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Le PROJET sur le capital humain
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Le PROJET sur le capital humain
La prĂ©sente publication comporte un extrait du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019 : le travail en mutation, doi : 10.1596/978-1-4648-1328-3. La version intĂ©grale de lâouvrage est disponible en format PDF sur le site https://openknowledge.worldbank.org/, et des exemplaires peuvent Ă©galement ĂȘtre commandĂ©s Ă lâadresse http://Amazon.com. Pour toute citation, reproduction et adaptation, veuillez utiliser la version dĂ©finitive de lâouvrage.
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Table des matiĂšres
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1LâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Renforcer les mesures et la recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Collaboration avec les pays . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Un projet dâenvergure mondiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Le développement du capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Pourquoi les pouvoirs publics doivent-ils intervenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Pourquoi les mesures sont-elles importantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Le Projet sur le capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
TABLEAU 2 : LâIndice de capital humain (ICH), 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
APPENDICE : LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33Composantes de lâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34MĂ©thode dâagrĂ©gation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36LâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38Relier lâIndice de capital humain Ă la croissance et aux revenus futurs . . . . . 39Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41Notes sur les donnĂ©es relatives Ă lâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . 45Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Encadré I .1 Que gagnent les pays à participer au Projet sur le capital humain ? . . . . . . . . 10
FiguresI .1 Nourrir le capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 En Syrie, le nombre dâenfants non scolarisĂ©s Ă cause de la guerre
a augmentĂ© entre 2011 et 2017 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 Lâapprentissage et le retard de croissance sont deux composantes
de lâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 LâIndice de capital humain 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254 Lâenregistrement des naissances et des dĂ©cĂšs reste insuffisant . . . . . . . . . . . . 26A .1 Les composantes de lâIndice de capital humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Tableaux1 Mesurer la productivité du travailleur de demain que sera
lâenfant nĂ© en 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 LâIndice de capital humain (ICH), 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32A .1 LâIndice de capital humain et ses composantes, 2018 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
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Remerciements
La prĂ©sente publication a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e par Roberta Gatti et Aart Kraay assis-tĂ©s dâune Ă©quipe composĂ©e de Ciro Avitabile, Matthew Collin, Ritika DâSouza, et Nicola Dehnen, sous la direction de Annette Dixon (vice-prĂ©sidente, PĂŽle dĂ©veloppement humain), Simeon Djankov (codirecteur, Rapport sur le dĂ©velop-pement dans le monde 2019 : Le travail en mutation), et Dena Ringold (responsable, Projet sur le capital humain). La principale articulation de lâouvrage, intitulĂ©e « le dĂ©veloppement du capital humain », comme dans le Rapport sur le dĂ©velop-pement dans le monde 2019, a Ă©tĂ© rĂ©digĂ©e par Ciro Avitabile, Roberta Gatti, Aart Kraay et Shwetlena Sabarwal. Kavita Watsa a apportĂ© un prĂ©cieux Ă©clairage sur lâensemble de la publication.
David Weil (Brown University) a fourni de nombreuses informations sur lâĂ©laboration de lâIndice de capital humain. Husein Abdul-Hamid, George Alleyne, Sudhir Anand, Noam Angrist, Francesco Caselli, Krycia Cowling, Amit Dar, Asli DemirgĂŒĂ§-Kunt, Shanta Devarajan, Patrick Eozenou, Tim Evans, Deon Filmer, Jed Friedman, Emanuela Galasso, Rachel Glennerster, Colleen Gorove-Dreyhaupt, Michele Gragnolati, Keith Hansen, Syedah Aroob Iqbal, Stuti Khemani, Michael Kremer, Bill Maloney, Mamta Murthi, Harry Patrinos, Lant Pritchett, Martin Raiser, Halsey Rogers, Federico Rossi, Michal Rutkowski, Jaime Saavedra, Federica Saliola, Jeremy Veillard, Adam Wagstaff, et Pablo Zoido-LobatĂłn ont apportĂ© de prĂ©cieuses contributions Ă lâouvrage. Les services pertinents des organismes ci-aprĂšs ont aussi collaborĂ© Ă la rĂ©daction du prĂ©sent document : le DĂ©partement du dĂ©veloppement international du Royaume-Uni ; le Fonds des Nations Unies pour lâenfance ; le Programme des Nations Unies pour le dĂ©veloppement ; lâInstitut de statistique de lâOrganisation des Nations Unies pour lâĂ©ducation, la science et la culture ; et lâOrganisation mondiale de la SantĂ©.
Les donnĂ©es utilisĂ©es pour lâIndice de capital humain ont fait lâobjet de nom-breuses consultations avec les services de la Banque mondiale, sous la hou-lette du bureau de lâĂ©conomiste en chef chargĂ© du dĂ©veloppement humain Ă la Banque mondiale. Ces concertations ont permis dâĂ©largir et dâaffiner plusieurs fois les donnĂ©es sur les taux de scolarisation et de retard de croissance.
INTRODUCTION
En renforçant leurs aptitudes, leur santĂ©, leurs connaissances, leur rĂ©si-lience â bref, leur capital humain â les individus peuvent ĂȘtre plus productifs, flexibles et crĂ©atifs. Il est de plus en plus important dâin-vestir dans le capital humain parce que la nature du travail change
face aux rapides Ă©volutions technologiques. Comme le souligne le Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019 : Le travail en mutation, les marchĂ©s veulent de plus en plus des travailleurs dotĂ©s dâun capital humain Ă©levĂ©, notamment des aptitudes cognitives et socio-comportementales de pointe. Au Viet Nam par exemple, les salariĂ©s capables dâexĂ©cuter des tĂąches analytiques non routiniĂšres sont rĂ©munĂ©rĂ©s pratiquement 25 % de plus que les autres1.
MalgrĂ© les importantes avancĂ©es enregistrĂ©es, le monde nâest pas prĂȘt Ă affron-ter lâavenir Ă cause du manque criant dâinvestissements dans le capital humain. Comme le montre le Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2018 : Apprendre pour rĂ©aliser la promesse de lâĂ©ducation, dans de nombreux pays les enfants ont du mal Ă apprendre Ă lâĂ©cole2. PrĂšs dâun quart des enfants de la planĂšte souffrent de retard de croissance, ce qui compromet leur dĂ©veloppement cognitif et limite leur capacitĂ© dâapprentissage. Dans le mĂȘme temps, la moitiĂ© de la population mondiale nâa pas accĂšs aux services de santĂ© de base, et 80 % des pauvres des pays Ă faible revenu ne bĂ©nĂ©ficient dâaucune protection sociale3.
Bien que le capital humain soit un facteur clĂ© de croissance durable et de rĂ©duction de la pauvretĂ©, les dĂ©cideurs politiques ont quelquefois du mal Ă dĂ©montrer le bien-fondĂ© des investissements qui sây rapportent4. En effet, il faut parfois beaucoup de temps pour en voir les fruits. Construire des routes et des ponts peut produire de rapides gains Ă©conomiques â voire politiques. Mais investir dans le capital humain des jeunes enfants nâest Ă©conomiquement rentable quâune fois ces enfants devenus des adultes actifs.
Par consĂ©quent, les pays investissent gĂ©nĂ©ralement trĂšs peu dans le capital humain, manquant ainsi lâoccasion de crĂ©er un cercle vertueux entre le capital physique et humain dâune part, et la croissance et la rĂ©duction de la pauvretĂ© dâautre part. Câest pour faire face aux risques que ce sous-investissement fait peser sur la stabilitĂ© et la prospĂ©ritĂ© que le Groupe de la Banque mondiale a lancĂ© le Projet sur le capital humain. Il sâagit dâun cadre de plaidoyer en faveur des investissements dans le capital humain par la mobilisation des pays et des travaux dâanalyse, mais aussi de sensibilisation au coĂ»t de lâinaction et dâincita-tion Ă demander des interventions visant le dĂ©veloppement du capital humain. Le projet insiste sur lâimportance dâune mobilisation et dâune coordination per-manentes Ă tous les niveaux de gouvernance â ce qui exige notamment de sâattaquer Ă des problĂšmes complexes comme lâinsuffisance ou lâinefficacitĂ© de la dĂ©pense, les problĂšmes de gouvernance et de prestation des services, la dyna-mique dĂ©mographique, la fragilitĂ© et les conflits, et le manque dâinfrastructure. Le Projet sur le capital humain sâarticule autour de trois composantes :
1. LâIndice de capital humain (ICH). Lâindice est conçu pour dĂ©crire le niveau de capital humain quâun enfant nĂ© aujourdâhui peut espĂ©rer atteindre Ă 18 ans. Il sera mis Ă jour pĂ©riodiquement pour suivre les progrĂšs, et sera Ă©largi et peaufinĂ© Ă mesure que lâon aura de meilleures donnĂ©es.
2. Le renforcement des mesures et de la recherche. Ce programme Ă moyen terme de recueil et dâanalyse des donnĂ©es vise Ă amĂ©liorer la mesure dâune gamme
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Introduction | 3
variĂ©e de rĂ©sultats en matiĂšre de capital humain, Ă mieux comprendre la for-mation du capital humain et Ă la relier Ă lâaction publique au niveau des pays.
3. La collaboration avec les pays. Câest la clĂ© de voĂ»te du Projet sur le capital humain. Le Groupe de la Banque mondiale, en collaboration avec les partenaires de dĂ©veloppement, aide les pouvoirs publics Ă dĂ©finir les prioritĂ©s nationales en ce qui concerne le dĂ©veloppement du capital humain et Ă appliquer les poli-tiques qui permettent de lever les obstacles Ă la rĂ©alisation des objectifs fixĂ©s.
Cette introduction prĂ©sente briĂšvement lâobjet, le champ et la structure du Projet sur le capital humain. Le corps du prĂ©sent ouvrage â qui reprend lar-gement le chapitre 3 du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019 â prĂ©sente les donnĂ©es qui attestent lâimportance du capital humain pour les indi-vidus, les Ă©conomies et les sociĂ©tĂ©s et dĂ©crit le bien-fondĂ© ainsi que le contexte des composantes du Projet, dont il montre par ailleurs la thĂ©orie du change-ment. Lâappendice quant Ă lui prĂ©sente de façon dĂ©taillĂ©e la mĂ©thodologie de lâIndice de capital humain.
LâIndice de capital humainLa premiĂšre Ă©dition de lâIndice de capital humain sera dĂ©voilĂ©e en octobre 2018 lors des AssemblĂ©es annuelles du Fonds monĂ©taire international et du Groupe de la Banque mondiale Ă Bali (IndonĂ©sie). Cette mesure internationale simple devrait susciter lâattention voulue pour dĂ©clencher des actions partout dans le monde. Depuis toujours, la dĂ©finition dâune mĂ©trique transparente et comprĂ©-hensible a permis dâĂ©tablir un consensus sur des enjeux similaires. Par exemple, lorsque les rĂ©sultats de la premiĂšre Ă©valuation du Programme international pour le suivi des acquis des Ă©lĂšves (PISA) furent publiĂ©s en 2001, lâonde de choc pro-voquĂ©e par la performance relativement mauvaise des Ă©lĂšves allemands entraĂźna une rĂ©forme du systĂšme Ă©ducatif. Et la rĂ©forme changea la donne â en 2012, le score des Ă©lĂšves allemands dĂ©passait la moyenne des pays de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE)5.
Lâindice mesure le capital humain de la prochaine gĂ©nĂ©ration, entendu comme le niveau de capital humain quâun enfant nĂ© aujourdâhui peut espĂ©rer atteindre au regard des risques en matiĂšre de santĂ© et dâĂ©ducation propres au pays dans lequel il vit. Lâindice a trois composantes :
1. Les chances de survie. Cette composante repose sur lâobservation quâun enfant nĂ© aujourdâhui doit pouvoir survivre jusquâĂ la formation de son capital humain qui commence avec la scolarisation formelle. La survie est mesurĂ©e Ă lâaide du taux de mortalitĂ© des enfants de moins de 5 ans.
2. Les annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis. Lâinformation sur la quantitĂ© dâĂ©duca-tion quâun enfant peut espĂ©rer capitaliser Ă 18 ans est conjuguĂ©e Ă la mesure de la qualitĂ©, câest-Ă -dire le contenu de lâapprentissage de lâenfant Ă lâĂ©cole Ă la lumiĂšre des performances relatives de son pays aux tests internationaux dâĂ©valuation des acquis des Ă©lĂšves. Câest la combinaison des deux facteurs qui dĂ©termine les annĂ©es escomptĂ©es dâune scolaritĂ© de qualitĂ©. En prenant en compte la mesure de la qualitĂ©, la composante montre que les enfants de certains pays acquiĂšrent bien moins de connaissances que ceux dâautre pays, bien quâils aient un mĂȘme nombre dâannĂ©es de scolarisation.
4 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
3. La santĂ©. Cette composante sâappuie sur deux indicateurs pour mesurer le cadre sanitaire dâun pays : 1) le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans ; et 2) le taux de survie Ă lâĂąge adulte, dĂ©fini comme la proportion dâadolescents de 15 ans qui atteindront lâĂąge de 60 ans. La premiĂšre mesure donne une indication des conditions de santĂ© pendant les phases de dĂ©velop-pement prĂ©natal, nĂ©onatal et infantile. La deuxiĂšme indique lâensemble des problĂšmes de santĂ© dont un enfant nĂ© aujourdâhui peut souffrir Ă lâĂąge adulte.
Les composantes de lâindice relatives Ă la santĂ© et Ă lâĂ©ducation sont combi-nĂ©es de façon Ă dĂ©crire leur contribution Ă la productivitĂ© du travailleur, sur la base de donnĂ©es provenant dâĂ©tudes micro-Ă©conomĂ©triques empiriques rigou-reuses. Lâindice ainsi calculĂ© varie de 0 Ă 1. Un pays dans lequel un enfant nĂ© aujourdâhui peut espĂ©rer jouir dâune santĂ© optimale (pas de retard de croissance et un taux de survie Ă lâĂąge adulte de 100 %) et bĂ©nĂ©ficier dâune Ă©ducation complĂšte (14 annĂ©es dâune scolaritĂ© de qualitĂ© jusquâĂ lâĂąge de 18 ans) aura un indice de 1. Ainsi, un indice de 0,70 signifie que lâenfant nĂ© aujourdâhui sera un travailleur de demain moins productif de 30 % que sâil avait bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune Ă©ducation complĂšte et jouit dâune santĂ© optimale. Les fondements thĂ©oriques de lâIndice de capital humain se trouvant dans les ouvrages sur la comptabilitĂ© du dĂ©veloppement, lâindice est reliĂ© aux diffĂ©rents niveaux de revenus quâun pays est capable de gĂ©nĂ©rer Ă terme6. Si un pays affiche un indice de 0,50, son produit intĂ©rieur brut (PIB) par travailleur serait deux fois plus important sâil atteignait le niveau de santĂ© et dâĂ©ducation de rĂ©fĂ©rence.
Lâindice a Ă©tĂ© conçu sur la base dâun certain nombre de critĂšres, Ă savoir : la mise en avant des rĂ©sultats fondamentaux, une stratĂ©gie cohĂ©rente dâagrĂ©gation des diffĂ©rentes composantes et une large couverture transnationale des compo-santes directement mesurĂ©es. Un indice qui privilĂ©gie la fin, et non les moyens, permettra davantage dâaxer le dĂ©bat sur le plus important â les rĂ©sultats â et dâinciter les pays, non seulement Ă investir, mais aussi Ă mieux investir. En revanche, un indice qui mesure les dĂ©penses en faveur de la santĂ©, de lâĂ©duca-tion ou de la protection sociale ne rendra compte que des dollars consacrĂ©s Ă ces secteurs particuliers et ne dĂ©terminera pas si lesdites dĂ©penses ont permis dâob-tenir de meilleurs rĂ©sultats. Il fallait une mĂ©trique visible qui traduise Ă court et Ă moyen terme les actions publiques menĂ©es, dâoĂč le choix de composantes qui permettent de mesurer le capital humain de la prochaine gĂ©nĂ©ration plutĂŽt que le capital humain accumulĂ© par la population active actuelle, qui rĂ©sulte en grande partie des politiques menĂ©es il y a plusieurs dĂ©cennies lorsque cette population Ă©tait en Ăąge scolaire.
Le capital humain a plusieurs dimensions, mais les Ă©crits sur le sujet relĂšvent la pertinence du passage « dâun tableau de bord large et Ă©clectique » Ă une mĂ©trique synthĂ©tique unique7. Pour rĂ©ussir, il faut cependant une mĂ©thode dâagrĂ©gation cohĂ©rente8. Enfin, lâidĂ©e quâun indice transnational puisse stimuler lâaction publique sâappuie fortement sur le caractĂšre chronologique et la portĂ©e interna-tionale de cette mĂ©trique transparente qui peut ĂȘtre reliĂ©e Ă une mesure directe.
Renforcer les mesures et la recherche LâIndice de capital humain donnera un aperçu gĂ©nĂ©ral du niveau de capital humain de chaque pays. Le Projet sur le capital humain a aussi lancĂ© un pro-gramme Ă moyen terme de recueil des donnĂ©es et dâanalyse qui devrait aider Ă
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mieux mesurer diverses rĂ©alisations du capital humain, mieux comprendre le processus dâaccumulation du capital humain et recenser les politiques natio-nales de nature Ă en promouvoir le dĂ©veloppement.
Ce travail renforcera la mesure des rĂ©sultats, notamment des principales composantes de lâindice. Bon nombre de pays nâont pas les donnĂ©es de base qui leur permettraient de mettre en Ă©vidence la faiblesse de leurs investissements dans le capital humain. Ă titre dâexemple, 71 pays seulement ont participĂ© aux Ă©valuations du PISA et 65 au Trends in International Mathematics and Science Study (TIMSS), et le taux de participation des pays en dĂ©veloppement Ă©tait faible9. Le Projet sur le capital humain encouragera de nouvelles initiatives en matiĂšre de mesures et mobilisera les acteurs concernĂ©s afin de les aider Ă sâaccorder sur lâĂ©laboration dâinstruments pour les initiatives existantes.
Le projet permettra en outre de faire les analyses et de dĂ©velopper les outils qui aideront Ă produire des donnĂ©es nouvelles sur les facteurs du dĂ©veloppe-ment du capital humain. Ă cette fin, le projet promouvra lâĂ©largissement des mesures et un programme de recherche destinĂ© Ă Ă©clairer les interactions entre les composantes du capital humain, par exemple la complĂ©mentaritĂ© de la nutri-tion et de lâĂ©ducation au cours des premiĂšres annĂ©es de la vie dâun enfant. Il permettra aussi de comprendre lâĂ©volution de ces interactions dans le temps10.
Le Projet sur le capital humain atteindra ces objectifs en aidant Ă renforcer des initiatives comme celle sur la Mesure de la qualitĂ© et des acquis de lâappren-tissage prĂ©scolaire (MELQO), qui Ă©value la maturitĂ© scolaire des enfants entre 3 et 6 ans. Il sâinspirera aussi des initiatives existantes pour Ă©largir la couver-ture et la typologie des questions que lâon peut poser. Par exemple, l'Ătude sur la mesure des niveaux de vie (LSMS) pourrait servir de base Ă de nouveaux modules qui permettraient de comprendre les aptitudes des adolescents et leur niveau de prĂ©paration au marchĂ© du travail, et de relier ces mesures Ă des fac-teurs domestiques tels que la pauvretĂ©. Ces diffĂ©rentes mesures sâaccompagne-ront dâun programme de recherche destinĂ© Ă mieux faire comprendre les liens entre les diffĂ©rentes composantes du capital humain.
Outre quâil aidera Ă mieux comprendre le processus de dĂ©veloppement du capital humain, le Projet sur le capital humain permettra de redoubler dâefforts pour discerner les politiques capables dâaider les pays Ă accroĂźtre rapidement leur capital humain. Il permettra de relier explicitement les mesures des rĂ©sul-tats du capital humain (lâapprentissage par exemple) aux actions publiques (telles que lâamĂ©lioration de la qualitĂ© de lâĂ©cole ou lâaide sociale grĂące Ă des programmes de transfert monĂ©taire). Le projet contribuera de cette maniĂšre au renforcement du programme de la Banque mondiale sur les Indicateurs de prestation des services. Les enquĂȘtes menĂ©es dans le cadre de ce programme mesurent la qualitĂ© de lâĂ©ducation et des services de santĂ© de base dans 11 pays, et le programme lui-mĂȘme est en train dâĂȘtre Ă©tendu Ă lâensemble du continent africain et au-delĂ . Le programme couvrira 30 pays dâici 2021 et de nouveaux modules permettront par exemple de mesurer la qualitĂ© de la gestion dans les Ă©coles et les Ă©tablissements de santĂ©.
Le Projet sur le capital humain renforcera de surcroĂźt les dispositifs dâĂ©valua-tion systĂ©mique existants â comme lâinitiative Systems Approach for Better Educa-tion Results (SABER), lâAtlas de la protection sociale : Indicateurs de rĂ©silience et dâĂ©quitĂ© (ASPIRE), et la mesure des progrĂšs vers la couverture sanitaire univer-selle (CSU) â afin dâĂ©clairer plus spĂ©cifiquement les leviers de lâaction publique
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prĂ©sents dans chaque pays. Ces initiatives seront complĂ©tĂ©es par un programme de recherche utilisant les donnĂ©es Ă la fois sur lâaction publique et les rĂ©sultats, pour mettre en Ă©vidence le lien de causalitĂ© entre les deux.
Les donnĂ©es et la recherche sur le capital humain sont des biens collectifs importants de portĂ©e mondiale que produit la Banque mondiale, qui peut jouer de sa capacitĂ© de mobilisation pour coordonner les efforts dâamĂ©lioration ou de renforcement des dispositifs de mesure existants. Lorsquâelle a un avantage comparatif, la Banque mondiale financera ou pilotera elle-mĂȘme ces efforts, comme elle lâa fait en intĂ©grant de nouveaux modules dans le LSMS.
Collaboration avec les paysLâun des aspects importants du Projet sur le capital humain est quâil renforce la collaboration de la Banque mondiale avec les pays afin de transformer radi-calement les investissements dans le capital humain. Cet effort accompagnera lâaccroissement progressif de lâappui de la Banque mondiale au capital humain grĂące Ă ses opĂ©rations de prĂȘt en faveur des projets de dĂ©veloppement humain.
Le projet collabore dĂ©jĂ avec prĂšs de 30 pays dĂ©sireux de dĂ©finir leurs priori-tĂ©s en matiĂšre de dĂ©veloppement du capital humain, de recenser les domaines qui ont le plus besoin dâattention et de trouver le meilleur moyen de surmonter les entraves Ă de meilleurs rĂ©sultats. Les pouvoirs publics concernĂ©s ont dĂ©si-gnĂ© des points focaux, gĂ©nĂ©ralement dans leur ministĂšre des finances ou de la planification, pour piloter la concertation au sein de lâadministration publique. Ces pays vont en outre former un rĂ©seau de partage des connaissances et des informations sur les enjeux de la mise en Ćuvre.
Le Projet sur le capital humain prendra de lâampleur Ă mesure que plus de pays y participeront dans le but dâinvestir plus et mieux dans leur capital humain. Le projet offre un appui stratĂ©gique Ă tous les pays bĂ©nĂ©ficiaires de la Banque mondiale, notamment grĂące Ă une initiative centrĂ©e sur lâAfrique subsaharienne.
Tendances en matiĂšre de dĂ©penses et de rĂ©sultatsLe Projet sur le capital humain considĂšrera les diffĂ©rents contextes de lâinves-tissement dans le capital humain dans les pays, caractĂ©risĂ©s par des niveaux contrastĂ©s de financement et dâefficacitĂ© dans la dĂ©pense en faveur du capital humain. Les contextes varient considĂ©rablement, mais quatre grandes tendances au moins se dessinent en matiĂšre de dĂ©penses et de rĂ©sultats.
La premiĂšre tendance conjugue une faible capacitĂ© de mobilisation des ressources Ă de faibles investissements dans le capital humain et Ă des besoins importants. De nom-breux pays ont des capacitĂ©s rĂ©duites dâinvestissement dans le capital humain, de sorte quâil leur faut sans doute du temps pour accroĂźtre leurs ressources nationales en dĂ©veloppant les institutions, en combattant les dĂ©tournements et en amĂ©liorant la gestion des finances publiques. Il sâagit gĂ©nĂ©ralement des pays les plus pauvres ou les plus vulnĂ©rables, dont bon nombre ont besoin dâapports extĂ©rieurs de ressources pour des investissements de base, le plus souvent aprĂšs des crises dĂ©vastatrices. Plusieurs de ces pays enregistrent des taux de fĂ©conditĂ© et de dĂ©pendance Ă©levĂ©s, parallĂšlement Ă la quasi-absence de services sociaux de qualitĂ©. Lâinsuffisance des ressources est une entrave, et lâaide extĂ©rieure coor-donnĂ©e reste importante.
La deuxiÚme tendance est une forte capacité de mobilisation des ressources, de faibles investissements dans le capital humain et de faibles résultats. Ces pays pourraient
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mobiliser plus de ressources en faveur du capital humain, mais ils investissent trĂšs peu, parfois dans un contexte trĂšs difficile. La part des dĂ©penses publiques consacrĂ©e au capital humain y est trĂšs modeste, soit parce que les recettes sont globalement faibles en raison, entre autres, dâune faible fiscalitĂ©, soit parce que le dĂ©veloppement du capital humain nây est pas une prioritĂ©, quand bien mĂȘme le pays disposerait dâun niveau de ressources acceptable. Ces pays peuvent aussi connaĂźtre de graves problĂšmes de gouvernance, de mise en Ćuvre et dâĂ©quitĂ©. Ils ont besoin dâaugmenter les ressources publiques allouĂ©es au dĂ©veloppement du capital humain et de gĂ©rer leurs ressources de façon Ă en maximiser lâimpact.
La troisiĂšme tendance est celle dâinvestissements importants dans le capital humain sans des rĂ©sultats proportionnĂ©s. Les problĂšmes de gouvernance et de ges-tion peuvent nuire Ă lâefficacitĂ© et Ă la qualitĂ© de la prestation des services. Dans ces pays, il est essentiel dâoptimiser lâemploi des ressources et la dĂ©pense.
La quatriĂšme tendance se caractĂ©rise par une efficacitĂ© Ă©levĂ©e de la dĂ©pense en faveur du capital humain qui se traduit par des rĂ©sultats positifs. Bien que plusieurs pays consentent les investissements nĂ©cessaires dans le capital humain et perçoivent les gains correspondants, le dĂ©fi permanent auquel ils sont confrontĂ©s est celui de la pĂ©rennisation de ces acquis menacĂ©s par la transformation du travail. Il nâexiste pas de limites aux compĂ©tences et ces pays ont aussi besoin dâĂ©voluer et de sâadapter.
Le Projet sur le capital humain analysera ces tendances pour pouvoir Ă©laborer et personnaliser les stratĂ©gies dans le but dâamĂ©liorer les rĂ©sultats en matiĂšre de capital humain. Il mettra ensemble des pays qui pourront tirer avantage du partage des connaissances sur la base de leurs expĂ©riences passĂ©es et prĂ©sentes.
Appel Ă lâaction : Une dĂ©marche intĂ©grant lâensemble de lâadministration publique Pour faire face aux nombreux freins au dĂ©veloppement du capital humain et Ă lâinsuffisance des dĂ©penses et des rĂ©sultats, le Projet sur le capital humain insiste sur la nĂ©cessitĂ© dâadopter des stratĂ©gies qui interpellent toute lâadministration publique. Il existe trois dĂ©marches qui doivent sâappliquer aussi bien aux poli-tiques publiques, quâaux institutions et aux connaissances.
La premiĂšre consiste Ă maintenir lâengagement au fil des cycles politiques. Cet engagement Ă long terme est fondamental pour la transformation du capital humain. LâexpĂ©rience dans les pays a montrĂ© quâil est possible de maintenir la prioritĂ© sur certaines questions et que cette dĂ©marche sâavĂšre efficace quel que soit le contexte. Par exemple, on aurait du mal Ă sâimaginer quâen 1950 Ă Singapour, les adultes ne bĂ©nĂ©ficiaient en moyenne que de deux annĂ©es dâĂ©ducation formelle. En raison de lâattention permanente portĂ©e sur le dĂ©ve-loppement humain, Singapour sâillustre aujourdâhui comme lâun des pays les plus performants en matiĂšre dâapprentissage et sur lâIndice de capital humain. Aujourdâhui encore, le pays reste focalisĂ© sur les questions du capital humain mĂȘme face aux rapides avancĂ©es technologiques.
Le deuxiĂšme consiste Ă relier les programmes sectoriels. LâamĂ©lioration du capi-tal humain ne dĂ©pend pas uniquement des politiques sociales. Lâinvestissement dans lâinfrastructure, en sus des investissements sociaux, peut grandement faire avancer le projet de dĂ©veloppement du capital humain. Par exemple, des don-nĂ©es historiques montrent que les projets dâĂ©vacuation des eaux usĂ©es et dâĂ©pu-ration de lâeau ont largement contribuĂ© Ă baisser la mortalitĂ© infantile dans le Massachusetts entre 1880 et 192011.
8 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
La troisiĂšme consiste Ă multiplier les donnĂ©es pour Ă©clairer la conception des poli-tiques publiques. Mener de nouvelles Ă©tudes, mĂȘme Ă lâaide des mesures exis-tantes, peut permettre dâidentifier les interventions les plus bĂ©nĂ©fiques, ce qui peut par ailleurs aider Ă concevoir dâautres interventions aussi bien Ă©conomiques quâefficaces. Il est par exemple nĂ©cessaire de bien comprendre les interactions entre les diffĂ©rentes dimensions du capital humain. Cela est important parti-culiĂšrement dans la petite enfance. De rĂ©centes Ă©tudes novatrices sur les effets Ă long terme des interventions sur lâenfant en bas-Ăąge aux Ătats-Unis ont per-mis de quantifier les bĂ©nĂ©fices Ă terme des investissements ciblĂ©s dans la petite enfance12. Des Ă©tudes sont en cours sur des interventions similaires dans les pays en dĂ©veloppement, ce qui devrait permettre de mettre en lumiĂšre les interac-tions entre les interventions dans des secteurs comme lâĂ©ducation, la santĂ© et la protection sociale, et aider Ă identifier les interventions Ă©conomiques et aux effets transformateurs. Alors que les pays sâemploient Ă combler leurs lacunes en matiĂšre de capital humain, ils doivent dĂ©terminer la meilleure maniĂšre dâap-pliquer ces principes Ă leurs contextes. Il est capital de le faire pour sâassurer que les individus peuvent rĂ©aliser pleinement leur potentiel de productivitĂ©.
Plus le Projet sur le capital humain se dĂ©veloppera, plus les pays exigeront de meilleurs rĂ©sultats. Par lâintermĂ©diaire de lâAssociation internationale de dĂ©velop-pement (IDA) et de la Banque internationale pour la reconstruction et le dĂ©velop-pement (BIRD), le Groupe de la Banque mondiale sâattĂšle dĂ©jĂ Ă rĂ©pondre Ă cette demande croissante grĂące notamment Ă ses financements en faveur du capital humain basĂ©s sur les rĂ©sultats, dans lesquels le financement est subordonnĂ© Ă lâatteinte de rĂ©sultats prĂ©dĂ©terminĂ©s. Cinquante pays ont demandĂ© Ă bĂ©nĂ©ficier du MĂ©canisme de financement mondial pour renforcer des rĂ©sultats prometteurs dans le domaine de la santĂ©. Vingt-sept de ces pays, pour la plupart dâAfrique et dâAsie, ont dĂ©jĂ bĂ©nĂ©ficiĂ© de lâappui du MĂ©canisme. Dans le domaine de lâĂ©duca-tion, le Groupe de la Banque mondiale a largement dĂ©passĂ© lâengagement quâil avait pris en 2015 de doubler ses financements basĂ©s sur les rĂ©sultats en faveur de lâĂ©ducation, de 2,5 milliards de dollars Ă 5 milliards de dollars en cinq ans â et dâatteindre 7 milliards de dollars en seulement trois autres annĂ©es. De surcroĂźt, lâAfrique subsaharienne et lâAsie Ă©tendent rapidement la couverture des filets sociaux et consacrent dâimportantes ressources aux programmes de transferts monĂ©taires conditionnels. Dans ces programmes, les transferts monĂ©taires aux mĂ©nages sont subordonnĂ©s Ă des investissements essentiels dans le capital humain comme la vaccination, les conseils nutritionnels ou la scolarisation des enfants.
Un projet dâenvergure mondialeLe Groupe de la Banque mondiale collabore de longue date avec les pays bĂ©nĂ©-ficiant de ses financements dans la santĂ©, lâĂ©ducation, la protection sociale, lâeau et lâassainissement, et bien dâautres secteurs qui agissent sur les rĂ©sultats en matiĂšre de capital humain. Au cours des dix derniĂšres annĂ©es, des progrĂšs remarquables ont Ă©tĂ© accomplis dans les pays Ă faible revenu en ce qui concerne la scolarisation des enfants, la rĂ©duction de la mortalitĂ© infantile et la lutte contre les maladies transmissibles, le rallongement de lâespĂ©rance de vie et lâĂ©largisse-ment des filets sociaux. Il reste que, pour relever les autres dĂ©fis dont lâurgence ne cesse de croĂźtre, il faut accĂ©lĂ©rer les progrĂšs vers les rĂ©sultats escomptĂ©s en matiĂšre de capital humain et en faire une prioritĂ© (figure I.1)
Introduction | 9
Il est possible dâavancer. Les pays qui ont rĂ©ussi Ă coordonner lâaide et les rĂ©formes ont enregistrĂ© des amĂ©liorations spectaculaires (encadrĂ© I.1). Par exemple, grĂące Ă la rĂ©forme de lâĂ©ducation menĂ©e entre 1990 et 2015, la Pologne sâest illustrĂ©e par lâune des amĂ©liorations les plus rapides du score aux Ă©valuations PISA dans les pays de lâOCDE13. Le Viet Nam a lui aussi enregistrĂ© une montĂ©e fulgurante de sa performance en matiĂšre dâapprentissage, ce qui lui a rĂ©cemment valu de dĂ©passer la moyenne de lâOCDE au test PISA. GrĂące Ă un effort politique concertĂ© et Ă des objectifs clairs, le PĂ©rou a rĂ©ussi Ă rĂ©duire son taux de retard de croissance de prĂšs de 15 points de pourcentage en lâespace de huit ans. Le Malawi a lui aussi rĂ©ussi Ă rĂ©duire son taux de retard de croissance de 20 points de pourcentage environ en moins de vingt ans.
Alors que le monde connaĂźt de rapides mutations et avancĂ©es technologiques, il est plus que jamais temps dâinvestir davantage et mieux dans les personnes. Outre quâils amĂ©liorent les revenus et favorisent la croissance durable et la rĂ©duction de la pauvretĂ©, ces investissements sont en tous points de vue bĂ©nĂ©-fiques. Le but du Projet sur le capital humain est de promouvoir un monde dans lequel tous les enfants arrivent Ă lâĂ©cole bien nourris et prĂȘts Ă apprendre, oĂč leurs salles de classe sont des lieux de facilitation dâun vĂ©ritable apprentissage, et qui leur donne une chance de grandir, vivre et travailler comme des adultes sains, compĂ©tents et productifs.
FIGURE I.1âNourrir le capital humain
Insuïżœsancedes ressourcesADMINISTRATION
CAPABLE
MISE EN ĆUVRE DEPOLITIQUES RATIONNELLES
PROGRAMMESDE QUALITĂ
ProblĂšmes degouvernance
Dynamiquesdémographiques
négatives
Fragilité,conflits etviolence
CA P I TA L H U M A I N
Relier les programmes sectoriels Ăclairer les dĂ©cisions par une large base de donnĂ©es
Maintenir et adapter au fil d
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itiqu
es
10 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
ENCADRĂ I.1âQue gagnent les pays Ă participer au Projet sur le capital humain ?
Le Projet sur le capital humain offre aux pays un ensemble personnalisĂ© de donnĂ©es, de politiques et dâinterven-tions dans le but dâaccĂ©lĂ©rer les rĂ©sultats du dĂ©veloppement humain. Ses axes dâintervention sont les suivants :
âąâ Donner accĂšs Ă des outils de comparaison et de diagnostic de lâaction publique afin dâidentifier les ressources pour les mesures, la programmation et le financement dâinterventions efficaces et effectives. Le Groupe de la Banque mondiale offre toute une sĂ©rie dâoutils de ce genre, dont le Systems Approach for Better Education Results (SABER), lâAtlas de la protection sociale : indicateurs de la rĂ©silience et de lâĂ©quitĂ© (ASPIRE), les Indica-teurs de prestation des services (SDI), les indicateurs de performance des soins de santĂ© primaires (PHCPI), lâIni-tiative sur lâapprovisionnement en eau, lâassainissement et lâhygiĂšne (WASH), et les Diagnostics de la pauvretĂ©.
âąâ Recommander des interventions fondĂ©es sur des donnĂ©es factuelles et adaptĂ©es au contexte du pays, inspi-rĂ©es par exemple des leçons tirĂ©es des Ătats touchĂ©s par la fragilitĂ©, les conflits et les violences, le cas Ă©chĂ©ant. Le Fonds dâĂ©valuation de lâimpact stratĂ©gique (SIEF) du Groupe de la Banque mondiale mesure lâimpact des programmes et des politiques visant Ă amĂ©liorer lâĂ©ducation, la santĂ©, lâaccĂšs Ă lâeau et Ă un assainissement de qualitĂ©, et le dĂ©veloppement de la petite enfance dans les pays en dĂ©veloppement.
âąâ Mettre en relation les gouvernements ayant adoptĂ© les technologies de rupture. Par exemple, en 2018 le Groupe de la Banque mondiale a lancĂ© la plateforme TechEmerge Health Brazil pour aider les petites entre-prises Ă transposer Ă grande Ă©chelle les innovations capable dâamĂ©liorer les rĂ©sultats de la santĂ© dans le pays. La plateforme met ces entreprises en rapport avec des prestataires de santĂ© pour une meilleure accessibilitĂ© Ă©conomique, amplitude et efficacitĂ©. Ce programme pourrait ĂȘtre reproduit dans dâautres pays.
âąâ Faciliter lâapprentissage entre pairs sur la maniĂšre de susciter de lâintĂ©rĂȘt pour le dĂ©veloppement du capital humain. Le Groupe de la Banque mondiale promouvra un grand nombre de cadres dans lesquels les pays pourront se rapprocher pour discuter de leurs aspirations, de leurs plans et des opportunitĂ©s, ainsi que des problĂšmes de mise en Ćuvre. Cette communautĂ© des pratiques pourrait ĂȘtre renforcĂ©e par des jumelages ou des partenariats, des programmes dâĂ©change de personnel, ou un programme de bourse sponsorisĂ© par le Projet sur le capital humain.
âąâ AmĂ©liorer lâefficacitĂ© de lâallocation des ressources en se concentrant sur les rĂ©sultats et en les dĂ©montrant, grĂące notamment Ă lâexamen des dĂ©penses, Ă la rĂ©forme de la gouvernance et Ă lâefficacitĂ© des programmes. Les exa-mens des dĂ©penses publiques sont un outil qui permet de trouver les moyens dâamĂ©liorer lâefficacitĂ© dans les secteurs sociaux. Les rĂ©formes visant le financement basĂ© sur les rĂ©sultats constituent un autre axe dâintervention.
âąâ AccroĂźtre les ressources consacrĂ©es au capital humain par la mobilisation ou la rĂ©affectation des ressources. Le Groupe de la Banque mondiale pourrait soutenir les interventions destinĂ©es Ă mettre fin aux Ă©chappatoires fiscales et autres exemptions, Ă amĂ©liorer le recouvrement des recettes, Ă Ă©tudier les modalitĂ©s dâapplication dâune taxe dâaccise, et Ă supprimer ou rĂ©former les subventions de nature rĂ©gressive.
âąâ Collaborer avec les citoyens pour amĂ©liorer lâutilisation et la prestation des services publics. Le Groupe de la Banque mondiale possĂšde une mine dâinformations sur la responsabilitĂ© sociale ainsi que des outils de mobilisation citoyenne grĂące auxquels il peut conseiller les pouvoirs publics sur la maniĂšre dont les utilisateurs des services publics peuvent aider Ă amĂ©liorer ces services. Il pourrait se servir Ă cette fin de campagnes de sensibilisation pour chaque intervention.
Notes 1. Bodewig et Badiani-Magnusson (2014). 2. Banque mondiale (2018b). 3. OMS et Banque mondiale (2017) ; Banque mondiale (2018a). 4. Certaines parties de la présente publication sont inspirées des idées de Kim (2018). 5. OCDE (2014). 6. Caselli (2005).
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7. Stiglitz, Sen, et Fitoussi (2009). 8. Ravallion (2011). 9. Altinok, Angrist, et Patrinos (2018).10. Cunha et Heckman (2007).11. Alsan et Goldin, Ă paraĂźtre.12. GarcĂa et coll. (2016). 13. Banque mondiale (2010).
BibliographieAlsan, Marcela, et Claudia Goldin. Ă paraĂźtre. âWatersheds in Child Mortality: The Role
of Effective Water and Sewerage Infrastructure, 1880 to 1920.â Journal of Political Economy.
Altinok, Nadir, Noam Angrist, et Harry Anthony Patrinos. 2018. âGlobal Data Set on Education Quality (1965â2015).â Policy Research Working Paper 8314, Banque mon-diale, Washington.
Bodewig, Christian, et Reena Badiani-Magnusson. 2014. Skilling Up Vietnam: Preparing the Workforce for a Modern Market Economy. Avec Kevin Macdonald, David Newhouse, et Jan Rutkowski. Directions in Development: Human Development Series. Washington : Banque mondiale.
Caselli, Francesco. 2005. âAccounting for Cross-Country Income Differences.â In Handbook of Economic Growth, vol. 1A, Ă©dition par Philippe Aghion et Steven N. Darlauf, 679â741. Amsterdam : Elsevier.
Cunha, Flavio, et James J. Heckman. 2007. âThe Technology of Skill Formation.â American Economic Review 97 (2): 31-47.
GarcĂa, Jorge Luis, James J. Heckman, Duncan Ermini Leaf, et MarĂa JosĂ© Prados. 2016. âThe Life-Cycle Benefits of an Influential Early Childhood Program.â NBER Working Paper 22993, National Bureau of Economic Research, Cambridge, MA.
Kim, Jim Yong. 2018. âThe Human Capital Gap: Getting Governments to Invest in People.â Foreign Affairs (July/August). https://www.foreignaffairs.com/articles /2018-06-14/human-capital-gap.
Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) 2014. âPISA 2012 Results in Focus: What 15-Year-Olds Know and What They Can Do with What They Know.â OECD Publishing, Paris.
Ravallion, Martin. 2011. âOn Multidimensional Indices of Poverty.â Policy Research Working Paper 5580, Banque mondiale, Washington.
Stiglitz, Joseph, Amartya Sen, et Jean-Paul Fitoussi. 2009. âThe Measurement of Economic Performance and Social Progress Revisited.â Document de Travail de lâOFCE No. 2009-33, Observatoire Français des Conjonctures Ăconomiques (OFCE), Paris.
OMS (Organisation mondiale de la SantĂ©) et Banque mondiale. 2017. âTracking Universal Health Coverage: 2017 Global Monitoring Report.â Banque mondiale, Washington
Banque mondiale. 2010. âSuccessful Education Reform: Lessons from Poland.â Europe and Central Asia Knowledge Brief 34, Banque mondiale, Washington, novembre.
â â â . 2018a. The State of Social Safety Nets 2018. Washington : Banque mondiale. â â â . 2018b. Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2018 : Apprendre pour rĂ©aliser la
promesse de lâĂ©ducation. Washington : Banque mondiale.
LE DĂVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN
Le monde est en meilleure santé et plus instruit que jamais. En 1980, seuls 5 enfants sur 10 en ùge de fréquenter le primaire étaient scolarisés dans les pays à faible revenu. En 2015, la proportion était de 8 enfants sur 10. En 1980, seuls 84 enfants sur 100 avaient atteint leur cinquiÚme année,
contre 94 sur 100 en 2018. Un enfant nĂ© dans un pays en dĂ©veloppement en 1980 pouvait espĂ©rer vivre jusquâĂ 52 ans. En 2018, lâespĂ©rance de vie est de 65 ans.
Beaucoup reste nĂ©anmoins encore Ă faire. LâespĂ©rance de vie dans les pays en dĂ©veloppement reste trĂšs faible, comparĂ©e Ă celle de pays riches comme la RĂ©publique de CorĂ©e oĂč une fille nĂ©e en 2018 peut sâattendre Ă vivre plus de 85 ans. Pratiquement un quart des enfants ĂągĂ©s de moins de 5 ans souffre de malnutrition. Dans de nombreuses rĂ©gions, la mĂ©moire de travail et les fonc-tions exĂ©cutives (une attention soutenue par exemple) des enfants pauvres commencent Ă accuser un retard dĂšs lâĂąge de 6 mois1. Plus de 260 millions dâen-fants et de jeunes Ă travers le monde ne sont pas scolarisĂ©s. Par ailleurs, prĂšs de 60 % dâĂ©lĂšves du primaire dans les pays en dĂ©veloppement nâatteignent pas le niveau minimal de compĂ©tence durant leur apprentissage.
Le capital humain est la somme des connaissances, des compĂ©tences et de la santĂ© quâun individu accumule le long de sa vie, et qui lui permettent de rĂ©aliser son potentiel en tant que membre productif de la sociĂ©tĂ©. Il est source dâimpor-tants dividendes pour les individus, les sociĂ©tĂ©s et les pays. CâĂ©tait vrai dans les annĂ©es 1700 lorsque lâĂ©conomiste Ă©cossais Adam Smith a Ă©crit que « lâacquisi-tion des ... talents pendant... lâĂ©ducation, les Ă©tudes ou lâapprentissage a un coĂ»t rĂ©el qui [est] le capital accumulĂ© dans [un] individu. Ces talents font partie de sa fortune [et] de celle de la sociĂ©tĂ© »2. Ces propos restent vrais en 2018.
Pour les individus, une annĂ©e supplĂ©mentaire dâĂ©tude accroĂźt les revenus en moyenne. Ces dividendes sont importants dans les pays Ă faible revenu et Ă revenu intermĂ©diaire, particuliĂšrement pour les femmes. Toutefois, le contenu de lâapprentissage des enfants importe davantage que la durĂ©e de leurs Ă©tudes. Aux Ătats-Unis, le fait de remplacer un enseignant mĂ©diocre dans une classe du primaire par un enseignant aux compĂ©tences moyennes majore le revenu combinĂ© de la vie entiĂšre des Ă©lĂšves de cette classe de 250 000 dollars3.
En dĂ©pit dâune offre plus importante de travailleurs instruits, le rendement des investissements dans lâĂ©ducation a augmentĂ© depuis 20004. LâĂ©ducation est par-ticuliĂšrement rentable lorsque les technologies changent â les individus dotĂ©s dâun capital humain Ă©levĂ© sâadaptent plus rapidement aux Ă©volutions technolo-giques. En effet, un travailleur ne rĂ©ussira que sâil travaille avec les machines et non sâil les craint. Au Mexique, ce sont les travailleurs les plus qualifiĂ©s qui ont le plus profitĂ© de lâaccroissement de la productivitĂ© du travail rĂ©sultant de lâAccord de libre-Ă©change nord-amĂ©ricain (ALENA) de 1994.
Le dĂ©veloppement de compĂ©tences sociocomportementales telles que lâaptitude au travail dâĂ©quipe, lâempathie, la rĂ©solution des conflits et la gestion des relations enrichit le capital humain dâun individu. Les Ă©conomies mondialisĂ©es et automati-sĂ©es privilĂ©gient davantage les capacitĂ©s humaines que les machines ne peuvent pas tout Ă fait reproduire. Des aptitudes comme le cran ont des retombĂ©es Ă©conomiques qui sont parfois aussi importantes que celles associĂ©es aux capacitĂ©s cognitives.
La santĂ© est une composante importante du capital humain. Les individus sont plus productifs quand ils sont en bonne santĂ©. Au NigĂ©ria, un programme de dĂ©pistage et de traitement du paludisme a entraĂźnĂ© une augmentation de 10 % des revenus des travailleurs en seulement quelques semaines5. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e au Kenya a montrĂ© que le dĂ©parasitage des enfants rĂ©duisait les absences Ă lâĂ©cole et accroissait le salaire Ă lâĂąge adulte de pas moins de 20 %, le tout grĂące Ă une pilule dont la production et la fourniture coĂ»tent 25 cents6.
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Le développement du capital humain | 15
DĂšs le bas Ăąge, les dimensions du capital humain se complĂštent. Une bonne alimentation in utero et dans la petite enfance amĂ©liore le bien-ĂȘtre physique et mental des enfants. DâaprĂšs des donnĂ©es recueillies au Royaume-Uni, les Ă©coliers qui avaient une alimentation saine avaient remarquablement amĂ©liorĂ© leurs rĂ©sultats en anglais et en sciences7. Par ailleurs, une Ă©tude rĂ©alisĂ©e dans plusieurs pays dâAsie du Sud-Est a rĂ©vĂ©lĂ© que tant les enfants prĂ©sentant une insuffisance pondĂ©rale que les obĂšses avaient des QI plus faibles que les enfants qui avaient un poids normal8. En Inde, le fait de donner aux enfants de la maternelle des jeux inspirĂ©s des mathĂ©matiques a durablement amĂ©liorĂ© leurs capacitĂ©s intuitives9.
Les avantages du capital humain vont au-delĂ du rendement de lâinvestisse-ment des particuliers pour sâĂ©tendre aux autres individus et dâune gĂ©nĂ©ration Ă lâautre10. Le dĂ©parasitage dâun enfant rĂ©duit les chances que dâautres enfants soient infectĂ©s par les vers, ce qui les met dans les conditions dâun meilleur apprentissage et de salaires plus Ă©levĂ©s11. LâĂ©ducation de la mĂšre, grĂące Ă de meilleurs soins prĂ©natals, amĂ©liore la santĂ© de lâenfant. Au Pakistan, les enfants dont les mamans ont reçu ne serait-ce quâune annĂ©e dâĂ©ducation passent une heure de plus par jour Ă Ă©tudier Ă la maison12.
La somme des dividendes individuels du capital humain profite grandement aux Ă©conomies, car plus le capital humain sâaccumule, plus les pays sont riches. Le capital humain sâajoute au capital physique dans le processus de production et constitue un facteur important de lâinnovation technologique et de la crois-sance Ă terme. Ainsi, des Ă©carts de lâordre de 10 Ă 30 % dans le produit intĂ©rieur brut par habitant sont imputables Ă la variabilitĂ© du capital humain dâun pays Ă lâautre13. Ce pourcentage pourrait ĂȘtre bien plus important si lâon tenait compte de la qualitĂ© de lâĂ©ducation ou des interactions entre les travailleurs Ă diffĂ©rents niveaux de compĂ©tences. Il ne faut pas non plus oublier quâen gĂ©nĂ©rant des revenus plus Ă©levĂ©s, le capital humain accĂ©lĂšre la transition dĂ©mographique et rĂ©duit la pauvretĂ©.
Ă terme, le capital humain est important pour les sociĂ©tĂ©s. Au milieu des annĂ©es 70, le NigĂ©ria a universalisĂ© lâenseignement primaire, ce qui a permis Ă une grande cohorte dâenfants qui auraient Ă©tĂ© dĂ©scolarisĂ©s de faire des Ă©tudes primaires. Des annĂ©es plus tard, lâon a notĂ© que les membres de cette cohorte par-ticipaient davantage Ă la vie politique. Ils considĂ©raient les informations avec une plus grande attention, discutaient entre eux de politique, assistaient aux rĂ©unions communautaires et votaient plus souvent que ceux qui nâavaient pas Ă©tĂ© scola-risĂ©s dans le primaire. Les jeunes libanais participant au Programme national de bĂ©nĂ©volat, un programme intercommunautaire de formation aux compĂ©tences relationnelles, font montre dâun niveau de tolĂ©rance gĂ©nĂ©rale Ă©levĂ©. Comme lâaffirmait la physicienne et chimiste Marie Curie, « on ne peut espĂ©rer bĂątir un monde meilleur si lâon nâamĂ©liore pas les individus ».
Le capital humain influence aussi positivement le capital social. Des Ă©tudes ont montrĂ© quâen rĂšgle gĂ©nĂ©rale les personnes plus instruites font davantage confiance aux autres. DâaprĂšs certains travaux de recherche, lâintroduction de lâĂ©cole obligatoire dans toute lâEurope au milieu du XXe siĂšcle a rendu les popu-lations plus tolĂ©rantes Ă lâĂ©gard des immigrants14. Le capital social est, Ă son tour, corrĂ©lĂ© avec une croissance Ă©conomique plus forte15. En revanche, le fait de ne pas protĂ©ger le capital humain met en pĂ©ril la cohĂ©sion sociale.
Le capital humain est ce qui souffre en premier quand tout sâĂ©croule. GĂ©nĂ©-ralement, les guerres empĂȘchent des gĂ©nĂ©rations entiĂšres de rĂ©aliser leur po- tentiel. Par exemple, entre 2011 et 2017 prĂšs de 4 millions de petits Syriens ont quittĂ© lâĂ©cole Ă cause de la guerre. Bon nombre ne pourront probablement pas rattraper ces annĂ©es dâĂ©tudes perdues (figure 1).
16 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
Pourquoi les pouvoirs publics doivent-ils intervenirIl arrive que les individus et les familles ne puissent pas supporter les coĂ»ts de lâacquisition du capital humain. MĂȘme lorsque cet inves-tissement est possible, les dĂ©cisions des individus peuvent ĂȘtre influen-cĂ©es par lâabsence dâinformations, ou limitĂ©es par les normes sociales en vigueur. De mĂȘme, les individus ne pensent pas nĂ©cessairement aux avantages sociaux pour les autres dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale. Pour ces raisons, les pouvoirs publics ont un rĂŽle important Ă jouer dans la pro-motion de lâacquisition du capital humain.
De nombreuses familles dĂ©fa-vorisĂ©es veulent investir pour une meilleure santĂ© et une meilleure Ă©ducation de leurs enfants, mais nâen ont pas les moyens. Il suffit pour sâen convaincre de voir com-ment ces familles dĂ©pensent leur argent pour peu que se relĂąchent les contraintes budgĂ©taires. En
Sierra Leone, trois Ă quatre mois seulement aprĂšs lâintroduction dâun programme de travaux publics qui a amĂ©liorĂ© leurs revenus, les familles participantes ont sen-siblement accru leurs dĂ©penses de santĂ©, principalement en faveur des enfants16.
MĂȘme en cas de gratuitĂ© de lâĂ©ducation, le coĂ»t du transport et des fournitures scolaires, couplĂ© au manque Ă gagner lorsquâun enfant va Ă lâĂ©cole au lieu de travailler, rendent lâĂ©ducation extrĂȘmement onĂ©reuse. De nombreuses familles rurales pauvres ne peuvent pas trouver le temps de se rendre Ă lâĂ©tablissement sco-laire ou sanitaire le plus proche. Au Niger, 24 % seulement de la population vivent Ă une heure de marche du centre de santĂ© le plus proche en saison humide17.
Dans ces cas de figure, les interventions publiques sont dĂ©terminantes. Les programmes de transfert monĂ©taires ont permis Ă des millions dâenfants des pays Ă revenu faible et intermĂ©diaire dâavoir une meilleure santĂ© et une meilleure Ă©ducation, mĂȘme lorsquâils ne subventionnaient quâen partie le coĂ»t de la scolarisation. Shombhob, un programme de transferts monĂ©taires condi-tionnels expĂ©rimentĂ© au Bangladesh, a permis de rĂ©duire lâĂ©maciation chez les enfants de 10 Ă 22 mois et de faire prendre conscience aux mĂšres des avan-tages de lâallaitement maternel18. Et les effets de ces programmes perdurent. Au Malawi par exemple, un programme biennal de transferts monĂ©taires condi-tionnels ciblant des adolescentes et des jeunes femmes a largement relevĂ© le niveau dâinstruction de ces derniĂšres et rĂ©duit durablement le nombre total de naissances chez les filles non scolarisĂ©es au dĂ©but du programme. Ces rĂ©sultats se sont maintenus aprĂšs le programme19.
FIGURE 1âEn Syrie, le nombre dâenfants non scolarisĂ©s Ă cause de la guerre a augmentĂ© entre 2011 et 2017
Source : Ăquipe du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019.
Note : Le nombre dâenfants non scolarisĂ©s entre 2011 et 2017 est calculĂ© Ă partir des estimations de la baisse rĂ©elle des taux de scolarisation par rapport aux taux dâavant la guerre et de lâimpact supposĂ© de la guerre sur la scolarisation des Ă©lĂšves. Le scĂ©nario Ă partir de 2018 examine les consĂ©quences Ă long terme de ces tendances en supposant que les taux de scolarisation retrouvent progressivement leur niveau dâavant la guerre, et corrige, en ce qui concerne les mouvements de la population des rĂ©fugiĂ©s, les flux dâentrĂ©e et de sortie (dans lâhypothĂšse quâils sont sembla-bles Ă ceux dâautres situations dâaprĂšs-conflit). Des hypothĂšses similaires sont aussi formulĂ©es pour les dĂ©placĂ©s internes, avec cependant des taux de retour plus Ă©levĂ©s au cours des premiĂšres annĂ©es suivant la fin de la guerre.
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2011 2015 2020 2025 2030
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Actuel Projeté
Le développement du capital humain | 17
Ces interventions peuvent amener les individus Ă investir dans le capital humain en mettant en relief ses effets positifs Ă terme ou en instaurant des mĂ©ca-nismes qui les obligent Ă prendre les bonnes dĂ©cisions. Il peut advenir que de jeunes personnes ne veuillent pas poursuivre leurs Ă©tudes ou prendre soin de leur santĂ© parce quâelles manquent de discipline personnelle ou ne prennent pas la pleine mesure des avantages que procurent lâĂ©ducation et une bonne santĂ©20. Mais, recevoir des informations sur le capital humain peut changer radicalement leur comportement. Aux Philippines, un programme dâengagement volontaire ciblant les jeunes proposait Ă ces derniers de leur restituer lâargent quâils avaient dĂ©posĂ© dans un compte dâĂ©pargne si et seulement sâils rĂ©ussissaient un test de sevrage tabagique. GrĂące au programme, le tabagisme a considĂ©rablement baissĂ©21.
Les investissements dans le capital humain ont aussi dâimportantes rĂ©percus-sions sociales que les parents ont certes souvent du mal Ă quantifier ou Ă prendre en compte dans leurs dĂ©cisions. Quand des parents dĂ©cident par exemple de dĂ©parasiter leurs enfants, ils nâintĂšgrent peut-ĂȘtre pas que dâautres enfants seront probablement protĂ©gĂ©s des parasites. Les parents qui inscrivent leurs enfants dans le cycle prĂ©scolaire ne pensent peut-ĂȘtre pas Ă lâincidence sociale positive que cela aura plus tard, notamment la baisse des taux de criminalitĂ© et dâincarcĂ©ration qui a Ă©tĂ© corrĂ©lĂ©e avec les programmes de dĂ©veloppement de la petite enfance. Une Ă©tude menĂ©e en 2010 sur la Perry Preschool, un programme de qualitĂ© visant les enfants de 3 Ă 5 ans mis en Ćuvre dans le Michigan aux Ătats-Unis dans les annĂ©es 60, a estimĂ© que les dividendes sociaux, au-delĂ des dividendes de lâinves-tissement des particuliers, Ă©taient de lâordre de 7 Ă 12 dollars environ pour chaque dollar investi22. En lâabsence dâactions publiques, les familles pourraient ne pas investir suffisamment dans ce type de programmes.
LâaccĂšs Ă une Ă©ducation de qualitĂ© permet de combler les retards dans les capacitĂ©s cognitives et sociocomportementales qui apparaissent dĂšs la petite enfance. Un enfant de 3 ans dans une famille Ă faible revenu a entendu 30 mil-lions de mots de moins quâun enfant du mĂȘme Ăąge dâune famille plus aisĂ©e. Les interventions mises en Ćuvre Ă lâadolescence pour combler ce type dâĂ©carts sont plus coĂ»teuses. Les donnĂ©es indiquent que les gouvernements qui choisissent judicieusement dâinvestir dans le capital humain nâont pas de meilleure option que de sây prendre au cours des 1 000 premiers jours de la vie dâun enfant. Sans ces interventions prĂ©coces, la suite risque de nâĂȘtre quâune spirale dâinĂ©galitĂ©s grandissantes. Les investissements publics ultĂ©rieurs dans lâĂ©ducation et la santĂ© ne profiteront sans doute quâĂ ceux qui auront eu un meilleur dĂ©part.
Les actions publiques visant Ă encourager les investissements dans le capital humain ne se bornent pas aux dĂ©penses en faveur de la santĂ©, de lâĂ©ducation et des programmes de protection sociale. Au NĂ©pal par exemple, les investisse-ments dans lâassainissement contribuent largement Ă prĂ©venir lâanĂ©mie23. Les programmes de logement amĂ©liorent les rĂ©sultats des personnes les plus dĂ©fa-vorisĂ©es dans le domaine de lâĂ©ducation et sur le marchĂ© du travail parce que la qualitĂ© des personnes avec lesquelles elles sont en relation change. La proximitĂ© prĂ©coce de voisins mieux lotis influencera trĂšs fortement les enfants.
Pourquoi les mesures sont-elles importantesLes gouvernements jouent un rĂŽle crucial dans le dĂ©veloppement du capital humain : en tant que source de financements et prestataires de santĂ© et dâĂ©duca-tion dont la responsabilitĂ© est dâassurer un accĂšs Ă©quitable aux opportunitĂ©s ; et en tant que rĂ©gulateurs chargĂ©s de lâaccrĂ©ditation des prestataires privĂ©s et du contrĂŽle
18 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
de la qualitĂ© des prestations. TrĂšs souvent pourtant, ils manquent Ă leurs obliga-tions. La plupart des gouvernements allouent une part non nĂ©gligeable de leurs budgets Ă lâĂ©ducation et la santĂ©, mais les services publics sont gĂ©nĂ©ralement dâune mĂ©diocritĂ© telle quâils ne peuvent pas produire de capital humain. Il arrive que ces services lĂšsent uniquement les pauvres. Il arrive quâils lĂšsent tout le monde, et dans ce cas les riches choisissent tout simplement de se tourner vers le privĂ©.
La faiblesse de la qualitĂ© persiste pour deux raisons. PremiĂšrement, mettre en Ćuvre de bonnes politiques nâest pas toujours bĂ©nĂ©fique sur le plan politique. DeuxiĂšmement, les administrations nâauront peut-ĂȘtre pas la capacitĂ© ni la moti-vation nĂ©cessaire pour traduire les bonnes politiques en programmes efficaces. Si la santĂ© publique nâest pas une prioritĂ© politique jusquâĂ la survenance dâune crise sanitaire, les politiciens nâont guĂšre de raisons de sâarmer contre de futures pandĂ©mies. MĂȘme lorsque les politiciens et les Ă©lecteurs conviennent de lâim-portance dâune question, ils peuvent ne pas sâaccorder sur la solution. Financer les programmes de santĂ© publique en augmentant lâimpĂŽt ou en rĂ©affectant les ressources allouĂ©es Ă des dĂ©penses plus concrĂštes, sur lâinfrastructure ou les sub-ventions publiques par exemple, est rarement une mesure politique populaire.
En 2012, le Gouvernement nigĂ©rian sâest heurtĂ© Ă une forte opposition lorsquâil a voulu annuler la subvention au carburant pour accroĂźtre lâenveloppe destinĂ©e aux services de santĂ© maternelle et infantile. La presse sâest largement fait lâĂ©cho de la mesure impopulaire et ne sâest pas intĂ©ressĂ©e outre mesure Ă lâurgence dâune expansion des soins de santĂ© primaires. La subvention fut donc rĂ©tablie Ă cause de lâhostilitĂ© du public. Dans certains pays, ce type de rĂ©action aux vellĂ©itĂ©s de changement peut ĂȘtre le fait des puissants groupes dont les intĂ©rĂȘts sont menacĂ©s par les rĂ©formes. Dans dâautres, câest le contrat social qui est en cause : les citoyens ne font pas confiance aux autoritĂ©s et rĂ©pugnent donc Ă payer des impĂŽts quâils craignent de voir dĂ©penser Ă des fins imprĂ©vues. Aussi les pouvoirs publics prĂ©-fĂšrent-ils dĂ©penser sur les aspects politiquement visibles du capital humain tels que la construction des Ă©coles et des hĂŽpitaux, au dĂ©triment dâaspects plus abs-traits comme la qualitĂ© et la compĂ©tence des enseignants et des agents de santĂ©. Lorsquâils sont en campagne, les politiciens promettent plus volontiers de nou-velles Ă©coles ou de nouveaux hĂŽpitaux, et abordent rarement des sujets comme les niveaux dâĂ©ducation ou les taux de retard de croissance.
Parce quâil faut parfois des annĂ©es pour percevoir les gains Ă©conomiques de lâinvestissement dans le capital humain, les politiciens ont tendance Ă penser Ă des moyens plus rapides de rehausser leur image. Certes, les individus ayant une Ă©ducation de base sont mieux rĂ©munĂ©rĂ©s que ceux qui nâont aucune instruc-tion, mais les dividendes sur le marchĂ© du travail de cette Ă©ducation de base ne se rĂ©coltent que 10 Ă 15 ans aprĂšs les investissements initiaux. Câest encore plus vrai pour les investissements dans lâĂ©ducation de la petite enfance. En JamaĂŻque, la stimulation psychologique des enfants en bas Ăąge entraĂźne un accroissement des revenus de 25 %, mais ces gains ne sont visibles que 20 ans aprĂšs24.
Le domaine du dĂ©veloppement de la petite enfance offre le meilleur exemple de la maniĂšre dont les complexitĂ©s techniques et politiques entravent les actions en faveur du capital humain. Les spĂ©cialistes sâaccordent gĂ©nĂ©ralement Ă dire quâil est trĂšs rentable dâinvestir dans les enfants. Mais divers obstacles empĂȘchent dâinvestir ainsi Ă grande Ă©chelle. PremiĂšrement, comme on lâa relevĂ© plus haut, il faut du temps pour que ces investissements profitent Ă la sociĂ©tĂ©. DeuxiĂšmement, des services doivent ĂȘtre fournis de façon synergique sur une courte pĂ©riode pendant le cycle de vie dâune personne. TroisiĂšmement, plu-sieurs administrations participent aux investissements dans la petite enfance.
Le développement du capital humain | 19
NĂ©anmoins, les expĂ©riences des pays comme le BrĂ©sil, le Chili ou la Colombie montrent quâil est possible de mettre en Ćuvre Ă grande Ă©chelle des politiques de dĂ©veloppement de la petite enfance. Le programme Chile Crece Contigo (le Chili grandit avec vous) lancĂ© en 2006 est une rĂ©fĂ©rence pour les pays Ă revenu intermĂ©diaire dĂ©sireux dâinvestir dans les enfants sur une grande Ă©chelle. Ce programme chilien de dĂ©veloppement de la petite enfance intĂšgre des services de santĂ©, dâĂ©ducation et de protection sociale en faveur des jeunes enfants et combine des programmes universels et ciblĂ©s. Des Ă©valuations rigoureuses encouragent la demande dâun engagement des pouvoirs publics.
Les administrations chargĂ©es de la mise en Ćuvre des politiques de dĂ©velop-pement du capital humain nâont gĂ©nĂ©ralement pas la capacitĂ© ou la motivation nĂ©cessaire pour le faire efficacement. Les enquĂȘtes de la Banque mondiale sur les Indicateurs de prestation des services, rĂ©alisĂ©es dans sept pays dâAfrique subsaha-rienne (qui reprĂ©sentent globalement prĂšs de 40 % de la population du continent) ont rĂ©vĂ©lĂ© quâen moyenne, 3 enseignants sur 10 en quatriĂšme annĂ©e du primaire ne maĂźtrisent pas le programme de langue quâils enseignent. La note positive est que dâaprĂšs ces enquĂȘtes, 94 % des enseignants kenyans maĂźtrisent leurs pro-grammes. Les rĂ©sultats des enquĂȘtes sont tout aussi mitigĂ©s en ce qui concerne les Ă©tablissements de soins de santĂ© : 80 % des mĂ©decins kenyans peuvent diagnos-tiquer correctement une affection simple comme lâasphyxie nĂ©onatale, alors que moins de 50 % de mĂ©decins nigĂ©rians en sont capables.
Mieux mesurer les rĂ©sultats permet de mettre en lumiĂšre les insuffisances politiques et administratives qui sont Ă lâorigine de la prestation sous-optimale des services sociaux. Lâinformation est primordiale pour encourager les citoyens Ă ĂȘtre plus exigeants vis-Ă -vis de leurs dirigeants et des prestataires de service. En Ouganda, la publication de fiches dâĂ©valuation de la performance des Ă©ta-blissements de santĂ© locaux a poussĂ© les communautĂ©s Ă demander instamment une rĂ©forme de la prestation des services. GrĂące Ă ces pressions, les rĂ©sultats dans le domaine de la santĂ© se sont amĂ©liorĂ©s durablement, avec notamment la rĂ©duction de la mortalitĂ© chez les enfants de moins de 5 ans.
De meilleures mesures permettent aussi aux dĂ©cideurs politiques de mieux prendre conscience de lâimportance dâinvestir dans le capital humain, ce qui les pousse Ă agir. Twaweza, une organisation tanzanienne, a rĂ©alisĂ© une enquĂȘte dans le but dâĂ©valuer les compĂ©tences de base des Ă©lĂšves en lecture et Ă©criture ainsi quâen calcul. Les rĂ©sultats dĂ©sastreux, publiĂ©s en 2011, ont montrĂ© que seuls 3 Ă©lĂšves sur 10 en troisiĂšme annĂ©e du primaire maĂźtrisaient le calcul du niveau de deuxiĂšme annĂ©e du primaire, et ceux qui Ă©taient capables de lire une histoire du niveau de deuxiĂšme annĂ©e Ă©taient encore moins nombreux. Les Indicateurs de prestation des services de la Banque mondiale, rendus publics Ă peu prĂšs Ă la mĂȘme pĂ©riode, ont mis en Ă©vidence lâincompĂ©tence et lâabsentĂ©isme chronique des enseignants en Tanzanie. Les rĂ©sultats de ces deux Ă©tudes ont provoquĂ© un tollĂ© gĂ©nĂ©ral dans le pays et les autoritĂ©s ont, par consĂ©quent, lancĂ© lâinitiative baptisĂ©e Big Results Now dans le but dâassurer le suivi de lâapprentissage et de pallier les insuffisances relevĂ©es. Des rĂ©sultats concrets sont dĂ©jĂ visibles.
MĂȘme lorsquâun gouvernement est tout Ă fait dĂ©sireux dâinvestir dans le capi-tal humain, il faut plus dâinformations pour concevoir et exĂ©cuter des politiques tant Ă©conomiques quâefficaces. Le PĂ©rou et le Viet Nam ont tous les deux mis en Ćuvre des politiques ambitieuses de dĂ©veloppement du capital humain. Mais, seule une mesure complĂšte des facteurs de lâapprentissage individuel permettra de comprendre lâorigine des disparitĂ©s entre ces deux pays. Une fois les Ă©carts
20 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
identifiĂ©s, des politiques publiques dâun bon rapport coĂ»t-efficacitĂ© doivent ĂȘtre formulĂ©es et mises en Ćuvre Ă grande Ă©chelle.
Le Projet sur le capital humainDes mesures crĂ©dibles des rĂ©sultats dans les domaines de lâĂ©ducation et de la santĂ© soulignent lâimportance du capital humain au niveau local, national et mondial. Ces mesures poussent les populations Ă demander des interventions visant le dĂ©veloppement du capital humain lorsque lâaction publique en la matiĂšre est insuffisante. Des mesures de qualitĂ© sont essentielles pour mener des projets de recherche et dâĂ©tude qui vont Ă©clairer la formulation de politiques qui amĂ©liorent le capital humain.
Câest dans cette optique que la Banque mondiale a lancĂ© son Projet sur le capital humain, un programme de sensibilisation, de mesure et dâanalyse censĂ© faire prendre conscience des besoins en matiĂšre de dĂ©veloppement du capital humain et accroĂźtre la demande dâinterventions y relatives. Le projet sâarticule autour de trois composantes, Ă savoir 1) une mesure pour tous les pays â lâIn-dice de capital humain, 2) un programme de mesure et de recherche destinĂ© Ă Ă©clairer lâaction publique, et 3) un programme dâappui aux stratĂ©gies dĂ©finies par les pays pour accĂ©lĂ©rer les investissements dans le capital humain.
La premiĂšre Ă©tape du projet consiste en la dĂ©finition dâune mesure internatio-nale qui permet de comparer certaines composantes du capital humain dâun pays Ă lâautre25. Le nouvel indice mesure le niveau de capital humain quâun enfant nĂ© en 2018 peut espĂ©rer atteindre Ă lâĂąge de 18 ans au regard des risques en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© propres au pays dans lequel il est nĂ©. Lâindice est censĂ© mettre en relief la maniĂšre dont lâamĂ©lioration des rĂ©sultats dans le domaine de lâĂ©ducation et de la santĂ© aujourdâhui influe sur la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs : cela suppose que les enfants nĂ©s en une annĂ©e don-nĂ©e bĂ©nĂ©ficient des possibilitĂ©s de formation et sont exposĂ©s aux risques de santĂ© actuels sur les 18 prochaines annĂ©es. PrivilĂ©gier la fin, et non les moyens comme la dĂ©pense ou la rĂ©glementation, permet de se concentrer sur le plus important, Ă savoir les rĂ©sultats. Cela renforce aussi la pertinence de lâIndice de capital humain pour les dĂ©cideurs qui conçoivent et mettent en Ćuvre les interventions destinĂ©es Ă amĂ©liorer les rĂ©sultats Ă moyen terme.
Lâindice suit la trajectoire dâun enfant nĂ© en une annĂ©e donnĂ©e jusquâĂ lâĂąge adulte. Dans les pays pauvres, cet enfant a de grandes chances de ne mĂȘme pas atteindre son cinquiĂšme anniversaire. Quand bien mĂȘme il atteindrait lâĂąge dâĂȘtre scolarisĂ©, il risque encore de ne pas ĂȘtre inscrit Ă lâĂ©cole, voire dâaller au bout des 12 annĂ©es dâĂ©tudes rĂ©glementaires dans les pays riches. Le temps quâil passe Ă lâĂ©cole peut se traduire ou non par un apprentissage, en fonction de la qualitĂ© des enseignants et des Ă©coles et du soutien que lui apporte sa famille. PassĂ© lâĂąge de 18 ans, il porte les marques irrĂ©versibles de la mauvaise santĂ© et de la malnutrition de lâenfance qui limitent ses capacitĂ©s physiques et cognitives en tant quâadulte.
LâIndice de capital humain quantifie les principales Ă©tapes de la trajectoire de lâenfant en ce qui concerne lâincidence sur la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs. Il a trois composantes : 1) la mesure de la probabilitĂ© de survie de la naissance jusquâĂ lâĂąge scolaire (5 ans) ; 2) la mesure des annĂ©es escomptĂ©es dâune scolaritĂ© de qualitĂ©, qui prend en compte lâinformation Ă la fois sur la quantitĂ© et la qualitĂ© de lâĂ©ducation (figure 2, panneau a) ; et 3) deux grandes mesures de la santĂ©, Ă savoir les taux de retard de croissance (figure 2, panneau b) et les taux de survie Ă lâĂąge adulte.
Le développement du capital humain | 21
La survie jusquâĂ lâĂąge de 5 ans est mesurĂ©e sur la base des taux de morta-litĂ© des enfants de moins de 5 ans compilĂ©s par le Groupe interinstitutions des Nations Unies pour lâestimation de la mortalitĂ© infantile. Pratiquement tous les enfants survivent de la naissance Ă lâĂąge scolaire dans les pays riches. Dans les pays pauvres en revanche, au moins 1 enfant sur 10 nâatteint pas sa cinquiĂšme annĂ©e. Le dĂ©cĂšs de ces enfants nâest pas seulement une tragĂ©die, câest aussi la perte dâun capital humain qui ne sera jamais rĂ©alisĂ©.
La quantitĂ© dâĂ©ducation est mesurĂ©e comme le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes quâun enfant peut espĂ©rer effectuer jusquâĂ son 18e anniversaire, compte tenu des taux de scolarisation au niveau de chaque annĂ©e dâĂ©tudes et en supposant quâil commence lâĂ©cole maternelle Ă 4 ans. Les meilleurs rĂ©sultats possibles ne sont envisageables que si les enfants totalisent 14 annĂ©es dâĂ©tudes, jusquâĂ leurs 18 ans. Bon nombre de pays riches se rapprochent de cette cible grĂące aux taux
FIGURE 2âLâapprentissage et le retard de croissance sont deux composantes de l'Indice de capital humain
Sources : Les notes des tests harmonisĂ©s sont tirĂ©es de Patrinos et Angrist (2018)â; les donnĂ©es sur le retard de croissance proviennent des estimations conjointes de lâUNICEF, lâOMS et la Banque mondiale sur la malnutrition infantile, complĂ©tĂ©es par les donnĂ©es fournies par les Ă©quipes-pays de la Banque mondiale.
Note : PIB = produit intĂ©rieur brutâ; PPA = paritĂ© de pouvoir dâachat.
Log. PIB réel par habitant (PPA)
Log. PIB réel par habitant (PPA)
b. Retard de croissance
Argentine
BĂ©nin
Chine
Colombie
CĂŽte dâIvoire Inde
Indonésie
Kenya
Malawi
Mexique
MarocMozambique
Philippines
Fédération de Russie
Singapour
Afrique du Sud
ThaĂŻlande
Turquie
Viet Nam
300
400
500
600
Not
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6 8 10 12
6 8 10 12
BĂ©nin
Chine
Colombie
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Mozambique
PhilippinesAfrique du Sud
Turquie
Viet Nam
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a. Formations
40
60
80
100
ThaĂŻlande
22 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
de scolarisation Ă©levĂ©s enregistrĂ©s Ă tous les niveaux du systĂšme scolaire. Dans les pays pauvres cependant, les enfants ne peuvent prĂ©tendre quâĂ faire la moi-tiĂ© de ces 14 annĂ©es.
Le Groupe de la Banque mondiale et ses partenaires sont en train de dĂ©ve-lopper une nouvelle base de donnĂ©es complĂšte sur les notes des Ă©lĂšves aux tests de niveau internationaux dans 160 pays pour comparer le contenu des forma-tions des enfants. La base de donnĂ©es harmonise les rĂ©sultats des programmes dâĂ©valuation internationaux et rĂ©gionaux afin de les rendre comparables. Pour la premiĂšre fois, lâapprentissage peut ĂȘtre mesurĂ© dans quasiment tous les pays Ă lâaide de critĂšres identiques.
Les diffĂ©rences en matiĂšre dâapprentissage sont Ă©normes. Les notes des Ă©va-luations au niveau des pays sont en moyenne de 600 environ pour les pays les plus performants et de 300 pour ceux dont les performances sont moins bonnes. Pour mieux comprendre ces chiffres, on dira quâune note de 400 environ corres-pond au niveau de compĂ©tence minimum dĂ©fini par le Programme international pour le suivi des acquis des Ă©lĂšves (PISA), le programme le plus important en matiĂšre dâĂ©valuation des performances des systĂšmes Ă©ducatifs. Moins de la moi-tiĂ© des Ă©lĂšves des pays en dĂ©veloppement atteint ce niveau minimum, contre 86 % dâĂ©lĂšves dans les Ă©conomies avancĂ©es. Ă Singapour, 98 % dâĂ©lĂšves atteignent le niveau de rĂ©fĂ©rence international pour les compĂ©tences de base dans le secondaire ; en Afrique du Sud, 26 % dâĂ©lĂšves seulement atteignent ce niveau. Cela signifie donc en substance que tous les Ă©lĂšves du secondaire Ă Singapour sont prĂȘts pour lâenseignement supĂ©rieur et le monde du travail, alors que pratiquement trois quarts des Ă©lĂšves sud-africains ne le sont pas.
Il nâexiste dans le domaine de la santĂ© aucun indicateur mesurĂ© directement et facile Ă obtenir qui soit comparable au nombre dâannĂ©es de scolaritĂ© comme mesure du niveau dâinstruction. Pour pallier cette absence, deux indicateurs indirects du cadre sanitaire gĂ©nĂ©ral sont utilisĂ©s pour cette composante de lâin-dice : les taux de survie Ă lâĂąge adulte et le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans. Les taux de survie Ă lâĂąge adulte sont utilisĂ©s comme un indicateur indirect de lâensemble des problĂšmes de santĂ© non fatals dont un enfant nĂ© en une annĂ©e donnĂ©e est susceptible de souffrir en tant quâadulte si la situation actuelle perdure dans lâavenir. Le taux de retard de croissance mesure la proportion dâenfants anormalement petits pour leur Ăąge. Il est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme un indicateur indirect du cadre sanitaire prĂ©natal, nĂ©onatal et dans la petite enfance et rĂ©sume les risques pour la santĂ© auxquels les enfants sont susceptibles dâĂȘtre exposĂ©s pendant leurs tendres annĂ©es â et qui auront des rĂ©percussions importantes sur leur santĂ© et leur bien-ĂȘtre Ă lâĂąge adulte.
Les composantes du capital humain en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© qui viennent dâĂȘtre dĂ©crites ont une valeur intrinsĂšque qui est sans aucun doute importante, mais qui est tout aussi indĂ©niablement difficile Ă quantifier. Pas facile donc de combiner ces composantes dans un indice unique qui rend vĂ©ritable-ment compte de lâapport de chacune dans le capital humain. Bon nombre des indices de capital humain et de dĂ©veloppement humain actuels sont obtenus par lâagrĂ©gation alĂ©atoire de leurs composantes. En ce qui concerne les composantes de lâIndice de capital humain, elles sont tout dâabord transformĂ©es en une mesure de leurs contributions respectives Ă la productivitĂ© du travailleur par rapport Ă une rĂ©fĂ©rence correspondant Ă une Ă©ducation complĂšte et une santĂ© parfaite. Cette dĂ©marche sâinspire des Ă©crits sur la comptabilitĂ© du dĂ©veloppement26. Lâim-portance des contributions de lâĂ©ducation et de la santĂ© Ă la productivitĂ© des
Le développement du capital humain | 23
travailleurs est longuement traitĂ©e dans les nombreux documents de microĂ©co-nomie estimant les dividendes de lâĂ©ducation et de la santĂ©.
Parce que lâIndice de capital humain se mesure en termes de productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence qui est une Ă©duca-tion complĂšte et une santĂ© parfaite, les unitĂ©s de lâindice sâinterprĂštent naturel-lement : une valeur x pour un pays signifie que la productivitĂ© en tant que futur travailleur dâun enfant nĂ© en une annĂ©e donnĂ©e dans ce pays nâest quâune frac-tion x de ce quâelle pourrait ĂȘtre au regard du niveau de rĂ©fĂ©rence (tableau 1). Cette productivitĂ© future est divisĂ©e en contributions des trois composantes de lâindice, chacune Ă©tant aussi exprimĂ©e en termes de productivitĂ© par rapport au niveau de rĂ©fĂ©rence. Les trois composantes sont enfin multipliĂ©es pour trouver la valeur gĂ©nĂ©rale de lâindice.
Les Ă©carts dans le capital humain ont dâimportantes rĂ©percussions sur la productivitĂ© des travailleurs de demain. Dans un pays qui se situerait vers le 25e percentile de la rĂ©partition pour chaque composante, un enfant nĂ© en 2018 ne sera productif quâĂ 43 % par rapport Ă un enfant qui aurait eu une Ă©ducation complĂšte et jouirait dâune parfaite santĂ©.
Lâindice, du fait de ses unitĂ©s, peut ĂȘtre reliĂ© directement Ă des scĂ©narios sur le revenu par habitant et la croissance futurs. Imaginons un scĂ©nario de statu quo dans lequel le nombre d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis et de niveau de santĂ©, tel que mesurĂ© dans lâindice pour une annĂ©e donnĂ©e, persiste dans le
TABLEAU 1âMesurer la productivitĂ© du travailleur de demain que sera lâenfant nĂ© en 2018ProductivitĂ© maximale = 1
Pays situé dans le
25e percentile 50e percentile 75e percentile
Composante Pour la composante X la valeur est de
Composante 1 : survie
1 Chances de survie jusquâĂ 5 ans 0,95 0,98 0,99
A Contribution à la productivité 0,95 0,98 0,99
Composante 2 : scolarité
Années de scolarité escomptées 9,5 11,8 13,1
Note de test (sur 600 environ) 375 424 503
2 Années de scolarité de qualité 5,7 8,0 10,5
B Contribution à la productivité 0,51 0,62 0,76
Composante 3 : santé3 Proportion d'enfants sans retard de croissance 0,68 0,78 0,89
4 Taux de survie Ă lâĂąge adulte 0,79 0,86 0,91
C Contribution à la productivitéa 0,88 0,92 0,95
Indice de capital humain globalb 0,43 0,56 0,72
Source : Ăquipe du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019.
Note : La «âcontribution Ă la productivitĂ©â» mesure lâapport de chaque composante de lâindice ainsi que de lâindice global lui-mĂȘme Ă la productivitĂ© future attendue du travail dâun enfant nĂ© en 2018 par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence qui est une Ă©ducation complĂšte et une parfaite santĂ©. Une valeur Ă©gale Ă x signifie que la productivitĂ© nâest quâune fraction x de ce quâelle serait dans des conditions dâĂ©ducation et de santĂ© optimales. Les estimations des contributions Ă la productivitĂ© se trouvent dans les donnĂ©es microĂ©conomiques sur le rendement de lâĂ©ducation et de la santĂ©. Les «âannĂ©es de scolaritĂ© de qualitĂ©â» dĂ©signent la note dâun pays Ă un test de niveau par rapport Ă la meilleure note mondiale, multipliĂ©e par le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es dans le pays.
a. «âCâ» est calculĂ© comme la moyenne gĂ©omĂ©trique des contributions des numĂ©ros 3 et 4 Ă la productivitĂ©.b. A Ă B Ă C.
24 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
futur. Au fil du temps, les nouveaux venus dans le monde du travail ayant le niveau dâĂ©ducation et de santĂ© correspondant au scĂ©nario de statu quo vont se substituer aux travailleurs actuels, jusquâĂ ce que lâensemble de la population active de demain ait finalement le nombre dâannĂ©es dâĂ©ducation de qualitĂ© et de niveau de santĂ© dĂ©crit dans lâactuel indice de capital humain. Il est alors possible de comparer ce scĂ©nario avec un autre dans lequel toute la population active bĂ©nĂ©ficie dâune Ă©ducation complĂšte et jouit dâune santĂ© parfaite.
Ă terme, le PIB par habitant dans ce scĂ©nario est plus Ă©levĂ© que dans le scĂ©na-rio de statu quo en raison de deux facteurs : les effets directs dâune plus grande productivitĂ© des travailleurs et les effets indirects qui traduisent les investisse-ments plus importants consentis dans le capital physique parce que les travail-leurs sont plus productifs. En combinant ces effets, un pays ayant un indice de x aura Ă terme un PIB par habitant dans le scĂ©nario de statu quo qui nâest quâune fraction x de ce quâil serait dans le cas dâune Ă©ducation et dâune santĂ© optimales. Ainsi, un pays dont lâindice est de x = 0,5 aurait Ă terme un revenu par habitant deux fois plus important que dans le scĂ©nario de statu quo si ses citoyens avaient le bĂ©nĂ©fice dâune Ă©ducation complĂšte et dâune parfaite santĂ©. Lâincidence sur les taux moyens de croissance annuelle dĂ©pendra de lâĂ©chĂ©ancier. Dans le cas oĂč 50 annĂ©es, ou environ deux gĂ©nĂ©rations, sont nĂ©cessaires pour que ces scĂ©narios deviennent rĂ©alitĂ©, alors le doublement du revenu par habitant dans le futur par rapport Ă une situation de statu quo correspond approximativement Ă 1,4 point de pourcentage de croissance supplĂ©mentaire par annĂ©e.
Lâindice mesure le niveau de capital humain auquel un enfant moyen nĂ© en 2018 peut prĂ©tendre (figure 3.3). Les valeurs moyennes cachent cependant dâimportantes variations. Il est possible de faire une ventilation par sexe de la plupart des composantes de lâindice dans la majoritĂ© des pays. Cela permet notamment de mieux voir les disparitĂ©s dans les possibilitĂ©s offertes aux garçons dâune part et aux filles dâautre part. Il nâest certes pas possible de le faire de maniĂšre systĂ©matique dans un grand nombre de pays Ă la fois, mais pour cer-tains pays disposant de donnĂ©es suffisantes, les diffĂ©rences dans les composantes de lâindice dâune rĂ©gion Ă lâautre et entre les divers groupes socioĂ©conomiques peuvent aussi ĂȘtre mises en Ă©vidence.
LâIndice de capital humain prĂ©sentĂ© au tableau 3.2 est le premier du genre. Il comporte des limites propres Ă toute Ă©tude comparative des pays et les pro-chaines versions pourront ĂȘtre amĂ©liorĂ©es et Ă©toffĂ©es. Des composantes de lâindice comme le retard de croissance et les notes de test sont mesurĂ©es de façon irrĂ©guliĂšre dans certains pays et jamais dans dâautres. Les donnĂ©es sur les notes de test sont tirĂ©es des programmes internationaux dâĂ©valuation des performances dans lesquels lâĂąge des enfants Ă©valuĂ©s ainsi que les sujets varient. Les rĂ©sultats de ces Ă©valuations des performances ne rendent peut-ĂȘtre pas fidĂš-lement compte de la qualitĂ© de lâensemble du systĂšme Ă©ducatif dâun pays dans la mesure oĂč les Ă©lĂšves Ă©valuĂ©s ne sont pas reprĂ©sentatifs de toute la popu-lation dâĂ©coliers. Des mesures fiables de la qualitĂ© de lâenseignement tertiaire nâexistent pas encore, en dĂ©pit de lâimportance des Ă©tudes supĂ©rieures pour le capital humain dans un monde en rapide mutation. Les donnĂ©es sur les taux de scolarisation, indispensables pour estimer le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes atten-dues, sont parfois lacunaires et publiĂ©es avec dâimportants retards. Les compĂ©-tences sociocomportementales ne sont pas explicitement prises en compte. Les estimations des taux de survie des adultes sont imprĂ©cises dans les pays oĂč les registres de lâĂ©tat civil sont incomplets ou inexistants.
Le développement du capital humain | 25
FIGURE 3âLâIndice de capital humain 2018
Source : Ăquipe du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019.
Note : L'Indice de capital humain varie de 0 Ă 1. Il est mesurĂ© en ce qui concerne la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence qui est une Ă©ducation complĂšte et une parfaite santĂ©. Une Ă©conomie dans laquelle le travailleur moyen rĂ©alise pleinement son potentiel en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© aura un score de 1 sur lâindice. PIB = produit intĂ©rieur brutâ; PPA = paritĂ© de pouvoir dâachat.
6 8 10 12
Log. PIB réel par habitant (PPA)
1,0
0,8
0,4
0,2
0,6
Prod
uctiv
ité p
ar r
appo
rt a
u ni
veau
max
imum
Afghanistan
Angola
Algérie
Argentine
BahreĂŻn
Bangladesh
BĂ©nin
Botswana
Brésil
Bulgarie
Burkina Faso
Burundi
Cambodge
Tchad
ChiliChine
Colombie
RĂ©p. dĂ©m. du CongoCĂŽte dâIvoire
RĂ©publique dominicaine
RĂ©publique arabe dâĂgypte
Ăthiopie
Gabon
GĂ©orgie
Allemagne
Ghana
GuatemalaHaĂŻti
RAS de Hong Kong, Chine
Inde
Indonésie
RĂ©publique islamique dâIran
Iraq
Irlande
Israël
Japon
Serbie
Arabie Saoudite
Kenya
Rép. de Corée
KoweĂŻtRĂ©publique kirghize
Liban
Libéria
Luxembourg
MadagascarMalawi
Mali
Malte
Mexique
Moldova
Maroc
Mozambique
NĂ©pal
Nicaragua
Niger
Nigéria
Oman
Pakistan
PĂ©rou
Philippines
Qatar
Fédération de Russie
Rwanda
Sénégal
Singapour
Afrique du Sud
Soudan
Tajikistan
ThaĂŻlande
Turquie
Ouganda
UkraineĂmirats arabes unis
Ătats-Unis
Viet Nam
26 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
Lâindice a notamment pour objectif dâappeler lâattention sur ces lacunes et de stimuler lâaction afin dây remĂ©dier. AmĂ©liorer les donnĂ©es est une entreprise de longue haleine. En attendant et compte tenu de ces insuffisances, il convient dâin-terprĂ©ter avec prudence les notes des pays dans lâindice. Certes, lâindice estime lâincidence de lâĂ©ducation et de la santĂ© aujourdâhui sur la productivitĂ© des tra-vailleurs de demain, mais il est loin de mesurer avec prĂ©cision les petites diffĂ©-rences entre les pays. Il rend compte des rĂ©alisations et ne constitue pas une liste de contrĂŽle des interventions publiques. La forme et lâampleur des interventions requises pour dĂ©velopper le capital humain diffĂšrent dâun pays Ă lâautre.
Les donnĂ©es sur les rĂ©sultats en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© sont de plus en plus disponibles, mais des efforts doivent encore ĂȘtre faits. Par exemple, les aptitu-des cognitives et sociocomportementales avancĂ©es, qui ne sont pas prises en compte dans lâindice, contribuent largement Ă la productivitĂ© individuelle. Il manque aussi des donnĂ©es comparables sur le dĂ©veloppement de la petite enfance qui est un des Ă©lĂ©ments fondamentaux de la qualitĂ© de la main-dâĆuvre de demain.
Une autre tĂąche consiste cependant Ă mesurer les facteurs intermĂ©diaires qui influent sur ces rĂ©sultats. Les citoyens des pays Ă faible revenu et Ă revenu inter-mĂ©diaire font peut-ĂȘtre face aux mĂȘmes obstacles Ă lâaccumulation du capital humain, mais la pertinence de ces obstacles est trĂšs souvent liĂ©e au contexte. Il est crucial de comprendre quels obstacles sont les plus importants pour fixer les prioritĂ©s dans tous les cadres dâaction publique.
La premiĂšre Ă©tape consisterait Ă amĂ©liorer la qualitĂ© des donnĂ©es adminis-tratives de base dans les secteurs de lâĂ©ducation et de la santĂ©. Seul un gouvernement sur six publie des rapports annuels de suivi de lâĂ©ducation. Environ 100 pays seulement fournissent des don-nĂ©es raisonnablement complĂštes et actuelles sur les taux nets de scolarisation Ă diffĂ©rents niveaux du systĂšme Ă©ducatif Ă lâInstitut de statistique de lâUNESCO, lâorgane international chargĂ© de compiler ces donnĂ©es. Le suivi mĂȘme des informations sanitaires les plus simples, comme les naissances et les dĂ©cĂšs, est insuffisant dans les pays Ă faible revenu et Ă revenu intermĂ©diaire (figure 4). La modernisation de ces systĂšmes est lente. Entre 2000 et 2012, le pour-centage des dĂ©cĂšs enregistrĂ©s dans le monde a augmentĂ©, passant de seulement 36 % Ă 38 %. La pro-portion des enfants de moins de 5 ans dont les naissances ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es nâa progressĂ© que de 58 % Ă 65 %27. Il est fondamental que les pouvoirs publics disposent
Source : Ăquipe du Rapport sur le dĂ©veloppement dans le monde 2019.
Note : la figure indique les estimations des naissances et dĂ©cĂšs enregistrĂ©s respectivement dans 180 et 120 pays basĂ©s sur les donnĂ©es disponibles. Les donnĂ©es d'eregistrement des nais-sances sont tirĂ©es du United Nations Demographic Yearbook. Pour les pays dont le systĂšme d'enregistrement d'Ă©tat civil est insuffisant, l'enregistrement des naissances est estimĂ© Ă partir de la dĂ©claration des mĂšres sur le statut de naisssances enregistrĂ©es de leurs enfants, telles que collectĂ©es lors de l'enquĂȘte sur les mĂ©nages. L'enregistrement des dĂ©cĂšs est tirĂ© des estimations de l'Organisation mondiale de la santĂ©.
20 60 100
Pourcentage médian des enregistrements
Revenu élevé
Revenumoyen supérieur
Revenumoyen inférieur
Revenu faible
DĂ©cĂšsNaissances
FIGURE 4âLâenregistrement des naissances et des dĂ©cĂšs reste insuffisantEnregistrement Ă lâĂ©tat civil des naissances et des dĂ©cĂšs par catĂ©gorie de revenu des pays, 2018
Le développement du capital humain | 27
de donnĂ©es administratives de qualitĂ© pour comprendre les besoins et planifier lâaffectation des ressources.
AccroĂźtre le nombre de pays dans lesquels les acquis scolaires des enfants, quâils soient scolarisĂ©s ou non, sont mesurĂ©s permettrait de mieux suivre la performance des pays en matiĂšre dâaccĂšs Ă lâĂ©cole et de formation. Lâune des actions dans ce sens consisterait Ă rendre les donnĂ©es sur lâapprentissage pleinement reprĂ©sentatives de tous les Ă©lĂšves et non de la petite fraction â gĂ©nĂ©ralement issue de familles aisĂ©es â qui reste scolarisĂ©e. Le Annual Status of Education Report est un exemple rare dâĂ©tude proposant une Ă©valuation annuelle des niveaux dâapprentissage des enfants â issus dans ce cas des mĂ©nages ruraux de lâInde â y compris des enfants qui ne sont pas scolarisĂ©s.
Il faudrait pour pallier cette insuffisance des initiatives qui crĂ©ent des mesures de lâapprentissage comparables dâun pays Ă lâautre. Les acteurs concernĂ©s seraient ainsi rassemblĂ©s afin de convenir dâun ensemble de questions qui seraient incluses dans les Ă©valuations de lâapprentissage, dans le but dâharmoniser les rĂ©sultats de tous les tests. Ă brĂšve Ă©chĂ©ance, les plateformes de donnĂ©es existantes, notam-ment les enquĂȘtes nationales auprĂšs des mĂ©nages, les enquĂȘtes dĂ©mographiques et sanitaires, l'Ătude sur la mesure des niveaux de vie et les Indicateurs de pres-tation des services, pourraient ĂȘtre utilisĂ©es pour rendre plus disponibles de façon Ă©conomique et efficace les donnĂ©es sur les acquis en matiĂšre de capital humain.
Des efforts similaires sont en cours dans le domaine de la santĂ©. En 2015, un groupe dâinstitutions internationales, des bailleurs de fonds bilatĂ©raux et multi-latĂ©raux, des fondations et des gouvernements ont lancĂ© lâinitiative Health Data Collaborative afin dâassurer une meilleure coordination de la collecte des donnĂ©es sanitaires. De nouvelles technologies comme le gĂ©opositionnement par satellite et la tĂ©lĂ©phonie mobile diminuent les coĂ»ts de la collecte des donnĂ©es. Le partenariat dĂ©nommĂ© Primary Health Care Performance Initiative, lancĂ© en 2015 par la Fondation Bill & Melinda Gates, le Groupe de la Banque mondiale et lâOrganisation mondiale de la santĂ©, propose une mesure internationale de la qualitĂ© des soins primaires.
La deuxiĂšme Ă©tape consisterait Ă mieux comprendre les nombreuses dimen-sions des compĂ©tences sociocomportementales et autres capacitĂ©s, de la santĂ© et les corrĂ©lations entre les deux. Les compĂ©tences sociocomportementales sont multidimensionnelles. Des initiatives comme lâenquĂȘte de la Banque mondiale sur les compĂ©tences au service de lâemploi et de la productivitĂ© et le Programme pour lâĂ©valuation internationale des compĂ©tences des adultes de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques ont entrepris de mesurer ces aptitudes sur une grande Ă©chelle chez les adultes en Ăąge de travailler. Aucune initiative similaire nâexiste en ce qui concerne les enfants en Ăąge scolaire, mĂȘme sâil a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© que des aptitudes comme le cran et lâautodiscipline sont importantes dans lâapprentissage. Les interventions qui ont conduit Ă la rĂ©duc-tion de la prĂ©valence de lâanĂ©mie ferriprive auraient eu un effet positif sur les rĂ©sultats de lâapprentissage, mĂȘme si la corrĂ©lation entre lâĂ©tat de santĂ© et les notes de lâĂ©valuation des performances des Ă©lĂšves nâa pas encore Ă©tĂ© quanti-fiĂ©e. Lâintroduction des modules sur la santĂ© dans les enquĂȘtes auprĂšs des Ă©coles serait une importante avancĂ©e. Des Ă©valuations au coĂ»t relativement abordable, par exemple de lâacuitĂ© visuelle et du statut anthropomĂ©trique des Ă©lĂšves, aide-raient grandement Ă comprendre le lien entre lâapprentissage et la santĂ©.
LâexpĂ©rience du Viet Nam montre bien lâavantage quâil y a Ă tracer clairement la voie du changement. Les Ă©coliers vietnamiens se sont classĂ©s dans le quar-tile supĂ©rieur des pays Ă revenu intermĂ©diaire et Ă©levĂ© ayant participĂ© aux Ă©va- luations PISA 2012 et 2015. La performance est remarquable si lâon considĂšre le
28 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
niveau de revenu par habitant de ce pays. Ce succĂšs peut ĂȘtre une leçon impor-tante sur la maniĂšre de mettre vĂ©ritablement lâĂ©cole au service de la formation.
Parce que la nature du travail change, le capital humain devient plus impor-tant. Pourtant, des lacunes considĂ©rables en la matiĂšre persistent Ă travers le monde. Ces insuffisances qui se traduisent par la faiblesse des rĂ©sultats dans les secteurs de lâĂ©ducation et de la santĂ© compromettent la productivitĂ© future des travailleurs ainsi que la compĂ©titivitĂ© Ă venir des Ă©conomies. Les pouvoirs publics doivent trouver les moyens de remĂ©dier Ă la situation. Le long dĂ©lai de rentabilitĂ© des investissements dans le capital humain nâencourage pas toujours les pouvoirs publics Ă consentir ces investissements. Le projet de dĂ©veloppement du capital humain vise non seulement Ă crĂ©er les incitations nĂ©cessaires, mais aussi Ă guider lâaction publique pour plus dâinvestissements de qualitĂ© dans le capital humain.
Notes 1. Fernald et Hidrobo (2011). 2. Smith ([1776] 1937, livre 2, chap.1), tel quâindiquĂ© dans Goldin (2016). 3. Chetty, Friedman et Rockoff (2014). 4. Psacharopoulos et Patrinos (2018). 5. Dillon, Friedman et Serneels (2014). 6. Ahuja et al. (2015). 7. Belot et James (2011). 8. Sandjaja et al. (2013). 9. Dillon et al. (2017).10. Flabbi et Gatti (2018).11. Ahuja et coll. (2015).12. Andrabi, Das et Khwaja (2012).13. Hsieh et Klenow (2010).14. CavaillĂ© et Marshall (2017).15. Knack et Keefer (1997).16. Rosas et Sabarwal (2016).17. Blanford et al. (2012).18. FerrĂ© et Sharif (2014).19. Baird, McIntosh et Ăzler (2016).20. Jensen (2010).21. GinĂ©, Karlan et Zinman (2010).22. Heckman et al. (2010).23. Coffey, Geruso et Spears (2018).24. Gertler et al. (2014).25. Kraay (2018).26. Caselli (2005) ; Weil (2007).27. Mikkelsen et al. (2015).
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Le développement du capital humain | 29
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30 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
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LâINDICE DE CAPITAL HUMAIN (ICH), 2018
TABLEAU 2
32 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
Rang ĂconomieLimite
inférieure ValeurLimite
supérieure157 Tchad 0,28 0,29 0,31
156 Soudan du Sud 0,27 0,30 0,33
155 Niger 0,30 0,32 0,33
154 Mali 0,29 0,32 0,34
153 Libéria 0,31 0,32 0,33
152 Nigéria 0,32 0,34 0,36
151 Sierra Leone 0,33 0,35 0,37
150 Mauritanie 0,32 0,35 0,38
149 CĂŽte dâIvoire 0,33 0,35 0,37
148 Mozambique 0,34 0,36 0,38
147 Angola 0,33 0,36 0,39
146Rép, dém, du
Congo 0,35 0,37 0,39
145RĂ©publique du
YĂ©men 0,35 0,37 0,38
144 Burkina Faso 0,35 0,37 0,38
143 Lesotho 0,35 0,37 0,39
142 Rwanda 0,36 0,37 0,39
141 Guinée 0,35 0,37 0,39
140 Madagascar 0,35 0,37 0,39
139 Soudan 0,37 0,38 0,39
138 Burundi 0,36 0,38 0,40
137 Ouganda 0,37 0,38 0,39
136Papouasieâ
Nouvelle-Guinée 0,36 0,38 0,40
135 Ăthiopie 0,37 0,38 0,40
134 Pakistan 0,37 0,39 0,40
133 Afghanistan 0,38 0,39 0,40
132 Cameroun 0,37 0,39 0,42
131 Zambie 0,37 0,40 0,42
130 Gambie 0,37 0,40 0,42
129 Iraq 0,38 0,40 0,41
128 Tanzanie 0,39 0,40 0,41
127 BĂ©nin 0,38 0,41 0,43
126 Afrique du Sud 0,40 0,41 0,42
125 Malawi 0,39 0,41 0,42
124 eSwatini 0,38 0,41 0,43
123 Comores 0,36 0,41 0,44
122 Togo 0,39 0,41 0,43
121 Sénégal 0,40 0,42 0,43
120 Congo 0,39 0,42 0,44
119 Botswana 0,40 0,42 0,44
118 Timor-Leste 0,41 0,43 0,45
117 Namibie 0,41 0,43 0,45
116 Ghana 0,42 0,44 0,45
115 Inde 0,43 0,44 0,45
114 Zimbabwe 0,42 0,44 0,46
113 Ăles Salomon 0,43 0,44 0,45
112 HaĂŻti 0,42 0,45 0,47
111 RDP lao 0,43 0,45 0,47
110 Gabon 0,43 0,45 0,48
109 Guatemala 0,44 0,46 0,47
108 Vanuatu 0,45 0,47 0,48
107 Myanmar 0,46 0,47 0,49
106 Bangladesh 0,47 0,48 0,49
105 Kiribati 0,45 0,48 0,50
104RĂ©publique arabe
dâĂgypte 0,47 0,49 0,50
Rang ĂconomieLimite
inférieure ValeurLimite
supérieure103 Honduras 0,47 0,49 0,50
102 NĂ©pal 0,48 0,49 0,50
101RĂ©publique dominicaine 0,48 0,49 0,51
100 Cambodge 0,47 0,49 0,51
99 Guyane 0,48 0,49 0,51
98 Maroc 0,49 0,50 0,51
97 El Salvador 0,49 0,50 0,51
96 Tunisie 0,50 0,51 0,52
95 Tonga 0,50 0,51 0,53
94 Kenya 0,50 0,52 0,53
93 Algérie 0,51 0,52 0,53
92 Nicaragua 0,51 0,53 0,54
91 Panama 0,52 0,53 0,54
90 Paraguay 0,51 0,53 0,55
89 Tadjikistan 0,51 0,53 0,55
88RĂ©publique de
Macédoine 0,53 0,53 0,54
87 Indonésie 0,52 0,53 0,55
86 Liban 0,52 0,54 0,55
85 JamaĂŻque 0,53 0,54 0,56
84 Philippines 0,53 0,55 0,56
83 Tuvalu 0,53 0,55 0,57
82 Cisjordanie et Gaza 0,54 0,55 0,56
81 Brésil 0,55 0,56 0,57
80 Kosovo 0,55 0,56 0,57
79 Jordanie 0,54 0,56 0,58
78 Arménie 0,56 0,57 0,58
77 KoweĂŻt 0,56 0,58 0,59
76 RĂ©publique kirghize 0,57 0,58 0,59
75 Moldova 0,57 0,58 0,59
74 Sri Lanka 0,57 0,58 0,59
73 Arabie Saoudite 0,57 0,58 0,60
72 PĂ©rou 0,57 0,59 0,60
71RĂ©publique
islamique dâIran 0,57 0,59 0,61
70 Colombie 0,58 0,59 0,61
69 AzerbaĂŻdjan 0,58 0,60 0,62
68 Uruguay 0,59 0,60 0,61
67 Roumanie 0,59 0,60 0,62
66 Ăquateur 0,59 0,60 0,61
65 ThaĂŻlande 0,59 0,60 0,62
64 Mexique 0,60 0,61 0,61
63 Argentine 0,60 0,61 0,62
62 Trinité-et-Tobago 0,59 0,61 0,63
61 GĂ©orgie 0,60 0,61 0,63
60 Qatar 0,60 0,61 0,63
59 Monténégro 0,61 0,62 0,62
58Bosnie-
Herzégovine 0,61 0,62 0,63
57 Costa Rica 0,61 0,62 0,63
56 Albanie 0,61 0,62 0,63
55 Malaisie 0,61 0,62 0,63
54 Oman 0,61 0,62 0,63
53 Turquie 0,61 0,63 0,64
52 Maurice 0,60 0,63 0,65
51 Mongolie 0,60 0,63 0,65
Rang ĂconomieLimite
inférieure ValeurLimite
supérieure50 Ukraine 0,61 0,65 0,68
49Ămirats arabes
unis 0,64 0,66 0,67
48 Viet Nam 0,65 0,67 0,68
47 BahreĂŻn 0,65 0,67 0,68
46 Chine 0,66 0,67 0,68
45 Chili 0,66 0,67 0,69
44 Bulgarie 0,65 0,68 0,70
43 Seychelles 0,65 0,68 0,71
42 GrĂšce 0,67 0,68 0,69
41 Luxembourg 0,68 0,69 0,70
40RĂ©publique
slovaque 0,68 0,69 0,71
39 Malte 0,69 0,70 0,71
38 Hongrie 0,69 0,70 0,72
37 Lituanie 0,70 0,71 0,73
36 Croatie 0,71 0,72 0,74
35 Lettonie 0,71 0,72 0,74
34Fédération de
Russie 0,68 0,73 0,77
33 Islande 0,73 0,74 0,75
32 Espagne 0,74 0,74 0,75
31 Kazakhstan 0,72 0,75 0,77
30 Pologne 0,73 0,75 0,76
29 Estonie 0,73 0,75 0,76
28 Chypre 0,74 0,75 0,76
27 Serbie 0,74 0,76 0,77
26 Belgique 0,75 0,76 0,77
25RAS de Macao,
Chine 0,75 0,76 0,76
24 Ătats-Unis 0,75 0,76 0,77
23 Israël 0,75 0,76 0,78
22 France 0,76 0,76 0,77
21 Nouvelle-ZĂ©lande 0,76 0,77 0,78
20 Suisse 0,75 0,77 0,78
19 Italie 0,76 0,77 0,78
18 NorvĂšge 0,76 0,77 0,78
17 Danemark 0,76 0,77 0,79
16 Portugal 0,77 0,78 0,79
15 Royaume-Uni 0,77 0,78 0,79
14RĂ©publique
tchĂšque 0,77 0,78 0,79
13 Slovénie 0,78 0,79 0,80
12 Autriche 0,78 0,79 0,80
11 Allemagne 0,78 0,79 0,81
10 Canada 0,79 0,80 0,81
9 Pays-Bas 0,79 0,80 0,81
8 SuĂšde 0,79 0,80 0,81
7 Australie 0,79 0,80 0,81
6 Irlande 0,79 0,81 0,82
5 Finlande 0,80 0,81 0,82
4RAS de Hong Kong, Chine 0,81 0,82 0,83
3 Japon 0,83 0,84 0,85
2 Rép. de Corée 0,83 0,84 0,86
1 Singapour 0,87 0,88 0,90
TABLEAU 2âL'Indice de capital humain (ICH), 2018
ICH < 0,40 0,40 †ICH < 0,50 0,50 †ICH < 0,60 0,60 †ICH < 0,70 0,70 †ICH < 0,80 0,80 †ICH
Source : Calculs des services de la Banque mondiale.
Note : L'Indice de capital humain varie de 0 Ă 1. Il est mesurĂ© en ce qui concerne la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence qui est une Ă©ducation complĂšte et une parfaite santĂ©. Une Ă©conomie dans laquelle le travailleur moyen rĂ©alise pleinement son potentiel en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© aura un score de 1 sur lâindice.
LâINDICE DE CAPITAL HUMAIN :MĂTHODOLOGIE
APPENDICE
34
Composantes de lâIndice de capital humain1
LâIndice de capital humain (ICH) mesure le niveau de capital humain quâun enfant nĂ© en 2018 peut espĂ©rer atteindre Ă lâĂąge de 18 ans au regard des risques en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© propres au pays dans lequel il vit. LâICH suit la trajectoire dâun enfant nĂ© aujourdâhui jusquâĂ lâĂąge
adulte. Dans les pays les plus pauvres du monde, le risque que cet enfant nâat-teigne pas son cinquiĂšme anniversaire est Ă©levĂ©. Et sâil atteint lâĂąge dâĂȘtre scola-risĂ©, il risque encore de ne pas ĂȘtre inscrit Ă lâĂ©cole, et a encore moins de chances dâaller jusquâau bout du cursus scolaire de 14 ans qui est la norme dans les pays riches. Le temps quâil passe Ă lâĂ©cole peut se traduire ou non en apprentissage, en fonction de la qualitĂ© des enseignants et des Ă©tablissements. Ă 18 ans, il porte les marques irrĂ©versibles de la mauvaise santĂ© et de la malnutrition de son enfance qui limitent ses capacitĂ©s physiques et cognitives en tant quâadulte.
LâICH illustre de maniĂšre quantitative les principales Ă©tapes de cette trajec-toire et leur incidence sur la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travail-leurs, avec trois composantes :
Composante 1 : Survie. Cette composante de lâindice rend compte de la triste rĂ©alitĂ© quâune partie des enfants nĂ©s aujourdâhui nâatteindront pas lâĂąge auquel le processus dâaccumulation de capital humain dans le cadre Ă©ducatif scolaire commence. Il est mesurĂ© au moyen du taux de mortalitĂ© des moins de 5 ans (figure A.1, diagramme a), la survie jusquâĂ lâĂąge de 5 ans Ă©tant le complĂ©ment du taux de mortalitĂ© des moins de 5 ans.
Composante 2 : ScolaritĂ©. Cette composante de lâindice combine des informa-tions sur la quantitĂ© et la qualitĂ© de lâĂ©ducation scolaire reçue.
âą La quantitĂ© dâĂ©ducation est mesurĂ©e par le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes quâun enfant peut espĂ©rer suivre jusquâĂ lâĂąge de 18 ans compte tenu des taux de scolarisation enregistrĂ©s (figure A.1, diagramme b). La valeur maximale pos-sible est 14 ans, ce qui correspond au nombre maximal dâannĂ©es dâĂ©tudes suivies jusquâĂ 18 ans par un enfant qui entre Ă lâĂ©cole maternelle Ă 4 ans. Dans les donnĂ©es, le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ© va dâenviron 4 Ă prĂšs de 14 ans.
âą La qualitĂ© de lâĂ©ducation traduit les efforts entrepris par la Banque mondiale pour harmoniser les rĂ©sultats des grands programmes internationaux dâĂ©va-luation des acquis des Ă©lĂšves afin dâobtenir une mesure des acquis sco-laires harmonisĂ©s2. Les acquis scolaires harmonisĂ©s sont mesurĂ©s en unitĂ©s du programme dâĂ©valuation TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) et vont dâenviron 300 Ă environ 600 selon les pays (figure A.1, diagramme c).
Les rĂ©sultats des Ă©valuations sont utilisĂ©s pour convertir les annĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es en annĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires (figure A.1, diagramme d). Les annĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires sont obtenues en multipliant les annĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es par les rĂ©sultats obtenus aux Ă©valuations divisĂ©s par 625, ce qui correspond Ă un rĂ©sultat « avancĂ© » dans le programme TIMSS3. Par exemple, si le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ© est de 10 et si la note moyenne obtenue Ă lâĂ©valuation est de 400, alors le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires pour le pays est Ă©gal Ă 10 Ă (400/625) = 6,4. La diffĂ©rence entre les valeurs 10 et 6,4 reprĂ©sente un dĂ©ficit dâapprentissage Ă©quivalent Ă 3,6 annĂ©es dâĂ©tudes.
Composante 3 : SantĂ©. Il nâexiste aucun indicateur de santĂ© global couramment admis, mesurĂ© directement et largement disponible, qui puisse ĂȘtre employĂ©
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 35
Log du PIB réel par habitant (PPA)
Log du PIB réel par habitant (PPA)
100
80
60
40
Ann
Ă©es
6 8 10 12Log du PIB réel par habitant (PPA)
b. AnnĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es
14
12
10
8
6
4
600
500
400
300
RĂ©s
ulta
t de
lâĂ©v
alua
tion
6 8 10 12
c. RĂ©sultats dâĂ©valuation harmonisĂ©s
Log du PIB réel par habitant (PPA)
12
10
8
6
4
2
Ann
Ă©es
6 8 10 12
d. Années de scolarité corrigées des acquis
Log du PIB réel par habitant (PPA)
100
95
90
85
% d
e pr
obab
ilité
dâa
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lâĂąg
e de
5 a
ns
6 8 10 12
a. ProbabilitĂ© de survie jusquâĂ 5 ans
Log du PIB réel par habitant (PPA)
100
90
80
70
60
50
% d
e je
unes
de
15 a
ns a
ttei
gnan
t 60
ans
6 8 10 12
e. Taux de survie Ă lâĂąge adulte
% d
âenf
ants
san
s re
tard
de
croi
ssan
ce
6 8 10 12
f. Enfants de moins de 5 ans sans retard de croissance
FIGURE A.1âLes composantes de lâIndice de capital humain
Source : Voir la section « Notes sur les donnĂ©es de lâICH » Ă la fin du prĂ©sent appendice.
Note : PIB = produit intĂ©rieur brut ; PPA = paritĂ© de pouvoir dâachat.
36 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
de la mĂȘme façon que les annĂ©es dâĂ©tudes le sont comme mesure standard du niveau dâinstruction atteint. Ă la place, deux indicateurs indirects du contexte sanitaire gĂ©nĂ©ral sont utilisĂ©s :
âą Le taux de survie Ă lâĂąge adulte. Il est mesurĂ© par le pourcentage de jeunes de 15 ans qui atteignent lâĂąge de 60 ans. Cette mesure de la mortalitĂ© sert dâin-dicateur indirect de lâensemble de problĂšmes de santĂ© non mortels auquel un enfant nĂ© aujourdâhui sera exposĂ© Ă lâĂąge adulte si la situation actuelle perdure dans le futur.
âą La croissance en bonne santĂ© chez les enfants de moins de 5 ans. Elle est mesurĂ©e par les taux de retard de croissance, câest-Ă -dire 1 moins le pourcentage dâenfants de moins de 5 ans qui nâont pas une taille normale pour leur Ăąge. Le retard de croissance sert dâindicateur du contexte sanitaire durant la pĂ©riode prĂ©natale et nĂ©onatale et pendant la petite enfance. Il regroupe les risques pour la santĂ© auquel un enfant nĂ© aujourdâhui a de fortes chances dâĂȘtre exposĂ© durant ses premiĂšres annĂ©es, qui auront des rĂ©percussions importantes sur sa santĂ© et son bien-ĂȘtre Ă lâĂąge adulte.
Les données pour ces deux indicateurs de santé figurent sur les diagrammes e et f de la figure A.1, respectivement.
MĂ©thode dâagrĂ©gationLes composantes de lâICH sont combinĂ©es en un indice unique dâabord en les convertissant en contributions Ă la productivitĂ©4. LâICH global est obtenu en mul-tipliant ces contributions Ă la productivitĂ©. LâICH donne une image synthĂ©tique de la productivitĂ© des futurs travailleurs que sont les enfants nĂ©s aujourdâhui, Ă©tant donnĂ© les risques en matiĂšre dâĂ©ducation et de santĂ© qui sont intĂ©grĂ©s dans les diffĂ©rentes composantes. LâICH est mesurĂ© en unitĂ©s de productivitĂ© par rapport Ă une rĂ©fĂ©rence correspondant Ă une Ă©ducation complĂšte et une parfaite santĂ©.
Dans le cas de la survie, lâinterprĂ©tation de la productivitĂ© relative est claire : les enfants qui meurent dans lâenfance ne deviennent jamais des adultes pro-ductifs. De ce fait, la productivitĂ© escomptĂ©e dâun enfant nĂ© aujourdâhui en tant que futur travailleur est rĂ©duite dâun facteur Ă©gal au taux de survie, par rapport Ă la situation de rĂ©fĂ©rence oĂč tous les enfants survivent.
Dans le cas de lâĂ©ducation, lâinterprĂ©tation de la productivitĂ© relative se fonde sur les nombreuses Ă©tudes empiriques mesurant les dividendes de lâĂ©ducation au niveau individuel. Un consensus approximatif qui se dĂ©gage de ces Ă©tudes est quâune annĂ©e dâĂ©tudes supplĂ©mentaire augmente les revenus dâenviron 8 %5. Cet Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre utilisĂ© pour convertir les diffĂ©rences qui existent entre les pays du point de vue des annĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires, en diffĂ©rences de productivitĂ© des travailleurs. Ă titre dâexemple, par rapport Ă une situation de rĂ©fĂ©rence oĂč tous les enfants font 14 ans dâĂ©tudes jusquâĂ lâĂąge de 18 ans, un enfant qui ne fait que 9 ans dâĂ©tudes peut sâattendre Ă ĂȘtre 40 % moins productif Ă lâĂąge adulte (un Ă©cart de 5 ans dâĂ©tudes, multipliĂ© par 8 % par an).
Dans le cas de la santĂ©, lâinterprĂ©tation de la productivitĂ© relative se fonde sur les Ă©tudes empiriques mesurant les dividendes Ă©conomiques dâune meilleure santĂ© au niveau individuel. Le principal problĂšme qui se pose dans ces Ă©tudes est quâil nâexiste pas un indicateur global unique mesurĂ© directement qui rĂ©unisse les diffĂ©rents aspects de la santĂ© ayant une incidence sur la productivitĂ©. Ces Ă©tudes micro-Ă©conomĂ©triques se servent souvent dâindicateurs indirects pour la santĂ©, tels que la taille adulte6. En effet, la taille adulte peut ĂȘtre mesurĂ©e
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 37
directement et tĂ©moigne de lâaccumulation dâaccidents de santĂ© pendant lâen-fance et lâadolescence. Un consensus approximatif qui se dĂ©gage de ces Ă©tudes est quâune amĂ©lioration de la santĂ© associĂ©e Ă une augmentation de 1 cm de la taille adulte fait progresser la productivitĂ© de 3,4 %.
Pour pouvoir convertir ces donnĂ©es sur les dividendes dâun indicateur de santĂ© indirect (la taille adulte) afin dâobtenir les autres indicateurs de santĂ© indirects utilisĂ©s dans lâICH (le retard de croissance et la survie Ă lâĂąge adulte), il faut avoir des informations sur les relations entre ces diffĂ©rents indicateurs indirects7 :
âą En ce qui concerne le retard de croissance, il existe une relation directe entre le retard de croissance dans lâenfance et la taille adulte future, car les dĂ©fi-cits de croissance dans lâenfance persistent dans une grande mesure Ă lâĂąge adulte, ainsi que les dĂ©ficits associĂ©s en matiĂšre de santĂ© et de capacitĂ©s cogni-tives. Les donnĂ©es disponibles laissent penser quâune amĂ©lioration de la santĂ© rĂ©duisant de 10,2 points de pourcentage le retard de croissance produira un gain de productivitĂ© de 3,5 % chez le travailleur adulte.
âą En ce qui concerne la survie Ă lâĂąge adulte, les donnĂ©es empiriques tendent Ă montrer que, si la santĂ© sâamĂ©liore globalement, la taille adulte et les taux de survie Ă lâĂąge adulte augmentent de telle sorte que la taille adulte pro-gresse de 1,9 cm pour chaque amĂ©lioration de 10 points de pourcentage du taux de survie Ă lâĂąge adulte. Cela implique quâune amĂ©lioration de la santĂ© conduisant Ă une hausse de 10 points de pourcentage des taux de survie Ă lâĂąge adulte est associĂ©e Ă une amĂ©lioration de la productivitĂ© des travailleurs de 1,9 Ă 3,4 %, soit 6,5 %.
Dans lâICH, les contributions de la santĂ© Ă la productivitĂ© des travailleurs esti-mĂ©es Ă partir de ces deux indicateurs indirects sont moyennĂ©es ensemble (si les deux sont disponibles) ou utilisĂ©es individuellement (si un seul est disponible). La contribution de la santĂ© Ă la productivitĂ© est exprimĂ©e par rapport Ă la situa-tion de rĂ©fĂ©rence dâune parfaite santĂ©, dĂ©finie comme Ă©tant lâabsence de retard de croissance, et dâun taux de survie Ă lâĂąge adulte de 100 %. Ainsi, par rapport Ă la situation de rĂ©fĂ©rence dâune absence de retard de croissance, dans un pays oĂč le taux de retard de croissance est de 30 %, une mauvaise santĂ© diminue la productivitĂ© des travailleurs de (30 Ă 0,35) %, soit 10 %. De la mĂȘme façon, par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence de 100 % de survie Ă lâĂąge adulte, une mauvaise santĂ© diminue la productivitĂ© des travailleurs de (30 Ă 0,65) %, soit 19,5 %, dans un pays oĂč le taux de survie Ă lâĂąge adulte est de 70 %. LâICH utilise la moyenne de ces deux estimations de lâeffet de la santĂ© sur la productivitĂ©.
LâICH global est construit en multipliant les contributions de la survie, de lâĂ©ducation et de la santĂ© Ă la productivitĂ© relative, comme suit :
ICH = Survie à Scolarité à Santé, (1)
les trois composantes étant définies ainsi :
Survie1âTaux de mortalitĂ© des moins de 5 ans
1,= (2)
Scolarité e
AnnĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©esRĂ©sultats dâĂ©valuation harmonisĂ©s
62514Ï Ă â
= ,
(3)
Taux de survie Ă lâĂąge adulte Retard de croissance Taux dâabsence de retard de croissance (4)
38 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
Les composantes de lâindice sont exprimĂ©es ici sous la forme de contribu-tions Ă la productivitĂ© par rapport Ă la situation de rĂ©fĂ©rence dâune Ă©ducation complĂšte de qualitĂ© et dâune parfaite santĂ©. Le paramĂštre f = 0,08 mesure les dividendes dâune annĂ©e dâĂ©tudes supplĂ©mentaire. Les paramĂštres g
TSA = 0,65 et
gRetard croissance
= 0,35 mesurent les amĂ©liorations de la productivitĂ© associĂ©es Ă une amĂ©lioration de la santĂ©, elle-mĂȘme mesurĂ©e par deux indicateurs indirects (la survie Ă lâĂąge adulte et le retard de croissance). La situation de rĂ©fĂ©rence dâune Ă©ducation complĂšte de qualitĂ© correspond Ă 14 annĂ©es dâĂ©tudes et un rĂ©sultat dâĂ©valuation harmonisĂ© de 625. La situation de rĂ©fĂ©rence dâune parfaite santĂ© correspond Ă un taux de survie des enfants et des adultes de 100 % et un taux de retard de croissance de 0 %.
Ces paramĂštres servent de pondĂ©rateurs dans la construction de lâICH. Les pondĂ©rations choisies sont les mĂȘmes dans tous les pays, de sorte que les diffĂ©-rences dâICH entre les pays traduisent uniquement les diffĂ©rences existant dans les variables des composantes entre les pays. Cela facilite lâinterprĂ©tation de lâin-dice. Câest aussi un choix pragmatique, car il est impossible dâestimer pour tous les pays inclus dans lâICH les dividendes que chacun dâeux retire de lâĂ©ducation et de la santĂ©.
Comme le montre la figure A.1, les taux de survie des enfants vont dâen-viron 90 % dans les pays oĂč la mortalitĂ© est la plus Ă©levĂ©e, Ă prĂšs de 100 % dans les pays oĂč elle est la plus faible. Cela implique une perte de productivitĂ© de 10 % par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence dâune mortalitĂ© nulle. Le nombre d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis va dâenviron 3 Ă prĂšs de 14 ans. Ce dĂ©ficit dâannĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires implique un dĂ©ficit de pro-ductivitĂ© par rapport Ă la situation de rĂ©fĂ©rence dâune Ă©ducation complĂšte de e f (3 -14) = e0,08 (â11) = 0,4, câest-Ă -dire que la productivitĂ© dâun futur travailleur dans les pays oĂč le nombre d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis est le plus bas ne sâĂ©lĂšve quâĂ 40 % de ce quâelle serait dans la situation de rĂ©fĂ©rence dâune Ă©ducation complĂšte. Pour la santĂ©, les taux de survie Ă lâĂąge adulte vont de 60 Ă 95 %, tandis que le pourcentage dâenfants sans retard de croissance va dâenviron 60 % Ă plus de 95 %. Si lâon utilise les taux de survie Ă lâĂąge adulte, on obtient un dĂ©ficit de productivitĂ© de e g TSA(0,6 -1) = e 0,65(-0,4) = 0,77. Par consĂ©quent, si lâon prend les taux de survie Ă lâĂąge adulte comme indicateur de santĂ© indirect, la productivitĂ© dâun futur travailleur ne sâĂ©lĂšve quâĂ 77 % de ce quâelle serait dans le scĂ©nario de rĂ©fĂ©rence dâune parfaite santĂ©. Si lâon utilise le pourcentage dâenfants sans retard de croissance, on obtient un dĂ©ficit de productivitĂ© de e g Retard croissance(0,6 -1) = e0,35(-0,4) = 0,87. La productivitĂ© dâun futur travailleur calculĂ©e dâaprĂšs le taux de retard de croissance comme indicateur de santĂ© indirect ne sâĂ©lĂšve donc quâĂ 87 % de ce quâelle serait dans la situation de rĂ©fĂ©rence dâune parfaite santĂ©.
LâIndice de capital humainLâICH global est reprĂ©sentĂ© sur la figure 3 dans le document principal et indi-quĂ© sĂ©parĂ©ment dans le tableau 2. Le tableau A.1 qui figure plus loin dans la prĂ©sente annexe fournit lâICH global et les valeurs de ses composantes pour chacune des 157 Ă©conomies incluses dans lâindice. Les donnĂ©es de lâICH sont Ă©galement consultables Ă lâadresse www.worldbank.org/human capital. LâICH est plus Ă©levĂ© en moyenne dans les pays riches que dans les pays pauvres, et va dâenviron 0,3 Ă environ 0,9. Les unitĂ©s de lâICH ont la mĂȘme interprĂ©tation que les composantes mesurĂ©es en termes de productivitĂ© relative. Prenons lâexemple dâun pays comme le Maroc, dont lâICH avoisine 0,5. Si les conditions actuelles
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 39
dâĂ©ducation et de santĂ© se maintiennent au Maroc, un enfant nĂ© aujourdâhui sera deux fois moins productif que ce quâil aurait pu ĂȘtre sâil avait bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune Ă©ducation complĂšte et dâune parfaite santĂ©.
Toutes les composantes de lâICH sont mesurĂ©es avec une marge dâerreur, et cette incertitude a naturellement des consĂ©quences sur la prĂ©cision de lâICH glo-bal. Pour tenir compte de cette imprĂ©cision, les estimations de lâICH pour chaque pays sont accompagnĂ©es dâune limite supĂ©rieure et dâune limite infĂ©rieure de la fourchette calculĂ©e, qui illustrent lâincertitude de la mesure des composantes de lâindice. Ces limites sont Ă©tablies en recalculant lâICH avec les estimations les plus basses et les plus Ă©levĂ©es des composantes de lâICH. Les limites supĂ©rieure et infĂ©rieure constituent un outil indiquant aux utilisateurs que les valeurs dâICH estimĂ©es pour tous les pays prĂ©sentent un certain degrĂ© dâincertitude, illustrant lâincertitude associĂ©e aux diffĂ©rentes composantes. Lorsque ces fourchettes se chevauchent pour deux pays, cela signifie que les diffĂ©rences entre les ICH esti-mĂ©s pour ces deux pays ne doivent pas ĂȘtre surinterprĂ©tĂ©es, car elles sont faibles par rapport Ă lâincertitude entourant la valeur de lâindice lui-mĂȘme. Il convient donc de ne pas sâattacher aux petites diffĂ©rences entre les classements des pays et de sâintĂ©resser plutĂŽt au niveau de lâICH et Ă ses implications concernant la productivitĂ© des futurs travailleurs.
Une autre caractĂ©ristique de lâICH est quâil peut ĂȘtre dĂ©composĂ© par sexe dans les pays qui disposent de donnĂ©es ventilĂ©es par sexe pour toutes les compo-santes de lâindice. Les disparitĂ©s entre les sexes sont les plus prononcĂ©es pour les taux de survie jusquâĂ 5 ans, de survie Ă lâĂąge adulte, et de retard de croissance, oĂč les filles, en moyenne, obtiennent de meilleurs rĂ©sultats que les garçons dans presque tous les pays. Le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es est plus Ă©levĂ© chez les filles que chez les garçons dans environ les deux tiers des pays, de mĂȘme que les rĂ©sultats des Ă©valuations. Globalement, les ICH sont plus Ă©levĂ©s chez les filles que chez les garçons dans la majoritĂ© des pays.
LâICH utilise les dividendes de lâĂ©ducation et de la santĂ© pour convertir les indi-cateurs dâĂ©ducation et de santĂ© en diffĂ©rences de productivitĂ© des travailleurs entre les pays. Plus les dividendes sont importants, plus les diffĂ©rences sont grandes sur le plan de la productivitĂ© des travailleurs. La dimension des dividendes influe Ă©galement sur les contributions relatives de lâĂ©ducation et de la santĂ© Ă lâindice global. Par exemple, si les dividendes de lâĂ©ducation sont Ă©levĂ©s tandis que ceux de la santĂ© sont faibles, alors les Ă©carts entre les pays en matiĂšre dâĂ©ducation reprĂ©-senteront une plus grande part des diffĂ©rences dâindice constatĂ©es entre les pays. Si lâon fait varier les hypothĂšses relatives aux dividendes de lâĂ©ducation et de la santĂ©, la position des pays dans le classement de lâindice sâen trouvera modifiĂ©e, mais en pratique ces modifications seront faibles, car les indicateurs de santĂ© et dâĂ©ducation sont fortement corrĂ©lĂ©s dans lâensemble des pays8.
Relier lâIndice de capital humain Ă la croissance et aux revenus futursLâICH peut ĂȘtre reliĂ© aux futurs niveaux de croissance et de revenus agrĂ©gĂ©s en suivant la logique des Ă©crits sur la comptabilitĂ© du dĂ©veloppement. Ces travaux adoptent gĂ©nĂ©ralement une forme Cobb-Douglas simple pour la fonction de production agrĂ©gĂ©e, comme suit :
, (5)
oĂč y est le produit intĂ©rieur brut (PIB) par travailleur ; kp et k
h sont les stocks
de capital physique et humain par travailleur ; A est la productivité totale des
y Ak kp h1= α αâ
40 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
facteurs ; et a est lâĂ©lasticitĂ© du capital physique par rapport Ă la production. Pour analyser la maniĂšre dont des modifications du capital humain peuvent influer sur le revenu Ă long terme, on rĂ©Ă©crit la fonction de production sous la forme suivante :
yk
yA k
ph
11
1=
αα
뱉
â . (6)
Dans cette formulation, le PIB par travailleur est proportionnel au stock de capital humain par travailleur, le niveau de la productivité totale des facteurs et le
ratio capital physique/production, kyp , Ă©tant maintenus constants. Cette formu-
lation peut ĂȘtre utilisĂ©e pour rĂ©pondre Ă la question « De combien une hausse du capital humain augmente-t-elle la production par travailleur Ă long terme aprĂšs prise en compte de la croissance du capital physique probablement induite par la hausse du capital humain ? » LâĂ©quation (6) donne la rĂ©ponse : la production par travailleur augmente Ă©quiproportionnellement au capital humain par travailleur, câest-Ă -dire quâun doublement du capital humain par travailleur entraĂźnera un doublement de la production par travailleur sur le long terme.
Relier ce schĂ©ma Ă lâICH nĂ©cessite quelques Ă©tapes supplĂ©mentaires. Pre-miĂšrement, supposons que le stock de capital humain par travailleur qui entre dans la fonction de production, k
h, est Ă©gal au capital humain du travailleur
moyen. DeuxiĂšmement, le capital humain de la prochaine gĂ©nĂ©ration, tel que mesurĂ© dans lâICH, et le stock de capital humain qui entre dans la fonction de production doivent ĂȘtre reliĂ©s. Cela peut ĂȘtre fait en considĂ©rant diffĂ©rents scĂ©-narios. Imaginons tout dâabord un scĂ©nario de statu quo dans lequel le nombre escomptĂ© d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis et la santĂ© tels que mesu-rĂ©s dans lâICH aujourdâhui se maintiennent dans le futur. Au fil du temps, les nouveaux venus dans le monde du travail ayant le niveau dâĂ©ducation et de santĂ© correspondant au scĂ©nario de statu quo vont se substituer aux travail-leurs actuels, jusquâĂ ce que lâensemble de la population active de demain ait finalement le nombre escomptĂ© d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis et le niveau de santĂ© correspondant Ă lâactuel ICH. Exprimons le stock de capital humain futur dans ce scĂ©nario de rĂ©fĂ©rence sous la forme k
h,PG = ef SPG+g ZPG, oĂč S
PG
reprĂ©sente le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes corrigĂ©es des acquis scolaires de la pro-chaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs, et g z
PG correspond Ă la contribution des deux
indicateurs de santĂ© Ă la productivitĂ© exprimĂ©e par lâĂ©quation (4). Comparons ce scĂ©nario Ă un autre dans lequel toute la population active bĂ©nĂ©ficie dâune Ă©ducation complĂšte et jouit dâune santĂ© parfaite, ce qui entraĂźne un stock de capital humain plus Ă©levĂ©, k eh
s z* * *
= Ï Îł+ , oĂč s* reprĂ©sente le niveau de rĂ©fĂ©rence de 14 ans dâune scolaritĂ© de qualitĂ©, et z* reprĂ©sente le niveau de rĂ©fĂ©rence dâune santĂ© parfaite.
En supposant que la productivitĂ© totale des facteurs et le ratio capital phy-sique/production soient identiques dans les deux scĂ©narios, la valeur finale Ă lâĂ©quilibre du PIB par travailleur dans les deux scĂ©narios est Ă©gale Ă :
= =Ï Îł( )
k
y
y
keh,PG
h
s s z zPG PG
* *
( )* *â + â
. (7)
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 41
Cette expression est la mĂȘme que lâICH dans les Ă©quations (1) Ă (4) Ă lâex-ception du terme correspondant au taux de survie jusquâĂ 5 ans (parce que les enfants qui ne survivent pas ne feront pas partie de la population active future). Cela crĂ©e un lien Ă©troit entre lâICH et la croissance future poten-tielle. Si lâon met de cĂŽtĂ© la contribution de la probabilitĂ© de survie Ă lâICH, lâĂ©quation (7) montre quâun pays ayant un ICH Ă©gal Ă x pourrait atteindre un PIB par travailleur qui serait 1/x fois plus Ă©levĂ© dans le futur si la population bĂ©nĂ©ficiait dâune Ă©ducation complĂšte et Ă©tait en parfaite santĂ© (correspond Ă x = 1). Par exemple, un pays comme le Maroc dont lâICH tourne autour de 0,5 pourrait avoir, Ă long terme, dans ce scĂ©nario dâĂ©ducation complĂšte et de
parfaite santé, un PIB par travailleur 1
0.52= fois plus élevé que celui obtenu
dans le scĂ©nario de statu quo. Lâincidence sur les taux moyens de croissance annuelle dĂ©pend de la durĂ©e du « long terme ». Ainsi, si lâon prend comme hypothĂšse que 50 ans sont nĂ©cessaires pour que ces scĂ©narios deviennent rĂ©alitĂ©, alors le doublement du revenu par habitant dans le futur par rapport Ă une situation de statu quo correspond approximativement Ă 1,4 point de pourcentage de croissance supplĂ©mentaire par an.
La relation Ă©talonnĂ©e entre lâICH et le revenu futur dĂ©crite ici est simple, car elle concerne uniquement des comparaisons Ă lâĂ©quilibre. Dans des travaux sur le sujet, Collin et Weil (2018) dĂ©veloppent lâanalyse en Ă©laborant un modĂšle de croissance Ă©talonnĂ© qui reprĂ©sente la dynamique dâajustement jusquâĂ lâĂ©tat dâĂ©quilibre. Ils utilisent ce modĂšle pour reprĂ©senter les trajectoires du PIB par habitant et des mesures de la pauvretĂ© pour les pays pris individuellement et pour les agrĂ©gats mondiaux avec diffĂ©rentes hypothĂšses dâĂ©volution du capital humain. Ils calculent aussi la hausse Ă©quivalente des taux dâinvestissement dans le capital physique qui serait nĂ©cessaire pour produire les mĂȘmes croissances de la production que celles associĂ©es Ă des amĂ©liorations du capital humain.
LimitesComme tous les exercices de comparaison entre les pays, lâICH prĂ©sente cer-taines limites. Certaines composantes de lâICH (cf. tableau A.1) comme le retard de croissance et le rĂ©sultat de lâĂ©valuation ne sont mesurĂ©es que rarement dans certains pays, et jamais dans dâautres. Les donnĂ©es sur les rĂ©sultats des Ă©va-luations proviennent de diffĂ©rents programmes internationaux dâĂ©valuation et doivent ĂȘtre converties en unitĂ©s communes, et lâĂąge des Ă©lĂšves Ă©valuĂ©s et les sujets couverts varient selon les programmes dâĂ©valuation. De plus, les rĂ©sultats des Ă©valuations ne rendent peut-ĂȘtre pas fidĂšlement compte de la qualitĂ© de lâensemble du systĂšme Ă©ducatif dâun pays dans la mesure oĂč les Ă©lĂšves Ă©valuĂ©s ne sont pas reprĂ©sentatifs de toute la population dâĂ©lĂšves. Il nâexiste pas encore de mesures fiables de la qualitĂ© de lâenseignement tertiaire, malgrĂ© lâimportance des Ă©tudes supĂ©rieures dans un monde en rapide mutation. Les donnĂ©es sur les taux de scolarisation, indispensables pour estimer le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es, sont souvent lacunaires et publiĂ©es avec dâimportants retards. Les compĂ©tences sociocomportementales ne sont pas explicitement prises en compte. Les estimations des taux de survie des enfants et des adultes sont imprĂ©-cises dans les pays oĂč les registres de lâĂ©tat civil sont incomplets ou inexistants.
Lâindice a notamment pour objectif dâappeler lâattention sur ces lacunes et de crĂ©er un Ă©lan pour y remĂ©dier. AmĂ©liorer les donnĂ©es est une entreprise de longue haleine. En attendant et compte tenu de ces insuffisances, il convient
42 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
TABLEAU A.1âLâIndice de capital humain et ses composantes, 2018
Ăconomie
Chances de survie jusquâĂ 5 ans
Années de scolarité
escomptées
Acquis scolaires
harmonisés
AnnĂ©es dâune
scolarité de qualité
Taux de survie Ă lâĂąge adulte
Proportion dâenfants de
moins de 5 ans de
taille normale
Indice de capital humain
Limite infé-rieure Valeur
Limite supé-rieure
Afghanistan 0,93 8,6 355 4,9 0,78 0,59 0,38 0,39 0,40Afrique du Sud 0,96 9,3 343 5,1 0,68 0,73 0,40 0,41 0,42Albanie 0,99 13,0 429 8,9 0,94 0,77 0,61 0,62 0,63AlgĂ©rie 0,98 11,4 374 6,8 0,91 0,88 0,51 0,52 0,53Allemagne 1,00 13,9 528 11,7 0,93 â 0,78 0,79 0,81Angola 0,92 7,9 326 4,1 0,76 0,62 0,33 0,36 0,39Arabie Saoudite 0,99 12,4 407 8,1 0,91 â 0,57 0,58 0,60Argentine 0,99 13,1 424 8,9 0,89 â 0,60 0,61 0,62ArmĂ©nie 0,99 11,1 443 7,9 0,88 0,91 0,56 0,57 0,58Australie 1,00 13,8 524 11,6 0,95 0,98 0,79 0,80 0,81Autriche 1,00 13,9 525 11,7 0,94 â 0,78 0,79 0,80AzerbaĂŻdjan 0,98 11,6 472 8,7 0,87 0,82 0,58 0,60 0,62BahreĂŻn 0,99 13,3 452 9,6 0,93 â 0,65 0,67 0,68Bangladesh 0,97 11,0 368 6,5 0,87 0,64 0,47 0,48 0,49Belgique 1,00 13,4 519 11,1 0,93 â 0,75 0,76 0,77BĂ©nin 0,90 9,3 384 5,7 0,76 0,66 0,38 0,41 0,43Bosnie-HerzĂ©govine 0,99 11,7 461 8,6 0,91 0,91 0,61 0,62 0,63Botswana 0,96 8,4 391 5,3 0,79 0,69 0,40 0,42 0,44BrĂ©sil 0,99 11,7 408 7,6 0,86 0,94 0,55 0,56 0,57Bulgarie 0,99 12,9 498 10,3 0,87 â 0,65 0,68 0,70Burkina Faso 0,92 6,5 404 4,2 0,75 0,73 0,35 0,37 0,38Burundi 0,94 7,5 423 5,1 0,71 0,44 0,36 0,38 0,40Cambodge 0,97 9,5 452 6,9 0,83 0,68 0,47 0,49 0,51Cameroun 0,92 9,1 379 5,5 0,67 0,68 0,37 0,39 0,42Canada 0,99 13,7 537 11,7 0,94 â 0,79 0,80 0,81Chili 0,99 12,8 466 9,6 0,91 0,98 0,66 0,67 0,69Chine 0,99 13,2 456 9,7 0,92 0,92 0,66 0,67 0,68Chypre 1,00 13,5 502 10,9 0,95 â 0,74 0,75 0,76Cisjordanie et Gaza 0,98 11,4 412 7,5 0,89 0,93 0,54 0,55 0,56Colombie 0,99 12,5 424 8,5 0,86 0,89 0,58 0,59 0,61Comores 0,93 8,4 392 5,3 0,78 0,69 0,36 0,41 0,44Congo 0,95 8,8 371 5,2 0,75 0,79 0,39 0,42 0,44Costa Rica 0,99 12,5 430 8,6 0,92 0,94 0,61 0,62 0,63CĂŽte dâIvoire 0,91 7,0 373 4,2 0,61 0,78 0,33 0,35 0,37Croatie 1,00 13,3 505 10,7 0,91 â 0,71 0,72 0,74Danemark 1,00 13,4 531 11,4 0,93 â 0,76 0,77 0,79El Salvador 0,99 11,3 362 6,5 0,83 0,86 0,49 0,50 0,51Ămirats arabes unis 0,99 13,1 451 9,5 0,93 â 0,64 0,66 0,67Ăquateur 0,99 13,2 420 8,9 0,88 0,76 0,59 0,60 0,61Espagne 1,00 13,1 514 10,8 0,94 â 0,74 0,74 0,75Estonie 1,00 13,1 542 11,4 0,88 â 0,73 0,75 0,76eSwatini 0,95 8,2 440 5,7 0,59 0,74 0,38 0,41 0,43Ătats-Unis 0,99 13,3 523 11,1 0,90 0,98 0,75 0,76 0,77Ăthiopie 0,94 7,8 359 4,5 0,79 0,62 0,37 0,38 0,40FĂ©dĂ©ration de Russie 0,99 13,8 538 11,9 0,78 â 0,68 0,73 0,77Finlande 1,00 13,7 548 12,0 0,93 â 0,80 0,81 0,82France 1,00 14,0 506 11,3 0,93 â 0,76 0,76 0,77Gabon 0,95 8,3 456 6,0 0,77 0,83 0,43 0,45 0,48Gambie 0,94 9,0 338 4,8 0,74 0,75 0,37 0,40 0,42GĂ©orgie 0,99 12,5 445 8,9 0,85 0,89 0,60 0,61 0,63Ghana 0,95 11,6 307 5,7 0,76 0,81 0,42 0,44 0,45GrĂšce 0,99 12,9 474 9,8 0,94 â 0,67 0,68 0,69
(suite)
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 43
TABLEAU A.1âLâIndice de capital humain et ses composantes, 2018 (suite)
Ăconomie
Chances de survie jusquâĂ 5 ans
Années de scolarité
escomptées
Acquis scolaires
harmonisés
AnnĂ©es dâune
scolarité de qualité
Taux de survie Ă lâĂąge adulte
Proportion dâenfants de
moins de 5 ans de
taille normale
Indice de capital humain
Limite infé-rieure Valeur
Limite supé-rieure
Guatemala 0,97 9,7 405 6,3 0,84 0,53 0,44 0,46 0,47GuinĂ©e 0,91 7,0 408 4,5 0,75 0,68 0,35 0,37 0,39Guyane 0,97 12,1 346 6,7 0,79 0,89 0,48 0,49 0,51HaĂŻti 0,93 11,4 345 6,3 0,76 0,78 0,42 0,45 0,47Honduras 0,98 10,0 400 6,4 0,86 0,77 0,47 0,49 0,50Hongrie 1,00 13,0 516 10,7 0,87 â 0,69 0,70 0,72Ăles Salomon 0,98 9,2 362 5,3 0,86 0,68 0,43 0,44 0,45Inde 0,96 10,2 355 5,8 0,83 0,62 0,43 0,44 0,45IndonĂ©sie 0,97 12,3 403 7,9 0,83 0,66 0,52 0,53 0,55Irak 0,97 6,9 363 4,0 0,84 0,78 0,38 0,40 0,41Irlande 1,00 13,7 538 11,8 0,95 â 0,79 0,81 0,82Islande 1,00 13,4 497 10,7 0,95 â 0,73 0,74 0,75IsraĂ«l 1,00 13,8 503 11,1 0,95 â 0,75 0,76 0,78Italie 1,00 13,6 514 11,2 0,95 â 0,76 0,77 0,78JamaĂŻque 0,98 11,7 387 7,2 0,87 0,94 0,53 0,54 0,56Japon 1,00 13,6 563 12,3 0,94 0,93 0,83 0,84 0,85Jordanie 0,98 11,6 409 7,6 0,89 0,92 0,54 0,56 0,58Kazakhstan 0,99 13,3 537 11,5 0,80 0,92 0,72 0,75 0,77Kenya 0,95 10,7 455 7,8 0,79 0,74 0,50 0,52 0,53Kiribati 0,95 11,6 383 7,1 0,81 â 0,45 0,48 0,50Kosovo 0,99 12,8 375 7,7 0,91 â 0,55 0,56 0,57KoweĂŻt 0,99 12,4 383 7,6 0,92 0,95 0,56 0,58 0,59Lettonie 1,00 13,3 530 11,3 0,85 â 0,71 0,72 0,74Lesotho 0,91 8,7 393 5,5 0,50 0,67 0,35 0,37 0,39Liban 0,99 10,5 405 6,8 0,94 â 0,52 0,54 0,55LibĂ©ria 0,93 4,4 332 2,3 0,77 0,68 0,31 0,32 0,33Lituanie 1,00 13,6 514 11,2 0,83 â 0,70 0,71 0,73Luxembourg 1,00 12,4 500 9,9 0,94 â 0,68 0,69 0,70Madagascar 0,96 7,5 351 4,2 0,79 0,51 0,35 0,37 0,39Malawi 0,94 9,4 359 5,4 0,73 0,63 0,39 0,41 0,42Malaisie 0,99 12,2 468 9,1 0,88 0,79 0,61 0,62 0,63Mali 0,89 5,6 307 2,7 0,74 0,70 0,29 0,32 0,34Malte 0,99 13,3 474 10,1 0,95 â 0,69 0,70 0,71Maroc 0,98 10,6 367 6,2 0,93 0,85 0,49 0,50 0,51Maurice 0,99 12,5 473 9,5 0,86 â 0,60 0,63 0,65Mauritanie 0,92 6,3 342 3,4 0,80 0,72 0,32 0,35 0,38Mexique 0,99 12,6 430 8,6 0,89 0,88 0,60 0,61 0,61Moldova 0,98 11,8 436 8,2 0,83 0,94 0,57 0,58 0,59Mongolie 0,98 13,6 435 9,4 0,79 0,89 0,60 0,63 0,65MontĂ©nĂ©gro 1,00 12,4 433 8,6 0,91 0,91 0,61 0,62 0,62Mozambique 0,93 7,4 368 4,4 0,69 0,57 0,34 0,36 0,38Myanmar 0,95 9,9 425 6,7 0,81 0,71 0,46 0,47 0,49Namibie 0,96 8,9 407 5,8 0,71 0,77 0,41 0,43 0,45NĂ©pal 0,97 11,7 369 6,9 0,85 0,64 0,48 0,49 0,50Nicaragua 0,98 11,6 392 7,3 0,86 0,83 0,51 0,53 0,54Niger 0,92 5,3 305 2,6 0,76 0,58 0,30 0,32 0,33NigĂ©ria 0,90 8,2 325 4,3 0,65 0,56 0,32 0,34 0,36NorvĂšge 1,00 13,7 512 11,2 0,94 â 0,76 0,77 0,78Nouvelle-ZĂ©lande 0,99 13,6 517 11,3 0,94 â 0,76 0,77 0,78Oman 0,99 13,1 424 8,9 0,91 0,86 0,61 0,62 0,63Ouganda 0,95 7,0 397 4,4 0,70 0,71 0,37 0,38 0,39
(suite)
44 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
TABLEAU A.1âLâIndice de capital humain et ses composantes, 2018 (suite)
Ăconomie
Chances de survie jusquâĂ 5 ans
Années de scolarité
escomptées
Acquis scolaires
harmonisés
AnnĂ©es dâune
scolarité de qualité
Taux de survie Ă lâĂąge adulte
Proportion dâenfants de
moins de 5 ans de
taille normale
Indice de capital humain
Limite infé-rieure Valeur
Limite supé-rieure
Pakistan 0,93 8,8 339 4,8 0,84 0,55 0,37 0,39 0,40Panama 0,98 11,3 396 7,2 0,89 0,81 0,52 0,53 0,54Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e 0,95 8,2 358 4,7 0,78 0,50 0,36 0,38 0,40Paraguay 0,98 11,5 386 7,1 0,86 0,94 0,51 0,53 0,55Pays-Bas 1,00 13,8 530 11,7 0,94 â 0,79 0,80 0,81PĂ©rou 0,99 12,7 407 8,3 0,88 0,87 0,57 0,59 0,60Philippines 0,97 12,8 409 8,4 0,80 0,67 0,53 0,55 0,56Pologne 1,00 13,2 537 11,3 0,89 â 0,73 0,75 0,76Portugal 1,00 13,8 520 11,5 0,93 â 0,77 0,78 0,79Qatar 0,99 12,3 432 8,5 0,94 â 0,60 0,61 0,63RAS de Hong Kong, Chine 0,99 13,4 562 12,1 0,95 â 0,81 0,82 0,83RAS de Macao, Chine 0,99 12,6 545 11,0 0,96 â 0,75 0,76 0,76RDP Lao 0,94 10,8 368 6,4 0,81 0,67 0,43 0,45 0,47RĂ©p. de CorĂ©e 1,00 13,6 563 12,2 0,94 0,98 0,83 0,84 0,86RĂ©publique arabe dâĂgypte 0,98 11,1 356 6,3 0,85 0,78 0,47 0,49 0,50RĂ©publique de MacĂ©doine 0,99 11,2 382 6,8 0,91 0,95 0,53 0,53 0,54RĂ©publique dĂ©mo. du Congo 0,91 9,2 318 4,7 0,75 0,57 0,35 0,37 0,39RĂ©publique dominicaine 0,97 11,3 350 6,3 0,84 0,93 0,48 0,49 0,51RĂ©publique du YĂ©men 0,94 8,0 321 4,1 0,78 0,54 0,35 0,37 0,38RĂ©publique islamique dâIran 0,99 11,7 432 8,1 0,92 0,93 0,57 0,59 0,61RĂ©publique kirghize 0,98 12,6 420 8,4 0,82 0,87 0,57 0,58 0,59RĂ©publique slovaque 0,99 13,0 500 10,4 0,89 â 0,68 0,69 0,71RĂ©publique tchĂšque 1,00 13,9 522 11,6 0,92 â 0,77 0,78 0,79Roumanie 0,99 12,2 452 8,8 0,87 â 0,59 0,60 0,62Royaume-Uni 1,00 13,9 517 11,5 0,94 â 0,77 0,78 0,79Rwanda 0,96 6,6 358 3,8 0,81 0,63 0,36 0,37 0,39SĂ©nĂ©gal 0,95 7,2 412 4,8 0,82 0,83 0,40 0,42 0,43Serbie 0,99 13,4 521 11,1 0,89 0,94 0,74 0,76 0,77Seychelles 0,99 13,7 463 10,1 0,84 0,92 0,65 0,68 0,71Sierra Leone 0,89 9,0 316 4,5 0,61 0,74 0,33 0,35 0,37Singapour 1,00 13,9 581 12,9 0,95 â 0,87 0,88 0,90SlovĂ©nie 1,00 13,6 532 11,6 0,93 â 0,78 0,79 0,80Soudan du Sud 0,90 4,2 336 2,3 0,68 0,69 0,27 0,30 0,33Soudan 0,94 7,3 380 4,4 0,78 0,62 0,37 0,38 0,39Sri Lanka 0,99 13,0 400 8,3 0,87 0,83 0,57 0,58 0,59SuĂšde 1,00 13,9 525 11,7 0,95 â 0,79 0,80 0,81Suisse 1,00 13,3 524 11,1 0,95 â 0,75 0,77 0,78Tadjikistan 0,97 10,8 444 7,7 0,87 0,73 0,51 0,53 0,55Tanzanie 0,95 7,8 388 4,8 0,79 0,66 0,39 0,40 0,41Tchad 0,88 5,0 333 2,6 0,64 0,60 0,28 0,29 0,31ThaĂŻlande 0,99 12,4 436 8,6 0,85 0,89 0,59 0,60 0,62Timor-Leste 0,95 9,9 371 5,9 0,85 0,50 0,41 0,43 0,45Togo 0,93 9,1 384 5,6 0,74 0,72 0,39 0,41 0,43Tonga 0,98 10,9 376 6,5 0,87 0,92 0,50 0,51 0,53TrinitĂ©-et-Tobago 0,97 12,5 458 9,1 0,83 0,89 0,59 0,61 0,63Tunisie 0,99 10,2 384 6,3 0,91 0,90 0,50 0,51 0,52Turquie 0,99 12,1 459 8,9 0,90 0,90 0,61 0,63 0,64Tuvalu 0,98 11,9 387 7,4 â 0,90 0,53 0,55 0,57Ukraine 0,99 13,0 490 10,2 0,81 â 0,61 0,65 0,68Uruguay 0,99 11,8 444 8,4 0,90 0,89 0,59 0,60 0,61Vanuatu 0,97 10,6 356 6,1 0,87 0,72 0,45 0,47 0,48Viet Nam 0,98 12,3 519 10,2 0,88 0,75 0,65 0,67 0,68Zambie 0,94 9,2 358 5,2 0,71 0,60 0,37 0,40 0,42Zimbabwe 0,95 10,0 396 6,3 0,67 0,73 0,42 0,44 0,46
Source : Voir les notes sur les donnĂ©es de lâICH Ă la fin de lâappendice.
Note : LâIndice de capital humain (ICH) varie de 0 Ă 1. Il est mesurĂ© en ce qui concerne la productivitĂ© de la prochaine gĂ©nĂ©ration de travailleurs par rapport Ă la rĂ©fĂ©rence qui est une Ă©ducation complĂšte et une parfaite santĂ©. Une Ă©conomie dans laquelle un enfant nĂ© aujourdâhui peut espĂ©rer avoir une Ă©ducation complĂšte et jouir dâune santĂ© optimale aura une note de 1 sur lâindice. Les limites infĂ©rieures et supĂ©rieures indiquent lâintervalle dâincertitude autour de la valeur de lâindice pour chaque Ă©conomie. â = pas disponible.
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 45
dâinterprĂ©ter lâICH avec prudence. LâICH estime de maniĂšre approximative lâin-cidence des conditions actuelles dâĂ©ducation et de santĂ© sur la productivitĂ© des travailleurs de demain, mais il nâest pas capable de mesurer avec prĂ©cision les petites diffĂ©rences entre les pays. Il rend compte des rĂ©sultats obtenus mais ne dit rien des actions publiques souhaitables ; la forme et lâampleur des inter-ventions nĂ©cessaires pour dĂ©velopper le capital humain diffĂšrent dâun pays Ă lâautre. Bien que lâindice combine lâĂ©ducation et la santĂ© en une seule mesure, câest un outil trop « brut » pour en dĂ©duire lâintĂ©rĂȘt Ă©conomique de telle ou telle action publique dans ces domaines, qui doit ĂȘtre Ă©valuĂ© Ă partir dâun travail approfondi dâanalyse coĂ»ts-bĂ©nĂ©fices et dâĂ©valuation dâimpact de programmes prĂ©cis. LâICH utilisant des estimations des dividendes Ă©conomiques de la santĂ© et de lâĂ©ducation communes Ă tous les pays, il nâintĂšgre pas le fait que tous les pays ne sont pas dotĂ©s de la mĂȘme capacitĂ© Ă dĂ©ployer de maniĂšre productive le capital humain quâils recĂšlent. Enfin, lâICH nâest pas une mesure de la qualitĂ© de vie, ni une synthĂšse des valeurs intrinsĂšques de la santĂ© et de lâĂ©ducation ; il sâagit simplement dâun indicateur de la contribution des conditions actuelles dâĂ©ducation et de santĂ© Ă la productivitĂ© des travailleurs de demain.
Notes sur les donnĂ©es relatives Ă l'Indice de capital humainMortalitĂ© des enfants de moins de 5 ansLes taux de mortalitĂ© des moins de 5 ans sont calculĂ©s par le Groupe inter-agence des Nations Unies pour lâestimation de la mortalitĂ© infantile (IGME) sur la base des statistiques de la mortalitĂ© relevĂ©es dans les enquĂȘtes auprĂšs des mĂ©nages et les registres de lâĂ©tat civil. Les donnĂ©es sont publiĂ©es chaque annĂ©e et couvrent 198 pays. Les donnĂ©es des estimations de lâIGME mises Ă jour en septembre 2018 sont disponibles sur le site web Child Mortality Estimates, Ă lâadresse http://www.childmortality.org/. Ces donnĂ©es sont complĂ©tĂ©es par celles tirĂ©es de lâĂ©tude « Charge mondiale de la morbiditĂ© » en ce qui concerne quelques pays et territoires qui ne sont pas couverts par les estimations de lâIGME9. Les estimations de lâIGME sont ventilĂ©es par sexe et comportent une marge dâincertitude correspondant Ă un taux de certitude de 95 %.
AnnĂ©es de scolaritĂ© escomptĂ©esLâIndice de capital humain englobe le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes quâun enfant peut espĂ©rer suivre jusquâĂ ses 18 ans, en supposant quâil intĂšgre lâenseigne-ment prĂ©scolaire Ă 4 ans. Le nombre dâannĂ©es de scolaritĂ© escomptĂ©es est la somme des taux de scolarisation, par Ăąge, de lâĂąge de 4 ans jusquâĂ 17 ans, et dont la valeur se situe entre au moins 0 Ă au plus 14. Parce que les taux de sco-larisation par Ăąge ne sont pas toujours disponibles dans bon nombre de pays, des donnĂ©es plus accessibles comme les taux de scolarisation par classe sont utili-sĂ©es pour avoir les taux dâinscription approximatifs pour les diffĂ©rentes tranches dâĂąge. Plus prĂ©cisĂ©ment, les taux dâinscription dans lâenseignement prĂ©scolaire se rapprochent des taux dâinscription par Ăąge chez les 4 Ă 5 ans ; les taux de scolarisation dans le primaire sont proches des taux pour la tranche dâĂąge des 6 Ă 11 ans ; les taux dans le 1er cycle du secondaire se rapprochent de ceux correspondant Ă la fourchette des 12 Ă 14 ans ; et les taux dâinscription dans le 2e cycle du secondaire sont proches des taux enregistrĂ©s pour les 15 Ă 17 ans. Naturellement, chaque pays a sa propre dĂ©finition de lâĂąge de la premiĂšre ins-cription Ă lâĂ©cole et de la durĂ©e des diffĂ©rents niveaux de scolarisation, de sorte
46 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
que le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes escomptĂ©es dâun enfant quand il atteint ses 18 ans est purement estimatif.
Le taux de scolarisation conceptuel quâil conviendrait dâutiliser pour ce calcul est le taux net de scolarisation total corrigĂ© des redoublements. LâInstitut de statis-tique de lâOrganisation des Nations Unies pour lâĂ©ducation, la science et la culture (ISU) est la premiĂšre source des donnĂ©es sur les taux de scolarisation et de redou-blement, donnĂ©es qui sont complĂ©tĂ©es et rĂ©visĂ©es par les Ă©quipes de pays de la Banque mondiale qui ont participĂ© Ă un large exercice dâexamen des donnĂ©es. Dans le cas oĂč les donnĂ©es sur les taux nets de scolarisation totaux sont incom-plĂštes, les taux nets de scolarisation corrigĂ©s, les taux nets de scolarisation ou les taux bruts de scolarisation sont utilisĂ©s Ă la place, dans cet ordre. Le mĂȘme taux de scolarisation est utilisĂ© pour un niveau dâĂ©ducation donnĂ© au fil du temps.
La mesure des annĂ©es de scolaritĂ© escomptĂ©es calculĂ©es ici est similaire sur le plan conceptuel aux mesures de « lâespĂ©rance de vie scolaire » calculĂ©e par lâISU. Elles diffĂšrent toutefois en ce que la mesure de lâISU a) est calculĂ©e Ă lâaide de taux bruts de scolarisation qui dĂ©passent gĂ©nĂ©ralement les 100 %, parfois de trĂšs loin ; b) intĂšgre les diffĂ©rences dans la durĂ©e rĂ©glementaire des diffĂ©rents niveaux de scolarisation dans les pays ; et c) utilise les donnĂ©es de lâISU sur les taux dâinscription et de redoublement10.
Parce que le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes se dĂ©duit Ă partir principalement des donnĂ©es administratives sur les taux de scolarisation, cette composante de lâICH nâa pas de marges dâincertitude. Naturellement, cela ne signifie en aucun cas que ces mesures sont exemptes dâerreur. Il y a par exemple ce dĂ©bat impor-tant sur les frĂ©quentes et importantes disparitĂ©s entre les mesures du taux de scolarisation basĂ©es sur les enquĂȘtes auprĂšs des mĂ©nages et les donnĂ©es admi-nistratives. Cependant, les incertitudes dans la mesure des annĂ©es de scolaritĂ© escomptĂ©es ne sont pas prises en compte dans les marges dâincertitude concer-nant lâensemble de lâindice.
Chacun des 192 pays et territoires a au moins des donnĂ©es ponctuelles sur le nombre dâannĂ©es dâĂ©tude sur les 10 derniĂšres annĂ©es, et ce sont les donnĂ©es les plus rĂ©centes au cours de cette pĂ©riode qui sont utilisĂ©es dans lâIndice de capital humain.
Acquis scolaires harmonisĂ©sLa prise en compte de la qualitĂ© de la scolaritĂ© rĂ©pond Ă une volontĂ© nouvelle dâharmoniser les Ă©valuations internationales des acquis des Ă©lĂšves proposĂ©es par de nombreux programmes multinationaux. Patrinos et Angrist (2018) dĂ©crivent en dĂ©tail le processus dâharmonisation des rĂ©sultats des Ă©valuations. En effet, dans leur publication, ils actualisent et Ă©largissent lâensemble des donnĂ©es utilisĂ© par Altinok, Angrist et Patrinos (2018) qui harmonisent les rĂ©sultats de trois grands programmes internationaux dâĂ©valuation â lâĂ©tude des tendances inter-nationales en mathĂ©matiques et en sciences (TIMSS), le Programme interna-tional de recherche en lecture scolaire (PIRLS) et le Programme international pour le suivi des acquis des Ă©lĂšves (PISA) â et de trois programmes rĂ©gionaux importants, le Consortium de lâAfrique australe et orientale pour le suivi de la qualitĂ© de lâĂ©ducation (SACMEQ), le Programme dâanalyse des systĂšmes Ă©du-catifs de la CONFEMEN (PASEC) et le laboratoire latino-amĂ©ricain dâĂ©valuation de la qualitĂ© de lâĂ©ducation (LLECE). Patrinos et Angrist (2018) ont enrichi ce fichier de donnĂ©es en y intĂ©grant les rĂ©cents rĂ©sultats des Ă©valuations du PIRLS, du PASEC et du SACMEQ. Ils ont aussi considĂ©rablement Ă©largi la couverture transnationale de la base de donnĂ©es en ajoutant les Ă©valuations des aptitudes Ă
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 47
la lecture dans les petites classes (EGRA), sous la coordination de lâAgence des Ătats-Unis pour le dĂ©veloppement international. Le fichier de donnĂ©es Ă©largi couvre plus de 160 pays. Dans la plupart des cas, les Ă©valuations sont conçues pour ĂȘtre reprĂ©sentatives des pays. Il existe cependant des cas notables oĂč elles ne le sont pas. Par exemple, les rĂ©sultats de lâĂ©valuation PISA 2009 et 2012 pour la Chine sont basĂ©s uniquement sur les donnĂ©es publiĂ©es pour Shanghai et, en 2015, pour Beijing, Guangdong, Jiangsu, et Shanghai11. LâIndice de capital humain utilise une estimation extrapolĂ©e des notes dâĂ©valuation reprĂ©senta-tives de la Chine, dĂ©crite par Patrinos et Angrist (2018). Dans bon nombre de pays, lâEGRA nâest pas reprĂ©sentatif du pays et est identifiĂ© sous lâacronyme lâEGRANR dans la documentation relative aux donnĂ©es.
Les rĂ©sultats des Ă©valuations sont convertis en unitĂ©s de TIMSS, ce qui corres-pond en gros Ă une moyenne de 500 points et Ă un Ă©cart type entre les Ă©lĂšves de 100 points. La mĂ©thode dâharmonisation a pour point de dĂ©part le ratio des notes moyennes des pays dans chaque programme sur les notes correspondantes de ces pays dans le programme dâĂ©valuation de la numĂ©ratie, pour lâensemble des pays participant Ă lâĂ©valuation de la numĂ©ratie et Ă dâautres programmes dâĂ©valua-tion. Prenons lâexemple des pays qui participent Ă la fois aux Ă©valuations PISA et TIMSS. Le rapport des notes moyennes PISA et des notes moyennes TIMSS pour ce groupe de pays rĂ©sulte en un facteur de conversion des scores PISA en scores TIMSS qui peut ensuite ĂȘtre utilisĂ© pour convertir les scores PISA de tous les pays en scores TIMSS. Les pays communs aux programmes dâĂ©valuation sont appelĂ©s pays doublons ; le facteur de conversion est lâindice doublon ; et les rĂ©sultats des Ă©valuations dans les unitĂ©s communes reprĂ©sentent les acquis scolaires harmo-nisĂ©s. Dans la version des donnĂ©es utilisĂ©es dans le cas prĂ©sent, lâindice doublon est calculĂ© en regroupant tous les doublons observĂ©s entre 2000 et 2017, ce qui le rend constant au fil du temps. Ainsi, les fluctuations des acquis scolaires har-monisĂ©s Ă lâintĂ©rieur des pays, dans le temps, pour un programme dâĂ©valuation donnĂ© traduiront des changements dans les notes des Ă©valuations elles-mĂȘmes, et non un changement du facteur de conversion entre les Ă©valuations12.
Les notes des Ă©valuations sont harmonisĂ©es par sujet et par classe, puis elles sont totalisĂ©es pour trouver la moyenne. LâIndice de capital humain utilise les notes de lâĂ©valuation la plus rĂ©cente pour tous les pays13.
Les intervalles dâincertitude des acquis scolaires harmonisĂ©s se calculent par la mĂ©thode du bootstrapping. Patrinos et Angrist (2018) font 1 000 tirages alĂ©a-toires dans la distribution des moyennes des rĂ©sultats des Ă©valuations par sujet et classe pour chacun des tests figurant dans leur fichier de donnĂ©es. Puis ils forment des indices doublons et calculent les acquis scolaires harmonisĂ©s pour chaque nouvel Ă©chantillon. Le 2,5e et le 97,5e percentiles de la distribution des acquis scolaires harmonisĂ©s rĂ©sultant des nouveaux Ă©chantillons reprĂ©sentent la limite infĂ©rieure et la limite supĂ©rieure de lâintervalle dâincertitude de la mesure des acquis scolaires harmonisĂ©s.
AnnĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquisLe nombre d'annĂ©es de scolaritĂ© corrigĂ©es des acquis est calculĂ© en multipliant le nombre dâannĂ©es dâĂ©tudes par le ratio des notes du pays Ă lâĂ©valuation sur une note de rĂ©fĂ©rence qui est 625, qui correspond au rĂ©sultat TIMSS le plus Ă©levĂ©. Filmer et coll. (2018) expliquent le bien-fondĂ© de la conversion des notes dâĂ©valuation en Ă©quivalent annĂ©es de scolaritĂ©.
48 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
Taux de survie Ă lâĂąge adulteLes taux de survie Ă lâĂąge adulte mesurent le nombre dâadolescents de 15 ans qui pourraient survivre jusquâĂ lâĂąge de 60 ans. Ils sont estimĂ©s Ă partir des tendances des taux de dĂ©cĂšs par Ăąge et sont publiĂ©s tous les cinq ans par la Division de la population des Nations Unies. Ces donnĂ©es quinquennales sont interpolĂ©es pour produire des estimations annuelles. Pour mesurer les taux de survie Ă lâĂąge adulte, il faut des donnĂ©es sur les taux de dĂ©cĂšs par Ăąge. Si de telles donnĂ©es se trouvent facilement dans les pays qui enregistrent effectivement les statistiques de lâĂ©tat civil, elles sont gĂ©nĂ©ralement absentes ou incomplĂštes dans prĂšs dâun quart des pays les plus pauvres. Dans ces pays, la Division de la population des Nations Unies estime les taux de dĂ©cĂšs en fonction de lâĂąge en reliant les minces donnĂ©es disponibles sur la mortalitĂ© par Ăąge Ă des tables types de mortalitĂ© qui dĂ©crivent la distribution des dĂ©cĂšs selon les tranches dâĂąge.
Si les principales estimations de la mortalitĂ© ainsi que le processus de modĂ©-lisation des donnĂ©es sont Ă©maillĂ©es dâincertitude, les intervalles dâincertitude ne sont pas intĂ©grĂ©s dans les donnĂ©es. On utilise plutĂŽt les intervalles dâincertitude intĂ©grĂ©s dans le processus de modĂ©lisation de la charge mondiale de morbiditĂ© pour le calcul des taux de survie des adultes14. Les estimations ponctuelles des taux de survie Ă lâĂąge adulte dans ces deux ensembles de donnĂ©es sont assez similaires dans la plupart des pays. Le ratio de la limite supĂ©rieure (infĂ©rieure) sur lâestimation ponctuelle du taux de survie Ă lâĂąge adulte dans les donnĂ©es sur la charge mondiale de morbiditĂ© est appliquĂ© Ă lâestimation ponctuelle du taux de survie Ă lâĂąge adulte dans les donnĂ©es des Nations Unies pour obtenir les limites supĂ©rieures (infĂ©rieures).
Retard de croissanceLe taux de retard de croissance est dĂ©fini comme la proportion dâenfants de moins de 5 ans dont la taille est de plus de deux Ă©carts types de rĂ©fĂ©rence plus petite que la taille mĂ©diane de rĂ©fĂ©rence pour leur Ăąge. La taille mĂ©diane et les Ă©carts types de rĂ©fĂ©rence sont fixĂ©s par lâOrganisation mondiale de la SantĂ© (OMS) pour caractĂ©riser le dĂ©veloppement normal dâun enfant sain. Les statis-tiques sur le retard de croissance sont tirĂ©es de la base de donnĂ©es des Estima-tions conjointes sur la malnutrition infantile15. Ce fichier de donnĂ©es contient 804 observations par pays et par an fondĂ©es sur des enquĂȘtes de santĂ© qui mesurent directement la prĂ©valence du retard de croissance. Il a Ă©tĂ© complĂ©tĂ© par les rĂ©sultats de rĂ©centes enquĂȘtes fournis par les Ă©quipes de pays de la Banque mondiale. Dans les 132 pays et territoires, des cas de retard de croissance ont Ă©tĂ© observĂ©s au moins une fois sur les 10 derniĂšres annĂ©es, et ce sont les cas les plus rĂ©cemment observĂ©s qui sont utilisĂ©s pour le calcul de lâIndice de capital humain.
Pour la base de donnĂ©es des estimations conjointes, un intervalle de confiance de 95 % est appliquĂ© aux estimations du retard de croissance pour environ 40 % des observations, principalement celles pour lesquelles lâĂ©quipe a pu avoir accĂšs aux donnĂ©es dâenquĂȘtes consignĂ©es et a pu procĂ©der Ă de nouvelles ana-lyses. Faute de mieux, ces intervalles de confiance sont imputĂ©s aux autres obser-vations dans la base de donnĂ©es des Estimations conjointes Ă lâaide des valeurs correspondantes dâune rĂ©gression de lâintervalle de confiance sur le taux de retard de croissance.
Couverture des paysLes chiffres de lâIndice de capital humain sont publiĂ©s dans les tableaux 2 et A.1 pour 157 pays membres de la Banque mondiale et leurs territoires, ainsi
LâIndice de capital humain : MĂ©thodologie | 49
que pour la Cisjordanie et Gaza. Ces donnĂ©es ne sont pas rapportĂ©es pour cer-tains pays membres dans lesquels la Banque mondiale nâa actuellement aucune opĂ©ration en cours. Les scores de lâIndice de capital humain nâont pas pu ĂȘtre calculĂ©s pour 33 pays membres de la Banque mondiale qui ne participent Ă aucun des programmes dâĂ©valuation internationaux sur lesquels sâappuient les acquis scolaires harmonisĂ©s.
Notes 1. Le prĂ©sent appendice dĂ©crit briĂšvement la mĂ©thode de calcul de lâIndice de capital
humain. Pour plus de dĂ©tails, voir Kraay (2018), dâoĂč est tirĂ© lâappendice. 2. La mĂ©thode dâharmonisation des rĂ©sultats des Ă©valuations est dĂ©crite en dĂ©tail dans
Altinok, Angrist et Patrinos (2018) et dans Patrinos et Angrist (2018). 3. Cette méthodologie a été introduite par la Banque mondiale (2018) et elle est
expliquée en détail dans Filmer et Coll. (2018). 4. Cette approche a été largement utilisée dans les ouvrages sur la comptabilité du
dĂ©veloppement (par exemple, Caselli 2005 ; Hsieh et Klenow 2010). Lâapproche en ce qui concerne la santĂ© sâinspire beaucoup de Weil (2007). Galasso et Wagstaff (2016) appliquent un cadre similaire pour mesurer les coĂ»ts du retard de croissance.
5. Lâon doit la mĂ©thode sĂ©minale Ă Mincer (1958). Voir Montenegro et Patrinos (2014) pour des estimations rĂ©centes du rendement de lâĂ©ducation dans les pays.
6. Par exemple, voir Case et Paxson (2008) ; Horton et Steckel (2011). 7. Pour les détails, voir Weil (2007) et Kraay (2018), section A3, et la bibliographie
correspondante. 8. Pour plus de détails, voir Kraay (2018), section A4. 9. Voir « Global Burden of Disease (GBD), » Institute for Health Metrics and
Evaluation, University of Washington, Seattle, http://www.healthdata.org/gbd.10. Pour plus de dĂ©tails sur ces diffĂ©rences, voir Kraay (2018), section A2.11. En Inde, lâĂ©valuation PISA a Ă©tĂ© faite dans deux Ătats (Himachal Pradesh et Tamil
Nadu). Cependant, la comparaison des rĂ©sultats au niveau des Ătats sur lâensemble du pays par le National Achievement Survey (NAS) 2012/2013 montre que la note moyenne de ces deux Ătats dans cette Ă©tude est assez similaire Ă la moyenne natio-nale dans lâĂ©tude, ce qui donne Ă penser que les notes du PISA 2009 Ă©taient proba-blement assez reprĂ©sentatives de lâInde tout entiĂšre (voir Patrinos et Angrist 2018).
12. La seule exception Ă©tant les Ă©valuations PASEC 2007 et 2014, qui nâĂ©taient pas censĂ©es ĂȘtre comparables dans le temps et pour lesquelles les pays doublons Ă©taient de toute façon diffĂ©rents.
13. Voir Kraay (2018), section A3, pour plus de détails.14. Voir « Global Burden of Disease (GBD), » Institute for Health Metrics and Evalua-
tion, University of Washington, Seattle, http://www.healthdata.org/gbd.15. Voir les Estimations conjointes UNICEF-OMS-Banque mondiale sur la malnutri-
tion infantile (base de donnĂ©es), Ă©dition de 2018, Fonds des Nations Unies pour lâenfance, New York, https://data.unicef.org/resources/jme/.
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50 | LE PROJET SUR LE CAPITAL HUMAIN
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Le PROJET sur le capital humain
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