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Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention
de la rechute aux substances psychoactives.
Par
Michelle Bernard
Essai sous la supervision de Myriane Tétrault présenté dans le cadre de la
Maîtrise en intervention en toxicomanie
Université de Sherbrooke
Faculté de médecine et des sciences de la santé
© 15 janvier 2018
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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RÉSUMÉ
La littérature scientifique rend compte des bénéfices de la méditation pleine conscience
dans le traitement des personnes présentant un trouble lié à l’usage d’une substance.
Toutefois, peu d’études se sont tournées sur les facteurs favorables et nuisibles de cette
pratique en prévention de la rechute. L’objectif de cet essai est d’explorer les facteurs
favorables ou nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute chez
une clientèle présentant un trouble lié à l’usage d’une substance. Pour ce faire, trois
entrevues individuelles ont été réalisées avec des experts travaillant dans le domaine de la
réadaptation en dépendance. Les résultats rendent compte de l’importance pour les
intervenants de reconnaître les limites personnelles et les troubles concomitants des
participants, d’assurer une stabilisation de la personne au niveau de sa santé mentale avant
d’entreprendre cette pratique, de fournir des explications claires et précises quant à la
pratique, de s’assurer de l’accord de la personne pour son utilisation durant et entre les
rencontres et de voir à ce que cette pratique soit jumelée à d’autres approches
thérapeutiques. La formation et la pratique personnelle des intervenants sont aussi à
privilégier. Les forces et les limites de l’essai de même que les retombées possibles sont
finalement présentées.
Mots clés : Dépendance, prévention de la rechute, méditation pleine conscience
Key words: Addiction, Relapse prevention, Mindfulness meditation
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ………………………………………………………………………………....ii
REMERCIEMENTS………………………………………………………………...…...v
1.INTRODUCTION……………………………………………………………………..1
2. PROBLÉMATIQUE
2.1 Constats théoriques……………………………………………………………….2
2.1.1 La méditation pleine conscience : origines, définitions
et applications……..................................................................................................2
2.1.2 La méditation pleine conscience en prévention de la
rechute…………………………………………………………………………......4
2.1.3 Effets et facteurs favorables de la méditation
pleine conscience......................................................................................................5
2.1.4 Facteurs nuisibles de la méditation pleine conscience…………………….6
2.2 Constats liés à ma pratique professionnelle……………………………………..7
2.3 Objectif de l’essai………………………………………………………………....10
3. MÉTHODOLOGIE……………………………………………………………….....10
3.1 Justification d’un moyen…………………………………….…………………..10
3.2 Déroulement des activités……………………………………………………......10
3.3 Présentation des experts………………………………………………………....12
3.4 Analyse des données………………………………………………………….......12
4. RÉSULTATS…………………………………………………………………….......13
4.1 La définition de la méditation pleine conscience et les techniques
utilisées…......................................................................................................................13
4.1.1 Les techniques utilisées...........................………………………………....13
4.1.2 L’utilisation en groupe ou individuellement…………………………….15
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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4.2 L’application de la méditation pleine conscience en prévention de la
rechute………………………………………………………………………………...17
4.3 Les facteurs nuisibles à la méditation pleine conscience en prévention
de la rechute………...………………………………………………………….....19
4.4 Recommandations des experts sur l’utilisation de la méditation pleine
conscience………………………………………………………………………....22
5. DISCUSSION…………………………………………………………………….…..23
5.1 Résumé des principaux constats………………………………………………...23
5.2 Forces de l’essai……………………………………………………...…....25
5.3 Limites de l’essai……………………...………………………………………….26
5.4 Recommandations………………………..………………………………............26
5.5 Retombées de l’essai……………………...…………………………………...…28
6. CONCLUSION.……………………………………………………………………...28
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES……………………………..……….….…..29
ANNEXE A GRILLE D’ENTREVUE……………..……………………………........33
ANNEXE B FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE
CONSENTEMENT…………………………................................................................34
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REMERCIEMENTS
J’aimerais pour commencer remercier ma directrice d’essai, Myriane Tétrault, pour son
aide précieuse tout au long du processus de mon essai, pour ses encouragements et sa
compréhension.
Je veux aussi remercier ma famille, mon conjoint, Jacques Pérusse, pour son soutien tout
au long de mes études, surtout pour sa compréhension, sa patience et son aide à tous les
niveaux. L’atteinte de mon objectif n’aurait pas été possible sans lui. Je remercie aussi ma
fille, Samuelle Lefrançois, qui a été mon inspiration pour entreprendre et terminer cette
Maîtrise.
Je veux également remercier les trois experts qui ont accepté de participer à ce projet, pour
leur générosité dans le partage de leur expertise.
Je remercie aussi chaleureusement mes collègues de travail, qui m’ont soutenue, de
différentes façons, tout au long de la Maîtrise en intervention en toxicomanie.
Un remerciement spécial au Dr Jean-Pierre Chiasson qui m’a fait confiance en me donnant
l’opportunité de travailler dans un environnement stimulant et divertissant. Il m’a aussi
transmis sa passion pour le travail auprès des toxicomanes et alcooliques. Il a toujours été
généreux à partager ses connaissances.
Je remercie mes charmantes correctrices, Marie Rolland et Dominique Wozniak, pour leur
disponibilité, souvent avec un court laps de temps pour faire les corrections.
En terminant, je remercie mes collègues et les enseignants de la Maîtrise avec qui j’ai eu
beaucoup de plaisir et qui ont contribué à ce que je n’abandonne pas malgré les événements
de la vie sur lesquels nous n’avons pas de contrôle.
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1. INTRODUCTION
Plusieurs études se sont intéressées à la méditation pleine conscience, en complémentarité
avec des stratégies cognitives et comportementales, comme moyen de gérer le stress,
régulariser l’anxiété et prévenir les rechutes dépressives (Berghams, Tarquinio et Strub,
2010). Dans le domaine de la dépendance, la pratique de la méditation pleine conscience
s’inscrit, en partie, comme moyen de prévention de la rechute. En effet, les recherches
montrent que les approches efficaces en prévention de la rechute, comme la pleine
conscience, permettent à l’individu d’améliorer sa vie dans tous les domaines, c'est-à-dire
aux niveaux physique, mental, émotionnel et spirituel (Warren, 2012).
On peut trouver en naviguant sur le web et en utilisant les mots clés « Mindfulness
meditation in addiction treatment centers »1 que beaucoup de centres de réadaptation en
dépendance aux États-Unis incluent la méditation pleine conscience dans leur programme
de réadaptation et de prévention de la rechute. Au Québec, on retrouve ces programmes
dans certains centres de réadaptation (Dionne, Fournier, Hamel, Lemire, Loranger, Paré et
Pouliot. 2015). Toutefois, malgré les résultats bénéfiques de la méditation pleine
conscience en prévention de la rechute, peu d’études se sont intéressées aux facteurs
favorables et nuisibles de son application selon les caractéristiques de la personne
dépendante elle-même (ex : troubles concomitants, sexe), ou celles de l’intervenant (ex :
formation, supervision) et de son mode d’application (ex : individuel ou en groupe).
L’objectif principal de cet essai sera donc d’explorer les facteurs favorables et nuisibles de
la méditation pleine conscience en prévention de la rechute chez les personnes ayant un
trouble d’utilisation de substances (TUS). Cet essai sera divisé en quatre parties. La
première permettra de rendre compte des principaux constats théoriques quant aux
définitions de la méditation pleine conscience et de ses bénéfices en prévention de la
rechute de même que des constats liés à ma pratique clinique. La seconde partie rendra
compte de la méthodologie utilisée pour atteindre l’objectif de l’essai, soit des entrevues
avec des experts. La troisième partie permettra de mettre en lumière les principaux résultats
et leur interprétation. Finalement, la dernière partie rendra compte d’une discussion sur les
1 Traduction française: Méditation pleine conscience dans les centres de réadaptation des dépendances.
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forces et les limites de l’essai de même que des principales recommandations et retombées
possibles.
2. PROBLÉMATIQUE
2.1 Constats théoriques
2.1.1 Les origines et définitions de la méditation pleine conscience
Plusieurs définitions de la méditation sont recensées dans la littérature scientifique (Aubin,
Laqueille et Skanavi, 2011 ; Posner, Tang et Tang, 2016; Rioux, 2017) mais celle de D. H.
Shapiro (1980) semble la plus utilisée. Pour lui, la méditation est : « une famille de
techniques qui ont en commun une tentative consciente de focalisation de l’attention de
manière non analytique et une tentative de ne pas demeurer sur des pensées discursives et
ruminatives » (Cunningham, Delorenzi et Young, 2011 p. 60).
Il y a, selon Berghams et coll. (2010) ainsi que Canini, Claverie, Steiler et Trousselard,
(2014), deux grandes familles de méditation, celle de la concentration ou de l’attention
vigilante comme la méditation transcendantale ou Samatha, et celle de la vision pénétrante
comme la méditation Vipassana, mieux connue sous le nom de méditation pleine conscience.
La méditation de concentration se focalise sur un objet, le son ou le souffle, tandis que la
méditation pleine conscience mène la personne à focaliser son attention, sans jugement, sur
le moment présent et sur les ressentis qui peuvent comporter plusieurs objets (Berghmans,
Strub et Tarquinio, 2008; Bowen et Vieten, 2012). De ces deux grandes familles découlent
des dizaines de techniques et d’approches différentes. Dans le cadre de cet essai, il ne sera
question que de la méditation pleine conscience.
La pratique de la méditation pleine conscience est issue du bouddhisme, doctrine religieuse
fondée en Inde, il y a plus de 2500 ans (Stanley, 2012). On a même retrouvé en Inde des
fresques vieilles de 4000 ans représentant des personnages en position de méditation (Rioux,
2017). Elle est aujourd’hui pratiquée par plus de 300 millions de personnes et est basée sur
les enseignements de Bouddha. Le terme « pleine conscience » est une traduction du mot
« sati » qui vient du Pali, une langue indienne qui était utilisée pour documenter les
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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enseignements de Bouddha. Le mot « Sati » signifierait entre autres l’attention, la conscience
et une compréhension claire (Stanley, 2012). La pratique de la méditation Vipassana est celle
qui a influencé le courant de la méditation pleine conscience occidentale. Ainsi, le mot
« Vipassana » signifie : voir les choses telles qu’elles sont vraiment (Bowen et Vieten, 2012).
La pratique de la méditation pleine conscience a peut-être ses racines dans le bouddhisme
mais elle fait aussi partie d’autres religions ou pratiques spirituelles comme le taoïsme,
l’hindouisme, l’islamisme, le christianisme et les philosophies grecques anciennes ou
européennes modernes (Trousselard et coll., 2014). Depuis quelques années, la méditation
pleine conscience est utilisée sans son contexte religieux bouddhique, notamment en
psychologie et en psychothérapie et ce, dans le but d’améliorer la santé mentale (Appel et
Kim-Appel, 2009; Young et coll., 2011). William James, qui est souvent identifié comme le
père de la psychologie américaine, avait prédit, il y a plus de 100 ans, l’intérêt que porte la
psychologie pour la méditation et la pleine conscience (Stanley, 2012).
Dans la littérature scientifique, la définition la plus connue de la méditation pleine conscience
est celle de Jon Kabat-Zinn : « la méditation pleine conscience est une manière de porter son
attention, intentionnellement, au moment présent sans porter de jugement ». (Bowen, Chawla
et Marlatt, 2013, p.13). Kabat-Zinn disait avoir adapté la méditation bouddhique en lui
retirant son côté religieux (Bouthillon-Heitzmann, Carpentier, Limosin et Romo, 2015) et ce,
dans le but de l’intégrer à un programme de soins contrôlé et accepté de tous (Michelet, 2017).
Bien que la définition donnée par Kabat-Zinn soit la plus utilisée, il existe d’autres définitions
de la méditation pleine conscience. Selon Trousselard et coll. (2014), Montaigne, philosophe
français du 16e siècle, décrivait la pleine conscience comme « vivre à propos ». Pour sa part,
Spinoza, philosophe hollandais du 17e siècle, dira que le fait de reconnaitre les émotions
destructrices et les accepter comme telles permettent de mieux les gérer. Plus tard, au 20e
siècle, les philosophes allemands, Husserl et Heidegger, expliqueront que vivre l’instant
présent pourra mener à une libération (Trousselard et coll., 2014).
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2.1.2 La méditation pleine conscience en prévention de la rechute
En 1979, Kabat-Zinn a commencé à utiliser la méditation pleine conscience avec ses patients
dans le cadre d’un programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience ou MBSR2
(Black, 2014 ; Bowen et coll., 2013; Young et coll., 2011). Le MBSR a joué un grand rôle
dans la perception de la méditation pleine conscience comme ajout thérapeutique pour la
réduction du stress auprès des professionnels de la santé et du grand public en général (Black,
2014). Par la suite, Segal a développé le MBCT3, soit la thérapie cognitive basée sur la pleine
conscience pour traiter la rechute dépressive. Comme plusieurs études avaient démontré
l’efficacité de ces deux programmes, G. Alan Marlatt et Katie Witkiewitz (Bowen et coll.,
2013) se sont alors fortement inspirés d’eux pour créer le MBRP4, le programme de
prévention de la rechute basée sur la pleine conscience.
Chez les personnes présentant un TUS, on a observé des souffrances causées soit par de fortes
envies ou besoins impérieux de rechercher ou de rester attachées à des plaisirs, soit par les
efforts d’éviter ou de fuir les inconforts liés à l’arrêt de consommation (sevrage) (Bowen et
Vieten, 2012). Cette interprétation rejoint celle de Marlatt (2002) qui décrit la dépendance
aux substances psychoactives ou SPA, comme une façon de fuir la souffrance plutôt que
comme un problème moral. Le maintien de l’abstinence est souvent compromis par des
envies de consommer difficiles à contrôler ou par des idées erronées sur les bienfaits de
consommer des SPA, ce qui peut occasionner un risque de rechute. La façon de gérer les
envies ou les pensées est importante en prévention de la rechute.
La méditation pleine conscience aide à accepter les envies et les pensées comme étant
transitoires, telles des vagues, et permet à la personne de se décentrer de la pulsion à
consommer et de développer un espace-temps pour s’apaiser et choisir de ne pas consommer
(Black 2012 ; Bowen et coll., 2013; Skanavi et coll., 2011). Comme le dit si bien Victor
Frankl (1946) : « Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace se trouve
2 De la traduction anglaise Mindfulness-Based Stress Reduction
3De la traduction anglaise Mindfulness Based Cognitive Therapy 4 De la traduction anglaise Mindfulness-Based Relapse Prevention
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notre pouvoir de choisir notre réponse. Dans cette réponse se trouvent notre potentiel de
croissance et notre liberté. » (Bowen et coll., 2013, p.14)
La pratique de la méditation pleine conscience est aidante en prévention de la rechute en
permettant à la personne de répondre de façon plus appropriée aux fortes envies ou aux
déclencheurs plutôt qu’en répondant avec automatisme par la consommation de substances
(Bowen et coll., 2013). La personne a donc le choix de ses actions plutôt qu’être en mode
réaction. Il a aussi été démontré que la pratique de la méditation pleine conscience agit sur
le cerveau en interrompant les activités qui créent ces automatismes, ce qui favorise la
prévention de la rechute (Fenster, Temme et Ream, 2012).
2.1.3 Effets et facteurs favorables de la méditation pleine conscience
Il y a de plus en plus de recherches scientifiques sur l’abus de substances et la méditation
pleine conscience (Black, 2014) qui démontrent l’efficacité de celle-ci en tant que
complément de stratégies de prévention de la rechute traditionnelle (Temme et coll., 2012).
Ces recherches rendent compte du fait que la méditation pleine conscience augmente
l’activité de certaines régions du cerveau impliquant l’autorégulation et l’amélioration de
la maîtrise de soi. La maitrise de soi et l’autorégulation, deux éléments qui peuvent aider à
faire face aux difficultés pouvant mener à de fortes envies de consommer, peuvent
également être aidantes en prévention de la rechute et en réadaptation des dépendances
(Tang et coll., 2016). De plus, la pratique de la méditation pleine conscience réduit aussi
le risque de rechute en augmentant la reconnaissance et la régulation des états d’esprit
négatifs avant que la rechute ne se produise (Bowen, Douglas, Emkema, Harrop, Sedgwick
et Witkiewitz, 2014 ; Young et coll., 2011).
On mentionne aussi dans la littérature que l’une des raisons pour lesquelles la méditation
s’avère efficace dans le traitement de la dépendance, c’est qu’elle contribue à diminuer les
symptômes de dépression et d’anxiété, qui font souvent partie des facteurs déclencheurs de
rechute (Bouthillon-Heitzman et coll. 2015 ; Young et coll., 2011). La méditation pleine
conscience a aussi un impact sur les autres facteurs déclencheurs de rechute tels que la
pression des pairs, car elle permet à la personne d’être à l’écoute de ses émotions sans
nécessairement réagir ou encore, en les laissant escalader (Temme et coll., 2102). Elle est
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aussi une stratégie comportementale de coping efficace, d’abord pour changer le mode de
réponses aux événements de la vie, et, à la fois, diminuer la détresse émotionnelle et
augmenter l’impression de contrôle (Berghmans, Marina, Strub et Tarquinio, 2009 ; Chiesa
et Serretti, 2014; Garland, Howard, Kelly, Schwarz Whitt 2012; Witkiewitz et coll., 2014).
Elle permet, d’une part, de voir les stresseurs et les irritants de la vie comme des défis
momentanés et, d’autre part, de réduire les réactions impulsives aux frustrations (Garland
et coll., 2012). Enfin, la méditation pleine conscience facilite une meilleure gestion de la
colère et augmente la motivation pour le maintien de l’abstinence de même que la confiance
en soi (Temme et coll., 2012 ; Young et coll., 2011).
Dans une étude effectuée auprès de personnes ayant une dépendance à l’alcool (Garland et
coll., 2012), la méditation pleine conscience a eu, en prévention de la rechute, des effets
bénéfiques sur la capacité d’introspection de ces personnes et le lien entre leurs
pensées/émotions et leurs comportements face à elles-mêmes et face aux autres. Elle a
permis d’ailleurs à ces personnes dépendantes de prendre conscience de leurs
comportements et pensées automatiques qui les poussaient involontairement à
consommer.
Ce type d’approche serait profitable aux personnes qui ont déjà fait une cure et qui
souhaitent poursuivre leur cheminement dans une perspective de changement de style de
vie (Bowen et coll., 2013). Ces pratiques s’avèrent aussi un outil utile pour stabiliser ceux
qui souffrent d’un trouble concomitant comme la dépression et l’anxiété (Grégoire,
Lachance et Richer, 2016).
2.1.4 Facteurs nuisibles de la méditation pleine conscience
La littérature scientifique rend peu compte des facteurs nuisibles de la méditation pleine
conscience en prévention de la rechute et on a plus souvent recours au terme « limites ».
L’utilisation de la méditation pleine conscience ne serait pas appropriée auprès de
personnes présentant un trouble de santé mentale tel que l’alexithymie5 et l’anxiété
5 L'alexithymie est une difficulté à mettre les émotions en mots. Les personnes alexithymiques ont une
difficulté à identifier, comprendre et décrire les émotions ; leurs propres émotions et celles des autres.
(Jounal, 2006)
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généralisée (Csillik et Tafticht, 2012). On parle aussi d’une corrélation négative entre la
pleine conscience et d’autres troubles psychologiques de même que du côté plus sombre et
des effets secondaires de la méditation pleine conscience (Isnard Bagnis, 2017). Certaines
personnes auraient vécu des expériences négatives comme par exemple des attaques de
panique durant la méditation pleine conscience, ce qui peut être un déclencheur de
reviviscence pour les états de choc post traumatique. La méditation pleine conscience est
aussi déconseillée aux personnes ayant une tendance à la dissociation ou des phobies de
type intéroceptif comme les attaques de panique et l’hypocondrie (Skanavi et coll., 2011).
La méditation pleine conscience peut aussi être un déclencheur de psychose (Foster, 2016)
et un risque chez certaines populations (ex : trouble de la personnalité limite) en raison du
fait qu’elle peut provoquer des émotions négatives très intenses (Elmquist, Shorey,
Wolford-Clevenger et coll., 2016 ; Grégoire et coll., 2016). Puisqu’il y a environ 50% de
cas de comorbidité chez les personnes dépendantes aux SPA, ces informations ne doivent
pas être prises à la légère (Krausz, 2009).
Dans la majorité des études, on constate que la méditation a été retirée de son contexte
religieux et spirituel dans le but d’être acceptée par les occidentaux. Young et coll. (2011)
suggèrent que la méditation pleine conscience retirée de son contexte ne ferait que réduire
le stress plutôt que de donner un sens d’accomplissement ou de plénitude. Toujours selon
Young et coll. (2011), dans plusieurs études, on prétend que l’ajout de la spiritualité et des
croyances religieuses à la pratique de la méditation augmenterait le taux de réussite du
traitement.
2.2 Constats liés à ma pratique professionnelle
Je travaille depuis cinq ans au centre de réadaptation en dépendance Nouveau Départ, un
centre privé non conventionné de Montréal, à titre d’intervenante auprès d’hommes et de
femmes souffrant d'alcoolisme et de toxicomanie avec ou sans comorbidité psychiatrique.
Cette ressource a pour principal objectif d’amener la personne dépendante vers la sobriété.
Cet objectif s’atteint en accompagnant l’individu qui souffre tout au long de sa
désintoxication, de sa réadaptation et de sa réintégration sociale. La thérapie peut varier
d'une intervention brève à un traitement intensif avec surveillance médicale. Le centre
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dispose de 30 lits pour traiter des gens en interne avec supervision médicale 24 heures par
jour en ce qui a trait à la période de désintoxication. La ressource offre aussi des
programmes externes et un suivi postcure. Les niveaux de soins sont adaptés par l’équipe
multidisciplinaire aux conditions de la personne et diverses structures de thérapie
individuelle et de groupe sont mises en œuvre. Plus spécifiquement, nous avons dans notre
programme thérapeutique une semaine dédiée à la prévention de la rechute. Un suivi
postcure est offert, durant lequel nous offrons des thérapies individuelles et de groupe pour
les personnes qui ont terminé un séjour au centre afin de favoriser la prévention de la
rechute.
Ma pratique personnelle de la méditation pleine conscience et mon intérêt professionnel
pour la prévention de la rechute dans le cadre de mon travail ont été des facteurs
déterminants dans le choix de ce sujet d’essai. La rechute étant une réalité à laquelle nos
clients sont confrontés, je suis particulièrement sensible à utiliser tous les outils nécessaires
en prévention de la rechute. En tant qu’équipe multidisciplinaire, nous utilisons déjà des
approches pharmacologiques et psychologiques ainsi que des groupes de soutien en
prévention de la rechute. Malgré les recherches sur le cerveau et les comportements des
personnes dépendantes aux substances, il y aurait peu de nouvelles approches en prévention
de la rechute et en rétablissement (Leukefeld, 2015).
Après avoir tenté quelques fois d’intégrer la relaxation et la méditation dans certains de
nos groupes de thérapie existants sans toutefois réussir à maintenir une constance, je me
suis demandé si ce ne serait pas plus approprié d’offrir à un groupe spécifique en prévention
de rechute dans mon milieu de travail, un programme structuré de huit semaines (incluant
la méditation pleine conscience) comme celui suggéré dans le Guide clinique Addictions :
prévention de la rechute basée sur la pleine conscience de Bowen, Chawla et Marlatt
(2013). Après avoir consulté certains de mes collègues, plusieurs questionnements ont
émergé non seulement quant à l’intégration de la méditation pleine conscience dans la
programmation du centre, que ce soit lors du séjour à l’interne ou lors du suivi postcure,
mais également quant au type de clientèle pour qui elle serait la plus appropriée.
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La clientèle dans mon milieu de travail souffrant pour la majorité de troubles concomitants,
je me suis donc interrogée sur les aspects favorables et nuisibles de la méditation pleine
conscience. Plusieurs études ont rendu compte des bénéfices de la pratique de la méditation
pleine conscience auprès de gens qui présentent des troubles concomitants, ce que l’on
retrouve chez plusieurs personnes ayant un TUS (Shorey, et coll., 2016 ; Skanavi et coll.,
2011) cependant, peu d’études ont abordé les facteurs favorables et nuisibles auprès de
cette même clientèle. Après avoir lu sur le web des commentaires de gens qui avaient vécu
des expériences négatives en participant à des rencontres de méditation pleine conscience,
je voulais vérifier les risques possibles liés aux facteurs nuisibles.
Par ailleurs, certains intervenants de l’équipe multidisciplinaire semblent avoir des doutes
quant à l’efficacité de la méditation pleine conscience et de son intégration au sein de
l’établissement. Il s’avère donc nécessaire d’explorer ces facteurs avant l’intégration, dans
mon milieu de travail, d’une programmation basée sur la pleine conscience.
De plus, une demande officielle a été faite auprès de l’administration de notre établissement
par certains clients pour que les intervenants débutent chaque thérapie de groupe par une
méditation ou une relaxation. En rendant compte des facteurs favorables et nuisibles de la
méditation pleine conscience, nous serons alors en mesure de prendre une décision éclairée
sur le sujet.
Comme nous sommes un centre privé non conventionné, il est aussi important que je
m’assure du bien-fondé de ce type d’approche, puisqu’il impliquerait des coûts liés à la
mise en place de ce service pour les clients de même qu’à la formation des intervenants.
En tant qu’intervenante auprès d’une clientèle toxicomane avec des troubles concomitants,
et après avoir pris connaissance des études qui rendent compte de la méditation pleine
conscience comme moyen de prévention de la rechute, cet essai, peut contribuer à ce que
l’on prenne une décision éclairée dans mon milieu de travail, quant à l’introduction ou non
de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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2.3 Objectif de l’essai
L’objectif principal de cet essai est d’explorer les facteurs favorables et nuisibles de la
méditation pleine conscience en prévention de la rechute chez les personnes présentant un
TUS.
3. MÉTHODOLOGIE
3.1 Justification d’un moyen
Pour répondre à l’objectif de l’essai, l’entrevue semi-dirigée s`est avérée la méthode la plus
appropriée. Cette méthode permet, à partir de questions ouvertes, de recueillir l’expertise
et l’expérience clinique des experts. L’entrevue semi-dirigée donne lieu à une interaction
verbale avec des personnes qui possèdent l’expertise nécessaire pour mieux comprendre
un phénomène (Savoie-Zajc, 2006), dans ce cas-ci, la méditation pleine conscience en
prévention de la rechute. La transférabilité du savoir des experts choisis est aussi très
importante si l’on veut éventuellement implanter ce type d’approche dans un milieu de
travail (Savoie-Zajc, 2006). L’opinion des experts et leur expérience clinique avec une
clientèle qui a souvent une ou plusieurs comorbidités en plus d’une dépendance aux SPA
se sont donc avérées un moyen intéressant de mieux connaître les facteurs favorables et
nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute.
3.2 Déroulement des activités
Dans un premier temps, une sélection des experts a été effectuée. Le fait de travailler
comme expert avec une clientèle présentant un TUS avec ou sans trouble concomitant et
le fait d’avoir été formé à utiliser la méditation pleine conscience dans le cadre de son
travail ont été les critères de sélection. Quatre experts, pour certains connus et d’autres
référés, ont alors été contactés par courriel et par téléphone afin de connaître leur intérêt
pour une entrevue individuelle sur le sujet des facteurs favorables et nuisibles de la
méditation pleine conscience en prévention de la rechute. Trois des experts sollicités ont
accepté de participer à une entrevue et une date de rencontre a été ciblée selon leurs
disponibilités. Le formulaire de consentement du milieu a été envoyé par courriel aux
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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gestionnaires de deux des experts, le troisième expert n’en ayant pas besoin, ayant
collaboré à titre de professionnel indépendant dans le cadre de cet essai.
Dans un deuxième temps, la grille d’entrevue a été élaborée (Annexe A), avec des questions
basées sur les constats théoriques et cliniques et mes observations sur la problématique
ciblée. Les questions étaient orientées vers la définition de la méditation pleine conscience
et des techniques utilisées, son utilisation en groupe et en rencontre individuelle, les
facteurs favorables et nuisibles de son utilisation de même que la clientèle pour laquelle
elle ne serait pas appropriée dans un contexte de prévention de la rechute. Pour m’assurer
d’une compréhension adéquate des questions avant les entrevues, les questions ont été
présentées préalablement à des collègues de la Maîtrise en intervention en toxicomanie
(MIT) de même qu’à ma directrice d’essai.
Une semaine avant chaque entrevue, la grille de questions ainsi que le formulaire
d’information et de consentement (Annexe B) ont été envoyés par courriel à chacun des
experts. Par la suite, les experts ont été rencontrés dans leur milieu de travail respectif. Les
rencontres ont été effectuées les 30 mai, 16 juin et 6 juillet 2017. Chaque entrevue a débuté
par une présentation de l’interviewer et une explication de l’essai. Les formulaires
d’information et de consentement signés ont aussi été recueillis.
Les rencontres ont duré en moyenne une heure. Lors des deux premières entrevues,
l’enregistrement audio a bien fonctionné. Cependant, à la troisième entrevue, l’oubli
d’installer une deuxième enregistreuse a occasionné un problème de son. Malgré l’aide
d’un technicien en informatique pour améliorer la qualité du son, le premier résultat ne
s’est pas montré concluant. Après une réécoute de l’entrevue retravaillée par le technicien
en son et à la suite d’une discussion avec ma directrice d’essai, j’ai choisi de faire un
verbatim des informations audibles lors de cette entrevue. Par la suite, j’ai communiqué
avec cet expert qui m’a transmis par écrit certaines informations demeurées inaudibles sur
l’enregistrement.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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3.3 Présentation des experts
Premier expert : Psychologue dans un centre de réadaptation en dépendance, le premier
expert a été formé au programme de prévention de la rechute basée sur la pleine conscience.
Il donne des formations sur la pleine conscience dans le traitement des dépendances et
l’utilise dans sa pratique, en rencontres de groupe et individuelles. Il pratique
personnellement la méditation pleine conscience et s’intéresse à la littérature sur le sujet.
Deuxième expert : Psychologue dans un centre de réadaptation en dépendance, le second
expert travaille auprès d'une clientèle ayant des troubles concomitants (TUS et santé
mentale) et anime un programme de prévention de la rechute basée sur la pleine
conscience. Il a reçu plusieurs formations dans le domaine de la méditation pleine
conscience en plus d’être formateur et superviseur. Il pratique personnellement la
méditation pleine conscience et s’intéresse aux recherches et à la littérature sur le sujet.
Troisième expert : Psychiatre en centre hospitalier et en clinique privée, le troisième
expert a participé à diverses formations dont celle de thérapie cognitive basée sur la pleine
conscience. En plus d’animer un groupe de méditation pleine conscience, il la pratique
personnellement celle-ci, tout comme d’autres formes de méditation comme la méditation
zazen.
3.4 Analyse des données
Un verbatim a été réalisé pour chacune des entrevues audio avec les experts. L’analyse des
données s’est faite à partir d’une première lecture de chaque verbatim ; une deuxième lecture
a été effectuée avec prise de notes et surlignage des similitudes et différences dans les
réponses. Pour terminer, une grille, avec thèmes et sous thèmes basés sur les questions de
l’entrevue, a été conçue en y ajoutant des verbatims importants. Une analyse thématique
plus spécifique des données a été effectuée par la suite pour arriver aux résultats (Sabourin,
2006).
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4. RÉSULTATS
Cette section présente les résultats obtenus à la suite de l’analyse des entrevues faites avec
les experts sur les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en
prévention de la rechute chez les personnes ayant un TUS. Quatre aspects ont été retenus
lors de cette analyse, soit : 1) la définition de la méditation pleine conscience et les
techniques utilisées ; 2) l’application de la méditation pleine conscience en prévention de
la rechute ; 3) les facteurs favorables et 4) les facteurs nuisibles.
4.1 La définition de la méditation pleine conscience et les techniques utilisées
Les experts utilisent tous les trois la définition de Jon Kabat-Zinn pour expliquer la
méditation pleine conscience ayant tous été formés selon son approche. Cette citation de
l’un d’eux rend compte de cette définition : « celle de Jon Kabat-Zinn, c’est-à-dire porter
son attention de façon intentionnelle à tout ce qui se présente dans le moment présent. Il
ajoute que c’est d’une manière particulière, c’est à dire sans jugement, moi je rajouterais
bien la bienveillance » (Expert, 2017). Il va sans dire que les experts, tout comme les
auteurs suivants ; Bowen, et coll. 2013, Berghams et coll. 2010 valorisent chez les
intervenants ces dispositions personnelles qui, au sein de leurs approches, favorisent le
mieux-être de leurs clients, y inclut la bienveillance.
4.1.1 Les techniques utilisées
Les experts utilisent la méditation pleine conscience de différentes façons et ils vont
souvent la jumeler avec diverses approches thérapeutiques, telles les thérapies cognitivo-
comportementales (TCC) de troisième vague. Les experts suggèrent que la méditation
pleine conscience est une compétence cognitive qui permettrait l’observation du
comportement à changer. Cette opinion est corroborée par la littérature qui indique que les
raisons d’être des thérapies TCC sont : premièrement, reconnaître ce qui se passe et
accepter les frustrations et les émotions désagréables ; deuxièmement, changer sa façon de
voir et/ou de réagir ; troisièmement, identifier d’autres options, déplacer l’attention,
comparer les options et faire un choix plus avantageux que celui, par exemple, de
consommer (Guimpel, 2015). Selon les experts et la littérature, la méditation pleine
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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conscience a des effets à court et long termes sur les plans cognitif et émotionnel. (Grégoire
et coll., 2016).
Deux des experts utilisent le programme de prévention de la rechute basé sur la pleine
conscience tel qu’en fait foi la citation suivante. « Depuis 2013, j’utilise le programme de
8 semaines de Bowen et Marlatt qui est le programme de prévention de la rechute basé sur
la pleine conscience, dans 95% des cas avec une clientèle qui a un problème de dépendance
» (Expert, 2017). Ce programme, que l’on retrouve le plus souvent dans la littérature et qui
a été développé par Bowen, Chawla et Marlatt (2011), intègre les outils cognitivo-
comportementaux de prévention de la rechute et la méditation pleine conscience pour les
personnes qui ont un TUS.
L’un des experts nous explique comment utiliser aussi la méditation pleine conscience avec
la thérapie d’acceptation et d’engagement6 en adaptant les techniques aux personnes qu’il
voit afin de les aider à faire une coupure d’avec ce qu’ils faisaient avant la rencontre et
ainsi les aider à devenir plus disponibles pour la thérapie. Des techniques de méditation,
de relaxation et d’apaisement sont utilisées selon le besoin de la personne. Les trois experts
s’entendent pour dire qu’ils utilisent des pratiques formelles et informelles avec les usagers.
Les pratiques formelles qu’ils animeront en groupe sont par exemple, la méditation assise
et le body scan tels que suggérés dans le guide clinique de Bowen et coll. (2013). Les
pratiques informelles sont par exemple d’inviter le participant à focaliser son attention sur
les différentes activités qu’il fait durant la journée, comme se brosser les dents ou faire la
vaisselle : « …des pratiques formelles et des pratiques informelles. Tel que comment les
gens sont dans leur quotidien, la marche méditative, la bienveillance. Quand il mange, la
pratique du moment présent, porter l’attention sur ce qu’ils font. » (Expert, 2017)
Les techniques ainsi utilisées par les experts varient selon les besoins de la clientèle et ces
intervenants vont s’assurer d’adapter leurs techniques en y intégrant des aspects des
différentes approches qu’ils connaissent.
6 Le but premier de la thérapie d’acceptation et d’engagement est d’augmenter la flexibilité psychologique
afin de permettre l’engagement dans des actions qui vont mener à des conséquences préférables.
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4.1.2 L’utilisation en groupe ou individuellement
Les trois experts s’entendent pour dire que, dans la majorité des cas, il est préférable
d’utiliser la méditation pleine conscience en rencontres de groupe plutôt qu’en rencontres
individuelles. Selon eux, l’avantage des groupes c’est que les participants peuvent
bénéficier de l’expérience des autres. Ils affirment que la période de discussion à la fin des
sessions de groupe favorise une meilleure acceptation de l’expérience vécue durant la
méditation. Le fait d’entendre un autre participant évoquer une expérience similaire ou une
difficulté, les aide à normaliser leur propre expérience. Garland et coll. (2012) font part
eux aussi d’aspects positifs du groupe surtout durant la période d’échanges entre les
participants. Le groupe favorise aussi la motivation des participants, comme en témoignent
les citations suivantes.
En groupe ça permet un échange et les gens réalisent que les autres
vivent la même chose comme le vagabondage de l’esprit quand
quelqu’un l’aborde les autres se sentent mieux.
Il y a en même temps du partage, la verbalisation sur qu’est-ce que
la pratique de la pleine conscience au quotidien amène comme
difficultés, comment est-ce qu’on peut passer par-dessus. Donc, il
y a un groupe d’échange là-dessus et de pratique.
(Expert, 2017)
Deux des experts offrent des groupes fermés et ouverts. Le troisième expert anime
seulement des groupes ouverts. Un groupe fermé débute avec un certain nombre de
participants et n’accepte pas de nouvelles personnes durant les huit semaines que dure le
programme. Les groupes fermés sont des groupes de MBRP et les experts disent s’en tenir
aux guides de pratique suggérés dans leur formation. Dans le groupe ouvert, les gens
peuvent commencer à n’importe quel moment du programme. Nous ne retrouvons pas
beaucoup d’information dans la littérature sur les groupes ouverts et fermés. Toutefois,
Bowen et coll. (2013) indiquent dans leur guide clinique qu’il y a des avantages et des
inconvénients dans les deux cas. Dans les groupes fermés, tous les participants débutent et
terminent ensemble alors que les groupes ouverts permettent à un plus grand nombre de
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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personnes de participer, ou encore, à ceux qui ont déjà fait le programme de revenir pour
rafraichir leur pratique. Un des experts s’exprime ainsi :
…un groupe fermé avec 10 personnes minimum au départ, comme
il y a des gens qui abandonnent, on poursuit avec ceux qui restent.
C’est des rencontres qui durent environ 2 heures, les usagers sont
supposés le pratiquer à la maison la semaine. Depuis peu, je fais un
groupe ouvert, les gens peuvent s’intégrer à n’importe quel
moment.
(Expert, 2017)
Les experts favorisent l’utilisation de la méditation pleine conscience en groupe avec une
pratique personnelle quotidienne. Mais pour certains usagers, les experts favorisent une
approche de méditation pleine conscience en rencontres individuelles. L’un d’entre eux
nous explique qu’il débute les séances individuelles par une courte séance de méditation
pleine conscience avec les clients qui le veulent et qui sont réceptifs. La méditation pleine
conscience peut dans certains cas devenir un objectif de rencontre thérapeutique. Par
exemple, avec un client très intolérant et facilement irritable qui a des problèmes de gestion
de la colère, ce type d’approche en rencontre individuelle favorise l’apprentissage de
l’autorégulation.
En individuel, il y en a avec qui on va vraiment le mettre comme
objectif, développer la méditation pleine conscience comme façon
de mieux autoréguler leurs émotions ou leurs comportements pour
prévenir la rechute.
Je commence toujours mes entrevues avec une mini-méditation
pleine conscience. Je leur explique avec leur consentement. Je
commence souvent les entrevues comme ça. Je trouve justement
que ça aide les personnes à arriver et à faire une espèce de coupure
avec ce qu’elles faisaient avant et vraiment de se rendre disponibles
au suivi.
(Expert, 2017)
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Ces témoignages des experts nous laissent à penser que l’utilisation de la méditation pleine
conscience en prévention de la rechute en rencontres de groupe ou en rencontres
individuelles demeure une décision prise cas par cas.
4.2 L’application de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute
Les experts rencontrés utilisent la méditation pleine conscience en prévention de la rechute
de différentes façons et à différents stades du rétablissement. Mais les trois experts
s’entendent pour dire qu’il est préférable que la personne soit stabilisée pour débuter la
méditation pleine conscience, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas en période de sevrage intense
ni à risque de décompenser. Selon un expert, bien que l’abstinence de toute substance soit
souhaitable quoique non nécessaire, on peut néanmoins utiliser cette approche dans un
contexte de réduction des méfaits. Idéalement, la personne a entamé un processus de
rétablissement et les risques liés aux troubles concomitants tels que des symptômes
dépressifs sévères non stabilisés ou le risque suicidaire ont été évalués. Isnard Bagnis
(2017) rapporte qu’il est préférable de s’assurer avant de débuter la méditation pleine
conscience qu’un individu est en mesure d’y participer et que les pathologies
psychiatriques sont traitées.
Bowen et coll. (2013) prétendent que le meilleur moment pour intégrer la méditation pleine
conscience est lorsque la personne ayant un TUS a déjà entamé un processus de
rétablissement et qu’elle est motivée à maintenir ses objectifs. En contrepartie, l’un des
experts dit avoir déjà aidé des personnes à s’apaiser en situation de crise de sevrage avec
des techniques de méditation pleine conscience de courtes durées et informelles.
La méditation pleine conscience est recommandée surtout après la période de gros sevrage.
C’est du cas par cas selon les experts, mais ils s’entendent sur le fait d’éviter cette approche
durant les sevrages sévères comme rapportés ici. « …C’est sûr que pendant un sevrage
non. On attend qu’ils soient disponibles… » « On doit s’assurer toujours que la personne
est stabilisée, pour les gros sevrages, c’est contre-indiqué » (Expert, 2017). Selon eux, le
meilleur moment d’intégrer cette approche en prévention de la rechute demeure quand la
personne est réceptive et qu’elle se dit prête. Cette affirmation est corroborée par Guimpel,
(2015) qui dit que la méditation de pleine conscience en prévention de la rechute devrait
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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être proposée au stade du « maintien » parmi les différents stades de changement selon le
modèle transthéorique de Prochaska et DiClemente7 (1982).
Aussi, selon Young et coll. (2011), la méditation pleine conscience serait plus efficace
durant les stades plus avancés du rétablissement, lorsque les individus ont une certaine
expérience avec l’abstinence de substances. Les experts nous confirment que le
plus souvent les participants leur sont référés par des intervenants où ils travaillent ou par
d’autres professionnels de la santé quand ils considèrent que la personne est prête à débuter.
Pour la prévention de la rechute, les experts s’entendent sur l’importance pour le participant
d’accéder à son monde intérieur. La capacité d’introspection est un facteur favorable à la
méditation pleine conscience en prévention de la rechute. Il est important pour le
participant d’avoir une certaine curiosité et de l’ouverture face à la pratique de la méditation
pleine conscience comme précepte de base avant d’entamer cette pratique, tant en rencontre
individuelle qu’en groupe.
Évidemment s’ils sont en prévention de la rechute il faut qu’ils
aient fait un traitement initial, peut-être ailleurs ou dans un autre
épisode de services, mais il faut qu’ils aient une compréhension
de leur dynamique de consommation, il faut qu’ils aient fait
l’analyse fonctionnelle de se dire : « OK, quand je lutte comme
ça, ça ne fonctionne pas. Donc j’ai à apprendre justement à
accueillir ce qui se présente à moi et observer ça.
(Expert, 2017)
Un autre facteur favorable à la méditation pleine conscience en prévention de la rechute
est la pratique personnelle en dehors des ateliers, ce qui est fortement suggérée par les trois
experts. Selon eux, c’est l’engagement dans le processus qui fera la différence au moment
d’une très forte envie de consommer. Les trois experts sont d’avis que l’espace de
7Selon Prochaska et DiClemente, les personnes aux prises avec un problème de dépendance passeraient par
une série de stades de changement : précontemplation, contemplation, détermination, action, maintien et/ou
la rechute. Le stade de maintien, plus particulièrement, serait défini par l’atteinte des objectifs de la personne
durant une période minimale de 3 mois.
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respiration SOBER, l’acronyme pour « Stopper, Observer, Baser sur la respiration, Élargir
et Réfléchir avant d’agir », peut éviter des rechutes en situation de forte envie en permettant
à la personne de sortir de son ancien réflexe qui était de consommer. L’idée derrière cet
espace de respiration est de ramener la personne dans un espace où elle pourra agir plutôt
que réagir selon d’anciens schèmes et ainsi éviter la rechute. On retrouve cet exercice dans
le guide clinique de Bowen, Marlatt et Chawla (2013).
Selon les experts et la littérature (Bowen et coll., 2013 ; Tang et coll., 2016; Young et coll.,
2011) la méditation pleine conscience en prévention de la rechute peut aider à faire face
aux fortes envies de consommer, atténuer les cravings et permettre de passer par-dessus.
4.3 Les facteurs nuisibles à la méditation pleine conscience en prévention de la
rechute.
D’après les experts consultés, l’un des plus gros obstacles est l’instabilité du trouble
concomitant tant en dépendance qu’en santé mentale, comme il est fait mention dans la
citation suivante : « Si quelqu’un est trop submergé … incapable de voir ce qui se passe en
lui, on y va graduellement avec eux… quand la souffrance est trop intense… » (Expert,
2017).
Il y a divergence d’opinions entre les experts quant à certaines comorbidités pour lesquelles
il est avantageux ou nuisible d’utiliser la méditation pleine conscience ; c’est le cas pour le
trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). L’un des experts nous
explique que, selon lui, la méditation pleine conscience est utile pour les TDAH, mais que
ce n’est pas suffisant et qu’il faut envisager un traitement complémentaire. La littérature
nous fait part d’une approche plus spécifique pour les gens ayant un TDAH 8 qui se base
sur les approches existantes de MBSR et MBCT (Mitchell, Zylowska et Kollins, 2015) tout
en suggérant des méditations pleine conscience ajustées à cette clientèle.
Selon des chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Université Mc Gill : Les gens qui
pratiquent la méditation pleine conscience auraient une plus grande épaisseur corticale dans
des régions du cerveau responsable de la régulation de l’attention. Une partie de ces mêmes
8 Le Mindfulness Meditation Training for Adult ADHD et The Mindful Awareness Practices (MAPs) for
ADHD
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zones serait plus mince chez les individus souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention
avec ou sans hyperactivité. (Lambert-Chan, 2013) Ce constat pourrait expliquer les
difficultés éprouvées par les gens avec un TDAH à faire de la méditation pleine conscience,
comme le rapporte un des experts.
De même, d’après les experts, les personnes qui souffrent d’un trouble de personnalité
limite auraient dans certains cas plus de difficultés à intégrer cette approche. Selon l’un
d’entre eux, il ne faut pas qu’il y ait le moindre risque de suicide ou d’automutilation chez
la personne souffrant de ce trouble avant d’entamer la méditation pleine conscience. Chez
ces personnes, la méditation pleine conscience pourrait faire émerger de grandes
souffrances. On suggère d’avoir débuté un travail sur la régulation des émotions avant,
comme l’exprime cet expert : « Quelqu’un qui aurait un trouble de la personnalité limite,
ce n’est pas contre-indiqué, mais il faut voir la sévérité. Si c’est quelqu’un justement qui
est à risque d’automutilation ou à risque suicidaire, il faut stabiliser ça avant. » (Expert,
2017)
Ce n’est pas clair, selon Shorey, Elmquist, Wolford-Clevenger, Gawrysiak et coll. (2016),
si la pleine conscience est favorable ou nuisible pour certaines personnes qui ont un trouble
de la personnalité limite. Dans la littérature, on suggère l’utilisation de la thérapie
comportementale dialectique avec la méditation pleine conscience pour les personnes
présentant ce type de trouble (Berghmans et coll., 2010). Plus spécifiquement, il est
également suggéré que soit utilisé le programme de Thérapie comportementale dialectique
adaptée aux troubles liés aux substances qui a été conçu pour les personnes ayant un trouble
de la personnalité limite et un TUS (Skanavi et coll., 2011).
Il faut, selon les experts, être prudent avec les gens qui ont une comorbidité de type trouble
anxieux et ce, en dépit des recherches qui confirment que la méditation pleine conscience
ferait diminuer le stress et l’anxiété. La méditation pleine conscience peut exacerber
l’anxiété si elle n’est pas stabilisée. Cela est corroboré dans la littérature par Csillik et
Tafticht (2012). Selon les experts, certaines personnes qui sont aux prises avec un état de
choc post traumatique pourraient aussi vivre des épisodes de reviviscence, ce qui
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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entrainerait des souffrances inutiles. La méditation pleine conscience peut s’avérer aussi
nuisible pour certaines personnes en dépression et qui sont dans le désespoir ou une grande
noirceur ; avec ces personnes, il vaut mieux attendre que les symptômes soient résorbés.
Isnard Bagnis (2017) corrobore ces informations dans le chapitre consacré aux effets
secondaires de la méditation, dans son ouvrage La méditation de pleine conscience.
Un des experts nous parle aussi de la problématique de la surmédicamentation dans certains
cas. Il nous fait part de son expérience avec un groupe dans lequel il y avait des gens trop
médicamentés et avec qui c’était plutôt inutile d’utiliser cette approche : selon lui, une
relaxation ou une sieste aurait eu le même impact. Dans la littérature, on rapporte aussi que
des médicaments tels que la Méthadone ou le Topomax pourraient causer de la somnolence
et rendre l’attention nécessaire à la méditation plus difficile (Young et coll., 2011).
Un autre facteur nuisible, selon un des experts, est de forcer une personne à participer à un
groupe de méditation pleine conscience. Selon la littérature (Berghams et coll., 2010) et
les experts, la méditation pleine conscience se veut une expérience personnelle, avec une
orientation de curiosité, d’ouverture à l’expérience et d’acceptation sans jugement. Selon
un expert, l’inexpérience de la personne qui anime le groupe, qui porte un jugement sur
l’expérience vécu par un participant ou qui présente la méditation pleine conscience
comme un remède à la dépendance plutôt que comme un outil supplémentaire servant à
prévenir la rechute, s’avère également un facteur nuisible. Young et coll. (2011) faisaient
les mêmes observations. Il en est de même pour les cas où l’animateur n’est pas en mesure
de reconnaitre les risques liés aux troubles concomitants que l’on retrouve souvent chez les
personnes ayant un TUS. Dans la littérature, on fait aussi état de l’importance de la
formation des intervenants et de leurs pratiques personnelles (Garland et coll., 2012).
En dernier lieu et toujours selon un de nos experts, il faut prendre en considération que la
méditation pleine conscience demande un investissement de temps au quotidien et que
souvent les gens vont manquer de temps ou ne prendront pas le temps nécessaire.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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4.4 Recommandations des experts sur l’utilisation de la méditation pleine
conscience
Avant d’entreprendre ce type d’approche avec des personnes qui ont un TUS, il est
impératif de leur expliquer en quoi la méditation pleine conscience consiste. On ne devrait
jamais obliger une personne à participer à une méditation ; il est important de s’assurer que
la personne comprenne bien les notions de la pleine conscience. De plus, il faut s’assurer
de la stabilité mentale et émotive de la personne. Dans le cas où l’on n’est pas certain, on
peut commencer plus doucement avec une pratique informelle et plus courte. Les experts
s’entendent tous les trois sur l’importance de la formation en méditation pleine conscience
pour les intervenants qui offrent ce type d’approche en prévention de la rechute, et ce, pour
être en mesure notamment de comprendre ce que les gens vivent durant la méditation.
Puisqu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise méditation, l’intervenant doit être en mesure
d’accueillir avec bienveillance l’expérience de chacun. On recommande aussi la pratique
personnelle des intervenants. L’un des experts souligne qu’il est important que les
intervenants soient supervisés, surtout avec les approches de pleine conscience, et qu’ils
disposent également d’un espace pour en discuter avec des collègues. L’intervenant doit
être en mesure de détecter les fragilités spécifiques de chacun des participants afin d’éviter
le risque pour certains d’encourir des souffrances qu’ils ne pourraient tolérer, ou encore,
celui de déclencher une psychose.
L’un des obstacles pour implanter ces recommandations est le coût lié à la formation des
intervenants. Des ressources financières limitées qui ne permettraient pas les formations
nécessaires à la mise en place du programme et du suivi de celui-ci nuiraient à
l’implantation d’un programme de qualité. Il faut aussi prévoir les frais de supervision et
de support aux intervenants. Un obstacle à ne pas négliger est l’espace physique, c’est-à-
dire un local approprié qui est indispensable pour la pratique de la méditation qui pourrait
engendrer des frais. Par ailleurs, dans les centres, les différences entre les personnes créent
également un obstacle car on doit souvent tenter d’harmoniser les approches en groupe et
constituer des groupes spécifiques en fonction des gens qui sont prêts. À ce qui précède
s’ajoute la difficulté de faire un suivi, à la maison, de la pratique des notions acquises. La
pratique quotidienne à la maison demande une discipline souvent difficile à acquérir pour
les personnes dépendantes aux substances psychoactives.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Un obstacle non négligeable est le risque qu’une méditation non supervisée puisse éveiller
des émotions négatives et provoquer d’autres types de problématiques comme des attaques
de panique ou même une psychose. Parmi les éléments facilitateurs pour l’implantation des
recommandations, soulignons les cas où les participants sont référés par leurs intervenants
après avoir été stabilisés. Un expert conseille de tenir une rencontre préparatoire afin
d’expliquer aux participants en quoi consistent la méditation pleine conscience et le
programme de prévention de la rechute. Enfin, un espace expressément dédié aux
rencontres de groupe de méditation pleine conscience est souhaitable.
5. DISCUSSION
5.1 Résumé des principaux constats
Cet essai a tenté de répondre à l’objectif d’explorer les facteurs favorables et nuisibles de
la méditation peine conscience en prévention de la rechute chez les personnes dépendantes
aux SPA.
Nos résultats tout comme la littérature (Bowen et coll., 2013 ; Chiesa et coll., 2014) suggère
que l’utilisation de la méditation pleine conscience peut aider à réduire le risque de rechute.
À la suite des entrevues avec les experts, il semble que la méditation pleine conscience en
prévention de la rechute soit un ajout positif au traitement usuel des dépendances et une
approche utile auprès des personnes ayant un TUS. La méditation pleine conscience est
particulièrement propice dans les moments de fortes envies de consommer pour permettre
à la personne de prendre un certain recul face à ce qu’elle vit, l’accepter comme un état
passager et ainsi, possiblement, éviter une rechute (Black, 2014 ; Bowen et coll., 2013 ;
Skanavi et coll., 2010 ; Tang et coll., 2016). De plus, tout comme la littérature, les experts
s’entendent pour dire que la méditation pleine conscience facilite l’autorégulation des
émotions (Appel, 2009 ; Csillik et Tafticht, 2012)
Les experts interviewés ainsi que Bouthillon-Heitzman et coll. (2015) rapportent qu’il n’est
pas nécessaire d’être abstinent de toute substance pour bénéficier des bienfaits de la
méditation pleine conscience. Il serait plus facile d’offrir ce programme aux personnes
ayant déjà débuté le programme de réadaptation, à celles actuellement en postcure, de
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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même qu’à une clientèle volontaire qui est au stade de maintien (Bowen et coll., 2013 ;
Young et coll., 2011).
En ce qui a trait aux éléments favorables et nuisibles, les experts constatent qu’il est
important de s’assurer de la stabilisation de la personne au niveau de sa santé mentale, et
ce, avant d’entreprendre cette pratique. Ils conviennent de l’importance de reconnaitre les
limites personnelles et les troubles concomitants des participants. La littérature et les
experts s’entendent également sur la nécessité d’adapter la méditation pleine conscience
au client et de la jumeler à d’autres approches thérapeutiques (Mitchell et coll., 2015 ;
Shorey et coll., 2016). Les experts recommandent d’ailleurs que les participants soient
référés par un professionnel de la santé ou par un thérapeute pour débuter le programme.
Ce qui précède nous amène donc au constat suivant, à savoir l’importance d’avoir des
intervenants formés et qui ont une pratique personnelle de méditation pleine conscience.
Selon les experts et la littérature (Bowen et coll., 2013 ; Isnard Bagnis, 2017 ; Young et
coll., 2011), la formation des intervenants est un élément clé du processus. Les intervenants
doivent être en mesure de détecter et reconnaitre les limites de la clientèle. Un intervenant
qui voudrait imposer ses croyances aux participants pourrait avoir un impact négatif sur
l’expérience du participant (Hodge et Lietz, 2014). La formation de l’intervenant permet à
celui-ci d’acquérir plus de respect à l’endroit des participants et de développer sa capacité
à reconnaitre les difficultés que les participants peuvent rencontrer durant la méditation, et
ce, indépendamment de la technique qu’il utilisera. Un manque d’expérience et de
connaissance de la méditation pleine conscience peut conduire à une incapacité de répondre
correctement aux questions ou aux expériences des participants; par contre, quelqu’un qui
a de l’expérience pourra répondre à partir de son expérience personnelle ( Bowen et coll.,
2013)
On constate que les experts et la littérature s’entendent pour utiliser la méditation pleine
conscience soit en groupe, soit en rencontre individuelle ; cependant, avec certains clients,
la pratique en rencontre individuelle est à privilégier, d’où la nécessité pour les intervenants
utilisant les techniques de méditation pleine conscience d’être en mesure de bien identifier
les besoins de ses clients.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Un autre constat est l’importance selon les experts et la littérature de fournir des
explications claires et précises quant à la pratique de la méditation pleine conscience
envisagée et de s’assurer du consentement de la personne quant à son utilisation durant et
entre les rencontres. Warren (2012) explique que le fait d’obliger quelqu’un à participer à
un groupe de pleine conscience sans explications n’est pas éthique et pourrait avoir des
impacts négatifs en lien avec l’interprétation que la personne pourrait en faire et entrer en
conflit avec ses croyances ou ses valeurs (Young et coll., 2011).
Selon, Skanavi et coll. (2011) parmi les limites des approches de pleine conscience, il faut
prendre en considération la fluctuation de la motivation chez les personnes qui ont un TUS
à persévérer dans un programme de rétablissement et aussi à maintenir la constance
nécessaire pour consacrer du temps quotidiennement à la pratique de la méditation pleine
conscience. Les experts comparent la pratique de la méditation pleine conscience à
l’exercice physique : plus on pratique, plus on obtient de résultats.
Voici quelques pistes pour ceux qui voudraient l’utiliser comme outil
Il est important pour les intervenants de reconnaître les limites personnelles et les
troubles concomitants des participants.
Il est également important que des explications claires et précises soient données
quant à la pratique et que la personne soit d’accord avec son utilisation.
La formation et la pratique personnelle des intervenants sont aussi à privilégier.
La pratique de la méditation pleine conscience en dehors des rencontres s’avère
essentielle pour obtenir de meilleurs résultats en prévention de la rechute.
5.2 Forces de l’essai
Parmi les forces de cet essai, notons l’expertise des personnes interviewées. Celles-ci
étaient issues d’une expérience clinique significative et remplissait tous les critères établis
au préalable. Le fait d’avoir un expert (psychiatre) issu d’une profession différente a permis
une certaine diversité. De même, le fait que les experts utilisent, en entrevue individuelle
et en groupe, la méditation de pleine conscience dans leur pratique respective avec une
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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clientèle qui a un TUS, nous donne une perspective terrain afin de rendre compte des
facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la
rechute, informations peu présentes dans la littérature.
5.3 Limites de l’essai
Comme l’objectif de l’essai était d’explorer les effets favorables et nuisibles de la
méditation pleine conscience et non des approches thérapeutiques utilisant la pleine
conscience, il a été difficile de cibler uniquement la méditation. Aucune des études que
j’ai trouvées parlaient exclusivement de méditation pleine conscience en prévention de la
rechute aux SPA sans les approches thérapeutiques qui y sont associés.
Nous n’avons pas eu accès à l’expérience thérapeutique des participants ni à leurs
expériences personnelles et leurs opinions. Il aurait été intéressant d’avoir de l’information
venant des personnes ayant un TUS et qui ont déjà utilisé ou qui utilise la méditation en
prévention de la rechute, comme par exemple, les techniques qu’elles favorisent, le temps
qu’elles y consacrent, ou encore, si elles préfèrent les rencontres en groupe ou individuelle.
Puisque les trois experts utilisent sensiblement la même approche tout en l’adaptant selon
les besoins, cet état de fait ne nous donne pas un regard complet sur les pratiques de
méditation pleine conscience utilisées.
5.4 Recommandations
Recommandation 1 :
Considérant les constats théoriques rendant compte des bénéfices de la méditation pleine
conscience en prévention de la rechute aux SPA par la diminution des fortes envies de
consommer souvent en lien avec des inconforts ou/et en réaction à des événements ou
émotions fortes qui sont souvent responsables des rechutes. (Bowen et coll. 2013, Temme
et coll., 2012)
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Considérant les résultats obtenus auprès des experts quant aux facteurs favorables de la
méditation pleine conscience en prévention de la rechute et au fait qu’elle serait un ajout
positif au traitement usuel des dépendances et une approche utile auprès d’une personne
ayant un TUS (surtout en groupe)
Nous recommandons la formation d’intervenant pour le développement de groupes de
méditation pleine conscience en prévention de la rechute comme complément en suivi
postcure dans les CRD ou centres privés en dépendance. Ce type de suivi serait utile pour
l’aide au maintien de l’abstinence et favoriserait la sobriété selon le Guide de Bowen et
coll., 2013.
Recommandation 2 :
Considérant les constats théoriques rendant compte des limites de la méditation pleine
conscience pouvant engendrer des risques auprès de certaines personnes dont celles
présentant un TUS et un trouble concomitant en santé mentale (Csillik et Tafticht, 2012 ;
Foster, 2016 ; Krausz, 2009; Skanavi et coll., 2011).
Considérant les résultats auprès des experts quant aux facteurs nuisibles possibles de la
méditation pleine conscience auprès des personnes ayant un TUS et un trouble concomitant
de même que des recommandations données quant à son utilisation.
Nous recommandons que les intervenants désirant utiliser la méditation pleine conscience
auprès de leur clientèle soient formés et supervisés dans son utilisation afin de prévenir les
risques auprès de la clientèle.
De futures recherches pourraient se pencher sur les habilités ou traits de caractère qui
favoriseraient certaines personnes plus que d’autres dans l’utilisation de la méditation
pleine conscience. Les études devraient aussi tenir compte du temps consacré à la pratique
de la méditation de pleine conscience en prévention de la rechute. Par ailleurs, il serait
également approprié de voir s’il y a une différence en prévention de la rechute à long terme
chez ceux qui ont été suivis en groupe versus ceux qui ont été suivis individuellement.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Finalement, on pourrait se demander si d’autres formes de méditation sont efficaces en
prévention de la rechute aux SPA.
5.5 Retombées de l’essai
Pour notre Centre de réadaptation en dépendance, j’espère que cet essai permettra à la
direction de prendre une décision éclairée sur l’implantation d’un groupe spécifique de
méditation pleine conscience en prévention de la rechute à l’intention d’une clientèle
volontaire qui a entamé un processus de rétablissement et idéalement qui est en phase
postcure. Je me propose de présenter cet essai à l’administration ainsi qu’à l’équipe
médicale et thérapeutique de notre centre afin que nous puissions prendre une décision
pour intégrer ce type d’approche à notre programme de prévention de la rechute et ce, en
connaissance de cause. La méditation pleine conscience est un outil supplémentaire à ne
pas négliger en prévention de la rechute chez les personnes qui ont un TUS, surtout si elle
est associée à d’autres approches thérapeutiques ; on suggère cependant que cette approche
soit supervisée par des professionnels qui sont en mesure de l’exercer eux-mêmes et de
reconnaitre les troubles concomitants ! Au chapitre des retombées possibles de cet essai et
forte de l’appui à la fois de nos experts et de la littérature (Bowen et coll. 2013;), il serait
intéressant pour commencer de mettre en place un groupe de pleine conscience, d’une
durée de huit semaines selon le programme de prévention de la rechute basée sur la pleine
conscience, à raison d’une rencontre par semaine.
6. CONCLUSION
En guise de conclusion, je considère que cet essai a permis de mettre en lumière le fait que
la méditation pleine conscience, alliée à une approche thérapeutique appropriée, est
bénéfique en prévention de la rechute chez une clientèle qui a un TUS. Cependant, il est
important de prendre en considération les troubles concomitants avant d’utiliser cette
approche. Étant donné le grand nombre de personnes ayant des comorbidités au sein de
notre clientèle, il est donc fortement suggéré d’intégrer cette approche au bon moment du
processus de rétablissement, c’est-à-dire lorsque la personne est stabilisée et prête à
s’engager dans la pratique de façon volontaire.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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ANNEXE A
Grille D’entrevue
Cette rencontre va durer environ 60 minutes. Nous aborderons quelques sujets dont la
méditation pleine conscience, la clientèle avec laquelle vous travaillez, votre expérience,
votre formation, à quel moment intégrer la méditation en rétablissement, avec quelle
approche thérapeutique la jumeler. Durant l’entrevue, il peut arriver que je vous
interrompe par moment pour vous demander des précisions ou vous centrer sur les thèmes
de l’entrevue. Avez-vous des questions ? Est-ce que cela vous convient ?
Thème 1 : La formation et la définition de la méditation pleine conscience des experts
1. J’aimerais que vous me parliez de votre formation au plan de la méditation pleine conscience.
2. Quelle est votre définition de la méditation Pleine conscience?
Thème 2 : L’utilisation de la méditation Pleine Conscience dans leurs milieux de travail
3. De quelle manière l’utilisez-vous dans le cadre de votre travail ? 4. Pouvez-vous me donner des exemples de la technique que vous utilisez ?
Thème 3 : L’application en prévention de la rechute
5. De nombreuses études ont démontré que la méditation pleine conscience était
bénéfique chez les personnes dépendantes aux Substances PsychoActives dont en prévention de la rechute : 1- Auprès de quelle clientèle est-elle recommandée ? Ou non recommandée ?
(Comorbidités, substances…) 2- Quels seraient les facteurs favorables en prévention de la rechute? 3- Quels seraient les facteurs nuisibles? 4- À quel moment du suivi recommanderiez-vous le début de la méditation pleine
conscience? 5- Est-ce favorable d’introduire cette pratique en groupe, individuellement ou les
deux ?
Conclusion
6. Avez-vous d’autres points à ajouter quant à la méditation pleine conscience en
prévention de la rechute ?
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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ANNEXE B Programmes d’études en toxicomanie
FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT
A. INTRODUCTION
Dans le cadre de notre formation de maîtrise professionnelle en intervention en toxicomanie (MIT) à l’Université de Sherbrooke, nous demandons votre collaboration pour réaliser cet essai synthèse. Avant d'accepter de participer à ce projet de recherche, veuillez prendre le temps de lire, de comprendre et de considérer attentivement les renseignements qui suivent. Ce formulaire d'information et de consentement vous explique le but de l’essai synthèse, les procédures, les avantages, les risques et les inconvénients, de même que les personnes avec qui communiquer au besoin. Titre de l’essai synthèse : La méditation pleine conscience en prévention de la rechute chez une clientèle dépendante aux substances psychoactives.
Objectif de l’essai synthèse : Explorer les facteurs favorables ou nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute chez les personnes dépendantes aux substances psychoactives.
Cet essai synthèse sera mené par madame Michelle Bernard, étudiant(e) à la MIT de l’Université de Sherbrooke et sera encadré par madame Myriane Tétrault, psychologue (Ph.D./Psy.D) et directrice de l’essai. Leurs coordonnées sont les suivantes :
Michelle Bernard (XXX)XXX-XXXX ……. @..............
Myriane Tétrault (XXX)XXX-XXXX ............@...........
B. DESCRIPTION DE VOTRE IMPLICATION
Votre participation est sollicitée afin de participer à une entrevue individuelle. Il s’agit d’une seule rencontre d’une durée approximative de 1h. Les principaux thèmes abordés porteront sur les facteurs favorables ou nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute auprès de personnes dépendantes aux substances psychoactives. Des thèmes sur la clientèle pour qui elle est à prescrire ou à proscrire de même que le moment ou la manière de l’intégrer dans le cadre de la prévention de la rechute seront aussi explorés.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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C. RISQUES ET BÉNÉFICES
Aucun risque physique prévisible n'est associé à votre participation à l'étude. Toutefois, si certains sujets vous rendent inconfortables, vous êtes complètement libres de refuser de répondre ou de mentionner que vous ne désirez pas prendre position. Concernant les bénéfices, les résultats de cet essai pourront permettre d’identifier les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience comme moyen en prévention de la rechute.
D. CONFIDENTIALITÉ
Tous les renseignements colligés dans le cadre de votre implication dans cet essai-synthèse seront traités de façon strictement confidentielle Votre nom et tout renseignement permettant de vous identifier ne seront mentionnés dans aucun document. Les renseignements recueillis lors de l’entrevue individuelle ne pourront être utilisés et entendus que par la directrice d’essai et l’étudiante et ils seront détruits dans les six mois suivant le dépôt de l’essai-synthèse ou encore au maximum, trois ans suivant cette rencontre. À noter que la confidentialité sera assurée conformément aux lois et règlements en vigueur. Advenant que la vie ou la sécurité d’une personne soit en danger de façon imminente ou encore que la sécurité d’un enfant soit compromise, un bris de confidentialité pourrait s’avérer nécessaire.
E. COMPENSATION
Aucune compensation ni rémunération ne sera allouée pour votre participation à cet essai.
F. PERSONNES-RESSOURCES
Pour toute question, commentaire ou préoccupation concernant votre participation à cet essai- synthèse, vous pouvez contacter l’étudiante, madame Michelle Bernard, ou la directrice d’essai, madame Myriane Tétrault (voir coordonnées ci-dessus). Si, pour une quelconque raison, vous ne désirez pas en discuter avec ces personnes ou si vous désirez porter plainte quant à vos droits à titre de participant(e) à cet essai synthèse, vous pouvez contacter : Madame Magali Dufour, directrice des Programmes d’études en toxicomanie Tél. : 450 463-1835, poste 61847 ou 1 888 463-1835 [email protected]
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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G. CONSENTEMENT
Par la présente, je reconnais : - avoir lu le présent formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on a
répondu à toutes mes questions, qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre une décision et qu’on m’a offert une copie du présent formulaire.
- avoir compris que ma participation à cet essai-synthèse est volontaire et que je peux me
retirer de l’essai à tout moment sans aucune conséquence. - accepter que les résultats obtenus dans le cadre de cet essai synthèse soient rendus
publics, conformément aux exigences du programme de maîtrise de l’Université de Sherbrooke. Mais tout en gardant la confidentialité dont votre nom et tout renseignement permettant de vous identifier ne seront mentionnés Il est possible que d’autres moyens de diffusion soient prévus, par exemple, des communications écrites ou orales, comme dans un C.A. d’établissement ou une revue professionnelle, ou un article scientifique.
- consentir à participer à cet essai synthèse, tel que décrit dans le présent formulaire de
consentement et d’information. (Nom du participant(e)) (signature du participant(e)) (date)
(Nom de la personne obtenant le consentement) (signature de la personne obtenant le consentement) (date)
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Bernard, M. (2018). Les facteurs favorables et nuisibles de la méditation pleine conscience en prévention de la rechute aux substances psychoactives. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke