mise en page 1 - institut géographique national€¦ · canoë-kayak en france, disponible depuis...

IGN FRANCE INTERNATIONALTOUT UN MONDE À REDÉCOUVRIRPrésentation des missions et réalisations de la filiale de l’IGN dont la planète est le terrain de jeu sur un marché en expansion.

:: solutions VOS QUESTIONS ET NOS RÉPONSES :: infos géo KARNAK : L’ENSG AU TEMPLE DU SOLEIL:: zoom sur… LES DIX ANS DU RGP ET SON AVENIR :: rencontre MICHEL LE BRIS, ÉTONNANT ÉCRIVAIN VOYAGEUR

IGNMAGAZINEl e m o n d e d e l ’ i n s t i t u t g é o g r a p h i q u e n a t i o n a l / N O 4 9 / S E P T E M B R E - O C T O B R E 0 8 / w w w . i g n . f r

:: édito

Bimestriel de l’Institut géographique national, Direction générale : 9, avenue

de Paris, 94300 Vincennes. Siège social : 73, avenue de Paris,

94165 Saint-Mandé Cedex.Tél. : 01 43 98 80 00.

ISSN : 1624-9305. CPPAP : 0211 B 07727.Directeur de la publication : Patrice Parisé.

Rédacteur en chef : Denis Cottin.

Rédacteur en chef adjoint : Jean-Marc Bornarel.

Comité de rédaction : E. Aracheloff, M. Bacchus, B. Bèzes

S. Carvalheiro, C. Cecconi, J.-E. David, P. Guhur,

J.-F. Hangouët, M. Jeannot, M. Laniesse, P. Laulier, G. Martinoty,

C. Molina, C. Sabah, A. Sandrin, J.-M. Viglino.

Ont participé à ce numéro : J. Charmoille,

T. Clévédé, P. Guhur, G. Hochet, G. Lavigne, R. Loyant.

Conception éditoriale et graphique :146, rue du Faubourg-Poissonnière, 75010 Paris.

Tél. : 01 53 21 21 00.

Couverture : IGN FI/Christian Durocher Tahiti Presse

SEPTEMBRE 2008*LE 30RÉUNION IGN-MEEDDAT-MAPLa Défense (Hauts-de-Seine)

Carrefours de l’informationgéographique ouverts sur invitation aux ministères et services associés pour découvrir la richesse des produits et services de l’IGN.

OCTOBRE 2008

*Du 2 au 5 FESTIVAL INTERNATIONALDE GÉOGRAPHIESaint-Dié-des-Vosges (Vosges)

Le thème cette année est « Entre guerres et conflits, la planète sous tension ». Le pays invité est le Japon.

*Le 14 JOURNÉE RÉSEAU GPSPERMANENTIGN, Saint-Mandé (Val-de-Marne)

Un réseau qui fédère autour de lui des partenaires de plus en plus nombreux, et quiveulent marquer le dixièmeanniversaire de son lancement.

*Les 16 et 17CARREFOUR DES COMMUNESSaintes (Charente-Maritime)

Organisé par l’association des maires de Charente-Maritimeau Parc des Expositions de la ville.:: actualités

03 Nouveautés, livres, bons plans, informations…

:: grand angle06La société d’ingénierie IGN France International

a aujourd’hui plus de vingt ans. Sur un marché en pleineexpansion, elle occupe une place stratégique.

:: solutions15 Posez vos questions par téléphone ou par courriel :

l’IGN vous répond.

:: infos géo16 Reconstituer en images la salle hypostyle de 134 colonnes

du temple de Karnak, en Égypte : un défi pharaonique relevépar des élèves de l’ENSG.

:: zoom sur…18 Le Réseau GPS permanent fête ses dix ans cette année.

Retour sur un système au maillage de plus en plus resserré.

:: rencontre22 Michel Le Bris, écrivain voyageur.

:: sommaire n o 4 9 / s e p t e m b r e . o c t o b r e 0 8 / w w w . i g n . f r

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POUR TÉLÉCHARGERGRATUITEMENT

rendez-vous sur

www.ign.fr

IGNMAGAZINE,

Au travers d’un panorama des activités de la filiale IGN FranceInternational de l’IGN et d’une présentation des étonnantstravaux de restitution du développé des colonnes du templed’Amon-Rê à Karnak, auxquels a participé une équipe d’élèves de l’École nationale de sciences géographiques, ce 49e IGN Magazine nous invite au voyage. Il illustre aussi unenouvelle fois la place sans cesse grandissante de l’informationgéographique dans le fonctionnement des sociétés de tous les continents et la diversité de ses usages et applications,dans leur grande majorité d’un intérêt public affirmé. Pour quetoutes ces applications puissent être exploitées rationnellement,en donnant la pleine mesure de leur puissance et de leurefficacité, elles doivent pouvoir s’appuyer sur une infrastructured’information géographique sans cesse actualisée et utilisantles dernières avancées technologiques. Aux côtés, notamment,des bases de données nationales et d’outils tels que le Géoportail,le réseau GPS permanent est l’un des éléments de cetteinfrastructure. L’article que ce numéro consacre au dixièmeanniversaire de ce réseau témoigne de l’importance de l’initiative publique et du rôle de l’IGN dans ce domaine, auservice de l’ensemble de la communauté des professionnels etdes utilisateurs d’information géographique, publics et privés.

invitation au voyage

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patrice parisé, directeur général de l’IGN

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Active Circle stocke pour l’IGN

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:: actualités

/// Légers, fins et élégants, les nouveaux GPS Evadeo frappentaussi par leur beauté intérieure : trois modes de navigation(auto, vélo, piéton) sur deux types de cartes (Navteq pour la route, IGN hors route), intégralité des lieux-dits (BD NYME®

IGN) et nouveau logiciel (en partenariat avec CompeGPS). Deux séries, M et X, pour cette gamme, aux appareils tous équipésde la technologie SiRF InstantFix II, qui permet une réception GPSultrarapide à l’allumage. Les M20 et M30 sont l’idéal pour découvrirl’univers Evadeo: interface intuitive, fonctions rando simples et efficaces, écran large et design impeccable. Quant aux X50

et X60, ils sont étanches au ruissellement, avec batterie amovible de sept heures, avec toutes les nouveautés routières (radars, alertes vitesse, info trafic Premium) et deux exclusivités IGN: affichage des cartes en relief 3D (grâce à un modèle numériquede terrain intégré) et guidage vocal sur les sentiers.gps evadeo m20 (carto france) et m30 (carto europe), début octobre 2008 i 199 € et 249 €

gps evadeo x50 (carto france) et x60 (carto europe), début novembre 2008 i 349 € et 399 €

evadeo tout nouveaux, tout beaux

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Ici l’onde

Le littoral littéral

PRESSE

LIVRE

/// La nouvelle édition de la carte touristiqueCanoë-kayak en France, disponible depuis juin 2008, comblera tous les passionnés d’eau vive, les adeptes de la randonnée au fil de l’eau ou les amateurs de glisse. Réalisée en partenariat avec la Fédération française de canoë-kayak, elle propose des parcours dansla France entière, accessibles aux pagayeursexpérimentés ainsi qu’aux débutants, en familleou entre amis. Les parcours sont signalés par leur niveau de difficulté et par leurs qualitésd’un point de vue sportif et touristique.

Pour une randonnée de découvertes le long du littoral ou pour goûter aux sensations de vitesse et de contact avec l’eau du wave-ski – un compromis entre le kayak et le surf –, la carte répertorie les sites de mer, d’eau calmeet de wave-ski. Sont données des explicationssur la signalétique, l’échelle de Beaufort et l’équipement du pagayeur et du bateau, ainsi que des recommandations sur la pratique du canoë et du kayak et les règles de sécurité.carte touristique canoë-kayak en france au 1:1000000, ign i 5,10 €

ACTUALITÉS

contacts presse ign / Thomas Klimek 0143988591 / [email protected]

///« Pour stocker en toute sécurité sonpatrimoine numérique, l’Institut géographiquenational (IGN) vient de choisir Active Circle pour son logiciel qui permet de construire surdes serveurs un système extensible de stockagede données en très grand volume et qui peut se répartir sur plusieurs sites. “C’est une nouvellegénération de système de stockage et un brevetest en cours de dépôt”, indique Philippe Boyon,responsable du marketing. Active Circle compteégalement parmi ses clients l’Observatoire de Paris. “Ce sont des stockages très sécurisés.Pour l’Observatoire, comme pour l’IGN, c’est un patrimoine qu’ils ne peuvent se permettre de perdre”, dit Loïc Lambert, cofondateurd’Active Circle, avec Dominique Vinay. 2008 sera l’année de l’expansion en France et 2009 celle de l’ouverture vers l’étranger. »le télégramme de brest, 4 juin 2008.

/// Pour la première fois, un ouvrage estconsacré à l’histoire de la cartographie du littoralfrançais, du XVIe siècle au XXIe siècle. Différentescartes décrivent le pourtour de la métropole, îles et Corse incluses, et cela de part et d’autre de l’estran, cette partie du rivage que la mercouvre et découvre au gré des marées. Ce beaulivre est le fruit de recherches commencées voilàplus de vingt-cinq ans par Olivier Chapuis,historien et géographe de formation, spécialistefrançais de l’histoire de la cartographie marine etde la navigation. Depuis les cartes de la Renaissancegravées en noir et blanc en passant par celles en couleurs et jusqu’aux plus modernes prises devue satellitaires, toutes les techniques picturalesde l’histoire de l’art cartographique sont icirestituées, pour le plaisir des yeux et de l’esprit.cartes des côtes de france, olivier chapuis,éditions du chasse-marée, octobre 2007, 450 pages i 99 €

AVENTURE

À L’AIR LIBRE/// Le Championnat de France de montgolfières en val d’Allier a été organisé cette année à Vichy (Allier), du 5 au 10 août. Au-delà de l’admirable spectacle qu’elle proposait, cette compétition internationale de cinquante-cinq équipages étaitparticulièrement axée sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite aux sportsaériens. Effectivement, de nombreuses personnes handicapées ont pu prouver que,malgré leurs difficultés, rien ne les empêche d’éprouver le plaisir de se mouvoir dans un appareil plus léger que l’air. L’aspect festif n’a pas été négligé car la grande soirée de la nuit du 9 au 10 août a permis aux spectateurs d’assister à un night glow (montgolfièresallumées à la nuit tombée), suivi d’un spectaculaire feu d’artifice de clôture. L’IGN, acteur incontournable dans le domaine des loisirs de plein air, a souhaité participer à cet événement et a réalisé à cette occasion la carte de ce Championnat de France. ©

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/// Une invitation au voyage, jusqu’au 30 novembre 2008, où les notionsd’espace et de temps sont intimement liées. « Aux sources de la Terre » permet au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), sous l’égide du Muséumnational d’histoire naturelle, d’effectuer un formidable périple depuis l’origine du monde, il y a 4,5 milliards d’années, jusqu’à l’apparition d’Homo sapiens, il y atout juste 3 millions d’années. L’allée du Temps, de la Seine jusqu’à la grande galerie de l’Évolution en remontant le jardin des Plantes, retrace les ères successives qui ont jalonné l’histoire de la planète. Au terme de cette promenade chronologique, on peut contempler sur la façade de la grande galerie la carte géologique de la Franceau 1 : 1000000, ainsi que l’assemblage au sol des 1060 cartes géologiques de la France au 1 :50000 réalisées à partir du fonds cartographique de l’IGN.

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/// Depuis le 12 septembre 2008 et jusqu’au 19 juin 2009,l’IGN et le Service hydrographique et océanographiquede la marine (Shom) s’associent à France 3 et à l’émissionThalassa, diffusée tous les vendredis à 20h50. Cette co-production mènera les téléspectateurs sur les sentiersdu littoral et pas moins de 32 séquences cartographiques en 3D accompagneront les films et interviews de l’équipede Georges Pernoud. Cela permettra de découvrir les côtesfrançaises de Calvi à Dunkerque, en passant par les Antilleset la Polynésie, de façon originale. Le littoral prendra unedimension exceptionnelle grâce à des survols spectaculaires.Les films et les séquences cartographiques en 3D, d’unréalisme étonnant, permettront de saisir la diversité et lacomplexité de notre espace littoral, riche et fragile à la fois.

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Pour prendre son tempsEXPOSITION

IGN, Shom et F3 côtes à côtesPARTENARIAT

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/// Du 27 juillet au 9 août, l’IGN a été le partenaire du premier raid Canéo Nature. Au programme, une compétition inédite, rassemblant cent soixante sportifsde tous niveaux, qui ont rallié le Vieux Port de Marseille (Bouches-du-Rhône) depuis la place d’Armes de Versailles(Yvelines). Ce raid, par équipes de quatre personnescomprenant une femme au minimum, a combiné plusieurstypes de déplacement non motorisé, sur terre et sur l’eau,et a permis de traverser différentes régions françaisesdepuis l’Ile-de-France jusqu’à la Provence, en passant par la Bourgogne, la vallée du Rhône, l’Ardèche et la Lozère.En tout, onze départements aux richesses naturelles et culturelles exceptionnelles ont accueilli ce nouveaurendez-vous des passionnés de randonnées pleine nature.Le parcours s’est déroulé comme une course d’orientationgrâce à l’emploi de GPS Evadeo Primo et de cartes TOP100et TOP25 offerts par l’IGN. Les émotions ont été fortes pour les quarante équipes participantes, et gageons que,l’année prochaine, les randonneurs seront encore plusnombreux à s’adonner à leur sport favori.

SPORT

L’IGN se jette à l’eau


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IGN FRANCEINTERNATIONAL

L’importance prise

par l’information

géographique numérique est devenue planétaire. De nombreux pays sollicitent les meilleurs

experts mondiaux pour s’équiper et être en mesure d’en maîtriser les technologies.

IGN France international occupe une place stratégique sur ce marché en croissance constante.

Les experts de l’export

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a société d’ingénierie géographiqueIGN France International (IGN FI)est la filiale de l’Institut géogra-phique national à l’export. Elle a

été créée en 1986 afin que l’IGN puisse déployerson savoir-faire à l’échelle mondiale avec la plusgrande efficacité. Il existait déjà un départe-ment au sein de l’Institut lui-même qui déve-loppait une telle activité, mais la montée enpuissance des marchés internationaux et lescontraintes qui leur sont propres ont conduit àenvisager cette nouvelle structure, offrantdavantage de souplesse et de marge demanœuvre vis-à-vis d’une concurrence de plusen plus active. Le capital d’IGN FI a été profon-dément restructuré en 2006 avec l’entrée dedeux nouveaux actionnaires de dimension inter-nationale, EADS Astrium et ESRI LLC, appor-tant leur savoir-faire et leurs compétences à lasociété et élargissant son horizon.

LES MEILLEURS EXPERTS Aujourd’hui, IGN FI est présent dans une cin-quantaine de pays, traite une centaine de pro-jets chaque année et a acquis une grande noto-riété. Son savoir-faire s’appuie sur les compétencesde l’IGN lui-même, qui a toujours bénéficié d’uneexcellente réputation, mais aussi sur un ensembled’experts provenant des horizons les plus divers.Sa haute technicité, celle de ses partenaires,ainsi que le prestige des actionnaires qui se sontengagés à ses côtés forment un ensemble com-plémentaire qui suscite l’intérêt des grandsbailleurs de fonds telles l’Union européenne ou

la Banque mondiale, ainsi que d’institutions oud’organismes publics étrangers.Les choses évoluent très vite dans cet universoù de nouvelles avancées technologiques voientle jour en permanence, suscitant des demandesde plus en plus diverses et réclamant desréponses thématiques de plus en plus précises.Nathalie Marthe-Bismuth, directrice généraled’IGN FI, résume la politique qu’elle a mise enœuvre pour satisfaire les nouvelles attentes dumarché : « L’époque de la création de la filialecorrespond à celle des premières réflexions

sur les problématiques de marketing, mais cen’en était que les prémices. Aujourd’hui, au vude l’évolution de la concurrence, j’ai estimé qu’ilétait indispensable d’internaliser cette fonction.J’ai voulu également une direction techniqueforte, à même de pouvoir satisfaire les nouveauxbesoins, et une direction commerciale recentréesur l’analyse des marchés et la prospection. Deuxchoses sont évidentes. Premièrement, la concur-rence est intense et le sera de plus en plus, d’oùla nécessité de développer une activité commer-ciale à la hauteur d’une logique de conquête de

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> Le projet Alma (Arable Land Monitoring and Assessment), approche statistique des changementsd’occupation des sols réalisée en Égypte en 2006 et 2007.

/// Nathalie Marthe-Bismuth,directrice générale d’IGN FI,exerce la présidence du clubExportic, qui vient d’être créépour promouvoir – à l’export –les PME spécialistes desnouvelles technologies. « Cetteassociation a pour rôle de lesaider à répondre aux appelsd’offres en se regroupant, car une petite PME manque

souvent de la notoriété vouluepour s’imposer auprès d’ungrand compte sur un marché de plus en plus large », dit-elle.Le club Exportic regroupe les entreprises et les expertsfrançais pour contribuer à développer l’économie de la connaissance dans le monde. Dès le premier moisde sa création par l’Adetef,

l’agence de coopérationtechnique internationale des ministères chargés de l’économie et du budget, il réunissait déjà soixanteentreprises et expertscompétents dans les domainesdes télécommunications, del’informatique, de l’Internet, del’audiovisuel, du management de la connaissance…

exportic, les pme à l’exportune notoriété internationale accrue grâce au club exportic

• depuis la fin des années 1980, IGN FranceInternational a tissé des liens étroits avec l’EgyptianSurvey Department (l’équivalent égyptien de l’IGN)et le ministère égyptien de l’Agriculture. Huitimportants projets dans des domaines très variésont ainsi été menés : SIG agricole, cartographiesatellitaire, monitoring de l’extension urbaine,cartographie du désert aux abords de Toshka,

> En Égypte, vingt ans de coopération

DÉCRYPTAGE

détection d’eau souterraine dans le désert, étudediachronique de l’évolution des terres arables survingt ans, évaluation par télédétection de l’efficacitéde la lutte biologique contre les jacinthes d’eau et, en2008, inventaire agricole et estimation des rendementsdans la vallée et le delta du Nil. Ces travaux ont servi àdonner à l’Égypte des outils pour mener des réflexionsdans le domaine agricole et environnemental.

> Nathalie Marthe-Bismuth.


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du service du cadastre français… Il s’agit de sta-tisticiens, d’agronomes, d’urbanistes… « Je poursuis un autre objectif, ajoute Natha-lie Marthe-Bismuth, la refonte complète duprocessus qualité dans nos deux ateliers deproduction, notre filiale roumaine Eurotopoainsi que Makifi Data, la nouvelle structurecomprenant une quarantaine de personnesque nous venons de créer à Madagascar. Cetteexigence de suivi de la qualité s’applique éga-lement à nos sous-traitants. Notre directricetechnique est chargée de ce projet, ainsi quede la mise en œuvre de nouvelles lignes deproduction. Ainsi, pour la description volu-mique des bâtiments et des façades, étapeimportante à la création des produits urbains3D, qui sont de plus en plus demandés, nousavons commencé à utiliser, à travers un accordavec l’IGN, la chaîne de production de BATI3D® à Eurotopo. Nous étudions aussi lesmeilleures façons de collaborer avec l’IGN etd’autres partenaires autour du concept récentde Géoportail et de préparer des offres à l’ex-port dans un avenir proche. »

LES SOURCES DE FINANCEMENTLes projets sur lesquels intervient IGN FI repo-sent souvent sur des financements interna-tionaux ou bilatéraux, mais certains pays sontparfaitement en mesure de s’autofinancer.

nouveaux chantiers et de nouveaux marchés.Deuxièmement, le marché international est enexpansion et va le demeurer, avec des besoinsde plus en plus exigeants, d’où la nécessité derester à la pointe de la technologie. » Il existe donc, au sein d’IGN FI, une double direc-tion : l’une technique, composée d’experts (enmatière d’information environnementale ou d’ad-ministration foncière, par exemple), l’autre com-merciale, comptant une dizaine d’ingénieurs d’af-faires. La plupart d’entre eux sont issus de l’IGN.IGN FI s’appuie, sur le plan technique, sur lesexpertises acquises par l’Institut : IGN Espacepour les technologies spatiales, le service de géo-désie et nivellement (SGN) pour les travaux géodésiques et métrologiques, IGN Conseil pourl’assistance à maîtrise d’ouvrage et la maîtrised’œuvre dans les domaines des systèmes d’in-formation géographique (SIG) et des bases dedonnées, l’École nationale des sciences géogra-phique (ENSG) pour la formation, et le servicedes activités aériennes (SAA) pour la couverturephotographique des territoires.

LE SUIVI DE LA QUALITÉDe plus, la société s’appuie sur un réseau d’expertsqu’IGN FI mobilise en fonction des projets. Venusd’autres horizons et reconnus pour leurs compé-tences, ils sont issus de sociétés privées, du minis-tère de l’Agriculture, de la chambre des notaires,

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> Nivellement direct au bord du Nil au Soudan, dans le cadre du contrat de services signé avec le DamsImplementation Unit (DIU), agence chargée d’un programme de construction de plusieurs barrages sur le fleuve.

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> Exposition publique au Nicaragua.

> Levé GPS au Nicaragua.

> Extrait de la base de données des délimitationsmaritimes en Europe.

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• statut: IGN FI est une société anonyme (SA) au capital de 2 millions d’euros. François Brun, directeur général adjoint del’IGN, en préside le conseil d’administration,qui se réunit tous les trimestres et s’appuiesur un comité financier.

• actionnaires : IGN à 54,50 %, EADS-Astriumà 27,50 %, ESRI à 10 % et Centro nacional deinformación geográfica (IGN espagnol) à 8 %.

• centres de production : Eurotopo en Roumanie, Makifi Data à Madagascar.

> Statut et actionnaires(au 17 mai 2006)

DÉCRYPTAGE


C’est le cas au Moyen-Orient, en Libye ouen Algérie. Dans d’autres pays, l’un des rôlesessentiels de l’ingénieur commercial consisteà solliciter l’appui de bailleurs de fonds quirendent le projet viable. Ce fut le cas au Séné-gal, où IGN FI vient de terminer brillammentun important chantier de réfection cartogra-phique sur financement de l’Union européenne.Ce contrat est très représentatif de ce que lasociété est le plus souvent appelée à réaliser. « Nous contribuons à refondre une cartogra-phie nationale devenue caduque ou nous lacréons si elle n’existe pas, poursuit NathalieMarthe-Bismuth. Mais l’essentiel de notreapport repose davantage sur des transfertsde technologie que sur de la production à100 %. Nous fournissons également des basesde données de très grande précision, parexemple au Soudan sur des problématiquesde construction de barrage et d’irrigation.Le plus souvent, nous réalisons la productionde premier niveau et prenons en charge la for-mation nécessaire pour que puissent être réa-lisés, sur place, des développements ultérieurset une mise à jour permanente. »

L’IMPORTANCE DU MARCHÉ FONCIERUn autre type d’enjeu relève du cadastre etdu topo foncier. Cette activité, en forte pro-gression, est très soutenue par les bailleursde fonds. Les opportunités y sont de plus enplus nombreuses, mais la concurrence y estbeaucoup plus rude, en particulier de la partde nombreuses sociétés privées d’Europe del’Est ou du Nord. Ces projets représententsouvent des enjeux politiques et économiquesdéterminants pour les pays, ce qui peut par-fois en ralentir l’exécution.« Nous avons ainsi engagé un projet de réa-lisation cadastrale au Panamá, et nous effec-tuons un travail d’évaluation foncière en Nami-bie, explique Christophe Dekeyne, directeurcommercial. Surtout, nous devons, vers la finde l’année, achever un important chantiercadastral au Nicaragua. Ce projet nicaraguayense décline en plusieurs volets : des travauxtopographiques, dont la constitution de lacarte au 1 :5000 là où elle n’existe pas (4600

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EN CHIFFRES

> IGN France International• 1986 : date de création.

• 100 : le nombre de projets annuels aboutis dans plus de cinquante pays.

• 36 : le nombre de personnes employées, dont 34 au siège parisien et 2 à Toulouse.

• 15 millions d’euros environ de chiffred’affaires annuel.

> Orthophotographie des méandres de la rivière Sûre au Luxembourg, réalisée en 2007.

au luxembourg, sur tous les terrainsle grand-duché met à jour ses bases de données avec le concours d’ign fi

* La collaboration entre l’Administration du cadastre et de la topographie (ACT) du Grand-Duchéde Luxembourg et l’IGN remonte à 1954. Dès 1986, IGN France International a pris le relais et a consolidé ces accords au fil des décennies.* Entre 1994 et 1997, IGN FI a ainsi constitué le premier référentiel numérique de l’ensemble du territoire : une base de données vectorielle fondée sur la BD TOPO® France et issue de la restitution photogrammétrique de prises de vues aériennes au 1 : 20 000. Pour répondre aux attentes de l’ACT, une chaîne de cartographie spécifique forte de plus de vingt techniciens et ingénieurs de l’IGN a été mise en place par IGN FI. Depuis, ce produit est régulièrement mis à jour à différentes échelles, et les prises de vues sont actualisées selon une fréquence de quatre à cinq ans.* Aujourd’hui, la base de données du Grand-Duché de Luxembourg (BD-L-TC®) est mise à jour de manière différentielle. Hervé Pichon, directeur régional et chef de projet, en détaille les prolongements : « L’orthophoto produite cette année, issue d’une prise de vues aériennes de 2007, s’inscrit dans ce cadre de renouvellement de base de données. La mise à jour de la BD-L-TC®

devrait commencer dans les deux ans à venir. Avec une résolution de 50 cm/pixel sol*, cette orthophotographie est équivalente à la BD ORTHO®, même si les spécifications de l’ACTsont plus drastiques. Sa caractéristique essentielle réside dans un balisage au sol comportant une densité de points d’appui absolument extraordinaire, un historique important et une trèsgrande précision, permettant une mise en géométrie quasi-parfaite. Selon les experts de l’IGN, si nous voulions obtenir la même densité de points sur la France, nous devrions y consacrer trente ans ! La BD-L-TC® est utilisée au quotidien par le personnel de l’ACT. Nous en dérivons des cartes avec surcharges touristiques au 1 : 20 000, deux cartes Nord et Sud au 1 : 50 000, et la carte du Grand-Duché de Luxembourg au 1 : 100 000. La cartographie en relief sera disponibledès octobre 2008, ainsi que le tout premier prototype d’orthophoto en relief du Grand-Duché. »* À l’horizon 2010, l’acquisition avec la nouvelle caméra IGN V2 fournira une meilleure résolution à 20 cm.

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> Orthoimage Ikonos de l’île de Rapa, la plus australe des îles habitées de la Polynésie française.

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kilomètres carrés), l’établissement sur cettezone d’un plan cadastral de cinquante mille par-celles et l’installation du SIG. Il comporte éga-lement un volet juridique prenant en compte lesconflits, et un volet formation du personnel. »

COTRAITANCES ET COMPLÉMENTARITÉS Une autre grande catégorie de projets reposesur la construction de SIG thématiques et d’as-sistance à la maîtrise d’ouvrage. Pour monterses offres, IGN FI s’appuie en premier lieu surle réseau d’experts SIG de l’IGN, son actionnairemajoritaire. Aujourd’hui, à titre d’exemple, IGN FItravaille en Roumanie à la création d’un SIGenvironnemental.En 2007, en Indonésie, la création de systèmes degestion de catastrophes (financée sur fonds fran-çais), mis en place consécutivement au tsunamide décembre 2004, a été le premier dossier montéen collaboration avec un autre actionnaire majeurd’IGN FI, EADS-Astrium. L’opération a consisté àmonter quatre centres de gestion de catastrophes.Astrium a fourni toute la technologie (systèmeinformatique, moyens de communication et SIG),et IGN FI l’alimentation en données cartographiques.En Libye et en Serbie, deux projets d’envergurenationale sont à l’étude. Ils comprennent un trans-fert de technologie et la production d’un certainnombre de référentiels cartographiques. Comme l’explique Christophe Dekeyne, descotraitances s’imposent pour gérer le plus effi-

> Contacts

DÉCRYPTAGE

cacement possible ce type de projets : « Noussommes parfois confrontés à des dossierspour lesquels la charge de travail, le volumefinancier et les risques de diverses naturessont importants. Nous cherchons sur cesgros dossiers à élaborer des montages encotraitance. Le savoir-faire technique, l’ex-périence, la solidité financière sont autantde paramètres que nous prenons en comptechez nos partenaires. Dans certains projetsimportants, tels ceux que nous espéronsobtenir en Libye et en Serbie, notre action-naire Astrium, par l’intermédiaire d’Info-terra, fournit sa maîtrise des technologiesspatiales (satellites d’acquisition, traite-ment et stockage des données, applicationsdans les domaines des risques et de l’agri-culture) et la puissance de son groupe, tan-dis qu’IGN FI apporte, grâce à l’IGN, saconnaissance des problématiques institu-tionnelles et ses compétences dans lesdomaines de la cartographie et des réfé-rentiels géographiques. » « Pour des projets tout aussi volumineuxmais nécessitant des compétences et dessavoir-faire différents, poursuit-il, nous avonsconstruit d’autres partenariats solides : GroupeFIT nous accompagne sur le chantier des bar-rages au Soudan (voir encadré page 14), où ila mis en place ses moyens d’acquisition etde production photogrammétrique ainsi

• ign fi : www.ignfi.fr, 01 42 34 56 56

• égypte : Éric Broussouloux, directeur régional,[email protected]

• foncier : Stéphane Gil, responsable du département administration foncière,[email protected]

• luxembourg : Hervé Pichon, directeurrégional, [email protected]

• sénégal : Yann Legros, directeur régional,[email protected]

• soudan : Olivier Ouisse, directeur régional,[email protected]

• sri lanka : Sylvain Gevrey, directeur régional,[email protected]

> Traversée du Nil en nivellement indirect au Soudan.

> Point géodésique au Soudan.


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que son savoir-faire dans le traitementLidar, les levés bathymétriques et les étudeshydrauliques. »Un autre actionnaire et partenaire de premierplan est ESRI, leader mondial de la constitu-tion de logiciels SIG. « ESRI est un éditeur desolutions logicielles mondialement recon-nues, précise Nathalie Marthe-Bismuth. Noussommes une société d’ingénierie, donc beau-coup plus globale, et nous incorporons leursproduits à l’intérieur des programmes quenous proposons. La très haute technicité, quileur a valu leur position prépondérante, estégalement une référence pour nous. Leursréseaux sont très développés, et nous en pro-fitons de manière préférentielle, dans tousles pays où nous allons. » Enfin, la participa-tion au capital d’IGN FI du Centro nacional deinformación geográfica (CNIG), l’équivalentespagnol de l’IGN, doit favoriser le partena-riat avec les sociétés et organismes publicsespagnols, tant en Espagne que sur les mar-chés hispanophones.

AUTOUR DU PLANISPHÈRE Brésil, Panamá, Saint-Domingue, Luxembourg,Royaume-Uni, Égypte, Libye, Sénégal, BurkinaFaso, Namibie, Arabie saoudite, Yémen, Rus-sie, Ouzbékistan, Thaïlande, Vietnam, Sri Lankaou encore Chine…, il existe peu de régions duglobe où IGN FI n’a pas eu l’occasion de démon-trer son savoir-faire ! Même si les pays franco-phones occupent encore une place impor-tante, ses terrains d’intervention se multiplient

aide à la reconstructionign fi et le post-tsunami au sri lanka

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à l’échelle du monde. Par exemple en Égypte,IGN FI réalise un inventaire agricole accom-pagné d’une étude de rendements pour le ministère de l’Agriculture. Au Nicaragua,IGN FI a remporté un projet de réalisationd’une base de données cadastrale grâce à la qualité et à l’originalité des solutions techniques proposées. Mais il faut noter que même si IGN FI, grâce àsa maison mère IGN, est mondialement connuet apprécié, tous ces projets ne se concréti-sent pas sans effort : la phase de prospectioncommerciale est un travail de longue haleine,le résultat positif à la suite d’un appel d’offresn’étant que la partie visible du travail réalisé

> Vues 3D du centre du Sri Lanka à partir d’images Spot 5 en fausses couleurs, 5 mètres de résolution.

en amont par les ingénieurs d’affaires. « Dans90 % des cas, annonce Christophe Dekeyne,nous remportons un succès sur un appel d’offresen amont parce que nous l’avons identifié delongue date. Nous nous faisons connaître mais,de fait, souvent, nous sommes déjà connus. Il ya toujours une phase de lobbying, qu’elle soitle fait des ingénieurs commerciaux de la sociétéou d’un appui extérieur. » Alors, quand IGN FI s’appuie sur l’image et lesavoir-faire de l’IGN, l’exporte et l’applique auxgrands projets fonciers, environnementaux etd’aménagement du territoire de par le monde,le retour d’expérience qui en découle enrichitnécessairement l’expertise de tous. n

* Le projet SIIRM (SpatialInformation InfrastructuresReconstruction Monitoring),mené par Groupe FIT, FITConseil et IGN FI, vise à fournirau Sri Lanka des donnéescartographiques à jour et des solutions SIG dans le domaine de l’aménagement.Ces données serviront de baseaux applications cartographiqueset SIG, orientées dans lecontexte post-tsunami d’après2004, vers la reconstruction et le développement des zones

urbaines jugées prioritaires (de Trincomalee, au nord de l’île, jusqu’à la ville de Galle, à l’extrême sud). * Les solutions apportées par le consortium françaispermettront au Sri Lanka de mettre des bases de donnéesà jour à la disposition de tous les acteurs engagésdans la reconstruction. * La prestation complète, commencée en 2007, comprendtrois volets : révision ouproduction de cartes intégrant

les données spatiales liées à la reconstruction (1:5000 et 1:10000); applications SIGdestinées à la visualisation du suivi de la reconstruction;transfert de savoir-faire. L’opération SIIRM est toujours en cours et prendra fin en 2009. Il est important denoter qu’elle a été financée surfonds français, grâce au soutiende la DGTPE (direction généraledu Trésor et de la politiqueéconomique), après approbationdes autorités sri-lankaises. > Image du satellite Envisat montrant les dépôts de

sédiments après le tsunami au nord-est du Sri Lanka.

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et de toutes les autorités concernées. Un dal-lage cartographique de huit mètres sur six aété mis en place pour illustrer le plus concrè-tement possible le travail réalisé. Les témoi-gnages ont été unanimes dans la satisfaction.Yann Legros, directeur régional et chef de pro-jet, apporte quelques précisions : « Un coopé-rant, qui travaillait auprès de la DTGC au débutdes années 2000, est à l’initiative de cetteopération. Ensemble, ils avaient esquissé unepremière approche, dans le cadre du Projetd’appui au développement local (Padel) parune mise à jour de la cartographie des villesde Dakar et de Thiès. Ces travaux prélimi-naires ont permis ensuite d’établir les proto-types de solutions techniques. Lesquels ontconvaincu Bruxelles de financer la réfectionglobale de la cartographie du pays. »C’est la première fois que l’Union européennese lance dans une telle démarche, et cet évé-nement prend une dimension d’autant plusconsidérable qu’il fait figure de précurseur.Cela signifie que l’importance de l’informa-tion géoréférencée, quel que soit le projetenvisagé, s’est imposée au plus haut niveau.L’idée de départ était de prouver que la car-tographie rationalisait l’approche de n’im-porte quelle thématique : le cadastre,

e travail récemment accompli par IGN FIau Sénégal est un cas d’école, une réus-site en passe de susciter d’autres réali-

sations équivalentes sur un continent, l’Afrique,qui en est largement demandeur, mais dont lespays ne sont pas toujours en mesure d’assurerle financement sur leurs fonds propres. Le pro-jet reposait sur une réfection de la carte au1 : 200 000 de la totalité du territoire, à partird’images spatiales (Spot et Landsat fusionnées),au bénéfice de la Direction des travaux géogra-phiques et cartographique (DTGC), équivalentsénégalais de l’IGN. En soi, ce travail de mise à jour et de transfert detechnologie est emblématique de ce qu’IGN FI estle plus souvent appelé à réaliser, mais sa particu-larité repose sur son financement : l’Union euro-péenne en est le premier bailleur de fonds, à hau-teur de 1,5 million d’euros. Et cette expérience estappelée à s’étendre, la Commission européenneayant incité les pays limitrophes à prendre cetteopération pour modèle. Le Burkina Faso et le Malisont déjà sur les rangs. La Mauritanie est en trainde lancer une étude de faisabilité.

GRANDE PREMIÈRE POUR L’UE La cérémonie de clôture a eu lieu le 30 juin, enprésence de l’ambassadeur de l’Union européenne

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LE SÉNÉGAL, PROJET PHARE

> Le foncier en hausse

DÉCRYPTAGE

• les acteurs du développement sont de plus en plus séduits par les systèmesd’informations fonciers et les applicationsd’évaluation foncière. Inspecteur du cadastre,Stéphane Gil a occupé plusieurs postes à la direction générale des impôts, avant de devenir l’expert « cadastre et évaluationfoncière », détaché du ministère des Finances,au sein d’IGN FI. Interrogé sur l’émergence de cette nouvelle thématique, il confirme : « Le rôle du cadastre est déterminant. Tous les pays sont concernés et la démarched’IGN FI est à chaque fois différente. Pour les pays d’Europe de l’Est, qui entament un processus de libéralisation et de privatisation des terres, il s’agit le plus souvent de réaliser un cadastrejusqu’alors inexistant. Mais, pour d’autrespays, en Afrique, en Asie ou en Amériquelatine, il s’agit de moderniser un systèmecadastral ancien. »

• l’approche cadastrale est une approcheglobale qui intègre une composanteéconomique, mais aussi une très fortecomposante sociale. « C’est pour cette raison,poursuit Stéphane Gil, que les agences de développement ou les bailleurs de fondsinternationaux proposent désormais – et de plus en plus – de financer d’importantsprogrammes fonciers. » Fort de nombreusesréférences en Ouzbékistan, Russie, Slovénie,Roumanie, Honduras, Nicaragua, Algérie,Cambodge, Thaïlande…, IGN FI a développé une expertise incontestable dans la thématiquecadastrale et de l’évaluation foncière.

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> Projet pilote d’évaluation foncière en Serbie.

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tgc> Recueil d’informations sur le terrain dans l’est du Sénégal.

/// Au Soudan, IGN FI réalise sa mission la plus importante. Le contrat de services a étésigné avec le Dams Implementation Unit (DIU),agence soudanaise chargée d’un programmede construction de plusieurs barrages sur le Nil ainsi que des projets de zones irriguées. /// Le projet nécessite d’abord la création d’un réseau géodésique de premier et dedeuxième ordre le long du Nil et sur certaineszones d’irrigation dans la moitié nord du pays.La mise en place de ces réseaux a nécessitél’implantation de plus de cinq cents bornesainsi que des missions de nivellement, degravimétrie et de GPS. Plus de 40000 km2 ontégalement été couverts par des prises de vueaériennes numériques (pixel de 10 à 20 cm,parfois couplé à du Lidar). À partir de cetteacquisition sont produits MNT, orthophotos et cartes, informations destinées aux bureauxd’études travaillant pour le DIU. Enfin, chaquesite de barrage étudié par le DIU a donné lieu à une campagne de bathymétrie ainsi qu’à unemodélisation hydraulique menées par GroupeFIT, partenaire d’IGN FI dans ce domaine./// Un important volet de formation permet au client d’appréhender à la fois les techniques mises en œuvre et les donnéeslivrées. La réalisation d’un centre de consultation et d’archivage de données est également prévue pour faciliter la manipulation d’un impressionnant volumede données numériques./// Le service de géodésie et nivellement(SGN) de l’IGN ainsi que la filiale roumaine de production d’IGN FI, Eurotopo, sontmobilisés sur ce gros projet. Une trentaine de géomètres et d’ingénieurs de l’IGNparticipent à ce chantier. IGN FI a égalementengagé des activités dans le sud du Soudan et apporte le savoir-faire de l’IGN sur desproblématiques nouvelles pour le DIU, commela surveillance d’ouvrages dans le cadre des chantiers de construction de barrage.

sur le nilune ouverture sur le soudan


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1 : 200 000 est adéquate pour l’est du Sénégal,des espaces de brousse très largement ruraux,elle ne convient plus pour la partie ouest dupays, extrêmement dense. L’information sur ceterrain dont disposaient les opérateurs étaittrop riche et, pour éviter les erreurs d’interpré-tation, ils ont dû simplifier le rendu. Il est évi-dent que, en l’occurrence, le 1 : 50 000 non seu-lement se justifie mais s’impose, comme lepréconise l’Association internationale de carto-graphie. Il est possible de travailler au 1 : 50 000avec les images satellitaires acquises. C’estd’ailleurs un projet qui fait ressortir les utilisa-tions possibles du capteur Spot et les perspec-tives de vente de couvertures d’images dans larégion. D’autre part, en ce qui concerne les zonesurbaines, le recours au 1 : 1 000 ou au 1 : 2 000 serévèle indispensable. Yann Legros conclut : « C’est au gouvernementsénégalais et à la DTGC de négocier les finan-cements internationaux, mais nous appuyonsleur démarche. Il s’agit, dans le cadre de cetteseconde étape, de produits plus sophistiquéssur lesquels la Commission européenne a déjàpris position. Même s’il n’est pas question, pourle moment, d’inclure BATI 3D® dans la topogra-phie urbaine, les représentations de programmesd’assainissement d’adduction d’eau ou de réno-vation des réseaux électriques pourraient êtrefinancées à hauteur de 1 million d’euros. D’autresprojets, touchant la cartographie sur Internet,le développement d’applications GPS ou desthématiques liées à l’environnement, devraientlogiquement suivre. » n

les infrastructures – telle une base dedonnées de cartographie routière communeà toute l’Afrique de l’Ouest – ou les mines…Aujourd’hui, la Commission européenne,grâce au succès remporté sur ce projet, a pumesurer à quel point une telle opération eststructurante pour un pays, mais aussi quecette mutualisation entraîne d’importanteséconomies d’échelle en supprimant les opé-rations redondantes. Il n’est plus nécessairede devoir reprendre des levés avant chaquenouvelle initiative. Yann Legros poursuit : « C’est également unoutil de communication très efficace. Quoide plus démonstratif qu’une carte géante ?La philosophie de base de ce type de colla-boration est fondée sur d’importants trans-ferts de technologie et la formation du per-sonnel local, au Sénégal et à l’ENSG, demanière à pérenniser les compétencesacquises. La cartographie ne fut pas réali-sée en France mais sur place par des agentsde la DTGC, encadrés dans un premier tempspar ceux de l’IGN. Un volet important d’achatde matériel complète cette opération : devéritables ateliers de production modernessont désormais opérationnels au Sénégal.Le projet a été mené conformément au bud-get alloué et dans les délais prévus. »

DÉVELOPPEMENTS ULTÉRIEURS À L’ÉTUDEÀ l’heure actuelle, la DTGC discute directe-ment avec l’Union européenne des éventuelsprolongements du processus. Si l’échelle du

> Cartographie satellitaire de Ouagadougou (Burkina Faso) à partir de Spot 5.

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:: solutions

EVADEO ET GÉORANDO

• Sur le site Internet de l’IGN, www.ign.fr, des professionnels apportent des réponses claires et détaillées qui, pour certaines, feront l’objet d’une publication dans IGN Magazine.

POSEZ VOS QUESTIONS

i + i www.ign.fr

• Existe-t-il une interface de programmation qui permetted’utiliser les données du Géoportaildans un site Internet?

Depuis le 28 avril 2008, l’IGN a publié une API(Application Programming Interface) Javascript qui permet d’intégrer facilement une fenêtrecartographique dans son propre site Internet. Accessibleà tous, actuellement en phase de bêta-test, ce dispositifpropose de charger les vues aériennes et les cartesscannées de l’IGN, et permet d’afficher, sur ces fonds,ses propres données géolocalisées. Cette API a étédéveloppée à partir de l’API open source OpenLayers et bénéficie ainsi de fonctionnalités avancées, commedes outils de dessin. À terme, une offre complète de couches de données et de fonctionnalités sera ainsidisponible, simplifiant l’accès aux données géographiques.Les sites Web des collectivités, offices de tourisme ou associations de randonneurs pourront bénéficier de données IGN, tout en s’affranchissant de la mise en place d’un lourd serveur cartographique.

i + i api.ign.fr/geoportail i + i www.openlayers.org

L’IGN VOUSRÉPOND API IGN

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• J’ai bien reçu les dalles pour mon Géorando, mais je n’ai paspu récupérer le second e-mail pour les stocker, cette fois-ci, sur mon Evadeo. Comment faire?

Lorsque vous commandez des dalles 1 : 25 000 via le site www.georando.fr, n’oubliez pas de sélectionner l’Evadeo pour recevoir les deux e-mails correspondant à votre commande.Un premier e-mail contient les dalles à transférer sur votre Evadeo et un second celles qui sont à transférer sur votre Géorando Liberté. Pour plus d’information, vous pouvez consulter le sitewww.georando.fr et cliquer sur « Géorando + Evadeo ». Si vous avez acheté une dalle au 1 : 25 000pour votre Evadeo depuis moins d’un an, vous pouvez acheter pour 0,50 euro la même dalle au 1 : 25 000 et la dalle de photographiesaériennes correspondante pour votre GéorandoLiberté. Si vous avez acheté une dalle au 1 : 25 000et la dalle de photographies aériennes pour votre Géorando Liberté depuis moins d’un an, vous pouvez télécharger gratuitement la mêmedalle au 1 : 25 000 pour votre Evadeo.

i + i www.georando.fr


:: infos géo

l’origine du partenariat qui a réunile Centre franco-égyptien d’étudedes temples de Karnak (CFEETK),la société ATM3D, spécialiste de

la numérisation 3D par lasergrammétrie, etl’ENSG, une idée un peu folle et ambitieuse :réaliser les images déroulées des cent trente-quatre colonnes de la grande salle hypostyledu temple d’Amon-Rê, à Karnak (Égypte). Lafinalité d’un tel relevé est de pouvoir effec-tuer de nouvelles études épigraphiques, grâceà son exhaustivité et à son exactitude. La réalisation des images déroulées nécessitel’association d’images avec un modèle 3D, cesdeux types de données étant géoréférencéesdans un même repère par des mesures topo-métriques. ATM3D a effectué la numérisation3D du temple par scanner laser en 2007 et acontacté le département d’imagerie aérienneet spatiale (DIAS) de l’ENSG pour qu’il apporteune aide technique et des moyens humains lorsde la phase d’acquisition des images. C’est ainsique huit élèves géomètres et trois enseignantsde l’ENSG se sont envolés pour une mission dequatre semaines à Louxor… Sur place, il a fallu faire preuve d’ingéniosité:la démesure des pharaons se traduit par uncasse-tête pour les géomaticiens d’aujourd’hui :douze colonnes de plus de 20 mètres de hau-teur dans l’allée centrale et cent vingt-deux

colonnes de 14 mètres pour le reste de la sallehypostyle, sachant que l’espacement entre lescolonnes est d’environ 2 mètres. Pour respec-ter une résolution image de 2millimètres, chaquecolonne requiert de trente-deux à quaranteimages prises à différentes hauteurs, soit untotal d’environ quatre mille photos… Commentréussir ce travail de titan en un mois? Échafau-dage? Bras articulé? Courte-échelle?… Lessolutions les plus originales ont été envisagées.Finalement, un mât de 8 mètres a été conçu,sur lequel quatre appareils photo (télécom-mandés d’un ordinateur portable) ont été fixés,permettant de couvrir la hauteur des colonnes.Ensuite, il a fallu tourner autour des colonnes(huit points de vue pour couvrir la circonfé-rence), jouer à cache-cache avec le soleil etdétourner le flot continu de touristes… La coor-dination entre Français et Égyptiens a été par-faite, et la totalité des images a pu être acquisedans les temps. Il s’agit maintenant d’assembler ce puzzle dequatre mille pièces. Lors de la mission, unechaîne spécifique a été développée pour auto-matiser au maximum le traitement des images.La production complète des déroulés serabientôt réalisée pour chacune des colonnes :aérotriangulation, égalisation radiométriqueet calcul du déroulé. Encore quelques moisde travail en perspective. n

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SALLE HYPOSTYLE

> Les élèves de l’ENSG, le personnel du CFEETK et les aideségyptiens travaillant au montage du mât photographique.

La grande salle hypostyle• 1320 à 1310 av. J.-C., la période du règne de Ramsès Ier

sous lequel commença la construction de la salle, achevéepar Séthi Ier, qui en commanda la décoration, celle-ci étantterminée par son fils Ramsès II.

• 134, le nombre de colonnes alignées dans une salle de 102 mètres de longueur et de 53 mètres de largeur, soit une superficie de 5 406 mètres carrés.

• 24, la hauteur en mètres des colonnes de l’axe médian,pour une circonférence de 10 à 15 mètres, les colonnes des nefs latérales présentant quant à elles des dimensionsplus « modestes », en culminant à 14 mètres pour une circonférence de 6,5 mètres.

i + i www.atm3d.com i + i www.ensg.eu

EN CHIFFRES

DU SOLEILDes élèves de l’ENSG ont réalisé des travaux pharaoniques à Karnak,

dans la grande salle hypostyle du temple d’Amon-Rê. Récit en images.

L’ENSG AU TEMPLE

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SIMULATION

> Préparation par simulation en 3D de la missiondes élèves de l’ENSG.

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> Vue de la partie supérieure du mât photographique entre lescolonnes de la salle hypostyle.

DÉROULÉ

> Exemple de déroulé photographique réalisépar la société ATM3D.

NUAGE

> Aperçu du nuage de points 3D acquis par ATM3D au scanner laser dans la salle hypostyle.

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MAILLÉ TEXTURÉ

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> Étape suivante avec le détail du modèlemaillé texturé.

MAILLÉ OMBRÉ

> Détail du modèle 3D maillé ombré avec le réseau maillé en surimpression.

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Le Réseau GPS permanent (RGP),

créé il y a dix ans, compte

désormais près de cent soixante stations. Présentation d’un système qui a facilité l’accès

au système géodésique national, tout en participant aux avancées scientifiques.

:: zoom sur…

La force d’un réseau

n 1998, les stations GPS permanentesde l’Observatoire de la Côte d’Azur àGrasse (Alpes-Maritimes), du Centrenational d’études spatiales (CNES) à Tou-

louse (Haute-Garonne), du réseau de surveillancedes mouvements alpins, Regal, à Saint-Jean-des-Vignes (Rhône), de l’ESGT au Mans (Sarthe), ainsique la première station IGN installée sur la terrassede l’École nationale des sciences géographiques(ENSG) à Marne-la-Vallée (Val-de-Marne), ont consti-tué la base du Réseau GPS permanent. Cette création émanait des études entreprises parle laboratoire de recherche en géodésie (Lareg) dansle cadre d’une expérience pilote sur les réseaux géo-désiques « actifs », relevant de la mission d’intérêtgénéral de l’IGN d’implantation et d’entretien desréseaux géodésiques et de diffusion des informa-tions correspondantes. Elle a été menée en prenant

en compte les recommandations formulées par leConseil national de l’information géographique (Cnig)dans son rapport de décembre 1997, intitulé « Prio-rités en matière de géodésie et de nivellement ».

la constitution du réseau La nécessité d’utiliser un mode différentiel pour obte-nir rapidement un positionnement précis par tech-nique spatiale – ce qui contraint à immobiliser unsecond récepteur sur un point de coordonnées connues– avait déjà conduit plusieurs organismes scienti-fiques à implanter des stations GPS permanentespour s’affranchir de cette contrainte. Il est alors apparu,en France comme dans d’autres pays européens, quele développement, l’harmonisation, la mise en réseau,l’intégration dans les référentiels réglementaires etune diffusion centralisée des données de ces stationsétaient indispensables. La constitution d’un tel réseau

permanent viendrait utilement compléter le réseaugéodésique matérialisé, voire, à long terme, s’y sub-stituer, et favoriserait l’utilisation des techniques spa-tiales et la mise en référence nationale RGF93 destravaux de topographie.Le RGP a donc été constitué sur une base partena-riale, dans laquelle chacun a trouvé son compte : l’IGNa certes contribué à la montée en puissance du réseaupar l’installation en propre de plusieurs stations per-manentes, mais a aussi cherché à y intégrer le pluspossible de stations existantes, répondant bien sûrà des spécifications minimales. Les partenaires, eux,ont bénéficié d’une aide technique, de la mise en réfé-rence RGF93 de leurs stations et de leur contrôle encontinu par itération quotidienne des calculs descoordonnées, ainsi que de la diffusion par Internetet de l’archivage à long terme des données. Fin 1999,le RGP comptait quatre stations IGN et sept stations

DIX ANS DE RGP

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:: zoom sur…

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production en mettant en place un second centreopérationnel et en optimisant la mise à la dispositiondes utilisateurs des données enregistrées sur les sta-tions permanentes. Ses multiples objectifs, portant aussi bien sur lesaspects conception que réalisation et prospective,ont été concrétisés par de nombreux résultats : rédac-tion des spécifications produit et de production défi-nitives, mise en forme unique des données quellesque soient les structures – matérielle et logicielle –des stations, automatisation de la récupération desdonnées, création et développement des fonctionsd’un centre opérationnel principal à Saint-Mandé (Val-de-Marne), chargé de la gestion des stations, du rapa-triement et de la mise à disposition des données, descalculs horaires et journaliers, information des utili-sateurs par création d’un site Web, suivi des parte-nariats, poursuite et développement des relationsavec les organismes scientifiques français (IPG, CNRS,CNES, Météo-France…) et internationaux (IGS, Euref).Le serveur utilisé pendant la phase de recherche,situé à Marne-la-Vallée, sera conservé comme centreopérationnel secondaire. De six stations IGN et onze partenaires au début duprojet, le RGP était passé à quinze stations et vingt-six partenaires à la sa clôture, en février 2004. Une unité de production « Réseau GPS »,

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partenaires. Sa densité devant augmenter rapide-ment pour offrir aux utilisateurs un meilleur ser-vice en diminuant les durées d’observation néces-saires, son passage en production au service degéodésie et nivellement (SGN) a été décidé. Aumême moment, des besoins de positionnementprécis en temps réel, qui imposaient à l’époque dese trouver à moins d’une vingtaine de kilomètresd’une station fixe, ont commencé à inciter les col-lectivités locales à se doter de stations perma-nentes. Aussi, afin d’élargir le champ du partena-riat au-delà des organismes scientifiques aveclesquels l’IGN entretient des relations habituelles,une vaste opération de communication a alors étélancée, principalement en direction des servicestechniques des villes et autres collectivités terri-toriales, afin de les inviter à intégrer leurs stationspermanentes dans le RGP. Une rationalisation desimplantations de stations financées sur fondspublics destinait tout naturellement l’IGN à ce rôlede fédérateur et de coordinateur des initiativesscientifiques ou locales.

le temps de la croissance Le projet RGP a été lancé en avril 2001, à la suited’une étude préalable réalisée l’année précédente.Son but principal a été de finaliser le passage en

DÉCRYPTAGE

> Le RGP et l’Europe• e-gvap : programme européen de recherche

en météorologie, auquel l’IGN et d’autrescentres de calculs fournissent des paramètrestroposphériques issus des stations du RGP.

• epn:Euref Permanent Network, réseau permanentdont le RGPest une densification, qui en intègre dix-huit stations et met leurs données à disposition surle portail européen. Elles participent aux solutionshebdomadaires Euref(European Reference Frame).

• etrs89 : European Terrestrial Reference System1989, système de référence dont la composantefrançaise est le RGF93, adopté par la Commission européenne et préconisé pour les échanges de données géoréférencéesdans le cadre de la directive Inspire.

• euref ip : service de mise à disposition des données en flux continu auquel participe le RGP, qui permet, outre le positionnement en temps réel, d’obtenir rapidement les éphémérides et les paramètresatmosphériques et d’horloges satellites.

i + i www.euref.eu i + i http://egvap.dmi.dk


:: zoom sur…

La progression quantitative du RGP s’est poursui-vie régulièrement. Début 2006, il contenait dix sta-tions appartenant à l’IGN et trente-sept à des orga-nismes partenaires, quand un événement, à vraidire attendu, allait provoquer une sensible accé-lération: la signature, le 26 janvier 2006, d’uneconvention entre l’IGN et l’Ordre des géomètres-experts (OGE) – portant sur l’intégration, au fur età mesure de leur installation, des stations de sonréseau Teria dans le RGP – a en effet permis d’augmenter considérablement la densité et d’amé-liorer la répartition géographique du réseau.

une logique fédératricePouvoir diffuser gratuitement en temps différé lesdonnées de ce réseau temps réel à couverturenationale et homogène était un avantage évidentpour l’IGN. Celui de l’OGE, en retour, était de voirson réseau référencé en RGF93 et la stabilité deses stations contrôlée par les solutions journa-

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lières globales du RGP. Leur calcul, portant sur unequantité de données en augmentation importante,a d’ailleurs nécessité une progression adaptée desmoyens, tant matériels que logiciels. Dans ce domaine,le développement et la mise en place d’une stratégiede « clusterisation » (segmentation des traitementsautour d’un noyau dur pour les répartir sur plusieursprocesseurs) a permis d’optimiser les temps de calcul.La logique fédératrice et partenariale de constitutiond’un réseau national par un établissement public adonc porté ses fruits. Sur le total, vingt et une stationsseulement appartiennent à l’IGN, installées sur sespropres bâtiments ou chez des partenaires hébergeurs.Toutes les autres sont issues de partenariats, soit avecle secteur public, soit avec le secteur privé, qui se révè-lent parfaitement complémentaires pour donner à tousles utilisateurs, quelles que soient leurs applications,un moyen d’accès performant à la référence officielleen matière de positionnement terrestre précis. n

i + i http://rgp.ign.fr i + i contact: [email protected]

> Carte de la position des stations RGP.

comprenant cinq personnes, a alors été crééeau sein du SGN pour gérer quotidiennement lesystème, mais aussi poursuivre son développe-ment et améliorer le service rendu. Ses activitéss’étendent de la surveillance et maintenance desstations permanentes, avec passage progressifaux connexions Internet par liaisons spécialiséesADSL ou RNIS permettant une intervention à distance, à la maintenance du centre opération-nel: gestion du flux de données, exploitation desrésultats des calculs et des contrôles qualité, intervention en cas de problème, information desutilisateurs par l’intermédiaire du site Web, recherchede nouveaux partenaires et suivi des coopérationsexistantes, maintien de relations suivies avec lesconstructeurs de matériel GPS. Une collaborationétroite avec l’unité « Produits-développements »du SGN a permis l’élaboration d’outils informa-tiques indispensables à une gestion et à un traitement efficaces des données.

Station IGN.Station partenaire.


:: zoom sur…

AUJOURD’HUI ET DEMAIN©

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n 2008, le RGP vient donc d’atteindreses dix ans. Il compte une cinquantainede partenaires et comprend près de cent

soixante stations, qui produisent environ 550 Gode données compressées chaque année. Sonsite Internet fait l’objet de 3 500 connexions etdu téléchargement de 400000 fichiers par mois,en moyenne.Outre la diminution des temps d’observation pourses utilisateurs grâce au nombre accru de stationset à leur répartition optimisée, l’augmentation dela densité est également avantageuse pour lesapplications scientifiques, comme l’étude desdéformations dans les zones tectoniquement activesou la mesure du contenu intégré en vapeur d’eaudans la troposphère, couche basse de l’atmosphère.Cette dernière application fait l’objet d’un partenariatparticulier avec Météo-France, qui l’exploite dansson système global d’assimilation et de prévisiondu temps Arpege, et participe au programmeeuropéen E-GVAP (Eumetnet - GPS Water VapourProgram) de recueil et traitement des donnéeshygrométriques issues de stations GPS permanentes.

le nouveau défi du rgpLe RGP va, bien sûr, continuer à croître et améliorerle service rendu, s’agissant de la diffusion notamment.Bien que n’étant pas lui-même un réseau tempsréel, la grande majorité des stations qui le composentdiffusent des données de ce type; l’IGN va adopterpour ses propres stations le protocole de transport

> Antenne de station GPS permanente.

de données par Internet NTRIP, développé ausein d’Euref, et inciter ses partenaires à en faireautant, sans pour cela modifier leur modèleéconomique de diffusion. Un nouveau défi se présente également au RGP :d’autres systèmes satellitaires de positionnementque le GPS existent déjà, tel Glonass, sonéquivalent russe. D’autres encore serontopérationnels dans quelques années, commeGalileo, le système européen, et Compass, sonhomologue chinois, qui seront utilisables encomplément bien avant leur déploiement complet.

du gps au gnssLa multiplication des systèmes, donc des satellites,apportera une amélioration appréciable aupositionnement satellitaire – précision accrue,temps de mesure réduit, utilisation dans desendroits très masqués… – qui incitera lacommunauté utilisatrice à passer du GPS auGNSS (Global Navigation Satellite System) ens’équipant de récepteurs multisystèmes. Unprojet GNSS-Galileo vient de voir le jour au SGN,avec pour objectif d’étudier toutes les implicationsde cette évolution pour l’IGN, en particulier pourle RGP. Lequel se doit d’accompagner, voired’anticiper, ce mouvement : d’ores et déjà, dixde ses stations, dont quatre de l’IGN, sont équipéesde récepteurs mixtes GPS-Glonass. Le RéseauGPS permanent a ainsi vocation à devenir, à courtterme, le Référentiel GNSS permanent. n

> Les partenaires du RGP

DÉCRYPTAGE

E

> Les partenaires du RGP par nombre de stations.

• collectivités territoriales : communautésurbaines d’Angers Loire Métropole1, Bordeaux1,Dunkerque1, Lille1, département des Pyrénées-Atlantiques2, syndicatintercommunal d’énergie des Deux-Sèvres(Niort)1, villes de Beauvais1, Cannes1, Clermont-Ferrand1, Metz1, Nice1, Rennes1.

• éducation nationale : École supérieure des géomètres et topographes (Le Mans)1, IUT A d’informatique de l’université Lille I2, IUT de génie civil d’Égletons2, lycées Dhuoda(Nîmes)1, Dorian (Paris)1, Henri-Loritz (Nancy)1, Jean-Pierre-Timbaud (Brétigny-sur-Orge)1,Viollet-le-Duc (Villiers-Saint-Frédéric)1.

• organismes publics : Centre électronique de l’armement (Favières)1, Commissariat à l’énergie atomique (Saclay)1, Centre d’étudestechniques maritimes et fluviales1, Centrenational d’études spatiales (Toulouse, Grasse)1,Direction générale des impôts (Le Puy-en-Velay)2,Marine nationale (Ajaccio, Brest)2, Météo-France2,3, Service technique de lanavigation aérienne3, SHOM (Brest)2.

• recherche : Bureau national de métrologie(Paris)1, Centre européen de recherche et d’enseignement des géosciences de l’environnement (Aix-en-Provence)2, Centre littoral de géophysique (La Rochelle)1,École et Observatoire des sciences de la Terre(Strasbourg)1, Institut de physique du globe(Paris)2, Observatoire de Besançon2,Observatoire de la Côte d’Azur1, Observatoire de physique du globe (Clermont-Ferrand)1,laboratoire central des Ponts et Chaussées (Nantes)1, laboratoire régional des Ponts et Chaussées (Autun)2, laboratoires du CNRS :géosciences Azur (Nice)1, géodynamique des chaînes alpines (Grenoble)1, dynamique de la lithosphère (Montpellier)1, siteinstrumental de recherche par télédétectionatmosphérique (Palaiseau)1.

• sociétés privées : D3E Électronique (Troyes)1,Magellan Professional (Nantes)1, Réseau Lél@sarl (La Réunion)1, Exagone (Teria-OGE)1, S@T-Info1, 3.

1. Propriétaire de stations. 2. Hébergeur de stations IGN. 3. Autres partenariats.


SON PARCOURS

* 1944: naissance le 1er février à Plougasnou (Finistère).

* 1967 : rédacteur en chef de Jazz Hot.

* 1968 : directeur de La Cause dupeuple, condamné à huit mois deprison à la Santé pour « délit d’opinion ». Jean-Paul Sartre lui succède.

* 1973 : participe à la création du quotidien Libération.

* 1990 : crée la collection « PayotVoyageurs », fonde la revue Gulliveret lance le premier festival internationaldu livre Étonnants Voyageurs, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).

* 2000 : prend la direction du centred’art Abbaye de Daoulas (Finistère),pour organiser de grandes expositionssur les Dogons, les Vikings, les Indiensdes plaines, les pirates, les fées…Premier Étonnants Voyageurs à Dublin(Éire) et Missoula (États-Unis), crée avec le centre André-Malraux les Rencontres européennes du livre à Sarajevo (Bosnie).

* 2001 : lance le festival ÉtonnantsVoyageurs de Bamako (Mali), qu’il dirige avec l’écrivain et éditeurmalien Moussa Konaté.

* 2007 : Crée avec les écrivains Dany Laferrière et Lyonel Trouillot le premier Étonnants Voyageurs à Port-au-Prince (Haïti).

* 2008 : premier Étonnants Voyageurs à Haïfa (Israël).

• L’Homme aux semelles de vent, Grasset (1977).

• Journal du romantisme, Skira (1981).

• La Porte d’or, Grasset (1986).

• Robert Louis Stevenson : les années bohémiennes, NiL Éditions (1994).

• Un hiver en Bretagne, NiL Éditions (1996).

• Les Flibustiers de la Sonore, Flammarion (1998).

• Pour saluer Stevenson, Flammarion (2000).

• Pour une littérature-monde (avec Jean Rouaud), Gallimard (2007).

• La Beauté du monde, Grasset (2008).

ENTRE AUTRES ŒUVRES


Créateur du festival Étonnants Voyageurs, exégète de Robert Louis Stevenson

et spécialiste reconnu des écrivains de l’aventure et de l’ailleurs, ainsi que du jazz,

Michel Le Bris vient de publier un nouveau roman, La Beauté du monde.

MICHEL LE BRIS

:: rencontre

• IGN Magazine : Écrire dans une autre langue que la sienne,comme Joseph Conrad, revient-il à « voyager sans bagage »?• Michel Le Bris : Un écrivain écrit toujours dans une langue étrangère.Parce qu’il entretient avec « sa » langue un rapport d’étrangeté. Sans cela,il n’est pas entre écrivain et quelqu’un qui s’acharne à dire l’indicible de lalangue. Sans indicible, pas de littérature! Tout aurait été dit depuis long-temps, et on n’en ferait pas tant d’histoires. Justement, on n’arrête pas d’enfaire, des histoires! Parce qu’il y a de l’indicible. Différent de langue en langue?Peut-être. Conrad, le Polonais, a hésité entre le français et l’anglais. Il a choisil’anglais. Je pense qu’il a eu raison.

• IGN Mag. : L’écriture, en soi, une recherche d’altérité?• M. Le B. : De l’altérité en soi, d’abord. Les plus grands moments d’écri-ture sont ceux dont j’ai l’impression qu’ils sont écrits par un autre, qui passeà travers moi. Et qui est moi, aussi. Une part jusque-là inconnue de moi. Etpuis une recherche de l’autre, assurément, et de l’ailleurs. L’autre qui vousfait face vous fonde en humanité. Il n’y a pas d’« ici » respirable sans ailleurs.Lorsque j’ai publié Un hiver en Bretagne, ouvrage pourtant très pacifiquesur mes royaumes de la baie de Morlaix, certains Bretons « nationalistes »m’ont reproché de trahir la « cause » en décrivant une Bretagne « cosmo-polite ». Parce que je montrais que l’« ici » de mes royaumes se tissait demultiples « ailleurs ». Je suis, à cet instant, assis devant la baie de Térénez.Ce qui en fait la beauté, c’est la lumière. Et la lumière, c’est le jeu des nuages.Les nuages, c’est le vent, et le vent, c’est ce qui vient d’ailleurs.

• IGN Mag. : Quel est votre rapport aux cartes?• M. Le B. : Je fais tous les efforts pour rester nul en géographie ! Maculture de départ, c’est Le Journal des voyages, dans le grenier de monenfance, ou les illustrations de N. C. Wyeth d’une version américaine duTreasure Island. Comme je ne savais pas l’anglais, j’ai « lu » – ou plus exac-tement rêvé – d’abord le roman à travers les illustrations de Wyeth. Autantdire que j’ai été déçu quand j’ai pu le lire dans la Bibliothèque verte! J’avaisimaginé tellement plus de choses… Mais je n’ai pas mis trop de temps, toutde même, pour comprendre le génie de Stevenson! De la même manière,j’avais une très belle carte marine au mur de mon bureau. Elle représentaitune île, Dieu sait où… Je ne voulais surtout pas savoir! Elle était une mer-veilleuse source de rêve. Un jour, quelqu’un vient chez moi : « Dis donc, maisc’est l’île X dans l’archipel Y… » Sur le coup, j’ai envisagé le meurtre… J’adoreles cartes. Comme moyen de me perdre. Si elles gardent la magie de l’inconnu.

• IGN Mag. : Peut-on voyager sans bouger?• M. Le B. : Certainement! La « bibliothèque et/ou le grand chemin? » C’estun thème immémorial. Mais, comme le dit Nicolas Bouvier [grand écrivainvoyageur suisse], « le caillou dans la chaussure et la poussière de la route,ça compte ». Un des personnages de mon roman dit à un moment qu’on nevoyage jamais qu’entre les rayons des bibliothèques : parcourir la route dela Soie, n’est-ce pas parcourir aussi mille récits et légendes? Mais ça ne veut

pas dire qu’il faut rester dans sa bibliothèque. Au contraire : il faut voyagerpour que le vent des routes balaie la poussière des rayonnages et que lesbibliothèques reprennent vie. C’est l’un des thèmes de mon dernier roman.

• IGN Mag. : Qui a pour titre La Beauté du monde…• M. Le B. : Il n’y a pas de plus grand mystère que celui de la beauté : qu’il yait, malgré les guerres, le mal, quelque chose comme de la beauté. C’est aussiune espérance : le miracle de la beauté témoigne de notre capacité, malgrétout, à réenchanter le monde. Je suis né en Bretagne dans le grondement dela mer, et il y avait en celui-ci toute la puissance du monde. Il me hante, depuis…Jack London l’appelait « the call of the wild ». L’opéra sauvage du monde!Je l’ai retrouvé dans les films de Martin et Osa Johnson, avec une force stu-péfiante. Comment faire pour que cette puissance soit créatrice et non pasdestructrice? De cette rencontre, et de cette question, est né le projet duroman : dire l’effroi et la merveille, et le mystère de ce qui les unit…

•IGN Mag.:Martin et Osa Johnson, les héros de votre roman…• M. Le B. : C’est Jack London qui me les a fait découvrir! Je travaillais àun film sur lui. Qui diable était l’auteur des superbes photos de sa croisièredans les mers du Sud en 1907 à bord du Snark? C’est l’histoire du fil que voustirez, et puis… L’histoire de ce Martin était tout simplement extraordinaire!Cuisinier de Jack London à vingt ans, explorateur, cinéaste de génie, inven-teur du cinéma animalier, pionnier de la défense de la faune africaine… Etsa femme, Osa! Épousée à l’âge de seize ans, risque-tout dans l’âme, d’unebeauté rayonnante, en empathie avec la terre entière. C’est elle, dans leurgrand succès, Congorilla, qui a inspiré à Schoedsack l’idée de King Kong. Sureux, j’ai écrit un film pour Arte, Les Amants de l’aventure, réalisé par MichelViotte. Mais ils continuaient à m’obséder. Être des stars veut dire donner unvisage à l’inconnu encore informulé d’une époque : en fait, ils furent des pas-seurs, entre l’Afrique et l’Amérique, un Kenya encore des premiers âges dumonde et le New York des roaring twenties.

• IGN Mag. : Les emblématiques Années folles? • M. Le B. : Avec quelque chose de 1968! Une prise de pouvoir de la jeu-nesse, le rejet des valeurs anciennes mortes dans les tranchées. Le jazz junglede Duke Ellington, Scott Fitzgerald, la « Harlem Renaissance », le premiermouvement culturel noir… L’exposition de Picasso et de Braque, chez Stie-glitz, au milieu de masques africains et des statues polynésiennes, avaitfrappé les esprits : si les « sauvages » sont capables de beauté, la créationen nous procède de notre part sauvage, qu’il s’agit de retrouver, pour réin-venter un nouveau monde. C’est cela qu’apportaient les films de Johnson :une autre vision du monde sauvage, la possibilité d’un pont, qui paraissaitalors un enjeu majeur de la modernité. Pensez à King Kong : l’irruption dusauvage en plein cœur de la modernité. Et quel défi, du coup, pour moi : fairevibrer dans un roman toute la démesure de l’époque, de ces deux mondes,à travers le destin de deux personnes! Un peu comme les marins de monenfance, qui savaient faire entrer un trois-mâts dans une bouteille. n

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