les vaccins vétérinaires viraux en afrique intertropicale*

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Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1982, 1 (4), 1095-1117. Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale* A. PROVOST** Résumé : L'Afrique intertropicale a une économie basée sur le secteur agricole primaire. Elle est riche de près de 150 000 000 de bovins et de 230 000 000 de petits ruminants; 580 000 porcs peuplent l'île de Mada- gascar. Seize laboratoires, tous propriété des Etats où ils sont installés (ou à participation majoritaire pour deux d'entre eux) assurent la fourniture d'une gamme de vaccins destinés à lutter contre les viroses majeures du continent. On remarque que les technologies de production et de con- trôle n'ont guère évolué depuis plusieurs lustres. Pourtant, les contrain- tes économiques locales qui pèsent pour l'instant conduisent à penser qu'il est préférable de choisir des équipements simples et fiables plutôt qu'ultra-modernes, et de mettre l'accent sur la qualité des fabrications plutôt que la sophistication des matériels. Dans ce contexte, on se sou- viendra que les vaccins sont vendus sans bénéfices par suite des structu- res administratives, ce qui entrave toute tentative de modernisation du fait de l'étroitesse du marché économique. Cependant, la production totale est loin de couvrir la demande poten- tielle, particulièrement pour la rage et les maladies aviaires, mais aussi pour certaines viroses en voie d'expansion (pox-viroses notamment). Au niveau des utilisateurs, la précarité des infrastructures (chaîne de froid continue) obère la planification des opérations prophylactiques sur le terrain mais a, en contrepartie, conduit à l'utilisation de solutions ori- ginales (thermostabilisation cationique). INTRODUCTION Vouloir dresser un tableau aussi exhaustif que possible des productions de vaccins vétérinaires contre les maladies virales sur le continent africain est, à plus d'un titre, une entreprise ardue. Les données précises font défaut en certaines circonstances ou sont relati- vement obsolètes dans un contexte socio-économique en changements cons- * Document présenté au 2 e colloque international de microbiologie tropicale, Abidjan (Côte d'Ivoire), 22-25 mars 1982. ** Directeur Général, Institut d'Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux, 10, rue Pierre-Curie, 94704 Maisons-Alfort Cedex, France.

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Page 1: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1982, 1 (4), 1095-1117.

Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

A. PROVOST**

Résumé : L'Afrique intertropicale a une économie basée sur le secteur agricole primaire. Elle est riche de près de 150 000 000 de bovins et de 230 000 000 de petits ruminants; 580 000 porcs peuplent l'île de Mada­gascar.

Seize laboratoires, tous propriété des Etats où ils sont installés (ou à participation majoritaire pour deux d'entre eux) assurent la fourniture d'une gamme de vaccins destinés à lutter contre les viroses majeures du continent. On remarque que les technologies de production et de con­trôle n'ont guère évolué depuis plusieurs lustres. Pourtant, les contrain­tes économiques locales qui pèsent pour l'instant conduisent à penser qu'il est préférable de choisir des équipements simples et fiables plutôt qu'ultra-modernes, et de mettre l'accent sur la qualité des fabrications plutôt que la sophistication des matériels. Dans ce contexte, on se sou­viendra que les vaccins sont vendus sans bénéfices par suite des structu­res administratives, ce qui entrave toute tentative de modernisation du fait de l'étroitesse du marché économique.

Cependant, la production totale est loin de couvrir la demande poten­tielle, particulièrement pour la rage et les maladies aviaires, mais aussi pour certaines viroses en voie d'expansion (pox-viroses notamment).

Au niveau des utilisateurs, la précarité des infrastructures (chaîne de froid continue) obère la planification des opérations prophylactiques sur le terrain mais a, en contrepartie, conduit à l'utilisation de solutions ori­ginales (thermostabilisation cationique).

I N T R O D U C T I O N

Vouloir dresser un tableau aussi exhaustif que possible des productions de vaccins vétérinaires contre les maladies virales sur le continent africain est, à plus d 'un titre, une entreprise ardue.

Les données précises font défaut en certaines circonstances ou sont relati­vement obsolètes dans un contexte socio-économique en changements cons-

* Document présenté au 2 e colloque international de microbiologie tropicale, Abidjan (Côte d'Ivoire), 22-25 mars 1982.

** Directeur Général, Institut d'Elevage et de Médecine vétérinaire des Pays tropicaux, 10, rue Pierre-Curie, 94704 Maisons-Alfort Cedex, France.

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tants. Il est alors nécessaire d'effectuer un certain nombre de recoupements à partir des renseignements fiables pour arriver à une appréciation relativement exacte de la situation.

Il convient, par ailleurs, de bien préciser ce que l 'on entend par Afrique intertropicale; c'est, géographiquement, celle qui est comprise entre les deux tropiques, avec la totalité de Madagascar, du Mozambique et du Botswana, soit au total 37 pays. Les Etats du Maghreb et du Marzeb sont exclus, tout comme la République Sud-Africaine et ses Etats satellites.

I . — D I S T R I B U T I O N D U C H E P T E L D O M E S T I Q U E

L'Afrique intertropicale a une économie basée sur le secteur agricole pri­maire. Mais si certains pays, grâce à des conditions climatiques favorables, présentent une certaine diversité dans leurs productions — cultures vivrières et industrielles, élevage — dans d'autres, et c'est le cas notamment des pays sahéliens, les activités de l'élevage sont prépondérantes. La part de l'élevage dans le PIB national varie, ainsi, de moins de 1% à 15% selon les pays.

Les chiffres globaux (Tableaux I et II) cachent en réalité une grande diver­sité dans la répartition du cheptel.

Ainsi, la grande majorité de la population cameline (80%) est concentrée dans quatre pays : Soudan, Ethiopie, Somalie et Nord Kenya; les 20% res­tants étant dispersés dans la bande sahélienne.

T A B L E A U I

Populations animales domestiques en Afrique intertropicale

(X 1 000 de têtes)

Chameau 11 135 Bœuf 147 510 Mouton 103 865 Chèvre 125 286

Sous-total ruminants 387 796 Cheval 2 900 Mulet 1 479 Ane 7 618

Sous-total équins 11 997 Porc 7 244 Volaille 426 180*

Total général 833 217

* Chiffre très incertain, demandant à être considérablement augmenté.

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Sur les 150 millions de bovins, près de 110 millions sont répartis dans les pays du Sahel, le Soudan, l 'Ethiopie et l 'Afrique de l 'Est. Les pays de la zone soudano-guinéenne (Libéria, Togo, Bénin...) ou de la zone équatoriale fores­tière (Congo, Gabon) ne possèdent pas, à eux tous, 10% des animaux.

La répartition des quelque 230 millions de petits ruminants (moutons et chèvres) est, en tout point, superposable à celle des bovins. Il en va, grosso modo, de même pour les équins dont 90% sont concentrés dans la bande sahélienne et l 'Ethiopie.

La répartition des porcins est, en revanche, totalement inversée, cet éle­vage ne se rencontrant que dans les régions peu, ou en partie seulement, isla­misées : Région sud-occidentale, Nigéria, Afrique centrale et Madagascar.

Seul l'élevage des volailles est uniformément distribué, qu'il s'agisse d'éle­vage industriel autour des grands centres urbains ou d'élevage de brousse.

Cette répartition du cheptel domestique s'explique facilement par, au moins, deux facteurs :

— la plus grande valorisation du travail et des terres obtenue par l'agri­culture dans les zones tropicales humides;

— l'obstacle représenté par la trypanosomiase, obstacle qui commence à être levé grâce à l'éradication des glossines et au développement de l'élevage d'animaux trypanotolérants.

Cette étude de la répartition du cheptel n'est pas totalement inutile car elle permet d'expliquer la localisation des laboratoires producteurs de vaccins. En effet, en dehors de Bingerville qui, du reste, ne produit que des vaccins aviai­res, les laboratoires de production se rencontrent dans les pays sahéliens, les pays d'Afrique de l'Est et d'Afrique méridionale, formant une espèce de ceinture autour des régions soudano-guinéennes et équatoriales.

II. — M A L A D I E S V I R A L E S P R É S E N T E S E N A F R I Q U E I N T E R T R O P I C A L E

(Tableau III)

La pathologie animale tant infectieuse que parasitaire est un des obstacles majeurs au développement et à l'intensification de l'élevage dans le continent africain. Les maladies virales y sont nombreuses et souvent mal connues du point de vue épizootiologique et leur impact économique est sous-estimé, voire ignoré.

Sans vouloir en dresser une liste exhaustive, il est possible de les passer en revue en les regroupant en trois rubriques :

— les viroses dominantes telles la peste bovine, la fièvre aphteuse et le cas particulier de la rage;

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TABLEAU III

Maladies virales présentes en Afrique intertropicale

Disponibilité d'un vaccin

théorique pratique

Viroses dominantes

Peste bovine + + Fièvre aphteuse + ± Rage + +

Viroses subsidiaires

— continentales Virose para-influenza III + —

Rhinotrachéite bovine + -Maladie des muqueuses + -Coryza gangreneux -

— régionales • statiques Peste des petits ruminants + +

Maladie de Teschen + + Maladie de Nairobi + + Peste porcine africaine - -

• méconnues Pox-viroses des petits ruminants + +

Fièvre de la Vallée du Rift + -

• mieux connues Bluetongue + +

Fièvre de 3 jours • en expansion Maladie nodulaire cutanée + -

Peste équine + +

• récentes Myxomatose + —

Viroses aviaires

Maladie de Newcastle + + Variole aviaire + + Maladie de Gumboro + -Laryngotrachéite + —

Bronchite infectieuse + —

Encéphalomyélite + -Maladie de Marek + —

Hépatite du caneton +

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— les viroses subsidiaires qui sont soit continentales (infection à virus para-influenza III, rhinotrachéite infectieuse), soit régionales (PPR, peste porcine africaine);

— les viroses aviaires.

A. LES VIROSES DOMINANTES

1. Historiquement, la peste bovine est, sans conteste, la plus meurtrière des maladies animales du continent africain. Depuis les premières incursions connues qui remontent à 1841, 1863 et 1880 à partir d 'Egypte, ou de 1890 à partir d'Erythrée, la peste bovine a envahi tout le continent au sud du Sahara, tuant en quelques années 90 à 9 5 % du cheptel bovin et une grande partie des artiodactyles sauvages. La tradition orale des éleveurs rapporte, du reste, que cette maladie évoluait sous forme de vagues épizootiques tous les 25-30 ans, cette durée étant nécessaire à la reconstitution des troupeaux, trou­peaux qui étaient alors, de nouveau, pleinement réceptifs.

Dès l 'apparition des premières vaccinations, le visage de la peste a changé. De 1920 à 1950, elle se présente sous forme de petites flambées entrecoupées par des silences inter-épizootiques avec foyers rémanents en raison des actions souvent incomplètes et désordonnées des Services vétérinaires.

A partir de 1962, une campagne internationale connue sous le nom de Programme Conjoint N° 15 a été menée sous l'égide de la Commission Scien­tifique, Technique et de la Recherche, de l 'Organisation de l 'Unité Africaine (C.S .T.R. /O.U.A.) . En 14 années, de 1962 à 1976, plus de 70 millions de têtes ont été vaccinées à trois reprises dans les pays d'Afrique de l 'Ouest, Afrique Centrale, Soudan, Ethiopie et Afrique de l 'Est. Ce gigantesque effort a mobilisé la totalité des moyens techniques, financiers et humains des Services vétérinaires avec une coordination de part et d 'autre des frontières, diminuant ainsi les possibilités pour les troupeaux nomades d'échapper à la vaccination.

Pendant plusieurs années, on a pu croire à une victoire totale, mais récemment, des foyers ont réapparu et se sont multipliés en Mauritanie et au Mali avec foyers secondaires au Sénégal (1980) et Haute-Volta en 1981. Cette résurgence de la maladie s'explique vraisemblablement par la modestie des moyens mis à la disposition des Services vétérinaires qui n 'ont pu appliquer les mesures conservatoires préconisées. La menace que font planer ces foyers dans certains pays oblige les Etats voisins à maintenir des campagnes de vac­cinations annuelles coûteuses. Une campagne internationale est, du reste, prévue prochainement, campagne dont l 'envergure sera semblable à celle du PC 15 afin de résoudre, si possible, définitivement le problème. Pour ce faire, les laboratoires producteurs seront donc appelés à fournir un effort accru et il serait souhaitable qu 'à cette occasion, les difficultés que nous décrirons plus loin puissent être réglées.

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2. La fièvre aphteuse a longtemps été considérée comme secondaire. Son expression clinique assez fruste en raison de la grande rusticité des animaux (stomatite fugace et boiterie légère) a laissé supposer que son incidence éco­nomique était faible, mais, depuis les dernières vagues qui ont touché l'Afri­que en 1974 et 1975, cet état d'esprit se modifie. Ses conséquences (avorte-ment, mammite et agalaxie, mortalité importante des jeunes à la mamelle) sont apparues clairement. D'autre part, dans beaucoup de pays, on trouve parfois une proportion non négligeable de bovins d'origine européenne ou des produits de croisement beaucoup plus sensibles que les races locales. En outre, il semble que la fièvre aphteuse se montre plus agressive sur les pla­teaux d'Afrique méridionale et d'Afrique de l'Est que dans les pays du Sahel.

Par ailleurs, sur les 7 types de virus répertoriés dans le monde, 6 sont con­nus en Afrique. Ainsi, au Nigeria en 1975, il a été possible d'isoler 4 types différents : O, A, SAT 1 et SAT 2 évoluant simultanément.

A l 'heure actuelle, seulement deux laboratoires (Kenya et Botswana) pro­duisent du vaccin anti-aphteux à une échelle industrielle; ils bénéficient, pour ce faire, de l'expérience et de la technologie de deux instituts européens (un français et un anglais). Le laboratoire de Debré-Zeit en Ethiopie poursuit une étude systématique des souches et ne produit que des lots expérimentaux de vaccins.

3. Si la rage est une virose dominante, ce n'est certes pas en raison de son impact économique, tout à fait négligeable en médecine vétérinaire, mais bien à cause de sa transmission à l 'homme. La rage est enzootique en Afrique et le nombre de cas diagnostiqués ne reflète en aucun cas le degré d'infection d'un pays mais l'intérêt que ce pays porte au dépistage de cette maladie. De nom­breux animaux sauvages, mustélidés et viverridés notamment, entretiennent l'infection rabique à bas bruit, mais les cas de transmission de ces animaux à l 'homme sont, pour autant que l 'on sache, assez rares. Le chaînon intermé­diaire est représenté par la population souvent nombreuse de chiens errants, sans maîtres connus, que l 'on rencontre dans toutes les grandes villes africai­nes. La vaccination des chiens domestiques n 'apporte qu 'une sécurité de sur­face et seul l 'abattage des chiens errants est capable, sinon d'éliminer, du moins d'endiguer la rage citadine.

B. LES VIROSES CONSIDÉRÉES ACTUELLEMENT C O M M E SECONDAIRES

A côté de ces viroses majeures, il existe un certain nombre de maladies considérées, parfois à tort , comme secondaires. Du point de vue de l'épidé­miologiste, il est possible de distinguer :

— des viroses répandues sur tout le continent, — des viroses régionales, — des viroses en voie d'extension.

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1. L E S VIROSES D 'EXTENSION C O N T I N E N T A L E

Deux d'entre elles, l'infection à virus para-influenza III et la rhinotra-chéite infectieuse, touchent de nombreuses espèces animales, alors que les autres sont spécifiquement bovines : la maladie des muqueuses et le coryza gangréneux.

a) L'infection à virus para-influenza III pourrait sembler bénigne puisqu'elle ne se signale, le plus souvent, que par une conversion sérologi­que : en effet, lors d'enquêtes systématiques 7 0 à 9 0 % des animaux possèdent des anticorps, qu'il s'agisse de bovins, de chameaux, d'artiodactyles sauva­ges, voire d'éléphants. Mais la gravité de cette infection apparaît entière chez les ovins et caprins où elle participe vraisemblablement avec d'autres virus (adéno et réovirus) à un syndrome pulmonaire à étiologie multiple avec com­plications bactériennes et mycoplasmiques surajoutées. L' importance des pertes peut être considérable, allant de 2 5 à 5 0 % des jeunes de moins de 1 an.

b) Bien que les enquêtes sérologiques indiquent une large extension de la rhinotrachéite ( 3 0 à 8 0 % des animaux sont porteurs d'anticorps) et de la maladie des muqueuses ( 7 5 à 9 0 % des animaux), ces deux viroses semblent, à l'heure actuelle, d 'un intérêt mineur. En fait, en disant cela, nous péchons peut-être par ignorance, car en l'absence d 'une S y m p t o m a t o l o g i e aussi nette que celle observée sur les animaux européens, il n'est guère possible de rap­porter à ces maladies d'éventuelles conséquences économiques.

2 . L E S VIROSES RÉGIONALES

Pour les autres viroses, dites viroses régionales, signalons :

— la peste des petits ruminants qui existe dans tous les pays côtiers du golfe de Guinée, mais dont l'existence est suspectée dans les pays du Sahel;

— la maladie de Teschen qui ne sévit qu 'à Madagascar où elle entraîne de fortes mortalités chez les porcelets non vaccinés;

— la peste porcine africaine, elle aussi d 'une extrême gravité, puisque les rares survivants d 'un foyer doivent obligatoirement être abat tus, ces survi­vants étant porteurs et excréteurs de virus.

Le cas de la fièvre catarrhale ou bluetongue est plus ambigu. En effet, cette maladie n'est signalée que dans quelques pays, mais lorsque l'on sait q u e son vecteur (Culicoides imicola) est présent dans tout le continent, il paraît plus logique de penser que son extension est beaucoup plus large que l'on ne croit. Il en est de même pour les varioles ovines et caprines certaine­ment enzootiques sur tout le continent.

3 . L E S VIROSES EN VOIE D 'EXPANSION

Parties, semble-t-il, d'Afrique du Sud, la maladie nodulaire cutanée des bovins et la peste équine ont gagné de nombreux pays et il est probable q u ' à plus ou moins long terme, le continent entier sera envahi.

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C. LES VIROSES AVIAIRES

Pour en terminer avec cette liste fastidieuse de maladies, un mot encore sur les maladies aviaires.

Deux surtout, la maladie de Newcastle et la variole aviaire sont actuelle­ment signalées dans tous les pays africains à quelques rares exceptions près. Les autres, comme la maladie de Gumboro , la laryngotrachéite, la bronchite infectieuse ou la maladie de Marek, sont d'introduction récente. Elles tou­chent surtout les élevages industriels qui font appel à des races importées et ne connaissent pas, pour l ' instant, une grande diffusion.

Contre toutes ces maladies, de première importance ou secondaires, les laboratoires africains produisent un certain nombre de vaccins hormis contre la peste porcine africaine ou le coryza gangréneux pour lesquels aucun vaccin n'est connu.

I I I . — L E S L A B O R A T O I R E S

A. GÉNÉRALITÉS

Seize laboratoires ont une activité de production et un dix-septième est en construction au Cameroun :

Dakar (Sénégal) Kindia (Guinée) Bamako (Mali) Bingerville (Côte d'Ivoire) Niamey Farcha Khartoum Vom

(Niger) (Tchad) (Soudan) (Nigeria)

Debré Zeit Mogadiscio Muguga Kabete Lumumbashi Gaborone Maputo

(Ethiopie) (Somalie) (Kenya) (Kenya) (Zaïre) (Botswana) (Mozambique)

Antananarivo (Madagascar)

(Les noms en italiques sont ceux des laboratoires les plus anciennement créés ayant eu une vocation régionale.)

Très longtemps, jusqu 'en 1960, les laboratoires producteurs étaient des organismes régionaux qui concentraient dans un pays de gros moyens de pro­duction et permettaient une rationalisation des techniques et un abaissement des prix de revient. Par la suite, en raison de la volonté politique d'indépen­dance des Etats , de nouvelles unités ont vu le jour .

Toutes sont des établissements publics (ou à participation majoritaire des Etats pour deux d'entre eux). Elles dépendent donc d 'un ministère (Elevage, Développement rural, Agriculture.. .) ou d'organismes nationaux de recher­che (ISRA, EAVRO. . . ) . Cette situation administrative a pour conséquence que les vaccins sont vendus au prix coûtant, sans bénéfice, le principal ache­teur étant l 'Etat lui-même par l 'intermédiaire des Services vétérinaires. Il est

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bien évident que l'étroitesse du marché et l'absence de bénéfice rendent sinon impossibles, du moins très difficiles, les investissements et la modernisation des installations.

B. A P E R Ç U SUR LES PRODUCTIONS

1. Techniques de production.

Les principes généraux de production sont évidemment identiques à ceux des pays développés, mais au niveau des solutions techniques adoptées, les producteurs se sont gardés d 'un excès de sophistication. La plupart des vac­cins sont produits sur cultures cellulaires de première implantation en boîtes de Roux ou flacons roulants. Les œufs embryonnés servent pour la produc­tion des vaccins contre la rage ou les maladies aviaires, mais les laboratoires tendent à abandonner cette technique au profit des cultures de cellules, aban­don justifié par les contraintes que constitue un élevage avicole ou l ' importa­tion d'œufs embryonnés de pays étrangers. Pour la fièvre aphteuse, la méthode de choix qui, du reste, a été retenue par le Botswana Vaccine Insti­tute et l 'Institut Mérieux, est la méthode de Frenkel sur épithélium de langue de bovins.

Le seul appareil réellement sophistiqué et qui pose des problèmes de main­tenance est l 'appareil à lyophilisation puisque, hormis le vaccin anti-aphteux, tous les vaccins viraux sont lyophilisés.

2. Les difficultés.

Pour produire leurs vaccins, les laboratoires africains sont obligés de sur­monter un certain nombre de difficultés.

Ces difficultés se situent à plusieurs niveaux :

— d 'abord au niveau des infrastructures (locaux - matériels) et du person­nel,

— ensuite au niveau de l 'approvisionnement (en produits chimiques, ver­rerie, etc.).

Les problèmes posés par la diffusion et l'utilisation des vaccins seront étu­diés à la fin de l 'exposé.

Si, en règle générale, les laboratoires sont en bon état, il faut quand même constater qu'ils ne sont pas tous adaptés au contexte africain ou tout simple­ment à une production rationnelle de vaccins.

Parmi les laboratoires les plus anciens hérités de l'ère coloniale, on trouve des bâtiments construits pour des techniques différentes et aménagés ultérieu­rement; avec de grandes salles, à plafonds hauts, distribuées sans plan direc­teur rationnel par exemple. D'autres plus récents sont ultra-perfectionnés et correspondent plus aux normes des pays développés qu 'aux besoins réels du pays.

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Rares, en fait, sont les laboratoires pensés et conçus en fonction de l'architecture traditionnelle, des possibilités locales et des exigences du pays.

De même, le matériel n'est pas toujours choisi avec suffisamment de soin; il n'est pas rare de trouver des appareils de haute technologie montés et mis en route sans qu'aucun technicien ne soit formé à la maintenance ou aux réparations. A d'autres occasions, l 'achat se fait par appel d'offres, sans tenir compte des possibilités ultérieures d'approvisionnement en pièces déta­chées ou des délais de livraison. Il serait pourtant indispensable que ces pro­blèmes soient résolus avant de passer commande de certains appareils, lyo-philisateurs et chambres à congélation notamment, des lots entiers ayant été perdus pour des pannes mineures trop longtemps non réparées.

En ce qui concerne le personnel technique, force est de constater que peu nombreux sont les agents ayant reçu une formation scientifique et technique spécialisée nécessaire à la compréhension et à la critique de leurs actes. La plupart sont formés « sur le tas » et se contentent de copier des recettes qu'ils modifient plus ou moins. Le nombre des laboratoires s'accroissant, il est peut-être temps d'envisager la création d 'une ou deux écoles régionales pour la formation de ce personnel.

Au niveau de la production, les problèmes qui se posent sont multiples. Citons, parmi tant d'autres, ceux soulevés par l'énergie électrique : coupures de durées variables parfois fort longues, sautes de tension, qui détériorent rapidement les appareils, etc.

L'approvisionnement en produits chimiques, verrerie, flaconnage et petit matériel de laboratoire est rendu souvent difficile par les délais de route imposés par le transport maritime, les ruptures de charges et le passage des frontières. Théoriquement, des solutions simples existent, mais la pratique montre que souvent ces petits problèmes sont parfois les plus difficiles à sur­monter.

3. Productions.

En dépit de ces problèmes, les laboratoires africains produisent de nom­breux vaccins (Tableau IV) bien adaptés aux conditions d'utilisation locale.

Chaque laboratoire, en fonction de ses possibilités techniques et des prio­rités nationales ou régionales, propose une gamme plus ou moins large de produits.

Le vaccin antibovipestique est produit par au moins 10 laboratoires, le vaccin antirabique par 6, mais en revanche un seul produit du vaccin contre la fièvre catarrhale (au Kenya) et la maladie de Teschen (Madagascar); Dakar, Farcha (au moins jusqu'en 1979), Debré-Zeit et Kabete se signalent par la grande diversité de leurs produits (7 à 11 vaccins différents).

Les estimations des productions pour 1979 sont au moins de 40 millions de doses pour la peste bovine et de près de 50 millions pour les vaccins aviai­res. En revanche, seulement 245 000 doses de vaccin antirabique ont été pro­duites et 590 000 doses pour la maladie de Teschen.

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— 1107 —

Page 14: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

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Page 15: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

TABLEAU V I Production du vaccin antibovipestique

(cultures cellulaires)

(en doses)

Années Laboratoire central

vétérinaire Bamako, Mali

Laboratoire de l'Elevage

Niamey, Niger

1972 1 590 350 2 408 050 1973 2 264 400 2 321 400 1974 4 894 400 2 610 700 1975 4 031 005 2 484 600 1976 1 429 290 1 634 400 1977 2 214 650 2 418 900 1978 — 2 456 700 1979 3 501 700 2 771 000 1980 — 2 416 850

Aucun renseignement en 1978 et 1980 pour Bamako.

— 1109 —

Page 16: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

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Page 17: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

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Page 18: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

TABLEAU I X Production de vaccins viraux

(National Veterinary Institute, Debré-Zeit, Ethiopie)

(en doses)

Vaccins 1976 1977 1978 1979 1980

Clavelée 574 250 618 000 1 050 600 1 150 000 1 150 000 Fièvre aphteuse

(A + O + C) — — 5 540 —

Peste bovine 9 120 000 7 200 000 13 402 000 16 808 000 12 198 000 Peste bovine

+ péripneumonie — — — — 3 151 000 Peste equine 59 460 35 960 — 100 000 115 000 Newcastle (B]) 683 000 560 000 460 000 400 000 460 000 Aviaire trivalent — 20 000 20 000 — —

— 1112 —

Page 19: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

— 1113 —

T A B L E A U X

Production de vaccins viraux (Veterinary Research Laboratory, Kabete, Kenya)

(en doses)

Vaccins 1968 1969 1971 1972 1973*

Bluetongue 152 250 134 350 99 650 118 300 79 700 Clavelée 5 700 2 700 19 500 Ecthyma contagieux 100 5 550 1 550 3 300 Fièvre aphteuse

• 0 monovalent 276 000 44 100 — • A + O bivalent 900 860 1 358 120 1 667 806 2 095 830 2 216 350 • C monovalent 105 890 22 200 5 141 9 255 287 200 • SAT 1 monovalent 120 71 300 92 300 • SAT 2 monovalent 14 300 128 225 1 543 795 2 505 800 1 546 506 • A + O + SAT 2 trivalent 75 240

Fièvre Vallée du Rift 80 000 40 000 147 750 132 650 2 165 Maladie nodulaire eut. bov. 10 670 18 020 11 350 275 7 500 Peste bovine

• caprine 102 000 1 000 250 500 • culture cellulaire 2 149 125 294 400 2 999 675 3 343 000 2 687 475

Peste equine 3 425 3 685 3 800 5 225 3 785 Rage 40 869 44 134 40 830 71 110 64 222 Newcastle

• inactivé 428 305 578 550 616 875 902 225 818 575 • vivant (souche F) 250 000 415 950 896 050 747 200 1 165 500

Variole aviaire 165 970 213 675 228 900 320 700 324 8O0

* Il n'y a plus de renseignements disponibles depuis cette date, ce qui ne signifie pas que ce laboratoire ait abandonné ses productions.

Page 20: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

— 1114

TABLEAU XI Production de vaccin antibovipestique de cultures cellulaires

(Kenya Agricultural Research Institute, Muguga, Kenya)*

(en doses)

Année Production Distribution

1971 15 053 600 10 817 625 1972 = 6 000 000 10 200 000 1973 15 482 500 7 917 200 1974 2 888 650 7 288 175 1975 1 264 925 6 321 600 1977 3 584 475 4 979 900 1978 9 100 000 9 100 000

* dénommé East African Veterinary Research Organization (E.A.V.R.O.) jusqu'en 1976. Pas de renseignements disponibles après 1978.

T A B L E A U XII

Production de vaccins viraux (Instituto nacional de investigaçao veterinaria, Maputo, Mozambique)

(en doses)

Vaccins 1973 1977 1978 1979

Rage (LEP) 80 397 9 630 75 375 145 347 Newcastle Bj 49 500 1 067 500 947 400 918 400

La Sota 1 579 200 2 249 700 2 528 400 2 342 700 Komarov • 1 364 100 674 200 945 000 323 000

Variole aviaire 426 300 297 700 108 700 167 800

T A B L E A U XIII Production de vaccins viraux

T A B L E A U XIII Production de vaccins viraux

(Laboratoire de recherches zootechniques et vétérinaires, Antananarivo, Madagascar)

(en doses)

Vaccins 1974 1976 1978 1979

Mal. de Teschen 710 900 609 475 628 475 595 000 Peste porcine

(lapinisé SFA) 315 580 273 200 257 780 232 660 Rage LEP 1 213 940 1 931 1 841 Newcastle 1 735 250 2 765 625 2 731 125 2 778 125 Variole aviaire 194 500 356 300 328 400 388 400 Newcastle-variole 810 250 — — —

Page 21: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

— 1115 —

IV. — A P P R O V I S I O N N E M E N T D E S É T A T S : C O U V E R T U R E B E S O I N S / D I S P O N I B I L I T É S

Mais ces chiffres bruts peuvent prêter à confusion; en effet, ce qu'il importe de connaître, c'est le rapport entre les productions et les besoins. Dans ce cas, il apparaît clair que, si la production de vaccin contre la maladie de Teschen, par exemple, est amplement suffisante, elle est loin de couvrir les besoins en matière de vaccin antibovipestique. En réalité, les besoins en vac­cins sont difficiles à évaluer, et si des conventions existent entre les laboratoi­res producteurs et les Etats garantissant ainsi une production minimum, il arrive fréquemment que les laboratoires travaillent sur commande. En tout état de cause, si les vaccinations étaient réalisées en vue d'obtenir une couver­ture vaccinale étendue, il est certain que les laboratoires producteurs ne pour­raient faire face à la demande dans les conditions actuelles. C'est, du res te , l'un des problèmes qu'il faudra résoudre lors de la prochaine campagne anti­bovipestique. Une modernisation des équipements, une rationalisation des calendriers de production et une compétence accrue du personnel seront nécessaires dans un proche avenir.

V. — P R O B L È M E S P R A T I Q U E S D ' U T I L I S A T I O N

Enfin, avant de pouvoir conclure, il est indispensable d'envisager la der­nière étape du processus, à savoir la phase de diffusion et d'utilisation des vaccins. A ce niveau, deux ordres de difficultés se révèlent : la chaîne du froid et le personnel vaccinateur.

La chaîne du froid est, t rop souvent, interrompue; le stockage à —20° et le transport sous glace ne sont pas garantis une fois que les vaccins ont quitté le laboratoire. Par suite de l'impécuniosité des Services vétérinaires ou de l'organisation défaillante des transporteurs, il arrive que les vaccins séjour­nent plusieurs jours dans des hangars d 'aéroport ou soient transportés dans des camions ou voitures dans des containers sans glace.

Le personnel vaccinateur, quant à lui, travaille dans des conditions sou­vent pénibles et il n'est pas rare qu 'un certain nombre de fautes soient rele­vées : dilution des pastilles lyophilisées avec de l 'eau à température ambiante de 30 à 45°, reconstitution du vaccin et utilisation différée pendant trop long­temps, etc.

En outre, dans certains pays, une contrainte importante est imposée par le nomadisme ou la t ranshumance des troupeaux. Dans un tel contexte, répéter les vaccinations à plusieurs jours ou semaines d'intervalle est illusoire. C'est pourquoi, dans le but de faciliter la tâche des hommes sur le terrain, des solu­tions techniques ont été mises au point.

On peut citer, entre autres, les associations vaccinales, comme peste bovine-péripneumonie ou maladie de Newcastle-variole aviaire-typhose qui sont très largement répandues en Afrique.

Page 22: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

— 1116 —

De même, afin que les animaux vaccinés reçoivent, à tout coup, la dose minimale vaccinale, les laboratoires ne délivrent que des vaccins dont les titres sont de 20 à 30 fois supérieurs aux titres minimaux. En matière de peste bovine, la thermoprotection ionique, à l 'aide d 'une solution molaire de sul­fate de magnésium, est aussi fréquemment utilisée.

C O N C L U S I O N

Pour conclure ce bilan de la production des vaccins vétérinaires viraux, il faut bien reconnaître que la situation n'est ni réellement catastrophique ni vraiment florissante*. Le développement et l'intensification des productions animales passent obligatoirement par la levée de la contrainte pathologique. Cela signifie que la lutte contre les maladies infectieuses virales ou bactérien­nes devra être intensifiée. Dans cette optique, des investissements financiers et humains sont indispensables.

VETERINARY VIRAL VACCINES IN TROPICAL AFRICA. — A. Provost.

Summary : The economy of countries in tropical Africa is based on the primary agriculture sector which consists of almost 150 million cattle and 230 million small ruminants; 580,000 pigs are found on Madagascar.

Sixteen laboratories (fourteen of which are entirely State-owned and two have majority State ownership) supply a range of vaccines destined to control the major viral diseases affecting the continent. Production and control techno­logy have hardly made any progress for many years. However, in the light of current local economic constraints, preference should be given to simple and reliable rather than ultra-modern equipment and emphasis should be given to the quality of products rather than the sophistication of material. In this con­text it should be remembered that vaccines are sold without profit due to admi­nistrative structures; this hinders any attempts to modernise the present system given the narrowness of the economic market.

Total production far from meets potential demand, especially in regard to rabies and avian diseases but also in regard to increasingly prevalent viral disea­ses (particularly pox-virus diseases).

For the user, the precarious infrastructure (continuous cold chain) hinders the planning of field control operations but, in return, results in the use of ori­ginal solutions (cationic thermostabilisation).

VACUNAS VETERINARIAS VIRALES EN AFRICA INTERTROPICAL. - A. Provost.

Resumen : Africa intertropical posee una economía basada en el sector agrícola primario. Tiene una dotación de unos 150 000 000 de bovinos y 230 000 000 de pequeños rumiantes; 580 000 cerdos pueblan la isla de Madagascar

* A l'heure actuelle, les laboratoires font face, mais tout juste, à la demande des Etats.

Page 23: Les vaccins vétérinaires viraux en Afrique intertropicale*

— 1 1 1 7 —

Diez y seis laboratorios, todos propiedad de los Estados en los que están ins­talados (o con participación mayoritaria para dos de los mismos) aseguran el suministro de un abanico de vacunas con objeto de luchar contra las virosis mayores del continente. Cabe observar que las tecnologías de producción y con­trol apenas si han evolucionado desde hace varios lustros. Sin embargo, las imposiciones económicas locales que existen en la actualidad inducen a pensar que es preferible elegir equipos sencillos y fiables mejor que los ultramodernos, y poner énfasis en la calidad de los fabricados más bien que en materiales sofis­ticados. En este contexto, se ha de recordar que se venden las vacunas sin bene­ficios debido a las estructuras administrativas, lo que dificulta cualquier tenta­tiva de modernización como consecuencia de lo estrecho del mercado econó­mico.

No obstante, la producción total está lejos de cubrir la demanda potencial, especialmente para ta rabia y enfermedades aviares, aunque también para algu­nas virosis en trance de expansión (poxvirosis en particular).

A nivel de usuarios, lo precario de las estructuras (cadena continua de frío) abruma la planificación de las operaciones de control sobre el terreno, aunque en contrapartida, conduce a emplear soluciones originales (termoestabilización catiónica).