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2012/2013
Master Urbanisme Durable
LES BRANDONS DANS LE [CHANGEMENT SOCIO-ECONOMIQUE DE BLAINVILLE-SUR-ORNE ]
1
Introduction
La direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement
(DREAL) dans sa mission de pilotage des politiques de développement durable, du logement
et de la ville a sollicité le centre d’étude technique et de l’équipement (CETE) pour une étude
de terrain sur Blainville-sur-Orne. La commande consiste en un bilan du quartier durable
urbain des Brandons, plus précisément l’impact des nouvelles opérations urbaines de
Blainville-sur –Orne. Pour intégrer le Master urbanisme durable (MUD) de l’université de
Caen Basse Normandie le CETE a élargi la commande à la perception du quartier des
Brandons par les riverains. Après avoir analysé la commande elle est apparue trop restreinte
pour notre effectif. Par conséquent nous avons opté de travailler sur les Brandons dans le
changement sociodémographique de Blainville-sur-Orne. Pour ce faire nous avons travaillé à
plusieurs échelles : Blainville-sur-Orne dans la communauté d’agglomération Caen la mer,
objet de la partie I, et à l’échelle communale pour l’enquête de terrain qui sera la partie II.
Bonne lecture.
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Partie 1
Blainville-sur-Orne dans le
contexte de l’agglomération de
Caen-La-Mer
3
Démographie
Caen-La-Mer
Sommes-nous en présence d’une continuité ou d’une rupture dans l’évolution et les
structures démographiques de Caen-La-Mer ?
Une évolution démographique non conforme à l’évolution
nationale
La population de Caen-La-Mer a connu une augmentation d’un tiers en quarante ans, de
1968 à 2009. Cela s’inscrit dans la logique des autres communes françaises où le phénomène
d’urbanisation dans cette seconde partie du vingtième siècle s’est considérablement amplifié.
Cependant, lorsque nous analysons la période entre 1999 et 2009, nous remarquons qu’au
niveau national, la population est en progression constante. À la différence de l’agglomération
caennaise, elle s’est accrue de 6,9 %.
La population de Caen-La-Mer subit le vieillissement national. Concernant les 45-59
ans, l’augmentation métropolitaine entre 1999 et 2009 est plus faible qu’à Caen-La-Mer. En
revanche, en 2009, la population de Caen-La-Mer des 15-29 ans est de 25,4 % soit de 7,4
points supérieurs à la population nationale. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que Caen est
un pôle d’enseignement supérieur.
Il résulte de ces différents constats, une interrogation sur les causes du solde migratoire
négatif des jeunes actifs qui quittent Caen-La-Mer.
Un maintien de la population assurée par l’aire urbaine
caennaise
La population de l’établissement public intercommunal (EPCI) caennais a stagné entre
1999 et 2006. Au contraire, l’aire urbaine caennaise a évolué positivement.
L’aire urbaine caennaise s’est développée démographiquement depuis 1968. Cependant, cette
augmentation tend à stagner. Si cette tendance est toujours positive, elle est due
exclusivement au solde naturel, le solde migratoire étant nul. Ce dernier résultat souligne le
peu d’attractivité dont semble faire preuve l’aire urbaine caennaise. Dans un contexte national
— et international — de métropolisation, le manque de compétitivité de Caen pourrait
s’expliquer par l’émergence de Rouen comme métropole normande, et par la concurrence des
équipements universitaires rennais.
Une des caractéristiques majeures de l’aire urbaine caennaise est l’intensité de sa
périurbanisation.
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Vers un polycentrisme démographique ?
Le centre-ville caennais subit une forte diminution démographique : 3 588 Caennais ont
quitté la ville-centre en l’espace de sept ans (1999-2006).
Par ailleurs, les communes de deuxième couronne ont connu une augmentation de leurs
populations. Tel est le cas de Louvigny ou de Blainville-sur-Orne. Ce flux positif au profit de
la seconde couronne se fait au détriment de la première couronne, principalement Hérouville-
Saint-Clair.
La tendance à la perte de population de la ville de Caen et de sa première couronne au
bénéfice de la deuxième couronne nous laisse penser que nous allons nous diriger vers un
polycentrisme démographique. Mais ce polycentrisme démographique n’est pas à confondre
avec le polycentrisme économique. Aujourd’hui nous avons une délimitation floue de la ville
avec des espaces dortoirs de plus en plus importants et de plus en plus éloignés des centres
sociaux et économiques.
Blainville-sur-Orne
Blainville-sur-Orne dans la deuxième couronne de Caen est-elle en situation de
concurrence pour l’attractivité démographique ?
Analyse démographique
La commune de Blainville-sur-Orne a connu une forte augmentation de sa population
entre 1968 et 2009, passant de 2 735 à 5 992 habitants. Cette augmentation s’est faite en dents
de scie. La commune a connu deux grandes périodes d’expansion entre 1975 et 1982 avec une
variation annuelle de 8,2 % et entre 1999 et 2009 avec 3,1 %. En dehors de ces périodes la
population est restée stable, voire a diminué. Ces deux périodes d’augmentation s’expliquent
par un flux migratoire important. En effet, entre 1975 et 1982, le solde apparent des entrées et
sorties est positif de 7 %. Celui de la période de 1999 à 2009 est des 2,2 %.
La population de Blainville-sur-Orne est composée d’une part importante d’actifs (60
% de ses habitants ont entre vingt et soixante-quatre ans), taux supérieur aux moyennes
nationales et régionales. A contrario, un habitant sur dix a plus de soixante-cinq ans, ce qui est
plus faible que les moyennes nationales et régionales.
Blainville, commune périurbaine en deuxième couronne, semble donc bénéficier d’un flux
migratoire provenant de la ville centre.
Analyse des communes adjacentes
La commune de Bénouville a également connu une augmentation de sa population entre
1968 et 2009 via deux grandes périodes. Cependant, les deux périodes de lotissement ne
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coïncident pas avec celles de Blainville-sur-Orne. L’expansion de la démographie
bénouvillaise correspond à la période intermédiaire des deux émergences blainvillaises. Une
double hypothèse en ressort : existe-t-il une discordance entre ces deux communes du point de
vue de la construction de logements ?
A Biéville-Beuville, l’augmentation est régulière, il ne semble pas y avoir de politique
forte d’urbanisation. Les divergences affectent également la structure de la population
communale. Plus d’un habitant sur cinq a plus de soixante-cinq ans contre un sur dix à
Blainville-sur-Orne. La population potentiellement active est plus faible. Le grand nombre de
retraités semble valider l’hypothèse d’une commune plus résidentielle.
Concernant Ranville, la variance positive de la population se résume à une seule et forte
période entre 1968 et 1975. Après cette date, la commune subit une stagnation de sa
population.
Un environnement concurrentiel en termes d’attractivité
Les comparaisons ci-dessus mettent en exergue la concurrence entre Blainville-sur-
Orne, Ranville et Bénouville. Biéville-Beuville est sur un autre axe routier et se trouve à
l’écart de ces trois communes, ce qui explique une dynamique différente. Par conséquent, il
semblerait qu’elle ne s’intègre pas dans l’environnement concurrentiel desdites communes.
Par rapport à la France, la Basse-Normandie et aux autres communes périurbaines, Blainville
compte plus d’actifs et moins de retraités que la moyenne. Celle-ci est potentiellement une
commune dite ―dortoir‖.
En effet, Caen, la ville centre, a un flux migratoire négatif d’actifs. Les communes de la
seconde couronne appuyées sur un réseau routier les reliant à Caen de façon satisfaisante
(cinq à dix minutes) voient leurs populations croître. Blainville-sur-Orne, première commune
sur la voie express Caen-Ouistreham s’inscrit dans cette logique, entrant en concurrence avec
les autres communes périurbaines. L’analyse démographique de la deuxième couronne de
Caen met en relief que lorsqu’une commune de cette couronne stagne, une autre voit sa
population croître. Ce phénomène est typique de la concurrence pour l’attractivité à laquelle
sont soumises ces communes proches.
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Couples – familles – ménages
Caen-la-mer
En matière de situation des ménages, on enregistre une augmentation (+ 10 %) du
nombre des ménages entre 1999 et 2009, qui est à cette date de 100 092. Cette augmentation
s’observe également à l’échelle régionale alors qu’elle est moins accentuée à l’échelle
nationale.
Cependant, on peut noter une stagnation de la population, ce qui nous amène à dire
que les ménages sont de plus en plus petits. En effet, 43 % d’entre eux ne sont composés que
d’une seule personne en 2009. Ce fort pourcentage s’explique, d’une part, par le
vieillissement général de la population et, d’autre part, par des phénomènes de divorce et de
décohabitation en raison du pôle universitaire qui attire de nombreux étudiants vivant seuls
(20 % de la population caennaise est étudiante). Le vieillissement de la population entraine un
phénomène de veuvage ce qui participe également à la multiplication des ménages d’une
seule personne (7 % de veufs).
Les catégories socioprofessionnelles représentées dans les ménages de Caen-La-Mer
sont conformes à celles observées au plan régional. Les cadres et les agriculteurs sont une
exception puisque le pôle urbain caennais se tertiarise, ce qui induit une plus forte
concentration d’emplois intellectuels supérieurs depuis 1999. La très faible représentation des
agriculteurs est due à une urbanisation croissante.
La composition des familles de la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer
suit les tendances régionales et nationales. A savoir qu’il y a une diminution du nombre
d’enfants par famille, la moitié des familles sont sans enfant en 2009, ce phénomène étant
stable depuis 1999. Par contre le taux des familles monoparentales (17 %) est comparable à
la moyenne nationale et légèrement supérieure à la moyenne régionale. 90 % de ces familles
monoparentales concernent des femmes en 2009) car ce sont très largement les mères qui
obtiennent la garde des enfants suite à une séparation.
Ces constats mettent en avant un certain nombre de questions. Celle du logement
notamment, puisqu’ une augmentation des ménages d’une personne entraîne une hausse de la
demande en logements. Ainsi, des politiques publiques à l’échelle de la communauté doivent
être mises en place, tant pour le logement ainsi que pour les mobilités. Le nombre important
des retraités pose en outre la question de la dépendance, qui pourrait être porteuse de créations
d’emplois. L’évolution démographique à travers la prédominance des familles sans enfant
questionne enfin sur la façon d’attirer de nouveaux habitants.
Blainville-sur-Orne
Blainville-sur-Orne est une ancienne commune industrialo-portuaire, aujourd’hui en
7
reconversion et inscrite dans la communauté d’agglomération de Caen-La-Mer.
Une commune périurbaine…
L’augmentation démographique coïncide avec l’augmentation du nombre des
ménages. Blainville-sur-Orne, à l’image des communes avoisinantes, se caractérise par un
fort pourcentage de familles (75 %), ce qui contraste fortement avec les chiffres nationaux et
surtout avec ceux de Caen-La-Mer. La spécificité de Blainville-sur-Orne réside dans le
nombre élevé d’enfants par familles. Cependant, Blainville-sur-Orne n’échappe pas aux
tendances générales concernant la diminution du nombre de personnes par ménage. En effet,
depuis 1986, Blainville-sur-Orne est touchée par un processus de périurbanisation qui se
traduit par la construction de zones pavillonnaires propices à l’accueil des familles. De plus,
son accessibilité est garantie par la proximité de la voie rapide D515 et par la desserte en
transports en commun via le réseau Twisto.
… en mutation sociologique
Cette périurbanisation engendre une augmentation significative de la catégorie
socioprofessionnelle (CSP) des cadres (de 4 à 11 % entre 1999 et 2009), qui ne se retrouve
pas au niveau départemental. Du fait de son passé industriel et de la présence de Renault
Trucks sur la commune, la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers est également
fortement représentée, comparativement à Biéville-Beuville par exemple, tout en restant
proche des moyennes régionales et nationales. En dehors de ces spécificités, les catégories
socioprofessionnelles représentées dans la commune sont du même ordre que les moyennes
départementales, régionales et nationales, notamment en ce qui concerne le nombre de
retraités.
Enjeux et perspectives
Le changement sociologique et la forte concentration de familles avec enfants
engendrent des équipements et des services spécifiques dans les domaines de l’éducation
(collège, école et garderie) et du sport (complexe sportif). Cela constitue l’enjeu principal de
la commune.
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Vie économique et population
active
Caen-La-Mer
Un pôle d’emploi lié au statut de capitale régionale
A l'échelle de la Basse-Normandie, Caen est un des trois pôles majeurs d'emploi et
d'activité, avec Cherbourg et Alençon. La communauté d'agglomération Caen-La-Mer
regroupe un quart des emplois de la Basse-Normandie.
Ancien pôle industriel, notamment avec la SMN (Société Métallurgique de
Normandie, fermée en 1993) et Moulinex, Caen a connu une reconversion vers le secteur
tertiaire. En témoignent les 90 % d’établissements présents dans les services en décembre
2009. En termes d'établissements, ce secteur est composé principalement du commerce, de
transports de services divers et secondairement des différentes catégories de la fonction
publique. La fonction publique est surreprésentée à Caen-La-Mer (15 % des établissements)
par rapport à la Basse-Normandie (12 %) et à la France entière (12 %). Cela s'explique par le
fait que Caen est une capitale régionale, c'est donc un lieu de commandement administratif.
Dès lors, elle possède à la fois les services administratifs déconcentrés et décentralisés de la
région et du département ainsi que les services éducatifs supérieurs et de santé. Dans une
moindre mesure, Caen-La-Mer est un centre de commandement économique. En effet,
l'intercommunalité concentre 10 % des sièges sociaux de la Basse-Normandie.
Un salarié sur deux travaille dans une entreprise de plus de cents salariés. En
comparaison avec la Basse-Normandie, ce taux est plus élevé de quinze points. Nous pouvons
l'expliquer par la présence de grands établissements publics (CHU, Université) qui
concentrent plus de la moitié des salariés des grandes entreprises, sans oublier celle de grands
groupes privés tels que Renault Trucks, NXP, Robert Bosch. Caen se situe parmi les trois
agglomérations françaises les plus attractives comme l’atteste le taux élevé d’actifs résidents
ayant un emploi (70 %). Les deux secteurs où ce dynamisme est visible sont l’automobile et
l’agroalimentaire. L’un représenté notamment par le pôle Mov’eo installé à Colombelles,
l’autre par Agrial et Normandial. Néanmoins, la création d'entreprises est en baisse depuis
2010. Cette tendance est générale pour toute la France métropolitaine et elle s'explique par la
crise économique récente. Cependant, le solde reste positif avec une création et demie pour
une radiation. Les créateurs d'entreprise, majoritairement masculins (74 % en 2002) ont
principalement le statut d'auto-entrepreneur. Ces créations se concentrent pour moitié dans le
tertiaire, notamment dans le commerce (exemple de l'implantation d'Ikea à Fleury-sur-Orne
en novembre 2011).
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Un chômage en baisse
Le chômage a diminué depuis 1999, contrairement à la tendance nationale.
Contrairement au taux national, les femmes sont moins touchées que les hommes, à raison
d’une différence de cinq points par rapport au taux national. Ce sont les jeunes (15-24 ans)
qui sont les plus touchés, ils représentent la moitié des chômeurs. Parmi les chômeurs, 40 %
le sont sur la longue durée, pour la plupart suite à une fin de CDD non renouvelé. A partir de
2007 le nombre de demandeurs d’emploi explose, les plus de cinquante ans étant les premiers
touchés.
Des projets axés sur les nouvelles technologies et le commerce
La Communauté d’agglomération de Caen-La-Mer se tourne vers l’avenir en se
concentrant sur cinq filières émergeantes autour de la recherche et la formation: la
nanoélectronique, le nautisme (programme Norlanda), la mémosphère (archivage de la
gestion et de la valorisation des contenus), éco-habitat, pôle Nucléopolis (nucléaire et santé).
A ce titre, on peut également évoquer la Grand Accélérateur National d'Ions Lourds (GANIL)
qui a permis l'embauche de six cents personnes depuis son ouverture en 1983. Cet équipement
scientifique sera perfectionné grâce à la mise en œuvre du projet "SPIRAL II" donnant à
Caen-La-Mer une stature mondiale au niveau technologique.
Caen-La-Mer continue de miser sur son potentiel commercial avec la création de
plusieurs parcs commerciaux et l'arrivée de nouvelles enseignes dans l'agglomération. Le 16
octobre 2012, le Val Saint Clair (extension de Carrefour à Hérouville-Saint-Clair) a ouvert ses
portes, suivi des Rives de l'Ornes au printemps 2013 et du Mondevillage en novembre 2013.
Si la commune de Caen est le pôle majeur de l'emplois dans l'agglomération avec 60
% des emplois de la communauté d’agglomération Caen-La-Mer, les communes périurbaines
proches reçoivent de plus en plus d'activités et par conséquent de plus en plus d'emplois. Les
élus caennais tentent de limiter ce processus par une réhabilitation des anciennes friches
industrielles1.
Blainville-sur-Orne
Blainville-sur-Orne : un pôle industriel en reconversion
Blainville-sur-Orne se situe le long du canal reliant Caen à Ouistreham.
Historiquement, ceci lui a permis d'être un pôle industriel. Cette localisation a en effet permis
1 Cf. le projet des Rives de l'Orne ainsi que celui de la presqu'île, situés à proximité de la gare.
Encadré n°1 : Taux de chômage comparaison Caen-La-Mer/Basse-Normandie :
Emploi chômage CA Caen-La-Mer Basse-Normandie
Emploi total (salarié et non
salarié) au lieu de travail en
2009
129 676 592 537
dont part de l'emploi salarié
au lieu de travail en 2009,
en %
92,5 86,3
Variation de l'emploi total
au lieu de travail : taux
annuel moyen entre 1999 et
2009, en %
1,4 0,9
Taux d'activité des 15 à 64
ans en 2009
67,8 71,2
Taux de chômage des 15 à
64 ans en 2009
13,2 10,5
Source : INSEE
10
le développement de chantiers de constructions navales, gérés par la Société Navale
Caennaise. Disparu en 1956, le site a été repris par Renault Trucks (2 500 salariés et 75 % des
emplois de la commune). Son installation fait suite à la politique de déconcentration
industrielle des années 1950. Celle-ci correspond aux transferts d'activités industrielles de la
région parisienne vers les provinces, afin de permettre le désengorgement de la capitale tout
en développant le reste de la France.
Autour de cette activité s'est implantée une zone industrialo-portuaire (ZIP) d'une
superficie de quatre-vingt-huit hectares. Quatrième port français d’exportation pour le bois
exotique, la ZIP Caen-Canal regroupe des entreprises de sous-traitance comme Inoplast (65
salariés : peinture et logistique pour camions) ou Rieter (60 salariés : acoustique pour
véhicules). Cet héritage industriel se manifeste encore par une surreprésentation du nombre
de salariés industriels (80 % du total des emplois) par rapport à la moyenne régionale ou
française se situant à environ 18 %. Les entreprises du secteur secondaire sont celles qui
emploient le plus, 90 % d'entre elles disposant de plus de vingt salariés. Ceci s'explique par la
présence de grands groupes tels que Agrial ou encore l'entreprise de travaux publics Eurovia
et ses cent salariés.
La zone industrialo-portuaire explique l'importante offre d'emplois sur la commune (un
emploi pour deux habitants). Dans la commune voisine de Biéville-Beuville, on dénombre
seulement un emploi pour cinq habitants. Pour autant, la dynamique n'est plus la même, en
atteste la mise au chômage partiel des salariés de Renault Trucks. L’affaiblissement est
également visible au niveau des créations d'entreprises puisque les deux tiers de ces dernières
se font désormais dans le secteur tertiaire, un chiffre qui correspond à la tendance bas-
normande. Ces créations sont principalement le fait entreprises individuelles (aux quatre
cinquièmes) dont la moitié sont des auto-entreprises.
C'est pourquoi, en ce qui concerne le nombre d'entreprises, le secteur dominant est le
tertiaire avec les deux tiers. Cependant, le secondaire n'est pas en reste avec tout de même 30
%, ce qui est deux fois supérieur à la moyenne de l'intercommunalité. La tertiarisation
s'illustre également par la surreprésentation des entreprises de moins de deux ans par rapport
au reste du département. Si l'on s'intéresse aux sièges sociaux et au nombre d'établissements
par secteurs d'activités, nous sommes sur la tendance précédemment évoquée, c'est-à-dire
deux tiers de tertiaire pour un tiers de secondaire; l'agriculture étant très marginale. L'arrivée
de ces petites entreprises tertiaires peut être en partie expliquée par l'augmentation de la
population blainvillaise (+ 37 % entre 1999 et 2008), liée à la périurbanisation. Cette arrivée
a suscité des besoins en commerces de proximité (pharmacie, supermarché Le Mutant,
services de santé) ainsi qu’en services publics (collège).
Une population ouvrière en cours de tertiarisation
A la différence du reste du France, où la majorité des personnes travaillent dans le
tertiaire, à Blainville-sur-Orne un quart des actifs ayant un travail travaillent dans l’industrie.
Cette forte part d’emplois ouvriers marque une rupture avec les communes alentours, dont la
population est majoritairement tertiaire. En particulier avec la population de Biéville-Beuville,
en grande majorité constituée de cadres et de professions intellectuelles. Cependant la
population blainvillaise a tendance à se tertiariser : en dix ans (de 1999 à 2009) le nombre de
personne ayant un emploi dans les professions intermédiaires est passé de trois-cent-quarante-
huit à cinq-cent-quarante-huit, alors que le nombre d’ouvriers est resté stable. Moins d’un
cinquième de la population résidant à Blainville y travaille également, de plus en plus de
11
Blainvillais partent travailler en dehors de la commune. Comme pour le reste de la France un
tiers des femmes actives exerce à temps partiel et environ 6 % des actifs sont en CDD (contrat
à durée déterminée).
Un chômage en baisse entre 1999 et 2009
Depuis 1999, le chômage est en baisse (quatre points de moins). Il est aujourd’hui de
11 % comme le taux national, mais légèrement plus faible que dans l’ensemble de la
communauté d’agglomération de Caen-La-Mer. Les plus touchés par le chômage sont les
moins de vingt-quatre ans. Un peu moins de la moitié des chômeurs le sont depuis plus d’un
an. La majorité des personnes inscrites sur les listes de demandeurs d’emploi le sont suite au
non-renouvellement de leur CDD.
Une industrie en péril et une tertiarisation de la population
active
La crise économique touche particulièrement le secteur automobile. L’usine Renault
Trucks risque d’en pâtir et de réduire le nombre de ses emplois sur son site blainvillais. Cela
risque de se propager sur les entreprises de sous-traitance du secteur et influer sur toute
l’économie de la commune. Quel peut être l’avenir économique de Blainville-sur-Orne ?
L’adaptation du port aux nouvelles exigences économiques pourrait permettre de
développer de nouvelles activités industrielles. En 2009, des travaux de dragage du canal ont
débuté afin de créer une zone d’évitement où les plus gros navires pourront faire demi-tour.
Un terminal conteneurs verra en outre le jour en mars 2013. On peut aussi assister à une
tertiarisation continue des emplois, à l’instar d’autres communes autrefois industrielles
comme Mondeville. L'implantation d'un centre commercial E.Leclerc, qui devrait être validée
d'ici peu, semble confirmer cette tendance.
Encadré n°2 : Tableau comparatif des taux de chômage :
Taux de chômage (au
sens du recensement)
Blainville Biéville-
Beuville
CA Caen-La-
Mer
France
En 1999 15 7,5 16 13,5
En 2009 11 6,5 13 11,7 Source :INSEE
12
Revenus – Niveaux de vie –
Patrimoine
Caen-La-Mer
Une instabilité concernant les foyers fiscaux
En 2009, il y avait 120 582 foyers fiscaux dans la Communauté d’Agglomération de
Caen-La-Mer2. Leur nombre augmente de 2006 à 2008 et diminue entre 2008 et 2009 alors
que pour la France entière, le nombre des foyers fiscaux augmente de 2006 à 2007, il diminue
de 2007 à 2008 et il augmente à nouveau de 2008 à 2009. L'année 2007 correspond à la crise
économique qui a provoqué une montée du chômage et, par conséquent, une diminution du
nombre des foyers fiscaux. En Basse-Normandie, à l’inverse des tendances nationales, le
nombre de foyers fiscaux augmente régulièrement entre 2006 et 2009.
Pour l’année 2007, aussi bien pour la France, la Basse-Normandie, la Communauté
d’Agglomération Caen-La-Mer, que pour la ville de Caen, le nombre de foyers fiscaux était
moins important que les années suivantes, alors que le nombre de foyers fiscaux imposables
était plus élevé. Il est possible d'en déduire que les ménages avaient, en 2007, un revenu plus
élevé. De ce fait, l’impôt moyen était également plus élevé sur le territoire français.
De plus, entre 2006 et 2009, l’ensemble des foyers fiscaux ne cesse de diminuer à
Caen. En 2009, la proportion des foyers fiscaux imposables à Caen était de 51,6 %. Selon
l’INSEE, un foyer fiscal imposable est un foyer ayant un impôt à acquitter ou qui ne bénéficie
pas d’un remboursement total des crédits d’impôts dont il dispose. Ce taux est plus faible sur
la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer. Cela peut s'expliquer par le fait que
d’autres villes faisant partie de la Communauté d’Agglomération font augmenter ce taux. Ce
dernier est également plus faible que celui de la France mais plus important que celui de la
Basse-Normandie.
Entre 2006 et 2009, les territoires de la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer,
de la Basse-Normandie et de la France, connaissaient, pour le revenu net déclaré moyen des
foyers non imposables, des fluctuations. Ces dernières (Basse-Normandie et Caen-La-Mer)
suivaient les tendances du territoire national.
2 Selon l’INSEE, un foyer fiscal désigne l’ensemble des personnes inscrites sur une même déclaration de
revenus. Il peut y avoir plusieurs foyers fiscaux dans un seul ménage. Par exemple, un couple non marié où
chacun remplit sa propre déclaration de revenus compte pour deux foyers fiscaux. Le nombre de foyers fiscaux
indique le nombre de déclarations d’impôt sur le revenu déposées par l’ensemble des foyers fiscaux imposables
et non imposables.
13
Des ressources financières en augmentation
Pour l'année 2009, l’impôt moyen était de 1 142 € pour la Communauté
d’Agglomération Caen-La-Mer. Il était supérieur à celui de la France (1 239 €) et nettement
plus élevé que celui de la Basse-Normandie (814 €). Sur l’ensemble des foyers fiscaux de la
Communauté d’Agglomération, le revenu net déclaré moyen est en augmentation de 2006 à
2007. Il diminue de 2007 à 2008 pour augmenter à nouveau de 2008 à 2009. Entre 2006 et
2009, le revenu net déclaré moyen imposable est quant à lui en augmentation régulière,
contrairement en Basse-Normandie et en France où il reste stable.
En 2009, la commune de Caen représente plus de la moitié des ménages fiscaux de la
Communauté d’Agglomération (53 %)3. Cette dernière comprend une proportion plus élevée
de ménages fiscaux imposables que le reste de la Basse-Normandie alors qu’elle compte
moins de foyers fiscaux par ménage fiscal. Il y a en moyenne 2,1 foyers fiscaux dans un
ménage fiscal pour la Communauté d’Agglomération et 2,3 foyers fiscaux dans un ménage
fiscal pour le reste de la Basse-Normandie. Le revenu des ménages de la Communauté de
Caen-La-Mer est plus élevé que celui de la Basse-Normandie, en raison de la plus forte
concentration des catégories socioprofessionnelles les mieux rémunérées. La Basse-
Normandie concentre plus d’unités de consommation à faibles revenus que la Communauté
d’Agglomération Caen-La-Mer. Cette dernière est composée d’une population plus aisée. Les
inégalités sociales sont donc plus importantes dans la Communauté d’Agglomération Caen-
La-Mer.
Selon le recensement de 2009, aussi bien dans la Communauté d’Agglomération
Caen-La-Mer qu’en Basse-Normandie, les salariés représentaient la part la plus importante
dans les revenus déclarés (64,2 % pour Caen-La-Mer ; 59,4 % en Basse-Normandie). Cela est
dû à la présence de gros employeurs du secteur secondaire (Renault Trucks), du secteur
bancaire, des transport (Kéolis...), du commerce (Carrefour, Ikéa...), de l’enseignement
supérieur et de la recherche (Université), de la santé (CHU). En 2009, la catégorie
socioprofessionnelle travaillant sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Caen-La-
Mer dont le revenu était le plus élevé était celle des cadres (19,9 € / heure). Cette dernière
représentaient 9,1 % de la population active. En 2009, il y a plus de retraités dans la
Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer qu'en 1999 (23,5 contre 18,2%) Cette hausse
constitue sans doute une explication à la diminution des recettes fiscales.
En conclusion, nous constatons que la commune de Caen exerce une forte influence
3 Selon l’INSEE, un ménage fiscal est un ménage ordinaire constitué par le regroupement des foyers fiscaux
répertoriés dans un même logement. Son existence, une année donnée, tient au fait que coïncident une
déclaration indépendante de revenus et l’occupation d’un logement.
Encadré n°3 : Tableau présentant les revenus déclarés en € en 2009
Basse-Normandie Caen Caen-La-Mer
1er décile 7 077 4 499 6 059
Médian (5ème décile) 32 250 37 755 36 110
9ème décile 17 235 17 884 18390
Source : INSEE
14
sur la Communauté d’Agglomération car elle regroupe plus de la moitié des ménages fiscaux.
On y retrouve l'importance des inégalités entre les ménages les plus aisés et les ménages les
plus démunis constatées à Caen.
Perspective, ouverture
Au 1er janvier 2013, la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer va compter six
communes de plus. Ces dernières avaient en 2009 un revenu net déclaré moyen par foyer
fiscal et un pourcentage de foyers fiscaux imposables supérieur à la moyenne de la
Communauté d’agglomération, ce qui va influer sur la structure des revenus et du patrimoine.
Blainville-sur-Orne
En 2009, il y avait 5 952 habitants à Blainville-sur-Orne. La majorité d’entre eux avait
entre trente et quarante-quatre ans. En 1999, la ville de Blainville-sur-Orne était composée
majoritairement d’ouvriers (22,1 %) alors qu’en 2009 la part prépondérante était celle des
employés (22,6 %).
En 2009, il y avait 3 141 foyers fiscaux à Blainville-sur-Orne. Entre 2006 et 2008, la
part des foyers fiscaux a augmenté puis elle a diminué entre 2008 et 2009. La France, ainsi
que la Communauté d’ Agglomération Caen-La-Mer ont suivi des variations identiques alors
qu’en Basse-Normandie, le nombre de foyers fiscaux a augmenté entre 2006 et 2009.
En 2007, aussi bien pour la France, la Basse-Normandie, la Communauté
d’Agglomération Caen-La-Mer, la ville de Caen et pour la ville de Blainville-sur-Orne, les
foyers fiscaux étaient moins nombreux que dans les années suivantes alors que le nombre de
foyers fiscaux imposables était plus élevé. On peut en déduire que les ménages avaient en
2007 un revenu plus élevé. Cependant, le nombre de foyers fiscaux à Blainville-sur-Orne
reste élevé si on le compare avec celui des communes voisines. Par exemple, Ranville
possède 866 foyers fiscaux, Bénouville en détient 969 et Biéville-Beuville 1 327. En 2009, la
Encadré n°4 : Tableau présentant le revenu net déclaré moyen par foyer fiscal et le pourcentage des foyers fiscaux
imposables des futures communes adhérentes à la Communauté d'Agglomération Caen-La-Mer, en 2009
Revenu net déclaré moyen
par foyer fiscal
Foyers fiscaux imposables en
% de l’ensemble des foyers
fiscaux
COLLEVILLE-MONTGOMERY 29 601 67, 5
MOUEN 29 249 68
OUISTREHAM 23 767 57
SAINT-ANDRÉ-SUR-ORNE 22 290 57, 5
TOURVILLE-SUR-ODON 26 845 66,1
VERSON 28 441 64, 6 Source: INSEE.
15
proportion des foyers fiscaux imposables à Blainville-sur-Orne était de 58,8 %. Cette part
était supérieure à celle de la France, de la Basse-Normandie, du Calvados et de la
Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer4. Cependant, cette part était inférieure à celle
des communes avoisinantes puisque la part des foyers fiscaux imposables pour Ranville était
de 65,7 %,. Pour Bénouville et pour Biéville-Beuville, elle était respectivement de 73,5 et de
69,9 %. En 2009, la proportion des foyers fiscaux non imposables était de 41,2 % à
Blainville-sur-Orne, plus importante que celle des villes voisines. À Ranville, à Bénouville et
à Biéville-Beuville la proportion était respectivement de 34,4, de 26,5 et de 30,1 %.
Les ressources fiscales
L’impôt moyen à Blainville-sur-Orne était plus élevé en 2007 (804 €) qu’en 2009 (742
€). Il était moins élevé que l’impôt moyen en France (1 239 €), en Basse-Normandie (814 €)
et dans la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer (1 142 €). Si on le compare à celui
des communes voisines, on remarque qu’il reste inférieur. À Ranville, Bénouville et Biéville-
Beuville, il s’élevait respectivement à cette même date à 1 443, 2 154 € et 2 678 €. Le revenu
net déclaré moyen était de 21 112 € en 2009 à Blainville-sur-Orne. Il a cependant subi des
variations entre 2006 et 2009. Toutefois, il était dans la moyenne du Calvados. On peut
cependant noter que c’était un revenu en deçà de celui de Ranville (29 263 €), de Bénouville
(33 853 €) ou de Biéville-Beuville (37 555 €). À Blainville-sur-Orne, le revenu net déclaré
moyen imposable en 2009 était de 28 616 € (stable depuis 2006). Il était nettement inférieur à
celui du Calvados ainsi qu’à celui des communes avoisinantes telles que Ranville (38 236 €),
Bénouville (41 407 €) ou Biéville-Beuville (48 457 €). Cette différence est peut-être due à
l’installation plus tardive des cadres.
En 2009, la commune de Blainville-sur-Orne représentait environ 2,5 % des ménages
fiscaux de la Communauté de Caen-La-Mer. La part des ménages fiscaux imposés était en
2009 de 65,2 %. Elle restait relativement faible face à celle de Biéville-Beuville qui était de
75,6 %, mais majoritairement élevée face à celles de Ranville (39,3 %) ou de Bénouville
(36,1 %). De plus, elle était plus importante que celle du Calvados (58,3 %).
Il y avait en 2009, environ 2,5 foyers fiscaux dans un ménage fiscal à Blainville-sur-
Orne. Cette proportion suit celle des communes avoisinantes et elle reste plus élevé que celles
de la Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer ou de la région Basse-Normandie. La
commune de Blainville-sur-Orne possède plus de foyers fiscaux dans un ménage fiscal que la
Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer. Or, le revenu des ménages de la Communauté
de Caen-La-Mer reste tout de même plus élevé que celui de Blainville-sur-Orne. Cependant,
les inégalités sociales sont plus importantes en 2009 dans la Communauté de Caen-La-Mer,
car le revenu déclaré moyen par unité de consommation était de 18 390 €, avec un montant de
6 059 € pour le premier décile tandis que le dernier s’élevait à 36 110 €. À Blainville-sur-
Orne, le revenu déclaré moyen par unité de consommation s’élevait à 18 063 €, le premier
décile à 8 102 € et le dernier à 29 918 €.
En 2009, à Blainville-sur-Orne, les trois quarts des revenus déclarés (73,1 %)
proviennent des revenus salariaux. Cela suit la tendance de la Basse-Normandie et de la
Communauté d’Agglomération Caen-La-Mer
4 Selon l’INSEE, un foyer fiscal imposable est un foyer ayant un impôt à acquitter ou qui ne bénéficie pas d’un
remboursement total des crédits d’impôts dont il dispose.
16
On peut remarquer que le 1er
décile ainsi que le revenu médian étaient supérieurs à
Blainville-sur-Orne, comparés à ceux du Calvados ou de la Basse-Normandie. Alors que le
dernier décile restait toujours plus faible à Blainville-sur-Orne.
En conclusion, il est possible de constater que la commune de Blainville-sur-Orne
présente des indicateurs de richesse inférieurs à ceux des communes avoisinantes (Ranville,
Bénouville et Biéville-Beuville) mais elle suit la tendance nationale. Blainville-sur-Orne est
une commune qui change : elle accueille de plus en plus de cadres qui s’installent dans de
nouveaux quartiers.
Encadré n°5 : Tableau représentant la distribution des revenus déclarés en € par unité de consommation selon
trois déciles en 2009
Blainville-
sur-Orne
Ranville Bénouville Biéville-
Beuville
Calvados Caen-La-
Mer
Basse-
Normandie
1er décile
en €
8 102 Absence
de donnée
Absence de
donnée
13 572 7 292 6 059 7 077
Revenu
médian
en €
18 063 21 485 23 867 26 625 17 927 18 390 17 235
Dernier
décile en
€
29 918 Absence
de donnée
Absence de
donnée
52 842 33 937 36 110 32 250
Source : INSEE
17
Logement Caen-La-Mer
La politique du logement est une priorité, compte tenu de l’augmentation de la
population française (+ 26 % entre 1968 et 2009). Le même constat est effectué sur le plan
local, notamment dans la communauté d’agglomération de Caen-La-Mer, avec une
augmentation de la population conforme au niveau national. De ce fait, le logement est
également l’une des préoccupations des élus de la Communauté d’Agglomération, celle-ci
étant composée de 109 401 logements en 2009. Entre 2010 et 2015, la Communauté
d’Agglomération prévoit la production de 1400 logements par an, dont 480 logements locatifs
sociaux, selon le PLH (Programme Local de l’Habitat) de Caen-La-Mer Caen-La-Mer est
constituée de communes de faible taille. L’espace est principalement voué à l’agriculture qui
subit un mitage lié au logement.
Nous remarquons qu’en France il y a une forte ancienneté d’emménagement des
ménages, soit une installation de plus de dix ans. C’est un phénomène qui se traduit
également dans la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer. Cela s’accompagne d’une
baisse du nombre d’habitants par logement, en raison du vieillissement, de l’augmentation du
taux des divorces et séparations, et des phénomènes de décohabitation.
Plus de la moitié des logements de Caen-La-Mer sont des appartements locatifs, ce qui
n’est pas représentatif du reste de la France, où prédomine la maison en accession à la
propriété. La Basse-Normandie est une région attractive du fait de sa localisation proche du
littoral, la part de résidences secondaires y est logiquement plus élevée que celle de la France
et nettement plus élevée que celle de Caen-La-Mer.
Une part importante des ménages est éligible au parc social et elle représente une part
supérieure à la moyenne nationale. Les logements locatifs sociaux sont majoritairement
collectifs et situés dans les centres urbains, plus précisément à Hérouville-Saint-Clair.
Cependant, l'offre locative en logement social baisse depuis 2000. En ce qui concerne l'habitat
privé, les propriétaires se concentrent dans les zones périurbaines. S’agissant des résidences
principales, la taille du logement est grande (cinq pièces ou plus) avec une évolution
croissante du confort (salle de bain avec baignoire ou douche, système de chauffage central,
etc.).
Les grands logements sont généralement localisés dans le périurbain ; les petits et
moyens davantage dans les centres urbains. Ainsi, le poids des logements dans les centres
urbains baisse au profit des secteurs périurbains qui voient leur part augmenter. En 1975,
trois-quarts des logements se situent dans le centre, aujourd'hui, seulement les deux-tiers. Cela
est dû en partie à l'augmentation des prix du mètre carré qui génère un essoufflement du
rythme des constructions neuves.
Plus on s'éloigne du centre urbain, plus l'usage de la voiture est fréquent. Dans la
Communauté d'Agglomération de Caen-La-Mer, la part des ménages ayant au moins deux
voitures est plus importante que dans la commune de Caen.
18
L'objectif de la politique du logement de la communauté d'agglomération de Caen-La-
Mer est l'accroissement de la production de logements tout en favorisant un habitat maitrisé
s'inscrivant dans une démarche de développement durable. Pour cela, il faut prendre en
compte une mutation sociale s’illustrant par l’accroissement du nombre des étudiants, d’une
population vieillissante, d’une augmentation des divorces ou séparations de couples, qui
créent de nouveaux besoins en matière de logements ; ainsi qu’un mode de vie plus économe,
dans la consommation de l’espace, et plus écologique, dans une préservation de nos
ressources, imposant la multiplication du nombre d’éco-quartiers qui contribuent à améliorer
la qualité de vie.
Blainville-sur-Orne
Avec 5 952 habitants, la population de Blainville-sur-Orne a doublé entre 1968 et
2007. En parallèle, le nombre de logements a augmenté encore plus rapidement. En 1968, on
en comptait 747, désormais la commune en compte plus de 2400.
La commune accueille une forte proportion d’employés et de retraités, représentant
environ la moitié de la population, et elle compte toujours une part non négligeable d’ouvriers
(17,2 %). La typologie de l’habitat y est différente de celle de Caen-La-Mer. En effet, le
paysage urbain de Blainville-sur-Orne est constitué en majorité de maisons, les appartements
constituant seulement un tiers du parc, ce qui reste nettement supérieur aux communes
limitrophes où la part des appartements est insignifiante. Les maisons sont généralement de
grande taille (cinq pièces ou plus) avec un confort qui s’est amélioré entre 1968 et 2009. La
plupart des habitants ont emménagé depuis plus de dix ans, ce qui correspond à la première
période d'urbanisation. Contrairement aux tendances nationale et régionale, le pourcentage de
propriétaires est moins élevé que celui des locataires. Comme pour Caen-La-Mer, Blainville-
sur-Orne bénéficie d'un parc locatif important comprenant une forte proportion de logements
sociaux apparus dès 1920 pour répondre aux besoins des Chantiers Navals.
19
Diplômes et formation
Caen-La-Mer
Dans un contexte national où le renouvellement de plus du quart des actifs est l’un des
enjeux de la prochaine décennie, l’offre de formation doit s’adapter aux mutations de
l’économie. À travers les données disponibles (France, Département, Communauté
d’Agglomération, Commune de Caen) sur les diplômes et formation, nous établirons une
comparaison à différentes échelles afin d'en déduire les enjeux pour l’avenir de
l’agglomération Caennaise.
Un manque d’attractivité régionale qui se répercute sur
l’agglomération
Le nombre d’étudiants en France n’a jamais été aussi important qu’à la rentrée 2009,
avec 2 316 000 étudiants soit une augmentation de 3,7 % par rapport à 2008, ce qui
correspond à la plus forte hausse depuis 1993. Néanmoins, dans l’Académie de Caen, on
enregistre une augmentation inférieure à 1 %, ce qui place Caen dans les quatre académies qui
ont enregistré les plus faibles hausses.
Dans ce cadre, la Communauté d’Agglomération de Caen-La-Mer a un taux de
population scolarisée de plus de dix-huit ans de 15 %, pourcentage qui monte à 20 % pour la
commune de Caen elle-même. Cette dernière rassemble en effet plus de la moitié des
étudiants et élèves de Basse-Normandie alors que la moyenne nationale est presque trois fois
inférieure (7 %). De plus, 47 % des Caennais ont un niveau supérieur au baccalauréat (sept
points au dessus de la moyenne nationale) contre 32 % pour la région.
Un déséquilibre face aux régions voisines
Quel que soit le niveau de diplôme des étudiants, le flux des départs est toutefois
supérieur aux arrivées. Les étudiants sont attirés par l’offre de Ile-de-France ou par celle de
Rennes. ces deux régions rassemblant 80 % du déséquilibre des entrées / sorties pour le
niveau de diplôme post-baccalauréat. La Bretagne attire 1 400 étudiants titulaires d’un
baccalauréat général de plus qu’elle n’en laisse partir vers la Basse-Normandie. L’Île-de-
France présente quant à elle un solde positif d’un millier.
Développer un réseau normand
Les politiques régionales tentent d’inverser ces tendances puisque les deux Normandie
se trouvent aux deux premiers rangs des régions pour leurs parts de budget consacrées à la
formation professionnelle et à l’apprentissage (22 % en 2009 contre 14 % de moyenne
20
nationale). Depuis plusieurs années, les cinq établissements fondateurs du PRES Normand5
unissent leurs forces dans le cadre d’écoles doctorales communes, de laboratoires communs,
de formations co-habilitées, des investissements d'avenir (laboratoires et équipements
d'excellence), de projets partagés, d’une université numérique, et du RUNN (réseau
universitaire numérique normand). Le PRES Normandie-Université s’affirme comme le
second EPCS interrégional. Il regroupe 70 000 étudiants, 4 000 enseignants-chercheurs, 2 200
doctorants, 2 400 personnels ingénieurs, techniques et administratifs et 140 structures de
recherche. Grâce au PRES, les établissements univesitaires normands disposent d’un outil
pour amplifier leurs coopérations, pour conforter l'ancrage interrégional de l'enseignement
supérieur et de la recherche.
Blainville-sur-Orne
Une fracture entre les communes
Blainville-sur-Orne et les communes alentours ont un pourcentage de population de plus de
18 ans scolarisée équivalent à celui de la région (7 %). Pour comparaison, l’agglomération de
Caen a un taux deux fois plus élevé, ce qui nous amène à dire que la deuxième couronne
périurbaine accueille un autre type de population. Toutefois, on enregistre des différences
concernant le niveau de formation. À Blainville-sur-Orne, la proportion d’adultes ayant un
niveau supérieur au baccalauréat, correspond à la moyenne régionale, quinze points en
dessous de Caen. Bénouville et Biéville-Beuville comptent en revanche une population plus
diplômée. Le taux de non diplômés est également très élevé à Blainville-sur-Orne (même si
cela reste inférieur à celui de la région : 20 %). Le pourcentage de personnes d’un niveau
supérieur au baccalauréat y a pourtant augmenté de plus de treize points sur la période 1999-
2009 (deux fois plus qu’à Biéville-Beuville).
Un niveau de diplômes bas
Le faible niveau de diplômes peut s’expliquer par plusieurs phénomènes. Les habitants
de Blainville-sur-Orne sont encore en grande majorité des ouvriers, plus de 52 % (à Biéville-
Beuville, ils ne représentent que 25 % de la population active). Inversement, il y a peu de
cadres à Blainville (2,8 % contre 14 à Biéville-Beuville).
5 Les Universités de Caen, du Havre, de Rouen, et les deux Ecoles d’ingénieurs ENSICAEN et INSA Rouen
21
Un écart qui se ressert
La commune tente d’améliorer son attractivité en développant de nouveaux projets
culturels, avec la Médiathèque construite l’année dernière puis la construction de nouveaux
logements, la réhabilitation de quartiers (quartier des Brandons, quartier de l’Eglise) et en
engageant une opération de reconquête du centre-ville.
Encadré n°6 : Tableau récapitulatif des chiffres INSEE
Blainville Ranville Bénouville Biéville Caen Basse-
Normandie France
% population scolarisée + 18ans
6 % 6 % 7,95 % 7,25 % 20 % 7 % 7 %
% population niveau sup Bac
32,20 % 36,50 % 47,20 % 54,50 %
47,30 %
32 % 40,10 %
évolution sur 10 ans +13 points
+ 7 points
+ 11 points
+ 6 points
+10 points
+ 11 points +11 points
% population niveau Bac +2
17,70 % 21,10 % 30,60 % 37,50 %
31,40 %
18,10 % 24,30 %
% de non diplômés 18,30 % 16 % 10,10 % 8,30 % 16 % 20 % 18,90 %
% population niveau CAP
29,50 % 29 % 27,40 % 19,70 %
19,60 %
26,80 % 23,80 %
Source : INSEE 2012
22
Tourisme et mobilités
NB : le tourisme étant inexistant à Blainville-sur-Orne6, il sera tout de même étudié pour
Caen-La-Mer. Pour Blainville, nous nous pencherons sur les mobilités.
Tourisme à Caen-La-Mer
Les résultats de l’Insee sur le tourisme portent sur l'ensemble de l'hôtellerie, les
campings ainsi que sur les résidences secondaires et les logements occasionnels. Les données
correspondent à l'état du parc au 28 juin 2012.
L’emplacement géographique et les voies de communications permettent aux touristes
de venir aisément à Caen-La-Mer. Plusieurs modes de communications facilitent
l’accessibilité. Par les autoroutes : A13 en direction de Paris, A88 en direction du Mans, A84
en direction de Rennes, par la gare SNCF de Caen ou par l’aéroport de Carpiquet. De plus, un
ferryboat rejoint quotidiennement la Côte de nacre à l'Angleterre, entre Ouistreham et
Portsmouth. Caen-La-Mer, qui est composée de plusieurs communes de taille moyenne, doit
son attrait touristique à Caen, centre historique et touristique. Cependant en 2013, la
communauté d’agglomération, accueillera de nouvelles communes à fort potentiel touristique
comme Colleville-Montgomery et Ouistreham.
Hôtels
Le premier indicateur retenu par l’Insee pour le traitement du tourisme porte sur
l’hôtellerie. Sur Caen-La-Mer, le nombre d’hôtels n’a pas changé entre 2008 et 2012.
Cependant, le nombre d’hôtels étoilés a augmenté. On peut noter que les deux tiers des hôtels
sont homologués deux étoiles. La commune de Caen regroupe les deux tiers des hôtels de
Caen-La-Mer, dont l’hôtel quatre étoiles Ivan Vautier, et 83 % des hôtels trois étoiles. La part
de l’hôtellerie sur Caen-La-Mer représente seulement 10 % de l’hôtellerie en Basse-
Normandie. La clientèle est une clientèle de classe moyenne, le tourisme de luxe se situant
davantage sur la côte normande et ses stations balnéaires renommées : Deauville, Trouville,
Honfleur, Cabourg.
Campings
Le camping est le deuxième indicateur que traite l’Insee. Il existe sept campings sur le
territoire de Caen-La-Mer. La commune de Caen n’accueille pas de camping car c’est un
centre urbain, c'est pourquoi le camping municipal de Caen se situe à Louvigny.
Entre 2008 et 2012, le nombre et la capacité des campings de Caen-La-Mer se sont
stabilisés, contrairement à la Basse-Normandie, où 13 % des terrains ont fermé.
6 D’après les chiffres INSEE de 2009, il n’y a qu’une seule résidence secondaire dans la commune ; les hôtels et
les campings y sont inexistants.
23
Résidences secondaires
L'étude des résidences secondaires est le troisième indicateur sur lequel se base
l'INSEE pour faire état du tourisme à Caen-La-Mer. La notion de résidence secondaire
concerne tout logement en bien propre ou en location meublée, utilisé pour les weekends, les
vacances, ou les loisirs.
A Caen-La-Mer, les résidences secondaires sont principalement réparties dans les
deux communes littorales que sont Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer ainsi qu'à Caen.
Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer comptent respectivement 576 et 529 résidences
secondaires, soit respectivement 35 et 33 % de la totalité des logements de la Communauté
d'Agglomération (CA); et 18 % sont dans Caen. Cette concentration sur la côte n'est pas
surprenante puisque le littoral caennais attire le tourisme balnéaire. En effet, la Basse-
Normandie est au-dessus des moyennes nationales quant au nombre de résidences secondaires
(15,1 % contre 10,6).
Les bâtiments dans lesquels se trouvent les résidences secondaires sont principalement
des maisons individuelles (environ 58 %). Le tourisme balnéaire constitue une large part du
tourisme dans Caen-La-Mer mais on ne vient pas que pour "la mer". Outre les loisirs sportifs,
que permettent par exemple, l'hippodrome à Caen, les golfs à Biéville-Beuville ou à
Louvigny ???? , les bases nautiques d'Hermanville et de Lion-sur-mer, ou bien encore le vélo
sur les nombreux kilomètres de pistes cyclables, Caen-La-Mer attire également des touristes
pour sa culture et son histoire. Cependant, ce type de tourisme est presque exclusivement
localisé dans Caen. Cette prépondérance s'explique par le patrimoine médiéval : château, deux
abbayes, vieux quartiers ainsi que par la présence du Mémorial pour la Paix, qui était en 2010
le quatorzième musée le plus visité de France.
Activités touristiques
Le tourisme dans Caen-La-Mer, qui se développe surtout grâce aux hôtels et aux
résidences secondaires est donc surtout cantonné à la commune de Caen pour l'aspect culturel,
et aux deux communes littorales que sont Hermanville-sur-Mer et Lion-sur-mer pour l'aspect
balnéaire. Les vingt-huit autres communes de la communauté d'agglomération semblent
totalement effacées dans ce domaine. En fait, le tourisme dans Caen-La-Mer dépend
fortement du tourisme bas-normand puisque l'on séjourne à Caen ou sur la Côte, mais que l'on
sillonne l'ensemble de la Basse-Normandie dans la journée, la petite taille de la région
permettant de tels déplacements. L'entrée, au 1er
janvier 2013, des deux communes côtières
que sont Colleville-Montgoméry et Ouistreham représentent donc un enjeu très important d'un
point de vue touristique car elles offrent des prestations inédites : casino et établissement de
Tthalassothéeapie à Ouistreham, marais de Colleville-Montgomery.
24
Mobilité et déplacements de population à
Blainville-sur-Orne
Blainville-sur-Orne est située au nord-est de Caen, à moins de huit kilomètres de son
centre-ville. Elle se trouve sur la route reliant Caen à Ouistreham. Une sortie de voie rapide de
la D 515 permet d’entrer dans la commune, qui est bien desservie par différents moyens de
communication : Twisto, le réseau de transports en commun de l’agglomération caennaise,
dessert Blainville-sur-Orne par les lignes 5 et 19 Express en journée, et la ligne 2 Flexo en
soirée. La ligne 1 des Bus Verts départementaux dessert également Blainville. De plus, au sein
de la commune, piétons et cyclistes peuvent profiter des aménagements en voies douces ainsi
que des deux passerelles piétonnes qui sécurisent le passage vers les différents équipements
publics et vers le canal.
L’étude de la mobilité des habitants d’une commune s’appuie sur plusieurs
indicateurs : le solde migratoire et la part de nouveaux habitants, le taux de motorisation et les
déplacements quotidiens, ainsi que les lieux de travail des actifs et les profils
socioprofessionnels.
Solde migratoire
Le premier indicateur traite du solde migratoire. En 2009, la commune de Blainville-
sur-Orne détient un solde migratoire positif. Il est de 2,2 %, ce qui signifie qu’il y a eu plus
d’entrées que de sorties, contrairement au solde migratoire de Caen-La-Mer qui est négatif,
avec -0,6 %. Blainville est donc une commune qui attire de nouveaux arrivants.
Part des nouveaux habitants
Le deuxième indicateur concerne l’ancienneté d’emménagement dans les résidences
principales. « Blainville-sur-Orne, 14,2 % des résidents ont emménagé depuis moins de deux
ans. Ce taux est élevé, comparé à celui d’autres communes de même taille : seuls 6,5 % des
habitants de Biéville-Beuville et 3,6 % des habitants de Bénouville sont installés depuis
moins de deux ans. Cette différence peut s’expliquer par la construction de nouveaux
logements à Blainville, qui découle d’une volonté politique d’augmenter l’urbanisation. De
plus, à Blainville-sur-Orne, 40,7 % des habitants ont emménagé depuis plus de dix ans, alors
qu'à Biéville-Beuville ou à Bénouville, ils sont respectivement 60 et 75 %.
Déplacements
Les déplacements quotidiens sont influencés par le taux de motorisation des ménages
d'une part, et les flux quotidiens de travail d'autre part.
Taux de motorisation des ménages
25
Les habitants de Blainville-sur-Orne n'ont majoritairement qu'une voiture, alors que
dans les communes alentours, la tendance est à deux voitures ou plus. Sur 2 338 personnes en
âge de conduire à Blainville, 47,4 % n'ont qu'une voiture, et seuls 40 % ont deux voitures ou
plus. À Bénouville et Biéville-Beuville, 35 % n'ont qu'une voiture, mais 60 % ont au moins
deux voitures. À Ranville, les ménages possédant au moins deux voitures constituent 52,3 %
des conducteurs. Ce taux de motorisation plutôt bas s'explique par le fait que cette commune
est bien reliée à l'agglomération caennaise et à la côte, par d'autres moyens que l'automobile :
pas moins de six lignes de transports en commun (bus Twisto et Bus Verts) la traversent. Elle
est également bien équipée en voies douces : deux passerelles piétonnes sont implantées, dont
une au sud qui rejoint le chemin de halage aménagé pour les cyclistes et les piétons, ce qui
permet d'éviter l'usage de la voiture pour les déplacements intra-communaux.
Déplacements professionnels quotidiens C'est au bord du canal qu'est implantée la zone industrielle de Blainville-sur-Orne, où
beaucoup d'habitants se rendent quotidiennement pour travailler : 17,1 % des actifs ayant un
emploi qui habitent la commune y travaillent, ce qui est faible comparé à Caen (59,5 %) ou à
Bénouville (24,2 %), mais plus élevé que dans les communes de Biéville-Beuville (13,4 %)
ou Ranville (16,1 %). Comme la plupart de ces communes, Blainville-sur-Orne est une
"commune dortoir", d'où l'on part le matin et où l'on ne revient que le soir : 80,3 % des
salariés travaillent dans une autre commune du département, dont la majorité à Caen. Cette
tendance s'inscrit dans la moyenne nationale, puisque trois salariés sur quatre travaillent dans
une autre commune que celle où ils résident. L'observation de la D 60 témoigne de ce
phénomène : le trafic y est très dense le matin avant neuf heures et le soir entre dix-sept et
dix-neuf heures. Il est calme durant le weekend.
Population active
Part des actifs
En 2009, à Blainville-sur-Orne, le taux de la population active est de 74,2 % dont 8 %
de personnes au chômage, taux inférieur à celui de 1999 (10,6 %). Le taux de chômage est
supérieur à Bénouville (14,5 %) mais il est inférieur à Biéville-Beuville (6,4 %). La catégorie
d’âge la plus touchée est celle des 25/49 ans avec un taux de 60,4 % au 31 décembre 2011.
Catégories socioprofessionnelles
Toutes catégories socioprofessionnelles (CSP) confondues, les ouvriers représentent à
eux seuls un quart de la population active ayant un emploi, soit six-cent-quatre-vingt-dix-sept
personnes de quinze à soixante-quatre ans comptabilisés dans ce secteur, ce chiffre est à peu
près stable depuis 1999, à l’inverse des professions intermédiaires (de santé, dans la fonction
publique, dans les entreprises…) qui augmentent depuis dix ans. En effet, on comptabilise
cinq-cent-quarente-huit personnes exerçant une profession intermédiaire contre trois-cent-
quarante-huit dix ans plus tôt, ce qui est notable, puisqu'à Biéville-Beuville par exemple, elle
n'a augmenté que de quatorze personnes en dix ans. Mais la tendance de Blainville s'inscrit
dans la tendance nationale, où les populations ouvrières, et surtout, les emplois dans
l'industrie, diminuent, alors que les professions intermédiaires voient leurs effectifs fortement
26
augmenter.
A Blainville-sur-Orne, les secteurs d’activités qui emploient le plus sont l’industrie,
avec 63,2% ainsi que le commerce, les transports et services avec une part d’activité de 20%
ce qui représente une véritable explosion dans ce secteur, car elle n’était que de 8,7% en
1999. Ces chiffres montrent aussi une tendance qui se veut nationale.
Pour conclure, il faut relever que cette commune, traditionnellement basée sur une
économie industrielle, commence à changer avec l’émergence de nombreux actifs de
professions intermédiaires et un solde démographique positif. Cependant on notera que la
majorité des actifs ne travaille plus dans la commune, ce qui explique la forte motorisation
des ménages.
27
Partie 2 :
Diagnostic territorial
de Blainville-sur-Orne
28
Introduction
Habiter Blainville : images et réalités
Le petit village de Blainville-sur-Orne, deux-cent-trente habitants en 1911, connait
une forte croissance en 1918 avec l’implantation du chantier naval sur son port fluvial. En
1925, le site est le plus important des trois établissements de chantiers navals français, des
ouvriers sont recrutés dans toute la France ou à l’étranger. Cette population vient s’installer en
grande partie à Blainville-sur-Orne : la réputation de cité ouvrière est faite. Mais l’activité
décline et le chantier ferme en 1954, laissant la commune dans une situation économique
fragile. Cependant, deux ans plus tard une grande usine d’industrie automobile (SAVIEM
devenue Renault Trucks) s’implante et redynamise l’emploi. Mais le nombre d’emploi a
fortement diminué depuis. Ainsi, en 2009, les ouvriers représentent un quart de la
population active ayant un emploi, alors que dix ans plus tôt ils en représentaient encore un
tiers. Les nouveaux habitants qui ne cessent d’arriver depuis le milieu des années 70
travaillent pour la plupart dans le tertiaire.
Que signifie habiter Blainville-sur-Orne aujourd’hui? Habiter une cité ouvrière, une
petite ville périurbaine ou un peu des deux ? Pour le découvrir, nous avons interrogé les
anciens habitants et les nouveaux, les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes.
Tous sont d’accord sur un point, Blainville a changé. La commune a troqué son image de cité
ouvrière contre celle de petite ville périurbaine « où il fait bon vivre » selon les dires d’un de
ses nouveaux habitants. Mais il faut nuancer : Blainville-sur-Orne a certes un passé ouvrier
fort mais ce n’est pas pour autant une véritable « cité ouvrière » comme on l’entendait au
XIXème
siècle. Dans celles-ci le patron de l’usine, non seulement construit les logements mais
il offre aussi des équipements tels dispensaires, cinémas etc. Tout ceci dans un souci
philanthropique, certes, mais aussi dans un souci de rentabilité du travail. C’est un moyen de
garder à proximité du lieu de production une main d’œuvre disposant de savoirs-faires
spécifiques et de contrôler la vie de l’ouvrier. Cela se traduisait chez ces derniers par un fort
sentiment d’appartenance. Cela n’a pas été le cas à Blainville où les logements ont été
construits par une société d’habitat social qui n’a fait que répondre aux besoins.
29
A l’instar de sa population la réputation de Bainville a évolué. Une habitante de
toujours nous raconte qu’ « avant, personne ne voulait habiter à Blainville. On était considéré
comme des Crafs[1]
. Maintenant, tout le monde s’y précipite. C’est une situation idéale, entre
la ville et la mer. ». Des habitants ayant emménagé plus récemment nous expliquent comment
ils ont dû braver les réticences de leurs collègues de travail quand ils annonçaient qu'ils
venaient s'installer à Blainville-sur-Orne, devant écouter des remarques telles que "c'est la
zone, c'est des ouvriers". Une autre habitante, arrivée il y a vingt ans, témoigne : « on ne
voulait pas venir à Blainville car l’image n’était pas bonne. On nous le déconseillait. On a
attendu mais on a rien trouvé d’autre, alors on s’est dit tant pis on risque ; et on a jamais
regretté. »
Cette image négative a-t-elle un fondement ? Nous avons recueilli les témoignages de
personnes âgées vivant depuis longtemps à Blainville. « Les femmes étaient au foyer, elles
sortaient beaucoup de chez elles, c’était convivial. Tous les hommes travaillaient au même
endroit, tout le monde se connaissait. Il y avait toujours des gens qui parlaient dehors, les
enfants jouaient entre eux. On ne retrouve plus ça maintenant » dit une dame nostalgique. Ils
sont unanimes, le Blainville de leur jeunesse était plus convivial, il y avait une véritable
solidarité entre les familles. Ils parlent d’une petite ville ouvrière agréable, où les habitants
s’identifiaient à leur commune même si l’un d’eux nuance, le sourire aux lèvres «c’est vrai
qu’avant, il y avait une mauvaise réputation, à cause des jeunes bagarreurs ».
Encadré n°1
« Avant, personne ne voulait habiter à Blainville. On était considéré comme des Crafs[1]
.
Maintenant, tout le monde s’y précipite. C’est une situation idéale, entre la ville et la
mer. ». Explique une dame âgée qui a toujours habité Blainville.
[1] Craf : terme familier et péjoratif désignant des personnes vivant à la marge de la société.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
Encadré n°2
«C’est vrai qu’avant il y avait une mauvaise réputation, à cause des jeunes bagarreurs » témoigne
un ancien ouvrier.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
30
Et aujourd’hui qu’en est il ? La réputation s’est grandement améliorée : « Les
habitants de Blainville s’identifient à Blainville, maintenant on a plutôt une bonne
réputation » témoigne un ancien ouvrier venu vivre à Blainville au milieu des années
cinquante. Un autre habitant explique « on ne vit pas dans une ville anonyme. C’est ça qu’est
bien, c’est une ville avec un esprit de campagne. […] Il y a beaucoup de convivialité à
Blainville, les enfants disent bonjour. En ville c’est fini. » Nous-mêmes nous avons été
agréablement surpris lors de notre enquête de terrain, nous avons enregistré un taux de refus
très faible. Beaucoup de Blainvillais étaient ouverts et prêts à nous accorder une dizaine de
minutes pour répondre à notre questionnaire.
Enfin, un ancien ouvrier venu s’installer à Blainville au début des années cinquante
explique que « maintenant la réputation est meilleure. On est bien placé entre Caen et la mer.
Avant les jeunes zonaient, maintenant il y a le local jeune, et les activités proposées par les
associations, ça les occupent, et ils ont le bus pour sortir ». En effet la ville est très riche en
association, elle n’en compte pas moins d’une quarantaine, dont dix-sept fondées après 2004.
Cette vie associative dynamise grandement la commune en proposant des activités sportives
ou culturelles et en organisant des événements comme le téléthon ou le carnaval.
La mairie encourage et soutient ces initiatives. Non seulement en accordant des
financements à ces associations mais aussi en construisant des infrastructures leurs permettant
d’exercer leurs activités, comme le gymnase construit pendant le deuxième mandat (2001-
2008) du maire socialiste actuel, M. Françoise. Il a été élu pour la première fois en 1995,
battant le maire sortant, M. Bayon. Ce dernier fut maire pendant trente ans, il appartenait au
Partie Communiste Français. Aujourd’hui, sur les vingt-neuf conseillers municipaux, vingt-et-
un ont une étiquette socialiste et trois sont communistes. Ce changement de majorité est-il le
témoin d’un changement de population ? Selon une Blainvillaise de longue date « ce
changement de majorité politique est sans doute lié au changement de population […] mais
Encadré n°3
« On ne vit pas dans une ville anonyme c’est ça qu’est bien, c’est une ville avec un esprit de
campagne. […] Il y a beaucoup de convivialité à Blainville, les enfants disent bonjour, en ville
c’est fini. » Patrick, habitant de Blainville.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
31
même si la population a changé, il n'y a pas une si grande différence que ça. Ce n'est plus une
population ouvrière qui arrive, mais ça reste des gens simples. » Tandis que Patrick, un autre
Blainvillais, qualifie la couleur politique de Blainville de « curieuse, ethnologiquement
parlant ». En effet, selon lui, les Blainvillais appartiennent à la « classe moyenne mais le vote
reste quand même à gauche. Aujourd’hui tout le monde a sa carte bancaire. La classe sociale
s’est élevée » Mais bien qu’étant à gauche, le conseil municipal n’est plus communiste, cette
« [élévation] de la classe sociale » pourrait être la raison de ce changement de majorité en
1995. C’est une tendance d’ailleurs bien ancrée : aux dernières législatives le Parti socialiste a
recueilli 73% des voix.
En trois mandats, le maire a mené une politique ayant pour objectif de faire croître la
population de la commune en augmentant le nombre de logement durant son premier mandat
(1995-2001). Axé sur la mixité sociale, la mairie a lancé plusieurs projets de logement social,
tel que le quartier des Brandons. Le deuxième mandat, de 2001 à 2008, a eu pour objectif
l’amélioration des infrastructures axée sur l’enfance et la jeunesse (nouveau gymnase, halte
garderie, court de tennis). Enfin, le mandat en cours se tourne vers la culture, le projet phare
étant la construction de la nouvelle médiathèque. La mairie mène une politique de croissance,
drainant une nouvelle population. Pour cela elle met tout en œuvre pour rendre la commune
attractive, que ce soit au niveau des infrastructures, des activités ou des logements. Tout ceci
participe du changement d’image que nous avons pu observer.
Encadré n°4
« Mais même si la population a changé, il n'y a pas une si grande différence que ça, ce n'est
plus une population ouvrière qui arrive, mais ça reste des gens simples. » Explique une
Blainvillaise d’une cinquantaine d’année.
Source : enquête MUD oct-nov
2012
32
Présentation de la population enquêtée
Après avoir dégagé le contexte général de la commune de Blainville-sur-Orne, nous
avons orienté nos recherches vers cinq grands thèmes qui sont le changement
sociodémographique, le changement économique, le logement, la mobilité et le quartier des
Brandons. Cela nous a conduit à nous diviser en groupes de cinq personnes, l’effectif total de
la promotion de ce master s’élevant à vingt-cinq étudiants. Chaque groupe a élaboré des
questions en lien avec son thème pour aboutir à un questionnaire final comportant trente-neuf
questions.
Dans un premier temps, nous allons utiliser les données communales INSEE afin de
présenter l’échantillon des personnes que nous avons interrogées. Cela nous permettra de
replacer cet échantillon dans un contexte plus large. Notre échantillon se compose de deux-
cent-cinquante-deux questionnaires, dont deux-cent-vingt-sept Blainvillais, ce qui représente
approximativement 4% de la population communale totale (6 052 habitants en 2009). Dix
pour cent des personnes qui ont accepté de répondre ne résident pas à Blainville même mais
plus des trois quarts d’entre elles travaillent dans la commune ou dans une ville limitrophe.
Nous avons localisé les quartiers de résidence des Blainvillais interrogés et nous avons
pu constater qu’il n’y avait aucune corrélation entre cette dernière et la catégorie
socioprofessionnelle ou le revenu, ce qui révèle une hétérogénéité des différents espaces de la
commune.
Répartition de la population enquêtée selon le quartier de résidence
Figure n°1 Répartition de la population enquêtée selon le quartier de résidence
Sur 169 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
35
21
9
3
9 10 7
3 1
10
5 5 3
13
3 6 5
7
1
13
0
5
10
15
20
25
30
35
40
33
Ce graphique met en évidence que le Quartier Colbert est plus représenté que les
autres, car c’est un quartier plus dense.
En étudiant l’ancienneté de résidence des répondants, nous avons pu voir que presque
la moitié d’entre eux vivent à Blainville depuis plus de dix ans (48 %) et dix pour cent depuis
moins de deux ans. On voit que de nombreuses personnes sont arrivées il y a entre cinq et
vingt ans, ce qui correspond à l’afflux de population retrouvé dans les chiffres de l’INSEE
entre 1999 et 2009.
Figure n° 2 Répartition de la population enquêtée selon l’ancienneté de résidence
dans la commune
Sur 225 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
Pour savoir ce qui a poussé les personnes à venir vivre à Blainville, nous avons
cherché à retracer leur parcours résidentiel.
Alors que 22 % des répondants sont natifs de Blainville et ne l’ont jamais quitté, une large
proportion vient de Caen et d’Hérouville (respectivement 21 et 18 %). Pour le reste, 6 %
arrivent d’une commune proche et 10 % habitaient à moins de dix kilomètres avant de venir
s’installer. Enfin 7 % proviennent d’une autre ville du Calvados. Finalement, seuls 10 % des
personnes interrogées ne résidaient pas dans le département avant d’arriver à Blainville.
20 26
59
43
22 20 35
2 0
10
20
30
40
50
60
70
Moins de 2ans
de 2 à 4ans
de 5 à 9ans
de 10 à 20ans
de 20 à 30ans
de 30 à 40ans
40 ans etplus
+ de 10ans nonprécisé
34
Les raisons ayant motivé l’installation sont des raisons familiales, l’accession à la propriété, le
travail (graphique 3).
Figure n°3 Répartition de la population enquêtée selon les raisons d’installation dans la
commune
Sur 190 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
Pour faire en sorte que notre panel soit représentatif, nous nous sommes appuyés sur la
répartition de la population par tranche d’âge.
Comme on le voit sur le graphique 5, il a été difficile de respecter les quotas. Ainsi, il
manque une vingtaine de jeunes et nous avons une vingtaine de personnes de plus de
soixante-cinq ans en trop. Cependant, on peut facilement expliquer cet écart puisque nous
avons délibérément refusé d’interroger les moins de quinze ans. En effet, ceux-ci n’avaient
pas souvent d’avis clair et, surtout, ils ne possédaient que très rarement les informations qui
nous intéressaient.
41 22%
40 21%
36 19%
34 18%
13 7%
6 3%
4 2%
4 2%
4 2%
8 4%
raison familiales
Accès à la propriété
Foncier moins cher et plus grand
travail
Pour le cadre (tanquilité, campagne,accès)né et vécu ici
Pour la proximité avec Caen
raisons personnelles
Suite à un évenement (divorce, quitteles parent)Autre
35
Figure n° 4 Répartition de la population
communale par tranche d'âge en 2009
Source :INSEE 2009
Figure n° 5 Répartition de la population enquêtée
par tranche d'âge en 2012
Sur 251 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
Les répondants sont en légère majorité des femmes (56 %). On peut voir dans le graphique 6
qu’elles sont plus âgées en moyenne que les hommes. De plus, la plupart des personnes
interrogées ont entre vingt et soixante-quatre ans, ce qui correspond aux tendances
communales relevées par l’INSEE.
1704 29%
3592 60%
656 11%
- 20ans
20 à64ans
65ansetplus
41 16%
82 33%
85 34%
43 17% - 20 ans
20 à 40 ans
41 à 64 ans
Figure n° 6 Répartition de la population enquêtée selon le sexe et l’âge
Sur 249 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
22
19
38
44
37
47
13
29
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
homme
femme
âge -20 âge de 20 à 40 âge de 41 à 64 âge + 65
36
Concernant les catégories socioprofessionnelles, nous avons interrogé moins
d’ouvriers et de professions intermédiaires que dans les statistiques de l’INSEE. A l’inverse
les employés et les scolaires sont surreprésentés.
Figure n° 7 Répartition de la population active
communale selon la catégorie socioprofessionnelle
en 2009
Source : INSEE 2009
Figure n° 8 Répartition de la population enquêtée
selon les catégories socioprofessionnelles en 2012
Sur 252 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
On a pu constater que la répartition homme/femme dépend beaucoup des catégories
socioprofessionnelles, ce qui correspond aux tendances nationales. A Blainville, il y a plus de
femmes retraitées et employées, alors que les ouvriers sont très majoritairement des hommes.
4 0%
138 3%
335 7%
604 13%
1065 23%
814 17%
1039 22%
720 15%
Agriculteurs
Artisans,commerçants,chefs d'entreprise
Cadres et professionsintellectuellessupérieuresProfessionsintermédiaires
Employés
Ouvriers
Retraités
Autres personnessans activitéprofessionnelle
1 0% 18
7% 14 6% 13
5%
76 30%
17 7%
59 24%
43 17%
11 4%
Agriculteurs
Artisans,commerçants
Cadres
ProfessionsintermédiairesEmployés
Ouvriers
Retraités, Inactifs
Scolaires
Chômeurs
37
En parallèle à la question sur catégorie socioprofessionnelle, nous avons demandé la
profession du conjoint dans les cas où la personne interrogée vivait en couple.
Figure n° 10 Catégorie socioprofessionnelle du conjoint de l'interrogé
Sur 134 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
3 2% 12
9%
13 10%
6 4%
47 35%
13 10%
29 22%
1 1%
10 7%
Agriculteurs
Artisans,commerçants
Cadres
Professions intermédiaires
Employés
Ouvriers
Retraités, Inactifs
Scolaires
Chômeurs
Figure n° 9 Répartition de la population enquêtée selon le sexe et la catégorie socioprofessionnelle
Sur 250 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
1
7
7
3
32
17
18
21
7
0
11
8
11
52
1
40
21
4
0% 20% 40% 60% 80% 100%
CSP agriculteur
CSP arti-commerçants
CSP cadre
CSP prof. Interméd.
CSP employé
CSP ouvrier
CSP retraité/inactif
CSP scolaire
CSP chomeur
homme femme
38
Le graphique 10 ne concerne que les personnes en couple mais il est parlant. À
l’exception des scolaires, on y trouve approximativement les mêmes proportions que sur le
graphique 8. Ces deux graphiques mettent ainsi en lumière un phénomène d’homogamie
sociologique.
Le graphique 11 présente la structure familiale des ménages de Blainville d’après les
données de l’INSEE de 2009 tandis que le graphique 12 représente la structure familiale de
notre échantillon, mesurée sur deux-cent-trois personnes. Les deux graphiques sont assez
différents : les ménages d’une personne sont surreprésentés dans notre échantillon alors que
les couples avec enfants sont sous-représentés en comparaisons des données de l’INSEE. Ce
résultat peut s’expliquer par le fait que les personnes avec enfants avaient sans doute moins de
temps à nous accorder.
Figure n° 11 Répartition de la population communale
selon le type de ménage en 2009 (Insee )
Source : INSEE 2009
Figure n°12 Répartition de la population enquêtée
selon le type de ménage en 2012 Sur 203 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct-nov 2012
581 10%
1261 21%
3446 58%
596 10%
44 1% Ménages d'une
personne
un couple sansenfant
un couple avecenfant(s)
une famillemonoparentale
Autres ménagessans famille
54 27%
56 27%
79 39%
14 7%
Ménages d'unepersonne
Couple sansenfant
Couple avecenfant
Famillemonoparentale
39
La dernière question concernait les revenus. Nous avons décidé de finir par ce sujet car nous
sentions bien qu’il pouvait mettre mal à l’aise. Il fallait donc choisir le moment où l’interrogé
était le plus en confiance. Malgré cette précaution nous avons eu un taux de refus de 17%.
Le graphique 13 informe sur les revenus mensuels des ménages de l’échantillon.
Ceux-ci paraissent relativement bas, surtout à l’échelle d’un foyer. Notre échantillon se
caractérise par des revenus qu’on peut qualifier de modestes et moyens, ce qui se retrouve
dans les statistiques de l’INSEE. En effet, les habitants de Blainville-sur-Orne ont des revenus
plus faibles que ceux des communes avoisinantes.
Enfin, une série de questions nous a permis de connaitre les habitudes des Blainvillais,
ainsi que leur vision de la commune, ces aspects seront détaillés dans les autres chapitres.
Figure n°13 Revenu mensuel des ménages de la population enquêtée (en
euros)
Sur 205 réponses exprimées Source : enquête MUD oct-nov 2012
31 15%
72 35%
81 40%
10 5%
3 1%
8 4%
Moins de 1200
1200-2000
2000-4000
4000-6000
Plus de 6000
Sans revenu
40
Le changement sociodémographique sous
l’œil des habitants
L’exploitation des questionnaires nous a permis de constater que la majorité des
personnes vit en couple avec enfants, est employée et a un revenu modeste. En parallèle à ces
résultats, nous savions également que la commune avait un passé ouvrier du fait de la
présence d’usines. Aujourd’hui, bien que la majorité des emplois existant à Blainville-sur-
Orne soient des emplois ouvriers, les questionnaires ainsi que les données de l’Insee, nous ont
montré que les habitants, n’étaient plus en majorité des ouvriers mais plutôt des employés
travaillant dans le secteur tertiaire. À cette évolution, s’ajoute celle du nombre d’habitants
dans la commune : Blainville-sur-Orne est en expansion démographique ; la population a
augmenté d’un tiers entre 1999 et 2007. Il y a donc eu un changement de population au cours
de la fin du vingtième siècle et le début du vingt-unième siècle que ce soit en terme
sociologique ou démographique.
Ce changement perçu à partir de données quantitatives, a-t-il été ressenti par les habitants de
la commune ? Si oui, comment a-t-il été perçu ? Afin de répondre à ces questions nous avons
laissé la parole aux habitants de Blainville-sur-Orne. Nous avons donc écouté les témoignages
d’anciens ainsi que ceux de personnes arrivées plus récemment, actrices de ce changement.
C’est au travers de ces récits, que nous avons tenté d’établir un portrait plus affiné.
Le Blainvillais, un nostalgique ?
Les premiers habitants rencontrés sont des personnes âgées, nées à Blainville-sur-Orne
et y ayant toujours vécu, ou y vivant depuis plusieurs décennies. La plupart de ces personnes
nous ont affirmé que l’ambiance avait changé. Ces personnes racontent une convivialité, une
entraide du Blainville passé qui, elles l’affirment, a disparu. Le Blainvillais était celui qui
saluait ses voisins, qui échangeait avec les autres habitants et qui passait l’essentiel de son
temps hors de chez lui. Ceux-ci ont changé, regrettent les anciens, « ils se renferment sur
eux-mêmes, ne sortent plus de chez eux », les gens ne se côtoient plus. Ils expliquent que les
nouveaux habitants ne font que dormir dans la commune, sans vraiment y vivre. « Le
Blainville de maintenant n’est plus du tout pareil ; avant c’était un village d’ouvriers et de
commerces. Maintenant, il y a moins de commerces, c’est mort, il n’y a personne. C’est
devenu une ville dortoir ! C’est à cause de la télé, des grandes surfaces, et du groupe
scolaire. Avant, il y avait plusieurs petites écoles, c’était plus vivant » nous explique un
habitant né à Blainville-sur-Orne il y a soixante-dix ans.
41
Il faut cependant préciser que ce discours semble général, et ne pas concerner les seuls
habitants de Blainville-sur-Orne. En effet, ces personnes semblent adresser une critique à
l’encontre de l’ensemble de la société contemporaine. L’image qu’ils se font des habitants de
Blainville-sur-Orne, est finalement leur image de la société actuelle. Une société qu’ils jugent
de plus en plus individualiste.
Ces dernières années, la commune a connu des opérations de rénovations
immobilières. Pour accueillir une population en augmentation, des programmes de
constructions ont été mis en place et de nouveaux lotissements ont vu le jour. Ces opérations
ont donné un nouveau visage à la commune, regretté par certains et applaudi par d’autres. À
cet égard, les anciens ont là aussi semblé profondément nostalgiques. S’ils semblent
s’accorder sur la nécessité des rénovations, ils regrettent que l’ancienne tradition
architecturale n’ait pas été respectée. Cela s’identifie pour eux à une certaine perte d’identité.
Néanmoins, malgré ces critiques, ils s’accordent sur le fait que le confort apporté par ces
divers travaux facilite leur vie quotidienne.
Sur l’expansion de la commune en termes démographiques, les personnes âgées ne
comprennent pas toujours l’objectif recherché. Ils s’interrogent sur la nécessité d’étendre la
commune, c’est-à-dire de créer de nouveaux logements, si ceux qui les habitent ne se
rencontrent plus. Les anciens de Blainville-sur-Orne formulent un regret récurrent ; celui de
la sociabilité qui régnait dans la commune de leur jeunesse. Ils apparaissent comme des
personnes nostalgiques du « pays » de leur enfance, comme ils aiment à l’appeler. La majorité
des gens enquêtés mettent l’accent sur le changement de rapport entre voisins.
Le Blainvillais, un périurbain ?
Il ne fait pas de doute qu’un changement est à l’œuvre dans la commune de Blainville-
sur-Orne, l’étude comparative de données de l’Insee avec nos questionnaires ainsi que les
témoignages de personnes vivant depuis plusieurs décennies dans la commune confirment
Encadré n° 5
« Le Blainville de maintenant n’est plus du tout pareil ; avant c’était un
village d’ouvriers et de commerces. Maintenant, il y a moins de
commerces, c’est mort, il n’y a personne, c’est devenu une ville dortoir !
C’est à cause de la télé, des grandes surfaces, et du groupe scolaire, avant
il y avait plusieurs petites écoles, c’était plus vivant »
Un habitant né à Blainville il y a soixante-dix ans.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
42
cette évolution. La commune s’urbanise afin d’accueillir toujours plus d’habitants exerçant en
majorité dans le secteur tertiaire.
L’extension de cette nouvelle urbanisation au voisinage de l’agglomération de Caen évoque-t-
elle pour autant un phénomène de périurbanisation ? La périurbanisation désigne un processus
d’expansion de la ville vers les campagnes environnantes, cela de manière diffuse dans un
espace qui garde plus ou moins un caractère rural. La périurbanisation s’explique par l’envie
de devenir propriétaire, de disposer d’espace extérieur ainsi que par la motorisation et l’accès
à des prêts à long terme. Les communes en périphérie des grandes villes offrent à la fois une
proximité des lieux de travail et de loisir, des prix immobiliers plus abordables et un cadre de
vie agréable. Se demander si une commune est périurbaine, c’est donc étudier sa forme
spatiale mais aussi étudier ses habitants. Peut-on retrouver les caractéristiques du résident
périurbain chez un Blainvillais ? Peut-on décrire les habitants de Blainville-sur-Orne comme
des périurbains ? Cette qualification concerne-t-elle seulement une partie d’entre eux ?
Contrairement aux personnes âgées qui ont expliqué vivre à Blainville-sur-Orne parce
qu’elles y étaient nées, les nouveaux arrivants ont fait le choix de s’installer à Blainville-sur-
Orne. Ce choix manifeste t-il des caractéristiques propres de la périurbanisation ? Leurs
habitudes confirment-elles qu’ils sont des périurbains ?
À entendre ces habitants, leur choix de vivre dans cette commune s’explique par la recherche
d’un compromis entre la proximité de Caen ou d’Hérouville-st-clair et la recherche d’un lieu
plus calme, moins urbain. Ils souhaitent rester proches de Caen mais aussi d’Hérouville, deux
villes où se localisent le plus souvent, leurs lieux de travail, de loisirs, ou d’achats. Ces
indications révèlent donc un mode de vie plutôt urbain.
Néanmoins, à la recherche d’une vie plus calme, notamment pour les familles, ils ont choisi
de s’installer dans une commune plus rurale. Ils ont alors concentré leurs recherches sur le
secteur nord de Caen et d’Hérouville-Saint-Clair. Ce secteur présente l’avantage de se situer
entre la ville et la mer tout en offrant un cadre de vie « plus vert ».
Pour les personnes désireuses d’acquérir un bien immobilier, le critère financier a aussi été un
élément fondamental. Le prix des terrains est souvent plus bas qu’à Caen qu’à Hérouville ou
dans les communes voisines. L’accès à Caen ou à Hérouville est rapide grâce à la présence
d’une « quatre-voies » et d’un boulevard périphérique. Ajoutons à cela la présence d’une
desserte par les bus Twisto et les bus verts qui peut se révéler un avantage pour les familles
comptant des adolescents.
Ces éléments incitent à conclure que l’habitant de Blainville-sur Orne a un profil de
périurbain. Finalement, le choix de son logement se fonde sur une comparaison des avantages
et des inconvénients avec les communes voisines et non sur un attachement particulier à
Blainville. On peut donc peut-être douter du fait qu’il se sente Blainvillais à part entière.
D’après les récits de ces nouveaux venus, cette proposition est toutefois à nuancer.
Plusieurs des habitants ont confié être plutôt satisfait de leur vie à Blainville-sur-Orne. Ils ont
ainsi expliqué qu’ils s’étaient intégrés facilement à la commune, notamment grâce à la vie
associative. Certains d’entre eux ont également affirmé que leurs voisins étaient de véritables
amis, et qu’une confiance s’était établie. Une habitante installée en 2003 raconte : « le
lotissement dans lequel j’habite me semble idéal. Nous avons la chance de nous connaitre
43
tous et de pouvoir s’aider en cas de besoin. Nous sommes six couples et à tout moment, dans
toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des rapports plus qu’amicaux depuis plus
de cinq ans maintenant ».
Nous ne pouvons donc pas conclure que le Blainvillais serait centré sur la cellule
familiale et indifférent à son voisinage. Il s’intéresse à la vie de la commune, à ses voisins
mais la configuration de l’espace urbanisé, qui ne cesse de s’étendre, restreint sans doute
cette communication à la rue ou aux quartiers. Néanmoins, selon quelques témoignages,
certains quartiers semblent, moins vivants que d’autres et ils donnent une impression de
« quartiers dortoirs » où les voisins ne se connaissent pas. Une femme explique : « Ma maison
est à la jonction de trois lotissements, c’est une rue très passagère où les gens roulent vite.
On ne connait aucun voisin, alors qu’avant on vivait dans une maison jumelée dans un autre
quartier. On parlait avec plein de monde, on appréciait. Ici, les gens sont chez eux, ils se
croisent moins. Même notre voisine qui est arrivée avant nous ne connait personne. La fête de
quartier n’existe plus dans notre nouveau quartier ».
Ainsi, la convivialité n’aurait pas forcément disparue, mais elle prendrait une nouvelle forme.
D’après les dires de personnes interrogées, certains quartiers seraient représentatifs d’une
population spécifique. Le portrait du Blainvillais serait donc lié à son lieu de résidence dans la
commune.
Les quartiers Le Belem et Terre de Nacre ont par exemple la réputation d’être des « quartiers
chics » où vivraient des Blainvillais plus aisés. Le quartier Colbert serait celui des retraités
constituant une classe moyenne ou pauvre.
Encadré n°6
« Le lotissement dans lequel j’habite me semble idéal. Nous avons la chance de nous
connaitre tous et de pouvoir s’aider en cas de besoin. Nous sommes six couples et à tout
moment, dans toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des rapports plus
qu’amicaux depuis plus de cinq ans maintenant »
Une habitante installée en 2003.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
Source : enquête MUD oct-nov 2012
44
Le Blainvillais de demain ?
Une nouvelle population arrive avec ses aspirations, ses besoins ses désirs, ce qui obligera
à une adaptation des commerces et des services. La projection spatiale de ce changement va
certainement se traduire par l’implantation de commerces de grande surface, par la
rénovation ou la construction de nouveaux appartements et de maisons adaptées. De ce fait, le
parc privé risque de se développer plus vite que les logements sociaux, jusqu’ici très
représentés. Une femme a souligné cet aspect : « C’est bien, bien pour l’image de la ville mais
ça va attirer des gens riches car qui dit rénover, dit plus cher. J’ai peur que Blainville ne
devienne comme les autres communes, il y aura Leclerc et d’autres grandes surfaces. Cela va
tout bouleverser. »
L’analyse de ces propos et le résultat d’une projection sur les quinze prochaines années
concernant la variation des effectifs des CSP représentées laisse croire qu’il y’aura davantage
de cadres qui viendront s’installer à Blainville. Pour cette future population, il faudra des
logements confortables, adaptés à la nouvelle urbanité. C’est sûrement l’une des raisons qui
explique les actuelles opérations de rénovation et de construction. Cependant, une distorsion
socio-spatiale reste envisageable dès lors que les bâtiments rénovés coûtent plus chers et que
les anciens locataires ne sont pas forcément relogés. Ils sont juste bénéficiaires de primes de
délogement et presque tous réinstallés dans le quartier Colbert. De ce fait, ces nouveaux
logements accueilleront pour la plupart une population plus aisée que la précédente.
Encadré n°7
Q31. Que pensez-vous des nouvelles opérations de reconstruction du centre-ville de
Blainville –sur –orne (reconstruction d’immeubles, Colbert et Lamberville) ?
« C’est bien, bien pour l’image de la ville mais ça va attirer des gens riches car qui dit
rénover, dit plus cher. J’ai peur que Blainville ne devienne comme les autres communes, il
y’aura Leclerc et d’autres grandes surfaces. Cela va tout bouleverser. »
Source : enquête MUD oct-nov 2012
45
Au vu des différents témoignages et de la diversité de leurs auteurs, il apparait difficile de
dresser un portrait-type du Blainvillais. Ce sont des personnes qui viennent d’horizons
différentes : souvent des natifs pour les plus anciens, des nouveaux arrivants venus de
communes voisines, des autres régions voire d’un autre pays. Les raisons qui les ont poussés à
s’installer à Blainville sont différentes et ne sont pas toujours lié à un besoin de campagne ou
à l’envie de devenir propriétaires.
Figure n° 14 Variation des éffectifs pour les CSP représentées dans la commune de
Blainville entre 1999 et 2009
Source : INSEE 2009
0
64
249
62 41
7
67
-4
-50
0
50
100
150
200
250
300
46
Ainsi certains Blainvillais ont de la nostalgie pour le passé industriel de la commune.
Ceci montre donc une évolution dans la vie économique. N’y a-t-il pas là, un phénomène de
tertiarisation ? Qu’elles en seraient ses particularités ? En parallèle, les modes de vie ont
récemment beaucoup évolué avec notamment le développement de la mobilité. Ce processus
a-t-il eut des conséquences sur l’économie blainvillaise notamment sur son tissus
commercial ? Enfin la commune a connut une forte croissance démographique lié à l’arrivé de
population recherchant un cadre de vie spécifique. Ainsi les besoins en services à la personne
ont augmenté. Avons-nous ici le développement d’une économie résidentielle ?
47
Blainville : Mutation de l’économie
locale et de l’offre de service
Une économie résidentielle dynamique
Une relation forte entre le commerçant et l’habitant
Les commerces et les services publics constituent des éléments importants de la vie
économique. En effet, la vie locale est rythmée par la fréquentation des commerces et des
services. À Blainville-sur-Orne, leur utilisation est importante car selon notre enquête, seuls
19 personnes sur 253, ne se rendent pas dans les commerces et services publics de Blainville
alors que 80 d’entre eux les utilisent quotidiennement.
Cette fréquentation est représentative d’une satisfaction générale. Selon les propos
recueillis, le rapport entre habitants et commerçants est cordial, voire convivial grâce à la
proximité et à l’amabilité de ces derniers. De plus, l’offre proposée permet d’avoir accès à
tous les produits de première nécessité. Le lieu privilégié pour effectuer le plus gros des
achats reste pourtant le centre commercial d’Hérouville. Cependant, ce sont les commerces et
services de Blainville qui sont les plus appréciés car ils sont représentatifs de l’idée de
commerce comme « lieu de rencontre ».
Figure n°1 : la Médiathèque et l’Express U du centre-ville
Source: photo MUD oct-nov 2012
48
Les services publics (administratifs, enseignement, santé) ont aussi un rôle important
dans la commune. Les administrés sont satisfaits des services de la mairie et du centre
communal d’action sociale (CCAS), notamment son implication pour les personnes âgées.
La police municipale, très visible, semble jouer un rôle dans les bonnes relations entre
les habitants. Par exemple, leur travail au moment de la sortie des écoles semble très apprécié.
Les enseignements dispensés en maternelle, primaire et collège sont réputés mais des
problèmes disciplinaires sont souvent évoqués, ce qui semble être néfaste. Par exemple, un
jeune homme de vingt trois ans nous a dit subir des réflexions lorsqu’il fait son jogging
devant le collège.
Figure n°2 : les commerces de la place de l’Eglise
Source: photo MUD oct-nov 2012
Figure n°3 : Mairie de Blainville-sur-Orne
Source : photo google image
49
Une offre de service à nouveau satisfaisante
Notre sondage a révélé que les habitants ont vu une amélioration de l’offre de
commerces et de services dans la commune à hauteur de 58,4 %. Il faut pourtant nuancer ce
constat car nos entretiens ont révélé des divergences de points de vue. La fermeture de petits
commerces comme les cafés, le changement du « Mutant » en « Express U » ont laissé un
goût d’amertume pour de nombreux habitants. En effet, les prix étaient moins élevés, il y
avait un meilleur rapport humain avec les commerçants puisque la taille des magasins était
plus petite. L’offre de commerce semble s’être diversifiée et sa qualité s’être améliorée
(ouverture d’une banque, d’un supermarché) mais elle ne semble pas faire l’unanimité car elle
n’est plus adaptée aux budgets les plus modestes.
De plus, l’accessibilité à ces lieux est différenciée selon le lieu d’habitation. Certaines
parties de la commune, spécialement les logements pavillonnaires au nord, sont désavantagées
car les transports publics y sont moins présents. Au contraire, pour les logements récents du
centre-ville (résidence Colbert, les Brandons…) le temps moyen pour accéder aux commerces
est d’environ cinq minutes à pied. Ceci a des effets sur les modes de consommation des
habitants du nord de la commune, qui utilisent plus fréquemment les commerces et les
services d’Hérouville.
50
Figure n°4 : Temps d’accès aux commerces
51
Via les entretiens, nous avons pris connaissance de souhaits individuels. Aux yeux des
habitants, ce qui manque le plus ce sont des magasins de vêtements, d’électroménager ainsi
qu’un laboratoire afin d’éviter d’aller systématiquement dans les communes voisines. De
même des lieux de rencontres comme une salle des fêtes, un café, un parc ont été demandés.
Même si divers souhaits ont été exprimés, il n’en demeure pas moins que l’offre existante est
satisfaisante pour la majeure partie de la population, comme l’illustre les 60 % de réponses
positives.
L’offre existante est de plus en plus tournée vers les services à la personne. C’est ce
qu’on appelle l’économie résidentielle. Ce type d’économie est satisfaisant pour les personnes
enquêtées. Un phénomène identique est-il visible pour l’offre associative ?
149
96
Oui Non
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Trouvez-vous les commerces et services suffisants à
Blainville-sur-Orne
Figure n°5 : La qualité des commerces et services dans la commune. Panel 245personne
Source : enquête MUD oct-nov 2012
52
De nombreuses associations pour un succès
relatif
Un riche tissu associatif
La commune de Blainville compte 37 associations qui portent sur des thèmes aussi
variés que le sport, la culture, les loisirs ou la solidarité. Cette diversité est illustrée par
l'USMB (Union Sportive Municipale Blainvillaise) qui compte aujourd'hui 16 sections allant
du football, au judo en passant par l'escalade. Récemment, une section hockey sur gazon
vient de rejoindre l’union. Lorsque nous avons demandé aux personnes interrogées si elles
connaissaient des associations, plus de la moitié ont répondu positivement.
Si les associations sont connues des habitants, une faible proportion d’entre eux en
sont membres. Sur l'échantillon des personnes interrogées, seulement 4 personnes sur 10 ont
déclaré en faire partie.
154 98
Connaissez-vous une association à
Blainville?
Oui
Non
Figure n°6 : La connaissance du milieu associatif par les
Blainvillais. Panel de 245 personnes
Source : questionnaire MUD
53
Cette absence d'engagement suit une tendance nationale. Les chercheuses Edith
Archambault et Viviane Tchernonog du Centre d’économie de la Sorbonne CES-CNRS, ont
réalisé une publication rassemblant des chiffres issus de sources diverses D’après leur étude
près de 45 % des plus de 18 ans sont membres d’une association. La faible fréquentation ou le
faible engagement dans les associations ne caractérise pas spécifiquement le territoire
communal blainvillais. Cependant, nous avons essayé de comprendre les caractéristiques de
l’engagement associatif.
Un engagement relatif
D’après les entretiens, un clivage s'établit entre les attentes des personnes âgées
et celles des plus jeunes. Lors d’une rencontre avec plusieurs personnes à la retraite, celles-ci
nous ont avoué être relativement déçus par la faible implication des nouveaux arrivants. L'une
d'entre elles nous a même donné un exemple.
Encadré n°1
« Pour une manifestation nous avons envoyé 750 courriers d'invitation aux familles. Nous
n'avons reçu qu'une trentaine de réponses..., c'est décourageant… »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
71
181
Êtes-vous membre de l'une
d'entre elle?
Oui
Non
Figure n°7 : L’engagement des blainvillais dans le
tissu associatif local. Panel de245personnes
Source : enquête MUD oct-nov 2012
54
Encadré n°2
« Si on ne fait partie de rien ici, on perd les gens de vue, mais on a besoin de se connaître, de
voir du monde, c'est plus sympa de voir du monde! Certains de mes anciens collègues ne font
plus rien et ne voient plus personne ».
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Ils se félicitent d'ailleurs de l'engagement très fort pour certaines associations telle
l'ARPA, association des retraités et de personnes âgées. La commune de Blainville dénombre
selon eux plus de 750 personnes de plus de 60 ans. Il ne faudrait pas oublier cette tranche de
population qui a un réel besoin de s'investir. Ils regrettent cependant que les générations plus
jeunes adoptent un comportement de consommation.
Encadré n°3
« Ils profitent des associations mais ne les font pas vivre, ils viennent aux repas mais ne
participent pas aux activités. Beaucoup de gens sont inscrits dans plusieurs associations, et
nulle-part en même temps. Ils ne s'investissent pas vraiment ».
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Encadré n°4
« Le grand nombre d'associations renforcent peut-être l'identité, mais les associations
tournent autour d'un centre d'intérêt, il n'y a pas d'associations autour des gens, des relations
humain .Il n'y a pas d'ouvertures ».
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Pour les jeunes, il existe de nombreuses activités sportives liées aux différents
équipements d’accueil, le local jeune par exemple, qui est réservé au moins de 14 ans. Le fait
qu’il soit réservé à cette tranche d’âge pose un problème à certains habitants qui ont noté que
les plus de 14 ans ne possèdent pas de lieux de rencontres.
55
Un soutien communal fort
Dans le but de faciliter l’accès des plus jeunes aux associations, plusieurs partenariats
existent entre les écoles et les associations. C'est le cas par exemple avec la Médiathèque, qui
permet aux enfants de pouvoir emprunter des livres sur le temps scolaire. Les associations
sont soutenues par la Mairie qui leur met à disposition des locaux. Dans les rues de Blainville,
on remarque en outre plusieurs panneaux lumineux d’informations. Les associations qui le
souhaitent peuvent ainsi communiquer sur leurs activités.
Les infrastructures relativement récentes qui ont été créé à l’initiative de la Municipalité
contribuent aussi au bon fonctionnement et à la qualité du milieu associatif.
Encadré n°5
« La Mairie est à l'écoute et essaie d'agir. Ce n'est donc pas un hasard de retrouver beaucoup
d'associations ».
Source : entretiens MUD oct-nov 2012
Figure n°8: le panneau d’information de Blainville-sur-
Orne
Source photo MUD oct-nov 2012
56
Le tissu associatif local est riche en dépit d’un engagement relatif des Blainvillais. Ce
dernier est parfois expliqué par l’apport de nouvelles populations qui sont faiblement
impliqué dans la vie associative. Ces nouveaux habitants amènent aussi des changements dans
l’économie locale. Quels sont-ils ?
D’une économie locale industrielle à une
économie résidentielle
Cette citation illustre l'héritage industrialo-portuaire qui subsiste dans les mémoires
des Blainvillais. Celui-ci résulte de deux entreprises emblématiques que sont les Chantiers
navals Caennais et Renault Véhicules Industriels (RVI) devenu Renault Trucks. Néanmoins,
des changements économiques apparaissent : la tertiarisation qui s’accompagne d’une
expansion du marché local.
Encadré n°6
« Avant il y avait une réputation de ville ouvrière, aujourd’hui on le perd petit à petit. je suis fière
D’être Blainvillaise, je n’ai pas honte »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Figure n9: Gymnase de la commune
Source: photo MUD oct-nov 2012
57
RVI, chantiers navals : un héritage industrialo-portuaire
Après la seconde guerre mondiale, un grand nombre de navires de commerces
disparaissent. Dès 1917, le gouvernement français souhaite palier cette perte. C'est ainsi que
Blainville-sur-Orne accueille les Chantiers navals Caennais. L'activité de construction de
cargo cesse en 1954.
Peu de temps après, la Société Anonyme de Véhicules Industriels et d'Équipements
Mécaniques (SAVIEM) lance sa production sur l’ancien site des chantiers navals. La
SAVIEM devient Renault Véhicules Industriels (RVI) en 1980. En 2002, RVI prend la
dénomination Renault Trucks. Blainville-sur-Orne a été porté tout au long du vingtième siècle
par ces deux sociétés à tel point qu’il constitue une bonne part de l'image de la commune. Ces
deux entreprises, au delà de l'aspect historique, offrent une manne fiscale importante. Celle-ci
permet de subvenir aux besoins de la population via de nombreux équipements, des services
publics et de financements associatifs. Les Blainvillais sont conscients de ces avantages. Les
nuisances occasionnés par les activités provenant de la zone industrialo-portuaire leur
semblent donc marginales au regard des avantages procurés.
Cette citation met en lumière la particularité de Blainville-sur-Orne. La césure crée par
le canal, isole la zone industrialo-portuaire de la zone de logements et de commerces. Par
conséquent, la perception des pollutions semble minime.
Encadré n°8 :
« Le déchargement de céréales génère des poussières ; le recyclage des ferrailles est
bruyant... Mais je défends le fait que l'on peut trouver des points qui réconcilient l'activité
économique et les citoyens. »
Source : discours de Daniel Françoise, maire de Blainville-sur-Orne, Ouest France,
25/10/2012.
De fait, RVI et les chantiers navals nourrissent une conscience collective. Cependant, selon
les « anciens », celle-ci semble décliner au fur et à mesure que la population se renouvelle.
Encadré n°7
« Carpiquet est plus aisé encore, mais on n’est pas mal. »
« Grace à Renault Trucks, on paye moins d’impôts [...] On a les avantages sans les
inconvénients de la zone industrielle »
Source : entretien MUD 2012
58
Encadré n°9 :
« Les grosses entreprises font la fierté de Blainville. »
« Aujourd'hui, les gens sont trop étrangers à la commune, ils ne connaissent pas son
histoire. »
« Il y a de moins en moins d'ouvriers, de plus en plus de techniciens supérieurs, l'identité
ouvrière meurt. »
« Les entreprises sont de l'autre côté du canal, on a l'impression que c'est à Colombelles,
mais ça appartient bien à Blainville. La zone industrielle nous appartient même si elle est
délocalisée. »
Source : entretien oct-nov 2012
Depuis l'arrivée des nouvelles populations, les catégories socioprofessionnelles des
Blainvillais évoluent considérablement. Ainsi, les pratiques, les usages et les besoins de la
population changent. D’où une tertiarisation de l’économie.
Processus de tertiarisation et tissu économique hétérogène :
entreprise d'économie résidentielle et globale
Les demandes des nouveaux arrivants ont engendré une nouvelle offre économique.
Cette expansion démographique récente entraîne un regain de l'économie résidentielle après
une période de fermeture des commerces. À titre d'exemples, les services de santé se sont
développés, un nouveau supermarché Leclerc est également en cours. Le phénomène est
double. D'une part, il touche les entreprises, d'autre part il affecte l’emploi des Blainvillais,
qui appartiennent majoritairement à l'administration publique et au tertiaire privé.
59
Encadré n°10 :
« A une époque, RVI embauchait 7500 salarié. Aujourd'hui, RVI n'embauche plus » « Avant,
tout le monde travaillait là bas, dans la zone. » « Les jeunes aujourd'hui de la commune
travaillent plus à l'extérieur. »
« Encore beaucoup de gens travaillent à RVI »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Commentaire :
Le secteur industriel décroit mais conserve toujours une place dans la vie économique de
Blainville.
Malgré la tertiarisation, la commune reste industrielle avec la présence de Renault
Trucks. Ce phénomène est accompagné d’un développement des petites et des moyennes
entreprises telles que : Caen auto négoce, Caennaise des bois, Carrière de la roche Blain,
CEMEX béton, etc. Les secteurs d'activités sont variés, les principaux étant le bois,
l'exportation de céréales, le bâtiment et les travaux publics. Le port de Caen-Ouistreham dans
lequel est intégré le site de Blainville est ainsi le quatrième de France pour l’importation des
bois exotiques provenant notamment du Golfe de Guinée.
Encadré n°11 :
« Le port n'est pas mort, il se développe, mais l'usine RVI se casse la figure.»
« A terme, il y aura surtout des petites entreprises sur le port. »
« La plupart des employés sont des Blainvillais, les patrons sont souvent aussi des
Blainvillais. »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
14 1
50
58
6
Dans quel secteur travaillez-vous ?
Industrie BTP
Agricole
Administration Pub
Tertiaire Privé
Autre
Figure n°10 : Le secteur d’activité dans lequel travaillent les Blainvillais. Panel de 129
personnes.
Source : enquête MUD oct-nov 2012
60
Blainville-sur-Orne est partagée entre le secteur tertiaire et le secteur industriel.
Résulte de cette bipolarisation un questionnement sur les choix économiques futurs.
Perspectives économiques Après avoir analysé les caractéristiques des entreprises blainvillaises, une question
subsiste. À quel modèle économique peut être rattaché Blainville-sur-Orne ? Différents
projets sont à l'étude ou prêt à être mis en place. Ceux-ci vont cependant dans des voies
différentes. Si la municipalité et son maire ont récemment accueilli le terminal des conteneurs
et prévoient une extension du port, un centre commercial est également prévu. Pour mieux
comprendre les perspectives qui s’ouvrent pour la commune. Nous allons la comparer avec
Colombelles. Ce choix nous sommes pertinent car celle-ci fut également une ville industrielle
avant sa reconversion.
Vers un développement accru du port
La zone industrialo-portuaire a un rôle important, que ce soit dans la mémoire des
Blainvillais, financièrement ou encore économiquement. D'abord prévu sur le bassin de Calix,
un projet de terminal de conteneurs d'un montant de trois millions d'euros sera lancé en mars
2013. Celui-ci consiste en l'accueil de deux ou trois navettes par semaine. Entre dix mille et
quinze-mille conteneurs par an seront ainsi transportés, soit autant de camions faisant escale à
Blainville-sur-Orne. À terme, les Ports Normands Associés (PNA) qui ont envisagé ce projet
avec la Région, espèrent jusqu'à soixante-dix-mille conteneurs par an. Une douzaine
d'emplois directs ainsi qu'une quarantaine d'emplois indirects seront créés. Cette nouvelle
activité ne devrait pas générer d’encombrement sur les quais selon le maire. Une extension
jusqu'à la limite communale de Bénouville est également à l'étude. Il semble donc que des
idées émergent, allant vers un futur marqué par un développement de cette zone industrialo-
portuaire.
Le port de Blainville est installé sur un bras de terre reliant Caen à la mer. Cette particularité
est à préserver selon le maire. Sur une rive, le développement de l'habitat est une priorité alors
que sur l'autre, le but est de maintenir l'activité économique.
Colombelles et sa reconversion économique : un élément de
comparaison
Au sein de l'agglomération caennaise, plusieurs communes ont les mêmes
caractéristiques économiques que Blainville-sur-Orne. C'est le cas de Colombelles. Son passé
est marqué par une entreprise. Si pour Blainville-sur-Orne il s'agit des constructions navals et
de la SAVIEM, en ce qui concerne Colombelles c'est la Société métallurgique de Normandie
(SMN).
La SMN, lancée en 1917, exploitait le minerais de fer. Elle ferme ses portes en 1993, qui fut
vécue comme un chaos économique et social par la population car le chômage de masse et des
friches industrielles se développèrent sur le territoire communal. La commune a donc du se
reconvertir. Le secteur industriel a laissé la place aux nouvelles technologies avec
l'implantation du campus Effiscience lancé en 2005 ainsi qu'à l'agro-alimentaire avec
61
Normandial. Ces nouveaux aménagements ont été réalisés au même endroit que les anciens
locaux de la SMN.
Lors des entretiens, une question quant à l'avenir de Blainville a permis d’exprimer des
souhaits mais aussi des inquiétudes. Un habitant de plus de soixante ans redoute de voir
Renault Trucks fermer ses portes. Si cela arrivait, il ne sait comment Blainville-sur-Orne s'en
relèverait. Pour une autre personne, le secteur industriel n’est plus le secteur créateur
d’emploi.
Encadré n°12 :
« Il faudrait surement chercher dans les technologies nouvelles »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Cependant, si l'histoire des deux communes a des points communs, le souvenir de la
SMN dans les mémoires paraît plus fort à Colombelles. Où il existe une identité construite
autour de la SMN. A l'inverse, parler d'identité à Blainville-sur-Orne est sans doute une
exagération. Il existe une conscience collective lié au passé ouvrier qui reste de mise chez les
plus anciens habitants. Une hypothèse pour comprendre cette différence tient au fait que
l’industrie est toujours présente à Blainville-sur-Orne. Une mémoire collective ne peut donc
se développer dans ces conditions. Il n’est en outre pas possible de développer un marketing
territorial autour de cette idée comme le fait la mairie de Colombelles.
Quoi qu'il en soit, la dynamique de la commune de Blainville est indéniable, le
terminal de conteneurs ainsi que le développement du port le prouvent. Elle est renforcée par
le développement du secteur tertiaire. Ainsi, un centre commercial doit s'implanter dans les
mois qui viennent.
Un projet controversé
Un projet de centre commercial a été mis à l'étude et a obtenu une autorisation à la fin
du mois de juin 2011. Cet établissement, à savoir un centre E.Leclerc, doit s'implanter le long
de la quatre-voies allant de Caen à Ouistreham, dans la zone d’activité « Terre d'avenir ». Le
bâtiment, d'une superficie de 4 380 mètres carrés, sera constitué d’un magasin E.Leclerc et
d'une galerie marchande de 580 mètres carrés. Le projet, implanté sur cinq hectares, prévoit
Figure n°11 : Image du futur centre E.Leclerc.
Source : Ouest France, 16/11/12
62
de créer une centaine d'emplois directs. Cependant, celui-ci connaît plusieurs freins juridiques
à son aboutissement. Du côté des habitants les avis divergent quand à l’opportunité d’une telle
réalisation.
Une procédure d'acceptation semée d'embuches
Plusieurs enseignes issues du même secteur d'activité ont posé un recours devant le
Conseil d'Etat au mois d'août 2012. Les requérants sont notamment le Simply Market de
Bénouville, le Super U d'Hérouville-Saint-Clair ou d'autres commerçants de Bénouville. Le
Conseil d'Etat dispose d'un délai de dix-huit mois pour rendre sa décision. Si, selon le maire
de la commune, aucun Blainvillais n'a porté de recours contre le Leclerc, le porteur du projet,
Frédéric Laisney, a reconnu qu'une dizaine de commerçants blainvillais l'avaient initialement
fait avant d’abandonner la procédure.
Auparavant, le projet a connu d'autres difficultés qui ont retardés les travaux. À
l'origine, la zone commerciale devait être complétée par un magasin de sport et par un autre
vendant des produits biologiques. Cependant, ce projet initial a été refusé par la commission
départementale d'aménagement commercial (CDAC) au mois de septembre 2010, Bénouville,
commune limitrophe avec Blainville-sur-Orne, possédant déjà une zone commerciale. Le
projet a donc dû être redéfini pour obtenir l’autorisation.
L'avis des habitants : entre espoir et craintes
De nombreuses personnes ont signalé le projet du E.Leclerc lors du passage des
questionnaires. Nous avons donc voulu connaître le ressenti de la population au travers
d’entretiens.
Encadré n°13 :
« On sait bien qu'il y a une guéguerre entre les communes » « Le Leclerc, c'est pas encore
fait ».
Source : entretiens MUD oct-nov 2012
Les Blainvillais semblent majoritairement enthousiastes quant à l'implantation d'une
telle enseigne. Nombreux sont ceux qui y voient un avantage de proximité qui permettra
d'éviter de prendre la voiture pour se rendre au Carrefour d'Hérouville-Saint-Clair ou au
Simply Market de Bénouville. Les termes « espoir » et « attente » ont souvent été repris par
les habitants interrogés. De plus, un avantage financier significatif apparaît, une grande
surface étant moins cher qu'un épicier.
Encadré n°14 :
« Le Leclerc va permettre d'éviter de prendre la voiture. Et pour les gens qui ont une petite
retraite qui n'ont pas les moyens de se payer deux steaks, c'est important de ne pas avoir
seulement un charcutier car ça coûte cher, chez le charcutier ». « Il faut penser aux petits
budgets »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
63
Mais des inconvénients ont été évoqués. Les commerçants blainvillais du centre ainsi
que l’Express U pourraient être affectés par le futur Leclerc. Le porteur du nouveau projet
répond à ce problème en donnant la priorité à ces commerçants pour s'installer dans la galerie
marchande. Selon une personne avec laquelle nous nous sommes entretenus, la municipalité
aurait le projet de construire des logements à proximité du futur centre commercial. Cela suit
l'objectif des dix mille habitants avancé par le maire de la commune. Or, cet afflux de
population fait peur à certains Blainvillais car la proximité entre les gens ainsi que la
conscience collective risque de disparaître progressivement.
Encadré n°15 :
« Le Leclerc, ça va faire mal au Super U, et les petits commerces, ils vont mourir. »
« Le Leclerc, ça va faire venir des gens. » « Le maire, il veut dix mille habitants mais c'est pas
ce qu'on veut. On se connaît tous, on veut que ça reste comme ça. On va se perdre de vue. Il y
a déjà des nouveaux arrivants, on les connaît même pas, ils partent le matin et ils reviennent
le soir. »
Source : entretien MUD oct-nov 2012
Nous pourrions dire que, concernant les perspectives économiques, Blainville-sur-
Orne vise plusieurs axes de développement. D'une part, renforcer son rôle de lien entre Caen
et la Mer par le développement du port. D'autre part, développer l’économie résidentielle pour
capter le pouvoir d’achat des nouveaux habitants. Le projet du Leclerc et sa centaine
d'emplois illustre cette deuxième option.
64
Blainville-sur-Orne a connu de grands changements dans sa structure économique.
Des équipements tels que les commerces, les services, les associations, répondent aux besoins
d’une population dont les caractéristiques et les centres d’intérêt ont changé. Répartis en
différents lieux, ils animent la commune d’une façon nouvelle. Ils suscitent également des
déplacements de populations, plus ou moins importants et réguliers. Ces déplacements
concernent : la consommation, les loisirs, les relations sociales, etc.
Ces changements ont-ils eu des conséquences sur les déplacements des Blainvillais ?
Ces derniers sont-ils différents selon les domaines d’activités et les motivations ?
Par sa position dans l’agglomération, Blainville et ses équipements subissent
l’influence des communes proches, notamment celle de Caen. Cette position influence-t-elle
les déplacements des Blainvillais ? Quelles grandes tendances qui se dégagent lorsqu’il s’agit
de les décrire ?
Pour répondre à ces questions il semble important d’observer comme se construisent
les mobilités des Blainvillais.
65
La mobilité des habitants de
Blainville-sur-Orne
Dans cette partie, nous allons étudier la mobilité des habitants de Blainville-sur-Orne.
Cette question est primordiale pour une commune atteinte par le « mal français » de la
périurbanisation. Blainville se trouvant dans l'aire urbaine caennaise, on peut supposer que
celle-ci a une influence sur les déplacements pendulaires. La mobilité ne s'arrête pas à la
mobilité extra-communale. L’échelle intra-communale doit également être prise en compte.
Que ce soit pour la mobilité communale ou pour la mobilité à plus petite échelle,
l'usage de l'espace se caractérise par l'utilisation des transports dits « doux », c'est-à-dire les
transports en communs avec les bus verts du département du Calvados, les lignes Twisto de
Caen-La-Mer ou encore la marche à pied et le vélo avec une piste cyclable qui relie Caen à la
mer en passant par Blainville. La mobilité concerne également les transports motorisés
individuels qui sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre et qui se caractérisent par une
individualité chronique dans cette « bulle » de déplacement que constitue l’automobile. À
travers nos observations, nous pouvons nous demander si le transport motorisé n'est pas
privilégié par la population. La bonne desserte routière qui relie Ouistreham au périphérique
Caennais en passant par Blainville-sur-Orne ainsi que la place importante laissée à la voiture
semble renforcer cette idée. Celle-ci a des conséquences importantes sur la mobilité, qu’elle
soit extra-communale ou intra-communale.
Nos propos ont été développés à partir de notre enquête de terrain. Celle-ci est
caractérisée par des questionnaires ainsi que par des entretiens. Dans ces derniers, une carte
mentale a été demandée à certains habitants pour que ces derniers représentent
schématiquement leur mobilité. Nous découperons notre propos en trois parties en lien avec
les trois tranches » d'âge enquêtées. Nous verrons, dans un premier temps, le rapport à la
mobilité des jeunes puis celui des actifs et enfin celui des plus de soixante ans. Tout cela dans
le but de répondre à notre problématique : La mobilité est-elle différente selon ces classes
d’âge?
66
Pour les jeunes Blainvillais: des
déplacements contraints
Dans une première partie, nous allons étudier la mobilité des adolescents de quinze à
vingt ans. L'étude que nous allons développer, se réfère à l'analyse des questionnaires
administrés car nous avons été dans l'incapacité d'obtenir des entretiens pour cette tranche
d'âge. Par ailleurs, la quasi-totalité des quinze-vingt ans interrogés est originaire de la
commune ou y réside. Avec ce constat, nous avons émis l'hypothèse que les jeunes de quinze
à vingt ans étaient peu mobiles, surtout en direction du centre-ville de Caen. Pour vérifier
cette hypothèse, nous allons analyser les lieux, les moyens et les causes de ces mobilités.
Des déplacements majoritairement intra-communaux
Hormis pour les lieux de consommation, les jeunes Blainvillais, pour leurs loisirs ainsi
que pour leurs relations sociales, restent au sein de la commune (36 et 33 %) ou bien
fréquentent Caen et son centre-ville (32 et 28 %). Cela renforce l'entre soi des jeunes qui,
comme nous l'avons noté, sont pour la plupart originaires de la commune. En second lieu,
l'attraction vers Caen semble se vérifier, au vue du fort pourcentage de jeunes reconnaissant
aller fréquemment à Caen pour leurs loisirs ou pour voir leurs amis. Cet attrait peut
notamment se justifier par le peu d'activités proposées à Blainville-sur-Orne. Ce vide, ainsi
qu'une forte mobilité intra-communale, peuvent être des éléments pour comprendre les causes
de la délinquance dont nous ont fait part plusieurs habitants.
Encadré n°1
« Depuis, qu'on est jeune, on nomme ce quartier (auprès du collège) Chicago car il y a
beaucoup de délinquance, vols de voitures, feux de poubelles,... »
Cet homme habitant près du collège, perçoit ce quartier, qu'il nomme aussi « cassos land »,
comme un lieu de rassemblement pour les jeunes, qui occasionne des nuisances. C'est par
ailleurs la principale cause de son déménagement. Cela nous renseigne aussi sur la mobilité
intra-communale des jeunes qui semble se concentrer autour du centre-bourg, plus
précisément du collège.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Pour la consommation, c'est Hérouville-Saint-Clair, avec son centre commercial qui
vient en tête des réponses (36 %), suivi par la commune de résidence (30 %). Il y a donc une
logique de proximité pour la consommation, ce qui corrobore le fait que les jeunes sont peu
mobiles. Par ailleurs, l'hypothèse que Blainville-sur-Orne est plus fréquentée pour la
consommation qu'Hérouville-Saint-Clair n'est pas absurde, malgré ce résultat. On peut penser
67
que les jeunes interrogés ont répondu pour leurs parents qui, en majorité, réalisent leurs
courses au centre commercial Carrefour comme nous le verrons dans les parties suivantes.
Cette hypothèse, qui aurait pu se vérifier avec quelques entretiens supplémentaires,
renforcerait l’idée d’une forte mobilité intra-communale.
Pour appréhender, la mobilité de cette tranche d'âge, une donnée (omise dans nos
questionnaires) est importante : le lieu de scolarisation. La mobilité des jeunes, tout comme
celle des actifs, est fortement liés à leurs déplacements pendulaires. Ainsi, ils vont tous les
jours de la semaine au collège ou au lycée, ce qui représente une grande part, voire la totalité
de leurs déplacements quotidiens. Pour les collégiens, les déplacements sont courts étant
donné que l'établissement se trouve dans la commune. Ainsi, jusqu'au lycée, la quasi-totalité
des déplacements est intra-communale, du moins durant la semaine. Pour les lycéens, qui
représentent la majeure partie des interrogés, le lycée de secteur est Dumont-d'Urville à Caen
mais beaucoup vont à Salvador-Allende à Hérouville-Saint-Clair. La mobilité quotidienne est
alors augmentée et dans ce cas elle devient extra-communale.
Une utilisation des modes de déplacements doux
La grande majorité des jeunes utilisent les transports en commun (44 %), notamment
pour se rendre au lycée. Cette tranche d'âge est celle qui utilise le plus les transports en
commun. Pour les collégiens, la marche à pied est quotidienne pour l'accès à l'établissement.
Elle représente 22 % des modes de déplacements, faisant de cette tranche d'âge une des plus
mobiles à pied, ce qui conforte la forte tendance à la mobilité intra-communale. Au sein de la
commune, elle est à dominante pédestre car ces jeunes, ayant au maximum vingt ans, sont peu
à posséder le permis de conduire. Ils utilisent la voiture pour 25 % de leurs déplacements,
pourcentage que l'on pourrait sans doute réduire étant donnée l'ambiguïté du questionnaire à
ce sujet. Dans les réponses peuvent être intégrés les déplacements effectués en voiture avec
les parents. Le rapport à la voiture est alors éphémère et aléatoire.
À noter aussi que seuls 7 % des jeunes déclarent utiliser le vélo qui semble pourtant
adapté aux déplacements intra-communaux, d’autant que les infrastructures permettant la
pratique cyclable sont présentes dans la commune et permettent même de relier Ouistreham.
Cependant, comme nous l'avons montré plus haut, les jeunes ne se rendent que très rarement à
Ouistreham, préférant le centre-ville caennais pour leurs activités extra-scolaires, ce qui peut
être un facteur d'explication de la faible utilisation du vélo.
Une mobilité tributaire de nombreux facteurs
Après avoir étudié les lieux et les modes de déplacements des jeunes, il faut tenter d'en
synthétiser les causes pour en dégager une logique.
Les déplacements pour cette tranche d'âge sont le plus souvent subis ou tributaires de facteurs,
réduisant la liberté de mouvement. Ce constat est bien entendu valable pour la mobilité extra-
68
communale mais il affecte peu les déplacements au sein de la commune. Comme nous l'avons
vu plus haut, l'utilisation de la voiture est, dans la plupart des cas, tributaire des parents ou des
proches, ce qui restreint la mobilité autonome. Les jeunes trouvent une échappatoire dans les
transports en commun qui leur permettent de se rendre en ville. Cependant, quelques
contraintes subsistent. Tout d'abord, le nombre de bus passant quotidiennement semble
insuffisant aux dires des habitants, ce qui amoindrit la mobilité des jeunes. La durée minimale
d'un trajet entre Blainville-sur-Orne (Mairie) et Caen (arrêt Saint-Pierre) est en effet de trente-
sept minutes en prenant la correspondance du tram à Hérouville-Saint-Clair. On peut rajouter
quinze minutes si l'on prend le bus sans correspondance. Pour le même trajet, l'automobiliste
met quasiment deux fois moins de temps (vingt minutes maximum). Cet exemple montre que
les jeunes sont aussi défavorisés en ce qui concerne la durée des déplacements, notamment
pour leur destination extra-communale favorite, le centre-ville de Caen.
Encadré n°2
« Les bus sont trop long. La ligne 5 fait beaucoup trop d'arrêts jusqu'à Caen...j'utilise la
voiture jusqu'à Hérouville-Saint-Clair pour ensuite prendre le tram, c'est plus rapide ».
Cette habitante dénonce la faible fréquence des transports en commun à Blainville-sur-Orne.
Elle concède toutefois une amélioration depuis la mise en place d'une ligne express, qui reste
moins rapide que la voiture. Le « périple » des jeunes ne possédant pas de voitures est donc
bien long pour se rendre dans Caen.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Ces difficultés jouent sans doute sur la perception de la distance entre Blainville et
Caen par cette tranche d'âge. Ce « pseudo-éloignement » renforce encore la mobilité intra-
communale. Néanmoins cela ne réduit pas l’aspiration à la mobilité de ces jeunes.
Les jeunes Blainvillais subissent une mobilité contrainte, ce qui réduit les distances et les
fréquences de leurs déplacements. Faisant de ces jeunes des « captifs » du périurbain (pour
reprendre les termes de Lionel Rougé, enseignant-chercheur à l'université de Caen), ces
contraintes ont aussi pour conséquence de faire des jeunes une des tranches d'âge les plus
hétérogènes du point de vue des modes de déplacements. En effet, la voiture ne prime pas et
tous les moyens sont bons pour se rendre à destination. Cette situation semble donc contraire
à celle des actifs qui favorisent les déplacements en voiture. Nous allons tenter de le vérifier
dans une deuxième partie.
69
Figure n°1 : Carte de fréquentation pour les « 15-30 »ans
70
Les actifs privilégient les déplacements
individuels
Dans cette deuxième partie nous allons étudier les rapports à la mobilité des actifs.
Pour la plupart, l'installation à Blainville-sur-Orne s'est réalisée en fonction de la situation
géographique. En effet, que ce soit pour aller travailler, faire ses courses ou se divertir, le lieu
en question ne se trouve pas à Blainville mais dans une commune à proximité, bien desservie
par les axes routiers.
Nous développerons nos propos en trois points. Tout d'abord nous verrons que la place
de la voiture est vitale pour cette tranche d'âge, puis nous analyserons les différents lieux
fréquentés et enfin, dans une troisième partie, nous analyserons la mobilité intra-communale
de cette population.
Un véhicule individuel indispensable
La voiture est le mode de déplacement privilégié pour la majorité des habitants de
Blainville-sur-Orne toutes tranches d'âge confondues. La grande majorité des foyers possède
deux voitures et rares sont ceux n'ayant aucun véhicule motorisé. 101 des personnes
interrogées possèdent deux véhicules, tandis que seulement 23 personnes n'en n’ont pas. Mais
la relation avec la voiture est encore plus marquée chez les actifs. En plus d'être utilisée pour
les différents déplacements extra-communaux, elle l'est aussi pour les déplacements de
proximité (56 % du total des déplacements, 48 % pour les personnes âgées, 45 % pour les
jeunes). À contrario les déplacements « doux » sont beaucoup moins utilisés par les actifs. Par
exemple, le déplacement à pied est utilisé par 39 % des jeunes et par 44 % des « seniors »
alors que chez les actifs ce déplacement n'a été cité qu'à 30 %.
71
Encadré n°3
« Aujourd'hui la police municipale utilise même la voiture pour faire cent mètres, pour aller
jusqu'à la sortie de l'école, alors qu'avant ils se déplaçaient à pied. De toute façon,
maintenant, tout se fait en voiture. »
Cette phrase peut illustrer le changement de représentation de cette mobilité individuelle,
tout est dit dans cette citation. Aujourd'hui, il semble que les mentalités tendent vers le tout
automobile surtout dans ces communes péri-urbaines où l’utilisation de la voiture est une
nécessité.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Encadré n°4
« Pour aller à Hérouville tu mets quatre minutes en voiture alors que tu mets presque vingt
minutes en bus. Pareil pour aller dans le centre de Caen, tu mets pratiquement trente
minutes de plus en bus qu'en voiture. En plus y'en a pas tout le temps, des bus, et c'est pas
donné. »
Les habitants possédant une voiture sont amenés à l'utiliser pour chaque déplacement.
Selon eux, les transports en communs sont encore trop peu développés dans leur commune
de résidence.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Les entretiens réalisés avec des actifs sont sans équivoque. Pour tous, la place de la
voiture est très importante. Elle s'avère même indispensable du fait, comme nous le verrons
par la suite, de réseaux de transports insuffisants et de commerces et de services trop peu
nombreux, même si en amélioration. Sur ce point, la commune de Blainville est tout de même
bien mieux lotie qu'une commune comme Bénouville qui s'apparente bien plus à une
commune « dortoir ». Mais le « rêve français » de la maison individuelle, surtout pour une
commune comme Blainville se situant entre la mer et la ville, accompagné par une
« métropolisation » qui s'accentue, donne à la voiture une place de plus en plus importante du
fait de la distance entre les lieux résidences et les lieux de fréquentations. La voiture semble
de plus indispensable pour ces actifs qui cherchent toujours plus de rapidité et trouvent dans
ces communes périurbaines une facilité d’accès. Pour se rendre au travail, les habitants n'ont
pratiquement pas d’autres choix que la voiture. En effet, 135 sondés prennent leur voiture
quotidiennement. Pour les commerces ainsi que pour les loisirs, la voiture arrive également en
tête.
72
Une multiplicité de lieux fréquentés
La voiture semble donc indispensable aux actifs. La mobilité automobile s'explique
par la multiplicité des lieux fréquentés, que ce soit pour le travail, les lieux de consommation,
les lieux de divertissement ou encore le lieu des relations sociales. Seuls les habitants
travaillant dans la commune (41 personnes) ont la possibilité de se déplacer uniquement dans
Blainville. La plupart des personnes interrogées travaillent toutefois dans l'agglomération
caennaise et plus particulièrement dans sa première couronne (cent soixante-six personnes).
Mais les déplacements extra-communaux ne se limitent aux seuls mouvements
domicile-travail. On trouve dans nos questionnaires une multiplicité de lieux fréquentés pour
la récréation ou la consommation. On remarque que les lieux de consommation sont
étroitement liés aux lieux de travail en notant tout de même les actifs citent Blainville comme
un lieu de consommation pour plus de la moitié d’entre eux. Ceci s'explique par les
commerces de proximité présents dans la commune. En effet, « on trouve de tout à
Blainville-sur-Orne » comme disent la plupart des habitants. Cependant, malgré ces
commerces de proximité, la quasi-totalité des personnes interrogées trouve l’offre trop
réduite, ce qui les amène à fréquenter des lieux différents. On note que les déplacements sont
de plus en plus éloignés. Pour les actifs entre quarante et soixante ans les lieux de
consommation se résument à Hérouville-Saint-Clair, qui arrive à égalité avec Blainville. En
revanche pour les actifs entre vingt et quarante ans, Hérouville-Saint-Clair, se trouve en
dernière position des communes citées. Après Blainville, on trouve plutôt l’ensemble de la
périphérie Caennaise, Ouistreham et d’autres lieux plus éloignés. Ces lieux, alors qu'ils
n'étaient presque pas évoqués par les quarante-soixante ans, montrent que les déplacements se
diversifient. Quant aux loisirs, ces actifs citent leur commune de résidence mais aussi d’autres
communes de l'agglomération.
Pour se rendre compte de la multiplicité des lieux fréquentés, la question de la
mobilité en lien avec les relations amicales et familiales est significative. En effet, pour ces
actifs, Blainville n'arrive pas en tête des réponses. « Autour de Caen » et « Caen » sont les
deux réponses les plus fréquemment faites. Blainville, comme on nous l'a dit lors des
entretiens, est surtout « pratique » pour aller au travail, à la mer ou faire ses courses. En plus
de nos questionnaires et en complément des entretiens, nous avons également réalisé des
cartes mentales qui sont très représentatives pour les actifs,
Il faut noter que Caen est rarement représentée, plutôt sa périphérie. Comme l'explique
un habitant, cela est peut-être dû au fait que les places de stationnement y sont trop onéreuses
et que le bus est trop long pour arriver à destination. La mobilité de ces personnes s'apparente
donc à une mobilité d’agglomération caennaise avec une faible fréquentation de la ville
centre. Ils sont donc amenés à se déplacer en périphérie, là où le véhicule individuel est le seul
moyen adapté.
73
Encadré n°5
« Les gens des beaux quartiers ont les a jamais vu, juste en voiture quand ils rentrent du
boulot. Et les « cas-sociaux » non plus, il y a trop de délinquant dans cette ville »
Il semble, à travers ces propos, que les clivages entre les différents quartiers existent. Les
habitants semblent seulement liés à leurs quartiers sans jamais fréquenter les autres. La mixité
sociale semble insatisfaisante dans cette commune. Cela signifierait que les habitants ont
peu de contacts entre eux.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Une mobilité intra-communale quasi-inexistante
Dans cette troisième sous-partie, nous allons parler de la mobilité intra-communale des
actifs de la commune de Blainville-sur-Orne. Est questionnée ici la participation des habitants
à la vie communale et la mobilité entre les différents quartiers. Nous avons traité cette
question au travers d’entretiens et en analysant les questionnaires qui montrent que cette
mobilité est faible.
Prendre sa voiture pour aller au travail, aller au centre commercial faire ses courses,
acheter le pain en voiture parce qu'on l'a oublié, enfin rentrer chez soi résume la vie de ces
actifs péri-urbains qui ont une forte mobilité automobile mais une mobilité de proximité
quasi-inexistante. Pour développer cette mobilité la municipalité à un rôle important à jouer
notamment dans la création d’événements.
74
Encadré n°6
« Avant les gens pouvaient se retrouver il y avait plein de fête organisées. Maintenant il
n'y a plus rien. Il y a plus de sous ils disent. Ils utilisent juste ces sous pour faire des
nouveaux bâtiments. Il n'y a même pas de marché. S'il y avait ça les gens se
rencontreraient mais il n'y a rien dans cette commune sans vie. […] Même quand je veux
voir quelqu'un, je suis obligé de le recevoir, il n'y pas d'endroit pour se rencontrer ici. […]
Je crois que le seul lieu de rencontre ici c'est soit le U de Blainville ou le centre
commercial d'Hérouville. »
Ces paroles sont très révélatrices. La commune financerait des projets pour attirer de
nouveaux habitants sans réelle volonté de créer une vie communale. Il n'y a même aucun
espace public ou lieu de rencontre dans la commune. Comme si tout était conçu pour que
l'individu mène une vie paisible et loin des autres. Les habitants ont le sentiment de
seulement se croiser et les lieux de sociabilités se résument au supermarché.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Les actifs de Blainville-sur-Orne sont représentatifs d’une commune-dortoir. C’est
exclusivement leur mobilité extra-communale qui crée leurs sociabilités. Dans Blainville, ces
habitants ont le sentiment de se croiser mais ils ne regrettent pas cette vie car ils cherchent la
tranquillité. Pour beaucoup d’entre eux, ils éprouvent une certaine « angoisse » à vivre « en
ville », comme il a souvent été dit. La maison ou l'appartement, au calme mais proche de la
ville, entraîne une forte mobilité spatiale rarement accompagnée d'une mobilité de proximité.
Pour inverser cette logique, dynamiser la vie communale ou repenser le service des transports
en commun semble indispensable. Les jeunes actifs ayant une plus forte mobilité extérieure
que les actifs » les plus âgés, ce qui induirait que ce phénomène s'accentue. C'est ce que nous
allons voir dans une troisième partie avec la mobilité des plus de soixante ans.
75
Figure n°2 : Carte de fréquentation des actifs
76
Figure n°3 : Carte mentale d’un actif, 35 ans, chauffeur routier
L’utilisation de la voiture lui fait dire que la plupart des lieux fréquentés sont plus ou moins
équidistants : Hérouville-Saint-Clair, Caen Sud et Ouistreham. Il trouve également que Caen
est aussi loin que ce qu’il appelle la « campagne », en rapport avec le temps qu’il met pour y
accéder, il les fréquente peu.
77
Des déplacements raisonnés
Troisième tranche de notre étude ; les soixante ans et plus dont les pratiques ont
permis d’entrevoir différemment la question de la mobilité. Les déplacements de cette
catégorie de population ne sont pas aussi fréquents que chez les actifs et ils sont plus
économes. De même, leur perception de « la grande ville » est différente.
Une commune de résidence attractive mais fragmentée
Au vu des trois domaines dans lesquels nous enquêtons (consommation, loisirs,
relations sociales), une tendance se dégage. Les seniors sont ceux qui restent le plus -dans leur
commune de résidence, constat illustré par les propos tenus d’une sexagénaire qui souhaite
être à proximité des commerces. Son objectif, est d’utiliser le moins possible la voiture au fil
du temps. Cette personne a ébauché une comparaison avec Biéville–Beuville, où les
commerces de proximités sont quasi inexistants, ce qui oblige à utiliser la voiture.
Le ressentit des habitants de plus de soixante ans est celui de résider au sein d’un
village. Nombreuses sont ces personnes qui ont cité des activités rendant la commune
attractive, contrairement à la perception que se font les jeunes ou les actifs. L’offre de services
permet de profiter des avantages de la commune, un atout que les seniors ne veulent pas
perdre. Cette génération, majoritairement ouvrière dans son origine, permet de maintenir la
diversité sociologique de la commune ainsi que l’activité des commerces de proximité.
L’arrivée d’un centre commercial pourrait ainsi créer des difficultés aux personnes âgées qui
ont des habitudes avec les petits commerçants.
Cette diversité n’implique pas la cohésion sociale des différents quartiers de
Blainville. Le vivre-ensemble communal reste fragmentaire, hormis dans les moments festifs
(fanfares, association). Ainsi, la rencontre entre des milieux sociaux différents est fortement
réduite, voire inexistante.
78
Encadré n°7
« A mon arrivée je voulais vivre avec le reste du village mais … je fréquente uniquement mon
quartier ». Une habitante de Blainville de 65 ans
Il est intéressant de voir comment cette habitante perçoit sa commune, elle la qualifie de
village, elle souhaiterait qu’elle fonctionne comme tel. Cependant, dans les faits, c’est une
commune périurbaine qui ne lui apporte pas ce qu’elle désirait, de la convivialité.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Une desserte critiquée
La quantité de l’offre n’est pas un critère primordial pour les personnes âgées, qui
privilégie la relation humaine et la qualité de la desserte. Leurs déplacements intra-
communaux se restreignent généralement à la marche à pied, vingt-huit personnes ayant cité
ce mode. Pour des trajets plus long, les transports individuels ou en commun sont nécessaires.
Quelle est la qualité de la desserte pour se rendre d’une commune périurbaine à « la grande
ville » pour reprendre les termes d’une sexagénaire évoquant Caen ?
Concernant le transport individuel, cette dame a longuement évoqué le sujet en
comparant Blainville-sur-Orne et Louvigny, communes qui se situent à la même distance du
centre-ville de Caen. Aller de Blainville sur Orne à Caen parait être un périple parce qu’il faut
passer par Hérouville-Saint-Clair. En revanche le trajet Louvigny-Caen parait beaucoup plus
court car il est direct. Nous mesurons ici, l’importance de la distance-temps. Par ailleurs un
grand nombre des plus de 60 ans renonce à se rendre à Caen car la « 4 voies » leur parait
dangereuse. Cet argument est encore plus vrai pour les plus de soixante-quinze ans, pour qui
ce trajet devient un handicap.
Les transports en commun sont utilisés par plus de la moitié des personnes interrogées,
en dépit de durées de trajets jugées excessives. En effet les retraités sont les personnes qui se
soucient le moins du temps car ils n’ont aucune obligation professionnelle. Quant aux plus de
soixante-quinze ans, ils limitent leurs déplacements à l’intérieur de la commune pour des
raisons de santé.
79
Encadré n°8
« Quand on vient au centre commercial, on sait quand on arrive et on ne sait pas quand on
repart … Les gens qu’on connait à Blainville-sur-Orne, on les retrouve à Hérouville-Saint-
Clair ».
Pour ces Blainvillais, les lieux de consommation se confondent avec les lieux de
socialisation. Hérouville-Saint-Clair et son pôle commercial leur semblent donc plus
attrayants, car ils y lient l’utile à l’agréable.
Source: enquête MUD oct-nov 2012
Un couplage entre les lieux de consommation et de
socialisation
Blainville-sur-Orne est le premier choix dans toutes les catégories en termes de lieux préférés,
aussi bien pour le loisir, la consommation que les relations humaines. Ensuite, vient
Hérouville-Saint-Clair, citée par dix-huit personnes comme un lieu privilégié. Les personnes
se retrouvent dans le centre commercial d’Hérouville-Saint-Clair, comme si elles n’avaient
pas quitté Blainville, mais elles n’étendent pas leur cercle de relation. Retrouvailles et
convivialité sont les maitres mots de ces lieux.
Pour les loisirs, la mer joue un rôle important. Bateau, pêche, promenade avec les
petits-enfants sont les loisirs privilégiés des seniors. Ouistreham est classé en premier des
villes pouvant accueillir ce type d’activités récréatives (11 réponses).
A contrario les déplacements vers Caen sont très peu représentés. Les entretiens ont
indiqué pourquoi Caen devient un lieu répulsif. Manque de stationnements, déplacement au
ralenti, densité trop importante… Tous ces critères jouent en faveur de la commune de
résidence. Les cartes mentales effectuées par les individus avec lesquels nous nous sommes
entretenus, montrent ce phénomène. Nombreux sont ceux à positionner Caen, comme une
ville éloignée de Blainville-sur-Orne alors qu’il ne faut qu’un quart d’heure pour se rendre
dans le centre-ville en transport motorisé. S’y rendre devient un « périple », pour reprendre les
propos d’une dame. Hérouville-Saint-Clair est au contraire perçue comme proche et
accessible. Cela s’explique par le fait que les Blainvillais se rendent régulièrement à
Hérouville-Saint-Clair, en revanche ils vont rarement à Caen. Ces cartes mentales montrent
que la perception de la distance change selon la tranche d’âge. Les jeunes ou les actifs ayant
un rapport à l’automobile différent de celui des plus de soixante ans, perçoivent les distances
autrement.
80
Figure n°4 : Carte de fréquentation des seniors
81
Figure n°5 : Carte mentale d’un retraité
Ce retraité fréquente Blainville pour faire ses courses et s’éloigne progressivement vers Caen
pour ses loisirs. C’est une destination qui lui semble lointaine du fait des différentes étapes
qu’il doit réaliser pour l’atteindre et des différents modes de transports utilisés (relais
voiture/tram).
82
Figure n°6 : Carte mentale d’un retraité
Blainville a été placée au centre des destinations situées de façon équidistante, il ne se déplace
qu’en voiture. Caen est la commune qui a été inscrite en dernier lieu sur la carte, elle est la
moins fréquentée, uniquement pour les loisirs occasionnels.
83
Conclusion
Pour aborder la question de la mobilité à Blainville-sur-Orne, il ne faut pas perdre de
vue le contexte géographique. Le fait que cette commune soit périurbaine est une donnée
importante pour comprendre les logiques de mobilité de ses habitants. Nous avons choisi
d'aborder la mobilité par le critère de l'âge mais d'autres voies, comme la taille des ménages
(revenues, niveau de formation) auraient été aussi intéressantes, notamment pour observer les
déplacements de chalandise.
Les jeunes ont un rythme de vie quasi-similaire à celui des actifs, recourant à des
déplacements pendulaires pour se rendre au lycée, lésa la manière d’actifs qui se rendent au
travail. La différence entre ces deux tranches d'âge réside dans le fait que la mobilité des
jeunes est plus contrainte tandis que les actifs, par la sur-utilisation de l'automobile,
connaissent une liberté de déplacements plus grande, notamment le week-end. Seuls les plus
de soixante ans (retraités) peuvent avoir une mobilité entièrement libre, désirées puisqu’ils
n’ont plus d'obligations professionnelles. Néanmoins, ces derniers sont peu mobiles par
rapport aux actifs, ayant un maximum de déplacements de proximité, d'où l’importance de
l’offre de service à Blainville, cette commune permettant selon leurs dires, de vivre en
autarcie.
Différentes logiques peuvent par ailleurs être identifiées au sein même des tranches
d'âges. On peut discerner chez les jeunes, une mobilité différente selon qu’ils détiennent ou
non le permis de conduire. Chez les actifs, la mobilité entre les chômeurs et ceux qui occupent
un emploi est sensiblement différente. Enfin, pour les personnes âgées, on observe une
mobilité plus restreinte au delà de soixante-dix ans.
Pour l'ensemble de ces catégories d'âge, nous constatons une rationalisation des
mobilités. On peut parler de « pérégrination », typique dans les communes du périurbain, où
se dessinent des parcours en boucle dans une optique de gain de temps et d'efficacité.
Une question se pose : dans un contexte de développement durable de plus en plus
réglementé, corroboré à la raréfaction du pétrole et à la hausse de son prix, la rationalisation
des mobilités périurbaines mettra-t-elle en danger la vie sociale de ces communes ?
84
Schémas synthétiques des déplacements par tranches d’âge
Figure n°7 : Schéma de déplacements des jeunes
Figure n°8 : Schéma de déplacements des actifs
Lycée
Collège
85
Figure n°9 : Schéma de déplacements des seniors
Figure n°10 : Légende
86
Comme vu précédemment, Blainville-Sur-Orne est une commune avec une
localisation attractive : à la fois proche du littoral et proche de la ville avec Caen et
Hérouville-Saint-Clair qui sont des bassins d’emplois. Ainsi, Blainville doit réagir sur le
domaine du logement pour répondre à toutes les attentes qui se sont multipliées et qui ont
varié.
Ces attentes qui se sont multipliées vont entrainer une augmentation du nombre de
logements. Blainville doit relever le défi d’augmenter fortement son nombre de logements
tout en restant attractive dans son offre immobilière et conformément à sa population, aussi
bien en termes de type de logements qu’en termes de prix. Quelle est la morphologie de la
commune ? Les attentes résident-elles dans une évolution du nombre de maisons ou
d’appartements ?
Puis, Blainville doit aussi faire évoluer son parc de logements par rapport à sa
demande variée ? Face à cette mixité sociale prononcée, Blainville a-t-elle su se développer
avec une offre locative sociale importante ? La part de logements sociaux est-elle supérieure
aux communes voisines ?
Enfin, il est nécessaire pour faire une étude complète du logement de la commune de
traiter de l’attachement au logement par les habitants. Les aspirations des Blainvillais quant à
leur logement sont-elles conformes aux démarches engagées par le pouvoir local ?
87
Le Logement à Blainville-sur-Orne.
Blainville-sur-Orne est une commune périurbaine équidistante de la ville de Caen et
du littoral, ce qui la rend attractive en termes de logement. Cette position contribue à
expliquer pourquoi la commune a multiplié par trois son nombre de logements entre 1968 et
2009. Il convient alors de se poser la question suivante : en quoi l’offre de logements répond-
elle aux attentes des Blainvillais ?
Dans une première partie nous étudierons les caractéristiques des logements, puis nous nous
intéressons à l’offre pour clore sur son image.
Les caractéristiques du logement
Traits généraux
Le parc de Blainville-sur-Orne est composé de plus de 2 400 logements. L’offre
immobilière est très variée : on y trouve des appartements, des maisons mitoyennes ou des
grandes maisons sans vis-à-vis. La commune comporte beaucoup de logements collectifs
relativement grands ainsi que de nombreuses zones pavillonnaires.
Sur l’ensemble des questionnaires passés au cours de l’enquête, la date de construction
des logements est en moyenne de 1988 ce qui souligne l’ancienneté d’emménagement des
Blainvillais.
19 29
59
118
Moins de 2ans
2 à 4 ans 5 à 9 ans Plus de 10ans
0
20
40
60
80
100
120
140
Depuis quand Habitez - vous à
Blanville?
Figure n°1 : Ancienneté d’emménagement.
88
Un quart des logements a une surface supérieure à cents mètres carré tandis que 5%
sont inférieurs à quarante mètres carré (INSEE, 2012). Les maisons comme les appartements
possèdent donc une grande surface habitable avec une moyenne de 4,4 pièces (moyenne sur
les deux-cent-vingt-cinq personnes interrogées).
Par ailleurs la grande envergure des surfaces se traduit par une plus grande part de maisons
que d’appartements.
L’importance des surfaces se traduit par une plus grande proportion de maisons que
d’appartements.
Par ailleurs, nous constatons une forte évolution du confort des habitations, passant de
salles de bain communes à des salles de bain individuelles. En ce qui concerne le chauffage,
les résultats suivent la tendance de la modernisation avec une grande majorité de logements
équipés d’un chauffage central individuel électrique.
Encadré n°1 :
« Les appartements sont le plus souvent des F3 récents de 70m2 minimum et on va jusqu’à
150m2 habitable dans une maison pavillonnaires avec un peu de terrain. »
Agent immobilier de Biéville-Beuville, spécialisé sur la zone.
68
157
Quel est votre logement actuel?
Appartement
Maison
Encadré n°2 :
« Dans les années cinquante, on utilisait des pompes à eau et on avait les toilettes au milieu de
la cour. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°2 : La part des maisons et appartements. Sur
225 personnes interrogées : enquête MUD.
89
Enfin, contrairement à la tendance nationale, la part des propriétaires est peu élevée
dans la commune ce qui peut être expliqué par la forte implantation de logements sociaux.
Ainsi, 55% des personnes présentes dans l’échantillon testé sont des locataires.
Caractéristiques des ménages résidant à Blainville
Lors d’un entretien avec un agent immobilier de Biéville-Beuville spécialisé sur la
commune de Blainville-sur-Orne, nous avons pu dresser le profil du résident blainvillais.
Deux grandes catégories de personnes viennent habiter Blainville-sur-Orne : les primo-
accédants à la propriété ou des personnes désireuses de quitter la ville qui possèdent un
apport personnel. Ces derniers s’orientent vers des maisons de grande taille, tandis que les
premiers cherchent une petite maison mitoyenne ou un appartement d’environ soixante-dix
mètres carré. La proximité avec Caen et la côte est l’une des motivations poussant les
personnes à venir habiter à Blainville-sur-Orne. La majorité des personnes interrogées ont
déclaré avoir choisi cette commune sans avoir été contraintes dans leur décision. Pour les
propriétaires, l’achat représente un sacrifice financier mais ils ont la satisfaction de posséder
35
85
102
8
3
Chauffage central collectif
Chauffage central indiv
Chauffage indiv tout électrique
Nouvelle technologie
Autres
0 20 40 60 80 100 120
Type de chauffage
125
100
Locataire Propriétaire
0
20
40
60
80
100
120
140
Figure n°4 : Part locataires-propriétaires
sur un échantillon de 225 personnes.
Part propriétaires-locataires
Figure n°3 : Type de chauffage.
90
un bien immobilier. Les locataires, quant à eux, estiment en majorité que le montant de leur
loyer est justifié compte tenu de la situation de la commune et de la surface habitable dont ils
disposent.
On notera d’ailleurs que la plupart des enquêtés ne souhaitent pas changer de
logement, ce qui dénote en partie un certain attachement pour leur habitat.
Sur les 225 personnes interrogées, seulement 27,5 % souhaite changer de logement.
On peut alors conclure que l’offre de logement blainvillaise répond aux attentes de la plupart
des habitants.
Les prix de l’immobilier
Selon l’agent immobilier le logement est généralement de grande taille (en moyenne
quatre-vingts mètre carré). Le prix du mètre carré est d’environ deux-mille euros pour un
appartement et deux-mille-quatre-cents euros pour une maison. En comparaison avec Caen,
pour un appartement en centre ville, il faut compter deux-mille-cinq-cents euros au mètre
carré.
Encadré n°4 :
« Un immeuble regroupera 40 logements locatifs sociaux tandis que les 135 autres seront
proposés à un prix de 2422€ maximum pour que les acheteurs soient éligibles aux aides de
Caen-la-mer pour les premières acquisitions précise Daniel Françoise, maire de la commune »
Source : Ouest France, 25 octobre 2012.
12
151
62
Ne sait pas Non Oui
0
50
100
150
200
Souhaitez - vous changer de type de
logement?
Encadré n°3 :
« Je suis justement venu à Blainville parce que les prix étaient intéressants sans être trop loin de
Caen. »
« Ce n’est pas du tout un sacrifice pour moi, j’ai toujours rêvé d’avoir ma propre maison et mon
petit bout de jardin. Je ne paie que six-cents euros par mois sur vingt ans. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°5 : Projet de déménagement sur un échantillon
de 225 personnes.
91
Quelques exemples de biens en vente :
Figure n°6 : Appartement rez-de-chaussée
de 44m2 proposé à 133 000€.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°7 : Maison mitoyenne de 115m2
proposé à 198 000€.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
Figure n °8 : Maison de 115m2 avec terrain
de 432m2 proposé à 262 000€.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
92
L’offre de logements
Le logement social
La typologie de l’habitat est différente de celle de Caen-La-Mer. Blainville-sur-Orne
est une commune périurbaine particulière, du fait de son offre de logements sociaux, apparue
dès 1920 pour répondre aux besoins des chantiers navals. Aujourd’hui, selon le Comité
communal d’action sociale (C.C.A.S.), il existe 892 logements sociaux soit 37 % du parc
total. Ainsi, la commune de Blainville-sur-Orne est-elle en conformité avec la loi Solidarité et
Renouvellement Urbain du 13 décembre 2000 qui prévoit un minimum de 20 % de logements
sociaux. Conformément au Plan Local de l’Habitat (PLH) de Caen-La-Mer qui privilégie la
densification face à l’étalement urbain, il est prévu la création de plus de cent-cinquante
logements sociaux.
Lors d’un entretien, une habitante a déclaré que la construction de nouveaux
logements sociaux atténuait les différences visuelles entre les différents statuts (parc privé et
logement social).
Ces opérations s’organisent avec différents bailleurs sociaux tels Logipays, Calvados-Habitat
et surtout La Plaine Normande. Ce dernier a réalisé la réhabilitation du quartier Colbert pour
diminuer la consommation énergétique et améliorer le confort en mettant du double vitrage
sur l’ensemble des fenêtres. Lors d’un entretien effectué dans un bâtiment rénové nous avons
pu constater que les améliorations consenties par la Plaine Normande n’étaient pas à la
hauteur des attentes. Par exemple, l’occupante interrogée s’est plainte de la qualité des
travaux. Dorénavant, les occupants de l’immeuble guettent la physionomie de leurs nouveaux
voisins pour savoir à quoi s’attendre en ce qui concerne le bruit.
Encadré n°4 :
« Début 2013, un troisième chantier va démarrer. Cette fois, il s’agit d’une opération
démolition-reconstruction. La Plaine Normande démolira 110 logements pour en reconstruire
140, à compter du deuxième semestre 2013. »
Ouest-France ; Jeudi 25 octobre 2012.
Encadré n°5 :
« Je trouve que les travaux dans Blainville améliorent l’image de la ville parce qu’ils
atténuent les différences entre les logements sociaux et privés. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
93
Cette offre variée favorise la mixité sociale. Ainsi, sur deux-cent-vingt-cinq
questionnaires, quatre-vingt-dix personnes logent dans le logement social alors que cent-
trente-cinq sont dans le parc privé.
Le parc privé
Depuis sa première période de développement dans les années 1990, la commune est
devenue prisée pour les personnes désireuses d’accéder à la propriété. Dans notre
questionnaire, sur cent-dix-neuf personnes arrivés il y a plus de dix ans, cinquante-sept sont
propriétaires, soit 47% d’entre elles.
Encadré n°6 :
« Depuis l’opération de réhabilitation, je paie moins de chauffage, mais j’entends mes voisins
pisser. »
« Maintenant quand des nouveaux arrivent, on n’espère pas que ce soit une famille. Parce
qu’avec la famille du troisième on entend les gosses courir jusqu’à dix heures !!! ».
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
90
135
Logement social Parc privé
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Part logement social - Parc privé
Encadré n°7 :
« Je suis venue habiter à Blainville pour acheter, pour payer un loyer à moi. La maison est un
avantage, cela a changé ma vie.»
« Nous sommes venus habiter à Blainville pour trouver une maison individuelle. Ici c’est proche
de Caen, de la mer, et il y a les bus de villes.»
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°9 : part des logements sociaux/ parc privé sur 225
personnes interrogées.
94
L’accession à la propriété implique souvent le passage d’un appartement à une maison.
Sur 101 propriétaires interrogés, seulement quatre vivent en appartement. Ce phénomène
traduit une tendance à l’individualisation ainsi que le souhait de préserver son intimité et son
confort.
La tendance s’inverse avec les nouveaux arrivants, qui ne choisissent plus Blainville
pour accéder à la propriété mais pour louer. Sur les deux-cent-vingt-cinq personnes
interrogées, dix-neuf sont arrivées depuis moins de deux ans et seulement cinq d’entre elles
sont propriétaires, les quatorze autres étant locataires. Cette tendance, peu significative sur les
effectifs dont nous disposons, semble toutefois marquer le début d’un nouveau cycle. En
conséquence, l’offre locative se multiplie. Les transformations du marché local du logement
ne transforment-elles pas progressivement la commune périurbaine de Blainville en une
banlieue caennaise ?
Habitant de plus de
10ans
Propriétaires
Locataires
Habitant de moins
de 2ans
Propriétaires
Locataires
137
88
Logement précédent
Appartement
Maison
68
157
Logement actuel
Appartement
Maison
Figure n°11 : part des propriétaires et locataires selon leur arrivée
sur 225 personnes interrogées.
Figure n°10 : Evolution du type d’habitat sur 225
personnes interrogées.
95
L’objectif de Blainville-sur-Orne de bâtir un ensemble cohérent semble en bonne voie,
sachant qu’en plus des opérations de démolition-reconstruction, d’autres constructions de
logements sont prévues. Ainsi, la commune aura épuisé son stock foncier. Selon le maire
Daniel Françoise, lors d’un entretien donné au quotidien Ouest-France, Blainville prépare le
plan d’action 2015-2030 afin de diversifier l’offre par la construction de logements collectifs.
Comment habite-on Blainville ?
Les logements vus par leurs habitants.
Dans les années 1950, Blainville-sur-Orne était un petit bourg où on trouvait des
commerces et des écoles dans plusieurs quartiers. C’était une commune qualifiée de vivante.
Désormais, les avis divergent : selon les uns, souvent les plus anciens, la ville a perdu de sa
vivacité. Pour les autres, arrivés récemment, la commune est dynamique et conforme à leurs
attentes, notamment grâce aux commerces de proximité.
Encadré n°8 :
« 900 logements sont prévus au total. Une fois ce programme réalisé, Blainville aura fait le
plein dans la mesure où il n’y aura plus de foncier disponible. »
Ouest-France ; Jeudi 25 octobre 2012.
Encadré n°9 :
« Blainville était un petit village où il faisait bon vivre, les habitants se connaissaient, les
échanges étaient naturels et le bourg était animé. »
« Blainville est devenue une ville dortoir. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Encadré n°10 :
« Blainville est une petite ville très agréable et très pratique surtout ! Elle a tout ce qu’il faut et
est proche de Caen et des grands centres commerciaux. »
« Blainville est idéale : je peux y faire toutes mes courses du quotidien en allant chercher mes
enfants à l’école. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
96
La localisation des habitants traduit cette évolution : les anciens habitants logent
principalement dans les petites maisons de ville du vieux bourg tandis que les nouveaux
s’installent dans des lotissements plus récents construits en périphérie à partir des années
1970. L’urbanisation moderne résulte d’une volonté de construire des lotissements pour
accueillir une population plus importante, ce qui modifie la morphologie de la commune et la
relation de l’habitant avec son environnement.
Le changement des modes de vie a transformé le sentiment d’appartenance à la
commune. Le voisinage se fait discret, la traversée des lotissements est silencieuse. Les
quartiers sont calmes. La société moderne accentue le sentiment d’individualisation.
Désormais, les attentes vis-à-vis du logement ne sont plus les mêmes. On ne cherche plus la
solidarité entre voisins mais plutôt un « chez soi » à la fois proche de tout et isolé.
Les logements : quelle réputation ?
Les résidences fermées
Encadré n°11 :
« Aujourd’hui à Blainville-sur-Orne, il y a beaucoup de monde, mais on ne voit personne. »
« Le petit Blainville c’est là où les gens se voyaient ; maintenant il n’y a plus de lieu de
rencontre.»
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Encadré n°11 :
« Les résidences c’est bien, c’est bien isolé, il y a du
carrelage. »
« Ça fait un côté chic dans la ville. »
« On y est bien, on se sent en sécurité dans notre
quartier. (Terre de Nacre)
« On ne peut pas passer dans ces quartiers, du coup on
ne croise jamais les gens qui y habitent. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°12 : Résidences Terre de
Nacre. Source: photo MUD oct.-nov.
2012.
97
Les logements sociaux
Les maisons individuelles
Encadré n°12 :
« J’en ai visité un premier. En sortant j’ai pleuré il
était trop délabré […] ils savaient que j’étais dans
l’urgence. »
« Les anciens logements sociaux font tâche aujourd’hui
dans la ville. Des barres grises, ça fait pas rêver. »
« J’ai entendu parler qu’ils vont réaliser de nouveaux
logements sociaux. Ça va redonner une meilleure
image de ces logements, ils sont mieux faits. »
« Ah, les Brandons ! C’est la cité qui craint ! »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Encadré n°13 :
« Avoir une maison c’est un avantage, on n’a pas la
même vie, on peut être dehors, manger dehors. »
« Je souhaite une grande maison de plain-pied dans les
Solaires, que tout soit ouvert, avec un grand terrain
pour les chiens. Cela changerait ma vie. »
« Nous sommes contents de notre maison à Blainville.
Elle est grande, c’est calme et on a de l’espace. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°13 : Quartier Colbert.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°14 : Maison individuelle
(source : cr-bassenormandie.notaires.fr).
98
L’attachement au logement
Au cours des entretiens, nous avons proposés aux habitants de prendre la photographie
d’une pièce ou d’un lieu de leur logement afin d’illustrer les liens qu’ils tissent avec l’endroit
qu’ils habitent.
Cette première personne a souhaité photographier sa salle à manger. C’est dans cet
endroit qu’elle passe beaucoup de temps pour lire près de la baie vitrée et accueillir des
invités. Pour elle, la maison doit être un espace convivial, un lieu d’échange. La grande baie
vitrée lui donne l’impression d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Elle a voulu garder
ce côté naturel à l’intérieur en utilisant des matières brutes telles que le bois de la grande table
à manger et les plantes vertes.
Figure n°15 : Entretien n°1.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
Figure n°16 : Entretien n°2.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
99
Cette personne a longuement hésité pour sa photographie : entre ses chiens et sa vue
dégagée. Elle ne semblait pas avoir un attachement particulier pour l’intérieur de son
logement. Finalement, elle a réfléchi à ce qui lui était agréable et s’est arrêtée sur la vue vers
l’extérieur. Pour elle, le logement représente la sécurité même si elle ne s’y sent pas bien.
Cette personne s’est directement dirigée vers sa cuisine pour la prendre en photo. Elle
y passe beaucoup d’heures puisqu’elle aime y cuisiner. Pour elle, le logement doit être un bien
à soi, un lieu d’intimité.
Pour conclure, le logement à Blainville-sur-Orne est au centre des préoccupations
politiques. Il est un enjeu pour le développement de la ville, ce qui a bien été assimilé par les
différents acteurs locaux afin de bâtir un ensemble cohérent et réfléchi.
Figure n°17 : Entretien n°3.
Source: photo MUD oct.-nov. 2012.
100
L’ouverture de leurs logements par les Blainvillais pour nos entretiens, et notamment
les photos de leurs intérieurs, nous ont montré que la convivialité se promène parmi les
habitants, dans les rues de la commune. Cette immersion dans l’intimité des Blainvillais nous
permet de constater que la commune a été attractive ces dernières années pour de nouveaux
résidents en quête de bas coût immobilier. Mais justement, ces nouveaux arrivants sont
également acteurs du changement de la commune. Avec ce renouveau, les prix du logement
évoluent eux aussi, du fait de constructions nouvelles, et de la rénovation de certains quartiers,
dont les Brandons. La rénovation de ce quartier a permis une modernisation de logements
devenus insalubres, certes ; mais la démolition préalable du quartier n’a-t-elle pas emporté
avec elle une partie de la mémoire de Blainville ? C’est ce que nous nous sommes demandés
dans la dernière partie de notre travail.
101
Les Brandons dans le changement
social de Blainville-sur-Orne
Choisissant d'installer ses usines à Blainville-sur-Orne pour construire ses cargo-boats,
la Société des Chantiers navals français emploie, à partir des années 1920, des ouvriers
venant de tous les horizons : des personnes venant des alentours de Caen et de la Normandie
mais aussi des Bretons venant des Chantiers navals de Brest ou des étrangers (Polonais et
Italiens, entre autres). Pour loger ces ouvriers et leurs familles, une société d'habitat, la future
Plaine Normande, est créée afin de construire des centaines de logements, créant un nouveau
quartier appelé la "Cité des Brandons", du nom de son architecte. Parmi les plus anciens
quartiers de Blainville-sur-Orne, les Brandons existent encore aujourd'hui, quoique démolis
puis reconstruits dans les années 2000.
Jugée nécessaire car les caractéristiques du quartier ne correspondaient plus aux
normes modernes de confort, la rénovation des Brandons semble cependant avoir tourné une
page du passé de Blainville-sur-Orne. En effet, s'il n'est pas contestable que la commune est,
depuis quelques décennies, en train de vivre un renouveau socio-démographique qui se traduit
entre autres par de nouvelles constructions, l'opération qui a concerné les Brandons est
cependant particulière, puisqu'en tant que plus ancien quartier de la commune1, il portait avec
lui quatre-vingts ans d'histoire. Les familles s'étaient approprié ces logements dont elles
n’avaient pourtant jamais été propriétaires, se les transmettant souvent de génération en
génération et y annexant parfois de nouvelles pièces pour y apporter une touche personnelle.
Dès lors, il est permis de se demander si le passé ouvrier de Blainville, dont les
Brandons peuvent apparaître comme l'emblème, a disparu avec la démolition du quartier, car,
comme le disait une habitante des Brandons en 1999, « la mémoire de Blainville, c'est nous,
les Brandons. Ici, c'est une mentalité. C'est le plus vieux quartier de cette ville ».
Le Canal, qui sépare la commune avec, sur la rive droite la zone industrielle et, sur la
rive gauche, le centre-ville et le côté résidentiel, reflète-t-il la séparation qui existerait entre un
Blainville ouvrier, en train de s'effacer et le Blainville d'aujourd'hui, commune périurbaine et
résidentielle ? Si l'on considère le passé ouvrier à l'échelle régionale, la perte de la mémoire
ouvrière de Blainville n'est pas surprenante dans le sens où elle n'est pas plus accentuée
qu'ailleurs. Elle s'explique peut-être simplement par le fait que la Basse-Normandie n'est pas
une région dont l'identité a fortement été marquée par l'industrialisation, comme c’est le cas
du Nord-Pas-de-Calais, par exemple. La commune de Colombelles, qui a conservé la tour de
refroidissement de la Société Métallurgique de Normandie (SMN), constitue alors peut-être le
seul emblème du passé ouvrier de l'agglomération caennaise.
Ces constatations nous ont amenés à nous demander quel est le poids du « facteur
Brandons » dans les changements sociodémographiques de Blainville-sur-Orne. En quoi le
1 En considérant les quartiers non rénovés : le bourg est plus ancien mais il avait déjà fait l'objet de rénovations
au moment de la reconstruction des Brandons.
Encadré n°1 : une habitante des Brandons, 1999 :
« La mémoire de Blainville, c'est nous, les Brandons. Ici, c'est une mentalité. C'est le
plus vieux quartier de cette ville. »
Source : extrait du livre « Nous, les Brandons », JM Place, 2000
102
quartier des Brandons est-il un reflet, plutôt que le moteur, des changements socio-
démographiques et socio-économiques ?
Si le passé ouvrier est incontestable à Blainville-sur-Orne, il est cependant fragile, et la
mémoire des années de l'industrialisation semble s'estomper. La rénovation du quartier des
Brandons représente alors le fruit du changement plutôt que son élément déclencheur. C'est
pourquoi, après avoir étudié le quartier des Brandons comme témoin d'une mémoire ouvrière
en voie de disparition (1), nous placerons sa rénovation sous l'angle du changement d'image
de l’ensemble de la commune de Blainville-sur-Orne (2).
103
Le quartier des Brandons, témoin d'une
mémoire ouvrière en voie de disparition
S'intéresser à la rénovation du quartier des Brandons, en particulier à l'image que s'en
font les Blainvillais, suppose de s'interroger sur l'histoire particulière de ce quartier et sur ce
qu'il reste aujourd’hui de cette histoire ouvrière dans les mémoires et les imaginaires.
Une identité ouvrière peu ancrée...
Au regard de l'histoire de Blainville et de la place particulière qu'y ont joué les
Brandons, ce quartier aurait pu être porteur d'une signification particulière pour les habitants
de la commune, à laquelle la rénovation aurait pu faire écho ou au contraire porter atteinte.
En effet, ce quartier est le symbole d’un changement antérieur, initié dans les années 1920
lorsque l'installation des Chantiers navals a modifié la physionomie de la commune en
provoquant un afflux de population ouvrière dans un village jusque-là rural et artisanal.
Blainville-sur-Orne, petit village de deux cents habitants dont l'activité principale était
l'agriculture, vit le nombre de ses habitants tripler et son économie s'industrialiser
brutalement. A partir de ce moment, Blainville est devenue, dans les représentations
communes, une cité ouvrière, identité alors revendiquée par les ouvriers blainvillais mais
aussi renvoyée par les habitants de l'agglomération caennaise.
Notre première hypothèse est que cette identité et cette mémoire ouvrières ont vécu
jusqu'à aujourd'hui, et qu’elles influencent encore l'image de Blainville, tout particulièrement,
celle du quartier des Brandons.
Les résultats exploités à partir des questionnaires ont cependant fait apparaître un
premier paradoxe : la moitié des personnes interrogées affirment que le passé ouvrier est
l'élément principal de l'image de Blainville-sur-Orne, certes, mais seulement environ un
cinquième qualifient spontanément la commune de cité ouvrière. Cela montre bien que la
question de l'identité ouvrière de Blainville et de la transmission de sa mémoire est plus
Figure n°1 :
Sur 252 réponses exprimées (question à choix
multiple)
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
Figures n°1 et n°2 :
Figure n°2 :
Sur 252 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
Pour vous, Blainville est :
64
155
31
61Une cité ouvrière
Une zone
pavillonnaire de
classe moyennede classe aisée
Une commune
dortoir
Selon vous, le passé ouvier est-il
important?
124
64
64
Oui
Non
Ne sait pas
104
complexe qu'il n'y paraît à première vue.
Suite aux résultats du questionnaire et au cours d’entretiens avec des habitants, il est
apparu que l'image du quartier des Brandons, loin d’être emblématique, n'est que
résiduellement attachée au passé ouvrier. Cela pourrait prouver que l'identité et la mémoire
ouvrières ne sont pas suffisamment fortes pour faire l'objet d'une transmission.
Ceci peut s'expliquer par différents facteurs, et notamment par le fait que
l'industrialisation de Blainville-sur-Orne ne fait finalement partie que de son histoire récente,
puisqu'elle ne date que du début du XXème siècle. De plus, l'époque de l’industrie florissante
n'a duré que peu de temps car les Chantiers ont fermé en 1954, soit une trentaine d'années
après leur ouverture. En outre, l'industrie emblématique qu'est aujourd'hui Renault Trucks est
touchée par la crise et elle connaît une perte de vitesse sensible. Cette histoire industrielle
n'est donc qu'un épisode, et, depuis ses débuts, elle s'est heurtée à une identité rurale encore
très présente, ce qu'exprime le témoignage d'une femme dans le film réalisé sur la ville par
l'OMAC2, qui fait part des dissensions entre « le bourg du haut », agricole et commerçant, et
« le bourg du bas », constitué par la cité ouvrière des Brandons.
Il est également possible d'expliquer le peu de force de la mémoire ouvrière par une
constatation plus générale tenant à l’histoire régionale : région ouvrière, la Basse-Normandie
ne véhicule cependant pas cette image dans la représentation collective des Français. Elle est
davantage marquée par son image touristique
et rurale. Dans l'imaginaire collectif national
en effet, les régions industrielles sont la
Lorraine et, surtout, le Nord-Pas-de-Calais,
dont les paysages marqués par l'industrie
minière ont été reconnus patrimoine mondial.
Cet extrait d’entretien que nous avons eu avec
une habitante installée depuis dix ans à
Blainville, qui exprimait ce qu'elle pensait du passé ouvrier de la région, est représentatif en
ce qu'il montre une ignorance. Spontanément, cette personne associe la Basse-Normandie à
son littoral : « Je ne suis pas trop au courant du passé car je suis issue de la région parisienne
et lorsque je me suis installée à Blainville en 2003, je n'ai pas eu la curiosité de m'y intéresser
de près. Mais oui, j'imagine que dans toute ville proche de la côte il y a un passé très
probablement lié à la pêche et au minerai ».
Si l'on en revient à Blainville et au quartier des Brandons, le fait qu'il ne soit plus
identifié comme quartier ouvrier mais comme une zone de logements sociaux3 démontre qu'il
n'a pas constitué une trace suffisamment forte pour permettre à la mémoire ouvrière de
Blainville de durer. Cela peut s'expliquer par le fait que les anciens ouvriers, employés dans
les usines blainvillaises depuis les années 1950, ne montrent pas un attachement particulier à
ce passé. Pour preuve, les propos de cet ancien ouvrier de la SAVIEM4 lorsque nous avons
évoqué la démolition du quartier des Brandons alors qu’à Colombelles, siège de l'ancienne
Société Métallurgique de Normandie (SMN), la cité ouvrière du Plateau a été conservée : « À
Colombelles, il y avait la culture SMN, la culture de la sidérurgie. Eux c'était des métallos.
Leur usine c'était leur dieu, fallait pas dire du mal de leur usine. Et puis c'était plus ancien,
pas comme les Chantiers Navals, qui ont fermé en 1954. Quand les chantiers ont fermé, les
gens sont partis. Et puis à la SMN c'est différent, il y avait une école et c'était les gens du cru
2 « Blainville-sur-Orne, un lieu, une histoire », OMAC
3 cf. figure n°13
4 Société Anonyme de Véhicules Industriels et d’Equipements Mécaniques (ancêtre de Renault Trucks)
Encadré n°2 : une habitante du Danaé :
« J’imagine que dans toute ville proche
de la côte il y a un passé très
probablement lié à la pêche et au
minerai.»
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
105
qui y allaient ». Il évoque ainsi le caractère
emblématique de l'industrie métallurgique,
qui fait partie, dans l'imaginaire commun, des
grandes industries avec l'industrie minière. Ce
témoignage exprime ce qui, à notre sens, fait
que le quartier des Brandons n'est pas devenu
un symbole du passé ouvrier et n’est pas
porteur d'une identité ouvrière profondément ancrée. La cité des Brandons n'était pas une cité
ouvrière patriarcale tels que pouvaient l'être celles des corons du Nord ou, dans une moindre
mesure, la cité ouvrière de la SMN. La personne interrogée évoque la présence d'une école
dans la cité de Colombelles. Dans d'autres cités ouvrières, on pouvait trouver des services tels
que des médecins ou des théâtres. Les Brandons, au contraire, ne sont qu'une cité résidentielle
qui n’a jamais été propriété des Chantiers navals. Les enfants des Brandons allaient à l'école
communale et les ouvriers venaient de tout l'ouest de la France (le plus souvent de Bretagne).
Cela explique que le quartier n'était pas aussi marqué par la solidarité de classe. Un ancien
enfant des Brandons nous a plutôt raconté une solidarité du quotidien, qui pouvait par
exemple se manifester par des prêts d’argent. Mais il a également évoqué des rivalités entre
les jeunes des trois rues qui constituaient ce petit quartier. De même, une ancienne habitante,
qui assurait avec une certaine nostalgie qu'il existait une réelle communauté et une réelle
identité dans les Brandons, nous a en même temps confié qu'elle ne connaissait que les voisins
de sa rue et qu’elle ne fréquentait pas les autres habitants de ce quartier, aux dimensions
pourtant réduites.
Le quartier des Brandons n'a donc jamais formé une réelle communauté avec des
habitudes et des valeurs propres, comme cela a pu être le cas dans des cités ouvrières plus
paternalistes. Les Brandons n’ont jamais constitué une ville dans la ville. C'est sans doute ce
qui explique que ce quartier a progressivement perdu son image de quartier ouvrier en même
temps que s’effaçait l'image ouvrière de l’ensemble de la commune.
… qui s'est diluée dans le récent changement sociologique
Le phénomène de périurbanisation a engendré l'apparition, à partir des années
soixante, de nombreux quartiers pavillonnaires attirant une nouvelle population, issue
majoritairement des classes moyennes. Ce changement a modifié la couleur politique de la
Mairie, passant d'un maire affilié au Parti communiste français (PCF), Monsieur Jacques
Bayon, à un maire Parti socialiste (PS), Monsieur Daniel Françoise à partir de 1995.
Nous avons pu vérifier que les nouveaux arrivants ne connaissent pas le passé ouvrier
de la commune, contribuant ainsi à l'effacement de la mémoire ouvrière par les images et les
représentations de la ville qu'ils apportent avec eux. Il ressort en effet des entretiens que, pour
les habitants récemment installés (moins de dix ans), le passé de la ville est associé à des
fermes anciennes. Pour eux, Blainville a toujours été un petit village rural avant de connaître
la périurbanisation : « Blainville du passé : je l'imagine avec d'anciens bâtiments où les gens
sont proches de la terre et de la mer. Une vie dure à cette époque, mais je ne peux vous en dire
davantage, étant dans l'ignorance ». Pour parler du passé, ces gens se réfèrent
majoritairement au patrimoine visible du centre-bourg, antérieur à l'industrialisation du
XIXème siècle : « Il y a un porche près de l'Eglise, classé monument historique... Colbert, je
crois ».
Encadré n°3 : un ancien ouvrier de la
SAVIEM :
« A Colombelles, il y avait la culture
SMN, (…) leur usine, c’était leur dieu. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
106
Au cours des enquêtes, nous nous sommes rendu compte que les personnes interrogées
peinaient à localiser le quartier des Brandons, même si elles en avaient entendu parler. Cela
semble prouver que la mémoire ouvrière, censée être incarnée par ce quartier, n'est pas
transmise. La majorité des personnes interrogées le définissent plutôt comme un quartier de
logements sociaux (55 %), et non pas comme une cité ouvrière (24 %)5.
Les personnes enquêtées se sont montrées globalement satisfaites de la reconstruction
du quartier des Brandons. Pour elles, il ne s’agissait donc pas d’un souvenir du passé qu'il
aurait été important de préserver. En effet, si l'on définit la notion de patrimoine comme
l'héritage commun d'une collectivité, d'une communauté, autour duquel les hommes se
rassemblent, on peut se demander s'il existe réellement une communauté blainvillaise, une
identité qui serait le support d'un sentiment d'appartenance et qui aurait pu permettre au
quartier des Brandons de devenir un patrimoine pour la commune. Selon les dires des anciens
habitants, le sentiment d'appartenir à une communauté blainvillaise se serait atténué, voire
aurait disparu, avec l'apparition, depuis les années soixante et jusqu'à aujourd'hui, de
nombreuses zones pavillonnaires et la venue de nouvelles classes sociales. Les plus anciens
résidents de Blainville que nous avons rencontrés nous ont cité l'apparition de Terre de Nacre,
copropriété « avec des caméras au-dessus de chaque porte » et « une piscine privée ». Selon
eux, dans ces quartiers, l'appartenance à la commune ne semble pas être le sentiment
prédominant, d'autant qu'ils se trouvent loin du centre-bourg. On peut effectivement constater
que l'installation des nouveaux ménages n'est pas motivée par une attirance particulière pour
la commune mais davantage par le prix accessible des terrains. En outre, la commune est
touchée par la montée de l'individualisme et une forme de « déterritorialisation » due à
l'accélération des mobilités. C'est pourquoi à la question « Pourquoi êtes-vous venu vous
installer à Blainville ? », beaucoup ont mentionné l'opportunité d'achat. Il n'y a donc pas de
sentiment d'appartenance et de communauté blainvillaise en tant que telles, mais nous avons
pu constater que leur existence était déjà sujette à caution dans le Blainville du passé.
5 Cf. figure n°13
Figure n°3 :
La porte Colbert
Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr/
107
Cependant, l'affirmation de l'absence de solidarité est à nuancer, car il semble inexact
de dire qu'il n'y a plus de lien social. Ce dernier prend simplement de nouvelles formes6.
Au terme de nos recherches, il nous est apparu que la mémoire ouvrière dont le
quartier des Brandons aurait pu être l'emblème s'efface progressivement, faute de
transmission. Nous pouvons donc nous poser la question du but poursuivi par la conservation
de l'immeuble des Célibataires et l'apposition d’une double plaque commémorant le passé,
d’autant que cette plaque est presque invisible puisqu’elle se trouve rue de Saint-Quentin,
c’est-à-dire en bordure extérieure du quartier7. Nous avons questionné une personne résidant à
Blainville-sur-Orne depuis les années cinquante à propos de la conservation de l'immeuble
des Célibataires et de la plaque commémorative. Sa réponse a été la suivante: « La plaque,
Les Célibataires … c'est du toc!!! Ça ne sert à rien car il n'y a pas de mémoire ».
Ces objets ne servant pas de
référence, il est donc probable que
la mémoire s'éteindra avec les
derniers contemporains du quartier car la mémoire ouvrière blainvillaise, y compris celle du
6 Cf. infra : « Le changement d’image »
7 Cf. figure n°4 : les deux plaques en pierre, placées sous des boîtes aux lettres, n’attirent pas l’œil du passant.
Figure n°4 :
Les plaques commémorant les
Brandons : « Les Brandons 1920, les
Brandons 2001 » au 16, rue de St-
Quentin
Source : photo MUD oct.-nov. 2012
Encadré n°4 : un ancien habitant des Brandons :
« La plaque, Les Célibataires … c'est du toc !!! Ça ne sert à rien car il n'y a pas de
mémoire. »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
108
quartier des Brandons, semble être individuelle et affective plutôt que collective.
Figure n°5 :
L’immeuble rénové des Célibataires, rue de St-Quentin
Source : photo MUD oct.-nov. 2012
109
Le quartier des Brandons s’inscrit dans le
changement d’image de Blainville-sur-Orne
Le changement d'image
Blainville-sur-Orne est en train de tourner une page de son histoire. Des opérations de
réhabilitation se situant principalement dans le centre-ville vont être livrées d’ici la fin de
l’année 2012 : les résidences Cours Colbert et Lamberville (une ancienne ferme communale
rénovée).
En outre, début 2013, un troisième chantier va démarrer. Cette fois, il s'agira d'une opération
de démolition-reconstruction (près de l’église). Un autre projet est à l'étude : celui de
construire sur un terrain disponible en centre-ville, près du collège.
Les élus misent sur le renouveau, qui se traduit matériellement et visuellement par ces
nouvelles constructions. Il est alors permis de se demander si ces dernières s’inscrivent dans
la volonté de changer l’image de Blainville-sur-Orne, qui était plutôt négative avant la
rénovation du quartier des Brandons. Comme si la volonté était d’effacer toutes traces d’un
passé ouvrier qui aurait pu constituer un frein à l’accueil des populations nouvelles. Ces
opérations de grande envergure enfouissent en effet petit à petit l’image péjorative que
Blainville pouvait véhiculer il n’y a pas si longtemps. Lors d’un entretien avec une habitante
qui s'est installée à Blainville il y a vingt ans, celle-ci nous a avoué que lorsqu’elle a dit à ses
collègues de travail qu’elle allait acheter une maison dans le secteur, ils lui ont rétorqué que
Blainville était «une cité ouvrière, (…) c’est la zone ! Ça craint ! » ou encore : « Il y a
toujours des histoires ! ». L’entretien avec un ancien nous a quant à lui appris que la ferme
Lamberville était très vétuste puisque « les toilettes se trouvaient au milieu de la cour ». La
rénovation était donc indispensable.
Concernant l’avis des habitants sur les nouvelles opérations du centre-ville, les
impressions sont mitigées. Sur l’ensemble des personnes interrogées8, la majorité affirme que
c’est un point positif puisque cela « donne du logement aux gens », et permet la « venue de
nouveaux petits commerces ». Les Blainvillais ne sont donc pas hermétiques au changement,
8 Question 31 : « Que pensez-vous des nouvelles reconstructions du centre-ville de Blainville ? »
Figure n°6 :
A gauche Lamberville ; à droite Colbert
Source : Ouest France, 25/10/2012
110
Encadré n°5 : une ancienne habitante des
Brandons :
« Quand je partais faire mes courses, je ne
fermais jamais la porte à clef »
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
qu'ils jugent nécessaire. Toutefois, les choix esthétiques sont loin de faire l’unanimité. De
plus, ces opérations font disparaitre des bâtiments pouvant représenter une valeur
sentimentale. Dans le même esprit, un ancien habitant a estimé qu’il n’y avait pas de « mise
en valeur du patrimoine : il a manqué un projet pour garder ce patrimoine de Blainville. Il
faut réhabiliter plutôt que de détruire, car sinon c'est du gâchis ».
Ces opérations, qui s’ajoutent à la construction de maisons individuelles et
d’immeubles, participent donc d’un véritable changement d’image. Cette volonté de
changement n’est pas sans conséquences puisqu’une nouvelle catégorie de population s’est
progressivement installée au cours des deux décennies passées. Un habitant a reconnu
qu’auparavant Blainville était composée majoritairement d’une « population ouvrière », et la
nouvelle population qui est arrivée est, selon lui, « d’un autre niveau ». Il a cité en exemple la
résidence Belem, dans laquelle vit une population qualifiée par lui de « bourges ». Quoiqu'il
en soit, force est de constater que la population nouvellement installée véhicule une image
plutôt positive de Blainville-sur-Orne. Lors de l’entretien avec une résidente, celle-ci nous a
confié que même son banquier disait que : « Blainville, c’est bien » ! Enfin, on remarque que
les Blainvillais ne sont pas attachés au passé ouvrier (excepté quelques anciens) puisqu’ils ne
sont pas contre le changement.
Les élus de Blainville-sur-Orne souhaitent donc tourner une page, en autorisant la
transformation d’un patrimoine immobilier devenu vétuste. Est-ce au détriment de certaines
valeurs, telles que la confiance entre voisins, la solidarité, la convivialité ? Nouvelle
population, nouvelle mentalité, ne signifient
pas perte de valeurs communes, même si les
anciens que nous avons interrogés semblent
regretter la perte de valeurs qui
caractérisaient une époque. Ils nous ont fait
part de nombreuses anecdotes qui
caractérisaient leur vie quotidienne. Une
habitante nous expliquait par exemple que
« quand [elle] [partait] faire ses courses, [elle] ne [fermait] jamais la porte à clef » ; une
autre personne, élevée dans les Brandons, affirmait quant à elle que « la rue, c’était la
famille ».
Cependant, il semble que ces habitants de longue date se trompent quand ils affirment
qu'aujourd'hui ces valeurs ont disparu, qu' « aujourd'hui, il n'y a plus d'âme dans le village »;
l'un d'entre eux disait même : « Construire ! Construire ! Construire ! Certes c’est
l'urbanisation moderne mais il n’y a plus de convivialité, car le centre-bourg disparaît ».
Pourtant, Blainville-sur-Orne apparaît comme une exception parmi les communes
périurbaines typiques où l'on ne connaît pas ses voisins. Il semble en effet y régner une
certaine convivialité. Certes, elle ne revêt pas les
mêmes formes que celle que les plus anciens
habitants ont connue dans leur enfance, mais elle
est bien présente. En réalité, il semble que c'est la
configuration plus étalée de l’urbanisation qui en
transforme la configuration. Cette dernière ne se
traduit plus à l'échelle de la commune toute entière
mais plutôt à l'échelle du quartier ou de la rue.
Pour une habitante installée depuis moins de dix
ans, cet esprit de solidarité existe puisque, lorsque nous lui avons demandé quel serait son
quartier idéal, elle a répondu : « Le lotissement dans lequel j'habite me semble idéal. Nous
avons la chance de nous connaitre tous et de pouvoir s'aider en cas de besoin. Nous sommes
Encadré n°6 : une habitante du
Danaé :
"Le quartier idéal est celui que j'ai
actuellement, avec des amis comme
voisins, et non pas le chacun pour
soi"
Source : enquête MUD oct.-nov.2012
111
six couples et à tout moment, dans toutes circonstances, nous nous entraidons et avons des
rapports plus qu'amicaux depuis plus de cinq ans maintenant. Donc, le quartier idéal est celui
que j'ai actuellement, avec des amis comme voisins et non pas le chacun pour soi. ». Or, cette
femme habite le quartier du Danaé,
purement pavillonnaire. On aurait pu
s'attendre à ce que son jardin soit trop grand
pour qu'elle aperçoive son voisin à travers
la haie et qu’elle lui parle. Ce témoignage
n'est pas isolé : beaucoup d'habitants nous
ont cité leurs voisins comme amis et
affirment consacrer du temps à discuter
avec eux.
Blainville-sur-Orne est donc animée
d'un certain dynamisme. La majorité de la
population interrogée trouve en effet que
Blainville-sur-Orne est une commune
dynamique (72 %), et il existe un certain
nombre d’activités, beaucoup d’associations
et des fêtes de village. Cela est confirmé par l’entretien avec une habitante, qui affirme que les
Blainvillais s’investissent dans leur commune, ce qui permet de les réunir au-delà des clivages
sociaux et des âges avec un esprit chaleureux s’est transmis au fil des générations. Par
exemple, le carnaval réunit annuellement toute la population depuis des décennies.
Blainville-sur-Orne est donc entrée dans une nouvelle ère où s’estompe l’image
négative autrefois véhiculée. Toutefois, il ressort des entretiens que cette image demeure pour
l’extérieur. Une Blainvillaise nous a ainsi expliqué que son mari, investi dans le club de
football de la commune, affirme « qu’il y a toujours un ancrage, une mentalité du passé
ouvrier qui se véhicule lors des tournois contre d’autres équipes du département, ce qui crée
des tensions, alors que pourtant l’équipe de Blainville se compose d’enfants calmes, pas
turbulents ». De plus, elle nous affirmé que le collège pâti encore d’une mauvaise réputation
alors que ses enfants y ont fait leur scolarité et n'y ont rencontré aucun problème. Cette image
négative n’est plus véhiculée que par les habitants des communes alentours car, comme
Figure n°7 :
Sur 251 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
Figure n°8 :
Fanfare blainvillaise, 1960
Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr
Figure n°9 :
Fanfare lors du carnaval 2012 à Blainville
Source : http://www.sortirablainvillesurorne.fr
Pour vous, Blainville est une
commune :
183
62
6
Dynamique
Peu
dynamique
Pas de
réponse
112
l'affirme un de ses habitants : « à Blainville, il fait bon vivre ».
Une modernisation des Brandons jugée nécessaire
Les 110 maisons des Brandons, ayant toutes un jardin individuel, implantées sur des
parcelles de 500 m² en moyenne, ont été occupées dès 1922. Il est naturel qu’après quatre-
vingts ans d'existence, la Cité des Brandons soit apparue dégradée. Les constructions
devenaient de plus en plus vétustes et leur confort n’était plus adapté aux nouveaux modes de
vie. Les logements étaient trop
étroits, les toilettes étaient à
l’extérieur et il n’y avait ni salle de
bain ni chauffage central. En outre,
les stationnements et les
cheminements piétonniers étaient
inexistants. D’après une personne
interrogée dans le livre « Nous, les
Brandons » de Jean-Michel Place,
« ce qui se [passait] pour certaines
personnes âgées, c’est que, n’ayant
pas de confort, il [était] très difficile d’avoir quelqu’un pour venir les aider. Les femmes de
ménage ne [voulaient] pas venir travailler ici ».
À partir de 1998, une réflexion a commencé entre la commune de Blainville-sur-Orne
et le bailleur social la Plaine Normande sur une opération de démolition-reconstruction des
Brandons. Les premières démolitions ont débuté en 2000 et les
livraisons de logements ont commencé en 2003 puis en 2005 et
2007.
La forme de ce
nouveau quartier est
différente par
rapport à l’ancienne
cité-jardin.
L'architecture y est
innovante et
respectueuse du
cadre, du fait de sa
diversité (immeubles
collectifs, maisons de
villes et villas) et par
l’intégration du bois et
des couleurs (bardage des garages, annexes et étages supérieurs).
De plus, les logements répondent aux normes actuelles
(ensoleillement, chauffage individuel au gaz, basse consommation) ; il y a en outre une
valorisation des espaces publics. La densité de logements a plus que doublé : le quartier
comprend maintenant quarante-six logements à l’hectare contre vingt-deux auparavant. Les
jardins qui demeurent ont rétréci et il n’y a plus de potager. Des espaces pour le stationnement
ainsi que des cheminements piétonniers ont été créés. Quant à la population, elle a également
changé : les résidents ne sont plus uniquement des ouvriers. Lorsque nous avons interrogé les
Encadré n°7 : une ancienne habitante des
Brandons :
« Ce qui se [passait] pour certaines personnes
âgées, c’est que, n’ayant pas de confort, il [était]
très difficile d’avoir quelqu’un pour venir les
aider. Les femmes de ménage ne [voulaient] pas
venir travailler ici. »
Extrait du livre "Nous, les Brandons", J. M.
Place, 2000
Figure n°10 :
Les Brandons au début du XXe siècle, vue
depuis les Célibataires
Source : http://blainvillesurorne.unblog.fr/ Figure n°11 :
Les Brandons aujourd'hui,
rue de Verdun
Source : photo MUD oct.-
nov. 2012
113
Blainvillais, nous avons constaté que ceux-ci étaient plutôt favorables à la rénovation du
quartier des Brandons, car, selon eux, ce
quartier était auparavant considéré
comme particulièrement vétuste, sale et
dangereux. Une résidente installée à
Blainville-sur-Orne depuis une vingtaine
d’années, ayant vécu à côté des
Brandons jusqu’à l’année dernière, nous
a expliqué qu’avant la rénovation « le
quartier était pauvre, vétuste, mal famé
et il y avait de l’insécurité ». Elle n’osait
pas s’y promener, alors que, depuis la
rénovation, elle considère « que ce n’est
pas un quartier qui craint ». Maintenant,
elle s'y promène volontiers : « quand on
passe dans ce quartier, c’est calme. Il
paraît même que les petites maisons sont
bien agencées à l’intérieur : mon mari
en a visité une »
Si la population juge la rénovation des Brandons nécessaire, certaines personnes
cependant, parmi les plus âgées et les plus ancrées dans le passé ouvrier, pensent qu’il aurait
été plus judicieux de réhabiliter ce quartier au lieu de tout détruire : « c’est du gâchis ! », a
exprimé l’une d’entre elles. Mais ce genre de remarques est à nuancer, car il faut replacer ce
regret dans un sentiment plus général de nostalgie à l’égard du passé que toute personne peut
éprouver quand elle voit disparaître les lieux ou les références dans lesquels elle a grandi.
En outre, il est ressorti de nos
recherches que le caractère d'éco-quartier
que revêt les Brandons depuis sa
reconstruction, est méconnu des
personnes interrogées. Un éco-quartier
est conçu de façon à minimiser son
impact sur l’environnement, visant
l’autonomie énergétique et cherchant à
diminuer son empreinte écologique. En
France, le concept est généralement lié à
une approche Haute Qualité
Environnementale9. Or, même si les
Brandons ne sont pas un éco-quartier
exemplaire, on aurait pu s'attendre à ce
que la population blainvillaise sache qu'il
s'agissait d'un quartier de ce type. Mais la
plupart des personnes interrogées le
qualifient de quartier de « logements sociaux » plutôt que d'éco-quartier. On peut alors se
demander si cette méconnaissance est due à une mauvaise communication de la part de ses
concepteurs, ou à une ignorance plus générale. La question a d'autant plus de sens, qu’elle
révèle un paradoxe : lorsque nous leur avons demandé si elles aimeraient vivre dans un éco-
9 Selon http://www.techno-science.net
La rénovation des Brandons a-t-
elle changé l'image de la ville?
134
25
8
Oui
Non
Ne sait pas
Figure n°12 :
Sur 167 réponses exprimées (correspond au nombre de
personnes interrogées connaissant les Brandons)
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
Selon vous, les Brandons c'est :
44
107
1819 Un éco-
quartier
Une cité
ouvrière
Des
logements
sociauxAutres
Figure n°13
Sur 167 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
114
Aimeriez-vous habiter dans les
Brandons?
41
119
7
Oui
Non
Ne sait pas
Figure n°15 :
Sur 251 réponses exprimées
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
quartier (sans leur révéler que les Brandons en étaient un), les personnes interrogées ont
majoritairement répondu par l'affirmative (55 %), tout en disant ne pas vouloir habiter les
Brandons (65 %). Souvent, ces personnes sont favorables à la notion d’éco-quartier pour des
raisons purement financières, car elles pensent que cela permet de réduire les factures de
chauffage. Les personnes qui ne désiraient pas habiter dans un éco-quartier nous ont expliqué
que selon elles, « c’est trop dense, trop petit ». Or, ces personnes vivent majoritairement dans
des zones pavillonnaires : elles sont bien chez elles avec leur propre jardin alors que, lors des
entretiens avec des personnes âgées, l’une d’entre elles a indiqué que « ce qui manque dans le
quartier des Brandons, c’est des jardins ».
Quant au côté esthétique, les personnes interrogées considèrent majoritairement que le
quartier fait plus propre certes, mais qu’il n’est pas très joli. On a pu constater que la
perception varie selon la catégorie socioprofessionnelle. Pour les propriétaires de pavillons, le
quartier des Brandons est jugé « moche » alors que les personnes résidant dans des logements
sociaux jugent le quartier « plutôt pas mal car il est neuf ». Lors d’un entretien, une habitante
du Danaé nous a décrit les Brandons d’aujourd’hui comme « moches, surtout avec les
escaliers en ferraille sur les côtés des immeubles » (figure n° 16).
Aimeriez-vous vivre dans un
éco-quartier?
125
427
77
Oui
Non
Ne sait pas
Pas de réponse
Figure n°14 :
Sur 167 réponses exprimées (question à choix multiple)
Source : enquête MUD oct.-nov. 2012
115
Les Blainvillais sont donc majoritairement favorables à la rénovation des Brandons car ils la
considèrent positive pour l'ensemble de la commune. Cependant, c'est la forme que cette
rénovation a prise qui ne fait pas l'unanimité. La communication aurait peut-être dû insister
sur le caractère d'éco-quartier que les Brandons ont acquis puisque les Blainvillais semblent
favorables à une solution de ce type.
Figure n°16 :
Les «escaliers en ferraille» rue de Saint-Quentin
Source : photo MUD oct.-nov. 2012
116
Conclusion générale
Qu’avons-nous pu dégager à travers ce diagnostic de Blainville-sur-Orne ?
La commune est en pleine mutation, dans tous les domaines que nous avons étudiés.
Elle s’inscrit dans le processus de périurbanisation qui touche l’agglomération caennaise
depuis les années soixante-dix. Ce processus a entrainé l’arrivée massive d’une population
d’origine sociale plus diverse que la population locale, doublant entre 1968 et 2009. Ainsi la
commune a vu le développement d’une économie résidentielle liée à ces nouveaux habitants.
En parallèle, bien que de nouveaux lotissements soient apparus, le marché de l’immobilier
s’est tendu. Avec ces nouveaux profils d’habitants, de nouvelles pratiques spatiales sont
apparues. D’une manière générale, les déplacements se sont accrus notamment avec un
rapport renouvelé à la voiture.
Quelle place le quartier des Brandons prend-il dans le changement communal ?
Il s’inscrit en continuité de l’évolution constaté sur l’ensemble du territoire. En effet,
le quartier était un symbole ouvrier dans la commune abritant notamment les logements pour
les célibataires. Avec sa rénovation, malgré la préservation de certains reliquats datant de
l’époque ouvrière, il a perdu son image de quartier ouvrier. Il est devenu un quartier social
parmi tant d’autres dans la commune. Cette perte ne semble pas vécut comme telle par les
habitants, considérant que les Brandons devaient subir cette transformation. En effet, ce
quartier était devenu insalubre, sous équipé et donc inadapté aux modes de vie actuels. De
plus, l’industrie reste très présente dans la commune ce qui ne facilite pas le développement
d’une mémoire ouvrière.
Quel futur pour Blainville-sur-Orne ainsi que pour sa relation avec le quartier des Brandons ?
D’après l’enquête, les Blainvillais ne connaissent peu ou pas le caractère d’éco-
quartier des Brandons. Pourquoi ne pas développer cette image, afin d’une part de redonner
un caractère spécifique à ce quartier, le rendant ainsi visible dans le paysage blainvillais. Afin
d’autre part, de séduire des populations sensibles au respect de l’environnement et au
développement durable, ce qui diversifierait une fois de plus les horizons sociaux des
habitants de Blainville-sur-Orne. La commune gagnerait ainsi en image à l’échelle de
l’agglomération caennaise.
Table des matières
Introduction …………………………………………………………………………………....1
PARTIE 1 : BLAINVILLE-SUR-ORNE DANS LE CONTEXTE DE
L’AGGLOMERATION DE CAEN-LA-MER …..................................................................2
Démographie …………………………………………………………………………………..3
Couples-familles-ménages …………………………………………………………………….6
Vie économique et population active ...………………………………………………………..8
Revenus-niveaux de vie-patrimoine ………………………………………………………….12
Logement …………………………………………………………………………………….17
Diplômes et formation ……………………………………………………………………….19
Tourisme et mobilités ………………………………………………………………………...22
PARTIE 2 : DIAGNOSTIC TERRITORIAL DE BLAINVILLE-SUR-
ORNE ……….....................................................................................................................….27
Introduction ………………………………………………………………………………… .28
Blainville : mutation de l’économie locale et de l’offre de service ………………………….47
La mobilité des habitants de Blainville-Sur-Orne ……………………………………………65
Le logement à Blainville-Sur-Orne …………………………………………………………..87
Les Brandons dans le changement social de Blainville-Sur-Orne ………………………….101
Conclusion ……………………………………………………………………………….…116
Annexes
Annexes
Grille d’entretien : groupe 1
Le profil socioprofessionnel
La trajectoire résidentielle
Constat :
Beaucoup de couples avec enfants
Hypothèses :
- infrastructures scolaires/culturelles
(collège, stade, médiathèque…)
- associations (théâtre…)
- cadre de vie agréable
Constat :
Les habitants de Blainville avant de
déménager habitaient à Caen ou dans
son agglomération (Hérouville-St-
Clair)
Hypothèses :
- recherche d’un environnement moins
urbain tout en restant à proximité de
Caen
- l’accession à la propriété
- raisons familiales, professionnelles
Constat :
Majorité de revenus modestes et
moyens
Hypothèses :
- présence de logements sociaux
- prix foncier relativement bas
Constat :
Une part significative des habitants
sont natifs de Blainville
Hypothèses :
- raisons familiales, culturelles…
Constat :
La CSP la plus représentée : employés
Hypothèses :
- raisons culturelles
- prix du foncier relativement bas
Constat :
Présence de beaucoup de retraités
Hypothèses :
- cadre de vie agréable et plus calme
qu’à Caen
- commerces de proximité leur
permettant d’être indépendants par
rapport à la ville
Les hypothèses peuvent se classer en quatre grands groupes :
Cadre de vie
Parcours professionnel
Facteurs culturel / familiale
Facteur prix
Grille d'entretien : activité économique
I/ Usages et pratiques des services publics
Types de besoin
-Quels commerces utilisez-vous ?
Localisation
-Quelle difficulté avez-vous pour vous rendre dans les commerces ?
-Comment y allez-vous ?
-Combien de temps mettez-vous pour vous y rendre ?
Qualité
-Que pensez-vous des commerces, commerçants ?
-Quelles sont les relations entre clients et commerçants ?
-Que pensez vous des services publics de Blainville (administratifs, enseignement…) ?
-Avez-vous connaissance du jour et du lieu du marché de Blainville
II/ Souhaits, aspirations
Jugement de l'offre existante
-Par rapport aux réponses, est ce qu’il y a selon vous une évolution des commerces,
services publics, infrastructures culturelles, sportives à Blainville ?
-Pourquoi ?
Évolution de la qualité
-Où faites-vous vos courses ?
-Pourquoi pas à Blainville ?
Attentes pour le futur
-Qu’est-ce que vous désireriez de plus ?
-Avez-vous connaissance du projet d’installation d’un Leclerc ? Si oui qu’en pensez-
vous ?
Parler de la concurrence territoriale.
III/ Un sentiment d’appartenance à une « identité » Blainvillaise : facteur /
vecteur d'engagement dans les associations ?
Identité
-Vous sentez-vous Blainvillais ?
-Où habitez-vous à Blainville ?
-Si pour vous c’est un quartier, en quoi vous reconnaissez vous dans ce quartier ? Qu’est
ce qui forge l’identité de ce quartier ?
Qualité de l'offre/Besoins des habitants
-Est-ce que vous pratiquez des activités sur la commune ?
-Êtes-vous membre d’une association sur Blainville ou sur une autre commune ?
Concurrence territorial/Meilleur offre
-Demander ce qui attire ailleurs ?
-Ce qu’ils pensent de la publicité qui est faite par exemple sur Hérouville « fier d’être
Hérouvillais » ?
-Avez-vous entendu parler du film sur Blainville ? Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous
figurant ?
IV/ Tertiarisation de la commune
Opposition vie économique industrielle (en nombre d'emplois de la
commune)/population majoritairement travaillant dans le tertiaire
-Comment qualifieriez-vous Blainville ?
-Et d’un point de vue économique ?
-Y a-t-il eu une évolution dans la vie économique de Blainville ?
La place de Renault Trucks
-Dans le passé, y avait-il une identité propre à Blainville plus forte
Grille d’entretien : mobilité
- La CSP ………………………. - Le nombre de véhicules ……………………
Objectifs : Comprendre l’attractivité de la commune. Quelles les sont différentes mobilités des habitants ?
Pourquoi êtes-vous venu vous installer à Blainville ? Pourquoi ? Coûts de déplacement Avantages financiers
Périurbanisation Place de la voiture
Image de la ville Paysage
Relations sociales Desserte (réseaux)
Pourriez-vous nous parler de vos déplacements réguliers ? Pourquoi ?
Mode de déplacement privilégié Migrations pendulaires
Déplacements récréatifs Déplacements pour la consommation
Déplacements intra communale Moyens de transports pour ces déplacements
Flux (carte mentale)
Pourriez-vous nous parler des raisons qui vous amènent à fréquenter certains
lieux et pas d’autres ? (Mobilités intellectuelles) Pourquoi ?
Fréquentation des quartiers Fragmentation Blocage Exclusion Echange Intégration
Si le coût des carburants devait continuer à augmenter, comment envisageriez
vous vos nouveaux déplacements ?
Grille d’entretien : « Le logement à Blainville-Sur-Orne »
1. Pouvez-vous prendre une photographie qui représente votre logement ?
2. Pouvez-vous décrire votre habitat dans son ensemble ?
Nombre de pièces ?
Nombre de personnes vivant dans ce logement ?
Niveau du confort, évolution ? Travaux ?
3. Pourquoi êtes-vous venu habiter à Blainville-Sur-Orne ?
Est-ce voulu ou contraint ?
Raisons et attentes ?
Coût du logement dans le budget du ménage ?
Avantages et inconvénient par rapport au logement précédent ?
4. Quelle est l’image que vous avez de Blainville à propos du logement ?
Type de logement à Blainville (logements sociaux ? quelle proportion ?)
Image du logement dans le quartier des Brandons ?
Que pensez-vous des travaux ?
Ville agréable ?
5. Comptez-vous rester habiter à Blainville ?
Pourquoi ?
Changement de type de logement ?
6. Quel serait l’endroit idéal pour habiter ?
Dans Blainville ?
En général ?
Grille d’entretien « Les Brandons dans le changement social de
Blainville-sur-Orne » :
1. Comment imaginez-vous le passé ouvrier de la Basse-Normandie et de
l’agglomération caennaise?
2. Comment imaginez-vous Blainville dans le passé ? Son évolution au cours du 20e
siècle : dans les années 1920, dans l’entre-deux guerres, dans les années 1970 ? Il y a
vingt ans, il y a dix ans, etc. ?
Et le Blainville du futur ?
3. Parlez-nous de vous : quelle est votre histoire ? L’histoire de votre famille ? De quel
milieu êtes-vous issu(e) ? Quelle était la profession de vos parents ? Et votre
profession ? Votre situation familiale ?
4. Nous allons vous montrer des photos de Blainville et des Brandons dans le passé et
actuellement : pouvez-vous nous dire ce qu’elles vous évoquent ?
5. Selon vous, que reste-t-il du passé de Blainville-sur-Orne dans les Brandons
d’aujourd’hui ? et dans le reste de la commune ?
6. Décrivez-nous votre quartier idéal. Que changeriez-vous dans votre propre quartier ?
Photos montrées pendant les entretiens :