les procedures tère des qualités relationnelles de l

21
CHAPITRE 17 LES PROCEDURES A Avant d'étudier les procédures capables de modifier 1» présence d'un professeur stagiaire, se pose logiquement la question préalable de la sélection. Autrement dit, le cri- tère des qualités relationnelles de l'enseignant étant re- tenu, doit-on recevoir à l'Ecole Normale des personnalités dont la situation affective relève manifestement d'un éclai- rage psychanalytique ? Si, à l'évidence, une Ecole Normale n'est pas compétente pour traiter ces cas pathologiques, faut il pour autant passer sous silence la personnalité conflic- tuelle, voire franchement psychotique, et prendre la respon- sabilité'de confier enfants et adolescents à de tels psychis- mes ? Si la réponse est négative, il convient d'instituer, au moment du concours d'entrée, les filtres nécessaires pour identifier les personnalités, au demeurant fort minoritaires, ïl n'est pas dans notre propos de traiter ici de»cette question de la sélection, qui a d'ailleurs fait l'objet d'é- tudes et de publications nombreuses. Nous en dirons simple- ment ceci : quel que soit le type d'épreuves imaginées (tests, entretiens, situation de groupe...), la sélection dans le cadre d'une Ecole Normale soulève généralement deux objections. La première est qu'il n'est pas possible de juger un homme "tel qu'en lui-même" quand il est en situation de

Upload: others

Post on 22-Jun-2022

5 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

CHAPITRE 17

LES PROCEDURES

A Avant d'étudier les procédures capables de modifier 1»

présence d'un professeur stagiaire, se pose logiquement la

question préalable de la sélection. Autrement dit, le cri­

tère des qualités relationnelles de l'enseignant étant re­

tenu, doit-on recevoir à l'Ecole Normale des personnalités

dont la situation affective relève manifestement d'un éclai­

rage psychanalytique ? Si, à l'évidence, une Ecole Normale

n'est pas compétente pour traiter ces cas pathologiques, faut

il pour autant passer sous silence la personnalité conflic­

tuelle, voire franchement psychotique, et prendre la respon-

sabilité'de confier enfants et adolescents à de tels psychis-

mes ? Si la réponse est négative, il convient d'instituer,

au moment du concours d'entrée, les filtres nécessaires pour

identifier les personnalités, au demeurant fort minoritaires,

ïl n'est pas dans notre propos de traiter ici de»cette

question de la sélection, qui a d'ailleurs fait l'objet d'é­

tudes et de publications nombreuses. Nous en dirons simple­

ment ceci : quel que soit le type d'épreuves imaginées

(tests, entretiens, situation de groupe...), la sélection

dans le cadre d'une Ecole Normale soulève généralement deux

objections. La première est qu'il n'est pas possible de juger

un homme "tel qu'en lui-même" quand il est en situation de

Page 2: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

sélectionné. Il est indéniable que l'emotivité joue son rôle

pour celui qui se présente devant un jury; se sentir observé,

apprécié, jugé, critiqué, noté..., prendre conscience du pou­

voir considérable qui est celui des examinateurs et qui leur

permet de prendre une décision Icurde de conséquences pour le

candidat; bref, toute cette situation de dépendance met la

présence cal à l'aise. Mais cela suffit-il pour la condamner,

eu égard au propos qui est le nôtre ? Ne neut-elle tenir lieu,

elle aussi, ce moment discriminant, et ceci en raison même

des d i f f i c u1• 1 2 ^ U elle impose à la présence? Un candidat

.dulte qui s'effondre à l'oral, qui est incapable de rassem­

bler ses idées, de faire e ~ ~ f f*. . c *= ^ £> i r e a z r e i r o ont, bref qui part

vaincu G ' avarie e • : n — o ex car.iiaat s se révèle. Ce n'est cas l'é­

preuve qu'il : rimine r, nais le rapport de l'homme à

ce "te épreuve. Certes, il a. r, e . situations qui, mieux que

d'autres, facilitent l'émergence du soi; mais nous ne pensons

pas du tout que ces situations soient celles que l'on quali­

fient de "faciles". C'est par et à travers chaque situation

que l'homme révèle ses propres possibilités, c ' est-à-'àfre ̂

se révèle, à soi et aux autres; mais la situation est d'au­

tant plu3 révélatrice qu'elle constitue précisément 'une

épreuve. Le navigateur au port, le mcntagnard dans la plaine

n'ont plus la possibilité de se révéler, comprenons t d'être

soi; et du même coup, nous n'avons plus Ta possibilité_de

Page 3: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

juger de leurs qualités. Bn ce qui concerne notre candidat,

nous pensons que la maîtrise dont il fait preuve et la pu­

gnacité qu'il déploie face aux difficultés du concours sont

toutes deux révélatrices d'une certaine maturité, que nous

jugeons nécessaire à la fonction éducative qu'il postule.

La deuxième objection faite au principe de la sélection

est d'ordre déontologique. Si un jury peut interroger un

candidat sur ses aptitudes culturelles et pédagogiques, il

n'aurait.pas le droit de lui demander des comptes sur son

équilibre personnel. Nous reconnaissons qu'il y a là une

objection réelle dans la mesure où cette région psycho­

affective de la personne est considérée comme le refuge de

l'infériorité même, dont moi", examinateur, je n'ai pas à

connaître. Face à ce scrupule fondé, nous rappellerons notre

inquiétude : le formateur peut--*! confier des enfants - plu­

sieurs milliers - à un être notoirement iamature ? Autre

question décntologique....

Mais plus que de sélection, c'est de formation qu'il

s'agit ici. Si la qualité de la. présence est une condition

majeure de l'efficacité d'un enseignement dispensé à des

adolescents, comment une "oole Normale peut-elle la prendre

en charge, c'est-à-dire la faire évoluer vers plus d'ouver­

ture ? Telle est la question pratique de cette troisième

partie à laquelle nous nous efforcerons de répondre... C'et-te-

Page 4: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

dernière partie sera organisée en trois temps. Nous dirons

d'abord les conditions théoriques nécessaires à toute trans­

formation de la présence; nous ferons appel aux rapports,

déjà entrevus, du concept et de l'expérience, ainsi qu'aux

notions de structure chez-Goldstein et de rapport de totalité

chez E. Strauss. Puis, nous nous attacherons, pratiquement,

à modifier la situation générale de la formation dans le but

de permettre au formé l'articulation d'un projet. Enfin, sur

ce fond ainsi élucide, nous placerons quelques exercices-

ponctuels susceptibles de transformer la présence.

CONSIDERATIONS THEORIQUES

-^) Présence et Représentation

Pour aborder cette question, nous rappellerons le ma­

lentendu essentiel que nous avons dénoncé plus haut, au mo- «

ment de la critique d'une leçon d'application. Nous avions

dit que professeur d'Ecole Normale et stagiaire ne faisaient

pas référence à la même réalité; que la critique même pro­

posait au stagiaire une image de son comportement, une des­

cription de- ses attitudes, une mise en question de •toute sa

relation pédagogique, qui constituaient autant de thèmes

hétérogènes à la réalité phénoménale vécue par le stagiaire

au moment même de sa leçcn. Et si noua voulons dégager les

Page 5: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

conditions d'une formation de la présence,- il nous est néces-"

saire de savoir pourquoi cette critique traditionnelle cons­

titua une impasse dans la mesure où elle échoue à transformer

le comportement. Nous avions répondu : la critique transforme

la présence en représentation, et ceci d'une manière inévita­

ble pour le critique et quasi inévitable pour la critiqué.

Nous voudrions insister sur ce dernier avatar.

Indiquer à autrui une attitude à installer, un geste à

modifier, un stéréotype à éliminer, implique quasi nécessai­

rement pour la personne interpellée le passage de la cons­

cience naïve à la conscience analytique (1). Or, cette der­

nière est inopérante en ce qui concerne l'aire d'influence

de la première (présentation n'a pas de prise sur les

i aitres mêmes ae la présence. En effet, en passant de l'une à

l'autre, nous passons du corps propre, point d'appui trans­

parent (2) de mes intentions, au corp-s objectif, réalité opa­

que que je place en face. Or, il ne sert à rien d'interpeller

ce corps-là Î il ne peut rien pour moi, existant. C'est l.e

corps propre qui est habitable par le sens, qui l'incarne et

(1) Pour éclairer ce glissement, nous pouvons dire qu'il se produit, chaque'fois que je cesse d'utiliser pour obser­ver : par exemple, dans le domaine du langage, lorsque je cesse d'utiliser un mot pour essayer de le définir, autre chose est de dire un mot, autre chose est- de dire son sens. C'est ainsi que nous nous surprenons à ne pouvoir définir le mot même que nous employons à bon escient et couram­ment.

(2) pas entièrement d'ailleurs.

Page 6: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

donne prise sur le monde à mon projet. Mais à_ce corps propre,

on ne commande pas de l'extérieur sous peine de le transfor­

mer en automate. Il n'écoute que moi-même, il est l'incarna­

tion très fidèle, jusque dans mes réticences et mes censures»

de mas intentions significatives, et lui seul est capable

d'articuler ma parole et mon geste. "Il n'y a pas de parole

nossible si ^ I J_ O ! le mot en tant que réalité lexicale; je

dois viser le sens et mon discours s'ordonne, articulant-

articulé. De même, il n'y a pas de ge3te possible si je vise

la main ou le bras, réalités an atomiques; je dois viser l_e

sens, et mon corps s'ordonne spontanément. Joindre le geste

à la parole signifie que le ccrps et la parole sont la double

ic~ualisaticn d'un même projet; c .e cette référence com­

mune que procèdent leur contemporanéite et leur cohésion.

Revenons à notre critique magistrale pour en définir la

contradiction. Prétendant transformer mon comportement, elle

met en question non plus ma corporéité réelle mais sa re­

présentation. ( 1 ) . Or, nous le savons, cette dernière est ino­

pérante dans l'ordre de la rhénoménalitéj l'image du corps

qu'elle me soumet est inapte à rectifier mon projet. Pare­

il) Il faut avouer que ce glissement de la critique du corps propre au cor>ps objectif est facilité par. 1 * enlisement » plus ou moins marqué, de la présence même du. stagiaire en,, leçon d'application. Les difficultés d'un.tel exercice pour l'enseignant novice oblitèrent la transparence de la rarole pédagogique au profit de sa version spectacu­laire. Z~ qui :;:;rici3 à extli^uer que, la leçon finie, le professeur-stagiaire accueille faborablement la.-c.ri-. tijue 13 szn z omr or t eaer.t dar.s la mesure où il s'en ait déjà senti dépossédé du fait de sa situation.

Page 7: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

d i a n t K i e r k e g a a r d , nous d i r i o n s q u e , du f a i t de c e t t e d é c h é ­

ance de l a p r é s e n c e en r e p r é s e n t a t i o n , j e n e s u i s p l u s en a e -

s u r e de t u t o y e r mon c o r p s . R e s t e à s a v o i r s i une t e l l e c r i ­

t i q u e empor te n é c e s s a i r e m e n t une t e l l e d é c h é a n c e . Fous ne l e

pensons p a s , mais l e s e x c e p t i o n s son t r a r i s s i m e s , e l l e s ne

c o n c e r n e n t que l e s c a s où l a p r é s e n c e , d ' e l l e - m ê m e , e s t p r o ­

che de s a c o n v e r s i o n } l a p a r o l e c r i t i q u e peu t a l o r s a p p a r a î ­

t r e comme f a c t e u r e f f i c i e n t a l o r s q u ' e l l e n ' e s t que l ' u l t i m e

c a t a l y s e u r ( 1 ) . La p l u p a r t du t emps , au c o n t r a i r e , c o a i e nous

l ' a v o n s d i t , l e g l i s s e m e n t v e r s l a r e p r é s e n t a t i o n e s t " q u a s i

i n é v i t a b l e pour l e c r i t i q u é " . C ' e s t , en e f f e t , une c o n s t a t a ­

t i o n b a n a l e que l a s u i v a n t e : l e s imple f a i t d ' a t t i r e r l ' a t ­

t e n t i o n de q u e l q u ' u n s u r un phénomène l ' i n d u i t à q u i t t e r s a

p r i s e phénoménale su r l e d i t phénomène e t à p r e n d r e s e s d i s -

t a n c e s v i s - à - v i s de l u i ; q u i t t a n t l ' a t t i t u d e n a î v e pour l ' a t ­

t i t u d e a n a l y t i q u e , i l e s t m a i n t e n a n t e n - f a c e du phénomène.

M a i s , ce f a i s a n t , l e phénomène e s t pe rdu au p r o f i t de son a n a ­

logue o b j e c t a i , e t l e s u j e t n ' e s t p l u s à mime de r e c o n n a î t r e

ce qu i p o u r t a n t l u i a p p a r t e n a i t l ' i n s t a n t d ' a v a n t . I l c o n v i e n t

donc , ce n ' e s t pas a i s é , d ' a l l i e r r é f l e x i o n e t a t t i t u d e n a ï v e .

"La t â c h e d ' u n e r é f l e x i o n r a d i c a l e . . . c o n s i s t e , d*une m a n i è r e

p a r a d o x a l e , à r e t r o u v e r l ' e x p é r i e n c e i r r é f l é c h i e d u monde, pour

( 1.) s e l o n l e p r o v e r b e y o g i j "Lor sque l e d i s c i p l e e s t p r ê t , l e m a î t r e a r r i v e " . " - . _ _ . .

Page 8: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

r e p l a c e r en e l l e l ' a t t i t u d e de v é r i f i c a t i o n e t l e s o p é r a t i o n s

r é f l e x i v e s " ( î ) * Or , une t e l l e démarche va a u j o u r d ' h u i à 1 ' e n ­

c o n t r e de l ' i m p é r i a l i s m e s c i e n t i f i q u e e t de 1* ob j e c t i v i t é f o b ­

j e c t i v i t é c o n s i d é r é e comme v a l e u r sup rême .

Déchéance , g l i s s e m e n t , i m p a s s e , a v a t a r . . . a u t a n t de

v o c a b l e s s i g n i f i a n t deux n i v e a u x , deux p l a n s , deux n o t i o n s

d ' i n é g a l e v a l e u r e t d ' i n é g a l e p o r t é e . Si nous v o u l o n s , en t a n t

que f o r m a t e u r , p r o p o s e r d e s e x e r c i c e s sus -cep t ib l es de f a v o r i ­

s e r l ' o u v e r t , i l nous e s t u t i l e , i n d i s p e n s a b l e , de s a v o i r ce

qu i e s t e n c o r e p r é s e n c e e t ce qui n ' e s t p l u s que r e p r é s e n t a t i o n

Nous le f e r o n s à t r a v e r s t r o i s e x e m p l e s , a u x q u e l s n o u s avons

d é j à eu r e c o u r s , mais dont nous c o n d u i r o n s l ' é t u d e j u s q u ' à

s a i s i r l e moment s t r u c t u r a l où l a p r é s e n c e s ' i r r é a l i s e en

r e p r é s e n t a t i o n . Q u e l l e d i f f é r e n c e y a - t - i l , en e f f e t , e n t r e

un masque p o r t é au c o u r s d ' u n e cé rémonie i n i t i a t i q u e e t l e

mime masque sous v i t r i n e dâa s un musée ? e n t r e s e r r e r l a main

d ' u n e p e r s o n n e e t l a même main p a l p é e au c o u r s d ' u n examen

méd ica l ? e n t r e un mot u t i l i s é e t l e même mot que nous e s s a y ­

ons de d é f i n i r ? Examinons c e s o p p o s i t i o n s s e l o n t r o i s d i r e c ­

t i o n s t l ' a x i a l i t é , la m a r g i n a l i t é , l e s e n s .

(1) Mer leau Ponty - "Phénoménologie de la p e r c e p t i o n " - p . 2 7 8

Page 9: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

LE..MASQUE

MASQUE PORTé ' MASQUE SOUS VITRINE

AXIALITé Masque-chose Masque-objet

MARGIFALITé Visage

Torse

Jupe de paillettes

Lueur des brasiers

Bythme des taa tam

Oh an t s

Danse

Le groupe

La nuit....

Apparition de la SENS Objet culturel

fonetion sacrée

par-effacement de

l'individualité

du porteur

DIRECTION

de

SENS

Page 10: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

LA MAIS

LA MAIS SERRéE

M a i n a n a t o m i q u i

'MARGINALI'Té L ' ê t r e p r é s e n t p a r e t à t r a v e r s î

- l e r e g a r d

- l e v i s a g e

- l a m i m i q u e

» l e "buste

- . . l e c o r p s t o u t e n t i e r

DIRECTION A c q u i e s c e m e n t à l a SENS O b j e t c o r p o r e l , r e n c o n t r e de

SENS

SERRER LA MAIN

AXIALITé S a i n de l ' homme

Page 11: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

LE MOT

LE MOT DTILISé ' LE MOT .DEFINI ( d i s c o u r s ) ( l a n g u e )

àXIALITé Le s i g n e comme Le s i g n e comme u n i t é m i n i m a l e a r t i c u l a t i o n . du d i s c o u r s d ' u n s i g n i f i a n t

e t d ' u n s i g n i f

MARGINÂLÏTé La p r o p o s i t i o n L e s s i g n e s v o . i -

LINGUISTIQUE T . S i , n S d a n ® 1 a . . La p h r a s e r é g i o n seman t i q

Le d i s c o u r s

. . . . où i l f i g u r e

MARGINALITé La s i t u a t i o n

EXISTENTIELLE L ' i n t e r l o c u t e u r

c o n s i d é r é e

DIRECTION C e l l e d e l a p r é s e n c e SENS O b j e t l e x i c a l de

SENS

Page 12: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

Que c o n s t a t e - 1 - on ? A g a u c h e , la r é g i o n de l a phénomé-

na l i t ê* où ma p r é s e n c e e s t p o s s i b l e } à d r o i t e , l a r é g i o n de

1* oTa jee t i t é où j e d o i s me c o n t e n t e r d 'une r e p r é s e n t a t i o n .

l a d i s s y m é t r i e s a u t e aux yeux t l a m a r g i n a l i t é manque dans

l a c o l o n n e de d r o i t e . Or , c e t t e a b s e n c e de m a r g i n a l i t é e s t

c o n s t i t u t i v e à e l l e s e u l e d ' u n r é e l de seconde z o n e . En q u o i

En c e c i que l e s i g n i f i a n t n ' a p lus l e même s t a t u t } i l n ' a

p l u s l a même façon de m ' i n t e r p e l l e r , de me c o n c e r n e r , de me

f a i r e s i g n e . Cet a v a t a r , n o u s le s a i s i s s o n s notamment à t r a ­

v e r s l a d i s t i n c t i o n que 1 ' a n a l y s e phénoménologique é t a b l i t e

t r e sens e t d i r e c t i o n de s e n s . La d i r e c t i o n de sens e s t l a f

ne même de ma p r é s e n c e , c ' e s t d a n s mon o u v e r t u r e au monde

q u ' e l l e t r o u v e son o r i g i n e e t son f o n d e m e n t . J e ne p u i s me

t r a n s c e n d e r q u ' e n s i g n i f i a n t du même coup e t en même temps

le monde et moi-même} c ' e s t c e t t e commune g e n è s e que conno te

l e t e r m e de s i t u a t i o n . C ' e s t d i r e l ' i m p o r t a n c e â.s la a a r g i n ?

l i t é dans l e f o n c t i o n n e m e n t d ' u n t e l s i g n i f i a n t . Si nous r e ­

p r e n o n s l ' e x e m p l e du masque, n o u s voyons q u ' i l n ' a de s i g n i ­

f i c a t i o n e x i s t e n t i e l l e , c ' e s t - à - d i r e p o u r l a p r é s e n c e que j e

s u i s , que p a r l e s é c h a n g e s i n c e s s a n t s q u ' i l e n t r e t i e n t a v e c

s e s e n t o u r a $ v i s a g e . , b r a s i e r s , , , p e r c u s s i o n s . . C ' e s t dans

c e t t e e s q u i s s e d ' u n e s i t u a t i o n t o t a l i t a i r e que « a p r é s e n c e

t r o u v e à s ' o u v r i r d a n s une s i t u a t i o n de s e n s } c ' e s t l à que

p u i s p a r t i c i p e r à la c é r émon ie r i t u e l l e , e t é v e n t u e l l e m e n t

Page 13: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

e n t r e r dans l a d a n s e . C e t t e n o t i o n de d i r e c t i o n de s e n s v e u t

d i r e o r i e n t a t i o n du s e n s t c ' e s t l e en vue de qui s t r u c t u r e *

t r a n s c e n d a n c e } mais e l l e s i g n i f i e a u s s i e q u e l e s e n s n ' e s t ja­

s a i s d é f i n i t i v e m e n t c o n s t i t u é (comme i l l ' e s t d a n s le concep

q u ' i l e s t t o u j o u r s en s u r s i s d a n s l a mesure où ma l i b e r t é d*

x i s t a n t e s t à même de d é p l a c e r l a s i t u a t i o n e t de m o d i f i e r

s a p e r c e p t i o n e t ma c o n d u i t e . Le s o i n ' e s t j a m a i s p o s é , t o u t

au moins t a n t q u ' u n p ro j et r e s t e p o s s i b l e ; c ' e s t ce que d i t

Mal la rmé de l a mor t s " T e l q u ' e n lui -même enf in l ' é t e r n i t é 1

change™. Tout a u t r e e s t l e s t a t u t du s e n s . Lo r sque le masque

sous v i t r i n e se t r o u v e d é l e s t é , à son dam e t au mien , de s a

m a r g i n a l i t é , l e s i g n i f i a n t se l i m i t e a l o r s aux c o n t o u r s exac

de l ' o b j e t . Mais c e t t e e x a c t i t u d e de la c h o s e t fcémat isée ( in

ge ou c o n c e p t ) a comme r a n ç o n l a so l i - tude g l a c é e à l ' i n t é r i e

des f r o n t i è r e s . Pour moi , pour ma p r é s e n c e , un t e l a v a t a r es

l o u r d de conséquences t je s u i s d o r é n a v a n t d evan t , f r a p p é d '

manence . Une t e l l e f e r m e t u r e a comme c o r r é l a t la d i s p a r i t i o i

de t o u t e d i re c t i on de s e n s . Ma p r é s e n c e e s t c e l l e du s c h i z o !

d e , e l l e n ' a p l i î s de r é p o n d a n t t j e s u i s d e v a n t le masque si

v i t r i n e . I l ne me r e s t e p l u s , p o u r donner l e c h a n g e , q u ' à ê"

l ' i n t e l l e c t u e l c u r i eux d ' e t h n o l o g i e 5 mais pour ce qui e s t d

d a n s e r . . .

C e t t e p r e m i è r e d i s t i n c t i o n e n t r e phé n o m é n a l i t é e t r e p

s e n t a f i o n npus pe rme t de dénoncer le c o n t r e - s e n s commis par

Page 14: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

le formateur au moment où il critique la leç̂ on d'un stagiaire.

L'attitude analytique qui est la sienne (colonne B) prétend

agir sur le comportement du stagiaire (colonne A) . De cette

confusion de plans, une série de conséquences découle :

- le stagiaire généralement ne se reconnaît pas - ou

d'une manière fort abstraite - dans l'image de lui-même que

le critique lui oppose. L'un (le critique parle de ce qu'il

n'a pas vécu; à l'autre (le stagiaire), on parle d'une percep­

tion qu'il n'a pas eue.

- les conseils que le critique peut donner au stagiaire

concernant son comportement 'sont inopérants. Il n'est pas pos­

sible de transformer une présence par l'intermédiaire d'une at­

titude catégoriale. En effet, recourir, pour modifier un com­

portement pédagogique, à des "avis ou conseils utiles", c 'est,

recourir à un appareil conceptuel totalement étranger à la réa­

lité existentielle sur laquelle j'entends agir. Nous pouvons,

certes, tenter une telle approche pour décrire une conduite,

c'est-à-dire thématiser les manifestations en les subsumant

sous des conceptsj nous ne pouvons pas, en revanche, l'utili­

ser pour transformer une conduite. Des conseils du genre î"soyBZ

plus naturel... sollicitez davantage 1'élève... soyez plus

expressif... occupez davantage l'espace de la ôlàsse... évi­

tez d'être cassant avec les élèves... parlez plus fort et

moins vite...etc..." nous font penser à la boutade t "le meil-

•« i.j-v ^^-n + ya i 'insoinie. c'est encore le sommeil".

Page 15: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

- non seu lement ces c o n s e i l s sont i n o p é r a n t s , ma i s i l s

son t s o u v e n t n u i s i b l e s d a n s la mesure où i l s r e n f o r c e n t l a

f e r m e t u r e de l a p r é s e n c e du jeune m a î t r e . Comment ? G e s t e s

e t mots ne s o n t s i g n i f i a n t s pour a u t r u i que p a r c e q u ' i l s s o n t

t r a n s p a r e n t s , A t r a v e r s eux, même si c ' e s t g r â c e à e u x , je

v i s e une d i r e c t i o n de s ens qui o r i e n t e l a t o t a l i t é d e ma p r é ­

sence c o r p o r e l l e e t l i n g u i s t i q u e * Q u ' i l s c e s s e n t d ' ê t r e ce s u p ­

p o r t pour ê t r e c o n s i d é r é s en eux-mêmes, i l s a c q u i è r e n t a l o r s

une p r o x i m i t é qui l e s p r i v e d e l e u r t r a n s p a r e n c e , e t la p e r t e

du sens e s t l a r a n ç o n de l e u r o p a c i t é p a r a d o x a l e ( 1 ) . C ' e s t un

a v a t a r de ce g e n r e qui r i s q u e d ' a d v e n i r à t o u t un c h a c u n p o u r

peu qu ' on l u i demande de f a i r e a t t e n t i o n à s e s g e s t e s e t à s e s

p a r o l e s . R i e n de t e l pour l e r e n d r e p a r a l y s é et mue t . C ' e s t

p r é c i s é m e n t l e p r o p r e de l a © r i t i q u e t r a d i t i o n n e l l e que d ' i n ­

d u i r e l e c r i t i q u é à q u i t t e r s a p e r c e p t i o n phénoménale e t n a ï v e

pour une p e r c e p t i o n a n a l y t i q u e * Ce f a i s a n t , i l r é i f i e son com­

po r t emen t e t l e s a n c i e n s s i g n i f i a n t s se t r o u v e n t promus s a r l e

devant de l a s c è n e . O u b l i a n t q u ' i l s s o n t au s e r v i c e d i s c r e t

e t o b l i q u e du s e n s , i l s s ' o p a c i f i e a s t s o u s l e nouve l é c l a i r a g e

en d e v e n a n t o b j e t s ; en l ' o c c u r e n c e , o b j e t s d ' a t t e n t i o n . D i r e

à un p r o f e s s e u r - s t a g i a i r e de " f a i r e quelque chose de s e s b r a s "

e s t l e p l u s s û r mbyen pour q u ' i l l e s c o n s i d è r e d o r é n a v a n t c o i -

a e deux e x c r o i s s a n c e s f o r t g ê n a n t e s ? r ançon d e l a n o u v e l l e p e r -

(1) On .peut en f a i r e l ' e x p é r i e n c e en r é p é t a n t un mot f a m i l i e r p l u s i e u r s f o i s de s u i t e Î l e s e n s s ' é c h a p p e b i e n t ô t , e t l ' o n se t r o u v e devant un pur m a t é r i e l s o n o r e .

Page 16: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

ception qui vient, sous l'influence du critique, de mettre ses

braa^en face de lui. Tout ceci pour rappeler cette vérité élé­

mentaire » pour parler ou agir, il ne faut surtout penser ni

à ses mots, ni à son corps, sous peine d'être comme l'apprenti

eycliste à qui il prend l'envie de regarder, non plus sa route,

mais son vélo s chute dé transcendance..

Nous heurtons donc ici une première impossibilité s les

âîtres de la présence sont, en tant que telles, hors d'attein­

te du pouvoir catégorial. Avant d'examiner.les solutions pos­

sibles face à cette incompatibilité foncière, nous voudrions

noter une deuxième impossibilité inhérente à la critique clas­

sique. Si elle se présente comme un corrolaire logique de la

première, elle n'en donne pas moins naissance à une probléma­

tique spécifique.

B) Totalité et Dissociation

Ce deuxième contre-sens de la critique traditionnelle

consiste à vouloir traiter isolément un élément du comporte­

ment (geste, démarche, rythme, intonation, silence, regard...)

Ce faisant, elle commet une double erreur » dissocier l'élé­

ment de la totalité humaine; dissocier cette dernière de son

milieu.

Goldstein (1), biologiste et psychologue, pose l'orga-

(1) "La structure de l'organisme" - Goldstein - NRF - 1954

Page 17: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

nisae comme une structure. La critique analytique, en demandant

au professeur de "faire quelque chose de ses "bras" ou de "re­

garder ses élèves de préférence à ses notes" présuppose que

le corps est un agrégat d'éléments juxtaposé?, et que l'on

peut, de ce fait, agir exclusivement sur l'un d'entre eux.

Parler, au contraire, de structure signifie que chaque élément

se trouve placé sous la juridiction de la totalité. "Les réac­

tions de l'organisme ne sont pas des édifices de mouvements

élémentaires, mais des gestes doués d'une unité intérieure" (1)«

C'est cette unité intérieure qui constitue la structure, unité

sans laquelle on ne pourrait comprendre comment la diversité

de nos gestes, paroles, mimiques, silences, regards... en vient

spontanément à dire un mime sens. Ce ne sont pas coïncidences

heureuses, mais référence à une mime source signifiante. i

Cette première erreur de la critique est renforcée par

une deuxième dissociation, celle que dénonce Erwin Strauss

à travers sa notion de rapport de totalité. Ce rapport est le

rapport fondamental qui détermine les relations de l'homme à

son milieu. Au point de vue biologique, le rapport de totalité

est attesté par le phénomène des suppléances. Si l'on section­

ne les deux fifctsa d'un chien du mimé côté, il est capable au

bout d'un certain temps £• bondir à nouveau. Cela signifie

qu'il n'y a pas réorganisation d'un jeu d'organes préexistants

(1) Kerleau-Poaty - "Structure du comportement" -HRF -- pi 140

Page 18: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

ou de f o n c t i o n s p r é e x i s t a n t e s ! i l y a i n v e n t i o n d ' u n nouveau

t y p e de locomot ion en vue de c o n s e r v e r l e s t y l e d ' u n c o m p o r t e ­

men t . Autrement d i t , c e t t e t o t a l i t é or gani s a e - m i l i e u c o n s t i t u e

une i n s t a n c e l é g i s l a t r i c e q u i va c o n t r a i n d r e l ' o r g a n i s m e à

s ' a d a p t e r p o u r c o n s e r v e r l e même r a p p o r t au monde. Tout se p a s ­

se comme s i une mime forp^e d e v a i t p e r d u r e r dans son i d e n t i t é ,

e n t r e l ' a c t i o n de l ' o r g a n i s m e e t l a r é a c t i o n du m i l i e u ( 1 ) .

Q u i t t o n s c e t a s p e c t s implement "b io log ique pour la phénoména-

l i t é où se s i t u e l e p l u s c l a i r de la p e n s é e d 'Erwin S t r a u s s .

Pour d i r e c e l a , nous p a r t i r o n s du n é g a t i f : l e s c h i z o p h r è n e ,

quant à l u i , a" pe rdu ce r a p p o r t de t o t a l i t é . N ' é t a n t p l u 3 c a ­

p a b l e de s ' o u v r i r au monde - nous a l l i o n s d i r e Î de se c o n f i e r

au monde - i l e s t i n c a p a b l e de r e c o n n a î t r e l e s l i m i t e s d e son

c o r p s p r o p r e , d a n s l a mesure p r é c i s e où i l y a c o n t a m i n a t i o n

e n t r e l ' e s p a c e p r o p r e e t l ' e s p a c e é t r a n g e r . En e f f e t , l ' a r t i ­

c u l a t i o n , o n t o l o g i queaent f o n d a t r i c e , du moi^ et du monde p r é ­

suppose , l o g i q u e m e n t e t exi s t e n t i e l 1 ement , une i d e n t i t é r e s ­

p e c t i v e des deux p a r t e n a i r e s . Leur c o n f u s i o n e n t r a î n e au cpn^-

t r a i r e une p e r t e d ' i d e n t i t é du c o r p s p r o p r e dont l e s d i f f é r e n ­

t e s r é g i o n s c e s s e n t d ' ê t r e des p a r t i e s c o h é r e n t e s pour f o n c ­

t i o n n e r s é p a r é m e n t . Cela s i g n i f i e que l e s p a r t i e s o n t - p e r d u

l e r a p p o r t de t o t a l i t é dans la mesure où l e co rps r e i f i é p e r d

(1 ) Nous voyons également ce m a i n t i e n du r a p p o r t de t o t a l i t é à t r a v e r s l e s m u t a t i o n s s u c c e s s i v e s de l ' a l l u r e du c h e v a l j p a r s imple a c c r o i s s e m e n t de sa v i t e s s e , " i l p a s s e du p a s au t r o t , au g a l o p , au t r i p l e g a l o p . . "

Page 19: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

son r a p p o r t au monde. Lorsque H e i d e g g e r é c r i t t "que ' l é r é a ­

l i t é humaine t r a n s c e n d e * , c e l a r e v i e n t à d i r e s dans l ' e s s e n c e

de son ê t r e , l a r é a l i t é humaine es t c onf i g u r a t r i c e d ' u n s o n d e "

( 1 ) , i l s i g n i f i e l e mime r a p p o r t de t o t a l i t é , e t r é v è l e l e

c o n t r e - s e n s d ' u n e f o r m a t i o n q u i p r é t e n d r a i t a g i r sur la p r é s e n -

ce en f a i s a n t l ' é c o n o m i e d e l a s i t û a t i on n é c e s s a i r e à s a r e s p i ­

r a t i o n . L'homme ne f a i t p a s des mouvements, i l d é v e l o p p e des

c o n d u i t e s (comportement ou d i s c o u r s ) qui s ' a n a l y s e n t comme l a

c o n f i g u r a t i o n commune du monde e t du s o i .

Pour r é sumer , nous d i r o n s j

- l a p r é s e n c e es t une s t r u c t u r e } comme t e l l e , e l l e e s t

r é g i e p a r l a l o i commune à t o u t e s t r u c t u r e s e l o n l a q u e l l e l a

t o t a l i t é e s t l a l o i des p a r t i e s . I l e s t donc v a i n , dans l e

c ad re d 'une f o r m a t i o n , de p r é t e n d r e t r a n s f o r m e r i s o l é m e n t un

de^ 099 c o n s t i t u a n t s .

- l a p r é s e n c e a p p a r t i e n t au n o n - t h é m a t i q u e . I l e s t donc

v a i n de p r é t e n d r e l a t r a n s f o r m e r p a r un d i s c o u r s } l e c o n c e p t

n ' a de p r i s e que s u r une r é a l i t é p r é a l a b l e m e n t t h é m a t i s é e . ,

Les deux p r o p o s i t i o n s c i - d e s s u s é n o n c é e s c o n c e r n e n t d e s

r é a l i t é s c o r r é l a t i v e s , comme s o n t en c o r r é l a t i o n l e s deux

c o n t r e - s e n s que nous a v o n s re l evés dans l a f o r m a t i o n t r a d i -

t i o n n e l l e i l a c r i t i q u e ne peut o p é r e r l a double d i s s o c i a t i o a

(1 ) H e i d e g g e r - " Q u ' e s t - c e que l a m é t a p h y s i q u e ?* SRF..- 5 . 9 0

Page 20: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

s t r u c t u r e l l e que nous avons énoncée que d a n s l a s e s u r e où

e l l e p r i v i l é g i e l a r e p r é s e n t a t i o n sur l a p r é s e n c e .

En c o n s é q u e n c e , une f o r m a t i o n s o u c i e u s e de l a p r é s e n c e

d o i t t r o u v e r une v o i e qu i r éponde à c e t t e doub le n é c e s s i t é s

• une méthode g l o b a l e »u qu i v i s e l a t o t a l i t é de l a

p r é s e n c e j

. une méthode expé r i e n t i el l e - qu i v i s e l a p r é s e n c e

avan t t o u t e o b j e c t i v a i ion c a t é g o r i a l e .

Or , c e s deux v o i e s , l o g i q u e m e n t c o r r é l a t i v e s e t p r a t i ­

quement i n d i s s o c i a b l e s , n é c e s s i t e n t l ' a v è n e m e n t d ' u n e s i tu a-

t i o n . Une p r é s e n c e , en e f f e t , ne peut se m e t t r e en q u e s t i o n

que s i e l l e p e u t h a b i t e r un l i e u » Pour ê t r e , ce l i e u a b e s o i n

d ' a b o l i r " l e s f r o n t i è r e s r i g i d e s e t u n i l a t é r a l e s du thème" (1 )

e t de r e t r o u v e r une m a r g i n a l i t é . C ' e s t d i r e que ma p r é s e n c e ,

n ' e s t p o s s i b l e , e t son s e n s , q u ' à h a b i t e r un l i e u , c ' e s t - à -

d i r e ê t r e en s i t u a t i o n » S e u l e une s i t u a t i o n , dans sa doub le

d imens ion a x i a l e e t m a r g i n a l e , t a n t s p a t i a l e que t e m p o r e l l e ,

permet 1 * exi s t e r ^ . v (Ma s i t u a t i o n ) e s t un mode fondamen ta l *

e t e x i s t e n t i a l de l ' o u v e r t u r e de l*é* t re4à , qui comporte s i a u l -

t anément l a r é v é l a t i o n du monde, c e l l e de l a c o e x i s t e n c e e t

c e l l e de l ' e x i s t e n c e " (2) "

Pour des f o r m a t e u r s souc ieux de ce. f a c t e u r p r é s e n c e que

nous avons nommé l a p r i o r i t é des p r i o r i t é s , l a q u e s t i o n q u i s e

pose e s t m a i n t e n a n t p r é c i s e t e s t - i l p o s s i b l e d e p r o p o s e r aux

(1) H. M a l d i n e j - Ouvrage c i t é p , 99

Page 21: LES PROCEDURES tère des qualités relationnelles de l

s t a g i a i r e s des s i t u a t i o n s t e l l e s que l e u r p r é s e n c e s ' e n

t r o u v e m o d i f i é e dans l e s e n s de l ' o u v e r t ?

Nous d i s t i n g u e r o n s une s i t u a t i o n g é n é r a l e et des s i ­

t u a t i o n s r é g i o n a l e s .