cour était

itinérante, on vide le château, on ramenait tous les meubles et on se déplaçait de site en site.

Les meubles précédant le roi, on meublait le château quand il était là ce qui veut dire que le

site était vide. Quand un site vide de meubles est présenté au public, cela va donner des

commentaire : « il est vide votre château ». Oui il est vide, mais il y a plein des raisons qui

expliquent cela. La cour était itinérante, parce que les immeubles médiévaux ne se retrouvent

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pas n’ importe où. Dans ce cas on a deux choix. Premièrement, on peut acheter des meubles

ou chercher des meubles d’époque. Le coût est élevé mais au moins on est capable de

présenter une collection et des meubles d’époque, en rapport avec l'époque de référence.

Deuxièmement, on peut meubler le château des meubles qui ne sont pas relatifs avec l’époque

de référence. Un test a été fait, le château du Clos Lucé a récupéré les meubles d'un château

du conseil général qui était en train d’être vide, qui étaient des meubles de fin 19éme depuis

20éme, meubles qui ne sont pas très élégants mais font la différence. Du coup, que veut le

visiteur ? Il faut répondre à la question: l’objectif est-il de donner au visiteur ce qu'il a envie

d'avoir ou ce qu'on veut lui donner? Il est difficile de répondre puisque tous les visiteurs ne

cherchent pas la culture. Il y a le cas des visiteurs de quinze minutes qui ne lisent pas les

cartels, puisque ils veulent aller au parc. Il faut donc trouver le juste milieu afin de répondre

aux demandes d’un maximum de public. Par exemple dans le cas des enfants, les enfants

veulent être heureux, mais c'est aussi important que les accompagnateurs soient heureux. Un

gros débat, est de savoir quel le public cible.

Le principe de la culture pour tous n’est pas forcement le cas en permanence. Il y a différents

points de vue, il faut se battre. Peut-on faire une animation enfant ou public en parallèle d'un

concert de musique de renaissance ? Oui. Une animation, un concert de musique de

renaissance peut devenir une animation de vulgarisation. Il faut être capable de se remettre en

cause, d'avoir un bon sens, de l’autocritique, c'est-à-dire répondre aux questions : « que peut-

on faire ? », « qui chercher ? », « est-ce que ce que l’on propose une réponse aux attentes de

tous les visiteurs ? ». Il faut répondre aux besoins des enfants, des adultes, avoir des différents

moyens de communication. Peut-être qu’on ne possède pas d’audioguides mais on a décidé

d'avoir un dépliant en seize langues afin de commercialiser a l'international. Il faut aller

chercher le visiteur, dire : « on a chez-nous quelque chose dans votre langue » et cela doit

faire une différence. Le positionnement sur l'animation n'est pas évident, une conscience

scientifique est nécessaire pour insister. Le problème est que le lieu où a vécu Léonard de

Vinci est un lieu où il n'y a pas d’œuvre, où il n’y a pas de création concrète ou de peinture de

Léonard de Vinci a l’intérieure du site. Comment légitimer la présence de Léonard au château

du Clos Lucé ?

Le besoin d’une caution scientifique

Le Château du Clos Lucé est uniquement le lieu où de Vinci a vécu alors comment faire pour

légitimer la présence de Léonard de Vinci dans le château? Cela a mis du temps à se mettre en

place car le château ne possède pas d'œuvre, pas de peinture, et pas de création concrète de de

Vinci.

Il a donc fallu s'inscrire dans les réseaux, être capable d'avoir une politique scientifique, être

capable de reconnaître les lacunes et les forces du personnage. En effet, ce site doit expliquer

l’histoire de Léonard de Vinci, ce n’est en aucun cas un site fantasmagorique léonardien !

Il est évident que certains discours déplaisent au public car de Vinci avait comme tout le

monde des vices et des vertus, des défauts et des qualités, idem pour Sully personnage austère

auprès d'Henry 4 roi de modernes. Alors, pour faire abstraction de cela il faut avoir un

discours scientifique.

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C’est donc la garantie de pouvoir toucher tout le monde sinon le site se transformerait en parc

d'attractions où tous les sujets seraient déclinés ! Cette garantie scientifique est importante.

Récemment, dans les expositions dans le mode projet, il y a eu la création d'un partenariat où

les ingénieurs ont travaillé sur les codex de de Vinci. Les maquettes sont maintenant en 3d

donc numérique, avec des machines actionnables (maniement via interface X- box où on

pourrait tourner autour d'un objet de de Vinci pour comprendre son mécanisme) alors qu'avant

IBM les avait modélisées en bois. Cela fait partie de la garantie scientifique. Cette garantie

scientifique est recherchée dans les ateliers avec les scolaires.

La question de la gestion de la masse salariale

Zéro animateur et zéro guide alors appel à des guides en auto entrepreneur pour les visites

guidées.

Pour compléter la visite, il y a un atelier musique (prof de chant au conservatoire qui travaille

dans des ensembles renaissances), scientifique (association, médiation scientifique), nature

(auto entrepreneuse en médiation environnementale), dessins (artiste peintre qui anime les

ateliers), gastronomique (restaurant renaissance).

Donc, le Château du Clos Lucé fait appel à des professionnels qui ont les compétences pour

satisfaire les enfants allant du CP au lycée. Le contenu des ateliers a un bon niveau et a une

garantie car on fait appel à des professionnels, des rédacteurs professionnels, des animateurs

professionnels.

Idée de mise en place d'un atelier sur les rapaces mais avec la nécessité d’un discours

scientifique, avec un contenu sur la Renaissance, un contenu sur la chasse au vol, une

présentation des oiseaux. La caution scientifique est importante car elle permet au château

d'exister au-delà de la simple visite et aussi d’être reconnu à l'extérieur, mais c’est une

démarche longue car il faut un discours cohérent, être capable de se présenter, présenter les

futurs projets. Il faut intégrer les réseaux, la politique de réseau est importante car elle permet

parfois d’avoir de bonnes opportunités.

Ainsi, la caution scientifique permet au Clos Lucé de se légitimer du public et des partenaires

extérieurs.

L'offre pédagogique

Création d'une gamme d'atelier c’est- à-dire droit d'entrée 8,50 euros ou 9, 50 euros avec ou

sans livret pédagogique. 50 pages pour cycle 2 (CM1 CM2) et 60 pages pour les lycées.

Rédigés avec l'inspection académique ou le rectorat pour que l'enseignant sache que ce qu’il y

a dans le livret va satisfaire ses attentes. La garantie scientifique est présente également ici.

Ensuite, atelier à 9 euros donc une visite scolaire revient à 17,50 euros ou 18, 50 euros avec

l'atelier. Cela est cher mais 3h de visite sur le site, 1h de pique-nique, 1 h d'atelier et la journée

est vite rempli. Le site propose donc une visite complète avec une garantie scientifique et des

informations pertinentes.

L’accessibilité est problématique

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Le site possède un parc avec des pentes non praticables et l’installation d’ascenseurs n’est

pas faisable. Un travail sur des centres d'interprétation va être fait. Il s’agira d’une salle avec

la projection d’un film présentant le site, l’histoire du site, une présentation des collections

peut-être une maquette tactile pour avoir une substitution à un schéma d'une visite classique

pour que tout le monde y ait accès.

Pour les handicaps moteurs, il y a des rampes métalliques et le personnel peut aider s’il y a

besoin.

En ce qui concerne le handicap visuel, il y a une proposition de visite en braille mais si le

visiteur ne peut toucher cela vaut-il vraiment la peine? Il faudrait peut-être des œuvres de

substitutions, des visites particulières avec un groupe restreint pour pouvoir toucher les

œuvres.

Pour les handicapés mentaux, il s’agit de faire de faire de la médiation, être compréhensif,

avoir de la compassion et une sensibilisation des équipes est nécessaire.

Le handicap visuel n'est pas réellement pris en compte par rapport au handicap moteur. On

peut proposer actuellement des textes de visite en braille, mais aujourd'hui il faut que la visite

puisse aller au-delà de ce procédé et devenir tactile. Une exposition sensorielle itinérante

« Dialogue dans le noir » peut servir d'exemple de ce type d'expositions performantes. Elle

proposait de se mettre à la place d'une personne atteinte de handicaps visuels à travers une

visite des salles noyées dans le noir complet. Le visiteur était invité à se promener dans les

différentes espaces telles qu'un supermarché, une rue, un parc et un bar. La visite était animée

par un guide aveugle que les visiteurs n'ont pas eu l'occasion de voir, car il les a quittés avant

la sortie. Ainsi, c'était une visite uniquement sensorielle qui faisait comprendre explicitement

les difficultés de la vie des personnes handicapées. La description n'est pas capable de

remplacer le touché. Mais en même temps il est difficile de pouvoir offrir à ce type des

visiteurs des œuvres (ou des œuvres de substitution) qu'on pourrait toucher. Les visites

sensorielles individuelles sont aussi possibles chez nous. Elles s'adaptent à des besoins

spécifiques des personnes et à leur emploi de temps.

Puis, le handicap mental. Il relève de la médiation, de la compréhension et de la

compassion. Pour cela il est toujours nécessaire de sensibiliser les équipes des professionnels.

En général le champ de travail en ce qui concerne l'accessibilité des expositions reste

encore à exploiter. Si le musée n'a pas de possibilité d'aménager les ascenseurs, il doit alors

proposer des visites annexes pour offrir au visiteur une visite riche malgré le fait qu'il y a des

espaces inaccessibles pour lui. Dans notre musée les ascenseurs ne seront pas installés, alors

un visiteur handicapé perd deux salles à l'étage et la salle des maquettes, ce qui est décevant.

La loi aujourd'hui donne un délai de trois à neuf ans pour les aménagements des musées pour

les personnes en mobilité réduite. Ces aménagements peuvent être compliqués à mettre en

place, ou bien plus simples, comme le changement de taille d'écriture pour les cartels, choix

de la couleur contrastée, l'accès aux audioguides avec le son à puissance réglable. Ces

procédés doivent être adaptés au profit du public handicap et de celui qui n'a pas été

officiellement reconnu en tant que tel.

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Questions:

– « Vous avez cité le Puy-du-Fou en tant qu'élément de référence d'entreprise pour votre

gestion et marketing, est-ce que vous avez d'autres exemples de sites français ou étrangers qui

ont adapté des bonnes pratiques? »

– Réponse de l’intervenant : Dans le cadre de benchmarking et de veille concurrentielle,

on s'intéresse aux sites en France et dans le monde. Notamment Canada est bien en avance sur

la France avec des nouveaux programmes de médiation. Mais le Puy-du-Fou reste la référence

en ce qui concerne sites patrimoniaux. Pour notre manoir cet exemple est particulièrement

intéressant grâce à sa gestion performante du parc. Aujourd'hui on est face à la nécessité

d'aménagement de notre territoire de sept hectares. Est-ce qu'il faut le concevoir en tant que

prolongement du parc? Oui, mais il faut également aller plus loin, s'inspirant de l'exemple de

Puy-du-Fou, et devenir une destination à la journée. C'est possible en créant des centres

d'interprétation sur différents sujets en rapport avec Léonard de Vinci. Peut-être on

ressemblera dans un seul endroit toute œuvre de Léonard en faisant des copies de ses toiles. Il

serait également possible de créer une offre séminaire en intégrant une salle de séminaires

mieux équipée que la présente qui pourrait accueillir plus de personnes. Donc pour tout cela le

Puy-du-Fou reste la valeur sure avec le bémol de l'animation. Nous ne prenons pas l'exemple

de l'animation par des personnes en costumes de l'époque. En revanche, on devrait s'inspirer

de la Cité des Sciences pour la manipulation des maquettes. Dans le cas de benchmarking on a

toujours le choix entre ce qu'on peut copier et adapter et ce qu'il faut laisser de côté.

L'important est de se mettre en cause et revoir les pratiques anciennes, comme c'est le cas

actuellement pour nous avec le livret enfants et pour l'animation du public scolaire, car nous

somme dans l'époque ou tout progresse très vite et, par exemple, une visite sur iPad ne suffira

plus. Cela demande une curiosité en permanence.