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THÉORIES ET MÉTHODOLOGIES THEORIES AND METHODOLOGIES MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS : IMPLICATIONS THÉORIQUES ET MÉTHODOLOGIQUES DANS LE DOMAINE DU STRESS ET DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ par N. RASCLE et S. IRACHABAL* SUMMARY MEDIATORS AND MODERATORS : THEORETICAL AND METHODOLOGICAL IMPLI- CATIONS IN STRESS AND HEALTH PSYCHOLOGY RESEARCH The concepts of mediators and moderators are often confused in psychological research. Most empirical studies use these two terms interchangeably and analyse their effects using the same statistical approaches. Nevertheless, it is very important to distinguish between their properties as it permits the conceptualization of complex theoretical models and different levels of analysis. In the domain of stress research, the distinction between these two types of variable is also essential because it underscores the historical evolution of different models. The earliest behavioural models of stress (stimulus-response) were simple interactional models, where by negative consequences of stress could be explained jointly by environmental and personal variables, and above all by their incompatibility. In this context, moderators play an important role. Numerous personal variables (personality traits) and environmental variables (social support) serve as of buffers between stressors (work, life events) and outcomes (well-being, illness). Although these interactional models are important for emphasizing individual vulnerability to stress, they do not explain the underlying psychological processes at work. For this reason, the evolution of models requires the identification of psychological and/or biological mediators that explain how predictive variables (environment and personality) have an impact on individual health. The transactional model of stress is an example of such neo-behavioural models. The identification of distinct models and variables with specific properties also requires the selection of appropriate statistical analyses. Testing the effects of moderators does not use the same kind of analysis as for testing the effects of mediators. ANOVA and hierarchical regression analyses are the most appropriate methods for testing moderator effects, while path analyses with Lisrel allow for the examination of mediator effects of a given variable relative to two other variables. Finally, the clarification of these different issues has value beyond the domain of stress theory. Key words : Mediator, Moderator, Methodology, Stress, Health. Le Travail Humain , tome 64, n o 2/2001, 97-118 * Université de Bordeaux 2, Laboratoire de psychologie, équipe de Psychologie de la santé, 3 ter , place de la Victoire, 33071 Bordeaux, Cedex ; e-mail : [email protected] ; [email protected]

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THÉORIES ET MÉTHODOLOGIESTHEORIES AND METHODOLOGIES

MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :IMPLICATIONS THÉORIQUES

ET MÉTHODOLOGIQUESDANS LE DOMAINE DU STRESS

ET DE LA PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

par N. RASCLE et S. IRACHABAL*

SUMMARY

MEDIATORS AND MODERATORS : THEORETICAL AND METHODOLOGICAL IMPLI-CATIONS IN STRESS AND HEALTH PSYCHOLOGY RESEARCH

The concepts of mediators and moderators are often confused in psychological research.Most empirical studies use these two terms interchangeably and analyse their effects using thesame statistical approaches. Nevertheless, it is very important to distinguish between theirproperties as it permits the conceptualization of complex theoretical models and differentlevels of analysis. In the domain of stress research, the distinction between these two types ofvariable is also essential because it underscores the historical evolution of different models.The earliest behavioural models of stress (stimulus-response) were simple interactionalmodels, where by negative consequences of stress could be explained jointly by environmentaland personal variables, and above all by their incompatibility. In this context, moderatorsplay an important role. Numerous personal variables (personality traits) and environmentalvariables (social support) serve as of buffers between stressors (work, life events) andoutcomes (well-being, illness). Although these interactional models are important foremphasizing individual vulnerability to stress, they do not explain the underlyingpsychological processes at work. For this reason, the evolution of models requires theidentification of psychological and/or biological mediators that explain how predictivevariables (environment and personality) have an impact on individual health. Thetransactional model of stress is an example of such neo-behavioural models. Theidentification of distinct models and variables with specific properties also requires theselection of appropriate statistical analyses. Testing the effects of moderators does not use thesame kind of analysis as for testing the effects of mediators. ANOVA and hierarchicalregression analyses are the most appropriate methods for testing moderator effects, while pathanalyses with Lisrel allow for the examination of mediator effects of a given variablerelative to two other variables. Finally, the clarification of these different issues has valuebeyond the domain of stress theory.

Key words : Mediator, Moderator, Methodology, Stress, Health.

Le Travail Humain, tome 64, no 2/2001, 97-118

* Université de Bordeaux 2, Laboratoire de psychologie, équipe de Psychologie de la santé,3 ter, place de la Victoire, 33071 Bordeaux, Cedex ; e-mail : [email protected] ;[email protected]

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Depuis quelques années, des publications internationales dans desdomaines variés de la recherche en psychologie sont parues, dont l’objetconsistait à montrer l’intérêt de distinguer un modérateur d’un médiateur,aussi bien au niveau conceptuel que méthodologique (Baron & Kenny,1986 ; Shadish, 1996 ; Taylor & Aspinwall, 1996 ; Vollrath, Banholzer,Caviezel, Fischki, & Jungo, 1994). Prenant appui sur l’utilisation deméthodes statistiques « innovantes » (les pistes causales avec Lisrel ou larégression hiérarchique), les auteurs démontrent que la distinction de cesdeux notions rend compte de l’évolution des modèles du comportementhumain. C’est également pour des raisons méthodologiques que, troplongtemps sans doute, on s’est contenté de tester des modèles simples detype « stimulus → réponse » (cf. Fig. 1a), où l’impact d’une variable mani-pulée sur la variable à prédire est direct et unique. Dans ce cas, c’estl’influence du contexte ou des caractéristiques individuelles qui prédisentun comportement.

Nous sommes là dans une démarche béhavioriste ou déterministe.L’évolution des modèles de psychologie a permis ensuite d’envisagerl’intervention d’une troisième variable : c’est la conception interaction-niste de l’homme dans son contexte, où l’on envisage conjointement lesrôles respectifs du contexte et des caractéristiques environnementalesdans l’explication des comportements. Enfin, une troisième voie a permisd’expliquer l’impact du contexte ou des caractéristiques individuelles surle comportement humain par l’intervention d’une variable psychologiquequi décrit plutôt le processus sous-jacent : c’est le modèle transactionnelavec identification de la « boîte noire ».

Passant de modèles relativement simples à des modèles multifactorielstrès complexes, les chercheurs ont éprouvé le besoin de préciser le statutde certaines variables psychologiques sans y parvenir de façon unanime(Parkes, 1994). C’est ainsi que l’on voit encore utilisés indifféremment lestermes modérateur et médiateur pour une même variable psychologique(Vollrath et al., 1994).

Afin d’atténuer ces confusions et d’éclaircir les notions de médiateur etde modérateur, nous commencerons par souligner leurs différences. Puisnous montrerons comment ces variables s’intègrent dans les modèles de lapsychologie de la santé et de la psychologie du travail. Enfin nous tente-rons d’expliquer les méthodes d’analyse quantitative susceptibles de testerleurs effets respectifs.

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Variableindépendante

Variabledépendante

Fig. 1a. — Effet direct d’une variable indépendante sur une variable dépendante

Main effect of the independent variable on the dependent variable

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I. MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :I. IMPLICATIONS THÉORIQUES

I. 1. DIFFÉRENCES FONDAMENTALES

Un médiateur décrit un processus à travers lequel la variable indé-pendante est susceptible d’influencer la variable dépendante (Baron& Kenny, 1986). Dans ce cas, la variable indépendante est à l’origine dudéclenchement de l’action d’un médiateur ou de son intensité, qui lui-même influence la réponse (variable dépendante). Par contraste, unmodérateur est plutôt une variable de nature qualitative (sexe, race,contexte...) ou quantitative (niveau de revenu...) affectant la direction oul’intensité de la relation entre la variable indépendante et la variabledépendante. C’est le principe de l’interaction statistique où des variablesindépendantes peuvent isolément avoir un effet différent de leur effetcombiné (cf. Fig. 1b).

Cette différence renvoie à des problématiques de recherche souventcomplémentaires : avec les modérateurs, l’intérêt est avant tout descriptif,alors qu’il est exploratoire quand on aborde des médiateurs. En fait, lamise en évidence statistique d’une interaction entre deux variables indé-pendantes ne suffit pas à expliquer ce qui provoque cet effet. C’est le caspar exemple des résultats relatifs au rôle modérateur du soutien social surla santé1. A contrario, l’existence d’un médiateur renvoie à l’interventiond’une variable active de l’organisme entre le stimulus et la réponse(cf. Fig. 1c). Comme l’expriment Baron et Kenny (1986), si les variablesmodératrices déterminent dans quel cas certains effets se déclarent, lesvariables médiatrices expliquent comment ou pourquoi ils apparaissent.

Médiateurs et modérateurs 99

1. L’étude de Ell et al. (1992) montrait en effet que, pour les femmes atteintes d’un cancer dusein, un soutien social perçu comme satisfaisant était un facteur protecteur significatif. Or, com-ment expliquer cette relation sinon par la prise en compte de variables intermédiaires ? Le soutiensocial réduirait par exemple la détresse des patients, influencerait l’observance de leurs traitementsou modifierait leur fonctionnement neuro-immuno-endocrinien.

Variableindépendante

Variabledépendante

Variablemodératrice

Fig. 1b. — Effet modérateur

Moderator effect

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Cette distinction prend tout son sens dans le domaine de lapsychologie de la santé ou plus précisément de la psychologie dustress. MMM

I. 2. IMPLICATIONS EN PSYCHOLOGIE DE LA SANTÉ

Les termes de modérateurs et de médiateurs renvoient à deux modèlesthéoriques du stress distincts : le modèle interactionniste et le modèletransactionnel. Ils s’appliquent à des variables possédant un statut diffé-rent dans le modèle multifactoriel de la psychologie de la santé (Bruchon-Schweitzer & Dantzer, 1994). Historiquement, ces deux modèles cohabi-tent, bien que le deuxième soit apparu plus récemment (Lazarus & Folk-man, 1984).

I . 2 . A. L’approche interactionniste

En ce qui concerne les théories du stress, le renouveau est lié à la priseen compte des différences interindividuelles (Cox & Ferguson, 1991).C’est bien la relation « personne-environnement » qui est au cœur du phé-nomène de stress et il convient par conséquent de la prendre en comptedans les modèles explicatifs. Toutefois, cette relation peut être décrite demultiples façons de telle sorte que plusieurs modèles, bien distincts quantà leurs hypothèses et résultats, peuvent revendiquer également le qualifi-catif d’ « interactionniste »1. Pour notre part, nous proposons de dis-tinguer les conceptions interactionnistes élémentaires et complexes.L’apparition des premières s’effectue à l’occasion d’études de nature épi-démiologique qui mettent en lumière l’existence de types de personnalitéplus ou moins sensibles à certaines situations stressantes. Dans ce cadrethéorique, et c’est à la fois l’intérêt et la limite de cette première concep-tion, l’interaction « personne-environnement » se trouve bien au centredes modèles mais demeure statique dans la mesure où aucun des deuxtermes de l’interaction n’est décrit comme modifiant l’autre.

Dans le cadre des premières théories interactionnistes du stress, lesvariables individuelles et situationnelles et leurs relations participent à

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Variableindépendante

Variablemédiateur

Variabledépendante

Fig. 1c. — Effet médiateur

Mediator effect

1. Les termes d’interaction et de transaction ne font pas référence dans ce cas aux échangesdans un groupe ou aux relations interhumaines mais à un type de relation statistique envisagéeentre deux variables de nature différente Plutôt que d’interactionnisme, en l’occurrence, ilconviendrait de parler selon nous d’interdépendance lorsque les modèles explicatifs du stress posentseulement l’existence d’une relation statique (en termes d’écart) entre la personne et l’envi-ronnement sans décrire les modifications qu’implique une telle relation.

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l’explication des difficultés d’ajustement (Bruchon-Schweitzer, 1994).C’est généralement la conjonction entre certaines caractéristiques del’environnement et de la personne qui constitue un « facteur de risque »(cf. Fig. 1d). En fait, ce qui est étudié, c’est la capacité de résistance (ou acontrario la vulnérabilité) individuelle à l’égard d’un stresseur. Ainsi, cer-taines dimensions de la personnalité moduleraient la relation entre lesstresseurs et l’ajustement ultérieur. En effet, si l’on reprend la définitionévoquée précédemment (Baron & Kenny, 1986), on peut supposer que,dans le cadre d’une hypothèse modératrice, le stresseur n’a d’effet sur desdifficultés d’ajustement qu’en présence de certaines caractéristiques depersonnalité. On peut dans ce sens tout à fait supposer que les effets indé-pendants du stresseur ou de la personnalité sur les problèmes de santé oud’ajustement soient différents de leurs effets combinés. De plus, il est toutà fait envisageable d’avoir des effets d’interaction significatifs entre lesvariables prédictives (contexte × personnalité) sans que les effets indépen-dants ne soient vérifiés statistiquement.

Dans le cadre d’un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé,on peut distinguer deux types de modérateurs (cf. Taylor & Aspinwall,1996) : les modérateurs internes, comme les traits de personnalité, et lesmodérateurs externes, comme le temps, le sexe, le statut socio-écono-mique, le soutien social.

Examinons par exemple le rôle modérateur de certains facteurs depersonnalité.

L’affectivité négative (facteur de vulnérabilité émotionnelle)

L’affectivité négative a été définie comme une dimension disposition-nelle de l’humeur par Watson et Clark (1984). Elle est constituée d’uncertain nombre d’états émotionnels négatifs, tels que la colère, le mépris,la culpabilité, la peur et la dépression.

Médiateurs et modérateurs 101

Stresseurs

Personnalité

Problèmesd’ajustement

Fig. 1d. — Modèle interactionniste du stress

Interactional model of stress

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Bien qu’émergée comme un concept nouveau, l’affectivité négativeapparaît plus ou moins similaire à d’autres facteurs de personnalitédéjà connus et étudiés isolément : le névrosisme, l’anxiété-trait et lepessimisme.

L’affectivité négative a été identifiée comme un facteur de vulnérabi-lité au stress et à la détresse émotionnelle. Elle s’est avérée, en effet, forte-ment corrélée aux symptômes et aux plaintes somatiques. Cependantmême si certains la considèrent comme une « disease-prone personality »,c’est-à-dire une dimension stable de la personne qui prédispose les indivi-dus à développer des troubles physiques, d’autres l’envisagent comme unsimple biais cognitif, c’est-à-dire une tendance à évaluer les situationsnégativement. De plus, les personnes possédant une forte affectivité néga-tive ont tendance à rapporter l’existence de symptômes somatiques et àutiliser les services de soins même en l’absence de troubles effectifs. Pourautant, on ne peut pas simplement considérer l’affectivité négative commeun simple biais.

Une synthèse de Vandervoot (1995) conclut que, si l’affectivité néga-tive est liée fortement à la santé auto-évaluée, une relation non négligeableest observée entre ses composantes (notamment la dépression) et le risquede développer certaines maladies « effectives » (comme les cancers et lesmaladies cardio-vasculaires). Une étude de Moyle (1995) sur le rôle del’affectivité négative dans le processus de stress montre non seulementque l’effet parasite de l’affectivité négative n’est que partiel (les corréla-tions entre les différentes variables auto-évaluées sont quasiment identi-ques après avoir contrôlé celles-ci), mais surtout que cette dimension de lapersonnalité joue un rôle modérateur entre différents stresseurs profes-sionnels (quantité de travail, autonomie, orientation future) et le bien-être. Ici, une affectivité négative élevée vient amplifier l’impact des stres-seurs professionnels sur le bien-être des sujets.

Le lieu de contrôle

Le lieu de contrôle désigne « la croyance généralisée de l’individu dansle fait que le cours des événements et leur issue dépendent de ses efforts,de son aptitude ou plutôt d’influences extérieures comme la chance, lehasard ou les autres » (Rotter, 1966). Ainsi, pour Dubois (1984), lacroyance en un contrôle des événements se rattache à une dimensionstable de la personnalité, selon laquelle une personne perçoit ou non unerelation causale entre son propre comportement et les résultats qui endécoulent. Cette dimension bipolaire distingue donc un lieu de contrôleexterne (ce qui m’arrive ne dépend pas de moi mais de forces que je necontrôle pas, telles que le hasard, la chance, le destin) et un lieu de con-trôle interne (ce qui m’arrive dépend de mon comportement, de mescapacités, de mes efforts). Selon certaines études, un contrôle internejouerait un rôle protecteur et un contrôle externe, un rôle fragilisateur(Spector & O’Connell, 1994).

Krause et Stryker (1984) démontrent à partir d’une étude longitudi-nale (2 000 hommes âgés de 45 à 54 ans en 1966) que les externes éprou-vent plus de détresse face aux stresseurs professionnels et économiques

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que les internes, notamment si cette internalité est modérée. Une interna-lité extrême est en effet associée comme chez les externes à une plusgrande détresse en raison de leur tendance à s’attribuer également leurséchecs et donc à se culpabiliser. Plutôt qu’une relation directe entre lesstresseurs professionnels et les critères de non-ajustement, les auteursconcluent au rôle modérateur du lieu de contrôle.

Dans une étude portant sur 80 sujets hospitalisés pour un premier pro-blème cardio-vasculaire, Helgeson (1992) observe l’effet modérateur dulieu de contrôle sur la relation entre différents stresseurs médicaux etl’ajustement émotionnel et psychosocial évalué trois mois après. Parexemple, la réhospitalisation apparaît être un facteur prédictif d’un mau-vais ajustement émotionnel excepté lorsque le sujet possède une interna-lité élevée (cf. Fig. 2).

Le type A

Mis en évidence par Friedman et Rosenman (1974) dans le cadre devastes enquêtes épidémiologiques, le « Coronary Prone Behavior Pattern »est un ensemble structuré d’ « actions-émotions » décrivant chez le sujetun sens permanent de la pression du temps, un effort incessant pouraccomplir le maximum de choses en un minimum de temps, un sensconstant de la compétition et de la concurrence, de l’hostilité envers lesautres et enfin un niveau élevé d’aspiration à la réussite. Considéré parfois

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-1

0

1

2

3

4

5

nulle léger moyen important

Lieu de contrôle interne

Détresse

réhospitalisé

non réhospitalisé

Fig. 2. — Interaction du lieu de contrôle interne et de la réhospitalisation sur la détresse

Interaction between internal locus of control and hospitalisation on distress

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comme un style d’interaction entre la personne et son environnement, letype A se manifesterait seulement dans un environnement déterminé. Onconnaît peu les caractéristiques environnementales qui stimulent le com-portement de type A : il semblerait qu’un contexte compétitif privilégie cegenre de comportements. Mais il est souvent difficile de distinguer unesituation « réelle » de défi, d’une situation simplement perçue commetelle. Ce pattern comportemental est censé être associé à un risque de car-diopathie. S’appuyant sur une revue de la littérature, Matthews et Haynes(1986) concluent que seule la dimension « hostilité » est un bon prédicteurdes maladies coronariennes.

L’individu de type A se caractériserait par le besoin de contrôlerl’environnement afin de réduire son incertitude. Considéré par certainscomme dimension stable de la personnalité ( « type A personality » ) et pard’autres comme style comportemental ( « type A behavior » ), le type A estcensé modérer la relation entre divers stresseurs et l’issue adaptative indi-viduelle. Ivancevich, Matteson et Preston (1982) ont démontré l’effetmodérateur du type A dans la relation entre le stress professionnel (chargede travail quantitative et qualitative, absence de progression de carrière,relations hiérarchiques, conflits de rôle) et différentes manifestations destress (satisfaction professionnelle et mesures physiologiques) chez desdirecteurs d’entreprise et des infirmières. Ainsi les individus possédantune personnalité de type A apparaissent plus affectés par la quantité detravail qui est alors associée à une satisfaction professionnelle inférieure età un taux de cholestérol et une tension artérielle supérieurs à ceux desautres sujets.

Des modérateurs externes peuvent également faire varier la relationentre le stress et la santé. C’est le cas notamment du rôle du soutiensocial.

Le soutien social

Largement étudié dans le cadre des premiers modèles interactionnistesdu stress professionnel (Person-Environment Fit par exemple, French,Rodgers, & Cobb, 1974), le soutien social est une ressource psychosocialecensée protéger l’individu et l’aider dans les situations stressantes. Le sou-tien social joue un rôle complexe et n’est pas défini de façon univoque(Rascle, 1994). En général, le soutien social semble avoir des effets directsbénéfiques sur le bien-être et la santé, mais aussi des études spécifiquesont cherché à montrer le rôle tampon du soutien social entre des stres-seurs divers et les issues adaptatives. L’aspect bénéfique du soutien socialserait lié non seulement à sa nature (émotionnelle, matérielle, d’estime,informative, matérielle), mais aussi à son origine sociale : entourageimmédiat et quotidien de la personne (membres de la famille, amis ou col-lègues de travail), personnes ou groupes spécialisés dans l’aide sociale,médicale et psychologique. Mais, plus que le soutien social reçu dans sesdiverses modalités, c’est l’évaluation de celui-ci par l’individu qui semblejouer un rôle important face à des événements stressants. Le soutien socialperçu est défini comme « la perception que l’individu a de la disponibilitéde son entourage familial, amical et professionnel, par rapport aux diffi-

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cultés rencontrées et la satisfaction qu’il peut anticiper de ce soutien »(Cohen & Syme, 1985).

Dans une étude expérimentale sur la réactivité cardio-vasculaire desfemmes au stress, l’effet direct et l’effet tampon du soutien social reçusont démontrés (Gerin, Milner, Chawla, & Pickering, 1995). La fré-quence cardiaque et la tension artérielle sont évaluées chez 26 étudiantesdurant une tâche (jeu sur ordinateur) dans des conditions plus ou moinsstressantes (l’expérimentateur incite le sujet à aller plus vite ou le laissejouer à son rythme). La présence d’un compagnon qui encourage le sujetdiminue les réactions cardio-vasculaires indépendamment du niveau destress, ceci va dans le sens d’un effet direct du soutien. Cependant, ilexiste bien une interaction entre le niveau de stress et le soutien reçu,ce qui va dans le sens d’un effet tampon du soutien. Le soutien diminueparticulièrement les réactions cardio-vasculaires uniquement dans lacondition expérimentale stressante.

Chez des patients atteints d’un cancer, Rodrigue et Park (1996) obser-vent l’effet modérateur du soutien marital perçu sur l’ajustement à lamaladie. Les hommes rapportant un soutien marital faible souffrent plusde complications physiques et d’anxiété que les autres patients hommesou femmes également mariés. En définitive, c’est l’adéquation entre untype de soutien provenant d’une certaine source et les besoins des indivi-dus qui explique son aspect bénéfique.

Toutes ces variables individuelles (ressources personnelles et sociales)seraient donc des facteurs de vulnérabilité (ou de résistance). Elles sontantécédentes à l’expérimentation du stresseur. Elles atténueraient ouaggraveraient l’impact des situations stressantes sur l’ajustement ultérieurdes individus.

Il s’agit donc d’une interaction statique puisque c’est la congruence oul’incongruence entre un type de situation et de personnalité qui expliquel’ajustement individuel et non l’interaction dynamique impliquant leurmodification réciproque.

Des modèles théoriques se sont basés sur cette hypothèse d’interactionou de congruence entre la personne et son environnement pour expliquerles effets du stress. Le plus connu dans le champ du stress professionnelest le modèle « Person-Environment Fit » de l’École de Michigan (Frenchet al., 1974). Selon ce modèle, les variables environnementales objectivesn’ont pas d’effet pathogène sur les travailleurs. Il y a stress professionneldans le cas où les variables contextuelles (charge de travail, conflit de rôle)et individuelles (motivations, aptitudes) sont incompatibles entre elles.C’est l’écart entre ces dimensions qui constitue l’indice de stress (Bru-chon-Schweitzer et al., 1997). Pour évaluer cet écart, on soumet générale-ment aux individus une liste de caractéristiques professionnelles (chargesde travail, responsabilités, aptitudes, rôles...), liste devant être évaluée dedeux façons par chacun (ce qu’attend l’organisation, d’une part, ce quesouhaite ou fait l’employé, d’autre part). Un écart important entre cesdeux évaluations P et E (P : personne, E : environnement) correspondraità un stress professionnel élevé, se manifestant par une insatisfaction pro-fessionnelle et diverses pathologies somatiques et psychologiques. Issu decette conception interactionniste du stress professionnel, le modèle

Médiateurs et modérateurs 105

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d’Ivancevich et Matteson (1984) envisage le rôle modérateur du type Asur la relation entre les stresseurs et les réactions de stress. D’après cesauteurs, l’apparition du stress chez un individu de type A est lié àl’inadéquation durable entre type A et contexte professionnel (absence decompétitivité, ambiguïté des rôles, impossibilité de contrôle).

Malgré l’intérêt théorique représenté par ce modèle P-E Fit et sesdéveloppements, il faut malheureusement déplorer ses opérationnalisa-tions ambiguës. E est par exemple évalué subjectivement au même titreque P, ce qui constitue une limite sérieuse aux objectifs explicatifs de cemodèle.

I. 2 . B. L’approche transactionnelle

À l’opposé, le modèle transactionnel du stress se place dans uneconception néobéhavioriste (S-O-R), et envisage la relation entrel’individu et son contexte comme un véritable processus au cours duquelils se modifient réciproquement. En effet, dans cette relation avec un envi-ronnement toujours changeant, l’individu est un agent actif, car il peut, eninterprétant la situation et en agissant sur elle, la modifier en retour. Dansce sens, la variable médiatrice n’intervient que dans le cadre strict de latransaction personne-environnement. Elle transforme l’évaluation pre-mière de l’événement stressant et l’émotion qui l’accompagne (effet feed-back). Le processus de stress peut donc se concevoir comme une juxtapo-sition de variables médiatrices en action sous l’influence des variablesindépendantes (dispositionnelles et situationnelles), et produisant desconséquences plus ou moins nocives sur la santé.

Les variables médiatrices principales sont le stress perçu, le contrôleperçu et le coping.

Le stress perçu

Selon Lazarus et Folkman (1984, p. 19) : « Le stress est une relationparticulière entre la personne et l’environnement, relation qui est évaluéepar l’individu comme excédant ses ressources et menaçant son bien-être. »Selon cette conception, il convient de distinguer très nettement les carac-téristiques objectives de l’environnement, ou stresseurs, des caractéristi-ques environnementales perçues comme menaçantes par un individu, oustress perçu, d’une part, et des conséquences dysfonctionnelles éventuel-les de ces facteurs ou ajustement ultérieur de cet individu, d’autre part.

Les mesures de « stress perçu », comme on pouvait s’y attendre, sesont avérées plus fortement associées à divers troubles psychiques et/ousomatiques ultérieurs que les évaluations objectives du stress (gravité, fré-quence, intensité, durée).

Dans le cadre d’un programme de recherche sur le rôle de l’évaluationcognitive dans les processus de stress, Lazarus et Folkman (1984) ontenregistré la détresse subjective et les perturbations du système nerveuxautonome (fréquence cardiaque et réponses électrodermales) chez dessujets qui regardent au même moment des films concernant les mutila-

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Page 11: mediation interaction

tions subies pendant des rites primitifs, des accidents du travail, etc. Enmanipulant l’évaluation du sujet, soit en l’encourageant à interpréter lessituations comme préjudiciables et douloureuses, soit à les voir demanière détachée (ceci par le biais de la bande sonore du film et de la pré-sentation qui est faite de celui-ci juste avant de le projeter), il est possibled’affecter les niveaux de réponses de stress physiologiques et subjectives.Lazarus en conclut que les processus d’évaluation cognitive sont desmédiateurs des niveaux de réponses de stress.

Dans une étude portant sur 145 employés travaillant dans une entre-prise du secteur industriel, l’ajustement différentiel à une situation demutation professionnelle est apparu médiatisé par l’évaluation de la situa-tion. En effet, le stress perçu joue un rôle médiateur dans la relation entrele soutien social et, d’une part, l’anxiété et, d’autre part, la performanceperçue. Ainsi le sentiment de ne pas être soutenu par ses collègues ou sonsupérieur hiérarchique dans le cadre de son nouveau travail engendre dustress perçu, ce qui augmente de manière significative l’anxiété et diminuela performance auto-évaluée (Rascle, 2000).

Le contrôle perçu

Les résultats expérimentaux disponibles chez l’animal et chez l’hommemontrent que la possibilité d’influencer le cours des événements a desconséquences favorables notamment en diminuant les réactions de stress(Dantzer, 1989). Wallston (1989) démontre que seul le fait de savoir quel’on dispose de réponses spécifiques pour faire face à la situation, même sices réponses ne sont pas effectivement utilisées, contribue à réduirel’impact du stress et à atténuer l’état de détresse émotionnelle des indivi-dus. Ce qui est important, c’est la perception de contrôle ou contrôleperçu. Le contrôle perçu repose sur l’évaluation relative de la menace etdes ressources personnelles. Les effets bénéfiques du contrôle perçu repo-seraient non seulement sur l’évaluation que l’individu fait de la situationaversive, mais aussi sur la certitude qu’il a de disposer de réponses com-portementales qui seront efficaces. Si les possibilités de contrôle induitespar l’environnement semblent faciliter l’ajustement, elles peuvent égale-ment avoir des effets défavorables s’ils sont inadéquats avec les caractéris-tiques personnelles des sujets. On envisage donc aujourd’hui le contrôleperçu comme le résultat d’une interaction entre les caractéristiques de lapersonne (notamment ses possibilités et besoins de contrôle) et les carac-téristiques de la situation (apport d’informations, suggestions comporte-mentales ou décisionnelles).

Dans le cadre d’une méta-analyse portant sur 88 études, Spector(1986) a montré que des degrés élevés de perception de contrôle étaientassociés positivement à un bon ajustement au travail (satisfaction profes-sionnelle, implication dans le travail, performance) et négativement à desconséquences dysfonctionnelles (troubles somatiques, détresse émotion-nelle, absentéisme et turnover).

L’effet médiateur du contrôle perçu a par ailleurs été montré sur unepopulation de personnes souffrant de lombalgies chroniques (Maxwell,Gatchel, & Mayer, 1998). Les patients rapportant une absence de con-

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trôle perçu sur leurs symptômes font l’expérience de troubles dépressifsimportants.

Triemstra et al. (1998) observent que le même niveau d’incapacitéengendrée par la maladie évaluée dans une population de 711 hémophilesaffaiblit moins les patients qui se perçoivent comme détenant le contrôlede leur maladie. Ici, la perception de contrôle joue le rôle de médiateur dela relation entre l’incapacité engendrée par la maladie et l’évaluation decelle-ci.

Le coping

Deux approches distinctes se sont historiquement succédé. L’une envi-sageait le coping comme une prédisposition stable, l’autre comme un pro-cessus dynamique dépendant des situations. Ces deux conceptions coexis-tent actuellement, montrant l’aspect multidirectionnel du processusadaptatif de coping (Zeidner & Endler, 1996). Les premières définitions ducoping le conceptualisaient comme une prédisposition stable à répondre austress d’une manière particulière, quelle que soit la situation (Terry, 1994).À la fin des années 1970, cette conception fut abandonnée en faveur d’uneapproche considérant le coping comme un processus dynamique.

Dans le cadre de la théorie transactionnelle du stress, le coping estdéfini comme « l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux desti-nés à maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes quimenacent ou dépassent les ressources d’un individu » (Lazarus & Folk-man, 1984).

Deux grands types de coping sont apparus dans la littérature commedes invariants : le coping centré sur le problème qui vise à contrôler oumodifier directement la situation stressante (esprit combatif, confronta-tion, mise en œuvre de plan d’action) et le coping centré sur l’émotion quivise à diminuer la tension émotionnelle induite par la situation (évite-ment, réévaluation positive, recherche de soutien).

Pour la conception transactionnelle du stress, il n’y a pas de stratégiede coping efficace en soi, indépendamment des caractéristiques person-nelles et perceptivo-cognitives du sujet et des particularités des situationsstressantes. Ainsi les stratégies centrées sur l’émotion sont plus efficaces àcourt terme ou lorsque l’événement est incontrôlable, alors que les straté-gies centrées sur le problème seraient plus adaptées pour faire face à longterme et si l’événement est sous le contrôle du sujet.

Dans une étude semi-prospective menée auprès de 75 femmes attein-tes d’un cancer du sein, les stratégies de coping jouent un rôle médiateurdans la relation entre la personnalité des sujets et leur qualité de vie deuxans après la confirmation du diagnostic de cancer. Les patientes possé-dant une anxiété-trait élevée et qui ont tendance à réagir au diagnostic parune stratégie de type « désespoir » ont ultérieurement une plus mauvaisequalité de vie. L’effet médiateur de cette stratégie est également mis enévidence dans la relation entre la santé physique antérieure et la qualité devie (Cousson-Gelie, 2000).

L’effet médiateur du coping a également été démontré dans lecontexte du stress professionnel. Dans une situation de mobilité profes-

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sionnelle, la croyance de l’individu en sa propre capacité de contrôle desévénements (lieu de contrôle interne) favorise l’adoption de stratégies decoping de type « vigilant », ce qui augmente la satisfaction professionnelleet la performance auto-évaluée. De même, l’absence de soutien perçuengendre l’utilisation d’un coping « évitant », ce qui génère de l’anxiété etdiminue la performance perçue (Rascle, 2000)1.

Il s’agit donc d’une conception dynamique dans la mesure où elle pri-vilégie le rôle actif de la variable médiatrice en tant qu’elle modifie lasituation stressante et les cognitions ou affects associés (Folkman & Laza-rus, 1988). Dans ce sens, on peut difficilement dire qu’une stratégie decoping est efficace en elle-même (contrairement aux traits de personna-lité). Elle ne l’est qu’en fonction des caractéristiques de la situation et desprocessus d’évaluation-réévaluation avec lesquels elle interagit.

Dans un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé, modéra-teurs (antécédents, personnalité) et médiateurs (stress perçu, coping) sontpris en compte pour expliquer l’ajustement individuel (cf. Fig. 3). Il estdonc nécessaire de les différencier conceptuellement et de leur appliquerdes méthodologies différentes.

II. MÉDIATEURS ET MODÉRATEURS :II. APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

II . 1. L’EFFET MODÉRATEUR

Le principe d’une variable modératrice est de modifier la relation entreun prédicteur et un critère. Stern, McCants et Pettine (cités par Baron etKenny, 1986) font apparaître, par exemple, un impact différentiel des

Médiateurs et modérateurs 109

Stress perçu

Contrôle perçu

Stratégiesde coping

♦ Somatiques

MÉDIATEURS CRITÈRES

D’AJUSTEMENT

Caractéristiques del’environnement :

� Stresseurs

Caractéristiquesindividuelles :

� Pathogènes

PRÉDICTEURS

Soutien social

Protectrices

ComportementauxÉmotionnelsCognitifs

Fig. 3. — Un modèle multifactoriel de la psychologie de la santé

A multifactorial model of health psychology

1. Issus d’une autre typologie (Suls & Fletcher, 1985), les termes de coping « évitant » et« vigilant » désignent le degré d’attention que porte le sujet à la situation. Deux possibilitéss’ouvrent à lui : détourner son attention de la source de stress (stratégie d’évitement) ou la focalisersur celle-ci (stratégie vigilante).

Page 14: mediation interaction

changements de vie sur la survenue de maladies. Selon le pouvoir contrô-lable (divorce) ou non de l’événement (décès du conjoint), l’issue s’entrouve modifiée, dans le sens d’une réduction des risques de maladie,dans le cas d’événements contrôlables. Ainsi le prédicteur (changementde vie) ne suffit pas à prédire la survenue d’une maladie (ou sa sévérité).C’est également son caractère contrôlable (modérateur) qui permet del’expliquer.

D’une manière générale, selon la nature de la variable modératrice(qualitative ou quantitative), différentes analyses peuvent être utiliséespour vérifier un effet modérateur :— comparer les corrélations prédicteur-critère entre différents groupes

ayant un score élevé ou faible sur le modérateur ;— faire une analyse de variance ;— utiliser un terme multiplicatif (prédicteur × modérateur) dans une

régression multiple ;— utiliser un terme multiplicatif (prédicteur × modérateur) dans une

piste causale.

Comparaison de corrélations

Lorsque les variables indépendantes et dépendantes sont continues etque la variable modératrice est de nature dichotomique (sexe, par ex.), onutilise cette méthode. On divise la population en deux selon son score surle modérateur (ou selon son sexe) et on effectue une régression sur cha-cune de ces deux populations entre les prédicteurs et le critère. Suivant lasignification conceptuelle de ce modérateur (amplificateur de la perturba-tion ou réducteur tampon), le sens de la corrélation sera modifié d’ungroupe à l’autre. C’est le cas, par exemple, d’une étude menée auprèsd’un groupe de cadres (Howard, Cunningham, & Rechnitzer, 1986) quicherche à mettre en évidence l’impact différentiel de stresseurs profession-nels (ambiguïté de rôle) sur des indicateurs de risque coronariens selon lapersonnalité des sujets (type A, type B). L’analyse des résultats montreque la corrélation entre l’ambiguïté de rôle et certains indicateurs physio-logiques comme la pression artérielle est plus élevée chez les sujets detype A1.

Analyse de variance à deux facteurs

Pour tester un effet modérateur, l’analyse de variance à deux facteursest la méthode la plus traditionnellement utilisée. Lorsque le prédicteur etle modérateur sont des variables qualitatives et la variable dépendante denature continue, on peut tester l’effet d’interaction entre ces deux varia-bles indépendantes (cf. Fig. 4). Le principe consiste à évaluer les effetsprincipaux des deux variables indépendantes sur le critère, ainsi que leurinteraction. Cette dernière doit avoir un effet significatif. C’est le cas du

110 N. Rascle et S. Irachabal

1. Pour la population de type A, la corrélation entre l’ambiguïté de rôle et la pression arté-rielle est de 0,43, alors qu’elle n’est que de – .08 pour les individus de type B. Ces résultats sontconfirmés avec d’autres indicateurs physiologiques.

Page 15: mediation interaction

soutien social vu comme un modérateur de la relation stress-maladie(Rascle, 1994). L’issue adaptative dépend en fait de l’intensité des deuxvariables indépendantes. Selon l’intensité du soutien social disponible,l’impact d’événements stressants sera plus ou moins nocif pour l’individu.Ce qui signifie, dans ce cas, que l’effet de l’une des variables indépendan-tes n’agit qu’en fonction de l’intensité de l’autre. Nous avons affaire à unvéritable effet d’interdépendance (ou interaction mécanique).

De nombreuses études ont utilisé cette méthode dans le but dedémontrer un effet modérateur (House, 1981 ; Seers, McGee, Serey,& Graen, 1983).

Régression multiple avec terme multiplicatif

Il s’agit dans ce cas de construire une nouvelle variable qui sera le pro-duit de deux prédicteurs (personnalité × stresseur par exemple ou stresseur× soutien social), puis d’effectuer une régression multiple hiérarchique.Lorsque l’on choisit la méthode pas à pas, il convient de commencer parentrer dans l’équation les variables prédictives, puis, en dernier, le produitde ces variables (variable modératrice). L’effet modérateur est vérifiélorsque le changement de R2 (son augmentation) est significatif aprèsl’entrée de cette variable d’interaction. Dans l’étude déjà citée de Helgeson(1992), la variable d’interaction (lieu de contrôle spécifique à lasanté × réhospitalisation) prédit significativement l’ajustement de patientsatteints de pathologies cardio-vasculaires. Lorsque cette variable est intro-duite dans l’équation de régression, le R2 (ou % de variance expliquée)augmente significativement de 5 % (β = – 0,21 ; p < .05), alors que laréhospitalisation ne prédit pas à elle seule l’ajustement (β = 0,03).

Médiateurs et modérateurs 111

Critère(mauvais ajustement)

modérateur(soutien social faible)

prédicteur(stresseur)

modérateur(soutien social élevé)

Fig. 4. — Changements de l’effet d’un prédicteur sur un critèreen fonction des modalités d’une variable modératrice

Ways in which the moderator changes the effect of a predictor on a criterion

Page 16: mediation interaction

L’analyse des pistes causales ou régression partielle

Un autre moyen de tester l’effet d’interaction entre deux prédicteurssur un critère consiste à utiliser les modèles structuraux (Lisrel, par ex.).Autre méthode de régression, l’analyse des pistes causales (régressionspartielles) appartient à cette catégorie. Cette méthode fournit des coeffi-cients d’influence directe, indirecte et totale de toutes les variables expli-catives sur les critères. Ce sont des coefficients de régression partielle carils ne prennent en compte que le poids réel de la relation entre deux varia-bles une fois contrôlé celui des autres variables du modèle et les erreurs demesure (dues à la non-fidélité des mesures, à l’échantillonnage, à la nor-malité des distributions).

Dans un exemple illustratif de la méthode employée, Li, Harmer,Duncan, Duncan, Acock et Boles (1998) testent un modèle dans lequeldeux variables prédictives prises isolément (niveau de compétence etd’autonomie) sont associées à une variable latente (produit des deux)pour expliquer le critère (motivation à faire des exercices physiques).L’effet d’interaction est dans ce cas démontré sans qu’il soit contaminépar celui des autres variables (voir Fig. 5).

II.2. L’EFFET MÉDIATEUR

Rappelons qu’un médiateur est une variable qui amplifie la relationentre le prédicteur et le critère. Alors que le modérateur ne doit pas êtrenécessairement corrélé avec le prédicteur, le médiateur doit l’être pourprétendre à ce statut. Dans un cas idéal, l’effet du prédicteur sur le critèredoit être nul, lorsqu’on supprime l’effet du médiateur.

112 N. Rascle et S. Irachabal

Niveaude compétence

Niveaud’autonomie

Niveau de compétence×

Niveau d’autonomie

Variabledépendante

0,40

0,29

0,26

Fig. 5. — Analyse de pistes testant un effet modérateur (in Li et al., 1998)

Path analysis testing a moderator effect

Page 17: mediation interaction

Deux méthodes d’analyses statistiques sont envisageables pour évaluerle rôle d’un médiateur : l’analyse des pistes causales Lisrel (si cette rela-tion est envisagée sur plus de trois variables) ou régression partielle et larégression multiple hiérarchique.

La régression partielle ou piste causale

Lorsqu’on ne peut utiliser la méthode Lisrel, on peut tout de mêmeétudier un effet médiateur en effectuant une régression partielle entretrois variables, c’est-à-dire en contrôlant l’effet de la variable médiatricedans la relation entre le prédicteur et le critère (cf. Fig. 6). À l’aide descoefficients d’influence indirecte entre les prédicteurs et le critère, nouspouvons savoir si l’effet d’un médiateur est significatif. Plusieurs condi-tions sont nécessaires pour confirmer le rôle médiateur d’une variableintermédiaire :

— d’une part, l’effet indirect entre le prédicteur et le critère doit passerpar la variable médiatrice (la relation entre prédicteur et médiateurpuis entre médiateur et critère doit toujours être significative) ;

— d’autre part, cet effet indirect (g1 × b) entre le prédicteur (VI) et le cri-tère (VD) doit être significatif (à p < .10)1 ;

— enfin l’effet indirect doit être supérieur à l’effet direct (g1 × b > g2).

Dans le cadre d’une recherche menée auprès de professionnels ensituation de mobilité professionnelle, nous avons cherché à mettre àl’épreuve le modèle transactionnel du stress (Rascle, 2000). Les résultatsont montré que les deux processus initialement prévus (évaluation de lasituation ou stress perçu et stratégies de coping) jouent effectivement unrôle médiateur dans l’explication de l’ajustement professionnel à unesituation de changement de travail : le stress perçu est le médiateur de larelation entre le soutien social et l’ajustement des employés (l’anxiété-étatet la performance professionnelle perçue) ; le coping évitant est le média-teur de la relation entre le soutien social et l’ajustement émotionnel

Médiateurs et modérateurs 113

1. Effet indirect = (effet direct de VI sur VM) × (effet direct de VM sur VD).

Prédicteur

Médiateur Critèreβ

γ1 γ2

Fig. 6. — Analyse de piste testant un effet médiateur

Path analysis testing a mediator effect

Page 18: mediation interaction

(anxiété-état, satisfaction professionnelle) ; le coping vigilant est le média-teur de la relation entre les ressources personnelles (lieu de contrôle) etl’ajustement (satisfaction professionnelle et performance perçue)1. Dansle cadre d’une recherche qui portait sur le stress d’une population decadres, Terry, Longe et Callan (1995) avaient également montré l’effetmédiateur des stratégies de coping en utilisant la méthode Lisrel. Par cetype d’analyse, on peut faire apparaître une succession de médiateurs(stress perçu, coping) qui sont autant de chemins par lesquels le processusindividuel de stress fait son œuvre.

La régression multiple hiérarchique

Cette analyse consiste à évaluer l’effet total (cumulé) des variablesexplicatives sur un critère. La méthode s’effectue en plusieurs étapes.Tout d’abord, il s’agit de tester l’effet du prédicteur sur le médiateur àl’aide d’une régression partielle simple. Puis il faut tester les autres rela-tions (prédicteur → critère ; prédicteur, médiateur → critère). Dans cecas, on utilise une régression multiple hiérarchique. Il s’agit d’entrer pro-gressivement dans l’équation de la régression les variables explicatives : encommençant par les prédicteurs (1er pas), puis les médiateurs (2e pas).Lorsqu’on assiste à une augmentation du R2 après avoir entré le média-teur, on peut supposer l’effet de ce médiateur dans la relation entre le pré-dicteur et le critère. Mais, pour confirmer cet effet, il faut effectuer uneseconde régression, en mettant cette fois en premier pas le médiateur, afinde le contrôler, puis en second pas le prédicteur. Lorsque dans ledeuxième cas, on a contrôlé le médiateur, la relation entre les prédicteurs

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1. L’effet indirect du soutien social sur l’anxiété-état est de – 0,15 (p < .0,10) ; il est de 0,14(p < .0,10) sur la performance perçue. L’effet indirect du lieu de contrôle interne est de 0,16(p < .0,05) sur la performance perçue et de 0,15 (p < .0,10) sur l’absentéisme.

TABLEAU 1

Résumé des analyses de régression multiple hiérarchique testant le modèle médiateursur le critère : troubles psychosomatiques (in Vollrath et al., 1994)Summary of hierarchical multiple regression analyses testing the mediationmodel on a criterion : psychosomatic problems

Équa-tion Pas Variables entrées DR2 F b p

1a 1 Sexe 0,05 8,94 0,212 Névrosisme 0,17 40,85 0,423 Stratégies de coping 0,07 3,29

1b 2 Stratégies de coping 0,17 8,10 < .013 Névrosisme 0,06 16,23 0,31 < .001

Équation totale (1a + 1b) 0,28 10,18 < .001

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et le critère doit être plus faible (l’entrée du prédicteur après le médiateurfait baisser le R2). C’est donc le changement de R2 (significatif) qui déter-mine l’existence du médiateur. C’est ainsi que Vollrath et al. (1994) tes-tent l’effet médiateur du coping (cf. Tab. 1). Par cette méthode, lesauteurs montrent par exemple que des stratégies de déni médiatisent larelation entre certains traits de personnalité (le névrosisme ou le niveau deconscience) et deux critères (des comportements délinquants, des trou-bles psychosomatiques).

III. CONCLUSION

Nous avons montré combien pouvait être essentielle la distinctionentre les propriétés d’un médiateur et celles d’un modérateur dans lechamp de la psychologie sociale du stress. Loin de refléter une simplequerelle méthodologique, cette problématique renvoie à l’identificationde modèles théoriques qui se distinguent par leur pouvoir explicatif. Seu-les certaines méthodes d’analyses statistiques de données, comme lesméthodes structurales (Lisrel), sont actuellement en mesure de rendrecompte de la complexité de ces problèmes. Comme nous l’avons exposé,les deux types de variables, que sont le modérateur et le médiateur, nes’excluent pas l’une l’autre dans un modèle multifactoriel du stress, maiselles jouent chacune un rôle différent. Les modérateurs représentent plu-tôt des caractéristiques internes ou externes qui sont antécédentes auprocessus étudié, alors que les médiateurs révèlent celui-ci dans sadimension temporelle. C’est pourquoi il est essentiel d’envisager l’étudedu processus de stress dans le cadre d’investigations longitudinales, oùles mesures des variables modératrices et médiatrices sont séparées dansle temps.

La généralisation de cette problématique à d’autres champs théoriquesde la psychologie nous semble tout à fait nécessaire et mérite l’attentionde chacun.

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Médiateurs et modérateurs 117

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RÉSUMÉ

Afin d’atténuer les confusions relatives à l’utilisation par les chercheurs en psychologiedes notions de médiateur et modérateur, nous nous proposons d’exposer leurs propriétés res-pectives. Nous montrons comment ces variables s’intègrent dans les modèles de la psy-chologie de la santé et plus précisément dans l’explication du stress. Nous distinguons dans cesens les modèles déterministes, des modèles interactionnistes simples et complexes. Pardes exemples issus de recherches empiriques dans le champ du stress professionnel notamment,nous exposons le rôle de chacune de ces variables psychologiques sur la santé des individus.Enfin, nous expliquons les méthodes d’analyse quantitative susceptibles de tester leurs effetsrespectifs.

Mots-clés : Médiateur, Modérateur, Méthodologie, Stress, Santé.

Manuscrit reçu : janvier 2000.Accepté après révision : janvier 2001.

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