magazine judaïsme nord · 2013. 12. 13. · tous ces événements qui auraient pu le jeter dans un...

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ב''הMagazine Judaïsme Nord Chabbath Vayé’hi 13/12/2013 10 Téveth 5774

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  • 1

    ב''ה

    Magazine Judaïsme Nord Chabbath Vayé’hi

    13/12/2013 10 Téveth 5774

  • 2

    Magazine Edité par Judaïsme Nord Recueil d’articles publiés

    sur Daf-Hagueoula.org et sur la version française de Chabad.org

    Tous les textes sont protégés par le copyright

    Composition par Rav Eliahou Dahan

    Tous nos remerciements à Rav Emmanuel Mergui rédacteur de la version française de Chabad.org

  • 3

    Table des matières

    Editorial ............................................................................................................................................... 4

    Comment e viter le Sie ge ? ................................................................................................................. 4

    Il était une Fois ................................................................................................................................. 6

    Pour Chaque Enfant ........................................................................................................................... 6

    Réflexions sur la Paracha de la Semaine ............................................................................... 8

    Survivre a l’e chec Le secret du succe s de Yossef ............................................................................ 8

    Prier avant de Partir ........................................................................................................................ 12

    Toujours Vivant ................................................................................................................................ 14

    Le Midrash Raconte la Guéoula ............................................................................................... 16

    Monter et Descendre en Exil ........................................................................................................... 16

    Education .......................................................................................................................................... 17

    Une Maison de Livres ....................................................................................................................... 17

    Questions / Réponses ................................................................................................................... 20

    Le Rabbin et l’Ado Suicidaire .......................................................................................................... 20

    Saisons de l’âme ............................................................................................................................. 22

    Le 10 Te veth Le Sie ge de Je rusalem ............................................................................................... 22

    Mémoires du Rabbi de Loubavitch ......................................................................................... 24

    Le Chamache de Yanovitch .............................................................................................................. 24

  • 4

    Editorial

    Comment éviter le Siège ?

    Ce vendredi, nous marquons dans

    toutes les communautés juives à

    travers le monde, le jour du 10

    Téveth. Ce jour fait partie d’une série

    de quatre jeûnes institués par les

    prophètes pour commémorer la

    destruction du Temple.

    C’est le 10 Téveth que les armées de

    Nabuchodonosor encerclèrent et

    assiégèrent Yérouchalayim. Le 17

    Tammouz est le jour où les

    Babyloniens firent une brèche dans la muraille de la ville ; le 9 Av commémore la

    destruction du premier et du deuxième Temple. Enfin, le 3 Tichri est le jour de

    l’assassinat de Guédalia, gouverneur d’Israël.

    Voilà plus de 2500 ans que nous rappelons ces événements avec tristesse. Maïmonide

    nous apprend que ces jeûnes ne représentent pas uniquement un devoir de mémoire,

    ils doivent nous servir à prendre conscience de nos responsabilités et nous pousser à la

    Téchouva. Le Talmud affirme que toute génération, dans laquelle le temple ne sera pas

    reconstruit, devrait se considérer comme responsable de la destruction. Nous avons le

    devoir de changer le présent ; nous devons empêcher les choses de se reproduire (au

    moins virtuellement) et nous devons améliorer notre conduite pour un meilleur avenir.

    Le Talmud affirme aussi que le Beth-Hamikdach fut détruit à cause de la haine gratuite.

    C’est à cela que nous devons penser le jour du 10 Téveth. La question qui doit retentir

    dans nos esprits est : « Comment pourrais-je éradiquer les sentiments de haine et

    entretenir les sentiments d’amour pour mon prochain ? »

    Le Rabbi explique que le siège pouvait servir d’antidote à la haine et créer l’union. Car

    en temps de siège, les assiégés vivent une situation particulière. Les individus prennent

    subitement conscience qu’ils font partie d’une communauté, et qu’ils ne forment

    qu’une seule famille habitant un seul et même lieu. Le siège devait donc générer

    l’échange et l’union.

  • 5

    Le 10 Téveth nous aide à prendre conscience qu’aujourd’hui encore nous sommes

    assiégés – physiquement et spirituellement – par l’exil. Seuls nos actes de bonté

    apporteront la Guéoulah.

    Alors, ces jours de jeûnes deviendront, selon Maïmonide, des jours de fête, car la paix

    et l’harmonie régneront dans une ère où « il n’y aura plus de haine, plus de

    concurrence, plus de famine et plus de guerre. »

    Rav Eliahou DAHAN

  • 6

    Il était une Fois

    Pour Chaque Enfant

    Le fils de Rabbi David de Lelov tomba gravement malade, au point

    que les médecins avaient perdu tout espoir. Les habitants de Lelov,

    qui avaient beaucoup d’estime pour Rabbi David et son fils, se

    rassemblèrent à la synagogue et ils prièrent avec ferveur pour que

    D.ieu apporte la guérison à cet enfant. Ils donnèrent aussi

    généreusement la Tsédaka afin que, par le mérite de cet acte

    charitable, l’enfant puisse se rétablir.

    Lorsque l’état de santé du garçon montra quelques améliorations, les médecins

    s’empressèrent d’annoncer avec joie la bonne nouvelle au Rabbin qui se mit

    spontanément à pleurer.

    « Mais pourquoi pleurez-vous donc ainsi ? » demandèrent-ils. « Votre fils va

    beaucoup mieux ! »

    Rabbi David répondit : « C’est vrai, mon fils va mieux ; mais nous devons cela aux

    personnes qui se sont réunies et qui ont consacré leurs prières à son égard. Elles ont

    aussi donné la Tsédaka pour son mérite et son rétablissement. Mais dites-moi,

    comment cela se passe-t-il à chaque fois qu’un autre enfant souffre ! Qui va à

    la synagogue pour prier pour lui lorsqu’il tombe malade ? Dans ce cas, la synagogue

    ne se remplit pas de fidèles fervents priant pour toute cette souffrance. Comment

    voulez-vous donc que je ne pleure pas ? »

  • 7

    La Paracha en Bref

    Vayé’hi Genèse 47, 28 - 50, 26

    Yaakov vit les 17 dernières années de sa vie en Égypte.

    Avant sa mort, il demande à Yossef de faire le serment

    qu’il l’enterrera en Terre Sainte. Il bénit les deux fils de

    Yossef, Ménaché et Ephraïm, les élevant au statut de ses

    propres fils comme fondateurs de tribus au sein du

    peuple d’Israël.

    Le patriarche souhaite révéler la fin des temps à ses

    enfants, mais il en est empêché. Yaakov bénit alors ses

    fils, attribuant à chacun le rôle de sa tribu : Yéhouda

    produira des chefs, des législateurs et des rois ; les prêtres

    viendront de Lévi, les savants d’Issa’har, les navigateurs

    de Zévouloun, les maîtres d’école de Chimon, les soldats de Gad, les juges de Dan, les

    producteurs d’olives d’Acher, etc. Réouven est blâmé pour avoir « troublé le mariage

    de son père », Chimon et Lévi pour le massacre de Che’hem et le complot contre Yossef.

    Naphtali se voit attribuer la rapidité d’une gazelle, Benjamin la férocité d’un Loup et la

    beauté et la fertilité sont promises à Yossef.

    Un long convoi funéraire composé des descendants de Yaakov, des ministres de

    Pharaon, des nobles de l’Égypte et de la cavalerie égyptienne accompagne Yaakov dans

    son dernier voyage vers la Terre Sainte, où il est enterré dans la grotte de Ma’hpela à

    Hébron.

    Yossef meurt à son tour en Égypte à l’âge de 110 ans. Lui aussi ordonne que ses

    ossements soient sortis d’Égypte pour être enterrés en Terre Sainte, mais cela ne se

    produira que lors de l’Exode des Israélites d’Égypte bien des années plus tard. Avant

    sa mort, Yossef transmet aux Enfants d’Israël le testament qui sera le ferment de leur

    espoir et de leur foi dans les difficiles années à venir : « D.ieu se souviendra de vous et

    vous fera sortir de ce pays vers celui qu’Il a promis par serment à Abraham, à Yits’hak

    et à Yaakov. »

  • 8

    Réflexions sur la Paracha de la Semaine

    Survivre à l’échec

    Le secret du succès de Yossef

    Lord Rav Jonathan Sacks

    Béréchit s’achève sur une sublime note de

    réconciliation entre Joseph et ses frères. Ceux-ci

    craignaient qu’il ne leur ait pas vraiment

    pardonné de l’avoir vendu comme esclave. Ils se

    disaient qu’il avait seulement retardé sa

    vengeance jusqu’à ce que leur père soit mort.

    Ainsi, après la mort de Jacob, ils exprimèrent

    leur crainte. Mais Joseph leur affirma :

    « N’ayez pas peur. Suis-je à la place de D.ieu ?

    Vous aviez l’intention de me nuire, mais D.ieu en

    a fait du bien, afin que s’accomplisse ce qui arrive

    aujourd’hui, que de nombreuses vies soient

    sauvées. Donc, n’ayez pas peur. Je pourvoirai

    pour vous et vos enfants. » Et il les rassura et leur

    parla aimablement.

    Béréchit s’achève sur une sublime note de

    réconciliation

    C’était la seconde fois qu’il leur parlait en ces termes. Il leur avait déjà parlé ainsi quand

    il leur révéla que lui, l’homme qu’ils pensaient être le vice-roi égyptien nommé Tsafnat-

    Paanea’h, n’était autre que leur frère Joseph :

    « Je suis Joseph votre frère que vous avez vendu jusqu’en Égypte. Et maintenant, ne

    vous affligez pas, ne soyez pas irrités contre vous-mêmes de m’avoir vendu pour ce

    pays, car c’est pour sauver des vies que D.ieu m’a envoyé au-devant de vous. Car voici

    deux années que la famine sévit dans le pays et durant les cinq années à venir, il n’y

    aura ni labour ni moisson. Mais D.ieu m’a envoyé au-devant de vous pour vous

    préparer une survivance sur la terre et pour sauver vos vies dans une grande délivrance.

    Ainsi, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais D.ieu. »

  • 9

    Ce fut là un moment décisif dans l’histoire de la foi. Il marque la naissance du pardon,

    de la première fois dans l’histoire écrite où une personne en pardonna une autre pour

    le mal qu’elle avait fait. Mais cet événement établit aussi un autre principe important :

    l’idée de la providence divine. L’histoire n’est pas ce que Joseph Heller a appelé « un

    sac poubelle plein de coïncidences fortuites jetées au vent ». Elle a un sens, un but, un

    scénario. D.ieu est à l’œuvre dans les coulisses. « Il est une divinité qui donne la forme

    à nos destinées, dit Hamlet, de quelque façon que nous les ébauchions. »

    La grandeur de Joseph était qu’il avait senti cela. Rien dans sa vie, il en était désormais

    conscient, n’était arrivé par accident. Le complot visant à le tuer, sa vente comme

    esclave, les fausses accusations de la femme de Potiphar, son séjour en prison et son

    espoir déçu que le chef des échansons se souviendrait de lui et obtiendrait sa libération,

    tous ces événements qui auraient pu le jeter dans un désespoir toujours plus profond

    se révélèrent rétrospectivement avoir été les étapes nécessaires du cheminement qui

    l’amena à devenir le commandant en second de l’Égypte et la seule personne à même

    d’éviter à l’ensemble du pays – ainsi qu’à sa propre famille – de mourir de faim dans

    les années de famine.

    Joseph possédait en abondance l’une des qualités nécessaires à un leader : la capacité

    à continuer malgré l’opposition, la jalousie, les fausses accusations et les échecs

    répétés.

    Tout leader qui défend une cause se heurtera à une opposition

    Tout leader qui défend une cause se heurtera à une opposition. Cela pourra être un

    véritable conflit d’intérêts. Un dirigeant élu sur la promesse de rendre la société plus

    équitable suscitera presque certainement le soutien des pauvres et l’opposition des

    riches. Un autre, élu pour réduire la pression fiscale, suscitera le contraire. Cela ne peut

    pas être évité. La politique sans conflits est une contradiction dans les termes.

    Tout dirigeant élu à quelque fonction que ce soit, ou bien plus aimé ou plus doué que

    d’autres, suscitera de la jalousie. « Pourquoi lui et pas moi ? » diront les rivaux. C’est

    ce que se dit Kora’h face à Moïse et Aaron. C’est ce que les frères se dirent face à Joseph,

    quand ils virent que leur père l’aimait plus qu’eux. C’est ce que se dit Antonio Salieri

    face à un jeune Mozart plus talentueux que lui, d’après la pièce de Peter Shaffer,

    Amadeus.

    En ce qui concerne les fausses accusations, elles n’ont pas manqué au cours de

    l’histoire. Jeanne d’Arc fut accusée d’hérésie et brûlée sur le bûcher. Un quart de siècle

    plus tard, elle fut déclaré innocente à titre posthume par une commission d’enquête

    officielle. Plus de vingt personnes furent mises à mort suite aux procès des sorcières de

    Salem en 1692-1693. Des années plus tard, lorsque leur innocence commençait à être

    admise, un prêtre présent au procès, John Hale, reconnut : « L’obscurité de ce temps-

  • 10

    là était telle... que nous marchions dans le brouillard, et nous ne pouvions pas voir où

    nous allions. » La plus célèbre fausse accusation des temps modernes fut le procès

    d’Alfred Dreyfus, un officier français d’origine juive accusé d’être un espion allemand.

    L’affaire secoua la France pendant les années 1894-1906, avant que Dreyfus fût

    finalement acquitté.

    Les échecs se retrouvent aussi dans la vie de ceux ayant le plus de succès. Le premier

    roman d’Harry Potter de J. K. Rowling fut rejeté par les douze premiers éditeurs à qui

    elle le soumit. Un autre auteur d’un livre sur les enfants essuya vingt et un refus. Le

    livre s’appelait Sa Majesté des mouches, et son auteur, William Golding, reçut

    finalement le prix Nobel de littérature.

    Dans son célèbre discours à l’occasion de la cérémonie de remise des diplômes à

    l’université de Stanford, le regretté Steve Jobs raconta l’histoire des trois coups du sort

    qui ont façonné sa vie : avoir lâché ses études à l’université, avoir été renvoyé d’Apple,

    la société qu’il avait fondée, et avoir été diagnostiqué d’un cancer du pancréas. Plutôt

    que d’être terrassé par ces événements, il les mit tous à profit à des fins créatrices.

    Pendant vingt-deux ans, j’ai vécu près d’Abbey Road, au nord de Londres, où un célèbre

    groupe de pop enregistra tous ses hits. Lors de leur première audition, ils jouèrent pour

    une maison de disques qui leur dit que les groupes de guitare étaient « sur le déclin ».

    Le verdict de leur performance (en janvier 1962) était : « Les Beatles n’ont pas d’avenir

    dans le show-business. »

    Tout cela explique la réflexion remarquable de Winston Churchill qui déclara : « Le

    succès est la capacité d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »

    Ce qui soutint Joseph fut sa perception de la providence divine

    Il est possible que ce qui soutient les gens à travers des échecs répétés soit leur croyance

    en eux-mêmes, ou leur ténacité, ou l’absence d’alternatives. Ce qui soutint Joseph,

    cependant, fut sa perception de la providence divine. Un plan était en œuvre dont il ne

    pouvait que vaguement discerner l’aboutissement, mais, à un certain stade, il semble

    qu’il ait compris qu’il était l’un des personnages d’un drame beaucoup plus vaste, et

    que toutes les mauvaises choses qui lui étaient arrivées étaient nécessaires pour que

    l’objectif global soit atteint. Comme il le dit à ses frères : « Ce n’est pas vous qui m’avez

    envoyé ici, mais D.ieu. »

    Cette disposition à laisser survenir les événements en conformité avec la Providence,

    cette conscience que nous sommes, au mieux, seulement les coauteurs de nos vies,

    permirent à Joseph de survivre sans ressentiment vis-à-vis du passé et sans désespoir

    face à l’avenir. Sa confiance en D.ieu lui procura une force immense, ce qu’il nous

    faudra à nous aussi si nous avons de l’ambition. Quel que soit le mal que d’autres

  • 11

    personnes fomentent contre nous – et plus vous aurez de succès, plus de mal il y aura

    –, si nous sommes capables de dire : « Vous aviez l’intention de me nuire, mais D.ieu

    en a fait du bien », nous survivrons, avec notre force et notre énergie intactes.

    © Copyright 2013, all rights

    Le Rav Lord Jonathan Sacks est l'ancien Grand Rabbin du Royaume-Uni et du

    Commonwealth

  • 12

    Prier avant de Partir

    La Paracha de Vayétsé débute par ce

    verset : « Yaakov sortit de

    BéerCheva et il se dirigea vers

    ‘Haran. »

    Les voyages des Patriarches ne

    constituent pas de simples

    déplacements géographiques, mais

    ils représentent, en fait, des étapes

    indissociables de leurs parcours

    spirituels. BéerCheva et ‘Haran

    symbolisent deux situations extrêmes dans le service de D.ieu. Ainsi, BéerCheva

    rappelle un état de paix et de tranquillité. Le nom même de ce lieu commémore

    l’alliance faite entre Avraham et le roi des Philistins, Aviméle’h. C’est aussi le souvenir

    des sept puits creusés par Yits’hak.

    Yaakov quitta donc BéerCheva, ce havre de paix, laissa la maison d’étude de Chem et

    de Ever – où il étudia durant quatorze ans – et il se rendit à ‘Haran – le lieu le moins

    recommandable de la terre, le plus bas spirituellement. Le nom de ‘Haran découle de

    l’expression hébraïque « ‘Haron Af » qui signifie la colère de D.ieu.

    Ce voyage de Yaakov est dans un certain sens un voyage d’initiation que chaque Juif se

    doit – à un moment où à un autre de sa vie – d’entreprendre lui aussi. A l’instar de

    Yaakov qui quitta BéerCheva pour trouver une femme à ‘Haran et y fonder sa famille,

    ainsi chaque Juif doit quitter l’univers protégé de la Yéchiva pour établir un foyer Juif ;

    chacun doit s’investir – comme notre Patriarche – dans une activité professionnelle au

    sein même des turbulences du monde matériel.

    La première période – BéerCheva – est indispensable, car c’est la Torah étudiée et

    acquise dans cette étape de la vie qui permet d’affronter les épreuves de ‘Haran.

    Néanmoins, c’est bien dans ce lieu étranger à la spiritualité – dans des situations

    apparemment hostiles – que chaque Juif se doit de mener sa vie.

    La leçon est aussi simple que claire : C’est précisément à travers les tribulations et les

    épreuves que nous rencontrons que nous construisons un chaleureux foyer Juif. Ce

    sont ces expériences difficiles qui forgent la personnalité de chacun de nous et qui

    garantissent les fondations d’une maison stable et forte.

    Un détail intéressant mérite d’être soulevé dans ce voyage de Yaakov : il aurait été

    logique que Yaakov qui venait à ‘Haran d’une contrée étrangère pour trouver l’âme

    sœur se prépare de manière adéquate en apprenant la langue ou en s’habillant avec de

  • 13

    beaux habits afin de faire bonne impression. Or, il n’en est rien ! La première démarche

    qu’il entreprit était – selon Rachi commentant le verset « Vayifga Bamakom » – de

    prier.

    Yaakov avait compris que son succès ne dépendait pas de son action matérielle

    seulement. Aussi, le Juif doit savoir que la première démarche avant de se lancer à la

    conquête du monde matériel est de prier D.ieu. Il ne doit pas se suffire des prières et

    de l’étude faites pendant ses jeunes années, et penser que pour agir dans le monde

    matériel, il serait plus approprié d’adopter les coutumes du monde pour s’assurer la

    réussite.

    Bien au contraire : c’est précisément parce qu’il s’apprête à quitter BéerCheva pour

    rejoindre les difficultés de ‘Haran que le Juif doit prier avec plus de ferveur encore que

    lorsqu’il était dans les murs de la Yéchiva ou dans la sécurité du foyer de ses parents !

    Car les épreuves qu’il rencontrera à présent seront bien plus difficiles que celles qu’il

    avait pu rencontrer jusqu’à ce jour. Il doit donc, parallèlement à son engagement

    matériel, s’investir avec plus d’enthousiasme dans la prière et l’étude pour y puiser

    l’inspiration et la force. Parallèlement, ceux qui consacrent leur vie à l’étude et à la

    prière doivent sortir, périodiquement, de leur tour d’ivoire et aller vers les autres Juifs

    pour les approcher du Judaïsme. Ainsi, leur étude aura une nouvelle dimension, car

    elle sera empreinte du sentiment que leurs efforts doivent avoir aussi une portée sur

    l’autre.

    Likouté Si’hoth Vol I

  • 14

    Toujours Vivant

    Il est convenu que le nom d’une Paracha reflète

    son contenu. Pourtant, la Paracha de cette

    semaine porte le nom de « Vayé’hi » qui signifie «

    Yaakov vécut… » ; or, toute la Paracha ne fait que

    relater les événements qui accompagnèrent la

    mort de Yaakov !

    C’est pourquoi, il semble qu’il soit nécessaire de définir le vrai sens du mot ‘Haïm –

    vie. La vraie vie et le véritable vivant sont liés à l’éternité. C’est pourquoi, ce terme de

    ‘Haïm ne s’applique véritablement que pour Hachem, ainsi que dit le verset : « Hachem

    est D.ieu de vérité, Il est le D.ieu vivant. » La vérité n’est pas sujette au changement ;

    si une chose est vraie, elle le restera à jamais. D.ieu est vérité ; Il ne change pas, Il est

    alors Source de Vie.

    Cependant, les créatures ne sont pas des entités absolues, car elles n’existent pas par

    elles-mêmes. Elles doivent être créées. Elles ont donc un début et, par conséquent, elles

    sont sujettes au changement et au déclin. C’est seulement par le biais de l’union avec

    D.ieu qu’elles jouiront d’une véritable existence.

    En effet, le verset dit au sujet du peuple Juif : « Vous qui vous reliez à l’E-ternel votre

    D.ieu, vous êtes vivants aujourd’hui. » Le peuple Juif est vivant de manière éternelle

    grâce au lien qu’il entretient avec D.ieu.

    Néanmoins, cette expérience doit être mise à l’épreuve dans les dimensions du monde

    matériel. Ce n’est qu’après avoir traversé certaines épreuves que l’homme révèle ici-

    bas que c’est effectivement la vérité qui l’anime. Dans ce cas, rien, ni personne, ne

    pourra altérer l’union entre lui et Hachem.

    C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre le rapport entre le nom de « Vayé’hi » et le

    reste de la Paracha :

    Avant la descente de Yaakov en Egypte, il n’était pas encore évident qu’il avait atteint

    le degré d’attachement à D.ieu permettant de jouir de la vraie vie. Les Pirké Avoth –

    Maximes de nos Pères – affirment d’ailleurs : « Ne sois pas sûr de toi jusqu’au jour de

    ta mort. » Ainsi, les acquis spirituels de Yaakov ne pouvaient attester du caractère et

    de la nature de sa vie.

    Le fait d’avoir réussi à éduquer ses enfants et ses petits-enfants dans la voie de la justice

    et de la droiture ne suffisait pas pour prouver que ce lien était irrévocable ; comment

    se conduiraient-ils dans un pays étranger ? !

  • 15

    Ce n’est qu’au moment où Yaakov atteignit l’heure de sa disparition – après qu’il soit

    descendu avec sa famille en Egypte – qu’il fut clair que toute son existence, même si

    elle fut visiblement pleine de peines et de souffrances, fut une véritable vie - « Vayé’hi

    Yaakov ».

    Le Talmud affirme : « Notre Père Yaakov n’est pas mort ; puisque sa progéniture vit

    encore, il vit lui aussi. » Puisque la véritable dimension de la vie, c’est l’éternité.

    L’existence de Yaakov ne peut être qualifiée de vivante qu’après la constatation de son

    perpétuel prolongement.

    Cela s’est traduit par l’extraordinaire attachement du peuple Juif à D.ieu à travers les

    âges.

    Likouté Si’hoth Vol XV

  • 16

    Le Midrash Raconte la Guéoula

    Monter et Descendre en Exil

    « Yaakov fit venir ses fils et il leur dit : Rassemblez-vous, je

    veux vous révéler ce qui vous arrivera à la fin des temps. »

    (Genèse 49 – 1)

    Avant de révéler à ses enfants ce que leur

    réservait l’avenir, Yaakov leur indiqua que la

    condition préalable pour un avenir florissant

    est : « Rassemblez-vous ». Seule une unité

    totale entre le peuple autour de la tribu

    royale de Yéhouda garantira le bonheur et la

    félicité pour Israël. Il est d’ailleurs dit dans Yé’heskiël (37 – 16, 22) : « Prends une pièce

    de bois et écris dessus : Pour Yéhouda… Puis prends une autre pièce et écris dessus :

    Pour Yossef…Rapproche ces pièces l’une de l’autre…Je les constituerai en une nation

    unie… »

    Quels sont donc les secrets que le Patriarche voulait révéler ?

    Rabbi Simone dit qu’il s’agit de la chute de Gog.

    Rabbi Yéhouda indique que Yaakov voulait dévoiler le temps où sera construit le

    troisième et ultime Beth-Hamikdach, ainsi qu’il est dit (Michée 4 – 1) : « Il arrivera à

    la fin des temps que la montagne de la Maison de D.ieu sera prête pour couronner la

    cime des montagnes. »

    Midrash Rabba

  • 17

    Education

    Une Maison de Livres

    Comment créer un environnement éducatif ?

    Chanie Goldman

    Le ministère de l’Éducation des États-Unis a

    récemment publié un rapport intitulé Étude

    longitudinale de la petite enfance. Le rapport suit

    le parcours de plus de 20 000 écoliers américains

    de la maternelle à la fin de l’école primaire,

    récoltant pour chaque enfant l’ensemble de ses

    résultats scolaires et ses informations

    démographiques. Les parents de ces enfants ont

    répondu à de nombreuses questions sur les

    habitudes, le mode de vie et les activités de leur

    famille. Le rapport final est une somme de

    données d’une extraordinaire richesse qui,

    lorsqu’elle est soumise à une analyse rigoureuse,

    fournit de puissantes informations sur les

    principes guidant les méthodes parentales.

    Une des conclusions intéressantes de cette étude est qu’un enfant dont le foyer possède

    cinquante livres obtient des résultats de cinq pour cent supérieurs en moyenne à ceux

    d’un enfant sans livres. Et un enfant avec une centaine de livres à la maison obtient

    cinq points de plus qu’un enfant avec une cinquantaine de livres. Face à ces données,

    la plupart des gens présumeront que le nombre de livres à la maison est corrélé à la

    quantité de temps qu’un parent consacre à lire à son enfant. Mais la conclusion de

    l’étude est tout à fait différente : quel que soit le temps passé à faire la lecture à un

    enfant, la simple présence de livres à la maison influence ses résultats scolaires. En

    d’autres termes, l’éducation est autant – et peut-être plus – affaire de qui vous êtes que

    de ce que vous faites.

    L’éducation des enfants est peut-être l’une des tâches les plus difficiles qu’une

    personne effectuera dans sa vie. Les théories éducatives abondent et, dans le but de

  • 18

    produire un enfant prodige, les mères et les pères astreindront leur enfant, ainsi

    qu’eux-mêmes, à un programme rigoureux de cours, de concerts, de visites de musées

    et de toujours plus de cours. Dans le ventre de sa mère, le fœtus devra écouter Mozart,

    puis, petit enfant, il sera inscrit dans une école maternelle spécialisée, et sera

    finalement contraint de faire du hockey sur glace, du violon, des échecs et des maths

    supplémentaires de manière à remplir une journée de 12 heures souvent épuisante qui,

    l’espère-t-on, produira l’enfant parfait : celui qui sera admissible dans une université

    de l’Ivy League et finira par devenir un chirurgien ou un homme d’État de renommée

    mondiale.

    J’imagine la déception qui frapperait ces super-parents s’ils venaient à apprendre que

    la qualité du foyer et son atmosphère sont beaucoup plus importantes pour la réussite

    de leur enfant que la quantité de cours et d’événements culturels à laquelle il ou elle est

    soumis ou que les méthodes qui ont guidé son développement depuis si longtemps.

    Le roi Salomon écrit dans le livre de l’Ecclésiaste : « Il n’y a rien de nouveau sous le

    soleil. » Le peuple juif a toujours été connu comme « le peuple du livre », pas seulement

    à cause de notre réputation d’être studieux, mais surtout de par la Torah donnée au

    mont Sinaï qui nous a unifiés pour toujours. Une Torah expliquée, exposée et éclairée

    dans des milliers de livres écrits et publiés à travers les siècles. Souvent, les livres de

    Torah présents dans une maison juive seront plus nombreux que ce qui peut être étudié

    en une vie entière ; mais nous avons toujours gardé ces livres dans nos maisons,

    pénétrant celle-ci de la spiritualité et de la sainteté contenues dans leurs pages.

    Bayit maleh sefarim, « une maison remplie de livres » est l’une des dix pratiques juives

    que le Rabbi de Loubavitch a choisies pour ses campagnes de mitsvot, exhortant les

    Juifs à acheter des livres de Torah et à les disposer de manière visible chez eux,

    encourageant ainsi la famille et les invités à étudier leurs enseignements, de manière à

    agir positivement sur leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Cependant, même dans

    le cas où les livres dorment sur leurs étagères, dit le Rabbi, leur simple présence

    imprégnera toute la maison, exerçant une influence positive sur ceux qui y résident,

    aussi bien pendant les heures où ils s’y trouvent que lorsqu’ils seront à l’extérieur. Tout

    comme une mézouza protège les habitants de la maison au-dedans comme au dehors,

    les livres de la maison ont un effet d’une grande portée.

    Ainsi, l’Étude longitudinale de la petite enfance a un précédent. L’environnement

    conditionne le résultat. Le simple fait d’introduire des livres dans sa maison peut

    déterminer les résultats scolaires des enfants, car les livres inculquent instinctivement

    à l’enfant que l’éducation est de la plus haute importance pour ses parents, renforçant

    ainsi sa détermination à réussir à l’école.

  • 19

    Les livres sacrés du judaïsme disposés visiblement à la maison expriment la

    reconnaissance et le respect de leur propriétaire pour ces livres, pour leurs valeurs,

    pour leur histoire et leur contenu, tout en encourageant l’ensemble de la famille et les

    visiteurs à les utiliser, à les lire et à apprendre d’eux. Un environnement de Torah

    façonné avec des livres de Torah crée une atmosphère de sainteté subtile mais

    constante, inspirant à la pensée et à la pratique juive, nous invitant à apprendre leurs

    enseignements et à améliorer nos vies, livre par livre.

    © Copyright 2013, all rights reserved.

    Chanie Goldman est la codirectrice du Lubavitch Jewish Center à l'université de Floride à

    Gainesville

  • 20

    Questions / Réponses

    Le Rabbin et l’Ado Suicidaire

    « J’en ai marre »

    Aaron Moss

    Question :

    Cher rabbin,

    J’ai vraiment du mal avec beaucoup de choses dans la

    vie. Le travail, les relations, vous connaissez le

    refrain. Parfois, je suis déprimé à cause de mes

    défauts. On dit que chacun a un domaine dans lequel

    il est bon, mais j’en suis encore à chercher quel est le

    mien. C’est dur quand on n’arrive pas à se voir soi-

    même sous un jour positif. Tous ceux que je connais

    réussissent dans tout, et moi je n’arrive toujours pas

    à faire décoller quoi que ce soit. J’ai l’impression

    qu’on nait avec certaines capacités, et que ces

    capacités déterminent fortement où on finit par se

    retrouver dans la vie. Je pense parfois que je suis un

    gros raté. Désolé pour le coup de gueule, mais j’avais

    besoin de le sortir de moi...

    J’aimerais entendre votre réponse.

    Réponse :

    Vous me rappelez une histoire. Un rabbin a un jour été appelé à l’hôpital pour voir un

    adolescent juif suicidaire. Ressentant qu’il n’était qu’un bon à rien incapable de réussir

    quoi que ce soit, ce garçon avait essayé d’attenter à ses jours. Mais même sa tentative

    de suicide avait échoué. Voyant qu’il était juif, le personnel de l’hôpital a demandé au

    rabbin de venir et de tenter de lui remonter le moral.

    Le rabbin est arrivé à l’hôpital ne sachant pas à quoi s’attendre. Il trouva le garçon

    allongé dans son lit à regarder la télévision, projetant une image de misère absolue, de

    noirs nuages de désespoir suspendus au-dessus de sa tête. Le garçon lui jeta à peine un

    coup d’œil et, avant que le rabbin ait eu le temps de dire bonjour, il lui dit : « Si vous

    êtes venu me dire ce que le curé vient de me dire, vous pouvez repartir. »

  • 21

    Un peu surpris, le rabbin demanda : « Qu’est-ce que le curé a dit ? »

    « Il m’a dit que D.ieu m’aime. C’est complètement débile. Pourquoi D.ieu m’aimerait-

    Il ? »

    C’était un bon argument. Ce gamin ne pouvait rien voir en lui-même qui soit digne

    d’être aimé. Il n’avait rien accompli dans sa vie. Il n’avait aucune qualité particulière,

    rien qui soit beau ou respectable ou aimable. Pourquoi D.ieu l’aimerait-Il ?

    Le rabbin devait toucher ce garçon sans lui paraître condescendant. Il devait dire

    quelque chose de réel. Mais que peut-on dire à quelqu’un qui se considère sans valeur ?

    « Tu as peut-être raison, dit le rabbin. Peut-être que D.ieu ne t’aime pas. »

    Ceci éveilla l’attention du garçon. Il ne s’attendait pas à cela de la part d’un rabbin.

    « Peut-être que D.ieu ne t’aime pas. Mais une chose est sûre : Il a besoin de toi. »

    Là, le garçon était surpris. Il n’avait pas entendu cela auparavant.

    Le fait même que tu sois né signifie que D.ieu a besoin de toi. Il avait déjà beaucoup de

    gens avant toi, mais Il t’a ajouté à la population du monde, car il y a quelque chose que

    tu peux faire que personne d’autre ne peut faire. Et si tu ne l’as pas encore fait, c’est

    d’autant plus important que tu continues à vivre afin que tu puisses accomplir ta

    mission et apporter au monde cette contribution unique.

    Si je peux regarder toutes mes réalisations en face et en être fier, alors je peux croire

    que D.ieu m’aime. Mais si je n’ai rien réalisé ? Si je n’ai aucun accomplissement à mon

    actif dont je puisse être fier ?

    Eh bien, arrête de te regarder toi -même et regarde autour de toi. Cesse de penser à toi-

    même, et commence à penser aux autres. Tu es ici parce que D.ieu a besoin de toi. Il a

    besoin que tu fasses quelque chose.

    Mon ami, vous et moi savons que le bonheur ne vient pas en gagnant un gros salaire.

    Le bonheur vient en servant les autres, en vivant une vie qui a un sens. Je suis

    convaincu que tout ce que vous devez faire est de projeter votre regard vers l’extérieur,

    pas vers l’intérieur. Ne pensez pas à ce dont vous avez besoin, mais à ce pour quoi on a

    besoin de vous. Et en trouvant ce que vous pouvez faire pour les autres, vous vous

    trouverez vous-même.

    © Copyright 2013, all rights reserved.

    Rav Aron Moss enseigne la mystique juive, le Talmud et la pratique du Judaïsme à Sydney en

    Australie et contribue fréquemment à Chabad.org

  • 22

    Saisons de l’âme

    Le 10 Téveth

    Le Siège de Jérusalem

    Le dixième jour du mois de Tévet de l'an 3336

    depuis la Création (-425 de l'ère vulgaire), les

    armées de l'empereur babylonien

    Nabuchodonosor établirent le siège de

    Jérusalem. Trente mois plus tard, le 17 Tamouz

    3338, une brèche fut ouverte dans les murs de la

    cité et le 9 Av de cette année, le Saint Temple fut

    détruit. Suite à cela, le peuple juif fut exilé en

    Babylonie pendant 70 ans.

    Le 10 Tévet est un jour de jeûne, de deuil et de repentir, en souvenir du siège de

    Jérusalem. Nous nous abstenons de manger et de boire depuis l'aube jusqu'à la tombée

    de la nuit, et ajoutons les Séli'hot et d'autres passages dans nos prières.

    Dans de nombreuses communautés, ce jeûne est aussi associé au souvenir des victimes

    de la Shoah et le Kaddich y est récité pour le mérite de tous ceux dont on ignore la date

    exacte de la disparition.

    Rabbi Chnéour Zalman de Lyadi explique qu’un jour de jeûne est aussi un jour de

    bienveillance divine. Comme l’obligation de jeûner le 10 Tévet est, à certains égards,

    plus stricte que pour les autres jeûnes, on peut comprendre que la bienveillance divine

    est aussi plus forte ce jour-là. Donc la Techouva, le retour à D.ieu, que doit amener le

    jeûne, sera aussi d’un niveau plus élevé.

    Concrètement :

    Les adultes en bonne santé – à partir de l’âge de bar et bat mitsva – s’abstiennent

    de manger et de boire depuis l’aube jusqu’à la tombée de la nuit.

    Les femmes enceintes et qui allaitent ne jeûnent pas. Un malade doit consulter

    un rabbin. Ceux qui sont dispensés de jeûne, comme les malades et les enfants,

    ne devraient pas consommer de douceurs en ce jour.

    Un jour de jeûne est un jour propice, un jour où D.ieu est accessible, attendant

    notre repentir. Il est permis de se lever avant le début du jeûne pour manger

    quelque chose, à condition d’avoir eu l’intention de le faire avant d’aller dormir.

  • 23

    Au cours de la prière du matin, nous récitons les prières spéciales de seli’hot

    relatives à ce jour, figurant à la fin du recueil de prières. Le “long Avinou

    Malkeinou” est récité lors de l’office du matin et de celui de l’après-midi.

    La Torah est lue lors de l’office du matin et de celui de l’après-midi. La lecture –

    qui est la même pour ces deux offices – est Exode 32,11-14 et 34,1-10, et évoque

    comment, après l’incident du Veau d’Or, Moïse a intercédé auprès de D.ieu en

    faveur des Israélites jusqu’à obtenir Son pardon pour eux. Dans le rite

    ‘hassidique et le rite ashkénaze, après la lecture de l’après-midi, la Haftarah des

    jours de jeûne est lue (Isaïe 55,6 à 58,8).

    Au cours de la Amidah de l’après-midi, tous ceux qui jeûnent ajoutent un petit

    passage, aneinou, dans la bénédiction Chéma koleinou.

    D’après le calendrier juif, le 10 Tévet ne peut pas tomber un Chabbat. Il peut

    toutefois tomber un vendredi et, lorsque tel est le cas, on jeûne en ce jour

    jusqu’au kiddouche du Chabbat.

    S’abstenir de manger et de boire est l’aspect superficiel d’un jour de jeûne. À un degré

    plus profond, un jour de jeûne est un jour propice, un jour où D.ieu est accessible,

    attendant notre repentir.

    Nos Sages ont enseigné : “Toute génération au sein de laquelle le Temple n’a pas été

    reconstruit, c’est comme si le Temple avait été détruit en son temps.” Un jour de jeûne

    n’est pas seulement un jour triste, c’est un jour lors duquel nous sommes investis du

    pouvoir de réparer la cause de cette destruction, afin que notre exil s’achève et que nous

    entrions dans l’ère messianique, puisse-t-elle advenir très prochainement.

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  • 24

    Mémoires du Rabbi de Loubavitch

    Le Chamache de Yanovitch

    Barou’h étudia pendant tout l’hiver sous la

    direction de son beau-frère. Il réservait aussi

    plusieurs heures par jour au travail manuel pour

    son entretien, et il sentait que son existence était

    idéale et harmonieuse.

    Pessa’h approchait, et Barou’h se disposait à

    quitter Vitebsk, malgré l’insistance de ses parents

    pour qu’il passe Pessa’h avec eux. Cependant, il

    avait d’autres projets. Comme il devait bientôt se marier, il voulait profiter de l’occasion

    pour rendre visite à quelques-uns de ses vieux amis avant de s’établir.

    En particulier, il voulait en revoir un qui avait fait sur lui une profonde impression

    quand, encore enfant, il avait vécu à Yanovitch. C’était son vieil ami Zalman-’Haïm, qui

    était le chamach du grand Beth-Hamidrache de la place du marché.

    Quand Barou’h arriva à Yanovitch pour la première fois, il se rendit dans un petit Beth-

    Hamidrache qui était situé près d’un cimetière et s’y installa pour étudier.

    Quand il y avait un enterrement, c’est dans ce Beth-Hamidrache que venaient

    invariablement les parents et amis du défunt pour l’office de Min’ha. Les fossoyeurs

    rangeaient leurs outils dans une pièce de ce Beth-Hamidrache. Le corbillard et les «

    tables de purification » étaient là également.

    À cause de cela, peu de gens aimaient à demeurer seuls le soir dans le Beth-

    Hamidrache. Ils n’avaient pas grande envie d’y rester durant la journée non plus. C’est

    pourquoi Barou’h trouvait que c’était un endroit idéal pour étudier, car personne ne l’y

    dérangeait. Barou’h, lui aussi, se sentait assez inquiet au début, d’autant qu’il dormait

    également dans le Beth-Hamidrache. Peu à peu, cependant, il s’habitua à l’endroit et

    n’eut plus peur.

    La majorité des fidèles habitaient tout près, c’étaient des gens simples, travailleurs, qui

    profitaient de quelques minutes de répit pour se précipiter au Beth-Hamidrache «

    davénenn Min’ha » et courir de nouveau à leur travail. Quelques personnes avaient

    l’habitude de venir entre Min’ha et Maariv pour écouter le chiour de Michnayot ou de

  • 25

    Eïn-Yaakov. Mais, après Maariv, il ne restait pas une âme. Le chamach de ce Beth-

    Hamidrache était aussi l’un des fossoyeurs. C’est pour cette raison, aussi bien qu’à

    cause de la proximité du cimetière, que les fossoyeurs se réunissaient au Beth-

    Hamidrache pour « faire la noce ». À chaque enterrement, ces fossoyeurs en profitaient

    pour s’enivrer. À l’une de ces occasions, l’un d’eux, ayant bu plus que de raison,

    s’approcha en titubant vers Barou’h, et pour témoigner de son grand respect pour ce

    jeune homme qui se consacrait tout entier à l’étude de la Torah, lui jeta les bras autour

    du corps, dans une étreinte d’ivrogne.

    Barou’h fut horrifié et profondément remué. Il lui fallut un certain temps pour s’en

    remettre et il décida de quitter ce Beth-Hamidrache pour éviter ce genre de

    manifestations. C’est alors qu’il alla s’installer dans le nouveau Beth-Hamidrache de la

    place du marché, dont Zalman-’Haim était le chamach. Barou’h eut toutes les

    occasions d’observer Zalman-’Haïm et de l’admirer pour ses qualités exceptionnelles.

    En réalité, c’est grâce à Zalman-’Haïm qu’était né ce Beth-Hamidrache. L’argent de sa

    construction fut donné par le célèbre bienfaiteur de Yanovitch, Ber. Ber était un

    marchand de bestiaux qui eut la chance de transformer son négoce en une petite mine

    d’or. En soi, cela ne lui aurait pas apporté la célébrité, s’il n’avait été en même temps

    un homme craignant D.ieu et extrêmement charitable.

    Ber était très hospitalier : sa maison était ouverte à tous, en particulier aux savants. Il

    disait toujours : « Le maître de maison doit donner de l’argent, le visiteur sa

    bénédiction, et le Tout-Puissant doit accorder le succès à tous les deux. »

    Ber n’avait pas d’enfants et il en était profondément attristé. L’un de ses visiteurs

    habituels était Zalman-’Haïm que Ber respectait beaucoup et ainsi, lorsque ce dernier

    le pressa de financer la construction d’un Beth-Hamidrache sur la place du marché,

    Ber y consentit volontiers. Quand le Beth-Hamidrache fut terminé, Zalman-’Haïm en

    devint le chamach. Personne ne savait exactement comment il était devenu chamach,

    ni d’où il venait. Mais la raison pour laquelle il avait souhaité voir s’élever un Beth-

    Hamidrache sur la place du marché fut bientôt évidente, de même que la raison pour

    laquelle il avait voulu en être le chamach.

    C’était merveilleusement pratique pour un très grand nombre de personnes. Tous les

    Juifs, commerçants, boutiquiers et paysans qui venaient au marché, pouvaient si

    facilement faire un saut au nouveau Beth-Hamidrache pour davénenn sans perdre de

    temps. Et c’est ainsi que le Beth-Hamidrache était plein depuis l’aube jusqu’à une

    heure avancée de la nuit.

    On aurait pu penser que ce Beth-Hamidrache étant aussi animé, il était peu propice à

    l’étude, mais Zalman-’Haïm veilla à ce qu’il eût des pièces spéciales réservées à ceux

    qui voulaient étudier sans être dérangés.

  • 26

    Barou’h profita du calme de l’une de ces pièces et s’installa pour étudier, trouvant aussi

    le temps d’observer les nombreuses vertus du chamach Zalman-’Haïm.

    Barou’h nota que nombre des fidèles étaient des gens que Zalman-’Haïm amenait lui-

    même. En général, c’étaient des ouvriers et paysans juifs très simples qu’il accueillait

    et encourageait en les appelant à la Torah les jours où on lisait la Torah. Cela était très

    apprécié par ces gens simples qui, en général, étaient méprisés à cause de leur manque

    d’instruction. Ils sentaient l’honneur qui leur était fait et venaient d’autant plus

    volontiers au Beth-Hamidrache.

    Tous ces gens-là étaient particulièrement reconnaissants à Zalman-’Haïm parce qu’il

    leur apportait littéralement le Beth-Hamidrache et leur donnait l’impression qu’il leur

    appartenait.

    Zalman-’Haïm avait l’habitude d’aller dans les rues et de rassembler autour de lui

    hommes, femmes et enfants juifs et leur conter des récits du Talmud et du Midrache.

    Il leur contait les choses simplement et de façon si belle que tous, jeunes et vieux, le

    comprenaient parfaitement et écoutaient chaque parole avec ravissement.

    Zalman-’Haïm leur parlait surtout des grands Tannaïm et Amoraim qui travaillaient

    aussi, comme ses auditeurs, en qualité de savetiers, forgerons, charpentiers, etc. Il

    voulait leur prouver que, même des ouvriers peuvent devenir de grands savants, et que

    de grands érudits ne sont pas moins grands s’ils exercent un métier manuel pour

    gagner leur vie.

    Au cours de ces entretiens, qui étaient en réalité de longues conférences tenues en plein

    air et dans le langage simple auquel ils étaient habitués, il pressait les marchands à être

    honnêtes dans leurs négociations avec autrui. Il essayait aussi d’inculquer en eux un

    sentiment d’amour fraternel afin qu’ils ne se disputent pas et ne se querellent pas au

    cours de leurs transactions. Et, naturellement, il s’étendait longuement sur

    l’importance de veiller à ce que les enfants reçoivent l’éducation juive nécessaire et

    soient élevés comme des Juifs et des Juives aimant la Torah. Ces causeries du chamach

    Zalman-’Haïm faisaient sur ses auditeurs une impression extraordinaire, et ils se

    portaient en foule au Beth-Hamidrache pour écouter les chiourim qu’il y donnait, aussi

    bien que pour davénenn. L’un des chiourim qu’il donnait au Beth-Hamidrache était

    sur ‘Houmache et Rachi qu’il traduisait en yiddish et expliquait en termes simples, de

    sorte que tout le monde le comprenait.

    Cependant, Zalman-’Haïm ne limitait pas ses soins aux besoins spirituels de ces gens

    qu’il avait pris « sous son aile » ; il s’intéressait aussi à leur bien-être matériel. Il se

    souciait peu de lui-même, il se contentait d’un morceau de pain sec. Mais pour les

    autres il n’épargnait aucun effort pour s’assurer qu’ils ne manquaient de rien.

  • 27

    Zalman-’Haïm introduisit une innovation dans ce nouveau Beth-Hamidrache. Comme

    tous les autres chamachim (bedeaux), il faisait la quête parmi les fidèles les lundis et

    jeudis après la lecture de la Torah. Mais, contrairement aux autres, il ne prenait pas

    l’argent pour lui-même. Au lieu de cela, il amassa une somme assez importante et

    institua un « bureau de prêt » pour les pauvres ouvriers ou marchands qui avaient

    besoin d’aide financière.

    Il était particulièrement affairé juste avant les jours de marché et allait à la recherche

    de « clients » qui avaient besoin d’argent liquide. Quand, ce qui arrivait souvent, il se

    trouvait qu’il avait plus de clients que d’argent, il s’adressait aux gens fortunés de

    Yanovitch et obtenait d’eux qu’ils avancent l’argent dont il avait besoin pour le prêter

    aux pauvres, qui avaient appris à s’adresser à lui dans leurs difficultés et à compter sur

    lui.

    Parfois c’était un marchand qui voulait acquérir un chargement de grains ; parfois un

    boucher qui désirait acheter un veau, ou une pauvre femme qui souhaitait se procurer

    une volaille ou un panier d’œufs. Son « bureau de prêt » était à la disposition de tous,

    aussi longtemps que durait l’argent.

    Lorsqu’il leur donnait de l’argent, il leur disait : « Je vous souhaite bonne chance, et

    aussi longtemps que vous agissez honnêtement, vous pouvez être sûrs de la bénédiction

    divine ! Quant à l’emprunt, ne vous inquiétez pas de le rembourser rapidement. Quand

    vous le pourrez, il sera toujours temps de régler la dette ! »

    Chacun savait quelle grande âme était Zalman-’Haïm et tous l’aimaient et le

    respectaient profondément.

    Outre l’attention qu’il accordait aux marchands dans le besoin, il prenait le temps, les

    jours de marché, de bavarder avec les villageois et paysans juifs qui venaient à la ville.

    À ceux-ci il demandait très affablement et avec un réel intérêt des nouvelles de leurs

    familles et de leurs affaires ; il leur parlait de l’éducation de leurs enfants et leur

    demandait s’il pouvait les conseiller ou les aider de quelque façon que ce soit.

    Zalman-’Haïm acquit ainsi une immense influence sur ces villageois et paysans juifs

    qui le considéraient comme un père.

    Grâce à son intérêt et à ses efforts, le Judaïsme devint florissant là où, jusqu’alors, il

    s’était débattu pour exister. Il réussit même à faire naître des synagogues dans des

    endroits éloignés où, auparavant, les habitants juifs ne pouvaient assister à un

    « minyane » que pour les Fêtes Solennelles, à l’occasion desquelles ils venaient à la

    ville avec leurs familles.

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