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    100 t\ M\ii- l'oint d'autre

    description. Klle alla au ISrsil, \il des saints, l aussi ; elle

    parcourut l'Amrique, vil Ste liose de l.ima et d'autres saints (-il.D'aprs son biographe, elle \isile, sur son chemin, les lieux,

    les pavs, les diocses on les saints du jour ont \eu et fait leui

    U'IIMC, o leurs corps reposent, o ils ont soulTcrl le mailvrc :elle est accompagne, claire par eu\ et fa\orise de la conleiu-

    plalion la plus claire de leur \ie dans les plus petits dtails f-li.L'univers ne lui est apparu qu' travers ce qu'elle en a lu dansles vies des saints el ses soi-disant Mixages sont d'une grandemdiocrit au point de Mie descriptif.

    Itien entendu, toutes ces prgrinations sont de simples rvesambulatoires. Klle crivait : < Connue souvent il me

    parait

    iioi-iiime trs trange que chaque nuit j'aie vovager si loin...

    je me disais souvent : Quand je vovage ainsi, tout nie semblesi vritable et si naturel ! Et pourtant je suis la maison, ten-due sur ma couche, malade et souffrante. Mais j'ai reu cet aver-tissement : Tout ce qu'on dsire, du fond du errur, faire pourJsus-Chrisl, pour son Eglise el pour le prochain, on le faitrellement dans la prire. Et tu vois ruminent tu le fais (0).

    GrAce ce raisonnement fallacieux, elle en arriva se per-suader que ses rves ambulatoires taient des 'livres mritoi-res (O'i el ses courses imaginaires, de vritable dplacements,qui laissaient de grandes fatigues (.i. Kn ralit, ses songestaient troitement apparents tantt aux rves de vol du sommeil

    ordinaire,- tantt aux rves somnaubuliqiies. Dans un rve devol elle plane au-dessus d'une ville. Ecoulez-la :

    (]) l'.-F. S* HMol.1.1n: lie triltnc-CHllu'rinr Eltnnctirh. II. 1S/C1.

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    lis nf:vi:s ni: II.I iiivviii: ]H7

    ce.le vis autour Je la \ille beaucoup de soldats turcs qui voulaient. \ entrer, tantt sur un point, tantt Mir un autre, par des jardins etdos brches faites aux .murs. 'Foui tait dans Ta confusion et il n'yavait d'ordre nulle part, .le pouvais nie tenir en l'air connue si j'avaiseu des ailes. Quand je m'levais un peu, je volais. Je rassemblai IIICFvlements autour de mes pieds et tenant la main le bton de S.Ignace, jj planai la rencontre des Turcs qui attaquaient. Il semblaitqu'une quantit de balles passaient autour de moi. Je les repoussaistoujours. Il y avait encore avec moi plusieurs figures blanches, maissouvent elles restaient en arrire : je planais toute seule en avant etquelquefois j'avais grand peur de rester accroche dans de grandsarbres

    qui avaient de

    larges feuilles et des fruits en forme

    de grappes.Souvent aussi je me disais : Il est bon que les gens de mon pays nenie voient pas ainsi en l'air : ils diraient certainement que je suis uneMinire (1).

    Il s'agit bien l de rves de vol, comme tant de gens eu onteu, qui n'taient ni sorciers, ni extatiques.

    Durant ses rves de xo\ages en Terre Sainte, qui taient d'uneextraordinaire frquence {'2) il lui arrivait le se lever et de faire,(oui eu ilorinnnl, diverses choses comme il arrive dans le som-nambulisme. " Au commencement le l'Axent qui prcda samort, ses douleurs furent un peu adoucies pur d'aimablesvisions. Kl le accompagnait chaque jour la Sic Vierge el S. Josephqui se rendaient Bethlem un peu avant la naissance le Jsus,elle allait en avant pour prparer les logements. Pendant ce

    temps, elle prenait le vieux morceaux de linge, et, la nuit, tout

    en dormant, elle faisait des langes, des camisoles et des bonnetspour les enfants des pauvres femmes en couches dont l'heure

    approchait. I.e lendemain, elle voyait avec surprise lotit cela

    rang proprement dans son armoire. Cela lui arrivait ainsi tousles ans la mme poque " ('!'.

    Dans la plupart les vies de saints, rie tels rcits ne sont quedes fictions littraires. Les voyages fails en rve ne se rencon-

    ifont gure que dans les vies des mystiques sujets l'extase.S. Isidore ayant donn l'aumne a un plerin, la nuit venue,

    celui-ci vint le saisir dans son sommeil, le revlit le son propre

    il) lie li'.fiiinM/ni'Jim'iir Kmiwrielt, II. pp. 217-218.>2j li).. Il, 100-202; 217-227; 2H213; :!) :iiiil ; :)77-:iS2-^9; 401-3M..3i ld., pp. 10 . I 52.

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    108 E.V MARGE l>E LA LEGE.VDE DOUE

    habil (le plerin et le transporta de Madrid en Palestine et l, illui lil visiter successivement, de Bethlem au Calvaire, tous leslieux o se conservait quelque souvenir du Christ. Aprs quoi, ille ramena en Espagne et le laissa tout endormi dans son lit (1).

    Si la vie du saint laboureur n'tait pas si tardive, et surtoutne reposait presque exclusivement sur des traditions populaires,011 ne saurait douter qu'il s'agit bien l d'un rve. Le cas deSte Lidwine est mieux tabli, malgr les incertitudes de sesdiverses biographies. Cloue sur son lil par les maladies les plusextraordinaires, elle faisait cependant de merveilleuses prgri-

    nations en divers lieux, mais surtout en Terre Sainte, et celapresque chaque nuit, pendant plus de vingt-quatre ans. Kiloconnaissait ainsi un grand nombre d'glises et de monastres,de personnes religieuses qu'elle n'avait jamais vues autrement,l'our qu'on ne pt douter que ces voyages taient rels, son corpsen gardait souvent d'irrcusables traces. A force de baiser lacroix et les plaies du Sauveur le long de la voie douloureuse, seslvres en demeuraient ulcres ; dans un passage glissant, elle sedonnait au pied une entorse dont elle souffrit pendant plusieurs

    jours ; en passant travers les broussailles, il lui arriva le seblesser, et, son retour, il fallait arracher de sa main l'pine quis'y tait enfonce. Pendant ces excursions miraculeuses, conclutl'abb Ribel, son corps demeurait sur son lil, comme mort etinsensible toutes les excitations extrieures (2).

    Si nous admettons la parfaite sincrit de Lidwine, et surtout

    si nous excluons toute simulation, mme inconsciente, noussommes mens h conclure que les pines dans les chairs ouplus probablement les gratignures, de mfme que l'entorse,dmunirent (pie son sommeil se complique de sorties somnamhu-liques.

    Aprs.avoir longtemps dsir voir les Lieux Saints et con- jur le Seigneur de lui faire cette grAce, Ste Colombe de Rielieut un ravissement qui lui dura cinq jours, pendant lesquels ellefut conduite a Jrusalem et dans le reste de la Palestine, ofi

    (1) E.-C. llnknrn: Met. o\ Mirachi, p. 881.(3) RIT. II. 184-183! J.-K. llitsMt.\s: Sainte Llttwlnf rff SeMtam, P., 1901,

    fp. 179-180.

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    LES rLElUYlGES SOMV VMM I.IOt ES Wj

    Xuire-Seigiieur lui montra tous les lieux consacrs jwr sa vie etsa mort (1).

    Un tel ravissement,'dans la mesure ofi l'on peut se Fier .a lavie trs romanesque que nous a laisse son confesseur, |>articipe

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    110 KN MMtGE DE 1A LGENDE DOUE

    s'en trouve singulirement entrave el gne, et si l'on s'endortdans une semblable atmosphre, on rve facilement que l'onparcourt des contres brlantes dont l'air est chaud, pais et

    touffant, ou la rgion des enfers. Tout au contraire, le sommeildans un air lger, trs pur et lgrement parfum pourra donnerdes usions de |>ays enchanteurs, de jardins embaums et mme-du paradis.

    Dans la Grce antique, le consultant de l'oracle de Trophonius,aprs une prparation pralable qui comportait des frictions etdes boissons, descendait dans la grotte o il tait bientt enve-

    lopp, engourdi et ensommeill

    par les exhalaisons

    naturelleuu par les fumigations artificielles qui la remplissaient (1).Tiinarque de Ohrone, lorsqu'il interrogea l'oracle, resta long-temps couch sur le sol. 11 ne se rendait pas bien compte s'iltait veill ou s'il faisait un songe. Il lui sembla qu' la suited'un bruit qui clatait, il recevait un coup sur la tte et que le&sutures de son crne, s'lant disjointes, donnaient i>assage souAme. Nous ne rsumerons pas, mme grands traits, le voyageque celte me libre fit dans les enfers, ni les propos que luitinrent les voix qui la guidaient ; mais lorsque son corps seranima, il tait encore tendu tout de son long, prs de l'ouver-ture de l'autre, l o il s'tait couch (i).

    Kn Asie Mineure, il existait plusieurs de ces antres du fonddesquels s'chappaient des sources thermales. "A llirapolis,dans la Phrygie pacalienue, existait prs du temple de Cyblc,

    une caverne de ce nom. A la fin du cinquime sicle de noirere, alors que le temple de la desse avait t compltementabandonn par suite de l'interdiction du paganisme, le philo-sophe Diimasfius, demeur lidlc aux vieilles croyances de sapairie, descendit avec un de ses compagnons dans le charo-iiinm, malgr le danger qu'il y avait, disait-on, y pntrer.Il en sortit sain et sauf, selon ce qu'il rapporte, mais peine fut-ilde retour chez lui qu'il eut un rve dans lequel il lut semblaittre Alys, le dieu phrygien, amant de Cylicle, et assister auxllilaries, fles qui se clbraient en son honneur.

    (1) IViicHK-l.iiiinry: llhl. le la Dirin. tUnt V.\iM-inilf, P., 1880, III, a21-:)27.

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    I.K l'UTS DE S. PATRICE III

    ar le gaz qu'il avait respir. Kntr dans le charoidwh, l'espriltout empli de la pense- de la desse, et plein de foi en son pou-voir, il dut, dans le rve qui rsulta de l'action du gaz, voquerl'poque regrette oit Cyble recevait encore de pieuses adora-tions ; son rve fut le reflet de ses penses (1).

    Dans le christianisme, le Puits de S. Patrice (tarait bien avoirt une imitation de ces antres antiques. Le trou de l'Ile leDerg n'est pas un gouffre imaginaire, c'tait une constructionvote probablement d'origine prhistorique qui avait t orga-

    nise en chambre de visions une poque qu'il est impossiblede dterminer (2). On a suppos, en s'appuyant sur un texte deSlrahou (1) que des mystres analogues a ceux de l'antre de Tro-

    phonius auraient t trans|>orts en Irlande ds le dbut de l'rechrtienne (4). Nous ne pouvons l'assurer, mais nous savons (pieles moines qui btirent un monastre dans l'Ile de Rgis, sous leroi Henri II (114-1189), organisrent une sorte de plerinageet de descente au trou de S. Patrice. On se prparait contem-pler les merveilleuses visions de l'au-del et subir les tentationsdes diables, |r un jene de neuf jours et par de rudes mortifi-cations. Des mditations incessantes sur les fins dernires ache-vaient de mettre au (winl le pnitent (). Certains rcits incitent croire que l'on respirait dans celte caverne des vapeurs sopo-rifiques, car les plerins n'taient pas plus tt entrs qu'ils taientpris d'une grande envie de dormir et presque tout aussitt com-

    menait la visite au pays des diables (0).La destruction du trou de S. Patrice fut ordonne trois fois,en 1497, 10.12 et 1704, la premire par le jwpe Alexandre Vf.L'invincible obstination des dvots et des plerins dmontreassez la confiance que l'on accordait jadis aux rcits des visionsdu Purgatoire de S. Patrice (7).

    il) \. Mitm: Ln Manie et V.UIrotngte, pp. 2M-234.i2) l'h. DE l'iiMi L'Autre Momie, I'., 1906, pp. R.1-SD.(3l fii'uifra/ifiiV, l\, 6.fi) I.HiiHMi k'AiMt. V, M-93. Sur l'nnlrc de TrupliunliK. oui' 1* loUi- niplt.it

    itc l'.-ill:ihl.-i

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    112 E.\ MIKGK DK LA I.GKMPK IIOIIK

    l.e fameux rcit le frre Henri de Saltrey, qui ilevint si popu-laire durant plusieurs sicles, fut vraisemblablement rdigvers 118U et dans le but d'activer le plerinage (1) ; c'est unerdaction purement littraire et artificielle ('), mais il est fortpossible qu'elle doive certains dtails aux premiers visiteurs eth leurs balluciiiations volontaires. Il est indiscutable en tout cas

    qu'il est n sur le seuil de ce nouvel antre de Trophonius et qu'ildoit la plus grande partie de son immense succs a ses attache?avec ce gouffre mystrieux.

    Nous n'avons pas besoin de rsumer le voyage du chevalier

    Oweii durant son sommeil dans le trou de S. Patrice, il noussuffira de rap|>cler qu'il fut popularis par de nombreuses ver-sions latines et franaise ('!). Mathieu Paris (4), Jacques de

    Voragine (5), Vincent de Beauvais (C), Mombrice (7), Cap-grave (8), Colgan (9), Messingham (10), Csar d'Ileisterbarli (11)le rendirent familier toute l'Europe.

    Ds le XII' sicle, Marie de France composa un pome de troismille vers sur le sujet (12). Au dbut du xvi' sicle, parut un

    petit livret intitul l,c Voyage du Puys Sainct Patrix, auquellieu on voit les peines du purgatoire et aussi les joies du Para-dis (1-T). l.e H. P. Franois Bouillon, franciscain et bachelier enIhologie, fut le grand propagateur de la lgende, aux xvn' et

    E KIIICK:Ugendei de loutre Monde, 34 ri notes; C.-M. VAI litn ZtMit.t, /. I , 89-135.

    (13) Voir l.i ti'litipresslon de Oay, (ene\e, 1867, pp. 50 52.

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    LES DBCHilES IIALIAClYtTOinKS 1 ttf

    Avili* sicles. Son petit livre n'eut JKISmoins de neu[ ditions (1).11 a encore t rimprim dans le Dictionnaire iU-s Lgtndet dela collection Mignc (2>. (

    L'immense popularit de ce voyage dans l'au-del est un faitclatant et ses liens troits avec le trou de S. Patrice et ses cr-monies atteste qu'il pourrait bien avoir emprunt non seule-ment aux sources littraires, mais encore aux rcits des dormeursde la fameuse caverne.

    Les rves des plerins de Troplionius et de Patrice tie sauraienttre considrs comme la source des rcits de voyages dans l'au-

    tre inonde, mais nous devons admettre tout au moins qu'ils ontpuissamment contribu confirmer la foi en la ralit et l'objec-tivit de ces visions merveilleuses.

    Les demi-civiliss savent se procurer des extases ou des som-meils peupls de visions paradisiaques, au moyen de drogues,parmi lesquelles on retrouve souvent des feuilles ou des .extraitsde datura, de javot nu de chanvre. Ils utilisent d'ailleurs vingtautres plantes, telles

    que le tabac ou le

    |>eyotl (3) et absorbent

    ces diverses substances tantt en boisson, par l'estomac, tantten friction, par la peau.

    Depuis de longs sicles, les peuples de l'Asie et de l'Kuropesavent prparer des mixtures capables d'engendrer des rvesambulatoires.

    Certaines plantes vnneuses, comme la belladonne ou l'ivraie,provoquent, dose faible, une sorte de dlire caractris par del'agitation, des courses, des danses, des sauts, agitation qui setermine gnralement par un profond sommeil (4). On peut endire autant de la slramoine ou de la jusquiame. Ce sont l desiwisons plus propres provoquer le dlire que la narcose ;mais si vous les mlez au pavot ou au chanvre, l'opium ou aubasebirh, vous obtenez des boissons ou des liniments dont l'ac-

    (1) llst. de In Me et du t'vrgaloire de S. Patrice, nnlirvfifue

    cl primai

    d'Irlande.Ailgnon. 1642; Pari*, 1643, 1631, 1670; l.jon, 1674 ri 1699; Hmi.n. 16H2 ri 1701;Trojc, 1738.

    (2) DOIHKT: t). t.. r,h., 937-1031.(3) K.-tt. TtLou: La Ciritimlion prlnitllee, II, 5.(4-538; K. Km mr.it : t.n plante qui

    fait let yeui imttteUtiti le peyoll, P., 1927, |.|i. 263-339.(4) Au Kamlclialka, l'Iirrlio tlouce (Pa>llncn (mclin) il t f.-tl>tt|iirr mie ui-de-tlc qui |irocurc des jonjirs ('(Trayant* ri tll'lrriitiiir i!i' l'avilaH. ! StLtmTtc:De Sciencet occullct, P., 1829, I, 393.

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    1H fc\ MAHGK DK I.A !.GK.\1)K UOHK

    lion soporilique n'est pas moins certaine que leul |>oiivoir hallu-cinatoire.

    En Egypte, les Arabes ont soigneusement tudi les proprits

    diverses des narcotiques, et les prparent de manire

    produiredes effets dtermins sur. l'intelligence ; aussi distinguent-ilsquatre espces de potions : l'une qui a la vertu de faire chanter,l'autre de faire parler beaucoup, une troisime de faire danser,cl la quatrime de donner des visions surnaturelles (1).

    On peut affirmer que certaines de ces potions favorisent sin-

    gulirement les rves ambulatoires. Elles doivent agir sur l'tat

    respiratoire, mais il n'est |ws possible que ces substances agi-tantes n'aient |>as une vive action sur le systme musculaire,mme dans le sommeil profond, et ne provoquent pas des sen-sations qui servent naturellement de base a des voyages imagi-naires. Au reste, les faits en fournissent la preuve. Il suffira de

    rappeler d'une pari les fameux paradis o se rendaient les initisde la secte les Assassins et les carrefours sauvages o les sor-ciers du x\i* sicle tenaient leurs sabbats. Le fameux paradis

    n'tait certes pas un lieu rel, on n'en jouissait que dans lesvisions du sommeil narcotique provoqu par une boisson basede hascbicli (2). Dans l'onguent des sorciers, le chanvre se com-binait lantt la jusquiame, tantt a la stramone (3). La che-vmielle dans les airs, les banquets, et les danses du sabbattaient le fruit des visions provoques par ce mlange de dro-

    gues narcotiques et agitantes.On ne saurait donc s'tonner

    qu'on ait utilis en

    Perse, et cela

    ds les origines du mazdisme, une boisson narcotique dite bangde Miistape afin d'obtenir des visions de l'autre monde (4).

    Dans le Zerdoucbt Nameh, le roi Gouclitas|>e, avant de se con-vertir la foi niazdennc, exprime le dsir de voir la place qu'il

    (1t K.-W. r.tM-: : .1 tueiHtnf n/ Iht 1 tmumrrt tmd nf.ifoin* o/ Ihe modem Ky.vji-Jioii, II, 33-34.

    i2j S. Uituut: l H traitd Matre dr* \mms\nf, P., 1878, p. 23; Y" .l.sjin itonsTli. IIOITSMI il II. BUSIT: F.ncyclaptdtf dr Vlilam, Lcjdc, 1913, I, 498. Pour 1

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    LfcS DROGIES HALI.IC1Y\T0IHES HTi

    occuperai! dans l'autre monde. Zoroastre consacre aussitt unecoupe de vin, de lait et ccc d'agi-lalion frntique.

    Les songes et les visions forme ambulatoire peinent donccire provoqus artificiellement par l'emploi de fumigations, deboissons et de frictions destines agir soit sur l'tat respiratoire,soit sur la cncslhsie'musculaire. V.e n'est pas l'action de cesvapeurs ou de ces drogues qui dtermine le contenu du r\e.Les joies lranges des Assassins de l'Orient, les visions exaltantesdes sorciers de l'Occident, les dlices du (Kiradis d'Ormnzd et lessouffrances de l'enfer arhimanieu sont le fruit d'excitations cr-brales prpares par des mditations ou des ruminations ant-rieures.

    Nous xoici donc amens a conclure que tontes les conditionsorganiques qui favorisent les rves ambulatoires favorisent, dumme coup, tous les thmes qui en drivent.

    il) Zndniichl-Snmrli, C, 53, ilihs \\i.>t i m.lh H nin>> : !.< Zcml tiuto, I, 2' |i.,I-p. 40-41; \otr M.-V IHTHI.KM* : Une firdn YirnJ, |i. \\.

    i2) M.-A. HiHTnEi.nr: i.r Hrrt iJMnM t l'r.j/. P., 18*7. rli. Il cl III. M>. 8 ilMXIV.

    (3) M.-\. MumiiMi : t.r l.lrrt dMr.ln I irai, |.JI. XIX-W 8-9. n. 13. ri 149, n. 3.

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    r.UM'JTHK IV

    LES VOVAOKS li.WS F/AI TRK MONDE CHEZ F.ESMYSTIQl ES

    ET LES HAGIOGHAI'IIES

    Avanl d'alwrrier ce vaste sujet, il est bon rie noter nue le thmeilu Voyage dans l'Autre .Monde, et les pratiques sur lesquelles

    il se greffe, sont hien connus des primitifs.

    | F. l.ES HKCITS DKS PRIMITIFS KT I.KS IIIADITIONS

    l)KS PKIPI.FS DK r/AVflQUIT.

    Ou trouve assez frquemment, chez les indignes de l'Am-

    rique du Nord, et surtout chez les Algonquins, des rcits relatif certains hommes dont l'esprit, quittant le corps |>euriant unrve, ou pendant les hallucinations d'une grave maladie, est. allvisiter la terre des morts, puis est revenu ranimer le corps ; ceshommes racontent alors cequ'ils ont vu. Ce qu'ils ont vu n'estgure que le rsum :?*ce qu'ils apprirent alors qu'ils taienttout enfants ; ils parcourent le sentier suivi par les morts ; ils

    voient les fraises monstrueuses que mangent les Jcbi-Ug, oufantmes, pour se rafrachir, mais qui se sont transformes enpierres rouges au contact de leurs cuillers ; l'corce qu'on leura donne pour de la viande dessche ; les vesees de loup colos-sales qu'on leur a offertes pour des courges ; le fleuve de la Mort

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    IIS EN MWK.E nr. I. I.GEVDE DORE

    ur le vent, l'norme ttupr*'! s6i cul lesIndiens Ojihwuys, un vieillard dj l'oinerli tomba en cata-

    lepsie et l'on pensa iju'il tait mort, mais il se rveilla quelques jours aprs :

    Parfaitement guri, on remarqua qu'au lieu de retourner l'glisechrtienne et de suivre les

    pratiques de

    l'K>augilc, il

    reprit ses habi-

    ludes |iacnnes. Ses voisins ne manqurent |KIS de lui dennndcr laraison de re rliangeuienl. Immdiatement aprs que j'eus rendu ledernier soupir, rpondit le \ieilbrd, je nie rendis au ciel des Blancs,ou le misMcnnairc m'avait enseign chercher le re|ios ; je trouvailes |ioites fermes. Je frappe : un tre se prsente moi, avec un ext-rieur conforme aux descriptions des robes noires ; il me demande

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    LES VO\GES nv\s I.'AITKE MOMD: II1.*

    Dans ce cas, le r\e vint renforcer les rsistances qu'opixisaicutau converti les croyances et les habitudes passes.

    L'Amrique du Sud |iourrail nous fournir maints rcits ana-

    logues. Kn Colombie Drilaiinique, il n'est jws rare d'apprendrequ'un chasseur skauais donne les dtails les plus circonstancissur les royaumes d'oulrc-tombe qu'il a visits dans les coins etrecoins (1).

    Les peuples qui habitent l'Asie septentrionale |>ossdent aussides lgendes relatives certains indignes qui ont visit l'au-del (2,1. Lorsque la prdication de l'Evangile eut enfin trouv un

    accueil favorable auprs des fiioedandais, les

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    \'i>) i.\ xnw.i: ni: i i i ii,i.\in: 11010:1:

    un |K>II-pie i|iii il\oiait ses lgumes ; il suivit l'animal dansun trou c>ul in tlw Trohrbmd 1sU\mUr

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    IIS VotVMS IIVVS l'vl |l',|: MilM'l 121

    lre lui demanda les noinclles le touss parents vivants, cl s'informa surtout de la sant de l'enfant qu'elleatait laiss sur la terre ; il lui dit alors qu'elle devait retourner dansle momie des vivants, car il ne restait plus personne pour prendreviin de son |ielit-lils. Pur ordre de son pre, elle refusa de loucherIII\ aliments que lui offraient les esprits et malgr les efforts qu'on(il pour la retenir, il la fil rentier dans le canot, traversa le fleuve avecelle, et en la quittant sortit de dessous son manteau deux normes

    patates qu'elle devait piauler ds qu'elle serait de retour dans sademeure ; ces patates devaient servir l'alimentation exclusive de sonpelil-fils. Mais au moment oi'i elle remontai! le prcipice, deux espritsd'enfonts qui 11 poursuivaient, la tirrent en arrire, et |ur leurcliap|)cr elle leur jeta les patates qu'ils mangrent, pendant qu'elleescaladait le rocher, l'aide de la plante grimpante ; elle atteignitenfin la terre, et se h.ila de revenir l'endroit o elle avait laiss soncorps. Kn renaissant la vie, elle se trouva plongo dans les tnbres ;tout ce qui s'tait pass lui souillait un rve ; elle s'aperut alorsqu'elle tait abandonne, et que la porte tait ferme ; elle en conclutqu'elle tait rellement morte cl qu'elle tait revenue la vie. I,emalin un rayon de lumire entra dans la chambre par les crevassesde la maison barricade ; elle aperut sur le sol, auprs d'elle, unecalebasse moiti pleine d'ocre rouge dlaye dans l'eau, elle mangeacelle ocre, et se trouvant alors un peu plus forte, elle parvint ouvrirla jiorle de la bulle et se traner jusqu'au bord du lac, o ses amisl'aperurent bientt aprs. Ceux qui ont entendu son histoire croientfermement la ralit de ses

    aventures ; ils regrettent seulementqu'elle n'ait pas rapport au moins une des deux patates, comme unepreuve de la visite qu'elle a faite la demeure des esprits (\).

    Il est bien clair que le contenu de ces sortes de rves est dter-min par les croyances de la tribu et prsente bien rarement

    quelque originalit (2). Il est nolcr, d'autre pari, que le tem-

    prament et le Relire de vie des primitifs en font trs souvent

    des eveils. Dans leurs ftes saisonnires, qui succdent parfois des priodes de vaches maigres, ils absorbent des quantits

    ']) SHOHTUM) : 'J'riuHli

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    122 IA MARf.i: M. l.\ i.ix.t.sm: notai.

    normes le nourritures chauffantes et le boissons entrantes. _ Ils recommencent l'ailleurs toutes les fois que l'occasion s'en

    prsente. Les sorciers ne se distinguent les indignes ijue par

    de plus grands abus et par l'usage plus constant des narcoti-ques. Aussi bien ne faut-il pas s'tonner si celte douMe prpa-ration organique et psychique leur procure des rves le voyagedans l'au-del. Ku fait, ils voient souvent le ciel en songe (1).

    L'Inde ancienne, l'antique Assyrie, l'Egypte des Pharaons,]iii enseignaient le jugement dernier, le ciel et l'enfer, ont eucertainement leurs visionnaires. Nous pouvons en appeler auxstles

    assyriennes et aux

    peintures funraires des bords du Nil,

    la Descente d'istar aux Enfers et au Livre des Morts. Dans unconte gyptien, Satmi et son fils Senosiris traversent les septsalles du monde souterrain et assistent, dans la dernire, au juge-ment les morts (2). l-es Grecs et les latins ont connu, eux aussi,des gens qui avaient visit le monde infernal. Platon nous a contl'aventure il'Kr l'Armnien, et Plutarque le voyage du dhanch

    Thespesins (3). Ces rcits classiques sont trs vraisemblablement

    les traditions purement littraires, car, ds les origines de laposie grecque, les descentes aux enfers taient devenues un lieucommun des popes : Thse y allait par vengeance, Pollux paramiti, Orphe par amour. (*c|>cudanl, on ne saurait oublier quel'antre de Trophonius procurait des visions lu sjour infernal.Les anciens n'ignoraient pas l'usage des vapeurs narcolnpies. Ilsemble d'ailleurs impossible aujourd'hui d'tablir ce pie les tra-

    ditions de l'antiquit doi\ent aux crmonies o l'on faisaitintervenir les pratiques plus ou moins hallucinatoires, on mmetout uniment aux rves des lthargiques ou des simples songeurs.

    (1) BERTHOI-D: La Mission romande de la baie de Delatjoa, Lausanne, 1883, p. 24 ;H. ALLIER: Psychologie de la Conversion chez 1rs Primitifs, I, 388-395, surtout 393,noie 2.

    (2) MISPEIIO: Les Contes populaires de l'Egypte ancienne, 3" (., |ip. 131-36.13) Cf. Pi.tTtni-E : Du Dmon de Sacrale, 21-22, dans OEueres morales, Irad.

    IV'toIaud, III, 103-108, o l'on trouvera aussi le rcit de Timarque.

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    I.M \IS10\3 KM SIX l'HKMIFRS SIXI.KS 123

    II. l.i:s USIONS IIKS SIX PltfcMIKHS Slfcc.KS,

    IH>S I.K CHHlSTIVMSMi:

    Au'i' le christianisme s'accrut la |>roccu|Kilion le l'iiutre vie.Tout ce qui se rapportait aux mystres de la mort, et par cons-

    quent le la vie future, prit une importance noine.

    n) Les tradition* littraire : l'Apocalyptique et les thmes anti-ques. Tout d'abord nous devons signaler, ds les premiers siclesdu

    christianisme, une influence considrable de la tradition lit-

    traire. Celle influence se reconnat la fois dans l'ensemble desvisions le l'autre monde que nous rencontrons dans l'apoca-lyptique judo-chrtienne et dans la survivance de certainsthmes eschatologiques du paganisme hellnique ou mazden.

    Les apocalypses n'expriment pas seulement les esprances mes-sianiques du judasme palestinien ou alexandrin, depuis le pre-mier sicle avant notre re, mais elles traduisent, sous forme devisions, les croyances eschatologiques des milieux gnostiques onaquit le christianisme.

    Dans le Livre 'Hnoch, ce patriarche, guid par l'angeKaphal'l, visite une grande montagne dont les quatre cercles oucavits renferment les esprits des Ames des morts, en attendantle jour du jugement (H. Ce livre composite, dj nuanc degnoticisme, est certainement antrieur au christianisme. Mais,

    ds la fin du premier sicle, d'autres productions gnostiques nouspermettent de visiter les cieux.

    Dans l'Apocalypse d'Abraham, le pre du peuple juif, plongdans un mystrieux sommeil, s'lve jusqu'au septime ciel (2).Celte division en sept cieux se retrouve d'ailleurs dans un autreapocryphe judo-gnostique de la mme poque : le Testamentdes Patriarches. Elle provenait sans doute du mazdisme, dont

    la cosmographie admettait sept sphres ou sept tages dumonde (3) et fut adopte par la suite la fois |iar le gnosticisme

    (1) A. IJIOS: l.e Litre d'Htmh, 1'., 1892, |i|>. 86-87 il 173-181 i!u coiiunenhire.(2) Apocalypse d'Abraham, th. XV-XVIH; cf. I.. IhraT, in Suppl., /). B., I, 29.

    I* recil rappelle d'ailleurs t'Iroitentoiil la W*ion d'EztVhlel, I, 4-28.1.3)V. HEMU : l.e Panisme, |ip. 90-91.

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    121 t\ MMU.I: l>l. Il II'I.IM; IKJIIKI

    t'I le manichisme ; un la retrouve, en Tait, chez les Ophitcs (Il etdans les apocryphes manichens, tels que \'Ascvnsion d'Isae.I.c prophte, nu moment de mourir, entre dans un raxissemeut

    et s'lte succcssiu'iucnt dans les sept cieux, au milieu d'unelumire de plus en plus blouissante. Il y voit des foules d'anges,et tous les justes, enfin le Fils de Pieu dans une lumire incom-|>anil)le (?t.

    La description des supplies infernaux nous est fournie par leTrait de l'Knfer ou l'Histoire de H. Jasuf lien l.ei Q\).

    l'n lixre ral)liini(pie, le midraseh de la Grandeur de Mose,

    s'empaie de toutes ces traditions (4) et promu, tout au moins, queces sortes de Usions formrent chez les Juifs, spcialement chezles gnoHiqucs, un vritable courant littraire qui, commencavant l're chrtienne, a continu encore longtemps aprs.Mose (wrcourl les sept cieux, pins visite 1rs deux paradis, savoir:la Ghenne, o sont tourments les mchants, et le jardind'Kden, o les justes sont rcompenss, en attendant la venuelu Messie.

    Les Apocalypses purement chrtiennes nuancent diffremmentnotre thme, de plus elles lui donnent de nouveaux dvelop-|>ements el des prcisions nouvelles. Dans l'.-l/ioconrrait difficilement exa-

    (1) fii'll'HMnr : Traces de Mani-

    chisme dans

    le moyen ije lalin, in lie. d'HUI. el de Philosoph. relig., 1929,p. 452. Toutefois il faut noter que Viscrnsion d'haie continue do ftiiurcr parmiles lhres reus par les Coptes. I.a version thiopienne lo notre vision a t tra-duite par B. BtssKT: L'Ascension d'Isate, P., 1894. pp. 27-54.

    (3) A. JEI.LIAF.CI: Hel ha midraseh., t. Il, pp. WHI-WI, 48-51, et I. I, pp. 147-49.

    (4) MEYEH AuruaiM : Lgendes juires apocryphes sur la Vie de Mose, l\ , 1925,In-**, 75-93; ^oir aussi 23-25; M.-\.- IUUHT : Mose dans rillslolrr el dans lalgende. P.. 1927, pp. 159-164.

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    LIS uio\s ni:s su l'KKMims sijciis I3."i

    grer son influence (U. Il procde certainement de l'Apocalyp-tique, juin-, mais on ne saurait mconnatre, d'aprs la des-

    criplion les rgion* surnaturelles, qu'il s'inspire plus encore

    d'Homre et de \ irgile, le Platon et de Pliitarquc (3j.Les oracles sibyllins, dont la coin|H>silion hybride est nu moins

    autant juive ipie chrtienne, cniitieunent, vers le milieu dum' sicle, une hr\e description de l'autre monde tpii sembledriver ft la fois du Livre d'Knoch cl ;'> l'A|>ocalypse de Pierre (li.I.'iuflueiice juive y est donc sensible.

    A In lin du ' sicle, IMpocflly/isr de Paul reprend le thmede

    r.l/iocn/yr/ixc de Pierre

    (4). Aprs un discours du

    Seigneur,Paul entre dans un ravissement et pai rouit les rgions de l'an-del sous la conduite d'un ange :

    " Oe loin, l'aptre peut assister la mort du juste, celle de

    l'impie, et il est tmoin du jugement |Kirticulier, o les anges jouent d'ailleurs un rle considrable. Suit une visite au sjourcul voir les tourments infligs aux diverses

    catgories de coupables, parmi lesquels, par une anticipationhardie, sont signals les vques, les prtres et les diacres pr-varicateurs, tout aussi bien que les hrtiques. Finalement Paularrive dans le Paradis, entendons bien qu'il s'agit du jardin o

    pchrent Adam et Kve, o continue de verdoyer l'arbre de vie

    et celui le la science du bien et du mal ; c'est l qu'il rencontre,entoure d'une multitude d'anges, Marie, la mre du Seigneur,

    que rejoignent un certain nombre de justes de l'Ancien Testa-ment. (Ceci est |>assablement incohrent el contredit ce qui pr-cde sur le sjour des bienheureux) (5).

    Ix:s visions grecques et thiopiennes de lMpocn/.vpse de /a

    Vierge que l'on appelle parfois la Descente de la Vierge aux

    (1) Ipoealypte de Pierre, 15-33, Irad. l-ods pp. 86-90, r\ M.-Rli. JMM: TheApoeryphal Kew Tellement, Ojford, 1924, pp. 508-510.

    (2) Pli. CE FtLict: V.lnlre Monde, p. 176.(3) M.-Mi. JIMM: The Apoeryphal Sew Tellement, II, 190-338, pp. 521-52*(4) M., pp. 542-543.(5; !.. PIIIOT: Supplantent an Oietionnaire de ta HiUe, I, 528.

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    l'i*i l\ MAROt DE l\ l.tUK.MIK UOIItK

    Enfers foui une peinture des rgions infernales d'aprs l'Ajioca-Ivpse du Paul (1).

    Les Icdi (/c .S. Thomas mettent dans la liomlie d'une femmeressuscite

    jwr I';

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    1KS \ISIG\S DtS Sl\ i-lltMIKHS SlLclKS 127

    ii|wtal>|)ses nous a permis le mettre hors le doute les influenceslittraires tlaus les visions de l'siulre monde qu'elles nous ontconserves ; il ne sc^a pas inutile de souligner l'importance de

    celte tradition littraire par la reclierche des principaux thmesde l'eschatologie |>aTenuc, grecque ou mazdenne, qui ont sur-M'CII dans le christianisme.

    L'envol de l'me. Parmi les thmes que l'hagiographie chr-tienne du iv' sicle reut du paganisme, on ne saurait omettrela vision de l'Ame du juste s'cnvolant au ciel au moment de lamort. On ne s'tonnera pas, en effet, que ce soit en Kgypte, ol'on tait si proccup de la faon dont l'Ame accomplissait sou

    vu}ge d'outrc-tomhe, que ce thme chrtien apparaisse pour la

    premire fois. S. Antoine le Solitaire vit l'Ame de S. l'aul, le

    premier ermite, et, quelques annes plus tard, celle de l'a 1)1)6Ammoii, toutes rayonnantes de blancheur s'lever dans le ciel.A la mort de S. l'aphnuce, le frre et le prtre qui l'assistaientvirent son Ame mouler dans les nues eu louant Dieu, et les.anges s'avancer pour la recevoir (1). C'est encore sous forme

    humaine que le moine qui nous devons les fausses lettres deS. Augustin S. Cyrille et de S. Cyrille a S. Augustin, nous

    peint l'me de S. Jrme lors de sa monte au ciel (2). Dans,la vision de S. Benoit que nous rapporte Grgoire le Grand,l'me de S. Germain de Capoue, rayonnante de splendeur, est

    emporte au ciel dans un globe enflamm (3).Ce thme, qui fut trs utilis dans la littrature hagiographi-

    que, se prsente habituellement sous deux formes principales.Tantt l'me est emporte par les anges, comme celle du pauvre1-azare (4) ou du patriarche Joseph (), tantt elle revt la formed'une colonne et gagne le ciel par ses propres moyens : ainsi

    Scholastique, la soeur de S. Benot (G), et tant d'hroques mar-

    (1) i Palrum, I, I , VI, 16 cl II, 16.(2) LrsoLET-DirRE5>o: Accueil, I, I.M-I.MI.(3) GRGOIRE LE Gm%D:

    Dialogues, II, 35.

    (4) Lue, XVI, 23.(5) Histoire de Joseph U Charpentier, ou Histoire de In mort de Joseph, rhap-

    XXII el XXIII; dam BRV>ET: Dit), des Apocryphes, I, 1038-1039; M.-Rh. JAVES:The Apoeryphal Xeiv Testament, pp. 85-86. On trouvera d'autres temples de cethme dans J.-B. BAOTTA: Orbis Admirana, II, 392-393; E.-C. RKKHER: Dict. ofMiracles, 7-8.

    (6) GRGOIRE LE GHI>D: Dialogues, II, 34.

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    128 rv Ulliiit: Ht: l. I KiiK.Mit: Ittlif.l:

    tyrs, tels l'olycar|>c, (jiiirfn, bnigne, Kulalie, Thodosfe,Dvote (1). Les anges remplacent les conducteurs le l'Ame dan*les reprsentations le l'antique Egypte ou ilu jvij/aiiisine grco-roinnin (5Ji, et la colombe n'est que la forme chrtienne deJ'Amc-oiseau, vieille ide gyptienne trs rpandue ilans tout lebassin mditerranen, lors le l'np|iariti(>n du christianisme 01).

    L'influence du milieu paen sur ta formation de re Ihmefunraire est incontestable et, rroyons-nous, prpondrante.Aussi bien, si nous renroiilrons chez certains hagiographesquelqu'une le ces visions qui puisse se ratlaelier a un rve vri-

    lable, nous sommes obligs 11'ailmetlre que ce rve, |X)iir relqu'il ail t, n'est que le reflet d'une tradition complevc liivnintrieure au christianisme.

    La ]isyclio$lasic. Mais |>assons des thmes que nous retrou-verons dans nos visions. Le jugement des mes aprs la morttait connu de la plus haute antiquit. Wiiikelmaiin apuhlinue |>aleiie trusque en bronze (4) sur laquelle on voit Mercure

    assis, coiff du ptase, pesant avec une balance deuv trs |ielitesfigures d'hommes places dans des bassins ; elles dsignent sansdoute Achille cl Mcninon (). Quinlus de Smyrne a rappel lemme mythe dans son pome. Seulement, chez lui, ce n'esl plusMercure mais la Discorde qui lient la balance, et trouve les pla-leauv en quilibre (C). Nous trouvons, dans Homre (7) et dansVirgile (8), des allusions a la mme ide. En Egypte, la psy-chostasie jouait un nMe

    important ; Anubis et Horus

    pesaient-aussi les mes dans la balance de l'Amciithi (9).' Dans la reli-gion des Hindous, Dharma pse les bonnes et les mauvaises

    (1) J.-H. llioTTt: Orbis Admiranda, 11, 393.

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    I.r> VISIOXS IH.S Sl\ Mil Mil I IS SIIIIS |">

    .niions (1). l.'Aliilwbiiiu Tilulniium Cl), du 1. (icorgi, faitmention il'unc ligure allgorique qui se rattache a une croyancedu mme genre : elle reprsente un gnie, lu balance a la nmin,plac cot ilu grand juge, el rglant le sort des Aines (:|).

    I.'nncieniie Egypte et l'Inde primitive avaient donc dj vules vices et les vertus, au jour du jugement, susjiendus dans lesdeux plateaux d'une balance. Les Pres de l'Kglise employrentfamilirement cette image. Les bonnes et les mauvaises actions,dit S. Augustin, seront comme suspendues dans une balance...el si la multitude des mauvaises l'eni|)orle, le coupable sera

    entran dans l'Knfer (4i. Kl S. Jean Chrysoslomc : En ce jours, nos actions, nos paroles et nos |nses seront mises dansles deux plateaux, et, en penchant d'un cot, la balance entra-nera l'irrvocable sentence (5).

    Celle mme ligure, vulgarise par des |>oeles comme Fortunatet Prudence el par d'innombrables prdicateurs, se solidilieradans les chapiteaux et les tym|>ans de nos calhilralcs, ds le

    vu' sicle ((i). S. Michel, a qui tait d\olu le soin des Ames desmorts, ds les premiers sicles du christianisme, fut charg deprsider au psement des Ames (7). S. Michel Tut regardcomme l'tre cleste qui devait, a la lin du monde, remplir cettetAche dlicate ; tAche, au reste, qu'il pouvait d'autant mieuxaccomplir qu'il avait jadis triomph du dmon d'une manireclatante. Et celle lulle des esprits des tnbres contre le minis-tre divin, renouvele sans cesse, d'aprs les lgendes, au sujetdes Ames dont les droits l'lection taient douteux, n'tait-ellepas une aulre traduction littrale de l'ide morale du combatque se livrent en nous les lions el les mauvais |>cnebants, les

    \ertus el les vices, combat dont les suites nous couronnent le la

    (1) Cnrimi: Religion* de l'Antiquit", Irad. Guign'iaut, t. It p. 169.'2j Alftiabelum Tihetamtm, Missioni* aiwstolicae rommorfo edilum tludio,

    Fr.-\ti|:.-Ant. tiEoruai (Rornac, 1763, in-4), part. I; cf. FABHI:US: Codei Ptendepi-

    graplm*, I. II, c 3, p. 206.(3) A- Mu-m: Croyance* et Ugende* du M. A., pp. 168-G9. Voir l>: MME: I.I

    l'ivrhoitmte ilans lier. Arrhtol. (1814), 1, p. 235 st\.(4) S. AIGISTIX: Xrrnm / in rig. Pentecost.; cl. X|,,t.v>rs: Traite* des Saintes

    Image, II, Wlll.(5) Cil(> par V inrwil I>K BEUMM: Spcc. Ilislor. Fpil. cap., 113.(6j F.. MILE: L'Art religieux du AiII* *iMe, pp. 413-17; L'An rtligtut du

    Mil' tiMr, pp. 419-21.(7)OI.MK>T: Rcognition?*, II, 42.

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    130 K> .MtHliK HK I.A I.KliKMiK I>0IIKE

    flicit des bienheureux ou nous frappent du sceau de la rpro-bation ? (1).

    A ces ilcux thmes du dpart et du jugement de l'me on |>eutrattacher celui de l'ange ou du saint guidant le voyageur dansl'au-del. On a trs lgitimement rapproch S. Michel, con-ducteur de l'me, d'Herms Psychopompe. Tous les personnagesqui visitent les pays des morts ont un guide ; chez les Mazdens,l'Ized Atar et Sroche le Saint accompagnent Viraf dans sonvoyage miraculeux (2). Kn Babylonie, la desse lshtar marchederrire le portier du monde souterrain durant sa descente aux

    enfers, et remonte au milieu des hommes sous la conduite deNamtarou (;j). Ilien avant le christianisme, ceux qui ont par-couru le sjour des mes ont d accepter un guide. Il y a bienpeu de visionnaires chrtiens qui se soient aventurs ila'-i l'au-tre monde sans y tre prcds par un saint ou par un ange.Dans un pome du AU* sicle, Adam de Ros nous montreS. Paul guid dans l'enfer par S. Michel, et lorsque Virgiles'avance au-devant de l'auteur de la Divine

    comdie, celui-ci

    lui dit : Pourquoi venir ici ? Je ne suis pas Kne, je ne suis pasS. Paul, attestant ainsi la continuit de cette tradition depuisl'antiquit paenne jusqu'au xm* sicle.

    I.e rescap. L'existence des thmes littraires dans tout ce quiconcerne la vie future ne saurait donc tre mise en doute, |>asplus qu'on ne |>eul nier l'importance le leur rle. Il y a mieux :un grand nombre des visions de l'autre monde sont censes pro-venir du rcit d'un resca|> qui, rellement mort, est rendu la vie par une volont surnaturelle et relate ensuite ce qu'il avu durant son mystrieux voyage. Or ce thme, cpii constitueen linique sorte l'ossature de la vision, est liien antrieur auchristianisme, puisqu'il ligure dj dans le Phdon (4). Le sol-dat Kr l'Armnien avait t tu dans une bataille et ce n'est quedix jours aprs, comme on allait consumer son corps sur le

    bcher funraire, qu'on le vit revivre. Voici ce qu'il raconta :

    (1) A. Mti-nt: Croyances ri l.tytnic$ i/w M. t., |i|>. 171-7:).il) A. BiXTitfLtMt : .IrM r. XI.IV ; \olr op. IV, pp. 12-13 d 152.(3) P. I)HOI\ME: Ttxlet rrltgtcujr anyro-tmbytantfnt, pp. 326-39.(4) l*ttot, Irnd. Cnuln. t, 399; Il cri parte cumrc il;m MU Iratld Ut h Itfpu-

    Mi

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    I.K l'OVT l'HII.l.Kl X VSi

    les rves des individus qui tombent sans connaissance ne cor-

    resiwntlent gnralement rien le rel (1).Toutefois, Grgoire le- Grand ne manquera pas du propager

    celte tradition, il en donne mme trois exemples : Pierre, unmoine espagnol ; Kticnuc, homme distingu, qui a t envoyml /titres a la place d'un forgeron du mme nom ; cuiin unsoldat romain anonyme (2). Etienne reprsente la fois l'Autyllcde Plularque et le Ctirma de S. Augustin ; Pierre rappelle les viesdes Pres du dsert ; le soldat romain nous fait songer Kr l'Ar-mnien.

    A ct de ces divers thmes d'origine hellnique, plus oumoins iullticncs par l'Kgypte ou la Perse, il faut d'ailleurssignaler divers thmes nettement mazdens.

    /.( finiil i>rillettr. I.e Zend-Avesla parle plusieurs reprisesdu |)ont Ciuvat (:J). Toutes les mes des morts doivent le traver-ser ; mais seidcs les mes des justes y parviennent, les autressont prcipites dans le fleuve infernal dont les eaux de feu cou-lent au-dessous. Le i>ont de l'preuve, qui apparat dj an

    iv' sicle, tians l'.l/joca/ypsc de l'mtl (4), et au \', dans les l)i-IIXJIWSde (irgoire le Grand () se retrouvera non seulement dansle Coran (le pont Siral fait |>artic du dcor de l'autre monde chezles Musulmans), mais dans de nombreuses visions chrtiennesdu moyen Age. Il suffira de citer, au vin' sicle, la vision queWinifrid (S. Honifar-c) a racont a Ste Wilbtirgc (0) ; au xu',le rcit du noble Tondalus (7) ; au \ni", le Voyage de S. l'otdaux enfers, d'Adam de Ros (S).

    il)l'.-J. Jtconsm: Le, Minet. III, 14.3-1M.(2) IMvijun, IV, 30. ilal P. /... I.WMI, 381-85: co i|ualrlili>o litre iir lliatn-

    auet roulo loul rnllrr ur'la tle future et l'au-ilel. On no aurait oublier queCitt'iioirc le framl r..| rintrnlcur ilo la tloelrlno ilil Purgatoire, ri qu'ollo apparatlKl (IV, 37 il ") |H>nr la premire fol.

    I3J A. l )inKTKTm : Le Zen-Arela, I, 1G8, 300, 315. ri 11, 270 rt 321.(4) K. HUXJIKT: l.n Source vrirntrttet de ta DUtne l'amtdie. P., 1901. pp. 70-75.(5) liintotiuct, IV, 36; Cli. l.tfciTTK \ tojait d/j un emprunt a la Idologie l>or-

    ane. La lrine Comdie aeant hante, ilan* 1rs ttUirre de hante, (rail. Hrizrln. P..1847, iti.H, p. 106.

    () K/ifnfnfif, XXI ; rf. \. Kncnr: Util, qtnr. de la l.ill/r. du M. I. ru Drident.II. 000.

    l7j IWOII de lointain, M. O. Iteuplenr, Mon, 1837. ln-8", pp. 11-13.i8) K. HI^CUCT, lof. rit., pp. 70-71. Pan corl;iin* eunlos lin-Ion, le ponl |i/ril-

    leux (ou |Kinl troil) et remplac par (in clieteu un par tin ni Y laine; A. 1>:Mut! /. l./iiende de la iimrl cliei ht llretons armoricain, 3" M., 1912, II, 359>ri 361.

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    MO E> MAKUE liL LA LGENDE DOUE

    qui rappellci les traditions mazdeiines (1). C'est vraisembla-blement la mme poque qu'il faut faire remonter le rcit du

    Mirag ou de l'Ascension de Mahomet (2), qui est incontestable-

    ment une imitation du voyage de Zoroastre ou de quelque autreaventure iranienne (3).

    a) Les rvlations vritables. La vision de S. Fursy est cl-bre (4), le saint est mort entre 041 cl 052, le rcit de son voyageoulrc-tomle fut rdig dans la seconde moiti du vu' sicle, sans

    que l'on puisse en prciser l'poque. Le centre de ce long rcitest un vif dbat entre les anges et les dmons se disputant son

    me ; au reste leur discussion sent fort l'cole. On peut admettrequ'il s'agit du rve d'un malade (Fursy semblait sur le pointde mourir) ; mais que nous apprend-il de nouveau ?

    Le vnrable Bde (f 735), nous rapporte deux visions de cetordre (5). Il tenait la premire d'un ermite anonyme qui en avait

    reu confidence du ressuscit ; c'est presque dj un on-dit ;quant la seconde, elle lui vient on ne sait d'o. Admettons

    nanmoins qu'elles correspondent des extases

    relles, quenous apportent-elles de nouveau ? Voici un rsum de la pre-mire : Drithelme, pieux habitant de Norlhumbrie, tant mortd'une grave maladie, visite d'abord le purgatoire, ofi le froidlutte avec la chaleur, au grand dam de ceux qui l'habitent. 11visite ensuite l'enfer : c'est un puits ou montent et descendentsans cesse des globes de feu, dans lesquels dansent myriadesd'tincelles, les mes des mchants. Enfin, il se trouve en faced'un champ couvert de fleurs, o se promnent des phalangesde |)ersonnes habilles de blanc : c'est le sjour des mes quin'entreront au ciel qu'aprs le jour du jugement dernier. En

    attendant, ces mes saintes se purifient de leurs fautes. Revenu

    (1) A. lUiiTnfuM: Lt IJrrt d'Arda-Vlral (1887), pp. XXXVIH-Xl.l; K. Btocnnr:Ltt Sonnet orienlfilri de ta Divine Comfdie, p. 20.

    (2) F.t-Bumim: tet Tradition*

    Mamtqurt, litre LU M, ch. XLtl, trad. 0. Honda,

    P..- 1908, III, 37-41.i3) AsQt'KtiL-tlt.'i'imnitt : l.t Zrnd-leetla, 1, 2" p., p. 21; E. Buuutr: /, Sonne

    orUnlolti de h bltine Comiiit, pp 192-93 et 195.(4) .41. 5.S., Januai-ll, II, 38, 41 cl 44. On en trouve un rfsmn dans J. ne Vont-

    OIMS: Ug. aur., c. 144, pp. 639-642, d'aprs la Chronique dtitinimd (ail Ann. 04-5).Voir atis>l L. TCF.T DE BiMin.it.: ItUt. Ug. de l'/rlnndV, 184-197

    (6) lli>l. /

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    III IN MMU.K l'K l.\ l.ut.M>E tOHf.K

    Des rive

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    VISIONS l-OLITlglKS I W

    fesle |wlilique en faveur du jeune prtendant. Charles fut effic-Ihement dpossd ; mais ce ne fut pas au profit de Louisl'Aveugle. Cette malheureuse invention n'tait donc qu'une bien

    pauvre prophtie.On |K>uriait multiplier les exemples de eu genre de usions.

    Tous ees rcits reposent sur la mme donne : L'n |>crsonnagcpieux, durant une sorte d'extase ou de lthargie, est transportdans l'au-del, o, conduit |>ar un guide diwu, il |vircourt lesdiverses rgions du monde invisible ; il y reconnat des person-nages contemporains, il y entend accuser avec beaucoup desvrit tantt les moines ou les vques, tantt les princes oules rois, tous ceux dont le vritable auteur de la vision voudraitmodifier la conduite ou la |K>litique son profit.

    Tandis que ce genre tend disparatre en France, o l'on euavait beaucoup abus, il se dveloppe en Allemagne. Les vision*infernales ne se montrrent nulle part plus nombreuses et pluseffrayantes (1). Dans le Liber Vitionum d'Olhlon de Ratisbonne(1003-1073), on ne compte pas moins de sept prgrinations aux

    rgions infernales (2). Le religieux nous donne de longs dtailssur la rprobation et le supplice de l'ini|>ratrice Thopbanic etd'Henri III le Noir (3).

    Les clercs et les moines n'ont pas ddaign d'utiliser de tellesvisions pour dfendre les biens des glises et des monastres.L'extase toute fabuleuse que Flodoard (f 9GG) prte S. Rucher,vque d'Orlans (f T53) en est un bon exemple (4). Dans unravissement, Eucber aurait vu Charles-Martel livr aux tour-ments infernaux pour avoir usurp des biens ecclsiastiques (5).Au xi" sicle, Grgoire VII (1020-1083) n'hsite pas se servir son tour de ce genre de prosopopes. Prchant un jour devantNicolas II, il osa raconter qu'un saint personnage, ayant t con-duit en, esprit dans le sjour de la damnation, y avait vu toute

    (1) A.-F. OZ4MM: Les Potes franciscain en Italie.

    (2) Liber visionum lum suarum tum aliartim apuil Boni. PEZ: Thsaurus anrai.Xoeiss., III.

    (3).*. SOESTHE: Dicl. de Palrologie, V, 1903; DELE-PIEUHE: L'Enfer, pp. 37-38.(4) Bt'n&liclins et bollarulistes sonl d'accord pour y voir une fahte: Gallia Chris-

    linna, VIII, 1918, et M. SS., Fcbr., III, 4.(3) KEODOIIII.: llisl. Eccl. Rem., Il, 12, M. tajeune, I, 295-96, et A. MULIMEH :

    Sources llisl. Fr., I, 70.

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    I.'IO l\ vmn.l. HK l.\ l(M Mil. liOllf'l

    une ligne de comtes siisjicndus uv barreaux d'une chelle, elle-mme >II|H-IIIlile au-dessus des flammes infernales (1). le der-nier MIIII obligeait le autres descendre d'un chelon, et le

    plus ancien a tomber dans la Retienne ; ces malheureux expiaientainsi le crime d'un de leurs anctres, i|iii s'tait im|>ar d'undomaine de l'glise (k Mflx. Mais f|iic |>enser de ce supplice aretardement '.' ('lu ne sent-il pas dj le terrible gnie de Dante ?Au \i\' sifcle, lorsque le grand l-'Iurenlin utilisera celle longuetradition pour en tirer l'Enfer de sa Divine C.umfiUe, il ne man-

    quera pas de retrouver nu Purgatoire tous les criminels de son

    temps, princes et rois, vques et papes, et tous ses ennemis per-sonnels ('i). \ ceux qui s'tonneraient de tant de visions audacieusement

    fabriques, nous rappellerons que, durant les mmes sicles, denombreuses lgendes hagiographiques sont de purs romans. Il*s| facile d'en citer qui contiennent les visions de l'au-del. Lesrcits d'un certain chexalier Marinus et de son cuyer Pascbase,de mme que leur rsurrection par S. Taurin, appartiennent aune vie du ix' sicle dont l'abb Mesnel dclare qu'il s'agit d'unfaux caractris (3). I.a vie de S. Mansuet, vque de Tonl, rdi-

    ge au \* sicle, n'est qu'un recueil de traditions |K>pulaires etl'on ne saurait accorder une ombre de crdit la vision du gou-verneur de cette ville, qui aurait t ressuscit wr lui (4).

    S. Haronce, qui vivait auprs de Thierry 11, et mourut vers700, n'abandonna la cour qu'a la suite d'une vision du ciel et

    de l'enfer ; mais la vie qui nous In raconte est une pice trsromance, qui ne fut rdige qu'au M' sicle (6). Dans une vietonte lgendaire de S. Herv, que l'on peut dater du dbut duMU' sicle (fi), on peut lire au moins trois rcils de visions duciel, qui ont tout l'allure des traditions populaires (T).

    (I) Vu.LKn: Tablran de la LilUrulure on Moyen Age, P., 1852, I, 28.[2; l-rt listons trliimliiisis ilu su' sl-clo ont encore utilisa noire IhtnM*. Tnn^rial

    Miil diim \o PurKaloIrr les lieux rois il'Irhmlo Ponacli, Cormncli ot Conrlmli.ir;

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    n: OY%M: M: S. HII\M>\> I.M

    l.n vision >lc l'au-del appartient non seulement au genrehagiographique, mais la tradition littraire laplus minrale.Au .\" sicle, nous |>oiivons citer un |>ome d'Ansellu le Scho-

    lastiquc o l'auteur nous conte comment un moine inconnu, le passade dans le monastre le S. Itemi de Keiins, y eut une \ision de renier. Il y mle d'ailleurs quelques rminiscences de \irgile et d'Horace (1). S. I:lrlc, vque d'Augshourg, dans lemme sicle, s'entend merveille, dans ses sermons, a |ieindreles chtiments de l'enfer et la flicit du ciel {'2).

    c) l.c voyage de S. lirandan en des contre* surnaturelle. Le

    l'nrgaloire de S. Patrice. Les

    voyages dans l'autre monde rev-

    tent un as|iecl tout particulier dans l'Irlande des xi* et MI' sicles,le paganisme irlandais parlait volontiers du Mag-Mell, ou Plainede Dlices, sorte de Pair dis terrestre situ dans des Iles loin-taines, dont la position exacte n'tait pas dtermine. Les auda-cieux qui s'abandonnaient aux Ilots, dam un bateau sans ramesni voiles, avaient de grandes chances d'y aborder un jour oul'autre i}\). De l les imram, ces voyages sur mer, dont la Navi-

    gation de S. Rrandan n'est qu'une forme christianise (4). Celteclbre prgrination, dont nous possdons deux manuscrits duM' sicle (5), n'est qu'un voyage la recherche de l'Ile Fortunedes anciens Irlandais, recherche durant laquelle lirandan et ses

    compagnons touchent les seuils de l'Enfer et du Paradis (C).Ds le i.\* sicle, la lgende des voyages de S. Patrice dans la

    mer Tyrrhnienne est constitue et rapproche le patron de

    l'Irlande de ces navigateurs errants partis la recherche del'autre monde (7). Par la suite, le grand S. Patrice remplaceramme, dans l'esprit du peuple, Mariaunan Mac Lir, le dieu

    psycho|K>m|>c irlandais. Ds le dbut du xn* sicle, les cavernesde l'Ile de l.ough Derg taient considres comme des lieux

    tl) fj)ELS8T\D >v MHIL: Poiiiei popnfnira lalinei (1813), pp. 200-217; cf. DomUnir: //. L. F., VI, 253; A. FBERT: Il M. gn. de la LUI. du M. .t.. III, 188-89.

    (2) A. Fj-chi, Joe fil., III, 496.(3; S. iMoiii: Let Cuiiei dtt Hroi: S. Patrick, P., 1919, pp. 173-76, 181-83.(4) S. Citnwnsu, 1. I., p. 202.(5) A. JIBIML: la Mgrnde Mine de ;>. Hrandainei, P., 1836, in-8, p. IV.(6) Oulre le trois versions donntei par Jubilai, ou indiques par lui, voir la

    version italienne rapporte par F. Viutni: Anticipe leggende tradizioni che iltut-Irimo In Dhina Comeia, Pisa, 1865, pp. 82-109, su.tout 93-95.

    (7j S. CKitwnni: Le Culte det Hros: S. Patrick, pp. 70-81, 198-202.

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    IM l\ MMW.I |i|. I\ IKi.l.M.I HOHKl:

    I ilain (pii gagna le l'aradi, on n'y rencontre que danses etlorrains galants, rires bruyants et moqueries joyeuses (1).

    C'est a ee courant ou a des sources analogues qu'il faut rat-

    tacher certaines usions populaires

    le populaire n'inventepas car on y rencontre les mmes ples descriptions. C'est lecas d'un conte breton recueilli par l.uzcl (2; et d'une lgendebulgare transcrite par l.ydia Schischmanol 0t>. C'est l'espritdes jongleurs et trouvres les plus populaires qui a inspir cesenfers forains o, par le jeu d'un ruban mobile on voyait touteune srie le petits personnages reprsentant les professions les

    plus diverses

    prcipits par le Diable dans la chaudire infernale.

    Satire et rire, ce sont les condiments ordinaires de la joie ou desdistractions du peuple.

    Dans la transformation de la vision lgendaire en rcuvre lit-traire, on doit faire une place part aux livrets d'o sortit, la fin du xvi* sicle, la lgende du docteur Faust. Cette oeuvre,destine lutter contre la magie, s'apparente troitement auroman hagiographique. Kl le emploie comme lui, et mme plusabondamment, le merveilleux diabolique et travaille non moinsnergiquement dtourner les |>anvres hommes de Satan et deses sductions (4).

    Certes, la vision hagiographique n'est pas prs de mourir. Dans

    le Dialogue (les Miracles le Csairc d'ileisterbach (1180-1230),et dans la Lgende Dore de Jacques de Voragine (1230-1292),elle est devenue un lieu commun. Bien entendu on la retrouvera

    dans tous les grands recueils de vies des saints du xiv* au xix*sicle ; mais il s'agit l d'une tradition difiante, dont l'influenceet le prestige se limitera aux milieux catholiques |>articulire-ment dvots.

    Il ne faut pas oublier que, dans un mme pays, on voit couler

    cte cAle les courants les plus divers. Mme aujourd'hui, telle

    (1) Cli. LBITTE, lof. Juiid., |,p. 133-35.(2j F.-M. LI-IEL: Lg. Chril. de la Baste-Rrelagnt, I, 120-W. Dans dners autrecontes, le ciel el l'enfer sont dcrits, mais trs brivement, comme des chateau\,d'immenses donjons clos. L'un est plein de flammes oft l'on brle, l'autre, dechants mlodieux A. I.E Biut: La Llg. de la Mort, 3" d. (1912), II. 343 48; 359-60el les notes p. 363.

    (3) Lydia ScmscBMisorr: Llg. relig. Bulgarie, P., 1896, tn-16, pp. 260-63.(4) P. SUNTHES: La Lgende du Docteur Faust, prface.

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    DEUXIME I'AIITIK

    DE QUELQUES MIRACLES

    CHAPITRE Y

    LES RESURRECTIONS D'ENFANTS MORTS-NS

    ET LES SANCTUAIRES A REPIT

    La foi a toujours cnFnnl des miracles, et le sentiment a t

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    SV1MS PATHO.NS DES E>FA>TS MOHT-.NBS 100

    le l'glise. Ce petit charnier est rempli de dbris de squelettesde petits enfants et surtout de crnes dont l'paisseur ne dpasseJMS l'paisseur d'une'feuille de papier (1).

    A l'entre du village de Dixmonl (Yonne) existent une fontaineet une petite chapelle, dites de St Gervais. La chapelle, aujour-d'hui abandonne, renfermait la statue du saint. On y exposaitles enfants morts sans baptme (2).

    S. Claude, dont la vie est remplie de miracles et socialementde rsurrections, ne pouvait manquer de s'intresser aux enfantsmorts sans baptme. Les Bollandistes citent trois rsurrections

    de ce genre, d'aprs l'enqute trs consciencieuse de Pierre-Franois Chifflet, l'un des magistrats les plus rudits de l'anti-

    que Besanon (3). L'une d'elles eut lieu Btixy (arrondissementde Chalon-sur-Sane), en l'anne 14G6. Au commencement de

    juin, l'pouse de Jacques de Lerna mil au monde un enfantabortif. Ce petit corps fut transport dans une cha|>elle voisineddie Ste Catherine et y demeura tout un jour sans donner

    signe de vie. Le lendemain, le

    pre, averti de la

    proximit de

    la fte de S. Claude, se reprit esprer. 11 fit voeu de se rendrea la basilique du saint, demi-nu et en ne se nourrissant que de

    iwin'et d'eau, si le pauvre abortif pouvait retrouver quelquesminutes de vie pour recevoir le baptme. Lorsqu'arriva le mo-ment de l'lvation, l'enfant commena vagir et donner des

    signes indubitables de v'e ; puis, le baptme reu, s'envola versles deux (4).

    Un autre enfant proche d'ArboisKstant tomb dans la fontaine,On le trouve les membres froidsSans aucun mouvement de peine,Ses parents le vouant au saintIl se lve et se tromr sihi ('>).

    (1) II. MIBLOT: Piltrlnt et Pilerlitagci, dan Rtmt ei Trait. Pop. (1897), Ml,334335.(2) II. MIIILOT: Plterin et Plterlnaget, dam Reue iet Trml. Pop. (1912>,

    VWII.40.(3) .1.4. SS. Jurill, I, 005-G.

    (4) ,11. .SS. Jiiiill, I, 666.

    () J.-C. KRUMIH : hn Vie le S. l'Anne, ntcheetque Je Hctmon, Trojcs, V" de

    Jacques Oudol, ln-12, p. 62.

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    170 fc\ \I\IIGE Mi I.A I.KliKM)K IiOHtK

    S. Claude tait un thaumaturge rcidive et l'on |>ouvai(s'adresser lui avec confiance, surtout le jour de sa fiMe. S. Gil-bert, al)l> de Neufontaines, est encore involrr-I>.imi> "le rcJitciler un rtifnnt

    (1) S. I.H>UGE: Min S. r.ilhtrli, II, 11-12 ; S.-M. M

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    l.K M1IUCLK tiE NOTRE-DAME 173

    comme le tout esloit pass ne diffrrent point d'imiter ces ton-nes gens et retourner du cost de l'glise (1).

    Aussi bien, aprs la" mort du saint, eut-on souvent recours

    lui pour des enfants qui ne donnaient pas signe de vie (2).A l'abbaye de Souvigny, dans le Bourbonnais, en 1684, 1693et 169G, des enfants mort-ns, di>oss sur l'autel de S. Mayeul,ressuscitrent pour recevoir la grce du saint Baptme (3).

    11. LA HSUIIHECTION DESENKAMS MOHT-.\S ESTSIHTOUTl.K MIIIACLE DE NOTHE-DAMK

    Mais ce miracle fut surtout le miracle de la Vierge. Celle quidonna son Fils pour racbeler le monde, devait souvent se laissermouvoir iwr les supplications de ceux qui lui demandaient lesalut de ces petits innocents. Aussi bien, ne prtendons-nous pasnumrer tous les sanctuaires o Marie opra de semblablesrnovations. Je suis persuad que l'on en trouverait bon nombre

    dans l'ouest et le centre de la France. Notre-Dame de Sccourancc, Dol-en-Uretagne, Notre-Dame de l'ontigny, au monastre deSaint-Kdmond-de-l'ontigny, dans l'ancien diocse d'Auxerr,ressuscitrent maints enfants ns sans vie.

    Notre-Dame de l'onloise, dans l'Ile-de-Fiance, en 1630, res-suscita plusieurs enfants abortifs ; Notre-Dame de Ville-en-Bray,Notre-Dame de GrAcc Loos-les-Lille; Notre-Dame de GrAces Castres en Cambrsis, ont rendu la vie nombre d'enfants morts-ns. A Notre-Dame de Fournes (diocse de Lille) le nombreles enfants qui ont recouvr la vie au pied de son image estincalculable. Les cloches sonnaient plusieurs fois le jour pourannoncer ces rsurrections miraculeuses. On vit un jour deuxde ces pauvres petits que leurs mres avaient touffs et frappsh coups de couteau, se ranimer et revenir subitement h la vie,

    (1) Ch.-Aiijr. w. StLes: Histoire dit Bienheureux Franco! de Sale, Pari. 1870,1n-8, I, 202-203; Abb I.. PRILUT: Les Flet de Thonnn tl des Allingei, 1893,ln-8, pp. 37-38.

    (2) Potirofr de S. Franois de Sales vu Miracles et Guirisoni opirh par te saintErique, tirs du profit de sa canonisation. Atmi-cv, 1911, pp. 121-122, 230, 255,278-279.

    (3) J.-J. Mon: Calendrier bourbonnais, Moulins 1918, II. W.

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    nrla l'autel deCuistre ; enlin, n'avant rien obtenu, on le.mit en terre o ildemeura trois

    jours entiers. Le

    pre de cet enfant tant

    survenuet ayant appris qu'il tait enseveli, le Fit retirer du cercueil et

    le reporta de nouveau a l'autel de la bienheureuse Vierge Marie.Aussitt, le cadavre donna des signes manifestes de vie, il remuala main et replia un pied taudis qu'on lui administrait le

    baptme. Aussitt aprs, In vie disparu! et on le remit dans soncercueil (1).

    Notre-Dame de GrAccs, dans l'abbave de Saint-Sauve a Mon-treuil-snr-Mer, redonnait la vie aux enfants mort-ns (2).

    Klif. 2. La Vierge Marie ressuscite un enfnnl, il'aprs te recueil les Miraclesrie Xulre Dame,

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    1/S EN MvHGE tiE LA LEC.ENnE DOBEE

    L'AN 1032

    Marie, fille Je Mr Didier Andr, procureurKs sige de l.irey et de Franoise Girard,

    Sa femme, tost aprs estre ns, estantTenue pour morte, et en cest estt,Ports en la collgiale du Lire),Devant l'image de Nostre-Damc des VertusKeprend vie, est baptise, et vit encorA prsent, en l'anne 1647 que laditeMarie Andr a pour mmoire

    Ddi ce tableau.

    ii Prs de IJuzy (Mcusej tait une chapelle vendue et dmolielors de la Dvolution.-Seules, les deux statues qu'on y vnrait,Notre-Dame de la Bulle et Notre-Dame de Piti, furent sauves dela destruction et conserves dans l'glise du village.

    ii Si l'on en croit les Archives paroissiales, deux enfants mort-ns revinrent la vie et furent baptiss dans l'ancienne chapelleen 1643 et en 1732 par l'intercession de Notre-Dame de la Huilece

    qui lui valut le titre de miraculeuse (1).

    De temps immmorial se clbre Halles (Meuse), le 2 fvrier,une fte en l'honneur de N.-D. du Mont-Cral, dont h dvotion esttrs rpandue en Espagne. Ce culte vient sans doute do la proximitdes Pays-Bas espagnols...

    ic On rapporte qu'un enfant mort-n, dpos sur l'autel de N.-D.revint momentanment 5 la vie et put tre baptis. Le pre d'unefemme de Halles, dcde depuis 1888, ayant t ttnoin du prodige,lui recommanda fortement, avant sa mort, de le proclamer et de luidonner la plus grande publicit, ce qu'elle a toujours fait jusque dansson extrme vieillesse (2).

    Notre-Dame de Pallou, Arnaville, non loin de Totil, a main-tes fois obtenu la mme faveur (3). On connat la clbrit de laVierge de Benolte-Vaux, dans l'arrondissement de Verdun. Elleressuscita souvent les enfants mort-ns sans baptme. Dans lesenqutes canoniques de 1G44 et 1G59, on en relve treize cas (4).

    (1) II. Lifintim*!; : Aneivn* u,< et coutumes, Wr..., dn Dcparl. iU la Mrnsr, ilamMtm. de la Soc. des Letlret, Science et Art de Bar-leOnc, 1V piio (1902.. I, 127.

    (2) II. t.iBoi'ntu*, (oc. cil,, p. 12.3.(3) IUMOM: .V.-D. de France, M, 49.(4) lliwn: ,V.-n. de France, VI, 93. \jca infants niorU flairai l.jix".'. il.-in lu

    fonlaine \ollnc rlu virii'ln.ilre; Chr. l'rimn: llisl. !, .Vonrv. 18DS. III. 117.

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    SltOlb* KT TAIIKVrilsK 17'J

    L'usage de porter ainsi les mort-ns aux sanctuaires de la ViergeMarie, tait assez rpandu dans cette rgion pour avoir t inter-dit par les statuts du diocse de Toul en 1658 (1).

    On trouve galement

    des rpits

    en Suisse. A Notre-Dame de laColline ou du Bourdillon, Fribourg, il se faisait beaucoup demiracles en faveur des enfants mort-ns ; l'abbaye bndictinede Moury ou Mri possdait une chapelle de la Vierge o l'onapportait ces petits innocents ; ou les portait galement l'imagede Notre-Dame qui se voyait en l'glise des Augustins de Genve.

    Mais, arrivons aux provinces de l'Est : Savoie, Bresse et Dugey,duch et comt de Bourgogne. En Savoie, Notre-Dame de Piti,

    fonde ds 15V4, eu un faubourg d'Annecy, devint clbiecomme sanctuaire h rpit (2). I,a chapelle de Notre-Dame deLorette, dans l'glise Sainte-Marie l'Egyptienne Chambry,construite en 15'JO, vit maintes rsurrections temporaires (3).Le 6 septembre 1535, un enfant mort-n de deux jours, fitmiraculeusement grand signe de vie Annecy en l'glise Notre-Dame de Liesse, et reut bon baptme, en prsence d'un mondeinfini, et toutes les cloches sonnrent |>our ce miracle (4). Desemblables prodiges sont attests au xvne et au xvin" siclepour Notre-Dame du Pont ou Notre-Dame du Rhonc Seyssel (5)et pour Notre-Dame de Mazircs an canton d'Hnutcville (0).

    En 1CG1, la Tarentaise ne comptait pas moins de vingt-cinqchapelles sous le litre i\* Notre-Dame de Piti, et dix sous celuide Notre-Dame de GrAce. On est en droit de prsumer que toutesfurent plus ou moins des sanctuaires rpit. La plus vnredes

    chapelles de Notre-Dame de Piti tait celle de la cathdrale

    de Monliers.

    (1) Dfense tous pu'lrc*

    (3) (;H*ITERO*: Chambry, p. 144. Cil*' 1 par A. \ ** fir.NMi*: Le Culte popnl. deS.

    Franais de Saies en

    Savoie, dan* Mercure de

    France, 1924.

    , G22.

    (4) F. GROBEL: S.-It. de Savoie, p. 17.(5)BEJSO>: \tfm. pou; tenir.... p. 165; F. Cnonrt: S.-H. de Savoie, p. 232.

    Cette chapelle a disparu, elle a cl remplace en 1856 par uni' sl.iluc ito la Mer^efmin.rute: Hitioi: !S.-I*. de France, VI. 240.

    (6? 11**01: Sotre-Oame de Freiu-v, VI, 240.

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    SWCT1 VIHKS AI.I'KSTIIKS 181

    les larmes aux veux, lu baptisa sous le nom do Marie-Clmentine.Le baptme tait a peine confr que l'enfant expirait. Au mme ins-tant, phnomne qui frappa vivement les tmoins, les deux cierges, demi-consums, s'teignirent brusquement d'eux-mmes. L'cn-fanl fut inhume par M. le Cur, greffier au cimetire bni de Si\l.Nous tenons ce rcit de M. le Cur actuel de Sixt, de plusieurs autres-personnes et surtout de M. Barthlmy Itavmond, |>rc de l'enfant ettmoin oculaire du fait (1).

    l'ilol de Thorey crivait : Nous connaissons, dans le diocse-de Saint-Jean-de-Maurieiiiic, Monlaimont, prs de la Chambre,une chapelle sur une lvation jouissant, dil-on, de la mme

    faveur. Les enfants qu'on y ap|K>rle ne tardent pas y donnerquelques signes de vie. Les uns saignent du nez, les autres bou-gent un bras ou la jambe, durant ces quelques instants on leuradministre l'eau du baptme (2).

    Il y a, dans ces rudes montagnes des Alpes, crivait CotiycrMiddleton, proche d'une petite ville qu'on appelle Modane, sur lehaut d'un rocher, une chapelle avec une image miraculeuse de Notre-

    Dame, o les peuples d'alentour accourent en grande dvotion. Nousla trouvmes fameuse en miracles d'une espce toute singulire :c'est, nous dit-on, qu'elle ressuscite les enfants morts-ns. A la vrit,elle ne leur fait |>as un prsent de longue dure, car elle ne leur rendla vie que pour autant de temps qu'il en faut |>our leur administrerle baptme, aprs quoi ils meurent encore une fois tout leur aise.Notre hte m'assura qu'on voyait presque tous les jours des preuvesde la vrit de ce miracle, dans la personne des enfants que l'onap|>ortait de toutes iwuts celte chapelle pour les offrir l'image ; et

    que jamais ces enfants ne manquaient de donner quelques signes devie certains et visibles comme en tendant les bras, ou en ouvrant les-yeux, ou mme souvent en lchant leur urine, pendant que le prtreles lient en prsence do l'image (.')).

    Avant d'arriver aux deux Bourgognes, notons l'existence de

    quelques n'/n7* en Daupliiu et en Provence.

    (1) AliM II. KIJCE: Sanctuaire de S.-l). de ilonlprovrnt, A C.hilillon-tur-r.titin(.llnute-Sarolr), Annecy, 1891. in-12, pp. 19-31.(3) I'IIJIT lie Titonr.t: Vtatjet, Filet el Coutume existant on nvunl etliti en Dm-

    phlnt, fircnoble, Drevcl, t. t.i:itn : Lettre terile de Rome, o l'on montre l'eiacle ron/nr-

    mite" nuUl v a entre te Vaphme ri ta ttrtigton de (nnccnj) Romain, Ani-I. nlnm,1744, ln-13, 218-219.

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    182 EN MARGE DE LA LEGENDE DOREE

    Une chapelle situe Piliers (Hautes-Alpes), ddie la SainteVierge sous le nom de Notre-Dame de Faisces, c'est--dire deslanges (fasciae), tait autrefois un lieu de plerinage o l'on

    portait les enfants morts sans

    baptme (1). Il dut

    y avoir bien

    d'autres sanctuaires analogues dans cette rgion, car nous voyonsles statuts synodaux de Grenoble interdire cette coutume en 1090.

    Notre-Dame de la Vie Vnasque (de Provence) a souventrendu la vie aux enfants mort-ns (2). La ,chapelle de Notre-Dame de Nazareth, surnomme aussi Noire-Dame la Brune, parcerpie l'image est d'une couleur olivtre, au village du Barroux(prs Carpentras) est vnrable tant cause de son anciennetu Doouphin din lel bras.Kilo s'es eiulourmido,Gran Diou, hlas II.ou Doonpliin din lel bras.

    Quan s'es derevilliado (rveille)1,'a trouv estoufa I

    I.ou pi en cl lou inailhouoto (l'eminaillolte)Dis que s'en va lavar

    1.1> J.-A. I'IUIT tiE TttuhY : L'stigeg, Fites et Coutume en Itauphin, p. 158.

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    SWCTIMRKS r>E HU>CHE-COVlT 18H

    Lou rey n'cro en fenestroQue l'a visto passar

    Mount' anas-vous, nourio ?

    IJOU Doouphin plourara (pleurera) N'agus pas poou que ploureL'ai troou ben mailhoueta.

    Va far dire uno messoA Xoucslro Dama de Piela

    Oou premier Evangilo1. enfant n'a soupira.

    Oou darrier EvangiloL'enfant s'es releva,Oou darrier EvangiloGrand Diou, hlas IL'enfant s'es releva (1).

    La Franche-Comt' fut un lieu d'lection pour ces sortes demiracles. Au canton de Hlelterans, la Vierge est invoque sous

    Je nom de Notre-Dame de Dlivrance. Nombre d'enfants mort-s y ont recouvr la vie (2). Autour de l'ancienne chapelle deNotre-Dame de Bletterans, l'existence d'un cimetire pour lespetits enfants attestait l'affluence des solliciteurs (-\). Notre-Dame I.n Blanche, Favcrney (Doubs), ne fut pas moins accueil-lante : En moins de vingt-cinq ans, au xvi* sicle, un registre-authentique et dtaill, conserv aux archives de la Haute-Sane,mentionne 489 enfants mort-ns

    qui, apportes aux

    pieds de la

    miraculeuse image, donnrent des signes de vie et reurent lebaptme. Le registre donne les noms et domiciles des |>nrcnls,venus, quelques-uns, de distances consid