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  • 8/16/2019 LNC20150609-008

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    ■ Cinéma. Le long-métrage  Mercenaire  est filmé en partie en Calédonie

    Tournage entre deux mondesLe tournage du film  Mercenaire arrive à sa fin. Cette fiction raconte le parcours d’un joueur de rugby calédonien d’origine wallisienne partagé entre désird’émancipation et liens familiaux. Sacha Wolff, le réalisateur, a mené des recherches en immersion, comme pour un documentaire.

    Sur le terrain de Rivière-Salée, le Rugby 

    club du Mont-Dore affronte l’Olympique

    Nouméa. Les joueurs courent sous la

    pluie. Soudain, ils s’arrêtent. On vient de crier

    «  Coupez !   ». Samedi après-midi, après avoir

    disputé un vrai match devant une caméra, les

     joueurs ont été les figurants d’une scène cru-

    ciale du long-métrage  Mercenaire.

    Réalisé par Sacha Wolff, le film a été

    tourné pendant six semaines en Métropole,

    dans le Lot-et-Garonne, avant que l’équipe ne

    se déplace pour deux semaines en Nouvelle-

    Calédonie, où se déroulent le début et la fin

    du récit. L’histoire ? Celle d’un rugbyman

    calédonien d’origine wallisienne qui part ten-

    ter sa chance en Métropole, contre l’avis de

    son père, attaché à la tradition. Un récit ini-

    tiatique qui brasse des questions liées à

    l’identité : «   t r o u v er s a p l a c e   », «   être

    accepté  », «   se sentir étranger   ». Des thèmes

    qui intéressent depuis longtemps le réalisa-

    teur et scénariste, qui a notamment travaillé

    sur la communauté chinoise de Paris, ou

    encore sur la maladie mentale.

    Article.   Alors, comment le réalisateurmétropolitain, qui vient du monde du docu-

    mentaire, en est-il venu à réaliser son pre-

    mier long-métrage de fiction sur un joueur de

    rugby océanien ? Son intérêt a commencé

    par un article publié dans  Le Monde  il y a plu-

    sieurs années. «   C’était une plongée dans les

    clubs de Fédérale 3 en Métropole, qui s’inté- 

    ressait à la question des joueurs étrangers,

    venus de Fidji, de Tonga, d’Afrique du Sud…

    engagés pour faire monter ces clubs ama- 

    teurs dans des divisions supérieures.   » Le

    cinéaste s’est vite intéressé aux joueurs

    d’Océanie, – «  un continent qui n’a pas beau- 

    coup de représentation au cinéma   » – qui

    «   décident de traverser la planète pour aller  jouer en Europe ».

    De fil en aiguille, Sacha Wolff se lance

    dans un travail de recherche et rencontre

    Laurent Pakihivatau, un pilier wallisien jouant

    en région lyonnaise. Son histoire, «   très

    forte  », l’inspire. Elle touche aux regards croi-

    sés entre la France métropolitaine et ces

    Français venus du bout du monde. Ensemble,

    les deux hommes se rendent en Nouvelle-

    Calédonie, en 2011. Sacha Wolff y passera

    au total trois mois «   juste pour passer du

    temps avec les gens, collecter des histoires,

    connaître les traditions, faire le tour des clubs

    de rugby  ». Le film s’est monté avec la com-

    munauté wallisienne, où l’équipe de tournage

    a été très bien accueillie.

    Rapidement, le réalisateur a choisi de tra-

    vailler avec des acteurs non-professionnels.

    D’abord, parce qu’il trouvait «   aberrant defaire jouer des comédiens dans le rôle de rug- 

    bymen, qui ont des corps très particuliers,

    façonnés par le poste qu’ils occupent   ».

    Ensuite, pour le reste du casting, afin qu’il

    n’y ait pas de déséquilibre entre comédiens.

    Dans le rôle principal, Toki Pilioko, 20 ans,

    qui joue à Aurillac, club de D2. Son mentor,

    qui le fait partir en Métropole, est interprété

    par Laurent Pakihivatau.

    Genre.   D’un point de vue cinématogra-phique, Sacha Wolff ne s’intéresse pas au

    film de sport en tant que tel : « L es scènes

    de rugby servent l’histoire et le sport aide le

    personnage à grandir.   » Pas plus. «   Ce qui 

    m’intéressait dans la rencontre entre le

    monde océanien et le rugby, c’est que les

     jou eur s oc éan ie ns ont que lq ue ch ose de

    mythologique, des physiques qui sortent de lanorme et qui dégagent un potentiel cinémato- 

     graphique  », décrit le réalisateur. «  En fait, j’ai 

    l’impression de faire un film de genre, un

    mélange de film de samouraï et de western,

    mais dont les héros sont les Indiens.  » Autre-

    ment dit, en utilisant le regard d’un rugbyman

    calédonien, son intention est de «   proposer 

    un miroir aux Métropolitains sur la société

    dans laquelle ils vivent   ». Le documentariste

    n’est pas loin.

    Julia Trinson

    « Les joueurs océaniens ont quelque chose de mythologique,des physiques qui sortent de lanorme et qui dégagent un

     potentiel cinématographique. »

    Samedi, sur le terrain de rugby de Rivière-Salée, les joueurs du Mont-Dore et de l’Olympique Nouméa ont participé de bon cœur au tournage.      P      H      O      T      O      S

          J  .      T

      .      E      T

          B      U      R      E      A      U

          D      ’      A      C      C      U      E      I      L

          D      E      S

          T      O      U      R      N      A      G      E      S

    Produit par Claire Bodechon (3B Productions), Mer-

    cenaire  sera distribué au cinéma en 2016.C’est 

    pour ce projet, cofinancé par la chaîne de télévision

    Arte, que Sacha Wolff a été désigné lauréat 2014de la Fondation Gan pour le cinéma.Le dernier jour 

    du tournage aura lieu demain, mercredi.

    En salle en 2016

    P

    Parmi les comédiens non-professionnels, le joueur Laurent Paki-hivatau (à gauche), qui a en partie inspiré le projet à Sacha Wolff (à droite)

    Parmi l’équipe de tournage, des professionnels calédoniens del’audiovisuel. Le Bureau d’accueil des tournages de la provinceSud les met en relation avec la production.

    Pour le réalisateur, le physique des joueurs de r ugby océaniens aquelque chose de «  mythologique ». Ici, Toki Pilioko, qui joue lerôle principal.