monnot 2015 s’inscrire dans l’espace public en tant que musulman en suisse

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S’Inscrire Dans l’Espace Public en Tant Que Musulman en Suisse

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  • Social Compass2015, Vol. 62(2) 199 211

    The Author(s) 2015Reprints and permissions:

    sagepub.co.uk/journalsPermissions.navDOI: 10.1177/0037768615571690

    scp.sagepub.com

    socialcompass

    Sinscrire dans lespace public en tant que musulman en Suisse

    Christophe MONNOT Universit de Lausanne, Suisse

    RsumEn Suisse, comme dans de nombreux pays europens, lexigence dune reprsentation musulmane impose une forme dinscription dacteurs emblmatiques de lislam dans lespace public. Cette contribution entend clairer les diffrentes contraintes institutionnelles qui poussent les musulmans sinscrire diffremment dans lespace public. On distingue dune part, une tendance sefforant dapparatre dans lespace public comme une structure confessionnelle garante de la communitas islamica. Elle est compose de communauts de la diaspora qui ont obtenu des accords auprs de la Confdration suisse et de communauts qui se fdrent au niveau cantonal pour constituer une reprsentation auprs des autorits de rgulation religieuse. Dautre part, des acteurs parviennent imposer leurs exigences dun homo islamicus idalis en sinscrivant pleinement dans lespace mdiatique au risque de prtriter la reprsentation chrement acquise par des acteurs institutionnels.

    Mots-clsespace public, institutionnalisation, Islam, mosque, Suisse

    AbstractIn Switzerland, as in many European countries, Muslims are required to be represented in the public sphere. The author clarifies the various institutional constraints that lead Muslims to present themselves differently in the public sphere. He identifies, on the one hand, a tendency for representatives to present themselves as part of a confessional

    Pour toute correspondance :Christophe MONNOT, ISSRC, Anthropole, Universit de Lausanne, 1015 Lausanne, Suisse Email: [email protected]

    571690 SCP0010.1177/0037768615571690Social CompassMonnot: Sinscrire dans lespace public en tant que musulman en Suisseresearch-article2015

    Article

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    structure embodying the communitas islamica. This structure consists of communities from the diaspora that have reached an agreement with the Swiss Confederation and communities that federate at the level of the canton to form a representative body in the eyes of the authorities responsible for religious regulation. There are, on the other hand, actors who manage to impose their will to create an idealized homo islamicus by becoming directly involved in the media, at the risk of damaging the hard-won representation of the institutional actors.

    Keywordsinstitutionalization, Islam, mosque, public, sphere, Switzerland

    Introduction

    Le soir de la votation sur linterdiction des minarets en Suisse, lmission tlvise danalyse politique Mise au point invitait un docteur en sciences politiques dorigine macdonienne et directeur dAlbinfo, un organe dinformation suisse pour la commu-naut albanaise. Assez rapidement au cours de lmission, la journaliste reprochait cet invit de ne pas avoir fait entendre la voix des albanophones plus tt dans le dbat sur les minarets, tenant les musulmans pour responsables du rsultat du vote.

    Quelques jours plus tt, le dbat politique Infrarouge, sur la mme chane de tlvision publique, avait invit sa nouvelle coqueluche pour reprsenter la voix musulmane, un Suisse converti qui porte tous les attributs du musulman prtendument authentique comme la barbe non coupe. Une reprsentation emblmatique puisque son islam se veut tre la voix de la communaut des musulmans de Suisse en faisant abstraction des diffrentes tendances et traditions ethnico-nationales qui la composent.

    Dans le premier cas, cest une voix parmi la majorit silencieuse (Salzbrunn, 2013 : 246 ; Gianni, 2005 : 38-39) des plus de 80 % des musulmans de Suisse qui ne pratiquent pas (Monnot, 2013a : 184) que les mdias prsentent comme celle de la communaut modre . Dans le second cas, il sagit de la reprsentation pour les mdias de la communaut croyante . En dehors dune dynamique propre aux besoins des mdias, cet article sintresse comprendre, du point de vue des collectifs musulmans, pourquoi certains acteurs sinscrivent visiblement dans lespace public alors que dautres non. Ces inscriptions contrastes sont dictes par des besoins de lgitimit auprs des pouvoirs publics, de la socit et de la communaut musulmane elle-mme.

    partir des donnes provenant dune enqute ethnographique mene dans des salles de prire de la partie francophone de Suisse, nous expliciterons les pressions tant externes (le cadre lgal et les contraintes de reprsentations) quinternes (maintient dune tradition particulire pour les communauts de premires gnrations, par exemple) qui les poussent apparatre diffremment dans lespace public.

    On conclura sur lobservation dune dynamique diffrencie qui se traduit par diffrents modes de reprsentation de lislam dans lespace public. Les problmes de reprsentations dplors par les instances politiques en Suisse (Bennani-Chraibi et al., 2011) traduisent en fait des dynamiques plus profondes qui traversent lislam europen : les tenants dun hritage maintenir et les tenants dun islam recompos qui

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    cherche supplanter les divergences internes. Cette contribution permettra de dpasser le problme de la reprsentation de lislam en Europe, dj abondamment discute, pour en montrer les dynamiques poussant les acteurs suivre des modes diffrencis dinscription dans lespace public

    Adaptation par les pressions internes et externes

    Dans la ligne des congrgationalistes amricains (Johnson et Chalfant, 1993) qui sattachent montrer, premirement, comment une communaut religieuse locale sadapte son environnement pour maintenir ses activits (Ammerman, 1997) et, deuximement, comment les contingences internes influencent la faon dont les entits locales se conforment aux pressions environnementales (Demerath III et al., 1998), les spcialistes se sont intresss aux communauts issues de la migration sous langle de ladaptation lenvironnement. Ils saccordent dire que les communauts de migrants reproduisent le modle existant dans le pays daccueil pour sorganiser comme une convergence vers un congrgationalisme de facto (Warner, 1994 : 54). Pour lislam, cest lappel la prire qui rassemble les membres dans un lieu, en sorganisant en Europe, sur lpure paroissiale prexistante (Csari, 2004 : 183-205; Frgosi, 2006 : 65-67). En Suisse, ces lieux correspondent en grande majorit des communauts diasporiques, cest--dire fortement distribues selon les appartenances dorigines des membres (Banfi, 2013 ; Behloul, 2012).

    Un second phnomne est constitu des diffrentes pressions internes aux communauts qui les poussent suivre un modle plutt quun autre. Chaves (1997) sest pench sur la question de lordination des femmes dans les glises chrtiennes pour montrer que des valeurs internes soutenues par une structure confessionnelle forte permettent aux communauts de rsister une pression de la socit. Pour lIslam, Frgosi (2008) montre que, derrire les tensions bien relles que lon observe entre la Rpublique franaise et la prsence islamique, se cache en fait un long processus daccommodement, cest dire de mise en conformit avec les normes associatives et institutionnelles en vigueur. Un des effets de cet accommodement est la rpartition des rles, constate par Sze (2013), entre limam pour la direction spirituelle linterne des communauts et celle du recteur le prsident de lassociation qui reprsente la mosque lextrieur de la communaut.

    Quels sont alors les facteurs qui permettent de comprendre les diffrents niveaux dadaptation au contexte institutionnel helvtique pour saisir les divers modes dinscription des communauts musulmanes dans lespace public ?

    Sinscrire dans lespace public: une enqute ethnographique

    Pour clairer cette question, nous nous appuierons sur des donnes dcoulant principalement dune enqute ethnographique 1, mene partir de septembre 2010 auprs des organisations islamiques, dabord au Canton de Vaud tendus ensuite dautres aires gographiques principalement francophones. Elle repose sur un protocole de recherche par observation participante (Cefai, 2003). Nous avons assist la prire ordinaire, aux repas communautaires, aux confrences, aux discussions avec les fidles dans les

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    rfectoires des centres. Plus dune trentaine dentretiens semi-directifs ont t mens avec des responsables associatifs locaux ou supra-locaux. Deux niveaux daction des associations musulmanes ont t investigus, le plan le local, les mosques, et le niveau supra-local, les fdrations reprsentatives.

    Sur le plan local, lenqute sintressait aux communauts et associations religieuses, cest--dire avec une salle de prire pour la pratique rgulire (Monnot, 2013a : 30-34). En Suisse, il sagit essentiellement de communauts importante population issue de limmigration, en grande majorit en provenance des Balkans ou de la Turquie2. Ces collectivits sont nettement marques par la culture et la langue de provenance. Les quelques communauts dont la composition est majoritairement maghrbine comptent galement des Suisses convertis3. Au-del de lorigine rgionale, les groupes se distinguent par le fait que certains, comme les centres turcs, rassemblent une part importante de fidles de seconde gnration ; ils sont par consquent plus tablis et comptent des responsables scolariss en Suisse. Dautres, comme les Bosniaques ou les Kosovars, sont presque exclusivement des membres de premire gnration. Les dynamiques de socialisation dans ces diverses associations sont donc diffrentes et dpassent largement la question religieuse.

    Des communauts issues de la migration

    Comme dans de nombreux pays europens, la prsence de lislam en Suisse dcoule avant tout de flux migratoires. Selon lenqute du National Congregations Study (Stolz et al., 2011), les communauts musulmanes sont constitues par un taux de deux tiers de ressortissants extrieurs lUnion europenne, contre 15 % en moyenne en Suisse, soulignant par l son troite interrelation avec les flux migratoires des dernires dcennies.

    Les communauts sorganisent principalement par ressortissants de mmes rgions, de mmes langues ou de mmes traditions avec une prise de conscience dune identit particulire perptuer (Sainsaulieu et Salzbrunn, 2007). La communaut fonctionne comme un important nud de communication et de transmission entre plusieurs contextes culturels. Ainsi que le relve Piettre (2012 : 43) le caractre installant ne doit pas cacher le rle de sas vers des contacts secondaires que jouent alors ces communauts. Elles sont un lieu dinterpntration des cultures (Gle, 2005), ce qui explique pourquoi elles sont trs soucieuses dune part de conserver un hritage et dautre part de se conformer au cadre juridique en place et de tisser des relations avec le voisinage.

    Sur le plan local, les associations devront sorganiser dans le cadre juridique disposition. Mme sil nest pas trs contraignant, larticle 60 et les suivants du Code civil suisse4 dessinent le cadre des associations qui nont pas un but conomique . Les associations religieuses sont incluses. Il est ncessaire de sy conformer pour obtenir le moindre compte bancaire ou louer un local pour les activits communes. Dans ces circonstances, ds quune entit sort de lespace exclusivement priv, elle est contrainte de sorganiser selon des statuts associatifs. Cette formalisation se fait alors en Suisse sur au moins deux niveaux : le cantonal et le fdral. Pour ce dernier, le ministre des Affaires religieuses de certains pays a sign des accords avec la Confdration. Un lien qui offre

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    une ncessaire assurance de soutien de la part du pays ou de la rgion de provenance tout en ralentissant celui dune reprsentation des associations sur le niveau local.

    Les accords avec la Confdration

    Dans le contexte dun accord avec un rseau national (li au ministre des Affaires religieuses de son pays dorigine), la mosque locale privilgiera le lien supra-local, car il permet des procdures particulires pour le sjour des imams en Suisse. Ainsi une communaut qui dsire organiser son culte en engageant un imam a fortement intrt sapparenter un rseau national. La plupart des imams qui officient en Suisse sont forms dans les coles encadres par les rseaux nationaux. Si les communauts bosniaques ont pu engager des imams, cest bien que tous les imams en fonction dans [cette] diaspora sont dsigns par le Rijaset, qui impose videmment une conformit ses statuts et objectifs toutes les mosques. (Behloul, 2013 : 90). Il en va diffremment pour la diaspora albanophone o il nexiste pas daccord-cadre avec le Kosovo (mufti de Pristina) ou la Macdoine (mufti de Skopje) et qui impose chaque communaut de faire des demandes spcifiques pour bnficier dun permis de travail pour un imam venant des Balkans. Cependant, si cette troite relation avec un rseau national facilite lobtention de visas pour des imams qualifis, elle reste problmatique pour la reprsentation des musulmans qui se joue un autre chelon. Limam est form selon les standards du pays de provenance. Il va officier dans sa langue dorigine et permettra la communaut de demeurer attache la culture du pays dorigine par la pratique religieuse. Limam, bien que central pour le rite, se maintiendra dans le cercle exclusivement communautaire. Maitrisant mal la langue et les us de la socit daccueil, limam envoy par un rseau national ne pourra aisment reprsenter la mosque, tche qui incombera alors au prsident de lassociation locale.

    Les fdrations cantonales

    Juridiquement, dans le contexte institutionnel helvtique, cest sur lchelon cantonal que se situent les enjeux de la rgulation religieuse avec ses instances reprsentatives. Avec une convention sur le plan fdral pour disposer dimams forms (au travers de leur rseau national), il est difficile pour ces associations de saisir les enjeux dune fdration cantonale avec les autres groupes musulmans. Ainsi plus une association sorganise pour obtenir un imam par un rseau national, plus limam reprsentera une spcificit ethnico-nationale quil sagira de dfendre. Les mosques dans ce cas auront intrt conserver un profil bas en demeurant invisibles. Leur inscription dans lespace public ne se fait pas localement, mais plus gnralement, sur le plan fdral, au travers de leur rseau national. De plus, cette formalisation autour du rseau migratoire ne pousse pas lorganisation sur le plan cantonal en structure de type confessionnel et reprsentatif. Cela sera dautant plus fort pour les premires gnrations de fidles.

    Une autre consquence de ce cloisonnement est la mconnaissance des associations musulmanes avoisinantes gographiquement (qui contraste fortement avec lamiti des autres associations de la mme diaspora, peu importe leur localisation en Suisse). En consquence, ces mosques ne cherchent pas sinscrire dans une logique de

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    reprsentation musulmane sur le plan cantonal, mais dans une logique de reprsentation dune diaspora spcifique. Comme le relve Behloul (2013 : 77), lislam bosniaque a pu relever le double stigmate du Yougo et du musulman pour apparatre comme europen et modr face aux pouvoirs publics. Mais ces derniers, dans un souci de dialogue et de rgulation, exigent pourtant des diffrentes communauts religieuses quelles dpassent les cloisonnements ethnico-nationaux pour tre reprsentes par une instance cantonale de type confessionnel.

    En consquence, sur le plan local, les communauts sont prises dans un paradoxe : celui de rester fortement attaches un rseau national de migration pour bnficier de personnel spirituel qualifi tout en faisant abstraction de leurs origines pour reprsenter la confession musulmane auprs des institutions publiques. Cest pourquoi, comme le relvent Mesgarzadeh et al. (2013 : 53), on dplore un manque dorganisation du ct des musulmans de la part des pouvoirs publics qui cherchent de bons interlocuteurs individuels ou collectifs qui soient reprsentatifs de lislam en Suisse .

    Deux mosques, deux inscriptions

    Afin dclairer ces contraintes fdrales et cantonales, arrtons-nous quelques instants sur deux cas dassociations musulmanes qui fournissent une certaine lisibilit du paradoxe dune ralit complexe. Les deux communauts sont issues de limmigration et sont lies formellement des rseaux nationaux. Tout dabord, une communaut turque fonde en 1980 dans une bourgade de moins de 5000 habitants. lpoque, elle constituait lunique centre islamique de la rgion en dehors de celui de Lausanne, la capitale du canton. Ses ressortissants sont des personnes de deuxime gnration ou de gnration 1.5. Certains membres sont engags dans la politique municipale et dans les diffrents organes reprsentatifs des commissions dintgration sur le plan cantonal. Le second est un centre bosniaque fond en mai 1993, dans la foule de la guerre en Bosnie-Herzgovine. Ses membres actifs sont exclusivement de premire gnration, les liens avec le pays de provenance et le rseau des dix-huit autres associations bosniaques de Suisse sont trs serrs (Behloul, 2013 : 90). Les circonstances de la guerre et lmergence de la religion comme facteur didentit nationale ont permis ce rseau dassociations bosniaques de se fdrer sur le plan fdral5 en lien avec le Reis de Sarajevo (Rijaset). Ainsi, depuis 1998, cette communaut bnficie dun imam venu de Bosnie. Pour les Turcs, la situation est diffrente, il aura fallu presque 34 ans pour bnficier dun imam de la Diyanet. Ces deux exemples nous permettent de relever leffet du rseau formel national sur leur inscription diffrencie dans lespace public.

    Dans le canton de ces deux mosques, une Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) a permis de fdrer la grande majorit des associations. Cependant, limplication du groupe turc est trs diffrente du groupe bosniaque. Ce dernier ne comprend pas trs bien pourquoi une instance vient reprsenter les musulmans, tandis que les Bosniaques se sont trs bien dbrouills seuls pour obtenir ce dont ils avaient besoin. Les reprsentants sont ainsi vus comme des personnes qui reprsentent alors quelles nont rien fait selon les dires du prsident de lassociation. La seule reprsentation valable auprs des autorits est alors celle de la fdration bosniaque. Dailleurs, lors de la fte du vingtime anniversaire de lassociation, en octobre 2013, il

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    ny avait que les reprsentants fdratifs bosniaques et ceux des communauts religieuses avoisinantes. Pour cet anniversaire, le niveau cantonal tait totalement escamot, et lUVAM absente.

    Pour le groupe turc, aprs trente ans dattente, lassociation peut enfin bnficier dun imam en relation avec la Diyanet. Pourtant, cette association, du point de vue strictement religieux, contribue, avec les autres centres turcs, laffermissement de lUVAM, dans laquelle elle fonctionne en tant que pair pour les communauts de primo-arrivants comme celles des ressortissants de lex-Yougoslavie. Bien quaffilie la Diyanet, cette mosque na pu bnficier dun imam, puisque jusquen 2013, le ministre des Affaires trangres limitait 20 le nombre dimams envoys par la Turquie. Au lieu de se centrer sur le maintien de lactivit dun imam dans la bonne tradition turque, cette association a t contrainte de se tourner vers dautres associations islamiques pour perptuer une tradition. Les responsables de la mosque se sont organiss sur le plan local pour entrer dans les instances politiques municipales afin de dfendre la bonne intgration de la diaspora turque. Mais sur le plan religieux, ils ont t pousss dpasser leur stricte nationalit pour sassocier avec dautres musulmans afin dassurer le maintien de la tradition religieuse de leurs familles. Cette communaut sinscrira diffremment dans lespace public, puisquelle sera plus visible pour dfendre une minorit turque localement, mais galement pour reprsenter un islam confessionnel, cest--dire un islam qui transcende les diffrences musulmanes pour tre reprsent en face aux autorits. Dailleurs, quand finalement, la communaut a pu obtenir un imam, cet encadrement spirituel fourni par la Turquie na pas t reu comme une solidarit dun pays vers sa diaspora, mais comme un service pour la communaut musulmane de toute la rgion. Limam ne fonctionnant pas exclusivement pour la communaut, mais galement pour celles des bourgs voisins, spcialement pour la formation de la jeunesse et pour ladministration des rites lors des ftes. Une attitude que la Dyanet a des difficults comprendre ! Pourquoi un rseau national fournirait-il un imam qui fonctionnerait aussi en dehors de ce rseau ? On peroit ici le paradoxe par lautre bout. Une communaut qui a d, pour sa survie, fortement simpliquer au niveau local et cantonal, sest inscrit dans lespace public en diffrenciant ses origines et sa religion afin dobtenir une forme de reconnaissance de la part de la population et des acteurs politiques communaux. Elle ne peut ensuite retourner dans un rseau exclusivement national quelle ressent comme un ghetto.

    Ces deux cas de figure montrent bien le paradoxe dans lequel sont prises les communauts musulmanes en Suisse. Pour bnficier dun imam, elles ont intrt sassocier au niveau fdral en communauts nationales, en restant invisibles, aux marges de lespace public. Les autres sont contraintes de sortir des barrires linguistiques et ethnico-nationales pour sallier du point de vue pratique et fdrer lchelle cantonale en vue dune (unique) reprsentation (confessionnelle). Ces associations ont ds lors avantage se rendre visibles dans lespace public pour faire entendre leur voix. Elle portera dautant plus, si elle reprsente une confession plutt quune communaut locale singulire. Ces deux mosques figurent ainsi deux types dinscriptions dans lespace public, mais plus important encore, deux positionnements lintrieur de lislam. Cette inscription diffrencie dcoule notamment du fait que ces communauts nont pas eu les mmes facilits pour bnficier dun imam.

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    Confdration et imams

    La figure de limam se situe au croisement dune appartenance religieuse et dun hritage culturel. En Suisse, son statut est prcaire : il est bnvole, temps partiel ou envoy par un rseau national. Dans ce dernier cas, son contrat est dure limite, sa matrise de la langue et sa connaissance des institutions helvtiques sont faibles. Limam est alors presque totalement dpendant du comit local qui lengage. Selon les dernires enqutes, moins dun imam sur cinq est actuellement de nationalit suisse (Monnot, 2013b : 36). Dailleurs, cette situation ne devrait pas changer rapidement : les conventions entre les rseaux nationaux et la Confdration empchent frquemment les imams dacqurir la nationalit suisse. Pour Akgnl (2009 : 43-45), cette situation soutient une stratgie de premire gnration perptuelle . Cet auteur souligne linscription de la communaut qui est alors organise en vue de la perptuation dune tradition particulire en situation de diaspora. Elle a pour consquence de cantonner limam dans la communaut, mais elle conduit la communaut sinscrire dans une politique de la discrtion, en outsider, et non en tant que citoyens prenant part aux affaires de la cit. Cet tat de fait est encore renforc par un usage presque exclusif de la langue de la communaut diasporique. Lislam constitue lensemble confessionnel suisse qui recourt le moins fortement aux trois langues nationales helvtiques pour mener ses rencontres religieuses. Ceci nest pas tonnant, puisque les imams sont en immense majorit des primo-arrivants, soit prts pour quelques annes par des rseaux nationaux, soit forms ltranger avec un permis de travail limit. Limam reprsente donc cette tradition que les mosques cherchent perptuer. Il constitue une passerelle entre une tradition spcifique, une langue, une origine et la communaut de la diaspora. Dans ces circonstances, son rle se cantonnera la mosque et au service dune diaspora spcifique. Lassociation qui lengage, si elle dpend dun rseau national, aura ainsi intrt se montrer publiquement comme la reprsentante dune tradition particulire.

    Cantons et prsidents

    Bien que constitues essentiellement dans la motivation de perptuer une tradition, les communauts musulmanes pousent les formes associatives en vigueur pour transmettre cet hritage, elles sinculturent pour le dire avec Roy (2008 : 87). En sorganisant, elles nomment des prsidents dassociation qui ont alors la charge dassurer la bonne marche de la communaut, mais galement de la reprsenter auprs des instances tant musulmanes que non musulmanes. Ainsi linscription de la communaut dans la sphre publique est prise en charge par le prsident de lassociation. Comme le relve Sze (2013), limam prserve la cohsion spirituelle interne et le prsident assure la reprsentation de la communaut. Dans lexemple de la mosque bosniaque prcite, cest le prsident qui reprsente la communaut envers la commune, mais galement qui participe au groupe de dialogue interreligieux de la ville. Pour la mosque turque, les prsidents successifs se sont battus non seulement pour obtenir un imam, mais galement pour faire entendre leur voix dans la communaut musulmane du canton. Les prsidents fdrant alors les groupes autour de lide dune reprsentation commune linstar des corporations ecclsiastiques (chrtiennes) existantes.

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  • Monnot: Sinscrire dans lespace public en tant que musulman en Suisse 207

    En consquence, le prsident aura deux types dinscriptions dans lespace public, en relation avec les objectifs de la communaut. Le premier sera de sinsrer dans un rseau national et de maintenir des relations fortes avec les autres communauts de la diaspora en Suisse. Les prsidents qui peuvent sappuyer sur ce type de rseau trouvent donc leur lgitimit dans des accords-cadres que la Confdration a signs avec leur pays de provenance. Sils bnficient dun imam, ils nauront pas besoin des autres groupes pour se lgitimer. Il nest pas ncessaire de sinscrire dans lespace public, puisque les instances politiques ont dj accord une confiance et un statut particulier.

    Les autres prsidents, ceux qui nont pas dimam, ou qui nont pas daccords-cadres, seront pousss sinscrire dans un discours de reprsentation de lislam comme une confession qui dpasse les traditions ethnico-nationales. Ils seront ds lors des figures centrales de la communaut. Ils devront dailleurs aller au-del de leur association locale pour trouver des allis afin den assurer la perptuation de la pratique.

    En rponse aux pressions lgales et normatives, les prsidents se fdreront dans un rseau de mosques ou dassociations religieuses en vue de constituer une reprsentation, un vis--vis, pour les pouvoirs publics. Linscription de ces prsidents dans lespace public correspond une reprsentation religieuse institutionnelle plus ou moins unique de lislam dans une rgion. Dans ces conditions, elle transmet une tendance vers un islam gnrique ou rformiste gnrique comme le dfinit Saint-Lary (2012 : 464-465). Cependant, cette direction prise ne va pas dans une inscription radicale, puisquelle est lie un processus de lgitimation institutionnelle. Elle rencontre des processus de rlaboration de la pratique musulmane dun renouveau islamique (Piettre, 2013) en dehors de tout lien avec un pays. Cependant, en sunissant, leur fdration devient un organe central pour la discussion avec les autorits cantonales qui cherchent dabord des interlocuteurs constitus pour ngocier le vivre ensemble. Cette confessionnalisation est visible dans une version institutionnelle de lislam.

    Ainsi les contingences institutionnelles renforcent le rle du prsident comme reprsentant de la communaut et cantonnent le rle de limam celui du spcialiste dune tradition pour la communaut locale. De plus, les communauts qui sont en rseaux nationaux dfendront une tradition peu visible, mais qui jouit des faveurs des instances confdrales et les communauts qui se fdreront autour de leurs prsidents sinscriront dans une dmarche de visibilit pour acqurir la lgitimit dune reprsentation confessionnelle auprs des autorits cantonales.

    La reprsentation hors mosque

    Ces contingences ne permettent pas aux communauts locales de se profiler dans le dbat public tel que celui du vote contre les minarets (Lindemann et Stolz, 2014). Cest du moins partir de ce constat que Nicolas Blancho, un Suisse converti lislam cit en introduction, a eu pour objectif de fonder une association pour reprsenter les (individus) musulmans : le Conseil central islamique suisse (CCIS). Prsident de cette nouvelle entit qui nmane pas des mosques, il dsire reprsenter les musulmans de Suisse et dfendre leurs intrts en tant que musulman-e-s (Schneuwly Purdie, 2013: 151).

    Ce projet sinscrit dans une perspective de rendre visibles les attentes et demandes des musulmans de Suisse. Il cherche dpasser les barrires des traditions locales pour

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    dfendre un vrai islam (Janson, 2007 : 79) comme entit confessionnelle. Affranchi des contraintes des communauts locales, il peut pleinement entrer dans une publicisation dun islam rformiste gnrique (Saint-Lary, 2012). Il est donc peu tonnant dobserver un prsident prsentant une apparence vestimentaire qui collectionne tous les attributs islamiques (barbe non coupe, couvre-chef, pantalons coups) et ct fminin, une Suissesse convertie, Nora Illy qui porte le niqab. Ils font figure de reprsentants iconiques de lislam affranchi des craintes des communauts issues de la migration (Behloul, 2012).

    En fait, cest bien pour cette raison que les mdias les privilgient pour parler des minarets, de la burqa et de la lapidation, lors de dbats tlviss. Ils peuvent bien mieux que les prsidents de mosques savancer dans des conjectures sur lislam, puisquils ne reprsentent pas (thologico-juridiquement) un groupe de fidles. Tout au plus, une association de personnes qui ont fait de la visibilit dans lespace public un signe de leur pit et des discours sans concession sapparentant un salafisme politique (Schneuwly Purdie, 2013 : 167). Que lislam soit plus visible et plus public est un phnomne inhrent au succs du rformisme (Saint-Lary, 2012 : 461) pour lequel le marquage corporel relook est central pour apparatre comme musulman lgitime dans lespace public.

    Ces acteurs, dbarrasss des contraintes de mosques ou de communauts de croyants traditionnels, peuvent, par consquent, poursuivre dans une direction rformiste , cest--dire reprsenter les musulmans comme une confession unitaire. Pourtant lexposition mdiatique de ces acteurs reprsentatifs dessert les fdrations musulmanes cantonales, car limmense majorit des musulmans ne se reconnaissent pas dans cette reprsentation, sinon de faon trs ambivalente. Ces nouveaux acteurs que lon voit merger partout en Europe ne se fondent pas tellement sur une lgitimit lintrieur de la communaut musulmane organise, mais auprs dindividus qui peroivent, par leur apparition dans lespace public ou mdiatique, des reprsentants authentiques de lislam ou, pour le dire avec Gle (2011), attirs par le caractre cosmopolite du leurre fondamentaliste .

    Conclusion

    On distingue trois types de dynamique dans lislam helvtique qui reposent sur autant dexigences. La premire est celle qui se fonde sur les besoins dun imam et qui pousse les communauts dfendre une tradition ethnico-nationale particulire. La seconde se base sur les exigences dune reprsentation confessionnelle auprs des autorits (cantonales), une responsabilit qui incombe aux prsidents. Ils doivent outrepasser les diffrences ethnico-nationales pour obtenir une lgitimit reprsentative. La troisime sappuie sur les impratifs dune reprsentation de lislam dans lespace mdiatique qui doit alors se prsenter comme une communaut. Elle pousse des acteurs, souvent indpendants de la vie des mosques, se dmarquer corporellement pour afficher leur religiosit et sinscrire visiblement dans lespace public. Lenqute que nous avons mene souligne un autre point : le type dinscription dans lespace est contingent des postures des acteurs musulmans.

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  • Monnot: Sinscrire dans lespace public en tant que musulman en Suisse 209

    On relve avec Rodier (2014), qui remarque quen France la nourriture halal met en exergue un islam moderniste prtendu authentique et un islam jug traditionnel , quun courant traditionaliste tourn vers un objectif de maintien des traditions des pays de provenance se distingue dun courant moderniste qui dsire traverser les spcificits pour composer une tradition authentique dans le contexte europen. Ainsi lislam en Suisse sinstitutionnalise en se centrant, dune part, sur son rseau de migration au niveau confdral, motiv par la perptuation des traditions spcifiques et, dautre part, avec une volont de constituer sur le plan cantonal une reprsentation fdrative confessionnelle qui dpasse les traditions ethnico-nationales. Cette dynamique ne soppose pas forcment sur le terrain des mosques, les acteurs institutionnels oscillant entre ces deux voies, car en train de ngocier, avec difficult, lobtention dimams (sur le plan fdral) ou alors lintgration de leur fdration cantonale confessionnelle dans le dialogue avec les pouvoirs publics (cantonaux). Cependant, dans les mdias, cette reprsentation institutionnelle est supplante par une reprsentation individualiste , celle de lhomo islamicus. Dcouple de la vie associative des mosques, elle cherche figurer le musulman authentique aux attributs wahhabites relooks .

    Nous constatons que, derrire la question de la reprsentation de lislam, il y a une dynamique parfois contradictoire et paradoxale des communauts locales, des acteurs et des demandes ou exigences des pouvoirs publics. Linscription dans lespace public de protagonistes plutt que dautres dcoule de postures diffrencies, celles qui reprsentent des collectifs qui sorganisent autour dune tradition, dautres sinscrivant dans une ligne moderniste , mais sefforant toujours de poursuivre la structuration de communauts de fidles (Janson, 2007). Ceux-ci sont (parfois) clipss par lmergence dindividus musulmans qui cherchent sinscrire visiblement dans lespace public et spcialement mdiatique comme musulmans affranchis des contingences communautaires. Des acteurs de la communitas islamica font ainsi face aux contingences institutionnelles pour sinclure au mieux dans une socit dans laquelle les associations islamiques sinstallent pour la dure, tandis que dautres sattachent reprsenter les musulmans comme une communaut imaginaire de lhomo islamicus. En Suisse, les niveaux des pouvoirs publics fdraux ne privilgient pas les mmes interlocuteurs que les niveaux cantonaux. Des niveaux encore brouills par des acteurs qui, au travers dune inscription essentiellement mdiatique, tentent de reprsenter la communaut musulmane visible, en la formatant (Roy, 2008 : 264) par des attributs islamiques masquant les sensibilits et traditions spcifiques, alors que les dynamiques communautaires sont prcisment celles qui lgitiment la visibilit de lislam dans lespace public en linscrivant durablement dans les espaces sociaux locaux.

    Financement

    La Fondation du 450e anniversaire de lUniversit de Lausanne a soutenu la recherche dans le cadre du programme Vivre ensemble dans lincertain .

    Notes

    1. La recherche, Sinscrire dans lespace public. Approches sociologiques et gographiques des nouveaux paysages religieux , tait dirige par L Kaufmann (2013) et P Gonzalez (2014) de lUniversit de Lausanne.

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  • 210 Social Compass 62(2)

    2. Selon le relev structurel de la population suisse de 2012 organis par lOffice fdral de la statistique (OFS): 43 % des musulmans ont une nationalit de lex-Yougoslavie, 15 % ont une nationalit turque et 32 % ont acquis la nationalit suisse ou sont Suisses (OFS, 2012).

    3. Bien quaucune statistique ne soit disponible sur le sujet, relevons que la proportion de Suisses convertis lislam reste faible (la plupart du temps, dans le cas dun couple lorigine bi-confessionnel).

    4. http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19070042/index.html (consult le 23 janvier 2014).

    5. Le nom de leur fdration en Suisse nest mme pas traduit : Islamska zajednica Bonjaka vicarske.

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    Biographie de lauteur

    Christophe MONNOT est docteur en sciences des religions et sociologie des religions de lUniversit de Lausanne et de lcole pratique des hautes tudes (Sorbonne, Paris). Depuis 2012, il est professeur remplaant en sociologie des religions lUniversit de Lausanne et exerce plusieurs charges de cours lUniversit de Genve. Il est galement associ au Groupe socits religions laicits (EPHE-CNRS) Paris. Il est en outre membre du conseil du Research Network 34 (Sociology of Religion) de lEuropean Sociological Association (ESA) depuis sa cration en 2011. Ses travaux portent sur les diffrentes formes dinstitutionnalisation du religieux, les communauts religieuses et leurs relations avec leur environnement social et politique. Parmi ses derniers ouvrages : Religion in times of crisis (2014), publi chez Brill, co-dirig avec G Ganiel et H Winkel, Croire ensemble. Analyse institutionnelle du paysage religieux en Suisse (2013, Seismo) et La Suisse des mosques. Derrire le voile de lunit musulmane (2013, Labor et Fides).Adresse : ISSRC, Anthropole, Universit de Lausanne, 1015 Lausanne, SuisseEmail : [email protected]

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