leurs lumières - catalogue d'exposition

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Leurs Lumières - Catalogue d'exposition

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  • leurs lumires

    ISBN : 978-2-95237-057-8

  • leurs lumires

    Centre Culturel de RencontreAbbaye de Saint-RiquierBaie de Sommehttp://www.ccr-abbaye-saint-riquier.fr

    Exposition du 13 octobre au 16 dcembre 2012

  • 98

    7

    56

    42

    310

    1

    1. Jakob Gautel & Jason Karandros, p. 16Dtecteur danges

    2. Julie Morel, p. 18Light my Fire

    3. Mayumi Okura, p. 20La Petite Fille aux allumettes

    4. Marion Tampon-Lajarriette, p. 22Camra 1, Plan 8

    5. Donald Abad, p. 24Sabstraire

    6. Tomek Jarolim, p. 26Fermer les yeux

    7. Flicie dEstienne dOrves, p. 28clipse II (srie Cosmos)

    8. Michal Sellam, p. 30Blind Test

    9. Marie-Julie Bourgeois, p. 32Parallles

    10. EMeRI, p. 34Lumires de Rousseau

    plan de lexposition 4

  • After the sunlight of Manessier, a major painter of the 20th century, whose largecanvases dazzled so many visitors over the summer, its now the turn of artificiallight, which has pride of place in these works of ten young artists of the digitalera.

    In partnership with Paris 8 University of and the cole nationale suprieuredes Arts Dcoratifs, the new exhibition, leurs lumires, proposed by the CentreCulturel de Rencontre of the Abbey of Saint Riquier in the Bay of the Somme,takes us into another galaxy in the world of art to bring its 2012 programmededicated to light to a close.

    I am sure that these installations will excite the curiosity of our visitors andwill certainly intrigue those who enjoy discovering our national heritage, whe-ther they are visiting the Abbey of Saint Riquier for the first time, or returningto relive the magic of this major historical site. The Centre Culturel de Rencontreremains true to its new vocationwritingand to its new missionthe trans-mission of knowledge, with which it has been entrusted by the DepartmentalCouncil. They will be offering visitors an exhibition guide in French and English,as well as original multimedia pedagogical materials.

    It is with this in mind that the promoters of this cultural event decided tofocus particular attention upon the young public, to young adults from theregion specifically. The aim is to encourage them to encounter these designersof today, and enable them to discover the art of their time, an art fashionedfrom artificial light, screens, pixels and diodes.

    This cutting-edge modernity is also brought into symbiosis with the writingsof Jean-Jacques Rousseau. The tricentennial of his birth will thus be comme-morated through the medium of electronics which will enable us to revisit ordiscover one of the major luminaries of the Age of Enlightenment.

    Christian ManableChairman of the General Council of the Somme

    nergies renouvelables 6

    Aprs la lumire solaire de Manessier, peintre majeur du XXe sicle dont lesgrandes toiles ont bloui les nombreux visiteurs de lt, place la lumire lec-trique clbre et magnifie par dix jeunes artistes de lre numrique.

    En partenariat avec lUniversit Paris 8 et lcole nationale suprieure desArts Dcoratifs, la nouvelle exposition, leurs lumires, propose par le CentreCulturel de Rencontre de lAbbaye de Saint-Riquier Baie de Somme, nousemmne dans une toute autre galaxie de lunivers des arts plastiques, et ce pourclore son cycle annuel consacr en 2012 la lumire.

    Ces installations solliciteront, jen suis sr, la curiosit des visiteurs et nemanqueront pas dintriguer les amateurs de patrimoine qui voudront cet automnedcouvrir ou redcouvrir la magie de ce haut lieu historique quest lAbbaye deSaint-Riquier. Le Centre Culturel de Rencontre, fidle la nouvelle vocation lescritures et la nouvelle mission la transmission des savoirs que le Conseilgnral lui a confies, offrira galement aux visiteurs un guide dexposition enfranais et en anglais et des supports pdagogiques multimdias originaux.

    Cest dans cette perspective quune attention particulire a t porte, par lespromoteurs de cette manifestation culturelle, au jeune public, collgiens et lycenspicards notamment, afin quils rencontrent ces crateurs daujourdhui et quilsdcouvrent lart de leur temps fait de vitesse, de lumires artificielles, dcrans,de pixels et de diodes.

    Cette extrme modernit entrera en symbiose avec lcriture et les textes deJean-Jacques Rousseau dont le tricentenaire de la naissance sera ainsi commmor,grce une onde lectronique qui nous permettra de revisiter ou de dcouvrirlun des auteurs majeurs du Sicle des Lumires.

    Christian ManablePrsident du Conseil gnral de la Somme

    Christian Manable 5

    nergies renouvelables

    Renewable Energies

  • The superb Gothic luminosity of the Abbey of Saint Riquier was the originalinspiration for the theme of Light which we have chosen for our 2012 pro-gramme. Inaugurated with the exhibition dedicated to the works of AlfredManessier, the cycle continues with a dual perspective: on the one hand, thegeneral theme of writing, the key to all the activities of the CCR; on the other,cutting-edge modernity.

    With leurs lumires, Saint Riquier welcomes ten young artists who havemade light itself into both the object of their art, as well as a medium using itssources, both artificial and natural, and the tricks it plays. The result of theirresearch and efforts is as eminently sophisticated as it is playful.

    This exhibit is the initiative of Jean-Louis Boissier, an art theorist and expe-rienced artist in his own right in the field of the interactive arts. He formerlyworked with Frank Popper, the inventor of kinetic art, and curator of the majorexhibitions Lumire et Mouvement (1967) and Electra (1983) at the Museum ofModern Art in Paris. These young artists offer remarkable explorations, eachone original, of this intangible entity which is subtly or powerfully visible: lightitself.

    It is also an ideal occasion to celebrate the tricentennial of the birth of Jean-Jacques Rousseau, an iconic figure of the Age of Enlightenment.

    Associating the imaginative world of a specific place and its memory withthe most innovative aspects of the virtuality of invention and contemporarycreation: this is the challenge that these ten young artists, Donald Abad, Marie-Julie Bourgeois, Flicie dEstienne dOrves, Jakob Gautel and Jason Karandros,Tomek Jarolim, Julie Morel, Mayumi Okura, Michal Sellam and MarionTampon-Lajariette, have taken on with a talent and spirit of inventiveness thatyou can come and witness for yourself over the next two months, here at SaintRiquier.

    Anne Poti

    De Jean-Jacques Rousseau aux lumires du numrique

    La superbe luminosit gothique de labbatiale de Saint-Riquier est loriginede cette dclinaison du thme de la lumire, que nous avons choisi comme filconducteur lensemble de notre programmation pour lanne 2012. Inauguravec lexposition consacre Alfred Manessier, ce cycle se poursuit avec unedouble perspective : lune, la thmatique gnrale des critures, ssame de toutelactivit du CCR; lautre, lextrme modernit.

    Avec leurs lumires, en effet, lAbbaye accueille dix jeunes artistes qui ontfait de la lumire, de ses supports, de ses sources naturelles ou artificielles, de sesjeux, lobjet mme de leur art qui est aussi une recherche minemment sophisti-que, autant que ludique.

    linitiative de Jean-Louis Boissier, thoricien et praticien averti des artsinteractifs, qui fut lassistant de Frank Popper l inventeur de lart cintique,et commissaire des grandes expositions Lumire et mouvement (1967) et Electra(1983) au Muse dart moderne de la Ville de Paris, les jeunes artistes proposentdes traitements singuliers et chacun original, de cette entit impalpable maissubtilement ou puissamment visible : la lumire.

    Loccasion se prte par ailleurs idalement la clbration du trois centimeanniversaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau, cette emblmatiquefigure du Sicle des Lumires, justement.

    Associer limaginaire dun lieu et sa mmoire aux virtualits de linventionet de la cration contemporaine dans ses aspects les plus novateurs : tel est ledfi que ces dix jeunes artistes, Donald Abad, Marie-Julie Bourgeois, FliciedEstienne dOrves, Jakob Gautel et Jason Karandros, Tomek Jarolim, JulieMorel, Mayumi Okura, Michal Sellam et Marion Tampon-Lajariette, ont acceptde relever avec un talent et une inventivit que lon peut dcouvrir, deux moisdurant, Saint-Riquier.

    Anne Poti

    Anne Poti 8 7

    From Rousseaus Enlightenment to Digital Illumination

    De Jean-Jacques Rousseau aux lumires du numrique

  • elle steint aussitt. Derechef aurait-on dit au XVIIIe sicle. Car, Rousseau en-core : Lcriture [on dira aussi la lecture], nest quun supplment la parole.

    Une chose se vrifie donc, cest que si la lumire est facteur du visible et dulisible, elle lest aussi du jouable. Ne parle-t-on pas de jeux de lumires? Parcette jouabilit, on aborde la lumire comme substance perceptible, comme facteursensitif et affectif, cest--dire comme chose relle. Ainsi, Flicie dEstiennedOrves construit spcialement une image tangible de lclipse, une manire desoleil noir, rfrence probable loxymore romantique, figure de la mlancolie,mais peut-tre, plus littralement, moment du rcit cosmique et hypnotiquequinscrit la lumire globale, dj abord avec son installation prcdente, Su-pernova, en 2011. Si la lumire est environnement, elle est aussi circonstance. Lachambre blanche de Parallles, installation interactive de Marie-Julie Bourgeois,elle aussi une cration pour leurs lumires, est le lieu du pur rcit du passagedu temps, de lloge de la variablit. Couch / Je vois tourner le soleil / Chambredt (ou dhiver, ou dautomne, ou de printemps). Ce faux haku, inspir parcelui que cite Roland Barthes dans La Prparation du roman, sance du 13 jan-vier 1979 du Collge de France : Couch / Je vois passer des nuages / Chambredt, fragment instantan de rel, ouvrant sur tous les rcits potentiels, pourraitdonner la cl la fois contingente et universelle de luvre. Minimaliste lint-rieur : un simple rayonnement de fentes de persiennes ; hyper technique lex-trieur : un ensemble de quatre grandes machines optiques, mcaniques,lectroniques et numriques, faites pour simuler lincidence du soleil. Le piloteest le regardeur. Il dcide, par la rotation dune sphre, de lheure et du lieu, par-tout sur la terre, o il veut tre transport.

    Il y a aussi, dans Camra 1, plan 8, le film de Marion Tampon-Lajarriette, uneconstruction faite exclusivement de lumire. Sa mer agite de vagues, vue du ciel,au large, est limage la plus artificielle qui soit de lobjet le plus naturel qui soit.Cest le propre de limage de synthse, calcule par ordinateur, que de considrerlaspect final comme cause de ce qui le fait natre. On croyait autrefois que le rayonde lumire qui nous fait voir les choses partait de lil. Limage virtuelle estgouverne par une semblable logique, avec la technique du lancer de rayons (raytracing en anglais) et aussi par le principe de radiosit qui regarde toute surfacecomme source de lumire. La camra virtuelle parcourt lespace en un mouvementcontinu dont on ne peut saisir la raison. Cest dans la bande son, dans la voix off,emprunte au film dHitchcock La Corde (1948) que rside la solution. Dans lefilm de rfrence, la voix gouverne la camra et la vision subjective de JamesStewart, qui parcourt le dcor dsormais vide dun grand living room o lon a vula nuit tomber, dvoile peu peu le crime qui sy est droul. Le langage est icicomme un faisceau de lumire rvlateur : une fois encore le flux lumineux est lamtaphore dune vrit nonce. Le film de Donald Abad, Sabstraire, est projetdans lespace symtrique pour suggrer une manire de diptyque avec la mer hou-leuse. Mais les protagonistes sont ici continuellement lcran, le film nest faitque pour les suivre, pour enregistrer leurs apparences lumineuses. Il sagit de lar-tiste et de son chat. Le chat est tenu en laisse, mais la manire dun cerf-volant,

    leurs lumires : illumination et aveuglement

    Les artistes qui participent leurs lumires sont de cette jeune gnrationqui a grandi au sein de la culture numrique et qui ont eu, dans leur formationartistique, un contact direct avec linteractivit des nouveaux mdias. Au momentde rpondre linvitation de prolonger, Saint-Riquier, le thme de la lumireouvert par Alfred Manessier, Le tragique et la lumire, et de le coupler laproblmatique des critures, jai pens ma propre formation auprs de FrankPopper, inventeur de lart cintique, thoricien des arts et langages des nouveauxmdias. Jai donc rapidement sollicit ces jeunes artistes pour les avoir connusdirectement dans leurs recherches. Pour autant, sils ont en commun une certainepratique des mdias technologiques, ils nen font nullement leur spcialit exclu-sive, ils en tirent une approche dtache et distancie, voire critique, une mthodedintervention dans une poque marque par les technologies de linformation.Les techniques de la lumire, la lumire artificielle qui vient de llectricit et dellectronique, sont donc leur objet autant que leur instrument. En recevant leurslumires, on ne peut pas ne pas rvler leurs attaches avec un art de la lumireet du mouvement, de lenvironnement et de la participation, dont lexpositionpeut elle-mme revendiquer la filiation historique et exprimentale.

    Dans lmile, Jean-Jacques Rousseau rvle comment, en regardant le leverdu soleil sur la plaine du P, il voit les ombres allonges des arbres qui se donnentlittralement lire, comment il a la rvlation de la lisibilit du monde. Car, si lalumire est le fondement de la visibilit, elle lest aussi de la lisibilit. Plusieursdes propositions de leurs lumires mettent ainsi en scne la lecture : JulieMorel, avec Light my Fire, donne vivre la difficult de la lecture : si le texte s-rigraphi lencre phosphorescente est difficile et parle lui-mme, citant GeorgesBataille, de lapprhension du langage, il nest pas visible en pleine lumire et ilnest visible quun instant dans le noir, le temps quil se dcharge de la lumirequil a accumule. Mayumi Okura, avec La Petite Fille aux allumettes, invite lit-tralement jouer avec le feu. Ce que lon gagne craquer une allumette, cest defaire natre, rvle par la vido qui capte notre geste, linscription de courtesphrases du conte dAndersen. Leur lecture pourrait nous arracher des larmes. Ellese paie, comme dans le texte, par la dpense des allumettes, une dpense dautantplus jouissive quelle transgresse linterdit on ne joue pas avec les allumettes !.En exergue de lexposition est plac le Dtecteur danges de Jakob Gautel et JasonKarandros. Cest une cloche de verre contenant une ampoule sur un socle enbois vernis, un objet de la famille des vieux appareils de physique. lAbbaye deSaint-Riquier, il trouve sa place dans une ancienne bibliothque. Non seulementparce quil participe du cabinet de curiosits, mais parce quil met lpreuve lejeu contraire du silence de la lecture et du son de la voix. La lampe est l commesignal : pour quelle sclaire, il faut que le silence se fasse. Et cette lumire nouspermet, par exemple, de lire. Mais que lon sexclame la dcouverte de sa magie,

    Jean-Louis Boissier 10 9

    leurs lumires : illumination et aveuglement

  • ayant trait la lumire et pour les placer dans une tablette numrique. Le lecteur,dont le comportement est dict par cet cran, parcourt les salles, clair par lapage-cran quil lit et qui, simultanment le filme.

    Le titre leurs lumires nest pas un nom propre, cest un segment dephrase placer dans diverses phrases. Vrifiant sur Google si cette expressionnest pas exagrment prise, on dcouvre quelle est employe dabord dansdes phrases symtriques de lclairez vos lumires de lentre des tunnels, outelles que : sont invits teindre leurs lumires, pour conomiser llectricit.Il ne sagit plus du blackout oppos aux bombardements mais dune rplique auxexcs de la consommation nergtique. Il y a quelques annes, les photos satelli-taires nous ont fait dcouvrir lclairement plantaire. Les grandes mtropoles dumonde, et peut-tre Tokyo plus que toutes, se sont claires outrance, commegage de scurit. Au prix terrible de la catastrophe nuclaire, les Japonais choi-sissent dsormais la voie de lloge de lombre le titre de lessai de Tanizaki,1933 : Ce monde de rve lincertaine clart que scrtent chandelles ou lampes huile, ce battement du pouls de la nuit que sont les clignotements de la flamme.Tout en avouant que ces mots laient longtemps mise mal laise, lcrivainejaponaise vivant en Allemagne, Yoko Tawada, ncrit-elle pas, dans son Journaldes jours tremblants (Verdier, 2012, pp. 104-105) :

    Ma mre allumait les lumires ds quil commenait faire un peu sombre en findaprs-midi, cest ainsi que jai grandi dans un espace clair et uniformmentblanc jusque dans les recoins. La moindre parcelle dobscurit lui rappelait lessouvenirs de la Seconde Guerre mondiale. Lconomie japonaise sest dveloppedans les annes soixante-dix en effaant tout prix, par la lumire des ampoules,la mmoire de la guerre. Puis la crise est arrive dans les annes quatre-vingt-dix,sans pour autant assombrir lclairage de Tokyo []. Mais peu de gens savaientque cette nergie illuminant Tokyo vingt-quatre heures sur vingt-quatre tait pro-duite Fukushima et menaait la vie humaine.

    Des spectacles pyrotechniques du Sicle des Lumires, la lumire indi-recte de la vido-surveillance nomme par Paul Virilio dans LInertie polaire(Bourgois, Paris, 1990), en passant par la lampe lectrique incandescencedEdison, la lumire se prte la mtaphore mais elle chappe fondamentalement la reprsentation. La flamme de la bougie dans les peintures de Georges de LaTour ou de Gerhard Richter nous parvient, nous claire littralement, par lalumire quelle rmet. Je me souviens de linstallation One Candle de Nam JunePaik, Francfort en 1989, qui exaltait cette tautologie inluctable. Une bougievoyait sa flamme fluctuante capte par une camra vido et dmultiplie en unesrie de projections sur tous les murs, les six vido-projecteurs dcomposant eux-mmes limage de la flamme en trois images, dans les rouge, vert et bleu de lavido. Si la lumire est bien sr partout dans les arts visuels, dans la peinturecomme dans les films ou les installations, elle ne se prsente que par elle-mme.Il nexiste pas de lumire, proprement parler, artificielle.

    Jean-Louis Boissier

    leurs lumires : illumination et aveuglement 12

    par une longue ficelle sur un dvidoir. Cest lhiver, ils sont en rase campagne,dans un champ, dans la terre. Le jour se lve, le soleil se couche, ils rentrent dansleur tente. On ne le comprend pas tout de suite, mais sa pupille toujours grandeouverte nous le montre : le chat est aveugle. Cest lui pourtant qui dcide desdplacements, qui guide son matre, qui conduit la performance, qui filme parfois,qui inscrit le rcit.

    La lumire nous a donc conduit lclipse et laveuglement. Ce quexposeMichal Sellam est presque invisible, on peut ne pas y prter attention. On diraque cest une sculpture, une pice en mtal dun centimtre et demi de diamtre,encastre dans la cimaise blanche un mtre cinquante du sol. Ce qui apparatcomme un judas, un illeton, provoque notre naturelle pulsion scopique commedit la psychanalyse. Ce dsir est pourtant contrari par un sentiment de risque.Traversant ce trou dans le mur, un mince rayon condens de lumire rouge, unlaser, avive la fascination pour la lumire et, simultanment, pointe la peur quellepeut porter en elle. Dailleurs, sur le cartel, le titre, Blind Test, nest-il pas assortidu moderne pictogramme que la loi impose pour signaler un rayon laser? Et silon fermait les yeux, aurions-nous droit encore une histoire ? Les rves nesont-ils pas faits, eux aussi, de lumire ? Fermer les yeux est le titre de linstal-lation de Tomek Jarolim. Elle sannonce comme Dreamachine numrique. Levisiteur en est le sujet. Il sassied et, ds quil ferme les yeux, une squence delumires colores se dclenche devant lui. Lartiste et exprimentateur nous dit : les impulsions lumineuses stimulent le nerf optique et modifient la frquencelectrique du cerveau : le spectateur dcouvre des motifs, des couleurs et desimages abstraites. Plus lexprience dure, plus les impressions sintensifient, plusil se sent submerg de couleurs. La lumire vient donc de lintrieur? Sagit-ilvraiment dimages mentales ? Linteractivit sest-elle dplace jusque dans lecerveau? Nous ne sommes plus dans le constructivisme positiviste ou mtaphy-sique, nous ne sommes plus dans lillusoire voyage psychdlique. Nous sommespourtant les testeurs volontaires de ce qui continue distinguer lillumination delaveuglement.

    Sil emploie frquemment les mots lumire pour signifier la connaissanceet la raison, clair pour faire valoir la culture morale et la vrit, Rousseauuse constamment des termes obscurit , tnbres , aveuglement . Audemeurant, ce qui fera sortir de lombre le Rousseau philosophe, cest lIllumi-nation de Vincennes. Illumination nest pas synonyme de lumire : le Discourssur les sciences et les arts relve de lintuition et de la conviction, pas ncessai-rement de la connaissance rationnelle et livresque. Si Rousseau appartient auSicle des Lumires, son gnie, sa lumire propre, aura t de sen dmarquer.Cest pourquoi, contre toute attente, sa rponse au concours de 1750 de lAcadmiede Dijon : Si le rtablissement des sciences et des arts a contribu purer lesmurs sera : non. Sous le prtexte du tricentenaire de sa naissance, nousinvitons Rousseau pour un supplment leurs lumires. Lumires de Rousseauest un dispositif issu des recherches du groupe crans mobiles et rcit interactif.Lintgralit de luvre a t explore lordinateur pour y relever des phrases

    Jean-Louis Boissier 11

  • the 18th century. Once again, Rousseau comes to mind: Writing (the same canbe said for reading) is merely a supplement to speech.

    One thing can be verified, and that is that, if light is a factor in the visible andlegible, it is also playable. Do we not speak of the play of light? Through thisplayfulness, we deal with light as a perceptible substance, as a sensory andemotional force, that is to say, as a tangible thing. In keeping with this, FliciedEstienne dOrves has constructed a concrete figure of the Eclipse and its corona,a sort of Black Sun. It is a probable reference to the romantic oxymoron andfigure of melancholy, but perhaps, more literally, to a moment in the hypnotictale of the cosmos in which is framed, that of and universal light. This theme hasalready been explored in her last installation, Supernova, in 2011. While light isenvironment, it is also circumstance. Marie-Julie Bourgeois interactive instal-lation Parallles (Parallels), is also created especially for this exhibition. Thiswhite room is the site of a tale of the passage of time and ode to variability.Setting,/I see the sun go round,/Summers chamber (or winters, autumns orsprings). This false haiku, inspired by the one cited by Roland Barthes in ThePreparation of the Novel (lecture course of 13 January 1979 at the Collge deFrance): From my bed I watch/Clouds passing across the sun/ My room insummer,1 is an instantaneous fragment of reality, open to all potential stories,which can provide the key, both contingent and universal, to this work. Inside,it is minimalist a simple radiance emanating from louvered shutters. Outsideit is highly technical: an ensemble of four large machines, optical, mechanical,electronic and digital, are set up to simulate the light of the sun. The pilot is theperson who watches. They decide the time and the place where they want to betransported, anywhere on the planet, with the rotation of a sphere.

    In Marion Tampon-Lajarriettes film, Camra 1, plan 8 (Camera 1, Shot 8),there is also a construction made entirely of light. Her image of the open seatossed with waves, viewed from the sky, is the most artificial image of the mostnatural thing one can imagine. It is a distinctive feature of an artificial image,created by a computer, that it considers the final result as the cause of that whichbrought it into being. Once, it was believed that the light by which we perceivethings emanated from the eye itself. The virtual image is governed by a similarprocess with the technique of ray tracing, as well as the technique of radiosity,which consists of perceiving all surfaces as sources of light. The virtual camerapans over the space in a continuous movement for no obvious reason. The ans-wer lies in the soundtrack and the voice over, borrowed from the Hitchcock film,Rope (1948). In the film, the voice dictates the direction of the camera and drivesthe subjective vision of James Stewart, whose glance takes in the dcor of a nowempty living room where we see night fall, and where the crime which has justtaken place is slowly revealed. The language here functions as a beam of revea-ling light: once again the flood of light serves as a metaphor for the truth that isbeing uttered. Donald Abads film Sabstraire (Abstraction) is projected in thesymmetrical space to suggest a sort of diptych with the stormy sea. But here theprotagonists, the artist and his cat, are continually on the screen, and the film

    their lights: illumination and blindness 14

    The artists participating in their lights spring from the young generationwhich grew up in the heart of the digital age, and whose artistic training inclu-ded direct contact with the interactivity of new media. When I was invited toSaint Riquier to continue the theme of light introduced by Alfred Manessiersexhibit, The Darkness and the Light and combine it with that of the problematicsof writing, I was reminded of my training with Frank Popper, the inventor of ki-netic art, and a cultural theorist whose work covered the arts and language ofthe new media. Thus, I quickly appealed to these young artists whom I knewdirectly from their research. While they do share a use of technological media,it is far from being an exclusive specialization. Their approach to it retains acertain critical detachment and distance. It is a method of expression in an eramarked by information technologies. The techniques relating to light, artificiallight which comes from electricity and electronics, is both their subject as wellas a medium. As we receive their lights, it is impossible not to perceive their linksto an art of light and movement, of environment and participation. The exhibititself can serve as a testament to their historical and experimental affiliations.

    In his work mile, Jean-Jacques Rousseau recounts how, as he gazes uponthe sunrise in the plain of the Po, he saw the lengthening shadows of the treeswhich could literally be seen as something to be read, a revelation of the reada-bility of the world. Consequently, if light is the foundation of visibility, it is alsointrinsic to readability. Thus many offerings in their lights bring up the toposof reading: Julie Morels Light my Fire helps us experience the difficulty of rea-ding. While the screen print in phosphorescent ink is difficult and speaks for it-self, citing Georges Bataille on the apprehending of language, it is invisible infull light, and then only for a brief moment in the darkness, as it gives off thelight it has accumulated. Mayumi Okuras Petite Fille aux allumettes (LittleMatch Girl) literally invites us to play with fire. When we strike a match, weliterally bring into being. This is revealed by the video which captures our gesture,with a few phrases of Hans Christian Andersens iconic tale inscribed, which canmove us to tears. As in the story, we are moved to a profligate use of the matches,rendered all the more pleasurable by the fact that we are transgressing: neverplay with matches! Jakob Gautel and Jason Karandros Dtecteur danges(Angel Detector) serves as an epigraph for the exhibit. It consists of a glass bellcontaining a bulb on a base of varnished wood, an object that calls to mind anantique scientific apparatus. At the Abbey of Saint Riquier, it seems quite athome in an old library, not only because it seems part of a cabinet of curiosities,but because it calls into question the antithetical play between the silence ofreading and the sound of a voice. The lamp is there as a signal: it only lights upwhen there is silence. This light enables us, for example, to read. But as soon asone exclaims over its magic, the light goes out anew as one might have said in

    Jean-Louis Boissier 13

    their lights: illumination and blindness

  • light, and they were placed in a digital tablet. The reader, whose behaviour isdictated by its screen, wanders through the rooms, illuminated by the page theyare reading on the screen, even as they are being filmed by it.

    The title leurs lumires (literally their lights) is not a proper name, it is asegment of the sentence to be placed in various phrases. Regarding the expressionleurs lumires , we ran a Google search to make sure it wasnt overused. We thendiscovered that the term light was mostly used in phrases such as turn on yourheadlights at the entrances of tunnels, or invited to turn out their lights forsaving electricity. In this day and age, it is no longer a question of dimming oneslights for a blackout in the face of the threat of bombardment, but rather a res-ponse to an excessive consumption of energy. A few years ago, we discovered theillumination of the earth thanks to satellite photos. The great metropolises of theworld, perhaps Tokyo, more than all the others, are extravagantly illuminatedas a measure of security. After paying the terrible price of a nuclear catastrophe,the Japanese have since chosen an appreciation of shadow and subtlety as evo-ked in Tanizakis 1933 essay In Praise of Shadow. That dream world built bythat strange light of candle and oil lamp, that wavering light beating the pulseof night. Even as she admits that these words have long made her uncomforta-ble, the Japanese author Yoko Tawada, who now lives in Germany writes, inher work, Journal des Jours Tremblants (A Journal of Trembling Days)2:

    My mother would put the lights on as soon as the light began to fade at the endof the afternoon, thus I grew up in a space which was light and uniformly white,down to the most hidden recesses. The slightest bit of darkness brought back hermemories of the Second World War. The Japanese economy developed in the1970s, striving to use the light of so many bulbs to erase the memories of war atany cost. Then the crisis of the 1990s came along, but it did not dim the lights ofTokyo []. But few people knew that this energy which illuminated Tokyo 24/7was produced at Fukushima and threatened human life.

    From the pyrotechnical spectacles of the Age of Enlightenment to the indirectlighting of video surveillance, as Paul Virilio terms it in his book Polar Inertia,along with Edisons incandescent electric lamp, light lends itself to metaphor butin essence defies representation. The flame of the candle in the paintings ofGeorges de La Tour or Gerhard Richter reaches us, literally enlightens us, withthe light that it re-emits. I remember Nam June Paiks installation, One Candle,in Frankfurt in 1989, exalted this inevitable tautology. The flickering flame of acandle was viewed by a video camera as a repeated series of projections aremade of it on all the surrounding walls. The six video projectors themselvesdeconstructed the image of the flame into three images, in the red, green andblue tones of the video. While light is omnipresent in the visual arts, in painting,as in film or installations, it cannot be represented except by itself. Literallyspeaking, there is no artificial light.

    Jean-Louis Boissier

    1. Haiku translated by Marilyn Hacker, 2012. 2. (Verdier, 2012, pp. 104-105). My translation.

    their lights: illumination and blindness 16

    serves only to follow them, to record their luminous appearances. The cat is ona leash, but in the manner of a kite, with a long string on a reel. It is winter, theyare in open countryside, in a field, in the earth. The day breaks, the sun sets, theyenter their tent. You dont understand right away, but we see through his eye,opened wide: the cat is blind. Nevertheless, it is he who decides where they go,he guides his master, who conducts the performance, sometimes filming, andwho registers the tale.

    Thus, light has led us to eclipse and blindness. Michal Sellams exhibit isalmost invisible, one might easily miss it. It appears to be a sculpture, a work inmetal, one and a half centimetres in diameter, embedded in white moulding ameter and a half from the ground. What at first seems to be a spyhole, an eye-piece, provokes our scopic drive, according to Freudianism. However, this desireis thwarted by our fear of risk. A thin ray of red light, a laser, traverses this holein the wall and arouses our fascination for the light, and simultaneously, high-lights the fear with which it is imbued. Moreover, the carton indicates the title,Blind Test,which is accompanied by the modern pictogram used to indicate thepresence of a laser beam. And if we closed our eyes, might we not also be entitledto a story? Arent dreams themselves made of light? Fermer les yeux (ClosingYour Eyes) is the title of Tomek Jarolims installation. It claims to be a digitalDreamachine. The visitor becomes its subject. You sit down, and, once you closeyour eyes, a sequence of coloured lights goes off before them. As the artist andexperimenter tells us: the luminous pulses stimulate the optic nerves andmodify the electrical frequencies of the brain. The spectator thus can perceiveabstract motifs, colours and images. The longer the experience lasts, the moreintense the impressions, until one feels submerged in colour. So, does the lightcome from within? Are they truly mental images? Does the interactivity takeplace right within the brain? We are no longer within a metaphysical or positi-vist constructivism, nor an illusory psychedelic trip. We do however become theguinea pigs testing what in fact distinguishes illumination from blindness.

    While Rousseau often uses the word enlightenment to signify knowledgeand reason, or enlightened to ascribe a value to moral culture and truth, healso constantly uses the terms obscurity, darkness, and blindness. Inciden-tally, what makes Rousseau the philosopher emerge from the shadows as it werewas his illumination on the way to Vincennes. Illumination is not a synonymfor light: his Discourse on the Arts and Sciences is more a work of intuition andconviction rather than one of rational and academic knowledge. While Rousseaubelongs to the Age of Enlightenment, his genius, his own illumination, was tohave distinguished himself from that movement. This is why his unexpected ans-wer to the question of the 1750 essay competition of the Acadmie de Dijon: Hasthe establishment of the arts and sciences contributed to the moral bettermentof mankind? was No. To commemorate the tricentennial of his birth, we inviteRousseau to contribute to leurs lumires. Lumires de Rousseau (RousseausLights) is a result of the research of the group Mobile Screens and InteractiveStories. His entire work was searched with a computer for any references to

    Jean-Louis Boissier 15

  • Jakob Gautel & Jason Karandros plan 1 17

    Jakob Gautel & Jason Karandros

    Dtecteur dangesSculpture de lumire interactive, 1992-1995 Bois (rable mouchet), verre, ampoule, mtal, circuit lectronique, 30 cm de haut, 16 cm de diamtre.Collection : Bruno HoangProduction: autoproductionlectronique : Walter Goettmann, BerlinProduction: autoproduction

    Looking into the heart of light, the silence... T. S. EliotUn ange passe un moment de silence devenu rare dans notre socithante par le horror vacui visuel et sonore. Notre Dtecteur danges estun dispositif dtecter le silence. Il capte tout son dans son entourage.Quand il y a du silence, une lampe sallume. Au moindre bruit celle-cisteint de nouveau. Le Dtecteur danges devient ainsi un phare invitantlange qui passe un moment de repos. Un dialogue (silencieux) aveclange ainsi attir peut sinstaurer. J.G. & J.K.

    Looking into the heart of light, the silence... T. S. EliotAn angel passes a moment of silence that has become all too rareamidst the visual and auditory horror vacui. Our Angel Detector is adevice for detecting silence. It senses all surrounding sound. When thereis silence, a lamp lights up. At the slightest sound, it goes out again. TheAngel Detector thus becomes a lighthouse which invites passing angelsto enjoy a moment of repose. A (silent) dialogue with the angel thusattracted can now take place. J.G. & J.K.

  • Julie Morel plan 2 19

    Julie Morel

    Light my FireInstallation, 2011-2012 Papier peint srigraphi lencre phosphorescente, lampes halognes, minuteur, 2,80 m x 3,20 mSrigraphie: La presse pure, RennesProduction: Maison Populaire, Montreuil ; Conseil Gnral de Seine-Saint Denis ;Ministre de la CultureRemerciements : Alexis Chazard, Jocelyne Qulo, Guillaume Constantin

    Ralise dans le cadre dune rsidence la Maison populaire, Light myFire est une installation qui sapprhende tour tour dans la lumire etdans la pnombre. Le spectateur est en prsence dun texte inscrit encaractres phosphorescents sur le mur. Presque invisible et illisible enpleine lumire, il se rvle cycliquement lorsque la lumire steint, letemps quil sefface lentement dans le noir. Cette version du texte aug-mente et rejoue un extrait de La Part maudite de Georges Bataille (1949).Elle propose la description tautologique dune phrase en train de scrire.Elle prend le caractre dun nonc performatif et met en vidence ladifficult de sa lecture et les efforts ncessaires pour la saisir. Cetteaugmentation performative est rdige en minuscules alors que laphrase originale, Le principe mme de la matire vivante veut que lesoprations chimiques de la vie qui ont demand une dpense dnergiesoient bnficiaires, cratrices dexcdents, se dtache furtivement enmajuscules.

    Created during a residency at La Maison Populaire, Light my Fire is aninstallation which is to be viewed alternately in both light and shadow.The spectator finds themselves in the presence of a text inscribed on thewall in phosphorescent letters. It is almost invisible and illegible in fulllight, but reveals itself gradually as the light dims, until it graduallyextinguishes itself in the dark. This version of the text augments andreplays an excerpt of George Batailles The Accursed Share (1949). Itoffers the tautological description of a phrase in the process of writingitself. It takes on the character of a performative utterance, underliningthe difficulty of reading and the effort necessary to capture a phrase.This performative addition is written in lower case letters while theoriginal phrase of Batailles: The principle of living material demandsthat the chemically-based operations relating to life which require anoutput of energy be beneficial, and create surplus is subtly highlightedin capital letters.

  • Mayumi Okura plan 3 21

    Mayumi Okura

    La Petite Fille aux allumettesInstallation interactive, 2007-2012 Nouvelle version pour leurs lumiresOrdinateur, vido-projecteur, camra infrarouge, bote d'allumettesProgrammation: Dominique Cunin Production: autoproduction

    En craquant une allumette, le spectateur dclenche devant lui la projec-tion de limage de cette allumette qui brle o il voit se former un courttexte dans la lumire. Dallumette en allumette, il se rend compte quilest en train de lire paragraphe par paragraphe le conte dAndersen, LaPetite Fille aux allumettes. Afin de rvler le texte et de pouvoir le lire, lespectateur na pas dautre solution que de dpenser des allumettes. Lhis-toire quil dcouvre est celle dune petite fille qui cherche vendre desallumettes pour sa propre survie et finit par mourir de froid aprs avoireu une srie dhallucinations en regardant les flammes. En dautrestermes, le spectateur se trouve dans une situation similaire celle de laprotagoniste de lhistoire quil dcouvre. Cest mme une condition sanslaquelle il ne peut pas lire la suite de lhistoire. Il y a une corrlation entreson action et le contenu du rcit.

    By striking a match, the spectator sets off the projection of the image ofthis match that burns, and they gradually perceive a short text whichtakes shape before their eyes in its light. Going from match to match,paragraph by paragraph, they realize that they are reading HansChristian Andersens tale, The Little Match Girl. In order to reveal thetext and to be able to continue to read it, the spectator has no choice butto use up more matches. The story that they discover gradually is thatof a little girl who must sell matches in order to survive. She graduallydies of the cold after having experienced several hallucinations as shelooks into the flames of her last matches. In other words, the spectatoris in a parallel situation with that of the protagonist of the story theyreveal. It is even a condition necessary to continue the tale. There is adirect correlation between their action and the content of the story.

  • Marion Tampon-Lajarriette plan 4 23

    Marion Tampon-Lajarriette

    Camra 1, Plan 8Film vido, 2008 Vido-projecteur, lecteur, enceintes, 6 mn en boucle infinie Production: Printemps de Septembre Toulouse ; Maison europenne de la photographie, ParisRemerciements: Claudy Iannone

    Camra 1, Plan 8 opre un dplacement, dans les deux sens du terme.La vido nous entrane dans un cheminement au-dessus de la surface enmouvement dun ocan de synthse. Le dplacement reproduit sur cettetendue est celui du champ de la camra dans La Corde (Hitchcock,1948) ; film tourn en un mouvement de camra continu. La scne re-constitue ici est celle o la camra arpente soudain de faon autonomele dcor de lappartement vide alors quun personnage dcrit haute voixcomment le meurtre auquel personne na assist aurait pu tre com-mis dans ce lieu. La bande sonore utilise cette voix off, des sons prove-nant de ce dcor, tels que des bruits de pas ou de portes, et la musiquedramatique qui ouvre et ferme le film. Tout nous renvoie une histoirequi a lieu ailleurs, dans un autre espace-temps hors de porte de notreregard. Nous sommes pris dans ce mouvement doublement abstrait, isolloin de son rfrent narratif, projet dans un environnement vierge detoute balise et propre accueillir ses alas.

    Camra 1, Plan 8 (Camera 1, Shot 8) implements movement in bothsenses of the term. The video invites us on a journey above the surface ofa synthetic ocean. The movement reproduced over this expanse is preci-sely that of the camera shot in Hitchcocks 1948 film Rope, a film done inone continuous shot. The scene reconstituted here is one when the camerasuddenly seems to pan autonomously over the dcor of the emptyapartment while a person describes aloud how the murderwhich noone witnessedcould have been committed here. The audio track usesthis voice over, with sounds from the stage, such as footsteps and thesounds of doors, along with the dramatic soundtrack that begins andends the film. All the elements evoke a story which took place elsewhere,in another space-time, beyond our gaze. We become involved in thisdoubly abstract movement, an isolation far from its narrative referent,projected into an environment devoid of any markers and suitable foraccommodating such vagaries.

  • Donald Abad plan 5 25

    Donald Abad

    SabstrairePerformance, film vido, 2011 Premire exposition dans leurs lumiresVido-projecteur, lecteur, enceintes, 26 mnProduction : autoproduction

    Cest un projet de marche en binme qui pose des questions relativesau territoire. Prendre pour guide un chat aveugle de naissance, n enGrce, une sorte de Tyrsias cest un test pour outrepasser son statut,pour dpasser sa nature. Javais interrog le vtrinaire avant de partir.Il stait dclar ignorant du comportement de lanimal mais mavaitconseill une longue laisse, un fil, une ligne, afin quil ne dtale pas aupremier coup de feu, car ctait la saison de la chasse. Cette ligne allaittre notre unit de mesure flottante. Cest une rflexion sur la justedistance, sur la distance relative entre deux points mobiles. Cest une ho-rizontalit, sans verticalit fixe mon corps ne lui donnait aucun repre,mis part une prsence rassurante , pas de poteau, ni barrire, ni mur,juste un espace sans fin. Si mon chat miaulait, ce ntait pas pour map-peler, pour se plaindre, mais dabord pour tester lespace, la maniredune chauve-souris. Comme tous les chats, il tait beaucoup plus actif la tombe de la nuit, entre chien et loup. Comment la percevait-il ? D.A.

    Its a project about a stroll with two partners who each question theterritory they cover. Selecting a cat for a guideone blind since birth,born in Greece, a sort of feline Tiresiasis an experiment in transcen-ding ones boundaries, going beyond nature. I consulted the veterinarianbefore setting out. He declared that he had no idea of what to expectregarding the animals behaviour but advised me to use a long leash ofsorts, a string, to ensure that he would not bolt if he heard a gunshot,since it was hunting season. This string was to be our floating unit ofmeasure. Its a reflection on a true notion of distance, on relative dis-tance between two mobile points. Its about horizontality without fixedverticalitymy body did not provide any direction, it was merely areassuring presence. No posts, no barriers, no walls, just an infinitespace. When my cat meowed, it was not to call me, nor to complain, butprincipally to test the space around him, much as a bat would. Like allcats, he was far more active at twilight. How did he perceive it? D.A.

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    Tomek Jarolim

    Fermer les yeuxInstallation lumire interactive, 2012 Premire exposition dans leurs lumiresRampe LED, camra, spots infrarouge, ordinateur, chaiseConseils lumire : Annie Leuridan (EnsadLab/DiiP)Technique et informatique : Cyrille HenryProduction: programme Dispositifs interactifs et performatifs (DiiP) dEnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationalesuprieure des Arts Dcoratifs

    Envisag comme une fabrique images mentales, le dispositif de Fermerles yeux est un face face avec la lumire qui explore nos capacits deperception et dimagination. Son interactivit vise dpasser la simpleinteraction avec une machine. Lorsquil ferme les yeux, le spectateurdclenche une squence lumineuse colore qui lui fait ressentir, pluttque voir rellement, une image. Ses paupires sont alors lcran duneimage sans cadre, sans dimensions. Les impulsions stimulent son nerfoptique et modifient la frquence lectrique de son cerveau. Derrireses paupires fermes, il dcouvre des motifs, des couleurs et des imagesabstraites. Le spectateur voit, au-del de lcran, la matire lumineusedes diodes lectroluminescentes, une pure source de lumire qui faitrsonner limage en lui. Il nest plus lobservateur, mais le dclencheurde ses propres images et impressions. Plus lexprience dure, plus les im-pressions sintensifient. Lorsquon ouvre les yeux nouveau, la machinesarrte.

    Imagined as a factory of mental imagery, the device behind Fermer lesyeux (Closing Your Eyes) is a confrontation with light which exploresour capacity of perception and imagination. Its interactivity aims tomove past a simple encounter with a machine. As they close their eyes,spectators set off a sequence of coloured lights which make them sense,rather than actually perceive, a series of images. Their eyelids becomethe screen for an image without a frame or dimensions. The impulsesstimulate the optic nerve and modify the electrical frequencies of thebrain. Behind their closed eyelids, they discover motifs, colours and abs-tract images. Beyond the screen, the spectator perceives the luminousmatter from electroluminescent diodes, a pure source of light whichmakes the image resonate within. They are no longer mere observers,but the generators of their own images and impressions. The longer theexperience lasts, the more intense the impressions. Once you open youreyes, the machine stops.

  • Flicie dEstienne dOrves plan 7 29

    Flicie dEstienne dOrves

    clipse II (srie Cosmos)Vido-sculpture, 2012 Cration pour leurs lumiresProjection vido sur un disque daluminium peint,1,5 m de diamtre, vido en boucleFabrication : Atelier DelarasseProduction: Courtesy of Galerie Lot 10, Bruxelles ; Centre Culturel de Rencontre de l'Abbaye de Saint-Riquier Baie de Somme

    La vido pour cran circulaire suspendu dans lespace clipse II estlaboutissement de la srie Cosmos qui vise interroger la connaissancemythique et instinctive quinduisent les manifestations naturelles de lalumire. Comme les autres vidos et constructions rayonnantes et coloresde lartiste, elle interroge le processus de la vision et le conditionnementdu regard. Elle donne percevoir des rotations cycliques et progressiveset le droulement dtats lumineux et hypnotiques qui se rfrent desphnomnes dastrophysique. Aprs la formation de la matire dans lasculpture Ovale (2008), le recouvrement apparent dun astre par unautre en un instant prcis dans clipse I (2009), lexplosion dune toileSupernova (2011), clipse II fait prouver le jeu des positions relativesde lobservateur, dune source de lumire et dun disque clipsant. Unetelle inscription dans lespace de lalignement dombres et de lumiresvoque les limites de la perception humaine et des vnements qui nousrelient des espaces-temps trangers.

    A video for a circular screen suspended in space, clipse II is the lastelement of the Cosmos series which aims to question the instinctive andmythical understanding which natural manifestations of light induce.Like this artists other videos and radiantly coloured constructions, itseeks to explore the process behind vision and the ways in which ourgaze is conditioned. It recreates a series of cyclical and progressive ro-tations as various luminous and hypnotic states progressively unfold,inspired by astrophysical phenomena. After the creation of the materialwith the sculpture Ovale (2008), the apparent covering of one star byanother at a precise instant in clipse I (2009), and the explosion of astar in Supernova (2011), clipse II helps us experience the play inherentbetween the relative position of the observer, a source of light and aneclipsing disk. This assertion in space of an interplay and alignment ofshadow and light evokes the limits of human perception and eventswhich create links with distant space-times.

  • Michal Sellam plan 8 31

    Michal Sellam

    Blind TestSculpture, 2009 Mur, trou, laser rouge, 2 x 2 cmProduction: autoproduction

    Une sculpture dun centimtre et demi de largeur est discrtement en-castre dans un mur, hauteur du regard. Le faisceau dun laser rougeest dissimul derrire un judas. Lintervention est minimale mais elleremplit toutefois lespace dans une dimension qui peut paratre agressiveet comique. Face cette mise en scne, souponnant un danger, car leuril pourrait en devenir la cible, les spectateurs adoptent diffrents com-portements, parfois surprenants. Lobjet pervers peut rvler et amplifierune nature craintive ou complice.

    A sculpture one and a half centimetres wide is discretely embeddedwithin a wall, at eye level. The beam of a red laser is hidden behind aspyhole. Its presence in space is minimal but nevertheless its interven-tion fills space in a dimension which could be perceived as aggressiveyet comical. Faced with this mise en scne, suspecting some danger,since their eye could become a target, observers react with a variety ofbehaviours, sometimes surprising. The perversity of the object can re-veal or accentuate fearful or conniving traits within us.

  • Marie-Julie Bourgeois plan 9 33

    Marie-Julie Bourgeois

    ParalllesEnvironnement interactif, 2010-2012 Premire prsentation dans leurs lumiresStructure en bois, interface trackball, ordinateur, moteurs, miroirs, lampes tungstnes, enceintes, 8,20 x 8,20 x 2,50 m, dure variableProgrammation informatique : Nicolas MontgermontConseil lumire : Annie Leuridan (EnsadLab/DiiP)Rgie technique : Pierre-Yves Dougnac (EnsAD), Alexandre SaunierRalisation mcatronique : La mnagerietechnologiqueConseils lectronique et mcanique : Cyrille Henry (EnsadLab/DiiP)Architecture:Alain Cieutat, Henri BarthlemyMenuiserie : premire vueConseils physique et optique : Georges-Albert KisfaludiComposition sonore : Julien BrvalProduction: programme Dispositifs interactifs et performatifs (DiiP) dEnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationalesuprieure des Arts Dcoratifs ;Fondation Lagardre ; avec la participation du Fresnoy

    La course du soleil se dessine dans lenvironnement interactif. La rotationdune bille gante permet au spectateur davancer ou de reculer dans letemps. La vitesse et la dextrit de la manipulation crent lambiancevisuelle et sonore. La distorsion du temps est matrialise par la coursedu soleil inscrite dans un espace clos. Des faisceaux de lumires paralllescorrespondent la position du soleil un instant donn. Les rayons ac-compagnent le dplacement, ils traversent lespace de la chambreblanche, clairent le corps des spectateurs et simulent une perturbationde lquilibre de notre plante. Les spectateurs sont embarqus dans unvoyage temporel et exposs aux consquences de ce drglement virtueldu cycle. Ils se trouvent au cur dun effet spcial inspir dun phnomnenaturel quils contrlent et subissent la fois.

    The course of the sun is the inspiration of the interactive environment.The rotation of a giant marble enables the spectator to move back andforth through time. The speed and dexterity of the manipulation dictatethe visual and auditory ambiance. The distortion of time is made mani-fest by the course of the sun within an enclosed space. Beams of parallellight correspond to the position of the sun at a given instant in time. Therays correspond to the movement, they traverse the space of the whiteroom, play upon the bodies of the spectators and simulate a disturbancein the equilibrium of our planet. The spectator sembark upon a journeyin time and are also witnesses to the consequences of the virtual disrup-tion of this cycle. They find themselves in the heart of a special effectinspired by a natural phenomenon which they both actively control andpassively experience.

  • EMeRI plan 10 35

    EMeRI

    Lumires de RousseauDispositif relationnel, 2012 Deux tablettes numriques, application spcifique, routeursConception : Jean-Louis Boissierdition : Liliane TerrierProgrammation : Dominique CuninProduction: Laboratoire Esthtique des nouveaux mdias, Universit Paris 8 ; programme crans mobiles et rcit interactif (EMeRI) dEnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationalesuprieure des Arts Dcoratifs ; Universit Saga de Kyoto ; Haute cole dart et de design Genve ; avec le concours de lassociation Transports

    Quatre-vingt citations extraites de tous les ouvrages de Jean-JacquesRousseau, des textes philosophiques et politiques, des textes autobio-graphiques et romanesques, sont centres sur des mots qui ont trait lalumire illumination et tnbres, clart et ombre, etc. Leur lecture surune tablette numrique claire littralement le spectateur. Il se voit eneffet proposer une tablette o vont safficher ces phrases de Rousseau,qui se succderont condition quil porte le livre numrique la hauteurde son regard, quil lise haute voix, quil marche dans les salles de lex-position. Comme la lueur de sa page-cran claire son visage, on enprofite pour capter et transmettre son image de telle sorte qu lentrede lexposition, sur une tablette identique mais fixe, on voit et on entendce performeur improvis. Ce mme dispositif a t prcdemment exp-riment dans le temple bouddhiste Daikakuji Kyoto en juillet 2011 etdans le quartier Saint-Jean de Genve, o les rues sont nommes enhommage Rousseau, avec des lves du collge Rousseau en mai 2012.

    Eighty quotes centred around the vocabulary of light and darkness havebeen excerpted from the combined works of Jean-Jacques Rousseaupolitical and philosophical texts, as well as novels. The act of readingthem on the computer tablet literally lights up the reader. Visitors areoffered a tablet upon which Rousseaus quotes appear as the readerraises the tablet to eye level and reads them aloud while wanderingthrough the exhibit. As the light of the screen illuminates the readersfaces, their images are captured and, at the entrance to the exhibit, onecan see these improvisational performers as they appear on a fixedtablet. This same device was put in place in the Buddhist temple ofDaikakuji in Kyoto on July 2011, as well as in May 2012 in the SaintJean quarter in Geneva, where the streets have been named in tributeto Rousseau, with the students of the Rousseau school participating.

  • dexpositions ayant trait aux arts des nouveaux mdias comme Cintisme-Spectacle-Environnement, 1968 ; Electra, 1983 ; Les Immatriaux, 1985 ;Passages de limage, 1990; Image calcule, 1988-1990; Machines commu-niquer, 1991-1992. Il a cr et dirig la biennale des arts interactifs Artifices Saint-Denis de 1990 1996, la Revue virtuelle au Centre Pompidou de1992 1997, les expositions Jouable ddies aux jeunes chercheurs en arts,Genve, Kyoto, Paris, 2002-2003-2004; Mobilisable, Paris, 2008; Mode :Dmo, Genve, 2010. Le langage et la mmoire, la saisie et la mobilit sont lesaxes de ses recherches sur le rcit interactif et les nouvelles formes du cinmaet du livre. Ses principaux articles sur linteractivit en art ont t publis dansson livre La Relation comme forme, Mamco, Genve, 2004, dition augmenteen 2009, avec le Cd-rom Essais interactifs. http://www.ednm.fr

    Flicie dEstienne dOrvesNe en 1979 Athnes, elle vit et travaille Paris. Au cours de ses tudes lcole nationale suprieure des Arts Dcoratifs et dans lAtelier de recherchesinteractives, elle ralise ses premiers travaux de video mapping, en projetantdes couleurs sur des objets. Mlant vido, sculptures et projections, elle pour-suit un travail sur le processus de la vision et le conditionnement du regard.En collaboration avec des musiciens issus de la scne exprimentale, sonlangage pictural transporte le spectateur dans un espace o le corps entre envibration sous limpact doscillations lumineuses et acoustiques. Elle utilisedes supports physiques, natures mortes et papiers plis (srie Origami, 2000),comme rflecteurs sur lesquels elle modle de fausses ombres ou dgradsqui agissent en trompe-lil. Ses installations visent troubler la perception, la frontire de lespace physique et de limmatriel. Parmi ses travaux rcents :Monolithe, prsent dans lglise Saint-Roch (Nuit Blanche, Paris, 2008), meten uvre les perceptions kinesthsiques et le conditionnement du corpsquinduit le rapport larchitecture ; Supernova met en scne lexplosiontridimensionnelle dune toile (musique de Laurent Dailleau, productionArcadi/Maison des Arts de Crteil) ; Gong II, une projection de lumire stro-boscopique sur un dme blanc ponctue dimpressions rtiniennes (musiquede Frdric Nogray, Exprience Pommery #9, Reims); Geometry, pour lecentre dart Watermans et la Mairie de Londres (2012), une sculpture cin-tique en extrieur qui projette des lignes de laser reliant le sol au ciel par descroisements gomtriques. http://www.feliciedestiennedorves.com

    Jason KarandrosN en 1963 Athnes, il vit et travaille Paris. Il est diplm de lcole natio-nale suprieure des Beaux-Arts, Paris, atelier Piotr Kowalski et de lcole duLouvre. Il enseigne depuis douze ans lcole rgionale des Beaux-Arts deRouen. Son intrt pour une pratique artistique prenant largement en compteles domaines de la science et de la technologie la amen travailler avec lestechniques multimdias. Sculpture, dessin, installation, photographie, vido,son, etc. font partie de son langage plastique. Sans que cela lempche de poserparfois un regard trs aigu et critique sur la vie politique et sociale, il insuffle ses recherches une forte dimension mtaphysique. Son questionnementporte en particulier sur ces limites invisibles au seuil desquelles se tient lascience, mais au-del desquelles notre mental et notre perception peuventtenter de saventurer. Ses uvres ne relvent pas du registre classique de lareprsentation, ni de celui de la narration discursive. Elles donnent forme de la pense. Tout en procdant dune vision potique, elles ont la force dedsignation du langage.

    Jakob Gautel N en 1965 Karlsruhe, il vit et travaille Paris et ailleurs. Il est diplm delcole nationale suprieure des Beaux-Arts, Paris, atelier Christian Boltanski,en 1991. Entre 1995 et 1997, il sjourne six mois en Indonsie au titre de laVilla Mdicis hors les murs, et de 1999 2000, la Villa Mdicis Rome. En

    Biographies 38

    Donald Abad N en 1978 Paris, il vit et travaille Paris. Diplm et post-diplm de lcolenationale suprieure des Arts Dcoratifs Paris, il mne de front, depuis2003, des projets artistiques, rsidences dartistes, Ppinires europennespour jeunes artistes aux Pays-Bas et en Espagne, Arcus Studio au Japon, Go-graphies variables au Qubec, Biennale de lart contemporain Rennes, etc.,et des enseignements lcole suprieure dart et de design dAmiens, auxAteliers du Carrousel du Louvre, lAcadmie Charpentier et lUniversitParis 8. Son travail explore dans la dualit technologie/nature, des notionsqui englobent les concepts des nouvelles technologies nomades GPS, auto-nomie, temps rel/temps diffr, nouveaux territoires de linformation et dela communication , de la performance au sens artistique et sportif duterme et du land art. Cest un artiste no-romantique multimdias dans lesens o son exploration des nouveaux mdias et des technologies nomadesnest jamais le rsultat prsent mais le moyen de crer de nouveaux scnarios raliser sous forme de rcits daventures restitus en vido. Ses expriencesnourrissent une interrogation sur la place de lindividu dans son environne-ment. http://www.donaldabad.com

    Marie-Julie BourgeoisNe en 1981 Paris, elle vit et travaille Paris. Aprs des tudes en communi-cation visuelle, elle travaille dans laudiovisuel en tant que directrice artistique.En 2008, elle suit le Mastre Cration en nouveaux mdias de lcole natio-nale suprieure de cration industrielle dans lequel elle amorce une rechercheplastique utilisant les technologies numriques. En 2009, elle intgre le cyclede recherche dEnsadLab/DiiP et travaille lENSCI sur le projet de rechercheTopophonie qui porte sur la navigation sonore dans les masses dvne-ments audiographiques spatialiss. Elle prpare actuellement un doctoraten Esthtique, sciences et technologies des arts lUniversit Paris 8. Sesrecherches portent sur les activits humaines, physiques et perceptives, prisesentre lumire et machine de vision. Ces deux lments sont mis en uvredans la plupart de ses dispositifs interactifs, quils soient automatiques ou eninteraction avec le public. La question de la relation du public face luvrepuis dans luvre la amene dvelopper des dispositifs soulignant cettetension. Elle utilise la lumire en tant que matire mais aussi pour ce quelleraconte, la lumire naturelle en tant quentit vitale et la lumire artificielleen tant que continuum technologique. Elle a particip La Nuit blanche 2008,au Festival Siana Evry et au Brsil en 2009, la premire dition du festivalBouillants, Futur en Seine, PIKSEL en Norvge, ainsi qu Ososphre 2011.http://mariejuliebourgeois.fr

    Jean-Louis BoissierN en 1945 Loriol-sur-Drme, il vit et travaille Paris. Il est professeur enarts et esthtique, directeur du groupe de recherche Esthtique des nou-veaux mdias lUniversit Paris 8 et du programme crans mobiles etrcit interactif EnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationalesuprieure des Arts Dcoratifs. Comme artiste, thoricien et commissairedexpositions, il intervient dans le champ de lesthtique du numrique en lerattachant explicitement lart contemporain. Ses travaux ont t montrsdans des expositions spcialises (ZKM, Karlsruhe, 1993, 1995, 1997, 2009;Ars Electronica, Linz, 1992, etc. ; Interactive Media Festival, Los Angeles1994 ; Isea, Helsinki, 1994 ; IAMAS, Gifu, Japon, 1995 ; ICC, Tokyo, 1995,2002, 2008-2009; etc.), dans des biennales (Venise, 1986, 1995; Lyon, 1995;Kuangju, 1995), des muses et galeries dart contemporain (Centre Pompidou,1985, 1990, 1996, 2001; Lausanne, 1989; Turin, 1989, 1992; Barcelone, 1991 ;Columbus, 1991 ; San Francisco, 1992; Montral, 1994; Genve, 1994, 1999,2008; Ivry, 1995; Varsovie, 1997 ; Lyon, 1997 ; Bonn, 1998, Le Fresnoy, 1998;Kyoto, 2000, 2011; Sienne, 2004; Lisbonne, 2005; Gent, 2006; Annecy, 2002,2008; Valence, 2002; Le Havre, 2010; etc.). Il a contribu la conception

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  • Mayumi OkuraNe en 1977 Aichi, Japon, elle vit et travaille Paris. Aprs des tudes lUniversit dart Tama Tokyo, elle est slectionne pour participer auProgramme dtudes ltranger pour artistes du ministre de la culturejaponais en sjournant lcole nationale suprieure dArts de Nancy dontelle est diplme en 2007. Elle participe ensuite au programme Formes dela mobilit dEnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationale sup-rieure des Arts Dcoratifs (2007-2010). Chercheuse associe au programmecrans mobiles et rcit interactif dEnsadLab, elle est galement doctoranteen Esthtique des nouveaux mdias lUniversit Paris 8. Ses travauxont t exposs en France, au Japon, en Suisse, en Core, Luxembourg etsinscrivent dans des programmes de recherche tels que Terra Numerica(Citu/Cap Digital, Paris, 2010) et Lift10 (Lift et Head-Genve, 2010). Ses r-centes activits incluent des expositions (Mudac/Muse de la main, Lausanne)et la direction de workshop ISEA 2011, Istanbul, et la National TaipeiUniversity of the Arts.

    Michal Sellam N en 1975 Paris, il vit et travaille Paris. Aprs des tudes darts lUniversitParis 1 et lUniversit Paris 8, il participe, en 2001, lAtelier de recherchesinteractives de lcole nationale suprieure des Arts Dcoratifs. Il participeen 2003 au Collge invisible, post-diplme des Beaux-Arts de Marseille. Il estdiplm en 2005 du Fresnoy Studio national des arts contemporains. Sontravail multiplie les rfrences au monde des loisirs populaires avec un intrtparticulier pour les pratiques amateurs et les formes de sous-culture et decontre-culture. Appartenant une gnration qui a intgr lutilisation delinformatique et des nouvelles technologies, il sappuie sur ces instrumentstechniques en les mixant aux pratiques populaires pour produire des ren-contres monstrueuses et distordues. En 2009 et 2010, il est artiste invit enrsidence lcole rgionale des Beaux-Arts de Nantes. En 2012, il est rsident La Box, cole nationale suprieure dArt de Bourges. Il participe de nom-breuses expositions personnelles et collectives en France et ltranger.http://www.michaelsellam.com

    Marion Tampon-LajarrietteNe en 1982 Paris, elle vit et travaille Genve et Paris. Elle est diplmede lcole nationale suprieure dArt, Villa Arson, Nice, de lcole nationaledes Beaux-Arts, Lyon et du postgrade Art et Nouveaux Mdias, Haute coledart et de design, Genve. Depuis 2009, elle est assistante pdagogique auWorkmaster arts visuels de la HEAD-Genve. Son travail consiste pour les-sentiel en films et photographies qui souvent rinterprtent des uvresconnues. Parmi ses expositions personnelles : Galerie Skopia, Genve, 2007,2009, 2012; Printemps de Septembre, Galerie Sollertis, Toulouse (commis-sariat de Christian Bernard), 2008; Galerie Sollertis, Barcelone, 2008; RDFGalerie, Nice, 2008; Muse dart moderne et contemporain, Genve, 2009; LesAbattoirs, Muse dArt moderne et contemporain, Toulouse, 2009; Module 1,Palais de Tokyo, Paris (commissariat de Daria de Beauvais et Marc-OlivierWahler), 2010; Galerie Dix9, Paris, 2010; Chteau de Cadillac (commissariatde Christian Caujolle), 2012; Centre dart La Chapelle Jeanne dArc, Thouars,2012 ; Mois de la Photo, Galerie Dix9, Paris, 2012. Elle participe de nom-breuses expositions collectives en France et ltranger. Ses uvres sontdans les collections du MAMCO, Genve ; de la Maison europenne de laphotographie, Paris ; de la Franois Pinault Foundation; du NMNM, Monaco;de La Maison rouge, Paris ; de La Fabrique, Marseille. http://www.marion-tamponlajarriette.com

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    2008, il est nomm Chevalier de lordre des Arts et des Lettres. Depuis 2001,il enseigne en cole darchitecture, dabord Versailles et depuis plusieursannes Paris-La Villette. Il expose en France et ltranger et aime expri-menter des formes dart hors des espaces convenus, dans lespace public encherchant redfinir le rapport de lartiste son public. Il travaille avec laphoto, la vido, linstallation, la performance, les arts graphiques, le livre etc.Le fil conducteur de son travail nest pas une technique ou un sujet mais pluttune recherche sur limage, sur la lisire entre la ralit et la fiction, entre lemonde des apparences et ce qui se cache derrire, entre ltre et le paratre,entre le monde extrieur et le monde intrieur. Il sattache la production desens plutt qu la production dobjets. http://www.gautel.net/jakob/

    Tomek Jarolim N en 1983 Aix-en-Provence, il vit et travaille Paris. Diplm de lcolesuprieure dArt dAix-en-Provence, il est artiste plasticien et designer din-teraction. Ses installations interrogent aussi bien le statut du regardeur quele regardable lui-mme, travers une recherche sur la lumire numrique etla couleur du pixel. En 2008, il transpose pour la premire fois cet universpour Shades of White, une cration de danse contemporaine conue avecBruno Pr dans le cadre du festival Les Affluents du Ballet Preljocaj. Il partensuite la School of the Art institute Chicago, o il se concentre sur untravail sonore, Ut Queant Laxis, chorgraphi par Beth Jucovy pour le fes-tival Innovation in Dance New York. En 2009, il expose Invisibles la14e Biennale des Jeunes Crateurs Skopje qui lui permet daborder un travailplus sensoriel quil poursuit au sein du programme DRii dEnsadlab, labo-ratoire de recherche de lcole nationale suprieure des Arts Dcoratifs. Il ydveloppe des recherches concernant les lumires interactives, notammentavec Fermer les Yeux et Diffraction, prsents au FabFest 2012 la GatLyrique, Paris. Paralllement, il collabore des projets tels que FentreAugmente de Thierry Fournier au Centre Pompidou, Discontrol Party deSamuel Bianchini la Gat Lyrique ou Browse by Motion, une installationde lInstitut de Recherche et dInnovation du Centre Pompidou avec Thierryde Mey dans le cadre de Futur-en-Seine. En 2011, il signe la cration num-rique de Ring Saga, opra mis en scne par Antoine Gindt daprs LAnneaudu Nibelung de Wagner. http://www.tomek.fr

    Julie MorelNe en 1973 Lyon, elle vit et travaille Paris. Aprs des tudes lcolenationale des Beaux-Arts, Lyon, puis lcole nationale suprieure desBeaux-Arts, Paris, elle participe lAtelier de recherches interactives delcole nationale suprieure des Arts Dcoratifs et obtient un DEA en artsplastiques lUniversit Paris 8. Son travail est aliment par une volontdinterroger les relations quotidiennes quentretient lHomme avec la tech-nologie. Il en rvle le caractre sensible, notamment dans son rapport aulangage. Ses recherches sont souvent diriges vers la littrature et le textequelle envisage comme une image temporelle dont elle se sert pour produireinstallations, vidos linaires, gnrateurs de textes dyslexiques, perfor-mances et collaborations. Ces productions, toujours la limite de la visibilit/lisibilit, font se demander si lon est au commencement du mot et de lanarration ou au stade de leffacement final. Elle expose rgulirement enFrance et ltranger. Son implication artistique se prolonge par la partici-pation aux collectifs incident.net et Kom.post, la co-programmation desconfrences The Upgrade! Paris, le commissariat de Gographies Variables.Elle enseigne les nouveaux mdias et les pratiques contemporaines lcoleeuropenne suprieure dArt de Bretagne. Elle y est directrice scientifiquede la ligne de recherche De lauto-archivage immdiat comme uvre.http://incident.net/users/julie/

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    Production : Centre Culturel de Rencontre de lAbbaye deSaint-Riquier Baie de Somme/Conseil gnral de la SommeAnne Poti, directriceassiste de Lna Houssin et de Stphane Boile,avec le concours de Patrice Alderweireld, Christelle Baldent, Caroline Baudel, Dominique Boulanger, Pascal Bulot, Xavier Comor, Christine Coudon, Laurent Gallepoix, Fabienne Gricourt, milie Lefevre, Hugues Mini, Roland Roll, ric Savalle, Paul Sellier, Stphane Tison, Grard Vasseurwww.ccr-abbaye-saint-riquier.fr

    Universit Paris 8 Vincennes-Saint-DenisDanielle Tartakowski, prsidente,Franois Soulages, directeur du laboratoire Artsdes images et art contemporain (EA-4010)Manuela De Barros, directrice du dpartementArts plastiqueshttp://www.univ-paris8.frhttp://www.ai-ac.fr

    cole nationale suprieure des Arts DcoratifsGenevive Gallot, directriceJean-Franois Depelsenaire, Emmanuel Mah, `directeurs dEnsadLab, laboratoire de recherchede lcole nationale suprieure des Arts DcoratifsSamuel Bianchini, responsable du programme Dispositifs interactifs et performatifs dEnsadLabhttp://www.ensad.fr

    Catalogue :Rdaction : Jean-Louis BoissierTraduction : Aviva Cashmira KakarGraphisme : Ho-Sook KangImage de couverture : Flicie dEstienne dOrvesdition : Conseil gnral/Centre Culturel de Rencontre de lAbbaye de Saint-Riquier Baie de SommePlace de lglise / 80135 Saint-RiquierTl.: 03 22 71 82 [email protected] le concours de lUniversit Paris 8 Vincennes-Saint-Denis2 rue de la Libert / 93526 Saint-Denis cedexTl.: 01 49 40 67 89

    Commissariat et scnographie :Jean-Louis Boissier assist de Dominique CuninSignaltique : Ho-Sook Kang

    Mdiation culturelle :Laura Puech pour le Centre Culturel de RencontreMiki Okubo pour EnsadLab et lUniversit Paris 8

    Avec le soutien de ltat, Direction rgionale desaffaires culturelles de Picardie (DRAC)

    Communication :Agence de communication Heymann, Renoult Associes ric Jacquy, charg de mission, Conseil gnral

    Site Internet :Direction ditoriale : Liliane TerrierHbergement : laboratoire Esthtique des nouveaux mdias, Universit Paris 8http://www.ednm.fr/leurslumieres

    Crdits photographiques :les artistes, Shigeo Anzai (portrait de Jakob Gautelet Jason Karandros), Guillaume Perrin (portrait deFlicie dEstienne dOrves), Jean-Louis Boissier (Lumires de Rousseau et portrait de Marion Tampon-Lajarriette)

    Dpt lgal : 4e trimestre 2012ISBN : 978-2-95237-057-8

    Achev dimprimer en Francesur les presses dedb print (Poulainville),le 3 octobre 2012

    leurs lumires

    Exposition leurs lumiresAbbaye de Saint-Riquier Baie de Somme, du 13 octobre au 16 dcembre 2012

    Ralise par le Centre Culturel de Rencontre de lAbbaye de Saint-Riquier Baie de Somme en coopration avec le laboratoire Arts des images et art contemporain delUniversit Paris 8 Vincennes-Saint-Denis et EnsadLab, laboratoire de recherche de lcole nationale suprieure des Arts Dcoratifs

  • leurs lumires

    ISBN : 978-2-95237-057-8

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