les chômeurs sont des fainéants

4
Les chômeurs sont des fainéants …. Est une phrase que j’entends trop souvent. J’aimerais remettre les choses dans leur contexte et montrer que la plupart (tous ?) des gens dans cette situation sont victimes du chômage et pas coupable de quoi que ce soit. Je crois sincèrement que la plupart des gens préfèreraient avoir un emploi qui leur permette de bien vivre eux et leur famille plutôt que d’émarger aux différents revenus de la solidarité. La situation étant ce qu’elle est (10 % de chômage à la louche), certains sans emplois essaient de maximiser leur situation. Mais c’est bien ce que chaque individu fait alors pourquoi plus critiquer les chômeurs que les autres. Il est humain de tirer parti au mieux des conditions dans lesquelles on se trouve. Sans doute certains (Aernoudt and Co ?) voudraient-ils que les chômeurs soient des victimes expiatoires. Etre au chômage, c’est être victime d’une situation, les personnes qui le subissent n’ont pas en plus à être punies une seconde fois. Selon les sensibilités des uns ou des autres, je dirais que le choix basique est le suivant : Faut-il décider d’un revenu minimum ou laisser les salaires s’ajuster en fonction de l’offre et la demande de travail ? Voyons comment fonctionne le marché de l’emploi SANS salaire minimum déterminé :

Upload: regis-vansnick

Post on 10-Mar-2016

213 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Les chômeurs sont des fainéants

TRANSCRIPT

Les chômeurs sont des fainéants …. Est une phrase que j’entends trop souvent. J’aimerais remettre les choses dans leur contexte et montrer que la plupart (tous ?) des gens dans cette situation sont victimes du chômage et pas coupable de quoi que ce soit. Je crois sincèrement que la plupart des gens préfèreraient avoir un emploi qui leur permette de bien vivre eux et leur famille plutôt que d’émarger aux différents revenus de la solidarité. La situation étant ce qu’elle est (10 % de chômage à la louche), certains sans emplois essaient de maximiser leur situation. Mais c’est bien ce que chaque individu fait alors pourquoi plus critiquer les chômeurs que les autres. Il est humain de tirer parti au mieux des conditions dans lesquelles on se trouve. Sans doute certains (Aernoudt and Co ?) voudraient-ils que les chômeurs soient des victimes expiatoires. Etre au chômage, c’est être victime d’une situation, les personnes qui le subissent n’ont pas en plus à être punies une seconde fois. Selon les sensibilités des uns ou des autres, je dirais que le choix basique est le suivant : Faut-il décider d’un revenu minimum ou laisser les salaires s’ajuster en fonction de l’offre et la demande de travail ? Voyons comment fonctionne le marché de l’emploi SANS salaire minimum déterminé :

Les travailleurs représentent l’offre de travail. Sur le graphique, l’offre est représentée par une fonction croissante. Cela signifie que quand les salaires augmentent, l’offre augmente. En effet, si le salaire augmente, les gens sont disposés à travailler plus. (Par exemple, des personnes qui peuvent vivre de leurs rentes ou de revenus de solidarité seraient plus disposées à revenir sur le marché). Les entreprises représentent la demande de travail. La demande est décroissante parce que plus les salaires augmentent et moins les entreprises sont disposées à embaucher des travailleurs. Le marché de l’emploi s’équilibre donc à un salaire d’équilibre. Ce niveau signifie que toute personne désirant travailler peut le faire et à l’inverse que toute entreprise désirant embaucher à ce niveau trouvera de la main d’œuvre. PS : dans ce cas de figure, il est supposé que les travailleurs ont les capacités pour occuper les emplois disponibles. Voyons comment fonctionne le marché de l’emploi AVEC un salaire minimum déterminé :

Si un salaire minimum est imposé et que ce salaire est AU-DESSUS du salaire d’équilibre, cela aura une double conséquence :

1. pour ce niveau de salaire plus élevé des personnes qui restaient sans emploi ou qui prestaient un nombre d’heures limité, désirent augmenter leur temps de travail. Nous avons donc une augmentation de l’OFFRE

2. A ce niveau de salaire, certains travailleurs qui étaient rentables pour une entreprise risquent de ne plus l’être.

Ex : Si un salarié vous rapporte 1.500€/mois, à un coût salarial de 1.200€, il est rentable. Si la création du revenu minimum provoque une augmentation du coût salarial pour arriver au-dessus de 1.500€. L’entreprise devrait logiquement le licencier. Nous avons donc une baisse de la DEMANDE.

La différence entre cette demande plus faible et ce surplus d’offre constitue du chômage. Dans ce cas, vous allez dire. Parfait, pas de revenu minimum et plus de chômage. Plusieurs remarques : Tout d’abord, ce qui vient d’être dit reste purement théorique et la réalité ne fonctionne pas vraiment comme cela. En effet, le marché du travail est segmenté en plusieurs sous marchés puisque n’importe quel individu ne sait pas occuper n’importe quel emploi. Il est difficile voire impossible de connaître précisément les besoins de main d’œuvre par secteur d’activité. Les gens peuvent être sous ou sur qualifiés et cela peut entraîner des distorsions. Mais dans ce que je tiens à vous démontrer ici, ces considérations importent peu. Parce que, avec le creusement des inégalités dans nos démocraties occidentales, nous avons vu apparaître les travailleurs pauvres. Pourtant les travailleurs, sont chez nous, relativement bien protégés par rapport à d’autres pays. La France et la Belgique ont un salaire minimum. Cela est sans doute un des causes du taux de chômage relativement élevé que nous connaissons par rapport à d’autres pays. Mais on constate que malgré ce salaire minimum des personnes vivent des situations très difficiles. Voyez par exemple ce reportage : TRAVAILLEURS PAUVRES !! Certains pays préfèrent ne pas avoir de salaires minima ou en avoir un à un niveau très faible. C’est un choix mais si cela permet d’afficher un faible taux de chômage, il faut se rendre compte que cela contraint des personnes à cumuler plusieurs emplois et malgré tout connaître des difficultés. De plus ces pays offrent en général, peu de protection aux travailleurs et donc en cas de retournement de l’économie, le chômage augmente en flèche !!

Donc, selon le choix de société que l’on souhaite, on peut penser qu’un salaire minimum est une bonne chose MAIS, à partir du moment où cela est cause de chômage, il FAUT mettre en place des mécanismes de solidarité pour ceux qui ne trouvent plus de place sur le marché de l’emploi. Les questions sont donc : a quel niveau doit être le revenu minimum ET à quel niveau doivent se situer les revenus de la solidarité (chômage) ? Les deux questions sont liées. En effet, l’écart doit être suffisamment grand entre les deux. Sinon, nous nous retrouvons avec les problèmes de pièges à l’emploi. C'est-à-dire une situation où le travailleur a moins de revenus nets (toutes charges déduites à la fin du mois) que le sans emploi.

Il faut donc : Un écart suffisamment important entre le salaire minimum et les revenus de la solidarité Un salaire minimum permettant de bien vivre mais pas trop élevé parce que générateur de chômage Un revenu de la solidarité permettant aux gens de vivre décemment sans qu’ils ne représentent un danger pour la paix sociale.

Cette problématique semble insoluble d’autant plus qu’avec la mondialisation, le fait d’imposer un salaire minimum élevé est une perte de compétitivité du pays vis-à-vis des autres et que cela a un effet doublement néfaste sur le marché de l’emploi.