les nouvelles
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Les Nouvelles de
LâASSOCIATION JEAN CARMIGNAC
(Editions F.-X. de Guibert) 3 rue Jean-François Gerbillon, 75006 Paris [email protected]
www.abbe-carmignac.org
âLes Evangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute premiĂšre main.â J. Carmignac
n° 41 â mars 2009 ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Lâan passĂ©, nous avons eu la grande joie de pouvoir faire parvenir au Saint PĂšre, grĂące Ă la bienveillance dâune haute personnalitĂ© de lâEglise, et ce en mains propres, la belle thĂšse de Monsieur lâAbbĂ© Jean Carmignac sur le Notre PĂšre ainsi que le petit livre oĂč il rĂ©sumait son Ă©tude. Et vous serez certainement, comme nous, profondĂ©ment touchĂ©s de lire le mot quâil nous a fait adresser par la SecrĂ©tairerie dâEtat.
<< La Secrétairerie d'Etat vous exprime la gratitude de Sa Sainteté le Pape Benoßt XVI pour l'attention délicate que vous lui avez manifestée en lui faisant parvenir plusieurs ouvrages du PÚre Jean Carmignac dont votre association se propose de faire connaßtre les travaux.
Sensible à votre geste et encourageant l'approfondissement des études bibliques dans la légitime liberté de la recherche, le Pape confie tous les membres de l'Association à la Bienheureuse Vierge Marie et il leur accorde la Bénédiction apostolique, qu'il étend à leurs familles. >>
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Copyright © Association Jean Carmignac, Paris 2009.
1âŠBĂ©nĂ©diction apostolique de notre Saint PĂšre BenoĂźt XVI.
2âŠEditorial, « Sur mon chemin, ta Parole est lumiĂšre pour mes pas », par Francesca Gezzi Schjerbeck.
3âŠPrĂ©face donnĂ©e Ă lâĂ©dition italienne du livre Les Evangiles sont des reportages, par Marta Sordi.
5âŠIndices de la connaissance du Nouveau Testament chez les auteurs paĂŻens du 1er s. ap. J.-C., (VIIIĂšme partie), par Ilaria Ramelli.
7âŠDu nouveau Ă Santa Maria in via Lata, par Marie-Christine Ceruti.
9âŠHĂ©rode, les Mages et le Massacre des Innocents, par J.C. Olivier.
12..ïżœ. Les contre-vĂ©ritĂ©s dâune Heure de VĂ©ritĂ©, par lâabbĂ© Carmignac.
ïżœ. Du nouveau pour le Linceul de Turin, par Emanuela Marinelli.
13..En encart, photos prises dans les soubassements de lâĂ©glise Santa Maria in via Lata, Ă Rome.
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Editorial
Sur mon chemin ta Parole est lumiĂšre pour mes pas. (Ps. 119, 105). Dans lâOdyssĂ©e de la vie, notre acte de foi prend force et conscience dans la parole de Dieu ; câest Ă elle que nous demandons dâĂ©clairer notre chemin, dâĂȘtre le rĂ©confort de nos souffrances, la rĂ©ponse Ă nos doutes, la dĂ©cision dans nos hĂ©sitations, la rĂ©sistance Ă nos tentations, lâĂ©coute de nos repentirs, le pardon de nos pĂ©chĂ©s : combien de fois chacun de nous a-t-il feuilletĂ© les Ecritures et cherchĂ© dans cette lecture la rĂ©ponse Ă ses propres questions, Ă ses incertitudes, Ă ses angoisses, obĂ©issant Ă la voix qui nous dit, comme Ă Augustin : « tolle, lege » [« prends, lis »].
Cependant pour croire il faut connaĂźtre. La foi en effet jaillit et se nourrit de lâĂ©coute et de la mĂ©ditation de la parole du Christ : nous nous efforçons dâen vivre et nous cherchons Ă la transmettre - avec lâaide de la priĂšre. Je me souviens quâun frĂšre de la congrĂ©gation des Carmes dĂ©chaux nous conseillait de consacrer au moins une demi-heure par jour, dans le secret de notre chambre, Ă la lecture et Ă la mĂ©ditation des Ecritures : mĂȘme si le premier contact pouvait ĂȘtre marquĂ© de difficultĂ©s et dâincertitudes dans la comprĂ©hension, elles sont surmontĂ©es avec le temps grĂące Ă lâacquisition toujours plus grande de connaissances et lâapprofondissement de lâinterprĂ©tation, jusquâĂ devenir dĂ©sir insatiable de lâamour que Dieu nous a donnĂ©. En crise de valeurs nous cherchons aujourdâhui des confirmations sans cesse renouvelĂ©es qui soient capables dâilluminer notre acte de foi et de le reconfirmer chaque jour, et chaque jour avec des Ă©tats dâĂąme diffĂ©rents, dâĂ©lan, de peur, de doute, de joie immense et de plĂ©nitude de rĂ©confort. La rĂ©flexion de Saint GrĂ©goire le Grand : « Le long doute de Thomas mâa Ă©tĂ© plus utile que la foi immĂ©diate de la Madeleine », permet de retrouver un aspect toujours actuel de notre foi, qui vit non comme une eau morte, mais comme une eau vive qui a besoin dâĂȘtre nourrie quotidiennement, continuellement renouvelĂ©e, toujours re-confirmĂ©e. Dans notre cadre de vie toujours plus matĂ©rialiste et progressiste, essentiellement caractĂ©risĂ© par son aspect scientifique et technologique, des confirmations de lâhistoricitĂ© des Evangiles et de leur trĂšs grande proximitĂ© avec la vie de JĂ©sus, constituent, pour beaucoup dâentre nous croyants, un support rationnel Ă notre acte de foi qui se nourrit de la parole de Dieu incarnĂ© dans son Fils unique, de la vie et des enseignements duquel les auteurs des Evangiles ont Ă©tĂ© tĂ©moins.
Si bien que les confirmations de lâhistoricitĂ© de lâEvangile constituent pour nous un pilier de connaissance fondamental, historique et rationnel sur lequel pointer lâarc de notre foi,⊠Voyons par exemple Sainte ThĂ©rĂšse dâAvila qui relate avoir entendu dans une extase Dieu lui dire : « Tout le mal du monde dĂ©rive du fait que les vĂ©ritĂ©s de la Sainte Ecriture ne sont pas connues clairement ; de ce qui y est dit pas une virgule ne manquera de se rĂ©aliser. » Une fois approfondie la connaissance, croire devient tĂ©moigner de notre foi et la mettre en action en vivifiant lâamour que Dieu a pour chacun dâentre nous et quâĂ chacun Il demande Ă tout instant de notre vie, amour envers notre prochain et abandon confiant en Lui dans les moments dâangoisse et de douleur. VoilĂ pourquoi il est merveilleux de constater que les Ćuvres de bĂ©nĂ©volat les plus variĂ©es se multiplient qui apportent le sourire de lâamour et la fougue du secours dans les lieux les plus divers, et souvent reculĂ©s, de la terre.
Notre thĂ©ologie chrĂ©tienne se fonde essentiellement sur la parole de Dieu : dans le Nouveau Testament seul JĂ©sus Christ est lâunique et entiĂšre parole de Dieu (Jn 1, 14), et câest ce que je retrouve Ă©crit dans un extrait appropriĂ© Ă ces lignes, du texte dâun PĂšre dominicain, Elio Leonardi Von Kreuzemberg (in Parola, linguaggio e dialogo in prospettiva ermeneutico-ecumenica â Parole, langage et dialogue en perspective hermĂ©neutico-oecumĂ©nique ) : « il y a, infuses, dans la parole de Dieu tant dâefficacitĂ© et de puissance quâelles sont le soutien et la vigueur de lâEglise, et pour les enfants de lâEglise, la force de leur foi, la nourriture de leur Ăąme, la source pure et perpĂ©tuelle de vie spirituelle. »
Francesca Gezzi Schjerbeck Docteur Ăšs Lettres Classiques
Professeur de Lettres
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Le Professeur Marta Sordi
a donnĂ© cette prĂ©face Ă lâĂ©dition italienne du livre
« Les Evangiles sont des Reportages, nâen dĂ©plaise Ă certains »
A lâoccasion de la publication en italien* du livre de Madame Ceruti-Cendrier, Les Evangiles sont des Reportages, Madame Marta Sordi, Professeur Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© Catholique de Milan, qui en signe la prĂ©face, a eu la bontĂ© de nous autoriser Ă la reproduire ici. Vu lâimmense notoriĂ©tĂ© de ce chercheur en Italie, nous ne pouvons que nous en montrer reconnaissants.
Pour une spĂ©cialiste dâhistoire antique, grecque et romaine, comme moi, habituĂ©e Ă la mĂ©thode critique nĂ©e avec lâhistoriographie grecque et transmise depuis elle Ă lâhistoriographie moderne, les arguments des dĂ©mythisateurs des Evangiles apparaissent extrĂȘmement distants des critĂšres utilisĂ©s par les historiens qui, aujourdâhui, sâoccupent de la mĂȘme pĂ©riode de lâhistoire et, surtout, complĂštement dĂ©liĂ©s du fondement, pour nous absolument indispensable, des sources.
Aux critĂšres imposĂ©s par la philologie, par lâarchĂ©ologie, par des indices strictement historiques, les dĂ©mythisateurs prĂ©fĂšrent de prĂ©tendus critĂšres de principe, suggĂ©rĂ©s par des philosophies et idĂ©ologies reliĂ©es au rationalisme laĂŻciste de notre Ă©poque ; ils construisent sur les hypothĂšses souvent arbitraires de leurs propres prĂ©dĂ©cesseurs en les prĂ©sentant comme des certitudes dĂ©sormais dĂ©montrĂ©es ; ils oublient surtout que le monde mĂ©diterranĂ©en, au dĂ©but de notre Ăšre, faisait partie dâune civilisation unitaire dans laquelle le sens critique Ă©tait bien vivant et qui savait distinguer lâhistoire de la fable, de la parabole, du mythe, non seulement en GrĂšce ou Ă Rome, mais aussi en JudĂ©e. Marie-Christine Cendrier discute dans son volume, avec un bon sens critique et une rigueur scientifique non exempte de vives annotations caustiques, les thĂ©ories des dĂ©mythisateurs, rapportĂ©es avec dâamples citations, depuis les mĂ©thodes utilisĂ©es pour dater les Evangiles, Ă la crĂ©ation des logia, Ă lâidentification des genres littĂ©raires, au copiage prĂ©tendu de lâAncien Testament, Ă lâabsurde assimilation des textes Ă©vangĂ©liques avec ceux des Midrash hĂ©braĂŻques, Ă lâhistoire des formes et des rĂ©dactions successives avec ajouts, Ă lâĂ©limination des ProphĂ©ties sur le Christ et du Christ.
Luc dans son prologue montre clairement que le genre littĂ©raire des Evangiles est celui de lâHistoire et de la biographie historique, et il utilise sans hĂ©siter la terminologie de lâhistoriographie grecque scientifique, en rappelant lâenquĂȘte quâil a accomplie avec sens critique, auprĂšs de tĂ©moins oculaires. Lâimportance du tĂ©moignage de contemporains prĂ©sents aux Ă©vĂ©nements et bien informĂ©s sur eux avait Ă©tĂ© remarquĂ©e, du reste, par les apĂŽtres eux-mĂȘmes quand, aprĂšs lâAscension, ils avaient retenu nĂ©cessaire de complĂ©ter le nombre des douze, dâoĂč manquait Judas, par le tirage au sort dâun des disciples qui avait Ă©tĂ© avec eux depuis le BaptĂȘme de JĂ©sus jusquâĂ lâAscension (Actes 1, 22 et sqq.).
Revenons au prologue de lâEvangile de Luc (1, 1-4), lâenquĂȘte menĂ©e par lui avec sens critique (akribos), concerne les faits et les paroles (pragmaton ; logon) qui, dans lâhistoriographie dâorigine thucydĂ©enne, Ă©taient indissolublement insĂ©rĂ©s dans la narration historique, nâen dĂ©plaise Ă la fantomatique Ă©dition sĂ©parĂ©e des lĂČghia Ă©vangĂ©liques.
Quant Ă la critique adressĂ©e par Luc Ă ses prĂ©dĂ©cesseurs, de ne pas avoir Ă©crit « en ordre », Papias, Ă©vĂȘque dâHiĂ©rapolis vers la moitiĂ© du IIĂšme siĂšcle, semble la comprendre comme sâadressant surtout Ă Marc. EusĂšbe (H.E. III, 39,5) rapporte un fragment oĂč Papias dĂ©fend Marc de lâaccusation de ne pas avoir Ă©crit « en ordre », en dĂ©clarant quâil ne sâĂ©tait pas trompĂ©, mais sâĂ©tait prĂ©occupĂ© seulement de ne rien falsifier et de ne rien omettre. Ici encore, nous sommes dans le domaine de lâhistoriographie classique : pour CicĂ©ron (De Orat. 11, 51 ; De Leg. 1, 6) on ne peut exclure du nombre des livres historiques ceux qui, « bien que minces dans la forme, se limitent Ă ne pas ĂȘtre mensongers ».
Les Evangiles et les Actes des ApĂŽtres donnent aux concepts de tĂ©moin et de tĂ©moignage (martys, martyrion, martyria) une importance semblable Ă celle que leur donnent lâart oratoire classique des procĂšs et lâhistoriographie grecque, ce qui rĂ©vĂšle lâintention, sans Ă©quivoque, des auteurs du Nouveau Testament de nous donner des actions et des discours de JĂ©sus une
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narration historique, diffĂ©rente de celles de lâĂ©popĂ©e, de la fable, du roman, qui sâintĂ©ressent, eux, comme le savaient bien Aristote et Polybe, non Ă ce qui est arrivĂ© mais Ă ce qui peut arriver, au vraisemblable ou au probable et non Ă ce sur quoi on peut apporter des preuves. Les dĂ©mythisateurs sâappuient au contraire sur le vraisemblable, sur ce que la culture dominante ou la mode ou lâidĂ©ologie considĂšrent comme pouvant ou ne pouvant pas se produire : derriĂšre le refus des dĂ©mythisateurs il y a le refus du paradoxon, du miracle, de la prophĂ©tie, du mystĂšre. Pour une mĂ©thode historique correcte, au contraire, la crĂ©dibilitĂ© dâun fait dĂ©rive exclusivement de la crĂ©dibilitĂ© du tĂ©moin, sâil est en Ă©tat de connaĂźtre les faits, sâil ne se trompe pas et sâil ne veut pas tromper autrui. LâincrĂ©dulitĂ© que les ApĂŽtres opposent aux premiĂšres annonces de la RĂ©surrection apportĂ©es par les femmes, lâinsistance de Thomas Ă vouloir toucher de sa main, rĂ©vĂšlent que les disciples du Christ, mĂȘme sâils Ă©taient des hommes simples, nâĂ©taient pas du tout disposĂ©s Ă accepter sans critique nâimporte quelle manifestation du merveilleux : et câest lĂ que se trouve, en premier lieu, la diffĂ©rence entre les Evangiles Canoniques et les Apocryphes.
Les divergences constatĂ©es dans les rĂ©cits des synoptiques, comme le nombre des Anges que les femmes ont vu dans le tombeau vide, est la meilleure preuve, pour lâhistorien, que les tĂ©moignages proviennent de personnes diffĂ©rentes et non dâune version unique : Thucydide (1, 22) rappelle que des tĂ©moins oculaires diffĂ©rents racontent les mĂȘmes choses de façon diffĂ©rente, parce que diffĂ©rents sont lâesprit dâobservation et la mĂ©moire des individus : une affirmation fondamentale qui trouve confirmation dans la lecture des journaux (sauf dans le cas ou il sâagit dâun communiquĂ© dâagence de presse).
La mĂ©fiance des dĂ©mythisateurs pour les dĂ©couvertes archĂ©ologiques, papyrologiques et Ă©pigraphiques, qui ont tant dâimportance pour les historiens du monde grec et romain, est rĂ©vĂ©lĂ©e par deux cas bien connus de Mme Cendrier : lâaccusation de faux portĂ©e sur la nouvelle de Matthieu 27, 62 et sqq. et 26, 11 et sqq. relative aux gardes mis en place par les Grands PrĂȘtres et les Pharisiens devant le tombeau et Ă lâordre donnĂ© Ă ces gardes, aprĂšs la RĂ©surrection, dâaccuser les disciples dâavoir enlevĂ© le corps de lâEnseveli, accusation pleinement confirmĂ©e par ce quâon appelle lâĂ©dit de Nazareth dans lequel un empereur romain, certainement NĂ©ron, sâapproprie lâaccusation juive et prescrit la peine de mort, avec effet rĂ©troactif, pour qui dolo malo dĂ©place les.pierres tombales et retire le corps dâun dĂ©funt, rendant Ă des hommes des cultes dus aux dieux. (1) ; et, autre cas, la dĂ©couverte probable dans le 7Q5 dâun fragment de Marc (6, 52-53), datable dâavant 50 ap. J.-C., ratifiĂ©e par certains papyrologues, niĂ©e par dâautres, mais ce qui compte le plus, sâaccordant parfaitement avec lâaffirmation dâĂ©crivains chrĂ©tiens du IIĂšme siĂšcle ayant autoritĂ©, Papias dâHiĂ©rapolis et ClĂ©ment dâAlexandrie, sur la naissance Ă Rome en 42 de lâEvangile de Marc, sur la requĂȘte des Romains qui avaient Ă©coutĂ© la prĂ©dication de Pierre (2).
Loin dâĂȘtre « rĂ©volutionnaire », lâidentification du fragment est la confirmation de ce que la tradition chrĂ©tienne savait au IIĂšme siĂšcle : une tradition non fondĂ©e sur dâanonymes apocryphes, mais sur des auteurs comme ClĂ©ment, apprĂ©ciĂ©s pour leur culture par les paĂŻens eux-mĂȘmes.
Le livre de Madame Cendrier, de lecture facile et agrĂ©able nonobstant la rigueur critique avec laquelle il est construit, est de grande importance pour la connaissance rĂ©affirmĂ©e de lâhistoricitĂ© des Evangiles, souvent mise en discussion, inconsidĂ©rĂ©ment et dangereusement, jusque dans certains sermons du dimanche : la traduction de ce volume, publiĂ© en France en 1997, sera pour cela trĂšs utile aux lecteurs italiens.
Marta Sordi Professeur Ă©mĂ©rite dâhistoire grecque et romaine
Université Catholique de Milan
---------------------------------------------- * Pour nos lecteurs italianophones : Marie-Christine Ceruti-Cendrier, I Vangeli sono dei Reportages anche se a qualcuno non va â Presentazione di Marta Sordi, Edizioni Mimep-Docete, via Papa Giovanni XXIII, 2, 20060 Pessano (Mi).Tel.: 02/95741935 ; fax : 02/95744647 ; e-mail : [email protected] ; www.mimep.it. [Marie-Christine Ceruti, Les Evangiles sont des reportages, nâen dĂ©plaisent Ă certains, Ă©d. TĂ©qui, Paris 1997].
(1) E. Grzybek â M. Sordi, LâĂ©dit de Nazareth et la politique de NĂ©ron, in ZPE, 120, 1998, p. 279 et sqq.
(2) J. O. Callaghan, in Biblica, 53, 1972 p. 91 et sqq.. C. P. Thiede, Die Alteste Evangeliumhandschrift, Wuppertal 1986.
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Indices de la connaissance du Nouveau Testament chez les romanciers de lâAntiquitĂ© et autres auteurs paĂŻens
du Ier siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ (VIIIĂšme partie)
Dans le numĂ©ro 40, Madame Ramelli nous expliquait les raisons pour lesquelles il y a lieu de considĂ©rer comme authentique la correspondance entre Saint Paul et SĂ©nĂšque ; ce qui ne signifie pas, prĂ©cisait-elle, que SĂ©nĂšque se soit converti au Christianisme. Elle nous donne maintenant la rĂ©ponse aux objections qui ont Ă©tĂ© formulĂ©es contre lâauthenticitĂ© de ces lettres.
Comme jây faisais allusion, il y a quelque probabilitĂ© pour que la correspondance qui nous est parvenue sous le nom de SĂ©nĂšque et de Paul ne soit pas apocryphe, si lâon exclut la lettre datĂ©e de 64 certainement inauthentique, et si lâon accepte une sĂ©rie de considĂ©rations historiques et philologiques que jâai formulĂ©es Ă plusieurs reprises (56). En son temps Franceschini a rĂ©pondu Ă certaines objections soutenues par Momigliano contre lâauthenticitĂ© de cette correspondance (57) : le contenu des lettres, petits billets quotidiens en style parlĂ© sans idĂ©e Ă©minente, les rendait peu intĂ©ressants pour les PĂšres et en explique aussi bien le style qui a Ă©tĂ© dĂ©fini « hĂątif et grossier », que lâignorance quâen avait Lactance ; la correspondance est en latin vulgaire dont nous nâavons pas une connaissance suffisante pour affirmer que la langue de ce courrier en infirme lâauthenticitĂ© : les apparents indices de latin tardif peuvent ĂȘtre des signes du registre linguistique « vulgaire ». Les lettres adressĂ©es par Paul Ă SĂ©nĂšque sont en latin parce que, au moment de leur rĂ©daction prĂ©sumĂ©e, lâApĂŽtre se trouvait Ă Rome depuis des annĂ©es oĂč il prĂȘchait, et il Ă©crivait lĂ Ă une personne de langue latine, mĂȘme si elle se trouvait ĂȘtre aussi hellĂ©nophone. La conclusion de Franceschini Ă©tait que rien ne contraint Ă considĂ©rer ces lettres comme apocryphes. Jâajouterais que pas mĂȘme la lex Romana honori senatus [la norme romaine qui nous oblige Ă honorer le SĂ©nat] Ă laquelle Paul fait allusion dans lâEp. X ne constitue de problĂšme, parce quâil peut sâagir non pas tellement dâun texte juridique mais plutĂŽt dâune norme dâusage : lâemploi du mot lex en ce sens est amplement attestĂ©, y compris chez SĂ©nĂšque. En outre la circonspection et la prudence qui transparaissent dans les Epp. V et VIII Barlow, par exemple, oĂč lâon Ă©vite de donner le nom de lâimpĂ©ratrice, dĂ©posent en faveur de lâauthenticitĂ© de cette correspondance, ou bien dans les Epp. II, III, et VI qui ne sâexpliqueraient pas si les lettres avaient Ă©tĂ© composĂ©es au IVĂšme siĂšcle. Un autre argument concerne les datations correctes des cinq derniĂšres Ă©pĂźtres (X-XIV) faites par le moyen des dates des consuls ordinaires (XI) ou des suffĂštes* (X, XIII et XIV), remontant toutes aux annĂ©es 58-59, sauf la XII qui est de 64 : puisque, en Italie, le dernier document datĂ© par des consuls suffĂštes remonte Ă 289, cela semblerait dĂ©poser en faveur dâune datation antĂ©rieure Ă la fin du IIIĂšme siĂšcle, pour les cinq derniĂšres lettres, sauf la XII. Cette circonstance retirerait, de plus, valeur Ă lâignorance de cette correspondance manifestĂ©e par Lactance**. MĂȘme le soi-disant embarras de JĂ©rĂŽme face Ă ce courrier ne semble du reste pas exister : selon le raisonnement, qui me semble correct, de Gamberale, en fait, les mots qui se rĂ©fĂšrent Ă cette correspondance in De Viribus Illustribus, 12, « epistulae illae quae leguntur a plurimis » [ces Ă©pĂźtres qui sont lues par beaucoup], nâimpliquent pas une mise Ă distance ni une mise en doute de lâauthenticitĂ©. A moi personnellement, il semble Ă©vident que saint JĂ©rĂŽme considĂ©rait authentique cette correspondance, Ă©tant donnĂ© quâelle constitue lâunique Ă©lĂ©ment qui induise ce philologue chrĂ©tien Ă placer SĂ©nĂšque in catologo sanctorum (ibid) [sur la liste des saints] ; Ă©videmment, sâil lâavait considĂ©rĂ©e comme apocryphe, il nâaurait certainement pas inclu SĂ©nĂšque au nombre des sancti. Pour pouvoir accepter comme authentiques ces lettres, cependant, il est nĂ©cessaire dâen exclure (58) lâEp. XII, datĂ©e de 64 : en 392 JĂ©rĂŽme (Vir III., 12) atteste que SĂ©nĂšque, Ă lâĂ©poque oĂč a eu lieu lâĂ©change de courrier en question, Ă©tait au faĂźte du pouvoir, et ceci peut concerner, au point de vue chronologique, tout le reste de la correspondance, toute cette correspondance - quâon peut dater de 58-59 Ă 62 - sauf lâEp. XII, puisquâen 64 SĂ©nĂšque nâĂ©tait plus, depuis longtemps, au sommet du pouvoir. Il semble donc que JĂ©rĂŽme ne connaissait pas la lettre XII, probablement parce quâĂ son Ă©poque elle nâavait pas encore Ă©tĂ© inclue dans le recueil â oĂč dâailleurs elle interrompt la continuitĂ© manifeste des deux lettres entre lesquelles elle est insĂ©rĂ©e. Par consĂ©quent, lâexclusion de lâEp. XII, et peut-ĂȘtre de la XIV, pour des raisons de contenu, de langue et dâemplacement, Ă©liminerait la derniĂšre grave difficultĂ© concernant lâauthenticitĂ© de cette correspondance. En faveur de cette thĂšse il faut ajouter dâautres arguments de caractĂšre surtout linguistique, que jâai prĂ©sentĂ©s plus rĂ©cemment (59) : les « hellĂ©nismes » (60), dĂ©jĂ depuis longtemps remarquĂ©s par la critique, Ă lâintĂ©rieur de ce recueil de lettres, comme sophista [sophiste], sophia [sophia], aporia
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[aporie], ne semblent ĂȘtre prĂ©sents que dans les lettres de Paul qui, de plus, sont infĂ©rieures, en nombre et en extension, Ă celles de SĂ©nĂšque, et pourraient ĂȘtre lâindice de quelquâun qui, comme Paul, pensait en grec parce quâil connaissait cette langue beaucoup mieux que le latin ; les phrases vraiment obscures et douteuses de la correspondance se concentrent, en effet, dans les lettres de Paul bien quâelles soient brĂšves et rares. Par ailleurs dans lâEp. VII, SĂ©nĂšque, Ă propos des lettres de Paul aux Galates et aux Corinthiens, observe quâelles sont Ă©crites cum horrore divino [avec la crainte de Dieu]. Or, dans la lettre aux Corinthiens, que SĂ©nĂšque aurait lue, Paul parle de ÏÏÎČÎżÏ ÎžÎ”ÎżĂ» (exemples : 2 Co 5, 11 ; Ro 3, 18), quâun faussaire chrĂ©tien aurait traduit non par horror [terreur, effroi], mais par timor Dei [crainte de Dieu] : SĂ©nĂšque semble mal comprendre le grec des Ă©pĂźtres canoniques de Paul*** (61). Si lâon admet donc la possibilitĂ© que lâĂ©change de correspondance entre SĂ©nĂšque et Paul ne soit pas nĂ©cessairement apocryphe, on peut admettre aussi lâĂ©ventualitĂ© que SĂ©nĂšque ait connu certains Ă©crits du Nouveau Testament et particuliĂšrement certaines Ă©pĂźtres de Saint Paul.
Ilaria Ramelli Université Catholique de Milan
------------------------------------------ (56) I. RAMELLI, Lâepistolario apocrifo Seneca-San Paolo : alcune osservazioni, in Vetera Christanorum 34 (1997), 1-12 ; EAD., Alcune osservazioni sulle origini del Cristianesimo in Spagna : la tradizione patristica, in Vetera Christianorum 35 (1998), 245-256 ; EAD., Aspetti linguistici dellâepistolario Seneca-San Paolo, in Seneca e i Cristiani, 123-127 ; EAD., Tracce di presenza cristiana in Spagna in etĂ neroniana ?, in La PenĂnsula IbĂ©rica hace 2000 años. I Congresso Internacional de Historia Antigua, Universidad de Valladolid, bloque temĂĄtico : ReligiĂłn y cultura, edd. L.HERNĂNDEZ GUERRA â L. SAGREDO SAN EUSTĂQUIO â J.M. SOLANA, Valladolid 2001, 631-636. (57) Les points sont les suivants : la divulgation de la correspondance Ă partir du IVĂšme siĂšcle ; lâembarras apparemment montrĂ© par JĂ©rĂŽme et Augustin pour lâaccepter ; les divergences grammaticales et lexicales entre les lettres de SĂ©nĂšque de cette correspondance et le style de cet auteur dans les Ćuvres authentiques ; lâusage du latin par saint Paul et la prĂ©occupation de SĂ©nĂšque pour le latin de Paul lui-mĂȘme ; lâobscuritĂ© de la « lex Romana honori senatus » citĂ©e dans lâEp. X Barlow. (58) Mme Boccolini Palagi le suggĂ©rait dĂ©jĂ . Pour elle en effet lâargument de la « rĂ©trodatation » due Ă lâusage des consuls suffĂštes ne peut pas ĂȘtre valable, puisquâelle est datĂ©e par des consuls ordinaires, mais surtout cette lettre se prĂ©sente comme Ă©crite par SĂ©nĂšque aprĂšs lâincendie de Rome, bien quâĂ©tant datĂ©e du 28 mars 64, alors que lâincendie eut lieu le 19 juillet. De plus cette lettre manifeste une attitude ouvertement hostile vis-Ă -vis de NĂ©ron, qui est absente des autres lettres, et exprime de la sympathie envers les Juifs, persĂ©cutĂ©s avec les ChrĂ©tiens sur la fausse accusation dâavoir provoquĂ© lâincendie, tandis que dans les autres lettres ils sont considĂ©rĂ©s comme ennemis des ChrĂ©tiens. En outre, dans tous les codex qui la contiennent cette lettre semble insĂ©rĂ©e postĂ©rieurement, de façon telle quâelle interrompt lâĂ©vidente continuitĂ© existant entre lâEp. X, dans laquelle Paul demande pardon de mettre son nom immĂ©diatement aprĂšs celui de SĂ©nĂšque, et la XI, oĂč SĂ©nĂšque affirme au contraire se rĂ©jouir de voir son nom Ă cĂŽtĂ© de celui de Paul ; dans la tradition manuscrite, de plus, cette lettre est parfois absente. (59) Voir Aspetti linguistici, dĂ©jĂ citĂ©, 123-127. (60) Les hellĂ©nismes ne semblent cependant pas ĂȘtre des preuves dâune rĂ©daction primitive de la correspondance en grec, supposĂ©e par certains critiques il y a beaucoup de dizaines dâannĂ©es, parce quâils se trouvent seulement dans les lettres de Paul, et ne paraissent pas mĂȘme ĂȘtre le rĂ©sultat dâune traduction mĂ©diĂ©vale maladroite. (61) Enfin il semble significatif de trouver certains aspects linguistiques dans lâĆuvre certainement authentique de SĂ©nĂšque, par exemple lâusage - pour la premiĂšre fois Ă lâĂ©poque classique paĂŻenne â du syntagme credere deos pour indiquer la foi dans les dieux : cf. I. RAMELLI, Alcune osservazioni su credere, in Maia, N.s., 51 (2000), 67-83 ; ou de lâexpression dies aeterni natalis pour dĂ©signer le jour de la mort : EAD., Osserazioni sul concetto di « giorno natalizio » nel mondo greco e romano e sullâespressione di Seneca dies aeterni natalis, in âIlu 6 (2001), 169-181 ; et de sacer spiritus, comme nous avons dit, pour signifier la prĂ©sence de Dieu en nous : cf. « Sacer spiritus » in Seneca, 253-262. ------------------------- Madame Ramelli nous a en outre donnĂ© ces quelques prĂ©cisions :
* Les suffĂštes (en latin Suffecti) Ă©taient des consuls secondaires ou substituts qui prenaient la place des consuls ordinaires, spĂ©cialement quand, Ă lâĂ©poque impĂ©riale, ces derniers se trouvaient ĂȘtre lâempereur ou dâautres personnages de trĂšs haut rang, par exemple le fils de lâempereur. Les suffĂštes Ă©taient ceux qui ensuite accomplissaient le travail effectif des consuls.
** En effet, Lactance Ă©crit aprĂšs la fin du IIIĂš siĂšcle et, par consĂ©quent, si ces lettres sont antĂ©rieures, cela signifie simplement que Lactance ne les connaissait pas personnellement, mais cela ne prouve pas quâelles nâexistaient pas Ă son Ă©poque.
7 *** SĂ©nĂšque comprend mal le phobos Theou de saint Paul, en le traduisant par horror Dei au lieu de timor Dei, comme lâaurait fait nâimporte quel chrĂ©tien. Mais câest prĂ©cisĂ©ment parce que SĂ©nĂšque nâĂ©tait pas chrĂ©tien quâil a fait cette erreur.
Nous remercions le Professeur Antoine Luciani pour lâaide apportĂ©e dans la traduction des expressions latines. ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Des lecteurs nous ont demandĂ© sâil Ă©tait possible que nous leur envoyions â dans le cas dâarticles publiĂ©s Ă travers plusieurs numĂ©ros du bulletin â un tirĂ© Ă part regroupant lâensemble de lâĂ©tude. La rĂ©ponse est positive : selon la demande, lâenvoi pourra ĂȘtre fait avec en contrepartie quelques timbres correspondant aux frais engagĂ©s. ____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________
Du nouveau Ă Sainte Marie in via Lata
Eh oui il y a du nouveau dans cette Ă©glise situĂ©e 306 via del Corso Ă Rome, sur laquelle le FrĂšre Maximilien-Marie Mitifiot nous avait donnĂ© des nouvelles si consternantes dans le n°18 des Nouvelles. Sous cette Ă©glise se trouve selon toute probabilitĂ© le lieu oĂč Saint Paul a Ă©tĂ© tenu en captivitĂ©, oĂč il a reçu la visite de Saint Luc, Saint Jean, Saint Pierre, Saint Martial⊠et accessoirement converti le soldat auquel il Ă©tait enchainĂ©, câest lĂ aussi que Saint Luc a, selon la tradition, Ă©crit au moins en partie les Actes des ApĂŽtres. Les papes, de Fabien (vers 250) (it.wikipedia.org/wiki/Santa_Maria_in_Via_Lata_(diaconia) Ă Alexandre VII (au milieu du XVIIĂšme siĂšcle), ont rivalisĂ© dâattentions pour entretenir, dĂ©velopper, embellir, reconstruire ce lieu sacrĂ© entre tous. Mais mystĂ©rieusement depuis de longues annĂ©es il Ă©tait laissĂ© Ă lâabandon et mĂ©prisĂ© - pis son accĂšs Ă©tait interdit et jâai personnellement subi les foudres du curĂ©-recteur auquel jâavais demandĂ© des nouvelles de toutes ces merveilles en lui prĂ©cisant quâil y avait bien lĂ , lĂ en dessous, un portique du 1er siĂšcle dont faisait mention une petite affiche montĂ©e sur un pupitre Ă lâentrĂ©e de lâĂ©glise. Non, selon lui le portique nâexistait pas et il nâen avait jamais entendu parler depuis les nombreuses annĂ©es quâil Ă©tait curĂ© ou recteur de la paroisse. Et lĂ , comme Ă la Basilique Saint Marc (voir notre n°28) je fus chassĂ©e dâimportance. Comment pouvait-on se permettre de dire des choses pareilles ? ! Mais voilĂ quâen passant devant Sainte Marie in via Lata pendant les vacances de NoĂ«l, le petit escalier qui mĂšne au sous-sol de lâĂ©glise autrefois rempli de gravas (voyez la photo de notre n°18) Ă©tait illuminĂ©. LâĂ©glise Ă©tait fermĂ©e mais quelques heures plus tard elle ne lâĂ©tait plus. Et câest lĂ que les Ă©vĂ©nements heureux vont commencer. Devant lâĂ©glise se trouvait un petit groupe de personnes qui discutaient avec animation. Une religieuse interrogĂ©e nous rĂ©vĂ©la que le curĂ© se trouvait bien au milieu dâelles. Le ton du prĂȘtre, sâexcusant de devoir me faire attendre « parce que, vous comprenez il sâagit de la "Sopraintendenza" (lâorgane dâĂ©tat qui sâoccupe en Italie des monuments historiques) quâon ne peut pas traiter mal si lâon veut obtenir des rĂ©sultats » me fit tout de suite saisir que le curĂ© avait changĂ©. La "Sopraintendenza" partie, nouvelles excuses. DiscrĂštement je pose ma petite question : « Y a-t-il du nouveau relativement Ă ce qui se trouve sous lâĂ©glise ? » Le prĂȘtre ne rĂ©pond pas et me demande de le suivre jusquâĂ la sacristie. Je pensais quâil allait me dire quelques mots, au mieux me faire un petit compte-rendu. Non, il prend des clĂ©s et miracle ! mâentraĂźne avec mon mari dans lâescalier interdit et dans le sous-sol secret. Et lĂ câest lâĂ©merveillement. Bien sĂ»r câĂ©tait sombre, bien sĂ»r câĂ©tait dans un Ă©tat de dĂ©labrement, dâhumiditĂ©, dâabandon â 48 ans ! â inimaginables, mais câĂ©tait balayĂ© et surtout, surtout câĂ©tait lĂ ! Penser que dans ces murs, prĂšs de cette voĂ»te, sur ces pierres sur lesquelles on pouvait sâasseoir, Saint Paul, Saint Pierre trĂšs probablement, Saint Luc, Saint TimothĂ©e, Saint Marc, mĂȘme peut-ĂȘtre Saint Jean et les autres sâĂ©taient assis, avaient parlĂ©, mangĂ© et bu et prĂȘchĂ© JĂ©sus Christ, quâils avaient ri et pleurĂ©, avait quelque chose de bouleversant. Ce merveilleux prĂȘtre, le Recteur Don Franco Amatori, qui avait remplacĂ© lâautre, dĂ©cĂ©dĂ©, avait repris les choses en main, sâĂ©tait dĂ©menĂ© pour que quelque chose soit fait, enfin, pour sa crypte (et dâailleurs pour toute son Ă©glise : il sâest mĂȘme hissĂ©, sur une Ă©chelle, pour accĂ©der au clocher et dĂ©couvrir lâĂąge de ses cloches qui ne fonctionnent plus â la plus ancienne date de 1460). Il a commencĂ© par rĂ©ussir Ă obtenir les photos des fresques du VIIĂšme siĂšcle qui avaient Ă©tĂ© ĂŽtĂ©es du sous-sol en 1960 (derniers travaux y ayant Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s) â et obtenu la disquette, au bout dâun an â et puis il a pris des contacts avec les responsables de "lâannĂ©e Saint Paul" â Saint Paul avait bien quelque chose
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Ă voir avec son Ă©glise â et puis avec le "Vicariato" (en pratique lâĂ©vĂȘchĂ© de Rome) et naturellement la "Sopraintendenza alle belle arti". Ce qui le prĂ©occupait et le prĂ©occupe toujours câest un mur construit dans les sous-sols pour soutenir lâĂ©glise du XIĂšme siĂšcle voulue par LĂ©on IX Ă la place de la diaconie fondĂ©e sous le pape Serge Ier (687-701) (et reposant elle-mĂȘme sur un oratoire du VĂšme siĂšcle construit sur les restes de notre maison romaine, celle-ci sâappuyant Ă son tour sur des restes du 2Ăšme ou 3Ăšme siĂšcle avant J.C.). DerriĂšre ce mur se trouve lâabside de lâĂ©glise primitive avec ses fresques du XIĂšme siĂšcle, et qui sait ? peut-ĂȘtre quelque chose de plus ancien encore, quelque chose qui pourrait en dire plus long sur cette prĂ©sence ici des plus cĂ©lĂšbres des apĂŽtres. Mais ne rĂȘvons pas, il est dĂ©jĂ fort beau de pouvoir contempler cette voĂ»te du Ier siĂšcle, quâont pu voir des yeux qui ont aussi croisĂ© le regard de JĂ©sus-Christ, ce portique, sorte de galerie couverte oĂč se trouvaient des magasins et des habitations, et puis ce puits oĂč ILS ont puisĂ© et dont ILS ont bu lâeau. Ce dernier, naturellement Don Amatori veut le faire nettoyer, faire retirer ce qui peut sây trouver, mais aussi faire revoir les fenĂȘtres et lâĂ©clairage de ce sous-sol, retirer un muret gĂȘnant placĂ© lĂ autrefois contre les inondations du Tibre et Ă©videmment faire remettre en Ă©tat la maison oĂč Saint Paul, selon toute vraisemblance, a vĂ©cu, sans parler surtout de dĂ©couvrir ce que cache le mur de lâabside. Or il semble quâil soit en train de convaincre la Sopraintendenza qui aurait mĂȘme trouvĂ© un sponsor, Ă ce quâil paraĂźt. A force de courage et de dĂ©termination Don Amatori a gagnĂ© : les travaux doivent commencer aprĂšs les fĂȘtes. Donc Ă lâheure quâil est ils devraient avoir dĂ©butĂ©. Quelle probabilitĂ© y a-t-il cependant pour que vraiment cet endroit ait Ă©tĂ© « Celui-là » ? Câest vrai les plus anciens documents qui lâattestent, nous expliquait Don Amatori, sont de 1508 et de 1517. Le premier expose que câest en ce lieu que Saint Luc a Ă©crit les Actes des ApĂŽtres, quâil sâagit de la maison oĂč serait passĂ© Saint Pierre et oĂč il aurait rencontrĂ© Saint Paul et oĂč ce dernier serait restĂ© deux ans en attente de jugement, le second document ne parle que de Saint Luc et Saint Paul et ne fait pas allusion Ă Saint Pierre. Mais si cette maison nâavait pas Ă©tĂ© quelque chose de spĂ©cial pourquoi y aurait-on construit un oratoire, un lieu de culte au VĂšme siĂšcle, quatre siĂšcles seulement aprĂšs les Ă©vĂ©nements? Nâoublions pas quâentre temps ont pris place les plus terribles des persĂ©cutions. Ne savons nous pas aujourdâhui ce qui se passait de trĂšs important au XVIIĂšme siĂšcle et en quel lieu ? Pourquoi aussi au cours des siĂšcles tous ces papes Saint Fabien, Saint Serge Ier, Saint LĂ©on IX, Innocent VIII, Alexandre VII se seraient-ils intĂ©ressĂ©s avec tant de zĂšle Ă ce site-lĂ ? Il est vrai que lâĂ©glise de San Paolo alla Regola, Ă dix minutes Ă pied de lĂ , est considĂ©rĂ©e aussi comme construite au dessus du lieu oĂč a habitĂ© lâApĂŽtre Paul. Mais si lâon examine les Actes des ApĂŽtres, il semble bien clair que Saint Paul a occupĂ© une premiĂšre demeure en arrivant Ă Rome, et quâil en a ensuite louĂ© une autre oĂč il est restĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e pour ainsi dire puisquâil Ă©tait enchaĂźnĂ© Ă un gardien, pendant deux ans. Et il est aussi bien connu, nâen dĂ©plaise Ă certains, que saint Paul aprĂšs son premier sĂ©jour Ă Rome, y est revenu et cette fois y est mort martyr. Si bien que le moment oĂč Paul a pu rĂ©sider dans cette maison nâest pas certain. Divers sites Internet en effet Ă©voquent dâautres traditions sur les soubassements de cette Ă©glise : avirel.unitus.it/bd/autori/angeli/chiese_roma/parte_quinta.html :
Il y avait là « un petit oratoire oĂč lâon veut que Saint Pierre et Saint Paul soient restĂ©s prisonniers avec dâautres apĂŽtres avant dâĂȘtre conduits Ă la prison Mamertine. Dans cette prison le premier pape aurait baptisĂ© beaucoup de paĂŻens avec une source dâeau, jaillie spontanĂ©ment et qui est conservĂ©e encore dans le souterrain de lâĂ©glise. »
« A Sainte Marie in via Lata - lâactuelle via del Corso qui du quartier Flaminio conduit directement aux Forums ImpĂ©riaux - Paul a habitĂ© de 66 Ă 67, en rĂ©sidence forcĂ©e, enchaĂźnĂ©. Selon la tradition, dans cette maison a habitĂ© Pierre, et puis Paul avec « Luc, Martial, Marc et dâautres » (Martinelli, 1650), qui lâaidaient dans les rĂ©unions de la communautĂ©, dans la cĂ©lĂ©bration de lâeucharistie et dans la prĂ©dication. Avec lâeau du puits, qui se voit encore aujourdâhui, il aurait baptisĂ© Sainte Sabine, et peut-ĂȘtre Ă©crivit-il quelques lettres de prison. CondamnĂ© par NĂ©ron Ă ĂȘtre dĂ©capitĂ©, il mourut en juin 67, dans les paludes des "Eaux Salvie".» (voir le site Internet suivant : it.ismico.org/content/view/4293/169/ - 72k -
Mais le fait que lâApĂŽtre ait sĂ©journĂ© lĂ et le lien avec Saint Luc en particulier semblent difficilement contestables. Peut-ĂȘtre en saurons-nous davantage prochainement.
Cependant la nouvelle sâest rĂ©pandue que les sous-sols de cette Ă©glise Ă©taient maintenant accessibles et dĂ©jĂ fin dĂ©cembre, depuis trois ou quatre mois, des centaines, oui des centaines !, de personnes sont venues les visiter. Gratuitement. Don Franco Amatori ne fait rien payer et, gĂ©nĂ©reusement, comme avec nous, câest lui qui sert gracieusement de guide.
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Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, Don Franco nous a aussi rĂ©vĂ©lĂ© que les souterrains de la Basilique de son ami Monsignor De Donatis, Ă quelques centaines de mĂštres de la sienne, Saint Marc, place de Venise â oui lĂ oĂč Saint Marc a Ă©crit son Evangile, voyez notre n°28 â Ă©taient eux aussi pris en considĂ©ration par la Sopraintendenza pour ĂȘtre restaurĂ©s. DĂ©cidĂ©ment les choses bougent.
Marie-Christine Ceruti ________________________________________________________________________
En encart vous trouverez quelques unes des photos prises dans les sous-sols de Santa Maria in via Lata. Si vous dĂ©sirez voir toutes celles qui ont Ă©tĂ© prises au cours de cette mĂ©morable visite aussi bien sous lâĂ©glise que dans lâĂ©glise (oĂč se trouvent aujourdâhui les copies des fresques ĂŽtĂ©es des sous-sols en 1960) vous les trouverez en suivant le parcours suivant : Dans Google, Yahoo ou autre moteur de recherche, taper « flickr search for a person », puis ouvrir le lien « search for a person », ensuite Ă cĂŽtĂ© de « all flickr members » taper « mchceruti » dans « search », cliquer sur « search », enfin cliquer sur lâicĂŽne Ă cĂŽtĂ© de « mchceruti » (une espĂšce de visage carrĂ© stylisĂ©) : les photos sâouvrent. Lâadresse serait : http://www.flickr.com/photos/35306688@n07/ , mais elle est trĂšs difficile Ă ouvrir.
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HĂ©rode, les Mages et le Massacre des Innocents Quâau talentueux Brunor (1), un jeune dise en substance « Dâaccord JĂ©sus a existĂ©, mais comme son histoire nâest relatĂ©e que par des âcomparsesâ, quel crĂ©dit peut-on accorder aux Evangiles ? », passe encore : il est jeune et baigne hĂ©las dans notre sous culture mĂ©diatique. Et puis ce dĂ©sir dâĂȘtre sĂ»r que les choses soient vraies peut ĂȘtre un bon dĂ©but de rĂ©flexion si ce jeune trouve sur sa route un « transmetteur ». Mais que sur une radio chrĂ©tienne, un dit spĂ©cialiste, chrĂ©tien, dise Ă peu prĂšs la mĂȘme chose « Le massacre [des Innocents] est assez peu probable⊠Il nâen est mention nulle part⊠». Nulle part ?? Cela voudrait-il dire que sa mention dans lâEvangile de Matthieu (Matt. 2, 1-12) compte pour rien ? ! Et voilĂ quâon retrouve le mĂȘme prĂ©jugĂ© sous la plume dâun auteur de National Geographic (2) parlant dâHĂ©rode : « De nos jours, [HĂ©rode] est surtout connu comme le monarque sournois et sanguinaire dont parle lâEvangile de Matthieu, qui fit tuer tous les bĂ©bĂ©s mĂąles de BethlĂ©em, pour tenter â en vain â dâĂ©liminer lâenfant JĂ©sus nouveau-nĂ©, annoncĂ© par les prophĂštes comme le Roi des Juifs. [âŠ] HĂ©rode est presque certainement innocent de ce crime, dont il nâexiste nul autre rĂ©cit que celui de Matthieu. » Il est vraiment plus quâagaçant, alors que des travaux scientifiques sont Ă la disposition de tous, dâentendre ou de lire, chez des auteurs crĂ©ditĂ©s dâun certain sĂ©rieux, quâun fait qui nâest relatĂ© que dans lâEvangile, a de grandes chances dâĂȘtre lĂ©gendaire ou mythique. Et des langues de buis croient rattraper lâaffaire en disant « mais ne vous inquiĂ©tez pas, ces faits ne se sont pas rĂ©ellement passĂ©s, mais les mythes ou les lĂ©gendes ont une fonction bien rĂ©elleâŠÂ» Et chacun dây aller de son interprĂ©tation. Reprenons cet exemple du Massacre des Innocents. Serait-il Ă ranger dans les rĂ©cits lĂ©gendaires, parce que nâĂ©tant mentionnĂ© que par lâĂ©vangĂ©liste Matthieu ? Ce jugement est ce quâon appelle un prĂ©-jugement, un prĂ©jugĂ©... De plus il semble ressortir dâune trĂšs solide Ă©tude que ce fait est mentionnĂ© dans un texte du 1er siĂšcle (ci-dessous en italiques). Ce qui ferait deux sources⊠Cela suffirait-t-il ??
« Voici ce récit assez complexe relatant un voyage de sages persans à Jérusalem ; ce texte a une lacune au début : il manque une premiÚre rencontre chez Hérode, qui apparemment échoue, car il devient soupçonneux » :
<<âŠAyant ainsi parlĂ©, (HĂ©rode) les renvoya [ndr : il sâagit des « sages persans (3) »] aux aubergistes ; il les fit escorter de gardes pour les surveiller, et prĂ©posa dâautres gardes sachant le persan pour Ă©couter ce quâils disaient. Quand ils furent seuls avec un Perse qui se trouvait lĂ , ils commencĂšrent Ă se lamenter, disant : « Nos pĂšres et nos ancĂȘtres ont Ă©tĂ© dâexcellents astrologues et nâont jamais menti en observant les Ă©toiles. Quâest-ce que cela peut ĂȘtre ? Tromperie ou erreur ? Lâimage de lâĂ©toile (4) nous est apparue pour signifier la naissance dâun roi par lequel le
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monde entier serait maintenu. Et regardant cette Ă©toile nous avons fait route pendant un an et demi vers cette ville, et nous nâavons pas trouvĂ© de fils de roi. Et (maintenant) lâĂ©toile nous est cachĂ©e. Nous avons vraiment Ă©tĂ© trompĂ©s. Mais nous allons envoyer au roi les prĂ©sents que nous avons prĂ©parer pour lâenfant et lui demander de nous laisser (retourner) dans notre patrie. » Et comme ils avaient parlĂ© ainsi, les gardes vinrent tout raconter au roi. Et il envoya chercher les Perses. Et pendant quâils Ă©taient en route, lâĂ©toile remarquable leur apparut (de nouveau). Et ils furent remplis de joie. Et ils allĂšrent de nuit chez HĂ©rode, trĂšs encouragĂ©s. Et il leur dit sans autres tĂ©moins : « Pourquoi avez-vous attristĂ© mon cĆur et affligĂ© mon Ăąme en ne disant pas la vĂ©ritĂ© ? Pourquoi ĂȘtes-vous venus ici ? » Ils lui dirent : « Ă roi, nous nâavons pas de double langage, mais nous venons de Perse. Nos ancĂȘtres ont recueilli des ChaldĂ©ens lâastronomie qui est notre science et notre art. Nous ne nous sommes jamais trompĂ©s en observant les Ă©toiles. Une Ă©toile ineffable nous est apparue, distincte de toutes les (autres Ă©toiles). Ce nâĂ©tait pas lâune des sept planĂštes, ni lâun des lanciers, ni lâun des Ă©cuyers, ni lâun des archers, ni lâune des comĂštes, mais elle Ă©tait excessivement brillante, comme le soleil et elle Ă©tait joyeuse. Et câest en lâobservant que nous sommes arrivĂ©s Ă toi. Mais lorsque nous fĂ»mes arrivĂ©s lâĂ©toile disparut jusquâĂ maintenant : alors que nous venions vers toi, elle a rĂ©apparu. » et HĂ©rode dit : « Pouvez-vous me la montrer ? » Et ils dirent : « Nous comptons bien que le monde entier la voie. » Ils avancĂšrent vers une lucarne et lui montrĂšrent lâĂ©toile. Et quand HĂ©rode la vit, il fut trĂšs Ă©merveillĂ©. Et il rendit gloire Ă Dieu, car câĂ©tait un homme pieux. Et il leur donna une escorte (incluant) son frĂšre et des notables pour aller voir celui qui Ă©tait nĂ©. Mais comme ils Ă©taient en route, lâĂ©toile disparut une fois de plus et ils revinrent de nouveau. Et les Perses lui demandĂšrent de les laisser aller seuls, (promettant) quâayant trouvĂ© lâenfant, ils reviendraient le lui dire. Ils lui firent un serment, convaincus que lâĂ©toile les ferait revenir par le mĂȘme chemin. Et ils suivirent lâĂ©toile. Et il les attendit un an, mais ils ne vinrent pas Ă lui. Et il Ă©tait furieux, et il convoqua les prĂȘtres (qui Ă©taient) ses conseillers, et il leur demanda si lâun dâeux comprenait (la signification de) cette Ă©toile. Et ils lui rĂ©pondirent : « Il est Ă©crit : âUne Ă©toile brillera de Jacob et un homme se lĂšvera de Juda.â Et Daniel Ă©crit quâun prĂȘtre doit venir, mais nous ne savons pas qui il est. Nous comprenons quâil naĂźtra sans pĂšre. » HĂ©rode dit : « Comment pouvons-nous le dĂ©couvrir? » Et LĂ©vi dit : « Envoie enquĂȘter dans tout le pays de JudĂ©e (pour savoir) combien dâenfants mĂąles sont nĂ©s depuis que les Perses ont vu lâĂ©toile jusquâaujourdâhui. Tue-les tous et celui-lĂ sera aussi tuĂ©. Et ton royaume sera en sĂ©curitĂ© pour toi et pour tes enfants et mĂȘme pour tes arriĂšres petits-enfants. » Et aussitĂŽt il envoya des hĂ©rauts dans tout le pays (proclamer) que tous les enfants mĂąles de moins de trois ans devaient ĂȘtre honorĂ©s et recevoir de lâor. Quand ils sâinformaient si lâun dâeux Ă©tait nĂ© sans pĂšre, ils devaient affirmer que (HĂ©rode) lâadopterait comme fils et le ferait roi. Et comme ils nâen dĂ©couvrirent aucun, il donna lâordre de tuer tous les soixante trois mille enfants. Alors que tous pleuraient et se lamentaient sur lâeffusion de sang, les prĂȘtres vinrent et lui demandĂšrent dâĂ©pargner les innocents, mais il les menaçait dâautant plus, imposant le silence. Et ils tombĂšrent prosternĂ©s et ils restĂšrent prostrĂ©s Ă ses pieds jusquâĂ la sixiĂšme heure. Mais la fureur du roi prĂ©valut. Plus tard ils se levĂšrent et lui dirent : « Ecoute tes serviteurs, pour que le TrĂšs-Haut te soit favorable. » Il est Ă©crit que le Messie (Oint) naĂźtra Ă BethlĂ©em. MĂȘme si tu es sans pitiĂ© pour tes serviteurs, tue les enfants de BethlĂ©em et laisse les autres partir. » Et il donna lâordre et ils tuĂšrent tous les enfants de BethlĂ©em. >> (5)
DâoĂč provient cet extrait ?
Dâun manuscrit incomplet, en vieux russe, (lâusage parle du manuscrit « slavon »), redĂ©couvert en occident en 1905 et qui serait la traduction dâun livre - longtemps considĂ©rĂ© comme perdu - de Flavius JosĂšphe. Cet historien juif, nĂ© Ă JĂ©rusalem en 37, mort Ă Rome en 96 environ, dit lui-mĂȘme dans son livre bien connu La Guerre des Juifs, avoir composĂ© « dans la langue de ses pĂšres » [hĂ©breu ou aramĂ©en] une version antĂ©rieure de son rĂ©cit, premiĂšre version intitulĂ©e La Prise de JĂ©rusalem. Le manuscrit slavon dĂ©riverait, dâune maniĂšre ou dâune autre, de cet original sĂ©mitique de JosĂšphe (aprĂšs un dĂ©tour par le grec). Il est globalement plus court que La Guerre des Juifs mais possĂšde aussi des passages originaux qui ne figurent pas dans ce livre, et qui sont du plus haut intĂ©rĂȘt, en particulier parce quâils sont une source extĂ©rieure, sur plusieurs points de ceux-ci, aux textes des Evangiles. ExtĂ©rieure, mais les recoupant, comme ce rĂ©cit du massacre des enfants de BethlĂ©em.
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Question : ce texte slavon est-il issu dâun Ă©crit authentiquement de Flavius JosĂšphe ?
LâintensitĂ© des dĂ©bats autour de cette question, qui ne se dĂ©ment pas depuis plus dâun siĂšcle, provient en grande partie de ce quâon a dans le slavon un florilĂšge dâĂ©lĂ©ments quâon retrouve dans le Nouveau Testament. En gros, il y a trois types de conclusions possibles : a) lâĂ©crit ne provient pas de Flavius JosĂšphe et la version primitive quâil dit avoir faite est toujours perdue pour nous ; b) lâĂ©crit est authentiquement issu de Fl. JosĂšphe, mis Ă part les Ă©lĂ©ments qui confortent les rĂ©cits Ă©vangĂ©liques, ces Ă©lĂ©ments Ă©tant en entier, ou partiellement, le rĂ©sultats dâajouts (des « interpolations ») que des mains chrĂ©tiennes ont fait entrer dans le texte ; c) lâĂ©crit est de Flavius JosĂšphe, y compris les passages qui donnent des informations quâon peut retrouver (quoique sous une forme trĂšs diffĂ©rente) dans le Nouveau Testament. Il nâest pas possible, ici, de rendre compte de tous les travaux qui ont jalonnĂ© ce siĂšcle de rĂ©flexion sur cette question. Nous essaierons de donner dans un prochain bulletin â avec quelques autres extraits du slavon - des Ă©lĂ©ments sur lâĂ©tat de la question en 2009, en nous appuyant sur un des plus grands spĂ©cialistes de Flavius JosĂšphe, le dominicain Etienne Nodet (*), qui depuis plus de 20 ans Ă©labore une Ćuvre majeure sur les Ă©crits de cet auteur (6). Et qui conclut non seulement Ă lâauthenticitĂ© de la version slavone â il sâagit bien du rĂ©cit de JosĂšphe -, mais considĂšre les notices se rapportant Ă JĂ©sus, Jean-Baptiste, Jacques, etc., comme strictement authentiques, sans remaniement chrĂ©tien ultĂ©rieur.
Jacqueline C. Olivier ---------------------------------------------------------- (1) Interview de Brunor (Bruno Rabourdin) en p. 24 du n°3138 de lâhebdomadaire France Catholique (31 octobre 2008), Ă propos de son excellente bande dessinĂ©e La Question interdite, parue aux Ă©ditions Viltis en dĂ©cembre 2008, et dont nous voudrions reparler dans un prochain bulletin.
(2) National Geographic de dĂ©cembre 2008, King Herode Revealed, article de Tom Mueller. « âŠtoday he is best known as the sly and murderous monarch of Matthewâs Gospel, who slaughtered every male infant in Bethlehem in an unsuccessful attempt to kill the newborn Jesus, the prophesied King of the Jews. [âŠ] Herod is almost certainly innocent of this crime, of which there is no report apart from Matthewâs account. »
(3) Les « mages », du mot persan qui dĂ©signe les prĂȘtres. Ajoutons deux petites traces, qui pourraient bien reflĂ©ter le fait historique de lâorigine de ces persans : -- Une cĂ©lĂšbre peinture des Catacombes de Rome, datĂ©e du IIĂšme siĂšcle, montre les Mages de lâEvangile reprĂ©sentĂ©s avec le costume et le bonnet persans. -- Et quand en 614 le roi de Perse ChosroĂšs II sâempara de JĂ©rusalem, il fit dĂ©truire toutes les Ă©glises sauf une, la Basilique de BethlĂ©em, qui commĂ©morait la nativitĂ© de JĂ©sus, au motif quâil y avait, au frontispice, une mosaĂŻque reprĂ©sentant les Mages, vĂȘtus des mĂȘmes habits persans quâeuxâŠ
Autre Ă©cho possible du massacre des enfants de BethlĂ©em dans ces reproches faits Ă JĂ©sus < Les anciens des juifs rĂ©pliquĂšrent Ă JĂ©sus : « Et que verrons-nous ? Dâabord que tu es nĂ© de relations coupables. Puis, que ta naissance Ă BethlĂ©em a provoquĂ© un massacre dâenfants. Enfin que ton pĂšre Joseph et Marie ont dĂ» fuir en Egypte, tant ils Ă©taient gĂȘnĂ©s devant le peuple. » > (in Actes de Pilate II, 3, apocryphe du IVĂšme siĂšcle).
(4) Ndr : Le scepticisme envers cette Ă©toile nâest recevable que venant dâune personne qui saurait rĂ©futer un Ă un les 50 Ă 70 000 tĂ©moignages venant de la foule de gens divers, qui, le 13 octobre 1917 Ă midi heure solaire, Ă©taient rassemblĂ©s lĂ , suite Ă la promesse - faite 4 mois auparavant par la Vierge Marie aux trois petits voyants de Fatima - de faire « un grand miracle afin que tous croient ». Et la foule a vu pendant 10 minutes le soleil âdanserâ dans le ciel.
(5) Etienne Nodet : Histoire de JĂ©sus ? NĂ©cessitĂ© et limites dâune enquĂȘte, Ă©d. du Cerf, Paris, 2003, p. 219.
(6) Câest dans un livre intitulĂ© Flavius JosĂšphe, lâHomme et lâHistorien, Ă©d. du Cerf, Paris 2000, quâEtienne Nodet expose de la façon la plus fouillĂ©e, en 302 notes et 118 pages, les faits et arguments qui lui permettent de conclure à « lâauthenticitĂ© » de cette version slavone. Mais lâouvrage commence par prĂ©senter une traduction en français des 6 prĂ©cieuses confĂ©rences quâHenri St. John Thackeray donna en 1928, sous ce mĂȘme titre, au Jewish Institute of Religion Ă New York, câest pourquoi il est mis sous le nom de cet auteur. En prĂ©liminaire H. Thackeray dit : « Je suis conscient de ma tĂ©mĂ©ritĂ© en cherchant Ă vous parler de votre historien national. Mais JosĂšphe a toujours trouvĂ© un accueil parmi les chrĂ©tiens plus favorable que chez ses coreligionnaires. Il fut honni par des Juifs comme renĂ©gat et opportuniste, et louĂ© par des chrĂ©tiens Ă cause dâun passage [âŠ] oĂč il parle de JĂ©sus. » Et il ajoute plus loin : « Dans mon pays [lâAngleterre], il fut un temps oĂč dans presque chaque demeure on pouvait trouver deux livres, la Bible et les Ćuvres de JosĂšphe ».
(*) Ndr : Sâappuyer sur ce travail dâun exĂ©gĂšte cĂ©lĂšbre, abondamment publiĂ© aux Ă©d. du Cerf, ne suppose pas que nous soyons en accord avec ses conclusions sur tous les autres sujets quâa travaillĂ©s cet Ă©rudit.
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Les CONTRE-VĂRITĂS dâune « HEURE de VĂRITà » ChoquĂ© par les nombreuses contre-vĂ©ritĂ©s formulĂ©es lors de lâĂ©mission de tĂ©lĂ©vision « LâHEURE de VERITE » du 19 dĂ©cembre 1972, lâabbĂ© Jean Carmignac dĂ©cida de rĂ©pondre briĂšvement Ă une quinzaine dâentre elles, les principales. Ses rĂ©ponses furent publiĂ©es dans le supplĂ©ment du journal LâHOMME NOUVEAU du 7 janvier 1973. Nous remercions ce prĂ©cieux journal de nous autoriser Ă reproduire les rĂ©ponses de lâabbĂ© Carmignac.
AffirmĂ© pendant lâĂ©mission : Le JĂ©sus de la foi ne doit pas ĂȘtre identifiĂ© avec le JĂ©sus de lâhistoire.
RĂ©ponse de lâAbbĂ© Carmignac :
1) Si lâon reconnaĂźt que la foi est une adhĂ©sion de notre intelligence aux vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es par Dieu, toute opposition entre la rĂ©alitĂ© historique et lâobjet de la foi entraĂźne une opposition entre la rĂ©alitĂ© historique et la rĂ©vĂ©lation divine. Autrement dit, elle fait de Dieu un menteur ou un imposteur. 2) certes, les documents de la Bible doivent ĂȘtre compris en tenant compte de leur genre littĂ©raire et ils doivent bĂ©nĂ©ficier de l'Ă©clairage de toutes les techniques modernes pour quâon en dĂ©gage le mieux possible le sens le plus exact. Mais toute cette exĂ©gĂšse aboutit simplement Ă mieux prĂ©ciser ce quâont voulu dire les auteurs de chaque livre de la Bible, donc ce que Dieu a voulu nous rĂ©vĂ©ler, pour que lâadhĂ©sion de notre foi soit plus Ă©clairĂ©e et plus parfaite. Ainsi le JĂ©sus de notre foi ne peut ĂȘtre que le JĂ©sus de lâhistoire, tel quâil est prĂ©sentĂ© par lâEcriture, câest-Ă -dire garanti par la Parole de Dieu. Et si la Parole de Dieu dĂ©formait lâhistoire, elle ne serait plus Parole de Dieu. ________________________________________________________________________
Encore une nouveauté sur le Linceul de Turin
Emanuela Marinelli nous envoie cette heureuse nouvelle :
« Quelques tissus de lin ont Ă©tĂ© irradiĂ©s avec un laser Ă©mettant une radiation ultraviolette de haute intensitĂ©, Ă lâENEA (Ente per le Nuove tecnologie, lâEnergia e lâAmbiente : Organisme promouvant les Nouvelles technologies, lâEnergie et lâEnvironnement) de Frascati, dans la rĂ©gion de Rome. Les rĂ©sultats, comparĂ©s avec lâimage du Linceul, montrent dâintĂ©ressantes analogies et confirment la possibilitĂ© que lâimage ait Ă©tĂ© provoquĂ©e par une radiation ultraviolette directionnelle. La coloration du lin devient plus intense avec le passage du temps. »
(RĂ©fĂ©rence bibliographique : BALDACCHINI G. â DI LAZZARO P. â MURRA D. - FANTI G. â Coloring linens with excimer laser to simulate the body image of the Turin Shroud - Applied Optics (Colorer les linges avec un laser excimer, pour simuler lâimage du corps du Linceul de Turin â Optique appliquĂ©e), Vol. 47, No. 9, March 20, 2008, pp. 1278-1285).
Or, dĂ©clare-t-elle, dans une interview Ă la tĂ©lĂ©vision en Italie (TG5), du 12 mars, que vous trouverez Ă lâadresse e-mail
http://www.video.mediaset.it/mplayer.htlm?category=tg5/2008/tg5_la_lettura :
« Câest comme si le corps avait imprimĂ© lâimage avec une Ă©mission dâĂ©nergie ultraviolette. Il sâagit dâune chose qui surprend parce quâun cadavre ne devrait pas faire une chose de ce genre⊠»
Nous maintenons la cotisation Ă la somme modique de 15 euros (7 euros en cas de nĂ©cessitĂ©) mais nous vous prions de tout coeur de ne pas oublier votre cotisation : sans elle, ni le bulletin ni le site ne peuvent exister, ni, bien sĂ»r, aucun dĂ©veloppement de la diffusion ou du site. En 2009 nous enverrons Ă tous ceux qui nous en feront la demande (jointe au versement) un reçu de votre don pour que vous puissiez bĂ©nĂ©ficier dâune rĂ©duction dâimpĂŽts Ă©gale Ă 66% de votre envoi (dans la limite de 20% du revenu imposable). Et nous remercions par avance vivement tous les gĂ©nĂ©reux donateurs qui nous versent un montant supĂ©rieur Ă 15 euros. Envoyez votre chĂšque rĂ©digĂ© au nom de "Association Jean Carmignac", Ă l'adresse de notre siĂšge social : Association Jean Carmignac (Editions F.-X. de Guibert), 3.rue Jean-François Gerbillon, 75006 Paris. Les adhĂ©rents italiens peuvent envoyer au siĂšge de lâassociation un chĂšque italien en euros au nom de
Marie-Christine Cendrier : le transfert sera fait.
[email protected] www.abbe-carmignac.org
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A Rome, sous lâĂ©glise de Santa Maria in via LataâŠ
Le Puits Colonne du Ier siĂšcle
Fresque endommagĂ©e Mur de lâabside
Portique du Ier siĂšcle Don Franco Amatori