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Ensemble Dulcisona
L’EXTRAVAGANT MONSIEUR PLUME
D’après l’œuvre Plume d’Henri Michaux
Dossier pédagogique
Réalisé par Catherine Lambert, professeur agrégé d’éducation
musicale,
Chargée du service éducatif associé à la Bibliothèque de Marseille
à vocation régionale « Alcazar »
J’écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir.
Là est l’aventure d’être en vie.
Henri Michaux, Passages (1950)
Henri Michaux,
L’explorateur des « lointains intérieurs »
Henri Michaux est né le 24 mai 1899 à Namur. Ses origines familiales sont complexes : il est
originaire des Ardennes belges par son père et de Wallonie par sa mère. Son grand-père
maternel est allemand naturalisé belge et sa grand-mère est d’ascendance espagnole. Il
grandit dans cette famille de chapeliers aisés, mais sa santé est fragile : il souffre de
tachycardie et d’anémie. De cette époque date ce qu’il nomma son « sens du manque ».
«J’ai sept ou huit sens. Un d’eux : celui du manque. »
« Je suis né troué », in Ecuador, Œuvres Complètes, La Pléiade, Gallimard, p. 189-190
A l’âge de sept ans, il est envoyé en pensionnat où il connait une période de solitude et de
repli. En 1911, il entre chez les jésuites au collège Saint-Michel de Bruxelles. Il y découvre la
langue française, le latin, l’écriture chinoise, l’ornithologie et l’entomologie. Mystique, il est
alors tenté par la vie monastique et souhaite entrer chez les bénédictins mais son père s’y
oppose.
En 1914, lorsque la guerre éclate, il s’engage dans l’armée mais est réformé pour cause
« d’affection organique du cœur ». Il entreprend sans enthousiasme en 1919 des études de
médecine mais les abandonne rapidement, provoquant la colère de ses parents qui le
privent de toute aide financière.
En 1920, il s’engage comme matelot dans la Marine et part pour l’Amérique du Sud. Mais le
désarmement des bateaux après la Première guerre l’oblige à renoncer à la mer pour revenir
au pays natal.
"A partir de vingt-deux ans, le sentiment de ratage m’a largement envahi. Ma
famille me considérait comme un raté et me le répétait. Elle m’avait vu revenir
matelot, chômeur. J’avais échoué aux examens dans l’enseignement supérieur.
J’avais été refusé aux Colonies, renvoyé de l’école d’officiers de réserve, enfin
réformé. Une tachycardie (sans doute nerveuse) jointe à un souffle très prononcé
et que l’on diagnostiquait insuffisance cardiaque m’interdisait tout effort, toute
aventure. J’en revenais toujours à ne rien faire, terreur depuis toujours des
parents, des responsables, qui vont vous avoir sur les bras."
in Michaux, Œuvres Complètes, La Pléiade, Gall., chronologie, page LXXX
Il découvre alors les Chant de Maldoror de Lautréamont « qui bientôt déclenche en lui le
besoin longtemps oublié d’écrire ». A la suite d’un pari, il commence à écrire, encouragé par
le romancier belge Franz Hellens.
En 1924, à l’âge de vingt-cinq ans, Michaux s’installe à Paris et renie dès lors tout ce qui le
rattache à la Belgique. Il se lie d’amitié avec Jean Paulhan1 et Jules Supervielle. Pour vivre, il
accepte des emplois médiocres : chauffeur de taxi, livreur, surveillant dans un collège,
employé de service dans une petite maison d’édition, correcteur…
Parallèlement à l’écriture, il s’intéresse dès 1925 à la peinture et aux arts graphiques en
général. Il gardera cette activité secrète jusqu’en 1937, date de sa première exposition, mais
dès lors la peinture l’accompagnera. Peinture et écriture seront réunies dans certains
ouvrages : Meidosems (1948), Mouvements (1951).
En 1927, il publie chez Gallimard Qui je fus, un premier recueil d’inspiration surréaliste.
« Je suis habité ; je parle à qui-je-fus et qui-je-fus me parlent. Parfois, j’éprouve
une gêne comme si j’étais étranger. Ils font à présent toute une société et il vient
de m’arriver que je ne m’entends plus moi-même. Allons, leur dis-je, j’ai réglé ma
vie, je ne puis plus prêter l’oreille à vos discours. A chacun son morceau du
temps : vous fûtes, je suis, je travaille, je fais un roman. Comprenez-le. Allez-vous-
en. »
Il parcourt dès lors le monde entier et rédige, outre des textes purement poétiques, des
carnets de voyage : Escuador (1929) d’après un périple à travers les Andes, l’Équateur et le
Brésil ; Un barbare en Asie (1933) suite à la découverte de l’Inde, de l’Indonésie, de la Chine
et du Japon. Il s’agit de voyages d’expatriation, afin de couper toute attache.
« Emportez-moi dans une caravelle,
Dans une vieille et douce caravelle,
Dans l’étrave, ou si l’on veut, dans l’écume,
Et perdez-moi, au loin, au loin… »
« Emportez-moi », in La nuit remue (1935)
En 1938-1939, il s’occupe de la revue « Hermès », sous-titrée « recherches sur l’expérience
spirituelle ». Quand la guerre éclate, Il est alors au Brésil. De retour en 1940, il séjourne au
Lavandou. Pendant la Seconde guerre mondiale, il multiplie les publications, les expositions,
les rencontres d’éditeurs et de peintres (Picasso, Braque, Dubuffet).
En 1941, il se voit reconnu par ses pairs lorsqu’André Gide publie Découvrons Henri
Michaux où l’on lit :
«Il excelle à nous faire sentir intuitivement aussi bien l’étrangeté des choses
naturelles que le naturel des choses étranges ».
Il épouse en 1943 Marie-Louise Ferdière qu’il aime depuis 1934.
Avec Paul Eluard (le Livre ouvert) et René Char (Commune présence), il est un des rares
poètes français à avoir composé une anthologie de ses propres œuvres, L’espace du
dedans (1940) qui comporte toutefois des erreurs de dates et des omissions.
1 Jean Paulhan (1884 – 1968) est un écrivain, critique et éditeur français. Il fut directeur de la Nouvelle revue
Française de 1953 à 1968. Présent au début du surréalisme, il découvrit Henri Michaux, Jean Giono, Antonin Artaud ou Francis Ponge et soutint dans la clandestinité la création des Editions de Minuit.
Mais en 1948, sa femme meurt des suites de brûlures dues à un accident domestique. Il
prend alors de fortes doses d’éther et de laudanum pour apaiser son anxiété.
En 1954, il obtient la nationalité française et expose en 1956 à la galerie La Hune à Paris,
des dessins, aquarelles et gouaches, qui, au même titre que ses poèmes parurent bien
étranges au grand public. La même année, à l’âge de soixante-dix-sept ans, il expérimente
sous contrôle médical la mescaline, drogue extraite du peyotl et qui produit des troubles
hallucinatoires. Il prend soin de noter ou dessiner ses impressions pendant ces séances et
plusieurs années durant, il multiplie les expériences (LSD, chanvre, gardénal…).
Les signes d’une ostéoporose apparaissent en 1957, faisant étrangement écho au vers « Je
suis né troué » dans Escuador (1929).
A partir des années 1960, il est largement reconnu. En 1968, il abandonne le champ
d’expérimentation que constituaient les drogues pour s’intéresser au domaine des rêves
(Façons d’endormi, façons d’éveillé, 1969). Les dernière années se déroulent dans
l’apaisement et l’équilibre (Chemins cherchés, chemins perdus, transgressions, 1981). Il
meurt le 19 octobre 1984 des suites d’un infarctus, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il fut
incinéré au Père-Lachaise.
Écrivain discret et secret, Henri Michaux a toujours fui la notoriété, les honneurs et la
publicité. Il n’accorda jamais de véritable entretien et n’apparut jamais à la télévision2.
« Celui qui lit mes livres m’y trouve plus sûrement qu’en chair et en os ».
Il refusa que ses œuvres paraissent de son vivant en poche, effrayé à l’idée d’augmenter le
nombre de ses lecteurs. Son œuvre même n’est pas autobiographique, il s’y cache,
multipliant les fausses pistes.
2 Il apparaît dans un reportage de l’émission Soir 3 du 12 janvier 1983, lorsque l’écrivain argentin José Luis
Borges donna une conférence de presse au Collège de France.
Le recueil poétique
Plume est un recueil poétique publié en 1938 composé à partir de quatre recueils antérieurs
(de 1930 à 1936). L’œuvre est composée de treize chapitres se présentant comme des
récits très courts mettant en scène le personnage de Plume dans des aventures parfois
cocasses ou rocambolesques, parfois surréalistes.
Les circonstances d’écriture
Un certain Plume, composé après un voyage en Équateur est publié par Paulhan en 1930.
La même année, Henri Michaux perd successivement son père et sa mère. Au mois de mai,
il part alors en Turquie, en Italie et en Afrique du Nord. La même année, les aventures de
Plume paraissent dans la revue Commerce puis aux Editions du Carrefour. L’édition
définitive sort en 1938 enrichie de quatre nouveaux textes : Plume à Casablanca, L’hôte
d’honneur du Bren club, Plume au plafond et Plume et les culs-de-jatte.
« Avec Plume, je commence à écrire en faisant autre chose que de décrire mon
malaise. Un personnage me vient. Je m’amuse de mon mal sur lui. Je n’ai sans
doute jamais été aussi près d’être un écrivain. Mais ça n’a pas duré. Il est mort à
mon retour de Turquie, aussitôt à Paris. A Paris, je redeviens moi-même. »
Dialogues, in Michaux par Bréchon, NRF,p.205
Les différents épisodes de Plume laissent penser que Michaux est passé par Berlin, la
Bulgarie, Vienne… avant d’arriver en Turquie.
Plume était l’œuvre préféré de Michaux lui-même.
Un nom de Plume
Plume est le nom du personnage principal
du recueil. C’est un anti-héros, l’alter-ego
de l’auteur. Son caractère errant exprime
le thème du voyage. Mais c’est aussi un
être passif et faible, ne comprenant pas le
monde qui l’entoure.
Le terme « plume » renvoie tout aussi bien à la plume d’oiseau, évoquant la fragilité, la
légèreté, l’envol, que la plume du stylo, symbole de l’écrivain. Ainsi, ce double sens peut
s’interpréter comme la faiblesse de l’écrivain, incapable de transformer le monde, mais
seulement de créer un milieu propice au vol vers un autre monde lui aussi fragile, inconstant
et contradictoire. La plume est la métaphore incarnant le poète, être frêle dont l’inspiration le
fait voyager.
La forme
Le recueil rassemble 13 poèmes en prose, de moins d’une page à quelques pages. Les
textes sont numérotés en chiffres romains, ce qui suggère une suite d’épisodes fragmentant
un même récit.
Une des caractéristiques de cette poésie est sa narrativité, condensée ici autour d’un seul
personnage.
Le résumé
I. Un homme paisible :
On vole sa maison, sa femme est écrasée par un train mais Plume se rendort à chaque fois,
indifférent, alors même qu’il est jugé et condamné à mort.
II. Plume au restaurant :
Il commande une côtelette qui n’est pas inscrite sur la carte du restaurant. Le maître d’hôtel
s’en rend compte et appelle le chef de l’établissement. Puis interviennent l’agent de police, le
commissaire, le chef de la sûreté et les pompiers. C’est un scandale, Plume s’en excuse
mais un agent veut lui cogner dessus s’il n’avoue pas tout au téléphone.
III. Plume voyage :
Les autres voyageurs sont méprisants avec lui. On l’écrase, on s’essuie sur son veston. Il se
fait rejeter du train, de l’hôtel du Colisée mais Plume ne se plaint jamais. Modestement, il
pense à ceux qui ne voyagent pas.
IV. Dans les appartements de la Reine :
La Reine pousse Plume à la déshabiller, le fait mettre nu et l’attire dans son lit. Elle lui
demande de lui parler du Danemark car « sa majesté [le roi] aime beaucoup les danois ».
Mais le Roi entre et Plume se fait de nouveau avoir par sa naïveté.
V. La nuit des Bulgares :
Plume et ses deux compagnons assassinent sept bulgares dans un train. Ils les installent
dans un compartiment et les poussent pour avoir plus de place. Lorsqu’une vieille dame
entre, ils lui expliquent que ces hommes dorment et ont froid. Celle-ci s’endort. Ils balancent
progressivement les bulgares par la fenêtre et fuient à l’arrivée du train en gare.
VI. La vision de Plume :
Assis au bord de son lit, Plume rêve de fromage et assiste à une arrivée de cavaliers.
Soudain leur chef apparaît, tombe de cheval, meurt et dévale le chemin.
VII. Plume avait mal au doigt :
Sa femme lui conseille de consulter le médecin. Mais celui-ci veut l’amputer : Plume est
riche, il n’a pas besoin de tant de doigts. Comme seule excuse, Plume souhaite écrire à sa
mère, cela fait longtemps. Mais il finit par y renoncer et se fait couper le doigt. De retour chez
lui, sa femme lui reproche de ne pas l’avoir consultée. Elle ne veut pas vivre avec un infirme
qui deviendra sadique.
VIII. L’arrachage des têtes :
Deux assassins arrachent la tête d’un homme, de sa femme et de son chien et les rapportent
à un homme qui ne dit ni oui ni non. Ils lui offrent comme s’ils les avaient trouvées par
hasard et s’enfuient dans la nuit.
IX. Une mère de neuf enfants ! :
A Berlin Plume est entraîné par une femme et ses amies dans un hôtel sordide où il est
dépouillé jusqu’à minuit et quart. Il s’en souviendra.
X. Plume à Casablanca :
Plume change à tout moment de priorité et ainsi n’achève rien : faire des courses, trouver un
hôtel, aller à la Société Générale, voir une danse du ventre ; se restaurer, chercher
l’emplacement du bateau qu’il prendra le lendemain, faire un tour du côté des douanes… Il
rencontre alors la police qui dès lors le surveille.
XI. L’hôte d’honneur du Bren Club :
Plume mange des repas horribles : dinde à l’asticot, salade au cambouis… il mange même
un serpent « par politesse ». Sa voisine s’étouffe avec une langue de mouton. On fait mine
de la sauver mais on la tue.
XII. Plume au plafond :
Un moment d’inattention et Plume se retrouve au plafond. Malheur à lui s’il descend car il
peut mourir. Mais une équipe du Bren Club le trouve et le fait redescendre. On salue son
courage.
XIII. Plume et les culs-de-jatte :
Plume tombe sur une réunion de culs-de-jatte qui se tient dans un arbre. Il les aide à grimper
mais soupire : « Fatigue ! Fatigue ! on ne nous lâchera donc jamais ? »
Les aventures de Plume que l’on retrouve dans le spectacle sont :
Un homme paisible
Plume à Casablanca
Plume au plafond
Quizz Plume
A. A propos du texte Plume au plafond
1. « Dans un stupide moment de distraction, Plume marcha les pieds au plafond, au lieu
de les garder à terre. Hélas, quand il ……………, il était trop tard (…). Il était perdu. »
a. s’en aperçu
b. sans apercu
c. s’en aperçut
2. « Avec épouvante, il voyait le lointain plancher, le fauteuil autrefois si ………………,
la pièce entière, étonnant …………………….. »
a. Acceuillant / abime
b. Accueillant / abîme
c. Aceuillant / habime
3. Comme il aurait voulu être dans une cuve pleine d’eau, dans un piège à loups, dans
un coffre (…), plutôt que là, seul (…) sur ce plafond (…) d’où redescendre …………,
autant dire, se tuer ».
a. Eût été
b. Eut été
c. Eu était
4. « Si encore il ………………….. entrer dans le plafond, y terminer en paix, quoique
rapidement, sa triste vie… »
a. Avait pu
b. Aurait pu
c. Aurai pus
5. « On était ……………. . On s’excusait auprès de lui. On accusait à tout ………………
un organisateur absent. »
a. Gené / hasart
b. Géné /, hazard
c. Gêné / hasard
6. « On flattait l’orgueil de Plume qui n’avait pas perdu courage, alors que tant d’autres,
démoralisés, se ……………… ………………………. Dans le vide (…). »
a. Furent jetés
b. Fussent jetés
c. Fussent jeter
Réponses :1.c / 2.b / 3.a / 4.a / 5.c / 6.b.
B. Des noms de plume : Qui se cache derrière ces pseudonymes ?
1. Voltaire
2. Stendhal
3. George Sand
4. Jean-Baptiste Poquelin
5. Emile Ajar
6. Comte de Lautréamont
a. Isidore Lucien Ducasse
b. Molière
c. François-Marie Arouet
d. Amantine Dupin
e. Romain Gary
f. Henry Beyle
C. Des noms d’oiseaux : A quels oiseaux appartiennent ces plumes ?
Au choix : pigeon – oie – canard – paon – autruche – faisan – cygne
a.
Une Plume de ………………………....
b.
Une Plume de ………………………....
c.
Une Plume de ………………………....
d.
Une Plume de ………………………....
e.
Une Plume de ………………………....
f.
Une Plume de ………………………....
Réponses :
B : 1.c / 2.f / 3.d / 4.b / 5.e / 6. a
C : a. autruche / b. canard / c. cygne / d. faisan / e. oie / f. paon
MUSIQUE EN MOTS
ou comment les mots deviennent musique
Ensemble Dulcisona
L’extravagant monsieur Plume
Monsieur Plume est un homme poli, serviable, mais très distrait : sa propre épouse se fait
écraser par un train sans qu’il ne réagisse ; par mégarde, il se retrouve même à marcher au
plafond...
Plume le bien nommé, sorte de Candide moderne, vit en apesanteur dans cet univers
plombé. Constamment décalé, il essuie les plus improbables mésaventures avec bonne
humeur et fatalisme.
Plume est certainement une des œuvres les plus connues d’Henri Michaux, publiée en 1938,
elle témoigne de la perplexité d’un homme face à ses contemporains, de sentiment
d’étrangeté dans le monde. Le compositeur contemporain José EVANGELISTA, met en
musique Plume à trois moments de ses pérégrinations: Un homme paisible, Plume au
plafond et Plume à Casablanca.
Si le texte est confié à la voix de soprano en un récit linéaire, le violoncelle dans son
babillage surprenant décrit le monde tel que le ressent Plume. S’inspirant des voyages de
Plume et de son monde intérieur, nous explorerons le répertoire de la musique ancienne à la
recherche d’univers singuliers, d’étrangetés particulières. Mélangeant les genres et les
styles, notre Plume se fraiera un passage dans des musiques aux sonorités multiples,
insoupçonnées.
Au programme également…
Des extraits des films d’animation de Charley Bowers …
Charles R. Bowers (1889 – 1946) est un
réalisateur et acteur connu en France
sous le nom de Bricolo. Pionnier du film
d’animation dès 1912, il adapte pour le
cinéma la bande dessinée de Rudolph
Dirks Pim, Pam, Poum (The
Katzenjammer kids en version originale).
En 1916, il monte son premier studio d’animation Mutt & Jeff Inc., des prénoms de ses deux
personnages fétiches, puis fonde le studio Barré-Bowers-Fisher, firme très productive (plus
de deux-cent-cinquante épisodes de la série animée Mutt & Jeff). Mais plusieurs conflits
éclatent entre les trois associés et Bowers est évincé.
Entre 1924 et 1930, il réalise des courts métrages burlesques. A la fois scénariste,
interprète, cameraman, producteur, il met au point le Bower Process, procédé
photographique mêlant vues réelles et animation, pour des effets et trucages surprenants. Il
crée alors le personnage de Bricolo - à la manière de Charles Chaplin ou Harold Lloyd -
sorte d’inventeur loufoque, capable de rendre les œufs incassables (Egged on,1926 – Pour
épater les poules, VF), la peau de banane antidérapante (Many a slip, 1927) ou de créer des
chaussures dansant toutes seules (Fatal Foolstep, 1926 – Le roi du charleston, VF).
Many a sleep (1937) It’s a bird (1930) (Bricolo inventeur, VF)
En 1936, s’oriente avec succès vers la publicité, illustre et écrit des livres pour enfants mais,
très malade, il cesse ses activités en 1941 et meurt en 1946 à l’âge de 57 ans.
La berceuse de Tarquino Merula (1638)…
Etrange berceuse où la Vierge, tout en berçant son fils, lui annonce les souffrances de la
Passion.
Un extrait de la partition…
Sa traduction
Berceuse
“Canzonetta spirituale sopra alla nanna”
Taquino Merula (1594/95 – 1665)
Hor ch'è tempo di dormire Maintenant qu’il est l’heure de dormir,
Dormi dormi figlio e non vagire, dors mon fils et ne pleure pas,
Perchè, tempo ancor verrà parce que viendra l’heure
Che vagir bisognerà où il faudra pleurer.
Deh ben mio deh cor mio Fa, De grâce, mon trésor,
Fa la ninna ninna na de grâce, mon cœur, fais dodo.
Chiudi, quei lumi divini Fermes ces yeux divins
Come fan gl'altri bambini, comme le font les autres enfants,
Perchè tosto oscuro velo parce qu’un sombre voile
Priverà di lume il cielo privera bientôt le ciel de lumière.
Deh ben mio ..., De grâce, mon trésor…
Over prendi questo latte Ou bien prends ce lait
Dalle mie mammelle intatte de mon sein pur,
Perchè ministro crudele parce qu’un cruel ministre
Ti prepara aceto e fiele te prépare du vinaigre et du fiel.
Deh ben mio ..., De grâce, mon trésor…
Amor mio sia questo petto Mon amour, que ce cœur
Hor per te morbido letto te soit à présent un doux lit
Pria che rendi ad alta voce avant que dans un cri tu ne rendes
L'alma al Padre su la croce l’âme au Père sur la croix.
Deh ben mio ..., De grâce, mon trésor…
Posa hor queste membra belle Repose à présent tes membres
Vezzosette e tenerelle jolis, tendres et mignons,
Perchè poi ferri e catene parce qu’après entraves et chaînes
Gli daran acerbe pene les feront cruellement souffrir.
Deh ben mio ..., De grâce, mon trésor…
Queste mani e questi piedi Ces mains et ces pieds
Ch'or con gusto e gaudio vedi que tu regardes avec plaisir et joie,
Ahimè com'in varij modi comme les clous pointus, hélas,
Passeran acuti chiodi les transperceront de diverses manières!
Questa faccia gratiosa Ce charmant visage,
Rubiconda hor più di rosa plus rouge que rose, à présent,
Sputi e schiaffi sporcheranno sera souillé de crachats et souffleté,
Con tormento e grand'affano en proie au tourment et à l’angoisse.
Ah con quanto tuo dolore Ah, avec quelle souffrance,
Sola speme del mio core seul espoir de mon cœur,
Questo capo e questi crini cette tête et ces cheveux
Passeran acuti spini subiront des épines acérées.
Ah ch'in questo divin petto Ah, une lance infâme et perfide,
Amor mio dolce diletto mon cher et doux amour,
Vi farà piaga mortale blessera mortellement
Empia lancia e disleale ce cœur divin.
Dormi dunque figliol mio Dors donc, mon fils
Dormi pur redentor mio dors bien, mon rédempteur,
Perchè poi con lieto viso parce que nous nous verrons
Ci vedrem in Paradiso au paradis, remplis de bonheur.
Hor che dorme la mia vita Maintenant que dort ma vie,
Del mio cor gioia compita la joie accomplie de mon cœur,
Taccia ognun con puro zelo que chacun se taise avec grand soin,
Taccian sin la terra e'l Cielo que la terre et le ciel même se taisent.
E fra tanto io che farò Et moi, que ferais-je pendant ce temps?
Il mio ben contemplerò Je contemplerai mon trésor.
Ne starò col capo chino Là je resterai la tête penchée
Sin che dorme il mio Bambino tant que mon enfant dort.
Ensemble Dulcisona
Fondé en 2003, L’Ensemble Dulcisona se délecte à jouer le répertoire ancien allant de la
délicieuse Renaissance au baroque le plus flamboyant. L’ensemble se veut également le
vecteur de la musique des XXe et XXIe s.
De la mise en regard de ces styles différents, les musiques s’illuminent, se densifient, se
reflètent, font naître l’émotion.
La direction artistique et le chant sont confiés à Anne Périssé dit Préchacq,
Anne-Garance Fabre dit Garrus au violoncelle baroque ou à la viole de
gambe et Isabelle Chevalier à l’orgue ou au clavecin l’accompagnent.
Ces trois artistes reconnues constituent l’âme de cet ensemble, elles se retrouvent dans un
même désir de mettre à jour un répertoire peu connu. La joie d’en révéler la préciosité,
l’émotion à fleur de peau et l’intense expressivité se dégagent des concerts de l’Ensemble.
L’Ensemble Dulcisona a le plaisir d’accueillir en son sein des musiciens talentueux au gré
des projets : chanteurs, instrumentistes, conteur ou encore marionnettiste nous rejoignent
pour créer des spectacles vivants alliant émotion et vivacité d’esprit.
L’ensemble parle du féminin, de la parole des femmes. Nous aimons mettre en lumière des
femmes d’exception, la compositrice Barbara Strozzi est une de ces figures féminines que
nous faisons découvrir dans nos concerts.
En se fondant sur l'identité et la spécificité des lieux de concerts, l’ensemble Dulcisona
élabore des programmes qui prennent place dans l'univers spécifique de chaque lieu. Les
voûtes résonnent, les pierres reflètent les mélismes.
Association Cantatrix 5 Bd Moulin Guieu 13013 Marseille 06 62 50 06 11 [email protected] -http://cantatrix.free.fr
Les biographies des artistes
Anne PERISSE DIT PRECHACQ - Directrice artistique, Soprano
Artiste aux talents multiples, Anne Périssé dit Préchacq exerce avec un égal bonheur les
métiers de chanteuse, chef de choeur et pédagogue.
En parallèle d’une Maîtrise de Musicologie, elle obtient un 1er Prix de chant des
Conservatoires de Paris en 2003 et un 1er Prix de Direction de Choeur du CNR de Marseille
en 2002. Musicienne éclectique, elle aborde des répertoires très variés, allant de la musique
ancienne à la musique contemporaine. Soliste ou choriste, elle chante au sein de formations
prestigieuses telles que l’Ensemble Musicatreize de Roland Hayrabédian, Résonance
Contemporaine d’Alain Goudard, la Maîtrise de Notre-Dame de Paris dirigée par Lionel Sow
ou encore l’Ensemble C Barré ? dirigé par Sébastien Boin. A la scène, elle incarne les Trois
Dames et Papagena dans La Flûte enchantée de Mozart montée par l’Ensemble Carpe
Diem de Jean-Pierre Arnaud en 2010.
Douée d’un goût prononcé pour la pédagogie, elle enseigne à la Maîtrise de Radio- France,
de Notre-Dame de Paris, ou encore de Saint-Christophe de Javel. Désireuse de partager
son amour de la musique et plus spécifiquement de la musique contemporaine, elle crée et
dirige l'Ensemble vocal Kaléidoscope à Paris en 2007. Depuis 2002, elle est directrice
artistique du Festival Drôles d’airs – Rencontres vocales dans le Lot.
Isabelle CHEVALIER – Orgue, clavecin
Isabelle Chevalier a débuté la musique au CNR de Marseille où elle a suivi l'enseignement
de Pierre Barbizet, puis de Marie-Louise Jacquet-Langlais et de Pierre Perdigon. Elle obtient
une médaille d’or, ainsi qu’un CAPES de musicologie au terme d’études à l’Université d’Aix
en Provence, et un CA de Formation Musicale. Elle fréquente régulièrement l’Académie
d’orgue de Romainmôtier (Suisse), où elle s’initie aux styles des grands courants historiques
de l’orgue ; elle a régulièrement participé au festival d’orgue de Suisse Romande, comme
soliste invitée.
Elle travaille également l’improvisation auprès de Rudolph Lutz, professeur à la Schola
Cantorum de Bâle.
Actuellement Isabelle Chevalier mène une double carrière de concertiste et de pédagogue :
Enseignante au CNR de Marseille, elle se produit également au sein de nombreuses
formations, participant activement à la vie musicale régionale : concerts avec l’ensemble
Télémaque, avec Musicatreize, Chorégies d’Orange avec l’Orchestre de Radio France.
Son attirance pour la musique ancienne la conduit à approfondir ses recherches dans ce
domaine, et elle est régulièrement appelée comme continuiste dans diverses formations.
Anne-Garance FABRE DIT GARRUS - Violoncelle baroque, Viole
de Gambe
Anne-Garance Fabre dit Garrus est issue d’une longue lignée de 6 générations de musiciens
et d’artistes. C’est son grand-père, lui-même violoncelliste et artiste peintre qui lui prodigua la
première initiation musicale à l’âge de huit ans. A 10 ans, elle débute le violoncelle avec son
père Bernard Fabre Garrus, qui, avant d’être le grand chanteur et chef de l’ensemble A Sei
Voci que l’on sait, fut violoncelliste et ancien élève élève d’André Navarra.
Dès lors elle suit des études musicales classiques avec un cursus complet au conservatoire.
Anne-Garance étudie ensuite le violoncelle baroque avec David Simpson au CNR de Paris
et la Viole de gambe avec Nima Ben David au CNR de Boulogne. Continuiste de l’Ensemble
A Sei Voci pendant plus de huit années, elle trouve dans ce poste le moyen d’allier l’amour
du chant transmis par son père avec celui de son instrument. Violoncelliste de l’Ensemble
Matheus, elle joue régulièrement au sein de l’Ensemble Aquilon et de la Chapelle Rhénane.
Elle fait aujourd’hui partie des fondateurs d’Una Stella.
Le concert pédagogique
«L’extravagant monsieur Plume»
Rappel des modalités
Les établissements du 1er degré se reportent à la circulaire annuelle départementale d’appel
à fiches « action » - Toute inscription doit être validée par l’IEN. http://www.ia13.ac-aix-
marseille.fr
Établissement du 2d degré : Inscription dans le papet avant le 21 septembre 2012 : Cf.
www.ac-aix-marseille.fr pédagogie action culturelle domaine d’actions domaine
musique actions spécifiques
Cette inscription sera confirmée à l’établissement après concertation partenariale avant fin
octobre 2012.
Contenu de l’atelier
Un dossier pédagogique axé sur les aspects littéraires, musicaux et visuels sera mis à la
disposition des enseignants afin qu'ils préparent leurs élèves en amont du concert.
S’inspirant des voyages de Plume et de son monde intérieur, ce concert pédagogique
explore le répertoire de la musique ancienne à la recherche d’univers singuliers, d’étrangetés
particulières. Mélangeant les genres et les styles, Plume se fraiera un passage dans des
musiques aux sonorités multiples, insoupçonnées.
Dates et Horaires
Vendredi 31 mai 2013 de 14h à 16h
Nombre de classes et niveaux
Cinq classes – Primaire cycle 3, Collège 6ème
Bibliographie
En relation avec le spectacle
Bibliothèque Alcazar – Département jeunesse
MICHAUX, Henri, Plume précédé de lointain intérieur. Gallimard/poésie
WEIL, Camille, Poèmes de Henri Michaux. Gallimard jeunesse, 2012
REY, Jean-Dominique, Henri Michaux: L'atelier des brisants, 2001
BAATSCH, Henri-Alexis, Henri Michaux, Peinture et poésie. Hazan, 2008
MICHAUX Henri, Un certain plume (bibliothèque Louis Brauquier)
Œuvres choisies : Henri Michaux 1927-1984 (Musée de Marseille)
L'intégrale de Charley Bowers, DVD. 2003. Lobster Films, Collection Retour de flammes ; hors-série.
EVANGELISTA, José, Clos de vie- Piano concertant, CD. 1992