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La Dispute
Théâtre duVieux-Colombier
Disponible en librairie
Anthologie de L’avant-scène théâtreLe théâtre français duXIXe siècletome I
Le théâtre français du XIXe siècle est le tome I de la collection Anthologie de L’avant-scène théâtre.À paraître, en 2009 et 2010 : Moyen Âge / Renaissance, XVIIe, XVIIIe et XXe siècles.
Diffusion : L’avant-scène théâtre / Scérén-Cndp – ISBN : 978-2-7498-1069-0Format : 16 x 22 cm, 568 pages – Prix : 30 €
www.avant-scene-theatre.com
L’essentiel du théâtre du XIXe siècle en un volumeLes auteurs, les courants, les œuvresprésentés et commentés par des spécialisteset de grands metteurs en scène d’aujourd’hui
Une collection de référence sur le théâtre, son histoire, ses textes et ses représentations
En couverture : Anne Kessler.Ci-dessus, en haut : Véronique Vella et Bakary Sangaré ; en bas : Eebra Tooré et Anne Kessler.En quatrième de couverture, en haut : Véronique Vella, Stéphane Varupenne, Anne Kessler et Benjamin Jungers ; en bas : Thierry Hancisse et Marie-Sophie Ferdane. © Brigitte Enguérand
La DisputeComédie en un acte de Marivaux
Nouvelle mise en scène
du 28 janvier au 15 mars 2009durée : 1 h 15 environ
Mise en scène de Muriel Mayette
Assistante à la mise en scène JosephaMicard – Scénographie et lumières Yves Bernard – Créationcostumes,maquillages et perruquesVirginieMerlin –Musique originale Arthur Besson –Réalisationdes costumes RozennHonoré –Assistante pour la réalisation des costumes Virginie Joudinière –Maquette et planMichel Rose – Peinture Gaëlle Bernard – Construction du décor par les ateliersUn point trois.
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La Comédie-Française remercie le champagne Montaudon et Baron Philippe de Rothschild SA.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National ( JTN).
Remerciements à Renato Bianchi, à la régie des costumes,aux ateliers costumes et aux coiffeurs, aux modistes et aux lingères de la Comédie-Française.
En partenariat avec agnès b.En partenariat avec À nous Paris et Les Inrockuptibles.
avecVéronique VellaThierry HancisseAnne KesslerBakary SangaréMarie-Sophie FerdaneBenjamin JungersStéphane VarupenneetMaxime Kerzanet (JTN)Mathilde Leclère (JTN)Eebra Tooré
Adinele PrinceÉgléCariseHermianeAzorMesrin
MeslisDinaMesrou
Céline Samie Clotilde de Bayser Jérôme Pouly
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La troupe de laComédie-Françaiseau 1er janvier 2009
SociétairesCatherine HiegelDoyen de la troupe
Gérard Giroudon Claude Mathieu Martine Chevallier
Véronique Vella Catherine Sauval Michel Favory Thierry Hancisse Anne Kessler Isabelle Gardien
Andrzej Seweryn Cécile Brune Michel Robin Sylvia Bergé Éric Ruf
Éric Génovèse Bruno Raffaelli Christian Blanc Alain Lenglet Florence Viala Coraly Zahonero
Denis Podalydès Alexandre Pavloff Françoise Gillard
DominiqueConstanza
Jean-BaptisteMalartre
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Laurent Stocker Pierre Vial Guillaume Gallienne Laurent Natrella Michel Vuillermoz Elsa Lepoivre
Pensionnaires
Administrateurgénéral
Nicolas Lormeau Roger MollienChristian Gonon Christian CloarecJulie Sicard
Madeleine Marion Bakary Sangaré Loïc Corbery Léonie Simaga
Grégory Gadebois Serge Bagdassarian Hervé Pierre Benjamin Jungers
Stéphane Varupenne
Muriel MayetteLes comédiens de la troupe présents dans le spectacle sont indiqués en rouge.
ShahrokhMoshkin Ghalam
ClémentHervieu-Léger
PierreLouis-Calixte
Marie-SophieFerdane
AdrienGamba-Gontard
Gilles David Judith Chemla
Sociétaires honoraires
Gisèle Casadesus, André Falcon, Micheline Boudet, Paul-Émile Deiber, Jean Piat, RobertHirsch, Jean-Paul Roussillon, Michel Duchaussoy, Denise Gence, Ludmila Mikaël, ClaudeWinter, Michel Aumont, Geneviève Casile, Jacques Sereys, Yves Gasc, François Beaulieu,Roland Bertin, Claire Vernet, Nicolas Silberg, Simon Eine, Alain Pralon, Catherine Salviat,Catherine Ferran, Catherine Samie.
©Cosim
oMircoMagliocca
La troupe
Christian Hecq
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FantasioAlfred de Musset – Denis Podalydèsdu 18 septembre 2008 au 15 mars 2009
Le Mariage de FigaroBeaumarchais – Christophe Rauckdu 26 septembre 2008 au 25 janvier 2009
Figaro divorceÖdön von Horváth – Jacques Lassalledu 3 octobre au 14 décembre 2008
La Mégère apprivoiséeWilliam Shakespeare – Oskaras Korsunovasde 13 octobre au 31 décembre 2008
L’Illusion comiquePierre Corneille – Galin Stoevdu 6 décembre 2008 au 24 juin 2009
Cyrano de BergeracEdmond Rostand – Denis Podalydèsdu 18 décembre 2008 au 22 mars 2009
Hommage à Molièredu 15 au 18 janvier 2009
L’OrdinaireMichel VinaverMichel Vinaver et Gilone Brundu 7 février au 19 mai 2009
La Grande MagieEduardo De Filippo – Dan Jemmettdu 28 mars au 19 juillet 2009
Vie du grand dom Quichotteet du gros Sancho PançaAntónio José da Silva – Émilie Valantindu 8 avril au 26 juin 2009
Ubu roiAlfred Jarry – Jean-Pierre Vincentdu 23 mai au 21 juillet 2009
Il campielloCarlo Goldoni – Jacques Lassalledu 12 juin au 22 juillet 2009
Le Malade imaginaireMolière – Claude Stratzdu 19 juin au 23 juillet 2009
Les spectacles de laComédie-FrançaiseSaison 2008 / 2009www.comedie-francaise.fr
Salle Richelieu
FannyMarcel Pagnol – Irène Bonnauddu 24 septembre au 31 octobre 2008
Le Voyage de monsieur PerrichonEugène Labiche et Édouard MartinJulie Brochendu 19 novembre 2008 au 11 janvier 2009
La DisputeMarivaux – Muriel Mayettedu 28 janvier au 17 mars 2009
PurLars Norén – Lars Noréndu 15 avril au 17 mai 2009
Les Précieuses ridiculesMolière – Dan Jemmettdu 27 mai au 28 juin 2009
Théâtre du Vieux-Colombier Studio-Théâtre
Studio-ThéâtreGalerie du Carrousel du Louvre99, rue de Rivoli – 75001 Paris01 44 58 98 58
Les MétamorphosesLa petite dans la forêt profondePhilippe Minyana d’après OvideMarcial Di Fonzo Bodu 19 septembre au 26 octobre 2008
Le Mariage forcéMolière – Pierre Pradinasdu 20 novembre 2008 au 8 janvier 2009
Les ChaisesEugène Ionesco – Jean Dautremaydu 29 janvier au 8 mars 2009
BéréniceJean Racine – Faustin Linyekuladu 26 mars au 7 mai 2009
VivantAnnie Zadek – Pierre Meunierdu 28 mai au 28 juin 2009
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Les propositions
Lectures d’acteurs20 octobre 2008, 16 janvier, 11 févrieret 26 mai 2009
Soirée de lecture La Famille10 octobre 2008
Soirée Hommage aux publics15 juin 2009
Les propositions
Cartes blanchesles 4 octobre, 13 décembre 2008, 7 févrieret 4 avril 2009
Portraits d’acteursles 18 octobre, 6 décembre 2008, 7 marset 13 juin 2009
Questions brûlantesles 29 novembre 2008, 10 janvier,28 mars et 30 mai 2009
Intermèdes littéraires Copeau-Jouvetles 12, 13, 14 mars et les 14, 15, 16 mai 2009
Bureau des lecteursles 2 et 3 juillet 2009
Les propositions
Bureau des lecteursles 26, 27, 28, 29, 30 novembre 2008
Festival théâtrothèqueles 9, 10, 11 janvier 2009
Salle RichelieuPlace Colette75001 Paris0 825 10 16 80 (0,15 centime d’euro la minute)
Théâtre du Vieux-Colombier21, rue du Vieux-Colombier75006 Paris01 44 39 87 00 / 01
La saison
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Del'homme ou de la femme, lequeltrahit l'autre le premier ? Le Prince
et son amante Hermiane s'affrontenten une dispute qui a pour sujet l'incons-tancedes uns et des autres.Desdeux sexes,quel est celui qui a donné « l'exemple del'infidélité en amour » ? Afin d'apporterune réponse définitive à la question, lePrince propose de mettre en œuvre lestermes d'une expérience que son proprepère a posés vingt ans auparavant.Des garçons et des filles ont été ainsiélevés,éloignés de tout,étrangers les unsaux autres, en la seule compagnie de
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La Dispute
Le spectacle
deux domestiques noirs, Carise etMesrou.Pas même un miroir ne leur a été
accordé pour prendre conscience de leurapparence.Le Prince juge l'heure venuede les faire se rencontrer.AvecHermiane,il les observe. Soumis à l'expériencecruelle de leurs protecteurs,les adolescentsse découvrent, éprouvent les affres del'amour,de la jalousie,de la déception etde l'envie. Tous, dans le même temps,hommes et femmes, se renient et setrahissent. L'expérience s'achève. Laquestion demeure sans réponse.
Marie-Sophie Ferdane et Thierry Hancisse. © Brigitte Enguérand
LaComédie-Française ne fut jamaispropice à la réussite de Marivaux
de son vivant. Créée en 1744, cettecourte pièce fut mal accueillie. Déjàquinquagénaire,Marivaux a sa carrièreet ses succès derrière lui.Les vingt annéesqui lui restent à vivre le plongeront dansla ruine et l’oubli. La Dispute, l’une deses dernières pièces,s’écarte radicalementde ce que fut son art, léger, discoureurmais ancré dans une observation fine duréel.Habile à brosser les vérités toujoursmasquées des errements du cœur et de
Marivauxl’esprit,Marivaux livre ici une pièce philo-sophique et sombre.Lepublic et la critiquene comprendront guère à sa création lepropos inattendud’une expérience invrai-semblable et monstrueuse, à laquelledeux aristocrates joueurs se livrent en touteirresponsabilité. C’est au XXe siècle quecette œuvre sans égale,descente éléganteaux enfers de la culpabilité des sexes,sera découverte.Théorème violent, sansconcession, La Dispute est un joyauparmi les plus complexes et troublants duXVIIIe siècle français.
Nomméeenaoût2006administrateurgénéral de la Comédie-Française,
Muriel Mayette a signé les mises enscène du Conte d’hiver de Shakespeare,des Dramuscules de Thomas Bernhardou duRetour au désertde Bernard-MarieKoltès.Loin des écrins bucoliques,où lesadolescents deLa Dispute s’ébattent selon
Muriel Mayettela tradition dans des élans naïfs,MurielMayette travaille à mettre en lumière leprojet funeste du Prince et d’Hermiane :le cynisme d’individus supérieurs quiexultent et échouent au fil d’une tragiqueexpérience humaine.
Pierre Nottesecrétaire général de la Comédie-Française
« Il n'y a pas d'espace suffisamment étroit, suffisamment clos, pour enfermer toute une viedeux êtres à l'intérieur d'eux-mêmes. »
Henri Laborit,Éloge de la fuite
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La Dispute, une double expérienceOutre la virtuosité de l’écriture au scalpel,La Dispute est une œuvre destinée auxregards. Par le regard du Prince etd’Hermiane,nous assistons, comme pareffraction à une expérience.La Disputeest une succession d’expérimentationsqui cherchent la définition exacte del’amour et de la vérité de l’amour.L’expérience résulte de disputes intel-lectuelles, pendant lesquelles deuxpersonnages se demandent qui de lafemme ou de l’homme prend le premierle pouvoir sur l’autre,et qui trahit l’autrele premier ? Ce débat est né d’un rapportde séduction. Il n’est pas question pour
les deux observateurs de savoir qui a tortou qui a raison, ce n’est qu’un prétextepour alimenter leur relation. J’ai vouluajouter un préliminaire à leur dispute.Ce préliminaire, extrait notamment deLaSecondeSurprisede l’amour,nous conduitvers l’élaborationdu rapport entre l’hommeet la femme qui en viennent à organiserl’expérience.Aux confins de leur curio-sité et de leur excitation, le voyeurismeprend le dessus.Nous assistons alors à laviolence du regard des deux aristocratessur Mesrin, Adine, Églé et Azor ; cequ’ils font subir à leurs jeunes cobayesest au service de leur propre désir. Ilsemble qu’aucune vie ne soit possible
La Dispute, par Muriel Mayette
Thierry Hancisse, Marie-Sophie Ferdane et Muriel Mayette. © Brigitte Enguérand
Le spectacle
hors de l’expérience.À la fin de la pièce,le Prince ordonne en parlant des cobayes,« placez-les selon mes ordres », etHermiane ajoute, « l’aimable enfant, jeme charge de sa fortune », comme s’ilsdécidaient de leur sort, sans que l’onsache ce que seront ces ordres et cettefortune. Ils pourraient aussi bien leséliminer. Il n’y a là aucune joie. Il n’y alà que de la souffrance pour les jeunesgens et de la jouissance pour ceux quiregardent.
Soi-même et l’autreMarivaux n’a pas connu le succès avec saDispute. La pièce, considérée commemineure, fut oubliée longtemps. C’estPatrice Chéreau qui l’a redécouverte.Il lui a donné la dimension de l’enfantsauvage et mettait en scène des corpsen liberté qui se découvraient les unset les autres dans des émotions d’uneforce prodigieuse. Mais on peut aussipenser que dans ce temps si court, lesjeunes gens ne peuvent rencontrer quela peur et l’effroi, comme des animauxfragiles aux cœurs qui battent tropvite, prêts à éclater. Je ne crois pas en lanaïveté de ces personnages, puisqu’onles a éduqués. On leur a appris lamusique. Ils possèdent un langagesophistiqué auquel on a volontairementsoustrait les mots qui ont trait au désiret à la sexualité. Ils vont devoir affrontersoudain et dans un temps record larencontre avec l’autre et la rencontreavec un espace plus vaste. Ils vivent deschocs les uns avec les autres, mais ilsse découvrent avant tout eux-mêmes àtravers leur propre image. Je situe là letraumatisme véritable.Cette découverte
recèle une sauvagerie inouïe, puisquel’autre finit par s’avérermoins importantque soi-même.
Une modernité inouïe et dangereuseMarivaux a tout écrit sur la subtilitédes rapports de séduction qui oscillententre les pulsions et la pudeur.Il a racontétoutes les contradictions de nos édu-cations et de nos désirs.Il va ici beaucoupplus loin.La Dispute est une pièce aussigrave, violente, et complexe que lesrapports humains. C’est une œuvrevisionnaire. À travers une fable, c’est àunemagistrale étude des comportementsque se livre Marivaux et avec unemodernité si étonnante qu’on ne peutpas ne pas évoquer les travaux d’HenriLaborit dans Éloge de la fuite. PourHermiane l’expérience a quelque chosede révoltant, « où allons-nous,Seigneur ? » dit-elle et c’est le premiermot de la pièce. Son dernier mot est« partons ». Oui il faut fuir, mais lepeut-elle sans se fracturer davantageet sans se perdre dans le chaos ? Je sou-haitais que laComédie-Française établissede grands ponts entre les répertoiresclassiques et contemporains.Lamoder-nité inouïe et dangereuse de la pièce ainspiré les modernes et nos auteursvivants. Il y a des liens avec Kubrick etSchnitzler (EyesWide Shut),avec Pasolini(Salo ou les Cent Vingt Jours de Sodome),avec William Golding et Peter Brook(Sa Majesté des mouches).Mais aussi avecResnais etLaborit (Mononcled’Amérique).Marivaux dissèque la capacité deshommes à se détruire.
Propos recueillis par Pierre Notte
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Stéphane Varupenne et Benjamin Jungers. © Brigitte Enguérand
Le22 septembre 1744,Marivaux litLa Dispute devant les Comédiens-
Français, pièce qu’ils reçurent sanshésitation « tout d’une voix pour êtrejouée sur le champ avant toute autre ».La pièce est créée le 19 octobre 1744 etcopieusement sifflée.Marivaux la retire.S’il soupçonne parfois la Comédie-Françaised’organiserdes cabales pour faireéchouer ses pièces, elle lui est pourtantnécessaire à sa réputation d’auteur. Il estavant tout l’auteur de la troupe desComédiens-Italiens auxquels il donnelamajorité de ses pièces et dont le jeu « àl’impromptu », naturel, s’ajuste plus aucaractère de son œuvre.À la Comédie-Italienne, « les acteurs vont et viennent,dialoguent et agissent comme chez eux[…] Cette action est tout autrementnaturelle, a un tout autre air de véritéque de voir, comme au Français, quatreou cinq acteurs rangés en file sur uneligne comme un bas-relief au-devant duthéâtre,débitant leur dialogue,chacun àson tour1 ». Et Marivaux de renchérirsur l’habitude des Comédiens-Françaisde « montrer de l’esprit », alors « qu’ilfaut […] que les acteurs ne paraissentjamais sentir la valeur de ce qu’ils disent,et enmême temps,que les spectateurs la
sentent et la démêlent2 ». Si le style desComédiens-Français se délie avec lenaturel d’Adrienne Lecouvreur, lesacteurs rompus à la composition et àl’alexandrin ont pu être déconcertés parla spontanéité des dialogues deMarivaux.
En déclin à la veille de la Révolution,l’œuvredeMarivaux est remise à l’honneurpendant les troubles, notamment parMlle Contat, puis merveilleusementservie au XIXe siècle par Mlle Mars. En1938, c’est à l’initiative de la Comédie-Française qu’on redécouvre La Dispute,dans unemise en scènede JeanMartinelli,avec les décors et les costumes deVertès.Deux siècles après sa création, la pièce està nouveau accueillie avec beaucoup deréserves, tout en intéressant la critiquequi y voit la fraîcheur du dépaysement« d’un Bernardin de Saint-Pierre quiserait poète sans effort, émouvant sansromance et très pur sans niaiserie3 ». Sicertains thèmes sont communs (ladécouverte de l’amour, l’éducation envase clos, l’esclavage), l’allusion à Paul etVirginie place la pièce dans le registrede la sentimentalité,et ignore la violencedu regard que portent les personnagesd’Hermiane et du Prince, voyeur etmanipulateur,sur leurs cobayes.Réduisant
les enfants à l’état de créatures, ils pré-tendent découvrirent en eux qui del’homme ou de la femme a le premierété inconstant.Au contraire des principesénoncés dansL’Émile de Rousseau, l’ex-périmentation et la manipulation n’ontpas pour but le bonheur de l’enfant maisla seule satisfaction d’un caprice d’adulte,et il semble que la véritable dispute duPrince et d’Hermiane soit plutôt la possi-bilité d’un amour entre eux, après avoirété complices d’une telle expérience.
Jamais rejouée au Français, MurielMayette propose aujourd’hui une mise
en scène de La Dispute sous le signede l’expérience monstrueuse, sadique,violente,dont l’interrogation originelle,l’inconstance, n’est qu’un prétexte à lacruauté.«Qu’on lesmette à part,et qu’onplace les autres suivant mes ordres » :Hermiane et le Prince prennent sousleur aile le couple fidèle,mais la phrasedu Prince semble avoir pour les deuxautres valeur de sentence.
Agathe Sanjuanconservateur-archiviste
de la Comédie-Française
La Dispute à la Comédie-Française :sentimentalité ou violence
Le spectacle
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MESRIN :…D’où venez-vous ?AZOR : Du monde.Scène 8
1. Propos du Président de Brosses, cités par Henri Coulet et Michel Gilot dans Théâtre complet, t. I, Gallimard, coll.La Pléiade, 1993, p. 40.2. Cité par d’Alembert, Éloge deMarivaux dans Théâtre complet deMarivaux, Classiques Garnier, 1989, t. II, p. 984.3.Article deMarcelArland cité par Sylvie Chevalley dansMarivaux, volume dactylographié conservé à la bibliothèque-musée de la Comédie-Française.
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Muriel Mayette,mise en scène –Nommée administrateur général de la Comédie-Françaisele 4 août 2006, Muriel Mayette est comédienne et metteur en scène. Ancienne élève deMichel Bouquet,de Claude Régy et de BernardDort, elle a été professeur au Conservatoirenational supérieur d’art dramatique (CNSAD) entre 1996 et 2005. Entrée à la Comédie-Française en 1985 après une formation au CNSAD, nommée 477e sociétaire en 1988, elle y ainterprété de très nombreux rôles sous la direction notamment de Jacques Lassalle,AntoineVitez, Claude Régy,Matthias Langhoff, Alain Françon, Catherine Hiegel, Claude Stratz,André Engel,Andrei Serban,Bruno Bayen,Georges Lavaudant et Alexander Lang.Elle apar ailleurs mis en scène Oh, mais où est la tête de Victor Hugo ? en 1990, auThéâtre nationalde l’Odéon,Les Amants puérils de Crommelynck en 1993,Chat en poche de Feydeau en 1998,LesDanseurs de la pluiedeKarinMainwaring en 2001,auThéâtre duVieux-Colombier,LeConted’hiver de Shakespeare en 2004, et Dramuscules de Thomas Bernhard en 2005, au Studio-Théâtre.Salle Richelieu,elle amis en scèneClitandre deCorneille en 1996,Le Retour au désertde Bernard-Marie Koltès en 2007, et l’hommage à Molière en 2008.
Yves Bernard, scénographie et lumières –Directeur technique de Patrice Chéreau de 1967à 1984,Yves Bernard a réalisé des décors de théâtre pour Bruno Boëglin,Gérard Desarthe,GaoXingjian,Alain Pralon,MurielMayette,AnneKessler et ChristianGangneron.Il a conçules lumières d’opéras mis en scène par Patrice Chéreau, Robert Wilson, Andrei Serban,Matthias Langhoff,Andreas Homoki et Raoul Ruiz. Il a également mis en lumièreÉpouseset concubines à Pékin,Coppelia et Giselle dans une chorégraphie de Patrice Bart.
Virginie Merlin, création costumes,maquillages et perruques –Après des études à l’écoledes arts décoratifs de Paris, Virginie Merlin travaille comme scénographe pour PierreAscaride. Elle réalise des scénographies pour Michel Didym, Cécile Backès et PhilippeDelaigue,et travaille depuis 1996 comme costumière au CNSAD.Depuis 2006,elle a travaillé,à la Comédie-Française, sur L’Inattendue de Fabrice Melquiot, La Mégère apprivoisée deShakespeare et Figaro divorce d’Ödön von Horváth.
Arthur Besson,musique originale –Depuis 1995,Arthur Besson a composé des musiquesde théâtre pour Denis Maillefer, Bruno Zecca, Bernard Meister, Laure Thiéry, GianniSchneider, SergeMartin,Georges Brasey et Matthias Langhoff. Il écrit aussi des musiquesde films et participe à de nombreux spectacles musicaux. Il compose et interprète sur scèneLa Haine de la musique, chorégraphie de Philippe Saire à Lausanne en 2000. Il est arrangeuret accompagnateur du chanteur Stéphane Blok de 1994 à 2001.Depuis 2003, il travaille enFrance sous la direction du metteur en scène Christophe Rauck.
L’équipe artistique
Directeur de la publication Anne Pollock Rédacteur en chef Pierre Notte Secrétaire de rédaction PascalePont-Amblard Responsable de la communication auThéâtre du Vieux-Colombier FranceThiérard Photographiesde répétition Brigitte Enguérand Conception graphique Herbe Tendre Media © Comédie-FrançaiseRéalisation du programme L’avant-scène théâtre Impression Imprimerie des Deux-Ponts - Eybens, janvier 2009
Licence n° 1-1001069 / Licence n° 2-1001070 / Licence n° 3-1001071