mémoire de fin d'étude

118
LE SITE INDUSTRIEL DE LACQ, PENSER LA PLAIE D’UN TERRITOIRE BÉARNAIS Mémoire de fin d’étude 2012-2013: Diane Burin des Roziers Claude Eveno: Président de jury Dominique Caire: Directrice de mémoire Jean-Christophe Bailly: Enseignant encadrant Ecole nationale supérieure de la Nature et du Paysage

Upload: diane-burin-des-roziers

Post on 09-Mar-2016

243 views

Category:

Documents


8 download

DESCRIPTION

Travail de réhabilitation d'un site industriel d'extraction de gaz en reconversion économique, à Lacq (64). Ananlyse et premières orientations sur la gestion et l'aménagement d'un territoire rural et industriel.

TRANSCRIPT

Page 1: Mémoire de fin d'étude

LE SITE INDUSTRIEL DE LACQ, PENSER LA PLAIE D’UN TERRITOIRE BÉARNAIS

Mémoire de fin d’étude 2012-2013: Diane Burin des RoziersClaude Eveno: Président de juryDominique Caire: Directrice de mémoireJean-Christophe Bailly: Enseignant encadrant

Ecole nationale supérieure de la Nature et du Paysage

Page 2: Mémoire de fin d'étude

COMPOSITION DU JURY

Président du jury: Claude Eveno, urbaniste, écrivain et professeur de culture et his-toire des paysages à l’ENSNP de Blois

Directrice de mémoire: Dominique Caire, paysagiste DPLG, activité libérale au sein de l’agence Feuille à feuille, paysagiste conseil de l’état et professeur de projet de paysage à l’ENSNP de Blois

Enseignant encadrant: Jean-Christophe Bailly, Ecrivain et philosophe, professeur de l’histoire des villes, de la représentation urbaine et des éléments cuturels dans la formation du grand paysage à l’ENSNP de Blois

Intervenants extérieurs: Gabrielle Garcia, Responsable du service culture et communication à la mairie de Mourenx, reconnue pour ces compétences Maurice Fourrier, Responsable au service urbanisme,Pôle aménagement du territoire à la communauté de communes de Lacq, représentant la maîtrise d’ouvrage

Page 3: Mémoire de fin d'étude
Page 4: Mémoire de fin d'étude

AquitaineLacq

1 000 5 000m 10km

Plate-forme de Lacq

Complexe industriel de Lacq

Gave de Pau

ORTHEZ

Lacq

Audéjos

Arance

Mont

AbidosLagor

MourenxVille-nouvelle

MourenxBourg

Noguères

Pardies

Maslacq

Arthez de Béarn

3

Page 5: Mémoire de fin d'étude

4

PAU

Gave de Pau

Artix

Page 6: Mémoire de fin d'étude

CCLLacq

5

Plate-forme de Lacq

Complexe industriel de Lacq

Gave de Pau

ORTHEZ

Lacq

Audéjos

Arance

Mont

Abidos

Lagor

MourenxVille-nouvelle

MourenxBourg

Noguères

Pardies

Maslacq

Arthez de Béarn

Plate-forme de Lacq

1 000 5 000m 10km

Page 7: Mémoire de fin d'étude

Plate-forme de Lacq

PAU

Plate-forme de Lacq

Gave de Pau

Artix

6

Page 8: Mémoire de fin d'étude

IntroductionAvant-propos

9

17

11

43

31

49

Un panorama imaginaire ou extra-ordinaire........................................

Une aventure économique et humaine en mutation...............................

LI/VI-SIBILITÉ D’UN SITE FERMÉ

UN PASSÉ AGRICOLE ET RURAL TRANSFORMÉ

3. Abords et limites d’un espace clôt

2. Implantation entre coteaux béarnais et plaines landaises

1. Un impact terrien et aérien, pollution et point de vue

2. De paysans à ouvriers, évolutions du parcellaire et de la vie paysanne

4. Un environnement à risques, des paysages SEVESO

3. Un patrimoine naturel délaissé, les berges du gave

1. Pensées d’un univers insaisissable

1. Sans dessus-dessous, contexte géomorphologique

2. Une découverte souterraine, le gaz de Lacq

1. Culture et architecture régionale, évolution du bâti et ville-nouvelle: Mourenx

2. Perceptions sensitives, odeurs et moteurs

1

2

1. NE PAS ENTRER!.......................................................................................

1. CONTRASTE TERRITORIAL.........................................................................

2. DANGER! QUEL CONTEXTE?.......................................................................

2. CONSÉQUENCE SPATIALES DU COMPLEXE DE LACQ.................................

Page 9: Mémoire de fin d'étude

Synthèse des enjeux

Premières orientations

Remerciements

Bibliographie

Acronymes et définitions

Conclusion

79

97

103

105

109

115

113

112

111

87

..................................................................................................

..................................................................................................

..................................................................................................

..................................................................................................

..................................................................................................

..................................................................................................

UN PRÉSENT INDUSTRIEL ACCEPTÉ

UNE CICATRICE PAYSAGÈRE À PENSER

2. Le coeur du complexe, des espaces aux fonctions

2. Cicatriser la plaie, tisser des liens

2. Vers une patrimonialisation, entre attraction et répulsion

2. Rassembler autour des traces

1. Des usines aux activités liées

3. Proposer un scénario, penser dans le temps

1. Renouvellement économique et social, un tournant vers la chimie

1. Un parcours pédagogique et sensible

1. Dévoiler un patrimoine, révéler l’héritage

3

4

1. STRUCTURE DU COMPLEXE EN MUTATION.................................................

1. CONTRAINTES ET TRANSFORMATIONS.......................................................

2. RAYONNEMENT RÉGIONAL EN ÉVOLUTION.................................................

2. ENTRE CONSERVATION ET ATTÉNUATION..................................................

Page 10: Mémoire de fin d'étude

Sur les routes béarnaises, quelques aller-retours entre Pau et Salies de Béarn, en passant par les Landes, la dame à la capuche, les grottes de Bétharram..., je sillonne les courbes douces, je rebondis entre la vallée d’Aspe et la vallée d’Ossau, je voyage dans le sud-ouest. Mais pas n’importe lequel, je préfère les terres agricoles du Béarn des gaves. Une certaines tranquillité apaisante y règne, l’eau s’y faufile avec une certaine élégance, les Pyrénées, toujours à l’horizon, apporte une certaine majesté. Nous sommes bien sur les terres d’Henri IV, généreux mais indépendant, doté d’un fort caractère, volontaire, comme le Béarn.

UN PANORAMA IMAGINAIRE OU EXTRA-ORDINIAREINTRODUCTION

9

Pourtant, entre Pau et Orthez, l’air se charge d’une odeur forte, lourde, entêtante: le gaz de Lacq. En sortant d’une côte apparaît alors un horizon d’acier, des cheminées, des torchères et autres structures industrielles envahies par des longueurs de tuyaux et des fumées blanches. Un panorama fantastique, inattendu, inapproprié mais fascinant. J’essaye d’en faire le tour, de m’approcher. La plate-forme me semble tout de suite imprenable, une forteresse industrielle, une île mystérieuse au milieu des champs de maïs et des élevages de brebis.

Page 11: Mémoire de fin d'étude

10

Plusieurs mots me viennent alors en tête, puis d’autres au fur et à mesure que je l’appréhende, cherche à l’apprivoiser, à la comprendre. Mais que diable cette usine fait-elle là?

« Je fut surpris par cette vision d’un autre monde au milieu de la paisible campagne béarnaise dans cette nuit tiède; quelques minutes plus tôt elle avait encore la lointaine saveur de l’océan. »« [...] au spectacle déconcertant, presque gênant de toutes ces machines illuminées qui semblaient marcher seules, qui grondaient avec une joyeuse férocité. » Jean Lartéguy, La grande aventure de Lacq

cicatrice verrue blessure trace tâche masse décors

enclave couche strate âme clôt fantastique

patrimoine héritage symbole mémoire renaissance

soigner interdit dangereux sinistré meurtri pollution

contraste temporalité activité impact atténuer tisser imprégner

phagocyter résorber coaguler recoudre relier matifier

Page 12: Mémoire de fin d'étude

Le complexe industriel de Lacq se situe sur l’axe Pau-Orthez, au sein de la communauté de communes de Lacq-Audéjos (47 communes, 35 400 habitants, 25% de la richesse départementale). En janvier 2014, elle fusionnera avec la communauté de communes du canton d’Orthez (13 communes, 16 800 habitants).

Alexandre Fernandez, professeur d’histoire à Bordeaux parle de déterminisme géographique. Soit, il y avait un gisement de ressources naturelles mais l’exploitation et l’implantation est une conséquence du déploiement humain.«Lacq est un monde presque utopique, en tout cas d’un pragmatisme volontariste et d’un optimisme extrême. Il a fallu acquérir un savoir-faire, il a fallu changer pour être efficace.»

Il est évident que ce qui frappe dans ce paysage est la disproportion de la plate-forme et des activités industrielles par rapport à l’environnement agricole et rural dans lequel elle s’inscrit. On ressent un contraste imposé par l’industrie, un monopole, une emprise puissante et sans appel face au plaines du Béarn. Cette fascination qu’entraîne le bassin économique de Lacq par sa forme se poursuit dans son histoire et dans sa prochaine mutation.

L’implantation du complexe industriel de Lacq date de 1957, après la découverte

UNE AVENTURE ÉCONOMIQUE ET HUMAINE EN MUTATIONAVANT-PROPOS

11

par la SNPA (Société nationale des pétroles d’Aquitaine) de pétrole en 1949 mais surtout d’un gisement de gaz, particulièrement productif et riche en soufre, en 1951. Les 35 puits présents sur le site aujourd’hui fermeront leurs vannes fin 2013. Seulement 11 puits seront conservés jusqu’en 2030 pour fournir en énergie et en matières premières les usines, encore présentes et à venir, du complexe.

PRODUIREL’apogée de l’exploitation se situe vers 1982 avec 33 millions de m3 par jour de gaz produit contre 2,5 aujourd’hui. Dans son processus traditionnel d’exploitation, le gaz naturel est compressé, puis désulfurisé afin de séparer le gaz d’hydrocarbures du gaz acide contenant du soufre. Chacun des gaz est ensuite traité pour en extraire notamment du méthane envoyé à Gaz de France, pour produire du soufre, ou pour être utilisé dans la fabrication de produits chimiques.

DIVERSIFIERA l’époque de la découverte du gisement de gaz, l’utilisation de gaz naturel par la population est faible. Le complexe doit trouver une solution pour rentabiliser cette exploitation rapidement. C’est ainsi que va se développer le complexe et accueillir d’autres types d’usines comme Péchiney (qui fermera ses portes en 1990), la centrale thermique d’Artix (1959-1987), l’usine chimique de Mont (groupe ARKEMA), le complexe chimique de Pardies (YARA, Air Liquide, ACETEX Chimie), etc...

Page 13: Mémoire de fin d'étude

12

Panneau d’accueil à l’entrée du village de Lacq.Photo personnelle

La découverte du gaz de Lacq a transformé la vie des béarnais de cette région. Il a fallu s’adapter, apprendre à vivre autrement pour participer à cette aventure sociale et économique.

Aujourd’hui, le bassin de Lacq, «coeur économique», rayonne au niveau national et a permis l’exportation outre-mer de matières premières, richesses du sous-sol français. Mais ces ressources ne sont pas éternelles et la reconversion pointe le bout de son nez.

Un patrimoine naturel et agricole est à revaloriser tandis qu’ un contexte économique, à risques (SEVESO seuil I et II), est à conserver et en cours de réhabilitation et que l’exploitation gazière qui s’épuise est amenée à disparaître.

Je dois tenir compte de l’ensemble de ces éléments patrimoniaux et de cet héritage économique et industriel pour comprendre et percevoir ce territoire afin d’imaginer un futur, et saisir une opportunité d’alternative durable en ces temps de transformation.

Couverture du livre d’André Cazetien, Arrête de courir!, Édition Atlantica, 1999. Il fut instituteur à Maslacq lors de la découverte du gisement de gaz et maire du village de Mourenx pendant 18 ans (1977-1995)

Publicité Total pour promulgué le site de Lacq, 1989Photo Total Claude Roux, Paris Match, Historia, DIR. recherches iconographiques et photographies Etienne-Follet.com

Page 14: Mémoire de fin d'étude

13

Article issu de Pyrénées magazine n°49, janvier 1997

INNOVERAujourd’hui on assiste à la transformation du complexe en chimie fine, biocarburant, soufre et fibre carbone. La tradition industrielle récente doit persister et les emplois correspondant aussi. Fin 2013, TEPF (Total exploration production France), l’héritier de la SNPA, cessera définitivement ses activités avec l’arrêt de l’exploitation de gaz commercial dès le 15 octobre de la même année. Cependant, afin de permettre aux sociétés qui se sont installées au cours du temps dans le bassin de poursuivre leurs activités, le projet Lacq-Cluster Chimie 2030 rendra possible l’adaptation des installations de Lacq. Le gaz puisé sera dédié uniquement à un pôle d’excellence de chimie fine et de spécialités.

Le groupe d’intérêt public CHEMPARC s’engage depuis 2003 à contribuer au déploiement économique du bassin de Lacq en s’appuyant sur des activités à caractère chimique.

Page 15: Mémoire de fin d'étude

14

Articles et illustrations issus de Pyrénées magazine n°49, janvier 1997

Page 16: Mémoire de fin d'étude
Page 17: Mémoire de fin d'étude

LI/VI-SIBILITÉ D’UN SITE FERMÉAbords et limites d’un espace clôt

Un impact terrien et aérien, pollution et point de vue

Pensées d’un univers insaisissable

Une découverte souterraine, le gaz de Lacq

Perceptions sensitives, odeurs et moteurs1234

NE PAS ENTRER!

DANGER! QUEL CONTEXTE?

Page 18: Mémoire de fin d'étude

« [...] le ciel se colora de rouge. Soudain, à mes pieds ce fut Lacq: un immense quadrilatère de lumières surmonté d’étroites cheminées dont le sommet brûlait comme une torche.La route longeait l’un des côtés de ce quadrilatère et alors m’apparurent plus nettement au milieu des lueurs bleues, orange, jaunes, d’étranges constructions métalliques, des boules argentées, des rangées de courtes cheminées trapues qui émettaient des fumées d’un blanc très dense, des pyramides de soufre légèrement phosphorescentes, des cubes de maçonnerie, des kilomètres de tuyauterie qui se mêlaient et s’entremêlaient. Comme seul bruit, un léger grondement.» Jean Lartéguy, La grande aventure de Lacq

Le site de Lacq est interdit au public, sécurisé et clôt, difficile d’accès. En témoigne les pancartes qui ponctuent les abords de la plate-forme: «Danger», «risques d’explosion», «toxique», «voie privée», «réservé aux personnes autorisées»... Le site de Lacq est puissant, présent, en activité constante. Il fume, brûle, pue, gronde, brille, ... il appelle. Le site de Lacq se regarde, s’éloigne, s’approche, s’écoute et se vit tout les jours pour les habitants de la vallée du gave de Pau.Le site de Lacq intrigue, fascine, passionne, questionne. Que va-t-il devenir? Sera-t-il toujours là? De quelle manière, dans quel état, à quel moment? Doit-il rester, changer, mourir?

Il y a ceux qui l’ont adopté, par choix ou par fierté, d’autres qui le renie, n’en veulent plus ou n’en n’ont jamais voulu, d’autres encore qui le respecte et d’autres qui l’ont toujours connu.

1. Pensées d’un univers insaisissable

LI/VI-SIBILITÉ D’UN SITE FERMÉ1. NE PAS ENTRER!

17

1

Page 19: Mémoire de fin d'étude

18

Page 20: Mémoire de fin d'étude

19

2. Perceptions sensitives, odeurs et moteurs

Le complexe industriel de Lacq est perçu dans l’ensemble de la vallée et se mêle au tissus rural et agricole qui est le caractère propre à cette région du Béarn.J’ai ressenti le site comme une juxtaposition d’éléments disproportionnés, se mélangeant

Les villages situés sur les coteaux ont un rapport lointain mais néanmoins direct avec la plate-forme.Ils sont comme un rappel constant du contraste d’échelle entre petit village rural et immensité industrielle. Ils sont l’arrière-plan initial du bassin de Lacq. Avant la découverte du gisement, ils ne surveillaient que les bêtes et les champs.

Les éléments verticaux ponctuent l’horizon et rythment la linéarité que forme les Pyrénées, majestueux gardiens de la plaine. Ils apparaissent et disparaissent en fonction du temps et du ciel. Se mêlent alternativement aux cheminées, fumées ou autres émanations de la plate-forme gazière qui s’active face à l’impassibilité des montagnes

Le soufre, symbole solide, visible (contrairement au gaz) de l’extraction, laisse des traces, par sa couleur, son odeur, son pouvoir corrosif et irritant. Ces tas de jaune laisseront une empreinte permanente sur le territoire. Ils font parti de l’héritage de cette aventure industrielle.

Page 21: Mémoire de fin d'étude

20

dans une complexité hétérogène mais ayant appris à cohabiter cordialement, comme des voisins de palier.

La perception visuelle du complexe, qui semble prendre toute la place, est forte et réelle mais les autres sens sont sollicités lorsque l’on part à la découverte du site. Et la machinerie d’acier se révèle finalement, peu à peu envahissante même si elle impose le respect et qu’on ne saurait la provoquer de peur de déclencher sa colère nauséabonde.Les habitants ont l’air de s’en accommoder, malgré parfois quelques froncements de sourcils et grognements renfermés.

De même, le réseau ferroviaire qui sillonne le site comme une trame dynamique rappelle l’activité et l’énergie développée dans une même direction, l’exploitation du sous-sol béarnais. Il connecte l’industrie à la réalité régionale et traduit le rayonnement national du gisement.

Le site est clôt et dangereux, il paraît imprenable, pourtant cette sensation de proximité, cette impression que l’industrie est au pas de sa porte est quasi-permanente.J’ai voulu traduire par ce mur, frontière franche, ce sentiment de rupture entre la ruralité et l’industrie bien que les limites ne soient pas toujours opaques.

Les villages encadrent le site, la vallée du gave. Typologie rurale et trace du passé agricole du Béarn, ils ont été les premiers à voir se développer l’industrie, arriver leur nouveau voisin. Ils resteront les témoins de cette transformation des populations vers le monde ouvrier.

Page 22: Mémoire de fin d'étude

21

Le site industriel de Lacq est une machinerie, un entremêlement de moteurs, tuyaux, derricks, trépans... Toutes ces infrastructures en activité dégagent de la fumée, des flammes, des nuages jaunâtres qui occupent le ciel et s’évanouissent dans l’air de la campagne. On ne peut «fermer les yeux» sur ses odeurs et ses ronflements permanents qui agitent le fond de la vallée.

Pourtant, d’une certaine manière, c’est aussi cela qui donne son caractère fascinant à l’usine. Elle vit, brille, s’illumine. Ce n’est pas qu’un élément architectural, une masse minérale inerte. Ses odeurs et moteurs bien que parfois déplaisants, se révèlent être devenus l’âme du bassin de Lacq. On n’imagine plus le site sans cette activité bruyante, ce ronronnement perpétuel.

Les photographies 1 et 2, à droite, sont issues de l’exposition Mourenx, paysages sous influences, 2012. En haut, montage photographique Mourenx n°2, 2005, en bas, photographie de Dimitri Durif.

Mais l’extraction de gaz et de soufre a une fin, une date de péremption et il va falloir imaginer ce futur industriel, garder, à mon sens, ces traces, héritage d’une histoire forte et marquante qui fait partie intégrante de cette nouvelle couche paysagère post-agricole. La reconversion économique est en marche mais pensons à la valorisation de ce patrimoine industriel en perte de vitesse qui risque de se taire d’ici peu.

Cette ère de transformation et de renouveau est l’occasion de retrouver une cohérence entre le patrimoine naturel et industriel. Ces deux couches paysagères qui se succèdent doivent pouvoir être recousues pour que la plaie devienne cicatrice.

Page 23: Mémoire de fin d'étude

22

Page 24: Mémoire de fin d'étude

23

La plate-forme de Lacq est un tapis minéral fermé et inaccessible déroulé dans une vallée rurale ouverte, encadré par deux plateaux agricoles. Le complexe paraît s’inscrire naturellement dans la ligne d’horizon si l’on est loin, sur les coteaux, et que l’on a une perception sur l’ensemble du territoire qui l’entoure. Pourtant, lorsque l’on s’approche, la disproportion des infrastructures et des surfaces que composent la plate-forme est évidente.

On distingue pourtant une certaine porosité visuelle car la majorité du site n’est fermée que par des grillages qui offrent une certaine transparence. De plus les éléments verticaux et les constructions immenses dépassent largement et sont perceptibles de toutes façons et de tous endroits.

Parfois, on ne sait plus si l’on est dedans ou dehors, la proportion industrielle prend tellement de place et nous englobe que l’on oublie presque le contexte paysager, rural et naturel des plaines du gave.

3. Abords et limites d’un espace clôt

Page 25: Mémoire de fin d'étude

0 250 500m 1km

24

Mur 3m

Grillage anecdotique

Grillage ressentit

Perception inaccessible: Extérieur

Perception rapprochée: IntérieurCarte de typologie des limites de

la plate-forme

Page 26: Mémoire de fin d'étude

25

En même temps, l’humain est tellement vulnérable au sein de ce paysage d’acier, de cette force tellurique qu’il est aussi extérieur au site.

Il existe une réelle confrontation déséquilibrée entre l’homme et l’industrie. Ainsi qu’un rapport proche-lointain difficile à définir.

On observe un contraste de perceptions entre le dedans et le dehors. Les limites sont franches et dessinées mais les sensations sont autres.

Un travail de raccommodage, de couture pour ancrer et accepter cette plaie est nécessaire si l’on veut qu’elle devienne une belle cicatrice.

La question des seuils se pose alors!

Je relève cinq types d’espaces de proximité, de dualités:

L’arrivée par la route nationale 117

La porte fermée de la gare

Le rapport au gave de Pau La proximité des villages (Arance)

L’ouverture agricole

A

BCD

E

Page 27: Mémoire de fin d'étude

B

C

D

E

A

0 250 500m 1km

26

Carte de situation des coupes des abords de la plate-forme

Page 28: Mémoire de fin d'étude

0 500m 1 2km

A RN117 AgriculturePlate-forme de Lacq

Voie ferrée

B Plate-forme de Lacq

Voies de desserte

Gare

Éloignement

Inaccessibilité

27

A l’arrivée sur Lacq par le sud, le site surplombe la route, ce qui donne une sensation d’éloignement. C’est le seul endroit où cela est perceptible dans la vallée.

Au nord du site, ce qui me semble être l’entrée, on ressent comme une porte fermée. Une fracture nette, infranchissable. Nous sommes bloqués.

Page 29: Mémoire de fin d'étude

28

D Plate-forme de Lacq

Le village d’Arance

C Plate-forme de LacqGave de Pau

Écran

Proximité

Dans le dos du site et à l’est, passe le gave. Mais on ne le perçoit jamais. Les prairies et boisements de mauvaises qualités freinent son approche.

Certaines habitations du village d’Arance sont en contact quasi-direct avec la plate-forme. L’impact sonore, odorant et visuel très fort dégage une proximité gênante qui renforce cette dualité homme-industrie.

Page 30: Mémoire de fin d'étude

29

EPlate-forme de Lacq

Agriculture

0 500m 1 2km

Respiration

La seule limite ouverte sans rapport frontal est avec les étendues agricoles. Cette respiration aux abords du site laisse une possibilité de recoudre la plaie.

Finalement, on constate un rapport souvent direct avec l’usine, une sensation d’impuissance et une échelle disproportionnée pour l’homme. Par ailleurs, on observe l’inexistence de seuil ou de transition et une dualité industriel-naturel forte, presque conflictuelle.

Page 31: Mémoire de fin d'étude

30

Page 32: Mémoire de fin d'étude

31

A l’apparition du complexe en 1957, le visage de la région de Lacq allait changer. La découverte de ce gisement particulièrement riche en hydrogène sulfuré et, par la suite, son exploitation eurent des effets indésirables (odeurs et émanations toxiques) sur le paysage agricole.Le maire de Lacq a dit lui même dans un article de presse: «On dit que l’argent n’a pas d’odeur, mais ici, il en a.»

A l’époque, en une nuit, tout pouvait être brûlé et l’on passait d’un paysage d’été à un paysage d’automne à cause des émissions de gaz.

1. Un impact terrien et aérien, pollution et point de vue2. DANGER! QUEL CONTEXTE

«Certaines récoltes ont été endommagées. Le 8 avril, 9 mai et 12 mai, toutes les plaines du gave étaient dans un nuage de fumée vers le nord, [... ] émanations malfaisantes.»Bulletin municipal de juin 1961

«Des substances du complexe Aquitaine Chimie avaient pollué le gave de Pau, la faune aquatique a été détruite, on a même trouvé des saumons le ventre en l’air alors qu’on pensait qu’ils ne remontaient plus dans cette rivière.»Évoqué lors du compte rendu de la SELAC (Société d’étude de la région de Lacq) le 16 janvier 1962

Page 33: Mémoire de fin d'étude

32

André Cazetien, instituteur dans la commune de Maslacq lors de la découverte du gisement de Lacq puis maire de Mourenx pendant 18 ans (1977-1995) raconte que les écoliers avaient des masques à gaz à côté de leur pupitre.«Il avait fallu 10 ans de lutte intense [...] pour obtenir l’aveu de l’existence de la pollution.»«Dix années pendant lesquelles l’anhydride sulfureux et le fluor n’avaient pas cessé de se répandre dans les usines, les chantiers et sur la campagne béarnaise, abîmant plantes, animaux et êtres humains.» André Cazetien, La terre n’appartient qu’aux hommes, Édition Marrimpouey jeunes, 1977.

Après 1961, les odeurs et pollutions sont limitées. La SNPA trouve peu à peu des procédés de traitement du gaz et d’extraction du soufre plus perfectionnés.

Aujourd’hui, les odeurs restent, des nuages jaunâtres inquiétants apparaissent dans le ciel mais l’impact sur les récoltes et l’espace naturel semble mieux contrôlé.

L’usine marque donc par ses bruits, ses couleurs, ses odeurs mais son impact à grande échelle est surtout visible dans la ligne d’horizon. Elle est perçue dans la vallée entière, à une dizaine de kilomètres alentours, sur les hauteurs de Lagor ou même d’Arthez de Béarn.

Page 34: Mémoire de fin d'étude

2

4

Plate-forme de Lacq

Vue panoramique de Lagor

0 3 6km

1

3

33

Cartes des principaux points de vue

Lagor

Arthez

Os-Marsillon

Mont

Page 35: Mémoire de fin d'étude

Ville nouvelle de Mourenx

11- Vue de Lagor

22- Vue d’Arthez de Béarn

33- Vue proche de Lacq

44- Vue d’Os-Marsillon

34

La plate-forme de Lacq se dessine dans l’horizon mais un contraste apparaît entre la verticalité des éléments symboliques forts et la ligne dessinée par les crêtes boisées. On retrouve cette dualité naturel/industriel dans le tracé du paysage.

Le site industriel fait parti intégrante du territoire, c’est une empreinte nouvelle et inévitable. Une couche paysagère qui s’applique sur le tissu existant.

Le complexe est omniprésent, et son impact visuel incontournable.

Page 36: Mémoire de fin d'étude

35

Pour définir mon périmètre d’étude, j’ai choisi de croiser différentes perceptions objectives et subjectives constatées sur le site.Pour cela, j’ai superposé les limites olfactives, visuelles, l’aire d’influence de la plate-forme industrielle de Lacq sur le territoire et les sites et infrastructures qui évoquent l’industrie gazière.

Mon site se lit donc dans la transversalité de la vallée, du nord au sud mais aussi dans la ligne géomorphologique Nord-ouest - Sud-est existante et dans la direction du gave de Pau.

Limite olfactive Limite visuelle

Limite d’influence Sites et infrastructures gaziers0 3 6km

Page 37: Mémoire de fin d'étude

36

Cartes des limites pressenties de mon site d’étude

0 750m 1,5 3km

Page 38: Mémoire de fin d'étude

37

La présence de gaz dans la région est connue depuis 1880. Les anticlinaux constituant le sous-sol présentaient, en effet, des chances de receler du pétrole d’après des études sismiques (cf. 2.1.1. p 35).La Société Nationale des pétroles d’Aquitaine (S.N.P.A.) est créée sous le régime de Vichy en décembre 1941. Elle est chargée de la prospection des hydrocarbures sur le territoire français et missionnée par le gouvernement.

En octobre 1949 ont lieu les premiers forages de la SNPA à Lacq. C’est le dernier espoir car depuis sa création, elle n’essuie que des échecs dans la prospection de gaz et de pétrole en Aquitaine. Finalement, à 625m, le pétrole jaillit. C’est la découverte de Lacq supérieur. Quarante puits naissent en 3 ans à partir de ce moment là.

En 1951, on découvre Lacq profond (gaz), appelé Lacq 3 à 3 550 m. La tête de puit explosa sous la pression et le gaz jaillit pendant 51 jours, crachant un gaz sulfuré à 600 kg/cm2 à une température de 140°C, chargé d’une odeur pestilentielle. Des villages sont évacués et les trafics ferroviaires et routiers sont bloqués. On installe une torche dont les flammes s’élèvent à plus de 20 mètres de haut, débitant jusqu’à 300.000 m3/jour de gaz. La SNPA fit appel à un expert américain, Mac Kinley, le «pompier volant», pour l’éteindre.

2. Une découverte souterraine, le gaz de Lacq

Les difficultés ne sont pas terminées pour autant car la composition du gaz ( 15% de H2S, 10% de CO2 ) exerce sur l’acier une action corrosive fissurante. Après quelques années de recherche, de nouveaux aciers sont mis au point aux laboratoires du Creusot notamment, ainsi qu’aux aciéries Pompei-Herzorg en Lorraine. Ainsi, l’exploitation du gisement et la désulfuration du gaz se met en placeEt pourtant, les experts américains disaient, lors de sa découverte: «C’est de la folie, boys! Vous avez la mort sous les pieds. Oubliez ce champ de gaz, rebouchez vos forages, semez-y de l’herbe et mettez-y des vaches à paître, mais, pour l’amour du ciel, ne restez pas là !» Et Mac Kinley ajoutait: «Ne tentez plus le sort !».

La 1ère tranche d’exploitation du gaz est entrée en service en 1957 et a une capacité de traitement et de production d’un million de m3 de gaz par jours.

La population est emportée dans «une aventure humaine» impensable, une exploitation que l’on pensait impossible et dangereuse. Mais à la sortie de la seconde guerre mondiale, le désir industriel est fort et la découverte de ces richesses souterraines est une aubaine.Une sentiment d’appartenance à l’histoire industrielle est inévitable et une fédération sociale forte se met en place.

Page 39: Mémoire de fin d'étude

38

Article extrait de la République des Pyrénées, 21 décembre 1961

«Tirant essentiellement son origine du gaz naturel, de l’air et de l’eau, la société Aquitaine Chimie et son complexe chimique (Azolacq, Acetalacq, Méthanolacq, Vinylacq, ...) vont fabriquer dans leurs usines de Pardies l’acétylène, l’ammoniac, le méthanol, le polyéthylène ; productions auxquelles s’ajoutent l’acide nitrique, les engrais azotés, les produits acétiques de synthèse, le formol, les résines, le chlorure de vinyle et les matières plastiques. Ainsi s’est crée cette zone industrielle [...] au sud du gave de Pau. Elle couvre une superficie de 600 hectares, desservies par la voie ferrée et un réseau de routes nouvelles.»Louis Blazy, Mourenx, ville nouvelle du complexe de Lacq, Édition Aquitaine communication, 1988

«C’est de la folie, boys! Vous avez la mort sous les pieds. Oubliez ce champ de gaz, rebouchez vos forages, semez-y de l’herbe et mettez-y des vaches à paître, mais, pour l’amour du ciel, ne restez pas là !»

Page 40: Mémoire de fin d'étude

39

Premières installations de désulfurisation de l’usine de Lacq, 1957, photographie extraite de Mourenx, Bâtiment A, rue des pionniers, Ed. Lacq Odysées , 1997

1939: Découverte de St Marcet par le Centre de recherches de pétrole du Midi1941: création de la SNPA1949: Découverte de Lacq supérieur (pétrole) par la SNPA1951: Découverte de Lacq profond (gaz) par la SNPA1955: Découverte du gisement de gaz de St Gaudens1955: Création du Groupement d’urbanisme de Lacq (GUL) qui organise et réglemente, en collaboration avec les services officiels et avec une volonté de sauvegarder au maximum les zones rurales, la création des voies de circulations, l’implantation des industries et l’équipement des zones d’habitations1957: Début de la production de soufre à Lacq et 1ère tranche d’exploitation du gaz1959: Création de la centrale thermo-électrique d’Artix et création d’un barrage de retenue 1960: Implantation de l’usine Pechiney qui transforme par électrolyse de l’alumine1960: Création du complexe pétrochimique et lancement de l’unité d’éthylène de Lacq par la SNPA1962: Création de l’usine de Mont, création d’Aquitaine-Plastique1969: Accord de coopération entre Total-chimie et la SNPA1969: Création de l’union chimique Elf-Aquitaine (UCEA), 20% ERAP (Entreprise de recherches et d’actions pétrolières) et 80% SNPA1975: Création de la plate-forme Sobegi à Mourenx pour anticiper la fin du gisement et contrôler les salariés et les emplois. Cette plate-forme est dédiée à la chimie fine.1976: Création de la société nationale Elf-Aquitaine, fusion de l’ERAP et de la SNPA1987: Fermeture de la centrale d’Artix car elle n’était plus rentable1991: Fermeture de Péchiney qui n’a pas su se moderniser2003: Naissance de Chemparc, groupement d’intérêt public pour la recherche de nouvelles sociétés en chimie fine et pour leur implantation2009: Fermeture de Célanèse2012: Total signe avec l’usine Torray

Page 41: Mémoire de fin d'étude

40

Page 42: Mémoire de fin d'étude
Page 43: Mémoire de fin d'étude

1234

UN PASSÉ AGRICOLE ET RURAL TRANSFORMÉ

Implantation entre coteaux béarnais et plaines landaises

De paysans à ouvriers, évolutions du parcellaire et de la vie paysanne

Un environnement à risques, des paysages SEVESO

Un patrimoine naturel délaissé, les berges du gave

Sans dessus-dessous, contexte géomorphologique

Culture et architecture régionale, évolution du bâti et ville-nouvelle: Mourenx

CONTRASTE TERRITORIAL

CONSÉQUENCE SPATIALES DU COMPLEXE DE LACQ

Page 44: Mémoire de fin d'étude

43

La complexité géologique rend la prospective coûteuse et difficile. De plus le gisement de Lacq a de grandes dimensions, environ 15 km de longueur sur 7 km de largeur. Ses réserves sont importantes.

Le gaz de Lacq est contenu dans les pores d’une vaste structure dont le sommet se trouve à environ 3 260 m et qui est recouverte d’une épaisse couche de marnes imperméables, les «marnes de Sainte-Suzanne».La porosité moyenne des roches constituant le gisement est de l’ordre de 3%, c’est à dire que le volume des pores souvent microscopiques qui contiennent le gaz représente environ 3% du volume total des roches. Celles-ci appartiennent à deux séries différentes: les 200 premiers mètres environ sont constitués par des calcaires compact dont la porosité est rarement supérieure à 1% et la perméabilité très faible; on rencontre au-dessous une série dolomitique, dont les caractéristiques de réservoir sont nettement favorables : Sur une centaine de mètres la porosité atteint 6% en moyenne. Les terrains constituant le gisement appartiennent géologiquement au Crétacé inférieur (néocomien) et au Jurassique supérieur.

1. Sans dessus-dessous, contexte géomorphologique1. CONTRASTE TERRITORIAL

2 UN PASSÉ AGRICOLE ET RURAL TRANSFORMÉ

Intuition d’un géologue en 1949: à la place du point d’interrogation sera découvert le plus grand gisement de gaz français

Puits du gisement de gaz de Lacq en 1958, d’après le rapport annuel de la SNPA de 1959.Les courbes sont celles des isobathes du toit du néocomien

Puits producteurs et leurs profondeursForages en cours en 1958

Page 45: Mémoire de fin d'étude

44

D’après le rapport annuel de la SNPA de 1959

Lg1 Lagor Le gave La16 La18 La30 La104 La106

0 500 1000 2000 3000m

1097

822695 635

43514240

Niveau de la mer

Mollasse: miocène à éocène sup.LutétienYprésienPaléocèneCampagnienSénonien inf.Turono-cénomanienAlbienAptien sup.Aptien inf.NéocomienValenginienJurasique sup.Gaz-Lacq profondPétrole-Lacq supérieur

On part des micro-organismes (dont le plancton) animaux et végétaux qui vivent dans la zone superficielle des océans. Quand ils meurent, la matière organique qu’ils contiennent s’agglomère aux sédiments minéraux, et le tout se dépose au fond des océans. Cette matière organique sédimentée est alors le siège d’une intense activité microbiologique et donne naissance à ce qu’on appelle le kérogène. A mesure qu’ils sont recouverts par de nouveaux dépôts, les sédiments s’enfouissent. Avec la profondeur, croissent la pression et la température. Sous l’action de cette dernière, le kérogène se dégrade en hydrocarbures de plus en plus légers (le plus léger de tous étant le méthane). Mais pour que ces hydrocarbures soient exploitables, il faut de plus en plus qu’ils s’extraient des sédiments solidifiés (roches mères) qui les contiennent, entament une migration vers la surface et soient arrêtés dans leur progression par une barrière (piège) géologique qui leur permettra de s’accumuler en gisement dans les roches réservoirs. Tout ça prend des dizaines de millions d’années!

Page 46: Mémoire de fin d'étude

2. Implantation entre coteaux béarnais et plaines landaises

0 750m 1,5 3km

45

Carte topographique et de situation des principaux puits de gaz

B

B’

A

A’

Page 47: Mémoire de fin d'étude

46

A

A’B

B’

0 2,5 5kmB B’

Usine de Mont

AranceAbidos Centrale

thermique PardiesLe gave

A A’

Voie ferrée

Lagor RN117ArthezA64Le gave

0 1,25 2,5km

A A’

Voie ferrée

Lagor RN117Le gave

B B’

Arance AbidosLe gave

0 750m 1,5 3km

Dans la vallée du gave, non loin des puits d’exploitations qui ponctuent le territoire, la plate-forme de Lacq est le coeur du complexe.Elle prend sa place dans un méandre de la rivière, lovée sur la rive droite, dans les plaines, entre deux plateaux et coteaux abrupts au milieu des villages d’origine rurale.

Son implantation est idéale, dans le creux de la vallée, entre les deux versants qui la surplombent. Une situation stratégique sur un axe N-E - S-O géomorphologique et anthropologique existant.

Page 48: Mémoire de fin d'étude

1

2

30 750m 1,5 3km

47

Carte de situation des cadrages de photographies aériennes

Page 49: Mémoire de fin d'étude

48

1957 Artix

1947 Lacq

1951 Mourenx

1967 Artix1960 Centrale d’Artix

1

2

3

Évidemment, l’implantation du complexe a eu un impact territorial sans précédent. Il suffit de se pencher sur les cartes aériennes pré- et post-industrialisation pour s’en rendre compte.

Les infrastructures sont disproportionnées par rapport au tissus agricole et rural dans lesquelles elles s’inscrivent. On observe une modification franche du territoire (Ville nouvelle, barrage, bassin de rétention, plate-forme de Lacq...) et brutale. Je rappelle que l’implantation des infrastructures s’est faite en à peine 10 ans.

Des conséquences spatiales, environnementales et sociales violentes qu’il faut décortiquer pour se plonger dans ce territoire complexe et riche.

Page 50: Mémoire de fin d'étude

49

Le grand complexe industriel de Lacq, au ressort économique régional et même national, est en grande partie en contradiction avec le Béarn qui l’abrite. Composé pour moitié de communes rurales, et pour moitié de communes industrielles ou assimilées industrielles, il rompt avec l’image de campagne pour offrir l’image d’un bassin industriel.La plaine béarnaise, jusque là paysage rural, composée de petites communes vivant d’une économie traditionnelle, est totalement bouleversée en l’espace d’une dizaine d’années, aussi bien en terme économique, social, paysager et urbanistique. Un patrimoine nouveau se crée alors, même si bien sûr il n’est pas vécu comme tel sur le moment.

A cette époque post-deuxième guerre mondiale, il y a une gestion très paternaliste

1. Culture et architecture régionale, évolution du bâti et ville nouvelle: Mourenx

2. CONSÉQUENCES SPATIALES DU COMPLEXE DE LACQ

Cité ouvrière de Mourenx

des populations ouvrières. On recherche de la nouveauté, de l’innovation. On se pose la question de l’industrie et de l’urbanité face à la ruralité.

Les premiers à être touchés par cette industrialisation furent d’abord les locaux, appartenant essentiellement au monde agricole. Des Béarnais qui se sont vus retirer une partie de leurs terres, mais qui en même temps ont gagné des opportunités de travail.Beaucoup de ruraux, fils ou frères d’exploitants qui travaillaient à l’usine, continuaient à vivre à la ferme familiale, mais les ouvriers combinant également une activité agricole se firent de plus en plus rares. Beaucoup de ses hommes ont eu aussi l’occasion de changer de vie à ce moment là, célibataire ils sont restés à la ferme familiale, puis une fois mariés se sont installés dans les nouveaux lotissements, en particuliers

Page 51: Mémoire de fin d'étude

50

ceux de Mourenx, construits dans les années 1960. Leur vie n’avait alors plus rien de celle d’un paysan.

Ce «déterminisme géographique» a permis de modifier, en partie, ce déterminisme social qui faisait de la population des agriculteurs, proches de leurs terres, car les cadets devenaient alors paysans-ouvriers. On constate une certaine émancipation. Mais ces derniers ne venaient pas à Mourenx. Le Complexe a aussi bénéficié d’une immigration locale venant de l’ensemble des Basses-Pyrénées, et nationale (nord et nord est), Afrique du nord et espagnols-portugais. Ceux là ont rempli les appartements, maisons ouvrières ou villas de la ville-nouvelle. 4 000 logements sont apparu en 2 ou 3 ans.

Mourenx a été construit selon le mouvement «Hard french», soit des grands ensembles, des logements collectifs excentrés. Construit sur l’exemple de Harlow près de Londres, avec une unité d’origine et des bâtiments de densification. Chaque îlot comprend 300 logements. Pour les ouvriers, une architecture répétitives et des villas pour

les cadres. La ville nouvelle a été réhabilitée dans les années 80, les appartements, entre autres, ont été isolés. Cette cité ouvrière fut un succès dans les années 60, une révolution architecturale et la ville la plus jeune de France. Chaque nouvel arrivant était en demande de rencontres, dynamique, plein d’espoir et de volonté. Pour eux, l’industrialisation du bassin et les emplois qu’elle offrait était une opportunité à saisir. Mais la population est aujourd’hui vieillissante, on est en phase de renouvellement démographique et les nouveaux salariés, cadres, chercheurs chimistes risquent de vouloir des maisons individuelles ou aller dans les bourgs proches (Artix-Orthez ou même Pau). Aujourd’hui le nombre d’habitant s’est stabilisé mais les tranches d’âges ont changé.

En 1960, la population de Mourenx a entre 20 et 30 ans, tandis qu’en 2012, elle compte 40% de retraités. En 1959, Mourenx compte 3 500 habitantsEn 1968, 11 000 habitants et en 2010, plus que 7 237 habitants.

Page 52: Mémoire de fin d'étude

51

Abidos-Mourenx 1812-1947 Abidos-Mourenx 2012

0 750m 1,5 3km

Cartes d’évolution du bâti, de 1812 à 2012

Bâtis pré-industrialisation

Bâti industriel

Bâti actuel 2012

Bâti datant du cadastre napoléonien 1812

Page 53: Mémoire de fin d'étude

52

0 750m 1,5 3kmLacq 1812-1947 Lacq 2012

Bâtis post-industrialisation

Cité ouvrière de Lagor Cité ouvrière de Mourenx

Page 54: Mémoire de fin d'étude

53

Mont 1812-1947 Mont 2012

Arance 1812-1947 Arance 2012

0 750m 1,5 3km

Page 55: Mémoire de fin d'étude

54

Lagor 1812-1947 Lagor 2012

Noguères-Pardies 1812-1947 Noguères-Pardies 2012

Page 56: Mémoire de fin d'étude

55

Le territoire de la communauté de communes se compose de différentes strates de bâtis liées aux évolutions historiques, aux techniques de constructions et à tous les facteurs économiques et industriels qui ont fait ou défait la croissance démographique de ce territoire. On retrouve évidemment deux strates particulières, celle de l’avant implantation du complexe et celle du début de l’industrialisation du Bassin et l’après. Le bâti récent, que l’on trouve dans le territoire, est indissociable du développement démographique entraîné par l’implantation du complexe.

Mais la décision d’exploitation du gisement a également eu des répercussions sur l’ensemble du territoire, à une échelle plus large. On voit apparaître de nouvelles infrastructures traversantes qui modifient l’aspect rural et isolé du Béarn.En 1955, la création du groupement d’urbanisme de Lacq (GUL) englobe les communes voisines. On assiste alors à la création de voies de circulation, de l’implantation de l’industrie et des équipements de zones d’habitations tout en essayant de sauvegarder les zones rurales (cf. Louis Blazy, maire de Mourenx de 1959 à 1977).La structure de la région de lacq est alors fortement modifiée.

La quatrième république, 29 octobre 1956

Page 57: Mémoire de fin d'étude

56

Lors de la découverte de Lacq, il y avait une volonté forte d’exploitation et de développement industriels. Les besoins énergétiques s’accroissent durant les Trente glorieuses et l’exploitation des richesses naturelles disponibles est très importante, surtout que la France en possède peu. Il y a une réelle préoccupation d’insertion dans l’ensemble Aquitaine du grand-ouest, pas seulement au niveau administratif mais également comme un moteur industriel dans la région. On voit apparaître de nouvelles infrastructures telles que l’autoroute 64 (la plus vieille de France, un réseau de Gazoducs incroyable, le port de Bayonne est maintenu...

Aujourd’hui encore, à cette heure de renouvellement économique et des activités, la question du réseau reste d’actualité. Philippe Rey, le maire de Lacq a dit: « La continuité de notre aventure industrielle ne peut pas se passer des quatre réalisations que sont la Bordeaux-Pau, la liaison Pau-Oloron, la ligne grande vitesse SEA (Sud Europe Atlantique) Tours-Bordeaux (c’est une évidence qu’elle doit desservir Orthez) et l’aéroport. »

Page 58: Mémoire de fin d'étude

57

2. De paysans à ouvriers, évolution du parcellaire et de la vie paysanne

«Adieu chênes du pont de Lacq, que reflète l’eau claire, le Béarn disparaît, il nous reste son cadavre et voici qu’il se décompose.»Bernard Charbonneau,Tristes campagnes, Paris,Édition Denoël, 1973

«Lacq a tué une campagne encore intacte, il a mis fin au règne du paysan.»Cahiers de l’Université N°6, Université de Pau et de l’Adour Béarn Gascogne, De la réalité historique à la fiction romanesque, Pierre Delay, Autour de Lacq, 1985

«Le jour où le pétrole a jaillit, une révolution culturelle sans précédent a modifié le paysage et les mentalités agricoles des béarnais. Il leur fallut apprendre à devenir ouvriers.»Pyrénées magazine, janv-fèv 1997, N°49

«Le ciel sans cheminée, l’eau pure du canal, le lent troupeau de vaches dans les rues du village, l’odeur des foins coupés, ces images, ces impressions n’ont pas disparu. Quarante ans ont passé, le canal et le grand cerisier ne sont plus là. A leur place, un immense et noir hangar. [...] L’industrie se développe.» André Cazetien, La terre n’appartient qu’aux hommes, Édition Marrimpouey jeunes, 1977

Jean Féger, qui explore pour le compte de la SNPA depuis 2 ans, dira le 1er mai 1945, : «La région est consacrée à l’élevage, je n’avais jamais vu autant de terres couvertes de fougères qu’on appelle ‘‘touyas’’ et qui servaient à la litières des animaux».

«Une région à tradition industrielle aujourd’hui, mais à tradition agricole hier.»Alain Bertrand, historien, chercheur au CNRS, Paris

A l’arrivée du complexe, les populations obtiennent un nouveau statut: ouvriers-paysans.

Il s’agit d’une main d’oeuvre sous-qualifiée menée vers le bassin industriel. Les cadets de la famille deviennent ouvriers car les aînés deviennent chef d’exploitation ou achètent de nouvelles terres plus loin avec l’indemnisation de la SNPA. Pour les héritiers, Lacq est une parenthèse le temps de reprendre l’exploitation familiale tandis que les cadets partent définitivement et les emplois du bassin sont une opportunité.

Page 59: Mémoire de fin d'étude

58

En 1956, la SNPA commence par demander des occupations temporaires aux habitants et propriétaires pour l’implantation de conduites de gaz naturel entre Lacq et Pau. Les conduites passent en plein milieu des terrains privés occupés par des agriculteurs ou autres habitants. A partir de la décision de la création d’un complexe industriel, la SNPA organise donc un plan de reclassement et de réinstallation des agriculteurs, bien que la plupart des agriculteurs dont la SNPA a saisi les terrains soient devenus ouvriers à l’usine de Lacq.

Monsieur de Lestapie, habitant de Lacq depuis 87 ans et propriétaire terrien me raconte qu’à l’époque, les propriétaires préféraient louer leurs terrains à la SNPA qui proposait des redevances pour occuper les sols, plus intéressantes, que de louer aux agriculteurs qui cultivaient leur terre. Par contre, les agriculteurs propriétaires de leurs terrains préféraient continuer à travailler la terre, souvent leur seul revenu que de vendre ou louer à la SNPA. Pourtant, il n’y aura que 2 cas litigieux à Lacq qui se seront tout de même réglés à l’amiable, mais les agriculteurs ont été déplacés plus loin. Les terres et le parcellaire sont par conséquent très morcelés à Lacq.

Dans les année 50, post seconde guerre mondiale, le découverte du gisement de Lacq est une bénédiction. L’État décide d’exploiter ses richesses coûte que coûte faisant table rase du site agricole et rural pour implanter la plate-forme sur le périmètre que nous lui connaissons.

Article et photographie issus de Pyrénées magazine n°49, janvier 1997 Les ouvriers forent les puits de gaz, photographie extraite du rapport annuel de la SNPA, 1958

Page 60: Mémoire de fin d'étude

59

Cadastre napoléonien 1812 Photographie aérienne 19470 750m 1,5 3km

Cartes d’évolution du parcellaire

0 750m 1,5 3km

Lagor

Lacq Lacq

Lagor

Page 61: Mémoire de fin d'étude

60

Cadastre extrait de géoportail 2012

On constate peu d’évolution du parcellaire entre la pré- et post-industrialisation de Lacq. Cela reflète-t-il une agriculture figée par le tournant industriel de la région? De nouveau, on imagine un contraste encore prégnant entre ruralité et industrie.

Avant l’implantation du Complexe industriel, la population vivait essentiellement de l’agriculture. En 1954, 77% à Arance, 50% à Lacq, 43% à Pardies et 26% des habitants d’Artix vivaient d’une activité agricole. Les autres activités non agricoles (artisanales, semi-artisanales et commerciales) concernaient des petits commerçants, bouchers, boulangers ou épiciers, des artisans, sabotiers et maréchaux ferrants, forgerons, artisans du bâtiment surtout. Il n’y avait pas une seule usine en 1954, ni aucun atelier dans la plaine de Lacq.

De 1876 à 1954, la plaine de Lacq avait perdu plus du quart de sa population (25,9%) et les communes des coteaux avaient perdu jusqu’à 50% de leur population.La population était de surcroît en voie de vieillissement. L’agriculture était en déclin, et la mécanisation lente.

Comme dans le reste du Béarn non montagnard, les paysans pratiquaient un système de polyculture traditionnel à secteur réservé et ont pu en vivre jusque dans les années 1960. Les agriculteurs cultivaient de tout : blé, maïs, un peu d’orge, de l’avoine, des betteraves fourragères, du trèfle, de la luzerne, des haricots, des pommes de terre, ou encore de la vigne, quelques arbres fruitiers, du tabac, etc.

Lacq

Lagor

Page 62: Mémoire de fin d'étude

61

Photographies issues de Mourenx, bâtiment A, rue des pionniers, regards croisés sur l’histoire de la ville de Mourenx et du bassin de Lacq, Denis Peaucelle, Ariane Bruneton-Governatori, Édition Lacq-Odyssée, 1997

Photographies issues de Elf Aquitaine, des origines à 1989, Gilbert Rutman, Éditions Fayard, 1998

Page 63: Mémoire de fin d'étude

62

Page 64: Mémoire de fin d'étude

63

0 1,5 3 6km

Maïs

Blé

Prairies temporaires

Prairies permanentes

Tournesol

Vergers

Légumes

Carte de l’occupation du sol: agriculture

Page 65: Mémoire de fin d'étude

64

L’agriculture devait se moderniser, elle n’était plus rentable, et l’arrivée du complexe industriel a en quelque sorte entériné cette nécessité de changement. Ce changement a pris progressivement la forme d’une seule variété de culture : le maïs.

La plaine de Lacq est particulièrement adaptée à la culture du maïs et à l’élevage. Au départ, cela s’est donc traduit par une timide transformation d’anciens champs en prés, mais l’élevage est resté à un niveau assez confidentiel. En revanche, la culture du maïs a pris de plus en plus d’importance.

L’agriculture béarnaise va connaître le maïs hybride en même temps que la découverte du gisement de Lacq. On assiste donc à une modification des fermes et l’usine utilise ces paysans en mutation pour créer des emplois à temps partiel.

Selon leur situation géographique, les communes ont vu leur terroir plus ou moins amputé par les achats de terres, et ont subi plus ou moins fortement les désagréments du voisinage des usines (pollution atmosphérique, intensité de la circulation, bruit…). Pour compenser les pertes de terres, les paysans ont notamment eu recours au défrichement de landes ou de touyas (Formation végétale de même nature que la lande mais en parcelles plus petites, généralement parsemée de châtaigniers et de petits chênes, et toujours enclose) situés sur les terres communales ou dans les communes voisines.

Les exploitations agricoles ont également pu bénéficier de revenus annexes par la location de logements, de jardins, de garages, aux nouveaux venus. Ces parades ont permis à beaucoup de combattre tant bien que mal le déséquilibre profond du aux amputations de terres.

Tout de même 15% des 20 à 25 ans, 33% des 25 à 30 ans et 29% des 30 à 35 ans des travailleurs agricoles sont partis vers d’autres secteurs d’activité dans la plaine de Lacq entre 1954 et 1960. Les jeunes de 25 à 35 ans représentèrent donc les deux tiers des travailleurs qui changèrent d’activités.

L’industrie s’oppose pour certains au vrai patrimoine, celui de la terre, de la culture paysanne. Elle est coupable d’avoir détruit un mode de vie noble, la vie paysanne, et a réussi son forfait grâce à l’appel de l’argent. Cette vision négative se nuance néanmoins par tout ce qu’a pu apporter le complexe aux ruraux alentours. Les jeunes notamment y ont trouvé du travail, même si cela a en retour provoqué de nombreux problèmes aux chefs d’exploitation pour trouver de la main d’oeuvre. La région s’est développée et cela a participé au rayonnement économique de la région.

Page 66: Mémoire de fin d'étude

3. Un patrimoine naturel délaissé, les berges du gave

0 250 500m 1km

65

Page 67: Mémoire de fin d'étude

66

D’après un plan topographique de 1956, dressé et dessiné par R. Jourd’heuil, géomètre-expert (Archives 64)

Zone inondable «non-aedificandi»

Le gave de Pau est un élément naturel fort de la région, malheureusement il est peu mis en valeur au niveau de Lacq et ses alentours. En particulier les boisements qui sont de mauvaises qualités.Il y a tout de même quelques étapes de ballade mises en place par l’office du tourisme.

L’eau du gave est utilisée et rejetée après traitement par la plate-forme et les boisements sont délaissés

D’après les informations extraites du Dossier Départemental des Risques Majeurs de la Préfecture des Pyrénées-Atlantiques, «toutes les communes du Lotissement sont soumises au risque d’inondation par les crues. Toutefois lors de l’extension Sud du Lotissement, réalisée après la découverte des gisements de Meillon, des travaux ont été réalisés pour rendre cette zone non inondable». L’étude hydraulique réalisée par la société SOGREAH en août 2000 « Sud de l’Usine de Lacq – Étude hydraulique » a confirmé la situation en zone non inondable de l’usine de Lacq, selon une périodicité de 30 ans. Il n’existe pas à l’heure actuelle de PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) pour les communes au abords du complexe.

Page 68: Mémoire de fin d'étude

67

0 1,5 3 6km

Feuillus mélangés Chênaie

LandesFeuillus purs

Conifères

Peupleraie

Carte de l’occupation du sol: boisements

Page 69: Mémoire de fin d'étude

68

Le gave de Pau est un affluent rive gauche de l’Adour disposant d’un bassin montagnard étendu. D’une longueur totale de 120km, et d’une largeur de 60m en moyenne au niveau du complexe de Lacq, il traverse successivement les départements des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques puis des Landes. Le Gave de Pau prend sa source au milieu du cirque de Gavarnie, à la cascade de Gavarnie (haute de 422 m), aux environs de 2500 mètres d’altitude. L’orientation du gave de Pau est Nord-Sud jusqu’à Lourdes, puis Est-Ouest jusqu’à la limite du département. Le débit du gave de Pau a été observé à Bérenx durant une période de 86 ans (1923-2008). Le débit moyen annuel de la rivière y est de 81,8 m³ par seconde, pour une surface de bassin versant de 2575 kilomètres carrés.

A une échelle plus large du cours d’eau, de nombreux aménagements ont été réalisés afin de limiter ces contraintes liées à l’érosion et à la divagation de la rivière qui ont pour conséquence de provoquer une perte foncière au niveau des terres riveraines du cours d’eau et parfois de mettre en danger la sécurité des personnes et des biens. On retrouve dès 1841 une proposition de règlement soumise au gouvernement sur les moyens de «contenir les eaux du gave en régularisant le cours de la rivière par destruction autant que possible des contours qu’elle forme». Aujourd’hui, étant donné la forte expansion industrielle et humaine, notamment dans des secteurs délaissés comme la plaine alluviale où s’est implanté le complexe industriel, le cours d’eau représente toujours une menace pour les activités.De nombreuses actions de protection, contre la mobilité du cours d’eau, contre les phénomènes d’érosion, contre les crues ont conduit à une linéarisation et à l’artificialisation

de la rivière et de ses affluents. On constate la disparition de nombreux affluents ainsi que certains méandres et des zones de divagation du gave.La vallée alluviale du gave de Pau est pourtant remarquable à l’échelle de l’Aquitaine, de par sa diversité et la richesse de ses groupements floristiques et faunistiques. Le gave présente un enchevêtrement d’un grand nombre d’habitats (avec une richesse spécifique importante); il est composé de différents écosystèmes (variables par leurs compositions floristiques et faunistiques ainsi que par la variation des facteurs physiques et abiotiques). Les berges du gave forment un éco-complexe où se côtoient et s’emboîtent un nombre important d’écosystèmes aquatiques et terrestres, pourtant plus faibles aux abords de la plate-forme de Lacq. La majeure partie des boisements du lit majeur du gave de Pau sont représentés par des groupements de bois tendre qui portent localement le nom de Saligue (du latin : salix, saule une des espèces pionnières colonisant des secteurs). Ce terme regroupe à la fois un habitat avec un cortège floristique propre, et une dynamique d’évolution qui alterne entre maturation et régression (c’est à dire un rajeunissement, du fait des crues qui peuvent balayer tout ou une partie de la végétation).

Le gave de Pau passe au coeur du Béarn en 2ème catégorie piscicole sur 70km, jusqu’à Peyrehorade. Carpes, brochets, sandres... cette portion du gave de Pau est le principal secteur de rivières à poissons blancs et à carnassiers. De nombreuses berges boisées, pas toujours de bonne qualité, offrent un caractère sauvage. Entre les vallées du gave de Pau et du gave d’Oloron Ste Marie circulent 300km de rivières et ruisseaux de 1ère et 2ème catégories (cf. Définitions).

Page 70: Mémoire de fin d'étude

69

Zone NATURA 2000directive habitat

Zone NATURA 2000directive oiseaux

ZICOZone d’importance de conservation des oiseaux

Sentier d’interprétation de LendresseAire d’AbidosLac d’Artix, Besingrand, PardiesLou lacot

Cartes des dispositions de prévention et zones de protection, espaces touristiques liés au gave

0 1,5 3 6km

1234

1

2

3 4

Page 71: Mémoire de fin d'étude

70

ZNIEFF de type 1 Lac d’ArtixLac de l’Aubin, DoazonLacqMaslacqGouze

Parcours de pêche pour les jeunes

Lacs artificiels de pêcheZNIEFF de type 2

12123

1

2

3

1

2

Nous pouvons dire que le seul espace favorisé par l’industrie est le lac d’Artix qui a développé une faune avicole particulière par la construction du bassin de retenue nécessaire à l’époque à la centrale EDF. Certains éléments lacustres plus éloignés dans la vallée sont heureusement ouverts et aménagés pour le public.

Page 72: Mémoire de fin d'étude

0 250 500m 1km

71

4. Un environnement à risques, des paysages SEVESO

Page 73: Mémoire de fin d'étude

72

Bassin de filtration au sein de la plate-forme

Système de bassins successifs de dépollution le long du gave

Bassin de décantation avant le rejet dans le gave après filtration

Limites SEVESO

Habitations

Bâti industriel

Lieux Publics, administrations

Commerces, artisanats

PME, PMI, services annexes

Limites SEVESO R1 et R2 et établissements publics, privés et habitations situés dans les périmètres SEVESO, d’après un document de la CCL, 2007

Un rapport direct au complexe

Page 74: Mémoire de fin d'étude

73

Malgré certaines mesures de préservation, et des documents de planification en cours d’élaboration, les espaces protégés sont anecdotiques. Le paysage agricole et naturel est en déclin au profit de l’industrie-vitrine et totalitaire.

Les terrains aux alentours du complexe sont souvent recouverts de remblais, et ne sont pas dépollués. Ainsi, d’après la base de données gouvernementale BASOLS, En 2011, 3 780 tonnes de terres polluées ont été extraites puis, pour partie traitées sur place (1 200 tonnes) et pour le reste (2 580 tonnes) évacuées hors site vers un centre de stockage de classe I. Les zones excavées ont été remblayées par couches successives avec des matériaux biodégradés provenant du chantier Abengoa, des galets

de refus aux cribles et autres matériaux propres. Les terres issues de la biodégration ont été placées en sandwich entre 50 cm de remblais propres déposés en fond de fouilles et 50 cm de remblais propres mis en surface. L’ensemble des fouilles a été remis à la côte naturelle de la plate-forme.

Les risques SEVESO sont élevés et les entreprises d’extractions réinjectent de l’eau filtrée dans le sous-sol pour le stabiliser après le prélèvement du gaz dans les macroporosités. L’eau captée dans le gave est ainsi rejetée après utilisation, décantation et filtration. Les bords du gave sont donc délaissés au profit des bassins de dépollution.

Page 75: Mémoire de fin d'étude

74

Par ailleurs, le CO2 est capté et enterré à quelques kilomètres pour être stocké. Ces dispositions sont prises pour limiter les risques environnementaux ou climatiques et, il est dit, sans danger pour les espaces naturels. Quoiqu’il en soit, cela crée des paysages et des espaces plus ou moins inexploitables dans un futur proche.

A l’époque, l’ ADPRL (Association de défense des paysans de la région de Lacq) a été crée pour indemniser les paysans des dégâts causés par la plate-forme à ses débuts. Dégâts causés directement sur les cultures et dans un deuxième temps, des dégâts financiers. En effet, pour compenser la perte de terres agricoles préemptées par la SNPA, les landes et touyas ont été défrichés pour créer des prairies d’élevage, les lignes de crêtes boisées n’étant plus entretenues, certains points de vue de valeur se sont refermés et la qualité des boisements a diminué.

D’après la base de données BASOL sur les sites et sols pollués en France, parmi les cas recensés, sur l’ensemble du gave de Pau, où la qualité est globalement moyenne, soit 5,5%, on peut citer le gave de Pau en aval du complexe chimique de Lacq–Pardies. Les relevés de 2004 montrent tout de même, une nette amélioration (77% de bonne à très bonne) pour les 11 points de mesures qui concernent surtout les gaves de Pau et d’Oloron. En partie amont, les relevés sont de très bonne qualité biologique, puis en aval de Pau elle passe à bonne, pour être moyenne au niveau de Lacq et Orthez.Au niveau des nappes superficielles, le cours d’eau qui est le plus touché est le gave de Pau en particulier, elles sont les plus vulnérables.

Le transport d’hydrocarbures par canalisations souterraines présente également un risque lors d’accidents (explosions, incendies et pollutions) pouvant avoir des conséquences sur la population, les biens matériels et l’environnement. Ces canalisations convergent dans le bassin de Lacq. Certaines longent en particuliers les vallées de l’Adour et du gave de Pau. Cette artificialisation grandissante du lit mineur participe à l’enfoncement du lit du gave ; il s’ensuit des phénomènes d’érosion des berges et d’érosion régressive (remontant vers l’amont) ce qui a pour conséquence de déstabiliser les protections des berges et les ouvrages d’art, ainsi que de limiter la qualité des boisements.

Page 76: Mémoire de fin d'étude

75

Cartes de synthèse: terres à préserver et terrains constructibles

0 1,5 3 6km

Bourgs pré-industriels

Cités ouvrières

Bâtis post-industriels

A densifier

Boisements à valoriser

Plateau agricole à préserver

Page 77: Mémoire de fin d'étude

76

Page 78: Mémoire de fin d'étude
Page 79: Mémoire de fin d'étude

1

432

UN PRÉSENT INDUSTRIEL ACCEPTÉLe coeur du complexe, des espaces aux fonctions

Vers une patrimonialisation, entre attraction et répulsion

Des usines aux activités liées

Renouvellement économique et social, un tournant vers la chimie

STRUCTURE DU COMPLEXE EN MUTATION

RAYONNEMENT RÉGIONAL EN ÉVOLUTION

Page 80: Mémoire de fin d'étude

79

A l’époque, la consommation française de gaz était trop faible, le SNPA cherche donc à développer une utilisation locale. Ainsi vont s’implanter différentes structures et usines qui participeront à l’agrandissement de la plate-forme et à la naissance du complexe industriel de Lacq.

1. Des usines aux activités liées1. STRUCTURE DU COMPLEXE EN MUTATION

3 UN PRÉSENT INDUSTRIEL ACCEPTÉ

L’usine EDF d’Artix (1959-1987)

L’usine Péchiney d’aluminium de Noguères (1960-1990)

Le Complexe chimique de Pardies (1961- )ACETEX CHIMIE, YARA France (fertilisants-engrais) et AIR LIQUIDE

L’usine ATOCHEM de Mont ARKEMA (plastiques)

L’usine Cd-F de Mont (1961-1978)Charbonnage de france

La plateforme SO.BE.GI. de Mourenx (1974- )Prestations de service pour les industriels de la chimie, services divers performants, particulièrement dans le domaine de la pollution

La création du Groupe d’Intérêt Public CHEMPARC (2003- )Il regroupe le site de Lacq (Induslacq), la plateforme SO.BE.GI. de Mourenx, l’usine ARKEMA de Mont et le complexe chimique de Pardies composé des 3 groupes indépendants : ACETEX CHIMIE (groupe CELANESE, USA), YARA France (Norvège) et AIR LIQUIDE (France).

Le groupement de recherche de Lacq (G.R.L.)

Schéma avant la reconversion 1990-2000, d’après S.Edelblutte, Paysages et territoires de l’industrie en Europe, 2009

Page 81: Mémoire de fin d'étude

80

0 3km1

Gave de Pau

A64

Voie ferrée

Versant abrupt

Plateaux

Bourgs pré-industriels

Usines

Aire à soufre

Collectifs ou pavillons

Éléments industriels annexes

Puits de gaz

Barrage

Lendresse

Arance

Abidos

Os

Marsillon

Mourenx-bourg

Noguères

Pardies

Bésingrand

Artix

Mourenx-ville nouvelle

Lacq

Lagor

Page 82: Mémoire de fin d'étude

81

Le complexe en 1957 photo extraite du rapport annuel de la SNPA 1958, Archives 64

Mourenxville nouvelle

Aquitaine chimie

Péchiney SNPA Centrale EDF

Vue Générale du complexe (avril 1958)

Page 83: Mémoire de fin d'étude

82

Après la découverte de Lacq 3, il est crée assez rapidement une usine de désulfuration où on effectue la séparation de l’hydrogène sulfuré et du gaz carbonique et où l’on récupère les hydrocarbures condensables (butane, propane, essence) que contient le gaz brut et enfin on extrait le soufre.

Le 18 janvier 1957 le projet d’aménagement du groupement d’urbanisme de Lacq voit le jour et il faut s’accorder sur une répartition convenable du sol entre les industriels. La SNPA fait la «chasse aux industriels» pour développer l’économie et vendre le gaz exploité.

Dès 1959, est implantée la Société Aquitaine chimie de Pardies, un complexe qui fabrique de l’acétylène, de l’ammoniac, du méthanol et du polyéthylène en plus de l’acide nitrique, des engrais azotés, des produits acétiques de synthèse, du formol, des résines de chlorure de vinyle et des matières plastiques. Dans le même temps, l’usine de Péchiney s’installe à Noguères, sur un terrain limitrophe pour y produire de l’aluminium, 90 000 tonnes d’aluminium/an, grâce à l’énergie électrique fournie par la centrale crée à Artix, 375 000 kW/h, alimentée au gaz de Lacq. En 1962, l’usine de Mont est dédiée au plastique pour diversifier l’utilisation des produits extrait du gaz de Lacq. Aujourd’hui, le groupe Arkema y fabrique notamment le lactame 12 grâce aux produits fabriqués ou transformés sur la plate-forme induslacq. Ce lactame 12 est présent sur les marchés de l’automobile, de transport de pétrole et de gaz, du sport et de la cosmétique.

Le complexe rassemble déjà 600 Ha entre Noguères, Pardies et Bésingrand au sud du gave et, en 1964, le conseil municipal de Mourenx décide la création d’une ZAD de 42 Ha (zone d’aménagement différée, à vocation industrielle).

De 1978 aux années 2000, le schéma de traitement de l’usine de Lacq n’a pratiquement pas évolué. En 2005, le déclin des gisements a contraint TEPF à remodeler et à optimiser les unités de traitement de gaz brut et d’huile du complexe afin de poursuivre l’exploitation des champs du Sud-Ouest de la France (Lacq - Meillon principalement) dans des conditions techniques et économiques satisfaisantes.

Cette modification de l’architecture a conduit à arrêter l’ensemble de la chaîne de fabrication et de stockage G.P.L ainsi qu’une partie de l’activité de soufre solide.

Aujourd’hui, seules les sociétés Air liquide et Yora subsistent sur la plate-forme, la centrale d’Artix a fermée en 1985, Péchiney en 1991 et la société Célanèse, héritière de Rhône-Poulenc, fabriquant de l’acétylène, en 2009.

Page 84: Mémoire de fin d'étude

83

Réalisations de l’usine en 1958

Laboratoires pilotes

Bureaux

Sortie de gaz épuré

Garages

Laboratoires

Services sociaux Production

du soufre

Salle de contrôle

Dégazolinage

Désulfuration aux amines Salle de

contrôle

Dégazolinage

Production du soufre

Filtration Des eaux

Réfrigération de l’eau

Château d’eau

Désulfuration à l’eau sous

pression

Arrivée Du Gaz brut

Lavage à la soude

Désulfuration aux amines

Centrale de fabrication

de vapeur et d’électricité

Torche

Chargement du soufre liquide, photographie issue de Mourenx, bâtiment A, rue des pionniers, regards croisés sur l’histoire de la ville de Mourenx et du bassin de Lacq, Denis Peaucelle, Ariane Bruneton-Governatori, Édition Lacq-Odyssée, 1997

Schéma issu du rapport annuel de la SNPA, 1959

2. Le coeur du complexe, des espaces aux fonctions

Page 85: Mémoire de fin d'étude

84

Page 86: Mémoire de fin d'étude

12

34

5

0 250 500m 1km

Fonctionnalités et secteurs d’activité dur la plate-forme

85

Page 87: Mémoire de fin d'étude

Pour la création du site, il a fallu de l’énergie: gaz, électricité, eau (industrielle et potable, évacuations et traitements), des liaisons routières, ferroviaires (intérieures et extérieures), du personnel. La plaine alluviale du gave présentait des caractéristiques appréciables à beaucoup de ces niveaux: concentration sur un espace limité dans la plaine du gave de Pau, approvisionnement en eau grâce à un débit suffisant du gave et proximité des voies de circulation. L’emplacement était donc idéal.

En novembre 1957, les statuts pour l’aménagement du complexe de Lacq sont rédigés.

Au commencement de l’exploitation du gisement, la plate-forme rassemblait 5 étapes spécifiques qui correspondrait à la zone historique de Lacq:

86

1

2

3

4

5

Unité éthylène GRL Future usine Toray

Dégazolinage

Unité propane Bureaux Zone à soufre

Désulfurisation

Démercaptanisation Bassins de dépollution

Stockage

Décompression Désulfuration Dégazolinage Démercaptisation RecompressionLe gaz de Lacq se compose de CH4 69,2% Méthane, H2S 15,2% Hydrogène sulfureux, CO2 9,6% Dioxyde de carbone, N2 0,6% Azote, 2 CH3 3,3% Ethane, Cn et Hn. Il est produit à partir de ce gaz, du soufre, acide sulfurique (engrais), du méthane (gaz de ville), du butane-propane (gaz domestique), de l’éthane (polyéthylène) et à partir des condensats C5, du benzène (carburants) et du styrène (polystyrène).

Les opérations effectuées à l’usine de Lacq, sont la désulfuration, le dégazolinage, la récupération du soufre contenu dans l’H2S et le raffinage des sous-produits. Elle peut produire, du gaz purifié, dont le pouvoir calorifique est le double de celui du gaz de houille, à usage industriel ou domestique, des hydrocarbures utilisables dans les industries chimiques (éthane, propane, butane) et évidemment du soufre.

L’usine de Lacq, créée en 1957, avait trois missions: l’extraction des hydrocarbures (gaz et pétrole) contenus dans le sous-sol local, la valorisation de ces matières premières en une série de produits aux caractéristiques bien définies et l’alimentation en matières premières des activités chimiques du complexe de Lacq.

Page 88: Mémoire de fin d'étude

87

Total exploitation et production France (TEPF) anticipe l’épuisement du gisement depuis les années 90. La fin de l’exploitation gazière étant prévue pour 2030 et sa commercialisation nationale pour 2013, la Sobegi, qui a pris le relais depuis 2012, doit gérer l’accueil des nouvelles entreprises. Comme il s’agit d’un site SEVESO I et II, elle se tourne vers des exploitants chimiques ou la recherche. Il y a aujourd’hui 50 hectares à saisir sur les 224 hectares que compte la plate-forme Induslacq, vaste zone économique bénéficiant de l’apport d’utilités et services communs, pour de nouvelles entreprises.Sur ces 220 hectares, 70 sont déjà occupés par des entreprises comme Abengoa, Arkema, OP Systèmes, Sobegi mais aussi le centre de formation exploité par l’APAVE, un organisme de contrôle destiné à assurer la sûreté des installations, mais aussi le contrôle technique des constructions; 16 sont réservés par le groupe Toray pour sa nouvelle usine de polyacrylonitrile, le reste étant dédié aux emprises ferroviaires, à la voirie, mais aussi aux bureaux. Mais il y a aussi des parcelles réservées pour des extensions futures de Sobegi et Arkéma.

Ces 50 hectares sont déjà convoités par des investisseurs. Par exemple, des projets de sociétés comme Charmont et Cofely, qui veulent investir dans le secteur de la biomasse, sont évoqués. Le groupe Toray est par ailleurs en discussion avec Total pour reprendre les bureaux situés à l’entrée de la zone et y installer son centre de recherche.

Total doit pourtant terminer de préparer les terrains pour les nouveaux arrivants.

La gestion durable et responsable du CO2, premier responsable du réchauffement climatique, et du H2S, résidus de l’exploitation des gaz acides, occupe une place prioritaire dans les actions du groupe. En témoigne leur injection dans le sous-sol, à des fins de stockage géologique, pour réduire fortement et durablement les émissions de ce gaz à effet de serre, qui semble s’afficher comme l’une des voies les plus performantes au regard de la préservation de l’environnement. Étudiant des alternatives à la transformation classique du H2S en soufre, dont le marché est durablement saturé, le groupe se concentre sur son injection dans des réservoirs en fin de vie.

En février 2002, le Premier Ministre a donné son accord à la poursuite des injections.Ainsi, un pilote industriel à Lacq a démarré mi-2009 pour démontrer la faisabilité de cette nouvelle voie technologique de lutte contre le réchauffement climatique.

La volonté d’améliorer l’insertion des industries dans l’environnement béarnais est également passée par le regroupement, en mars 2000, de la commune de Mourenx, du SIVU de l’agglomération paloise, du syndicat Juscle et Baïse, et de celui de la plaine de l’Ousse dans un Syndicat mixte pour le traitement des boues industrielles et urbaines. Un incinérateur a été ainsi mis en service à Arance en 2002.

1. Renouvellement économique et social, un tournant vers la chimie2. UN RAYONNEMENT RÉGIONAL

Page 89: Mémoire de fin d'étude

88

L’implantation de Toray conforte aussi le projet LCC 30. Alors qu’il ne reste que 3% des réserves initiales du gisement de Lacq, ce projet va permettre d’alimenter les industriels de la plate-forme de Lacq pendant encore 30 années supplémentaire via une nouvelle unité de traitement de gaz à faible débit, appelée LCC 30. Elle va assurer la pérennité des activités de la Sobegi, Arkema et Abengoa, soit quelques 1 000 emplois

directs consolidés. Cela participe à une dynamique et va permettre d’exploiter les moyens de ressources de plate-forme dans une logique de mutualisation des coûts.

Photographie issue de la lettre au riverains de TEPF N°4, avril 2012

1978 33 millions de m3 de gaz par jour

2012 2,4 millions de m3 de gaz par jour

2015 0,4 million de m3 de gaz par jour

Page 90: Mémoire de fin d'étude

89

Le gisement de Lacq est quantifié à hauteur de 262 milliards de m3 de gaz. Mais riche en soufre, il impose une séparation entre les deux éléments, ce qui fournira les bases de l’industrie thiochimique, dont Arkéma est aujourd’hui le fleuron. Dans les années 70, alors que la SNPA est devenue Elf-Aquitaine, le pic de production est atteint avec plus de 30 millions de m3 de gaz traités quotidiennement. Il est vrai que les années 60 ont également vu la découverte du gisement de Meillon-Saint-Faust (60 milliards de m3 de gaz) qui est lui aussi exploité à Lacq. Ce rythme se maintiendra jusqu’en 1982, année qui voit la production commencer à décliner. En fin d’année 2013, la page sera donc tournée sur 56 ans et huit mois d’exploitation commerciale de gaz.

En 1950, l’usine a produit et commercialisé 6 500 tonnes de gaz. En 1951, elle en produit 230 000 tonnes, soit 60% de la production nationale. En 1960 la production de gaz de Lacq correspond à 90% de la production nationale. En 1984, Lacq produit 6,2 millions de m3 de gaz par jour et 1,6 millions de tonnes de soufre. A cette date la production est alors passée à 4,4%.

Le complexe a également généré un bassin d’emploi démesuré par rapport aux populations présentes sur le territoire du Béarn. En 1959, le complexe emploie 5 000 personnes salariées pour le chantier et 2 000 personnes salariées dans l’usine. La SNPA prévoyait, en 1957 pour la fin du chantier, 80 cadres, 220 techniciens, 1 070 employés-ouvriers soit 1 400 personnes.En 1961, on compte 4 000 employés sur le complexe de Lacq.

Il faut préciser qu’au fur et à mesure que la fin de l’exploitation du gisement approche, l’environnement passe de la périphérie au centre de la problématique économique béarnaise, du statut de milieu de vie enserrant les usines à un secteur d’activité dynamique. On est passé de la chimie d’extraction à la chimie de la molécule et on se dirige vers la chimie de l’énergie. Le gaz s’épuise, mais d’autres énergies arrivent, produites grâce à des procédés en phase avec notre époque.

Ce tournant vers la chimie «verte» et la recherche relance l’économie, assure l’équilibre des emplois (la perte d’emplois dans l’industrie gazière sera compensée par les nouveaux emplois crées dans l’industrie chimique) et perpétue le rayonnement régional du bassin de Lacq.

AUJOURD’HUICentre de recherche Lacq: 400 emploisLacq: 3 500 emplois, 3,3 Millions de m3/jours, 2 000KtMont: 300 emplois, 125 KtArtix: 75 emplois, 375 MwNoguères: 200 emplois, 90 KtPardies: 600 emplois, 600 Kt

1988: 8 150 emplois sur le bassin2010: 7 759 soit une baisse de 4,4%1988: 79% d’emplois industriels2010: 65% mais 800 emplois sont nés dans les services1988: 43% de la population est dans l’industrie contre 27% en 2010Baisse de 21% d’emplois industriels en 23 ans mais, l’industrie chimique a crée 300 emplois.

D’après une étude de Nathalie Vechiu, Post-doctorante, CATT, UPPA

Page 91: Mémoire de fin d'étude

90

Electrocardiogramme des activités passées et envisagées sur le site de Lacq entre 1936 et 2030

1936 1951 1957 1982 2013 2030

Vie rurale et agricole

Vie ouvrière

Recherche, ingénierie

Industrie gazière

Industrie chimique

Page 92: Mémoire de fin d'étude

91

Patrimoine:« Tout espace socialisé, approprié par ses habitants, quelle que soit sa taille. Ces derniers ont en effet une mémoire, mais aussi une pratique et une représentation de cet espace. Un territoire résulte donc de l’oeuvre des hommes… » « Un patrimoine est un ensemble d’éléments matériels ou immatériels, de représentations et de pratiques qui concourent à sauvegarder la singularité et l’identité de leur titulaire au cours du temps et dont l’importance, décrétée collectivement, exige que l’on conserve et qu’on le transmette. » P. Baud, S. Bourgeat, C. Bras, Dictionnaire de géographie, Hatier, 2003

2. Vers une patrimonialisation, entre attraction et répulsion

«Cette flamme étrange et captivante, vivante dans le paysage de mon enfance, je n’ai pas cessé, je ne me lasse pas de la contempler, de l’admirer, de l’aimer. [...] pendant un court instant, je regarde à travers le saule pleureur [...] ce feu qui porte en lui l’histoire matérielle de la terre. Et j’oublie l’eau vive du canal et le grand cerisier.»André Cazetien, La terre n’appartient qu’aux hommes, Edition Marrimpouey jeunes, 1977

«Il faut conserver et les racines, et les évolutions. On ne prépare pas l’avenir si l’on ne tient pas compte du passé.» André Cazetien

«Les derricks de forage qui dressent leurs fines structures métalliques dans le vallonnement verdoyant de la campagne béarnaise.»Jean Lartéguy, La grande aventure de Lacq, Edition L’air du temps, 1961

«Lacq et sa région sont la toile de fond d’une histoire de notre temps, la création du complexe c’est l’évènement historique initial, les péripéties essentielles ont d’autres ressorts.»Pierre Delay

«LE PRÉSENT SERAIT PLEIN DE TOUS LES AVENIRS SI LE

Page 93: Mémoire de fin d'étude

92

Lacq est aujourd’hui porté par un mouvement culturel construit par l’histoire, les traditions séculaires qui font le patrimoine. Mais également, aujourd’hui, par une culture ouvrière de l’industrie qui a ouvert les esprits et le territoire agricole. Tout cela offre un héritage pour les générations futures.Le projet PIAq (Patrimoine industriel en Aquitaine) initié par la Maison des sciences et de l’homme, permet de faire un inventaire régional qui est en cours. Dans le cas de Lacq, le parti pris a été de trouver une solution économique plutôt que culturelle par la continuité de la production industrielle. C’est évidemment un lieu de production mais également un lieu hautement patrimonial. Il faut l’inscrire dans la trame de l’histoire.

A l’époque, Lacq était un choc industriel, maintenant il est un défi économique. Je pense également qu’il est temps que cela devienne un défi d’adaptation territoriale.

Il existe une responsabilité face au leg industriel. Lacq est en train d’acquérir un statut patrimonial, symbolique. Le regard et la perception changent. On ne pense plus qu’à l’utilisation mais aussi à transmettre cette mémoire. Sans conserver une vision passéiste, il faut connaître les racines du contexte d’aujourd’hui.

La notion de patrimoine est encore très floue dans l’esprit collectif et se résume bien souvent aux vieilles pierres. Ce symbole historique de l’industrialisation du bassin ne disparaîtra pas, elle suit le cours du temps. La plate-forme est un symbole de cette aventure industrielle qu’est Lacq ainsi que ces éléments forts, architecturaux, structurels qui participent à l’image de Lacq et ce qu’elle inspire. Ils sont des témoignages du passé et de l’histoire industrielle et sociale de Lacq.

On peut parler de ses wagons et ses rails que l’on retrouve par exemple tout le long des usines de Lacq, qui ont une force symbolique importante, ils font le lien avec l’extérieur. Ils ont un rôle de dynamique.

Ses derricks et ses cheminées qui semblent vouloir toucher le ciel. Elles sont indubitablement un symbole du complexe. De formes, de tailles variées, elles annoncent tour à tour celui-ci, tutoient le ciel, imposent leur masse comme celle du complexe chimique de Pardies, marquent l’entrée dans le site de Lacq comme des colonnes.

Comme exemple intéressant, des cheminées subsistent sur le site de Total malgré leur inactivité aujourd’hui.

Les tuyaux représentent un véritable dédale de pipelines entre les usines qui unissent les différentes unités et lui donnent cet aspect de toile d’araignée souterraine. Mais les tuyaux ne sont pas que souterrains à Lacq, ils sont partout.

PASSÉ N’Y PROJETAIT DÉJÀ UNE HISTOIRE.» ANDRÉ GIDE

Page 94: Mémoire de fin d'étude

93

Torchères, fumées blanches, derricks, trépans... paysage nocturne..., des éléments symboliques incontournables et puissants (soufre, cheminées, tuyaux, torchères...) qui présentent un paysage extraordinaire, un héritage entre répulsion et attractivité. Ces éléments, symboles, trames, traces ne pourraient-ils pas être support de projet?

L’architecture industrielle et son évocation a d’ailleurs souvent interrogé, suscité des passions, intéressé des artistes, concepteurs ou autres curieux. En témoigne le travail photographique de Bernd et Hilla Becher ou celui Jean Dieuzaide (unité de soufre, 1960), fascinés par la beauté et la puissance de la machinerie, les oeuvres de Charles Scheeler, l’un des fondateurs du mouvement du précisionnisme, etc...

Trame viaire Trame ferrée Trame hydrologique

Page 95: Mémoire de fin d'étude

94

Page 96: Mémoire de fin d'étude
Page 97: Mémoire de fin d'étude

34

21 Synthèse des enjeux

Premières orientations

UNE CICATRICE PAYSAGÈRE À PENSER2. Cicatriser la plaie, tisser des liens

2. Rassembler autour des traces

3. Proposer un scénario, penser dans le temps

1. Un parcours pédagogique et sensible

1. Dévoiler un patrimoine, révéler l’héritage1. CONTRAINTES ET TRANSFORMATIONS

2. ENTRE CONSERVATION ET ATTÉNUATION

Page 98: Mémoire de fin d'étude

97

1. Dévoiler un patrimoine, révéler l’héritage1. CONTRASTES ET TRANSFORMATIONS

4 UNE CICATRICE PAYSAGÈRE À PENSER

L’industrie gazière est amenée à disparaître, et l’industrie chimique apparaît, la population qui a vécût l’aventure est remplacée. Lacq est dans une ère de renouvellement.

Selon Simon Edelblutte, les étapes logiques des zones industrielles sont les suivantes:

Extension Limitation Reconversion Fermeture

Aujourd’hui, l’usine de Lacq est à l’étape de reconversion dirons-nous, il faut repenser les abords de l’usine mais également anticiper sa fermeture si celle-ci doit avoir lieux.Sylvie Daviet, elle, énonce trois phases «qui ne se succèdent pas et se chevauchent»:

Incrédulité Démolition Action

Dans le cas du complexe de Lacq, une démolition est peu probable dans les années à venir et même, certains éléments doivent être conservés si l’on ne veut pas détruire l’âme de ce territoire. Par contre, il faut agir. Mon travail de paysagiste consistera à proposer un aménagement par étapes successives, répartie dans le temps en fonction des hypothèses de transformation

du site. Un travail sur la notion de TRACES et

de MÉMOIRE, la réalité d’une appartenance territoriale et sociale.

Michel Grosseti a écrit en 1998: «On finit toujours pas s’intéresser au paysage

industriel mais seulement quand les usines ferment.» Je pense qu’il faut s’intéresser au territoire de Lacq dès maintenant pour anticiper un risque de rupture du site industriel avec son environnement paysager et les habitants du bassin.

Pour éviter cela, il faut mettre en avant ce patrimoine industriel, valoriser cette

EMPREINTE forte que sont le gaz et le soufre. La plate-forme doit pouvoir continuer à respirer même après la fin de l’exploitation. Elle doit pouvoir continuer à briller dans le ciel de Lacq. Une des étapes du projet devra

être réserver au paysage NOCTURNE. Ne peut-on pas imaginer un complexe devenue chimique le jour et retrouver une forme d’activité gazière la nuit, avec les éléments symboliques que cela comporte?

Par ailleurs, un travail sur les perceptions du site et ses traces sur le territoire est à envisager également. Son aire d’influence étant assez large, il faut pouvoir en profiter. Les plateaux de la vallée sont à exploiter,

selon moi, pour créer des TERRASSES dynamiques, des instants de valorisation, de révélation et de contemplation de cet héritage industriel.

D’autre part, je dois pouvoir m’appuyer sur

des ACCROCHES existantes qui rapprochent de la plate-forme, le réseau viaire, le pont d’Abidos, les voies ferrées...

Page 99: Mémoire de fin d'étude

98

EMPREINTES TRACES FASCINATION NOCTURNE

TERRASSES POINT DE VUE ACCROCHES PASSAGE

Flammes

FuméesSoufre

Rails

0 3km1,5

Page 100: Mémoire de fin d'étude

99

2. Cicatriser la plaie, tisser des liens

La plate-forme de Lacq est un contraste fort sur le territoire qu’elle occupe, il va s’agir

de tisser, COUDRE ce site avec ses abords (le gave, les villages, les terres agricoles...). Mais dans un premier temps, il faudra aussi retrouver des liens entre les villages, des village vers leur patrimoine naturel, puis de cet espace naturel vers la plate-forme. Ces trois éléments paysagers se confrontent aujourd’hui mais se tournent le dos. Dans mon projet d’aménagement, je dois en tenir compte.

Les architectes de Mourenx, J.B Maneval et J. de Brauer, ville nouvelle ont dit, en parlant du territoire du bassin de Lacq, qu’il s’agissait d’un «système spatial extrêmement ingrat, il est difficile de s’y repérer». Mon travail va également consister à définir les espaces et éléments territoriaux les uns par rapport aux autres ou/et les uns avec les autres.Le territoire du bassin de Lacq est un

ENTREMÊLAS d’histoires. Il faut rendre hommage au passé par des projets culturels, des choix de cadrages, des points de vue valorisés, des parcours et cheminements spécifiques, des ponctuations symboliques et didactiques, la valorisation de l’agriculture et des berges...De plus, il faut rassembler les différentes couches paysagères, entre autres naturelle et industrielle.

Il faut également tenir compte de deux types d’échelle. L’échelle temporelle et l’échelle territoriale. En effet, en fonction des différentes étapes d’aménagement, je vais pouvoir m’approcher petit à petit du site de la plate-forme et intervenir au plus proche des villages, dans le creux de la vallée.

Il va s’agir dans un premier temps de créer des liens ponctuels, visuels, puis de se rapprocher pour tisser des liens physiques, concrets, entre les villages, les berges du gave et les abords de la plate-forme. Pour

cela, il faudra créer des TRANSVERSALITÉS, des passages sur le gave, des accès particuliers...

De plus, je voudrais créer un espace

FÉDÉRATEUR, lieu d’histoire, de culture et de mémoire autour du patrimoine gazier et de l’aventure humaine et sociale du bassin.

Pont d’Abidos sur le gave, datant de 1937, il est le seul passage sur la rivière avec le pont d’Artix

Page 101: Mémoire de fin d'étude

100

COUTURE TISSAGE DÉMÊLAGE PRÉCISIONS

TRANSVERSALITÉS FÉDÉRATEUR CENTRALITÉS

AgricultureEntrée

Berges

Point de vue

Passage

0 3km1,5

Page 102: Mémoire de fin d'étude

101

3. Proposer un scénario, penser dans le temps

Après plus de cinquante années d’exploitation, le groupe Total met fin à son activité d’extraction de gaz et de pétrole en Béarn. L’heure est au rebouchage des 35 puits concernés.

Total avance aussi sur le volet «remise en état» du site d’Induslacq. Retia, une filiale de Total, a hérité de cette mission. Actuellement, il y a un gros chantier sur la zone Nord, où doit s’implanter Toray, qui mobilise plus de 100 personnes. Retia s’attaquera ensuite aux autres parcelles tout en menant de front, par le biais de la société de maintenance pétrolière, la fermeture des puits. Quatre l’ont déjà été, le dernier étant à Mazères. Il s’agit notamment de placer des bouchons de ciment de 150 mètres de hauteur dans des puits profonds de 4800 mètres. Trois bouchons doivent être mis en place.A raison de six à huit semaines par puits, ces

opérations devraient durer jusqu’en 2016.

Aujourd’hui, avec le prix du gaz et l’augmentation du gaz domestique, les petits gisements sont devenus rentables (Vic Bilh, St Faust),... Le gaz et le pétrole sont donc acheminé à Lacq pour le stockage et le raffinage.Onze puits seront conservés. Situés sur le territoire de la commune d’Arance, ils auront

vocation à alimenter Lacq Cluster 2030 (LCC 30). Cette installation doit permettre, par l’exploitation d’un filet résiduel de gaz, la poursuite des activités industrielles liées au soufre, notamment celle du chimiste Arkéma. La mise en oeuvre est prévue en

juin 2013. Le 15 octobre, la production de gaz commercial s’arrêtera et début novembre, c’est le redémarrage dans la nouvelle configuration.

Total estime l’exploitation locale du gaz

jusqu’à 2030. Ensuite, il faudra trouver une autre source d’énergie pour le maintien des usines ou renouveler le complexe industriel.

Je dois tenir compte de ces éléments de calendrier pour mettre en place mon projet dans le temps, ainsi que des problématiques de pollution et de prévention des risques.

Page 103: Mémoire de fin d'étude

102

PHASE 1 BELVÉDÈRES

PHASE 3 LIENS PHASE 4 PARC DES BERGES

PHASE 2 MUSÉE

OU

0 3km1,5

Page 104: Mémoire de fin d'étude

103

SYNTHÈSE DES ENJEUX

0 1,5 3 6km

Page 105: Mémoire de fin d'étude

104

Dévoiler de loin...

Rassembler de proche ... ...en proche

...et de près

ENJEUX NATURELS ENJEUX URBAINS

ENJEUX PATRIMONIAUX ENJEUX INDUSTRIELS

- Protéger les boisements en haut de coteaux- Requalifier les boisements de berges- Préserver l’agriculture et l’élevage sur les plateaux- Restaurer les berges du gave de Pau- Mettre en valeur le cours de la Bayse, affluent du gave

- Densifier les villages avant de construire sur les pourtours- Eviter le mitage- Relier les villages autour de la plate-forme (Arance, Lagor, Abidos, Lacq)

- Valoriser le patrimoine industriel et naturel- Créer des points de vue stratégiques, créer des cadrages et des ponctuations sur les éléments symboliques- Dévoiler l’espace naturel du gave- Rassembler autour d’un lieu fédérateur de mémoire

- Conserver les traces de l’industrie gazière- Anticiper la mutation industrielle et chimique- Travailler les abords et seuils autour de la plate-forme- Mettre en valeur l’inscription des traces sur le territoire et dans l’horizon

Page 106: Mémoire de fin d'étude

10

9

21

8

3

45

7

6

1. Un parcours pédagogique et sensible2. ENTRE CONSERVATION ET ATTÉNUATION

0 750m 1,5 3km

105

Page 107: Mémoire de fin d'étude

106

Donner à voir...

...regarder autrement

1

3

7

9

6

2

4

8

10

5

Lacq, naissance du gisement:- Développer le vocabulaire de l’industrie gazière dans les aménagements- Créer un lien avec les autres villages

Sortie de la côte, aperçu soudain sur la plate-forme:-Créer un point de vue-Développer un paysage nocturne

Passage sur le gave:-Valoriser le pont de 1937, accroche vers les berges-Mise en évidence du réseau de pipelines

Abidos, village de la rive gauche:-Rapprocher le village, le connecter-Retrouver une unité et une dynamique urbaine

Lagor, village sur la ligne de crête:-Dégager un point de vue et céer des belvédères-Retrouver une centralité, possibilité de lieu de mémoire-Développer la promenade sur les hauteurs

Les berges du gave:-Créer un passage sur la rivière-Aménager les berges et valoriser les espaces naturels

Arance, au plus proche de la plate-forme:-Créer un lien fédérateur-Travailler le seuil et la transition entre les éléments paysagers (agriculture, berges, industrie...)

Croisement entre le creux de vallée et les plateaux:-Déterminer le passage entre agricole et industriel-Préciser les unités paysagères par des transitions

Ligne de crête boisée:- Requalifier les boisements - Ouvrir des points de vue et définir des cadrages

Arthez, village éloigné de l’autre versant:-Requalifier la limite de site-Définir un autre point de vue à une autre échelle

Page 108: Mémoire de fin d'étude

2. Rassembler autour des traces

0 250 500m 1km

107

Page 109: Mémoire de fin d'étude

108

Retrouver l’essence...

...révéler l’héritage

Révéler un espace naturel devenu anecdotique et délaissé, le préserver ou le reconstruire- gave de Pau, berges, boisements -

Retravailler les abords de la plate-forme- Seuils, frange, transitions -- Rapport à l’agriculture, aux villages, au gave -

Retrouver une cohérence et un lien entre les villages- Unités du mobilier, référence au gaz -- Cheminements piétonniers, accès -- Prolongation de la promenade -

Rassembler les populations, dynamiser en créant des espaces de loisirs et d’accueil- Parc sur le thème de l’industrie gazière -- S’appuyer sur les traces (voies ferrées, trame, soufre) -- Musée à ciel ouvert -

Anticiper la mutation en s’appuyant sur l’héritage industriel gazier et la plate-forme- Accroches par les entrées, axes, triage, pont -

Page 110: Mémoire de fin d'étude

Différents éléments et projets ont été mis en place ou seulement proposés. Cela montre une réelle volonté de la part de la communauté de commune, en particulier, pour «donner à voir» son territoire. Il existe un sentier d’interprétation à Mourenx, long de 4,6 km, ce chemin de randonnée sillonne la ville à la découverte des particularités architecturales de Mourenx. Le projet visiolacq a été proposé puis avorté en raison de la réglementation SEVESO. Il s’agissait d’un projet de musée de l’histoire de Lacq qui aurait fonctionner en triptique avec un parc naturel et un centre culturel.

Il existe de nombreux projets de réhabilitation de sites industriels qui peuvent servir de références mais le site de Lacq est différent car il est et restera en activité pendant encore de longues années et la réglementation sur la prévention des risques limite les interventions et l’accueil du public.Il me semble pourtant important et intéressant dans le cadre de mon diplôme d’émettre des hypothèses de transformations et d’actions sur les abords du site et dans l’aire d’influence du complexe industriel. Il s’agit d’un territoire avec un fort potentiel naturel et patrimonial, chargé d’histoire qui invite au projet.

109

PREMIÈRES ORIENTATIONS

Pourtant, des interventions nocturnes ou en dehors du site SEVESO sont envisageables dans un premier temps. Je pense au projet du Parc du haut-fourneau U4 de Claude Levêque à Uckange en Moselle qui a travaillé sur l’éclairage et la mise en lumière de ce patrimoine et valorisant l’accueil d’artistes. Il est entouré du jardin des Traces.On peut également évoqué le projet du Landschaftspark de Peter Latz à Duisburg dans la Ruhr. Plutôt que d’éliminer les signes du passé, il a décidé de combiner nature et industrie. Pour la réalisation du parc, tout a été réutilisé en mettant en évidence la distinction entre naturel et artificiel. En premier lieu les bâtiments (aciérie, réservoirs à gaz,…), puis les matériaux du sol on été réutilisés pour concevoir des nouveaux parcours. Enfin, un canal d’eau permet le développement d’une nature sauvage. Il y a également un travail sur le paysage nocturne et la mise en lumière du site.Je pense également aux projets plus large de stratégies paysagères comme l’IBA de l’Emscher Park qui se lit sur plusieurs échelle et s’envisage sur plusieurs années de reconquête d’un territoire pollué. Dans le cas de Lacq, ne peut-on pas anticiper cela? Peut-on parler de préverdissement, initiation de trame verte dans la vallée du gave...?

Pourtant, Lacq diffère un peu car il reste un site dangereux et inaccessible. Le projet ne se fera qu’en périphérie dans un premier temps, par l’évocation de cet héritage gazier et sa perception dans le territoire. Il faut trouver des moyens d’intervention fins qui auront un impact précis sur l’espace naturel à valoriser et la mémoire du site à conserver. Dans un deuxième temps nous pourrons imaginer élargir le site de projet pour les années à venir.

Page 111: Mémoire de fin d'étude

110

Claude Lévêque - Tous les soleils, MultiVision nocturne in situ Parc du haut-fourneau U4 Uckange - 2008 © Communauté d’Agglomération du Val de Fensch

À Duisburg dans la Ruhr, le projet du Landschaftspark conçu par Peter Latz, vue de nuit

Le gazomètre d’Oberhausen illuminé la nuit dans l’IBA d’Emscher Park

Mise en valeur architecturale et paysage nocturne, donner à voir

Découverte du patrimoine naturel, guider par l’eau

Réinterprétation de la trame, lire les traces

À Duisburg dans la Ruhr, le projet du Landschaftspark conçu par Peter Latz, au bord du canal, la nature reprend ses droits

Dans le parc de Südgelände, au Sud de Schöneberg, les voies ferrées sont réutilisées en chemins

Des cheminements aux couleurs du soufre évoquerait la tiochimie.

Des passerelles en acier pourraient accompagner les belvédères et points de vue comme à Kew Garden, en périphérie de Londres

Gestion de l’eau dans l’IBA d’Emscher Park

Revalorisation des berges dans le parc des Iles de Drocourt, une ancienne cokerie

Page 112: Mémoire de fin d'étude

111

Tout au long de ce mémoire, j’ai voulu comprendre, appréhender ce site complexe et délicat. Il transmet une certaine force qu’il faut apprendre à canaliser, à apprivoiser de façon à pouvoir évoluer et vivre autour, cohabiter.La région de Lacq a été lourdement influencée par la découverte du gisement de gaz, mais aujourd’hui, la ruralité doit s’allier à cette industrie et permettre de créer un paysage cohérent et lisible. Je recherche une fédération nouvelle où la puissance industrielle s’apaise, s’assagit et écoute ce que le paysage naturel de la vallée a à dire et qu’il puisse s’exprimer à son tour.

L’analyse compilée dans ce mémoire est la porte ouverte vers la concrétisation d’un projet d’aménagement qui associera patrimoine naturel et industriel, pour que les villages et autres centralités puissent se retrouver, se révéler et évoluer.Il faut imaginer une approche dans le temps, émettre des hypothèses quant au futur industriel de Lacq et se laisser porter par les opportunités qu’offre la vallée.Une nouvelle aventure de reconquête est peut-être en cours. Nous ne savons pas encore de quoi est fait l’avenir industriel du bassin, c’est l’occasion de se laisser aller à imaginer différents scénari pour sublimer ce territoire qui ne demande que cela!

CONCLUSION

Page 113: Mémoire de fin d'étude

112

ADPRL: Association de défense des paysans de la région de LacqDégazolinage: opération de récupération des hydrocarbures contenus dans un gaz naturelDémarcaptanisation: réaction catalytique permettant de retirer les thiols qui renferment l’essentiel du soufre dans le pétrole brut. Le soufre du gaz associé est lui aussi extrait.ERAP: Entreprise de recherche et d’action pétrolièresGRL: Groupement de recherche de LacqMMP: méthyl mercapto proprioaldéhydeSALAC: Société d’aménagement de LacqSCB: Société chimique du BéarnSCIC: Société centrale immobilière de la caisse des dépôtsSERLAC: Société d’étude de la région de LacqSNPA: Société Nationale des Pétroles d’AquitaineSobegi: Société béarnaise de gestion industrielleSPCA: Société des produits chimiques d’AquitaineTEPF: Total Exploration production FranceThiochimie: chimie du souffreUCEA: Union chimique Elf-Aquitaine

Rivière de 1ère catégorie: Cours d’eau, étangs et lacs où le peuplement piscicole dominant est constitué de salmonidés protégés (truite, omble chevalier, ombre commun, huchon).Rivière de 2ème catégorie: Les eaux où les poissons blancs (gardons, ablettes, brèmes, tanches, barbillons, carpes, brochets, sandres, perches, silures…) dominent.

ACRONYMES ET DÉFINITIONS

Page 114: Mémoire de fin d'étude

113

Ouvrage sur le patrimoine industriel:

-Simon Edelblutte, Paysages et territoires de l’industrie en Europe, Héritages et renouveaux, Edition ellipses, 2010-Emmanuel de Roux, George Fessy, Patrimoine industriel : défense et illustration, Editions du Patrimoine, Ed. Scala, 2000-Françoise Choay, L’Allégorie du patrimoine, Paris, Ed.Seuil, coll. « La Couleur des idées », 1992-Françoise Choay, Patrimoine en questions : Anthologie pour un combat, Paris, Ed.Seuil, coll. « La Couleur des idées », 2009

Ouvrage sur le complexe de Lacq:

-Jean Lartéguy, La grande aventure de Lacq, Edition L’air du temps, 1961-Denis Peaucelle, Ariane Bruneton-Governatori, Mourenx, bâtiment A, rue des pionniers, regards croisés sur l’histoire de la ville de Mourenx et du bassin de Lacq, Edition Lacq-Odyssée, 1997-André Cazetien, La terre n’apartient qu’aux hommes, Edition Marrimpouey jeunes, 1977-Louis Blazy, Mourenx, ville nouvelle du complexe de Lacq, Edition Aquitaine communication, 1988-Bernard Charbonneau, Tristes campagnes, Editions Perimes Denoël, 1973-Gilbert Rutman, Elf Aquitaine, des origines à 1989, Editions Fayard, 1998-Le bassin industriel de Lacq en friches, Lacq-Odyssé, 198-Christophe BRIAND, Les enjeux environnementaux du complexe industriel de Lacq, 1857-2005 , Marne-la-Vallée, ENPC, Flux, 2006, n°63-64-Exposition des étudiants de l’école supérieure d’art des Pyrénées Pau-Tarbes en partenariat avec la galerie d’art de Mourenx, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et la galerie image/imatge de Orthez, Mourenx, paysages sous influences, 2012

Travaux divers:

-Serge Lerat, Annales de géographie, 1957, volume 66, numéro 335, pages 260-267-Colloque du 14 et 15 novembre 2012, Lacq, trajectoires et enjeux territoriaux, tenu au siège de la communauté de commune de Lacq à Mourenx-Le travail photographique de Bernd et Hilla Becher-Le travail photographique de George Fessy-Cahiers de l’Université N°6, Université de Pau et de l’Adour Béarn Gascogne, De la réalité historique à la fiction romanesque, Pierre Delay, Autour de Lacq, 1985

BIBLIOGRAPHIE

Page 115: Mémoire de fin d'étude

114

-Rapport annuel, SNPA, 1958-1959-Rapport annuel, Société nationale Elf Aquitaine, 1983-1984-Yves Poinsot, revue géographique de Lyon, vol.71, N°1, 1996-Gabrielle Boucher, Contribution à l’inventaire des patrimoines de la communauté decommunes de Lacq et état des lieux des politiques patrimoniales, Master Professionnel 1ère année «Valorisation des Patrimoines et Politiques culturelles territoriales», 2007-Christophe Briand (Doctorant, Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3), Les enjeux environnementaux du complexe industriel de Lacq (1957-2005), Flux 1/2006 (N° 63-64), p. 20-31

Revues et articles de presse:

-Le Monde, Historique du gisement de Lacq: exploitation du pétriole et du gaz, Pierre Drouain, publié le 4/10/1950-Le Monde, L’avenir de la région de Lacq, publié le 12 août 1957-Les Echos, Lacq prépare sa reconversion avec la fin programmée du gaz commercial en 2013, n° 20832 du 23 Decembre 2010-La République des Pyrénées, Bassin de Lacq : l’après Total est en marche, par Jean-Marc Faure, publié le 22/12/2010-La République des Pyrénées, Dans 500 jours, Total coupe le gaz, par Eric Normand, publié le 17/08/2012

Films et vidéos:

-Roger Vadim, La curée avec Jane Fonda, 1966-Andreï Tarkovsky, Stalker, 1979-Les Actualités Françaises, ina.fr, L’exploitation du gaz à Lacq, octobre 1957-Archives numériques de la BnsA, Lacq-Mourenx, 1972-Sentier d’interprétation de Mourenx, 6 stations, juin 2010-François Busson, Eric Foissac, Béarn: Total rebouche ses puits, France Télévision, diffusé le 22/03/2012

Sites internet:

-http://www.sobegi.com-Total-http://www.chemparc.com-MSHA-http://bnsa.patrimoines.aquitaine.fr-http://www.eau-adour-garonne.fr-http://www.aquitaine.developpement-durable.gouv.fr-http://www.ades.eaufrance.fr-http://basol.ecologie.gouv.fr

Page 116: Mémoire de fin d'étude

Je tenais à remercier grandement toutes les personnes qui m’ont accompagnée dans mes recherches et ma réflexion pour ce travail de fin d’études.

Merci à Dominique Caire et Jean-Christophe Bailly qui m’ont suivie dans l’écriture de ce mémoire et leurs conseils avisés.

Merci à André Cazetien pour sa passion et ses histoires.Merci à Maurice Fourrier pour son attention constante à mon travail et ses réponses.Merci à Gabrielle Garcia et Laetitia Maison-Soulard pour leur disponibilité et leur intérêt.

Enfin, merci à ma famille et mes amis pour leur soutien, leur bonne humeur et leur oreille attentive.

115

REMERCIEMENTS

Page 117: Mémoire de fin d'étude

116

PROJET

Page 118: Mémoire de fin d'étude

Au coeur du Béarn, dans le département des Pyrénées atlantiques, à 30 km à l’ouest de Pau, sur la route d’Orthez, s’est élevé le charmant village de Lacq, lové au creux de la vallée du gave de Pau. Ravissant, sans compter le vaste site d’extraction de gaz et de pétrole (environ 225 Ha), particulièrement riche en souffre découvert en 1949. Le bassin de Lacq devint alors un «Texas béarnais» et bouleversa profondément le paysage d’un Béarn qui vivait essentiellement d’agriculture. Mais le gaz vient à manquer et la cessation d’exploitation est prévue pour fin 2013. Aujourd’hui, ce bassin industriel se spécialise au fil des années dans la chimie fine (cosmétique, pharmaceutique...) et se tourne vers la chimie verte avec l’implantation d’une usine de bioéthanol en 2007.

Si les règles de sécurité n’autorisent pas encore le tourisme industriel, ce bassin d’activité éveille tout de même ma curiosité et mérite selon moi une attention particulière. Quel devenir pour ces terrains pollués et si longtemps mis à l’épreuve? Quelles infrastructures restent, lesquelles disparaissent ou se construisent? Quelles échelles de temps, quelle dimension sociale, écologique et durable? Quel sera le visage de Lacq et de son site ces prochaines années? Un futur économique et industriel a été envisagé mais, maintenant que l’on arrive à une étape de réhabilitiation, n’y a t-il pas quelque chose à proposer pour le réinvestissement de ce site et pourquoi pas sa patrimonialisation? Le village de Lacq ne peut-il pas s’appuyer sur ce «futur passé» industriel pour revaloriser sa situation et son identité? Il faut que cette empreinte industrielle épouse, imprègne le territoire dans lequel il s’est installé. Un dialogue n’a jamais été établit entre le site industriel de Lacq, le village et son territoire. Il faut ouvrir la voix-voie.

Finalement, la vraie question que je me pose est, peut-on penser/panser cette cicatrice sur le territoire rural et agricole béarnais tout en conservant une trace existante et forte de ce patrimoine industriel et économique, en le dévoilant subtilement? La force des paysages et la marque puissante de ce site industriel pourraient être le point de départ d’un nouvel élan territorial.

Ecole nationale supérieure de la Nature et du Paysage9, rue de la Chocolaterie-41000 Blois

tel: +33(0)2 54 78 37 00 fax: +33(0)2 54 78 40 70 www.ensnp.fr