le processus d’élaboration du saf au...

53
Le processus d’élaboration du SAF au Niger Capitalisation des expériences du DED Niger M. Alhassane Younfa, Consultant indépendant Les équipes des programmes ZFD et LUCOP Juin 2010

Upload: others

Post on 18-May-2020

12 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

Le processus d’élaboration du SAF au Niger

Capitalisation des expériences du DED Niger

M. Alhassane Younfa, Consultant indépendant Les équipes des programmes ZFD et LUCOP

Juin 2010

Page 2: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

Contributions (par ordre alphabétique)

Consultant: Alhassane Younfa Les équipes des programmes ZFD et LUCOP : Assistants Techniques DED : Eric van Sprundel (ZFD Zinder) Florian Köhler (ZFD Zinder) Irina Voss (ZFD Diffa) Jacques Chabbert (LUCOP) Experts nationaux: Amadou Siddo (FNEN Daddo/ZFD Zinder) Moctari Mahamane (ZFD Diffa) Moussa Bawada (ZFD Zinder) Maman Sani Amadou (SPCR Niamey) Les personnes ressources: Patrick Sauter

Page 3: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

SOMMAIRE 1. Introduction ...................................................................................................... 1

2. Contexte et concept SAF .................................................................................... 3

2.1 Contexte de l’élaboration des SAF au Niger .......................................................... 3

2.2 L’intervention du DED dans le processus SAF et zones d’expérimentation ........ 3

2.3 Le choix du niveau communal ................................................................................ 5

2.4 Le concept SAF : La vision du DED ................................................................... 6

3. Méthodologie de capitalisation .......................................................................... 7

4. La capitalisation selon les thématiques retenues ................................................ 8

4.1 Processus d’élaboration du SAF ....................................................................... 8

4.1.1 Etat des lieux du processus SAF au Niger 8 4.1.2 Les préalables au SAF 8 4.1.3 Les étapes clés du SAF 9 4.1.4 Finalisation et durée du processus d’élaboration du SAF 10

4.1.5 Opportunités et potentialités du processus d’élaboration du SAF 10

4.1.6 Contraintes et faiblesses du processus d’élaboration des SAF 10

4.1.7 Questions ouvertes sur le processus d’élaboration SAF 11

4.2 Les acteurs du processus SAF 12

4.2.1 Les différents types d’acteurs impliqués 12

4.2.2 Les opportunités et potentialités par rapport aux acteurs SAF 13

4.2.3 Les contraintes et faiblesses par rapport aux acteurs SAF 14

4.3 Les données et les informations dans le processus d’élaboration du SAF 15

4.3.1 La collecte des données et informations pour le SAF 15

4.3.2 Identification des données et informations utiles pour le SAF 15

4.3.3 La collecte des données 16

4.3.4 L’analyse des données collectées pour générer l’information recherchée 16

4.3.5 La gestion des données 17

4.3.6 Les opportunités et les potentialités par rapport aux données SAF 18

4.3.7 Les contraintes et les faiblesses par rapport aux données SAF 19

4.3.8 Questions ouvertes par rapport aux données SAF 19

Page 4: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

4.4 La cartographie au cours du processus SAF 21

4.4.1 Le rôle de la cartographie dans le SAF 21

4.4.2 La cartographie dans les différentes étapes du processus SAF 22

4.4.3 Les défis de la représentation cartographique 23

4.4.4 Les opportunités et potentialités de la cartographie dans le processus SAF 25

4.4.5 Les contraintes et faiblesses de la cartographie dans le processus SAF 25

4.4.6 Questions ouvertes par rapport à la cartographie dans le processus SAF 26

4.5 L’échelle du SAF 27

4.5.1 Echelle cartographique et échelle administrative 27

4.5.2 Détermination de l’échelle de travail pour le SAF 28

4.5.3 Collecte de données et échelle 28

4.5.4 Les opportunités et potentialités par rapport à ladétermination de l’échelle 29

4.5.5 Les contraintes et faiblesses par rapport à l’échelle souhaitée 29

4.5.6 Questions ouvertes par rapport à la détermination de l’échelle 29

4.6 Les concertations dans le processus SAF 31

4.6.1 La nécessité de concertations populaires dans le processus SAF 31

4.6.2 Les contraintes et faiblesses dans la réalisation des concertations 31

4.6.3 Questions ouvertes par rapport aux concertations des acteurs 32

4.7 La vision dans le SAF 33

4.7.1 La notion de la vision dans le SAF 33

4.7.2 Construire une vision avec les acteurs 33

4.7.3 Les opportunités et potentialités par rapport àl’élaboration de visions 34

4.7.4 Les contraintes et faiblesses par rapport à l’élaboration de vision 34

4.7.5 Questions ouvertes par rapport à l’élaboration de visions 34

4.8 La mise en œuvre du SAF 36

4.8.1 Le défi de la mise en œuvre du SAF 36

4.8.2 Questions ouvertes par rapport à la mise en œuvre du SAF 36

Conclusion 37

Annexes 39

Page 5: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

Liste des annexes Annexe 1 : Informations sur le programme ZFD et LUCOP accompagnant le

processus SAF Annexe 2 : Expériences LUCOP sur le SAF à Téra et Diagourou Annexe 3 : L’expérience du Projet ZFD Diffa dans le processus d’élaboration du

SAF Annexe 4 : Expérience du ZFD Zinder Composante II dans le processus SAF

Page 6: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

Glossaire CLD : Comité Local de Développement

CM : Conseil Municipal

COFO : Commission Foncière

COFOB : Commission Foncière de Base

COFOCOM : Commission Foncière Communale

COFODEP : Commission Foncière Départementale

DED : Deutscher Entwicklungsdienst (=Service Allemand de

Développement)

FNEN Daddo: Fédération Nationale des Eleveurs du Niger

GRN: Gestion des Ressources Naturelles

LUCOP : Programme nigéro-allemand de Lutte Contre la Pauvreté Tillabéri

et Tahoua-Nord

MARP : Méthode Active de Recherche et de Planification Participative

PAC : Programme d’Actions communautaires

PAGCRSP : Projet d’Appui à la Gestion Conjointe des Ressources Agro-

Sylvo-Pastorales

PDC: Plan de Développement Local

PTF : Partenaires Techniques et Financiers

SAF : Schéma d’Aménagement Foncier

SIG : Système d’Information Géographique

SP/CNCR : Secrétariat Permanent du Comité National du Code Rural

SPR/CR : Secrétariat Permanent Régional du Code Rural

ZFD : Ziviler Friedensdienst (= Service Civil pour la Paix)

Page 7: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

1

1. Introduction Depuis de nombreuses années, le DED accompagne entre autres l’Etat du Niger dans la recherche et la mise en œuvre de mécanismes permettant une gestion plus harmonieuse des ressources naturelles. Ainsi depuis 2005, le DED s’est engagé à travers le programme ZFD (régions de Zinder et de Diffa) et le programme de la coopération allemande au Niger LUCOP (régions de Tillabéri et de Tahoua) sur des activités d’appui à l’élaboration des Schémas d’aménagement foncier (SAF), ce dans l’optique d’élaborer des visions consensuelles prospectives sur l’utilisation de l’espace et des ressources naturelles. Les Schémas d’aménagement foncier prévus par l’Ordonnance N°93-015 portant principes d’orientation du Code Rural sont mis en œuvre par les structures du Code Rural et visent à préciser les vocations et les règles de mise en valeur des différents espaces et ressources naturelles. Après cinq années d’expériences en matière d’appui à l’élaboration des SAF, le DED souhaite aujourd’hui capitaliser et partager ses expériences sur trois sites d’intervention (Téra-Diagourou, Zinder, Diffa) et les rendre accessibles aussi bien aux structures du Code Rural qu’aux partenaires au développement. Les objectifs visés par le DED à travers cette capitalisation en matière d’élaboration des SAF sont de :

Valoriser les acquis au sein des programmes LUCOP et ZFD dans ce domaine en établissant une référence solide en matière d’appui à l’élaboration des SAF qui pourra entre autres servir comme base de travail pour les futurs engagements du DED dans ce domaine et inspirer le Code Rural dans sa définition d’une méthodologie nationale pour l’élaboration des SAF,

Présenter et préciser sa vision de ce que peut être un SAF et des méthodes et outils pouvant y conduire,

Contribuer aux réflexions autour de l’ébauche d’une méthodologie nationale pour l’élaboration des SAF,

Partager les concepts clés et bonnes pratiques liés au SAF avec les autres acteurs intervenant dans le processus SAF pour qu’ils puissent s’en inspirer pour la formulation de leurs futures activités par rapport au SAF.

Pour réaliser cette capitalisation, le DED a adopté comme démarche la tenue d’un atelier de capitalisation qui a regroupé les trois équipes de programme à Zinder durant cinq jours sous la facilitation d’un consultant national. Cet atelier a permis aux équipes intervenant dans les trois régions de Zinder, Diffa et Tillabéri de:

Page 8: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

2

Clarifier leur compréhension commune du concept SAF ;

Discuter les différentes approches, concepts, démarches et outils développés et testés au sein des programmes ZFD et LUCOP ;

Dégager les éléments clés à capitaliser à partir de leurs expériences;

Identifier les forces et les faiblesses ainsi que les bonnes et mauvaises pratiques en matière d’appui à l’élaboration des SAF

Ainsi, il est important de souligner que cette capitalisation n’a pas comme objectif de proposer une méthodologie d’élaboration des SAF. L’élaboration de celle-ci relève de la responsabilité et des compétences des structures du Code Rural. Par contre, cette capitalisation veut plutôt contribuer, sur la base de l’analyse et de l’illustration des expériences sur le terrain, à une meilleure compréhension du concept SAF, du processus SAF ainsi que des défis liés à son élaboration. Toutefois, ces éléments de réflexion pourront par la suite alimenter la méthodologie nationale en cours d’élaboration.

Page 9: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

3

« Quelques grandes notions sur le SAF ont été données à travers des séances de formation. Au cours des ces formations, il s’est avéré que jusqu'à présent quelques zones d’ombres persistent quant à l’harmonisation et la bonne compréhension de certains concepts clés du processus. Ceci a engendré une certaine léthargie pour le démarrage effectif du processus. »

SP /CNCR in TDR Atelier Maradi, Juillet 2009

2. Contexte et concept SAF 2.1 Contexte de l’élaboration des SAF au Niger La population nigérienne est en majorité rurale et ses principales activités, qui sont l’agriculture et l’élevage, reposent sur l’exploitation des ressources naturelles. Des pratiques extensives auxquelles s’ajoute une démographie galopante augmentent la pression sur les ressources naturelles encore disponibles, accélèrent leur dégradation et exacerbent des conflits entre les différents utilisateurs. Conscient de cette situation, le Gouvernement du Niger a adopté et commencé à mettre en place depuis 1993 le dispositif juridique du Code Rural. Les Principes d’Orientation du Code Rural élaborés dans ce cadre prévoient l’élaboration de Schémas d’aménagement foncier (SAF) comme un des instruments de prévention des conflits mis en œuvre par les structures du Code Rural. Selon Article 127 de l’Ordonnance N°93-015 portant principes d’orientation du Code Rural, il est institué dans chaque département un document cadre dénommé « Schéma d’ Aménagement Foncier » dont l’objet est de préciser les espaces affectés aux diverses activités rurales ainsi que les droits qui s’y exercent. L’élaboration des Schémas d’aménagement foncier est en cours dans les 8 régions du Niger, mais jusqu’à aujourd’hui aucun SAF n’a été adopté et aucune méthodologie d’élaboration nationale n’a été proposée et validée. Néanmoins, il y a eu récemment plusieurs réflexions, expériences, études et ateliers sur la mise en place d’une méthodologie d’élaboration1.

2.2 L’intervention du DED dans le processus SAF et zones d’expérimentation Le DED, à travers les programmes ZFD et LUCOP, est arrivé progressivement à accompagner le processus SAF au niveau des trois régions de Zinder, Diffa et Tillabéri2 couvrant en tout 10 communes de 6 départements.

1 P.ex. ANACO 2008 : Commission de travail n°4 sur « Le Schéma d’Aménagement Foncier dans l’aménagement pastoral et la sécurisation des systèmes pastoraux » ; Expérience du SPR de Tahoua avec l’appui du PASEP sur le processus d’élaboration du SAF (2006-2009); Atelier sur les outils SAF de Maradi organisé par le SPCR en 2009 ; Atelier de Dosso sur le processus d’élaboration du SAF organisé par le SPR Dosso (2009) ; etc. 2 Sur Tahoua il y a eu également des actions dans ce sens notamment en ce qui concerne "l'approche bassins versants" au niveau des aménagements des vallées et ce en lien avec les communes et les structures du Code Rural.

Page 10: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

4

Au niveau de la région de Zinder, le Projet ZFD travaille sur le SAF dans le cadre de la mise en place de cadres de concertation communaux appelés « espaces de dialogue » dans les communes de Kellé (Département de Gouré), de Dan Tchiao (Département de Magaria) et de Tirmini (Département de Mirriah). Dans le cadre de ses activités d’appui aux associations d’éleveurs et au Code Rural, le Projet a également mené des réflexions et activités avec les éleveurs sur la prise en compte des problématiques pastorales dans le SAF au niveau régional3.

Le Projet ZFD Diffa s’est également engagé sur le processus SAF à travers la création d’espaces de dialogue communaux dans les communes de Gueskérou (Département de Diffa), Foulatari, N’Guel Beyli, Goudoumaria et Mainé-Soroa (Département de Maïné-Soroa)4.

En ce qui concerne la région de Tillabéri, le programme LUCOP a appuyé la conception et la réalisation d’une enquête publique dans la logique SAF dans les communes de Téra et Diagourou (Département de Téra)5.

L’expérience du DED s’étend donc sur trois régions administratives (sur 8 au total) et a permis de toucher aussi bien l’extrême Ouest que le Centre et l’extrême Est du Niger à savoir des zones à caractéristiques socioculturelles et écologiques très différentes.

Fig. 1 : Localisation des expériences DED en matière d’appui au processus SAF

3 Voir Annexe 4 pour plus de précisions sur l’intervention du Projet ZFD Zinder par rapport au SAF 4 Voir Annexe 3 sur l’intervention du Projet ZFD Diffa par rapport au SAF 5 Voir Annexe 2 sur l’intervention du programme LUCOP à Téra/Diagourou par rapport au SAF

Page 11: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

5

« Le SAF, agrégé au niveau national, va institutionnellement reposer sur la prise en compte des préoccupations, perceptions et perspectives locales, en précisant de la base vers le sommet les modalités de mise en œuvre (espaces et règles) des orientations nationales. »

Professeur Yamba, ANACO 2008

2.3 Le choix du niveau communal Toutes les trois expériences SAF du DED ont en commun d’avoir choisi le niveau communal comme niveau d’intervention premier en matière d’appui au processus d’élaboration des SAF. Ce choix se justifie par les motifs suivants :

Depuis la mise en place de la décentralisation intégrale en 2004, les communes se sont vite révélées d’importants nouveaux acteurs dans le processus du développement local en général, mais aussi et plus particulièrement dans le domaine de la gestion des ressources naturelles et du foncier. D’ailleurs, les liens entre les structures du Code rural et les conseils municipaux sont même institutionnels. En effet, les COFOCOM sont présidées par les Maires et dans bien des cas les fonctions de SP/COFOCOM sont assurées par le SG/Communal. D’autres conseillers municipaux sont membres des COFOCOM. Les actions de sécurisation foncière sont menées par les COFOCOM sous la responsabilité du Maire et du Préfet pour le contrôle de la légalité ;

La commune représente le niveau intermédiaire, proche des populations locales et pas très loin des niveaux supérieurs (département, région). Il permet d’assurer une fonction d’interface entre les différents niveaux de décision;

La commune dispose d’un organe décisionnel (le conseil municipal) qui devrait du moins théoriquement être représentatif des aspirations des populations.

Au delà de la légalité, le SAF a surtout besoin de légitimité qui est le mieux assuré par le niveau communal plus proche et représentatif des populations.

Même si le niveau régional est censé coordonner le processus SAF6 et même si le niveau national propose les grandes orientations, l’élaboration du SAF doit être le fruit de concertations entre tous les utilisateurs à la base afin de pouvoir répondre aux vraies préoccupations des populations.

Finalement, le Code Rural même attribue aux COFOCOM la mission importante de développer une vision communale de la mise en valeur des ressources naturelles7, ce qui constituerait, après tout, une étape essentielle d’un travail dans la logique SAF.

6 Article 127 de l’Ordonnance N°93-015 du 2 mars 1993 fixant les Principes d’Orientation du Code Rural 7 Notion qui résume les attributions de la Cofocom fixées dans les Articles 2 et 11 de l’Arrêté N°098/MDA/CNCR/SP du 25 novembre 2005 portant organisation, attributions et modalités de fonctionnement des commissions foncières de communes, de villages ou tribus.

Page 12: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

6

2.4 Le concept SAF : La vision du DED

Le SAF, tel qu’il est compris et perçu par les trois équipes du DED sur la base de ses expériences, doit être le produit d’une démarche participative, itérative et consensuelle vers la gestion durable et paisible des ressources naturelles à différents niveaux (communal, départemental et régional). Ainsi pour le DED :

le SAF a une finalité ; celle de permettre aux populations locales une utilisation harmonieuse et efficiente des espaces et des ressources naturelles partagées dans un climat de paix sociale ;

le SAF doit aborder les trois thématiques clés qui sont : les pratiques (1) et les problématiques (2) liées à l’utilisation des espaces et des ressources naturelles (3);

le SAF a un contenu qui correspond à la fois à un diagnostic des ressources et des pratiques (=une image actuelle de l’espace), et à une vision de l’utilisation future de l’espace et des règles consensuelles d’utilisation des ressources naturelles à court, moyen et long terme (= une image future) ;

le SAF obéit à des méthodes dans son élaboration, sa mise en œuvre et dans le suivi basées sur des concertations populaires et des consensus ;

le SAF poursuit une cause, celle d’être un outil d’aide à la décision, un outil d’analyse spatiale des problématiques, un outil d’aménagement de l’espace et enfin un outil de sécurisation des ressources naturelles.

« Le SAF est par excellence un outil d’orientation et d’aide à la décision, qui doit faciliter les choix locaux et nationaux dans le respect des orientations de la politique nationale en matière de gestion des ressources naturelles et de développement. Le processus d’élaboration et d’adoption du SAF doit être conduite de telle sorte que tous les acteurs de terrain se sentent impliqués dans « les prises de décisions et la gestion des décisions prises». En tenant compte de la logique de décentralisation, la légitimité du SAF doit provenir d’en bas. Le processus de son élaboration et de son adoption doit donc être conduit de telle sorte que tous les acteurs de terrain se sentent impliqués dans les prises de décisions et la gestion des décisions prises. »

Présentation SP/CNCR atelier Maradi juillet 2009

Page 13: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

7

3. Méthodologie de capitalisation Lors de l’atelier de capitalisation, une méthodologie de capitalisation a été dégagée par les trois équipes de programme afin d’assurer la prise en compte des aspects importants issus des différentes expériences SAF du DED. Selon la méthodologie retenue, il s’agissait tout d’abord d’identifier les thématiques devant faire l’objet de la capitalisation des expériences SAF du DED. Les thèmes pertinents ont été identifiés par les participants à l’atelier à partir d’un brainstorming basé sur leurs propres expériences et perceptions. C’est ainsi que l’on a retenu comme thèmes importants :

les étapes du processus d’élaboration du SAF les acteurs impliqués dans le processus SAF les informations et les données utiles au processus SAF le rôle de la cartographie au cours du processus SAF les différentes échelles et niveaux du SAF les différentes concertations lors de l’élaboration et la mise en œuvre du SAF le rôle des visions des acteurs dans le SAF la mise en œuvre du SAF

Ensuite, chaque thématique a été abordée par les participants selon une trame leur servant comme guide pour leurs échanges et débats. Ainsi, l’échange sur les différentes thématiques s’est fait suivant la trame présentée ci-dessus:

La définition et clarification du thème: Les contours du thème sont précisés et les différents concepts qu’il implique sont identifiés afin de permettre au lecteur de la capitalisation de comprendre le contenu de la thématique et le jargon utilisés par le DED dans le cadre du SAF.

Les exemples des succès et des échecs : Quelques cas de succès et d’échecs pourtant non exhaustifs sont présentés issus des différentes régions d’intervention. A travers ces exemples concrets de terrain, le lecteur de la capitalisation saisira mieux la pertinence de la thématique et de ses concepts.

Les contraintes et faiblesses : Les éléments de leçon présentés permettront à ceux qui veulent s’engager dans le processus SAF de mieux cerner et de mieux s’adapter aux défis de celui-ci.

Les opportunités et les potentialités : Celles-ci donnent des informations sur les chances de réussite à saisir et à exploiter au sein de chaque thématique SAF.

Les questions ouvertes : Elles soulèvent des interrogations pertinentes par rapport à un/plusieurs aspects de la thématique en question sur lesquelles il faut continuer à réfléchir.

Les recommandations : Face aux difficultés et contraintes vécues et tenant compte des leçons apprises en matière du processus SAF des recommandations sont formulées en direction des différents acteurs impliqués dans le processus SAF. Il y a des recommandations qui s’adressent au DED qui correspondent aux recommandations internes. Il y a également celles qui s’adressent aux autres acteurs et il s’agit ici des recommandations externes.

Page 14: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

8

4. La capitalisation selon les thématiques retenues 4.1 Processus d’élaboration du SAF 4.1.1 Etat des lieux du processus SAF au Niger Le processus d’élaboration des SAF au sens large est en cours dans les 8 régions du Niger. A ce titre, les 8 Secrétariats Permanents Régionaux du Code Rural ont été installés jusqu’à la fin de l’année 2009 et plusieurs expériences et réflexions sont menées à l’intérieur des instances du Code Rural ainsi que par des partenaires et d’autres acteurs depuis plusieurs années8 afin de dégager une méthodologie d’élaboration nationale. Cependant, aucun SAF n’a encore été élaboré et adopté jusqu’à ce jour car aucun processus d’élaboration d’un SAF au sens plus stricte n’a encore été entamé. Il est vrai qu’aucun acteur ne connaît actuellement de manière précise et définitive les différentes étapes d’élaboration du SAF, mais les échanges de capitalisation entre les trois équipes DED ont permis de dégager et de proposer un certain nombre d’étapes clés qui pourraient être considérées comme pertinentes et être reprises par la méthodologie nationale. 4.1.2 Les préalables au SAF En amont de l’élaboration d’un SAF, il semble indispensable que les acteurs clés soient préparés un minimum au démarrage du processus. Le SAF doit tout d’abord être porté par les structures du Code Rural conformément aux textes législatifs. Cependant, dans beaucoup de cas, ces structures ont été mises en place mais ne sont que peu voire souvent pas du tout fonctionnelles. Ceci est notamment le cas pour beaucoup de COFOCOM et COFOB. Dans un premier temps, il s’agit donc d’aider ces structures à émerger progressivement, à devenir et à rester fonctionnelles, notamment les COFOCOM souvent très faibles mais pourtant au cœur de la problématique SAF9. En revanche, l’installation et la fonctionnalité des COFOB ne devraient pas être un préalable obligatoire à l’amorcement du processus SAF. En effet, le processus SAF au sens large peut justement aider les structures du Code Rural à devenir plus opérationnelles et à mieux comprendre les enjeux et problématiques pertinentes dans la logique SAF. La préparation et le renforcement des acteurs dans la perspective de l’élaboration des SAF passent donc également par un appui à la meilleure compréhension des problématiques SAF. Le SAF étant un outil d’aide à la décision et le niveau décisionnel le plus proche des populations étant la commune, les communes doivent aussi être préparées et associées au processus d’élaboration des SAF.

8 Voir chapitre .2 9 Voir chapitre 2.3 Le choix du niveau communal

Page 15: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

9

Il est important que le processus soit amorcé, mené et porté par un groupe d’acteurs locaux d’où l’importance d’appuyer les acteurs clé à devenir plus opérationnels. La présence de PTF est une opportunité pour accompagner et préparer les acteurs au processus SAF, mais pas un préalable à son démarrage.

4.1.3 Les étapes clés du SAF Les expériences du terrain conduites par le DED permettent d’identifier environ cinq principales étapes pour le processus d’élaboration d’un SAF.

I. Etape préparatoire : Cette phase vise la recherche d’adhésion et de compréhension des acteurs sur la finalité du processus SAF (l’information/la sensibilisation des utilisateurs et des acteurs sur le terrain) ainsi que la préparation de la collecte des données (définition des informations utiles à collecter, identification des fournisseurs et collecteurs d’informations, formation des acteurs, préparation des outils de collecte comme questionnaires, fonds de carte etc.).

II. Etape de collecte de données et de diagnostic: Cette étape correspond à la collecte, au dépouillement et à l’analyse des données dans la perspective d’établir un diagnostic des ressources naturelle, pratiques et espaces. Elle permet de décrire la situation actuelle en terme de pratiques et problématiques liées aux ressources naturelles et aux espaces. Elle permet d’établir une sorte de situation de référence sur l’état des ressources et sur les difficultés d’exploitation y afférente. Sur la base de cet état des lieux la vision argumentée de l’utilisation future des ressources et espaces pourra être élaborée (voir étape III.)10.

III. Etape d’élaboration et de validation du schéma d’aménagement : Celle-ci constitue la phase de recherche de consensus entre les acteurs sur les pratiques et les problématiques liées aux ressources et aux espaces dans l’optique de dessiner des visions du développement et de s’accorder sur les options de développement à promouvoir11. Il en découlera la spatialisation des options et visions d’aménagement ainsi que la définition des axes d’intervention.

IV. Etape de mise en œuvre du SAF : Cette étape permet de traduire dans les faits et rendre opérationnelles les options de développement définies dans la phase précédente. Pour ce faire, une stratégie de mise en œuvre et des plans d’action doivent être élaborés et le suivi des plans d’action doit être assuré.

V. Etape de révision du SAF : Le SAF est un processus dynamique qui doit intégrer progressivement les changements importants qui interviennent. La révision du SAF ne sera donc pas faite de manière périodique et cyclique, mais en fonction de l’importance et de la dimension des changements survenus. Elle est donc motivée par un changement de contexte local, d’environnement et/ou d’orientation politique au niveau supra. Dans tous les cas, la révision d’un SAF devrait s’imposer au plus tard à l’horizon d’une génération, c’est-à-dire entre 20 et 25 ans.

10 Voir aussi chapitre 4.7 sur la notion de la vision dans le SAF 11 Voir aussi chapitre 4.7 sur la notion de la vision dans le SAF

Page 16: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

10

4.1.4 Finalisation et durée du processus d’élaboration du SAF Dans le paragraphe précédent, nous avons montré que le processus SAF passe par des phases complémentaires. Il s’agit d’un processus continu et dynamique dans le temps et du coup il ne peut jamais réellement être considéré comme un produit fini et figé dont toutes les étapes à un moment donné ont été clôturées. Les expériences du DED en matière du SAF permettent d’avancer une durée approximative d’élaboration du SAF entre 6 et 18 mois pour franchir avec les communes les 3 premières phases du processus selon les contingences locales (p.ex. niveau de fonctionnalité des structures du Code Rural). Par ailleurs, le temps nécessaire à l’élaboration du SAF est également fortement dépendant des moyens disponibles (financiers, humains et matériels), de l’approche de travail du facilitateur du processus (degré de participation des acteurs locaux, mise en œuvre par les structures communales ou par des prestataires de service externes, options de collecte), de l’existence des outils et méthodes utilisables et/ou à élaborer dans le cadre du SAF, du niveau de précision que l’on recherche etc. 4.1.5 Opportunités et potentialités du processus d’élaboration du SAF L’absence d’une méthodologie nationale de référence pour l’élaboration des SAF offre

l’opportunité d’adapter la mise en œuvre des différentes étapes au contexte respectif (moyens disponibles, contexte institutionnel etc.). Pour l’instant, ceci donne une certaine souplesse à la démarche et permet des ajustements conséquents.

Chaque phase en soi permet d’obtenir un minimum de résultats à l’égard de la finalité SAF.

La traversée des différentes étapes du processus SAF à travers les débats et les échanges sur les enjeux fonciers et les problématiques liées à la gestion des ressources naturelles etc. permet de maintenir la mobilisation des acteurs sur la durée.

La présence des PTF pour accompagner le processus SAF est une opportunité car ils contribuent à fournir des moyens financiers, techniques et méthodologiques qui sont indispensables au processus. Cependant, leur présence n’est pas un préalable au démarrage du SAF.

4.1.6 Contraintes et faiblesses du processus d’élaboration des SAF Le processus prend du temps parce qu’il se base sur des consultations populaires et demande la mobilisation de moyens humains et financiers. Certains PTF prêts à accompagner le processus sont pourtant pressés d’avoir des résultats immédiats et interviennent souvent et surtout dans une logique de livrables visibles. Ceci n’étant pas facile à réaliser dans une logique où le processus prend assez de temps, certains PTF hésitent de s’engager dans le processus SAF.

Page 17: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

11

4.1.7 Questions ouvertes sur le processus d’élaboration SAF Quelles sont les articulations entre le SAF et d’autres outils de planification (par

exemple entre SAF et Plan de Développement Local)? En ce qui concerne la révision du SAF régional, qui serait à l’initiative de la révision ? Le

SAF au niveau régional est adopté par décret pris en conseil des Ministres. Sa révision est-elle assujettie au même parallélisme de forme?

Exemple de succès dans le processus d’élaboration du SAF : La commune en tant que porteur des concertations pour le SAF, Tillabéri

Dans les communes de Diagourou et Téra, le processus d’élaboration du SAF est porté par les communes avec l’appui de la COFODEP, l’encadrement du Secrétariat Permanent National du Code Rural et le soutien des partenaires notamment le Programme LUCOP. Le processus s’inscrit dans la volonté des COFO de Téra et de Diagourou d’asseoir une dynamique de concertation large et régulière avec les populations communales en vue d'instaurer une gestion optimale et consensuelle des ressources naturelles et de mettre en place une synergie d’actions. Tout au long du processus, des restitutions régulières ont été faites avec le Conseil Municipal afin de faciliter la compréhension du processus et d’obtenir l’adhésion d’un maximum d’acteurs impliqués dans le développement communal. Le document final élaboré dans la logique SAF a donc également été adopté par le CM et se caractérise donc par la légitimité de son contenu.

Exemple d’échec dans le processus d’élaboration du SAF : Absence de porteur du processus, Diffa

A Diffa, les échanges au sein des espaces de dialogue communaux encouragés par le Projet ZFD

Diffa ont permis d’approcher des problématiques du SAF au niveau communal et d’y faire

participer un grand nombre d’acteurs communaux différents. La COFOCOM a participé au

processus. En matière de participation et apprentissage des acteurs, cette expérience a été très

positive et a contribué à une meilleure compréhension des acteurs du SAF et à leur préparation

au démarrage futur du processus.

Par contre, l’approche n’a pas été suffisamment systématique pour pouvoir franchir les

différentes étapes vers une appropriation finale par un acteur porteur du processus comme la

commune ou la COFODEP/SPR par exemple. Les différentes étapes à franchir ainsi que les

objectifs à atteindre pour chaque étape n’avaient pas été identifiées au départ du processus avec

un acteur porteur du processus. Malgré une bonne participation des acteurs, aucun parmi ces

acteurs n’a réellement été porteur de ce processus et aucune décision dans la logique SAF

adoptée par le Conseil municipal n’a suivi les débats. Après trois ans de débats communaux

autour de problématiques SAF, aucun document dans la logique SAF que la commune s’est

appropriée n’est disponible à ce jour.

Page 18: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

12

4.2 Les acteurs du processus SAF 4.2.1 Les différents types d’acteurs impliqués En fonction des différentes étapes présentées dans le chapitre précédent, il y a plusieurs catégories d’acteurs impliquées dans le processus SAF, à savoir :

Les acteurs qui fournissent les données, les informations et proposent les orientations futures: Principalement, il s’agit ici des utilisateurs des espaces et ressources naturelles, de ceux qui exercent les pratiques. Ils sont les acteurs clés et indispensables pour fournir les données et informations principales qui peuvent être complétées par d’autres sources d’informations. C’est aussi principalement eux qui formuleront dans l’étape de l’élaboration et validation des schémas les options de développement et d’aménagement. Dans le ciblage des acteurs à impliquer à ce niveau, il est important de ne pas négliger les populations non-résidentes (p.ex. éleveurs mobiles) n’étant pas toujours sur place mais utilisant les ressources pendant une période de l’année. Ne pas les impliquer risque de remettre en question la légitimité des résultats. D’autres acteurs qui doivent être associés lors de la collecte de données sont les élus, les Service Techniques ainsi que la chefferie traditionnelle.

Les acteurs qui préparent le processus SAF et la collecte des données: Tous les niveaux de structures Code Rural devraient coopérer ici afin de préparer le démarrage du processus appuyé éventuellement par des partenaires extérieurs.

Les acteurs qui effectuent la collecte des données : Il s’agit ici des membres des COFOCOM appuyés et accompagnés par les COFODEP et les SPR ainsi qu’éventuellement par des partenaires extérieurs.

Les acteurs qui dépouillent, traitent et analysent les données pour produire les informations et cartes: À ce titre, il est plus probable de trouver des compétences

Recommandations par rapport au Processus d’élaboration du SAF

Le niveau communal est pertinent pour travailler sur le SAF car il est porteur de légitimité. Si une des finalités du SAF est de mettre à la disposition de la commune un outil d’aide à la décision qu’elle utilise par la suite, il est indispensable d’avoir un acteur institutionnel porteur du processus (p.ex. la commune).

L’élaboration d’un SAF à l’échelle communale ne doit pas être conditionnée par l’adoption du SAF régional validé par le Conseil des ministres pour être opérationnel. Cependant, dans le souci de respecter les principes du contrôle hiérarchique et de légalité des actes administratifs, il n’est pas approprié de parler de « SAF communal », mais plutôt « Document communal dans la logique SAF » ou « Document communal de contribution au SAF régional ». Par ailleurs, selon les dispositions contenues dans les principes d’orientation du Code Rural seulement le SAF régional a été prévu par les textes.

Page 19: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

13

appropriées au niveau des COFODEP et SPR, mais dès lors qu’il existe des compétences locales, il faudrait les prioriser. Des partenaires extérieures peuvent également venir en appui lors de cette étape.

Les acteurs qui valident les informations et orientations: Au niveau régional, le SAF est d’abord adopté par le Conseil régional. Au niveau national le SAF est validé (ou arbitré) par le Secrétariat Permanent National du Code Rural, puis validé par décret pris en Conseil des Ministres d’où l’importance d’avoir assuré sa légitimité au cours du processus de son élaboration à travers des instances de décisions locales, p.ex. le Conseil Municipal.

Les acteurs qui mettent en œuvre et évaluent le SAF: Puisque le SAF se veut un document cadre en vue de répondre a une vision d’aménagement spatial, sa mise en œuvre relève des collectivités territoriales (communales, départementales, régionales) ainsi que des PTF qui souhaitent accompagner le schéma par des activités concrètes. Quant à l’évaluation de la mise en œuvre du SAF, elle relève des structures du Code Rural suite a la demande de l’entité collectivité territoriale. Pour l’instant c’est la commune en attendant la mise en place des organes élus au niveau du département et de la région.

4.2.2 Les opportunités et potentialités par rapport aux acteurs SAF Il y a eu plusieurs formes de cadre de concertation créées par d’autres projets ou structures à d’autres circonstances dans les différentes régions. Les populations ou leurs représentants ont pris l’habitude d’être réunis pour débattre des questions d’intérêt général. C’est le cas des grappes de village avec le PAC, les cadres de concertations sur la GRN avec le PAGCRSP, les CLD avec la société de développement, etc. Le processus SAF peut bâtir sur ces expériences pour mobiliser les acteurs locaux.

Exemple de succès dans l’appui aux acteurs SAF : Les espaces de dialogue, Diffa/Zinder

Généralement, la mobilisation des acteurs pour des échanges autour des problématiques SAF

ne pose pas de grandes difficultés. Dans le cadre de l’organisation des espaces de dialogue

dans les régions de Diffa et de Zinder, des acteurs très différents se réunissaient volontiers

une fois par mois contre un forfait de transport minime (~ au maximum 6000 Francs en

moyenne pour des distances de plus de 100 km aller retour) afin de discuter des

problématiques communales liées à la gestion des ressources naturelles, au foncier etc. et afin

d’apprendre des autres participants communaux et/ou d’intervenants extérieurs (p.ex.

Services Techniques, représentants organisations etc.). Ces rencontres régulières permettent à

tous acteurs de d’apprendre régulièrement et sur une période assez longue. Ainsi, ils se

préparent au processus SAF par une meilleure compréhension des enjeux SAF. Les COFOCOM

ont le temps d’émerger et d’assumer petit à petit leur rôle. Ce processus a l’avantage de ne

pas être uniquement orienté vers un livrable, mais de laisser le temps à l’apprentissage et au

renforcement des acteurs.

Page 20: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

14

Recommandations par rapport aux Acteurs dans le processus SAF

Les acteurs du processus SAF peuvent être appuyés par des équipes de projet et/ou des prestataires de service externes, mais ceci doit toujours se faire dans la perspective de renforcer les structures du Code Rural. P.ex. la conception et la mise en œuvre des outils de collecte et d’analyse doivent se faire par les structures du Code Rural mais au vu de leur faible niveau actuel de fonctionnement, les partenaires devraient les accompagner à faire ce travail.

Le ciblage des acteurs à impliquer dans la collecte des données est très important pour s’assurer de leur qualité et fiabilité, mais aussi pour garantir la légitimité des résultats. L’importance du rôle joué par les acteurs dans la collecte des informations exige une stratégie d’identification des interlocuteurs basée sur les principes de représentativité, exhaustivité et d’efficience. Par ailleurs, certains acteurs non résidents peuvent détenir des informations pertinentes ; ils doivent être identifiés et associés. Le conseil municipal doit être régulièrement informé, impliqué et redevable des résultats des différentes étapes du processus SAF.

4.2.3 Les contraintes et faiblesses par rapport aux acteurs SAF La multiplicité de rencontres et concertations des acteurs que nécessite le processus

SAF peuvent entraîner une lassitude des acteurs, notamment parce qu’il n’y a pas immédiatement de résultat visible et palpable. Pour remédier à ce risque, il est important d’encourager au cours du processus déjà par exemple des actions concrètes des COFO sur le terrain ou encore par des « inputs d’apprentissage », c’est-à-dire des interventions de personnes ressources/voire experts sur différents sujets/problématiques.

Dans certaines localités, la faiblesse du niveau de fonctionnement voire l’inexistence des structures du Code Rural nécessite d’importants efforts dans le renforcement de leurs capacités que les facilitateurs du processus SAF en question n’ont pas toujours prévu dans leurs planifications.

Exemple d’échec dans l’appui aux acteurs SAF : Participation limitée de certains types d’acteurs, Espaces de dialogue, Diffa/Zinder

Malgré une bonne participation des acteurs communaux aux espaces de dialogue dans

différentes communes dans les régions de Diffa et de Zinder, la participation des différentes

COFODEP est souvent restée limitée. Ceci est d’autant plus regrettable à ce qu’elles ne

pourraient pas seulement s’informer des problématiques locales sur le terrain, mais aussi

nouer le contact avec les COFOCOM qu’elles sont censées appuyer.

Dans la région de Diffa et notamment dans les communes à vocation agricole dans le Sud de

la région, il a également été constaté la difficulté d’assurer la représentation des éleveurs

mobiles.

Page 21: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

15

4.3 Les données et les informations dans le processus d’élaboration du SAF

4.3.1 La collecte des données et informations pour le SAF La collecte de données et l’assemblage d’informations en vue de décrire et de comprendre la situation actuelle de l’utilisation des ressources naturelles et des espaces ruraux constituent une étape importante du SAF (cf. chapitre 4.1) qui fait face à de nombreux défis au cours de sa réalisation. Ainsi, des aspects importants comme le type de données à collecter pour générer quelle information, le lien entre les données à collecter et les problématiques à prendre en compte dans le SAF, le traitement et l’analyse des données collectées, l’utilité de l’information générée, la visualisation des données et des informations ainsi que la gestion des données et informations ont été débattus par les équipes lors de l’atelier de capitalisation.

4.3.2 Identification des données et informations utiles pour le SAF Avant d’entamer la procédure de la collecte des données, il est primordial de clarifier le plus précisément possible quelles informations on recherche et pourquoi. Un premier indice par rapport aux informations recherchées dans le cadre du SAF sont les trois thèmes majeurs du SAF : les ressources/espaces, les pratiques et les problématiques qui y sont liées (cf. chapitre 2.4). A partir de ces trois thèmes on est en mesure d’identifier d’abord les informations dont on a besoin pour décrire et comprendre ces trois thèmes et de déterminer ensuite les données nécessaires à collecter pour en tirer les informations recherchées. A ce stade du processus d’élaboration du SAF, un travail rigoureux d’identification des données et informations utiles est indispensable afin d’éviter l’excès de données ou des lacunes de données par la suite. Sinon le risque est très grand de perdre du temps et des moyens sur le terrain en collectant des données en fin de compte inutiles.

En résumé, pour nous guider dans l’identification des données et informations utiles nous pouvons suivre la chaîne de questions suivante : « Quelles données pour obtenir quelles informations ? » et « Quelles informations pour comprendre quelle problématique ? ». Voici quelques questions qui peuvent aider à identifier la liste des informations et données utiles à l’égard du SAF :

Quelles sont les pratiques ? Qui sont les utilisateurs (= ceux qui font la pratique ?) Sur quelles ressources ? Sur quels espaces ? A quelles périodes ? Quels sont les problèmes liés à ces ressources et pratiques? Quelles sont du coup les données qui peuvent décrire et renseigner sur ces

pratiques, ressources, espaces et problématiques ?

Page 22: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

16

Finalement, il faut aussi considérer dans la détermination des données à collecter leur degré de disponibilité, leur qualité et/ou la faisabilité de les relever sur terrain dans le cadre de l’enquête envisagée. 4.3.3 La collecte des données Une fois les informations utiles identifiées et les données à collecter déterminées, il faut également veiller au choix approprié des méthodes et outils de collecte. Parmi les méthodes envisageables figurent par exemple la recherche documentaire, la concertation avec tous les utilisateurs (ou représentants d’utilisateurs), des entretiens semi-structurés, des sondages etc. Des guides d’entretien, des questionnaires, des fonds de cartes vierges pour localiser des phénomènes, etc. doivent être conçues en lien avec la liste des données et informations utiles établie auparavant et être utilisées lors des enquêtes. Tout comme l’étape précédente de l’identification des données à collecter, la préparation de la collecte elle-même exige un travail très rigoureux en matière d’élaboration des outils de collecte. La personne chargée de la collecte représente également un maillon important dans la préparation et la réalisation de la collecte. Il doit être bien formé et surtout comprendre pourquoi il collecte pour pouvoir s’assurer de la qualité de son travail. L’honnêteté du collecteur et ses compétences sont des aspects très importants. Aussi, il serait important de mettre en place un mécanisme très rigoureux de suivi et de supervision des opérations de collecte, ce qui permettra d'améliorer la qualité des données et éviter le rejet de certaines données à la fin de l'opération comme ça s'est passé à Téra et Diagourou. 4.3.4 L’analyse des données collectées pour générer l’information recherchée Les données brutes à elles seules ne sont pas explicatives et ne suffisent pas pour élaborer le SAF. Il est nécessaire de les analyser en les organisant, en les traitant, en les intégrant, en les agrégeant, en les comparant et en les mettant en relation afin de pouvoir en tirer les informations recherchées. Les outils pour l’analyse de données sont divers et leur présentation ne peut pas faire l’objet de ce document : Néanmoins voici quelques exemples :

L’organisation des données dans une base EXCEL pour une lecture plus facile des données et présentation sous forme de graphiques

L’organisation des données dans une base ACCESS afin de pouvoir mettre les données en relation et d’effectuer des requêtes

Le stockage, la visualisation spatiale, la superposition et l’analyse des données dans un Système d’Information Géographique (SIG).

L’analyse de données quantitatives avec des logiciels de statistiques

Page 23: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

17

Il est ensuite important de présenter les résultats des analyses sous forme visuelle, par exemple sous forme de carte, de graphiques, d’histogramme pour faciliter au lecteur la compréhension des résultats.

4.3.5 La gestion des données

Dans le cadre du processus d’élaboration des SAF, une fois les données collectées et les informations assemblées et générées, il s’agit de prévoir de quelle façon et par qui elles doivent être gérées par la suite.

Tout d’abord, il est primordial de réfléchir sur l’acteur en mesure d’assurer la gestion des données et des informations assemblées. D’un côté ceci dépend des moyens et capacités techniques disponibles auprès de l’acteur en question, mais bien sûr aussi fortement de à quel point il assume ses responsabilités.

Par exemple, dans le cas des enquêtes publiques des communes de Téra et Diagourou, la commune de Téra Diaogourou est responsable des données. Les versions papier des enquêtes publiques sont donc archivées au niveau des COFOCOM. Celle-ci n’a pourtant que rarement les capacités et les moyens techniques à sa disposition pour procéder à un archivage fiable d’où la situation que la qualité et la pérennité de l’archivage au niveau des COFOCOM sont souvent douteuses. C’est la raison pour laquelle des versions électroniques sont archivées à la COFODEP.

Toutefois, le type d’archivage ne dépend pas seulement des moyens techniques et capacités de l’acteur, mais aussi du type de données. Pour le Projet ZFD Zinder, les données sur l’élevage mobile sont stockées au niveau de la FNEN Daddo régionale parce que l’échelle régionale est pertinente pour la mobilité pastorale. Les données sont à la fois détenues par le ZFD, le SPR et les associations pastorales. Le choix de l’acteur et du niveau d’intervention de l’acteur dépend donc non seulement des capacités de l’acteur en matière de stockage et gestion de données mais aussi de la thématique que décrivent ces données.

Par contre, il ne suffit pas seulement de déterminer un ou plusieurs acteurs responsables de l’archivage des données, mais il est nécessaire de réfléchir aussi plus précisément sur comment les stocker et gérer et sur comment établir et maintenir les flux de transmission des données (p.ex. entre les différentes structures décentralisées du Code Rural mais aussi entre les autres acteurs concernés comme notamment la commune et/ou les PTF).

En ce qui concerne la façon de gérer les données, une bonne gestion présume surtout que la structuration de l’archivage et stockage des données soit adaptée aux besoins des futurs utilisateurs ainsi qu’aux types de requêtes susceptibles d’être effectuées par eux. Une bonne gestion présume également que les données peuvent facilement être retrouvées à l’instant où quelqu’un en a besoin. Finalement, gérer des données signifie d’assurer de manière systématique et donc planifié leur mise à jour régulière. Par rapport aux flux des données à prévoir, la transmission de données d’un niveau à un autre peut nécessiter l’agrégation adaptée des données.

Page 24: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

18

4.3.6 Les opportunités et les potentialités par rapport aux données SAF L’existence de technologies appropriées (p.ex. certains outils informatiques) peut

assister les acteurs responsables de la gestion des données à accomplir leurs tâches. Mais souvent les compétences des acteurs sont limitées en matière d’archivage, d’analyse ainsi que de gestion des données. Par exemple, une interface de base de données adaptée au degré de compétence des utilisateurs peut être conçu et développé par un expert et mis à la disposition des acteurs en question afin que ceux-ci arrivent à gérer leurs données.

Les données collectées dans le cadre du SAF étant généralement aussi utiles à d’autres outils de décision dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, elles sont susceptibles d’intéresser d’autres acteurs (Service Techniques, PTF etc.). Ainsi, l’élaboration d’une base de données SAF crée des passerelles avec d’autres acteurs et peut les motiver à mettre leurs propres données en ordre, à jour et à disposition au bénéfice du processus SAF. Alors qu’actuellement, les différents acteurs (les différents Services de l’Etat inclus) ont plutôt tendance à protéger leurs données voire à mener une politique de marchandisation de données d’intérêt public.

Exemple d’échec par rapport à la collecte des données dans une logique SAF :

La pertinence et fiabilité des données collectées lors de l’enquête publique, Tillabéri Lors de l’enquête publique dans les communes de Téra et Diagourou, beaucoup trop de

données avaient été collectées au point qu’il est devenu par la suite difficile à toutes les

exploiter. Ceci montre à quel point il est important de bien définir au départ à quelles questions

on cherche à donner des réponses et de quelles informations et données on a du coup besoin

pour apporter ces réponses.

Aussi, certaines données quantitatives n’ont pas été retenues comme fiables lors de la

validation par la COFOCOM notamment celles relatives aux prix de vente, rendements. Ces

données ont été exclues de l’analyse. D’autres données quantitatives, dont la qualité reste à

améliorer comme surfaces des champs, taille des troupeaux, etc. ont été retenues, car leur

utilisation permet tout de même de situer des niveaux plus ou moins représentatifs des réalités

communales.

Par contre, les données qualitatives et/ou de tendance sont beaucoup plus fiables et constituent

de faite la base essentielle de l’analyse des dynamiques socio-foncières et des pratiques rurales.

Par ailleurs, les références aux 41 villages administratifs de la commune de Diagourou et 23

villages administratifs pour la Commune de Téra ne sont pas systématiquement utilisées pour

l’analyse de toutes données. Celles qui n’étaient pas correctement renseignées ont été

supprimées afin d’assurer une meilleure fiabilité des informations traitées.

La mise en place d’un mécanisme très rigoureux de suivi et de supervision des opérations de

collecte permettra d'améliorer la qualité des données et éviter le rejet de certaines données à la

fin de l'opération.

Page 25: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

19

4.3.7 Les contraintes et les faiblesses par rapport aux données SAF Il faut être conscient dès le début du processus SAF et notamment dans la phase de la

détermination des données à collecter que dans le contexte nigérien en général mais aussi dans le contexte des données disponibles sur la GRN, le foncier au niveau villageois, communal etc. en particulier, il est à la fois difficile d’avoir des données de qualité et d’obtenir des données quantitatives ;

Le manque d’expériences et l’absence d’une méthodologie de référence nationale exigent de tous les acteurs de développer et de tester des outils de collecte, d’interprétation, d’analyse et de gestion de données. Ceci demande du temps et des moyens et doit être considéré lorsque le processus est entamé.

Les acteurs responsables de la gestion des données ne sont souvent pas préparés à cette tâche d’où le risque majeur d’une très mauvaise qualité d’archivage des papiers tout comme des fichiers électroniques au niveau des COFOCOM et COFODEP, par exemple.

4.3.8 Questions ouvertes par rapport aux données SAF Il nous semble primordial de travailler sur la question comment les différentes

structures du Code Rural ainsi que les différents niveaux de ces structures peuvent organiser leurs liens en matière de flux et gestion de données. Dans ce contexte, nous devons également nous interroger sur l’évolution du degré d’abstraction et d’agrégation des données au cours du flux à travers les différents niveaux de structure.

Le décalage entre les compétences en matière de maîtrise d’outils de travail de mise en œuvre existantes actuellement au niveau communal et celles théoriquement nécessaires pour collecter, analyser et gérer des données SAF dans une démarche d’agrégation reste un grand défi à relever dans le cadre du SAF.

Recommandations par rapport à

La collecte des données et informations pour le SAF

A l’égard de la méthodologie de référence pour l’élaboration des SAF et notamment par rapport au développement des outils de collecte et d’analyse de données etc., tout reste à faire. Dans ce contexte, il serait donc également intéressant et nécessaire d’étudier d’autres expériences similaires en matière de schémas d’aménagement et de collecte/analyse participative de données GRN et foncières à l’intérieur ou à l’extérieur du Niger pour s’inspirer des démarches et outils utilisés.

Page 26: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

20

Suite Recommandations

L’analyse de certaines données et plus particulièrement la comparaison et mise en relation de cartes thématiques produites sur la base des premières données collectées (cf. chapitre 4.3.4) doit aussi se faire - au moins en partie - sur le terrain et à nouveaux avec les acteurs et pas seulement au bureau.

La conception et la mise en œuvre des outils de collectes et analyse devrait se faire par les structures du Code Rural mais au vu de leur niveau actuel ils sont au mieux accompagnés par un partenaire à ces étapes, ce qui contribue en même temps à leur renforcement.

Si le SP/CNR souhaite réellement mettre en œuvre une logique SAF il doit veiller à ce que les différents niveaux de ses structures (communal, régional, national) archivent, utilisent et transmettent les données produites de façon systématique et harmonisée. Il est donc indispensable que le SP/CNR se positionne clairement en tant que porteur du processus et facilite les flux horizontaux et verticaux entre ses propres structures, mais aussi avec les PTF et les Service Techniques. Ces derniers étant membres des différentes structures du Code Rural, ils devraient être plus motivés à contribuer leurs travaux de collecte de données et d’informations et à les mettre au bénéfice du processus SAF.

Page 27: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

21

4.4 La cartographie au cours du processus SAF

4.4.1 Le rôle de la cartographie dans le SAF Bien que les textes du Code Rural n’exigent nulle part que le SAF soit un document cartographique, il semble évident que la cartographie joue un rôle important dans le processus SAF. Elle intervient le long du processus. Par définition, la cartographie est à la fois l’art de concevoir et de dessiner des cartes et de savoir les comprendre et interpréter. La carte est une représentation conventionnelle généralement plane de la localisation et de la répartition dans un espace géographique de phénomènes concrets ou abstraits. Dans le contexte du processus SAF, la cartographie représente un outil indispensable parce qu’il s’intéresse à l’espace, à la localisation des ressources, aux dynamiques spatiales des pratiques etc.. De manière générale, l’utilisation de la cartographie au cours du processus SAF permet de

Mieux comprendre l’espace géographique concerné et les phénomènes qui le caractérisent.

Visualiser, localiser, analyser, comprendre et communiquer des données SAF collectées ainsi que les problématiques et dynamiques spatiales que l’on peut en déduire

Communiquer plus facilement avec les acteurs locaux à travers la visualisation dans un contexte souvent analphabète.

Synthétiser de manière visuelle et simple des problématiques GRN, foncières souvent complexes en direction des décideurs.

Cette approche spatiale est nécessaire dans le processus SAF pour (1) poser des diagnostics et (2) définir les orientations par rapport aux ressources naturelles/espaces ruraux, pratiques et problématiques. La cartographie doit également permettre de faire des projections et des analyses d'impact positif ou négatif selon les orientations stratégiques retenues par les décideurs. La mise en valeur d'une vallée en privilégiant telle ou telle spéculation va avoir des conséquences sur d'autres acteurs, ressources et espaces avec tous les risques que cela peut entraîner.

Page 28: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

22

4.4.2 La cartographie dans les différentes étapes du processus SAF Les expériences du DED montrent que la cartographie intervient à plusieurs niveaux du processus SAF. Le type de cartographie utilisé dépend notamment de l’étape du processus et des acteurs :

Etape préparatoire: Au démarrage du processus SAF, la présentation et l’échange sur des cartes existantes (cartes topographiques de l’espace concerné, cartes thématiques, photos aériennes etc.) avec les acteurs concernés peuvent aider à les préparer aux tâches de cartographie participative de l’étape des diagnostics. L’étape préparatoire développant des outils de collecte etc. peut aussi se consacrer à la création de fonds de carte sur papier grand format (à l’aide d’un SIG p.ex.) sur lesquelles des données et informations peuvent directement être apportées lors des concertations de l’étape des diagnostics.

Etape collecte de données/diagnostics du processus SAF : Concertations/interviews avec acteurs locaux : A ce stade du processus, la cartographie participative est indispensable pour faciliter à la fois la communication et les échanges au niveau des concertations avec les acteurs locaux et la compréhension des acteurs des problématiques SAF, GRN etc. discutées. Ces cartes participatives, plus souvent appelées cartes MARP, peuvent être développées sur du papier kraft vide, tout comme déjà sur des fonds de cartes (voir étape préparatoire) facilitant la localisation des phénomènes discutés avec les acteurs locaux.

Dépouillement, analyse et représentation finale des données : Les opportunités de cartographie à cette étape sont multiples. Outre les cartes mentales produites de façon participative directement lors des concertations, les données collectées à l’aide de questionnaires, fiches d’enquêtes et les données voire cartes déjà existantes ailleurs12 rassemblées pour l’enquête SAF peuvent également être exploitées et visualisées dans des cartes. Pour ce faire, il existe plusieurs possibilités à savoir :

Cartographie manuelle sur papier : Toutes les données et informations sont rapportées sur des cartes thématiques et/ou problématiques en papier.

Cartographie assistée par ordinateur : Toutes les données et informations sont rapportées et dessinées dans des cartes thématiques et/ou problématiques digitales dans un logiciel graphique

Cartographie et SIG : Toutes les données et informations sont intégrées dans un SIG et présentées dans différentes cartes thématiques et/ou problématique produites par le SIG

Le choix de la procédure dépend bien évidemment de l’acteur porteur du processus SAF, de ses compétences en la matière et des moyens financiers et humains disponibles. Toutes les trois possibilités mènent à l’objectif d’une analyse et présentation des problématiques spatiales. Cependant, le SIG offre des outils

12 P.ex. cartes IGN, carte des sols, carte de la végétation, carte démographique, carte des précipitations moyennes etc.

Page 29: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

23

d’analyse spatiale des données plus sophistiqués et des outils de cartographie automatisés permettant de stocker, de traiter, de superposer, d’intégrer et de gérer beaucoup de données spatiales à la fois et de manière plus rapide.

Etape d’élaboration et de validation du schéma : Ici, la cartographie servira surtout en tant qu’outil visuel de communication. Sur la base de l’ensemble des cartes papier et/ou digitales élaborées lors de l’étape diagnostic, les acteurs discuteront les options de développement souhaités. Une autre phase de cartographie participative suivra ces débats afin de spatialiser ces options et visions de l’aménagement de l’espace concerné. Celle-ci peut être suivi par une autre phase de cartographie assisté par ordinateur et/ou le SIG pour produire des cartes digitales.

Etape de mise en œuvre du SAF et étape de révision du SAF : Dans une moindre mesure, ces deux dernières étapes du processus SAF pourront également profiter des atouts de la cartographie pour par exemple localiser les activités de mise en œuvre du SAF et estimer leur impact dans l’espace. En revanche, une révision du SAF pourra obligatoirement nécessiter de nouvelles analyses spatiales et de cartographies participatives pour estimer l’envergure d’un changement de phénomène sur le terrain (cf. Chapitre 4.1.3).

4.4.3 Les défis de la représentation cartographique Tout comme la collecte des données et informations (cf. chapitre 4.3), la cartographie se voit confronté à un certain nombre de défis dans le processus d’élaboration du SAF. Représenter les données collectées ainsi que les informations générées de façon compréhensive et utile pour acteurs locaux et décideurs exige un travail conceptuel rigoureux. Voici quelques exemples de défis de représentation cartographique loin d’être exhaustifs :

Multi-usage des espaces (dynamiques dans le temps) : Au fil des saisons, l’utilisation des espaces ne reste pas toujours la même. L’élaboration de cartes d’utilisation du sol par saison peut s’avérer un bon moyen pour visualiser les successions d’activités sur un même espace sans surcharger une carte. Par exemple, un espace agricole pendant l’hivernage devient un espace pastoral après la libération des champs.

Flux (dynamiques dans l’espace): Les problématiques liées à la GRN et au foncier ne sont que rarement statiques. Très souvent des mouvements et flux doivent être analysés et représentés afin de comprendre le fonctionnement des systèmes de production et les logiques d’utilisation de l’espace. Typiquement, des flux comme des mouvements de troupeaux, des tendances démographiques, des échanges commerciaux etc. peuvent être illustrés avec des flèches.

La précision : Vu la difficulté de relever certaines données et vu les moyens souvent limités, il n’est pas toujours possible, mais pas non plus toujours nécessaire de tracer un phénomène de façon très précise sur la carte. En fonction de la problématique, il peut souvent suffire d’opter pour une représentation en zones floues/hachurées. P.ex. en ce qui concerne la dynamique pastorale, il est impossible de localiser sur des

Page 30: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

24

cartes tous les lieux problématiques. Il faut alors plutôt raisonner en terme de zones problématiques et se permettre un certain niveau d’abstraction et de généralisation cartographique.

Des détails: En fonction de la problématique, il peut s’avérer nécessaire d’envisager des zooms à l’intérieur de l’espace étudié pour pouvoir montrer tous les détails nécessaire.

Exemple de succès (1) par rapport à la cartographie dans le processus SAF :

Utilisation de fonds de carte préparés dans le SIG ArcView pour accompagner les

espaces de dialogue, Diffa

Les échanges au sein des espaces de dialogue communaux ont été accompagnés et facilités par

l’élaboration de cartes participatives pour illustrer et mieux communiquer les problématiques

discutées. Afin de faciliter l’élaboration de ces cartes, le Projet ZFD Diffa a préparé des fonds de

carte vierge montrant uniquement la localisation des villages, quelques infrastructures (routes,

pistes) et quelques marques importantes de terrain (p.ex. désert, rivière). Il y a notamment la

base nationale SIGNER qui a été exploitée dans ArcView. Ces fonds de carte ont été imprimés

sur des feuilles A3 et collés pour faire une grande affiche permettant de travailler de façon

participative. Ces fonds de carte ont beaucoup facilité la localisation de phénomènes par les

participants et permettent aux acteurs exploitant les cartes par la suite de fabriquer de manière

plus rapide, plus correcte et compréhensible des carte finales. Au vu des vastes espaces

concernés par les débats, sans aucun repère géographique sur papier kraft au départ, il est

sinon souvent difficile de produire une carte correspondant un minimum à la réalité d’échelle et

des espaces.

Eléments de fond de carte/légende préparés à l’aide d’ ArcView

Eléments de légende rajoutés par les acteurs dans les concertations

Page 31: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

25

4.4.4 Les opportunités et potentialités de la cartographie dans le processus SAF Généralement, les populations sont enthousiastes quand il s’agit de faire des cartes et celles-ci présentent du coup une porte d’entrée intéressante et motivante pour les concertations autour de problématiques souvent complexes. En ce qui concerne ensuite la mise en forme des cartes MARP, mais aussi le transfert de toutes les données collectées dans des cartes thématiques, il peut être facilité par l’utilisation d’un Système d’Information Géographique. Il est vrai que l’utilisation de l’informatique dans un contexte comme celui de l’élaboration des SAF au Niger est toujours confrontée à un certain nombre de difficultés (moyens, compétences humaines etc.), mais les expériences ont montré qu’à ce titre il y a des opportunités en matière de compétences à saisir et à promouvoir au niveau des structures départementales et régionales du Code Rural.

4.4.5 Les contraintes et faiblesses de la cartographie dans processus SAF

Bien que généralement les gens soient motivés à contribuer à l’élaboration de cartes MARP, il faut toujours un acteur ayant une compétence minimum en cartographie pour guider les travaux. Il en est pareil pour des acteurs menant des enquêtes sur le terrain. Pour les étapes suivantes de traitement et d’analyse des informations ainsi que de production de cartes thématiques, il faut des personnes avec encore plus de compréhension pour la cartographie et l’interprétation de données, pas faciles à trouver à l’échelle communale où les enquêtes s’effectuent au départ. C'est là que l'on devra trouver la complémentarité entre les différents niveaux du dispositif institutionnel du code rural (cf. chapitre 4.3).

Exemple de succès (2) par rapport à l’apprentissage des acteurs en matière de cartographie, Diffa

La COFODEP de Maïné-Soroa a été formé et reçu un appui technique régulier en matière

d’application pratique du SIG ArcView à des questions du travail de COFO pendant quelques

mois. Elle était à la fin capable de documenter des constats COFO sur le terrain sous forme

d’une cartographie expliquant la situation de conflit.

Page 32: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

26

Pour localiser les ressources et les pratiques au cours du processus SAF, il est utile d’avoir des fonds de cartes déjà existant avec au moins les villages. Ceux-ci permettent aux acteurs d’avoir des repères connus pour s’orienter et localiser des informations. Malheureusement, il est très difficile au Niger d’obtenir une base de données des villages complète, correcte et mis à jour. En plus, souvent les noms des villages et des espaces varient en fonction des personnes interrogées. Ce problème est plus délicat dans le cas des campements où des fois le site porte le nom du groupe d’éleveurs en présence et comme le même groupe a plusieurs sites, ils portent tous le même nom.

4.4.6 Questions ouvertes par rapport à la cartographie dans le SAF

Le degré de généralisation/d’abstraction nécessaire et autorisé dans la représentation cartographique d’une thématique dépend de la thématique elle-même et des réponses que l’on recherche par rapport à cette problématique, mais aussi de l’envergure d’un espace étudié. La question se pose donc à savoir comment donner des consignes dans une méthodologie de référence par rapport au niveau d’abstraction fortement dépendant du cas par cas.

Exemple d’insuffisance par rapport à la cartographie dans le processus SAF : Le croisement des informations, Diffa

Le projet ZFD Diffa a pu collecter des données très diverses sur l’utilisation des ressources et des espaces. Ces données et informations ont été recueillies en cartes MARP, mais aussi en rapports de concertation et de missions de terrain et dans des fiches d’enquête. En plus du fait que la collecte des informations n’avait pas été systématisée (cf. chapitre 4.3), nous avons été confrontés à la tâche énorme de transférer l’écrit en matériel cartographique. Pour ce faire, des moyens et compétences humains n’ont pas été suffisants pour accomplir ce travail. Par conséquent, les étapes suivantes n’ont pas pu être entamées non plus : ni la comparaison et mise en relation de différentes cartes thématiques pour une analyse plus approfondie de la situation actuelle ni les réflexions sur les visions et options de développement futures à illustrer dans des cartes également.

Cartes thématiques de la commune de Foulatari, région de Diffa Une série de cartes de diagnostics par rapport à différents thèmes (puits, mares, forêts etc.) ont été produites sur la base des discussions dans les espaces de dialogue. Mais elles sont restées descriptives, n’ont as été exploitées pour des analyses et des croisement des différentes informations pour produire des cartes problématiques.

Page 33: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

27

Nous nous interrogeons également sur la nécessité de précision au moment de la collecte des données, c’est-à-dire dans quels cas l’utilisation d’un GPS peut-il être utile et dans quels cas peut-on s’en passer ?

Dans la logique SAF, les villages, les espaces et les ressources naturelles constituent une base très opérationnelle pour amorcer les échanges. A l’égard de cette réalité, nous posons la question s’il est effectivement opportun de visualiser les limites des communes. A plus forte raison que certaines problématiques ne s’arrêtent pas aux limites des communes mais se jouent au minimum dans l’intercommunalité. Souvent il s’agit de ressources partagées par plusieurs acteurs originaires de plusieurs communes, voire régions.

4.5 L’échelle du SAF 4.5.1 Echelle cartographique et échelle administrative En parlant d’échelle dans le cadre du SAF, il est important de faire la différence entre l’échelle cartographique et l’échelle administrative. L’échelle cartographique décrit le rapport entre une distance mesurée sur une carte et une distance réelle mesurée sur la surface de la terre. L’échelle cartographique influe sur le degré de détails visibles sur une carte, mais aussi sur l’envergure du territoire pris en compte par une carte. Plus l’échelle d’une carte est petite, plus le territoire représenté est

Recommandations Par rapport à

La cartographie dans le processus SAF

Dans le cadre de la préparation de la collecte des données, il est indispensable de se préparer spécifiquement aux tâches de cartographie (fonds de carte, fiches de collecte appropriées). La collecte des données à l’aide de la cartographie concerne une grande partie des données à collecter, raison de plus pourquoi les fiches de collecte doivent être rigoureusement élaborés et adaptés aux défis cartographiques.

Par ailleurs, les données collectées pour l’élaboration des cartes peuvent être traitées et analysées au fur et à mesure que les concertations ont lieu. Il n’est pas obligatoire et souvent pas avantageux non plus que la cartographie participative se fasse en une seule fois.

Dans une logique d’appropriation, la cartographie doit être simple, mais pas simpliste. Il faut éviter que la « technologie » ne crée un frein aux initiatives et capacités locales, mais si des possibilités locales existent à ce niveau il faut encourager les outils « sophistiqué » dans les limites de l’utile bien sûr. Car la technologie facilite le travail et permet d’automatiser certaines opérations de routines lourdes mais aussi d’améliorer des performances d’analyses et dans certains cas l’atténuation des coûts de collecte (photos aériennes, imagerie satellite).

Page 34: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

28

grand et moins de détails sont visibles. Par contre, une carte à grande échelle représente un petit territoire avec plus de détails visibles.

En revanche, lorsque l’on parle d’échelle administrative, on se réfère tout d’abord à un découpage administratif avec différents échelles administratives (p.ex. communale, régionale) qui ne correspondent pas forcément à des échelles cartographiques bien précises. Vouloir travailler à une certaine échelle administrative signifie tout d’abord que l’on souhaite afficher sur la carte l’ensemble de l’entité administrative en question. En fonction de la taille réelle de cette entité, l’échelle cartographique variera : Pour complètement afficher une région de 150 000 km2, l’échelle cartographique est forcément plus petite que pour montrer une région de seulement 50000 km2. Ceci signifie donc que bien que l’on travaille à la même échelle administrative, on ne travaille pas forcément à la même échelle cartographique. 4.5.2 Détermination de l’échelle de travail pour le SAF Sur la base des faits présentés en 4.5.1, dans le contexte du SAF nous ne pouvons donc pas préconiser de manière générale une échelle cartographique spécifique et pareille pour tous les SAF. Tout d’abord, l’échelle cartographique à choisir dépend de la problématique analysée qui détermine le nombre de détails qui doivent être visibles sur la carte. Par exemple, pouvoir illustrer de manière lisible la répartition de différentes cultures le long de la Komadougou demande probablement une échelle plus grande que la simple différenciation en zones irrigables et champs dunaires.

Par contre, nous pouvons préconiser dans certains cas et par rapport à certaines problématiques une certaine échelle administrative. Ainsi, il semble évident que l’analyse des problématiques liées à l’élevage mobile demandera probablement d’aller au-delà de l’échelle communale et de travailler au moins à une échelle régionale.

Aussi bien la détermination de l’échelle cartographique que le choix de l’échelle administrative sont donc essentiellement guidés par les différentes problématiques à analyser et le niveau de détail recherché par rapport à une certaine problématique. Ainsi, ni l’échelle cartographique ni l’échelle administrative ne peuvent être fixées de manière générale d’avance. 4.5.3 Collecte de données et échelle La détermination de l’échelle de travail n’est pas seulement importante au moment de l’analyse et de la représentation cartographique des données et des informations, mais déjà à l’étape de la préparation de la collecte des données (cf. chapitre 4.3). Les problématiques à traiter déterminent non seulement les données à collecter (cf. chapitre 4.3), mais aussi l’échelle à laquelle les données doivent être collectées pour éviter que trop ou pas suffisamment de données soient relevées.

Page 35: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

29

4.5.4 Les opportunités et potentialités par rapport à la détermination de l’échelle Rester flexible dans les échelles de travail en fonction des problématiques et bien déterminer la taille de l’échelle en fonction des objectifs visés permet de faire des économies de moyens et de temps lors de la collecte, mais aussi l’analyse et la présentation des données.

4.5.5 Les contraintes et faiblesses par rapport à l’échelle souhaitée En revanche, dans certains cas il peut aussi arriver qu’il serait intéressant d’obtenir certaines données à une très grande échelle pour pouvoir apporter des réponses à une certaine problématique, mais que les moyens disponibles ne suffisent pas pour relever les données à une échelle aussi grande.

4.5.6 Questions ouvertes par rapport à la détermination de l’échelle En rapport avec les échelles de travail du SAF, la question se pose à savoir si un SAF régional représente tout simplement la somme/le puzzle entier des documents dans la logique SAF développés aux niveaux communaux, départementaux etc. ou dans quelle mesure l’élaboration du SAF régional implique un travail d’abstraction et de généralisation des SAF développés à des échelles administratives inférieures et donc très probablement à des échelles cartographiques plus grandes.

Exemple de succès de changement d’échelle en fonction de la problématique : Commune de Gueskérou, Diffa

Occupation et utilisation Utilisation du sol en bordure du sol dans toute la de la rivière Komadougou Commune de Gueskérou Afin de pouvoir travailler sur et comprendre la répartition de différentes cultures le long de la

Komadougou, il a fallu changer d’échelle cartographique. L’échelle administrative de la

commune était suffisante pour pouvoir montrer grosso modo la répartition spatiale de

l’agriculture, de l’élevage extensif etc., mais pour préciser la composition de la zone agricole, un zoom était indispensable.

Page 36: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

30

Recommandations Par rapport à

L’échelle du SAF

Etant donné que l’échelle de travail pour le SAF devrait varier en fonction des problématiques, il est difficilement concevable dans une méthodologie nationale de référence pour l’élaboration des SAF de définir une échelle de travail de référence pour le SAF. Il faudrait plutôt essayer de réfléchir aux besoins d’échelle minimum des différentes problématiques faisant l’objet du SAF.

Dans la détermination de l’échelle de travail, il peut aussi être utile de voir avec les acteurs qui participent à la concertation quelle échelle de travail leur semble pertinente, p.ex. en fonction de réelles distances ils parcourent dans leurs activités et autour de leur lieu d’habitation.

Exemple d’échec de changement d’échelle : Commune de Foulatari, Diffa

A un moment donné des concertations, il a été décidé de changer d’échelle pour mieux

voir les différentes cuvettes. Par la suite ce changement d’échelle s’est avéré inutile, car

l’augmentation en détail n’a pas vraiment apporté un plus dans la logique SAF. Les zones

d’ensablement sévère auraient pu aussi être indiquées à la petite échelle, p.ex.. Il faut

donc toujours bien réfléchir aux finalités d’une augmentation en détail afin d’éviter du

travail inutilement compliqué.

Page 37: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

31

4.6 Les concertations dans le processus SAF 4.6.1 La nécessité de concertations populaires dans le processus SAF Bien que la supervision globale du processus d’élaboration des SAF incombe aux différents SPR, le processus SAF ne peut se passer de la concertation populaire entre les différents utilisateurs des ressources naturelles à la base pour pouvoir collecter et considérer les différents points de vue et préoccupations de tous les utilisateurs. Au cours de sa réalisation, la concertation doit permettre une convergence et des consensus sur les règles d’utilisation des ressources et des espaces ainsi que sur les options de développement et d’aménagement à retenir. C’est la concertation populaire qui fournit la légitimité nécessaire au SAF sans laquelle sa mise en œuvre ne sera pas possible (cf. chapitre 4.8). En même temps, la concertation permet le renforcement des capacités des acteurs locaux tant nécessaire (cf. chapitre 4.2). Le nombre et le type d’acteurs qui participent aux concertations dépendent des thématiques abordées. Elle peut regrouper seulement quelques acteurs locaux à des délégations plus importantes.

4.6.2 Les contraintes et faiblesses dans la réalisation des concertations L’engouement des acteurs pour les concertations et thèmes SAF est souvent limité par

des distances à parcourir notamment en zone pastorale. Il est nécessaire d’avoir des stratégies qui considèrent les distances et coûts de transport dans l’appui aux concertations (frais de transport, création de centres de regroupements etc.).

Parfois des concertations ne donnent pas de résultats pertinents parce qu’elles ont été infiltrées par des acteurs ayant été gâtés par des interventions de développement

Exemple de succès : Concertations SAF accompagnées par les programmes ZFD et LUCOP

Aussi bien le programme ZFD que le programme LUCOP ont opté au cours de leurs différentes activités d’appui à l’élaboration des SAF pour l’accompagnement de la réalisation de concertations populaires. Le ZFD a encouragé la réalisation de concertations autour des problématiques SAF à travers l’organisation d’espaces de dialogue regroupant à peu près une fois par mois sur 1 voire 3 ans aussi bien les membres COFOCOM, des élus communaux que des personnes ressources issues de l’espace communal. Dans les Communes de Téra et Diagourou, afin d’assurer une collecte d’information beaucoup plus participative, mais aussi afin de permettre les échanges et la concertation entre les populations des centres de regroupements ont été retenus comme méthodologie pertinente pour la collecte des données SAF. Les villages ont été répartis sur les centres de ces deux communes. L’enquête publique a touché durant deux jours dans chacun des centres dix participants par village. Ces délégués correspondent au profile type des membres des COFO de base (chef de village, représentants des utilisateurs). Les échanges et concertations ont été focalisés sur les pratiques (agricoles, pastorales et autres pratiques rurales en lien avec la GRN), les enjeux et problématiques qui leur sont liés mais aussi les visions prospectives de développement de ces pratiques. Généralement, toutes ces concertations ont fait l’objet d’une bonne mobilisation des acteurs grâce à la pertinence pour les acteurs locaux des thèmes débattus.

Page 38: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

32

précédents et ne participant donc pas pour la cause. Le problème ne se pose pas forcément seulement dans l’attitude de vouloir profiter de per diem/frais de transport etc. mais se fait aussi remarquer dans les débats: Ces acteurs ne sont pas présents pour essayer de comprendre des problématiques par leur racine et pour faire des efforts communs de réfléchir à des solutions locales, mais ils profitent pour poser des doléances et solliciter des financements pour des investissements durs et immédiats.

4.6.3 Questions ouvertes par rapport aux concertations des acteurs La question se pose à savoir comment continuer à entretenir la dynamique de

concertation à l’absence d’un partenaire qui puisse apporter un appui logistique pour les représentants issus de zones reculées.

L’animation des concertations s’est avérée un aspect crucial pour la pertinence et la réussite des débats. Il est vrai que les acteurs sont souvent motivés à débattre, mais en absence d’un animateur-facilitateur guidant un minimum les débats, il est difficile de retenir des résultats pertinents des concertations. Il est donc indispensable dans la phase préparatoire d’identifier un acteur local doué ayant à la fois de très bonnes capacités d’animation et un minimum de connaissances thématiques ainsi qu’une vision/approche globale des problématiques discutées dans le cadre du SAF.

Exemple de défi : Maintenir la motivation des acteurs Au niveau des espaces de dialogue appuyés par le programme ZFD Diffa et Zinder, l’expérience a

montré qu’un dialogue intéressant seulement ne suffit souvent pas pour maintenir la bonne

motivation des acteurs à dialoguer autour des thématiques SAF.

Il est donc important de réfléchir et de prévoir à comment apporter quelque chose de plus concret

aux participants dans les animations/concertations.

Par exemple, même avant la finalisation d’un premier document dans la logique SAF, à la suite de

débats sur une problématique, une COFOCOM peut-être accompagnée à faire un constat à ce sujet.

Le dialogue sans action par la suite peut sinon décourager les acteurs de continuer à débattre.

C’est ainsi que dans la région de Zinder le projet ZFD a systématiquement intégrée l’aspect mise en

œuvre de mesures proposées par l’espace de dialogue dans son approche. A titre d’exemple on

peut citer l’accompagnement de la commission foncière et des membres de l’espace de dialogue

des communes de Tirmini et Dan Tchiao dans un processus de sécurisation de certaines ressources

(couloirs de passage et aires de pâturage). Les acteurs locaux ont porté ce processus de

l’organisation de concertations/sensibilisations des populations jusqu’à la matérialisation des

délimitations physiques avec des moyens locaux. Dans le cas de Dan Tchiao, la population a même

pris en charge les missions du SP de la COFOCOM et d’un représentant du Chef de Canton pour les

frais du carburant de leur moto et leur nourriture sur le terrain pour ainsi faciliter le travail.

Au niveau des espaces de dialogue de Diffa, des personnes ressources extérieures (p.ex. expert ST

en gestion des forêts) ont été invitées de temps à autre aux concertations afin d’apporter un plus

notamment aux débats autour de la recherche de solutions. Le fait d’avoir un minimum d’input de l’extérieur encourage les gens à avancer ayant l’impression d’avoir appris quelque chose.

Page 39: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

33

Recommandations par rapport à

La concertation avec les acteurs dans le processus SAF

Afin d’impliquer tous les utilisateurs dans le processus de concertation, il faut veiller à permettre aux éleveurs mobiles de participer aux rencontres (prise en compte de la saison et détermination des lieux de rencontre).

La concertation est incontournable dans le processus SAF et ne doit pas être abrégée bien qu’elle demande des moyens financiers et humains ainsi que du temps. Il est important que le partenaire qui accompagne le processus SAF prévoie les moyens et la durée d’intervention nécessaires à l’appui aux concertations.

4.7 La vision dans le SAF 4.7.1 La notion de la vision dans le SAF Comme nous l’avons vu dans les premiers chapitres de ce document, le SAF contient deux éléments principaux à savoir le diagnostic de la situation actuelle des ressources, espaces, pratiques et problématiques (étape 2 du processus SAF) ainsi qu’une présentation de l’utilisation future souhaitée par les acteurs concernés (étape 3 du processus). Cette image de l’utilisation future des espaces exprimée et dessinée par les acteurs dans les concertations dans la troisième étape du processus SAF correspond à une vision que les acteurs ont de leurs espaces, ressources et pratiques sur le moyen et long terme. Cette vision s’exprime tout d’abord en la formulation de visions/options de développement (social, économique, environnemental) qui par la suite seront transformées en visions et options spatiales et d’aménagement précisées par des axes d’intervention.

4.7.2 Construire une vision avec les acteurs La vision concernant les ressources et les pratiques dans le SAF des acteurs locaux ne correspond pas à une attitude, à des vœux et à des attentes que les acteurs ont toutes prêtes en tête. Elle se construit autour de réflexions et d’échanges sur la base du diagnostic de la situation actuelle (étape 2 du processus SAF).

Afin d’appuyer le processus d’élaboration de visions, le facilitateur des concertations doit arriver à

Amener les acteurs à comprendre la notion de vision dans le processus SAF. Mettre les acteurs en situation de réflexion sur l’avenir plutôt que dans l’esprit de

projet de développement qui pour la plupart demandent aux gens de réfléchir en « actions ».

Fournir des informations intelligibles et simples pour pouvoir alimenter une réflexion stratégique avec des éléments extérieurs (p.ex. éléments sur les tendances climatiques, démographiques etc.).

Page 40: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

34

Discuter avec un groupe restreint qui a plus de capacités à se projeter dans le futur

L’horizon à envisager pour les réflexions avec les acteurs sur les visions peut débuter avec une projection sur le court et moyen terme (~ 5 à 10 ans) et se donner par la suite l’ambition de se projeter sur à peu près une génération (~25 ans). 4.7.3 Les opportunités et potentialités par rapport l’élaboration de visions Tous les acteurs locaux ont aujourd’hui conscience de la complexité des problématiques de gestion des ressources naturelles et vivent actuellement les limites du système. Toutefois, le SAF - à travers la nécessité d’ouverture du regard des acteurs vers l’avenir au cours de son élaboration – offre des opportunités aux acteurs d’évoluer vers une sortie de crise.

4.7.4 Les contraintes et faiblesses par rapport à l’élaboration de visions Malgré des potentialités en matière de projection dans le future, il est extrêmement difficile de faire parler les acteurs locaux d’avenir et donc de visions SAF. Ceci est premièrement dû au fait que les acteurs n’ont pas l’habitude de prévoir, mais deuxièmement ces difficultés trouvent aussi beaucoup leur origine dans l’empreinte des projets de développement passés demandant aux acteurs de formuler des actions concrètes plutôt que de réfléchir sur le fondement et l’impact long terme de ces actions. 4.7.5 Questions ouvertes par rapport à l’élaboration de visions Il reste un grand travail de réflexion et de méthodologie à faire en matière de comment élaborer des visions avec les acteurs locaux vu les difficultés mentionnées ci-dessus.

Exemple succès: Comment élaborer de visions dans les concertations, Tillabéri

Dans les communes de Diagourou et Tera, des visions sur les pratiques ont été formulées de

façon participative par les populations locales.

Un atelier d’élaboration des visions et axes d’intervention a regroupé autour de la COFOCOM,

certains délégués villageois, des membres de la COFODEP et une délégation du SPR du Code

Rural. Les travaux de réflexion et d’échange collectifs ont été basé sur (1) la mise en perspective

des éléments d’informations collectés et (2) la formulation d’options de développement. C’est le

résultat de ces travaux qui a permis l’élaboration de visions et d’axes d’intervention consignés

dans le présent document (cf. étape 3 du processus SAF). Ils constituent la trame du schéma

communal de mise en valeur des espaces et ressources naturelles. Par la suite la commune aura

à charge de traduire ces différents axes d’intervention en plan d’intervention beaucoup plus

précis.

Page 41: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

35

Recommandations par rapport à La formulation de visions dans le processus SAF

Du fait de la difficulté de la formulation d’une vision avec le groupe cible et pour ne pas tomber dans le piège des revendications à satisfaire par les PTF, il faut tout d’abord amener les acteurs à comprendre ce qu’on recherche à travers l’élaboration d’une vision.

A l’égard de l’élaboration de visions dans le processus SAF, il est important de veiller au développement d’une vision globale pour toutes les thématiques et d’éviter l’élaboration de visions sectorielles qui en plus risquent d’être confondues à des actions.

L’élaboration des visions constitue la partie essentielle d’un SAF. Ce sont les projections dans le futur qui font d’un simple plan (carte) de l’utilisation présente des espaces le « vrai » SAF. Au stade actuel de l’élaboration de la méthodologie nationale de référence, les acteurs appuyant le processus SAF, devraient réfléchir de manière approfondie à comment dans la pratique développer des visions avec les acteurs locaux.

Exemple d’échec (2): Questionnaire et missions de terrain pour collecter des visions des populations, Diffa

Dans le cadre de l’appui du Projet ZFD Diffa à l’établissement d’espaces de dialogue communaux, des

facilitateurs communaux ont effectué un certain nombre de missions de terrain accompagnatrices

des rencontres mensuelles au siège de la commune. Quelques-unes de ces missions ont eu comme

objectif de discuter avec les populations sur le terrain leurs préoccupations quotidiennes actuelles,

mais aussi comment elles voyaient leurs activités respectives dans un avenir proche. Pour la plupart

des gens interviewés, il était impossible d’exprimer un vœu, un rêve par rapport à une amélioration

de leurs propres activités quotidiennes. Il était presque étonnant d’entendre dans les réponses des

gens que la plupart soient grosso modo satisfaite de leurs activités actuelles.

Cette expérience montre l’importance d’une bonne préparation voire stratégie des interviews sensible

à l’attitude et la capacité des acteurs, mais également la nécessité de sortir du cercle des habitués

aux projets de développement pour avoir des réponses plus honnêtes.

Exemple d’échec (1): Comment ne pas élaborer des visions dans les concertations, Tillabéri

Réfléchir sur les pratiques séparément pour construire une vision est un échec. Au niveau des

communes de Diagourou et Téra, lors de l’élaboration des visions sur les pratiques, les représentants

des villages ont été organisés en groupes des travaux avec les services techniques en fonction des

pratiques. Les acteurs avaient des difficultés de cerner la différence entre vision et planification qui a

plus trait à la mise en œuvre. Finalement, au lieu d’obtenir des visions, le résultat était plutôt des

actions.

Il est important dans le cadre de la définition des visions de créer les conditions de définition des

visions globales de gestion des ressources naturelles à travers la clarification du concept et les

objectifs recherchés mais aussi l'identification des personnes clés ayant une certaine capacité

d’abstraction pour faire ce travail. Ainsi, on peut éviter de tomber dans le piège d'énumération des

actions à la place des visions

Page 42: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

36

Recommandations par rapport à

La mise en œuvre du SAF

Un bon dosage entre les fonds prévus pour l’élaboration du SAF au sens stricte et ceux destinés à sa mise en œuvre des doit être assuré pour éviter le risque d’élaborer un bon schéma sans moyens d’action consécutifs.

Une solution pour mieux assurer la mise en œuvre d’un SAF serait une bonne synergie entre les différents partenaires dans la perspective qu’ils partagent la tâche an matière de financement des deux étapes principales de l’élaboration et de la mise en œuvre. Par exemple certains partenaires auront les moyens d’accompagner l’élaboration du SAF alors que d’autres assureront du coup les moyens de sa mise en œuvre.

Le SP/CNCR doit intervenir auprès des partenaires pour qu’ils adhérent aux processus SAF dans son ensemble. Il doit agir en tant que fédérateur des initiatives pour assurer une bonne cohérence entre notamment l’élaboration du SAF et sa mise en œuvre.

Au niveau communal p.ex., le conseil municipal doit être redevable de la mise en œuvre du plan d’action SAF et la COFOCOM doit être responsable de la légitimation du SAF.

4.8 La mise en œuvre du SAF 4.8.1 Le défi de la mise en œuvre du SAF Après avoir validé le Schéma lors de l’étape 3 du processus d’élaboration du SAF (cf. chapitre 4.1), le grand défi de la mise en œuvre du SAF reste à être assuré. Quelque soit les mécanismes de validation et de légalisation du SAF, ce sont à ce stade surtout les mécanismes de contrôle de son application qui sont extrêmement importants. Sans le suivi de la mise en œuvre et la planification de moyens consécutifs, un SAF risque de disparaître assez rapidement dans les tiroirs, une fois qu’il a été validé « officiellement ». Contrairement à l’élaboration du schéma (étapes 1,2 et 3 du processus SAF) qui vise des orientations stratégiques plus globales, la mise en œuvre avec notamment l’élaboration de mécanismes de suivi ainsi que de plans d’action se situe à un niveau opérationnel et plus précis. 4.8.2 Questions ouvertes par rapport à la mise en œuvre du SAF Au vu de l’importance de l’étape de la mise en œuvre du SAF, il se pose la question de savoir si dans le cas d’absence de moyens pour la mise en œuvre un démarrage du processus SAF doit être envisagé.

Page 43: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

37

Conclusion Les conflits fonciers ne sont pas propres au Niger. Ils sont rencontrés un peu partout dans la sous région et même de par le monde. L’accès et l’exploitation des ressources foncières qu’elles soient renouvelables (origines biologiques) ou non renouvelables (origines minières) causent problème. Ils peuvent être prévenus si à l’amont des dispositions sont prises à temps. C’est dans cette logique de prévention des conflits fonciers que le Niger inscrit ses actions à travers l’élaboration et la mise en œuvre du code rural. Le SAF est aujourd’hui perçu comme un des outils important du code rural pour la prévention des conflits fonciers ruraux et la promotion des activités rurales. Les populations sont généralement disposées à s’y impliquer car il traite des aspects sensibles que sont le foncier et l’accès aux ressources naturelles. Les partenaires techniques et financiers qui accompagnent le processus SAF doivent définitivement se convaincre de l’importance de cette mission. Il n’y a pas de développement sans paix sociale. Le grand nombre de cadres institutionnels (COFO et communes) et juridiques (législations foncières) impliqués dans le processus SAF demandent être accompagnés et renforcés. La volonté politique y est car tous les discours politiques font référence à la prévention des conflits fonciers même si les moyens mobilisés par l’Etat dans ce cadre restent largement en dessous de l’ampleur de la mission à accomplir. Les expériences du DED en matière d’accompagnement du processus SAF permettent

de tirer quelques principaux enseignements dont on peut citer :

L’élaboration du SAF est un processus basé sur de nombreuses concertations avec les acteurs locaux. Il faut prévoir du temps pour les débats inter acteurs et avoir la capacité d’écoute et d’abstraction des éléments pertinents à la démarche. Une connaissance approfondie et intégrante des dynamiques socioculturelles et environnementales est aussi importante que les aspects techniques (p.ex. cartographie, textes de loi etc.).

La collecte de données et la recherche d’informations est une étape clé du processus d’élaboration des SAF qui demande en amont la réflexion approfondie sur les problématiques à vouloir traiter et en aval la préparation rigoureuse d’outils de collecte afin d’éviter la collecte de données inutiles ou bien un excès de données.

Le niveau communal est actuellement le plus pertinent pour entamer le processus SAF. Il faut renforcer les capacités des acteurs à ce niveau (COFOCOM et CM) tout en renforçant les liens avec les niveaux supérieurs (COFODEP et SPR). Cependant, en fonction des thématiques traitées, la collecte des données et informations ainsi que leur analyse demande une agrégation à d’autres niveaux et échelles (p.ex. départemental, régional).

Page 44: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

38

Le processus d’élaboration du SAF implique deux phases principales à savoir l’élaboration du schéma d’aménagement et la mise en œuvre des consignes contenues dans ce schéma. Pour répondre aux objectifs finaux du SAF, l’élaboration du schéma doit obligatoirement être suivi par la mise en œuvre de ses dispositions raison pour laquelle les acteurs appuyant le processus doivent nécessairement viser à garantir d’une manière ou d’une autre la mise en œuvre dès le départ du processus.

Plus précisément, le processus SAF passe par cinq grandes étapes qui demandent de l’accompagnement et du financement. Toutefois, même si chaque action au cours du processus SAF donne un résultat en soi, la cohérence des différentes étapes est cruciale raison pour laquelle les acteurs en appui au processus devraient toujours prévoir comment réaliser les étapes suivantes.

Les trois premières étapes du processus d’élaboration du SAF peuvent prendre assez de temps (au minimum entre 6 à 18 mois d’après les expériences du DED). Cependant, certaines actions de mise en œuvre importantes concertées peuvent se faire tout au long du processus, ce aussi dans une optique de motiver les acteurs.

Page 45: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

39

Annexes Annexe 1: Informations sur les programme ZFD et LUCOP qui accompagne le processus SAF Le programme ZFD/DED (en général et au Niger) Le Service Civil pour la Paix (= Ziviler FriedensDienst), programme financé par le Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BundesMinisterium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung), a été créé en 1999. En son sein se réunissent différentes organisations étatique et non étatiques de la Coopération allemande dont le Service Allemand de Développement. En partenariat avec des organisations locales, les projets ZFD essayent d’identifier au niveau de la société civile des potentiels pour la paix et de renforcer les capacités locales pour la résolution non-violente des conflits. Le ZFD agit aussi bien dans les phases pré-conflits (prévention des conflits) et post-conflits qu’au cours d’un conflit (réduction/apaisement de la violence). Au Niger, le Service Allemand de Développement (DED) a exécuté différents projets ZFD au Niger depuis 2003 :

2003-2006: Projet d’Appui à la promotion des mécanismes de prévention et de gestion des conflits (Région de Diffa)

2005-2010: Le « Projet d’intégration des éleveurs transhumants dans les prises de décisions et la prise en compte la problématique pastorale dans les schémas d’aménagements fonciers » (Régions de Zinder et de Diffa)

C’est dans le cadre du Projet ZFD 2005-2010 que les expériences en matière d’appui a l’élaboration des SAF capitalisées dans ce document ont été acquises.

Le programme LUCOP (Coopération Allemande au Niger) : Le Programme nigéro-allemand de lutte contre la pauvreté (LUCOP) intervient dans les régions de Tillabéri, Tahoua et Agadez. Placé sous la tutelle politique du Ministère de l’économie et des finances, il est mis en oeuvre par les trois institutions de la coopération allemande, à savoir la GTZ, le DED et la KfW. Le programme vise à appuyer le Niger dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural. Il a démarré ses activités en janvier 2004 et est prévu pour une période de 12 ans, soit jusqu'à décembre 2015. La phase II du programme a débuté en juin 2007 et prendra fin en mai 2010. Le LUCOP s’intègre dans les stratégies nationales du Niger, à savoir la Stratégie de développement accéléré et de réduction de la pauvreté (SDRP) et la Stratégie de développement rural (SDR). Il s’adresse essentiellement aux collectivités décentralisées, notamment aux communes, et intervient à la base par l’intermédiaire de prestataires de service ("approche faire faire"). L’objectif du programme LUCOP est que : "Les populations organisées, leurs organisations d’autopromotion et les collectivités décentralisées assument de façon efficace et efficiente leur rôle d’acteurs dans le processus de développement socio-économique." Les trois composantes du LUCOP sont le Développement communal et la décentralisation, la Planification, la réalisation et la gestion des infrastructures socio-économiques ainsi que la gestion et mise en valeur des ressources naturelles. Le foncier (et dans ce contexte entre autres l’appui à l’élaboration du SAF) représente un thème transversal qui s’inscrit dans l’ensemble des activités du LUCOP.

Page 46: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

40

Annexe 2: Expériences LUCOP sur le SAF à Téra et Diagourou 1. Contexte et éléments déclencheurs de l’action La multiplication des conflits fonciers perturbe le développement des pratiques rurales dans les communes de Téra et Diagourou. Cette situation suscite auprès des autorités communales la nécessité de créer un cadre d’échange et de dialogue afin de faciliter la résolution des conflits et de poser les bases d’une dynamique consensuelle et durable de gestion des espaces et ressources naturelles entre les populations des deux communes. Le Schéma d’Aménagement Foncier constitue aux yeux des élus communaux un moyen adapté pour y arriver.

2. Objectifs de l’action L’intervention à Téra et Diagourou visait d’une part à :

Contribuer à la recherche de solutions relatives aux conflits fonciers que vivent les deux communes, notamment par l’élaboration d’outils d’aides à la décision complémentaire au PDC, mais aussi l’élaboration d’outils de communication et de sensibilisation à l’intention des populations et partenaires de la commune.

Contribuer à doter les structures du Code Rural d’une expérience concrète de mise en œuvre de l’approche SAF au niveau communal.

3. Acteurs de l’action

Les acteurs institutionnels principaux de l’activité sont les structures du Code Rural aux différents niveaux auxquels s’ajoutent en fonction des étapes des acteurs complémentaires. Ainsi nous avons :

Le Conseil Municipal qui est l’organe de décision et de validation du processus Les COFOCOM et COFODEP qui élaborent et mettent en œuvre les outils et démarches Les COFOB qui fournissent les informations de terrains et des ébauches de vision, SPCR qui apporte son appui méthodologique et SPR qui est principalement en situation d’apprentissage PTF qui apporte un appui technique et financier

4. Méthodes et déroulement de l’action L’ensemble du processus est construit de façon itérative. Pour chaque étape des séances de travail définissent le contenu et les modalités de mises en œuvre des activités. Les résultats sont amendés et validés par les conseils municipaux. Le processus s’est déroulé autour de quatre phases : La phase de préparation des outils et méthodologies de collecte des données, a permis d’avoir (1) une feuille d’engagement des différents acteurs, (2) d’élaborer et tester les

Page 47: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

41

fiches de collectes d’information sur les pratiques rurales (3) de déterminer les modalités de collecte d’information.

La phase de collecte des données a permis auprès de 700 représentants des 70 villages que comptent les deux communes (1) de collecter des données sur les pratiques rurales et leurs tendances, (2) d’élaborer des cartes de ressources, (3) de collecter les ébauches de visions. Cette phase de collecte à permis à certains acteurs communaux et départementaux de mieux connaitre les pratiques des populations rurales dans leur zone d’intervention.

La phase de traitement et mise en forme des données a permis (1) de mettre en forme les données issues de l’enquête terrain, (2) d’élaborer des supports de communications cartographiques et littéraires. Cette phase de mise en forme des données a été l’une des plus longue et fastidieuse du processus.

La phase d’élaboration des visions et axes d’interventions, c’est faite à travers (1) un atelier communal, (2) la mise en relation des résultats de l’atelier communal et de l’enquête publique. Les résultats provisoires, ont été présentés par la COFOCOM au conseil municipal pour amendement et validation. Un acte de délibération a été pris à Diagourou, alors qu’à Téra le conseil étant dissous, en août 2009, la prise de l’acte n’a pas été possible.

5. Leçons tirées de l’action

L’implication des responsables communaux est très forte car le thème répond à leur préoccupation (conflits fonciers).

L’approche permet une évolution des modes de pensés des acteurs directement impliqués dans le processus (multitudes de séances de travail très ouvertes)

La commune est un niveau pertinent pour amorcer l’approche SAF, Les dynamiques communales sont très liés aux « aléas » électoraux….

(changement des responsables…) La GRN nécessite la continuité. Les COFO sont une solution (collège et liens

institutionnels V, C, D, R, N.)

Page 48: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

42

Annexe 3 : L’expérience du Projet ZFD Diffa dans le processus d’élaboration du SAF

1. Contexte et éléments déclencheur de l’action

Depuis les années 90, la région de Diffa a fait l’objet d’une recrudescence de conflits liés à l’utilisation des ressources naturelles partagées révélant le besoin de renégociation des règles d’accès et d’utilisation entre les différents utilisateurs dont une grande partie sont des éleveurs transhumants. Afin d’encourager une renégociation pacifique de ces règles entre tous les utilisateurs, le programme ZFD appuie les communes en tant que nouveaux acteurs incontournables à l’égard des problématiques liées à la gestion des ressources naturelles à réinstaurer le dialogue et à améliorer la communication entre les différents utilisateurs et communautés faisant défaut dans une région aussi vaste que la région de Diffa. A ce titre, cinq communes - avec l’appui du programme ZFD et avec l’implication des institutions décentralisées du Code Rural pour l’instant peu fonctionnelles dans la région de Diffa – ont établi des cadres de concertation communaux appelés « espaces de dialogue ».

2. Objectifs de l’action

Les « espaces de dialogue » regroupent de nombreux acteurs communaux, départementaux et régionaux pour débattre les problématiques communales liées à l’accès aux ressources naturelles, à la viabilité des systèmes de production et au foncier dans une optique d’élaboration de Schémas d’aménagement foncier (SAF). Les espaces de dialogue permettent aux acteurs locaux de:

Répondre au besoin en communication réel des acteurs présents sur le terrain et faciliter les débats et les échanges entre eux.

S’échanger sur des problématiques susceptibles de devoir être prises en compte dans un SAF, apprendre l’un de l’autre, faire passer des préoccupations et perceptions, partager des visions futures de l’utilisation des espaces communaux.

Concrétiser les textes du Code Rural en discutant des problématiques réelles

Faciliter aux acteurs locaux la compréhension du concept et des enjeux d’un SAF

Mieux comprendre leurs rôles respectifs dans le processus SAF.

Par ailleurs, sur la base des thématiques et problématiques réelles débattues au niveau des espaces de dialogue, des éléments et principes d’ordre méthodique peuvent être dégagés et retenus en vue d’alimenter la méthodologie nationale d’élaboration des SAF.

La finalité des espaces de dialogue communaux n’est donc pas l’élaboration d’un SAF communal, mais l’apprentissage des acteurs, leur préparation et adhésion au processus SAF ainsi que la précision d’éléments de méthodologie pour l’élaboration des SAF.

Page 49: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

43

3. Acteurs de l’action

Les acteurs participant aux espaces de dialogue sont issus aussi bien du niveau communal (Elus, Conseil municipal, Commissions spécialisées, Utilisateurs/Représentants CLD/CR, COFOCOM) que des niveaux départemental (COFODEP) et régional (Secrétariat Permanent Régional). Ils représentent aussi bien la commune (élus) que les différents utilisateurs des ressources naturelles communales (citoyens) ainsi que les structures décentralisées du Code Rural.

4. Méthodes et déroulement de l’action

Des espaces de dialogue communaux ont été établis en accord avec les Maires et conseils municipaux dans 5 communes de la région de Diffa, à savoir les communes de Gueskérou, Maîné-Soroa, Goudoumaria, Foulatari et N’Guel Beyli couvrant les différentes zones agro-écologiques de la région (à vocation agricole, agro-pastorale, pastorale) :

Après la désignation des membres de l’espace de dialogue par la réunion du conseil municipal présidé par le Maire, les espaces de dialogue se réunissent à peu près une fois tous les deux mois pendant 1 à 3 ans. Ils sont animés soit par un facilitateur communal recruté par le Projet soit par un représentant national du Projet et portent à chaque fois sur un thème différent proposé par les membres.

Le niveau communal a été priorisé comme niveau d’intervention du projet représentant l’interface entre les utilisateurs à la base et les niveaux de décision départementales, régionales voire nationales et adhérant au principe que le SAF devrait être le fruit de concertations entre tous les acteurs locaux et reposer sur leurs perceptions tout en considérant les modalités prévues au niveau national.

Pendant les rencontres, la cartographie participative a constitué un outil essentiel pour l’accompagnement visuel des débats et plus particulièrement pour la visualisation de la répartition spatiale des ressources, des pratiques et des problématiques.

Les thématiques débattues au siège de la commune au sein des rencontres « espace de dialogue » ont été approfondies par des missions des facilitateurs communaux sur le terrain.

A partir des cartes participatives ainsi que des rapports de débats et des missions, des cartes thématiques sur la répartition actuelle des espaces, ressources et pratiques communales ont ensuite été produites à l’ordinateur par l’équipe du projet (cf. ci-dessous).

5. Leçons tirées de l’action

Atouts :

Approche très intéressante sur le plan de l’apprentissage et de préparation des acteurs au processus SAF : Leur régularité ainsi que leur tenue sur plusieurs mois

Page 50: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

44

voire années permet aux acteurs de mieux comprendre non seulement les problématiques liées à l’utilisation des ressources et des espaces dans leur commune mais aussi leurs rôles respectifs dans le processus SAF.

L’intégration de tous les membres de la COFOCOM dans la liste des participants aux espaces de dialogue : Stratégie pertinente afin d’assurer la durabilité de l’approche. Au vu de la faiblesse voire la non-existence des institutions du Code Rural dans la région de Diffa, les espaces de dialogue permettent non seulement de combler ce vide mais surtout de contribuer à l’émergence de ces structures.

Faiblesses :

Au démarrage du processus espace de dialogue, leur tenue n’a pas été limitée dans le temps, aucun objectif clair en termes de résultats attendus par rapport au niveau d’apprentissage des acteurs à atteindre, aux documents/cartes à produire etc. n’a été fixé et du coup la collecte des informations n’a pas été effectués de manière systématique. Après de nombreuses rencontres, le seuil pour entamer la prochaine étape SAF envisageable après la collecte n’a pas été franchi.

Les structures départementales et régionales du Code Rural (SPR et COFODEP) auraient dû être davantage impliquées au niveau des espaces de dialogue afin de plus valoriser ces expériences sur le plan méthodologique pour le SAF..

Faute d’une démarche méthodologique claire dès le départ, il a été difficile de situer les responsabilités en matière d’archivage des informations et autres données collectées. Celles-ci sont finalement centralisées au ZFD et au PADL Diffa et non au niveau des Cofo et/ou de la commune, ce qui constitue un déficit en matière de durabilité

A la fin du processus, les informations rassemblées n’ont pas été validées par le Conseil Municipal. La question de savoir comment pérenniser la fonctionnalité des espaces de dialogue à la fin du projet dans une perspective de continuer à faciliter et à impulser la dynamique SAF n’a pas été résolue.

Page 51: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

45

Annexe 4 : Expérience du ZFD Zinder Composante II dans le processus SAF

1. Contexte et éléments déclencheurs de l’action

Tout comme les autres régions du Niger, la région de Zinder connaît depuis plusieurs décennies des difficultés ayant une incidence sur la pression foncière et la situation de conflits que celle ci engendre. Face à ce contexte de dégradation de l’environnement et d’une forte concurrence entre les systèmes de production, les Secrétariats Permanent Régional du Code Rural sont chargés de superviser l’élaboration des SAF. La composante II du programme ZFD Zinder travaille en partenariat avec celui-ci, mais appuie aussi les structures déconcentrées du Code Rural, les COFO. Un des principaux objectifs de ce partenariat est de contribuer à une méthodologie d’élaboration de SAF et de ses outils.

Pour être plus proche des acteurs et de leurs problématiques et ainsi garantir au maximum la prise en compte des vraies préoccupations des acteurs ruraux dans les réflexions sur le SAF, le ZFD appuie l’installation de cadres d’échange communaux appelés « espaces de dialogue ». Le ZFD-Zinder a travaillé avec cet outil depuis Juin 2008 dans trois communes rurales de la région de Zinder (Tirmini, Kelle, Dan Tchiao).

2 Objectifs de l’action

L’espace de dialogue est à la fois un cadre d’échange regroupant une multitude d’acteurs et un outil d’aide à la prise de décision au niveau communal. L’espace de dialogue est un cadre informel qui ne prend pas des décisions mais qui peut à travers ses réflexions préparer des décisions de l’organe formel du Conseil Municipal. Les principaux objectifs des activités dans le cadre des espaces de dialogue sont les suivants :

Stimuler l’échange entre élus communaux et citoyens

Appuyer l’élaboration d’une vision communale de la mise en valeur des ressources avec une implication active des communautés de base

Contribuer à définir une méthodologie d’élaboration des schémas d’aménagement foncier (SAF)

Dynamiser les COFOCOM et commissions thématiques spécialisées

Renforcer les capacités des élus locaux et des autres acteurs communaux

Faciliter la prise de décision des conseils communaux et accompagner la mise en œuvre des PDC (affiner la vision du développement socio-économique)

3. Acteurs de l’action

Bien que cadre informel, l’espace de dialogue est sous la responsabilité de la commune. La commune, avec une part active de la COFOCOM, est le moteur de l’espace de dialogue. Le projet ZFD joue un rôle d’accompagnateur et de facilitateur. Les participants à l’espace de dialogue sont :

Page 52: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

46

Les COFOCOM : Acteurs privilégiés et tous leurs membres participent. L’espace est ainsi présidé par le Maire en tant que président de la COFOCOM. Pourtant, dans la réalisation pratique des activités de l’espace, le Secrétaire Permanent de la COFOCOM joue le rôle majeur ;

Les COFOB là où elles existent peuvent également être associées ;

Utilisateurs des ressources naturelles, personnes ressources et délégués de toutes les sous-zones de la commune (représentants des centres de regroupement / grappes) ;

Les services techniques communaux ;

Une sélection d’élus locaux (surtout ceux qui sont membres des commissions thématiques spécialisés en lien avec la GRN)

Un membre de la COFODEP est généralement invité à participer aux rencontres de l’espace de dialogue pour assurer le lien avec les niveaux départemental et régional du Code Rural.

En fonction de la thématique, le cadre des participants peut être élargi à des intervenants avec une expertise particulière sur un thème spécifique, des partenaires au développement, etc.

4. Méthodes et déroulement de l’action

Au vu de l’objectif de l’espace de dialogue d’appuyer l’élaboration d’une vision communale de la mise en valeur des ressources pour jeter ainsi les bases pour un SAF., les discussions au sein des espaces de dialogue se concentrent sur les aspects de GRN, de gestion foncière, des informations sur des textes de loi etc. Toutefois le cadre est ouvert pour tout autre thème jugé important pour la commune par les participants.

Généralement, les thèmes à débattre sont proposés par les participants. Lors des assises, on s’approche de la thématique avec un débat général et ouvert pour arriver à une compréhension commune. Des outils de cartographie participative jouent un rôle important pour permettre une bonne visualisation des principales ressources et la localisation des problématiques. Petit à petit un inventaire approximatif des ressources de la commune est établi. La prochaine étape est l’identification des problèmes liés à l’utilisation de ces ressources et leur localisation. Ensuite les participants proposent des démarches pour résoudre les problèmes, si possible avec des moyens locaux, tout en identifiant les acteurs nécessaires pour leur mise en œuvre.

Si les solutions proposées nécessitent d’être approuvées par le conseil municipal, l’espace de dialogue peut formuler des propositions qui seront par la suite discutées en session du conseil municipal. C’est dans ce sens que les « espaces de dialogue » sont des outils d’aide à la prise de décision au niveau communal.

Après l’identification des problématiques au sein des espaces de dialogue la mise en œuvre des démarches proposées doit suivre. L’approche du ZFD y repose sur

Page 53: Le processus d’élaboration du SAF au Nigercoderural-niger.net/IMG/pdf/Capitalisation_SAF_ZFD_LUCOP.pdf · 4.5.3 Collecte de données et échelle 28 ... Expérience du SPR de Tahoua

47

l’accompagnement des commissions foncières et de leurs missions pour apporter des solutions concrètes si possible avec des moyens locaux. Ces missions terrain servent aussi à affiner et compléter les données sur les ressources et espaces communaux. En fonction des problématiques traitées, les missions se réalisent en plus des COFOCOM et des acteurs locaux sur place en cas de besoin aussi avec les niveaux départemental et régional du Code Rural ainsi qu’avec les COFOB.

5. Les leçons tirées de l’action

Atouts :

L’approche permet une réelle implication des acteurs à la base dans les réflexions sur le SAF et donc une proximité avec les problématiques locales, les utilisateurs des ressources et leurs besoins. Elle permet aussi de garantir le lien avec les différents niveaux administratifs pour assurer la cohérence avec les réflexions sur une échelle plus grande.

La continuité / régularité des rencontres et activités permet aux acteurs, notamment de la COFOCOM, de mieux cerner certaines problématiques, de s’approprier des connaissances, d’approfondir des thèmes, etc. dans une logique de changement des comportements avisé.

L’approche, surtout au travers de l’accompagnement des COFOCOM a contribué à l’émergence de ces structures. Dans plusieurs cas les COFOCOM, au démarrage des activités communes, n’avaient aucune ou seulement une très faible expérience de travail pratique, ni des formations. L’accompagnement continué leur a permit de comprendre mieux leur rôle et dans la pratique de faire les premiers pas dans leurs missions.

Il a pu être constaté un début d’appropriation de la démarche de sécurisation de ressource par les populations. Le meilleur indicateur était peut être qu’elles ont pris en charge le SP COFOCOM pour effectuer les missions terrain.

Faiblesses :

L’implication effective de la COFODEP a échoué alors que son rôle dans le processus est très pertinent pour traiter des problématiques d’une envergure intercommunale et dans une logique de SAF régional.

La cartographie assistée par ordinateur est un outil trop sophistiqué pour les structures communales. Ce travail a donc été réalisé par l’équipe de projet sans que les structures partenaires ne profitent d’un transfert de compétences sur le long terme.