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Lettre ouverte au docteur Ibrahim Awad El Badri alias “Abou Bakr El Baghdadi”
19 septembre 2014, lettre ouverte de 120 savants musulmans au chef de “l’État Islamique”
Plus de 120 savants musulmans ont adressé une lettre ouverte au chef de l’État islamique à la
mi-septembre 2014. Ils exposent en 24 points les fautes commises par le chef autoproclamé de
“l’État Islamique”, au regard du droit et des sciences islamiques. Ils reprochent aux
combattants de “l’État islamique” d’avoir « mal interprété l’islam » et d’en avoir fait « une
religion de dureté, de brutalité, de torture et d’assassinat ». « C’est un grand mal et une
atteinte à l’islam, aux musulmans et au monde entier », affirment les auteurs, qui appellent les
coupables à « se repentir », à « cesser de nuire à autrui et revenir à la religion de la
miséricorde ».
Texte original arabe (*)
Le résumé
Les 24 points
♦ Introduction
♦ Les 24 points : le fondement et l’interprétation, la langue, la simplification, le différend, la
doctrine réaliste, le massacre des innocents, le massacre des messagers, le djihad, le takfir, les gens du Livre, les Yézidis, la traite des humains, la contrainte, les femmes, les enfants, les sanctions, la torture, mutiler les corps, l’attribution des crimes à Dieu au nom de
l’humilité, la destruction des tombeaux et des temples des prophètes et des disciples, la désobéissance au dirigeant, le califat, l’appartenance à des patries, l’émigration
♦ Conclusion
Les signataires de la lettre
Les paroles d’Ali Bin Ani Taleb (*) Traduction de Kinda Elias pour La Documentation catholique.
www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Dossiers/Lettre-ouverte-au-docteur-Ibrahim-Awad-El-Badri-alias-Abou-
Bakr-El-Baghdadi-2015-02-19-1282579
© Bayard 2015 – Reproduction interdite.
Source: www. LetterToBaghdadi.com
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Le résumé
1 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de prononcer une fatwa avant que le leader n’ait entièrement
étudié les conditions de la jurisprudence relatives à la question, et qui se trouvent dans les livres des fondements. Il n’est pas permis de prendre une partie d’une sourate du Coran pour l’utiliser dans un
jugement, sans tenir compte du contexte (tous les textes relatifs).
2 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de prononcer un jugement selon la charia, sans connaître à la
perfection la langue arabe.
3 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de recourir à la facilité dans les questions relatives à la charia, sans tenir compte de la science de la charia.
4 – Il est permis d’avoir des avis différents, dans l’islam, à condition que cela concerne des
questions non qualifiées d’essentielles par la religion.
5 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de ne pas tenir compte du fiqh (la science du pragmatisme ou du réalisme).
6 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de tuer une âme innocente.
7 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de tuer les messagers (ambassadeurs), et en conséquence il
n’est pas permis de tuer les journalistes.
8 – Le djihad dans l’islam est défensif. Il s’appuie sur une condition légale (selon la charia), des
moyens et des objectifs légaux.
9 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de traiter quelqu’un d’impie (takfir) à moins qu’il ne se déclare lui-même impie.
10 – Il n’est pas permis de porter atteinte aux chrétiens de n’importe quelle façon, ni aux gens du
Livre.
11 – Il faut considérer les Yézidis comme des gens du Livre.
12 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de pratiquer la traite des humains, après qu’elle a été abolie à
l’unanimité.
13 – Il n’est pas permis, dans l’islam, d’imposer la religion par la force.
14 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de spolier les droits des femmes.
15 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de spolier les droits des enfants.
16 – Il n’est pas permis, dans l’islam, d’établir des règles, sans prendre des mesures qui garantissent
la justice et la miséricorde.
17 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de recourir à la torture.
18 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de mutiler les corps.
19 – Il n’est pas permis, dans l’islam, d’attribuer à Dieu les actes interdits et obscènes.
20 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de détruire les tombes des prophètes et des disciples (la
Sahaba).
21 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de se révolter contre le dirigeant pour n’importe quelle raison,
tant qu’il établit la prière, et ce, à l’exception d’un flagrant délit d’impiété.
22 – Il n’est pas permis, dans l’islam, de déclarer le Califat sans le consensus unanime de la Oumma islamique.
23 – L’appartenance à des patries est permise dans l’islam.
24 – L’exode après le prophète, n’est pas une nécessité dans l’islam.
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Les 24 points
Introduction
Au Nom du Dieu Clément et Miséricordieux : Louange à Dieu Maître de
l’univers et prière et paix pour le dernier
des prophètes et des envoyés
« Par l’heure de l’après-midi, l’homme est
à sa perte, sauf ceux qui croient et pratiquent les bonnes œuvres, qui se
recommandent mutuellement le droit et la patience » (Sourate L’Heure de l’Après-midi 103, versets 1 à 3).
Lettre ouverte au docteur Ibrahim Awad El Badri alias « Abou Bakr El Baghdadi », et à tous les combattants et adhérents de ce que vous avez dénommé « l’État
Islamique »,
La paix soit sur vous, ainsi que la miséricorde de Dieu,
vous avez dit dans votre discours du 6 Ramadan de l’année 1435 du Hégire, ou du 04/07/2014 après J.-C., à la grande mosquée El Nouri à Mossoul, en vous référant aux paroles de notre maître Abou Bakr El Seddik : « Si vous trouvez que j’ai
raison, aidez-moi, et si vous trouvez que j’ai tort, conseillez-moi et réajustez mon tir ». C’est là un concept scientifique reconnu par les médias. Et le prophète de Dieu a dit : « La religion est conseil »1 (1).
Les paroles et les actes des adhérents à « l’État Islamique » (EI) évoquées ici, sont fidèles à ce que les membres de l’EI
publient eux-mêmes ou tel qu’il ont été
rapportés par des témoins oculaires musulmans, et non pas tel que des médias auraient pu leur attribuer. Et Inchallah, cela n’entraînera contre vous en aucune façon,
des interprétations mensongères ou des incompréhensions. Le document présent se
1 Ceci a été rapporté par un Musulman à la page 55 du Livre de la Foi.
limite à évoquer de grands préceptes, d’une
manière simplifiée et facile à comprendre, qui reflètent les idées de la plupart des ulémas sunnites à travers l’histoire de
l’islam.
Abou Mohamed El Adnani, dans un discours2 daté du mois d’avril 2014 a dit :
« Ô Dieu, bénis notre maître Mohammed qui a été envoyé par l’épée comme
miséricorde pour l’univers »3. Or il existe une double confusion dans la construction de cette phrase, ainsi que des fautes préméditées. Cette phrase a été également répétée par certains adhérents à « l’État
Islamique ». Les erreurs sont les suivantes :
Dieu a envoyé le prophète comme miséricorde pour l’univers : Dieu a dit :
« Nous ne t’avons envoyé que comme
miséricorde pour l’univers » (S. Les Prophètes 21, verset 107). Cela est vrai en tout temps, en tout lieu et pour tout l’univers. Il a été envoyé en miséricorde à
tous les hommes, animaux, plantes, cieux, humains et Djinns. Tout le monde est d’accord là-dessus, c’est là la parole de
Dieu le Très Haut dans le Coran. Cette parole est d’ordre général et sans limitation.
Cependant, l’expression « il a été envoyé par l’épée » est tirée d’un hadith qui est
particulier, limité dans l’espace et dans le
temps, dans une circonstance spécifique, aboutie dans le temps. Il n’est donc pas permis de mélanger ainsi entre le Coran et le hadith, ni entre une question d’ordre
2 Ce discours se trouve sur le site YouTube avec pour titre « Que leur religion leur apporte les mécanismes qu’elle trouve adéquats pour eux ». 3 Selon Ibn Taymya, dans l’ensemble des Fatwas (28/270) : « Le prophète a dit : « J’ai été envoyé avec l’épée en main en ce moment, pour que Dieu seul soit adoré, sans associé, pour que mes biens soient à l’ombre de mon épée, et pour jeter l’opprobre et le déshonneur sur ceux qui me désobéissent. Celui qui imite un peuple, en fait partie ». Ce Hadith a été rapporté par Ahmed citant Ibn Amr, et par Boukhari qui le cite en référence ». L’argumentation de ce Hadith raconté par Ahmed (2/50) reste faible.
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général et une autre d’ordre particulier, ni
entre ce qui est absolu et ce qui est limité. Or Dieu s’est imposé la miséricorde ; le
Très Haut a dit : «…Dieu s’est imposé la miséricorde… » (S. Les Bestiaux 6, v. 54). « Dis à tous ceux qui se trouvent dans les cieux et sur la terre ; c’est Dieu, qui
s’imposa à Lui-même la miséricorde… » (S. Les Bestiaux 6, v. 12). Et le Très Haut a dit que sa miséricorde a englobé toute chose : « Ma miséricorde embrasse toute chose… » (S. Les Limbes 7, v. 156). Le vrai hadith rapporte les paroles du prophète : « Dieu, lorsqu’il a terminé sa
création, il a écrit au-dessus de son trône :
ma miséricorde a devancé ma colère »4. Il n’est donc pas permis de mettre au même niveau d’égalité l’épée, la colère, la dureté
et la miséricorde. Par ailleurs, il n’est pas
permis que la miséricorde pour l’univers
soit accompagnée de la phrase « il a été envoyé par l’épée », parce que cela signifierait que la miséricorde est liée à l’épée ; or ceci n’est pas vrai. D’ailleurs,
comment l’épée pourrait avoir une
influence sur des univers qui en sont dépourvus, comme les cieux, le monde du Djinn, et le monde des plantes ? Il est donc
impossible que l’envoi du prophète par miséricorde pour l’univers soit dépendant
de l’épée. Ce concept-là n’est pas soulevé
de manière académique. Il constitue un sujet de débat essentiel pour ce qui va suivre, car il met – de manière erronée – l’épée au même niveau que la miséricorde divine.
1 – Le fondement et l’interprétation
En ce qui concerne l’interprétation du
Coran, la compréhension du hadith, et le fondement du fiqh (doctrine) en général, quel qu’en soit le sujet, la méthode établie par Dieu le Très Haut dans le Coran, et par le prophète dans le hadith est la suivante : il
4 Ceci a été rapporté par Boukhari (7422) dans le livre du Tawhid, et par Moussallem (2751) dans le livre du Repentir.
faut prendre en considération tout ce qui a été révélé sur la question, ne pas se contenter donc d’une partie prise hors
contexte. Par la suite, on établit son jugement – si toutefois on est à même de le faire – en tenant compte de tous les textes. Dieu a dit : « Croirez-vous donc à une partie de votre Livre, et en rejetterez-vous d’autres… » (S. La Vache 2 v. 85). Et Dieu le Très Haut dit « …Ils extraient les paroles
de leurs contextes et oublient une partie de ce qui leur fut enseigné… » (S. La Table 5 v. 13). Dieu le Très Haut dit : «Qui
qualifient le Coran de fragments décousus ». (S. Al Hijr 15 v. 91).
Lorsqu’on rassemble tous les textes, il faut distinguer le texte général du texte particulier, le texte restreint du texte absolu, la Sourate définie de la Sourate semblable. Il faut connaître les raisons de la révélation de tous les textes ainsi que les autres conditions définies par les ulémas. Car il n’est pas permis de se référer à une Sourate
ou à un verset d’une Sourate, sans connaître
tout ce qui a été dit à ce sujet dans le Livre et la Sunna. Car tout ce qui a été dit dans le Coran est vrai, et tout ce qui a été dit dans le vrai Hadith relève de l’inspiration. Il ne
faut donc pas en occulter une partie. C’est
pourquoi il faut trouver, autant que possible, une concordance entre les textes, à moins qu’il n’y ait une raison claire pour
avantager un argument aux dépens d’un
autre. C’est l’explication que l’imam El Chafihi a apportée dans « Al Rissala » (La Lettre) et sur laquelle tous les ulémas ont été unanimes.
L’imam des deux lieux saints a dit dans son livre « La preuve dans le fondement du fiqh » (2/870) : « le chapitre sur les qualités du Mufti et l’ensemble des qualifications
qu’il doit avoir… Il faut que le mufti possède la langue à la perfection, car la charia est arabe… Il faut qu’il en possède la
conjugaison et la grammaire… Il faut qu’il
soit spécialiste du Coran car ce dernier est le fondement des jugements… Il lui est
aussi indispensable de connaître le copieur
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et le copié, ainsi que la science des fondamentaux… Il faut qu’il puisse
discerner la hiérarchie des preuves et des arguments, et la science de l’Histoire…
ainsi que la science du hadith pour qu’il
différencie entre le vrai et le faux, l’acceptable et le contesté… et la science du
fiqh (la doctrine)… Il lui faut par-dessus tout, avoir une doctrine personnelle, qui constitue la base de la jurisprudence… Pour
résumer tout cela, on peut dire que seul le mufti connaît les lois de la charia, à la lettre et dans leur interprétation. Le fait de dire « à la lettre » suppose la connaissance de la langue, de l’interprétation, et du hadith ; et
le fait de dire « interprétation » suppose la connaissance des fondamentaux, de leurs critères, de leurs méthodes, ainsi que d’une
doctrine personnelle ». Un proche de lui, l’imam Ghazali a tenu des propos semblables, dans le « Moustaspha » (1/342), ainsi que Jalaleddine El Sayouti, le mémorisateur dans « La perfection des sciences du Coran » (4/213).
2 - La langue
Comme cité plus haut, la compréhension de la langue arabe reste parmi les plus importants des fondamentaux. Ceci signifie la compréhension de la linguistique, des règles de grammaire et de conjugaison, de la syntaxe et de la poésie, la connaissance de l’origine des mots et de leur explication.
Sans ces sciences, l’erreur est possible,
sinon certaine. On relève que la déclaration de ce que vous avez appelé « le Califat » avait pour slogan « Ceci est la promesse de Dieu ». L’auteur de cette déclaration a
voulu signifier par « promesse de Dieu » la Sourate suivante : « Dieu a promis à ceux qui auront cru et fait le bien, de les constituer héritiers dans ce pays, ainsi qu’Il
a fait succéder vos devanciers aux infidèles qui les ont précédés ; Il leur a promis de
raffermir cette religion qu’il Lui a plu de
leur donner, de changer leurs inquiétudes en sécurité. Ils M’adoreront, et ne
M’associeront dans leur culte aucun autre
être. Ceux qui, après ces avertissements,
demeureraient infidèles, seraient impies » (S. La Lumière 24, v. 55). Mais il n’est pas
permis d’appliquer un verset particulier du
Coran sur un événement qui a eu lieu 1400 ans après la révélation du Coran. Comment alors, Abou Mohamed El Adnani peut-il dire que la promesse de Dieu représente le présumé califat : « c’est la promesse de
Dieu ? » Si ce qu’il présume était vrai, il
aurait dû dire : « ceci provient de la promesse faite par Dieu ». Il a fait une autre erreur linguistique en attribuant au sens du mot « succession », le présumé califat. La preuve de l’inexactitude de cette
interprétation, se trouve dans le verset suivant : « …Dieu pourrait exterminer vos
ennemis et vous donner leurs terres en legs, pour voir comment vous agirez » (S. El Araf Les Limbes 7,v.129). Le mot succession signifie qu’ils prennent la place
d’un autre peuple sur une terre, mais il ne
signifie pas qu’ils soient les dirigeants d’un
régime politique déterminé. Selon l’avis
d’Ibn Taymiya, il n’y a pas de synonyme dans le Coran5. Il y a une différence entre « califat » et « succession ». Selon l’explication de l’Imam Ibn Joureir El Tabri
au sujet de ce terme (fera de vous des héritiers) : « il fera de vous les héritiers de leur terre, après leur anéantissement ; ne les
craignez pas ; et ne craignez personne d’autre »6. Ceci prouve qu’il veut dire ici
par « succession » non pas la gouvernance, mais la résidence sur leur terre.
5 Le cheikh Ibn Taymiya a dit dans « l’ensemble des Fatwas » (13/341) : « Les synonymes dans la langue sont rares ; quant à la terminologie utilisée dans le Coran, les synonymes y sont non seulement rares mais presque inexistants. Ragheb Asphahani a dit dans son livre « La terminologie du Coran » à la page 55 : « Je fais suivre ce livre… par un autre qui révèle une étude des termes qui semblent avoir le même sens, mais qui font preuve de différences obscures entre eux. Ainsi, toute information sera précisée par un terme spécifique, qui diffère de ses semblables ». 6 Explication d’Ibn Joureir El Tabri (9/28).
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3 - La simplification
Partant de là, il n’est pas permis de chercher
toujours à « simplifier les choses » ou à prendre un passage du Coran sans l’appréhender dans son contexte entier. De
même il n’est pas permis de dire : « la religion est simple ; le prophète et ses
disciples étaient simples ; alors pourquoi
compliquer la religion ? » Or c’est ce qu’a
fait Abou El Barra’ El Hindi, dans un clip
télévisé en juillet 2014, quand il a dit :
« ouvrez le Coran, lisez les versets du djihad, et tout s’éclaircira… Tous les
ulémas me disent (ceci est un devoir, cela ne l’est pas, maintenant ce n’est pas le
moment du djihad)… Laissez tout cela et
lisez le Coran, vous connaitrez le djihad ». On doit tenir compte du fait que le prophète et ses disciples étaient peu nantis financièrement. Ils vivaient sans la technologie complexe. Ils étaient cependant plus compétents que nous tous quant à la compréhension, la doctrine et la sagesse. Pourtant parmi les disciples, ils étaient très peu nombreux, ceux qui étaient aptes à prononcer des Fatwas. Dieu Très Haut a dit : « … Dis, ceux qui ont la connaissance et ceux qui ne l’ont pas, seraient-ils égaux ?… » (S. Les Groupes 39,v.9). Dieu le Très Haut dit encore : « Demandez-le aux hommes qui connaissent les Écritures, si vous ne le savez pas » (S. Les Prophètes 21,v.7) et (S. Les Abeilles 16,v.43). Dieu le Très Haut dit encore : « …S’ils ramenaient
les textes au prophète ou à leurs dépositaires, ceux qui s’en inspirent
l’auraient su… » (S. Les Femmes 4,v.83). La doctrine (Fiqh) n’est pas chose facile ; il
n’est pas donné à n’importe qui d’en parler
et de prononcer des Fatwas. Dieu Très Haut a dit : « …Les sages y réfléchiront » (S. Le Tonnerre 13,v.19). Le prophète a dit :
« celui qui disserte sur le Coran sans le connaître connaîtra le feu de l’enfer7. Arrêtez de dire : « nous sommes des hommes et ils sont des hommes » ; La
7 Rapporté par Tarmazi (2950) dans le livre Interprétation du Coran.
connaissance de celui qui dit cela n’équivaut pas à celle des disciples et des
ulémas pré-cités dont la réputation n’est
plus à faire.
4 - Le différend
Il y a deux sortes de différends : le différend
détestable et le différend louable. En ce qui concerne le différend détestable, Dieu Très Haut a dit : « Ceux qui ont reçu les Écritures ne se sont divisés que lorsque le Signe évident leur fut révélé » (S. Le Signe évident 98,v.4). Quant au différend louable, Dieu Très Haut en a dit : « …Dieu fut le Guide des hommes qui crurent en cette Vérité devenue l’objet de disputes… » (S.2,v.213). C’est aussi l’avis de l’Imam El
Chafiï qui l’a dit dans son livre « Le Message ». C’est aussi l’opinion des quatre
Imams ainsi que celle de tous les ulémas qui l’ont dit depuis plus de mille ans.
Lorsqu’il y a un différend entre les imams de référence, il faut recourir au plus miséricordieux, c’est-à-dire au meilleur, au moins exigeant, car il ne faut pas croire que l’exigence est un critère de la piété. Dieu
Très Haut a dit : « Suivez ces beaux commandements que Dieu vous a révélés… » (S. Les Groupes 39,v.55). Dieu Très Haut dit encore : « Perçois le superflu, ordonne le bien et évite les ignorants » (S. Les Limbes El Araf 7,v.199). Dieu Très Haut dit encore : « Annonce le bonheur à ceux de Mes serviteurs qui écoutent Mes paroles, et suivent ce qu’elles contiennent
de plus beau » (S. Les Groupes 39,v.18). C’est pourquoi le vrai hadith a rapporté les paroles de Madame Aïcha, que Dieu lui accorde sa bienveillance, disant : « à chaque fois que le prophète avait à opter entre deux choix, il optait pour le plus facile »8.
L’opinion la plus dure n’est pas considérée
comme la plus pieuse ; la dureté n’est pas
nécessairement supérieure à la piété et à la
8 Selon Boukhari (6786) dans le livre des Limites, et selon Moussallem (2327) dans le livre des Vertus.
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fidélité à Dieu. Il y a plutôt de la démagogie dans la dureté, selon les paroles de Dieu Très Haut : « …Dieu veut votre aise, Il ne
veut pas votre gêne… » (S. La Vache 2,v.185). Le prophète a dit : « ne soyez pas durs envers vous-mêmes, pour que vous ne subissiez pas la dureté à votre tour ; un
peuple a été dur avec lui-même, alors Dieu a été dur avec lui…9 ». La dureté inclut la vanité, car celui qui est sévère se dit : « moi je suis sévère, celui qui ne l’est pas autant
que moi, m’est inférieur », et « moi je lui suis supérieur ». Elle comprend également un soupçon inconscient envers de Dieu ;
comme si Dieu le Très Haut, a révélé le Coran pour faire souffrir les hommes. Or Dieu Très Haut a dit : « Taha, Nous ne t’avons pas envoyé le Coran pour que tu
sois malheureux » (S. Taha 20,v.1-2).
Il est important de relever que la plupart des gens qui se sont convertis à l’islam à travers
l’Histoire l’ont fait grâce à la bonne Da’wa
(prêche). Dieu Très Haut a dit : « Appelle au chemin de Dieu par la sagesse et par de bonnes admonitions ; discute avec eux, de
la meilleure des manières, car ton Seigneur connaît mieux que quiconque ceux qui dévient et ceux qui suivent le droit chemin » (S. Les Abeilles 16,v.125). Le prophète a dit : « Tu dois être fraternel, évite surtout la violence et les obscénités10. Et quand l’islam s’est propagé
politiquement, grâce aux conquêtes islamiques (Foutouhat), les populations des pays conquis, depuis Khourassan jusqu’au
Maghreb arabe, sont restées en majorité chrétiennes, et ce, pendant des siècles, jusqu’à ce qu’elles se soient converties
progressivement grâce à la bonne Da’wa
qui a été pratiquée, et non grâce à la sévérité et à la contrainte. Il y a également de grandes nations et contrées qui se sont converties à l’islam sans conquête, grâce à
la Da’wa, à l’instar de l’Indonésie, la
Malaisie, l’Afrique Occidentale et
9 Rapporté par Abou Daoud (4904) dans le livre de La Littérature. 10 Rapporté par Boukhari (6030) dans le livre de La Littérature.
Orientale, et d’autres encore ; l’extrémisme
n’est donc pas un critère de la piété, ni une
option pour propager l’islam.
5 - La doctrine réaliste
On entend par doctrine (Fiqh) réaliste, la manière d’appliquer les lois de la charia selon la réalité de la population et ses conditions de vie. Il faut comprendre la réalité des gens, connaître leurs problèmes, leurs souffrances, leurs possibilités, et ce qu’ils subissent au quotidien. La doctrine réaliste appréhende les textes révélés dans la réalité de vie du peuple à un moment donné, et reporte certains devoirs jusqu’à ce
qu’il lui soit possible de les assumer.
L’Imam Ghazali a dit : « quant à la hiérarchisation des priorités, en réalité il n’y a pas d’inconvénient à une jurisprudence,
même s’il n’y a pas de précédent sur lequel on puisse se baser »11. Ibn Kaym El Jawzya a dit : « Il faudrait même être à même de déceler la duplicité des gens, leur tromperie, leur mensonge et comprendre leurs coutumes, car la Fatwa change selon le temps et le lieu, les habitudes, les situations ; tout cela fait partie de la religion
de Dieu, tel que cela a été dit plus haut »12.
6 - Le massacre des innocents
Dieu Très Haut a dit : « Ne tuez personne, excepté en droit, car Dieu vous l’a
défendu… » (S. Le voyage nocturne 17,v.33). « Dis : « Venez, et je vais vous dire ce que votre Seigneur vous a défendu :
Ne lui associez aucun être. Traitez vos pères et mères avec générosité. Ne tuez pas vos enfants par crainte de l’indigence ; nous
vous donnerons de quoi vivre ainsi qu’à
eux. Soyez éloignés aussi bien du dehors que de l’intérieur des turpitudes. Ne tuez
point les hommes car Dieu vous l’a
11 En référence au livre de l’Imam Ghazali « La synthèse des fondements du Fiqh » (1/420), aux éditions Al Rissalat. 12 En référence au livre d’Ibn Jawzya (4/157) « L’information de ceux qui signent au nom de Dieu »
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défendu, excepté en droit. Voilà ce que Dieu vous recommande pour que vous compreniez enfin. » (S. Les Bestiaux 6,V.151). Tuer une âme, toute âme, est un péché, et un des plus grands travers ; Dieu
Très Haut a dit : « C’est pourquoi nous
avons écrit cette loi pour les enfants d’Israël. Celui qui aura tué un homme sans
que celui-ci ait tué un homme ou semé de désordre sur terre, sera regardé comme le meurtrier du genre humain. Celui qui aura rendu la vie à un homme, sera regardé comme s’il avait rendu la vie à tout le genre
humain. Nos envoyés ont paru au milieu d’eux accompagnés de signes évidents, mais même après l’apparition de ces signes,
la plupart des hommes commettaient des excès sur terre » (S. La Table 5,V.32). Et vous, vous avez tué d’innombrables
innocents qui n’étaient ni combattants, ni
même armés ; ils étaient tout simplement d’un avis contraire au vôtre13.
7 - Le massacre des messagers (ambassadeurs)
Il est dit dans toutes les religions que le massacre des messagers est un péché. Ce qu’on entend par messagers ici, ce sont les
personnes envoyées par certains vers d’autres, en vue d’accomplir une mission
noble, telle que la réconciliation, ou la remise d’un message quelconque. L’envoyé
a une immunité spéciale. Selon Ibn Massoud : « La Sunna a décrété qu’il est
interdit de tuer les messagers14. Les journalistes, eux, - s’ils sont honnêtes et ne sont pas des espions - sont les messagers de la vérité, car leur travail consiste à dévoiler la vérité à tout le monde. Or vous avez tué sans pitié les deux journalistes James Folley
13 Le prophète n’a pas tué ceux parmi les menteurs qui étaient d’un avis contraire au sien. Il n’a permis à personne de les tuer. Il a dit : « Les gens ne racontent pas que Mohammed a tué ses amis » ; ceci a été rapporté par Boukhari (4907) dans le livre « Interprétation du Coran », et par Moussallem (2584) dans le livre « Al Birr wal Sila ». 14 Rapporté par l’Imam Ahmed dans son recueil (6/306).
et Steven Sotlov. Vous avez même tué Steven Sotlov malgré le fait que sa mère se soit humiliée, vous ait suppliés et fait appel à votre clémence. Il en est de même de ceux qui travaillent dans l’humanitaire. Ceux-là aussi sont des messagers, les messagers de la miséricorde et de la charité. Vous avez également tué l’agent humanitaire David
Heinz. Et ce que vous avez fait là, est un péché incontesté.
8 – Le djihad
Tous les musulmans connaissent le grand mérite du djihad. Dieu Très Haut a dit : « Ô croyants ! qu’avez-vous donc, lorsqu’on
vous a dit : « Allez combattre pour plaire à Dieu », vous vous êtes montrés lourds et comme attachés à la terre… » (S. Le désaveu ou le Repentir 9, v.38). Dieu Très Haut dit encore : « Combattez pour plaire à Dieu, ceux qui vous font la guerre. Mais ne soyez pas vous-mêmes les agresseurs, car Dieu n’aime pas les agresseurs » (S. La Vache 2, v.190). Il y a également de nombreux autres versets à ce sujet. Selon l’imam Chafiï et les trois autres imams, et selon tous les ulémas, le djihad est un devoir suffisant et non un devoir nécessaire ; preuve en est ce que Dieu Très Haut a dit : «… Dieu a fait de belles
promesses à tous, mais Il a destiné aux combattants une récompense plus grande qu’à ceux qui restent dans leurs foyers » (S. Les Femmes 4, v.95). Le mot djihad est une convention islamique, qui ne doit pas être pratiquée contre un autre musulman ; ceci
est un fondement et un principe. Tous les ulémas considèrent que le djihad nécessite la permission des parents. Preuve en est, un homme était venu chez le prophète pour avoir la permission d’aller au djihad. Le
Prophète lui a demandé : « est-ce que tes parents sont vivants ? » L’homme répondit :
« oui ». Et le Prophète de rétorquer : « c’est
à eux qu’il faut demander la permission : tu
iras faire le djihad par la suite »15. Il y a
15 Boukhari l’a raconté dans son livre sur le djihad (3004).
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deux sortes de djihad dans l’islam. Le plus
grand djihad est celui contre soi-même. Le plus petit djihad est le djihad contre l’ennemi. En ce qui concerne le grand
djihad, le prophète a dit : « nous sommes revenus du petit djihad pour entreprendre le grand djihad »16. Si vous dites que cet hadith est faible ou inventé, la réponse se trouve dans le verset suivant : « Ne cède point aux infidèles, mais combats-les vigoureusement avec ce Livre » (S. Al Foukran ou Distinction 25, v.52). Lorsque Dieu Très Haut dit « ce Livre », Il fait allusion au Coran qui apporte consolation aux cœurs. Cette interprétation est
confirmée par ce qu’a dit le prophète : « Ne vous ai-je pas informé que vos bonnes actions sont les meilleures aux yeux de votre Roi et les plus appréciées ? Elles sont plus importantes que l’or et l’argent. Faire
le bien ne vaut-il mieux pas pour vous que de confronter vos ennemis jusqu’à leur
décapitation ou la vôtre ? » Ils ont répondu « oui ». Et lui d’ajouter : « c’est ce que
Dieu Très Haut a dit »17. Le plus grand djihad est donc celui contre soi-même, et son arme est l’invocation du Dieu Très
Haut et l’élévation de l’âme. Dieu Très
Haut a clarifié la relation entre les deux sortes de djihad dans un autre verset qui dit : « Ô croyants ! quand vous êtes en face
d’une troupe armée soyez inébranlables, et
répétez sans cesse le nom du Seigneur, en espérant la victoire » (S. Les Dépouilles 8, v.45). La persistance représente le petit djihad qui suit le grand djihad, celui pratiqué contre soi par l’invocation et le
témoignage. De toute façon, le djihad est un moyen pour parvenir à la paix, à la sécurité et à la tranquillité, et non pas un but en soi. Ceci est clairement dit par Dieu Très Haut :
16 Rapporté par El Bihaki dans le livre sur « l’Austérité » (2/165) et par El Khatibi El Baghdadi dans le livre sur l’Histoire de Baghdad (3/523). 17 Rapporté par l’Imam Malek dans Mawte’ (490) dans le livre « Appel à la prière » ; et par Tarmazi (3377) dans le livre « Les Appels » ; et par Ibn Majeh (3790) dans le Livre de la « Littérature », et il a été corrigé par El Hakem (1/673) dans le livre « Al Moustadrak Ala El Sahiheine ».
« Combattez-les jusqu’à ce que vous n’ayez
point de persécution, et que tout culte soit celui du Dieu unique. S’ils mettent un
terme à leurs actions, alors plus d’hostilité,
si ce n’est contre les prévaricateurs » (S. La Vache 2, v.193). Or vous avez dit dans votre discours en date du 04/07/2014 qu’« il n’y a pas de vie sans djihad », ce qui résulterait peut-être de l’explication du
verset suivant apportée par El Kortobi : « Ô croyants ! répondez à l’appel de Dieu et du
prophète quand il vous appelle à ce qui vous fait vivre… » (S.8 Les Dépouilles, v.24). Le vrai djihad vivifie le cœur. Mais il
est possible d’avoir une vie sans djihad,
quand il arrive que les musulmans soient dans une situation précise où il n’est pas
besoin de combattre, et où le djihad n’est
pas nécessaire. Dans l’histoire de l’islam il
existe de nombreuses situations similaires.
Il est vrai qu’à suivre les événements, on
pourrait relever chez vous et chez vos combattants du courage, une disposition au sacrifice, et l’intention du djihad. Personne
ne le nie – ni les amis ni les ennemis loyaux. Cependant, faire le djihad sans raison ni but légitimes, sans moyens ni intention légitimes, ce n’est plus faire le
djihad selon la charia, mais plutôt guerroyer et commettre des crimes.
a) L’intention
Dieu Très Haut a dit : « L’homme
n’obtiendra que ce qu’il aura gagné » (S. L’Étoile 53, V.39). Selon Abou Moussa El
Achaari, un homme vient trouver le prophète et lui dit : « L’homme combat
pour se protéger, par courage, par mensonge ou par hypocrisie. Lequel de ces combats serait-il au service de Dieu ? Le
Prophète lui répondit : « Le combat pour faire triompher la parole de Dieu, est considéré au service de Dieu »18. Le prophète a dit : « La première personne qui
18 Rapporté par Boukhari (7458) dans le livre du « Tawhid », et par Moussallam (1904) dans le livre de « l’Émirat ».
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sera condamnée le jour du jugement est un homme qui a été martyr, qui a été appelé et à qui les grâces qui lui ont été données ont été énumérées et qu’il a reconnues. Il lui a
été demandé ce qu’il en avait fait. Il a
répondu : j’ai combattu pour toi jusqu’au
martyre. Il lui a été répondu : tu mens, parce
que tu as combattu pour qu’on dise de toi
que tu es courageux, et c’est ce qui a été dit. Ensuite il a été jugé, on lui a couvert son visage avant de le jeter dans le feu… »19.
b) Les causes du djihad
Les musulmans combattent ceux qui leur font la guerre, et non pas ceux qui ne la leur font pas. Ils ne doivent pas agresser quelqu’un qui ne les pas attaqués. Car Dieu
a dit concernant la permission du djihad :
« Le combat a été autorisé à ceux qui ont subi des préjudices ; Dieu est capable de
protéger (39) ceux qui ont été injustement chassés de leurs foyers, uniquement pour avoir dit : « Notre Seigneur est Dieu ». Si Dieu n’avait fait repousser les hommes les
uns des autres, des monastères, des églises, des synagogues et des mosquées, où le nom de Dieu est invoqué sans cesse, auraient été détruits. Dieu assistera celui qui l’assiste. Dieu est fort et puissant » (S. Le Pèlerinage 22, v.39-40). Le djihad est lié à la sécurité et à la liberté des religions, ainsi qu’à une
injustice antécédente, perpétrée contre un peuple chassé de chez lui. Ces deux versets ont été révélés après treize années de torture, de tueries, d’injustice et
d’oppression subies par le prophète et ses
disciples de la part des idolâtres. Le djihad offensif, entrepris à cause d’une différence
d’opinion ou de religion est interdit. C’est
l’avis d’Ibn Haifa, de Malek, Ahmed, et tous les Ulémas y compris Ibn Taymiya. Les seuls à s’être opposés à cette théorie
sont quelques Chafïtes20.
19 Rapporté par Moussallam (1905) dans le livre de « l’Émirat ». 20 Consultez le livre du docteur Wehbé El Zouhaïly : « Les règles de la guerre dans l’islam ».
c) Le but du djihad
Quant au but du djihad, il fait également l’objet d’un consensus parmi les Ulémas,
étant donné que Dieu a dit : « Combattez-les jusqu’à ce que vous n’ayez point de
persécution, et que tout culte soit celui du Dieu unique. S’ils mettent un terme à leurs
actions, alors plus d’hostilités si ce n’est
contre les prévaricateurs » (S. La Vache 2, v.193). Le prophète a également dit : « j’ai
reçu l’ordre de combattre les gens jusqu’à
ce qu’ils disent il n’est de Dieu que Dieu.
Celui qui le proclame, il a sauvé, à mes yeux, son âme et son bien, même si c’est à
Dieu qu’il aura à rendre compte »21. C’est à
cela que se résume le but du djihad, et toujours à condition que les musulmans aient été attaqués. Ces textes définissent les termes de la victoire, dans le cas où les musulmans l’emportent. Il ne faut pas
mélanger entre le but du djihad et sa cause. Il y a là-dessus consensus entre tous les Ulémas. Ce Hadith a eu lieu effectivement et il s’appuie sur le verset qui cite la
promesse faite par Dieu Très Haut : « C’est
Lui qui a envoyé Son apôtre muni de la direction et de la véritable religion, pour l’élever au-dessus de toutes les religions. Le témoignage de Dieu te suffit » (S. La Victoire 48, v.28). Ceci s’est passé dans la
presqu’île arabique au temps du prophète,
comme l’a dit le Très Haut : «… afin que tu
avertisses la Mère des Cités et ceux qui habitent ses environs… » (S. Les Bestiaux 6, v.92). Dieu Très Haut a également dit :
« Ô croyants, combattez les infidèles qui vous avoisinent… » (S. Le désaveu ou le Repentir 9, v.123). Le prophète a dit :
« chassez les polythéistes de la presqu’île
arabique »22. Comment cela ne se réaliserait-il pas puisque Dieu Très Haut en a fait la promesse à son prophète en disant :
« C’est Lui qui a donné à Son Apôtre la
direction et la vraie religion, pour l’élever
21 Rapporté par Boukhari (2946) dans le livre du djihad. 22 Rapporté par Boukhari (3053) dans le livre du djihad, et Moussallem (1637) dans le livre du « Testament ».
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au-dessus de toutes les autres, dussent les idolâtres en concevoir du dépit » (S. Le Rang 61, v.9). Cela est valable aussi dans la presqu’île arabique puisque cela s’est passé
au temps de son prophète. De toute façon, les émirs du djihad doivent arrêter le combat, si cela est dans l’intérêt des
musulmans, même s’ils n’ont pas encore
atteint leur but, car Dieu Très Haut a dit :
«…S’ils mettent un terme à leurs actions,
alors plus d’hostilité, si ce n’est contre les
prévaricateurs » (S. La Vache 2,v.193). D’ailleurs, les événements et les
circonstances de « la réconciliation de Houdaybiya » en est une preuve.
d) La méthodologie du djihad
La synthèse de ce qui a été dit sur les méthodes du djihad peut se résumer en la déclaration du prophète : « envahissez mais ne pénétrez pas dans les arcanes, ne trahissez pas, ne torturez pas, et ne tuez pas de nouveau-nés… »23. Le prophète a dit, le jour de l’invasion de La Mecque : « on ne tue pas un dirigeant, et on n’exécute pas un
blessé. Toute personne qui a fermé sa porte doit être laissée en paix »24. Notre maître Abou Bakr El Seddik a également dit au moment où il apprêtait une armée qu’il
envoyait à Damas : « Vous allez rencontrer des populations qui se sont enfermées dans leurs ermitages, laissez-les avec ce pourquoi elles se sont enfermées ; et vous
rencontrerez des gens habités par le diable avec des turbans sur la tête, c’est-à-dire les diacres25, ceux-là décapitez-les, mais ne tuez pas les personnes âgées, ni les femmes, ni les nouveau-nés. Ne détruisez pas des constructions, ne coupez pas d’arbre à
moins que ce soit utile, ne maltraitez pas un animal à moins que ce soit nécessaire, ne brûlez pas les palmiers et ne les noyez pas. 23 Rapporté par Moussallam (1731) dans le livre du djihad, et par Tarmazi (1408) dans le livre « Al Dyyat ». 24 Rapporté par Ibn Abi Chiba (6/498) dans son catalogue. 25 Les diacres sont les pasteurs armés qui combattent.
Ne trahissez pas, ne torturez pas, ne soyez pas lâches, ne faites pas de surenchère. Que celui qui glorifie Dieu et ses prophètes le fasse discrètement, car Dieu est fort et tout-puissant »26.
Tuer les prisonniers est un péché, alors que vous, vous avez tué et égorgé de nombreux prisonniers. À titre d’exemple, vous avez
tué 1700 prisonniers dans la base de Spyker, à Tikrit, en juin 2014. Vous avez également tué en août 2014, 700 prisonniers de la tribu Chahitat, à Deir Ez Zor, dont 600 étaient des civils désarmés. Vous avez également tué 250 prisonniers dans la base aérienne de Tabaka, à Rakka, en août 2014, ainsi que des soldats kurdes et des soldats libanais, et bien d’autres encore, que nous
ne connaissons pas, mais que Dieu connaît. Ce sont là d’atroces crimes de guerre.
Si vous dites que le prophète a tué certains prisonniers dans certaines batailles, la réponse est la suivante : il a donné ordre de
tuer deux personnes dans la bataille de Badr, Akaba Ibn Abi Mou’haït et Nadhr
Ben Hareth. Et tous les autres tués étaient des chefs et des criminels de guerre. Tuer un criminel de guerre est permis sur ordre du chef. C’est ce qu’a fait Salaheddine
Ayoubi, après l’invasion de Jérusalem. C’est aussi ce que les Alliés ont fait au
tribunal de Nuremberg, après la Seconde Guerre Mondiale. Quant aux dizaines de milliers de prisonniers faits par le prophète, à l’exception des chefs, aucun combattant
n’a été tué, et ce, sur dix années et 29 invasions. Par contre, le prophète a recommandé de bien traiter les prisonniers27. La sentence divine en ce qui les concerne est la suivante : «…Ensuite
vous les libèrerez, sans contrepartie, ou moyennant rançon, lorsque la guerre aura
26 Rapporté par El Bayhaki, dans « les grandes règles » (9/90), et par Mourouzi dans le livre « Abi Bakr » sous le numéro 21. 27 Rapporté par Ibn Abdallah, dans le livre « Isti’hab » (2/812), et dans l’explication faite par Kortoby (19/129). Katada a dit : Dieu a recommandé de bien traiter les prisonniers.
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cessé… » (S. Mohammed 47,v.4). Dieu Très Haut a ordonné de respecter et de bien traiter le prisonnier ; Il a dit : « Quoique eux-mêmes désirent le repas, ils le donnent au pauvre, à l’orphelin et au captif » (S. L’Homme 76,v.8). La Sunna (la règle) du
prophète au sujet des prisonniers est la même que celle qu’il a appliquée lors de
l’invasion de La Mecque ; c’était l’amnistie
générale, comme il leur a dit : « je répète ce qu’a dit mon frère Youssef « pas de sanctions à vous imposer aujourd’hui », partez, vous êtes libres »28.
Enfin, la règle dans le djihad consiste à ne tuer que les combattants. Il n’est pas permis
de tuer avec préméditation leurs familles ou d’autres gens. Si vous faites allusion au
dialogue entre le prophète et Zourari sur le sujet des idolâtres et des femmes que l’on
pourrait combattre, et auquel il a rétorqué :
« ils en font partie »29, la réponse est la suivante : ce Hadith fait allusion à
l’assassinat d’innocents par erreur, et non
pas par préméditation, comme c’est le cas
avec les attentats à l’explosif. Quant à ce qu’a dit le Très Haut dans la sourate Le Désaveu ou le Repentir 9, verset 73 :
« …traite-les avec rigueur… », et dans la sourate Le Désaveu ou le Repentir 9, verset 123 : « … qu’ils trouvent toujours en vous
un rude accueil… », ceci est vrai pendant le combat et ne l’est plus après.
9 – Le takfir
Un des problèmes de l’incompréhension du
takfir est dû aux surenchères de certains ulémas salafistes concernés par le takfir, car ils ont dépassé ce qu’a dit Ibn Taymiya et
Ibn El Kayyem sur des questions importantes. Le résumé de ce qu’on peut
dire sur le takfir est le suivant :
28 Rapporté par El Baïhaki dans le livre des « Grandes Règles » (9/118)- Se reporter à Fayd El Kadir dans l’explication de la Petite Somme. 29 Rapporté par Moussallem dans le livre du Djihad (1745).
a) Le fondement (ou principe) dans l’islam
est basé sur le fait que celui qui dit « Il n’y
a de dieu que Dieu et Mohammed est son prophète » est musulman, il n’est pas
permis de le traiter d’impie. Le Très Haut a
dit : « Ô croyants ! Lorsque vous entrez en
campagne dans le sentier de Dieu, informez-vous avec exactitude. Ne dites pas à celui que vous rencontrerez et qui vous adressera le salut : « Tu n’es pas un
croyant ». Convoitez-vous des biens de ce monde ? Dieu possède des richesses
infinies. Telle a été votre conduite passée. Dieu vous a pardonné. Informez-vous donc avec exactitude avant d’agir. Dieu est
instruit de toutes vos actions » (S. Les Femmes 4, v.94). Ce que le Très Haut entend par « informez-vous avec exactitude » c’est qu’il faut demander aux
gens s’ils sont musulmans. Ici, il faut tenir
compte de l’apparence, sans chercher à
tester leur foi. Le prophète a dit : « Malheur à vous, attention, écoutez bien, ne redevenez pas après moi des impies (incroyants) qui s’entre-tuent les uns les autres »30. Le prophète de Dieu a également dit : «… celui qui a dit : il n’est de dieu que
Dieu s’est mis lui-même et ses biens sous ma protection. C’est à Dieu de le juger »31. De même, Ibn Omar et Madame Aïcha ont dit : « pas d’accusation d’impiété pour ceux
qui reconnaissent la Kobla »32.
b) Cette question est une des plus graves, car il s’agit de s’octroyer le droit de
disposer du sang des musulmans, de leur vie, de leur honneur, de leurs biens et de leurs droits. Dieu Très Haut a dit : « Celui qui tuera un croyant volontairement aura l’enfer pour récompense ; il y demeurera
éternellement. Dieu, irrité contre lui, le maudira et le condamnera à un châtiment terrible » (S. Les Femmes 4,v.93). De
30 Rapporté par Boukhari (4403) dans le livre « Maghazi », et par Moussallem (66) dans le livre de « La Foi ». 31 Rapporté par Boukhari (2946) dans le livre du djihad. 32 Ceci est dans le livre des Annexes de Hafez El Haytham (1/106).
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même, le prophète a dit : « Tout homme qui traite son frère d’infidèle, perd son statut et
le devient lui-même »33. Dieu Très Haut a sévèrement mis en garde quiconque tue ceux qui déclarent oralement leur islam, disant : «…S’ils cessent de porter les armes contre vous, et s’ils vous offrent la paix,
Dieu vous défend de les attaquer » (S. Les Femmes 4,v.90). Le prophète a mis en garde contre l’accusation du voisin
d’impiété, de rejet et contre son assassinat
par l’épée ; il a dit : « Je crains pour vous de voir un homme qui a lu le Coran… et qui
s’en défait et le jette derrière son dos pour
s’attaquer à son voisin par l’épée en
l’accusant d’impiété… »34.
Il est interdit de tuer un musulman, ou même tout homme non armé et non combattant. On raconte une histoire d’Oussama Ben Zeid, quand ce dernier
avait tué un homme ayant déclaré : il n’y a
de dieu que Dieu. Le prophète lui a alors demandé : « A-t-il confessé qu’il n’y a de
dieu que Dieu et tu l’as tué ? ». Oussama répond : Ô prophète de Dieu, il l’a confessé par peur des armes. Et le Prophète de l’admonester : « As-tu ouvert son cœur pour
savoir s’il l’a confessé ou non ? »35.
Un passage a été diffusé sur internet par un certain Chaker Wahib membre de Daech à l’époque. Ce dernier affirmait avoir arrêté des civils non armés qui s’étaient déclarés
musulmans. Il les a interrogés sur le nombre de génuflexions de certaines prières. Ayant vu qu’ils s’étaient trompés, il
33 Rapporté par Boukhari (6104) dans le livre « Littérature ». 34 Rapporté par Ibn Hauban dans son livre « Sahiheh » (1/282). 35 Rapporté par Moussallem (96) dans le livre de « La Foi ». Selon une autre histoire : « L’as-tu tué après qu’il ait dit il n’y a de dieu que Dieu ? » J’ai dit : il suppliait et ne cessait de le répéter… ; ceci a été rapporté par Boukhari (4369) dans le livre « Maghazi », et par Moussallem (96) dans le livre de « La Foi ».
les a tués36. Ceci est interdit ; c’est un crime
atroce.
c) Les actes d’un homme relèvent de l’intention qui les motive. Le prophète de
Dieu a dit : « Les actions relèvent des intentions, et tout homme sera jugé selon son intention…)37. Dieu Très Haut a dit :
« Lorsque les hypocrites viennent vers toi, ils disent : « Nous attestons que tu es l’envoyé de Dieu ». Dieu sait bien que tu es Son Apôtre, et Il est témoin que les hypocrites mentent » (S. Les Hypocrites 63,v.1). Dieu Très Haut a traité de mensongers, les témoignages des hypocrites reconnaissant la mission du prophète - même si ces paroles décrivent une vérité absolue -, parce qu’elles ont été prononcées
avec une intention mensongère. Même si le contenu est vrai, ils sont discrédités s’ils
l’ont dit du bout des lèvres puisque Dieu
sait qu’ils le nient dans leur cœur.
L’impiété suppose donc une intention et une préméditation d’incroyance, et non pas
une simple parole prononcée par mégarde, ou une action commise par ignorance. Il n’est pas permis de juger une personne en
l’accusant d’impiété, sans vérifier sa
véritable intention. Et il n’est pas permis d’imputer l’impiété (prononcer le takfir)
sans être sûr de cette intention. La personne peut avoir été forcée, ou bien l’a fait par
mégarde, par ignorance ou par folie. Elle peut aussi avoir mal compris un point quelconque de la religion. Dieu Très Haut a dit : « Quiconque, après avoir cru, redevient infidèle, à moins qu’il n’y ait été contraint
par la force, et que son cœur persévère dans
la foi, la colère de Dieu s’appesantira sur lui
et sur celui qui ouvre son cœur à
l’infidélité. Un châtiment terrible l’attend » (S. Les Abeilles 16,v.106).
Il n’est pas permis d’interpréter une action
différemment de celle voulue par celui qui 36 Publié sur YouTube en juin 2014 sous le titre « Les chauffeurs de camions tués par Chaker Wahib ». 37 Rapporté par Boukhari (1) dans le livre « Début de la révélation », et par Moussallem (1907) dans le livre « L’Émirat ».
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l’a commise, quand cette action suscite des
divergences de points de vue parmi les Musulmans. Il n’est pas permis d’accuser d’impiété une action si cette accusation ne
fait pas l’objet d’un consensus parmi les
ulémas des musulmans. De même il n’est
pas permis d’accuser collectivement
d’impiété un groupe précis de personnes.
L’accusation d’impiété se prononce contre
une personne selon son action et son intention. Dieu Très Haut a dit : «…Nulle
âme chargée du fardeau ne portera celui d’aucune autre… » (S. Les Groupes 39,v.7). Il n’est pas permis d’accuser
d’impiété celui qui doute de l’impiété
d’autrui ou celui qui refuse de les en accuser.
La raison qui nous pousse à nous attarder sur cette question, c’est le fait que vous
ayez distribué aux gens, les livres du Cheikh Mohamed Abdel Wahab dès que vous êtes arrivés à Mossoul et à Alep. D’ailleurs, les ulémas, y compris Ibn
Taymiya et Ibn Taym El Jawziya, ont fait la différence entre les actions des impies et le fait de juger quelqu’un d’impiété ou takfir.
Même si quelqu’un commet un acte qui
comprend un quelconque degré d’impiété,
ceci ne permet pas d’accuser cette personne
d’impiété pour les raisons que nous venons de citer. Selon El Zahabi38, son maître le Cheikh Ibn Taymiya disait quelques jours avant sa mort : « Moi je ne juge personne de la Oumma en l’accusant d’impiété ». Et d’ajouter : « le prophète a dit : « nul n’observe le lavement avant la prière s’il
n’est pas croyant » ; celui qui observe donc
les prières avec le lavement est musulman ».
Il faut noter ici que le prophète a dit :
« L’idolâtrie secrète, c’est quand un homme
se lève pour prier et embellit sa prière en tenant compte du regard d’autrui »39. Il a donc qualifié le mensonge dans la prière « d’idolâtrie cachée », qui représente une 38 Dans son livre sur « Les Nobles » (11/393). 39 Rapporté par Ibn Majeh (4204) dans le livre sur « L’Austérité ».
idolâtrie moindre. Ce genre d’idolâtrie
mineure pratiquée par certains fidèles, n’est
pas considéré comme une idolâtrie majeure et ne conduit pas à l’impiété ni à
l’expulsion de la communauté. Tous les
gens, à part les prophètes et les messagers de Dieu, adorent Dieu Très Haut selon leur capacité et non pas selon sa valeur intrinsèque. Dieu Très Haut a dit : « Ils n’apprécient point Dieu comme Il le mérite… » (S. Les Bestiaux 6,v.91). Et Dieu Très Haut dit encore : « Ils t’interrogeront au sujet de l’esprit. Dis-leur :
« L’esprit est de la compétence de mon
Seigneur, et vous n’avez été nanti que de
très peu de science » (S. Le Voyage nocturne 17,v.85). Mais Dieu Très Haut accepte cette adoration. Les hommes ne connaissent pas vraiment la réalité de Dieu car «…Rien ne Lui ressemble… » (S. La Consultation 42,v.11). Aussi « Les regards ne sauraient L’atteindre ; mais Lui atteint
tous les regards » (S. Les Bestiaux 6,v.103). On ne sait du Très Haut que ce que Lui-même nous a révélé ou ce que notre maître Mohammed nous en a dit : «…Il lance Son
esprit sur celui qu’Il choisit de ses
serviteurs » (S. Le Pardonneur 40,v.15). Comment donc une personne quelconque peut-elle se permettre de brandir l’épée
contre d’autres personnes qui n’adorent pas
Dieu comme Il le mérite ? Personne n’est
capable d’adorer Dieu comme Il le mérite à
moins que Dieu le veuille. De toute façon, l’idée même que Dieu ait un associé n’existe pas chez les Arabes. Le prophète a
dit : « Le diable a désespéré de se voir adoré par les fidèles dans la presqu’île
arabique, mais pas de les monter les uns contre les autres »40.
10 – Les gens du Livre
Au sujet des chrétiens arabes, vous leur avez fait choisir entre payer la jizya (impôt), l’épée, ou la conversion à l’islam.
Vous avez peint leurs maisons en rouge,
40 Rapporté par Moussallem (2812) dans le livre sur « La Résurrection, le paradis et l’enfer ».
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vous avez détruit leurs églises, et dans quelques cas, vous avez pillé leurs maisons et leurs biens. Vous en avez tué certains, et vous avez poussé d’autres à l’exode, au
point qu’ils étaient nombreux à prendre la
fuite dans un dénuement total. Ces chrétiens ne sont pas des combattants contre l’islam,
et ne l’ont jamais agressé. Ce sont plutôt
des amis, des voisins et des partenaires dans la patrie. Du point de vue légal (charia), ils relèvent tous d’engagements historiques
datant de plus de 1 400 ans : les règles du
djihad ne s’appliquent donc pas à leurs cas.
Il y en a qui avaient combattu aux côtés de l’armée du prophète contre les Byzantins.
Ils sont considérés comme des citoyens de la Médine depuis ce temps-là. D’autres
relèvent des engagements pris envers eux par Omar Ben Khattab, Khaled Ben Walid, les califes omeyyades, abbassides, ottomans, et leurs États. En résumé, ce ne sont pas des étrangers, mais ils font partie des populations de ces pays bien avant l’islam. Ce ne sont pas des ennemis mais
des amis depuis 1 400 ans. Ils ont défendu leurs pays dans toutes les guerres contre les croisés, le colonialisme, Israël, et les autres guerres. Comment pouvez-vous les traiter comme des ennemis ? Dieu Très Haut a dit :
« Dieu ne vous défend pas d’être bons et
équitables envers ceux qui n’ont point
combattu contre vous à cause de votre religion, et qui ne vous ont point chassés de vos foyers. Il aime ceux qui agissent avec équité » (S. Mise à l’épreuve 60, v.8).
Quant à la jizya, il y en a deux sortes selon la charia. La première, c’est la jizya qui est
payée en main par ceux qui ont été soumis. Elle est imposée à ceux qui ont combattu l’islam, tel que Dieu Très Haut l’a dit :
« Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au Jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son apôtre ont défendu, et à ceux d’entre les hommes des Écritures qui ne professent pas la croyance de la vérité. Faites-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils
payent la capitation, sur le revenu des mains, tous sans exception, et qu’ils soient
humiliés » (S. Le désaveu ou le repentir 9, v.29). Celui qui est visé ici c’est celui qui a
pris l’initiative de combattre les
musulmans, preuve en est le verset qui précède, dans la même sourate : « Ne combattrez-vous pas contre un peuple qui a violé ses serments, qui s’efforce de chasser
votre Prophète ? Ce sont eux qui ont été les agresseurs. Les craindrez-vous ? Dieu
mérite bien plus que vous Le craignez, si vous êtes croyants » (S. Le désaveu ou le repentir 9, v.13)41. Quant à ceux qui n’ont
pas combattu, on leur demande de s’engager à payer la jizya, sans les
brusquer ; Omar Ben Khattab avait même
accepté de la rebaptiser charité, et de la collecter en remplacement de la zaqat, et ce, en moindre proportion que cette dernière ;
elle aurait été attribuée au Trésor public, dont une partie est reversée aux citoyens chrétiens, en cas de nécessité, à l’instar
Omar qui l’a déjà fait42.
11 – Les Yézidis
Vous avez soumis les Yézidis aux règles du djihad, alors qu’ils ne vous ont pas fait la
guerre, ni fait la guerre aux musulmans. Vous les avez accusés d’adorer le diable, et
vous leur avez fait choisir entre se convertir à l’islam par la force, ou se laisser tuer.
Vous en avez tué des centaines et les avez enterrés dans des fosses communes. Vous avez causé la mort et la souffrance de centaines d’autres. S’il n’y avait pas eu
l’intervention des Américains et des Kurdes, des dizaines de milliers de leurs femmes, de leurs hommes, de leurs 41 Dans son explication, Ibn Joureir Tabri a dit (6/57) : « Et non pas quand il dit « Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au Jour dernier… » ce qui exclut ici le pardon et l’amnistie… S’il en est ainsi, et s’il est permis, une fois humiliés et une fois qu’ils ont payé la Jizya après le combat, de les amnistier pour une trahison ou pour l’enfreinte d’une promesse, cela est faisable tant qu’ils n’ont pas entrepris une guerre… ». 42 Les spécialistes du Fiqh ou doctrinaires ont permis d’éliminer la jizya pour ceux qui s’enrôlent dans l’armée des musulmans, comme ce fut le cas au temps d’Omar Ben Khattab.
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vieillards et de leurs enfants seraient encore morts. Ce sont là des crimes atroces. Du point de vue de la charia, ce sont des mages, dont le prophète a dit : « appliquez-leur la règle appliquée aux gens du Livre »43. Ils sont donc des gens du Livre. Dieu Très Haut a dit : « Dieu arbitrera, au Jour de la Résurrection, entre ceux qui croient et les Juifs, les Sabéens, les Nazaréens, les mages, et ceux qui associent ; car Dieu est témoin de toute
chose » (S. Le Pèlerinage 22, v.17). Ils ont été souvent énumérés par les ulémas salafistes, quand il s’agissait de juger les
mages, et ce conformément à ce qui vient d’être cité. Les omeyyades ont considéré les hindous et les boudhistes comme des dhimmis. Selon Cortobi44, « Ouzaï a dit : la
jizya doit être imposée à tout croyant d’une
idole, du feu, ou à tout athée ou menteur. De même, Mazhab Malek considérait que la jizya devait être imposée à toutes sortes de gens qui associent ou qui sont athées, qu’ils
soient arabes ou perses… à l’exception des
convertis ».
12 – La traite des humains
Parmi les objectifs de l’islam qu’aucun
uléma ne nie, il y a la lutte contre la traite des humains. Dieu Très Haut a dit : « (12) Qu’est-ce qui peut apprendre ce que c’est
que la montée difficile, (13) racheter les captifs, (14) nourrir aux jours de disette » (S. La Cité 90, v.12-14). Le Très Haut a dit : «…affranchiront un esclave avant qu’il
y ait une nouvelle cohabitation entre eux… » (S. La Mobilisation 58, v.3). Selon la sunna du prophète, il a libéré tout esclave et toute population qui lui appartenaient ou qui lui avaient été offerts45. Depuis plus de
43 Rapporté par l’Imam Malek, à Mawte’, dans le livre de la Zaqat (617), et par El Chafiï, dans son Annexe (1 008). 44 Selon « L’Explication » de Cortobi (8/110). 45 Se reporter au « Livre du Début et de la Fin » de Ibn Kathir (5/284) où il dit : « Le prophète a libéré ceux qu’il possédait comme esclaves… sans laisser quiconque de cette catégorie en héritage aux siens ».
cent ans, tous les musulmans se sont mis d’accord – plutôt le monde entier s’est mis
d’accord – pour interdire et criminaliser la traite des humains. Ceci est un acte moral très important dans l’histoire de l’humanité.
Le Prophète de Dieu a dit au sujet de l’Alliance de la Curiosité qui existait du
Temps de la Jahilyah : « Si l’islam me l’avait demandé, je l’aurais fait »46. Et vous, après cent ans, et malgré le consensus des musulmans, vous avez dérogé à cela ; vous vous êtes approprié leurs femmes en esclaves. Ainsi, vous avez rediffusé la fitna, la corruption et les abominations sur terre, par ce retour à ce dont la charia a cherché à se débarrasser et qui a été interdit par tous depuis plus de cent ans, quand tous les pays islamiques ont signé la convention interdisant la traite des humains. Le Très Haut a dit : «…Remplissez vos
engagements, car on vous en demandera compte » (S. Le Voyage nocturne 17, v.34). Vous porterez la responsabilité de ce crime horrible qui risque de provoquer à l’avenir,
des réactions contre tous les musulmans et toutes les musulmanes.
13 – La contrainte
Dieu Très Haut a dit : « Tu n’as pas de
pouvoir absolu sur eux » (S. Le Jour qui enveloppe 88, v.22). Le Très Haut a également dit : « Point de contrainte en religion. La vraie route se distingue assez de l’erreur » (S. La Vache 2, v.256). Le Très Haut a également dit : « Si Dieu le voulait, tous les hommes de la terre Le croiraient. Veux-tu contraindre les hommes à devenir croyants ? » (S. Jonas 10, v.99). Dieu Très Haut a dit : « Dis “La vérité vient
de Dieu ; que celui qui veut croire, croie, et
que celui qui veut être infidèle, le soit…” » (S. La Caverne 18, v.29). Le Très Haut a dit : « Vous avez votre religion, et moi la mienne » (S. Les Infidèles 109, v.6).
46 Rapporté par El Bihaki dans « La Connaissance des règles et des vestiges » (11/135), et dans « Les Grandes règles » (6/596), et par Ibn Hicham dans « La Voie prophétique » (1/266).
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Il est de notoriété publique que le verset « Point de contrainte en religion » (S.La Vache 2, v.256) a été révélé après l’invasion de La Mecque, et personne ne pourrait dire qu’il est copié. Vous avez
contraint les gens à l’islam, de même que
vous avez contraint les musulmans à adopter vos idées. Vous pratiquez l’oppression contre quiconque vit sous votre domination, quelle qu’en soit la
raison, en instaurant entre eux et vous, une relation d’esclave à maître. À Rakka, Deir
Ez Zor, et dans les autres régions qui sont sous votre domination, vous avez imposé aux peuples la présence parmi eux d’hommes armés et qui se présentent comme les « hisba », ceux à qui les gens doivent rendre compte, comme s’ils étaient
chargés par Dieu le Très Haut pour faire exécuter Ses ordres. On ne connaît pas un seul des sahaba (disciples) qui aurait eu un tel comportement. Vos actes ne relèvent pas de « l’ordre de faire le bien et d’interdire le
mal ». Ce que vous faites est de l’ordre de
la contrainte, de la domination, de l’oppression, pratiquées en permanence et
d’une manière aléatoire. Si Dieu Très Haut
avait voulu cela, Il aurait imposé aux gens les menus détails de sa religion. Dieu Très Haut dit : «…Les croyants doutent-ils que Dieu puisse diriger dans la droite voie tous les hommes, s’Il le voulait ? » (S. Le Tonnerre 13, v.31). Le Très Haut a également dit : « Si Nous le voulions, Nous aurions envoyé du ciel un signe devant lequel ils auraient humblement courbé la tête » (S. Les Poètes 26, v.4).
14 – Les femmes
C’est là un sujet très long ; en résumé, vous
vous êtes comportés avec les femmes comme si elles étaient des prisonnières et des otages. Elles doivent s’habiller selon
vos goûts, elles ne doivent pas sortir, elles ne doivent pas s’instruire. Alors que le
prophète a dit : « Faire des études est un
devoir pour tout musulman »47. De plus, le premier mot qui a été révélé dans le Livre de Dieu c’est « Lis ». Vous interdisez également aux femmes de travailler, de gagner leur vie, et de se déplacer en toute liberté. Vous forcez les femmes à épouser vos combattants. De quel droit faites-vous cela, alors que Dieu Très Haut dit : « Ô hommes ! craignez votre Seigneur, qui vous
a créés tous d’un seul individu ; Il créa de
lui sa compagne, et puis de ces deux êtres Il fit sortir tant d’hommes et de femmes.
Craignez le Seigneur au nom duquel, comme un parent, vous vous faites des demandes mutuelles ; certes Dieu vous
observe » (S. Les Femmes 4, v.1). Et le prophète a également dit : « Je vous recommande de faire attention et de prendre soin des femmes »48.
15 – Les enfants
Vous avez poussé les enfants à faire la guerre et à tuer. Certains ont porté les armes, d’autres ont été autorisés à jouer
avec les têtes des personnes décapitées. À cause de vous, d’aucuns se sont mis à tuer
quand d’autres ont été tués à leur tour par
votre faute. D’autres encore ont souffert
dans vos écoles, contraints à exécuter des actes inacceptables, conformément à vos ordres. Vous en avez condamné certains avec un cœur de pierre. Il nous suffit de dire
à ce propos : tous ces actes sont des crimes
perpétrés contre des innocents, car ces enfants ne sont pas responsables. Dieu Très Haut a dit : « Et pourquoi ne combattriez-vous pas dans le sentier du Seigneur, quand les faibles, les femmes, les enfants, s’écrient : « Seigneur, tire-nous de cette ville aux habitants oppresseurs, envoie-nous
47 Rapporté par Ibn Majah (224), et par Tabrani, dans son Grand Dictionnaire (10/195). El Hafez El Mouzi a dit : « Il s’est désaltéré sur les voies de la connaissance du bien ». Rapporté également par Ajlouni (2/654). 48 Rapporté par Boukhari (5 186) dans le livre de « L’Accouplement », et par Moussallem (1 468) dans le livre de « L’Allaitement ».
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un défenseur de Ta part, donne-nous un protecteur ! » (S. Les Femmes 4, v.75).
16 – Les sanctions
Les sanctions constituent une obligation incontournable dans la charia. Cependant, les sanctions ne sont appliquées qu’après
que l’accusé ait été informé, reçu un
avertissement, une sommation, et surtout dans le cadre des conditions nécessaires à ces sanctions. Elles ne s’imposent pas dans
les cas extrêmes. À titre d’exemple, le
prophète avait évité les sanctions dans certaines situations. Il est de notoriété publique qu’Omar Ben Khattab a annulé les sanctions au cours de l’année où la famine
avait frappé le peuple. Toutes les religions ont une réglementation claire concernant les sanctions ; cette réglementation doit être
appliquée avec miséricorde. Les conditions qui en découlent rendent leur application difficile. Les sanctions doivent être évitées en cas de suspicion ; en cas de doute, les
sanctions ne sont pas appliquées. Pas de sanction pour les personnes dans le besoin, en grande nécessité, pauvres ou misérables. Il n’y a pas de sanction contre le vol de fruits et de légumes. Il n’y a pas de sanction
contre le vol d’argent, tant qu’il ne dépasse
pas un certain seuil. Vous vous êtes hâtés dans les sanctions, alors que l’enthousiasme
rationnel pour la religion rend l’application
des sanctions des plus difficiles.
17 – La torture
Parmi ceux qui étaient sous votre domination ou qui étaient prisonniers chez vous, certains se sont plaints des tortures que vous leur avez imposées, soit en leur faisant peur, soit en les frappant. Vous leur avez fait peur en en liquidant certains en leur présence, en utilisant toutes sortes de torture, y compris en enterrant des gens vivants. La décapitation au couteau est une des plus dures tortures, elle n’est pas
permise selon la charia. Quant aux exécutions collectives – interdites par principe comme déjà vu – vos combattants
méprisent ceux qu’ils exécutent. Ils
ironisent en bêlant devant eux comme le font les moutons, en leur disant qu’ils les
exécuteront comme on exécute du bétail, et ils les exécutent effectivement. Vos combattants ne se contentent pas de tuer, ils y ajoutent l’humiliation, le mépris et
l’ironie. Dieu Très Haut dit : « Ô croyants !
Que des hommes ne se moquent pas d’autres hommes : ceux que l’on raille
valent peut-être mieux que leurs railleurs… » (S. Les appartements 49,
v.11).
18 – Mutiler les corps
Quand vous décapitez des êtres humains, vous prenez leurs têtes et les exposez en tous lieux, quand vous jouez avec comme on joue avec un ballon, il s’agit là de
mutilation des corps. De plus, vous avez diffusé ces images partout dans le monde, au moment où les peuples étaient heureux de regarder les matchs de football, jeu de loisirs permis par la charia, qui aide les gens à s’aérer l’esprit et à oublier leurs
soucis. Vous vous moquez des têtes décapitées et des cadavres. Vous avez diffusé ces atrocités à partir des casernes que vous avez envahies en Syrie. En ayant diffusé sur Internet ces actes sauvages au nom de l’Islam, vous avez fourni des
raisons et des arguments, à quiconque prétend que l’Islam est une religion rude et
sauvage. Vous avez donné au monde un argument très fort et parlant contre l’Islam,
alors que l’Islam est innocent de tous ces
actes, et qu’il les condamne en tant que
crimes.
19 – L’attribution des crimes à Dieu, au nom de l’humilité
Dans la base de la brigade 17, au Nord-Est de la Syrie, vous avez attaché à des fils barbelés les soldats syriens faits prisonniers et vous les avez décapités avec des couteaux. Vous avez diffusé par la suite ces images sur Internet en disant : « Vos frères
les soldats de l’État Islamique : Dieu nous a
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donné la grâce de la victoire en nous offrant la brigade 17 par une victoire accordée par Lui, nous n’y sommes pour rien. C’est à
Dieu que l’on doit notre force, nos armes et
nos munitions. » Vous avez attribué ce crime horrible à Dieu Très Haut. Et vous avez considéré cette « victoire » comme un
acte d’humilité de votre part devant Dieu,
considérant que c’est Dieu lui-même qui a agi et non pas vous. Vous avez ainsi attribué ce crime à Dieu Très Haut, comme si c’était un acte d’humilité de votre part.
Mais Dieu Très Haut dit : « Quand ils ont
commis quelque turpitude, ils disent :
« Nous l’avons vu pratiquer par nos pères,
c’est Dieu qui le commande. » Réponds :
« Dieu n’ordonne point d’actions infâmes contre la chasteté ; allez-vous dire de Dieu ce que vous ne savez pas ? » (S. El Araf Les
Limbes 7, v.28).
20 – La destruction des tombeaux et des temples des prophètes et des disciples (Sahaba)
Vous avez détruit et fait exploser les tombeaux des prophètes et de la Sahaba. La question des tombeaux est un sujet de divergence parmi les Ulémas. De toute façon, il n’est pas permis de faire exploser
leurs tombes et de les diffamer, en portant préjudice aux corps des prophètes et de la Sahaba. De même qu’il n’est pas permis de
brûler les vignes sous prétexte que certains en font du vin. Dieu Très Haut a dit :
«…Ceux dont l’avis l’emporta dans leur
affaire dirent : « nous y élèverons une
mosquée » (S. La Caverne 18, v.21). Dieu
Très Haut a dit : «…Prenez la station d’Abraham pour oratoire… » (S. La Vache
2, v.125). Et le prophète de Dieu a dit : « Je
vous avais interdit de visiter les cimetières, mais il a été permis à Mohammed de visiter la tombe de sa mère ; visitez-la, elle rappelle l’au-delà »49. La visite des cimetières rappelle la mort et l’au-delà. Dieu Très Haut dit : « (1) Le désir
49 Rapporté par Moussallem (977) dans le livre « Sahih », et par Tarmazi (1054), et par d’autres.
d’augmenter vos richesses vous distrait. (2)
Jusqu’au moment où vous rendrez visite à
la tombe » (S. Le Désir de s’enrichir 102,
v.1-2).
Quant à la déclaration d’Abi Omar Al Baghdadi : « nous avons le devoir de
détruire et d’éliminer toute apparence
d’association en interdisant tous ses
moyens », quant à ce qu’a écrit Moussallem
dans son livre « Sahih », rapportant les
propos d’Abi Hyaj El Assadi disant : Ali
Ben Abi Taleb m’a dit : « Je t’informe de ce
que le prophète m’a transmis : ne laisse pas
de statue sans la cacher, ni de tombeau de luxe sans le détruire », à ces déclarations
nous répondons : si vos propos sont exacts,
cela ne concerne pas les tombeaux des prophètes et de la Sahaba, preuve en est que les Sahaba étaient tous d’accord pour
enterrer le prophète dans une construction collée à la mosquée ; il en fut de même pour
ses disciples Abou Bakr et Omar que Dieu les bénisse.
21 – La désobéissance au dirigeant
Il n’est pas permis de désobéir au dirigeant à moins que ce dernier n’ait commis une
impiété « flagrante » – c’est-à-dire une impiété qu’il a lui-même franchement reconnue. Cela fait l’objet d’un consensus
chez les musulmans pour le rendre impie – ou lui interdire d’établir la prière. Preuve en
est ce qu’a dit Dieu le Très Haut : « Ô
croyants ! obéissez à Dieu, obéissez à
l’apôtre et à ceux parmi vous qui exercent
l’autorité… » (S. Les Femmes 4, v.59). Le
prophète a également dit : « Écoutez et
obéissez, même si le dirigeant n’est pas à la
hauteur »50. Et le prophète a dit : « Les bons
Imams sont ceux que vous aimez et qui vous aiment, ceux qui prient pour vous et pour lesquels vous priez. Les mauvais Imams sont ceux que vous haïssez et qui vous haïssent, que vous insultez et qui vous insultent. On lui dit : Ô prophète envoyé de
50 Rapporté par Boukhari (695) dans le livre « Azane ».
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Dieu, ne devons-nous pas les combattre avec l’épée ? Il leur dit : Non, tant qu’ils
disent avec vous la prière. S’il y a quelque
chose chez vos dirigeants que vous n’aimez
pas, détestez leurs actions mais ne cessez pas de leur obéir »51. Quant au dirigeant dépravé ou corrompu, il doit être démis par les autorités compétentes, si elles y arrivent, sans émeute (Fitna), sans recours aux armes et sans effusion de sang. Mais on ne le renverse pas. Il n’est pas permis de le
renverser même s’il n’agit pas au nom de la
charia, ou même en partie, Dieu le Très Haut dit : «…Ceux qui ne jugeront pas
conformément à la vérité que Dieu a envoyé d’en haut sont infidèles… » (S. La
Table 5, v.44) ; «…Ceux qui ne jugeront pas d’après les Livres que Nous avons fait
descendre d’en haut sont infidèles » (S. La
Table 5, v.45) ; «…Ceux qui ne jugeront
pas d’après un Livre de Dieu sont
infidèles » (S. La Table 5, v.47). Il y a trois
niveaux d’évaluation pour celui qui
n’applique pas la charia : l’impiété, la
dépravation, et l’injustice. Celui qui interdit
absolument la charia dans un pays musulman est impie. Celui qui n’impose
pas une partie de la charia ou qui n’impose
que ses objectifs est dépravé et injuste. Dans certains pays, on limite l’application
de la charia par des décisions prises en haut lieu, justifiées par les exigences de la sécurité dans le pays ; cela est permis. Ibn
Abbas52 résume ces situations en disant que celui qui n’applique pas la charia est
dépravé et injuste, mais il n’est pas impie,
et ne doit pas être renversé. Selon Ibn Abbas, qu’il soit béni par Dieu, gouverner
en dehors de ce que Dieu a révélé représente « de l’impiété moindre que
l’infidélité ». Il a également dit : ce n’est
pas de l’impiété que d’avoir recours à lui.
51 Rapporté par Moussallem (1855) dans le livre de « L’Émirat ». 52 Rapporté par El Hakem (2/342).
22 – Le Califat
Le Califat est une situation imposée à la Oumma par consensus. La Oumma a perdu le Califat après sa défaite en 1924. Mais un nouveau Califat nécessite un consensus de la part de tous les musulmans et non pas d’un petit groupe qui occupe un coin ou une région limitée du monde. Omar Ben Khattab a dit : « Celui qui porte allégeance
à un homme sans la consultation des musulmans, ne sera suivi par personne, ni celui à qui il a porté allégeance. Ceci est un avertissement, une désapprobation, afin d’éviter qu’ils ne soient tués »53. La déclaration du Califat sans consensus représente donc une fitna (émeute). Cela a pour conséquence de placer la majorité des musulmans qui ne l’ont pas reconnu, en
dehors du Califat. Cela a aussi pour conséquence l’émergence de nombreux
différends qui rajoutent aux fitnas. Les prémices de cette fitna sont apparues quand les imams de Mossoul ne vous ont pas porté allégeance.
Vous avez déclaré dans vos discours un passage attribué à Abou Bakr El Seddik : « Je vous ai été imposé même si je ne suis pas le meilleur ». La question qui se pose ici est de savoir qui vous a imposés à la Oumma. Est-ce votre groupe ? Dans ce cas, un groupe qui ne compterait pas plus de dix mille personnes viendrait s’imposer à plus d’un milliard et demi de musulmans ! Ce comportement est basé sur un cercle vicieux à raisonnement corrompu qui dirait : « nous
seuls sommes musulmans et c’est nous qui
décidons qui est le Calife. Nous avons décidé qui est le Calife, et quiconque ne reconnaît pas le Calife que nous avons choisi, n’est pas musulman. » En ce cas-là, que représente le Calife si ce n’est le chef
d’un groupe précis qui juge 99 % des
musulmans comme impies ? Par ailleurs, si vous reconnaissez l’existence du milliard et
demi de personnes qui se disent
53 Rapporté par Boukhari (6830) dans le livres des « Limites ».
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musulmans, comment ne les consultez-vous pas au sujet de votre présumé Califat ? Vous avez deux options. Soit vous reconnaissez qu’ils sont musulmans et
qu’ils ne vous ont pas choisi, alors vous
n’êtes pas le Calife. Soit vous ne les
reconnaissez pas comme musulmans, et alors pourquoi utilisez-vous le mot Califat ? Dans ce cas, les musulmans seraient réduits à un petit groupe qui n’a pas besoin de
calife. Le Califat doit naître d’un consensus
des pays islamiques, des organisations regroupant les ulémas de tous les pays islamiques et des musulmans du monde entier.
23 – L’appartenance à des patries
Vous avez dit dans votre discours : « La Syrie n’est pas aux Syriens, et l’Irak n’est
pas aux Irakiens »54. Dans le même discours, vous avez appelé les musulmans du monde entier à émigrer vers les régions dominées par « l’État Islamique » en Irak et
en Syrie. Par cette déclaration, vous avez spolié les droits et les biens de ces pays et vous les avez distribués à des étrangers, même s’ils sont de la même religion. Vous
avez fait exactement comme Israël l’a fait,
en appelant les juifs du monde à devenir des colons en Israël ; ces derniers se sont
saisi des terrains et des droits des habitants de Palestine, qu’ils ont chassés de leurs
propriétés et de la terre de leurs ancêtres. Où est la justice dans tout cela ?
En résumé, l’amour de la patrie et
l’appartenance à une patrie n’est pas
contradictoire à l’Islam. L’amour de la
patrie émane de la foi. Aimer la patrie est tout à fait naturel pour l’être humain. Cela
fait partie de la Sunna pour le musulman d’aimer sa patrie. Le prophète s’est adressé
à La Mecque disant : « Tu es le meilleur
pays et celui que je préfère. Si mon peuple ne m’avait pas expulsé de chez toi, je
54 Cela a été publié le 1/7/2014, par la BBC sur internet.
n’aurais pas habité ailleurs »55. L’appartenance et l’amour de la patrie sont souvent cités dans le Coran et la Sunna. Dans le Coran, Dieu Très Haut a dit : « Si nous leur avions prescrit de se donner la mort à eux-mêmes ou d’abandonner leur
pays, peu d’entre eux l’auraient fait… » (S. Les Femmes 4, v.66). El Fakhr El Razi56 a dit : « Il a mis à pied d’égalité l’amour de la
patrie et le suicide ». Ouns Ben Malek a dit : « Quand le Prophète revenait de voyage, son émotion était telle qu’il arrêtait
quelques instants son chameau, ou son âne dès qu’il apercevait les murs de la Médine, avant de reprendre la route »57. Hafez Ibn Hajar58 a dit : « Dans le hadith il y a des
signes sur la préférence de La Médine, et sur la légitimité de l’amour de la patrie ainsi
que la nostalgie de la patrie ».
24 – L’émigration
Vous avez appelé les musulmans de partout dans le monde à émigrer vers les régions dominées par « l’État Islamique en Irak et
en Syrie »59. Un des combattants de l’État
Islamique, Abou Moussallem El Kanadi, a dit : « Venez rejoignez (la Syrie) avant que les portes ne se ferment »60. Or, en résumé, le prophète a dit : « Pas d’émigration après
le fath, mais djihad et intention ; et si vous
êtes appelés, prenez la fuite »61.
Conclusion
En conclusion, Dieu Très Haut s’est lui-même qualifié le plus miséricordieux des miséricordieux. Il a créé l’homme grâce à
55 Rapporté par Tarmazi (3926) dans le livre « Manakeb », et par Ibn Hebban (9/23). 56 Dans « L’Explication » (15/515) Tarmazi expliquait la sourate Anfal. 57 Rapporté par Boukhari (1886) dans le livre « Le Pèlerinage ». 58 Rapporté par Boukhari (3/621) dans Fath El Bari. 59 Diffusé le 1/7/2014 par la BBC sur internet. 60 Il l’a dit en vidéo sur Internet « Hayat Media Center », en août 2014. 61 Rapporté par Boujhari (2783) dans le livre du « Djihad et la Conduite ».
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sa miséricorde. Dieu Très Haut dit : « Le
Très Miséricordieux » (1) ; « Il a enseigné le
Coran » (2) ; « Il a créé l’homme » (3) – (S. Le Très miséricordieux 55, V.1-3). Dieu Très Haut a créé l’homme par sa
miséricorde ; le Très Haut a dit : « Si Dieu
avait voulu, Il n’aurait fait de tous les
hommes qu’un seul peuple. Mais ils ne
cesseront de se disputer entre eux (118) excepté ceux à qui Dieu aura accordé sa miséricorde. C’est pourquoi Il les a créés
(119)… » (S. Houd 11, V.118-119). Linguistiquement, le « c’est pourquoi »
revient au dernier mot cité, c’est-à-dire « la
miséricorde » et non pas « la dispute ».
C’est l’avis d’Ibn Abbas quand il a dit :
« Par miséricorde Il les a créés »62.
Le meilleur moyen pour obtenir cette miséricorde c’est l’adoration de Dieu Très
Haut. Dieu Très Haut dit : « Je n’ai créé les
hommes et les Djinns que pour qu’ils
M’adorent » (S.51, V.56). Il n’y a pas de
mérite à adorer Dieu Très Haut, c’est plutôt
un don accordé au fidèle. Dieu Très Haut a dit : « Je ne leur demande point de richesse ;
je ne leur demande point de nourriture. (57) ; « Dieu seul est le dispensateur de
nourriture, le Fort, l’Inébranlable » (58) (S.
Les Vents qui éparpillent 51, V.57-58). Dieu Très Haut a révélé le Coran par Sa miséricorde : « Nous envoyons à travers le
Coran la guérison et la grâce aux fidèles »
(S. Le Voyage nocturne 17, V.82). La religion musulmane est miséricorde et son essence-même est miséricorde. Le prophète – qui a été envoyé par miséricorde au monde – a résumé le comportement du Musulman avec les gens par ses mots :
« celui qui n’a pas de miséricorde envers
autrui ne fera pas l’objet de miséricorde de
leur part »63. Et aussi : « Soyez
miséricordieux, vous serez l’objet de
miséricorde »64.
62 Se reporter à l’explication d’El Razi (18/412). 63 Rapporté par Boukhari (5997) dans le livre de « La Littérature », et par Moussallem (2318) dans le livre des « Vertus ». 64 Rapporté par Ahmed (2/160).
Cependant, vous avez fait de la religion musulmane, dans tout ce qui a été dit, une religion de dureté, de brutalité, de torture et d’assassinat. Ceci, comme il a été prouvé
ci-haut, est une erreur et une faute grave ;
c’est un préjudice envers la religion, envers les musulmans et envers le monde entier. Revoyez toutes vos actions, et renoncez-y. Convertissez-vous, et cessez de faire du mal aux gens. Revenez à la religion de la miséricorde. Dieu Très Haut dit : « Dis : Ô
mes serviteurs ! Vous qui avez agi
iniquement envers vous-mêmes, ne désespérez point de la miséricorde divine, Dieu pardonne tous les péchés ; Il est
l’Indulgent, le Miséricordieux » (S. Les
Groupes 39, V.53).
Dieu seul sait
24 Zou El ‘Hikda 1435 de l’an Hégire, le 19/09/2014 après J.-C
Les signataires de la Lettre
ouverte
1 – Sa Majesté Royale le Sultan Abou Bakr Mohamed Saad, Sultan du Sokoto – Nigeria.
2 – Son Excellence le professeur Ibrahim Chbouh, uléma musulman – Tunisie.
3 – Son Éminence Cheikh Ibrahim Saleh El Husseini, président du Comité chargé de la Fatwa dans le Conseil supérieur des Affaires islamiques au Nigeria.
4 – Professeur Ibrahim Abdel Rahim, professeur de la charia à la Faculté des sciences à l’Université du Caire.
5 – Son Éminence Cheikh Azhar Aziz, président de l’Association musulmane pour l’Amérique du Nord.
6 – Cheikh Abou Bakr Baldi, président de la Communauté africaine au Portugal.
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7 – Professeur Ihsan Bajbi, professeur-adjoint pour les études islamiques du Fiqh en Amérique du Nord.
8 – Docteur Ahmed Hassan, professeur de la Da’wa et de l’Irchad (exhortation) à
Sanaa – Yémen.
9 – Docteur Ahmed Choukaïrat, membre de l’Union des ulémas de l’Amérique du Nord.
10 – Son Excellence Dr. Sayed Ahmed Abdel Aziz Haddad, président du Département de la Fatwa à Dubaï – EAU.
11 – Son Éminence le professeur Ahmed El Kabissi, président de l’Association des
ulémas – Irak.
12 – Le Cheikh Ahmed Mamdouh, département de la Fatwa en Égypte.
13 – Le Cheikh Ahmed Wissam Khodr, département de la Fatwa en Égypte.
14 – Le Cheikh Oussama Jammal, secrétaire général du Conseil américain pour les associations islamiques.
15 – Son Éminence Dr. Cheikh Oussama Sayed Mahmoud Azhari, prédicateur islamique – Égypte.
16 – Professeur Ismaïl Abdel Nabi Chahine, vice-président de l’Université d’El Azhar,
secrétaire général adjoint de la ligue des universités islamiques – Égypte.
17 – Cheikh Achraf Saad, chercheur en charia – Égypte.
18 – Professeur Ouns Karitch, uléma islamique – Bosnie.
19 – Sayed Bakay Marzouk, Fédération générale des musulmans de France.
20 – Professeur Bachar Awad Maalouf, penseur, historien, et écrivain irakien.
21 – Professeur Bakr Zéki Awad, doyen de la Faculté des fondements de la religion à l’Université d’El Azhar El Chérif – Égypte. 22 – Son Excellence l’Emir Bola Agibola,
magistrat – fondateur du Mouvement islamique en Afrique, fondateur de l’Université El Hilal (croissant) au Nigeria.
23 – Professeur Janer Daghli, professeur des études islamiques – USA.
24 – Docteur Jabri Ibrahim, responsable du prêche et de l’exhortation au Yémen.
25 – Professeur Jaafar Abdel Salam, secrétaire général de la ligue des universités islamiques, professeur en droit international humanitaire.
26 – Docteur Jamal Badaoui, conseil du Fiqh (théologie) en Amérique du Nord.
27 – Son Éminence le professeur Jamal Farouk El Dakkak, professeur à l’Université d’El Azhar El Charif.
28 – Son Excellence Docteur Joseph Lombard, professeur des études islamiques à l’Université Brandeis – USA.
29 – Docteur Hatem Bazian, président du Conseil d’Administration de l’Institution des musulmans d’Amérique pour la
Palestine.
30 – Cheikh Hassan El Cheikh, président des affaires religieuses à la mosquée Salah la plus grande mosquée au Yémen.
31 – Son Éminence Cheikh Dr. Hussein Hassan Abkar, président du Haut Conseil pour les affaires islamiques et imam des musulmans dans la République du Tchad.
32 – Son Éminence Cheikh Hussein El Abidi, cheikh de la Grande Mosquée et de ses filiales, à la mosquée Zeitouné El Maamour – Tunis. 33 – Cheikh Hamzé Youssef Hanson, fondateur et directeur de l’Académie
Zeitouné aux USA.
34 – Cheikh Dr. Hammoud El Saïdi, prédicateur islamique, responsable du ministère des Wakfs et de l’exhortation – Yémen.
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35 – Professeur Khaled Hussein, Chercheur aux études du Proche-Orient au Conseil des relations extérieures à New York – USA.
36 – Docteur Khaled Oumran, Dar El Fatwa en Égypte.
37 – Docteur Zoulfikar Ali Shah, secrétariat général du Conseil du Fiqh américain – USA.
38 – Cheikh Docteur Raëd Abdallah Badir, membre du Comité des ulémas et des prédicateurs (la Da’wa) à Jérusalem.
39 – Docteur Zahed Boukhari, directeur exécutif du Centre islam et politique générale – USA.
40 – Professeur Zéki Zeidan, professeur de la charia islamique à la Faculté de droit – Université de Tanta – Égypte.
41 – Professeur Salem Abdel Jalil, ancien responsable du ministère des Wakfs pour la Da’wa au Caire – professeur de la civilisation islamique à l’Université
d’Égypte pour les Sciences – Égypte.
42 – Professeur Sami Helal, doyen de la Faculté du coran à l’Université de Tanta – Égypte.
43 – Docteur Saadeddine El Hilali, directeur de la section du fiqh comparé à l’Université d’El Azhar – Le Caire.
44 – Suleiman El Tammimi, Ingénieur – président du Conseil islamique à Iceland – Chine.
45 – Docteur Samir Boudinar, penseur islamique, directeur du Centre d’études des
sciences humaines et sociales – Maroc.
46 – Professeur Seif Rajab Kazamel, doyen de la Faculté de la charia et du droit ancien – professeur du fiqh comparé à l’Université
El Azhar au Caire.
47 – Cheikh Dr. Chaouki Allam, le mufti d’Égypte.
48 – Imam Sayed Sadek El Mehdi, président du parti de la Oumma – Soudan.
49 – Professeur Salaheddine El Jaafari, secrétariat général adjoint du Congrès islamique européen, conseiller de l’Institut
Ibn Sina en France, conseiller de l’Institution Mohamed Bin Rached Al Maktoum pour les œuvres humanitaires en
Allemagne.
50 – Cheikh Taleb Charif, Président de la mosquée d’El Oumma – USA.
51 – Cheikh Farouk Aref Hassan, professeur Titulaire de la Chaire d’études
sur la pensée de l’Imam Fakhreddine El Razi et sa méthode, à la mosquée Hussein Bin Talal – Jordanie.
52 – professeur Abdel Hamid Madkour, professeur de la Philosophie Islamique à la Faculté des Sciences de l’Université du
Caire – Égypte.
53 – Son Éminence Cheikh Abdallah Bin Bih, uléma islamique et président du Cercle pour le renforcement de la paix dans les sociétés musulmanes – Abu Dhabi.
54 – Cheikh Abdallah El Cheikh Saïd, président de la Fédération des ulémas de la Religion musulmane au Kurdistan, représentant les ulémas de la religion et de la fatwa au Kurdistan – Irak.
55 – Professeur Abdallah Hafizi, secrétariat général de la Ligue des idriss et de leurs cousins – Maroc.
56 – Docteur Sayed Abdallah Fadhok, prédicateur islamique – Arabie saoudite.
57 – Professeur Abdel Haï Azb, doyen de la Faculté de droit et de la charia à l’Université d’El Azhar au Caire – Égypte.
58 – Professeur Abdel Rahman Abad, professeur des Études islamiques à la Faculté du Coran, secrétaire général du Comité des ulémas et prédicateurs – Jérusalem.
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59 – Cheikh Abdel Magid Khiroun, Fédération des mosquées des Pays-Bas.
60 – Professeur Abdel Nasser Abou El Bassal, professeur à l’Université Yrmouk – Jordanie.
61 – Son Excellence Sayed Abdel Hadi El Kasbi (Kosbi), cheikh supérieur des méthodes soufis en Égypte.
62 – Son Excellence le professeur Outhman Bakr, institut mondial pour les études islamiques modernes – Malaisie.
63 – Cheikh Ali Joumha, ancien mufti d’Égypte – Égypte.
64 – Son Excellence Cheikh Sayed Ali Bin Sayed Abdelrahman Al Hachem, conseiller de son Excellence le chef de l’État pour les
affaires juridiques et religieuses – EAU.
65 – Cheikh Ali El Halabi, prédicateur islamique – Jordanie.
66 – Son Excellence Docteur Omar Jah, président de l’institution humanitaire du
Cheikh Abdallah Jah – Gambie.
67 – Docteur Omar Chahine, secrétariat général de la Fédération des ulémas en Amérique du Nord.
68 – pProfesseur Omar Abboud, secrétaire général du Centre de dialogue entre les religions à Buenos Aires – Argentine.
69 – Cheikh Dr. Amro Mohamed Hilmi Khaled, prédicateur, fondateur et président de l’Institution mondiale des vrais débuts – Égypte.
70 – Docteur Amro El Wardani, Dar El Fatwa – Égypte.
71 – Sa Majesté Royale l’Émir Ghazi Bin
Mohamed le Grand, président du Conseil des responsables de la maison royale, Al El Beit, pour la Pensée Islamique.
72 – Professeur Conseiller Fathi Awad El Molla, journaliste et conseiller de la Ligue des universités islamiques – Égypte.
73 – Professeur Faraz Rabbani, prédicateur islamique – Canada.
74 – Professeur Docteur en Droit Maher Alyan Khadir, juge à la Haute Cour de la charia et membre du Comité des ulémas et prédicateurs à Jérusalem – Palestine.
75 – Docteur Magdi Achour, Dar El Fatwa – Égypte.
76 – Docteur Mohamed Adam El Cheikh, conseil du fiqh en Amérique du Nord.
77 – Cheikh Mohamed Ahmed Hussein, mufti de Jérusalem et de Palestine.
78 – Magistrat Mohamed Ahmed El Akwah, uléma parmi les grands ulémas sunnites – Yémen.
79 – Professeur Mohamed El Amir, doyen de la Faculté des études islamiques pour les filles – Université de Mansourah.
80 – Son Excellence Docteur Mohamed Bachari, président de la Fédération générale des musulmans de France – France.
81 – Son Excellence Cheikh Mohamed Hassan Kariballah, uléma du Soudan.
82 – Son Éminence professeur Mohamed Hafnaoui, professeur du Fondement du fiqh à la Faculté de la charia et du droit à l’Université d’El Azhar, section de Tanta – Égypte.
83 – Son Excellence professeur Mohamed Sarajeddine Chamseddine, directeur général de l’Association Mohamadya – Indonésie, professeur à l’Université islamique Charif
Hidayatullah – Jakarta – Indonésie. 84 – Son Excellence Docteur Mohamed El Sammak, secrétariat général du Comité libanais islamo-chrétien pour le dialogue.
85 – Son Excellence Docteur Mohamed Souheil Omar, directeur de l’Académie
Iqbal – Pakistan.
86 – Son Excellence Cheikh Mohamed El Sadek Mohamed Youssef, ancien mufti général de la République d’Ouzbékistan.
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87 – Cheikh Dr. Mohamed Taher El Kadri, fondateur de l’Institution mondiale pour les
études coraniques – Pakistan.
88 – Professeur Mohamed Talabi, penseur et leader musulman – mouvement du Tawhid et Islah (Unification et Réforme) – Maroc.
89 – Docteur Abdel Samih Badir, Dar El Fatwa égyptienne.
90 – Son Excellence professeur Mohamed Abdel Samad Mihani, conseiller du Grand imam cheikh d’El Azhar – Égypte.
91 – Cheikh Dr. Mohamed El Kamin, professeur en prédication (Da’wa) – Yémen.
92 – Bien-aimé Mohamed Lotfi Bin Ali Bin Yahya, prédicateur islamique – Indonésie.
93 – Cheikh Mohamed Maged, Association islamique – Dallas – USA.
94 – Son Excellence le professeur Mohamed Mahmoud Abou Hachem, vice-président de l’Université d’El Azhar,
membre du collectif pour les recherches islamiques à El Azhar.
95 – Professeur le Mohamed Mokhtar El Mehdi, professeur des études islamiques à l’Université d’El Azhar, président de
l’Association légale (Charia).
96 – Son Excellence le professeur Mohamed El Mokhtar Weld Iyah, président de l’Université contemporaine de Chankit – Mauritanie.
97 – Son Excellence Cheikh Mohamed Mostapha El Fakki El Yakouti, secrétaire d’État au ministère du wakf et de
l’exhortation – Soudan.
98 – Professeur Mohamed Nabil Ghanayem, professeur de la Charia Islamyya à la Faculté des sciences à l’Université du Caire – Égypte.
99 – Son Excellence professeur Mohamed Hachem Kamali, doyen de l’Institut
mondial pour la pensée et la civilisation islamiques – Malaisie.
100 – Professeur Mohamed Wadghiri, président de la communauté musulmane – Belgique.
101 – Docteur Mohamed Wistam Khodr, Dar El Fatwa – Égypte.
102 – Cheikh Mohamed Yahya Kettani, imam et orateur – Égypte.
103 – Cheikh Mohamed El Yacoubi, prédicateur islamique – Syrie.
104 – Son Excellence Sayed Mohamed El Chérif, bâtonnier des Sayed El Chérif – Égypte.
105 – Son Éminence Cheikh Mahmoud Assaad Madani, secrétaire général de l’Association des ulémas – Inde.
106 – Cheikh Mokhtar Mohsen Mohamed, Dar El Fatwa – Égypte.
107 – Docteur Modther Sadiki, membre du Conseil pour le fiqh en Amérique du Nord.
108 – Docteur Mozmel Sadiki, président du Conseil pour le fiqh en Amérique du Nord.
109 – Son Excellence professeur Moustapha Abou Souÿ, professeur titulaire de la Chaire des études de la pensée de l’imam El Ghazali et de sa méthodologie à
la mosquée d’El Aqsa – Palestine.
110 – Son Éminence professeur Moustapha Tsiritch, le grand mufti en Bosnie-Herzégovine – Sarajevo autrefois.
111 – Son Éminence Cheikh Moustapha Hojji, le mufti de la République de Bulgarie.
112 – Son Éminence le professeur Moustapha Chaghrigi, ancien mufti d’Istanbul – Turquie.
113 – Docteur Moustapha Abdel Karim, Dar El Fatwa – Égypte.
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114 – Cheikh Maaz Massoud, prédicateur islamique – Égypte.
115 – professeur Cheikh Mokbel El Kidhi, prédicateur islamique – Yémen.
116 – Son Éminence l’Imam Mounawer
Hussein, fondateur de l’Institution d’Oxford – Grande Bretagne.
117 – Cheikh Moussa Hassan, secrétaire général de l’Académie de la Oumma en
Europe – Suède.
118 – Professeur Nabil El Samalouti, professeur de sociologie et ancien doyen de la Faculté des sciences humaines à l’Université d’El Azhar – Égypte.
119 – Son Éminence Cheikh Naïm Bigh, président du Département islamique pour l’Amérique du Nord.
120 – Cheikh Naïm Ternava, le mufti de Kosovo.
121 – Son Éminence Cheikh Nouhad Awad, directeur général du Conseil des relations islamo – américaines (kir) – USA.
122 – Datou’Wan Zahidi Bin Wan Teeh,
ancien mufti des Départements fédérés – Malaisie.
123 – Cheikh Wahid Abdel Jawad, Dar El Fatwa – Égypte.
124 – Cheikh Wahid El Fassi El Fahri, président de la Fédération des musulmans d’Italie – Italie.
125 – Docteur Yasser Kadi, professeur des études islamiques – Faculté de Rhodes – USA.
126 – Professeur Youssef Kafaketchi, professeur des études islamiques – USA.
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Les paroles d’Ali Bin Abi Taleb Selon Naïm Bin Hammad, dans son livre « El Fitan » (Les émeutes), notre maître Ali Bin Abi
Taleb, que Dieu le bénisse, a dit :
« Si vous voyez les étendards noirs, attachez-vous à la terre, ne bougez ni vos mains, ni vos pieds. Puis apparaît un peuple faible qui ne paie pas de mine, au cœur dur comme
fer, ce sont les gens de l’État, qui ne tiennent pas parole et ne respectent pas les
promesses. Ils appellent à la vérité, sans en être dignes. Leurs prénoms sont des alias, et leurs noms sont relatifs aux noms de villages. Leurs sentiments sont mous comme ceux des femmes, jusqu’à ce qu’ils se disputent entre eux. Ensuite Dieu accorde la vérité à qui
Il veut.»
Certains se demandent si les propos de notre maître Ali Bin Abi Taleb que Dieu le bénisse, rapportés par le Cheikh Boukhari (Nouaïm Bin Hammad) dans le livre des « Fitan » environ mille
deux cents ans auparavant, s’appliquent aux gens de « l’État Islamique ».
On peut comprendre ces propos de la manière suivante :
Si vous voyez les étendards noirs : en effet les étendards de « l’État Islamique » sont noirs.
Attachez-vous à la terre : ceci veut dire : « restez, ô Musulmans chez vous, et n’émigrez pas
vers ces gens-là ».
Ne bougez ni vos mains ni vos pieds : ceci veut dire : « ne les aidez ni avec de l’argent ni
avec du matériel ».
Puis apparaît un peuple faible qui ne paie pas de mine : « il s’agit de faiblesse dans la
connaissance de la religion, de la morale et de son application ».
Au cœur dur comme fer : c’est-à-dire « ils tuent les prisonniers de guerre, et ils torturent les
gens avec une dureté extrême ».
Ce sont les gens de l’État : depuis environ cent ans, personne n’a prétendu incarner l’état de
l’Islam autre que « l’État Islamique » actuel qui se trouve en Syrie et en Irak.
Ils ne tiennent aucune parole et ne respectent aucune promesse : A titre d’exemple,
« l’État Islamique » n’a pas respecté le pacte de « Chahitat » après l’avoir prôné, ni respecté la
promesse de protéger les envoyés, ou délégués, tels les journalistes.
Ils appellent à la vérité : et « l’État Islamique » appelle à l’Islam.
Sans en être digne : Les gens de la vérité sont les miséricordieux a dit le prophète : « soyez
miséricordieux pour que l’on soit miséricordieux avec vous ».
Leurs prénoms sont des alias : comme « Abou Mohammad », et « Abou Moutonna », et « Abou Moussallem », etc…
Leurs noms sont relatifs aux noms de villages : comme « El Baghdadi », et « El Zarkaoui »,
et « El Tounissi », et « El Yéméni », et « El Canadi ».
Leurs sentiments sont mous comme ceux des femmes : il en est ainsi des sentiments des combattants de « l’État Islamique ».
Jusqu’à ce qu’ils se disputent entre eux : comme les gens de « l’État Islamique » se sont
disputés avec leurs mouvements d’origine, qui sont Al-Qaida et Al Nosra. Leurs luttes intestines ont fait plus de dix mille morts en un an.
Ensuite Dieu accorde la vérité à qui Il veut : par un communiqué islamique authentique
comme celui-ci.
Selon Dieu le Très Haut, par la voix de notre maître Lokman le sage :
« Ô mon enfant ! Ce qui n’aurait que le poids d’un grain de moutarde, fût-il caché dans un rocher, au ciel ou en terre, Dieu le produira, car Il est pénétrant et instruit de tout » (S. Lokman 31, v.16