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LLiisseennttExtraits du Nouvel Educateur 178‐179 de l'ICEM ‐ Pédagogie Freinet
Des recommandations directives !
JeanMichel Blanquer, a annoncé dans la presse le retour au B.A BA pour luttercontre la baisse de niveau avec notamment une dictée quotidienne – déjà préconisée parNajat Vallaud Belkacem – et le calcul mental quotidien – déjà en place depuis quelquesannées...Quatre circulaires ont été publiées avec des recommandations fermes car « La libertépédagogique n'a jamais été l'anarchisme ».Des livrets, véritables guides « fondés sur l'état de la recherche » sont partis pour les écoles etainsi «conseiller» les bonnes pratiques pédagogiques aux professeurs de CP. JeanMichelBlanquer s'est inspiré des travaux de Stanislas Dehaene président du Conseil scientifique pourbannir les méthodes de lecture qui ne seraient pas syllabiques, comme si l'étude des syllabesn'existait pas dans les autres méthodes. Le fantasme de la méthode globale lui est bien utilepour rassurer et flatter l'opinion publique.La circulaire sur la lectureSuite aux mauvais résultats de la France aux enquêtes internationales, le retour au B.A BA estune évidence – sauf que les élèves français déchiffrent très bien, mais ont de grosses difficultésdans la compréhension de textes complexes.Alors ? Ces résultats seraientils un prétexte pour préconiser la phonétique ?Le code alphabétique, la cléEn maternelle. Si l’écoute de textes lus par l’adulte est en effet un incontournable, dans laprésentation du ministre, elle s’instrumentalise très vite. En effet, ces textes seront des« récits » choisis par l’enseignant pour suivre une progression de vocabulaire, de constructionde phrases et préparer l’apprentissage de la lecture en « maîtrisant le code alphabétique ».Que deviennent les coups de cœur liés à la vie de la classe, aux questionnements desenfants ? Que deviennent la lecture des dessins, des images, des premiers textes dictés àl’adulte, ceux des cahiers de vie… tout ce qui se lit du monde.Au cours préparatoire. Et bien sûr après cette sensibilisation phonologique, l’enfant déchiffrera(on ne parle pas de lecture) des textes simples grâce aux correspondances lettres et sons. Ilfaudra qu’il s’entraîne beaucoup pour avoir une lecture fluide à voix haute, une aisanced’apparence qui ne s’occupera guère du sens. Les textes plus complexes lui seront proposésplus tard. Le ministre semble ignorer que les enfants des milieux favorisés n’attendront pasl’école pour y être confrontés et bien avant la maternelle…La lecture à voix haute est l’objectif premier du ministrePour lui, être un bon lecteur, c’est déchiffrer avec fluidité un texte avec expression si possible…voire le réciter et le théâtraliser.Pour résumer : plus je lis vite, plus on me propose des textes longs et difficiles et plus je lisavec fluidité… une progression très rapide. Mais moins je lis vite, moins on me propose destextes longs et difficiles… une progression très lente.Et la lecture personnelle ?Elle est toujours guidée par l'enseignant pour répondre aux besoins de la progressiond'apprentissage, mais en fin d’école primaire il sera consenti un temps de lecture libre auxenfants…Pour avoir le droit de lire ce qu’on désire, ce qui plait, ce qui fait rêver… il aura fallu passer partoute une progression technique sur le code qui démarre en maternelle et risque d’éteindre ledésir de lire voire d’apprendre à lire… et aura enfermé certains enfants dans la lecture scolairependant que d'autres se seront aventurés dans de multiples lectures depuis longtemps chezeux.Un constat amer !JeanMichel Blanquer sépare deux enfances : celle qui est entourée de livres, de lectures, dedécouvertes du monde dès la naissance et celle qui ne les découvre qu’à l’école. Il a beauproposer beaucoup d'initiatives de lecture à l’école, il ne pourra pas combler les inégalités enprogrammant ainsi l’apprentissage de la lecture du plus simple au plus complexe, puisque lacomplexité ne fait pas partie de l’environnement de tous les enfants. Il aggravera même lasituation puisqu’il réduira l’appétit de nombreux enfants pour la lecture complexe du monde.
Edito Catherine Chabrun
De la syllabique...à la syllabique
Si l’on se réfère aux historiens del’Antiquité, l’apprentissage de lalecture s’est toujours fait de manièresynthétique : les élèvescommençaient par apprendre lesvoyelles (associées chez les Grecs auxsept notes des sphères célestes), puisles consonnes ; ensuite les syllabes (b‐a ba) – d’où le nom de méthodesyllabique – pour former des motspuis enfin des phrases. Méthode bienconnue, n’est‐ce pas,qui renaît actuellementune fois de plus de sescendres, méthodeunique jamais remise encause jusqu’aux débutsdu XXéme siècle.
Que s’est‐il donc passé en cesdébuts du XXéme siècle pour quecette méthode ancestrale du b‐a bacommence à être remise en questionet que les enseignants d’alorscherchent de nouvelles méthodes ?C’est que, à une époque qui veutl’éducation pour tous, on s’aperçoitque, malgré tout le temps passé parl’école obligatoire à l’apprentissagede la lecture, les Français ne lisentpour ainsi dire pas. La majoritéd’entre eux savent certes déchiffrer,mais ne sont pas lecteurs. Pire : laplupart ne comprennent pas quandils « lisent ».La psychologie cognitive fait dans le
même temps de grands progrès.Des chercheurs (Claparède entreautres) comprennent que dans toutapprentissage, l’esprit ne va pas dusimple au complexe, comme onaime à le répéter alors, mais desensembles aux éléments : lecerveau humain fonctionned’abord par dissociations (ouanalyses) et non d’emblée parassociations (ou synthèses). Et celaest encore plus vrai en ce quiconcerne le jeune enfant.Vient donc l’idée, en ce qui
concerne lalecture, de partirde petits textessimples que lejeune lecteurdécomposerapeu à peu, et demanièrespontanée, enphrases, puis en
mots, en syllabes et en lettres. Tel estle principe d’une nouvelle méthodeque l’on nommera globale (ouanalytique) qui est principalementrattachée au nom de Decroly,médecin belge qui travaillait avecdes enfants en difficulté. Cetteméthode « globale » sera reprisepar les pédagogues genevois pouren faire la méthode officielle dansles écoles de Genève. Le grandavantage de cette manière defaire est que, partant d’un texte àla portée des enfants, la notion delecture reste centrée sur le sens dece qui est lu, et partant, sur le plaisir
Ainsi veuton créer devéritables lecteurs (quicomprennent ce qu’ils
lisent), et non desimples « liseurs ».
Regard sur l'histoire des méthodes de lecture
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de lire. Ainsi veut‐on créer devéritables lecteurs (qui comprennentce qu’ils lisent), et non de simples «liseurs ».Le Dr Decroly avait montré, par sesobservations et expériences, quel’enfant est capable d’appréhenderle mot et la phrase avant d’en distin‐guer les éléments constitutifs, mais àcondition bien sûr que cette phrasesoit insérée intimement dans lecontexte de vie des individus.Quand on écrit au tableau etimprime : “ Avec une pile et uneampoule, Mimile nous fait de lalumière ”, les mots sont intégrés natu‐rellement, sanspasse‐passescolastique,dans unepensée et unévénementvécus.Ils s’inscrivent de ce fait, natu‐rellement, et avec un maximum desûreté, dans le complexe d’acqui‐sition et de vie. (...)Cette méthodeglobale pure, où l’enfant décomposespontanément les textes pourdécouvrir les lettres et qui doit durer,selon Decroly, sur une période detrois ans, ne sera en fait jamaisappliquée en France. Certes lestenants de la méthode mixte partirontbien d’un texte qui sera décomposéen mots, syllabes et lettres (analyse) ;mais tout aussi‐ tôt (en quelquessemaines) on apprendra aux enfantsà recomposer les lettres en d’autressyllabes, elles‐mêmes recomposéesen nouveaux mots (synthèse). Mais ce
qui importe, c’est que cetteméthode mixte retient de laméthode globale l’idée majeureque, si l’on veut faire des lecteurs, ilfaut partir de l’intelligence du texte.A aucun moment, ce qui est lu nedoit être privé de sens pourl’enfant.Mais dès ses débuts officiels(après guerre), tout commeaujourd’hui, la méthode globale,jamais donc intégralement mise enœuvre, sera en butte àd’incessantes attaques qui necesseront d’augmenter. Dans lesannées cinquante, Freinet écrivait
à ce sujet :
« Il faut, danstoute périodedifficile, trou‐ver un boucémissaire… Si
les enfants lisent moins bien qu’au‐trefois, c’est la faute à la méthodeglobale… La méthode globale n’estemployée dans aucune école fran‐çaise comme méthode de base,mais elle n’est pas moins déclaréeresponsable… »
Catherine Chabrunet Jean‐Yves Fournier
Membres de l’ICEM
Si l’on veut faire deslecteurs, il faut partir del’intelligence du texte.
La méthode globale n’estemployée dans aucune écolefrançaise comme méthode de
base, mais elle n’est pasmoins déclarée responsable…
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Les méthodes intégratives :une alternative à la syllabique
Gilles de Robien a choisi de réhabiliter laméthode syllabique, symbole des « bonnesvieilles valeurs » ainsi que le luirecommandaient ses conseillers encommunication.Pour justifier sa campagne derestauration de la méthode syllabique, leMinistre reproche à toutes les autresméthodes de faire « commencerl’apprentissage de la lecture par uneapproche globalependant plusieurssemaines, pour n’envenir qu’ensuite à ladécouverte dessyllabes ».C’est ignorer quel’immense majoritédes 35 000 instituteurschargés de l’appren‐tissage initial de la lecture n’utilisent plus lesméthodes syllabique, mixte ou globalemais plutôt celles forgées progressive‐ment dans les pays francophones aucours des trente dernières années. Cesnouvelles méthodes, qui sont cohérentesavec les principaux résultats desrecherches scientifiques récentes,prennent appui sur des albums delittérature de jeunesse ou, le plus souvent,sur des manuels que les éditeurs diffusentsous des noms de marque : Abracadalire,Crocolivre, Ribambelle, etc. Si elles ont fait
la preuve de leur efficacité, ellesprésentent cependant un défautmajeur, celui de n’avoir pas de nom,pas même un qualificatif qui permettraitde les regrouper et de les distinguer destrois précédentes.Pour palier ce manque, nous pouvonsqualifier ces méthodes d’« intégratives »,parce qu’elles visent à développersimultanément, et en interaction, toutes
les compétencesrequises pour lire etécrire. Les méthodesintégratives sedistinguent donc à lafois des méthodessyllabique et mixte,qui se consacrentexclusivement audéchiffrage des
mots (B + A = BA) et de la méthodeglobale qui retarde ou rend aléatoirel’étude des relations entre lettres et sons.
Si les méthodes intégratives ontprogressivement supplanté lesapproches syllabique et mixte, c’estparce que celles‐ci délaissaient despans entiers de l’apprentissage : lesactivités d’écriture y étaient rares,l’étude de phrases complexes et detextes cohérents renvoyée au coursélémen‐taire, et l’accès à la littérature
Nous pouvons qualifier cesméthodes d’« intégratives »,
parce qu’elles visent àdévelopper simultanément,et en interaction, toutes lescompétences requises pour
lire et écrire.
Le 2 septembre 2005, Roland Goigoux, avec l’article « La guerre des méthodes estfinie » paru dans la rubrique Rebonds du quotidien Libération, expliquait que lesméthodes globale, syllabique et mixte n’étaient pour ainsi dire plus pratiquées. Il
proposait de qualifier les méthodes utilisées d’« intégratives ».Le texte présenté dans ces pages est issu de cet article.
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de jeunesse réservé aux meilleurs lecteurs,ceux qui avaient terminé leurs exercicesavant les autres. Bref, elles reposaient surune conception étapiste de l’ens‐eignement de la lecture : les élèvesdevaient apprendre à identifier les motsécrits avant d’êtremis face à desproblèmes decompréhension detextes, maîtriser lesmécanismes debase avant d’ac‐céder à la cultureécrite, apprendreà lire avant d’ap‐prendre à écrire, etc.Depuis une vingtaine d’années, lesrecherches scientifiques permettentd’attester au contraire que les progrèsréalisés dans un domaine favorisent lesautres apprentissages. C’est pourquoi lesprogrammes scolaires recommandent dedévelopper dès l’école maternelle lescompétences qui sous‐tendent lacompréhension, sans attendre que lesprocessus d’identification des mots soientinstallés. […]Ceux qui réclament aujourd’hui le retourdes méthodes syllabiques, avec desarguments idéologiques touchant au sensde l’effort et à la nécessaire austérité desapprentissages, n’ont souvent affaire qu’àdes élèves issus de milieux sociauxfavorisés : ils veulent réduire l’ensei‐gnement de la lecture au seuldéchiffrage car ils savent que les famillesde ces élèves peuvent transmettre elles‐mêmes toutes les autres connaissances.[…]Plutôt qu’une guerre des méthodes, il esturgent de consacrer les efforts etl’intelligence de tous à la résolution des
problèmes qui demeurent sans ré‐ponse : comment mieux prendre encharge les 4 % d’élèves en grandedifficulté qui, selon les donnéesministérielles d’octobre 2004, terminentleur scolarité primaire sans savoir lire ?
Commentaméliorer lesperformances deceux (12 %) dont lescompétences enlecture sontinsuffisantes à lasortie de l’écoleélémentaire pourleur permettre
d’envisager des études secondairesavec confiance ?De toute évidence, le courspréparatoire ne détient qu’une partiedes solutions. Il n’est qu’une étape dansun apprentissage long et complexe quiimplique tous les autres segments de lascolarité, en amont et en aval.
Roland Goigoux Professeur desuniversités à Clermont‐Ferrand
les programmes scolairesrecommandent de
développer dès l’écolematernelle les
compétences qui soustendent la compréhension.
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Méthode naturellede lecture‐écriture
Partir de l’expression première des enfantset de leur désir de communiquer
L’expression libre est une conditionnécessaire à l’accès de chacun à laculture. Partir de l’expressionpremière de l’enfant est une formedereconnaissance etune source demotivation.Le langage est unemarque d’ap‐partenance à un groupe social. Sion m’oblige à employer des formesqui me sont étrangères pourm’exprimer, si on refuse le seullangage que je sais bien utiliser,alors mon groupe est dévalorisé. Jepeux être angoissé, je ne veux pas «trahir » mon clan, ma famille. Je suisaffectivement déstabilisé. Je perdsl’estime de moi qui est si importantepour « grandir ».Au contraire, si ce que je dis, si ce
que j’écris est digne d’étude, j’aide la valeur.
Partir de l’expression première del’enfant, c’est apprendre dans unregistre de langue proche de sa
culture, dans uneproximité cultu‐relle, affective etapaisante qui renddisponible pour lalecture d’autres tex‐tes de cultures plus
éloignées.
Mettre d’abord l’enfant en situation deproducteur d’écrits
Les textes que les enfants produi‐sent sont destinés à être communi‐qués par le journal scolaire ou lerecueil de textes. Nous mettons lesenfants en situation authentiquede communication.Plus l’enfant progresse dans laproduction de textes (situation
Si ce que je dis, sice que j’écris est
digne d’étude, j’ai dela valeur.
La Méthode Naturelle de Lecture Écriture n’est pas une « méthode visuelle » ni une« méthode syllabique » (B+A=ba) ni une « mixte ».Elle se situe en dehors et au‐delà de ce débat.La spécificité de la MNLE est qu’elle traite en interaction constante « le sens et lecode », les apprentissages de la lecture et de l’écriture étant indissociables.Ce qui pilote la MNLE est bien l’expression écrite.Elle s’exerce selon les principes de la pédagogie Freinet dans une classecoopérative, milieu socialisateur où chacun peut s’exprimer par la parole et l’écrit.
Danielle De Keyser
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d’émetteur), plus il devient perfor‐mant en « réception ». Ecrire untexte qui a du sens, l’imprimer,amène l’enfant à comprendrequelque chosed’essentiel pourl’apprentissage dela lecture, à savoirque l’écrit impriméa du sens. Un texteest le « vouloir‐dire» d’un autre «écriveur » et lalecture peut le « faire‐parler». Cetautre a une intention decommuniquer : Qui est cet autre ?Que veut‐il dire ?
On apprend par le tâtonnementexpérimental, dans la coopération
Les séances de découverte d’unnouveau texte constituent desmoments forts de tâtonnementcollectif et de coopération.Ensemble, on tâtonne, on essaie desavoir lire un texte qui va agrandirnotre patri‐ moine de classe etpermettre à chaque enfant de seconstituer ses propres références.Les enfants émettent des hypo‐thèses par rapport au contextequ’ils
vérifient en prenant des repèresdans la correspondance grapho‐phonologique.Ils les confrontent avec leurs pairs et
construisent ainsi de nouvellesconnaissances. L’apprentissageest à la fois social et individuel.« C’est à plusieurs qu’on apprend
tout seul. »Tout au long del’apprentissage de lalecture, l’enfantcontinue à produiredes textes.Ces productions detextes constituent aussiun long tâtonnement
tout au long du cycle 2 au coursduquel l’enfant acquiert de plusen plus d’autonomie.Le patrimoine des textes de laclasse s’agrandit petit à petit avecdes textes des plus grands del’école, avec les textes descorrespondants puis avec destextes d’auteurs.
Danielle ThorelCP, Mons‐en‐Baroeul, 59
Membre de l’ICEM
Plus l’enfantprogresse dans la
production de textes(situation d’émetteur),
plus il devientperformant
en « réception ».
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Méthode Naturellede Lecture‐Ecriture au cycle 2
Depuis la petite section de maternelle,l’enfant produit des textes en dictée àl’adulte et cette activité se poursuitpendant tout le cycle 2, selonl’autonomie des enfants. Ils sontprésentés à la classe et critiqués selonune grille que l’on élabore ensemble aufil des présentations : cohérence, soin,forme, imagination, fantaisie…Puis, plus tard dansl’année, en réponseau texte étudiéensemble, on intro‐duit des textes d’en‐fants plus âgés del’école et enfin des textes d’adultes tirésde livres de lecture ou d’albums. Dansl’école, les enfants peuvent trouver lesrecueils de textes des différentes classes.
Les séquences dedécouverte d’un texte
L’une des activités privilégiées tout aulong de l’apprentissage de la lecture estla découverte d’un nouveau texte. C’estun moment coopératif. Ensemble, ontâtonne, on essaie de savoir lire un textequi va augmenter notre patrimoine deproximité. Pendant ces moments,‐ il y a un apport des enfants les plus
avancés,‐ on écoute tout le monde. Chacunapporte sa pierre, si minime soit‐elle.‐ Les enfants émettent des hypo‐thèses par rapport au contexte qu’ilsessaient de vérifier par la correspon‐dance grapho‐phonologique.‐ Ils confrontent leurs hypothèses aveccelles de leurs pairs. Cela permet un
apprentissage à lafois social etindividualisé. Lesenfants construisentleurs propresréférences.
‐ Le maître prend en compte lesreprésentations mentales des enfants.Par exemple, certains pensent quel’ordre des lettres n’a pasd’importance et que « cra », c’estpareil que « car ». D’autres n’ont pasconscience de la permanenceorthographique d’un mot et qu’onpeut écrire « bateau » ou « bato ».Noussoulignerons ici l’importance desrègles de vie de la classe et lanécessité d’instaurer un climat deconfiance permettant l’émergencede ces représentations.Dans ma classe, les enfants seregroupent devant le tableau où le
Chaque fois qu’un mot ouune syllabe est reconnu, je
le repasse à la craie decouleur.
Dans cette partie du dossier consacrée à la méthodeNaturelle de Lecture Écriture au cycle 2, Danielle
Thorel nous fait partager son expérience en cedomaine dans sa classe de CP.
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texte est copié. Chaque fois qu’un motou une syllabe est reconnu, je le repasseà la craie de couleur. Les mots restés enblanc deviennent sujets de recherche.A la fin de la semaine, j’essaie de faireen sorte que chaque enfant sache lire letexte et ait mémorisé les mots principaux.De nombreux exercices orauxpermettent cette mémorisation. L’enfantdoit montrer un mot cité, lire un mot
montré, dire le mot caché… Il doit savoir« voyager » dans le texte et en connaîtrela « géographie ».Pour faciliter cet apprentissage, le texteest copié en groupes de souffle.Les textes étudiés ainsi collectivement
sont copiés sur de grandes feuilles etaffichés dans la classe. Ils constituentce que nous appelons les textesréférents, une sorte de lexique oùl’enfant va puiser pour lire et écrirede nouveaux textes.Les textes étudiésen grande section sont égalementaffichés.Au cours de ces séquences collec‐tives, les enfants font des remarques :« garçon » ça finit comme « papillon »,comme « maison » ; dans « école » onvoit « co » comme dans « Corentin ».On bascule alors dans la découvertedu code.
Ils constituent (...) lestextes référents, une sorte
de lexique où l’enfant vapuiser pour lire et écrire de
nouveaux textes..
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Ce qui commence là avec le « c’est comme » est fondamental. Toutnaturellement, grâce à une familiarité de plus en plus fine avec les motsécrits qui provient de leur écriture, de leur recherche dans les textesréférents et de leur comparaison, l’enfant commence ainsi à porter unautre regard sur l’écrit : la langue écrite n’est plus seulement porteuse desens, mais devient objet d’analyse. Il entre dans un processus decompréhension progressive du système orthographique. Pour que ce systèmese développe, il convient à l’enseignant de valoriser ces remarques,d’amener les autres enfants à se les approprier, de les systématiser, enutilisant par exemple des affichages ou des répertoires, d’encourager lesenfants à observer et à signaler tous les mots qui se ressemblent, de lesamener à vérifier scrupuleusement chaque observation.
André Ouzoulias
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D'autres extraits pour donner envie...E
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Un exemple de travail en écritlecture à l’occasion de la visite des correspondants en juin.
Avant la visite des correspondants, nous préparons leur venue. Nous décidons ducontenu de la journée avant d’en écrire le programme. Nous nous reportons à d’autresprogrammes déjà rencontrés pour lister les incontournables : le titre, la date puis leshoraires et les différents moments. Le titre, « Visite des correspondants » ; ces motsconnus sont facilement retrouvés dans différents référents : les lettres, les albums déjàréalisés, le journal électronique de l’école ou le livre de vie. La date ne pose égalementaucun problème car les enfants sont habitués à l’écrire régulièrement. Le mot « programme» fait partie du répertoire des types de textes. Pour les horaires, je vais les guider dans lamaîtrise du temps mais ils sont capables d’écrire coopérativement tous les nombres...
L'enfant va comprendre le rôle social de l'écrit en s'approprianttous ces outils nés de l'organisation de la vie de la classe.
Des écrits personnels apparaissent d’abord grâce aux présentationsà la classe : les enfantslisent leur carnet et complètent par des commentaires.Le groupe apprend coopérativement à accueillir les idées de chacun. Pour la suite, lademande est faite de tenir compte des présentations à venir et de se préparer, par l’écrit ducarnet, à donner des avis argumentés. Une forme de contrat se définit ainsi au fur et àmesure
Le carnet de lecteur
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Il est utile, au cours de ces échanges, de tordre le cou aux idées non justifiées quicirculent.
Mon enfant lit mal car il dit: « Il monte dans la fusée.» Alors que c’est écrit : « Il montedans la navette. »Faux : Il anticipe et a deviné le sens, ce qui est très important. Il n’a pas encore les moyensde savoir si c’est « fusée» ou si c’est « navette ». Mais cette confusion va être l’occasiond’introduire les moyens de savoir ; à partir de novembre décembre, il sera habitué à cesmoyens et devra alors s’en server pour vérifier (il faudra alors l’y encourager). Ce n’est pas« fusée» car ça ne commence pas par « fu » mais par « na».
Informer,accompagner les parents permet de ne pas les plonger dans uneinquiétude et une incompréhension légitimes.
L'intégralité des textes est à retrouver en ligne surhttps://www.icempedagogiefreinet.org/node/16902
SommaireEdito p. 1
De la syllabique... à la syllabique p. 2
Les méthode intégratives : une alternative à la syllabique p. 5
Méthode naturelle de lectureécriture p. 7
Méthode naturelle de lectureécriture au cycle 2 p. 9
Ces textes ont étéselectionnés par C.Chabrun et C.Mazurie, à partir dunuméro 178179 duNouvel éducateur "Etpourtant ils lisent. Miseen page H. Allesant.
L’Institut Coopératif de l’École Moderne (ICEMPédagogie Freinet) est uneassociation créée en 1947 par Célestin Freinet rassemblant autour de lui un certainnombre de pionniers.
Aujourd'hui, agréée par les ministères de l'Éducation nationale et de la jeunesse etde la vie associative, l'ICEM regroupe des enseignants, des formateurs et deséducateurs autour des principes de la pédagogie Freinet.
L’association se donne pour objectifs la recherche et l'innovation pédagogiques, la diffusion de lapédagogie Freinet par l'organisation de stages, par la conception, la mise au point et l'expérimentationd’outils pédagogiques pour la classe, de revues documentaires pour les enfants, les jeunes et lesenseignants, et l’édition de publications pédagogiques.