leçon - le 18 brumaire de karl marx

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Leçon 1 : Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte de Karl Marx et les classes sociales . 1. La production de l’œuvre 2. L’analyse de l’œuvre 3. Le travail de l’œuvre L’objectif est l’analyse des classes sociales. Intro : Ce livre est un pamphlet, un recueil de 7 articles que Marx (1818 – 1883) a écrit en 3 mois, et qui est pourtant rentré dans l’histoire. Il s’ouvre sur cette phrase célèbre : « Hegel fait quelque part la remarque que tous les personnages et les évènements se répètent pour ainsi dire deux fois, une première fois comme tragédie et la deuxième fois comme farce ». Le « quelque part » est utilisé dans une démarche d’actualité, il cherche l’instantanéité de l’action, il n’a pas le temps de préciser ce point. Le mot « farce » est employé partout dans Paris pour désigner le coup d’Etat, et c’est un bel exemple de beauté littéraire, ou de « l’esprit littéraire » comme disait Tocqueville, car il s’emploi à la beauté avant le sens. Il accroche, c’est donc sensiblement une démarche journalistique. Pourquoi dit on « farce » ? Car cela est très attendu. Ce livre est publié en 1852, dans une revue N. Yorkaise, c’est un ami de Marx, Meyer qui lui avait commandé ces articles sur le coup d’Etat du 18 Brumaire. Cela fut republié en 1869, c’est la seule republication du vivant de Marx (une autre fut publiée 2 ans après sa mort. Il convient de s’intéresser sur la condition sociale de l’auteur, qui nous permet d’établir un certain nombre de graduation entre les rentiers (Montesquieu, Tocqueville, etc.) et les professeurs d’université, avec les mariages heureux par exemple (Durkheim) Ici, Marx n’est pas un rentier, c’est un entrepreneur révolutionnaire, que l’on peut considérer de déclassé ou marginal. Venant d’Allemagne, il est issu de la bourgeoisie juive très intégrée. Il fait des études de

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Leçon de science politique sur le 18 Brumaire écrit par Karl Marx. Cette leçon permet de montrer l'étendu de son œuvre en montrant comment elle influença la vision même des conflits sociaux.

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Leçon 1   : Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte de Karl Marx et les classes sociales.

1. La production de l’œuvre 2. L’analyse de l’œuvre 3. Le travail de l’œuvre

L’objectif est l’analyse des classes sociales.

Intro :

Ce livre est un pamphlet, un recueil de 7 articles que Marx (1818 – 1883) a écrit en 3 mois, et qui est pourtant rentré dans l’histoire. Il s’ouvre sur cette phrase célèbre : « Hegel fait quelque part la remarque que tous les personnages et les évènements se répètent pour ainsi dire deux fois, une première fois comme tragédie et la deuxième fois comme farce ». Le « quelque part » est utilisé dans une démarche d’actualité, il cherche l’instantanéité de l’action, il n’a pas le temps de préciser ce point. Le mot « farce » est employé partout dans Paris pour désigner le coup d’Etat, et c’est un bel exemple de beauté littéraire, ou de « l’esprit littéraire » comme disait Tocqueville, car il s’emploi à la beauté avant le sens. Il accroche, c’est donc sensiblement une démarche journalistique. Pourquoi dit on « farce » ? Car cela est très attendu. Ce livre est publié en 1852, dans une revue N. Yorkaise, c’est un ami de Marx, Meyer qui lui avait commandé ces articles sur le coup d’Etat du 18 Brumaire. Cela fut republié en 1869, c’est la seule republication du vivant de Marx (une autre fut publiée 2 ans après sa mort. Il convient de s’intéresser sur la condition sociale de l’auteur, qui nous permet d’établir un certain nombre de graduation entre les rentiers (Montesquieu, Tocqueville, etc.) et les professeurs d’université, avec les mariages heureux par exemple (Durkheim) Ici, Marx n’est pas un rentier, c’est un entrepreneur révolutionnaire, que l’on peut considérer de déclassé ou marginal. Venant d’Allemagne, il est issu de la bourgeoisie juive très intégrée. Il fait des études de philosophie, et, dans l’Allemagne « Rhénane » il lutte pour la révolution, mais ne parvient pas à unir la nation, c’est l’armée qui prend le dessus. En 1848 il écrit le manifeste du parti communiste à Paris, parfois on pourra considérer qu’il fait du « tourisme révolutionnaire ». C’est ce que fait Marx, mais la police le met dehors, après les 3 journées de Février, en Juin 48. Probablement par la Belgique. Il a un camarade Frederick Engels, qui va subvenir à ses besoins et à ceux de son épouse (ce qui ne l‘empêchera pas d’avoir des liaisons ancillaires), il lui sera très dévoué durant toute la durée du travail de Marx. Il a besoin de l’aide de Engels pour vivre mais ne vit pas « très » bien. Marx travaillait comme un intellectuel, au British Museum pour l’écriture Du Capital notamment. Il prends progressivement la place « du penseur du communisme » en un certain sens, engagé dans des luttes partisanes.

1. La production de l’œuvre

Il commence à écrire sur le coup d’Etat en Janvier 52, à Londres. Il suit le coup d’Etat via la presse Anglaise, qui donnaient les meilleurs comptes rendus, la presse française étant censurée. Il opère surtout un travail de compilation, bien qu’il soit resté quelques mois à Paris, et de ce fait possède un certain degré de contact en France. M est aussi un homme qui a écrit, comme philosophe, mais aussi comme auteur politique engagé au travers du Manifeste du Parti Communiste en 1848, coécrit avec Engels sur une commande. M, comme tout les révolutionnaires est attentif à tous ce qui se passe en France ; en 51 Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République prends le pouvoir. (En 1852 est publié Le spectre Rouge, de Rouvieux, préfigure les idéologies haineuses, et propose l’extermination des communistes et des socialistes. Il s’apparente à Grainier (nom à vérifier), lui aussi proche de Napoléon, appelant aux meurtres dans les journaux. )

La révolution se place à la suite de la campagne des banquets, les républicains durs, voulaient un abaissement du cens pour pouvoir voter, car le corps électoral se limitait à 240 000 en 1846. Devant la montée des banquets le pouvoir en place, les interdits, mais le banquet étant déjà commandé, les gens viennent quand même et l’on voit se produire des affrontements qui amènent des morts. Après la proclamation de la République, un gouvernement provisoire est érigé avec à sa tête Lamartine, le poète. Ils instituent le suffrage universel masculin direct. Vont avoir lieu les élections où le corps électoral passent à plus de 8 millions. On élit une assemblée regroupant quasiment les mêmes élus, cette assemblée constituante comprenant Tocqueville, considéré comme expert, qui va approuver l’article 45 qui prévoit l’élection du Président de la Rep au suffrage universel direct, mais pour un seul mandat. Est élu, Louis Napoléon Bonaparte, en partie grâce au culte de Napoléon dans les campagnes, et avec l’échec des instituts nationaux, on voit le divorce entre la 2ème rep et le monde ouvrier. Il est installé dans l’Elysée et devient chef de l’exécutif, qui aura de plus en plus de problème avec l’Assemblée. En Mai 1849, le conflit va monter entre l’Assemblée dominée par une majorité monarchiste et le pouvoir exécutif. En 1850 l’Assemblée impose une obligation de résidence de 3 ans pour pouvoir voter, privant ainsi les ouvriers de leurs droits. Le 2 décembre 1851 Bonaparte déclare l’Assemblé nationale dissoute, le suffrage rétabli et l’Etat de siège à Paris. C’est ce que Marx raconte.

C’est un récit de la seconde Rep, qui sera une mise à l’épreuve du concept de « Lutte des classes » qui est selon lui, le grand principe de l’humanité expliqué dans le MPC. Ce récit est nourrit par des mises au point conceptuelles, l’histoire marque des pauses conceptuelles, la forme est donc originale. En effet jusque là c’était les dirigeants qui s’occupaient de l’histoire, au travers du récit de la vie des grands hommes dirigeants. C’est une rupture épistémologique, il va placer les classes sociales devant les grands hommes, en se gorgeant de l’histoire de la Rev fr, considérée comme une preuve de la puissance populaire, sans « grands » hommes mis en avant. François Guizot et Adolphe Thiers ont écrit tous les deux, une Histoire de la révolution Française. Thiers parle cependant de peuple et non pas de classes, dans le prolongement de la pensée de Tocqueville qui disait que « seul les classes sociales doivent être au centre de l’histoire ». La question des

classes sociales est très rependue lors de cette période. Marx n’est pas un cas isolé.

2. L’analyse sociale de la politique .

Marx opère par substitution, c.à.d. que son histoire est un récit où « l’homme = Partis = Classes Sociales », de ce fait il n’y a pas de perte de discours pour M dans le 18 Brumaire, et cela va constituer un élément majeur de l’analyse sociale. Ces classes sociales et ces partis se subdivisent en une multiplicité d’acteurs. On connaît le conflit entre légitimistes et orléanistes qui représentent la bourgeoisie financière, ces deux groupes se subdivisant eux mêmes du fait de certains aspects dynastiques. Ces protagonistes ne sont plus des hommes, mais des classes (« Les…. Veulent que »), c’est un discours politique qui peux engendrer la « fétichisation des collectifs », à savoir prêter des attitudes humaines à un groupe. Les collectifs ont été marquant dans les révolutions, où l’on distingue « le Peuple ». Schumpeter exprime que les classes ne peuvent pas vouloir, mais représente un ensemble de volontés individuelles, une somme.Or, Marx explique que la lutte des classes est la philosophie globale humaine, il faut se rappeler que Marx est inscrit dans un contexte socio-politique précis, et que sa pensée s’inscrit dans un temps.

Comment reconnait-on une classe dans l’œuvre de Marx ?

Il y a un mot pour désigner qu’un homme est une classe. Ce mot est l’intérêt. On n’exprime une classe que parce que l’on traduit un intérêt. Le principe de compréhension qui permet d’identifier une classe c’est l’intérêt qu’expriment les dirigeants de cette classe. De ce point de vue là, Marx décrit une « conversion » des intérêts de classes en intérêt politique, il décrit la conversion d’intérêt matériel en opinions politiques. P.67 : « Chaque intérêt, chaque institution sociale, y sont transformés en idées générales, discutées en tant qu’idées. Comment un intérêt, une institution quelconque pourraient-ils s’élever au-dessus de la pensée et s’imposer comme articles de foi ? La lutte oratoire à la tribune provoque les polémiques de presse. Le club de discussion au Parlement trouve son complément nécessaire dans les clubs de discussion des salons et des cabarets. Les représentants, donnent le droit de s’exprimer au moyen de pétitions. Le régime parlementaire remet tout à la décision des majorités, comment les grandes majorités en dehors du Parlement ne voudraient-elles pas décider, elles aussi ? Quand, au sommet de l’Etat, on joue du violon, comment ne pas s’attendre que ceux qui sont en bas se mettent à danser ? »

Mais les intérêts ne sont pas toujours aussi faciles à lire que le protectionnisme, il place parfois dans son raisonnement des sortes de contradictions politiques, il n’y a pas toujours un intérêt univoque : par exemple le parti de l’Ordre de l ‘Assemblée n’est pas soutenue par le Parti de l’Ordre extérieur à l’Assemblé. L’intérêt peut être trouble et l’une des grandes questions est celle des propriétés de classes (parlant de la petite bourgeoisie : « la petite bourgeoisie, par conséquent une classe intermédiaire, au sein de laquelle s’émoussent les intérêts des deux classes opposées»).

3. Le travail de l’œuvre

Les postérités de Marx ont été largement amenées par la multiplicité des ouvrages marxistes. Ce travail de l’œuvre s’est exercé sur les sciences sociales en général, tant par son influence directe que par les remises en questions de « l’idéologie marxiste ».

Mais qu’entendons nous par classes sociales ? On désigne les classes sociales dans le domaine de la stratification sociale,

qui est un opération banale depuis le 19ème s, où l’on désigne des groupes dans une hiérarchie sociale, avec des groupes hiérarchisés tels que supérieurs > moyens > Inférieurs. On les place en tant que groupes socio-politiques utilisés par la « pensée d’Etat » où il faut rationnaliser la gestion publique, rationnaliser la conception même de l’organisation de la société.

On désigne aussi les classes comme des « agents, des acteurs collectifs » de l’histoire. On retrouve ici la fétichisation des collectifs, posant ainsi le problème sémantique de la définition même d’une classe. Marx lui-même a commencé cette définition : « Ainsi, la grande masse de la nation française est constituée par une simple addition de grandeurs de même nom, à peu près de la même façon qu’un sac rempli de pommes de terre forme un sac de pommes de terre. Dans la mesure où des millions de familles paysannes vivent dans des conditions économiques qui les séparent les unes des autres et opposent leur genre de vie, leurs intérêts et leur culture à ceux des autres classes de la sociét ,é́� elles constituent une classe. Mais elles ne constituent pas une classe dans la mesure où il n’existe entre les paysans parcellaires qu’un lien local et où la similitude de leurs intérêts ne crée entre eux aucune communaut , aucuneé́� liaison nationale ni aucune organisation politique. » Il manque ainsi à la paysannerie le sentiment de classe, les plaçant en tant que classe objet.

Car il y 3 critères visant à la description analytique des classes sociales : - Condition de classe - Position de classe : où se situe-t-on dans la hiérarchie des classes- Conscience de classe : Le fait de savoir que l’on appartient à une classe

Il faut songer à l’usage des termes de « classes sociales » ; les différences de classes ne s’expriment pas que dans la vision politique, mais aussi au travers des habitudes de pensées notamment, où dans le langage (Richard Hogarth : la culture des pauvres). La détermination sociale en fonction des classes est évidente, au travers de la lexie corporelle, des vêtements, etc. Cela se regroupe en ce que l’on appelle les « traits communs » qui peuvent être utilisés pour tromper sur son appartenance à telle ou telle classe sociale.

L’Ethos de classe sont les valeurs, les croyances, etc. on parle notamment de l’Ethos aristocratique de la petite bourgeoisie, où la réussite sociale au travers des études est très importante. L’Ethos est en quelque sorte l’intériorisation de l’extériorité ; les classes sociales sont surtout présentes en chacun de nous.

La question du rapport des classes sociales et du pouvoir : cette question a été posée de nombreuses fois, mais de manière assez confuse par Marx car il parle d’un coup d’Etat d’un homme qui ne représente pas de classe sociale. Il décrit un modèle d’action politique appelé « coup d’Etat » ; utilisation de l’armée, de la

censure des médias, on occupe les places fortes, utilisation du système répressif, etc. Il ne faut pas avoir une vision conspirative, si Marx décrit ici un complot, il traduit une suite d’évènements politiques, dont le nom de code « opération Rubicon », traduit d’un véritable complot au sens étymologique. A la fin de l’ouvrage, Marx s’interroge sur « comment un homme aussi médiocre a-t-il pu devenir aussi puissant », (« comment la lutte des classes en France créa des circonstances et une situation telles qu’elle permit à un personnage médiocre et grotesque de faire figue de héros. ») et c’est ici qu’interviennent les classes sociales. Il passe par une vision de Napoléon en tant que champion de l’armée, d’élu du paysan parcellaire, et aussi par ce que Marx appelle la « société du 8 décembre », où il caractérise le sous-prolétariat comme une assemblé de « brigands ».