l’expert-comptable dans la lutte contre le blanchiment · financement du terrorisme et...
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L’expert-comptable et la lutte contre le
blanchiment
Contexte, obligations, perspectives,
BRUXELLES, 28 septembre 2016Patrick BERTHIER
SOMMAIRE
La criminalité : évolutions, enjeux
Techniques de blanchiment
Les autorités internationales
Les Cellules de Renseignement Financiers
Textes répressifs
Obligations des professionnels
Perspectives, dérives, risques
Criminalité
Évolutions et enjeux
Contexte actuel de la criminalité
La criminalité d’aujourd’hui:La criminalité se caractérise par une grande plasticité :
lorsqu’un marché criminel est moins porteur, les gangs et mafias se reconvertissent sur des marchés nouveaux
La délinquance économique et financière est un vaste ensemble très hétérogène
2/3 des délits économiques et financiers sont commis par des entreprises
Contexte actuel de la criminalité
La criminalité d’aujourd’hui:Évolution des marchés criminels traditionnels
Stagnation voire chute du commerce des stupéfiants (- 20 à 30 % dans certaines zones)
Baisse considérable, en Europe, des besoins de financement du terrorisme
La recherche de nouveaux débouchésCybercriminalité
Contrefaçon
Fraudes fiscales internationales
Problématique de la contrefaçonContrefaçon de pièces automobile
Contrefaçon de produits alimentaires
Contrefaçon de médicaments
Selon l’OMS : 700.000 morts par an (dont 120.000 enfants en Afrique)
40% des médicaments contre le paludisme seraient des faux
30% des médicaments vendus par internet
50 fois plus rentable que le trafic de stupéfiants
Ampleur du problème
Aucune statistique fiable ne permet d’apprécier le volume financier des activités criminelles ou délictueuses.
Le FMI considère que cela représenterait :plus de 2000 milliards d’€
Certains experts estiment que :Le volume d’argent aux mains des trafiquants de drogues serait
d’environ 1.500 mds d’€, pour un trafic annuel de 600 à 700 mds.
La contrefaçon représenterait 7% du commerce mondial
Ampleur du problème
EstimationsMilliards
d'€ par an
Trafic de stupéfiants 600 à 700
Contrefaçons 600 à 700
Trafic de médicaments 200
Immigration clandestine (en Europe) 14
Trafic de femmes 4
Trafic de déchets polluants 12
Contexte actuel de la criminalité
Pénétration de l’économie légale par les organisations criminelles« Nous constatons une porosité de plus en plus importante entre
l’économie légale et le crime organisé » (François Molins, Procureur de la République de Paris, avril 2014)
Le monde économique est très vulnérable à la pression criminelle
Les moyens sont:Violence
Intimidation
Corruption
Investissements directs, acquisition d’entreprises
Contexte actuel de la criminalité
Pénétration de l’économie légale par les organisations criminellesConséquence de cette pénétration :
Le blanchiment de capitaux passe (souvent) par des entreprises
Les établissements financiers ne sont plus réellement en situation de constater ces flux suspects
Ceux qui examinent les comptes des entreprises sont :
Les experts comptables
Les commissaires aux comptes
C’est pourquoi les autorités de lutte attendent (exigent) beaucoup de ces professionnels
Incidences sur l’économie
Le blanchiment des capitaux criminels à des conséquences sur le système financier et sur l’économie en général:
Perte de confiance sur le marché des services bancaires
Incidences macro-économiques
Variation de la demande de monnaie
Risques prudentiels
Instabilité
Techniques de blanchiment
Définition économique
Recyclage des capitaux issus d’activités illégales
Instrument permettant aux délinquants de réinjecter les fonds provenant de leurs forfaits dans le circuit de l’économie légale
Dissimulation de l’origine frauduleuse des capitaux illégaux
Techniques de blanchiment
IntégrationAbsorption dans circuits légaux avec réintroduction des
sommes « blanchies » dans l’économie par biais opérationsapparemment fondées
ExemplesInjection dans le chiffre d’affaires de commerces et de services (restaurants, laveries automatiques, cinémas, sex-shops, …)
Paiement de fausses factures
Prêts bancaires « adossés »
Achat de tickets de jeux gagnants
Techniques de blanchiment
PlacementConversion d’espèces par achats de biens qui permet d’écouler
d’importantes sommes en liquide
Exemples :opérations sur comptes bancaires (avec de vrais ou faux noms) pourtransformation des espèces en monnaie scripturale
transferts de devises et utilisations de passeurs transfrontaliers
Il ne s’agit pas de « consommer » les fonds, mais de les«placer» avec possibilité de sortie, c’est-à-dire de reconversionen capitaux
Techniques de blanchiment
EmpilageDissimulation flux financiers douteux à travers une succession
d’opérationsEmpêcher de retracer l’origine des flux financiers en cas
d’investigationsExemples
Multiplication des opérations financières, bancaires ou commerciales(contrats avec des sociétés offshore, transferts internationauxsuccessifs, …)Interposition de sociétés écrans ou de façadeCascades de cessions
Techniques de blanchiment
Les organisations de lutte contre le
blanchiment de capitaux
Prise de conscience internationale
La lutte contre le blanchiment de capitaux issus d’activités illégales est née aux États-Unis dans les années 1960, comme un moyen complémentaire de lutte contre la criminalité organisée et les trafics en tout genre.
Les dates clés ont été:1980 : Recommandation du Conseil de l’Europe
1988 : Déclaration du Comité de Bâle (secteur bancaire)
1988 : Convention de Vienne (ONU, 119 états adhérents)
1989 : Création du GAFI
1990 : Convention de Strasbourg (Conseil de l’Europe)
1991 : Première directive européenne sur la lutte contre le blanchiment
Prise de conscience internationale
1995 : Création du groupe Egmont
1997 : Convention OCDE (Lutte contre la corruption et le blanchiment)
2000 : Convention de Palerme (ONU, 140 états adhérents)
2001 : Deuxième directive européenne
2002 : Déclaration de Paris (Parlement européen)
2005 : Troisième directive européenne sur le blanchiment
2015 : Quatrième directive européenne, (en cours de transposition)
Les autorités de lutte
Le GAFI : Groupe d’Action Financière InternationaleC’est l’autorité mondiale de régulation en matière de lutte
contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme
Créé en 1989 par le G7Il a pour mission :
d’organiser et d’évaluer la coopération internationale en la matière, d’étudier les mesures préventives,de contrôler les dispositifs nationaux
Recommandations du GAFI
Les recommandations du GAFI définissent un cadre complet et cohérent de mesures devant être mises en œuvre par les pays afin de lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, ainsi que le financement de la prolifération des armes de destruction massive.
Recommandations du GAFI
POLITIQUES ET COORDINATION EN MATIÈRE DE LBC/FT 1 Évaluation des risques et application d’une approche fondée sur
les risques 2 Coopération et coordination nationales
BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET CONFISCATION 3 Infraction de blanchiment de capitaux 4 Confiscation et mesures provisoires
FINANCEMENT DU TERRORISME ET FINANCEMENT DE LA PROLIFÉRATION 5 Infraction de financement du terrorisme 6 Sanctions financières ciblées liées au terrorisme et au financement
du terrorisme7 Sanctions financières ciblées liées à la prolifération 8 Organismes à but non lucratif
Recommandations du GAFI
MESURES PRÉVENTIVES 9 Lois sur le secret professionnel des institutions financières
Devoir de vigilance relatif à la clientèle et conservation des documents 10 Devoir de vigilance relatif à la clientèle * 11 Conservation des documents
Mesures supplémentaires dans le cas de clients et d’activités spécifiques 12 Personnes politiquement exposées * 13 Correspondance bancaire * 14 Services de transfert de fonds ou de valeurs * 15 Nouvelles technologies 16 Virements électroniques *
Recommandations du GAFI
Recours à des tiers, contrôles et groupes financiers 17 Recours à des tiers 18 Contrôles internes et succursales et filiales à l’étranger 19 Pays présentant un risque plus élevé
Déclaration des opérations suspectes 20 Déclaration des opérations suspectes 21 Divulgation et confidentialité
Entreprises et professions non financières désignées 22 Entreprises et professions non financières désignées – Devoir
de vigilance relatif à la clientèle 23 Entreprises et professions non financières désignées – Autres
mesures
Recommandations du GAFI
TRANSPARENCE ET BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS DES PERSONNES MORALES ET CONSTRUCTIONS JURIDIQUES
24 Transparence et bénéficiaires effectifs des personnes morales 25 Transparence et bénéficiaires effectifs des constructions
juridiques
POUVOIRS ET RESPONSABILITÉS DES AUTORITÉS COMPÉTENTES ET AUTRES MESURES INSTITUTIONNELLES Réglementation et contrôle
26 Réglementation et contrôle des institutions financières 27 Pouvoirs des autorités de contrôle 28 Réglementation et contrôle des entreprises et professions
non financières désignées
Recommandations du GAFI
Autorités opérationnelles et autorités de poursuite pénale 29 Cellules de renseignements financiers * 30 Responsabilités des autorités de poursuite pénale et des autorités
chargées des enquêtes 31 Pouvoirs des autorités de poursuite pénale et des autorités
chargées des enquêtes 32 Passeurs de fonds
Obligations générales 33 Statistiques 34 Lignes directrices et retour d’informations
Sanctions 35 Sanctions
Recommandations du GAFI
COOPERATION INTERNATIONALE36 Instruments internationaux
37 Entraide judiciaire
38 Entraide judiciaire : gel et confiscation
39 Extradition
40 Autres formes de coopération internationale
Évaluations du GAFI
2016 : Canada
2015 : Belgique
2014 : Luxembourg
2012 : Angola
2011 : Guyane
2011 : France
Le Groupe EGMONT
En 1995, un groupe de cellules de renseignement financier (CRF) s’est réunit à l'Egmont Arenberg Palace à Bruxelles, et a décidé de créer un réseau informel de CRF pour la stimulation de la coopération internationale. Connu comme le Groupe Egmont, les CRF du Groupe Egmont se réunissent régulièrement pour trouver des moyens de promouvoir le développement et la coopération des CRF, en particulier dans les domaines de l'échange d'informations, la formation et le partage d'expertise. Le Groupe Egmont a évolué au fil des ans et est actuellement composé de 139 CRF membres. Les recommandations du GAFI de 2012 préconisent l’adhésion des CRF au Groupe Egmont.
Les CRF (Cellules de Renseignement Financier)
Les CRF sont les organismes nationaux de lutte contre le blanchiment
139 d’entre elles sont membres du Groupe EGMONT
Ce sont des services administratifs indépendants
Les CRF
Missions des CRF :Recueillir, traiter et diffuser les renseignements relatifs aux circuits financiers clandestins
Recevoir et traiter les déclarations de soupçon des professionnels concernés
Contrôles de recevabilité
Analyse
Enquêtes
Transmissions
Les CRF
Pouvoirs des CRF :Droit de communication :
Auprès des assujettis qui peuvent détenir des informations sur un dossier en cours
Droit d’opposition :Si la CRF a connaissance d’une opération avant sa réalisation, par une déclaration de soupçon ou un autre moyen
Les CRF
En Belgique : En Belgique
CTIF en Chiffres
28 272 déclarations d’opérations douteuses
3 646 communications vers les autorités judiciaires
Source: rapport d’activité 2015
Les CRF
En Suisse :
Bureau de communication en matière de blanchiment d'argent (MROS)
En Suisse
Les CRF)
En SuisseAu Canada
CANAFE en Chiffres
31 000 entreprises assujetties
21 022 735 déclarations d’opérations financières reçues
92 531 déclarations d’opérations douteuses
1 260 communications vers les autorités
355 employés
Source: rapport d’activité 2015
Les CRF
En SuisseAu Canada
Au Maroc
Les CRF
En SuisseAu Canada
Au Maroc
En Algérie
Les CRF
TRACFIN en Chiffres
43 231 déclarations de soupçons en 2015
448 communications vers la justice
1 187 transmissions administratives
110 employés
Source: rapport d’activité 2015
Les textes répressifs
Recommandation N° 3 du GAFI
Infraction de blanchiment de capitaux
Les pays devraient conférer le caractère d’infraction pénale au blanchiment de capitaux sur la base de la Convention de Vienne et de la Convention de Palerme [art. 6]. Les pays devraient appliquer l’infraction de blanchiment de capitaux à toutes les infractions graves afin de couvrir la gamme la plus large d’infractions sous-jacentes.
Code pénal Belge
Article 505 du Code PénalSeront punis…
3° ceux qui auront converti ou transféré des choses visées à l'article 42, 3°, dans le but de dissimuler ou de déguiser leur origine illicite ou d'aider toute personne qui est impliquée dans la réalisation de l'infraction d'où proviennent ces choses, à échapper aux conséquences juridiques de ses actes;
Loi Marocaine 43-05
Article 574-1Constituent un blanchiment de capitaux les actes ci-après..
Acquérir, détenir, utiliser, convertir, transférer des biens dans le but de dissimuler la nature véritable ou l’origine…
La dissimulation… de la nature véritable… dont l’auteur sait qu’ils sont les produits de l’une des infractions…
Article 574-3 sanctionsPour les personnes physiques: 2 à 5 ans de prison et amende
de 20.000 à 100.000 dirhams
Code criminel Canadien
Art. 462-31 Recyclage des produits de la criminalitéUtiliser, enlever, livrer…. des biens ou leurs produits.. dans
l’intention de les cacher ou de les convertir sachant ou croyant qu’ils ont été obtenus ou proviennent… d’une infraction
Peine maximale : 10 ans de prison
Code pénal Français
Le délit général de blanchimentArticle 324 – 1 du Code Pénal
« Le blanchiment est le fait de faciliter, par tout moyen, la justification mensongère de l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime ou d’un délit ayant procuré à celui-ci un profit direct ou indirect.Constitue également un blanchiment le fait d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du produit direct ou indirect d’un crime ou d’un délit.Le blanchiment est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 € d’amende »
Code pénal Français
Le délit de blanchiment aggravéArticle 324 – 2 du Code Pénal
« Le blanchiment est puni de dix ans d’emprisonnement et de750 000 € d’amende :
1° Lorsqu’il est commis de façon habituelle ou en utilisant lesfacilités que procure l’exercice d’une activité professionnelle
2° Lorsqu’il est commis en bande organisée »
Délit de blanchiment
Délit « de conséquence »Les fonds ou biens blanchis proviennent d’un délit ou d’un
crime
Délit « autonome »La poursuite et la condamnation est possible même si le délit
initial n’a pas été sanctionné
Le « blanchisseur » peut être l’auteur du délit initial
Tendances
Convergences des législations nationalesMondialisation du dispositif
Élargissement du délit au blanchiment de tous les délits et crimes
Extension des obligations de vigilance et de déclaration à de nombreuses professions
Les obligations des professionnels
Nature des obligations
Les normes imposent 5 obligations principales:FormationMise en place de procédures et de mesures de contrôle interneDocumentationVigilanceDéclaration de soupçon
La finalité de ce dispositif est d’amener les professionnels à établir desdéclarations de soupçon, auprès des CRF, lorsque, dans l’exercice deleurs missions, ils sont confrontés à des « transactions suspectes »Après enquête, les CRF transmettent aux autorités judiciaires ou de
police des notes d’information en vue de poursuites contre lespersonnes soupçonnées
Obligation de formation
Obligation de formation
Les professionnels du chiffre doivent:se former et former leurs collaborateurs aux enjeux, risques et
moyens de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme
actualiser leurs connaissances du sujet régulièrement
prendre en compte les évolutions législatives
Obligation de mise en place de procédures
Mise en place de procédures
Les professionnels doivent mettre en place des procédures visant à rendre effectif le respect de obligations de vigilance et de déclaration
Le formalisme est essentiel et doit être considéré comme un moyen de preuve du respect des obligations
Le juge se basera sur les procédures existantes et le contenu du dossier de travail pour apprécier la faute éventuelle du professionnel
Mise en place de procédures
La mise en place des procédures impliqueLa désignation d’un responsable
Disposant de la compétence et de l’autorité nécessaires
La rédaction d’un manuel de procédures
La formation des utilisateurs aux procédures
L’intégration des procédures dans les dossiers de travail (justification)
La supervision et le contrôle de leur application
Mise en place de procédures
Le manuel de procédures doit contenirL’identité du responsable
La description des systèmes d’évaluation des risques
Le modalités de formalisation de la vigilance
Les feuilles de travail à utiliser
Les modalités de déclaration à la CRF
Les modalités de conservation des documents
Obligation de documentation
Obligation de documentation
La documentation c’est conserver la trace des diligences accomplies
C’est la conservation des feuilles de travail, des analyses et des documents justificatifs collectés
C’est le seul moyen de preuve du respect des obligations et particulièrement de l’exercice de la vigilance
Obligation de vigilance
L’analyse des risques
La vigilance des professionnels s’exerce sur la base d’une analyse des risques
Les normes imposent aux commissaires aux comptes et aux experts-comptables de mettre en place un système d’analyse des risques
Cette analyse doit être formalisée
Les critères de risques
Les critères à retenir pour l’analyse des risques peuvent êtreles suivants :
ClientActivitéLocalisation de l’activitéNature de la mission
L’analyse conduit à attribuer un des trois niveaux risques :FaibleMoyenElevé
Critère « client »
Critère « Client »
Risques élevésClient (ou le bénéficiaire effectif), qui est une « personne
politiquement exposée » ou des membres directs de la famille,ou des personnes connues pour être étroitement associées à unetelle personne
Client (ou son représentant légal) qui n’est pas physiquementprésent lors de la procédure d’identification
Ressortissant d’un des pays à hauts risques définis par le GAFIou la commission européenne
Client sur lequel le cabinet détient/reçoit des informations quimettent en doute sa probité
Critère « Client »
Risques faiblesOrganisme financier ou ses filiales, organisme de placement
collectif, société de gestion ou société de gestion de portefeuille
Société cotée, autorité publique, organisme public, bénéficiairede sommes déposées sur les comptes détenus pour compte detiers par des notaires ou des membres d’une autre professionjuridique indépendante
Critère « activité »
Les activités « à risques »
D’une façon générale les activités qui utilisent couramment des espèces.
Le secteur des Cafés-Hôtels-RestaurantsDistribution automatique, lavage automatique,…
Le secteur du Bâtiment et Travaux publics
Le secteur de l’immobilier
Le secteur du gardiennage et de la sécurité
Le secteur du transport, de la logistique et du déménagement
Les activités « à risques »
Le secteur de la téléphonie
Le secteur associatif (en particulier les associations humanitaires œuvrant dans les pays en voie de développement)
Les sociétés de « cyber café » (trafic de stupéfiants)
Le secteur de l’art
Les sociétés de formation
Le monde du sport professionnel (en particulier le foot)
Le financement participatif (crowdfunding)
Critère « localisation »
Critère « Localisation de l’activité »
Le critère de « localisation de l’activité » doit s’entendre au sens large. Il recouvre la localisation de l’un ou l’autre des paramètres suivants :
Les établissements de l’entreprise
Ses principaux fournisseurs (origine des produits ou des services achetés)
Ses principaux clients (destination des produits ou des services vendus)
Critère « Localisation de l’activité »
Risques élevésEn l’absence de définition précise de la notion des « zones à
risques », peuvent être considérés comme tels :Les pays faisant l’objet de sanctions, d’embargos ou de mesures demême nature à la demande des Nations Unies ou d’autresorganismes internationauxLes pays faisant partie de la liste des « Pays à hauts risques » établiepar la Commission Européenne ou par le GAFILes zones géographiques où le taux de criminalité est connu commeétant particulièrement élevé (quartier, ville, département)
Certains pays ne figurent pas dans les listes, mais peuvent fairel’objet d’une attention particulière: Russie, Ukraine, Chine, Mexique,Colombie, Singapour, Guatemala,…
Les pays « à risques »
Les publications du GAFI Appel à contre-mesures :
Corée du Nord
Juridictions qui doivent améliorer la conformité aux standards
Afghanistan, Bosnia-Herzegovina, Guyana, Iraq, Lao RDP, Uganda, Vanuatu, Yémen
Les pays « à risques »
Liste « Moscovici » des pays à hauts risques :AndorreAnguillaAntigua et BarbudaBahamasBarbadosBelizeBermuda British Virgin IslandsBruneïCayman Islands
Cook islandsGrenadaGuernseyHong KongLibériaLiechtensteinMaldivesMarshall IslandsMauritiusMonaco
MontserratNauruNiuePanamaSaint Kits and NevisSaint Vincent and the GrenadinesSeychellesTurks and Caicos islandsUS Virgin IslandsVanuatu
Critère « nature de la mission »
Critère « Nature de la mission »
Critère « Nature de la mission »Une mission n’est pas en elle-même porteuse de risques, mais
certaines missions peuvent, plus que d’autres, placer le professionnel face à des flux financiers significatifs dont l’origine ou la destination peuvent être illicites, ainsi :
Assistance à la création d’entreprise, projets d’investissements,Commissariat aux apports et à la fusionÉvaluation, apports, restructurationCession, acquisitionMontages financiers complexesOptimisation fiscale
Synthèse des niveaux de risques
Synthèse des risques
CritèresNiveau de
risque
Client
Activité
Localisation de l’activité
Mission
Niveau de risque attribué au client: le plus élevé des niveaux de risque ci-dessus
Exercice de la vigilance
La vigilance doit s’exercer à deux périodes:Lors de l’entrée en relation
Identification
Analyse des risques
De façon constante lors de l’exercice de la mission
Esprit critique
Examen des opérations « particulières » ou des « transactions suspectes »
Démarche de clarification en cas de doute
Identification du client et du bénéficiaire effectif
L’exercice de la vigilance commence par l’identification despersonnes avec lesquelles une relation d’affaires est ou va êtrenouée
L’identification du client doit être faite avant la signature de lalettre de mission, ou au plus tard avant de commencer lestravaux
Pour le commissaire aux comptes, l’identification doit êtreréalisée avant l’acceptation de la mission
Les normes interdisent de commencer les travaux à défautd’identification
Processus d’identification
Obtenir un document écrit probant :Pour une personne physique :
Document officiel en cours de validité avec photographie (CNI, Passeport)
Pour une personne morale :Copie certifiée conforme de registre officiel constatant le nom, la forme juridique, le siège social et l’identité des dirigeants ou associés
Si le client n’est pas physiquement présent, il faut obtenir un document certifié par une autorité compétente
Cas des personnes « politiquement exposées »
Une « personne politiquement exposée » (PPE) est une personne nonrésidente en France et exerçant ou ayant exercé des fonctionsimportantes dans un Etat étranger, ou membre de la famille d’unetelle personne, ou connue pour être liée à une telle personne
(dans la 4ème directive, les PPE sont aussi les nationaux)
Lorsque le client ou adhérent est une « PPE », il convient d’opérer desmesures de vigilance complémentaires et d’obtenir une autorisationspéciale de la hiérarchie de la structure d’exercice professionnel
Identification du « bénéficiaire effectif »
Le bénéficiaire effectif doit être recherché et identifié lorsquele client est une personne moraleLe bénéficiaire effectif est défini comme une personne
physique détenant au moins 25 % du capital ou des droits devote d’une société, ou ayant des droits sur 25 % des actifs sil’entité cliente n’est pas une société (association, ..), ouexerçant en droit ou en fait un pouvoir de direction sur le clientou adhérentLe défaut d’identification du bénéficiaire effectif n’interdit pas
de commencer les travaux mais oblige à renforcer la vigilancetout au long de la relation d’affaires
Identification du « bénéficiaire effectif »
Monsieur X 51% Autres actionnaires
Société A 51% Société B 49%
Société C 51% Président 49%
Société Cliente
Vigilance sur l’activité et les opérations réalisées
Au cours de l’exercice de la mission confiée, le professionneldoit exercer une vigilance constante sur l’activité du client et lesopérations qu’il réalise
La vigilance suppose d’actualiser sa connaissance du client etde son activité
La vigilance n’implique pas la mise en œuvre de diligencesspécifiques, mais d’exercer son esprit critique, son expérienceet sa capacité de discernement
Le respect des normes applicables à la mission suffit à justifierde la vigilance normale
Vigilance sur l’activité et les opérations réalisées
Lorsque le professionnel a connaissance d’opérations :Complexes ou inhabituelles
D’un montant inhabituellement élevé
Ne paraissant pas avoir de justification économique
Il doit collecter des informations sur l’origine et la destination des fonds mis en œuvre
Les indices
La cohérence économiqueProjet ou activité très complexe
Partenaires commerciaux ou financiers mal définis, illogiques ou de la même famille
Trésorerie excessivement abondante
Financements très favorables, ou hors circuits habituels
Marge très supérieure à la normale
Opérations importantes et répétées sur les actifs (immobiliers,…)
Encaissements de dons très importants dans une association caritative
Les indices
Le client :Représenté par un tiers
Qui ne semble pas voir un réel pouvoir de décision
Ethique, anxiété, agressivité, train de vie disproportionné,
Les indices
Indices dans le cycle clients/ventesRèglements émis par des tiers, fractionnés, en espèces,
provenant d’autres pays, …
Fréquents règlements différents des montants facturés
Clients dont l’activité n’est pas cohérente avec les produits ou services vendus
Les indices
Indices dans le cycle fournisseurs/achatsRèglements émis vers des pays tiers, notamment à risques
Anomalies dans les numéros intracommunautaires ou SIRET
Activité du fournisseur incohérente
Produits importés via des intermédiaires
Prestations de conseils, honoraires et commissions significatifs et inhabituels
Les indices
Indices dans le cycle trésorerieAugmentation rapide et importante de la trésorerie
Apparition de financements non bancaires
Augmentation de la part des espèces, remises d’espèces en grosses coupures non cohérentes avec l’activité
Diligences complémentaires
Face aux risques identifiés par l’analyse, il convient dedéterminer les mesures de vigilance complémentairesnécessaires
Pourront notamment être contrôlés de façon plusapprofondie, en fonction des risques identifiés :
Les factures des fournisseurs en vue de s’assurer de la réalité deleur existence (numéros d’identification)
La cohérence des biens et des services acquis avec l’activité du[client ou adhérent]
Diligences complémentaires
La cohérence des biens et services vendus en termes de nature et de prix, avec l’activité et la politique commerciale connue,
Les moyens de règlement utilisés,
Les mouvements d’espèces,
La cohérence des payeurs et des débiteurs,
Les comptes courants d’associés et leurs mouvements,
Les comptes de débiteurs et créditeurs divers et leurs mouvements,
….
Obligation de déclaration
Obligation de déclaration
L’obligation de déclaration auprès des CRF est le cœur dudispositif de lutte contre le blanchiment et le financement duterrorisme. C’est l’obligation principale posée par les normes
C’est l’aboutissement de la mise en œuvre de la vigilance sur leclient ou adhérent, ses activités et les opérations auxquelles ilparticipe, de l’exercice de l’esprit critique et du discernementdu professionnel
Il s’agit d’un acte grave qui ne doit pas être fait à la légère,mais l’abstention est porteuse de risques
Obligation de déclaration
Le délai de déclaration n’est pas fixé par les textes, elledoit être faite dans un délai raisonnable, dès la fin de ladémarche de clarification
Obligation de déclaration
Code monétaire et financier, article L561-15:Les personnes mentionnées à l'article L. 561-2 sont tenues, dans les
conditions fixées par le présent chapitre, de déclarer au service mentionné à l'article L. 561-23 [Tracfin] les opérations portant sur des sommes dont elles savent, soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu'elles proviennent d'une infraction passible d'une peine privative de liberté supérieure à un an ou participent au financement du terrorisme.
Par dérogation au I, les personnes mentionnées à l'article L. 561-2 déclarent au service mentionné à l'article L. 561-23 les sommes ou opérations dont ils savent, soupçonnent ou ont de bonnes raisons de soupçonner qu'elles proviennent d'une fraude fiscale lorsqu'il y a présence d'au moins un critère défini par décret.
Obligation de déclaration
Code monétaire et financier, article L561-15 (suite):Toute information de nature à infirmer, conforter ou modifier
les éléments contenus dans la déclaration est portée, sans délai, à la connaissance du service mentionné à l'article L. 561-23.
Les tentatives d'opérations mentionnées aux I et II du présent article font l'objet d'une déclaration au service mentionné à l'article L. 561-23.
Du doute au soupçon
En cas de doute, le professionnel doit tenter de lever ledoute par le recours à un questionnement spécifique
Faire preuve d’esprit critique et de discernement dans sestravaux destinés à lever le doute
Engager une démarche de clarification au moyend’investigations (diligences) complémentaires
Du doute au soupçon
La démarche de clarification doit avoir pour objectif d’obtenirl’assurance raisonnable que l’origine ou la destination des fondsmis en œuvre sont licites. Elle ne saurait avoir pour objet detenter de démontrer que l’origine ou la destination des fondssont illégales, ni d’identifier l’infraction initiale qui a puprocurer les fonds
« Le refus du client d’apporter des réponses claires et justifiées ouencore l’impossibilité d’obtenir les informations ou justificationsdonnent une consistance certaine et suffisante au soupçon etconstituent une bonne raison de soupçonner » (Maxime Delhomme)
Du doute au soupçon
Le doute doit alors se transformer en soupçon sur la base des constatationsSi le doute n’est pas levé, le professionnel sera conduit, sur la base des
constatations factuelles opérées, à effectuer une déclaration à la CRFEn ce sens : jurisprudence du conseil d’état (31 mars 2004)
« …Si les vérifications ne permettent pas d’établir l’origine licite des sommes,l’organisme financier, qui ne peut alors exclure que ces sommes puissentprovenir du trafic de stupéfiant, doit procéder à la déclaration »
Et la position de l’AMF :« La déclaration doit être faite de bonne foi, ce qui suppose que le soupçon doitêtre étayé, documenté et fondé sur des données fiables et vérifiées »« Dès lors que les personnes assujetties n’ont pas acquis à l’issue de leur analyse,la certitude que l’opération en cause est licite, la déclaration devientobligatoire »
Du doute au soupçonObligation de
vigilance
Identité du client OpérationsY a-t-il des opérations
inhabituelles ?Non
Oui: Analyse
Doutes sur l’origine ou la
destination des fonds ?
RAS
NonOui:
Clarification!
Après la démarche de clarification : doute levé ?
Oui
Non = soupçon
Documentation au dossier
Déclarationà la CRF
Documentation hors dossier
Non
Refus de la mission
La déclaration en pratique
La déclaration doit préciser :Le cadre de l'intervention du professionnel, c'est-à-dire la mission
qui lui a été confiée, les limites contractuelles à cette mission, le cadrenormatif appliqué, sa durée et ses évolutions dans le temps
Les faits et éléments ayant conduit à l'établissement de ladéclaration. Ces éléments doivent être factuels, datés, chiffrés
Les éléments de communication avec le client ou adhérent, ladémarche de clarification effectuée et les réponses, documentées ouverbales obtenues
L'identité des intervenants dans la ou les opérations décrites (clients,fournisseurs, actionnaires, partenaires, prêteurs, sociétés liées, etc.)
Sanction du défaut de déclaration
Pas de sanction pénale du défaut de déclaration
Saisine disciplinaire possible si « grave défaut devigilance » ou « carence dans l’organisation des procéduresinternes de contrôle »
Le véritable risque, pour le professionnel, est d'êtrepoursuivi, au pénal, pour blanchiment aggravé et d'êtresanctionné des peines prévues pour ce délit
Conséquences de la déclaration sur la poursuite de la mission
Pour le professionnel de l’expertise comptable, après ledépôt d’une déclaration de soupçon, la poursuite de lamission devient difficile, en conséquence du serment et ducode de déontologie.
La rupture de la relation éventuelle résultera de sonappréciation, en fonction des circonstances, et du risquequ’entrainerait la poursuite de la mission.
Confidentialité de la déclaration
La déclaration est confidentielle. Il est interdit de porter àla connaissance du client ou de tous les tiers l’existence etle contenu d’une déclaration
La rupture de la confidentialité peut être sanctionnée parune amende
Incidences des normes sur les missions
Incidences sur le déroulement de la mission
L’application des normes et des procédures aura des incidences sur l’exercice de la mission lors :
De l’acceptation de la mission
De la réalisation de la mission
De la synthèse annuelle de la mission et l’établissement du rapport ou compte-rendu
De la décision, ou non, de maintien de la mission
En pratique
Au moment de l’entrée en relationVérifier le contenu de la lettre de mission
Inclure l’obligation d’identification
En pratique
Au moment de l’entrée en relationProcéder à l’identification
Du client
En présence d’une personne morale: du bénéficiaire effectif
S’assurer qu’il ne s’agit pas de personnes politiquement exposées
Utiliser des feuilles de travail « identification du client personne physique » ou « personne morale» et « identification du bénéficiaire effectif »
En pratique
Au moment de l’entrée en relationProcéder à l’analyse des risques par rapport au client
Utiliser une feuille de travail « analyse des risques »
Définir les diligences complémentaires à mettre en œuvre en fonction des risques identifiés
(Rappel: en présence d’un risque faible ou normal, il n’y a pas de diligences spécifiques à mettre en œuvre, le respect de la norme applicable à la mission suffit à justifier de la vigilance normale)
En pratique
Au cours de la missionEn présence d’une opération « atypique » :
Rechercher l’origine ou la destination des fonds mis en œuvre
Effectuer et formaliser la « démarche de clarification »
Utiliser une feuille de travail « examen d’une opération particulière »
Conclure sur l’opportunité (ou non) d’une déclaration de soupçon
En pratique
Lors de la revue du dossierAnalyser les opérations de l’exercice pour identifier
d’éventuelles opérations particulières significatives:
Utiliser une feuille de travail « revue annuelle du dossier »
Revoir l’analyse des risques
Actualiser éventuellement les diligences spécifiques à mettre en oeuvre
Formaliser la décision de maintien (ou non) de la mission
En pratique
Si une déclaration de soupçon est déposée :Contrôler le respect de la forme et du contenu avant envoi
Veiller à la confidentialité
Archiver la déclaration et ses annexes, en dehors du dossier client, de manière sécurisée
Décider de mettre un terme, ou non, à la mission et formaliser la décision
Perspectives et risques
Les risques
L’atteinte excessive au secret professionnel
La volonté d’étendre le dispositif et les obligations des professionnels à d’autres infractions
La mise en cause des professionnels sur le plan pénal et l’application de sanctions disproportionnées
Perspectives
La multiplication des échanges entre les CRF
La convergence des normes dans tous les pays
La disparition du secret bancaire
L’extension du dispositif à l’ensemble des états membres de l’ONU
La disparition des entités « opaques »
La disparition à terme des « paradis fiscaux »
Animateur
Patrick BERTHIER
29 Rue des Moineaux
17110 Saint-Georges de Didonne
France
Tél: + 33 6 13 53 15 56
Merci de votreattention
Patrick BERTHIER