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LES GRANDES EAUX d’Anna Nozière spectacle cocasse pour un homme (mort) et six femmes (bien vivantes) Avant-première mai 2016. Création octobre 2016 Tournée saisons 2016-17 et 2017-18 Contact Laura Aknin 06.23.60.66.78

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LES GRANDES EAUX

d’Anna Nozière

spectacle cocasse pour un homme (mort)

et six femmes (bien vivantes)

Avant-première mai 2016. Création octobre 2016 Tournée saisons 2016-17 et 2017-18

Contact Laura Aknin 06.23.60.66.78

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Véronique – Mon Dieu, faites qu’il ne nous arrive pas la même chose qu’à la sœur de Fabrice Boulard !

LES GRANDES EAUX d’Anna Nozière

Avant première mai 2016. Création octobre 2016 Tournée saisons 2016-17 et 2017-18

Avec la bourse d’écriture dramatique de l’OARA

Production : LA POLKA - compagnie Anna Nozière Coproductions: Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, l’OARA - Office Artistique pour la Région Aquitaine Dieppe - Scène nationale, Les Quinconces - l’Espal du Mans, Le Canal - Théâtre du Pays de Redon - scène conventionnée pour le Théâtre Avec la participation du Jeune Théâtre National. Avec l’aide des Tréteaux de France à Pantin, et de La Fabrique des Arts à Malakoff.

LA POLKA - Compagnie Anna Nozière est subventionnée par la DRAC Aquitaine – Ministère de la Culture, la Ville de Bordeaux, le Conseil Régional d’Aquitaine Contact Laura Aknin Tel : ++ 33(0)6 23 60 66 78 - Mail : [email protected]

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Les Grandes Eaux

en résumé

Patrick s’est étouffé avec une paupiette de veau et il est décédé !

Gilda, sa voisine, connaît un rituel de résurrection. Elle l’a expérimenté l’an passé sur un

oiseau mort, sa chouette prénommée Marilule. Et aujourd’hui, Marilule vole.

Nadine (une amie), fascinée par l’idée de Gilda, réussit à convaincre Irène (la femme de

Patrick), Carole (sa maîtresse), Rose (une autre amie) et Véronique (sa sœur) de passer la

nuit sur place, et contre toutes réticences, d’ensemble ressusciter Patrick. D’abord elles

réchaufferont le corps. Puis le cœur commencera à battre. Et enfin Patrick se lèvera…

Alors commence un drôle de rituel, mené par Gilda et son bol tibétain – sous de multiples

lampes pour réchauffer ce grand cadavre. La chose n’est pas aisée, et pas seulement parce

qu’elles ont peur. Ces femmes ne se connaissent pas toutes, elles s’entendent parfois mal

et il fait si chaud sous les lampes…

Irène – Mesdames excusez-moi, je ne sais pas quoi faire... Carole chiale comme un veau sur mon lit, impossible de la faire sortir de ma chambre…

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Un ton de comédie pour un sujet grave et universel

La mort est un mystère qu’on a besoin de se représenter. Toute culture, toute religion en

donne une image, toute philosophie la regarde. Nous en avons nous-même une idée,

fondée sur notre expérience et sur l’immense inventaire de tout ce qui a déjà été dit et

montré, de ces gravures désuètes représentant un squelette vêtu de noir et sa faux, à des

histoires contemporaines dont chacun veut plus ou moins entendre parler, comme celles

de personnes cliniquement décédées qui reviennent témoigner de leur « passage », ou

encore celles d’un médium en contact avec l’au-delà, à qui l’on prête du crédit ou qu’on

prend pour un charlatan. Aussi lors d’un dîner entre amis, s’il arrive que vienne sur la

table le sujet de « ce qu’il y a après la mort », chacun de nous aura sans doute un avis à

donner, même incertain, sur la question.

En général, la disparition de quelqu’un qu’on aime nous arrache au folklore de cet éternel

débat et nous plonge dans une expérience plus viscérale. On ressent notre peine, parfois

notre douleur profonde, dans une série d’étapes successives qui porte le nom de deuil, et de

cela il nous est plus difficile de parler à table.

Mais au fond, toute représentation spirituelle, culturelle ou philosophique de la mort,

comme tout deuil, ou encore toute cérémonie orchestrée à l’occasion d’un décès, parlent

d’une même tentative d’intégrer quelque chose de cette perte qui nous renvoie sans cesse

à notre impuissance, à l’impermanence des choses, à la fragilité de notre propre existence.

Les Grandes Eaux traite avec humour de cette tentative, de ce qui résiste en nous lorsque

nous sommes placés devant notre condition de « mortels ». L’histoire de ces femmes

essayant de ressusciter un homme, qui constitue de fait une métaphore de la séparation

amoureuse, renforce la cocasserie du propos : il faut voir comme elles s’accaparent le

corps du défunt ! Sous la comédie délurée, une rivière souterraine charrie des questions

primitives et reflète notre posture arbitraire face à la mort…

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Prises de conscience

Nadine – Irène, je me permets de vous parler de façon très officielle. Cela va être difficile de me croire, mais selon ce manuel scientifique, il semblerait que Patrick puisse ressusciter.

J’ai commencé à travailler sur Les Grandes Eaux en rêvant des personnages féminins

hauts en couleur. La question du deuil s’est imposée plus tard, d’elle-même. Je l’ai saisie

immédiatement. Ce qui m’a alors intéressée est de confronter mes personnages au

vacarme de leur souffrance. Elle générait chez ces femmes une telle énergie !

Plus tard encore, en travaillant la fin de la pièce, j’ai réalisé combien la vie est faite de

pertes successives, et qu’aussi étrange que cela puisse paraître, consentir à l’idée de cette

perte nous rend foncièrement vivant.

Plus les prises de conscience sont tardives, plus elles sont précieuses, parce qu’elles me

renseignent sur ce qui résiste en moi dans l’exercice de l’écriture et sera comme toujours

le plus fort de l’œuvre. La comédie n’échappe pas à cette règle. Au contraire l’humour, dans

mon écriture, vient se coller aux endroits sensibles.

Dans ce travail, je pense beaucoup aux spectateurs, à la cathartique du théâtre. Mon vœu

le plus cher, mais aussi le plus ambitieux, serait d’emmener le public entre rires et larmes.

Carole – Vous savez, Irène, j’en ai bavé. Comme un escargot.

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Une pièce de femmes ?

On ne manquera pas de me demander si Les Grandes Eaux est « une pièce de

femmes » …

À cette question, qui en dit long sur cette réalité qui consiste à regarder les femmes

comme une minorité alors qu’elles représentent la moitié de l’humanité, et que les

productions qui distribuent une majorité écrasante d’hommes ne soulèvent jamais de

questions de genre, je dirais qu’il me tient à cœur de montrer des personnages

féminins dans leur archaïsme instinctif, car, dans l’immense majorité des spectacles que

nous voyons, cette réalité est cruellement absente. Je dirais aussi que, ne pouvant

échapper au regard que l’on continue de porter sur les femmes, je suis consciente que

la proportion de ces personnages féminins procure une sensation « de communauté »,

crée du sens, et raconte quelque chose des rapports homme - femme, ce avec quoi je

jouerai évidemment.

Je répondrais enfin que pour autant, les thèmes soulevés par cette histoire de

résurrection ne sont pas plus spécifiques aux femmes qu’ils ne seraient réservés aux

hommes.

Notre rapport au pouvoir et au territoire

Notre rapport au désir

Notre rapport à notre propre violence…

Irène – J’ai fait l’amour avec un autrichien, Konrad Kafmüller, et bien, je n’ai pas aimé. Et une autre fois, avec un anglais, Bill Baker. Et bien, je n’ai pas aimé non plus. Et avec Patrick ça ne me dit rien.

Anna Nozière, le 1er novembre 2015

Générique

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L’équipe :

Texte et mise en scène Anna Nozière

Scénographie Alban Ho Van assisté de Ingrid Pettigrew

Son Loïc Lachaize

Lumière Elsa Revol

Costumes Cécile Léna

Conseil artistique Patrick Haggiag

Régie générale Gilles Müller

Administration et production Karine Branchelot et Laura Aknin

Les acteurs :

Diane Regneault

Claude Guyonnet

Ana Karina Lombardi

Fabrice Gaillard

Kristel Largis Diaz

Sofia Hisborn

Flore Taguiev

Production : La Polka - Compagnie Anna Nozière, subventionnée par la DRAC Aquitaine –

Ministère de la Culture, la Ville de Bordeaux, le Conseil Régional d’Aquitaine.

Coproduction : Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, l’OARA - Office Artistique pour la Région Aquitaine, Dieppe - Scène nationale, Les Quinconces - l’Espal du Mans, Avec le soutien du Canal - Théâtre du Pays de Redon - scène conventionnée pour le Théâtre. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National. Avec l’aide des Tréteaux de France à Pantin, et de La Fabrique des Arts à Malakoff.

Anna Nozière sera artiste associée à la Scène nationale de Dieppe à partir de 2016-2017

pour deux saisons.

Elle a reçu pour Les Grandes Eaux la bourse d’écriture dramatique de l’Oara.

Planning de création

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> Répétitions

du 25 au 30 janvier 2016, Les Tréteaux de France à Pantin

du 7 au 29 mars 2016, La Fabrique des Arts à Malakoff

du 2 au 23 mai 2016 au Canal, Scène conventionnée du Pays de Redon

> En avant première

les 23 et 24 mai 2016, au Canal, Scène conventionnée du Pays de Redon

> Création

du 11 au 15 octobre, au TnBA, dans la cadre du Festival international des Arts de Bordeaux

métropole

> Tournée 2016-17 et 2017-18

Véronique – Le temps passe vite vous savez… Moi j’ai une cousine, Armande, qui a voulu se repasser la peau à cause des plis… Ce n’est pas évident, sur soi… pourtant elle travaillait dans un pressing… mais elle s’est brûlée. Rose – La pauvre ! Véronique – C’était encore plus moche, c’est surtout ça ! Elle avait la trace du fer sur la joue…

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Biographies

Anna Nozière

Un parcours singulier

Anna Nozière commence le théâtre à 13 ans dans un village limousin de 800 habitants. Des tréteaux, une bétaillère transformée en coulisses, des phares de voitures soudés à d’énormes boîtes de conserve en guise de projecteurs (que manipulent en direct des techniciens assis sur des chaises d’arbitre de tennis, avec des gants de cuisine pour se protéger de la chaleur!), une console d’éclairage fabriquée avec un programmateur de lave-linge et des boutons-poussoirs de vieilles Citroën... sont la marque de fabrique de sa troupe d’adolescents. Vingt ans de théâtre amateur plus tard, elle se consacre à l’écriture de LES FIDELES, Histoire d’Annie Rozier, un texte à la fois burlesque et intime, point de départ d’une production ambitieuse (pièce pour 10 personnages) qu’elle passera plus de trois ans à défendre auprès d’un réseau professionnel qu’elle ne connaît pas. Lauréate de l’aide à la création du CNT, du soutien de la SACD à l’auteur, et publiée aux Solitaires Intempestifs, elle parvient finalement à convaincre et passe des tréteaux du village au Théâtre national de Bordeaux en octobre 2010. Le spectacle est sélectionné par la charte ONDA et le festival Impatience (Odéon – Théâtre de l’Europe). Il part en tournée jusqu’au printemps 2012. En septembre 2012, au Théâtre national de La Colline, Anna Nozière créé LA PETITE, qu'elle écrit au plateau, et au fur et à mesure des représentations. Un spectacle controversé à sa sortie, qui trouve son souffle et amènera toute l’équipe à conduire des débats passionnants avec le public lors d’une très heureuse tournée. Une expérience fondatrice pour la troupe. Le texte de LA PETITE est lauréat de l'Aide à l'Écriture du CNT, de la bourse du CNL, et de la bourse d'écriture dramatique de l'OARA. A l'issue de cette tournée, la nouvelle équipe du Centre dramatique national de Sartrouville propose à Anna Nozière d’écrire et de mettre en scène « une petite forme tout-public à partir de 6 ans, à jouer dans un carré de 4 mètres sur 4, qui doit se monter en 2 heures et rentrer dans le coffre d’une Kangoo ». Ce sera JOSEPHINE (LES ENFANTS PUNIS), créé en janvier 2014 dans le cadre de la biennale Odyssées, et qui tourne encore aujourd’hui. Le texte est publié chez Actes Sud, collection Héyoka (illustrations Marie Saarbach). Les Fidèles, La Petite et Joséphine forment un triptyque sur l'enfant et la famille. Dans le cadre de la formation continue, Anna Nozière intègre sur concours la promotion de scénaristes 2014 de la FÉMIS, et obtient son diplôme d’Etat de scénariste en avril 2015. À partir d’octobre 2016, elle sera artiste associée à la Scène nationale de Dieppe. Alban Ho Van (scénographie)

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Après avoir étudié aux Arts Décoratifs (graphisme culturel/édition) puis à l’école du TNS en section scénographie et costumes, deux écoles dont il est diplômé, Alban Ho Van se forme auprès de Chef Décorateurs au cinéma sur les films de Christophe Honoré, Léos Carax, Philippe Claudel… Il réalise la scénographie de Funérailles d'hiver (Hanokh Levin) et de Purgatoire à Ingolstadt (Marie Louise Fleisser), mise en scène de Maëlle Poésy, de Nouveau Roman texte et mise en scène de Christophe Honoré, avec lequel travaille également à l’Opéra, pour Dialogues des Carmélites (Poulenc/Bernanos). Il collabore enfin avec Galin Stoev, pour Liliom (Ferenc Molnar) et Tartuffe (Molière)… des spectacles créés à la Comédie Française, à La Colline, au Festival d’art lyrique d’Aix en Provence, ou encore au Festival In d’Avignon. Loïc Lachaize (son) Ingénieur du son, Loïc Lachaize a fait ses armes avec Bernard Lubat de 1999 à 2007, accompagnant spectacles et enregistrements. De cette collaboration naissent différents disques dont Improvista avec Michel Portal, et de nombreux concerts. Se réclamant non-spécialiste, Loïc Lachaize pratique en artisan les métiers de preneur de son, monteur, mixeur ou créateur. Il travaille notamment pour Pascal Couvert ou Régine Chopinot, pour des oeuvres vivantes et écrites. Il réalise le disque Esquiç de Christian Vieussens, lauréat du Prix Charles Cros en 2010. Il collabore étroitement au travail de recherche d’Anna Nozière. Il a créé le son de tous ses spectacles.

Elsa Revol (lumière) Après des études scientifiques, Elsa Revol entre à l’ENSATT en section lumière. Parallèlement, elle se forme auprès d’André Diot en suivant plusieurs de ses créations lumières de théâtre ou d’opéras. En 2007, Elsa rejoint le Théâtre du Soleil pour la régie lumière de la tournée internationale du spectacle « Les Éphémères ». Par la suite, elle conçoit la nouvelle installation électrique des différentes nefs de La Cartoucherie, avec des choix technologiques permettant une plus grande souplesse pour la création. En 2010, pour Ariane Mnouchkine, elle crée les lumières des « Naufragés du Fol Espoir ». Et récemment, « Macbeth », la dernière création du Théâtre du Soleil. De 2011 à 2014, elle réalise trois créations lumière pour la Comédie-Française, « Le Jeu de l’amour et du Hasard » et « Tartuffe » mis en scène par Galin Stoev ainsi qu’ « Othello » mis en scène par Léonie Simaga. Dès 2009, Elsa développe une réflexion autour de l’éclairage de spectacle de magie nouvelle et intervient au CNAC à ce sujet. Elle éclaire les deux spectacles d’Etienne Saglio, « Le soir des Monstres » et « Les Limbes ». Elle travaille aussi en étroite collaboration avec la compagnie 14:20, qui lui permet de rencontrer Aragorn Boulanger, avec qui elle partage sa recherche, pour la création lumière de « Swan LacK ». Cécile Léna (costumes)

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Diplômée du Théâtre National de Strasbourg, Cécile Léna conjugue ses activités de scénographe, costumière, plasticienne et dessinatrice. Ses « maquettes vivantes », tournent partout en France depuis 2009. Elle a travaillé à la scénographie et/ou aux costumes des spectacles pour des metteurs en scène comme Betty Heurtebise, François Duval, Stéphane Guignard, Patrick Ellouz, Nabil El Azan, Thibault Lebert, Anton Kouznetsov, Philippe Delaigue, Géraldine Bénichou, Jean-Marie Machado, Brigitte Jacque-Wajeman, Jean-Claude Bolle-Reddat, Michel Deutsch, Christian Germain, Catherine Marnas, et pour l’Opéra de Bordeaux. Elle a été l’assistante d’Emmanuel Peduzzi, Mine Baral-Vergez et d’Antoine Devaux sur des spectacles de Jacques Lassalle, Jean-Luc Révol, Michel Raskine. Elle a illustré des ouvrages chez divers éditeurs, comme Ciel ! Mon étoile (P. Léna et M. Serres) et Le joli petit monde d’hubert Rives (H. Rives). Elle collabore avec Anna Nozière depuis 2010.

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Presse

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http://lestroiscoups.blog.lemonde.fr/2010/12/18/ « -les-fideles-histoire-dannie-rozier »-danna-noziere-critique-de-lena-martinelli-theatre-de-sartrouville-et-des-yvelines/

Samedi 18 décembre 2010

« Les Fidèles, histoire d’Annie Rozier », d’Anna Nozière (critique de Léna M artinelli), Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

Le Chemin de croix d’Annie Rozier Pour traiter du dr am e de l’enfance abîm ée, Anna Rozièr e convoque les figures fam iliales. « Les Fidèles », com édie noire m enée tam bour battant par une troupe de

talent, est jubilatoire. Des per sonnages déjantés, un texte décalé, une m ise en scène enjouée à voir seul… ou en fam ille !

© J.-M. Lobbé

Des cadavres dans les placards, une grand-mère empaillée, « des morts froids comme des culs de nonnes » mais qui ressuscitent ! Non, il ne s’agit pas d’un film fantastique. Juste d’un cauchemar que fait Annie Rozier, dont les Fidèles raconte l’histoire depuis sa naissance.

La similitude entre les noms (Anna Rozière-Annie Rozier) laisse à penser que des éléments biographiques ont nourri cette pièce. Toujours est-il que le personnage principal convoque les figures de son passé, règle ses comptes, démonte la mécanique de sa famille frappée par la malédiction. À moins que celle-ci ne soit tout bonnement dérangée ! Entre un grand-père qui n’en finit pas d’agoniser, une grand-mère gâteuse, une mère hystérique, un oncle pervers, une sœur autiste et véritable souffre-douleur, les pathologies sont plutôt sévères !

Et les racines de cet arbre généalogique sont profondes. Les maladies, la folie, l’inceste remontent à loin. Parmi les cadeaux de baptême que reçoit Annie Rozier, dernier chaînon

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de cette lignée : Petit Jacques, bébé momifié, un mort-né qu’on se refile de génération en génération ; le portrait d’un aïeul atteint de la gangrène et sa jambe de bois ; des gamelles pour faire mijoter de bons poisons. Car dans cette famille-là, on ne se transmet que le pire !

Le poids de l’hér itage familial et de la religion L’angoisse chevillée au corps, des visions terrifiantes, un récit au plus près des épreuves… C’est l’introspection qui permet à cette frêle jeune femme de grandir : « Regarder en face. / Les yeux de ta mémoire ». Alors, comment gripper cet engrenage infernal ? Comment conjurer le sort ? En accomplissant son chemin de croix ?

Pour exorciser ses démons intérieurs, Anna Nozière semble privilégier la démarche psychanalytique à celle religieuse. Alors que la cérémonie catholique qui commémore la passion du Christ comporte 14 tableaux, l’auteur achève sa pièce sur la scène xiii. Fi de ces « sornettes et galimatias » ! La tête hors de son « édredon de chrysanthèmes », Annie Rozier se lève pour ne pas finir morte, elle aussi, et regarde le ciel. En somme, la lumière plutôt que l’obscurantisme. Du coup, cela empeste l’encens dans le spectacle.

Si la petite parvient à s’en sortir, c’est par refus d’être « fidèle » aux ancêtres, aux croyances et aux superstitions. Ce sont les mots qui l’aident à s’élever, ces mots terribles qui affirment la personnalité, des mots d’abord chuchotés, puis articulés de plus en plus fort. Le premier monologue évoque le Cr i de Munch. Les suivants, tous portés par un souffle poétique, sont autant de respirations entre les scènes chorales, brèves et trépidantes. Libérée, la parole se charge de symboles pour mieux se délester de toute la cruauté de l’existence. Loup pris au piège de chasseurs inhumains, Annie Rozier finit couronnée par un aigle royal.

Osm ose r éussie entr e tr ivial et bur lesque Mot à mot, pas à pas, la jeune femme trace son chemin. Comme un fil tendu vers le public, sa parole met en mouvement les souvenirs de l’enfance et vivifie cet espace cerné de fantômes. Des pans entiers de son histoire se rejouent sur scène, espace mental, ventre matriciel, où elle se débat. Fantasmes, rêves, des images puissantes surgissent du fond de la mémoire. Quand la boîte de Pandore s’ouvre, ça cogne fort, ça jouit, ça fuse. Désirs et pulsions refoulées s’entrechoquent joyeusement. On rit jaune car c’est féroce. Rien de plombant dans ce spectacle sur le poids de l’héritage familial. Au contraire, beaucoup de légèreté, grâce à une imagination débridée, un traitement sans une once de naturalisme, sans pathos ni psychologie.

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On pense à Mouawad pour la quête identitaire, à Ionesco pour l’absurdité des dialogues, à Pommerat pour l’onirisme, à Kantor aussi pour ce théâtre de la mort ritualisé, à Buñuel, enfin, pour les bondieuseries et le surréalisme. Mais Anna Rozière est un vrai auteur, avec un univers singulier, une langue originale, un style qui lui est propre. C’est un nom à retenir. Le Théâtre de Sartrouville a eu raison de soutenir l’ambitieux projet de cette jeune artiste à l’étonnante maturité (même si elle travaille déjà depuis une vingtaine d’années !).

Truffé de détails cocasses et de répliques qui font mouche, le texte est aussi remarquablement mis en scène. Faisant cohabiter l’effroyable et le rire, Anna Nozière a trouvé le juste équilibre pour traiter de ce délicat sujet. L’humour, l’expressionnisme à l’œuvre, exploités par de nombreuses trouvailles scéniques, apportent le recul nécessaire pour transcender la violence. On sort de là davantage sonné qu’ému, mais c’est délibéré. Et cela n’est pas plus mal, car, parfois, il vaut mieux en rire !

Conçu comme un vaudeville, le spectacle est mené tambour battant. La direction d’acteurs restitue le rythme très musical du texte, tout en rupture et assonances. Les comédiens qui composent cette galerie de personnages grotesques s’amusent comme des fous. Virginie Colemyn, qui endosse le rôle important de la mère, est époustouflante de bout en bout. Elle suinte la folie par tous les pores de sa peau. L’actrice porte ce personnage qui prend la vie, en même temps qu’elle la donne, jusque dans sa voix et dans sa chair. Engagée, elle se livre corps et âme sans aucune inhibition. C’est un véritable monstre de scène.

Vivant – vital même – les Fidèles transmet, par son énergie et sa puissance, une bouffée d’oxygène qui peut aider à briser les chaînes familiales, pour nouer des liens dans un chemin de vie librement tracé. ¶

Léna M ar tinelli - Les Trois Coups

Les Fidèles, histoir e d’Annie Rozier , d’Anna Nozière Publication aux éditions Les Solitaires intempestifs, novembre 2009 Compagnie Anna-Nozière Avec : Catherine Bœuf, Virginie Colemyn, Fabrice Gaillard, Camille Garcia, Martial Jacques, Julie Lesgages, Marina Moncade, Pascal Thétard Assistante à la mise en scène : Geneviève Thomas Collaboration artistique : Denis Loubaton Scénographie : Cécile Léna Lumière : Antonin Liège Son : Loïc Lachaise Costumes : Cécile Léna et Patricia de Petitville Musique : Julie Läderach et Soslan Cavadore Fabrication de « Petit Jacques » : Stéphanie Dumont et Cécile Venier-Alla Théâtre de Sartrouville et des Yvelines–CDN • place Jacques-Brel • 78500 Sartrouville www.theatre-sartrouville.com Réservations : 01 30 86 77 79 ou [email protected] Du 7 au 11 décembre 2010 à 21 heures, sauf jeudi à 19 h 30 Navette gratuite aller-retour depuis Paris : Charles-de-Gaulle - Étoile (réservation indispensable) Durée : 1 h 20 26 ! | 17 ! | 13 ! | 8 ! Autour du spectacle : Les dialogues de Sartrouville : « Théâtre, de l’intime à la résilience collective », rencontre animée par Sophie Joubert, journaliste Samedi 11 décembre 2010 à 17 h 30, entrée libre Tour née : – Du 18 au 22 janvier 2011, Comédie de Reims-CDN (51), 03 26 48 49 00

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Explosif et jubilatoire

Un port rait de fam ille sulfureux

Plongée cauchemardesque à travers les névroses et les perversions de la

famille Rozier, Les Fidèles - Histoire d’Annie Rozier nous immerge dans un

univers de pure jubilation : un carnaval de saynettes toutes plus jouissives les unes que les autres où l’humour et l’effroi se partagent la vedette. Entre

le grand-guignol et la comédie macabre, la pièce trace le portrait sulfureux

d’une famille au bord de l’implosion : une maman sadique, un papa vicieux,

un oncle pervers, un curé alcoolique, une bonne soeur légère, un grand-père invisible, une grand-mère empaillée, un mort-né momifié, une

orpheline maltraitée ... Et seule parmi le dédale des "fidèles", une jeune

enfant rebelle, Annie, dernier chaînon de la lignée maudite des Rozier,

instrument malgré elle d’un passé qui ne passe pas, et contre lequel elle

tente de se révolter. C’est son histoire, l’histoire de sa rébellion, jusqu’au dénouement tragique de son destin sacrifié, que Les Fidèles raconte.

Un passé qui ne passe pas

Les "Fidèles", ce sont "des gens attachés par leur fidélité à la religion, à

leurs croyances, à la famille, aux injonctions de la lignée" explique Anna Nozière, ce sont ceux-là aussi qui, esclaves de leur névrose, sont

condamnés à la répétition sans fin d’un passé qui ne passe pas et fait sans

cesse retour. Ici, les cadavres sortent du placards et les vivants célèbrent le

souvenir impérissables des morts qui les précèdent. Des morts qui n’en finissent pas de mourir et des vivants qui ne finissent pas d’en perpétuer la

mort éternelle. Sur l’écheveau des névroses de la famille Rozier, le passé

s’entremêle au présent et tisse le cauchemar à la réalité. Variation sur le

motif de l’engrenage et du cercle, la mise en scène exploite avec brio toutes les dimensions du texte et des mots, de l’espace et des corps, pour

donner à voir ce mécanisme de répétition auquel ne cessent d’obéir les

personnages des Fidèles.

Les Fidèles

Histoire d ’Annie Rozier

Dans Les Fidè les- Histoire d ’Annie Rozier,

Anna Nozière m et en scène la fam ille, qu ’e lle

raconte dans une suite de scènes brèves,

absurdes et cauchem ardesques. Un pur

m om ent de jubilat ion à vivre au CDN de

Sart rouville.

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Sexe, m ort et refoulem ent

Habilement mis en valeur par une scénographie tout à la fois sobre et

efficace, le plateau central articule un espace caché, situé au fond de la

scène, lequel s’ouvre et se referme pour laisser place aux cadavres et aux fantasmes qui surgissent du passé. Véritable placard des secrets, cet

espace reculé d’où sortent des mystères enfouis évoque aussi la structure

psychanalytique du refoulement. Les thèmes du sexe et de la mort, dont la

présence obsessionnelle traverse l’ensemble de la pièce, donnent sens à cet

espace caché qui formalise l’asservissement des "fidèles" à leurs désirs et pulsions refoulées.

Une t roupe talentueuse

Enfin, on ne peut parler des Fidèles sans saluer l’épatante prestation des

comédiens de la troupe. Une troupe solide et très équilibrée. Le jeu, d’une incroyable vérité rend à leur humanité et à leur profondeur des

personnages pourtant bouffons et souvent haïssables. On ressort ému et

sonné à la fois, un cocktail d’émotions dont on garde longtemps le souvenir

enivrant. En somme, du grand, du très grand théâtre.

Lesouffleur.net le 11/12/2010

Auteur : Lucie Beraha

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La petite, Anna Nozière joue dans la cour des grands

Au Théâtre de la Colline, tout en haut dans le petit théâtre se donne La petite qui n'est pas pour

autant un petit spectacle. Anna Nozière, déjà repérée au feu Festival Impatience en 2011 pour

Les Fidèles revient avec une drôle d'histoire d'héritage glaciale.

Cela commence par la fin, par une fin. Par des saluts en tout cas, à la façon dont Yves-Noël

Genod les utilisent : comme un geste spectaculaire. L'action sera théâtrale en tout point. Il y ades entrées et des sorties et une action qui se répète. La voici. Jennifer est "la petite", celle dontla naissance est tragique. Sa mère comédienne est morte encouches, après une représentation. La survivante ne s'en remet pas, habitée par le fantôme deson crime. Pour réparer, elle joue, et à son tour elle est enceinte. Voilà que le fœtus est bloqué

dans sa croissance, en bonne santé mais refusant de sortir. La pièce devient un succès, lepublic se presse pour voir le phénomène de foire.

Anna Nozière cherche à imiter, et elle le fait bien. De Pina Bausch, elle prend les danses avecla mort de 1980, pour tout le reste, c'est Joel Pommerat by the book. Au début de la pièce, noussommes dans du plagiat. La voix off, superbe de Catherine Hiegel, le kitsch glauque d'unanimateur, et surtout, la lumière glaciale en clair-obscur. Ensuite, elle choisit de grandir ets'émancipe. Plus le vrai spectacle avance plus elle impose son propre style, singeant les débats

qui interviennent comme un gimmick dans beaucoup de pièces en ce moment. On pensenotamment à Nouveau Roman où au cœur de la nuit, la lumière se rallumait et Ludivine Sagnieren Nathalie Saraute passait le micro. Ici, ils s'amusent des codes, ne nous donnant pas accès

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aux questions, seuls leurs visages trahissent et nous informent.

Il faut dire qu'ils sont bons ces comédiens. Ils imposent le trouble en nous promenant du rêve à

la scène, de la scène à l'hôpital, de la scène à la vie. On ne sait jamais, cela peutfortement énerver, ennuyer, ou au contraire, et cela est notre avis, séduire. Anna Rozière

convoque les morts et les vivants ensembles, ce n'est pas nouveau, mais c'est bien fait. Sondécor ingénieux fait d'un grand panneau laissant découvrir bientôt une morgue-pour-de-faux, unvrai lit et quelques chaises est totalement empoigné par la troupe, la virtuelle et la réelle.

La question du théâtre dans le théâtre, véritable tendance 2012, on pense à La Mouette mis enscène par Arthur Nauziciel et à Six Personnages en quête d'auteur se jouant actuellementdans la grande salle de la Colline, est ici au cœur du sujet puisque la petite vit dans le théâtre,

elle ne peut pas quitter sa fiction, puisque dans sa fiction, ses parents sont vivants. Plus loin,on saisit l'insoluble bizarrerie qui consiste à se donner à voir sur un plateau, à se mettre nu.

La petite ne glisse jamais dans l’hystérie, restant calme face à la folie pure, on aime ouon déteste ce spectacle qui vient remuer des questionnements existentiels et éternels.

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Un moment d’enchantement… Théatre du Blog

Joséphine (Les Enfants punis), d’Anna Nozière. Cette histoire m’est arrivée il y a longtemps. Si je ne l’ai jamais racontée, c’est que personne ne m’aurait crue. Je m’en souviens très bien pourtant : j’avais sept ans, et mon père venait de me punir. » La fillette se réfugie dans le grenier où elle découvre d’autres enfants et un placard derrière lequel ils aperçoivent la mer. Joséphine et ses amis prennent le bateau qui les mène sur une île où vivent cerf, biche, oiseaux, cheval, chèvre …. Ces animaux-là rassurent, écoutent les enfants et ne donnent pas de punition. Mais

pourtant on dirait bien qu’ils ressemblent étrangement aux parents de ces petits chenapans : « Tous on observait nos parents … Ils étaient presque humains, mais encore animaux. Maladroits en vêtements de ville, ou nus, sans habits ni fourrure… Ils gesticulaient sous la lune, ils avaient tant de choses à dire ! Il y avait des rires, de la joie. » Finalement, tout ne va pas si mal puisque la gaieté et le bonheur de vivre retrouvent leurs droits dans une enfance au cours chaotique. C’est la brillante Sarajeanne Drillaud qui incarne les malheurs de cette satanée Joséphine. De l’énergie à revendre et une envie de mordre la vie à pleines dents, elle porte des petites oreilles d’âne, peut-être dues à l’ascendance paternelle, et de longues couettes de cheveux châtains, un T-shirt et un bermuda classique, avec de petites socquettes noires. Sans oublier des genouillères car la vie n’est pas un long fleuve tranquille mais un torrent de saccades précipitées. Toute la malice et les possibilités de facéties de l’enfance sont recelées dans ce corps joueur et têtu. La comédienne court, s’assied, danse, grimpe au mât de son bateau en toute liberté : elle donne prise entière à l’esprit d’enfance – naïveté et cruauté dans les jugements et les points de vue. L’imaginaire de la petite fille est aussi vorace qu’inépuisable, et les images et les inventions visionnaires et colorées se succèdent sans se lasser. L’actrice joue tous les rôles, Joséphine bien sûr, mais aussi son père et les autres parents, la Grande Fille, Colette, Gaëtan, les autres enfants, le cheval, le grand cerf brun, la chèvre blanche, l’âne, la cochonne rose et les autres animaux. La parole enfantine n’a ni limite ni de barrière : les mondes oniriques se construisent et disparaissent à ses yeux à une vitesse vertigineuse. Sauts, bonds et rebonds, toute fatigue est bafouée : la petite fille part à l’assaut d’une existence pleine et juste, sans châtiments immérités. L’expérience est époustouflante, et la comédienne aguerrie danse sur la scène et s’enivre de paroles. Un moment d’enchantement provoqué par ce retour à un passé douloureux peut-être, mais attachant, qu’on croyait oublié. Nous sommes tous un peu Joséphine.

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Véronique Hotte