les installations classées

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LES INSTALLATIONS CLASSÉES Jeanne-Marie Wailly De Boeck Supérieur | Innovations 2003/2 - no 18 pages 167 à 177 ISSN 1267-4982 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-innovations-2003-2-page-167.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Wailly Jeanne-Marie, « Les installations classées », Innovations, 2003/2 no 18, p. 167-177. DOI : 10.3917/inno.018.0167 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - National Chung Hsing University - - 140.120.135.222 - 13/04/2014 03h34. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - National Chung Hsing University - - 140.120.135.222 - 13/04/2014 03h34. © De Boeck Supérieur

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LES INSTALLATIONS CLASSÉES Jeanne-Marie Wailly De Boeck Supérieur | Innovations 2003/2 - no 18pages 167 à 177

ISSN 1267-4982

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-innovations-2003-2-page-167.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Wailly Jeanne-Marie, « Les installations classées  »,

Innovations, 2003/2 no 18, p. 167-177. DOI : 10.3917/inno.018.0167

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Innovations, Cahiers d'économie de l'innovation n°18, 2003-2, pp.167-177.

RÈGLES – NORMES

Les installations classées

Jeanne-Marie WAILLY Laboratoire Redéploiement Industriel et Innovation

Université du Littoral Côte d'Opale La notion "d'installation classée" est familière aux indus-

triels, professionnels du droit de l'environnement, à ceux qui sont chargés de gérer et de contrôler les établissements con-cernés, mais encore aux salariés qui y travaillent ou aux riverains... Elle revêt d'une multitude de règles touchant à diffé-rents domaines même si c'est le secteur de l'industrie le plus concerné par cette notion. Le régime des installations classées n'en portait pas le nom lors de son apparition. Il s'agissait de la prévention des pollutions industrielles et elle est une des plus anciennes réglementations en matière de Droit de l'environ-nement1.

Véritable réglementation autonome dans le droit, ce régime composé de principes majeurs en est l'un des pans fondamen-taux. Il s'est étoffé et transformé tout au long du développement industriel et ceci jusqu'à nos jours. Le texte de référence en matière d'environnement industriel est "la loi relative aux installations classées pour la protection de l'environnement du 19 juillet 1976".

Quelles sont les installations classées ? Ce sont "des usines, des ateliers, des dépôts, des chantiers, des carrières, et de façon plus globale toutes installations exploitées et détenues par toute personne physique ou morale publique comme privée qui sont susceptibles de présenter des inconvénients, soit pour la com-modité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité et la salubri-té publiques, soit pour l'agriculture, soit pour la protection de la nature et de l'environnement, soit pour la conservation des sites

1 Cette réglementation date du XIXème siècle.

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ou des monuments"1. Notre propos se limitera au secteur indus-triel au sens large du terme, quelque soit son statut juridique en y incluant bien sûr le secteur agricole2. Cependant même limité, ce secteur reste vaste quant aux types d'entreprises qu'il faut englober et quant à la taille de celles-ci. Notons que les conséquences d'un accident dans une installation classée a des effets amplifiés au sens juridique et administratif de par son statut. L'accident comporte aussi en lui-même différents degrés, le plus élevé étant l'accident technologique majeur.

Les accidents technologiques majeurs, bien que liés au dé-veloppement économique ne sont pas pour autant considérés comme une fatalité. La maîtrise des risques essaie de les limiter au maximum. Ces accidents sont d'autant plus dramatiques qu'exceptionnels et difficilement prévisibles d'où leurs consé-quences sur l'environnement naturel et vivant ; conséquences psychologiques comme physiques lorsqu'ils touchent les êtres. Tous les secteurs d'activités sont concernés.

La première directive européenne SEVESO a d'ailleurs été motivée par l'accident du même nom survenu en 1976. Cepen-dant, de nombreux autres l'avaient précédés avant cette date, dans divers pays, d'importance et de conséquences variables. On peut citer à titre d'exemples3 : - Saint Amand les Eaux (France) 1973 (transport) - Flixborough (Grande-Bretagne) 1974 (transport) - Los Alfaques (Espagne) 1978 (transport) - Bhopal (Inde) 1984 (usine chimique) - Bâle (Suisse) 1985 (pollution du Rhin) - Toulouse - AZF (France) 2001 (pétrochimie)

D'autres édifices et textes juridiques permettent la pro-tection des sites dangereux et de leur environnement interne comme externe à l'entreprise. Ainsi, les règles du droit du tra-vail permettent de protéger le salarié et certaines autres déri-vent du régime des installations classées ou bien sont complé-mentaires comme : - les normes d'urbanisme - les textes spécifiques aux activités chimiques - les textes spécifiques aux activités nucléaires - les règles sur les organismes génétiquement modifiés - les règles touchant au stockage de produits dangereux - les règles supervisant les mines et carrières.

1 Art.L.511.1 du Code de l'Environnement. N.B. Les deux derniers éléments ne font pas directement partie de nos propos. 2 Qui douterait aujourd'hui que l'agriculture peut être une industrie. Citons seulement, à titre d'exemple dans la nomenclature des installations classées, les porcheries ou les poulaillers industriels. 3 Cette liste n'étant en aucun cas ni hiérarchique, ni exhaustive.

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L'étude des installations classées n'abordera ces notions que par ricochet à partir de l'étude principale. Trois parties per-mettront d'aborder ce thème : la première a pour objectif de présenter "les installations classées" au travers de leur appari-tion et de leur historique ; la deuxième permet d'approfondir le contenu des textes ainsi que de connaître le mécanisme d'au-torisation et de déclaration ; la troisième partie s'attache aux sanctions qui interviennent éventuellement après le contrôle. Avant tout, elle met en évidence le travail d'information et de conseil des inspecteurs.

PRESENTATION DES INSTALLATIONS CLASSEES

Notions fondamentales et historiques Différents textes sont venus créer puis enrichir le régime des

installations et ce pendant environ deux siècles afin d'abou-tir à une pièce maîtresse dans cet édifice : la loi du 19 juillet 1976 qui reste après maintes adaptations ou modifications la référence actuelle. L'origine des premières mesures protectrices sont anciennes. Avant la Révolution Industrielle, certaines réglementations existaient concernant les ateliers mais elles étaient ponctuelles et spartiates. En 1794, la poudrerie de Gre-nelle aux environs de Paris explose, faisant un millier de tués et de nombreux blessés. Des réactions s'ensuivirent, notamment une ordonnance du Préfet en 1806 qui prévoit "une visite préa-lable des lieux par des gens de l'art avant toute création de ma-nufactures".

Le décret du 15 octobre 1810 était relatif "aux manufactures et ateliers insalubres, incommodes ou dangereux". Son principe était que les établissements répertoriés comme étant soumis au décret devaient obtenir une autorisation préalable. Son but con-sistait à réduire les nuisances endurées par le voisinage. Ce fut principalement ce décret qui régît ce domaine pendant plus d'un siècle même si certaines propositions autres furent faites. La loi du 19 décembre 1917 s'applique "aux établissements dangereux, insalubres ou incommodes qu'ils soient industriels ou commerciaux". Notons qu'en sont exclus les entreprises agricoles.

Le contenu de cette loi renforce les sanctions mais crée une procédure de déclaration plus simple que l'autorisation pour certaines installations. Le système en est donc plus léger et souple. Les préfets étaient chargés des délivrances. Cette loi a donc été appliquée pendant soixante ans jusqu'en 1976 à la satisfaction des chefs d'entreprises mais au détriment parfois de

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la santé et de la sécurité. Ce sont d'ailleurs les manquements de cette loi qui ont conduits à la réforme.

La loi du 19 juillet 1976 vient étendre son champ d'action en incluant les entreprises publiques et agricoles. Par ailleurs, les sanctions sont renforcées. Cette loi réglemente les condi-tions d'ouverture, d'exploitation et de fermeture des entreprises industrielles et agricoles qui peuvent provoquer des nuisances du fait de leur présence ou de leur fonctionnement. De nombreux ajouts sont venus peu à peu étoffer cette loi qui s'est vue quasiment entièrement modifiée1. Les directives européen-nes "SEVESO" prises après la catastrophe du même nom2 ; la première en 1982 et la seconde en 1996 sont transposées en droit français par le canal de la législation sur les installations classées. Le Code de l'Environnement a intégré les textes législatifs dans ses articles L.511 à L.517.2.

Intérêt et particularités du concept

Pièce importante dans le puzzle consacré à la protection de

l'environnement et à la santé des hommes, le régime des installations classées n'est cependant pas le seul à poursuivre ce but. Il cohabite avec d'autres règles appartenant à d'autres do-maines3 ; mais l'ensemble se doit d'œuvrer en harmonie. Les installations industrielles sont notamment soumises aux régle-mentations concernant les déchets, le bruit, l'eau, la protection de l'air. Par ailleurs, de nombreux textes européens et interna-tionaux contribuent à renforcer un dispositif de plus en plus fourni.

On recense en 2002 en France environ 500 000 installations classées dont 63 000 sont soumises à autorisation. 900 sont classées SEVESO. L'intérêt de la réglementation n'est pas à prouver. La réglementation se justifie donc tout à fait même s'il n'est pas simple pour les industriels de toujours s'y conformer en raison notamment des coûts engendrés. D'autres au contraire y voient là un moyen de mettre en avant leur image de marque en faisant plus que ce qu'impose la loi.

REGLEMENTATION DES INSTALLATIONS CLASSEES

1 La loi 76-663 du 19 juillet 1976 a été notamment modifiée par la loi 92-646 du 13 juillet 1992. Notons que dès 1971, le régime des installations classées passait sous la tutelle du Ministère de l'Environnement récemment créé. 2 Le 10 juillet 1976, l'usine chimique ICMESA à SEVESO rejette dans l'atmosphère de la dioxine ; entraînant de nombreux effets néfastes à plus ou moins long terme. 3 Règles appartenant au droit de l'Environnement ou à d'autres droits natio-naux (droit du travail, droit civil, droit pénal, droit administratif,...) mais aussi européens.

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Les textes et la nomenclature

L'entreprise sera soumise ou non aux règles des installations

classées selon qu'elle apparaîtra ou non au sein d'une no-menclature régulièrement mise à jour1. Dans l'affirmative, elle se doit de se conformer à la police des installations classées qui veille à faire respecter :

- les règles applicables à l'implantation, le fonctionnement et l'utilisation du site ou des aménagements,

- les limites des rejets dans l'eau et dans l'air, - les consignes concernant le bruit, les déchets, - l'autosurveillance, - le contrôle des activités. La nomenclature inscrit dans ses listes les activités soumi-

ses à la réglementation. La première nomenclature est apparue au travers du décret du 20 mai 1953. Des remaniements de cette liste sont nécessaires. Celle-ci est divisée en deux parties : - la première regroupe les substances et les préparations, - la seconde regroupe les activités.

Pour que les activités d'une entreprise soient soumises à la loi, elles doivent être susceptibles de porter atteinte et d'être nuisibles aux intérêts suivants : commodité du voisinage, santé, sécurité, salubrité publique, agriculture, intérêts de la nature et de l'environnement, conservation des sites et des monuments2. Le décret fixant la nomenclature soumet donc les installations classées soit à autorisation, soit à déclaration suivant la gravité des dangers ou des inconvénients qu'est susceptible de provo-quer l'installation.

Les Etats européens décident de se doter d'une politique commune en ce qui concerne les risques industriels majeurs, ceci au travers des directives SEVESO. La première directive SEVESO du 24 juin 1982 demande aux Etats et aux entreprises des pays de relever certaines activités industrielles à risques. Elle leur demande aussi de prévoir les mesures afin d'y faire fa-ce. Plusieurs modifications ont eu lieu et la directive SEVESO 2 adoptée le 9 décembre 1996 vient la remplacer à partir du 3 février 1999.

SEVESO 2 concerne la maîtrise des dangers liés aux acci-dents majeurs. La prévention est renforcée en imposant l'intégration d'un système de gestion proportionné aux risques potentiels. D'autre part, l'information et la participation du public, des riverains et des employés sont renforcés. La directi-

1 Dernière mise à jour de la nomenclature effectuée le 30 avril 2002 (source INERIS : Institut National de l'Environnement industriel et des RISques). 2 Les deux derniers éléments ne faisant pas directement partie de notre étude.

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ve SEVESO renforce le dispositif de prévention des accidents majeurs et son intégration dans la législation française1 au sein des "installations classées" doit apporter des éléments supplé-mentaires dans la lutte contre leurs conséquences néfastes.

Le champ d'application de la directive est lui aussi élargi en supprimant la distinction faite entre l'activité de stockage et la mise en œuvre de substances dangereuses, en l'étendant aux installations manipulant ou stockant des explosifs. Elle couvre également plus d'infrastructures en parlant "d'établissements" sans se référer à une liste précise. Les études de danger du site doivent être désormais effectuées tous les cinq ans2. Quant aux plans d'urgence, ils doivent être réexaminés tous les trois ans après des tests. De plus, une coopération en sites voisins est demandée par la directive aux industriels. Celle-ci examine également les conséquences d'un accident partant d'une instal-lation sur une autre voisine. On y trouve incluse également la maîtrise de l'urbanisation autour des sites industriels à risques. L'information du public est également considérablement élargie (avis demandé lors de l'implantation, accès aux informations contenues dans les rapports, accès aux inventaires des substan-ces dangereuse, consultation lors de la mise en place des plans particuliers d'intervention ou P.P.I.).

L'autorisation ou la déclaration.

Dans la procédure de déclaration, le dossier est à déposer

auprès du préfet. Son contenu doit être détaillé avec notamment la description précise des activités futures ainsi que toute une série de cartes et de plans. Le coût du dossier d'autorisation réalisé par un cabinet extérieur est de environ 6000 à 7500 eu-ros. L'autorisation est accordée après enquête publique relative aux incidences éventuelles du projet sur les intérêts protégés par la loi. Par ailleurs, la consultation de diverses administra-tions et conseils sont prévus. Les étapes essentielles dans le processus d'autorisation sont :

- l'étude d'impact est réalisée au travers d'un document qui prévoit les effets concrets sur l'environnement de l'installation. Six rubriques sont prévues : analyse de l'endroit prévu pour l'implantation avant celle-ci ; analyse des effets sur l'environne-ment au sens large de l'installation ; motivations qui ont fait retenir le projet ; coût de la réduction des nuisances ; étude du devenir des déchets ; remise en état prévue des dommages ;

1 L'arrêté ministériel du 10 mai 2000 transpose la directive SEVESO 2 dans notre droit. 2 L'étude des dangers est prévue dans le régime des installations classées.

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- l'étude des risques d'accidents, de leurs conséquences ainsi que les mesures destinées à les réduire et les moyens de secours dont dispose l'exploitant ;

- une notice sur l'hygiène et la sécurité doit être annexée au dossier ;

- certaines installations doivent en plus présenter des garanties financières1 ;

- l'autorisation est délivrée par arrêté préfectoral2. Il précise notamment ce que devra respecter l'installation dans sa techni-cité comme dans son fonctionnement. Il en prévoit les contrô-les. Il limite les quantités de déchets, fixe les mesures de sécu-rité ;

- l'étude des dangers concernant les risques d'accidents peut avoir prévu l'obligation de réaliser un plan d'opération interne (P.O.I.) qui doit définir les points sensibles, les risques, les moyens d'intervention et les mesures à mettre en oeuvre. L'élaboration d'un plan particulier d'intervention (P.P.I.) peut aussi être demandé sous la responsabilité du préfet. Il impose aux entreprises les plus dangereuses d'assurer en cas d'accident la sauvegarde des populations et de l'environnement. Il doit prévoir l'information de la population, les actions sur les ré-seaux publics (ex. eau), les consignes d'action, les mesures d'urgence, les moyens d'intervention, le tout déterminé par un déclenchement sur trois niveaux selon le degré de gravité.

Il faut préciser que cet ensemble de règles qui accom-pagnent l'autorisation ne dispense en rien du respect de la réglementation générale qui s'appliquera à l'entreprise notam-ment les prescriptions générales selon l'activité données par arrêtés ministériels. C'est donc une obligation générale de ré-sultats qui semble s'imposer ici. La déclaration s'impose aux entreprises ne présentant pas de réels dangers. Elle se fait par la constitution d'un dossier contenant des prescriptions précises et des plans des sites. Son dépôt s'effectue auprès du préfet qui fournira au déposant les prescriptions applicables à son instal-lation. Ces prescriptions étant les mêmes pour les installations relevant d'une même rubrique dans la nomenclature.

L'installation classée, déclarée ou autorisée va vivre et donc inévitablement évoluer ou se transformer. Les prescriptions peuvent donc devenir obsolètes si l'entreprise s'avère moins dangereuse3 ou au contraire n'être plus assez sévères au regard de l'évolution. C'est pourquoi toute modification et/ou toute

1 Garanties financières destinées à prévenir et à "réparer" les conséquences d'un accident potentiel. 2 La procédure d'autorisation demande environ 12 à 18 mois. 3 Une évolution dans ce sens est rare ou alors souvent elle signe son déclin d'activité, ce qui n'est jamais souhaitable.

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extension entraînant des conséquences éventuelles sur l'envi-ronnement doivent être signalées au préfet. Celui-ci modifiera l'arrêté de déclaration ou d'autorisation mais pourra aussi de-mander à l'industriel de déposer un nouveau dossier.

Cependant, à tout moment, le préfet peut demander la four-niture d'informations complémentaires ou leur mise à jour. Il peut également demander la mise à jour des études et la réali-sation d'études complémentaires. Le préfet dispose donc d'un très large pouvoir d'appréciation. L'arrêt de l'exploitation d'une installation classée peut entraîner des nuisances plus ou moins graves notamment en ce qui concernent l'aspect du site et le sort des déchets. C'est pourquoi l'arrêté d'autorisation prévoit cette hypothèse.

L'Etat a aussi prévu l'institution de servitudes d'utilité publi-que en sa faveur dans un souci de sauvegarde et de protection. De plus, la fermeture d'une installation impose sa remise en l'état. Un décret du 20 mars 2000 exige que les conditions de celle-ci soient prévues dès l'étude d'impact. Elle s'étend égale-ment aux délocalisations de l'entreprise comme aux lieux de stockage de déchets.

SANCTION DES INSTALLATIONS CLASSEES

Le contrôle de l'inspecteur des installations classées Les inspecteurs des installations classées sont des fonction-

naires de l'Etat qui peuvent être techniciens, ingénieurs, mais aussi vétérinaires. Ils sont gérés par différents ministères selon leur spécificité. Ils ont en charge la surveillance des installa-tions présentant un risque d'accident ou d'agression chronique de l'environnement pour lequel elle s'avère être source de dangers et de nuisances. L'inspecteur des installations classées prend en charge les entreprises d'une certaine taille ou d'un cer-tain niveau de dangerosité ; les plus petites pouvant être "con-fiées" à la municipalité1. Ce sont bien sûr les sites "industriels"2 qui présentent les risques les plus importants. Les inspecteurs qui les supervisent dépendent des Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement (D.R.I.R.E.).

Le nombre d'inspecteurs est d'environ 1300 (800 postes à temps plein). Au cours de l'année 2000, ils ont effectué 30 000 visites, 4000 sanctions administratives ont été adressées au préfet et 1200 procès-verbaux transmis au parquet.

1 Le maire a un rôle de garant de la salubrité de sa commune. 2 Industriels ou assimilés de par leur taille ou leur dangerosité (ex. silo).

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Avant tout contrôle, les installations classées sont confiées à l'autosurveillance du chef d'entreprise. L'exploitant vérifie ses rejets avec les valeurs limites imposées. Par ailleurs, les inspec-teurs des installations classées ont un rôle de prévention en ver-tu notamment du "principe de précaution". Ils créent aussi les normes avec l'aide de l'exploitant dans le cadre du dépôt de dossier d'autorisation en prenant en compte tous les paramètres techniques et financiers. Ils interviennent au stade de l'enquête publique en expliquant et en informant. Les visites et les contrôles peuvent se faire sans prévenir mais l'intervention peut aussi avoir lieu sur plainte, ou à la suite d'un incident, d'un accident. Les inspecteurs peuvent lors de leurs visites consulter les mesures prises et ordonner des analyses et contrôles. Leurs visites entraînent donc des contraintes. Si l'exploitant ne les exécute pas, il s'expose à des sanctions administratives et pénales.

La répression et le contentieux des installations classées.

On doit distinguer les sanctions administratives des sanc-

tions pénales. Les deux respectent une procédure particulière et rigoureuse. Les sanctions administratives sont prises par le pré-fet. Auparavant, une mise en demeure a été adressée à l'ex-ploitant afin qu'il s'astreigne à respecter ce qu'on lui impose dans un temps déterminé. Cette mise en demeure a effet d'in-jonction. En cas de non-exécution de l'exploitant, le préfet peut ordonner une fermeture provisoire des installations en main-tenant le paiement du personnel. Le préfet peut aussi faire pro-céder à l'exécution des travaux, mais cette option est assez rare.

Les sanctions pénales sont peu utilisées et peu efficaces. Le non-respect d'un arrêté préfectoral est une simple contravention relevant du tribunal de police (ex. fonctionnement sans décla-ration, non-respect des prescriptions). Le tribunal correctionnel est compétent pour les délits. En cas de fonctionnement sans autorisation, le tribunal peut mettre l'exploitant sous astreinte pour l'obliger à s'exécuter.

Les peines prévues peuvent être importantes. Les juges ap-précieront en fonction des faits. Mais le fait que le non-respect d'un arrêté préfectoral ne soit qu'une contravention ne contri-bue pas à l'efficacité du système. L'administration préfère la né-gociation à la contrainte afin que l'exploitant régularise sa si-tuation. Cependant de nombreuses installations restent en si-tuation irrégulière malgré quelques centaines d'arrêtés de régu-larisation chaque année (726 en 1998). La police des instal-lations classées ne s'applique qu'au cadre de la nomenclature. Cependant, elle peut intervenir auprès des entreprises qui existaient avant le classement de leur activité et continuent à

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fonctionner, principalement lorsqu'il s'agit de faire cesser toute pollution.

Devant la particularité des installations classées, le con-tentieux l'est aussi. Ce dernier concerne surtout les délais de re-cours et les pouvoirs du juge. Ainsi, au-delà du délai normal de deux mois pour les demandeurs, celui-ci est porté à quatre ans pour les tiers (personnes publiques comme privées, physiques comme morales) à compter de la publication ou de l'affichage de l'acte attaqué. Ce délai pourra être prolongé de deux ans après la mise en service de l'installation. D'autre part le juge peut se substituer à l'administration en modifiant ou en ajoutant des règles à l'exploitant. Ces largesses accordées permettent une meilleure approche et une réparation éventuelle. Le but est d'être plus proche de l'entreprise et de ses usagers afin de résoudre au mieux tous les problèmes engendrés.

Le régime des installations classées a considérablement évo-lué. Un principe positif de meilleure prise en compte de l'envi-ronnement des industries y a largement contribué. Les éléments négatifs de pollution et nuisances les a renforcé1. Le principe de précaution est devenu un élément majeur permettant de ga-rantir les générations futures face aux risques de plus en plus disséminés et face à l'incertitude de la science quant aux consé-quences de certains événements. Ce principe de précaution est censé protéger les populations contre les risques inconnus ou incertains tout au moins en partie.

Qu'en est-il de la prise en compte des individus dans ce

système ? Au démarrage de la réglementation, la place de l'homme2 était celle de victime à protéger comme faisant partie du voisinage de l'entreprise. Peu à peu, il est devenu acteur à part entière. Dans la procédure, dès les études préalables à l'installation, son avis est retenu. L'enquête publique doit faire l'objet d'un affichage en mairie, sur les lieux concernés et d'un encart dans les journaux. En cours d'enquête, toute observation est prise en compté. A la fermeture de l'enquête, tout individu peut en prendre connaissance des conclusions du commissaire-enquêteur. L'arrêté d'autorisation fait l'objet d'un affichage sur les lieux et en mairie et d'une publication dans les journaux. La déclaration d'une installation classée fait aussi l'objet d'un affichage. Tout renseignement concernant la pollution et les

1 L'explosion d'AZF-Toulouse du 21 septembre 2001 ne fera que renforcer cet état d'esprit et il ressort de l'après crise des constatations majeures con-cernant la réglementation. 2 Notons que son statut et donc son rôle seront différents s'il est riverain, usager ou salarié de l'entreprise. Dans les deux derniers cas, le droit de la consommation et le droit du travail s'appliquent respectivement.

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rejets d'une installation classée peut être demandé aux services des Mines.

La protection des individus est prévue dans les plans d'ur-gence au travers des méthodes et moyens mis en oeuvre ainsi que les secours et les évacuations. De plus en plus d'associa-tions de riverains ou/et de défense de l'environnement se sont constituées. Elles peuvent bien sûr se porter partie civile ou dé-poser plainte dans le cadre d'un contentieux mais sont aussi partie prenante dès les négociations avec l'administration (no-tamment l'inspecteur des installations classées) et les parte-naires. ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES Ouvrages ABDELNALKI L., MUNDLER P., Economie de l'environnement, Hachette, 1997. CHARBONNEAU S., Droit des installations classées, Préventique, 2001. DESAIGUES B., BONNIEUX F., Economie de l'environnement, Dalloz , 1998. PRIEUR M., Droit de l'environnement, Dalloz , 2001. THIEFFRY P., Droit européen de l'environnement, Dalloz, 1998. Codes Code de l'Environnement, Dalloz, 2001 Articles DESWARTE S., Installations plus sévèrement classées, Préventique, 04/93. CHAVANNE-POUZYNIN L., Le pouvoir des installations classées en matiè-re pénale, Droit de l'environnement, 03/2000, n° 76. PRIEUR M., Le nouveau régime des installations classées, continuité ou changement, JCP, 1979.2928.

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