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L'obsolescence programmée
Guillermic Brice
Jaussoin Timothée
16 janvier 2012
Table des matières
I L'obsolescence programmée lèse le consommateur, mais elle est bonne pour
l'économie 3
1 Les objets � durables � le sont de moins en moins 4
2 Le problème de l'environnement 5
3 Un matériel verrouillé 6
4 La �n du Service Après Vente 8
5 Permet aux entreprises un développement technologique 9
6 Une importante économie d'échelle 10
II C'est surtout bon pour la société de consommation 11
7 Crée une dynamique économique, dynamique des �ux �nanciers 12
8 Réponse à la demande des gens qui veulent suivre la mode 13
9 Permet également la manipulation psychologique de masse 15
10 Permet l'intégration sociale et aussi un sentiment de bien être 17
Bibliographie 19
1
Introduction
L'obsolescence programmée est un phénomène devenu en quelques décennies omniprésent dans nos
sociétés puisque fondant en grande partie le modèle ultra-consumériste sur lequel nous nous basons.
Au travers de ce document, nous tâcherons d'en exposer les di�érents aspects.
En premier lieu, nous expliquerons pourquoi celle-ci peut porter atteinte (du moins sur le long
terme) aux consommateurs.
En e�et celui-ci se trouve être au �nal le premier atteint par le phénomène tant positivement
(baisse des prix sur le court terme, innovation importante et rapide sur les produits consommés)
que négativement (dépenses parfois inutiles puisque s'appliquant bien souvent sur des produits qui
auparavant étaient durables, sur-coût lié aux taxes pour l'environnement). Nous verrons aussi qu'en
réalité elle permet d'engager une véritable dynamique pour l'économie et les industries (marchés plus
agressifs, économie d'échelle importante, certaines branches de l'industrie sont devenues beaucoup plus
attractives).
Au sein de notre seconde thèse nous expliquerons pourquoi, en tant qu'élément inhérent au moteur
économique actuel, elle à une place véritable comme facteur de la société de consommation et qu'elle
en est à la fois la cause et la conséquence.
2
Première partie
L'obsolescence programmée lèse le
consommateur, mais elle est bonne pour
l'économie
3
Chapitre 1
Les objets � durables � le sont de moins
en moins
L'obsolescence programmée avait pour premier but de limiter la durée de vie des objets a�n que
le consommateur soit obligé de consommé. Ce fut le cas de l'ampoule à incandescence qui fut limité
à une durée de vie de mille heures alors qu'elle pouvait briller auparavant des dizaines de fois plus
longtemps. Le consommateur était alors contraint de racheter une ampoule neuve, car l'ancienne n'était
pas réparable. Mais il arrive parfois qu'une vague d'innovation soit venue remplacer l'ancien système
par un nouveau, auquel cas, le simple remplacement devient impossible, il faut tout racheter donc
engager des dépenses plus importantes.
"La liste des maux, des nuisances, des inégalités que l'on peut imputer au compte de la
réduction de la longévité des biens et de l'innovation, sous les formes que nous connaissons,
est impressionnante. On peut commencer par l'in�ation, �éau majeur de notre société.
Comme certains des exemples déjà cités l'ont suggéré, les innovations qui provoquent le
remplacement d'anciens produits par des nouveaux sont loin de toutes apporter des progrès
décisifs dans la satisfaction des besoins auxquels sont censés répondre ces produits. C'est
évident pour les articles d'usage courant, que des sophistications plus ou moins arbitraires
permettent de renouveler sans cesse : enrichissement de l'acier des lames de rasoir, additifs
divers mis dans les huiles de voitures, passage du bois au plastique pour la télévision,
décoration �eurie de poubelles, etc." (5, p415)
Les producteurs n'ont de cesse d'innover. Lorsqu'un consommateur vient dans un magasin pour
remplacer son matériel, il se heurte à cette innovation qui l'empêche de retrouver la même référence.
Il doit alors mettre la main à la poche et racheter une machine pour pouvoir continuer à béné�cier
des bienfaits de celle-ci. Mais l'innovation n'est pas toujours ce qu'elle prétend être et il arrive qu'elle
ne soit qu'une simple � gadgétisation � de l'appareil initial. Le consommateur paye alors plus cher
qu'auparavant un même outil. Cela se traduit en langage économique par l'in�ation et c'est elle qui
diminue le pouvoir d'achat des ménages. Il est alors facile de comprendre en quoi les consommateurs
sont lésés. Ils participent à un système malgré eux dans lequel ils sont toujours perdants. En revanche,
les producteurs, au moyen d'innovations régulières, empochent le butin en revendant sensiblement la
même chose à des gens dont l'ancien appareil n'était pas complètement usé.
4
Chapitre 2
Le problème de l'environnement
L'avancée technologique a entraîné une réduction du cycle de vie des produits du fait de l'apparition
toujours plus rapide de produit de nouvelle génération. La réduction des cycles de vie de ces outils
n'a fait que contribuer à la détérioration de notre environnement. En e�et, lorsqu'un consommateur
renouvelle un appareil, le dernier est jeté à la poubelle. Il devient alors un déchet pour son ancien utili-
sateur, mais pose un problème pour l'environnement, surtout s'il contenait des matériaux di�cilement
dégradables. Et les rares centres de recyclages ne su�sent pas à tout revaloriser.
"Le matériel électronique usagé contient des matériaux dangereux comme du mercure,
du plomb, de l'argent et des retardateurs de �amme. D'un autre côté, de nombreuses
pièces et composants contiennent des matières premières précieuses comme l'or, le cuivre,
le titane et même le platine, mais surtout dans de très petites quantités. Il peut falloir une
tonne de déchets électronique pour recycler deux cents grammes d'or. Il n'est pas toujours
possible pour les entreprises d'e�ectuer un tel recyclage, mais ils ont trouvé une autre
méthode beaucoup moins cher pour se débarrasser des déchets électroniques : ils exportent
les déchets dans les pays du Tiers-Monde".(4, p5)
Le problème environnemental se pose à chaque individu. Depuis peu, a�n de faciliter la création
de centre de tri et de recyclage, une taxe écologique appelée � éco participation � a été imputée à tous
les appareils pouvant nécessiter un recyclage. Cette taxe aurait pu être absorbée par les producteurs
qui sont d'autant plus responsables de la di�culté à recycler leur produit que les personnes qui les
achètent. Cela n'a pas été le cas et l'éco participation, souvent de quelques centimes, est venu s'ajouter
au prix initial des appareils. C'est donc le consommateur qui doit une fois de plus payer, tandis que
les entreprises ont plus de responsabilités dans ce problème. De plus, au-delà de l'aspect �nancier, il y
a le côté psychologique de la chose. Les pouvoirs en place, que ce soit les autorités ou bien les médias,
font culpabiliser les gens en leur disant qu'ils sont en grande partie responsables du problème, que
c'est à cause de leur mode de consommation personnel si l'on en est là. Or, ces personnes ne font que
consommer les produits que les entreprises leur proposent.
5
Chapitre 3
Un matériel verrouillé
Le phénomène d'obsolescence peut aussi être amené à se manifester indirectement via un bridage
volontaire des fonctionnalités de l'appareil. Ces dispositifs, très souvent présent au sein du matériel
hight-tech sont de plusieurs types.
Le bridage matériel restreint l'utilisation même de l'objet le plus souvent lorsque celui-ci est utilisé
dans des conditions non dé�nies dans les � conditions d'utilisation �, mais peut intervenir aussi pendant
son utilisation � normale �. Le consommateur se trouve alors restreint à ne pouvoir utiliser son produit
que selon les envies et directives du constructeur ne lui laissant aucune marge de manoeuvre quant à
sa propre volonté d'user du produit � à sa manière �.
Il se présente par de multiples moyens ; de la mise en place de barrières empêchant ou rendant
di�ciles le démontage de l'objet (présence de vis particulières), la présence de composants fragiles
ou non changeables (le plus souvent, ceux-ci n'étant pas standards eux-mêmes) ou simplement par
l'utilisation de connectiques non standards forçant alors l'utilisateur à adapter son environnement à
l'objet (via des adaptateurs particuliers, le rachat de matériel périphériques).
"Avec l'arrivée de l'iPod et de l'iPhone, Apple a présenté une toute nouvelle connectique
de transfert de données propriétaire, [...] pouvant être uniquement trouvée au sein des
produits nomades de la marque. [...] le connecteur propriétaire rend impossible la recharge
des iPhone/iPod avec un cable USB standard comme nous pouvons le voir avec bon nombre
d'autres produits nomades du marché" (4, p1-2)
Mais cette forme de bridage ne peut, bien heureusement, pas se manifester systématiquement.
En e�et, celle-ci inclut le plus souvent des coûts supplémentaires pour le constructeur, justi�és par
une obligation d'engager des dépenses en recherche et développement pour aboutir à ces nouvelles
connectiques ou simplement à cause des sous-traitants ne pouvant bien souvent pas adapter leurs
productions de façon aussi �exible pour les bons vouloir de leurs clients. Un fabricant de dalles LCD
de format 4 :3 et 16 :9 ne va pas facilement fabriquer du jour au lendemain des dalles au format 16 :20.
C'est pour cela que les fabricants, soucieux de vouloir conserver leurs clients dans leurs � prisons
de verre � optent très souvent pour la seconde solution.
Le bridage logiciel est, quant à lui, beaucoup plus simple à implémenter, car il ne présente, très
souvent, pas de barrières importantes pour sa mise en place, mais engendre des conséquences bien plus
violentes pour l'utilisateur.
La présence de � clefs d'activations � qui oblige l'utilisateur à valider l'utilisation de son produit au-
près du fabricant, la non disponibilité du code source le forçant à avoir une con�ance totale aux logiciels
6
qu'il utilise, l'utilisation de protocoles et spéci�cités de programmation non standard, et l'interdiction
de procéder à une rétro-ingénierie pour adapter son matériel à un environnement non initialement pré-
vue par le fabriquant sont tous des manifestations directes d'une volonté des constructeurs d'appliquer
un bridage logiciel au sein de leurs produits.
Si certaines d'entre elles sont condamnées 1, beaucoup sont légalement applicables et constituent
alors une restriction réelle des libertés de l'utilisateur.
L'utilisateur n'a alors pas la liberté totale d'exploiter son matériel comme bon lui semble et se
restreint à la volonté du constructeur qui va alors déterminer arbitrairement la �n de vie anticipée
du produit, par exemple annoncer la �n du support des mises à jour logicielles, et empêcher son �
bidouillage �.
1. en France, l'article L122-6-1 du code de la propriété intellectuelle autorise l'utilisation de la rétro-ingénierie logicielle
à des �ns d'interopérabilité
7
Chapitre 4
La �n du Service Après Vente
Le début vie d'un objet ne se caractérise pas uniquement par le transfert de propriété du fabriquant
au consommateur, mais est bien souvent couplé à un accompagnement lié à son utilisation qui peut se
présenter sous di�érentes formes. Un support-papier, ou manuel peut permettre d'expliquer toutes les
fonctionnalités de l'appareil, ses bonnes conditions d'utilisation... . Il peut aussi être accompagné d'un
support humain, le plus souvent caractérisé par un Support Après Vente.
Depuis quelques années déjà, ce support s'est considérablement transformé, l'apparition puis la
démocratisation du numérique dans nos sociétés n'ayant qu'accéléré le processus. Du support papier,
les manuels sont passés au format numérique. Une volonté commune de simpli�cation des manuels
d'utilisation a poussé les fabricants à ne plus expliciter les multiples fonctionnalités de ses produits,
mais se concentre plutôt sur un simple � Démarrage Rapide �.
Puis le support s'est lentement déplacé vers des communautés d'initiés chargés de documenter,
rédiger des tutoriels et d'assurer le support via des Foires Aux Questions, forums, salons de discussions
et Wiki.
Ces communautés comprennent bien souvent des membres se chargeant du support matériel et lo-
giciel (développement et modi�cation des micrologiciels au sein des appareils, tutoriels de réparations).
"D'une manière générale, le passage à l'ère numérique marque le transfert progressif
de l'accompagnement procédural du pôle des concepteurs vers celui des utilisateurs. D'une
part, la prétention de ne proposer sur le marché que des interfaces intuitives, ne néces-
sitant ni apprentissage ni compétence préalable, autorise les fournisseurs à délivrer des
modes d'emploi de plus en plus succincts avec leurs produits. D'autre part, l'obsolescence
programmée des matériels et logiciels, encore plus rapide que celle des autres industries,
dispense les marques d'assurer un suivi à long terme. Face à la rétention d'informations
utiles à la réparation ou à l'emploi de machines anciennes, les utilisateurs sont donc obligés
de prendre eux-mêmes en charge la mémoire d'usage" (7)
On assiste donc à un lent abandon du support à long terme puis à court terme des appareils
par les constructeurs le plus souvent couplé à un raccourcissement croissant du laps de temps entre
deux générations. Ce phénomène tend à se généraliser à de nombreuses autres branches (automobile,
électroménager...) accélérant encore plus la �n de vie des objets les composants.
8
Chapitre 5
Permet aux entreprises un développement
technologique
Malgré de nombreux inconvénients à l'obsolescence programmée, il est important de considérer que
ce système augmente considérablement la vitesse du développement technologique des entreprises. C'est
grâce à de nombreux pro�ts que celles-ci peuvent investir en recherche et développement et produire
des nouveautés. En e�et, l'utilisateur contraint à racheter toujours davantage de produit permet aux
entreprises d'amortir rapidement leurs investissements passés. Ainsi, elles se tournent vers de nouveaux
concepts qui vont leur permettre d'engendrer encore plus de béné�ce.
"[. . . ]. Si les anciens consommateurs détiennent un stock de biens durables de l'ancienne
technologie, ils sont disposés à payer seulement l'écart technologique entre les deux, mais pas
le coût supplémentaire d'une nouvelle production. Ainsi, la production de biens durables
sert de barrière contre le développement de nouveaux produits. C'est dans ce sens que
l'obsolescence programmée favorise l'avancement technologique." (3, p369)
Depuis l'apparition de ce système de consommation, les entreprises ont vu leur pro�t augmenter et
leur technique commerciale évoluer pour engranger toujours plus de béné�ces. L'innovation technolo-
gique est au c÷ur de l'obsolescence programmée puisque c'est maintenant elle qui entraîne la vétusté
des anciens produits. Sur le marché, même si le produit dépassé voit son prix décroître a�n d'écouler
les stocks restants, le nouveau, quant à lui, vaut souvent plus cher que l'ancien à l'époque où celui-ci
arrivait dans les étalages. L'obsolescence technologique, véritable aubaine pour les entreprises, aboutit
à un constat mitigé d'un point de vue des consommateurs. D'un côté, le niveau de vie des utilisateurs
augmente à chaque innovation grâce à la création de services toujours plus aboutis. D'un autre côté,
cela permet souvent aux entreprises de concevoir des nouveaux produits à peine �nis qui nécessiteront
des mises à jour ou bien des améliorations. La rapidité d'évolution leur permet ce luxe, de promettre
de meilleures conditions d'utilisation dans un avenir proche. Mais le consommateur subit le système
en étant toujours dans l'attente que le produit dans lequel il a investi soit complètement opérationnel.
9
Chapitre 6
Une importante économie d'échelle
La société de consommation en lien étroit avec les idéologies de l'obsolescence programmée a eu
plusieurs impacts sur les méthodes de productions, en particulier sur les produits fabriqués en grandes
séries.
L'une des idées premières véhiculée était de permettre un renouvellement plus facile de certains
objets, en particulier ceux qui avaient été conçus en priorité pour avoir une longue durée de vie. Ainsi
apparurent de nombreuses chaînes de productions qui concevaient de nouveaux modèles ayant le plus
souvent des caractéristiques similaires aux anciens, mais, dans le détail, une conception modelée autour
de ces principes. Cet e�et est aussi une cause, la naissance des ces chaînes de montage ont entraînés
une volonté de vouloir fabriquer toujours plus vite et en quantité, pour ainsi inonder le marché du
nouveau produit.
Mais, il est sur, que l'une des conséquences premières recherchée était, en particulier, la réduction
drastique des coûts de production ! Coûts étant réduits grâce aux nombreuses économies d'échelles
appliquées lors de la production (unicité des pièces, concentration des lieux de production, séparations
du travail en tâches respectives...).
L'un des premiers exemples historiques marquants étant les premières Chevrolet sensées concur-
rencer la célèbre Ford T (vendue à plus de 16 millions d'exemplaires) réputée comme �able. Conçue
sur un châssis et un moteur unique, mais dont la carrosserie et les accessoires étaient continuellement
remis à jour au bout de quelques mois seulement pour ainsi volontairement � démoder � le modèle
tout juste sortit. Cette politique a même, �nalement, forcé Ford à se lancer sur un mode de production
similaire, fondé sur la � course aux nouveaux modèles �.
"Dans une culture du consommateur où � le temps est de l'argent �, des pressions
constantes sont exercées pour accélérer les taux de production et de consommation. Vi-
tesse va de pair avec e�cacité : plus le �ux des intrants et de la production est rapide,
plus le système est performant. Les procédés de production en série sont apparus lorsque
les industriels ont découvert qu'une standardisation des produits en vue d'augmenter le
débit réduirait les coûts unitaires. Dans le commerce, les reprises sont un moyen typique
d'encourager les consommateurs à remplacer des produits qui fonctionnent encore." (1)
La naissance des deux concepts, l'apparition des chaînes de production à grande échelle et la volonté
des constructeurs de renouveler plus rapidement les produits sortis de l'usine étant étroitement liés et
sont inhérent au concept même de l'obsolescence programmée.
10
Deuxième partie
C'est surtout bon pour la société de
consommation
11
Chapitre 7
Crée une dynamique économique,
dynamique des �ux �nanciers
Comme nous l'avons expliqué dans le paragraphe traitant des économies d'échelles faites grâce à
l'obsolescence programmée une grande partie du phénomène même était voulu et a été organisé en ce
but.
Nous remarquons que la naissance du phénomène, du moins sa mention dans la forme que nous
décrivons actuellement, s'est faite durant les premières années de la Grande Dépression des années 30.
Elle fait suite à une tentative de politique de relance part le gouvernement américain au sein de son
pays, celle-ci consistant en partie à relancer l'économie en redressant le niveau de consommation des
ménages moyens. L'idée étant alors de pouvoir, en grande partie grâce aux matériels fabriqués au sein
du pays, renouveler les biens des ménages avant leurs �ns de vie. Ainsi certaines chaînes de production
fonctionnant au ralenti pouvaient retrouver une seconde vie en produisant des appareils ayant une vie
courte et devenant rapidement désuet (petit puis gros électroménagers, automobile, habillement...).
Cette volonté de reprise économique, par la relance de la consommation au sein des ménages, fait
aussi suite à une politique plus globale puisque tenant compte d'une volonté des pays industrialisés de
renforcer les échanges internationaux (majoritairement en matières premières dans les premiers temps,
puis directement via des produits manufacturés à l'étranger).
Cette volonté de mettre en place une véritable dynamique économique internationale, en grande
partie grâce à des partenariats de grandes ampleurs (achat de gaz, électricité et pétrole au Canada
pour les États-Unis par exemple) ne va �nalement plus se limiter à une politique de relance de la pro-
duction au sein même des pays, mais plus globalement à une volonté d'ampli�er les échanges �nanciers
(investissements dans des industries émergentes) à l'étranger. Nous assistons donc aux prémices de la
mondialisation.
"Ma proposition vise à mettre l'ensemble du pays sur la voie de la reprise, et éventuel-
lement restaurer des conditions d'emploi normales et de prospérité saine. Ma proposition
de remède fournirait une source permanente de revenus pour le gouvernement fédéral et
soulagerait une fois pour toutes ses di�cultés à équilibrer son budget. En bref, l'essence
de mon plan pour atteindre ce � vivement que la crise se termine � est de plani�er l'obso-
lescence des biens d'équipement et de consommation au moment de leur production." (6,
p2)
Le phénomène n'est donc pas uniquement causé par une volonté concentrée sur certaines entreprises,
mais bien par une politique plus globale s'organisant au sein même des pays voir à l'international.
12
Chapitre 8
Réponse à la demande des gens qui
veulent suivre la mode
L'obsolescence est également un moyen pour les entreprises de survivre dans un marché de la
concurrence et de répondre à la demande des consommateurs toujours croissante.
Notre système tant à favoriser la concurrence entre les entreprises a�n de tirer les prix vers le bas.
Ce serait e�ectivement le cas si la concurrence était réelle, mais les coûts de production seraient réduits
au minimum et ne survivraient alors que des monopoles. Ce qui se passe en réalité, c'est plutôt une
concurrence sur l'innovation, être le premier à proposer un produit a�n d'être le seul à le commercialiser.
À partir du moment où la concurrence a eu le temps de copier le bien ou le service, voire de l'amélioré,
l'avantage sur les concurrents pris n'existe plus. Or si le produit a été créé dans le but qu'il soit durable,
l'entreprise qui a dépensé beaucoup d'argent pour sa conception et sa fabrication ne voit pas de retour
sur cet investissement. Et lorsqu'elle gagne moins d'argent que prévu, une entreprise est vouée à la
faillite.
"Raisonnons en e�et sur le cas schématique de deux producteurs en compétition dans
la production d'un bien durable. Supposons que le premier essaie de conquérir la plus
grande part du marché par une politique de faible dépense pour le consommateur, ce
qui implique un bas prix et un produit conçu techniquement pour durer longtemps. Le
deuxième producteur a alors intérêt à jouer la carte de l'innovation. Celle-ci provoquant
l'obsolescence psychologique du bien produit par la première �rme, ce bien sera moins
désirable, sa durée de vie et donc la dépense pour son possesseur s'en ressent iront, deux
raisons qui en éloigneront les consommateurs." (5, p438)
C'est l'attitude des consommateurs qui est responsable de ce système, à savoir qu'ils aiment changer
régulièrement de biens et de services, souvent dans l'espoir d'améliorer leurs conditions de vie. Ce
phénomène se rapproche de celui de � la mode �. C'est elle qui dicte à bon nombre de gens ce qu'ils
doivent acheter et surtout quand. Dans un système où les biens seraient durables, on les utiliserait
jusqu'à ce qu'ils soient usés ou cassés. La tendance actuelle vestimentaire serait alors peut-être celle
des années 90 avec tout ce que cela implique pour les entreprises productrices.
Ce sont donc elles qui créent la mode, qui pensent aux nouveautés et qui provoquent le besoin
irrépressible chez le consommateur de s'approprier la dernière innovation. Ce fut notamment le cas
avec la première tablette tactile plébiscité. Aucun besoin n'avait alors été détecté quant à l'utilité d'un
tel appareil. La campagne publicitaire a donc su insu�er cette nouvelle mode qui a conquis bon nombre
d'adeptes.
13
La mode et l'obsolescence psychologique permettent aux gens de se situer par rapport aux autres.
C'est pour cela que nous en sommes tant demandeurs, aux plus grands pro�ts des industriels et de
l'obsolescence programmée.
14
Chapitre 9
Permet également la manipulation
psychologique de masse
Comme nous venons de le voir, la création de besoin et plus généralement l'e�et de mode permettent
tous deux de jouer avec les désirs des gens et de créer chez eux une envie de consommer.
Mais cette création de désir ne se limite pas qu'à l'individu lui-même, elle s'applique bien souvent
sur un grand ensemble de personnes. Le publicitaire aujourd'hui ne recherche plus à vendre un produit
au travers d'un appel sous forme picturale audio ou textuelle, mais va au contraire créer un ensemble
d'outils pour que vous veniez de vous même vers le produit en question.
Cette � publicité inversée � est aujourd'hui omniprésente. L'idée est de créer des pro�ls types qui
iront le plus naturellement vers le produit (si l'on souhaite vendre une nouvelle voiture à quelqu'un par
exemple, rien de mieux que de la proposer en priorité aux personnes qui viennent d'avoir un accident
ou leurs permis). La création de pro�ls types se fait en grande partie par la récupération de quantités
considérables d'information personnelles, et les sources sont nombreuses : revente de liste de patients
dans les cliniques et hôpitaux, informations supplémentaires laissées au remplissage d'un formulaire
pour un contrat quelconque ; le plus courant restant l'utilisation des réseaux sociaux, véritables éponges
à information et mines d'or pour les publicitaires, ceux-ci se �nancent en grande majoritairement sur
ce modèle (� Si c'est gratuit, le produit c'est vous ! �), les informations déposées sont extrêmement
nombreuses : nom, prénom, positions géographiques successives, relations, préférences (groupes, �
J'aime �), statut...
Au �nal, le consommateur va pouvoir évoluer dans un environnement à son image, forgé et adapté
à ses envies et besoins (envies qui seront elles-mêmes arti�ciellement créées à partir de l'e�et de mode
comme expliqué précédemment) et va être persuadé que l'achat qu'il a fait l'aura été consciemment et
en totale liberté.
"Nous allons aider vos marques à faire partie des conversations quotidiennes" entre
les membres, a déclaré Mark Zuckerberg, le tout jeune PDG et fondateur (23 ans) de
Facebook, dans une lettre aux annonceurs révélée par la presse américaine. "Il y a toujours
eu du bouche-à- oreille, mais c'est une nouvelle façon de l'utiliser. Facebook devient tout à
la fois un média et un outil de relations publiques", selon David Kenny, patron de Digitas,
�liale numérique du groupe publicitaire Publicis. "Le réseau social parie sur le fait qu'un
conseil d'ami a en général plus d'in�uence qu'une publicité", ajoute Kris Oser, du cabinet
américain eMarketer. (2)
Le fabriquant aura alors les deux chois, forger des produits qui correspondent aux envies des pro�ls
15
types majoritaires ou alors imposer de nouvelles envies, voir même coupler les deux en créant des objets
qu'une partie des pro�ls type désirent et l'imposer à d'autres pro�les en les adaptant (les téléphones
mobiles étaient initialement réservés à une population de professionnel, l'adaptation de ceux-ci pour le
grand public ayant eu raison de leurs succès).
Cette manipulation de masse permet alors de voir émerger des nouveaux produits qui se vendront
presque � naturellement �, car répondant à des besoins précis, leurs utilisateurs défendant leurs par-
ticularités et vantant leurs mérites. Ces nouveaux produits pousseront les anciennes générations à ne
plus être utilisés à un rythme de plus en plus e�réné les rendant obsolètes de plus en plus rapidement.
Indirectement, cette forme de manipulation psychologique de masse est l'une des principales causes de
l'obsolescence programmée.
16
Chapitre 10
Permet l'intégration sociale et aussi un
sentiment de bien être
Le système dans lequel nous vivons a bien changé depuis l'apparition de la société de consommation.
On ne juge plus les gens sur ce qu'ils sont, sur ce qu'ils ont accompli, sur ce qu'ils ont au fond de
leur c÷ur, mais sur l'image qu'ils dégagent. On est passé d'un jugement de l'être au jugement du
paraître. La consommation, que l'on peut plutôt associer au paraître, est donc devenue un moyen de
s'intégrer socialement, d'être valorisé, de s'identi�er à des groupes d'appartenance. Cette appartenance
est devenue un repère pour chacun, créant un sentiment de sécurité pour les membres du groupe, mais
également un sentiment de bien-être.
"[...]les dimensions fondamentales du bien-être de l'homme [...] dépendent de l'accès à,
et de la consommation de biens et services produits industriellement.[..] Ce qui compte,
c'est moins ce que l'on a en soi, que ce que l'on a par rapport à ce qu'il serait mieux
d'avoir. Or, ce qu'il serait mieux d'avoir est en particulier donné par ce que les autres, ou
du moins certains autres, ont. C'est ainsi que l'on peut dé�nir la notion d' obsolescence
psychologique. " (5, p429)
Le sentiment de bien-être peut être expliqué de deux manières di�érentes. La première, plus scien-
ti�que, se situe au moment même de la consommation. Tels que les jeux d'argent ou autre addiction,
les achats provoquent chez l'individu une sécrétion de l'hormone du plaisir : la sérotonine. C'est l'as-
souvissement d'un besoin qui conduit le corps à créer cette réaction. L'individu, par nature, est donc
récompensé par l'acquisition de nouvelles choses. La deuxième se situe plus lors de l'utilisation du bien
ou du service, au moment où la personne peut s'identi�er à un groupe ou se positionner par rapport à
ces paires. L'évolution sociale, que permet l'achat, conduit l'individu à se sentir bien.
Mais cette évolution sociale reste très éphémère si elle n'est pas renouvelée, tout comme la sérotonine
qui ne se libère que très peu de temps dans le cerveau. C'est ce que les publicitaires ont très bien compris.
Leur métier consiste à créer un besoin auprès des consommateurs pour que ceux-ci ne puissent résister
à l'envie de s'emparer du produit en question. Si avant, la publicité vantait les mérites qualitatifs d'un
produit, c'est maintenant plus sur la jalousie, le sentiment d'appartenance et la frustration que jouent
les professionnels. Grâce à l'obsolescence psychologique qu'ils ont su insu�er à notre société et notre
désir de bien être estimée par comparaison à l'autre, c'est une course de tous les instants qui se joue
pour se sentir bien dans ce monde, entre tension et satisfaction.
L'obsolescence est donc devenue un outil qui permet de créer, ou de faire croire à, des nouveautés,
a�n de répondre à la demande de bien être des gens qui constituent notre société de consommation.
17
Conclusion
L'obsolescence programmée est au c÷ur du fonctionnement de notre société. Inventée et mise en
place par le Cartel de Phoebus au début du siècle dernier a�n de vendre toujours plus d'ampoules élec-
triques, elle a considérablement évolué et pris di�érentes formes. Actuellement, elle a plutôt tendance
à léser les consommateurs au pro�t des entreprises de production, mais en fait elle est nécessaire au
fonctionnement de notre société de consommation.
Le consommateur apparaît, au premier abord, comme la victime d'un tel système. Les objets qu'il
achète sont de moins en moins solides ou alors leur durée de vie n'est plus aussi longue qu'auparavant.
L'obsolescence devient donc un problème pour le portefeuille des ménages. Elle devient également un
problème pour l'environnement du fait de la surproduction de déchet et donc de tous les êtres vivants sur
cette Terre. Mais d'un autre côté, les entreprises qui sont à l'origine de ce mode de consommation sont
forcées d'innover pour survivre ce qui a considérablement augmenté le niveau de vie de la population.
Le tableau n'est donc pas tout noir en ce qui concerne le bilan de l'obsolescence.
De plus, au-delà des tracas individuels, l'obsolescence à modi�er notre façon de vivre et de penser.
Toute l'activité économique mondiale est désormais régie par elle. Notre comportement en est aussi
a�ecté, ou bien est-ce le contraire, notre comportement façonnerait l'obsolescence. La mode, en étroite
collaboration avec l'obsolescence psychologique, que nous prenons tous pour modèle nous dicte main-
tenant la meilleure façon de vivre. Elle créé le besoin, la frustration et la satisfaction dans la vie des
gens. Elle va même au-delà puisqu'elle nous donne des repères, elle nous permet de former des groupes,
d'y adhérer et de porter des jugements de valeur sur les autres.
Si à première vue l'obsolescence programmée est un �éau pour les gens qui en subissent les consé-
quences, elle apparaît maintenant comme un moteur incontournable du fonctionnement de notre so-
ciété. Certains souhaiteraient s'en débarrasser en pointant tous les problèmes quotidiens que cela
engendre et en demandant aux entreprises d'arrêter. Mais ce n'est pas seulement le fruit de quelques
producteurs qui recherchent le pro�t, c'est également une demande du consommateur qui en a besoin
pour conserver les repères grâce auxquels il s'est construit.
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Bibliographie
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