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L’énoncé de la politique de défense du Canada de 2005
Un premier regard critique
Michel FortmannDépartement de science politique
Une situation désastreuse Crise du personnel
Les Forces canadiennes sont tombées de 78 000 hommes à près de 50 000 hommes entre 1990 et 2005.
Les réserves à moins de 15 000 hommes, milice : 10 000. Crise financière
Entre 1993 et 1998, le budget de la défense a été coupé de plus de 30 % en terme de pouvoir d’achat.
Nous dépensons 1,1 % de notre PNB pour la défense, ce qui nous met à la traîne de la plupart des pays de l’OTAN.
Le déficit du budget annuel de fonctionnement des trois armes est compris entre 750 millions et 1 milliard.
Crise des équipements : en 2004, près de 40 % des véhicules et des armes des FC étaient inutilisables faute de pièces (A. Cohen).
Crise du maintien de la paix Crise du moral : le scandale de la Somalie, le Rwanda Le problème du rythme des opérations
Le tournant : le budget de 2005 3 milliards de dollars échelonnée sur 5 ans afin de soutenir
l'augmentation de l'effectif des Forces canadiennes de 5 000 réguliers et 3 000 réservistes ;
3,2 milliards de dollars pour assurer le soutien et l'entraînement des Forces canadiennes, dont 420 millions de dollars au cours de la première année ;
des dépenses en capital de 2,5 milliards de dollars afin de faire l'acquisition d'équipement et de capacités clés, dont camions, hélicoptères, avions de patrouille, etc. ;
une somme supplémentaire de 3,8 milliards en investissements en fonction des résultats de l'Énoncé de la politique de défense ;
donc, en tout, 12, 8 milliards, dont l’essentiel serait déboursé entre 2008 et 2010.
L’énoncé de politique : 3 contributions importantes
1. Une nouvelle vision de l’environnement
international
2. Des missions adaptées à cet
environnement
3. Une approche et des moyens nouveaux
La préoccupation principale de l’énoncé de politique : les États faibles ou effondrés
Les 5 caractéristiques d’un État faible1. Les limites territoriales de ces États sont constamment
remises en question par un ensemble de flux transnationaux.
2. Les populations sont de moins en moins homogènes.3. L’État n’a plus accès à des ressources suffisantes pour
assurer son fonctionnement et satisfaire aux besoins élémentaires de la collectivité.
4. L’État n’a plus le monopole de la force.5. Dans plusieurs régions du monde, le concept de
gouvernance, conçu comme un service collectif ou une responsabilité sociale, n'a pas survécu au colonialisme.
États faibles, déliquescents ou effondrés en Afrique
subsaharienne(2003)
États faibles ou déliquescents en Asie
(2003)
Le monde non intégré de Thomas Barnett
États effondrés Acteurs transnationaux
États «voyous»
Crises humanitaires
ADM
Domestic Realities, International Challenges
Des priorités adaptées à cet environnement
1 – Défendre le Canada
Domestic RealitiesInternational Challenges
2 – La défense continentale
1 – Défendre le Canada
Des priorités adaptées à cet environnement
Domestic RealitiesInternational Challenges
2 – La défense continentale
1 – Défendre le Canada
Des priorités adaptées à cet environnement
3 – Attaquer le danger à la source : les
États effondrés
Des moyens conçus en fonction de ces missions
La notion de forces de réaction rapides : des forces combinées (air, terre, mer) légères, centrées sur les forces spéciales et
l’infanteriemobiles, transportables rapidementdisposant de moyens de reconnaissance adaptés très bien entraînéesdilemme de la mobilité et de la puissance de feu…
Capables d’opérer dans un environnement complexe (Three blocks war)
Three Block War
Bloc 1: combat Bloc 2: stabilisation
Bloc 3: opérations humanitaires
Le concept de Three Blocks War
Des moyens adaptés
Les forces de réaction rapides, un concept qui se répand de plus en plus :L’Angleterre (Joint Rapid Reaction Force)L’OTAN (Allied Rapid Reaction Force)L’Union européenne (EU Rapid Reaction
Force)L’ONU (SHIRBRIG)
Special Operations Task Group1. Groupe d’opérations spéciales (Special Operation Task
Group): la première réponse
Le concept canadien de FRR
Joint Task Force 2 (JTF2) + aviation
350 soldats font partie de cette unité de forces spéciales
Three Block War
Réaction rapide:10 jours
Contrôle dulittoral
Opérationsamphibies
2. La force opérationnelle permanente d’intervention (Standing Contingency
Task Force)
4 navires de guerre2 Aurora (patrouille)6 hélicos maritimes6 hélicos de transport1 Airbus (ravitaillement)6 CF-18
Durée de l’intervention : 6 mois
- Élément de commandement national- Unité aérienne
• 6 CF-18 + ravitaillement• 6 hélicoptères de transport
- Groupe naval• 4 navires (y compris un sous-marin)• Hélicoptères maritimes• Navires d’appui
- Composante terrestre• QG de brigade• 2 unités de 1200 hommes
- Éléments d’appui combinés
3. La forces opérationnelles de mission (Mission Specific Task Force
Pourrait être maintenue en place indéfiniment
Quelques problèmes
C’est une transformation très ambitieuseRequiert du temps (5 à dix ans)La collaboration des trois armesUne grande continuité sur le plan politique et
administratifBeaucoup d’argent
2005-2006 : 500 millions 2006-2007 : 600 millions 2007-2008 : 1,558 milliard 2008-2009 : 4,466 milliards 2009-2010 : 5,704 milliards
Pas moins de 14 programmes d’armements doivent être complétés
Des promesses, des promesses !
Programmes de matériels importants(Fierté et influence : notre rôle dans le monde, 16-17, 22)
1. Achat de navires destinés à transporter la FRR
2. Acquérir de nouveaux moyens de transport aérien à l’échelle mondiale
3. Moderniser les frégates de la classe Halifax
4. Acquérir l’artillerie embarquée pour appuyer les troupes à terre
5. Moderniser les CF-186. Acquérir de nouveaux
hélicoptères maritimes7. Acquérir de nouveaux
hélicoptères de transport moyens ou lourds
8. Remplacer les Twin Otters par des avions plus performants
9. Remplacer les avions de transport Buffalo et Hercule
10. Mise en service des sous-marins Victoria
11. Achever la modernisation de l’avion de patrouille Aurora
12. Convertir l’Airbus en avion ravitailleur
13. Faire l’acquisition d’engins de reconnaissance sans pilote (UAV)
14. Actualiser la capacité de commandement de contrôle et de communication (C4ISR)
Projection de la force ou défense continentale ?
L’énoncé semble se concentrer sur la mise sur pied de la FRR.
Peu de choses nouvelles sont annoncées quant à la mission de défense du territoire canadien, mis à part la création d’un commandement national des Forces canadiennes.
La défense du continent et son renouvellement ne semblent pas non plus avoir inspiré les rédacteurs de l’énoncé (rien n’est dit de l’évolution de NORAD et très peu de choses de la coopération maritime et terrestre avec les Etats-Unis).
Faut-il y lire une contradiction ?
Les fantômes du passé…
L’énoncé ne semble pas tenir compte des efforts nécessaires pour reconstruire les FC (ce qu’on appelle les legacy issues) Crise matérielle Crise financière Crise du personnel
Comme le note la Conférence des associations de la défense : « Avant que les forces canadiennes puissent être transformées, elles doivent d’abord être stabilisées, or, le déclin progressif des capacités au sein des trois armes durant les 15 dernières années n’est pas mentionné dans l’énoncé. Il s’agit d’une sérieuse lacune».
- Colonel (à la retraite) Howie Marsh
Une vision du monde très américaine
Des menaces montées en épingle ou instrumentalisées…
Les États effondrés, un phénomène relativement peu courant.
La Canada veut-il réellement s’associer à la croisade du présent gouvernement américain, alors que les véritables priorités seraient nationales et continentales ?
L’énoncé de la politique de défense du Canada de 2005
Un premier regard critique
Michel FortmannDépartement de science politique
Note: Les diapositives 9 à 12 et 14 à 18 sont inspirées de la présentationdu Chef d’État-major Hillier,
faite à l’occasion du lancement de l’énoncé de politique de défense,le 19 avril 2005.