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Les cahiers de l’intégration ———————————————————————————————————— N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Tite Ehuitché BEKE
Echanges agricoles intra zone et sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA : une
analyse par le modèle de gravité
Romuald S. KINDA & al.
L'accaparement des terres améliore-t-il la sécurité alimentaire en Afrique
subsaharienne ?
Aboubacar Toukal ASSOUMANA & al.
Caractérisation morphologique et moléculaire de Fusarium solani responsable du
flétrissement des plants et de la pourriture des fruits du poivron au Niger
Fatou GUEYE & Ahmadou Aly MBAYE
Interactions entre le formel et l’informel et leurs implications sur le marché du
travail en Afrique de l’ouest : cas du Bénin et du Sénégal
Ousmane Z. TRAORE
Perceptions populaires de l’intégration régionale en Afrique
Les cahiers de l’intégration Ligne éditoriale
Les Cahiers de l’intégration sont une série de documents de travail éditée par la Commission de l’UEMOA sur la base des meilleurs articles triés lors des séminaires de recherche du «Réseau Think Tank UEMOA (RTT-UEMOA) ». Les articles présentés dans la série sont des recherches en cours. Les opinions exprimées ne représentent pas les points de vue de la Commission de l’UEMOA. Elles n’engagent que leur auteur. Les cahiers de l’intégration cherchent à donner plus de visibilité aux travaux des chercheurs du RTT-UEMOA sur les thématiques d’intérêt communautaire comme la sécurité alimentaire, l’emploi des jeunes, les infrastructures économiques, le développement local, l’intégration et la croissance, etc.
Directeur de publication
Aly D. COULIBALY - [email protected]
Directeur de la Stratégie et
de l’Evaluation (DSE)
Commission de l’UEMOA
Editing
Fatimata DIALLO (DSE) - [email protected]
Souleymane DIARRA (DSE) – [email protected]
Adresse
Les Cahiers de l’intégration
Direction de la Stratégie et de l’Evaluation (DSE)
Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
380 avenue du Professeur Joseph KI-ZERBO
Boîte postale 01 BP543 OUAGA - Ouagadougou - Burkina FASO
E-mail : [email protected]
© UEMOA, 2018
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partiellement ou totalement, le présent ouvrage.
Dépôt légal 1er trimestre 2018
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// JANVIER 2018
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Les cahiers de l’intégration
N° 001•1 e r TRIMESTRE 2018
Sommaire
Tite Ehuitché BEKE DOCUMENT DE TRAVAIL N° 1
Echanges agricoles intra zone et sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA : une analyse par le modèle de gravité. P. 1
Romuald S. KINDA, N. Eric KERE, Thierry Urbain YOGO & M. Anthony SIMPASA DOCUMENT DE TRAVAIL N° 2
Does Lands Rush Really Improve Food Security in Sub-Saharan Africa? P 20.
Boubacar T. ASSOUMANA, Boubacar T. ASSOUMANA, Mbaye NDIAYE, Grace van der PUIJE, Abdelnaser ELASHRY, Alexander SCHOUTEN & Florian M. W. GRUNDLER
DOCUMENT DE TRAVAIL N° 3
Characterization of the pathogen Fusarium solani leading to plants wilt and fruit rot in sweet pepper in Niger. P. 36
Fatou GUEYE & Ahmadou Aly MBAYE DOCUMENT DE TRAVAIL N° 4
Interactions entre le formel et l’informel et leurs implications sur le marché du travail en Afrique de l’ouest : cas du Bénin et du Sénégal. P. 50
Massa COULIBALY & Ousmane Z. TRAORÉ DOCUMENT DE TRAVAIL N° 5
Perceptions populaires de l’intégration régionale en Afrique. P. 72
CAHIERS DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// JANVIER 2018
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DOCUMENT DE TRAVAIL N° 1
Echanges agricoles intra zone et
sécurité alimentaire dans l’espace
UEMOA : une analyse par le
modèle de gravité
Regional agricultural trade and food security in WAEMU countries: an analysis using the gravity model
Tite Ehuitché BEKE*
PLAN DE L’ARTICLE
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE OBJECTIFS DE L’ETUDE
LE MODELE DE GRAVITE : UNE REVUE THEORIQUE
LA POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE DE L’UEMOA (PAU) : UN BREF ETAT DES LIEUX STRUCTURE DE LA PRODUCTION, ECHANGE INTRA ZONE ET SECURITE ALIMENTAIRE DANS
L’ESPACE UEMOA METHODOLOGIE
LE CADRE THEORIQUE
MODELE ECONOMETRIQUE ET METHODES D’ESTIMATION LE MODELE ECONOMETRIQUE
METHODES D’ESTIMATION
RESULTATS DES ESTIMATIONS ET DISCUSSION
CONCLUSION REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE
Résumé Cette étude a pour objectif d’analyser les déterminants des échanges agricoles
transfrontaliers dans l’espace UEMOA. Ces flux commerciaux agricoles sont essentiels
à l’amélioration de la sécurité alimentaire dans l’Union. Nous estimons un modèle
de gravité sur des données de panel (un échantillon de 8 pays observé sur la période
1988 – 2015) pour évaluer les facteurs d’intensification ou de résistance au commerce
agricole intra régional. Les résultats économétriques obtenus indiquent que les poids
économiques des pays partenaires (PIB), le partage d’une langue et d’une frontière
communes ont des effets positifs significatifs sur les importations agricoles. En
revanche, les coûts de transport captés par la distance entre les pays coéchangistes
et les coûts de transaction liés aux obstacles non réglementaires au commerce
entravent les échanges agricoles transfrontaliers. Il importe donc d’éliminer
effectivement tous les obstacles non tarifaires et tarifaires aux importations par une
application stricte des textes de l’intégration et de renforcer les programmes
économiques régionaux en faveur des services infrastructurels de transport afin
* University of Cocody-Abidjan/CIRES (Centre Ivoirien de Recherches Economiques et Sociales) Côte d’Ivoire - Cel. : (+225) 09 66 11 29 / 01 73 14 18 - Email : [email protected]
CAHIERS DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// JANVIER 2018
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d’induire une baisse sensible des coûts de commerce et intensifier les échanges
transfrontaliers.
Mots clés : Modèle de gravité, Intégration Régionale, Sécurité alimentaire, UEMOA.
Abstract The main objective of this study is to analyze the determinants of regional
agricultural trade in WAEMU. These trade flows are essential for improving food
security in the Union. We estimate a gravity model based on panel data (a sample of
8 countries observed over the period 1988 - 2015) to assess factors of intensification
or resistance to intra-regional agricultural trade. The econometric results indicate
that the GDP of the partner countries, the sharing of a common language and the
sharing of common border have significant positive effects on the dynamic of
agricultural imports. On the contrary, transport costs captured by the distance
between countries and the transaction costs due to non-regulatory trade barriers
have negative impacts on intra-regional agricultural trade. It is therefore important
to effectively eliminate all non-tariff and tariff barriers through strict application of
the integration texts. The results also suggest strengthening regional economic
programs in favor of transport infrastructure in order to intensify regional
agricultural trade by inducing a significant reduction in trade costs.
Key Words : Gravity Model, Regional Integration, Food Security, WAEMU.
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• Contexte et problématique
Les dynamiques du commerce agricole transfrontalier jouent un rôle de premier plan dans la sécurité
alimentaire et nutritionnelle dans l’espace ouest-africain qui possède d’importants atouts d’un point
de vue agricole. En effet, la région dispose d’abondantes ressources naturelles (terres cultivables,
ressources en eau) et bénéficie d’une grande diversité des écosystèmes, favorables à la production
d’une large variété de produits. Cette diversité agro-climatique est source d’échanges de sorte que
le secteur agricole constitue un levier important de l’intégration régionale (Bonjean et al., 2013).
L’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) englobant le Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo est parcourue par des flux
commerciaux de longue distance qui sous-tendent les systèmes de vie et la sécurité alimentaire et
nutritionnelle des ménages. Ces flux transfrontaliers s’organisent de façon à répondre à la demande
des zones déficitaires par une offre du surplus agricole des zones de production. Quand ils
fonctionnent sans entrave, les flux commerciaux transfrontalier de céréales (riz, maïs, mil, sorgho),
de féculents et de bétail sont d’autant d’opportunités permettant aux ménages de l’Union d’assurer
leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et de faire face aux crises.
Les céréales, les tubercules, le plantain et les produits d’élevage constituent l’alimentation de base
de la majorité des ménages de l’UEMOA. Ces produits agricoles font l’objet d’échanges
transfrontaliers intenses qui jouent un rôle essentiel dans la régulation de l’offre et des prix des
produits alimentaires au niveau de chaque pays et participent à la sécurité alimentaire et
nutritionnelle des populations.
Des études relatives aux dynamiques transfrontalières ont mis en évidence l’existence de stratégies
commerciales sous-régionales (Abdoul et al., 2007). Au niveau de l’UEMOA, l’une des priorités
affichées de la politique agricole est la sécurité alimentaire par le développement de la production
et des échanges.
Les trois axes majeurs de la Politique Agricole de l’Union (PAU) visent à renforcer les systèmes de
production, à développer les échanges intracommunautaires et à intégrer les marchés domestiques
aux marchés régional et international.
Le premier axe de la PAU met l’accent sur l’amélioration de la sécurité alimentaire, l’accroissement
des revenus des producteurs et la réduction de la pauvreté. Le deuxième et le troisième axe visent à
faciliter l’accès aux marchés régional et international et à écouler les productions résultant de
l’accroissement de l’offre.
L’harmonisation de la politique commerciale de l’UEMOA permet une libre circulation des produits
agricoles au sein des pays membre sous une protection extérieure commune. En effet, depuis sa
création, les produits agricoles d’origine communautaire, mais aussi les produits de l’élevage et les
produits industriels originaires agréés, circulent librement au sein de l’UEMOA (Bonjean et al., 2013).
Cependant, un ensemble d’obstacles tarifaires, non tarifaires et techniques aux échanges agricoles
entre les pays de l’Union subsiste en dépit des réformes institutionnelles visant à intensifier le
commerce agricole intra zone. En effet, comme l’indique le Centre Ouest-Africain pour le Commerce
(West Africa Trade Hub – WATH), les échanges de marchandises, y compris de produits agricoles,
restent entravés par des barrières d’ordre tarifaire, non-tarifaire et technique.
La non application des textes de l’intégration est visible à travers de nombreuses restrictions
quantitatives et tarifaires sur les importations dans l’Union comme l’indique les enquêtes effectuées
par le WATH (Bonjean et al., 2013). Ces obstacles aux échanges prennent la forme des contrôles, des
prélèvements et autres tracasseries routières depuis la sortie de la zone de production jusqu’au lieu
de consommation. Ces contrôles demeurent coûteux étant donné les retards et les pertes qu’ils
occasionnent notamment pour les denrées alimentaires périssables.
Une illustration des obstacles illicites aux échanges est décrite par l’Observatoire des Pratiques
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Anormales (OPA) sur les corridors routiers en Afrique de l’Ouest. En effet, l’OPA indique 26 arrêts en
moyenne par voyage. Le Mali est le pays de l’UEMOA, qui compte la plus forte densité de points de
contrôle avec 30% des paiements illicites effectués aux postes frontières. En outre, l’un des principaux
obstacles au commerce, comme le montrent les rapports de l’OPA, du WATH et de l’UEMOA sont les
coûts engendrés par la lourdeur des procédures administratives (WATH, 2012).
Les obstacles aux échanges agricoles dans l’espace UEMOA revêt également la forme d’interdictions
temporaires des exportations mises en place par les pouvoirs publics de façon discrétionnaire en cas
de mauvaise récolte ou de baisse des prix. Les enquêtes menées par le WATH auprès des secteurs
public et privé des pays de l’UEMOA, confirment l’existence de nombreuses restrictions volontaires
au commerce. Ainsi, au Sénégal, les résultats des enquêtes rapportent l’existence de restrictions
contingentaires et quantitatives sur les arachides et les importations de sucre et d’huile de palme.
Le maïs figure explicitement sur la liste des exportations prohibées au Nigeria selon le WATH tandis
que des produits comme le manioc, les volailles, les bovins et les porcins figurent sur la liste des
importations interdites (WATH, 2012).
Quelles que soient leurs formes, les entraves aux échanges des produits agricoles dans l’espace UEMOA
contribuent à l’augmentation des coûts de transaction. Ces coûts additionnels de commercialisation
pénalisent les producteurs et les consommateurs et introduisent des inefficiences dans la distribution
et la commercialisation des produits agricoles. En effet, ces entraves sont un facteur de baisse des
prix payés aux producteurs et de hausse des prix à la consommation. Ces obstacles aux échanges de
produits agricoles compromettent les objectifs de sécurité alimentaire dans l’UEMOA.
Dans ce contexte, il est crucial d’évaluer l’ensemble des facteurs pertinents et notamment les
facteurs de résistance qui influencent la dynamique du commerce des produits agricoles au sein de
l’UEMOA. Une telle analyse contribuera à orienter les acteurs régionaux dans la mise en œuvre de
politiques cohérentes et efficaces en vue d’une meilleure intégration des économies agricoles de la
région et d’une amélioration de la sécurité alimentaire.
• Objectifs de l’étude
L’objectif principal de l’étude est d’analyser les déterminants des échanges agricoles intra zone dans
les pays de l’UEMOA.
De manière spécifique, il s’agit :
- d’examiner le lien entre la structure agricole de l’espace UEMOA, la dynamiques des flux
commerciaux agricoles et la sécurité alimentaire ;
- d’identifier les facteurs de résistance au commerce agricole intra régional ;
- d’évaluer les déterminants des flux des importations agricoles dans l’Union.
• Le modèle de gravité : une revue théorique
Le modèle de gravité appliqué au commerce international s’inspire de la loi de la gravitation
universelle selon laquelle deux corps ponctuels de masses respectives 𝑀𝑖 et 𝑀𝑗 s’attirent avec des
forces de mêmes valeurs proportionnelles au produit des deux masses et inversement proportionnelles
au carré de la distance qui les sépare. La force gravitationnelle entre deux corps 𝑖 et 𝑗 étant données
leurs masses 𝑀𝑖 et 𝑀𝑗 et la distance 𝐷𝑖𝑗 qui les sépare s’écrit :
𝐹𝑖𝑗 =𝑀𝑖.𝑀𝑗
𝐷𝑖𝑗2
Une transposition simple de la loi gravitationnelle de Newton fut appliquée au commerce
international à partir d’une expression économique de type Cobb-Douglas. Etant donnés les poids
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économiques des pays partenaires à l’échange (PIB), la distance géographique entre les pays, les
forces de stimulation ou de résistance au commerce et d’un terme de perturbation, le modèle
multiplicatif pour les échanges commerciaux entre deux pays 𝑖 et 𝑗 peut s’écrire :
𝐹𝑖𝑗 =𝑌𝑖𝛽1𝑌𝑗
𝛽2𝑍𝑖𝑗𝛽4𝑒𝜀𝑖𝑗
𝐷𝑖𝑗𝛽3
La transformation logarithmique donne la forme linéaire du modèle de gravité des échanges
commerciaux bilatéraux comme suit :
𝑙𝑛(𝐹𝑖𝑗)⏟ = 𝛽0 + 𝛽1 𝑙𝑛(𝑌𝑖) + 𝛽2 𝑙𝑛(𝑌𝑗)⏟ + 𝛽3 𝑙𝑛(𝐷𝑖𝑗)⏟ + 𝛽4 𝑙𝑛(𝑍𝑖𝑗)⏟ + 𝜀𝑖𝑗
Echanges Poids Economiques Distance Autres forces
Bilatéraux (PIB)
Conformément à la loi de la gravitation, les signes attendus sont : 𝛽1 > 0; 𝛽2 > 0 et 𝛽3 < 0.
Tinbergen (1963) a été le premier a utilisé le modèle de gravité pour expliquer les flux des échanges
internationaux. Ce modèle est devenu au cours des deux dernières décennies un outil standard de
modélisation du commerce international (Fontagné et al., 1999). Le modèle permet d’analyser les
conséquences de la libéralisation des échanges, les effets de création et diversion de commerce
associés aux zones de libre-échange, et l’incidence de la distance sur le volume de commerce.
Les modèles gravitationnels sont aussi employés dans l’étude des déterminants d’autres phénomènes
tels que l’immigration (Beine et al., 2011 ; Grogger et Henson, 2011), les investissements directs
étrangers (Kleinert et Toubal, 2010 ; Keller et Yeaple, 2009), ou encore les investissements
internationaux de portefeuille (Portes et Rey, 2005 ; Martin et Rey, 2004).
Cette étude s’intéresse en particulier aux modèles de gravité appliqués pour expliquer les flux du
commerce international. En dépit de sa popularité dans les applications empiriques, le modèle de
gravité appliqué au commerce international a fait l’objet d’importantes critiques dans les années
1980. Ces critiques résumées par Anderson et van Wincoop (2003) reprochait principalement aux
modèles gravitationnelles d’être dépourvus de fondements théoriques.
A partir du milieu des années 1990, les travaux de Deardorff (1998), Hummels et Levinsohn (1995),
Anderson et van Wincoop (2004), Evenett et Keller (2002) montrèrent empiriquement que le modèle
gravitationnel peut émerger de plusieurs modèles théoriques du commerce international. Toutefois,
il reste difficile d’identifier dans la littérature théorique l’approche fondamentale la plus plausible,
à même d’expliquer le mieux les données observées.
Théoriquement les modèles gravitationnels fondés sur une concurrence monopolistique sous-tendent
une spécialisation complète. Cependant, les tests empiriques ne confirment pas toujours la
spécialisation complète. En effet, Evenett et Keller (2002) démontrent que les modèles à
spécialisation imparfaite avec des dotations factorielles expliquent le mieux les données du
commerce international.
Haveman et Hummels (2004) soulignent cependant que les conclusions de Evenett et Keller (2002) ne
peuvent pas être appliquées aux échanges entre plusieurs pays. Ainsi, Haveman et Hummels (2004)
spécifient une équation de gravité à partir d’un modèle de spécialisation incomplète avec des coûts
de transaction et qui peut être aisément utilisée dans un cadre d’échanges entre plusieurs pays. Par
ailleurs, Eaton et Kortum (2002) spécifient une équation de gravité globale mettant en relation les
secteurs hétérogènes ricardiens pour expliquer les échanges entre plusieurs pays spécialisés.
Le cadre théorique de la majeure partie des modèles gravitationnelle est celui des marchés de
concurrence monopolistique fondés sur la libre entrée et sortie d’un grand nombre de firmes
produisant une variété unique de bien différencié. Dans son approche au commerce international en
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concurrence monopolistique, le modèle de gravité postule que chaque pays exporte une variété
unique de bien différentié vers son partenaire commercial, même si les firmes dans les différents
pays échangistes peuvent produire les mêmes variétés de bien en autarcie (Sorgho, 2013).
A l’ouverture des marchés, les pays se spécialisent dans l’exportation de variétés uniques des biens
différentiés pour lesquels ils disposent d’un avantage comparatif. Dans le cadre de ces échanges,
deux principales hypothèses peuvent être formulées : la première est le cas d’un libre échange
effectif impliquant des prix identiques dans tous les pays échangistes. Le second est celui où les prix
diffèrent d’un pays à l’autre.
L’hypothèse de libre échange effectif permet d’arriver à la forme simple de l’équation de gravité qui
sera complexifiée avec l’hypothèse des prix différents d’un pays à l’autre.
• La Politique Agricole commune de l’UEMOA (PAU) : un bref état
des lieux
Les Etats et les organisations régionales d’intégration ont développé des réponses communes pour
apporter une réponse durable au problème de l’insécurité alimentaire dans la région ouest-africaine.
Adoptée en 2001, la Politique Agricole commune de l’UEMOA a pour objectif général de contribuer
de manière durable à la satisfaction des besoins alimentaires de la population, au développement
économique et social et à la lutte contre la pauvreté dans les Etats membres. Ses objectifs spécifiques
sont : i) réaliser la sécurité alimentaire ; ii) accroître la productivité et la production de l’agriculture ;
et iii) améliorer les conditions de vie des producteurs.
Au plan architectural, la PAU est un triptyque qui s’articule autour de trois grands axes
d’intervention :
- l’adaptation des systèmes de production et l’amélioration de l’environnement de la
production ;
- l’approfondissement du marché commun dans le secteur agricole et la gestion des ressources
partagées ;
- l’insertion de l’agriculture de l’Union dans les marchés sous régional et mondial.
De même, elle dispose de trois instruments de mise en œuvre, en l’occurrence, la programmation
pluriannuelle des activités, le Fonds Régional de Développement Agricole (FRDA) et le Système
d’Information Agricole Régional (SIAR).
Dans la pratique, la mise en œuvre de la PAU dépend largement des actions des autres acteurs et
institutions en charge du développement agricole dans la sous-région. De ce fait, elle repose sur sept
principes directeurs : la subsidiarité, la proportionnalité, la régionalité, la complémentarité, la
solidarité, la progressivité et le partenariat.
L’harmonisation des politiques commerciales de l’UEMOA permet une libre circulation des produits
agricoles au sein des pays membres. Cette réglementation confirme le renoncement des pays
membres à intervenir sur les marchés agricoles. De fait, la mise en place d’un marché commun laisse
peu de place à des politiques agricoles autonomes qui seraient fondées sur le soutien ou la subvention
des prix agricoles ou la régulation de la production (Bonjean et al., 2013).
L’UEMOA a également procédé à l’harmonisation des règles de concurrence et des normes à travers
notamment la définition d’un cadre réglementaire relatif à la sécurité sanitaire des végétaux, des
animaux et des aliments (Bonjean et al., 2013).
Les perspectives d’évolution de la PAU pour les prochaines décennies se centrent principalement sur
les activités à fort impact sur la sécurité alimentaire. Il s’agira en particulier : - d’appuyer les Etats
membres à la production de semences améliorées, base de toute production agricole ; - d’améliorer
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l’agriculture familiale en étroite collaboration avec les programmes nationaux d’investissement
agricole (PNIA) ; - d’appuyer la maitrise de l’eau et l’intensification de l’agriculture ; - de préparer
la sous-région à faire face aux aléas climatiques et aux déficits céréaliers par la production et la
gestion rationnelle des stocks de sécurité alimentaire, pour ce faire, plus de synergie sera recherchée
avec le CILSS et la CEDEAO dans le cadre de la mise en œuvre de l’ECOWA ;- de mettre en place un
programme de formation agricole rurale adaptée en relation avec le Département du Développement
Social et les institutions et centres de formation (UEMOA, 2011).
• Structure de la production, échange intra zone et sécurité
alimentaire dans l’espace UEMOA
Les statistiques de la FAO estiment que les terres arables des pays de l’UEMOA couvrent 33 802 000
hectares, soit un peu moins de 10% de la surface territoriale totale. De ces terres, 4 445 000 hectares
sont cultivés de façon permanente, soit 13% du total des terres arables (UEMOA, 2011). De grands
systèmes fluviaux, directement liés aux niveaux des précipitations traversent la région. En effet, les
fleuves, Niger, Sénégal, Gambie, Sassandra, Bandama, Comoé, Volta et le Lac Tchad, déterminent la
maintenance de la couverture des sols et les ressources en eau.
Le système de production agricole dans l’espace UEMOA combine l’agriculture d’exportation avec
l’agriculture de subsistance. Cette dernière assure en partie la couverture alimentaire des Etats. Les
aliments de base dans la zone UEMOA sont les céréales (riz, maïs, blé, etc.) les féculents (manioc,
igname, etc.) et les protéines animales.
La mesure des disponibilités alimentaires par habitant et par jour calculé par la FAO est l’indicateur
de sécurité alimentaire le plus usuel. Les disponibilités alimentaires peuvent être mesurées en
quantités ou en calories*. Le tableau ci-après décrit l’évolution des disponibilités alimentaires en
zone UEMOA.
Tableau 1. Evolution des disponibilités alimentaires en zone UEMOA (Kcal/personne/jour)
1961 1970 1980 1990 2000 2010 2013
UEMOA
Benin 1747 1849 1930 2236 2395 2592 2786
Burkina Faso 1459 1687 1646 2270 2371 2647 2841
Côte d’Ivoire 2223 2585 2840 2489 2550 2670 3382
Guinée-Bissau 1740 1738 1979 2249 2372 2476 2295
Mali 1594 1863 1560 2205 2217 2624 2613
Niger 1575 1885 2069 2146 2171 2489 2518
Sénégal 2389 2259 2244 2316 2243 2479 2499
Togo 2045 2109 2091 2161 2208 2363 2933
Source : FAO
La dynamique des disponibilités alimentaires des Etats membres de l’Union indique une augmentation
continue sur la longue période 1961-2013. Dans l’hypothèse qu’un individu dans un pays en
développement a une activité physique modérée et permanente, ses besoins énergétiques quotidiens
approximatifs selon la FAO se situent entre 2000 et 2335 kilocalories par personne et par jour (FAO,
2000).
Suivant ces normes, la période d’observation présente un contraste entre les disponibilités avant 1990
et la convergence rapide des disponibilités vers des niveaux relativement élevés à la fin des années
*Les disponibilités alimentaires sont données par : (production+importations-exportations+variation des stocks-alimentations
pour animaux-semences-pertes et autres usages) rapporté au nombre d’habitants du pays.
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1980 (Tableau 1). Ainsi, le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali et le Niger ont présenté
une situation critique avant 1990 avec des disponibilités inférieures au seuil de 2000 kilocalories. En
revanche, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo sont au-dessus de ce seuil critique sur toute la
période d’observation.
D’une manière générale, les disponibilités alimentaires tendent à s’améliorer pour tous les pays de
l’Union depuis la fin des années 1980. Les niveaux de disponibilité alimentaire ont été au-delà de la
barre de 2335 kilocalories pour tous les Etats membres de l’UEMOA en 2013 (Tableau 1).
La satisfaction des besoins alimentaires de la plupart des pays de l’Union a fortement reposé sur les
importations de denrées alimentaires (origines végétale et animale) (Bonjean et al., 2013). En effet,
l’amélioration des disponibilités alimentaires s’est accompagnée d’une tendance à la dégradation des
balances commerciales des pays de l’espace UEMOA à partir des années 1980, à l’exception de la Côte
d’Ivoire dont le solde commercial est demeuré positif et en constante hausse (Tableau 2).
Tableau 2. Evolution de la balance commerciale alimentaire et animale (1000 US$)
1961 1970 1980 1990 2000 2010
UEMOA
Benin -3479 -2486 -28476 -90042 -79539 -98586
Burkina Faso 3542 -443 -29823 -68166 -102401 -176021
Côte d’Ivoire 100005 242391 1366729 929756 1317162 3575467
Guinée-Bissau -1372 -5023 -9228 -5145 16521 -7942
Mali 2563 9363 33055 -17559 18341 -227152
Niger 8536 22251 10339 -50321 -4439 -114205
Sénégal -42436 -37002 -185088 -328371 -282683 -859882
Togo 7650 26092 13091 -15564 -5793 83491
Source : FAO
Les observations de long terme des données alimentaires indiquent nettement que les pays de
l’UEMOA sont structurellement dépendants du commerce pour leur sécurité alimentaire à l’exception
de la Côte d’Ivoire et du Togo qui en moyenne ne présentent pas de déficits commerciaux alimentaires
(Tableau 2).
La forte dépendance des pays de l’UEMOA aux importations pour faire face à l’insécurité alimentaire
est plus visible dans le secteur céréalier (Tableau 3). La majorité de leurs importations proviennent
du marché international. Cependant, les marchés régionaux notamment les marchés des céréales
locales, des féculents et des produits animaux, jouent un rôle essentiel en participant à une allocation
efficace des ressources au sein de la sous-région (Bonjean et al., 2013).
Tableau 3. Evolution du ratio de dépendance aux importations céréalières en zone UEMOA (en %) 00-02 02-04 04-06 06-08 08-10 09-11
Benin 13,4 19,3 31,3 40,8 26,9 22,2
Burkina Faso 8,9 6,8 7,5 7,2 7,7 9,8
Côte d'Ivoire 47,4 50,1 51,1 52,5 51,6 52,4
Guinée Bissau 40,1 45 34,2 22 27 31,4
Mali 9,3 8,9 9,7 8,1 5 4,7
Niger 10 9,4 9,9 7,2 7 7,3
Sénégal 53,8 54,1 52,5 56,1 45 46,9
Togo 14,1 18,2 17,8 14,6 12,4 14
Source : FAO
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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L’analyse des parts des pays membres dans les productions agricoles alimentaires indique des ratios
de concentration relativement élevés par produit (Figures 1, 2 et 3).
Les productions céréalières sont réalisées aussi bien dans les zones forestières (riz) que dans les zones
de savane (riz, mil, maïs, sorgho, fonio). La production de fonio est tirée par deux principaux acteurs :
le Mali avec 51% de la production régionale et la Côte d’Ivoire (25%). La production de maïs reste
dominée par le Mali qui représente 28% de la production régionale, suivi du Burkina Faso (23%) et du
Benin (22%). Deux acteurs majeurs dominent la production de mil : le Niger avec 51% de la production
régionale et le Mali (26%). Quant à la production de sorgho, elle reste concentrée entre trois pays :
le Burkina Faso dont le poids représente 34% de la production régionale, le Niger (29%) et le Mali
(26%). En ce qui concerne, la production rizicole, elle est portée par le Mali qui représente 38% de la
production régionale et la Côte d’Ivoire (36%) (Figure 1).
Figure 1. Concentration des productions céréalières dans la zone UEMOA
Source : Auteur à partir des données de la FAO
2%
22%
4% 2%
12%
23%
15% 6%
34%
25%
11%
1%
36%
1%1%
2%
51%28%
26%
38%
26%
6%
1%
51%
2%
29%
3%
3%
6%10% 2%13%3% 6%
Fonio Maïs Mil Riz Sorgho
Poids des pays dans les productions céréalières de l'UEMOA en 2014
Benin Burkina Faso Côte d'Ivoire Guinea-Bissau Mali Niger Sénégal Togo
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
10
La figure 2 ci-dessous présente les parts des Etats membres dans la production régionale des
féculents. La Côte d’Ivoire (43%) et le Benin (41%) concentrent à eux seuls plus de 80% de la production
régionale de manioc. La banane plantain est essentiellement portée par la Côte d’Ivoire qui
représente plus de 90% de la production de l’Union. Deux acteurs majeurs dominent les productions
des pommes de terre et des patates douces : le Mali et le Niger qui représentent respectivement 59
et 30% de la production régionale de pommes de terre et 57 et 12% de la production régionale de
patate douce (Figure 2).
Figure 2. Concentration des productions de féculents dans l’espace UEMOA
41%
10%1%
6%
43%
97%
7%33%
3%
66%
1%
59%
57%
1%
30%
12%3%
11% 6%12%2% 1%
Manioc Plantain Pommes de terre Patate douce Autres Racines ettubercules
Parts des Etats dans la production de féculents dans l'espace UEMOA
Benin Burkina Faso Côte d'Ivoire Guinea-Bissau Mali Niger Sénégal Togo
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
11
La figure 3 décrit les parts relatives des Etats membres dans les productions animale et halieutique
de l’espace UEMOA.
Figure 3. Concentration des productions animale et halieutique dans l’UEMOA
Les principaux pays producteurs de protéines bovines sont le Niger avec près de 29% de la production
régionale, suivi du Mali (26%) et du Burkina Faso (23%), ils concentrent à eux trois plus de 75% de la
production de l’Union. La filière avicole est constituée d’une aviculture traditionnelle pratiquée dans
tous les villages et d’une aviculture moderne pratiquée dans les centres urbains et périurbains.
L’aviculture moderne d’émergence récente s’est rapidement développée dans les pays côtiers,
disposant d’un marché urbain important : la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Ces deux pays ont les poids
relatifs les plus importants avec respectivement 25% et 22% de la production avicole régionale. Quant
à la filière porcine, elle est dominée par le Burkina Faso qui représentent plus de la moitié de la
production de viande porcine de l’espace UEMOA.
6% 7% 9%4% 3% 1%
10%
23%13%
51%
8%
4% 25%
8%
6% 6%
83%
4%
2%
1%
10%
3%
6%
26%15%
2%
42%
29%
7%
1%
19%
9%
22%9%
84% 87%
8%14%
1%10% 10%
3% 4% 1% 2%
Bovin Volaille Porc Démerseaux Pélagiques Autres espècesmarines
Espèces d'eaudouce
Parts relatives des Etats dans les productions animale et halieutique dans la zone UEMOA
Benin Burkina Faso Côte d'Ivoire Guinea-Bissau Mali Niger Sénégal Togo
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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La zone maritime du front atlantique présentant le plus de potentialités halieutiques au sein de
l’UEMOA concerne le Sénégal et la Guinée Bissau. Les productions halieutiques maritimes (démersaux
et pélagiques) sont fortement dominées par le Sénégal qui représente plus de 80% des productions
régionales. Quant à la production d’espèces halieutiques d’eau douce, elle est tirée par le Mali avec
42% de la production régionale.
Figure 4. Flux d’importations agricoles et déficit alimentaire de 2001 à 2013 dans l’UEMOA
Figure 4 : Dynamiques du déficit alimentaire (en Kcal/tête/jour) et du flux des importations agricoles (en Tonnes) de 2001 à 2013 dans l’UEMOA
Dans l’ensemble, l’on note une tendance à la spécialisation des pays dans différentes productions
agricoles liée aux avantages naturels spécifiques à chaque pays. L’ouverture au commerce intra-
régional favorisée par les politiques d’intégration serait donc bénéfique pour l’économie et la sécurité
alimentaire des états membres. En effet, les flux des importations agricoles intra-zone
contribueraient à réduire le déficit alimentaire de l’Union (Figure 4).
• Méthodologie
Le cadre théorique
Notre démarche s’inspire des travaux d’Anderson et Van Wincoop (2004) dont une application a été
proposée par Anderson et Yotov (2010).
On considère deux pays 𝑖 et 𝑗 avec respectivement 𝑌𝑖 et 𝑌𝑗 leurs niveaux de PIB. En outre, l’on définit
par 𝑥𝑖𝑗 , la valeur des exportations du pays 𝑖 à destination du pays 𝑗. Définissons la fonction de
demande du pays 𝑗 pour les biens en provenance du pays 𝑖 par 𝑥𝑖𝑗, en supposant que les préférences
sont de type CES :
𝑈𝑟 = (∑ 𝛽𝑖,𝑟𝑥𝑖,𝑟−𝜌𝑟𝑛
𝑖=1 )−1
𝜌𝑟 ; avec 𝑥 , le vecteur de biens ; 𝛽𝑖,𝑟 ≥ 0 et 𝜌𝑟 > −1 , respectivement les
paramètres de distribution et de substitution de la fonction d’utilité.
𝑥𝑖𝑗 = (𝛽𝑖𝑃𝑖𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑗)
1−𝜎
𝑌𝑗 (1)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
13
Où 𝑃𝑗 représente l’indice de prix dans le pays importateur 𝑗. Cet indice de prix est défini par :
𝑃𝑗 = [∑(𝛽𝑖𝑃𝑖𝑡𝑖𝑗)1−𝜎
𝑖
]
11−𝜎
(2)
Où 𝜎 est l’élasticité de substitution ; 𝛽𝑖 un coefficient positif ; 𝑃𝑖 le prix du bien en provenance du
pays 𝑖 et 𝑡𝑖𝑗, les barrières commerciales appliquées à l’entrée du pays j de biens en provenance de 𝑖.
La condition d’équilibre du marché s’écrit :
𝑌𝑖 = ∑ 𝑥𝑖𝑗𝑛𝑗 ⇒ 𝑌𝑖 = ∑ 𝑌𝑗 (
𝛽𝑖𝑃𝑖𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑗)1−𝜎
𝑛𝑗 ⇒ 𝑌𝑖 = (𝛽𝑖𝑃𝑖)
1−𝜎 ∑ (𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑗)1−𝜎
𝑌𝑗𝑛𝑗 ∀𝑖. (3)
Notons 𝑌𝑤 = ∑ 𝑌𝑗𝑛𝑗 , le revenu mondial et 𝜃𝑗 =
𝑌𝑗
𝑌𝑤 la part du revenu du pays j dans le revenu mondial.
La fonction de demande d’importation devient alors :
𝑥𝑖𝑗 =𝑌𝑖𝑌𝑗
𝑌𝑤(𝑡𝑖𝑗
𝛱𝑖𝑃𝑗)
1−𝜎
(4)
Où Π𝑖 = (∑ (𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑗)1−𝜎
𝑗 𝜃𝑗)
1
(1−𝜎) représente un indice de résistance multilatérale. En substituant l’expression de Π𝑖
dans (2), on a : 𝑃𝑗 = (∑ (𝑡𝑖𝑗
Π𝑖)1−𝜎
𝑖 𝜃𝑗)
1
(1−𝜎)
Sous l’hypothèse des coûts de commerce symétriques (𝑡𝑖𝑗 = 𝑡𝑗𝑖), on peut définir une fonction implicite
de prix comme une fonction de toutes les barrières bilatérales au commerce et des parts de revenu.
Ainsi :
𝑃𝑗1−𝜎 = ∑ 𝑃𝑖
(𝜎−1)𝜃𝑖𝑡𝑖𝑗
1−𝜎𝑖 , ∀𝑗 (5)
L’équation de gravité s’écrit alors :
𝑥𝑖𝑗 =𝑌𝑖𝑌𝑗
𝑌𝑤(𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑖𝑃𝑗)1−𝜎
(6)
La forme logarithmique se définit comme suit :
𝑙𝑛(𝑥𝑖𝑗) = 𝑙𝑛(𝛼0) + 𝛼𝑖 𝑙𝑛(𝑌𝑖) + 𝛼𝑗 𝑙𝑛(𝑌𝑗) − 𝛼𝑤 𝑙𝑛(𝑌𝑤) + (1 − 𝜎) 𝑙𝑛 (
𝑡𝑖𝑗
𝑃𝑖𝑃𝑗) + 𝜀 (7)
Les barrières au commerce définies par 𝑡𝑖𝑗 = (𝐷𝑖𝑠𝑡𝑖𝑗𝛼1 . 𝑇𝑎𝑟𝑖𝑗
𝛼2 . 𝑒𝛼3𝑏𝑖𝑛𝑖𝑗) intègrent la distance, les tarifs
et un ensemble d’effets capturés par des variables muettes. En incluant les prix 𝑃𝑖, 𝑃𝑗 et le revenu
mondial 𝑌𝑤 dans les effets fixes (𝑆), la forme estimable de notre équation de gravité s’écrit comme
suit :
𝑙𝑛(𝑥𝑖𝑗) = 𝑙𝑛(𝛼0) + 𝛼𝑖 𝑙𝑛(𝑌𝑖) + 𝛼𝑗 𝑙𝑛(𝑌𝑗) + (1 − 𝜎)𝛼1 𝑙𝑛(𝐷𝑖𝑠𝑡𝑖𝑗) + (1 − 𝜎)𝛼2 𝑙𝑛(𝑇𝑎𝑟𝑖𝑗) + (1 − 𝜎)𝛼3 𝑏𝑖𝑛𝑖𝑗 +
𝑆𝑖 + 𝑆𝑗 + 𝜀𝑖𝑗 (8)
• Modèle économétrique et méthodes d’estimation
Le modèle économétrique
Sous sa forme logarithmique, le modèle de gravité à estimer est le suivant :
𝑙𝑛(𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑖𝑗𝑡) = 𝛼0′ + 𝛼1 𝑙𝑛(𝑔𝑑𝑝_𝑂) + 𝛼2 𝑙𝑛(𝑔𝑑𝑝_𝑑) + 𝛼3 𝑙𝑛(𝑑𝑖𝑠𝑡𝑤𝑖𝑗) + 𝛼4𝑐𝑜𝑛𝑡𝑖𝑔𝑖𝑗
+ 𝛼5𝑐𝑜𝑚𝑙𝑎𝑛𝑔𝑖𝑗+𝛼6𝑙𝑛 (𝑐𝑜𝑠𝑡_𝑂) + 𝛼7𝑙𝑛 (𝑐𝑜𝑠𝑡_𝑑) + 𝑣𝑖𝑡 + 𝑣𝑗𝑡 + 𝑣𝑖𝑗𝑡 + 𝜀𝑖𝑗𝑡 (9)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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La description des différentes variables est présentée dans le tableau 4 ci-après.
Tableau 4. Description des variables
Variables Description Source
𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒊𝒋 Flux des importations agricoles du pays j en provenance du
pays i (en dollars constant)
FAOSTAT
𝒈𝒅𝒑_𝑶 PIB du pays exportateur à prix constant (en dollars constant
2000)
WDI
𝒈𝒅𝒑_𝒅 PIB du pays importateur à prix constant (en dollars constant
2000)
WDI
𝒅𝒊𝒔𝒕𝒘𝒊𝒋 Distance pondérée entre les capitales des pays i et j. CEPII† (gravity dataset)
𝒄𝒐𝒏𝒕𝒊𝒈𝒊𝒋 Variable binaire qui capture le partage d’une frontière
commune (pays adjacents)
CEPII (gravity dataset)
𝒄𝒐𝒎𝒍𝒂𝒏𝒈𝒊𝒋 Variable binaire qui capture le partage d’une langue ou de
liens historiques
CEPII (gravity dataset)
𝒄𝒐𝒔𝒕_𝑶 Coûts de transaction spécifiques au pays exportateur CEPII (gravity dataset)
𝒄𝒐𝒔𝒕_𝒅 Coûts de transaction spécifiques au pays importateur CEPII (gravity dataset)
𝒗𝒊𝒕 Effets fixes pays exportateurs
𝒗𝒋𝒕 Effets fixes pays importateurs
𝒗𝒊𝒋𝒕 Effets spécifiques individuels (paires de pays)
Source : Auteur
Une limite de la base de données de commerce utilisée est qu’elle ignore les flux de commerce
informel transfrontalier. En effet, les statistiques commerciales utilisées dans l’étude ne couvrent
que les flux de commerce officiellement déclarés aux douanes.
• Méthodes d’estimation
L’estimation des modèles de gravité soulèvent d’importants problèmes économétriques, en
l’occurrence les problèmes d’hétéroscédasticité, de flux de commerce nuls et d’endogénéité de
certaines variables.
Une méthode d’estimation usuelle est de log-linéariser l’équation de gravité et d’estimer les variables
d’intérêt par la méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO). Silva et Tenreyo (2006) montrent
qu’en présence d’hétéroscédasticité, la log-linéarisation du modèle de gravité conduit à des
estimateurs MCO non efficaces. En effet, si les erreurs sont hétéroscédastiques, leur transformation
par la log-linéarisation génère des termes stochastiques corrélés avec les variables explicatives
(Herrera et Baleix, 2011).
Par ailleurs, la présence des flux de commerce nuls est problématique sous la formulation
logarithmique du modèle de gravité. En effet, cette formulation usuelle des modèles gravitationnelles
ne permet pas d’inclure les flux de commerce nul car le logarithme de zéro est indéfini, d’où la
nécessité de traiter les flux de commerce nuls. En effet, la non prise en compte des flux de commerce
nuls lors des estimations peut influencer les résultats empiriques (Gbagbeu, 2013).
Récemment, le problème des flux de commerce nuls a été revisité (Helpman et al., 2008 ; Martin et
† Centre d’études prospectives et d’Informations Internationales
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
15
Pham, 2008 ; Silva and Tenreyro, 2008 ; Burger et al., 2009). La littérature fournit plusieurs méthodes
alternatives d’estimation pour solutionner les problèmes de flux de commerce nuls et
d’hétéroscédasticité : l’estimation par le Tobit ; l’estimation par le Pseudo Maximum de
Vraisemblance de Poisson (PPML), l’estimation par les Moindres carrés non Linéaires (NLS) et
l’estimation par les Moindre Carrés Généralisés (FGLS) (Helpman et al., 2008).
• Résultats des estimations et discussion
Le Tableau 5 ci-après présente les résultats de l’équation de gravité estimée par un modèle à effets
aléatoires (colonnes 1 et 2) et par un modèle de Poisson par Pseudo-Maximum de Vraisemblance
(PPML) (colonnes 3 et 4). Ce dernier estimateur a l’avantage de corriger la troncation des données à
zéros et le biais potentiel engendré par la log-linéarisation (Silva et Tenereyro, 2006). Les résultats
du test d’Hausman a justifié le choix du modèle à effets aléatoires contre le modèle à effets fixes
(Annexe). L’équation de gravité a été estimée avec deux modifications : - les effets fixes des pays
exportateurs et des pays importateurs ne sont pas pris en compte (colonnes 1 et 3) ; - nous
introduisons des variables muettes qui captent les effets fixes des pays exportateurs et des pays
importateurs (colonnes 2 et 4).
Tableau 5. Résultats des estimations du modèle de gravité (1) (2) (3) (4)
Variables Ln(importij) Ln(importij) Ln(importij) Ln(importij)
Ln(gdp_o) 1.293047*** (.4285789)
1.016079 (1.151675)
.2376006*** (.0306405)
.2106434 (.2430272)
Ln(gdp_d) .7807769* (.4239478)
2.985046*** (1.13997)
.1064417*** (.0275462)
.452615** (.2206428)
Ln(distwij) -1.292465 (.9110841)
-1.436347* (.7671014)
-.1213499*** (.0369814)
-.1638249*** (.0541881)
Contigij -.2919952 (.9668867)
.4014972 (.6296913)
.0203553 (.0508869)
.1289757*** (.0493693)
comlangij .6945274 (.8564006)
1.498732* (.7861985)
.158013*** (.0573843)
.1655989** (.0758239)
Ln(cost_o) -.0030664** (.0013742)
.0016396 (.0014812)
-.0007592** (.000333)
-.0000356* (.0003713)
Ln(cost_d) -.0029221 (.0011521)
-.0036007*** (.0012383)
-.0006377*** (.0001788)
-.0005238*** (.0001863)
Exportateurs
Côte d’Ivoire 4.616534*** (1.635581)
.6819162** (.3203573)
Mali -3.496369*** (1.05405)
-.5874559*** (.1356616)
Niger -2.238404*** (.7707898)
-.3411179*** (.0742236)
Sénégal 3.190372*** (1.138715)
.4516484*** (.1618005)
Togo .0414641 (1.052713)
. -.0308869 (.1668925)
Burkina Faso -1.123936 (.7531347)
-.1889829** (.07614)
Importateurs
Côte d’Ivoire -1.974055 (1.637887)
-.2989251 (.2855394)
Niger 2.775409*** (.7791163)
.3908678*** (.0614182)
Sénégal -.4165056 (1.146301)
-.0610547 (.1649337)
Togo 1.863711* (1.051921)
.2692922 (.1652478)
Burkina Faso 1.102744 (.77783)
.1191056 (.0793717)
cons -32.38701*** (10.18631)
-28.28754*** (9.957191)
-5.355443*** (1.214839)
-2.535986 (1.776959)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Tableau 5 (Suite)
(1) (2) (3) (4)
sigma_u 2.3503839 1.0562324
Sigma_e 1.127474 1.127474
rho .81293545 .46741051
Effets spécifiques paires de
pays
Oui - Aléatoire Oui - Aléatoire Oui - Aléatoire Oui - Aléatoire
Effets spécifiques pays
exportateurs
Non Oui - Fixe Non Oui – Fixe
Effets spécifiques pays
importateurs
Non Oui - Fixe Non Oui - Fixe
Estimateur GLS (Modèle à
effets aléatoire)
GLS (Modèle à effets aléatoire)
PPML PPML
Observations 352 352 352 352
Période 1988-2015 1988-2015 1988-2015 1988-2015
Nombre de paires de pays 42 42 42 42
Note : écarts-types robustes entre parenthèses, *** indique un coefficient significatif à 1% ;** à 5%, * à 10%.
Source : calculs de l’auteur.
L’estimation de l’équation de gravité par le modèle de Poisson par pseudo-maximum de
vraisemblance donne les meilleurs résultats. Les signes des coefficients sont conformes à la littérature
et aux résultats des travaux empiriques.
Le PIB des pays partenaires à l’échange contribue à accroître le volume des échanges. L’estimation
GLS (colonne 2) du tableau indique qu’une hausse de 1% du PIB du pays importateur entraîne une
augmentation des importations de 2,98%. De même l’estimation PPML (colonne 4) indique qu’une
hausse de 1% du PIB du pays importateur engendre une augmentation de 0,45% du volume des
importations.
L’existence d’une frontière commune (pays adjacents) de même qu’une langue commune partagées
par les pays partenaires sont des facteurs qui contribuent de manière significative à accroître les flux
des échanges commerciaux de l’Union.
Les forces de résistance aux échanges internationaux sont constituées par les coûts de transport
captés par la distance géographique séparant les pays coéchangistes et par des coûts au commerce
spécifiques à chaque pays et liés à la présence d’obstacles aux échanges au passage des frontières.
Les contraintes au commerce liées à la distance ont un signe négatif et significatif au seuil de 1%
(colonnes 4). Le coefficient de -0,16 dans l’estimation 4 signifie qu’une augmentation des coûts de
transport ou des contraintes au commerce lié à la distance de 1% réduirait les flux de commerce de
0,16%.
Une des principales variables d’intérêt concerne les coûts liés à la présence d’obstacles non
réglementaires spécifiques à chaque pays. Il s’agit précisément des prélèvements et autres
tracasseries routières qui entravent les échanges au passage des frontières. Les résultats (colonne 4)
indiquent que ces coûts de transaction spécifiques à l’environnement des affaires de chaque pays
réduisent significativement les flux des échanges.
La prise en compte des termes d’attraction ou de résistance multilatérale liés au niveau de
développement des infrastructures dans chaque pays de l’Union (densité du réseau routier,
infrastructures énergétique et de télécommunication, etc.) a motivé l’introduction des effets fixes
exportateurs et importateurs dans l’estimation du modèle de gravité (colonnes 2 et 4). Les effets
fixes exportateurs montrent des termes de résistance au Mali et au Niger et des facteurs d’attractivité
au commerce en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Ce résultat s’expliquerait en partie par les niveaux
relatifs des services infrastructurels dans les différents pays.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
17
• Conclusion
Cette étude a cherché à analyser les déterminants des échanges agricoles intra-zone dans l’espace
UEMOA. En effet, ces échanges de biens agricoles jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire
des pays membres de l’Union.
L’étude a d’abord examiné la structure de la production et des échanges agricoles dans la zone. De
cette analyse, il est ressorti une tendance à la spécialisation des pays de l’Union due aux avantages
naturels spécifiques à chaque pays. Par ailleurs, nous mettons en évidence une liaison statistique
négative entre la dynamique du déficit alimentaire et celle des importations agricoles dans l’Union.
Ce résultat suggère que des gains importants en termes de sécurité alimentaire peuvent être réalisés
par l’accroissement des flux de commerce agricole dans l’espace UEMOA.
L’existence de facteurs de résistance au commerce, en l’occurrence les coûts de transaction reliés à
la distance séparant les pays et les coûts liés aux obstacles non réglementaires de même que la
tendance à la spécialisation des Etats membres, offrent les conditions théoriques pour que les flux
de commerce soient décrits par une équation de type gravitaire. Ainsi, nous appliquons le modèle de
gravité à l’analyse des déterminants des flux commerciaux agricoles dans l’UEMOA.
Les résultats économétriques révèlent que les PIB (poids économiques) des pays partenaires ont des
effets positifs significatifs sur les importations agricoles intra régionaux. Le partage d’une frontière
commune, d’une langue ou de liens historiques communs favorise le commerce agricole intra-zone.
En revanche, les coûts de transport captés par la distance entre les pays coéchangistes et les coûts
de transaction liés aux obstacles non réglementaires au commerce engendrent une baisse significative
des flux commerciaux. En outre, une amélioration des services infrastructurels spécifiques aux pays
pourrait avoir un impact substantiel en termes de commerce. Compte tenu des avancées
réglementaires en matière d’élimination des droits de douane et de l’existence d’une monnaie
unique, les résultats en termes de flux commerciaux agricoles intra-zone restent encore faibles et
entravés par les coûts de transport et des obstacles non réglementaires.
Des efforts supplémentaires vers une intégration plus profonde doivent être accomplis. Il s’agit
d’éliminer de manière effective tous les obstacles visibles à travers de nombreuses restrictions
quantitatives et tarifaires sur les importations par une application stricte des textes de l’intégration.
Par ailleurs et comme l’indique le rapport 2011 sur le commerce international (OMC, 2011), le faible
développement des infrastructures de transport augmente considérablement les coûts logistiques du
commerce des biens agricoles (McCord et al., 2005). Aussi importe-t-il de renforcer et mettre en
œuvre les programmes économiques régionaux en faveur des infrastructures afin d’induire une baisse
sensible des coûts de transport et de transaction au niveau intra régional ce qui permettrait
d’intensifier la dynamique des flux commerciaux agricoles dans l’Union.
• Références Bibliographiques
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• Annexe
Tableau A1. Résultat du test de Hausman
Coefficients
(b) (B) (b-B) sqrt(diag(V_b-V_B)) eq1 eq2 Difference S.E.
glgdp_o -.839515 1.293047 -2.132562 1.064883 glgdp_d 2.846613 .7807769 2.065836 1.053824
entry_cost_o .0019808 .0030664 -.0010856 .0005505 entry_cost_d .0035537 .0029221 .0006317 .0004334
b = consistent under Ho and Ha; obtained from xtreg
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho; obtained from xtreg
Test: Ho: difference in coefficients not systematic
chi2(3) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)
= 4.15
Prob>chi2 = 0.2461
Citation pour cet article :
Version papier
BEKE, Tite Ehuitché. Echanges agricoles intra zone et sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA : une
analyse par le modèle de gravité. Document de travail n° 2. In : Les Cahiers de l’intégration.
Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) -UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.) 2018/1, p. 1-
20
Version électronique
BEKE, Tite Ehuitché. Echanges agricoles intra zone et sécurité alimentaire dans l’espace UEMOA : une
analyse par le modèle de gravité. Document de travail n° 2 In : Les Cahiers de l’intégration. [en
ligne]. Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.), 2018/1,
p. 1-20. Format PDF. Disponible sur :< http://www.uemoa.int> (Consulté le JJ/MM/AAAA)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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DOCUMENT DE TRAVAIL N° 2
Does Lands Rush Really Improve
Food Security in Sub-Saharan
Africa?
Titre en français : L'accaparement des terres améliore-t-il la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne?
Romuald S. KINDA*,
N. Eric KERE†,
Thierry Urbain YOGO‡,
M. Anthony SIMPASA§
PLAN DE L’ARTICLE
INTRODUCTION
LITERATURE REVIEW
LAND RUSH MAY BE A WIN-WIN DEAL
LAND RUSH MAY REDUCE FOOD SECURITY
DATA
EMPIRICAL STRATEGY
EMPIRICAL MODEL
RESULTS
PRELIMINARY RESULTS
DOES LAND USE DESTINATION MATTER?
CONCLUSION
REFERENCES
APPENDICES
APPENDIX A : DESCRIPTIVE STATISTICS
APPENDIX B : COUNTRIES LIST
Résumé For a decade, developing countries are affected by land rush phenomenon. This
paper investigates the impact of land rush on food security over the period 2000-
2012. Using panel data for 26 Sub-Saharan African countries, results show that land
rush has not only an adverse effect on cereals production but also increases
malnutrition. Moreover, our results suggest mixed effects according to lands
* CEDRES/ Université Ouaga 2, UFR-SEG 03 BP: 7210 Ouagadougou 03, Burkina Faso. Email: skinda@univ-
ouaga2.bf † African Development Bank, 01 Abidjan BP 1387, Abidjan, Cote d'Ivoire. Email: [email protected] ‡ Université Yaounde 2, UFR-SEG, BP 18 SOA, Yaoundé Cameroun. Email :[email protected] § African Development Bank, 01 Abidjan BP 1387, Abidjan, Cote d'Ivoire. Email: [email protected]
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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destination. Contrary to lands for food crops, which improve food security, those for
biofuel and mix crops have no effect. Lands for multiple uses contribute to food
insecurity in Sub-Saharan African countries.
Keywords : Land Grabs, Food Security, Africa, Panel Data
JEL Code: C23, N54, Q15, Q11
• Introduction
Over the recent years, the rush of foreign investments in large-scale farmland has exacerbated the
already existing concerns about food security in developing countries. At one extreme, investments
in large scale lands in food insecure countries are seen as an opportunity to boost agricultural
productivity through technology transfers and investments in rural and agricultural infrastructure. At
the other, these investments are portrayed as an attempt by rich net food importer countries to
secure their food supply by ‘rushing’ lands at the expense of vulnerable people in already food-
insecure countries (Pearce, 2012). Though the issue remains subject to debate, little empirical
evidence exists to support one or the other hypothesis.
According to Human Development Report ((UNDP 2015), African countries have made impressive
progress toward achieving Millennium Development Goals (MDGs).. Despite the positive outcomes
observed in terms of economic growth rates, reduction of gender gap and the prevalence of the
HIV/AIDS, African’s growth has not been inclusive enough to achieve the second sustainable goal (SDG)
which include achieving food security and improved nutrition (UNECA 2017).
Food security still poses a major problem in developing countries especially in Africa. According to
several reports, the number of food emergencies has tripled in the last 30 years. The number of
people suffering from chronic hunger has been estimated to be 868 million throughout the world in
2010-2012 and 26.8 per cent of undernourished people live in Sub-Saharan Africa. In other words, 30
per cent of Africa’s total population is undernourished. Except for Ghana and Malawi, the food
situation in most African countries has remained the same – if it has not gotten worse – despite the
relative abundance of water and arable land resources (ECA, 2012).
The steady increase in commodity prices over the 2000’s decade and the recent triple (financial, food
and economic) crisis have triggered an unprecedented rush for farmland, especially in developing
countries. This phenomenon known as –Land Grab- refers to the purchase or lease of vast portions of
land, mostly in developing countries, by richer nations and private investors, in order to produce
crops for export (Shepard and Mittal 2009). Over the period 2000-2016, more than 1330 land deals
have been registered, corresponding to more than 48 million hectares of land that have been sold or
leased to foreign investors (Land Matrix, 2016)**. The Sub-Saharan Africa is among the most concerned
as more than 50 % of these deals took place in the continent (Narula 2013). According to the same
study, in 2009 alone, around 148 million acres of land were purchased in this region††.
While little well documented and empirical studies exist, the issue is very controversial and raises
concerns about potential impact of land rush on food security.
This paper contributes to the literature by assessing the effect of land grab on food security in the
sample of Sub-Saharan African countries. The paper contributes to the literature in three ways: First,
while the existing literature has been mainly narrative, providing theoretical rationale for one or the
other hypothesis, we provide a systematic empirical quantification of the effect of land grab on food
** These data are available on http://www.landmatrix.org †† Note that these 148 million acres may correspond to the size of Germany and United Kingdom combined while
purchasing 38 million hectare may be like acquiring all the farmland in the States of Oklahoma (USA).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
22
security in Sub-Saharan Africa. Second, we make a clear distinction between the impact on food
availability and food accessibility, which are two dimensions of food security. Specifically, we shed
the light on the impact in terms of food production and malnutrition. Thirdly, we allow more
granularity by investigating the impact of land grab on food security depending on the use of the land
acquired by foreign investors. In this case, we distinguish between land for food production, land used
for the production of biofuel, land for mixed use (biofuel and food) and land for other non-defined
used. Finally, we attempt a causal interpretation of our findings while resorting to the instrumental
variables technique. Following Praskova (2012); Collier and Venables (2012); Arezki et al. (2013), we
use as instrument the population density in the investor’s country of origin. This instrument is very
likely to be exogenous as it is not affected by the state of food insecurity in the hosting country.
Likewise, our instrument is not weak shown by the significance of its coefficient in the first step
equation.
The empirical analysis carried out on a sample of 26 Sub-Saharan African countries over the period
2000-2012 shows that land rush has not only an adverse effect on cereals production but also increases
malnutrition in Sub-Saharan African countries. More interestingly, the impact on food security varies
according to the type of lands destination. Land for food crops favours food security through an
increase (reduction) in cereal production (malnutrition) respectively. Contrary to land for biofuel and
mix crops which do not affect food production (malnutrition), land for multiple uses contribute to
food insecurity in Sub-Saharan African countries.
The rest of the paper is organized as follows. Section 2 surveys the literature on the relationship
between land rush and food security. Section 3 discusses the econometric method used to analyse the
effect of land rush on the food security and presents empirical results. The last section is devoted to
concluding remarks and policy implications.
• Literature review
Over the last decade, land rush or land rush has emerged as an important topic on the development
agenda in developing countries such Asia, Latin America and African countries. According to several
authors such as Shepard and Mittal (2009) and Cotula (2009), land rush can be defined as the purchase
or lease of vast portions of land mostly in developing countries, by international actors such as richer
countries and private investors. Even if it is not a recent phenomenon, the alarm from several
organizations regarding land rush is explained by the fact that, during the triple crisis (food, financial
and economic) in 2008/2009, several developed and emerging countries (China, Saudi Arabia, South
Korea, the United State, Brazil) were incited to buy, to lease and therefore to extend their control
over large lands in poor countries mainly for food or biofuels production.
According to United Nations Development Programme (UNDP 1994), food security is “a situation that
exists when all people at all times have physical, social and economic access to sufficient, safe and
nutritious food that meets their dietary needs and food preferences for an active and healthy life”.
From this definition, three dimensions can be identified: food availability, food accessibility and food
utilization. Food availability refers to the amount of food that is available in a country supplied
through domestic production and food imports. The second dimension, food accessibility, refers to
the ability of people to have adequate resources to acquire food for consumption. It takes into
account several factors such as households’ incomes, food prices, the preferences of households
(Barrett 2010). Final, food utilization refers the physical use of food derived from human distribution.
Although it is not a new phenomenon, the recent spate of large land acquisition has generated
controversy concerning food security in hosting countries. According to Deininger and Byerlee (2011)
land deals concern more than 40 millions hectares (around 2% of Africa’s land area), most taking the
form of long lease of 20 to 100 years. While some argue that such land investments are detrimental
for food security as they favor export-oriented agriculture and displacement of small farmers, others
emphasize that land deals will increase agriculture productivity through more investment in
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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infrastructure and technology.
Land rush may be a win-win deal
The existing literature suggests that land rush could be a win-win phenomenon if it improves food
availability and accessibility.
Deininger and Byerlee (2011) argue that, by increasing investments in agricultural infrastructure and
technology, land grab can foster agricultural productivity and food availability in hosting countries.
Indeed, as capacity financing is limited in these countries, the needed investments which may
enhance an efficient use of land resources are lacking. For instance, Da Silva and Mhlanga (2009)
show that less than 10 percent of commercial banks lending are for agricultural sector in Sub-Saharan.
However, more than 200 million hectares in Sub-Saharan Africa which are suitable for cropping, not
protected area or forest are underutilized. (Collier and Venables, 2012). Nonetheless, the impact of
land rush on food availability may depend on several factors. To increase agricultural productivity,
foreign land deals should incorporate technology transfers to the host countries. The lack of checks
and balances in contract negotiation creates room for corruption and limits the ability of governments
to impose the transfer of technology and to enforce this provision once it is included in the deal
(Cotula 2011; Hallam 2009)
Likewise, land rush can affect food security through food accessibility. According to World Bank
Data‡‡ (2015), 70 percent of poor in the world live in rural areas and depend on agriculture, which
represents the main source of incomes and employments. By increasing food productivity and
production, land rush can raise households’ incomes and ability to buy food in the local and
international markets. Moreover, an increase of food availability can contribute to reduce food prices
volatility and make food more accessible to consumers in developing countries (Hallam 2009). In
addition, large-scale land acquisition can boost economic growth and poverty reduction by the
creation of farm and off-farm jobs, the construction of schools and health center in rural area
(Zoomers, 2010; Cotula et al, 2009).
Land rush may reduce food security
The main limitation of the arguments in favor of land grab rests essentially on the motivations of
investing countries. Land acquisition in low income countries is often driven by the necessity to
guarantee food security in investors’ countries and the increasing demand for biofuel (Cotula et al,
2009; Praskova, 2012). Rich countries who face food supply problems or constraints such as lack of
productive land and water supply shortage have strong incentive to secure lands abroad§§. The main
consequence is that most allocated land is dedicated to the production of mono-cultures which will
be exported although the host countries (to which land belong) are net food importing countries or
often food aid recipients. In this line, land grab is less likely to increase food availability and may
even worsen the current situation. Another concern is that land deals will displace small farmers,
forcing them off their land to make room for large scale farm producing foods for other countries
(Shepard, 2011). This situation will further increase the vulnerability of the hosting countries to food
price shocks as they will heavily rely on food imports. Spieldoch and Murphy (2009) conclude that the
displacement of small farmers off their land will worsen the living conditions of the 1.8 billion people
that are already marginalized in the developing world. In the long run, the intensive use of soils will
lead to land degradation which in turn will affect agricultural productivity after the period of the
lease. Land grab will also increase the risk for small farmers of losing access to land as they have no
formal tenure on the land they are using (Shepard, 2011; Praskova, 2012). By losing lands access,
which is the main production factor, rural households can loose their economic and physical access
‡‡ http://databank.worldbank.org/data/home.aspx §§ One of the region where water supply shortage is a threat for food security is Middle East. Some of the key investors
in land acquisition are Saudi Arabia, Quatar and United Emirates.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
24
to food
Overall, the literature suggests that if land deals are not properly designed and enforced, especially
when the production is export-oriented, they could negatively affect food security in the host
countries.
• Data
In this section, we describe the measure and the sources of the main variables used in this study. This
paper uses data from several sources over the period 2000-2012 for 26 Sub-Sahara countries.
According to United Nations Development Programme (UNDP 1994), food security is “a situation that
exists when all people at all times have physical, social and economic access to sufficient, safe and
nutritious food that meets their dietary needs and food preferences for an active and healthy life”.
From this definition, three dimensions can be identified: food availability, food accessibility and food
utilization. Food availability refers to the amount of food that is available in a country supplied
through domestic production and food imports. The second dimension, food accessibility, refers to
the ability of people to have adequate resources to acquire food for consumption. It takes into
account several factors such as households’ incomes, food prices, the preferences of households
(Barrett 2010). Final, food utilization refers the physical use of food derived from human distribution.
To take into account the multidimensionality of the food security concept and based on available
data, we use two indicators, which are the proportion of undernourished people and food production
per capita. The proportion of undernourished people is the percentage of people who do not have
access to sufficient, safe and nutritious food that meets their dietary needs and food preferences for
an active and healthy life. The data on food security come from the Food and Agriculture Organization
of the United Nations (2015). We consider main cereal production, which are maize, rice, sorghum,
millet and wheat and soybeans.
Data on land rush are from the “land Matrix” database. The land matrix is a global and independent
land monitoring initiative between the Centre for Development and Environment (CDE) at the
University of Bern, Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement (CIRAD), German Institute of Global and Area Studies (GIGA), Gesellschaft für
internationale Zusammenarbeit (GIZ) and the International Land Coalition (ILC). Since 2000, Land
Matrix records transactions that entail a transfer of rights to use, control or own land through sale,
lease or concession of 200 ha or more. To collect the data, they use a variety of sources including
crowdsourcing, media, international and non-governmental organizations, as well as academic
research. Land rush is defined as the purchase and or lease of large area of lands for the production
of food or energy goods for export. This variable was constructed from the “land Matrix” database,
in which are listed the international land deals that have undergone ground verification by NGOs
affiliated with the International Land Coalition. Descriptive statistics of all variables are available in
Appendices. Within the sample under scrutiny, 0.29% of the total land in squared kilometers has been
leased over the period 2000-2012. Though, the extend of the land grab seems marginal, the
corresponding area represents almost 9 million hectares (more than Equatorial Guinea, Cape Verde,
Bissau-Guinea and Seychelles combined). Likewise, the average prevalence of malnourished people
stands at 23% of the population.
According to Land Matrix (2016), around 1330 land deals have been registered, corresponding to more
48 million hectares of land that have been sold or leased to foreign investors. In addition, a high
concentration of land acquisitions is observed in West and Eastern Africa from Sudan to Mozambique.
Among the top 20 target countries in terms of size and deals number in the World, eleven countries
are from Africa. These are Ethiopia, Ghana, South Sudan, Morocco, Republic of Congo, Sierra Leone,
Liberia, Madagascar, Sudan, Mozambique and Zambia (Land Matrix, 2016).
Figure 1 describes land deals and destination of use by continent. It illustrates that land transactions
occurs mainly in Africa (53 percent), Europe (15 percent) and America (14%) respectively. In African
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
25
countries, land transactions are mainly intended for non-food crops (61%).
Figure 1: Land deals by continent and destination of use.
Figure 4. Land deals by continent and destination of use
Source: Author’s calculations based on Land Matrix data.
• Empirical strategy
Empirical model
In order to assess the effect of land rush on food security on the sample of Sub-Saharan Africa
countries, we estimate the following baseline specification:
𝐹𝑆𝑖𝑡 = 𝛽0 + 𝛽1𝐺𝑅𝐴𝐵𝑖𝑡 + 𝛽2 𝑋𝑖𝑡 + 𝛼𝑖 + µ𝑡 + 𝜀𝑖𝑡 (1)
Where 𝐹𝑆𝑖𝑡 is the food security variable. It is proxied by food production per capita and the proportion
of undernourished people. 𝐺𝑅𝐴𝐵𝑖𝑡 is the land grab variable which refer to the percentage of the total
land purchased or leased by country and time period, and 𝑋𝑖𝑡 are control variables, 𝛼𝑖 is the country
fixed effects, µ𝑡 the time fixed effects and 𝜀𝑖𝑡 an unobserved error term. Control variables are
standard determinants of food production and malnutrition as recorded in the literature (Sen, 1981;
Foster, 1992; Feleke et al, 2005). They include economic development variables (proxied by GDP per
capita, financial development, trade openness), demographic factors (population growth),
agricultural factors and climatic factors (use of fertilizers, cereals yields, rainfall), and institutions
quality (internal conflict, investment profile, corruption, rule of law). Data on population density,
percentage of rural population, cereal yields, and financial development are from the World
Development Indicators. Data on Political institutions come from Polity IV project.
In the equation (1), we are interested in the coefficient 𝛽1 . If the portion of the land
leased/purchased to (by) foreign investors is used only for the purpose of food consumption, we may
expect a positive effect (𝛽1 > 0) on food production. However, the effect on malnutrition will depend
on whether the crops produced on the land that are leased or purchased are for local consumption or
exported to the investor’s country.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
26
Equation (1) could be estimated using the Ordinary Least Square estimator. However results can be
biased because land rush variable may suffer from endogeneity problem. According to the economic
literature, endogeneity can be explained by three factors. First, endogeneity can be explained by
the measurement error. Indeed, land grab data are compiled using information from several sources.
Since these sources use different sampling procedures, the importance of land grab can be
underestimated or overestimated. In addition, depending on the interest of NGOs who want to brought
the attention of the international community on this issue, some region or sectors can be
oversampled. Second, endogeneity problem can be caused by the reverse causality between food
security and land rush. As reported by Praskova (2012), paradoxically, most of the land deals take
place in countries who are net food importers or food aid recipients***. Third, omitted variable bias
is another cause of endogeneity. It happens when factors (institutional framework, economic or
cultural environment) simultaneously affecting interest variable (land rush) and the dependent
variable (food production, malnutrition) are not included in the estimation equation.
To resolve endogeneity problem, it is important to identify adequate instruments, which should be
correlated with the land rush variable and uncorrelated with the error term. We use population
density of lands investors’ origin as an instrument. We consider that population density of lands
investors’ origin can explain land rush but have no direct effect on food production and malnutrition
in destination countries. In fact, one of the motivation behind foreign investment in farmland is to
garantee food security which is often threatened by population growth in investors’ country of origin
(Praskova, 2012; Collier and Venables, 2012; Arezki et al., 2013). Increasing number of people may
drive up the demand for foods, resulting in more pressure on limited land resources. Therefore,
countries facing a decrease of available croplands due to population growth may want to acquire
lands abroad in order to guarantee their food security.
The first-step equation of the instrumental variable estimate is written as follows
𝐺𝑅𝐴𝐵𝑖𝑡 = 𝑎0 + 𝑎1 𝑃𝑜𝑝_𝑜𝑖𝑡 + 𝛽2 𝑋𝑖𝑡 + 𝜏𝑖 + 𝛾𝑡 + 𝜐𝑖𝑡 (2)
Since the instrumental variable estimator can be more biased than the OLS estimates if the instrument
is weak, we test for their strength using reduced rank test of Kleibergen and Paap (2006), which is
robust to heteroskedasticity and autocorrelation. Moreover, we use the Fuller’s modified Limited
Information Maximum Likelihood (LIML) which is more robust to weak instrument (Stock and Yogo,
2004; Davidson and Mackinnon, 2006).
Results
This section first presents the main results. Second, we report results while taking into account the
destination of the production made on the land leased.
Preliminary results
Table (1) reports the estimates of the effects of land grab on food production and the prevalence of
undernourished people. Columns (1) and (2) report the standard OLS fixed effect estimates which
assume that the orthogonality condition holds, but control for country specific heterogeneity. The
results of the instrumental variables estimate are presented in columns (3) and (4). All four
regressions provide a strong support for the hypothesis that land grab reduces food security in Sub-
Saharan African countries. The coefficient of the population density in the first step equation is
statistically significant at 1%, suggesting that our instrument is not weak. Therefore, the instrumental
variables estimates are less likely to be biased. Although the difference is very small in magnitude,
the fact that the instrumental variable estimates are lower than the OLS estimate suggests that the
latter may suffer from omitted variable bias. However, the fact that the two estimates do not strongly
*** An illustration, for the fiscal year 2016, Ethiopia received $514 Million of food assistance (USAID, 2017), but at the
same time secured a $ 100 million land deal with Saoudi Arabia (Praskova, 2012).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
27
differ suggest that the endogeneity was not a serious issue in the first place.
The results of both models point to two main findings: (i) land grab contributes to reduce cereals
production in Sub-Saharan African countries, (ii) land rush increases malnutrition in Sub-Saharan African
countries. The first result may be contre-intuitive because one expect that foreign investment in
landfarm will boost agricultural productivity through the transfer of new technologies and the
development of rural infrastructure, especially in the context of limited financing capacity (Da Silva and
Mhlanga 2009). However, this finding might be explained by three factors. First, foreign companies
that invest in Africa may not be incited to transfer technologies and human capital in agricultural
sector (Cotula 2011; Hallam 2009). Second, if the portion of land leased were utilized by small farmers
prior to the deal, it is possible that the lost of production generated by the displacement of small
farmers is not fully compensated by the production of the large scale farm. This is particularly true
if the surrendered lands are not all used for agricultural purpose. Finally, the land leased can be used
for the production of biofuel which can crowd-out standard crops like rice, soybean, millet or
sorghum.
The finding according to which land rush increases malnutrition in Sub-Saharan African countries is
consistent with the theory and justify the concerns of some researchers and NGOs. In fact, if the
whole or part of the production from the lands under the control of foreign investors is exported, we
may observe not only the reduction of food availability in local markets but also households’ ability
to buy foods. In many African countries, almost 70 per cent of poor depends on agriculture. In
addition, by increasing the landless rural people and worsening living conditions, land rush contributes
to increasing malnutrition and therefore food insecurity (Shepard and Mittal 2009; Spieldoch and
Murphy 2009).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
28
Table 1. Impact of Land Grab on Food Security
(1) (2) (4) (5)
Fixed Effects Model Instrumental variables estimates
Domestic Cereal
Production
Undernourished
people
Domestic Cereal
Production
Undernourished
people
Grab_perkm -0.0723*** 0.703** -0.0600** 0.671***
(0.0162) (0.287) (0.0205) (0.0526)
Gdp 0.000183** 0.0000861 0.000181** 0.0000901
(0.0000604) (0.00105) (0.0000688) (0.000687)
Pop_growth -0.303 9.547*** -0.291 9.515***
(0.178) (1.186) (0.180) (1.304)
Fertilizer -0.00936* 0.00776 -0.00941 0.00790*
(0.00505) (0.0133) (0.00553) (0.00410)
Internal Conflict -0.0922** 0.534** -0.0922** 0.535***
(0.0363) (0.178) (0.0405) (0.0732)
Investment Profile 0.183*** 0.325 0.183*** 0.325
(0.0478) (0.507) (0.0526) (0.461)
Corruption 0.454*** 1.731 0.455*** 1.729
(0.0945) (1.908) (0.105) (1.519)
Rule_law 0.504 -0.0677 0.503 -0.0663
(0.296) (2.419) (0.328) (2.112)
Openness -0.00549* 0.0671** -0.00553 0.0671***
(0.00273) (0.0285) (0.00312) (0.0165)
Financial -0.0128 -0.424*** -0.0134 -0.422***
(0.00859) (0.0707) (0.00872) (0.0247)
Rainfall -0.000243 0.00103 -0.000243 0.00103
(0.000157) (0.00160) (0.000172) (0.00125)
Constant 6.509*** -17.17** 4.917*** -19.78***
(1.132) (5.905) (1.174) (2.968)
Country fixed effect Yes Yes Yes Yes
Year fixed effects Yes Yes Yes Yes
First stage
Pop_invest 0.0719*** 0.0719***
(0.0174) (0.0174)
First step Fisher test
Value 16.92 16.93
Prob 0.0025 0.0026
Does Land Use Destination matter?
In analysing the effect of land rush on food security in African countries, it may be interesting to
identify the impact of different lands destination on food security. Indeed, the Land Matrix Analytical
Report on International Land Deals for Agriculture (Nolte, Chamberlain, and Giger 2016) concludes that, in
developing countries, land acquisitions are motivated by a demand for a non food crops and biofuel (69%). We
distinguish four destinations of land acquisitions, which are land for food crops, land for biofuel, land
for mix crops (biofuel and food) and land for multiple uses (biofuel mixed with food).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
29
Column (1) of tables (2) and (3) shows that land acquisitions for food favours food security through
an increase in food production (Da Silva and Mhlanga 2009) and malnutrition reduction.
In addition, columns (2) and (3) of tables (2) and (3) indicate that land acquisitions for biofuel and
mixed use have no effect on both food production and malnutrition. Indeed, several authors show
that biofuel production may reduce food security in developing countries. Because feedstock for
biofuel ††† are from agricultural outputs, its development may increase competition for both
agricultural resources (such as fertilizers, pesticides, machinery, labor, capita, land) and food
(Koizumi 2015).
The no effect of lands acquisition (biofuel and mixed) may be partially explained by the fact that
competition between products may create price reaction. Indeed, Koizumi (2015) and Koizumi (2014)
have shown that, by rising agricultural goods prices, competition can have opposite effects on national
food prices. Some national agricultural food prices will increase whereas others will reduce or not
change. Finally, column (4) of tables (2) and (3) indicates that land acquisitions for other products
reduce food security in African countries through an increase in malnutrition and a decrease in food
production.
††† Biofuel can be defined as the conversion and use of biomass††† at higher efficiency into more versatile energy carriers
such as electricity, liquid or gaseous fuels and process heat. Four types of biomass are used for bioful production: (a)
lignocellulosic biomass such as wood chips and pellets, (b) sugars and starches such as sugars and maize, (c) vegetables oils and animal fat and, (d) wet biomass (sewage waste). Lignocellulosic biomass, sugars and vegetables oils are used to
produce Heat and Electricity, Ethanol and Biodiesel respectively.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
30
Table 2. Impact of Land use destination on Food Production Per capita
(1) (2) (3) (4)
Instrumental variables estimates
Domestic Cereal
Production
Domestic Cereal
Production
Domestic Cereal
Production
Domestic Cereal
Production
Land_biofuel 0.0768**
(0.0303)
Land_food 5.965
(5.390)
Land_biofuel_food 51.13
(47.90)
Land_other -0.164***
(0.0297)
Gdp 0.000173** 0.000334* 0.0000755 0.000200**
(0.0000687) (0.000152) (0.000183) (0.0000678)
Pop_growth -0.235 0.136 -0.598 -0.296
(0.170) (0.576) (0.561) (0.194)
Fertilizer -0.00976 -0.0146** -0.00918 -0.00990
(0.00572) (0.00592) (0.00704) (0.00551)
Internal Conflict -0.0934* -0.0179 0.0747 -0.0934**
(0.0424) (0.112) (0.151) (0.0408)
Investment Profile 0.184*** 0.0188 0.246** 0.196***
(0.0513) (0.163) (0.0993) (0.0508)
Corruption 0.460*** -0.345 0.172 0.465***
(0.107) (1.072) (0.267) (0.107)
Rule_law 0.500 2.384 0.375 0.478
(0.330) (2.111) (0.400) (0.328)
Openness -0.00573 -0.0182 0.00325 -0.00487
(0.00340) (0.0178) (0.00735) (0.00293)
Financial -0.0156 0.0186 -0.0644 -0.00671
(0.0105) (0.0431) (0.0386) (0.00800)
Rainfall -0.000248 -0.000420 -0.000547 -0.000265
(0.000175) (0.000291) (0.000300) (0.000181)
Constant 4.730*** 6.297** 2.812 4.700***
(1.182) (2.600) (3.086) (1.211)
Country fixed effect Yes Yes
Year fixed effects Yes Yes
First stage
Pop_invest 0.0083*** 0.6242* 0.00046*** 0.0804***
(0.0020) (0.3494) (0.00013) (0.0238)
First step Fisher test
Value 15.89 3,19 11.59 11.33
Prob 0.0032 0.1077 0.0078 0.0083
Observations 241 241
Robust standard errors in
parentheses. Standard
errors in parentheses. ***
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
31
Table 3. Impact of Land use destination on Malnutrition
(1) (2) (3) (4)
Instrumental variables estimates
Undernourished
people
Undernourished
people
Undernourished
people
Undernourished
people
Land_biofuel -1.763***
(0.0508)
Land_food -23.17
(20.19)
Land_biofuel_food -53.77
(113.7)
Land_other 0.959***
(0.0788)
Gdp 0.000180 -0.000450 0.000277 0.0000221
(0.000708) (0.000521) (0.000815) (0.000718)
Pop_growth 8.904*** 7.431*** 9.246*** 9.231***
(1.064) (1.961) (1.523) (1.247)
Fertilizer 0.0131** 0.0300 0.0101* 0.0121**
(0.00486) (0.0321) (0.00473) (0.00384)
Internal Conflict 0.559*** 0.247 0.361 0.543***
(0.0688) (0.422) (0.409) (0.0666)
Investment Profile 0.311 0.960 0.256 0.246
(0.455) (0.587) (0.419) (0.484)
Corruption 1.664 4.803 1.981 1.648
(1.464) (5.027) (1.593) (1.501)
Rule_law -0.0253 -7.353 0.0965 0.0960
(2.159) (9.898) (2.184) (2.125)
Openness 0.0697*** 0.118 0.0596** 0.0642***
(0.0138) (0.0807) (0.0229) (0.0159)
Financial -0.407*** -0.525** -0.338** -0.445***
(0.0250) (0.199) (0.114) (0.0250)
Rainfall 0.00119 0.00169 0.00131 0.00114
(0.00115) (0.00224) (0.00172) (0.00119)
Constant -17.98*** -23.60* -15.43** -17.39***
(3.051) (12.44) (5.416) (2.967)
Country fixed effect Yes Yes
Year fixed effects Yes Yes
First stage
Pop_invest 0.0083*** 0.6242* 0.00046*** 0.0804***
(0.0020) (0.3494) (0.00013) (0.0238)
First step Fisher test
Value 15.89 3,19 11.59 11.33
Prob 0.0032 0.1077 0.0078 0.0083
Observations 241 241 241 241
Robust standard errors in parentheses. Standard errors in parentheses. *** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1 .
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
32
• Conclusion
Since around the 2008 food crisis, there has been a tremendous increase in the demand for large
portions of lands to be leased by African governments. This wave of land acquisitions qualified as
“land grab” triggered a broad concern as regard with its long term implication on food security.
This paper contributes to this burgeoning debate by providing an empirical investigation of the effect
of land grab on food security in 26 Sub-Saharan African countries over the period 2000-2012.
Combining OLS fixed effect estimator and an instrumental variable approach, results indicate that
land rush has not only an adverse effect on cereals production but also increases malnutrition in Sub-
Saharan African countries. More interestingly, the impact on food security is different according to
the type of lands destination. Land for food crops favour food security through an increase (reduction)
in cereal production (malnutrition) respectively. Contrary to land for biofuel and mix crops which do
not affect food production (malnutrition), land for multiple uses contribute to food insecurity in Sub-
Saharan African countries.
Although the data do not provide substantial information on the nature of the land deals, the
monetary value of such investments and the governance aspects surrounding the deals, our evidences
clearly support the wide shared concern about the potential detrimental effects of land rush on food
security in Sub-Saharan African countries.
Our results are important in terms of recommendation for economic policies. In order to increase
food security, African governments should reform land acquisitions agreements in order to promote
investments in lands for food production. Coercive measures may be implemented for agricultural
technology transfers between international land investors and national farmers for boosting
agricultural productivity. In addition, tax reforms must be carried out in biofuel and other sectors
agricultural sectors in order to increase the tax revenues. These tax revenues could be transfered to
vulnerable and poor household.
• References
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CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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• Appendices
Appendix A : Descriptive statistics
Appendix B : Countries list
Angola Botswana Burkina Faso Cameroon Congo. Rep.
Cote d'Ivoire Ethiopia Gabon Gambia. The Ghana
Guinea Kenya Madagascar Malawi Mali
Mozambique Namibia Niger Nigeria Senegal
South Africa Tanzania Togo Uganda Zambia Zimbabwe
Variable Definition Mean Std. Source
under_nourPrevalence of undernourishment of population
(%)23.6444 12.5678
World
development
Indicators (WDI)
Domestic_productionDomestic production of cereals (Million tonne) 4.393938 5.966801 FAO (2016)
grab_perkm Land acquisition (percentage of total land) .2932947 .7006301 Land Matrix (2016)
land_biofuelLand acquisition for bioenergy production (1/1000
of total land)3.344037 16.42782 Land Matrix (2016)
land_foodLand acquisition for food production (1/1000 of
total land)10.95735 67.21934 Land Matrix (2016)
land_biofuel_foodLand acquisition for bioenergy and food
production (1/1000 of total land)2.0649 12.03442 Land Matrix (2016)
land_otherLand acquisition for other uses (1/1000 of total
land)35.768 189.4776 Land Matrix (2016)
gdp GDP per capita constant 2005 ( US$) 1283.712 1763.805 WDI (2016)
pop_investor Average population density in investor's countries .0913613 .2415589 WDI (2016)
popgrowth Population growth 2.583185 .7085142 WDI (2016)
fertilizerFerilizer consumption (kilograms per hectare of
arable land)13.82735 15.35898 WDI (2016)
conflict Confict 8.645574 1.380047 ICRG (2016)
invest_prof Investor profil 7.651971 1.70337 ICRG (2016)
corruption Corruption -.6260719 .48121 WDI (2016)
rule_law Rule of Law -.6424721 .5241564 ICRG (2016)
OpennessTrade openness: imports plus exports in
percentage of GDP70.7092 24.42057 WDI (2016)
FinancialDomestic credit to private sector by banks
(percentage of gross domestic product, GDP).0451207 .7004623 WDI (2016)
rainfall Rainfall (milliliter) 1019.131 449.4432Climatic Research
Unit (2015)
Obs 241
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
35
Citation pour cet article :
Version papier
Romuald S. KINDA, N. Eric KERE, Thierry Urbain YOGO et al. Does Lands Rush Really Improve Food
Security in Sub-Saharan Africa? Document de travail n° 2. In : Les Cahiers de l’intégration.
Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) -UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.) 2018/1, p. 20-
35
Version électronique
Romuald S. KINDA, N. Eric KERE, Thierry Urbain YOGO et al. Does Lands Rush Really Improve Food
Security in Sub-Saharan Africa? Document de travail n° 2 In : Les Cahiers de l’intégration. [en ligne].
Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.), 2018/1, p. 20-
35. Format PDF. Disponible sur :< http://www.uemoa.int> (Consulté le JJ/MM/AAAA)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
36
DOCUMENT DE TRAVAIL N° 3
Characterization of the pathogen
Fusarium solani leading to plants
wilt and fruit rot in sweet pepper in
Niger Boubacar T. ASSOUMANA*1,3,
Mbaye NDIAYE†3,
Grace van der PUIJE*1,
Abdelnaser ELASHRY‡2,
Alexander SCHOUTEN2,
Florian M. W. GRUNDLER2
Titre en français :
Caractérisation morphologique et moléculaire de Fusarium solani responsable du flétrissement des plants et de la pourriture des fruits du poivron au Niger
PLAN DE L’ARTICLE
INTRODUCTION MATERIALS AND METHODS
FIELD SURVEY AND COLLECTION OF FUSARIUM ISOLATES FUSARIUM ISOLATION
OBSERVATION OF CULTURAL AND MORPHOLOGICAL CHARACTERISTICS
MOLECULAR IDENTIFICATION OF FUSARIUM SPP. DNA EXTRACTION AND PCR AMPLIFICATION ELECTROPHORESIS AND SEQUENCES ANALYSIS
PATHOGENICITY TEST OF FUSARIUM ISOLATES
RESULTS FIELD OBSERVATIONS AND DISEASE SYMPTOMS
CULTURAL AND MORPHOLOGICAL CHARACTERIZATION MOLECULAR IDENTIFICATION OF FUSARIUM SPP
PATHOGENICITY TEST ON SWEET PEPPER FRUIT
DISCUSSIONS CONCLUSION AND RECOMMENDATION
ACKNOWLEDGMENTS REFERENCES
Abstract Sweet pepper (Capsicum annuum L.) is one of the high value crops in Niger ensuring
self-sustainability and the generation of an income for farmers. During 2013, severe
wilting of sweet pepper plants together with fruit rot occurred in two major growing
sites, Diffa and Aguie. A few weeks later, the wilted plants died.To identify the
pathogen(s) responsible of the wilt and fruit rot, fungi were isolated from diseased
* /1University of Cape Coast, Department of Crop Science School of Agriculture Cape Coast P. O. Box 5007, Ghana. † /2University of Bonn, Institute of Crop Science and Resource Conservation (INRES), Molecular Phytomedicine
Karlrobert Kreiten strasse 13, 53115 Bonn, Germany. ‡ / 3Centre Régional AGRHYMET, Département Formation Recherche BP 11011 Niamey, Niger.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
37
stem and fruit material. A total of 18 isolates, all initially morphologically
characterized as being Fusarium spp. with aerial white mycelium on Potato Dextrose
Agar were obtained. Koch Postulates were fulfilled to confirm that those isolates
were the causal agents of the observed disease. The internal transcribed spacer (ITS)
region and α-elongation factor sequence analysis revealed a 99% homology with
Fusarium solani when compared with the NBCI databases. Pathogenicity tests
indicated that all isolates produced symptoms similar to those observed on diseased
plants in the field. The re-isolation of the fungus from the contaminated fruit and
amplification of the rDNA using ITS primers as described previously revealed that it
was F. solani conforming Koch’s postulates. To our knowledge, this is the first report
of Fusarium solani being the causal agent of Fusarium wilt on sweet pepper in Niger.
Such knowledge leads to better management approaches to contain this disease.
Keywords: Fusarium solani, sweet pepper, characterization.
• Introduction
Sweet pepper (Capsicum annuum L.) is one of the high cash crops cultivated in open fields in Niger.
Diffa and Aguie are the main areas of production, where the crop is ensuring food security and
income. Sweet pepper is currently the third exported crop after cowpea (Vigna ungiculata (L.) Walp)
and onion (Alium cepa L). The monetary value of the production was estimated at 18 million Euro
with an average yield of 17 ton/ha in 2003 (Djibey, 2012). This yield obtained on farmers’ fields is
considered low compared with the potential yield of 30 ton/ha (Grubben and El Tahir 2004). The
most important causes of this low yield are inappropriate agronomic practices and the occurrence of
pests and diseases (Haougui, 1999; Haougui and Bizo, 2009). From previous disease survey reports on
sweet pepper in Niger, it was found that root knot nematodes, Meloidogyne spp., and wilt diseases,
caused by Fusarium spp. are the major problems and significantly impeding crop yield (Haougui,
1999; sikora et al., 1988; Haougui et al., 2013). Haougui et al. (2013) examined the presence of fungi
on sweet pepper plants causing brown discoloration on roots and stem collar and severe wilting
symptoms. They identified Fusarium oxysporum and Meloidogyne javanica associated with this
symptom and suggested that the disease severity of sweet pepper could be attributed to the
synergistic interaction between nematode and fungal infection. During a phytosanitary survey in
2013, severe fruit rot and plant wilting were observed in two major sweet pepper growing areas,
Diffa and Aguie, leading to significant yield losses. The preliminary analysis indicated the presence
of Fusarium spp. and nematodes (Haougui et al., 2013), but recently the rate of disease development
was faster and associated with the sudden death syndrome and fruit rot. Therefore, the present study
was conducted to characterize and identify Fusarium species recovered from sweet pepper plants
showing wilt and fruit rot symptoms in Niger by using morphological characteristics and molecular
techniques. The identification of Fusarium species was mainly based on morphological, physiological
and cultural characteristics (Leslie and Summerell, 2006). The diagnosis only based on these criteria
is a long process (Geiser., 2004; Nirenberg and O'Donnell 1998), which is mostly inaccurate and
unreliable. Currently, Polymerase Chain Reaction (PCR) techniques which can make use of the
internally transcribed spacer region (ITS) of the ribosomal DNA (rDNA) are used for limited in
application (Atallah and Stevenson, 2006). Another tool for a reliable identification of Fusarium spp.
is based on the sequence information of the translation elongation factor 1α (TEF-1α) gene (Nitschke,
2009). The translation elongation factor 1-α (TEF) gene, has the highest phylogenetic utility for
identification of Fusarium spp. (Geiser, 2004).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
38
• Materials and methods
Field survey and collection of Fusarium isolates
A disease survey on sweet pepper was conducted during 2013-2014. Two sweet pepper-growing areas
Diffa and Aguie were selected based on previous disease reports. A total of 18 samples of plants
showing symptoms of wilting or fruit rots were collected randomly from both locations (10 samples
in Diffa and 8 samples in Aguie). Samples including roots, stems and fruits were then put in labelled
black polyethylene bags to prevent dehydration and brought to the phytopathology laboratory at
AGRHYMET Regional Centre Niamey, Niger for analysis.
Fusarium isolation
The fungi were isolated from roots, stems and fruits of diseased sweet pepper plants. These plant
parts were washed to remove the adhering soil, then were cut into small pieces up to 0.5-1 cm in
length and surface sterilized with 1% NaClO for 3 min., rinsed in sterile distilled water three times
and then blotted dry with a sterile filter paper. The surface sterilized tissues were plated on
Malachite Green Agar (MGA) medium (Castella, 1997) and incubated at 25°C. The plates were
assessed daily for fungal growth from tissue segments. After 6 days the fungal isolates appearing on
the plant pieces were transferred onto fresh 2% Malt Extract Agar (MEA) medium for purification.
Single spore of the pure culture was plated on Potato Dextrose Agar (PDA) medium, incubated at
27°C for two weeks, and stored at 10oC until further identification.
Observation of cultural and morphological characteristics
A total of 18 (10 from Diffa and 8 from Aguie) isolates of Fusarium spp. (Table 1) were selected for
analysis, based on the morphological identification method described by Leslie and Summerell (2006).
The isolates were cultured on Carnation Leaf Agar (CLA) medium at 25°C under near-ultraviolet light
for 2 weeks (Fisher., 1982). Then, the macroconidia, microconidia, phialides, and other features
were examined under a DMI2000 compound microscope (Leica Microsystems, Wetzlar, Germany). Per
isolate, twenty randomly picked macroconidia were examined and the width and length were
measured.
Table 4 List of Fusarium isolates used in species identification; R, S, F= root, stem, Fruit origin of the
isolates
plant District sampling site code number lab code
Sweet pepper Aguie Gourgia 1 Gou 2R
Sweet pepper Aguie Gourgia 2 Gou 10F
Sweet pepper Aguie Gourgia 3 Gou15F
Sweet pepper Aguie Gourgia 4 Gou16S
Sweet pepper Aguie Assaya 5 Assa26R
Sweet pepper Aguie Assaya 6 Assa26R
Sweet pepper Aguie Glom 7 Glo58S
Sweet pepper Aguie Glom 8 Glo57R
Sweet pepper Diffa Fiego 9 Fie 52R
Sweet pepper Diffa Fiego 10 Fie 58R
Sweet pepper Diffa Boulangouri 11 Bou76F
Sweet pepper Diffa Boulangouri 12 Bou77F
Sweet pepper Diffa Boulangouri 13 Bou78R
Sweet pepper Diffa Boulangouri 14 Bou80S
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Sweet pepper Diffa Ngarwa 15 Ngar29R
Sweet pepper Diffa Ngarwa 16 Ngar31R
Sweet pepper Diffa Ngarwa Gana 17 Gan29S
Sweet pepper Diffa Ngarwa Gana 18 Gan35S
Molecular identification of Fusarium spp.
DNA extraction and PCR amplification
Fusarium isolates were grown on 2% MEA (Castella et al., 1997) for 10 days at 27°C. Mycelia was
harvested and used immediately for DNA extraction. The total genomic DNA was extracted from the
fungal isolates using Quick-DNA Universal Kit ZYMO RESEARCH Company, Germany following the
manufacturer’s instructions. For accurate identification of the isolates, primer combination ITS1-F
(5’-TCCGTAGG T G A A C C T G C G G - 3 ’ ) a n d I T S 4 - R ( 5 ’ - T C C T C C G C TTATTGATATGC-3′)
primers (White et al. 1990), and the translation elongation factor (EF-1α) primers combination EF-1
(5’- ATGGGTAAGGARG-ACAAGAC-3’), EF-2(5′-GGARGTACCAGTSATCATG-3′) primers (O’Donnel et al.,
1998) were used. PCR amplification was conducted in a 50 µl reaction mixture containing 4 μl of
fungal DNA, 1 µl of each primer (10 mM), 1 µl dNTPs mix (10 mM ) (Promega), ( 1.5 Unit ) of Taq DNA
Polymerase (Promega), 10 µl reaction buffer (5x Green Go Taq® reaction buffer (Promega) and 32.5
µl of nuclease-free water (Sigma Aldrich® Company). For ITS amplification, the PCR was performed
by using the following amplification cycles: initial denaturation at 95 °C for 4 min, followed by 34
cycles of denaturation at 95 °C for 1 min, annealing at 50°C for 2 min, and elongation at 72°C for 3
min, and followed by a final extension of 72°C for 10 min. For TEF-1α amplification, the PCR
conditions were according to Nitschke et al., (2009).
Electrophoresis and sequences analysis
DNA amplification products were separated on a 1% (w/v) agarose gel in 1×TAE (Tris-acetate-EDTA)
buffer and PeqGreen as much as 4-5 µl / 100 ml agarose. Electrophoresis was performed at 80 volts
for 60 minutes and visualized using UV light. The amplified DNA products were purified using
NucleoSpin ® Gel and PCR Clean-up Kit (MACHEREY-NAGEL, Düren, Germany) according to the
manufacturer’s protocol and checked for quality and concentration using the Nanodrop C2000
Spectrophotometer (Thermo Scientific, Passau, Germany). The purified PCR fragments from all 18
isolates were sequenced in both directions at GATC Biotech (Constanz, Germany). The sequence
results were checked for quality and processed with CLC genomic workbench before blasting it in
against the NBCI nr database (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/BLAST).
Pathogenicity test of Fusarium isolates
Pathogenicity tests of the Fusarium isolates were done on plants and mature fruits of sweet pepper.
Because of the identical morphological and molecular characteristic of the isolates, eight of them
were selected randomly for the inoculation of the host susceptible local sweet pepper (`crotte
d’âne`) in two fruits or plants per isolate.
On fruit. The test was carried out on mature green colored fruits of sweet pepper. The conidia
suspension for inoculation was prepared from fungal cultures grown on PDA, by harvesting the
mycelium, scraping the sporulating colonies, suspending in sterile distilled water, and shaken
vigorously. The conidial suspensions were transferred to sterile tubes then filtered to remove hyphae
by using a 45 µm sieve. The conidial concentration was adjusted to 106 spores/ml using a
hemacytometer (Neubauer) and microscope (Petrikkou et al., 2000). The fruits were wounded and
inoculated with the conidial suspension using a sterile brush. Control treatment was inoculated with
distilled water. The inoculated fruits were incubated at 25-28°C for two weeks in a humid chamber
at 80% RH. Changes in color and softness in the fruit tissues were rated daily after the first week of
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
40
incubation.
On plants. The method to inoculate plants was modified from Moine (2013). The Fungal inoculum
was obtained by growing the isolate on PDA for 1 week at 28°C for propagule production. One square
centimeter of the agar medium containing the fungal colony was cut and inserted on incisions made
on 3-week old plant stems, just under the petiole of the middle leaf, with a sterile scalpel. Control
plants were inoculated with sterile PDA. The inoculated areas were protected with parafilm strips to
avoid quick drying of the inoculum and then plants were placed in a growth chamber at 28°C with
80% RH and 12-h diurnal light for two weeks.
• Results
Field observations and disease symptoms
During the survey, the external symptoms of infected sweet pepper plants in the fields were plant
yellowing and wilting, death of green plants in some case (Fig. 1) and fruit rots during the harvest
period (Fig. 2). Roots of infected plants showed also necrotic lesions with the presence of numerous
nematode knots.
Figure 5 Sweet pepper plants wilted on farmer fields
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
41
Figure 6 Rotting fruits of sweet pepper on the fields
Cultural and morphological characterization
After one week incubation at 28°C on MGA, cotton-like colonies, uniform in morphology appeared on
fragments of the diseased tissues (Fig 3A). The 18 single spore isolates of Fusarium spp. from Diffa
and Aguie produced white aerial mycelia, cream to yellowish colonies on PDA. On Carnation Leaf
Agar (CLA), the isolates produced abundant microconidia and macroconidia (Fig.3 C-D). The
conidiophores were unbranched and monophialides and the microconidia were usually aseptate or
single septate, oval-ellipsoidal shaped and were of 11-15 × 2.5-4 µm sizes. Macroconidia were sparse,
straight to slightly curved and measured 36-48 × 4.5-6 µm sizes with a slightly curved and slender
shape with 3-6 septates. Sporodochia were rare on CLA. The observed morphological characteristics
of the identified species are summarized and compared with those of F. solani previously reported
(Table 2). To further support the identification, DNA of all isolates were extracted and amplified by
PCR using ITS rDNA and TEF elongation factor.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
42
Figure 7 Morphological characters of Fusarium solani isolated from sweet pepper. The fungal isolate
was grown on carnation leaf agar CLA for microscopic observation. Colony shape: A= front and B =
back side of PDA plate. C = microconidia, D= macroconidia, E = microconidiophores and F=
chlamydospores formed on CLA.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Table 5 : Comparison of morphological characters of the present isolate with Fusarium solani
previously described.
Morphological Characterization
Fusarium isolates under study
Fusarium solani *
Macroscopic characteristic
Colony color White-creamy White-creamy to white-greyish
Pigmentation yellowing creamy Colorless, white-creamy with dark brown zonation
Growth rate (cm) on PDA 5.4±0.8 3.5± 0.2
Microscopic characteristic
Mean length of macroconidia (µm) 41.4± 2.4 42.0 ±3.0
Mean width of macroconidia (µm) 4.5±0.8 4.7±0.5
Production of chlamydospores Abundant on CLA Abundantly on CLA
Macroconidia septation 3-6 3-7
(*Hafizi et al., 2013)
Molecular identification of Fusarium spp
PCR amplification of the ITS region with primers ITS1 and ITS4 yielded in an ~570-bp band (Fig. 4).
The fragment was obtained from all 18 Fusarium isolates whereas no product was amplified from
negative control. The ITS-region products were sequenced from all isolates and compared against
NBCI Fusarium ID databases. An NCBI BLAST search identified a closest match of 99% identity with
Fusarium solani ITS sequences (Table 3). PCR with primers ef1 and ef2 yielded in a band of 700-bp
(Fig. 5) and all sequences also shared 99% identity with F. solani TEF-1α sequences (Table 3).
Figure 8 Agarose gel electrophoresis of the internal transcribed spacer region base pair (bp) products
of the Fusarium species. M= lanes were loaded with 1kb DNA-Ladder (Promega), lanes 1-8= isolates
from Aguie, lanes 9-18 isolates from Diffa, lane 19= negative control with water
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Figure 9 Agarose gel electrophoresis of TEF-α elongation factor base pair (bp) product of the Fusarium
species. M= lanes were loaded with 1kb DNA-Ladder (Promega), lanes 1-8= isolates from Aguie, lanes
9-18 isolates from Diffa, lane 19= negative control with water
Table 6 Similarities in ITS and tef- α of studied isolates and their accession references
strains
District sampling site code number
lab code
ITS TEF-α
Similarity (%)
Accession number
Similarity (%)
Accession number
Aguie Gourgia 1 Gou 2 99 KP784419.1 99 HE647946.1
Aguie Gourgia 2 Gou 10 99 KP784419.1 99 KR816154.1
Aguie Gourgia 3 Gou15 99 KP784419.1 99 KM886217.1
Aguie Gourgia 4 Gou16 99 KP784419.1 96 HE647946.1
Aguie Assaya 5 Assa26 99 KU528858.1 99 HE647946.1
Aguie Assaya 6 Assa26 99 KU528855.1 99 HE647915.1
Aguie Glom 7 Glo58 99 KP784419.1 99 HE647942.1
Aguie Glom 8 Glo57 99 KP784419.1 99 HE647937.1
Diffa Fiego 9 Fie 52 99 KF999012.1 99 HE647942.1
Diffa Fiego 10 Fie 58 99 KP784419.1 99 HE647924.1
Diffa Boulangouri 11 Bou76 99 KU296243.1 99 HE647953.1
Diffa Boulangouri 12 Bou77 99 KP784419.1 99 HE647927.1
Diffa Boulangouri 13 Bou78 99 KP784419.1 98 KM065871.1
Diffa Boulangouri 14 Bou80 99 JX868649.1 99 HE647927.1
Diffa Ngarwa 15 Ngar29 99 KP784419.1 99 KR816154.1
Diffa Ngarwa 16 Ngar31 99 KP784419.1 96 HE647946.1
Diffa N.Gana 17 Gan29 99 HQ384397.1 97 DQ220248.1
Diffa N.Gana 18 Gan35 99 KP784419.1 98 DQ247234.1
Pathogenicity test on sweet pepper fruit
On sweet pepper fruit. All the inoculated fruit were infected by the fungus after one week incubation
at 25-28ºC and 80 % RH. All the isolates successfully colonized the fruits. Initially, the infected parts
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
45
of the fruits became yellow, soft and, at the end, the whole fruit rotted. No disease symptoms were
observed in the control fruits, which remained firm and green (Fig. 6a). From diseased fruits, F. solani
was re-isolated on selective medium fulfilling Koch’s postulation.
Figure 10a Pathogenicity test of Fusarium solani on green fruits of sweet pepper. Control, inoculated
with sterile water: no fungal colonization is observed (A); Fungal colony development on fruits leading
to fruit rot one week after inoculation (B)
On sweet pepper plants. All selected isolates induced symptoms similar to those observed in diseased
plants in the fields (Fig. 6b) within a week. First appeared a typical brown discoloration of the stem
around the inoculation point, then after yellowing of the tip leaves and finally dieback. In some cases
at the base of the dead plants new buds regrow. No differences were found in disease severity
amongst the isolates.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
46
Figure 11b Pathogenicity test of Fusarium solani on of sweet pepper plant. Control: no fungal
colonization is observed (A). Typical brown lesions and wilting on inoculated plants one week after
inoculation (B)
• Discussions
A phytosanitary survey on Fusarium sp. occurring on sweet pepper was conducted in Diffa and Aguie.
Symptoms including wilting without yellowing were observed on diseased plants in comparison with
healthy plants. These symptoms observed in the filed were similar to the typical symptoms of the
genus Fusarium described by several authors (Xiao et al., 2017, Han et al., 2017, Ramdial and
Rampersand, 2010, Lamb et al., 2001). In fact on the fields, near 30% of plants examined were wilted.
Fusarium wilt is considered as the major devastative and destructive disease affecting crop production
of pepper (Black ., 1991). In Almeria, Spain, were observed wilting symptoms without yellowing of
leaves and stunting of sweet pepper plants grown in nursery with F. oxysporum f. sp. capsici identified
as the causal agent (Lomas-Cano ., 2014). In Niger, on the basis of cultural and microscopic
observations, Haougui et al. (2013) identified Fusarium oxysporum and considered it to be the causal
agent sweet pepper wilt in Aguié. In this present survey, besides wilting symptoms, in some fields,
fruit rot was also observed in the field. These symptoms were similar to the typical symptoms of F.
solani infection described by Lamb et al. (2001) in sweet pepper grown in greenhouses in south Florida
(United States). Fusarium solani is known as a pathogen that cause wilting and rot on several crops,
including cucurbits (Hawthorne et al., 1992) and also Phaseolus vulgaris (Li et al., 1995). Sweet
pepper is one of the main hosts of F. solani (O'Donnell 2000). Ramdial and Rampersand (2010) have
reported severe fruit rot symptom of sweet pepper infected by F. solani in Trinidad resulting in a
disease incidence of 80% with a yield loss of 40 to 60%.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Morphological characterization was performed mainly based on distinctive characters of the shapes
and sizes of macro- and microconidia, presence and absence of chlamydospores as well as colony
appearances, pigmentations and growth rates on agar media as described by Leslie and Summerell,
(2006). The macroscopic features of all isolates produced a single morphotype, namely the cottony
mycelia and yellowish color on PDA (Xiao et al., 2017, Han et al., 2017). The physiological
characteristics and propagule size of the isolates in this study are similar to those of F. solani
described by Hafizi et al. (2013).
Analyses of rDNA sequences constitute an important complement of the morphological criteria needed
for precise fungal identification (Guarro et al., 1999). The results of the 18S rDNA analysis and TEF-
1α gene sequences indicated that all 18 Fusarium sp. isolates shared 99% identity with F. solani
sequences when compared to the NBCI databases. The sequences of the representative isolates of
Fusarium solani described in this study have been deposited in GenBank with accession numbers
(MF688988-MF688989). Several authors have also identified F. solani by amplifying the rDNA of the
ITS region (Zarrin et al., 2016) and the rDNA of the TEF-1α gene (Nitschke et al., 2009).
Therefore, based on morphological and molecular methods, all Fusarium isolates isolated from
diseased pepper plants in this study were identified with certainty as F. solani, whereas previous
studies have revealed the presence of Fusarium oxysporum (Haougui et al., 2013). Accurate
identification of Fusarium spp is of significant importance in terms of developing an effective cropping
systems. The use of resistant cultivars is the most effective wilt disease management including
Fusarium wilts. However, efforts must be done to control the disease with respect to the occurrence
of the two species due to the lack of resistant cultivars in Diffa and Aguie regions. Furthermore, since
F. solani is known to be seedborne pathogen (Vikas and Varma, 2015; Mehl and Epstein (2007), the
use of non-certified seed to plant new crops (a common practice of farmers) should be banned in
order to reduce the disease dissemination.
• Conclusion and recommendation
Based morphological and molecular basis, Fusarium solani was identified as the causal agent stem
and fruit rot in sweet pepper in Diffa and Aguie. This is the first report of its occurrence in vegetables
crops in Niger. Taking in account information on the severity of the disease and farmer practices, it
is recommended to investigate the extent of the distribution of this pathogen over the country in
Niger and UEMOA area for a better management of the disease.
• Acknowledgments
This paper is prepared as part of the PhD research work of Mr. Boubacar Toukal Assoumana. The study
was fully funded by WASCAL (West African Science Center for Climate Change and Adapted Land Use).
The authors would like to thank Phytopathology laboratory of AGRHYMET regional center, Niger for
preliminary analyses of Fusarium and Molecular Phytomedicine department, INRES, University of Bonn
(Germany) for accepting to conduct the morphological and molecular work in their Laboratory. The
authors would like to thank Catherine Wanja Bogner, INRES, Bonn for helping in PCR application and
Prof. ATTA Sanoussi, the Head of Training and Research Department at Regional Center AGRHYMET
for reading this document.
• References
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Citation pour cet article :
Version papier
Boubacar T. ASSOUMANA, Mbaye NDIAYE, Grace van der PUIJE et al. Does Lands Rush Really Improve
Food Security in Sub-Saharan Africa? Document de travail n° 3. In : Les Cahiers de l’intégration.
Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) -UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.) 2018/1, p. 36-
49
Version électronique
Boubacar T. ASSOUMANA, Mbaye NDIAYE, Grace van der PUIJE et al. Document de travail n° 3 In : Les
Cahiers de l’intégration. [en ligne]. Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) UEMOA (éd.) ;
Commission de l’UEMOA (éd.), 2018/1, p. 36-49. Format PDF. Disponible sur :
<http://www.uemoa.int> (Consulté le JJ/MM/AAAA)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
50
DOCUMENT DE TRAVAIL N° 4
Interactions entre le formel et
l’informel et leurs implications sur
le marché du travail en Afrique de
l’ouest : cas du Bénin et du Sénégal Fatou GUEYE*,
Ahmadou Aly MBAYE†
PLAN DE L’ARTICLE
INTRODUCTION
L’AFRIQUE FRANCOPHONE : UN ENSEMBLE HOMOGENE ?
LE MARCHE DU TRAVAIL DANS LES PAYS DE LA ZONE FRANC : UNE FORTE DUALITE
FORMEL/INFORMEL
LE POIDS DE L’INFORMEL DES ECONOMIES FRANCOPHONES : UNE PERSPECTIVE
SECTORIELLE VENTES DE PRODUITS PHARMACEUTIQUES : IMPORTATIONS DE MEDICAMENTS ENTRE LE CIRCUIT OFFICIEL ET INFORMEL LA VENTE INFORMELLE DES PRODUITS PETROLIERS VENTES DE VEHICULES OCCASION
LES INTERACTIONS ENTRE LE FORMEL ET L’INFORMEL A PARTIR DE NOS DONNEES
D’ENQUETE
METHODOLOGIE ET BASE DE DONNEES
STATISTIQUE DESCRIPTIVE
LES FACTEURS EXPLICATIFS DES RELATIONS DE CONCURRENCE OU DE
COMMERCE/SOUS-TRAITANCE ENTRE LE FORMEL ET L’INFORMEL : UNE ANALYSE
ECONOMETRIQUE
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Résume Le secteur informel occupe une place prépondérante dans les économies ouest-
africaines. Elle représente environ la moitié du PIB et plus de 90% de l'emploi, avec
des pics atteignant 70% du PIB et plus de 95% de l'emploi total au Bénin (Golub et
Hayat, 2015). Alors que l'économie formelle s’atrophie dans la plupart des secteurs
d’activité, l'informel connaît une croissance fulgurante et tend à constituer le
segment le plus dynamique de l'économie nationale. Dans cet article, nous utilisons
un ensemble d'informations quantitatives et qualitatives pour étudier les raisons du
déclin du secteur privé formel, contrastant avec la montée du secteur informel en
Afrique francophone, et les implications de cet état de fait sur le volume et la qualité
des emplois générés dans les deux secteurs. Nos résultats ont tendance à valider
l'idée qu'un climat des affaires défavorable, davantage que le secteur informel est
le principal obstacle au développement du secteur privé moderne. Un tel
* Laboratoire d’Analyse des Politiques de Développement, Faculté des Sciences économiques et de gestion Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - Sénégal † Idem
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
51
environnement affecte tant le secteur formel que le secteur informel. De ce fait, il
est observé une importante restructuration du marché du travail, avec une baisse
drastique de l’emploi formel et le développement de chaines de valeurs informelles,
impliquant différents arrangements institutionnels et profils d’emplois. Dans cet
article, nous faisons recours aussi bien à une approche quantitative qu’à une
approche qualitative, pour examiner les types et intensités des relations entre les
différents segments de l’informel, avec le formel. L’analyse quantitative est basée
sur différentes données que nous avons pu collectées à travers plusieurs enquêtes,
et qui sont présentées ci-dessus. Concernant l’analyse qualitative, elle a été menée
à partir des interviews et focus groupes, et d’une analyse documentaire. Elle a donné
lieu à des études de cas sur un certain nombre de secteurs (chaînes de valeur) où les
interactions formel/informel sont les plus observées en Afrique francophone
Mots clés : informel, marché du travail, concurrence, sous-traitance, environnement
des affaires
Classement J.E.L : O17 ; M21 ; O55 ; J46 ; P42
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
52
• Introduction
S’il est indéniable que la concurrence de l’informel affecte le dynamisme et la croissance du formel,
les évidences scientifiques disponibles sur la portée de ce résultat sont loin d’être convergentes.
Mbaye et al. (2017) ne trouvent aucune corrélation significative entre les deux catégories de variables
en Afrique de l’ouest. Ali et Najman, (2015), qui ont utilisé les données d’enquêtes sur les entreprises
de la Banque mondiale sur 33 pays d'Afrique subsaharienne, aboutissent à des résultats montrant la
tendance inverse, c'est-à-dire qu'une concurrence informelle accrue est corrélée positivement avec
la productivité du travail des entreprises formelles. En outre, il semble de plus en plus évident qu’un
environnement des affaires morose affecte tant les entreprises formelles et qu’informelles et s'avère
être le principal déterminant de l'informalité (voir par exemple Gelb et al., 2009, Kanbur 2009). En
d’autres termes, l'informalité semble être plus un symptôme qu'une cause du déclin du formel.
L'informalité est en effet le résultat d’un choix rationnel que les acteurs font entre les statuts formel
et informel. Et la qualité du climat des affaires pèse fortement sur ce choix. La formalisation signifie
le respect des règles et régulations applicables aux entreprises privées, et lorsque ces régulations
empêchent le développement du secteur privé, les entreprises sont incitées à se cacher et à éviter
d'être visibles, et donc à opérer dans l’informel.
Ainsi, la suite de ce document sera articulée comme suit : nous présentations d’abord le cadre
réglementaire des pays francophone, ensuite les caractéristiques du marché du travail dans les pays
de la zone franc, puis nous présentons les études de cas d’interaction formel et informel au Sénégal
et Bénin et enfin nous étudierons les facteurs déterminants des interactions entre le formel et
l’informel.
• L’Afrique francophone : un ensemble homogène ?
Les pays africains francophones partagent un certain nombre de caractéristiques socio-économiques
et institutionnelles largement déterminées par l’usage d’une langue commune et le partage d’une
monnaie commune : le franc CFA. La Zone franc en Afrique représente environ 7 millions de Km² en
Afrique soit 20% de la superficie de ce continent et compte plus de 140 millions d’habitants soit 3%
de la population africaine.
Le Franc CFA a été créé en 1945 et avait pour signification « Francs des Colonies Françaises
d’Afrique » devenir plus tard en 1958, le « Franc de la Communauté Française d’Afrique ». Après les
indépendances des colonies françaises d’Afrique, il devient le « Franc de la Communauté Financière
d’Afrique » et le « Franc de la Coopération Financière en Afrique Centrale » sur le territoire d’Afrique
du Centre. Il est émis par deux instituts d’émission : la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (BCEAO) et celle de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique centrale (BEAC). La dévaluation
du Franc CFA marque un épisode important dans l’histoire de la Zone Franc. Ainsi, on note une
transition de la zone franche vers des unions économiques, complémentaires et des unions
monétaires. La constitution de ces unions monétaires avait pour finalité la mise en place d’union
douanière entre les pays membres et d’un marché commun et de certaines politiques communes au
niveau général. Avec le rattachement du franc à l’Euro, en 1998 des accords entre les pays de la zone
franc et l’Union européenne ont été signés pour maintenir la parité fixe entre le Franc Cfa et l’euro
tout en respectant les accords liant la France et ses pays de la zone Franc.
A part la coopération monétaire et financière, les pays membres des ont mis en place des structures
et politiques communes de développement. C’est ainsi que la Banque Ouest Africaine de
Développement et la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale ont respectivement
été créées en 1973 et 1975. Elles ont pour rôle principal de mobiliser les ressources financières
nécessaires pour le développement économique et social des Etats membres et des projets
intégrateurs au niveau régional. De la même manière, un tarif extérieur commun a été érigé au
lendemain de la dévaluation, dans les deux zones. Les États membres de la CEMAC comme ceux de
l’UEMOA ont instauré un système de surveillance multilatérale visant à accentuer le processus
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
53
d’intégration régionale. Il s’est accompagné d’un suivi collégial des politiques macroéconomiques,
assuré par le Conseil des ministres des Etats membres pour chaque zone. Quatre critères de 1er rang
ont été définis par le Pacte de convergence : trois critères de finances publiques (le solde budgétaire
de base, l’encours de la dette publique et l’accumulation des arriérés) et le critère de l’inflation. Ils
sont complétés des indicateurs de second rang : le taux de couverture extérieure de la monnaie, la
masse salariale, les investissements financés sur ressources intérieures, le taux de pression fiscale,
le solde extérieur commun. Il faut noter qu’en zone CEMAC, il n’existe pas de hiérarchie parmi les
critères, comme dans l’UEMOA.
Dans les espaces UEMOA et CEMAC, le droit des affaires est régi par les dispositions du traité de
l’OHADA‡ signé à Port-Louis le 17 Octobre 1993 et modifié par le traité de Québec du 17 Octobre
2008. L’objectif principal de l’OHADA est de promouvoir les échanges et les investissements et de
garantir sécurité juridique et judiciaire des entreprises. Récemment, l’Acte uniforme§portant sur le
droit commercial général adopté en décembre 2010 prévoit une législation spéciale applicable à
l’entreprenant qui est défini comme un entrepreneur individuel, personne physique qui, sur simple
déclaration prévue dans l’acte uniforme, exerce une activité professionnelle civile, commerciale,
artisanale ou agricole.
• Le marché du travail dans les pays de la zone Franc : une forte
dualité formel/informel
Sur les questions d’emplois, la démographie joue un rôle de premier plan, étant le plus important
déterminant de l’offre de travail des ménages. Le tableau 1 nous donne l’évolution de la population
active entre deux périodes de référence en Afrique. Elle a significativement augmenté autant pour
les hommes que pour les femmes.
Tableau 6 : Taux d’activité selon le genre et par pays au cours des deux dernières décennies
Femmes Hommes
Pays (années) Période 1 Période 2 Période 1 Période 2
Niger (2001/2005) 39,5 87,9 39,2 90,6
Togo (2006) 80,3 80,6
Burkina Faso (1991) 77,1 90,9
Sénégal (2006/2011) 50,1 72,8 44,5 68,5
Bénin (2002/2011) 65,5 69,8 78,7 74,0
Ghana (2000/2006) 71,6 66,6 75,8 71,0
Sierra Leone (2004) 66,5 67,6
Liberia (2010) 57,8 64,0
Côte d’Ivoire (1998) 48,4 82,1
Nigeria (2004) 47,5 61,7
‡ OHADA : L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires. § OHADA, (2010), Acte uniforme portant sur le droit commercial général, adopté le 15 Décembre 2010 à Lomé, Journal
officiel de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
54
Mali (2004/2010) 36,3 46,8 67,7 74,1
Cap Vert (1990) 41,8 85,2
Sao Tome et Principe (1991) 37,2 77,3
Mauritanie (2012) 28,8 63,9
Source : Charmes (2001)
La population active est directement influencée par le niveau de fécondité, et en Afrique où ce niveau
est parmi les plus élevé au monde, le croît démographique y atteint des niveaux record, et la
population active y augmente de façon exponentielle. Le tableau 2 montre un pic de 4% de croît
démographique au Niger entre 2010 et 2015 ; alors que dans la plupart des autres pays de l’UEMOA,
il est largement supérieur à 2 %. Pendant ce temps, la population urbaine augmente de 6 % au Burkina,
de 5% au Niger, et de 4% au Bénin, en moyenne annuelle. Ce qui veut dire que la population urbaine
doublera, à ce rythme dans un intervalle variant entre 12 et 21 ans selon les pays. Il est évident que
ces tendances démographiques ne peuvent manquer d’avoir des répercussions sur le marché du
travail.
Tableau 7: Taux de croissance de la population (moyenne annuelle en %) de 2010-2015
Total Urban Rural
Bénin 2,7 4,1 1,5
Burkina Faso 2,8 6 1,8
Cote d'Ivoire 2,3 3,6 0,7
Niger 3,9 4,9 3,2
Sénégal 2,9 3,3 2,1
Source : Mbaye et al (2015)
En Afrique, les concepts les plus usuels de participation au marché du travail, d’emploi et de
chômage, tels qu’ils sont définis dans les pays développés posent beaucoup problème. De plus, les
statistiques officielles sur le chômage montrent des niveaux très faibles de taux de chômage,
contrastant avec les niveaux très importants de sous-emploi (voir graphique 1). Beaucoup de jeunes
découragés ne recherchent pas un emploi ou n’ont pas accès aux centres de suivi de suivi de la main-
d’œuvre où les statistiques sur l’emploi sont compilées. Lorsqu’on considère les chiffres officiels sur
le chômage, on est frappé par leur faible niveau en Afrique. Par conséquent, pour avoir une meilleure
idée du niveau d’activité des jeunes dans l’UEMOA, il peut s’avérer nécessaire de sommer les taux de
chômage et de sous-emplois.
Graphique 1 : Distribution de l’emploi de l’emploi dans les pays africains
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
55
Source : Mbaye et al (2015)
Une des conséquences de la forte croissance démographique, et en particulier celle de la population
jeune, est la pression exercée sur la plupart des services sociaux de base mais aussi sur l’emploi
formel. C’est ce qui explique que l’emploi est en majorité informel et précaire en Afrique, et
l’Afrique francophone n’est pas une exception. Fox and Sohnesen (2012), dans une étude sur le
Burkina Faso, le Cameroun, la RDC, le Ghana, le Mozambique, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda,
ont trouvé que l’emploi salarié dans le secteur privé non-agricole africain est très rare, qui représente
seulement 9% de la population active occupée.
L’existence des différentiels de revenus entre le formel et l’informel est assez bien documentée, à
travers les pays et les différentes régions géographiques du monde (Gasparini and Tornarolli 2007),
et confirmée en Afrique (Benjamin and Mbaye 2012). Lorsqu’on considère les revenus des acteurs du
formel et de l’informel en Afrique, on ne peut qu’être frappés par la forte dualité du marché qu’ils
traduisent. Les salaires dans le secteur public formel semblent plus élevés que dans le secteur privé
formel qui pourtant à des niveaux de salaire au moins deux fois plus élevés que dans l’informel. Et le
gap de revenus entre le formel et l’informel est beaucoup plus prononcé lorsqu’on compare les
hommes et les femmes, sans que les différences observées ne puissent être justifiées par des
caractéristiques objectivement observables, comme la formation, par exemple (graphique 2).
Graphique 2: Auto emploi (% de firmes)
Source : Mbaye et al (2015)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
56
Une importante littérature qui se développe concerne les interrelations entre les différents segments
du formel et de l’informel dans le processus de création d’emplois et les performances du formel en
général. Très peu de données étayant de telles interactions existent et celles qui sont utilisées
proviennent essentiellement des bases de données standards comme la base 123 (Afristat-Dial) ou
celle du climat des investissements (Banque mondiale). Se fondant sur cette dernière, Gonzalez et
Lamanna (2007) trouvent que la concurrence que l’informel fait au formel a des effets négatifs, de
magnitude variable, sur la productivité de ce dernier. Certaines firmes semblent plus affectées que
d’autres, selon leurs caractéristiques propres et l’environnement dans lequel elles évoluent. Dans la
même veine, en partant d’une base de données sur 6 pays ouest-africains, compilées selon la méthode
de l’enquête 123, Bohme et Thiele (2014) trouvent que les entreprises formelles, dans les pays étudiés
ont des relations d’amont et d’aval avec celles informelles. En examinant l’intensité de ces relations,
ils trouvent qu’elle est fortement expliquée par le niveau d’informalité des entreprises informelles,
de même que leur niveau de stock de capital.
• Le poids de l’informel des économies francophones : une
perspective sectorielle
Les statistiques descriptives présentées ci-dessus sont très utiles pour donner une idée de la taille du
secteur informel dans l'économie générale. Cependant, ils montrent très peu sur le dynamisme relatif
du secteur informel, par rapport au secteur formel, dans l'élaboration des modèles de croissance dans
les principales industries. Ci-dessous, nous présentons certains secteurs où des interactions très fortes
entre entreprises formelles et informelles sont observées. Notre conclusion principale à partir de nos
interviews est que les plus grands acteurs de nos économies sont des acteurs informels
Ventes de produits pharmaceutiques : importations de médicaments entre le
circuit officiel et informel
En Afrique francophone, le circuit de distribution du médicament change très peu d’un pays à un
autre. Très peu de médicaments sont fabriqués sur place ; la plupart est importée et l’Etat et les
organisations professionnelles, comme les ordres de pharmaciens y jouent un rôle important.
Très souvent, il existe un monopole d’importations ayant un statut public ou mixte (incluant le public
et le privé) qui importe en gros et redistribue aux officines pharmaceutiques, qui, à leur tour,
revendent au détail. Au Bénin, il s’agit de la Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels (CAME),
alors qu’au Sénégal, il s’agit de la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA). Les principales
missions assignées à ces organismes consistent à centraliser les commandes de toutes les organisations
publiques en produits pharmaceutiques, diététiques, et matériels de laboratoire. En général, la
procédure d’achat est menée par une commission spéciale des marchés sur la base d’un cahier de
charges comportant des clauses techniques, commerciales et financières. Ces organismes se chargent
de :
1- Procéder éventuellement au reconditionnement
2- Garantir la disponibilité des produits dans les meilleures conditions de prix
3- Contrôler la qualité des médicaments importés ou fabriqués localement
4- Assurer le contrôle des pharmacies
Parallèlement à ce secteur public, le secteur privé commercial présente son propre circuit de
distribution et joue un rôle important dans l’offre de médicaments. Le secteur privé commercial est
constitué des grossistes, des producteurs locaux et des officines privées. Les médicaments distribués
par les grossistes sont importés dans leur presque totalité, même s’il y a une activité résiduelle de
production industrielle domestique dans la plupart des pays.
Plusieurs intermédiaires interviennent dans le circuit public de distribution et
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
57
d’approvisionnement pour que les médicaments parviennent au consommateur final qui constitue le
dernier maillon de la chaine. Trois catégories d’acteurs sont à distinguer : les centrales d’achat qui
sont des structures d’approvisionnement en médicaments essentiels génériques. Elles acquièrent les
produits par appels d’offre internationaux et les distribuent aux formations sanitaires à but non
lucratif organisées en bureaux ou en centrales d’achat, aux hôpitaux centraux et généraux, ainsi qu’à
d’autres clients avec autorisation spéciale. Les médicaments suivent une voie légale et une voie
anomale. La voie normale part des centrales vers les centres sanitaires publics pour parvenir aux
ménages. La voie anormale découle de la corruption consistant à recycler certains médicaments
périmés destinés à la destruction dans le marché noir. Ou alors ils détournent carrément vers le
marché parallèle des médicaments initialement destinés à ces structures publiques.
Concernant le circuit privé, il fait intervenir plusieurs acteurs :
- les producteurs locaux ;
- les grossistes ;
- les pharmacies, cliniques et centres de santé privés ;
- les détaillants
- les consommateurs
L’approvisionnement de médicaments contrefaits passe provient souvent des importations. Ces
produits passent en général par le port avec la complicité des agents de douane et de police et
viennent gonfler les étals des marchés. L’autre source provient du détournement des produits
initialement destinés aux structures publiques de santé. Les médicaments destinés à ces structures
étant largement subventionnés, font l’objet d’un détournement par certains agents de santé qui les
recyclent dans l’informel. Il y a également les vols opérés dans les officines pharmaceutiques privés
qui permettent de soustraire des produits par la suite revendus dans l’informel.
Du fait du caractère prohibitif du prix du médicament importé, face à la modicité du revenu de la
plupart des ménages urbains et ruraux africains, les médicaments vendus dans l’informel, dont la
majorité est soit périmée soit contrefaits, constituent un recours de seconde main important. Il est
difficile de quantifier le nombre d’acteurs opérant dans ce secteur, mais il est clair qu’il génère un
volume important d’emplois. Très souvent, les vendeurs de médicaments contrefaits se retrouvent
au niveau des marchés à ciel ouvert et sont donc difficiles à distinguer des autres commerçants du
gros ou du détail. D’autant plus qu’il arrive très souvent, qu’ils mélangent ce commerce avec celui
d’autres produits comme les cosmétiques.
La vente informelle des produits pétroliers
La vente informelle de produits pétroliers en Afrique constitue un autre cas de compétition entre le
formel et l’informel. A part le Bénin, un autre pays qui est affecté est le Cameroun. Dans les deux
cas, les produits pétroliers proviennent essentiellement d’importations frauduleuses du Nigéria. Ce
produit est désigné par Kpayo au Bénin.
Au Bénin, les prix des produits pétroliers sont administrés et sont uniques sur toute l’étendue du
territoire national. La fixation des prix est régie par un mécanisme très complexe, alliant une
péréquation entre les produits d’une part, et de l’autre, les différentes régions du pays. Depuis 2001,
Les prix sont systématiquement indexés sur les cours internationaux et révisés tous les trois mois. La
plupart des activités formelles d’importation et de distribution de produits pétroliers sont régies par
ce dispositif.
Parallèlement à ce circuit formel, il existe un autre circuit, informel, celui-ci, faisant intervenir
d’autres mécanismes de fixation des prix. Les acteurs de l’informel importent frauduleusement les
produits pétroliers du Nigéria, et les écoulent sur le territoire béninois à un prix inférieur à celui
affiché à la pompe. La différence entre le prix à la pompe et celui affiché par les acteurs de l’informel
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
58
est assez variable et peut atteindre jusqu’à 200F le litre, selon nos interlocuteurs lors des interviews,
et 300F selon Igué (2011).
Plusieurs acteurs interviennent dans le secteur. Au sommet de la hiérarchie, se trouve la SONACOP,
la compagnie à qui l’Etat a concédé la gestion du monopole public direct de commercialisation. En
dessous, nous trouvons plusieurs autres acteurs relevant de sociétés béninoises ou des filiales des
multinationales qui opèrent dans le secteur. La SONACOP intervient comme importateur mais aussi
comme opérateur de distribution. La distribution constitue le talon d’Achille du marché officiel des
produits pétroliers au Bénin. En 2009, le pays comptait quelques 267 stations-service, soit une station-
service pour 429 km2, ou 31855 habitants. Cependant ces stations-services sont renforcées par des
points de vente comme les pompes-trottoir et quelques dépôts de rue dont le nombre avoisine 87
unités réparties sur l’ensemble du territoire national. Par contraste, on dénombre plus de 40 000
points de vente informels sur le territoire national, soit environ 3 points de vente par Km2.
Le décalage entre l’offre et la demande de produits pétroliers est le principal déterminant du
commerce informel de ces produits au Bénin
Les pertes financières enregistrées par l’Etat et les autres acteurs intervenant officiellement dans le
secteur sont considérables, même s’il est réellement difficile de se faire une idée exacte de leur
niveau en raison de la faible connaissance des volumes objet des transactions. Elles sont estimées à
125 milliards FCFA par an, soit presque 50% de la masse salariale des agents permanents du public
(Igué 2011).
Ventes de véhicules occasion
Les vendeurs de véhicules d’occasion jouent un rôle extrêmement important dans l’économie
béninoise. Il faut dire que le Bénin correspond à une situation particulière étant donné sa position
vis-à-vis du Nigeria. Les importations de véhicules d’occasions qu’on estime à plus de 10% du PIB sont
destinées à couvrir les besoins du marché domestique béninois, comme ceux du marché des voisins,
dont surtout celui du Nigeria, et dans une moindre mesure le Tchad, le Niger, le Mali et le Burkina.
Dans la capitale béninoise, des parcs ont été construits pour les besoins du commerce des véhicules
d’occasion. Ces parcs, totalement contrôlés par les acteurs de l’informel ont une structure
administrative très légère : à la tête, on retrouve un directeur qui est l’administrateur général du
parc, assisté d’un superviseur, qui est lui-même vendeur de véhicules d’occasion et dont le rôle
consiste essentiellement à contrôler les bons de sortie. A part ces deux individus, il y a d’autres
agents recrutés sur une base temporaire et qui sont chargés de menues activités. Ils déclarent tous
avoir dans leur clientèle des individus, comme des sociétés, venant du formel et de l’informel. Un
parc donné réunit le nombre d’importateurs qu’il peut. Chaque hectare coûte au vendeur de véhicule
concerné un loyer variant entre 250 mille et 300 mille FCFA par mois. Le parc s’étend sur 11 hectares.
Au fil des années, les importations de véhicules d’occasion se sont significativement accrues, de sorte
que l’importation de véhicules neufs est réduite à sa plus simple expression. Ainsi, en 2014, sur les
presque 150000 unités de véhicules importées, seules environ 1500 l’ont été par les concessionnaires
formels importants des véhicules neufs.
• Les interactions entre le formel et l’informel à partir de nos
données d’enquête
Méthodologie et base de données
Dans le but de capter les différents segments de l’informel dans notre échantillon, nous avons opté
pour une stratégie d’échantillonnage stratifié, obtenu en combinant les différents niveaux
d’informalité (petit informel, gros informel, formel) et les différents secteurs d’activité (commerce,
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
59
autres services, industrie). La base de sondage est la population totale d’entreprises correspondant
à différents régimes fiscaux. Selon le régime fiscal d’appartenance de la firme, nous distinguons** :
a. le sous-ensemble des entreprises assujetties au régime du réel,
b. le sous-ensemble des entreprises assujetties au régime du forfait,
c. le sous-ensemble regroupant toutes les autres entreprises qui sont soit inconnues des registres fiscaux, soit ne sont assujetties à aucun des régimes décrits plus haut.
L’analyse qualitative a essentiellement consisté à mener des interviews semi-structurées et des focus
groupes pour recueillir l’avis des différents acteurs sur différentes caractéristiques de l’informel : sa
dynamique, ses effets, son impact sur les acteurs ainsi que sur la société, les facteurs explicatifs de
son développement, le type d’intervention le plus approprié pour les différents segments de ce
secteur. Ces interviews sont plus ciblées que les enquêtes, et concernent les agents de
l’administration en charge de l’informel (services fiscaux, ministères chargés du commerce, des
petites et moyennes entreprises, de l’industrie et de l’artisanat, les agences nationales chargées du
développement des petites et moyennes entreprises, les services nationaux de la statistique, etc.).
On a interrogé aussi les chambres de commerce et d’industrie, les associations patronales du formel
et de l’informel, les principaux clients et fournisseurs de l’informel et bailleurs de fonds intervenant
sur le secteur. L’objectif de ces interviews est surtout de recueillir les opinions des acteurs qui
connaissent bien le secteur et qui sont donc capables de livrer un avis pertinent là-dessus. Elles ont
servi aussi de base à partir de laquelle certaines informations provenant des enquêtes peuvent être
confrontées.
Une autre dimension de l’analyse qualitative est qu’elle a permis de passer en revue toute la
documentation pertinente permettant de saisir le phénomène de l’informel : les textes de loi, les
écrits des sociologues et anthropologues sur les réseaux de l’informalité en Afrique, ainsi que leurs
ramifications internationales etc.
Le présent article est le fruit d’une combinaison de données quantitatives et qualitatives collectées
en Afrique de l’ouest entre 2007 et 2009(900 entreprises dont 300 dans chaque ville de Dakar. Cotonou
et Ouagadougou) et Afrique centrale entre 2012 et 2014 (900 entreprises dont 300 entreprises dans
chaque ville de Libreville, Douala et Yaoundé), avec celles collectées spécifiquement au Sénégal et
au Bénin entre janvier et juillet 2015 (120 entreprises dans chaque ville de Dakar et Cotonou). Les
données antérieurement collectées visaient à avoir une compréhension plus large de l’informel en
Afrique francophone, la dernière catégorie de données est plus orientée vers les interrelations entre
le formel et les différents segments de l’informel et leurs implications sur la productivité et l’emploi.
Statistique descriptive
Dans cette section, nous nous intéressons aux interrelations entre le formel et l’informel, à partir de
nos données d’enquête. Ces interactions sont appréciées en termes de relation de concurrence et en
termes de relations de commerce et de sous-traitance.
La sous-traitance est une réalité palpable des relations entre grandes et petites entreprises. Le
tableau 3 montre que 52.5% des entreprises de Dakar et le tiers des entreprises de Cotonou travaillent
avec des intermédiaires. Et dans le lot, plus de 64% des intéressés à Dakar et 90% à Cotonou, jugent
que leur recours aux intermédiaires suit une tendance croissante dans le temps. Le tableau 4 est
encore plus explicite à cet égard. Il montre que 77.5% des entreprises à Dakar et 65% à Cotonou
commercent avec les ménages ou les entreprises familiales informelles pour la plupart. Par ailleurs
la sous-traitance se fait essentiellement au profit des petites entreprises, même si à Cotonou, une
proportion appréciable des grandes entreprises (12.5%) réalisent des services au profit des petites.
Dans le tableau 5, nous voyons les secteurs les plus concernés par la sous-traitance. Sans surprise, le
** Pour plus de détail, voir Mbaye et al. 2015.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
60
commerce vient en tête avec presque 32% des cas de sous-traitance déclarés. Comme il a été montré
dans les sections précédentes, les acteurs du commerce (grossistes comme détaillants) sont pour la
plupart du temps les distributeurs des produits manufacturés. Même au niveau des services, d’intenses
activités d’échanges lient le formel à l’informel. Il ne s’agit pas souvent de sous-traitance à
proprement parlé, mais plutôt de distribution pouvant se faire selon plusieurs modalités. Des fois, les
intermédiaires achètent directement auprès des producteurs et revendent aux détaillants. D’autres
fois, ils prennent les marchandises, les écoulent, gardent leur marge et rétrocèdent leurs parts aux
producteurs. Le bâtiment est autre important secteur où la sous-traitance est observée (16.7%) des
cas observés. Ici, les entreprises major qui seules on la surface financière et l’expertise nécessaire
pour gagner les gros marchés, les sous-traitent à des tâcherons, pour la plupart informels.
Tableau 8: Proportion des firmes travaillant avec des intermédiaires
Ville Dakar Cotonou
Firmes écoulant une partie de leur production auprès d’une entreprise de taille différente
52,50% 33,33%
Proportion des firmes écoulant une partie de leur production auprès de
Grande entreprise 1,67% 12,50%
Petite entreprise 36,67% 21,67%
Evolution de la sous-traitance dans le temps
Croissante 64,52% 90,00%
Décroissante 6,45% 2,50%
Stable 16,13% 7,50%
Source : Mbaye et al (2015)
Tableau 9 : Proportion des firmes ayant des relations commerciales avec l’Etat, les ménages ou les
entreprises familiales
Vente de produits à L'Etat Achat ou vente de produits aux ménages ou entreprises familiales
Dakar 10,17% 77,50%
Cotonou 31,67% 65,00%
Tableau 10 : Secteurs d'activité affectés par la sous-traitance
Secteur d'activité Dakar Cotonou
Assurance 3,33% 2,50%
BTP 16,67% 27,50%
Commerce 31,67% 42,50%
Matériel Informatique 1,67%
Transit 1,67%
Ustensile de cuisine 3,33%
Menuiserie
12,50%
Autres 41,67% 15,00%
Total 100,00% 100,00%
Source : Mbaye et al (2015)
Nous nous sommes aussi intéressés au profil des entreprises informelles bénéficiant de la sous-
traitance, selon différents critères d’informalité (tableau 6). Les acteurs du petit informel sans local
professionnel sont souvent utilisés comme intermédiaires par les grandes entreprises formelles
comme informelles : 53.68% à Dakar et 77.5% à Cotonou. De façon générale, quel que soit le critère
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
61
d’informalité retenu, les entreprises y répondant ont tendance à jouer ce rôle d’intermédiation.
Ainsi, cette activité concerne 55.56% et 35.71% des entreprises ne tenant pas une comptabilité
sincère, respectivement à Dakar et Cotonou. Elles représentent respectivement dans les deux villes :
80.95% et 53.85% pour les acteurs manquant de couverture sociale, 73.81% et 54.55% pour les
entreprises ayant moins de cinq employés, 65% 35.5% pour les entreprises exclues du crédit bancaire ;
59.46% et 43.75% pour les entreprises non enregistrées ; et enfin 56.52% et 33.01% pour les entreprises
ne payant pas d’impôt ou taxées au forfait.
Tableau 11 : Ecoulement d’une partie d’une partie de la production auprès de petites entreprises
selon plusieurs critères d’informalité
Critères Dakar Cotonou
Local Professionnel 53,68% 77,50%
Taxation 56,52% 33,01%
Enregistrement 59,46% 43,75%
Accès aux crédits 65,00% 37,50%
Tenue de compte sincère 55,56% 35,71%
Plus de 5 employés 73,81% 54,55%
Couverture sociale 80,95% 53,85%
Source : Mbaye et al (2015)
La perception de la qualité des relations commerciales et de sous-traitance a également retenu notre
attention (tableau 7). Il résulte de ces données que le niveau de satisfaction des entreprises sous-
traitantes est assez satisfaisant, aussi bien à Dakar qu’à Cotonou. Ce résultat reste robuste aux
différents critères utilisés pour catégoriser les entreprises du petit informel. Une proportion variante
entre 80% et 100%, selon le critère retenu se dit très satisfaites de la ponctualité et du degré de
professionnalisme des sous-traitées (tableau 7). Par contre, lorsqu’on considère l’appréciation du
niveau de recouvrement, le niveau de réponses positives est voisin de 100% au Bénin, mais reste plus
mitigé à Dakar (tableau 8).
Tableau 12 : Appréciation de la ponctualité et du professionnalisme des intermédiaires selon les
critères d’informalité
Avec local
pro
fess
ionnel
Taxati
on
Enre
gis
trem
e
nt
Accès
aux
cré
dit
s
Tenue d
e
com
pte
sincère
Plu
s de 5
em
plo
yés
Couvert
ure
socia
le
Dakar Très Satisfaisant 93,88% 95,65% 93,02% 91,67% 94,87% 93,55% 94,12%
Pas trop satisfaisant 4,08% 0,00% 6,98% 0,00% 2,56% 6,45% 5,88%
Pas de réponse 2,04% 4,35% 0,00% 8,33% 2,56% 0,00% 0,00%
Cotonou Très Satisfaisant 80,65% 82,35% 85,71% 100,00% 84,00% 88,89% 85,71%
Pas trop satisfaisant 9,68% 14,71% 9,52% 0,00% 14,29% 11,11% 7,14%
Pas de réponse 9,68% 2,94% 4,76% 0,00% 4,00%
7,14%
Source : Mbaye et al (2015)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
62
Tableau 13: Le niveau de recouvrement des firmes intermédiaires selon les critères d’informalité
Avec local professionnel
Taxation Enregistrement Accès aux crédits
Tenue de compte sincère
Plus de 5 employés
Couverture sociale
DAKAR Excellent 15,38% 16,00% 17,65% 0,00% 16,67% 36,36% 42,86%
Bien 42,31% 44,00% 35,29% 20,00% 44,44% 27,27% 42,86%
Passable 26,92% 24,00% 35,29% 80,00% 22,22% 36,36% 14,29%
Pas de réponse
15,38% 16,00% 11,76% 0,00% 16,67% 0,00% 0,00%
Cotonou Excellent 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00% 100,00%
Bien 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
Passable 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
Pas de réponse
0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00% 0,00%
Source : Mbaye et al (2015)
Dans le tableau 9, les relations avec les entreprises sous-traitées sont mises en évidence et il apparaît
que presque 35% des cas de sous-traitance à Dakar et 67.5% à Cotonou sont faits au profit des amis.
Cette personnalisation des relations professionnelles, assez surprenantes à première vue, est assez
compréhensible pour quiconque comprend le niveau de risque associé à l’informel. C’est ce qui
explique que les rapports économiques impliquant l’informel passent souvent par des réseaux
religieux, parentaux, sociaux ou autres (Golub et Hayat 2015). Au bénin, les cas de sous-traitance
passant par ces réseaux représentent 87.5% du total. Le caractère informel des transactions entre
entreprises est également évident dans le tableau 13. 97.5%. De telles transactions impliquent un
prêt au profit de l’entreprise sous-traitée, souvent informelle et manquant de fonds de roulement.
Le mode de réception de ces prêts mérite également d’être relevé : dans 89% des cas à Dakar et dans
100% des cas au Bénin, il s’agit de transactions en espèces. Enfin les graphiques 1 à 5 comparent
différents indicateurs de performances entre les firmes commerçant avec l’informel et ceux des
firmes ne commerçant pas avec l’informel. Lorsqu’on considère les niveaux de productivité
(graphique 3) aucun modèle clair n’émerge. Alors qu’en Afrique de l’ouest les firmes commerçant
avec l’informel ont un niveau de productivité supérieur, en Afrique centrale, par contre, ce sont les
firmes qui ne commercent pas avec l’informel qui ont un niveau de productivité plus élevé. Lorsqu’on
considère la taille des firmes, celles qui commercent avec l’informel ont tendance dans tous les pays
à avoir une taille plus réduite que les autres (graphique 4). Par contre, si quand on compare les
entreprises commerçant avec celles ne commerçant pas avec l’informel (graphique 5), parmi les
firmes ayant exprimé avoir confiance en l’avenir de leur activité, on ne note pas de différence
particulière. La même observation peut être faite pour les firmes ayant exprimé le désir de changer
d’activité dans une période récente graphique 6). En revanche, chez les entreprises exportatrices,
très peu entretiennent des relations commerciales avec l’informel (graphique 7). Ce qui peut
s’expliquer d’une part par la faible ampleur des relations d’amont avec les entreprises informelles,
et de l’autre, par le faible niveau d’activités d’aval parmi les exportatrices.
Tableau 14 : Lien de sous-traitance avec les firmes
Liens Dakar Cotonou
Ami 34,69% 67,50%
Parent 2,04% 12,50%
même réseau ethnique 4,08% 2,50%
même réseau religieux 2,04% 5,00%
Professionnel 57,14% 12,50%
Total 100% 100%
Source : Mbaye et al (2015)
Graphique 3: Comparaison des niveaux de productivité supérieure à la médiane selon que l’entreprise
commerce ou non avec le petit informel
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Source : Mbaye et al (2015)
Graphique 4 : Proportion des firmes avec une taille supérieure à la moyenne commerçant avec le
petit informel (%)
Source : Mbaye et al (2015)
Graphique 5 : Proportion des firmes du formel et du gros informel commerçant avec le petit informel
selon la confiance en l’avenir (%)
Source : Mbaye et al (2015)
Graphique 6: Proportion des firmes du formel et du gros informel commerçant avec le petit informel, selon le désir de changer d’activité (%)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Source : Mbaye et al (2015)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Graphique 7: Proportion des firmes exportatrices commerçant avec le petit informel (%)
Source : Mbaye et al. (2015)
Nous nous sommes également intéressés à la compétition que se font le formel et l’informel dans
différents secteurs et leurs implications sur différents indicateurs de performance du formel. La
concurrence provenant du petit informel semble ne semble pas affecter la productivité des grandes
entreprises (formelles et informelles). Le graphique 8 nous montre en effet, que parmi les entreprises
qui ont un niveau de productivité supérieure à la médiane (ce qui est le cas de la plupart des grandes
entreprises), aucun écart significatif de productivité n’est observé selon qu’on soit ou concurrencé
par le petit informel. Par contre le critère de la taille semble discriminant entre les entreprises
concurrencées ou non (graphique 9). Les entreprises de plus grandes de taille semblent moins
exposées à la concurrence du petit informel que les autres. Nous constatons ainsi que parmi les firmes
qui ont une taille supérieure à la moyenne, il y en a davantage qui ne sont pas concurrencées que de
firmes qui sont concurrencées par le petit informel. De même, il apparait dans le tableau 11 que les
entreprises exportatrices sont moins assujetties à la concurrence du petit informel que les autres.
Une proportion variante entre 88.5% à Libreville et 96.6% à Dakar d’entreprises non exportatrices sont
soumises à la concurrence du petit informel.
Graphique 8 : Niveaux de productivité supérieure à la médiane selon que l’entreprise est concurrencée ou non par l’informel
Source : Mbaye et al (2015)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
66
Graphique 9 : Proportion des firmes du formel et du gros informel concurrencées par le petit informel
ayant une taille supérieure à la moyenne (%)
Source : Mbaye et al (2015)
Tableau 15 : Sous-traitance et crédits aux petites firmes
Intitulé
Dakar Cotonou
Réception ou accord de crédit 41,94% 97,50%
Mode de réception des crédits en espèces 88,89% 100%
en nature 11,11%
Types de remboursement des crédits
Hebdomadaire 3,28%
Journalier 14,75%
Mensuel 80,33%
Autre 1,64% 100%
Niveau de recouvrement des crédits
Bien 40,74% 100%
Excellent 14,81%
Passable 29,63%
Autres 14,81%
Source : Mbaye et al (2015)
Tableau 16: Proportion des firmes exportatrices concurrencées par le petit informel exportations (%)
Exportation Formel et gros informels concurrencés par le petit informel
Formel et gros informels non concurrencés par le petit informel
Dakar Oui 3,4 15,5
Non 96,6 84,5
Cotonou Oui 7,7 19
Non 92,3 81
Ouaga Oui 4 8,6
Non 96 1,4
Douala Oui 14 13,5
Non 86 86,5
Yaoundé Oui 4,5 16,3
Non 95,5 83,7
Libreville Oui 11,5 10
Non 88,5 90
Source : Mbaye et al (2015)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
67
Les facteurs explicatifs des relations de concurrence ou de commerce/sous-
traitance entre le formel et l’informel : une analyse économétrique
Par-delà les statistiques descriptives présentées dans la section précédente, nous avons effectué des
régressions économétriques visant à comprendre les déterminants des relations entre le petit informel
d’une part, et les grandes entreprises formelles et informelles de l’autre. Le simple modèle que nous
avons estimé est le suivant :
𝑦 = 𝑐 + 𝛼𝑋 + 𝛽𝑌 + 𝜀
y est une variable binaire prenant la valeur 1 lorsque la firme répond oui à la question de savoir si elle est partenaire à l’informel (commerçant ou sous-traitant avec) et 0 autrement. Ce cas
correspond au modèle 1. Alternativement (modèle 2), y prend la valeur 1 lorsque la firme est concurrencée par l’informel, et 0 autrement. Ce dernier modèle a fait l’objet d’une autre
estimation (modèle 3) en recourant à la procédure du backward stepwise, ayant permis d’en éliminer certaines variables non significatives. C’est une constante
X est un vecteur de variables de contrôle (taille, accès au crédit bancaire, l’âge de la firme, part des exportations dans le chiffre d’affaires, autres)
Y la productivité.
Tous les résultats sont présentés dans les tableaux 12 et 13. Le modèle 1 montre que la productivité
est négativement corrélée avec la variable dépendante : les grandes entreprises entretenant des
relations de partenariat avec les petites (sous forme de commerce ou de sous-traitance, ont un niveau
de productivité significativement plus faible. Cette variable est significative à 1%. La taille est une
autre variable significative à 1%, indiquant que les entreprises de grande taille ont moins tendance à
entrer en relation de partenariat avec le petit informel que les autres. Par contre l’âge n’est
significatif qu’à 5% avec un signe négatif indiquant que les entreprises plus âgées ont moins tendance
à être partenaires du petit informel que les autres. Les coefficients des effets fixes sectoriels ont été
obtenus en prenant le secteur « commerce » comme référence. Ils indiquent que c’est au niveau de
l’industrie et des services qu’on a le plus de chance de trouver des cas de partenariat
formel/informel. Ce qui est surprenant, c’est que le coefficient du secteur BTP n’est pas significatif
alors que ce secteur est réputé comme abritant de multiples cas de sous-traitance entre le petit
informel et les grandes entreprises. Ce résultat peut toutefois être expliqué par le faible nombre de
degrés de libertés liés à la sous-représentation de telles entreprises dans notre échantillon.
Lorsqu’on regarde maintenant les modèles 2 et 3, ils montrent les variables les plus corrélées à la
variable dépendante qui mesure ici le fait d’être exposé ou non à la concurrence des entreprises du
petit informel. Le coefficient de la productivité n’est pas significatif ici. Ce qui confirme largement
le tableau 10 qui ne permet pas de distinguer un quelconque écart de productivité entre les
entreprises concurrencées et non concurrencées. La taille de la firme a un coefficient significatif à
1% dans le modèle 2 et à 5% dans le modèle 3, indiquant que les grandes entreprises sont moins
exposées à la concurrence de l’informel que les petites. Bien sûr dans les deux modèles, les firmes
qui ont comme clientes les grandes entreprises semblent moins exposées à la concurrence que les
autres.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
68
Tableau 12 : Analyse économétrique des déterminants des relations de partenariat (commerce et
sous-traitance) et de concurrence entre le formel et l’informel
Modèle 1 Modèle 2
Variables statut3 statut4
logProdvte -0.243*** -0.0531
(0.0910) (0.0601)
logTaille -0.338*** -0.297***
(0.128) (0.0804)
logSalaire -0.108* -0.0401
(0.0632) (0.0508)
logAge -0.389** -0.0753
(0.182) (0.126)
client : grandes entreprises
-0.490**
(0.227)
fournisseur : grandes entreprises
0.0166
(0.216)
Entreprise exportatrice -0.715 -0.454
(0.760) (0.380)
Accès au prêt bancaire -0.277 -0.330
(0.378) (0.234)
Secteur d'act. (Ref. Commerce)
BTP 0.0169 -0.637
(0.797) (0.448)
Autres Industries 1.082*** 0.279
(0.416) (0.264)
Services 1.175*** 0.228
(0.406) (0.273)
Constante 3.889** 1.969*
(1.630) (1.085)
Observations 472 440
Standard errors in parentheses
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Tableau 13 : Analyse économétrique des déterminants des relations de partenariat (commerce et
sous-traitance) et de concurrence entre le formel et l’informel
Modèle 3
Variables statut4
logProdvte -0.0739
(0.0610)
logTaille -0.164**
(0.0834)
logSalaire -0.0334
(0.0508)
client: grandes entreprises -0.386*
(0.226)
fournisseur: grandes entreprises -0.107
(0.218)
Entreprise exportatrice -0.358
(0.379)
Accès au prêt bancaire -0.323
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
69
(0.236)
Firme utilisant e_mail -0.697***
(0.224)
Souscription à la sécurité sociale -0.700***
(0.255)
Constante 2.737***
(1.054)
Observations 439
Standard errors in parentheses
*** p<0.01, ** p<0.05, * p<0.1
Statut 3 : entreprises du formel et du gros informel commerçant ou sous-traitant avec le petit
informel
Statut 4 : Entreprises du formel ou du gros informel concurrencé par le petit informel
• Conclusion
En Afrique francophone, comme dans la plupart des pays en développement, le secteur informel joue
un rôle de premier plan dans le fonctionnement de l’économie. Les relations entretenues entre le
formel et l’informel sont tantôt des relations de compétition, tantôt des relations de
complémentarité. Dans un certain nombre de secteurs comme celui des médicaments, de la
distribution des produits pétroliers, le commerce des véhicules, on a une très forte compétition qui
tourne souvent à l’avantage de l’informel du fait de la faiblesse relative de ses prix, même si c’est
en contrepartie d’une qualité médiocre. Dans d’autres secteurs, comme celui du commerce, du
transport, du bâtiment et travaux publics, etc., on a des échanges très soutenus entre le formel et
l’informel. Des relations de sous-traitance existent mais elles sont confinées dans un champ assez
réduit, comme celui des travaux publics et des services portuaires de dédouanement. Dans le domaine
des TIC, il y a quelques rares cas de sous-traitance, souvent impliquant les petites entreprises du nord
et très peu les PME africaine. Du fait de faibles capacités techniques et managériales, les PME
africaines, notamment informelles inspirent très peu confiance aux grandes multinationales évoluant
en Afrique, notamment dans le domaine des télécommunications et des TIC. En effet, l’informel étant
concentré dans les secteurs peu complexes comme le commerce et le transport, il leur manque
souvent les compétences techniques idoines pour exécuter des tâches sortant de ce cadre de produits
simples à réaliser. De plus, leur manque de fiabilité ajoute à la méfiance générale des grands groupes
pour leur confier certaines tâches qui requièrent dextérité et fiabilité.
Un simple modèle économétrique a été resté sur nos données, pour compléter l’analyse statistique
descriptive qui a été faite. Les résultats économétriques montrent que les entreprises commerçant
avec l’informel ont un niveau de productivité significativement plus faible que les autres. A côté de
la productivité, la taille et l’âge semblent aussi expliquer la probabilité de commercer ou de sous-
traiter avec l’informel. Par contre, la compétition de l’informel ne semble pas exposer les entreprises
du formel qui la subissent à une quelconque faiblesse de la productivité. Les résultats économétriques
confirment aussi les statistiques descriptives sur le fait que les grandes entreprises et celles qui
exportent semblent moins exposées à la concurrence de l’informel, que les autres.
Une remarque générale que nous pouvons faire à la lumière de nos résultats est qu’un des obstacles
à la sous-traitance en Afrique est d’abord le cadre réglementaire. Dans les pays que nous avons dans
notre échantillon, il a été mis sur pied des bourses de sous-traitance, mais elles ont du mal à
fonctionner du fait de manque de ressources financières et de faiblesses organisationnelles. Il s’y
ajoute que le code du travail n’encourage pas la sous-traitance. Les grandes entreprises qui utilisent
des intermédiaires plus petites, dans le but de faire des économies sur le coût de la main-œuvre, sont
fortement pénalisées sui la firme sous-traitée commet des manquements vis-à-vis de son personnel.
Ensuite, les interactions positives entre le formel et l’informel, en termes de commerce et de sous-
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
70
traitance, sont observées seulement dans certains cas caractérisés par un faible niveau de technologie
et d’organisation (le commerce, certains, services, le BTP). Dans le domaine des NTIC et dans les cas
où on a besoin de plus de capital humain, d’innovation ou d’organisation, la sous-traitance est quasi
inexistante. En conclusion les principales raisons qui font que l’informel a du mal à significativement
grandir et à s’engager dans des opérations complexes, sont les mêmes qui expliquent qu’il ait du mal
à intégrer les chaines de valeur complexes et organisées. Pour favoriser la sous-traitance, les Etats
gagneraient à changer le code du travail pour permettre aux grandes entreprises qui s’y adonnent
d’en tirer profit en termes de réduction de coûts salariaux ou autres. Dans le même temps, un système
de formation plus efficace au profit de cette même catégorie d’entreprises pourrait y jouer un rôle.
• Références bibliographiques
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Golub, Stephen. and Faraz Hayat. 2015. Employment, Unemployment and Underemployment in
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Dept of Applied Economics and Management, Working Paper 09-11
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
71
Mbaye, Ahmadou Aly., Benjamin, Nancy and Fatou Gueye. 2017. “The Interplay between formal and
informal firms and its implications on jobs in francophone Africa: case studies of Senegal
and Benin” forthcoming in the Informal ECONOMY IN Global Perspective, Palgrave
Mbaye, Ahmadou Aly., Jean-Jacques Ekomié., Jean Claude Saha, George Kobou., Jacques Charmes,
Nancy Benjamin., Stephen Golub, Dominique Haughton., Rama Cissé., Ibrahima Thione
Diop., Fatou Gueye., Allé Nar Diop., Fodiyé Bakary Doucouré and Ndeye Amy Diallo. 2015.
Secteur informel, environnement des affaires et croissance économique : une analyse
comparative de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, CRDI, 2015
World Bank Survey Enterprise .2015
Citation pour cet article :
Version papier
Fatou GUEYE, Ahmadou Aly MBAYE. Interactions entre le formel et l’informel et leurs implications sur
le marché du travail en Afrique de l’ouest : cas du Bénin et du Sénégal. Document de travail n° 4.
In : Les Cahiers de l’intégration. Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) -UEMOA (éd.) ; Commission
de l’UEMOA (éd.) 2018/1, p. 50-71
Version électronique
Fatou GUEYE, Ahmadou Aly MBAYE. Document de travail n° 4 In : Les Cahiers de l’intégration. [en
ligne]. Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT) UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.), 2018/1,
p. 50-71. Format PDF. Disponible sur : <http://www.uemoa.int> (Consulté le JJ/MM/AAAA)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
72
DOCUMENT DE TRAVAIL N° 5
Perceptions populaires de
l’intégration régionale en Afrique Pr Massa COULIBALY22
Ousmane Z. TRAORÉ23
PLAN DE L’ARTICLE
INTRODUCTION
LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET ACCEPTATION DES ETRANGERS
PERCEPTIONS SUR LE DROIT D’INGERENCE
AIDE REGIONALE VERSUS CONTINENTALE
CONCLUSIONS
ANNEXE. DISTRIBUTION DES PAYS DE L'ECHANTILLON
BIBLIOGRAPHIE
22 Professeur à l’Université de Bamako et Directeur exécutif du Groupe de Recherche en Économie Appliquée et
Théorique (GREAT) 23 Chercheur au Groupe de Recherche en Économie Appliquée et Théorique (GREAT), Enseignant-Chercheur à
l’Université de Ségou et Doctorant à l’Université Laval (Canada)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
73
Résumé
Le présent papier traite des questions relatives à l’intégration régionale versus
continentale en Afrique. Il présente les résultats de l’analyse des perceptions
des populations de trente-six pays africains sur les questions liées à la libre
circulation des personnes ; à l’acceptation des immigrés ou des travailleurs
étrangers ; à l'ingérence des gouvernements des États africains et à l’aide
régionale et celle de l'Union africaine. L’analyse a été conduite en utilisant les
statistiques descriptives (fréquence) sur les données Afrobaromètre 2014-2015
pour comparer le poids des opinions partagées entre différentes options de
réponse pour chaque question.
Les résultats indiquent que près de trois africains sur cinq sont favorables à la
libre circulation des personnes pour travailler ou faire du commerce. Quant aux
difficultés du libre franchissement des frontières internationales, près d'un
citoyen sur trois dans les trente-six pays, pense qu’il est difficile (voire très
difficile) de circuler librement dans le monde pour faire du commerce ou
travailler. S’agissant de l’acceptation des immigrés ou des travailleurs étrangers,
il ressort qu'environ sept africains sur dix souhaiteraient avoir pour voisins ces
derniers. Parmi les personnes interrogées sur la question concernant l’ingérence,
il est ressorti qu'en moyenne plus du tiers sont d’accord que les gouvernements
d’autres États africains interviennent dans les affaires intérieures de leurs pays
respectifs. Pour les aides régionales, les résultats montrent que près de deux
africains sur cinq apprécient ces aides accordées à leurs pays respectifs. Ce
pourcentage est légèrement supérieur à celui observé quand les individus ont
été interrogés sur les aides de l’Union africaine accordées à leur pays.
Par contre, il importe de noter que des tests de proportions (Khi-deux) appliqués
aux résultats de l’échantillon indiquent que ces proportions ne sont pas
identiques pour tous les pays et diffèrent significativement selon certaines
caractéristiques sociodémographiques.
Mots clés : Intégration régionale, Union Africaine, Libre circulation,
Afrobaromètre
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
74
• Introduction
Les processus d’intégration régionale et de coopération en Afrique ont commencé dans la première
moitié des années 1990 (Lavergne 1996). L’intégration régionale se présente comme une solution
pour les pays africains de renforcer leurs liens socioéconomiques et politiques en vue de relever les
défis du commerce et du développement. Elle se fait à travers les accords entre deux ou plusieurs
pays. Ces accords régionaux sont règlementés par l’article XXIV du GATT à l’intérieur de l’OMC*.
Théoriquement, l’intégration régionale se fait selon un processus en quatre phases (Balassa 1961) et
peut impliquer les effets de création et de diversion de commerce (Viner 1950). Elle commence par
la zone de libre-échange (ZLE) dans laquelle au moins deux pays s’entendent pour éliminer
progressivement les tarifs sur presque tous les produits qu’ils échangent. La seconde phase est l’union
douanière (UD) qui est une ZLE avec une liste de tarifs commune pour les membres de l’union vis-à-
vis les pays tiers. La troisième phase est un marché commun (MC) qui se définit comme une UD avec
le libre mouvement des personnes et des capitaux. La dernière est l’union économique (UE) qui est
un MC avec une harmonisation des politiques fiscales et monétaires pouvant aller jusqu’à l’utilisation
d’une monnaie commune.
Tous les pays membres de l’OMC y compris ceux de l’Afrique sont impliqués dans l’une ou l’autre des
quatre formes d’intégration économique (Njinkeu and Fosso 2006). Dans le cas spécifique de l’Afrique,
les pays de l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est, du Sud et du Maghreb sont membres
respectivement de la CEDEAO, de la CEEAC, du COMESA, de la SADC et de l’UMA. Ceci devait garantir
la libre circulation des personnes et de leurs biens dans les espaces intégrés ou booster les échanges
intra-régionaux et mondiaux. Par exemple, selon Kemp and Wan (1976), les pays membres d’une
union douanière peuvent accroitre leurs échanges (ou éviter la diversion de commerce) en établissant
un tarif extérieur commun identique à celui qui prévalait avant l’union. Musila (2005) montre que les
marges intensives sont plus élevées dans la zone CEDEAO suivie par la COMESA. Ce qui implique qu’il
y aura moins d’entraves au libre mouvement des biens ou des personnes dans ces espaces. Mais ce
constat ne semble pas être le cas dans toutes les zones d’intégration en Afrique en raison des facteurs
tels que l’insuffisance d’infrastructures, la mauvaise gestion des politiques économiques et les crises
politiques internes (Longo and Sekkat 2004).
En plus, l’intégration et la coopération régionale en Afrique font face à de nombreux défis tant au
niveau national, régional qu’international. Au niveau national, les déchirures ethniques ou
sociopolitiques sont particulièrement évidentes dans des pays tels que le Libéria, la Sierra Léone, le
Nigeria, le Soudan et plus récemment la Côte d’Ivoire, la Centrafrique ou le Mali. De façon générale,
tous les pays africains souffrent d’entraves à l’intégration socio-économique concernant plus
particulièrement la libre-circulation des personnes et des biens. Au niveau régional, les pays africains
peinent à lever entre eux les barrières institutionnelles, techniques ou tarifaires. Sur le plan
international, les pays africains accèdent difficilement aux marchés internationaux des biens, des
capitaux et du travail. Les milliers de morts africains sur la méditerranée en est une bonne illustration
des entraves à la libre circulation des personnes au niveau international.
Au regard de ce qui précède, il est évident que de nombreux efforts doivent être consentis dans les
processus d’intégration à tous les trois niveaux. De tels efforts passent par la prise en compte des
perceptions des populations sur certaines questions fondamentales liées à la libre circulation des
personnes et de leurs biens. Ce qui constitue l’objectif de ce papier qui vise à analyser les perceptions
des populations sur l’intégration régionale en Afrique. Plus précisément, il s’agit de savoir (i) si les
populations africaines sont favorables à la libre circulation des personnes pour travailler ou faire du
commerce; (ii) s'il est facile ou difficile pour les personnes de franchir librement les frontières
* Voir https://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/gatt47_01_f.htm pour une description des articles
du GATT de 1947
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
75
internationales pour une raison ou une autre; (iii) si les personnes interrogées acceptent avoir pour
voisins des immigrés ou des travailleurs étrangers; (iv) si les populations tolérèrent l'ingérence des
gouvernements d’autres États africains; enfin (v) si les populations trouvent importante ou non l'aide
régionale et celle de l'Union africaine pour leurs pays respectifs. La suite du travail est composée de
trois sections. La première porte sur la libre circulation et l’acceptation des immigrés ou des
travailleurs étrangers. La deuxième concerne l’ingérence des gouvernements des États africains dans
les affaires intérieures d’autres États africains. Enfin, la troisième section traite de l’importance des
organisations régionales et de l'Union africaine.
• Libre circulation des personnes et acceptation des étrangers
La libre circulation des personnes et des capitaux correspond au troisième stade du processus
d’intégration régionale (marché commun). Elle consiste entre autres à garantir la liberté de
mouvement des personnes et des biens entre les pays membres de la zone. Cette facilité pourrait
donc être la volonté des politiques émanant des populations qui désirent le libre franchissement des
frontières pour travailler ou faire du commerce. C'est dans ce contexte qu'il a été demandé aux
citoyens de trente-six pays africains de dire s'ils sont favorables au libre franchissement des frontières
internationales et s'ils trouvent qu'il est facile ou difficile de franchir ces frontières.
Perceptions sur la libre circulation des personnes
Les résultats montrent que la proposition "les personnes vivant en Afrique devraient pouvoir franchir
librement les frontières internationales pour faire du commerce ou pour travailler dans d’autres pays"
a été très largement approuvée par les africains. En moyenne près de 3 africains sur 5 (57%) sont
favorables à la libre circulation des personnes à travers le continent et au-delà.
Graphique 1. Personnes favorables à la libre circulation des personnes (%)
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Ce pourcentage est induit par les 18-45 ans ou les deux générations des moins âgés à savoir les 18-35
ans et les 36-60 ans. Il est observé au Cameroun et au Ghana. Il y a bien sûr des pays où les
pourcentages sont encore plus élevés, seize des trente-six pays pour lesquels ils oscillent entre 61%
(Côte d'Ivoire) et 81% (Burkina). A l'opposé, quinze pays enregistrent moins d'un citoyen sur deux
favorable à la liberté des mouvements des populations allant de 49% en Afrique du Sud à 31% en
Egypte. Ce sont des pays à revenu moyen supérieur ou à IDH non faible (moyen ou élevé), comme le
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
EgypteSão Tomé et Príncipe
NamibieBotswana
GabonMaroc
TunisieAlgérieSoudan
Cap VertZambie
MadagascarTanzanieLesotho
Afrique du SudMaurice
MozambiqueMalawi
MoyenneCameroun
GhanaCôte d'Ivoire
NigeriaTogo
BurundiSénégal
MaliSwaziland
LiberiaOuganda
GuinéeSierra Leone
NigerZimbabwe
KenyaBénin
Burkina
31
57
67
81
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
76
Botswana, le Maroc, l'Egypte ou la Tunisie. Ils sont également situés pour la plupart dans les
groupements régionaux comme l'UMA ou la CEEAC, soit des pays arabophones ou lusophone avec
quelques exceptions anglophones.
L’analyse par niveau d’éducation montre un résultat qui semble paradoxal. En effet, les résultats
indiquent que plus les individus sont instruits moins ils sont favorables au libre franchissement des
frontières internationales. Les analphabètes sont plus favorables (61%) à la libre circulation des
personnes que les intellectuels qu'ils soient de niveaux primaire et postsecondaire (55% chacun) ou
secondaire (56%).
Tableau 1. D'accord ou pas avec la libre circulation des personnes (en %)
Désaccord Accord NSP
Education
aucun 28 61 12
primaire 35 55 10
secondaire 38 56 6
post-
secondaire
40 55 4
Langue
anglais 35 58 7
français 32 64 4
portugais 36 45 18
arabe 50 38 12
Zone
d'intégration
CEDEAO 30 65 5
CEEAC 43 44 13
SADC 40 53 7
COMESA 31 58 12
UMA 52 40 8
Revenu
faible 29 64 7
moyen
inférieur
36 54 9
moyen
supérieur
51 43 6
IDH
faible 30 63 7
moyen 47 44 10
élevé 47 44 9
Total 36 56 8
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
En considérant les pays par regroupement linguistique, les résultats montrent que ce sont les
populations des pays francophones qui sont plus favorables (64%) au libre franchissement des
frontières que ceux des autres groupes de pays notamment les anglophones (58%), lusophones (45%)
et arabophones (38%).
Les mêmes résultats indiquent que la proportion des citoyens favorables à la libre circulation des
personnes dans le monde devient de plus en plus faible lors que le niveau de revenu des pays
augmente. Ainsi, les populations des pays à faible revenu sont majoritairement plus favorables (64%)
à la libre circulation des personnes que celles des pays à revenu moyen inférieur (54%) et supérieur
(43%). De même, il apparaît que les pays à faible niveau d’IDH sont beaucoup plus favorables (63%)
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
77
au libre franchissement des frontières internationales que les pays de niveau d’IDH moyen et élevé
(tous identiques à 44%).
Opinions sur les difficultés de libre circulation des personnes
Dans la sous-section précédente, il est ressorti que trois africains sur cinq (57%) sont favorables à la
liberté de mouvement des personnes dans le continent et au-delà, à présent il s'agit d'analyser les
perceptions de ces populations sur les difficultés liées à cette liberté de mouvement. Ainsi, les
résultats indiquent qu’environ un tiers des africains (30%) trouvent qu’il est difficile (voire très
difficile) de franchir les frontières internationales pour faire du commerce ou travailler. Cependant,
des tests statistiques (Khi-deux) montrent que cette proportion n'est pas identique pour tous les pays
et diffère selon certaines caractéristiques sociodémographiques notamment le niveau d’éducation, la
langue, les zones d’intégration, le niveau de revenu et d’IDH des pays. Par contre, ce pourcentage
ne souffre d'aucun effet générationnel ni même d'âge. Les algériens, les mozambicains et les
tanzaniens sont juste à un point de pourcentage près (en plus ou moins) au taux moyen africain (30%).
Graphique 2. Personnes ayant déclaré qu’il est difficile de franchir les frontières (%)
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Pour les citoyens de certains pays (à peine une dizaine), il est bien encore plus difficile de franchir
librement les frontières (pour au moins deux citoyens sur cinq) et plus d'un citoyen sur deux comme
en Namibie (52%). La plupart de ces pays sont anglophones, à revenu moyen supérieur et à IDH moyen.
Dans une autre dizaine de pays, la proportion de citoyens estimant qu'il est difficile de franchir les
frontières est beaucoup plus faible, au plus un citoyen sur cinq avec beaucoup moins au Sénégal (15%)
et au Maroc (17%). Ces pays peuvent être davantage francophones ou arabophones, appartenir à la
CEEAC voire à la CEDEAO, à revenu ou IDH plutôt faible.
L’analyse par niveau d’éducation montre que plus les individus sont instruits plus ils sont nombreux à
dire qu’il est difficile (voire très difficile) de franchir les frontières internationales pour travailler ou
faire du commerce. En effet, environ deux intellectuels sur cinq (36%) avec le niveau post-secondaire
pensent qu’il est difficile de circuler librement dans le monde contre un analphabète sur quatre (26%).
En considérant les regroupements linguistiques des pays, les résultats montrent qu’entre 28 et 32%
des populations situées dans les différents groupes de pays (anglophone, arabophone, francophone et
0 10 20 30 40 50 60
SénégalMaroc
CamerounEgypte
Sierra LeoneGabon
LesothoSão Tomé et Príncipe
TogoGhana
GuinéeOugandaBurkinaMauriceNigeria
BéninCôte d'Ivoire
MalawiMali
AlgérieMozambique
MoyenneTanzanieBurundiLiberiaSoudan
SwazilandZimbabwe
KenyaZambie
Cap VertTunisie
MadagascarBotswana
Afrique du SudNiger
Namibie
15
28
30
52
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
78
lusophone) trouvent qu’il est difficile (voire très difficile) de franchir les frontières internationales.
Il apparaît que ce sont les populations situées dans les pays anglophones (32%) qui sont un peu plus
nombreuses à dire qu’il est difficile de circuler librement à travers le monde. Ils sont suivis des pays
lusophones (30%) et ensuite les francophones et arabophones (tous identiques à 28%).
Tableau 2. Difficile ou facile de franchir les frontières (en %) Facile Difficile NSP
Education
Aucun 57 26 16
primaire 58 28 14
secondaire 60 31 9
post-
secondaire
57 36 7
Langue
anglais 55 32 14
français 68 28 4
portugais 52 30 18
arabe 57 28 15
Zone
d'intégration
CEDEAO 66 26 7
CEEAC 71 19 10
SADC 52 36 12
COMESA 50 31 19
UMA 61 31 8
Revenu
faible 60 30 10
moyen
inférieur
60 27 13
moyen
supérieur
51 38 11
IDH
faible 61 29 10
moyen 53 32 14
élevé 55 32 13
Total 58 30 12
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Les difficultés liées à la liberté de mouvement des personnes semblent être plus perçues dans les
pays à revenu moyen supérieur que dans les autres groupes de pays. Dans le premier groupe, environ
deux citoyens sur cinq (38%) pensent qu'il est difficile de franchir les frontières internationales contre
à peine un citoyen sur trois dans les autres groupes pays. Cette situation peut être expliquée par le
champ de pays qu’un ressortissant d'un pays à revenu moyen supérieur peut visiter qui serait plus
large et plus exigeant que celui des autres pays. Par exemple, les populations des pays à faible revenu
et à revenu moyen inférieur circulent beaucoup plus à l’intérieur qu’à l’extérieur et rencontreraient
donc moins de problèmes.
Ce résultat corrobore ce que l’on observe en considérant le niveau d’IDH. En effet, il apparaît que
plus le niveau d’IDH du pays est élevé, nombreuses sont les populations qui trouvent difficile la
circulation des personnes à travers le monde. Les proportions des individus situés dans les pays de
niveau d’IDH moyen et élevé trouvant difficile la circulation des personnes sont toutes égales à 32%
contre 29% pour ceux des pays à IDH faible.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
79
Acceptation/tolérance des étrangers comme voisins
Les résultats sur les opinions des africains en termes d'acceptation ou de tolérance des étrangers
indiquent qu'en moyenne plus de deux tiers (69%) des africains accepteraient avoir pour voisins des
immigrés ou travailleurs étrangers. Ils sont quinze des trente-trois pays† à enregistrer des scores bien
au-delà de la moyenne continentale (entre 73 et 91%). Les huit pays les moins tolérants (à peine un
citoyen sur deux) sont de l'Île Maurice (17%) du Niger (50%) en passant par le Maroc (22%), la Tunisie
(38%), le Lesotho (41%), Madagascar (45%). Ces très faibles taux semblent induits par les pays arabes
(30% en moyenne) ou l'appartenance à l'UMA (30%) ou encore par les pays à IDH élevé (27%).
Graphique 3. Personnes favorables à l’acceptation des étrangers (%)
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Il n'y a quasiment pas d'effet générationnel ou même d'âge, même éducationnel ou encore résidentiel
(urbain ou rural). Par contre, lorsque que l’on considère le genre, on s’aperçoit que la proportion des
hommes qui souhaiterait avoir pour voisins les étrangers est plus élevée que celle des femmes, soit
71% contre 66%. En considérant les pays regroupés selon la langue officielle, les résultats montrent
qu’entre 30 et 78% des populations situées dans les différents groupes de pays (anglophone,
arabophone, francophone et lusophone) supporteraient les immigrés ou les travailleurs étrangers. Les
citoyens les plus tolérants envers les étrangers sont relativement plus francophones (quatre citoyens
sur cinq, soit 78%) qu'arabophones (à peine un tiers, soit 30%) donc plus CEDEAO aussi qu'UMA, plus
des pays à faible revenu ou IDH qu'autre chose. En matière de tolérance, les francophones sont suivis
par les anglophones (67%), les lusophones (57%) et ensuite les arabophones (30%).
Tableau 3. Accepter ou non des étrangers pour voisins (en %)
Non Oui NSP
Sexe Homme 28 71 1
Femme 32 66 2
Langue anglais 31 68 1
français 22 78 0
portugais 38 57 6
† En effet, sur les 36 pays du Round 6, la question concernée n'a pas été posée en Algérie, en Egypte et au Soudan
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
AlgérieEgypteSoudan
MauriceMaroc
TunisieLesotho
MadagascarAfrique du Sud
ZambieNiger
MozambiqueGabon
SwazilandOuganda
NigeriaSão Tomé et Príncipe
Cap VertCameroun
KenyaTanzanieMoyenneBotswana
Côte d'IvoireZimbabwe
NamibieMalawi
MaliSénégalLiberiaGhana
Sierra LeoneGuinéeBénin
BurkinaBurundi
Togo
0
69
83
91
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
80
arabe 69 30 1
Zone
d'intégration
CEDEAO 19 80 1
CEEAC 35 63 2
SADC 38 60 2
COMESA 29 69 2
UMA 69 30 1
Revenu faible 24 75 1
moyen
inférieur
34 65 2
moyen
supérieur
46 53 1
IDH faible 26 72 2
moyen 36 63 1
élevé 72 27 1
Total 30 69 1
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Les résultats indiquent que les pays à faible revenu sont beaucoup plus ouverts aux étrangers que les
autres types de pays. Dans le premier groupe de pays, trois citoyens sur quatre (75%) souhaiteraient
avoir pour voisins des immigrés ou des travailleurs étrangers. Tandis que dans les autres groupes, ils
sont à peine deux tiers, soient 65% pour les pays à revenu moyen inférieur et 53% pour ceux à revenu
moyen supérieur. Ce résultat corrobore ce que l’on observe en considérant le niveau d’IDH où la
proportion des individus situés dans les pays à IDH faible est de 72% contre 63% pour les pays à IDH
moyen et 27% pour ceux à IDH élevé.
Perceptions sur le droit d’ingérence
A la question de savoir si "les gouvernements de chaque pays d’Afrique ont le devoir d’essayer de
garantir des élections libres et de prévenir les violations de droits de l’homme dans d’autres pays
d’Afrique, par exemple en utilisant la pression politique, les sanctions économiques ou la force
militaire", un peu plus d'un tiers des africains (35%) accepteraient l'ingérence des gouvernements
d'autres États africains dans les affaires intérieures de leurs pays. Ce taux est d'environ deux tiers
(66%) dans le seul Burkina Faso sans doute parce que l'année d'enquête a coïncidé dans ce pays avec
la période de transition suite à l'insurrection populaire ayant chassé le président Blaise Compaoré du
pouvoir, après 26 ans de règne sans partage. Il est suivi de huit pays avec des scores compris entre 40
et 48% allant du Ghana au Togo en passant par le Burundi (41%), le Malawi, le Swaziland ou le Nigeria
(43% chacun), le Niger (44%), le Zimbabwe (45%). Le taux moyen africain de 35% est également
observé au Kenya et plus ou moins (34% à 36%) au Botswana, Lesotho et Tanzanie (34% chacun) et au
Libéria (36%).
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
81
Graphique 4. Personnes en accord avec le droit d'ingérence des gouvernements d'autres États africains (%)
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Les citoyens les moins favorables à l'ingérence d'autres États dans les affaires intérieures de leurs
pays sont São Tomé et Príncipe (14%), la Tunisie (18%), Madagascar (19%). Ce groupe est à dominance
arabophone ou lusophone, plus UMA ou CEEAC qu'autre, à IDH ou revenu relativement élevé.
En considérant les pays selon le regroupement linguistique, les résultats montrent qu’entre 22 et 38%
des personnes interrogées dans les différents groupes de pays (anglophone, arabophone, francophone
et lusophone) approuvent l’ingérence des gouvernements d’autres pays dans les affaires intérieures
de leurs pays respectifs. Il apparaît que ce sont les francophones et anglophones qui tolèrent
l’ingérence (environ deux citoyens sur cinq acceptent l'ingérence). Par contre, les arabophones et
lusophones sont moins tolérants avec l’ingérence, elle n'est acceptée que par plus ou moins un citoyen
sur quatre (22% pour les arabophones et 28% pour les lusophones).
Tableau 4. D'accord ou pas avec le droit d'ingérence d'autres Etats (en %)
Désaccord Accord NSP
Langue anglais 56 36 8
français 58 38 4
portugais 53 28 19
arabe 64 22 13
Zone
d'intégration
CEDEAO 54 40 5
CEEAC 63 23 14
SADC 57 34 8
COMESA 55 34 12
UMA 69 22 9
Revenu faible 53 39 8
moyen
inférieur
57 33 10
0 10 20 30 40 50 60 70
São Tomé et PríncipeTunisie
MadagascarMaroc
NamibieEgypte
Côte d'IvoireCameroun
AlgérieGabon
MauriceAfrique du Sud
ZambieCap Vert
MozambiqueSoudan
OugandaBotswana
GuinéeLesotho
TanzanieKenya
MoyenneLiberia
SénégalMali
Sierra LeoneBéninGhana
BurundiMalawiNigeria
SwazilandNiger
ZimbabweTogo
Burkina
14
35
38
66
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
82
moyen
supérieur
66 28 6
IDH Faible 54 38 8
moyen 61 29 10
Elevé 65 25 10
Total 57 35 9
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Ces résultats indiquent que les citoyens des pays à revenu moyen supérieur tolèrent moins l’ingérence
des gouvernements d’autres États dans les affaires intérieures de leurs pays respectifs. Ainsi, ils sont
justes un peu plus d'un quatre (28%) contre environ deux citoyens sur cinq (39%) dans les pays à faible
revenu et un tiers (33%) dans les pays à revenu moyen inférieur. Ce résultat corrobore ainsi ce que
l’on observe en considérant le niveau d’IDH où il n'y a qu'un citoyen sur quatre dans les pays à IDH
élevé qui accepte l’ingérence contre environ deux citoyens sur cinq (38%) dans ceux à IDH faible.
Aide régionale versus continentale
Les unions régionales comme continentale sont toutes initiées avec un esprit de solidarité afin de
renforcer les pouvoirs de négociation de leurs pays membres et de mieux profiter des relations
politico-économiques avec le reste du monde. Les pays membres de ces organisations régionales
bénéficient ainsi des projets de développement économique et certaines facilités (par exemple, la
libre circulation des personnes et des capitaux) au profit de leurs populations. Ces appuis sont faits
sous forme d’aides dont l’importance peut varier selon le type et l’échelle de l’organisation. Ainsi,
dans cette section, il est question d'analyser les perceptions des citoyens interrogés dans trente-
quatre‡ pays sur l’importance des aides régionale et continentale.
‡ En effet, sur les trente-six pays du Round 6, cette question n'a pas été posée en Egypte et au Gabon
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
83
3.1. Aide régionale
L'aide régionale représente toutes les formes de soutiens technique, financier et militaire que les
populations. Il a été alors demandé aux citoyens d'apprécier ces aides régionales accordées à leurs
pays respectifs selon qu'ils estiment que ces aides font du tort ou du bien au développement de leurs
pays. Les résultats indiquent qu'environ deux africains sur cinq (39%) estiment importante l'aide des
organisations régionales accordée à leurs pays respectifs.
Graphique 5. Personnes ayant bien apprécié les aides des organisations régionales (%)
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Les taux les plus élevés sont enregistrés au Libéria (83%), en Namibie (69%), au Botswana et au Mali
(55% chacun) puis au Niger (50%). Beaucoup de ces pays sont des pays post-conflit dans lesquels les
organisations régionales ont joué ou ont porté le chapeau des intermédiations internationales de
résolution des conflits. Ce premier groupe est rejoint par le Cap Vert, l'Île Maurice et le Swaziland
(48% chacun). A contrario pour trois pays, ils sont au plus un citoyen sur cinq à juger importante l'aide
régionale apportée à leur pays. Ce sont la Tunisie (20%), l'Algérie (16%) et le Maroc (7%), tous du
Maghreb et arabophones (15%).
Le taux est relativement plus élevé pour les pays de la CEDEAO et du COMESA (42% chacun) ainsi que
de la SADC (40%). Il est par contre plus faible pour ceux de la CEEAC (33%) et encore plus de l'UMA
(15%). L'importance (42%) reconnue par les ressortissants de la CEDEAO doit être proportionnellement
plus du fait des anglophones de ce bloc (sept des quinze États ont 41%) que des francophones (39%).
Tableau 5. Appréciation positive ou négative de l'aide des organisations régionales (en %) Négative Positive NSP
Sexe Homme 35 43 22
Femme 30 35 35
Génération
18-35 ans 33 40 27
36-60 ans 33 38 29
plus de 60 ans 28 34 39
Education
Aucun 23 32 44
Primaire 30 35 35
Secondaire 36 42 22
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
EgypteGabonMaroc
AlgérieTunisieSénégal
ZimbabweCôte d'Ivoire
GhanaAfrique du Sud
MalawiCameroun
São Tomé et PríncipeLesotho
BéninGuinéeZambieSoudan
MadagascarMoyenne
Sierra LeoneTogo
NigeriaOugandaBurundi
KenyaTanzanieBurkina
MozambiqueCap VertMaurice
SwazilandNiger
BotswanaMali
NamibieLiberia
0
39
55
83
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
84
post-secondaire 41 46 12
Langue
Anglais 29 41 30
Français 34 39 26
portugais 30 44 26
Arabe 55 15 30
Zone
d'intégration
CEDEAO 31 42 27
CEEAC 44 33 24
SADC 30 40 30
COMESA 28 42 30
UMA 55 15 30
Revenu
Faible 29 43 28
moyen inférieur 35 35 30
moyen
supérieur
36 38 26
IDH
Faible 31 41 28
Moyen 31 36 32
Elevé 47 28 24
Total 32 39 29
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
En considérant le genre, les résultats montrent que ce sont les hommes qui ont été plus nombreux à
reconnaître que les aides régionales sont importantes pour leurs pays respectifs. En effet, ils sont
plus de deux hommes sur cinq (43%) contre juste un peu plus d'une femme sur trois (35%). L'analyse
par classe d'âge indique que plus les individus prennent de l’âge moins ils sont nombreux à apprécier
les aides régionales accordées à leur pays. En effet, ils sont à peine un adulte sur trois (32%) de plus
de 65 ans à apprécier l'aide régionale contre plus de deux jeunes sur cinq (40%) de 18-25 ans. Les
résultats montrent que plus les individus sont instruits plus ils sont nombreux à apprécier les aides
régionales accordées à leurs pays. En effet, ils sont environs un intellectuel sur deux (46%) avec le
niveau post-secondaire à juger importante ces aides contre à peine un analphabète sur trois (32%).
En considérant les regroupements linguistiques des pays, les résultats montrent qu’entre 15 et 44%
des personnes interrogées dans les différents groupes de pays anglophone, francophone, lusophone
et arabophone ont apprécié les aides régionales accordées à leurs pays respectifs. Il apparaît que ce
sont les lusophones (44%) qui ont été plus nombreux à reconnaître l'importance des aides régionales.
Ils sont suivis des anglophones (41%) et ensuite des francophones (39%). A l'opposé, les arabophones
sont moins nombreux à apprécier les aides régionales accordées à leurs pays, soit seulement 15%
parmi les personnes interrogées dans ces pays.
Les mêmes résultats indiquent que plus le niveau de revenu de pays est élevé moins les populations
qui y résident sont nombreuses à être d’accord que les aides régionales sont importantes pour leurs
pays. En effet, parmi les personnes interrogées dans les pays à faible revenu, 43% ont apprécié ces
aides contre 35 et 38% pour respectivement les pays à revenu moyen inférieur et supérieur. Ce résultat
corrobore celui que l’on observe en considérant le niveau d’IDH. Plus le niveau d’IDH de pays est
élevé, moins les populations qui y résident apprécient les aides régionales accordées à leurs pays.
Elles sont 41% pour les pays à IDH faible contre 36 et 38% pour respectivement les pays à IDH moyen
et élevé.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
85
Aide de l’Union africaine
Il s'agit ici d'analyser les opinions sur des africains sur l'importance de l'aide de l'Union africaine
accordée à leurs pays respectifs. Les résultats montrent que le poids des opinions ne diffère pas
significativement selon qu'il s'agisse de juger l'importance de l'aide régionale ou celle de l'Union
africaine. En effet, comme l'aide régionale, ils sont environ deux africains sur cinq (37%) à apprécier
l'aide de l'Union africaine accordée à leurs pays respectifs. Le taux est supérieur à 50% dans cinq des
trente-quatre pays§ que sont le Liberia (80%), la Namibie (68%), le Burundi (54%), le Mali (53%) et le
Botswana (52%). Dans leur voisinage immédiat (44-45%) se trouvent le Cap Vert et le Soudan (45%
chacun), le Mozambique, le Niger et le Swaziland (44% chacun). Les pays les moins enthousiastes sont
l'Egypte (16%), la Tunisie et le Maroc (15% chacun), ce dernier ayant quitté l'Organisation de l'unité
africaine (OUA) le 12 novembre 1984 protestant contre l'admission de la République arabe sahraouie
démocratique proclamée par le Front Polisario. Quoi que dans de moindre proportion, ils sont suivis
par le Sénégal (16%), pays assez proche du Maroc en matière de coopération bilatérale, l'Algérie et le
Zimbabwe (21% chacun) ensuite viennent le Lesotho (26%) et le Ghana (28%).
Graphique 6. Pourcentage d'appréciation positive de l'aide de l'Union africaine
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Par zone d'intégration, seule l'UMA marque le pas dans l'appréciation de l'aide de l'UA à ses pays
membres (17%), les autres regroupements ne se différencient pas significativement (entre 36 et 40%,
selon la zone). Ainsi, seuls les arabophones se diffèrent significativement des autres regroupements
linguistiques.
En considérant le genre, les résultats montrent que ce sont les hommes qui ont été très nombreux à
trouver importantes les aides de l’Union africaine accordées à leurs pays respectifs. En effet, ils sont
deux hommes sur cinq (41%) contre une femme sur trois (34%). Les adultes de plus de 65 ans
apprécient moins ces aides (moins d'un tiers) contrairement aux jeunes des tranches d'âge 18-25 ans
et 36-45 ans, tous près de deux jeunes sur cinq. Ce résultat corrobore celui que l’on observe en
considérant la génération où 39% des jeunes de 18-35 ans en ont bien apprécié contre 32% parmi les
65 ans et plus. Les citoyens des pays de niveau d’IDH élevé apprécient moins les aides de l'Union
africaine, soit environ un citoyen sur quatre (26%). Par contre ceux des pays de niveau d'IDH faible et
moyen sont deux citoyens sur cinq (39% et 36%) à estimer importantes ces aides.
Tableau 6. Appréciation positive ou négative de l'aide de l'Union africaine (en %)
§ Toujours sur les 36 pays du Round 6, cette question n'a pas été posée en Egypte et au Gabon.
0 10 20 30 40 50 60 70 80
MarocTunisieEgypteAlgérie
ZimbabweSénégalLesotho
GhanaCôte d'Ivoire
CamerounAfrique du Sud
MalawiBénin
ZambieSierra Leone
TogoSão Tomé et Príncipe
MoyenneGuinée
OugandaKenya
NigeriaBurkina
GabonMaurice
TanzanieMadagascar
MozambiqueNiger
SwazilandCap Vert
SoudanBotswana
MaliBurundiNamibie
Liberia
15
37
53
80
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
86
Négative Positive NSP
Sexe Homme 35% 41% 24%
Femme 29% 34% 37%
Génération 18-35 ans 33% 39% 28%
36-60 ans 32% 37% 32%
plus de 60 ans 27% 32% 41%
Education Aucun 23% 30% 47%
primaire 28% 34% 38%
secondaire 36% 41% 23%
post-
secondaire
42% 44% 13%
Langue anglais 29% 39% 32%
français 35% 40% 26%
portugais 30% 43% 28%
arabe 47% 17% 36%
Zone
d'intégration
CEDEAO 32% 40% 29%
CEEAC 44% 36% 19%
SADC 29% 38% 33%
COMESA 27% 40% 33%
UMA 51% 17% 32%
IDH faible 31% 39% 30%
moyen 32% 36% 32%
élevé 46% 26% 28%
Total 32% 37% 31%
Source: Enquête Afrobaromètre, Round 6
Conclusions
Au regard des résultats, il est curieux que ce soit les citoyens des pays à revenu moyen supérieur ou
à IDH non faible (moyen ou élevé) qui soient les moins favorables à la libre circulation des personnes.
De même, ce sont ceux des pays à faible revenu ou à IDH faible qui seraient proportionnellement plus
ouverts aux étrangers que les autres types de pays. L'émergence de certains pays africains serait-elle
source d'isolement et de fermeture de frontières aux autres africains ou la solidarité serait-elle plus
l'affaire des pauvres que l'accumulation de richesse viendrait rompre. Il y a là un défi à relever si
l'Afrique veut consolider son unité et faire du continent un espace ouvert à tous.
Il ressort également des analyses des résultats que plus les citoyens sont instruits, moins ils seraient
favorables au libre franchissement des frontières internationales. Dans le même temps, les plus
instruits trouvent qu'il est difficile de circuler librement dans le monde. La liberté de circulation et
d'établissement ne doit s'interrompre au fur et à mesure que l'Afrique tend vers l'éducation pour tous.
Un autre défi non moins important concerne le droit d'ingérence des gouvernements des États dans
les affaires intérieures des pays africains qui semble être destiné aux seuls États à revenu ou à IDH
faible, les autres ne le tolérant quasiment pas. Il serait injuste d'appliquer un tel droit aux seuls États
pauvres voire aux seuls francophones qui aussi semblent l'admettre davantage que les autres espaces
linguistiques, surtout les arabophones. Les États africains pourront toujours s'entraider sans ingérence
d'autant plus que les aides des organisations régionales et de l'Union africaine sont jugées importantes
par les citoyens, surtout les hommes ou les ressortissants des pays les moins développés.
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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Annexe. Distribution des pays de l'échantillon
IDH Indice de développement humain CEEAC Communauté économique des Etats de l'Afrique Centrale CEDEAO Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest COMESA Common Market for Eastern and Southern Africa SADC Southern African Development Community UMA Union du Maghreb arabe
Pays Langue Intégration Revenu IDH
1 Algérie arabe UMA moyen supérieur élevé
2 Bénin français CEDEAO faible faible
3 Botswana anglais SADC moyen supérieur moyen
4 Burkina Faso français CEDEAO faible faible
5 Burundi français COMESA faible faible
6 Cameroun anglais CEEAC moyen inférieur faible
7 Cap Vert portugais CEDEAO moyen inférieur moyen
9 Côte d'Ivoire français CEDEAO moyen inférieur faible
10 Egypte arabe COMESA moyen inférieur moyen
12 Gabon français CEEAC moyen supérieur moyen
13 Ghana anglais CEDEAO moyen inférieur moyen
14 Guinée français CEDEAO faible faible
15 Kenya anglais COMESA moyen inférieur faible
16 Lesotho anglais SADC moyen inférieur faible
17 Liberia anglais CEDEAO faible faible
18 Madagascar français SADC faible faible
19 Malawi anglais SADC faible faible
20 Mali français CEDEAO faible faible
21 Ile Maurice anglais SADC moyen supérieur élevé
22 Maroc arabe UMA moyen inférieur moyen
23 Mozambique portugais SADC faible faible
24 Namibie anglais SADC moyen supérieur moyen
25 Niger français CEDEAO faible faible
26 Nigeria anglais CEDEAO moyen inférieur faible
27 Sao Tomé et Principe portugais CEEAC moyen inférieur moyen
28 Sénégal français CEDEAO moyen inférieur faible
30 Sierra Léone anglais CEDEAO faible faible
31 Afrique du Sud anglais SADC moyen supérieur moyen
33 Soudan anglais COMESA moyen inférieur faible
34 Swaziland anglais SADC moyen inférieur faible
35 Tanzanie anglais COMESA faible faible
36 Togo français CEDEAO faible faible
37 Tunisie arabe UMA moyen supérieur élevé
38 Ouganda anglais COMESA faible faible
39 Zambie anglais SADC moyen inférieur moyen
40 Zimbabwe anglais SADC faible faible
CAHIER DE L’INTÉGRATION /// N° 001 /// 1er TRIMESTRE 2018
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• Bibliographie
Balassa, B. (1961). "Towards a theory of economic integration." Kyklos 14: 1–17.
Kemp, M. C. and H. Y. Wan (1976). " An elementary proposition concerning the formation of customs
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Njinkeu, D. and B. P. Fosso (2006). Intra-African Trade and Regional Integration. ADB/AERC
International Conference on Accelerating Africa’s Development Five Years into the Twenty-
first Century. Tunis November 22-24, 2006.
Viner, J. (1950). "The Customs Union Issue. "New York: Carnegie Endowment for International Peace.
Citation pour cet article :
Version papier
COULIBALY, M. et TRAORÉ, O. Z. Perceptions populaires de l’intégration régionale en Afrique.
Document de travail n° 5. In : Les Cahiers de l’intégration. Ouagadougou : Réseau Think Tank (RTT)
-UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.) 2018/1, p. 72-88
Version électronique
COULIBALY, M. et TRAORÉ, O. Z. Perceptions populaires de l’intégration régionale en Afrique.
Document de travail n° 5 In : Les Cahiers de l’intégration. [en ligne]. Ouagadougou : Réseau Think
Tank (RTT) UEMOA (éd.) ; Commission de l’UEMOA (éd.), 2018/1, p. 72-88. Format PDF. Disponible
sur : <http://www.uemoa.int> (Consulté le JJ/MM/AAAA)