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MONSTRESACRÉ

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PAUL-LOUPSULITZER

MONSTRESACRÉ

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CHAPITREII

LEPLUSJEUNEPDGDEFRANCE

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Très jeune, jeme lancedans les affaires. Je neveuxpasfaired’études.Jen’airiencontrelesétudes,maisjeme

dis que François Pinault, l’un des hommes le plus riche deFrance,aquittél’écoleà16ans.Étudesetréussitenesontpaspourmoisynonymes.Jememéfiedes technocrates.Avec leursénormes têtesdiplôméeset leursgrandes idéessur l’économie,ilsontréussiàrendrelesprixexorbitantspartoutenEurope.IlsontruinédespaysentierscommelaGrèce,l’IrlandeouChypreenleurenlevantlamaîtrisedeleurmonnaie.Ilslesontappauvrisàcoupsdeplancheàbillets.

À 16 ans, je commence à travailler pour le cinéma avecLaurentGrousset, leneveuducinéasteJean-PierreMelville.Jesuisembauchéavecletitretrèsgratifiantd’assistantmetteurenscène. En vérité, mes tâches consistent surtout à servir desboissonsàl’équipeetàtrouverdesobjetsintrouvables,commede vieilles voitures ou des accessoires improbables.C’est loind’être un véritable travail de mise en scène ! Mais je le faishonnêtement,deboncœur,commetoutcequej’aifaitdansmavie. De plus, c’est un job amusant, excitant, qui me permetdavantaged’épaterlesfillesqu’autrechose.

Puis jedeviens responsablede travauxdansune entreprisede nettoyage, la Tefid, à La Celle-Saint-Cloud. C’est mondeuxième job !Lechefestd’origine roumaine, il s’appelleM.Walter.Dèssixheuresdumatin, jememetsautravailà la têtedemonéquipe.Monautorité,jenel’imposepasencriantàtoutva. Je l’établispar l’exemple. J’ai toujoursété respectépar les

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employés,sansjamaisavoiràlesmenacer.

Par la suite, quand je suis devenu célèbre, on m’a décritcommeuncapitalisteacharnéetsanscœur.Ilestvrai,jecroisenl’économie de marché, je pense qu’on n’a jamais inventé demeilleur système.Mais lorsque jevois lespratiquesdumondedu travail aujourd’hui, le chantage permanent au licenciementquiprévautparfoisdanslesentreprises,jesuischoquéparcetteviolence. Le management par la peur, ça n’a jamais été maméthode.

Le moment est venu de la vraie aventure, celle qui va mepropulserdans lemondede l’entreprise.Une idée toutebêteagermédansmoncerveauenébullition.Uneidéetoutebête,maisà laquelle personne n’avait pensé et qui va faire de moi unhomme riche à l’âge où les autres se cherchent encore : jemelancedanslaventedesporte-clés!

Onimaginemalaujourd’huilafoliequej’aiprovoquéesurle marché en ces temps d’entrée timide dans les TrenteGlorieuses!LeFrançaisdel’époque,avecsesmodestesmoyens,est très collectionneur. Le porte-clés permet de multiplier lesthèmes de ses collections : voitures, motos, papes, rois,drapeaux, armoiries, que sais-je ! J’ai découvert un nouveaumarché.Jefaisunpeudecommunication.Et,jecréelepremierclubdecollectionneurs.

Je suis très fier de mes porte-clés. Ceux que je préfèrereprésententdespapes:PieXII,PaulVI,JeanXXIII,…pourneciter que les derniers.Les automobilistes les adorent.Leur clédevoiture,paréedelasaintefiguredePieXII,estunesortedeporte-bonheur, un saint Christophe relooké. Le plus marrant,

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Je me lance dans l’écriture pratiquement du jour aulendemain.Jemejettedanslalittératurecommeonsejette

à l’eau. En quelques années, je deviens un écrivainmondialement célèbre. Les succès se succèdent de façonspectaculaire.Money,Cash,FortuneetLeRoiVertconnaissentdeschiffresdeventeinégalésetsontconnusdanslaplupartdespaysoccidentaux.

Comment un jeune homme d’affaires autodidacte a-t-ilréussi pareil exploit ?C’est une question qu’onme pose sou-vent. Avant d’être sacré écrivain par les lecteurs, j’ai étéconsidérécommel’électronlibredel’éditionfrançaise,l’hommejailli de nulle part qui réussit à s’imposer dans lemonde trèsfermédelalittérature.

Mes livres parlent d’argent : rien qu’à lire leur titre, on lesait. J’ai introduit l’argent en littérature.C’estunedes raisonspour lesquellesmesdébutsdans lemétierd’écrivainont été siremarqués. En effet, le thème que j’aborde est profondémentnouveau,àlafoisdansleromanetdanslediscoursengénéral.

À l’heure de la crise financière, des milliards croqués pardes traders inconscients, il semble que l’argent – l’abondancecomme le manque – soit omniprésent dans notre vie et nosconversations.Mais celan’apas toujours été le cas.Revenonsunetrentained’annéesenarrière,aumomentoùj’aicommencéàécrire. Jusqu’à l’élection de François Mitterrand en 1981,l’argent est un sujet tabou. Et moi, j’arrive, je lance un pavédans la mare, je le place au centre de mes romans. Et ils se

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vendentàdesmillionsd’exemplaires.

À l’époque, ils étaient nombreux, ceux qui pensaient quel’argent, la richesse et le profit allaient être balayés parl’Histoire. Les uns s’en réjouissaient pour des raisonsidéologiques,lesautress’endésolaientcarilsvoyaientvenirlafin de la douceur de vivre. Avec l’élection de Mitterrand, laplupartdesrichesontpenséque lesgrandesfortunesn’avaientplus aucun avenir en France et que l’argent devrait se cacherdéfinitivement.Ilsimaginaientquelagauchetaxeraitrevenusetpatrimoinesà90%,cequiferaitfuirlescapitauxenSuisse.Ilspréparaient leur exfiltration et cherchaient à se faire discrets.Mais cela ne s’est pas passé ainsi. J’ai eu l’intuition que lesannéesMitterrandseraientlesannéesfric.Etl’avenirm’adonnéraison.Lesrêveriesdescommunistesallaientêtredéfinitivementbalayéesparl’expériencedupouvoir.Aveclagaucheàl’Élysée,l’économiedemarchéseraitrenforcée.Onallaits’enrichirsanscrainteetsanshonte.Danscecontexte,ilfallaitqu’unécrivainmettel’argentetlarichesseenscène.J’aichoisidelefaireavanttoutlemonde.

Lasuiteappartientàl’Histoire.

En1980commencelagénérationSulitzer.Meslivressontàl’image de ma vie d’homme d’affaires. Ils sont un hymne autalent, au travail, à la débrouillardise, à l’aventure, et à laréussitesocialequiresteàinventer.

Aucuneentreprisen’estuneœuvredecharité.Iln’yapasdecréation de richesse sans profit. Le profit est le moteur del’entreprise.Ce n’est ni bien nimal, c’est un fait, une réalité.Dèslaparutiondemonpremierlivre,Money,jedécortiquecette

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réalité avec une précision scientifique, comme on démonte unmoteurpourenexpliquerlefonctionnement.Quandjedécrislemonde du gadget, le monde de l’immobilier, le monde desbanques,c’estmonhistoirequejeraconte.Jesais,j’aicompriscomment tout cela fonctionne. Je parle en connaissance decause. J’affirme sans forfanterie que dans un siècle, montémoignage resteraunebonne illustrationdecequi s’estpasséen Occident au moment où il a basculé dans le troisièmemillénaireetdanslaglobalisation.

Mes lecteurs apprécient laprécisionet l’exactitudedemesdescriptions.Tous les jours, je reçoisdes témoignagesdegensquimedisentavoircompris l’économieetsesmystèresgrâceàmeslivres.Jesuisl’undespremiersàavoirpréditlagravecriseéconomique qui nous frappe aujourd’hui. Un écrivaintraditionnel,quelquesoitsontalent,n’estpascapabledefaireletableaudel’économiemondialisée.Macarrièreatypique,quidébutedans lesaffairesavantde s’épanouirdans la littérature,m’adonnéunecapacitéd’analyseparticulièrementperformante.

Les«annéesfric»,jelesaivuesveniralorsquelespatronsfrançaissongeaientàs’exilerenAmérique.Nousvivonsdansunmonde économique multipolaire et dans l’économie virtuelle.Pour les comprendre, il suffit d’ouvrir quelques-uns de mesromans. Les articles embrumés par l’idéologie que nousretrouvonsdans lapresseéconomiquenesontd’aucunsecourspourquiveutvoirclairdanscemagmacomplexe.

Jesuisspectateurdemonépoque.Jepromènepartoutmonregard acéré, dans tous les milieux sociaux, sur tous lescontinents, sur tous les fronts. J’observe des phénomènesextraordinairesquelecommundesmortelsnevoitpas.Àforce

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gagner de l’argent pour vivre heureux et tout l’effort et lemeilleurd’unevieseconcentrentpourlegaindecetargent.Lebonheur est oublié, le moyen pris pour la fin », prétendaitl’auteurdeL’Étranger.Onenétait là lorsque j’aicommencéàécrire.Cesidéesétaientpartagéesparlaplusgrandepartiedelapopulation. Avec mes livres, c’était un peu comme si j’avaistagué les murs de Saint-Germain-des-Prés avec des formulesprovocatrices.

À l’orée des Trente Glorieuses, alors que l’Occidententamait une croissance exponentielle, l’omerta a commença àse fendiller.On s’aperçut enfin que l’aventuremoderne n’étaitpasdanslesdiscoursphilosophiquesfumeux.Onavaitenfinledroitd’êtreunentrepreneuretmêmed’enparlerdansleslivres.Maispersonnen’avaitvraimentprislerisqued’exercercedroit.Iln’étaitplushonteuxd’avoirdesidéessurleplanéconomiqueet de faire fructifier ses richesses. Qui oserait le dire ? Quioseraitl’écrire?

Jemesuisdévoué

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CHAPITREIV

L’INVENTIONDUWESTERNFINANCIER

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Lewesternfinancierestungenrenouveau,maiscen’estpasmoiquiaiinventécetteformule.Unjour,j’aiditàla

télévision : « Dans mes livres, ce ne sont plus les balles quituentlesgens,c’estl’argent,lafinance,lepouvoir.Untypequifermeuneusine faitplusdemalqu’uncowboyquientredansun ranch avec un pistolet. » En écoutant mes déclarations,l’éditeur,malin,ainventél’expression«westernfinancier»,quia ensuite été reprise par la presse et le grand public. Je suisdevenupour l’éternité l’inventeurduwestern financier, commeWilliamBoeingaétél’inventeurdel’aviondeligneetJacques-YvesCousteaul’inventeurduscaphandreautonome.

Àl’époque,ilexistaitunegénérationdepetitsentrepreneursqui voulaient devenir grands. L’informatique envahissait lemonde, Bill Gates et Steve Jobs étaient des jeunes gensambitieuxbourrésdetalent.C’étaitunegénérationintelligente,révolutionnaire, au sens technique et économique, et cela mepassionnait.Contrairement aux ragots circulant autour demoi,je n’étais pas un spéculateur caché dans une banque. CommeBill Gates et Steve Jobs, j’étais un homme de terrain, unvoyageur,unentrepreneur,uninventeur,undécouvreur.

En 1979, une journaliste de Paris Match appelée AgatheGodard avait publié, avec François Pédron, un livre intituléL’Argent fait le bonheur, un titre amusant et provocateur. Celivre évoquait douze réussites spectaculaires, dont la mienne.Lesauteursracontaientdansledétailmonascensionfulgurantedejeunehommed’affaires.

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mes livres, et qu’ilm’avaitmême cité, ce quim’avait fait trèsplaisir.

Que lesnombreux lecteursquim’ont témoigné leur intérêtsoient ici remerciés. J’ai avec mon public une relationpassionnelle.Lebonheurquej’éprouveàlireleurcourriern’estpas le fruitd’unbienheureuxhasard,c’est la récompensed’untravail bien fait. Car le succès de mes livres n’est pas dû auhasard.Endébutantdanslavie,jen’avaispastouslesatoutsenmain.Jen’étaispasd’unebeautéparfaite.Jen’étaispasfilsdestar.Jen’étaispasunhéritier.Jen’étaispas issud’unefamilled’écrivainsoud’éditeurs.J’étaisunentrepreneurdevenuauteurgrâceàsontravailetauxtalentsdontlanatureavaitbienvoulule gratifier. J’espérais être lu,mais je nem’y attendais pas, entoutcaspasàcepoint.

J’avoue avoir été le premier surpris par l’ampleur de monsuccès.

A posteriori, j’ai compris pourquoi tout avait si bienfonctionné.Les journauxd’actualitéavaientbeaucoupparlédemoi, ils faisaient partie demonpublic. J’avais eu le plaisir decontribuer à leur évolution, comme j’avais contribué àl’éducation de mes lecteurs en matière économique. À mesdébuts dans l’écriture, il n’y avait quasiment pas de rubriqued’économie dans les grands quotidiens. La politique, les faitsdivers, la culture avaient toujours eu une place de choix,maisl’économie non. Il fallait acheter des journaux spécialisés.Aujourd’hui,Libération,LeMonde,LeFigaro,LeParisienontune rubrique consacrée à la Bourse, et certains jours de lasemaine, il y a des suppléments de plusieurs pages dédiés àl’économie.Jerêvedeliredeschroniqueséconomiquesdansles

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journauxlittéraires,carpourmoi,lalittératureetl’économienedevraientpasêtreséparéesdefaçonartificielle.

Dans les années quatre-vingts, j’étais un révolutionnaire àmafaçon,unesortedeCheGuevarapragmatiquelancédans lajungle de l’économie libérale. Je touchais à un domaineexplosif,fantasmatique,etrapidement,ons’estmisàconfondremeshérosetmapersonne.Jel’avaisunpeucherché,ilestvrai.

À l’époque, on aimait montrer des gens riches à la télé,commedansDallas et sonunivers impitoyable.Maiscommentles gens faisaient-ils pour devenir riches ? Comment Sulitzeravait-ilréussi?Onnelesavaitpas.Larichesseétaitcommeuneboîte noire.Mon idée consistait à expliquer les recettes.Meslecteurs étaient guidés par un chef cuisinier (et pas par uncritiquegastronomique),ilsassistaientàlapréparationdesplatsles plus sophistiqués. Mes détracteurs disaient : « Paul-LoupSulitzerfaitl’apologiedufricetdumondedelafinancesansfoiniloi!»Maisc’estfaux,totalementfaux!Lesgensnesaventpas lire ou bien ils sont de mauvaise foi. Ce n’est pas parcequ’on évoque l’argent qu’on en fait l’apologie. Pour moi,l’argent n’avait jamais été une fin en soi. Quand ils lisaientMoney,lesbanquierssuissesnepouvaientpasseréjouirdemespropos,carilsétaientviolemmentcritiqués,dumoinsceuxquinerespectaientpasl’éthiquelaplusélémentaire!

Je ne suis pas le chantre du capitalisme sauvage, je suistémoindu capitalisme, ce n’est pas du tout lamême chose. Jemets en scène le bien, le mal, le magnifique et l’immonde.L’argent est comme l’air que l’on respire. Il est parfois pur,parfois irrespirable. Chaque lecteur est libre d’en tirer lesenseignementsdontilabesoinpourcomprendrelemondedans

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lequelilvit,pourlemeilleuretpourlepire.

Les petits intellectuels de salon des années quatre-vingtsm’avaient fait un procès en sorcellerie parce que j’avais dusuccès.Tousm’avaientattaqué,ycomprisceuxquimetapaientsur l’épauleaudébutendisant :«Ah,c’estmignonceque tufais, tuesgentil toi!»LejouroùLeRoiVertavaitbattu touslesrecordsdevente,certainsdemesconcurrentss’étaientmisàme haïr. J’avais eu ainsi la preuve vivante que les écrivainsétaient capables de raisonner en termes de concurrence et departs de marché. Ils étaient tous des commerçants, qu’ils leveuillent ou non. Le Roi Vert avait dépassé les frontièresimmatérielles de Saint-Germain-des-Prés, il avait été traduitdansunecinquantainedepays,dontlaChine,leJapon,leBrésilet lesÉtats-Unis.Celan’avait pasplu auxbesogneuxdont lesventesnedépassaientpasdeuxcents exemplaires.C’étaitbiennaturel.Ducoup,j’avaisétécalomnié,etdequellefaçon!

Un jour, invité à une émission radiophonique, j’étais enretardetsurl’autoradiodutaxi, j’avaisentenduleprésentateurqui disait d’un ton agressif : « On va recevoir un capitaliste,Paul-LoupSulitzer.»Quelqu’undontjetairailenomadit:«Jene lirai pas ses bouquins, c’est de la merde. » Cela m’avaitinterloqué. Cette réflexion ne posait pas un problème dejugement littéraire (chacun ses goûts), mais un problème delogique.Commentpouvait-onnepasaimerdestextesqu’onn’apaslus?Uneétiquettemecollaitàlapeau:j’étaisunméchantcapitaliste,unspéculateur,unnégrier,unimmondepersonnage.J’étais à toutboutdechampconfrontéàune image totalementfausse,celuiduméchantdel’édition.Unexempleamusant: jefumaisdescigares.Alorsondisaitdemoi:«Tuasvucegrosconquifumedescigares,c’estunvraicapitaliste,çasevoit».

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tiroir-caisse.

Maiscommentai-jerencontréLoupDurand?GraceàAlbertBlanchard des éditions Denoël, j’avais lu un livre de lui quis’appelaitLeCaïd,unehistoireauthentiquedécrivantlesmœursde la mafia marseillaise, constituée de Corses, vivant duproxénétisme, de trafics en tout genre et de racket. C’était unlivre passionnant, pétri d’humour noir. J’en avais trouvé ladramaturgie excellente. J’avais demandé à M. Blanchard,l’éditeur,dememettreen rapportaveccetauteursi talentueuxquejevenaisdedécouvrir.Entrenous,çaavaitfonctionnétoutde suite. Certaines rencontres arrivent au bon moment. Nousnous étions compris instantanément, dans une alchimiemystérieuseetréconfortante.Nousétionscomplémentaires.Nosrapports étaient intimes et passionnés.Nous avions presque lemême prénom, nous étions prédestinés ! Notre collaborationétaitnotreœuvre,notreœuvreétaitnotrecollaboration.

Intervenantsurunegrandechaînedetélévision,aumomentde l’affaire Pivot qui avait révélé au grand jour notre travailcommun,Loupavaitdit:«CequisepasseentreSulitzeretmoi,personne ne peut le comprendre. C’est l’harmonie, l’osmosetotale.Jenesuispasunnègre,jecollaboreaveclui,ilcollaboreavecmoi».Ildisaitlavérité,toutelavérité.

S’il était encore en vie, il en approuverait chacune de ceslignes.

Loup Durand était un ami. Nous faisions du bateauensemble, tout sepassait trèsbien. Ilest rared’avoirunpareilami dans le travail. Ilm’admirait, je le respectais.Nos talentsconjugués rendaient la littérature accessible au plus grand

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nombre. Lorsque nous travaillions sur un manuscrit, nousdiscutions pendant des heures. Nous étions dans un autreregistrequelesautresauteurs.Nousétionsàpart,maindanslamain, révélant au monde ce que personne n’avait jamais oséraconterjusque-là.

SiLoupavaitététoutsimplementmon«nègre»,unmotqueje réprouve car il suinte le racisme, il aurait pu profiter de lasituation.Ilauraitpumedénoncerou/etdevenirlenègredetousleshommespolitiquesenvue.

À cette occasion, j’ai remarqué que la France était le seulpays où les hommes politiques publiaient des livres. Cetteparticularité amuse infiniment les Britanniques. Avec leurhumour caractéristique, ils se demandent parfois comment despersonnes aux responsabilités aussi lourdes peuvent trouver letemps et la concentration nécessaires pour écrire. C’est uneexcellentequestion, à laquelle jem’empressede répondre : ilsn’y arriveraient jamais seuls. C’est clair. Cette questionpertinente n’est cependant jamais posée par les journalistesfrançaisauxordres.Ilspréfèrentmettreendoutel’intégritéd’unSulitzer, entrepreneur privé, plutôt que de se montrerimpertinents envers ceux qui occupent les palais de laRépublique. Courageux mais pas téméraires, nos journalistesmaison!

Loup Durand, mon complice, contrairement à bien despersonnalités qui hantent les couloirs des maisons d’édition,était un homme honnête. Il détestait le mensonge et faisaittoujours preuve de la plus grande fidélité. J’aimais LoupDurand,j’admiraisLoupDurand,ilétait lefrèrequejen’avaispaseu;iln’aéténimonnègre,nimonsecrétaire.Ilm’aaidéet

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jel’aiaidé.Nousavionsbesoinl’undel’autre.Nousaurionseutort de rester chacun dans notre coin. Malgré mon talent deconteur et malgré la force créatrice qui me fait imaginer deshistoires pleines de vie et de rebondissements, j’aurais eu lesdéfautsde l’autodidactesi j’avaisécritsans l’aided’unexpert.Rédiger s’apprend, c’est une longue initiation. Notre publicauraitétélésé.LoupDurandétaitunfinspécialistedelalanguefrançaise. Moi, j’étais un fin spécialiste du scénario. Je luiracontais des histoires magnifiques, puis nous les écrivionsensemble.aressemblaitàunebellepartiedeping-pong.C’étaitrapide et léger, presque instinctif. Pas besoin de se renvoyerindéfiniment des brouettes de notes dispersées à mettre enhistoire :chacunsavaitcequ’ilavaitàapporterau roman.Leschapitressortaientlesunsaprèslesautresdenotreimaginationàdeuxvoix. Il existaitun réel échange,une réelle communionentre luietmoi.Nousétionsallés très loinensemble.J’aimeàdirequec’étaitunebellehistoired’amoursanssexualité.Oui,jevais jusque-là. Mon intimité a été dévoilée bien des fois aucoursdemacarrière.Ayantconnu la fortuneet la réussite trèsjeune, j’avais appris à vivre dans la lumière des flashes et descaméras. J’aurais donc bien tort de faire preuve d’une sottepudeur en décrivant la complicité profonde qui m’unissait àLoupDurand.

CommentLoupréagissait-ilàtoutletumultemédiatiquequientourait mes livres ? Bien sûr, il n’était pas dans l’œil ducyclone (sauf chez Pivot !) – pas encore – et il voyait tout çaavec philosophie. Il me disait que l’important, c’était qu’onparledemoi.Plusonmecritiquait,plusonmehaïssait,plusontournaitendérisionmeslivres–ouplutôtnoslivres–,plusilssevendaient.C’étaitleprincipal.

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classementdeshommesetdesfemmeslesplusrichesdumonde.Le public était avide de ce genre d’information. Quand unéditeur lançait un ouvrage parlant des gens riches, on medemandait souvent de faire la préface. Je devenaisincontournable : dès qu’on parlait d’argent, on appelait Paul-Loup Sulitzer. J’étais l’expert le plus médiatisé des questionsfinancières,unesortedegouroudelafinance,degrandmanitoude la monnaie ! Et pas seulement en France, mais aussi enBelgiqueetenSuisse.

Certains voyaient en moi un illuminé, d’autres un vision-naire ou un prophète.Moi, je tenais bon. J’essayais de toutesmesforcesdepréservermaclairvoyance.

Contrairementàcequ’onavaitessayédefairecroire,mêmesij’avaisinventélemarketinglittéraire,jen’avaisjamaisharcelélesmédias.Lesmédiasmeharcelaient!Jen’yétaispourrien.ÀcôtédeNicolasSarkozy,dontonavudepuisqu’ilétaitobsédépar son image jusqu’à la caricature, j’étais un petit garçon enculotte courte. Je n’avais jamais forcé les choses, j’étais restémoi-même,etlagloireétaitvenuetouteseule.

Dès1983, j’avaisannoncédans lesmédiasdesévènementsque personne ne voyait venir. Et ces évènements avaient eu leculot d’arriver quelque temps plus tard ! Un exemple : LeQuotidien de Paris, grand journal de l’époque aujourd’huidisparu, dirigé par le talentueux Philippe Tesson, m’avaitdemandémonavissurleprixdel’or.J’avaisprévenuqueceprixallaitmonter de façon exponentielle pendant plusieurs années,et c’est ce qui arriva. L’or, valeur refuge contre l’inflation ettoutes les autres pompes à capitaux, n’avait cessé demonter àmesure que l’incertitude gagnait les sociétés modernes. Ce

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placement était devenu de plus en plus ren-table. On sedemandaitetonsedemandeencoreoùcettetendances’arrêtera,les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, mais ma prédictions’était révéléeexacte.Etpuisunechoseétait sûre :enpériodede crise, on trouvait des actions de grandes sociétés dans lespoubelles.De l’or, jamais.Dans lemêmeQuotidien deParis,j’avaisincitélesgensàacheterdel’immobilieràParis.Lemètrecarré valait à l’époque l’équiva-lent de 1 500 euros…Aujourd’hui,cechiffrefaitsourire.Untelprixest impensable.Dansle6earrondissement,lesprixdel’immobilierontdécuplé.

Mes ennemis avaient beau essayer de me ridiculiser, jecontinuaisàexercermesdonsdeclairvoyance–etàtomberpile.Mon secret ? Un incroyable bon sens, une observationscrupuleusedesmouvementsdumonde,duflairetdelabaraka:impossibleàcopier !Encoreunexempledes résultatsdecettemixture explosive : dans mon dernier roman, L’Empire duNénuphar,quisedérouleenExtrême-Orient,monhérosFranzCimballi explorait le marché de l’art chinois ancien. Il étaitangoissé par la perte de valeur de tous les actifs financiers etmême par la perspective d’un effondrement des prix del’immobilier.MaislesChinoisquileguidaientdanscetuniversmystérieux l’avertirent : il y avait une valeur refuge, plus sûreque les billets de banque et plus sûre que l’or. Cette valeur,c’étaitl’art.J’avaisécritcepassageenfévrier2011,enChine,jem’en souviens très bien. Le livre était sorti à l’automne, etdepuis, que s’était-il passé ? La perte du tripleA sur la detteaméricaine, la crise grecque, la crise irlandaise, la crisechapriote, la chute de toutes les monnaies (à part le francsuisse).Personnenesavaitjusqu’àquandl’eurosurvivrait,maischacun savait qu’une crise de l’euro entraînerait une crise dudollar. Pendant ce temps, les prix de l’art chinois ancien

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s’envolaient:onvoyaitmêmecertainsrecordsd’enchèressurlespages d’actualité de Yahoo. C’était sur ce marché que lescapitauxseréfugiaient,commejel’avaisprédit.

Je m’intéresse à l’art chinois depuis très longtemps, c’estmon jardin secret. Je n’en avais jamais parlé dans mes livresjusqu’àL’EmpireduNénuphar, car il n’y avait pas encore derapport entre ce merveilleux domaine et le western financier.Mais depuis la crise, les choses changeaient. Les nouveauxriches chinois redécouvraient l’art ancestral de leur pays.Certaines pièces, comme les céramiques du XIXe siècle,d’époque Daoguang (1821-1850), ou même Guangxu (1875-1908),atteignaientdesprixàsixouseptchiffres(eneuros,endollars, en livres sterling, peu importe), alors qu’il y avait dixans seulement, on ne les considérait que comme des articlesdécoratifs sansgrandevaleur.Les livresd’artcommencent toutjusteàenparler.

Malgré les ventes extraordinaires de mes ouvrages, lesmagazines littéraires avaient persisté à superbementm’ignorer.LeNouveau Roman avait vieilli. Les écrivains avaient disparudes lieux mythiques dont ils avaient fait la gloire. On nerencontrait plus auFlore quedes touristesunpeupaumésquitraquaientlefantômedeSimonedeBeauvoir,maislesnobismed’une certaine presse survivait à tout. Je n’étais pas digne deleurhautejactance,fût-cedansunarticleautonnégatif.Aveclesuccès,pourlesmagazineslittéraires,j’étaisdevenulepestiféréde l’édition. Pire que le diable !Mais les grands journaux etmagazines nationaux, Paris Match, L’Express, Le Point, LeFigaro, France Soir Magazine, Internet, eux, avaient faitlargementéchoàcephénomèneincroyable :des livresfrançaisfaisaient exploser les chiffres de vente en librairie à travers la

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EnFrance, un écrivain qui gagne de l’argent est considérécommeunimposteur.AuxÉtats-Unis,c’estunhéros.

Pourquoi un écrivain n’aurait-il pas le droit de gagner del’argent ? Cette image ridicule est construite et portée par lesécrivains eux-mêmes. Le « grand écrivain », c’est celui quisouffre,quipleurniche,quin’apasuneuroenpoche.L’histoirede la littérature regorgede ces images d’Épinal : Jean-JacquesRousseau était entretenu parMme deWarens auxCharmettes,Honoré de Balzac était criblé de dettes, Charles Baudelairevivait d’expédients, Arthur Rimbaud crevait de faim dans lescontréesdésoléesd’Afrique.Unécrivainquigagnede l’argent,c’est louche ! Le premier livre de Julien Gracq s’est vendu àsoixante-trois exemplaires, et l’auteur prétendait qu’au-delà decinq cents, c’était de la mauvaise littérature. La France estprisonnière de ces images d’écrivains héroïques qui, tels lesermites cachés dans la montagne, mangent des racines poursurvivre.

En1986,meslivressontlusetadmiréspardesmillionsdelecteurs. Certains écrivains vivent dans la misère, tandis quemoi,jelaisseunetracedansl’Histoiretoutengagnantbeaucoupd’argent.Danssasoupente,l’écrivainbesogneuxrêved’avoirlesfemmes de Paul-Loup Sulitzer, les voitures de Paul-LoupSulitzer, les appartements de Paul-Loup Sulitzer. D’où ledéchaînement de haine à mon égard qui, je dois le dire, nem’empêchepasdesavourermonbonheur:«leschiensaboient,lacaravanepasse».Etleregardenvieuxdeschienssurlechefdelacaravaneestdouxcommelemiel!

J’aidoncétéboycottéparlapresselittérairedel’Hexagone.Il était étrange que l’auteur le plus vendu de France n’ait pas

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droit àune seule lignedans cettepresse spécialisée.Onauraitpuaumoinsparlerdemoicommeunphénomèned’édition.Enprivé, certains journalistes disaient que j’écrivais de très bonslivres, mais que mon personnage était insupportable, d’oùl’omertadontj’étaisparfoisl’objet.

Les coups sont venus par derrière. Saint-Germain-des-Présestinfestédecrocodiles.Etlescrocodiles,toutlemondelesait,attaquentsanssefairevoir,enplongeantaupluspro-fondpuisenremontantàtoutevitesseàlasurfacelorsqu’ilsdétectentuneproie. Ce phénomène de prédation est typiquement franco-français.

L’impactdeschiffresdeventespharaoniquesqu’affichaientmeséditeurs, infine,aeupoureffetdefaireévoluer lasociétédans le bon sens. Aujourd’hui, un écrivain français qui vendn’est plus considéré comme un mauvais écrivain. On risquemême de basculer dans l’excès inverse : certains mauvaisécrivains qui vendent énormément se font passer pour desécrivainsdegénie.

LeMonde etLibération ont souvent parlé demoi. J’ai eurécemmentunepageentièredanschacundecesquotidiens.Unepage pleine d’ironie. L’ironie est un droit, mais les articlesparlaient de mon parcours exceptionnel et non de mes livres.C’estuntraversquej’aitoujoursregretté.

LesÉtats-Unissontlepaysdesgagnants(winners).C’estunpays selonmoncœur.C’est làque j’auraisdûnaître. Je ledismalgré toute la passion que j’ai pour la France. J’ai eu unappartementàNewYork,au63eétagedelaMetropolitanTower.J’adorais contempler, de la baie vitrée d’où je la surplombais,

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l’énorme mégalopole étalée à mes pieds comme un fauvedompté, rutilante de lumières, vibrante de vie, qui jamais nes’endormait.CequifaitdeNewYorkunevillehumainemalgréson gigantisme, c’est lemelting-pot, ce creuset travaillé sanscesseparuneformidableénergieoùsemélangentlesraces, lescultures,lesmusiques,lessaveursetlessonoritésvenusdetouslesailleurs…SeulShanghaim’aprocuréunetelleexcitation.JemesuisfaitdesamisfidèlesàNewYork.Ilsétaientprêtsàtoutpour moi, tant que j’étais là. Mais, « loin des yeux, loin ducœur»,j’aiapprislesensdecetadageaveceux!

J’aivécuunepériodedebonheurabsolu :celleoù,devenuunécrivaincélèbre,j’aiparcourul’intérieurdesÉtats-Unis.IlyaunephotodemoiassissurunbateautraversantlelacPowellenArizona.CettephotoestunemétaphoredemadécouverteduNouveauMonde.

J’adore l’Ouest américain, ce pays dudébut dumonde, oùl’on découvre, au milieu des défilés rocheux peuplés demonstres minéraux, les empreintes géantes des dinosaurestatouéesdanslapierre;cepaysoùlesIndiensemplumésdenoslivres d’enfants jouent encore l’épopée du western dans leursimmensestipis.

J’aieuunemaisonenArizonaoùlanatureestencorevierge.Des Mormons m’avaient vendu un immense terrain d’où jepouvais admirer des espaces infinis jonchés de rocherscyclopéens, ocre ou pourpres selon les heures. Chacun de cesénormes blocs de calcaire ou de schiste portait un nomamérindien dont les rudes sonorités sorties de la gorge rauquedespremiersenfantsdupaysmeravissaient…Malheureusementj’aidûquittercesterresintouchéesavantd’avoireuletempsde

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écrivain, d’après mes détracteurs, ne devait pas faire depublicité.Tout lemonde, dans la société du spectacle, en a ledroit:lessportifs,leschanteurs,monsieurtoutlemonde…maispaslesauteurs.Onnesaitpaspourquoi,maisc’estainsi.Quelleétaitcetteloiabsurde?Onmedisait:«Camusn’auraitjamaisvanté les mérites des stylos Waterman. » Je répondais toutsimplement : «Camus, peut-être non,mais Sulitzer, oui. » Lemodèle dont je faisais la promotion s’était vendu à centmilleexemplaires, comme un bon roman. Une fois de plus, jedésarmaislescritiquesparl’usagedusimplebonsens.Jefaisaisdelapublicité,maisoùétaitleproblème?Est–cequ’unauteuraledevoirêtrepauvre?Pourquoiseulsleséditeursauraient-ilsle droit d’être riches et de se préoccuper de la vente demarchandises ? J’ai même signé un contrat pour un parfum,Hope («L’Espoir »), qui n’est jamais sorti. Puis j’ai lancé unagendaQuoVadisquel’onaappeléL’AgendadelaRéussiteouLeSulitzer.

Pourunentrepreneurmoinsambitieuxquemoi,lesproduitsassociésàsonnomauraientsuffià faireunevéritablecarrière.Pourmoi, ilsneconstituentqu’unépisodedistrayantdansunevie d’aventures. Il y a euunemontre, numérotée en très petitesérie,conçueparPéquignetetsignéePaul-LoupSulitzer.Ilyaeu les boules de pétanque dorées Paul-Loup Sulitzer pour lesloisirs des grands de ce monde ; le téléphone SulitzercommercialiséparModulo-Phone,lesassurancesaveclecontratdelaNorwich.J’aieuaussiuncontratavecBalmain:j’aifaitletourdelaplanètepourreprésenterlescostumesdecettemaisonprestigieuseetj’aieudroitenretouràl’équivalentde300000eurosparan.Côtéféminin,BalmainavaitchoisiIsabelleAdjani.Les grandes marques choisissent les grands noms pour lesreprésenter à travers le monde. J’ai également créé les jeux

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FinanceetCitizenNews,leslogicielsCashFlowetMarket,lesvidéosL’Argentc’estmonbusinessetVotreargentvautdel’or.

J’aiparticipéàplusieursfilms.DansLesPoneyttesdeJoëlLe Moigne, j’incarne un vendeur de gadgets. Dans DancingMachine deGillesBéhat, je joue aux côtés d’AlainDelon, deClaudeBrasseuretdePatrickDupont.DansMauvaisgenredeLaurent Bénégui, je donne la réplique à Monica Bellucci.Money de Steven Hilliard Stern est inspiré de mon premierroman.

Monauradépassait très largement ledomaine littéraire.Lapresse internationale ne cessait d’évoquer mes affairesflorissantes, mes voyages internationaux, mes amours, mesrencontres avec les grands. Je passais sans cesse dans desreportages,jedevenaisunsujetdecuriosité.Jeparticipaisàdesémissionsnonlittéraires,parfoisavecdeshommespolitiques.Jeme souviens de l’une d’entre elles, à la radio, avec JacquesChirac etNicolas Sarkozy. Peu d’écrivains ont été exposés aupublic en compagnie de deux futurs présidents de laRépublique. Des personnalités venaient vers moi, pour medemander conseil ou tout simplement pour bavarder avecquelqu’unquin’avait aucunpistonà leurdemander.On savaitquemonexpériencede la réussite auplushaut niveaum’avaitdonnéunecertainehauteurdevue.

ÉdouardBalladurm’amêmecontactéafinquejedeviennelamascotte du Trésor public. C’était lors de la premièrecohabitation.Àcetteépoque,ladroitefrançaiseavaitessayédes’inspirer du libéralisme qui réussissait si bien à MargaretThatcher enAngleterre.L’expérienceavait étédecourtedurée,lepariétaitaudacieux.Pourfairecepari,l’Étatavaitbesoinde

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l’image charismatique d’un entrepreneur français. J’étais toutdésigné. Les affaires, le spectacle et la création littérairefrançaise,c’était toutà faitmoi !Dansdesspots, j’incitais lesgensàacheterdesobligationsduTrésor.CesfilmssontpasséssurFR3. J’ai étépayé150000 francs (environ22500euros).Comptetenudelalongueduréedutournage,cetterémunérationn’avaitriend’extravagant,maisj’étaisheureuxdememettreauservicedel’équilibrebudgétairedemonpays.

Un peu plus tard, j’ai été contacté par Pascal Gruson, ledirecteurdelaSofipa,brasfinancierd’Elf.Ilm’aannoncéqu’ilvoulait créer une banque appelée « Sulitzer Money », toutsimplement.Nousenavonsdiscutéen toute franchise.Commemon héros, Cimballi, je monnaye ma participation. Je discutepointparpointdemesémoluments,carl’imagedespersonnagespublicsestunproduitcommeunautre,unevaleurdepremièreimportance dans la société de l’information.Ce n’était pas un« projet » abstrait. L’idée de Pascal Gruson était simple etparfaitement faisable : il s’agissait créerunétablissementpourattirerlesrichesclients.Uneclientèletrèshautdegamme.Monnom avait été déposé dans une centaine de pays, à coups demillions. Hélas ! le scandale Elf avait éclaté, Loïk Le Floch-Prigent – que je ne connaissais pas – avait renoncé à tous sesprojets financiers, et tout avait été mis en veilleuse.Heureusement j’avais été engrandepartie payé, et je l’avoue :c’estleprincipal.Moneyismoney!

J’avais été à deux doigts de réussir dans la banque, celaaurait été une nouvelle aventure, un joyau de plus sur macouronne d’homme-orchestre. Mais un scandale totalementinattendu avait tout gâché, l’Angolagate. Pour qu’on puissecomprendre les origines de ce scandale, au-delà des quelques

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Homme de droite censé être très dur, il a eu le courage de semettre en porte-à-faux vis-à-vis de son électorat le plusconservateurdansl’intérêtdesonpays.Onsaitqu’ilyalaissésasanté. Ilaeuunehémorragiecérébrale.C’est le lotdeceuxquisedonnentsanscompter…Jesaisdequoijeparle,moiquiaiaussisubil’assautd’uneattaquecérébrale.

J’aiégalementbienconnuYitzhakShamiretYitzhakRabin,deuxautresPremiersministresremarquables,surtoutlesecond,qui a signé les accordsd’Osloavecnos frèrespales-tiniens, etqui, à cause de cela, a été assassiné par un extrémiste juif. JegardeunsouvenirémudemonvoyageenIsraëloùj’aiétéinvitéaumomentdelasortiedeCartel.

À Jérusalem, je me suis recueilli sur la tombe de RobertMaxwell,magnatde lapressebritannique,morten tombantdeson yacht au large des Canaries dans d’étranges conditions.Certainsontdit qu’il avait été tuépar leMossad,d’autresparlesservicessecretssyriens.Jeleconnaissais,jel’avaisrencontréàAntibes, et après samort, jeme suis occupé de son fameuxyacht,leLadyGhislaine,d’oùilavaitchuté.

J’ai fréquenté des hommes politiques auxÉtats-Unis, dansl’entouragedeRonaldReagan,ce trèsgrandprésidentdontonpeutdirequ’ilagagnélaguerrefroide.

Mais à l’époque, on l’oublie facilement tant on aime mecataloguer à droite, j’aimais aussi fréquenter l’élite soviétique,ce qui prouve une certaine ouverture d’esprit : j’ai rencontréGary Kasparov, le champion du monde d’échecs, un esprituniversel qui s’intéresse à tout.C’est un homme d’action, passeulement un génie de la combinatoire folle des échecs. Il

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mélange les genres, un peu commemoi. Kasparov a fondé unpartipolitiqueetsebatpourleslibertéspubliquesenRussie.Ila même apporté son soutien à des historiens qui cherchent àréévaluer l’histoire de l’Empire russe. D’après leur thèse, cetempire couvrait le même territoire que celui attribué auxMogols. Je ne sais pas si ces théories historiques sontscientifiquement fondées, mais je trouve la curiositéintellectuelledeKasparovtrèsstimulante.

D’oùmevient cette capacité à nouer des contacts avec lespuissants de ce monde ? On m’a naturellement reproché derechercherlacompagniedescélébritéspourmefairemousseretme constituer un réseau de soutien. C’est ridicule. On oubliequelesamispolitiquespassentrégulièrementdansl’opposition,etqu’êtredeleurentouragedevientrégulièrementunecharge!Àfréquenter de trop près les hommes politiques, on devientrapidementuneciblepourlachasseauxsorcières.

En réalité, ma fascination pour les gens célèbres s’estdéveloppée très tôt, dans mon enfance, à Saint-Tropez. Uncertain nombre de personnalités défilaient dans ce cadreprivilégié.Pourmoi,êtreadmisdansl’intimitédespersonnalitésconnues du grand public était une chose agréable, aussinaturelle que l’éclat du soleil sur les toits des madragues deSaint-Tropez.

Je me souviens de Sean Flynn, le fils d’Errol Flynn, lefameuxinterprètedeRobindesBois,deL’Aigledesmersetdetant de films d’aventure quim’ont fait rêver.Ce jeune hommepassait très souventprèsdecheznousavec samoto. Il prenaitdesbainsdeminuitavecmasœurDominique.Seanvoulaitêtrecorrespondantdeguerre.Sonaventures’estmalterminée,ilest

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mortauViêtNam,pendantlaguerre,enpleintravail,alorsqu’ilprenaitdesphotos.

En 1967, j’ai rencontré Alain Delon lorsqu’il jouait avecRomy Schneider dans le filmLaPiscine. Le producteur avaitlouélamaisondemonpèrepourl’usagepersonneldel’acteur.Delon a demandé enme voyant : « Qu’est-ce que vous faitesici ? » Je lui ai répondu que je voulais passer des vacances àSaint-Tropez!Ilm’ademandéoùétaitmachambred’hôtel,j’aidit qu’elle se trouvait dans la maison qu’il occupait. Il s’estexclamé:«Restez-y»,etducoupjel’aicôtoyépendanttoutletournage.C’était la première fois que je le rencontrais, j’avaisune vingtaine d’années, et depuis, nous s sommes sou-ventrevus. Nous avons fait du bateau ensemble. C’était un sacréathlète.Undébutd’amitiéestnéentrenous.Alainestquelqu’undefidèleetilaunemémoireextraordinaire.C’estunpersonnageflamboyant.Gentil,sérieuxetprofessionnel.Jel’airevudetrèsnombreusesfois,mêmesinoscarrièresetnosvoyagesnousontéloignésgéographiquement.Noussommesrestésamis.

Unmatin,j’étaisàlaterrassedelaCapillaetjevoisarriverdesgendarmesquimedemandentoùestAlainDelon.Jedisquejel’ignore.Ilsfouillentlamaison.Puisilsinspectentlejardin,ilsontl’airdechercherquelquechose,maisquoi?Munid’undétecteur demétaux, ils inspectent le sous-sol. À unmoment,prèsd’unpin,ungendarmedit:«Chef!Chef!ilyaquelquechose ici ! » Ils creusent et découvrent… un cadavre. Lesubstitutdujugearrive,ilditquec’estbizarred’avoirtrouvéuncadavre à cet endroit. Soudain, j’entends un éclat de rireextraordinaire,unhommedit:«Lecadavresouslepin,c’estunofficierallemandtuéen1944,ilasoncasque,saplaque,etsonuniforme.Après ledébarquementdeProvence, sescopainsont

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mélangeaitàcelledesfêtesdeNoël.Laréponseestsimple:j’aidesliensprofondsaveclaRoumanie,àlafoisparmafamilleetpar ma qualité de citoyen français. Mon père était d’origineroumaine, et la Roumanie est culturellement proche de laFrance, plus encore que les autres pays d’Europe de l’Est. Lefrançaisyestunesecondelanguenationale.LaRoumanieestunpays de culture et de langue latine, comme la France, et leshabitants sont fiers de s’affirmer comme descendants desRomains.Danslesannéesvingt,ondisaitqueBucarestétaitlepetitParisdel’Europedel’Est.Unegrandepartiedelabeautéarchitecturale des villes du pays avait été détruite par laplanificationcommuniste.

Dans lesannéesquatre-vingts, lamégalomaniedudictateurCeausescu avait atteint des sommets avec la construction dupalais du peuple, une montagne de marbre, un monstrueuxbunker,dérisoireetinutile,leplusgrandpalaisdumonde.Pourexécuterceprojetubuesque,letyranavaitfaitraserunquartierentierdeBucarest.Lebâtimentn’avait jamaisétéachevé,maislemalétaitfait.Bucarestétaitlaseulevilleaumondeàavoirétéraséeentempsdepaix.

J’aieulachancedenaîtreenFrance,paysrichequiavaitsurapidementrefairesaprospéritéaprèslaruineoccasion-néeparlaguerreet l’Occupation.Enrevanche, ledéveloppementde laRoumanieavaitétécasséparlerideaudeferetleslubiesd’unautocrate. J’avais fait fortune en France. En voyant le peupleroumain,simisérable,sesouleveravecuncourageadmirable,jeme suis dit que je pourrais apporter ma pierre à l’édifice enentrantencontactaveclesresponsablesdesmédias.

À la télévision roumaine, iln’yavaitpasassezdemoyens,

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pas assez de magnétoscopes, de caméras… J’ai alors eu uneidée. J’ai dit àRazvanTheodorescu et aux responsables de latélévision libre : « Il est inutile de donner des images de laRévolution roumaine à une agence de presse. Cédez-moil’exclusivité sur ces images, je les placerai dans les médiasinternationaux et je vous rétrocéderai la moitié des profitsgénérés par ces transactions. Au lieu d’enrichir les médiasoccidentaux,lepeupleroumainbénéficieradel’exploitationdesimages de saRévolution.C’est justice. Et, vous pourrez enfinéquiper votre télévisionnationale. »Nous signâmesun contratd’exclusivité : toutes les images de la révolution me seraientcédéesenvuede leurdiffusiondans lemondeentier,50%dufruitdecestransactionsreviendraitàlatélévisionroumaine.

J’avais signé cet accord à Bucarest en sachant que larévolution allait ouvrir une ère nouvelle, après une brèvesuccessiondeviolences.OnmecédalesimagesdeTimisoaraetdesmassacres.Puisj’étaisrentréàParisquelquesjoursavantlachute du « Génie des Carpates ». J’avais laissé le peupleroumain savourer sa victoire, j’étais parti avec la satisfactiond’avoir apporté ma contribution. Toutes les images de laRévolution m’appartenaient par contrat dûment signé. LesRoumains respectèrent scrupuleusement les termes contrat : jerecevais régulièrement les images et je les distribuais. Jepercevais les droits de diffusion qui allaient me permettre deleverdesfondsnécessairesàlasubventiondesnouveauxmédiaslibresdelajeunedémocratie.

Onconnaît lasuite.Aprèsundiscoursaubalcondupalaisprésidentiel, leConducator s’était enfui enhélicoptère avec safemmeElena,car les révolutionnairesavaientprisd’assaut sonquartiergénéral.Onlecherchaitpartout.Ilavaitdisparu.

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On le saura plus tard, le couple présidentiel comptait seréfugierenBulgarieouenIran.Celaendisaitlongsurl’étatdedélabrement de la relation entre Ceausescu et son peuple. Eneffet, la Bulgarie est le frère ennemi de la Roumanie. LesBulgaressontunpeupledecultureslave,quiutilise l’alphabetcyrillique, et a toujours été très proche de l’Union soviétique.Cefutl’undespays-frèreslesplusdocilesdel’èrebrejnévienne.Les Roumains ont longtemps eu peur que le leader bulgareTodor Zhivkov ne demande purement et simplement lerattachement de son pays à l’URSS. Cette annexion aurait eul’effet de placer la Roumanie dans un étau, entre l’Ukrainesoviétique au nord et la Bulgarie au sud… Zhivkov avaitdémissionné en novembre 1989. Ceausescu partait donc àl’aventureenterrainminé.

Mais la fuite du couple présidentiel avait échoué. Leurhélicoptère avait été pris en chasse par un avion des troupesrebelles,lepiloteavaitreçul’ordred’atterrirsansdélai,ils’étaitexécuté,etElenaetNicolasCeausescuavaientétécapturés.

NousnesavionsencoreriendetoutcelaenFrance.

Un matin, au petit déjeuner, un paquet m’arriva deRoumanie.Dans ce paquet, il y avait une cassette et unmot :«Regardeça,tun’encroiraspastesyeux!»Jeplaçailacassettesur mon magnétoscope, et je découvris, ébahi, des images duprocès expéditif auquel avait été soumis le couple Ceausescu,suivi de leur exécution sommairedans la courd’une école.Lemondeentiercherchaitlesfugitifs!Etmoijedétenaislapreuveformellequ’ilsétaientmorts,qu’ilsavaientétéexécutés.Lecôtéexpéditif de leur procès m’avait quand même un peu choqué,maislepeupleroumainétaitdébarrassédesesbourreaux.Après

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Audébut, jegardaimesdistancesavecmabelle-famille.Jen’étais pas intéressé par les propositions du père, je ne le« sentais » pas. Mon instinct ne m’avait pas trompé, mais jen’avais mené aucune enquête. Mes beaux-parents étaient trèsenvahissants, ils voulaient s’occuper de tout, ce quime gênaiténormément.JenepouvaisrestertranquillementavecDelphine,ils étaient sans cesse accrochés à nous. De véritables parents-ventouses.Leurattitudeétaitcelledupèreetde lamèred’uneadolescente.Ilsavaientl’airdechaperonnerleurfille.Enréalité,ilss’intéressaientsurtoutàmapersonneetàmafortune.

Le22décembre2000,lescandaledel’Angolagatemetombedessusdemanièreinattendue.J’yreviendrai.Disonssimplementiciquejesuismisenexamenparmilessuspectsd’unprétendutrafic d’armes à destination de l’Angola. Je suis soupçonnéd’avoir reçu en espèces 1,2 millions de francs de la part deBrenco International, la société dePierreFalcone et duRusseArcadi Gaydamak. C’est à cause des Jacobson que je meretrouve dans cette histoire. Le père, Seymour Jacobson, m’aprésentéàArcadiGaydamak,l’undesresponsablesduscandale.Avec l’éclatement de l’affaire, très médiatisée même pendantl’instruction, les rapportsontcommencédevenirdifficilesavecma femme. J’ai senti que ses parents l’éloignaient de moi,commesijereprésentaisunemenace.

Heureusementquemesdeuxjeunesfilsétaientlà.Dansmonmalheur ilsme consolaient. Ilsme rendaient la vie à peu prèssupportable. J’ai eu la force de continuer à vivre,mais je n’aipasvul’énormemâchoirequiserefermaitsurmoi.

Neuf ans après le mariage, le conte de fées tourne aucauchemarabsolu.Moncouplecommenceàsedisloquer.Et le

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clanJacobsontoutentier,père,mère,fille,frèreet tuttiquanti,tourne autour de moi, comme des requins, en cerclesconcentriques. J’étais le dindon de la farce, ou le pigeon,l’empereurmêmedespigeons!

J’ai donné de fortes sommes d’argent à ma femme, j’aibeaucoup aidé sa famille parmes relations.Mais brusquementellem’aindirectementdénoncéaufiscenracontantdeschosesinvraisemblablesamplifiéespar lapresse.Unjour, je luiaifaitun virement très important sur un compte canadien. Dans lesjoursquisuivirent,elleademandéledivorceengardantl’argent.Etelleaoséporterplaintecontremoipourabandondefamille,alors que c’est elle qui m’a abandonné. J’ai toujours dit quej’auraisétéravid’avoirété«abandonné»commeellel’aété…

EncequiconcernecevirementauCanada, jeveuxicidiretoutelavérité,carbiendeshistoiresentièrementfaussesontétéécritesàcesujet.

Quand l’affaire de l’Angolagate a éclaté, j’ai été mis enexamen.Et,mêmesijen’aijamaisétéaccusédetraficd’armes,le très controversé jugeCourroye était déchaîné contremoi etm’envoyaitsanscessedescommissionsrogatoires.J’aicomprisquemescomptesbancairesallaientêtresaisisetj’aieupeurquemesdeuxfils,dont l’unavaitunesantéfragile,connaissentundramematériel.Mon épousem’a supplié de les protéger. Pourluifaireplaisirmaissurtoutpourassureruneviedécenteàmesfils adorés, j’ai effectué un virement d’environ 6 millions dedollarscanadiens(prèsde5millionsd’eurosdel’époque).Mafemme a tout gardé après avoir demandé le divorce. Je suistombé dans un piège grossier ! J’ai perdu plus de 6 millionsd’euros,c’est-à-direunetrèsgrandepartiedelafortuneamassée

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grâce à mes droits d’auteur et à un travail harassant deconsultant international. L’argent de toute une vie s’est envoléd’unseulcoup!

Cela semble évident a posteriori, il n’y a qu’à découperselon lespointillés :mafemmeaurait toutmanigancéavecsonpère. Elle ne s’est peut être jamais souciée de l’avenir de nosenfants. Jen’ensais rien, l’avenirnous ledira.Oualorselleaétéabuséeparsonentourage.Cequ’ellevoulait,c’étaitannexerma fortune sans avoir à rien partager. J’ai été abusé.De plus,Delphines’estappropriédesbijouxdemamère,destableauxetdesmeublesquisetrouvaientdansnotreappartement.Toutcecireprésente une valeur totale d’environ un million d’eurossupplémentaires.Iln’yavaitànotredomicileparisiennimeubleindustriel, ni objet sans valeur, nous n’avions que des piècesuniqueschoisiessurlesconseilsdesmeilleursexperts.

J’ai saisi la Cour supérieur du Québec pour tenter derécupérermonargent,maisçan’aserviàrien.Enmai2004,àlabarredu tribunaldeMontréal, voici ceque j’ai déclaré : «Enaoût2000,aumomentoùéclate l’Angolagate,dans leseulbutdeprotégermesdeuxfils,jedécidedemettremeséconomiesàl’abri aux Bahamas. J’ouvre un compte à la banque UBS deNassau,cequiestparfaitementautorisé,et j’ydépose les6,55millionsdedollarscanadiens.Jesuisalorsleseuldétenteurdece compte (appelé fiducie en droit bahamien). L’argent doitrevenirencasdedécèsàmafemmeetàmesdeuxenfants.J’airéalisé cette opération dans leur intérêt. Quand je suisofficiellement mis en examen, ma belle-famille me presse detransférer l’argent au Canada, où, d’après elle, il sera ensécurité.LeCanadaestlapatriedemonépouse,c’estlàquesafamilleprospèredepuisdenombreusesannées.Du18janvierau

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annéesquatre-vingt-dix,etlamaintenancedesanciensarsenauxétaitunechargeécrasantepourunpays-continentquicherchaitsonéquilibre.L’Angolan’avaitrientrouvéàredirenonplus.Enrachetant lesarmes, leprésidentangolaisdosSantos,avaitmisfinàlaguerrecivilequiensanglantaitsonpays.Jerappellequ’ilavait été élu démocratiquement, fait rare dans les pays endéveloppement,quimérited’êtrecité.

Lorsduprocèsdevant le tribunalcorrectionneldeParis, laRussie était absente.L’Angola avait pris fait et cause pour lesprévenus, enutilisantdes arguments juridiques.Pour leminis-tère public français, ces transactions concernant le transfert dematériels de guerre soviétiques vers l’Angola constituaient untraficillicited’armes.LeministredelaDéfensefrançais,HervéMorin,quantàlui,avaitécritdansunelettredatéede2008queledossier était vide. «Vérité endeçàdesPyrénées, erreur au-delà », disait Pascal au XVIIe siècle. Le grand penseur atoujoursraisondenos jours,àceciprèsqu’onneregardeplusau-delàdesPyrénéesmaisau-delàdel’Oural.

D’ailleurs, que venait faire la France dans cette affairerusso-africaine ? Pas grand-chose : les avocats des prévenusavaientpréciséqu’aucunearmen’avaittransitéparlaFrance.

Alorspourquoiceprocès?

Quecachait-il?Cettepetitequestionétaitbienlabonne:ceprocèscachaitquelquechose.

Pour tenter de faire la lumière sur cet inextricableembrouillamini,ilfauticis’enréféreràl’histoire:enaoût1991,un coup d’État est dirigé contre Mikhaïl Gorbatchev. Les

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conservateurscommunistesessaientdereprendrelepouvoir,ilséchouentmaisGorbatchevneréussitpasàrétablirsonauto-rité.Il est déstabilisé par son rival Boris Eltsine, président de laRussie. Tout s’accélère, et à la fin de l’année 1991, l’arrêt demortdel’Unionsoviétiqueestsigné.Lasociétéchange.Pourleshautsgradésdel’Arméerougejusque-làfavorisésparlerégime,une question de taille se pose, comment survivre dans unÉtatqui ne paye quasiment plus ses militaires ? La réponse estrelativement simple à trouver : pendantdesdécennies, l’Unionsoviétique a accumulé les plus grands stocks d’armes del’histoiredumonde.Descachesd’armessontédifiéesdansdeszones immenses réparties aux quatre coins de l’Empire,notammentdanslarégiondeSverdlovsk(Ekaterinbourg)àl’estdel’Oural,àl’écartdesinvasionséventuellesenprovenancedel’Occident. Ces stocks constituent une véritable caverne d’AliBaba.Dans lemême tempsde juteux traficsdedroguesesontdéveloppésenRussieetdanslesancienspaysfrères.Jesouligneque les ventes d’armes provenant de l’arsenal soviétique eteffectuées sous l’autorité de Gaydamak ont emprunté descircuits totalementdistinctsdeceuxdeladrogue.Ilestcertainque ces trafics existent et envahissent l’Europe avec leurmarchandisedemort.Oronenparlebeaucoupmoinsquedecesfameusesventesd’armes,probablementparcequ’aucunevolontépolitiquen’estassezfortepourlesenrayer.

Évidemment, dans la Russie postsoviétique de 1991, unegrande partie des armes et des munitions ne sert plus à rien.Pourlesmilitairesdehautrang,lasolutionesttoutetrouvée:ilssemettentàvendredesquantitésimpressionnantesd’armesauxÉtatsquienfontlademande.Toutdoitdisparaîtreavantquelestocknerouille!Etlepaysabesoindeliquide.Onbrade,bienau-dessousdesprixdumarchéinternationaldesarmes.Celui-ci

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estunmarchécommeunautre,et,rappelons-le,laFranceestledeuxièmeexportateurmon-diald’armes.Notrebeaudéfilédu14Juillet sur lesChampsÉlysées n’est autre que la vitrine de cesmarchandises, les plus sophistiquées au monde, destinées aumarchéinternational.

Dans les années qui suivirent la chute de Gorbatchev, lesbateauxdelaflotterusseacheminèrentdumatérielpartoutdansle monde, et notamment en Afrique. Cette fois les vendeursétaientdespersonnesprivées.Onétaitpasséenquelquesmoisd’un système totalement étatique à un système totalementchaotique,commedanstoutel’économierusse.

Dans ces années quatre-vingt-dix, le commerce des armesavait lieu dans un vide juridique complet. Le pouvoir centralrusse ne l’avait réglementé qu’à partir de 1995, et l’État avaitrepris les ventes enmains.Laprolifération aurait pu avoir desconséquences bien pires, mais on estime qu’aucune armenucléaire,bactériologiqueouchimiquen’avaitétévenduedanscesannées-là.

Un mystère demeurait quant à la provenance exacte desarmes impliquées dans l’affaire de l’Angolagate. ArcadiGaydamak, qui était chargé de récolter lamarchandise, n’avaitjamaisrévélélalocalisationexactedesentrepôts.Jeprécisequeles armes à destination de l’Angola avaient été vendues à ungouvernement reconnu par l’ONU. Tandis que d’autres Étatscomme les États-Unis armaient en sous-main la rébellionangolaise, pourtant désavouée lors d’électionsgénérales.Était-cemoralement inacceptabled’armerunrégimecommeceluiduprésident dos Santos ? Les grandes démocraties occidentalesn’hésitaient jamais à vendre dumatériel de guerre à n’importe

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mondain.Etmoi,j’étaispayépareux,j’aiétéloyal!»

À cemoment-là, le président Jean-Baptiste Parlos cherchadans ses dossiers les procès-verbaux rédigés pendantl’instruction.

« M. Falcone, étiez-vous satisfait des prestations de M.Sulitzer?

– C’est très difficile de répondre », rétorqua l’hommed’affairesaprèsunlongsilence.

J’ajoutaiquej’ignoraistoutducommerced’armes:

« Pour moi, M. Falcone était un homme d’affairesinternational. Je ne pensais pas du tout qu’il faisait du traficd’armes.»

Répétons-leunedernièrefois:monseultortavaitétédenepas déclarer les sommes perçues à l’administration fiscale. Jen’avais été à aucunmoment impliqué dans l’achat et la vented’armes,etd’ailleurs,jen’avaispasétémisenexamenpourça.« Je suis victime de mon image », ai-je dit l’après-midi du 2marsà l’adresseduprésidentParlosaprès laplaidoiriedemesavocats.

Dehors, le tempsétait clair, ensoleillé,quasiprintanier.Cejour-là allait-ilmarquer la fin d’un long cauchemar commencéhuitansauparavant?J’étaisaccuséd’avoir touchél’équivalentde300000eurosdePierreFalcone,pourunemissionqui,selonmesaccusateurs,«serésumaitàrien».Unefoisdeplus,entouréde mes deux avocats Maîtres Martine Malinbaum et HervéTémine,j’avaistentédemejustifier.J’avaisfaitcequ’onappelle

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aujourd’hui du lobbying auprès des médias dans le but derestaurerlaréputationdeM.Gaydamak,atteinteàl’époquepardevilainesrumeurs.

Enouvrant laplaidoirie,MaîtreMartineMalinbaumutilisalemot « cataclysme», ce qui était tout à fait pertinent, car ceprocès avait littéralement bouleversé ma vie. L’avocate avaitrappeléquel’expositionmédiatiquedemonnomàl’occasiondecetteaffaireétait«attentatoireà(mon)honneur»etavaitdétruitdesannéesd’efforts.Elleavait énuméré lesdégâts irréparablessurvenus dans ma vie, dont certains sont directement liés auprocès : le départ de mon épouse qui a emmené mes deuxenfants, occasionné indirectement la faillite de la société PLSInternational, lacondamnationàsixmoisdeprisonavecsursispoursommesnondéclaréesaufisc,l’interdictiondevoyager,lesredressements fiscaux disproportionnés, mon coma diabétiqueen 2002, mon accident vasculaire cérébral en 2003 qui avaitfaillime tuer.Aujourd’hui, jevivaisdemapensionde retraite,sansaucunpatrimoine.

Leprocureuravaitrequiscontremoi18moisdeprisonavecsursiset250000eurosd’amende.MartineMalinbaumsoulignaladuretéduréquisitoirepuisinsistasurlefaitquej’avaisdéjàétécondamnéparlajustice,enjuin2005,pouravoirdissimulémescommissionsau fisc.Oronnepunissaitpasdeux foisunhommepourlesmêmesfaits.

«Laqualificationdereceld’abusdebienssociauxnetenaitpas,déclaraHervéTermine,puisquejen’étaispasaucourant,àl’époque,desactivitésdemesemployeurs.Jenem’occupaisquede leur image, pas de celle de leurs clients. Pourquoi moncontrôle judiciaire n’avait-il pas été levé ? Pourquoi mon

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passeportn’avait-ilpasétérendu?Lagravitédudélitétaitpour-tantdérisoire.Aurais-jedûrefuserd’êtrepayé?Entoutcaslessommestouchéesn’ontrienàvoiravecunreceld’abusdebienssociaux.»

Lors de ce procès, mon image de financier tout-puissants’est retournéecontremoi.Àpart l’infractionfiscaleque jenecontestaispas,jen’avaisrienfaitd’autrequemonmétier!

Le27octobre,leverdictfutrendu.

Quinze mois de prison avec sursis et 100 000 eurosd’amende.

L’amende peut sembler élevée, et elle l’est dans l’absolu.Mais ce montant est modeste comparé au préjudice financierqu’aoccasionnémonimmobilisation.Cetteaffairem’aprivédelaplupartdemesrevenusenbrisantmacarrièredeconsultant.

Aujourd’hui, jevisretirédans lemondedes livres,soulagéque cette pénible affaire judiciaire soit terminée,maismeurtripar la dureté du tribunal et un manque à gagner de plusieursmillionsd’euros.

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mettreenscèneleconfortdanslequeljevis,jecréedesromansquisontlacléd’unsavoirprécieuxpourunmondenouveau.

Àdéfautdemaîtriserledestin,maîtrisonslacomplexité.

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AMIS,CONNAISSANCES,RENCONTRES…

ABRAMOVITCHArianeAIDIDocteurALFAYEDMohamedetDodyALAMOFranckALEXANDROVConstantinALLAGONJean-JacquesALLARDAlexandreALLIAGASNikosALONEFamilleALTENBURGERGGiletteAMALRICLaurentAMBIELDominiqueAMOUYALProsperANCONINARichardANDANSONJamesANGELIDanielANKAPaulANNESTYANTHONYRichardetAlexandreARDISSONThierryARNAUDBernardARTHURATTALIJacquesATTIASCéciliaAUGIERJeanneAUPETITJacquesAVICEPatrick

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AZNAVOURCharlesAZOURIPerla

BAINVILLECharlesBAKIANGrégoryBALLANDELOUISBANIERMichelBARBELIVIENDidierBARCLAYCarolineBARCLAYEddyBARDETValérieBARDOTBrigitteBARILPaulBARJOTFrigideBARRAULTMarieChristineBARRERaymondBARTOLOMEClaudeBAUSSARTFabienBEAUDECROUXJean-PaulBEAUDISDominiqueBEAUFILSVincentBECAUDGilbertBEGDEBEDERFrédéricBELKESSAMalikBELKESSAMalikBELLENSDidierBELLERGeorgesBELLUCCIMonicaBELMARREPierreBELMONDOJean-PaulBELTOISEJean-Pierre

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VILLENEUVECharlesVOLCKERBernard

WAYAFFREHubertWEBERBernardWEBERFrancisWEBERMANBrigitteWEIZMANDavisWERMUSPaulWIESELElieWILLIAMSAlainWINTEROphélieWOODNathalie

YEUTTERClaytonYORKMickael

ZARAIRikaZERBIBFrères

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J’ai eu les honneurs de la couverture d’Entreprendre en1985,aprèsBernardTapieet Jean-ClaudeDecauxà l’occasiond’un entretien avec Robert Lafont, fondateur de la revue etdirecteurduderniergroupedepresseindépendantdeFrance.Cegroupe, Lafont Presse, coté sur Euronet publie quatre-vingtmagazines parmi lesquels Jour de France où je tiens unechroniquemensuelle sur lesmeilleurs évènementsqui émanentdesmilieuxpolitique,économiqueouartistique.

« Avec Paul-Loup, nous avons tout de suite été d’accordpourdéfendrel’espritd’entreprendreetlaprospéritépourtous,etnousnesommespassinombreuxàlefaireenFrance.

D’ailleurs, j’ai rencontré dans ma vie des centaines decréateurs n’ayant dit avoir été motivés par l’esprit de réussitevéhiculé par ses livres. Enfin, Paul-Loup réussît à avoir desinterviewsexclusivesetavant tout lemonde.Ainsi récemment,ledernieraétéceluideZiadTakkiedinedansEntreprendreoùle sulfureux homme d’affaires libanais a fait d’importantesrévélations.

Éditeur de magazines tels que Jours de France,Entreprendre, Le Foot, L’essentiel de l’auto, MaisonDécoration, j’ai toujours été impressionné par l’acuité etl’étenduedesinformationsetrelationsquePaul-Loupdanstousles milieux, et pas seulement politique ou économique. Pourmoi, c’est un homme réaliste et visionnaire, parfois caricaturé,maisquiréussitàserelevertoutseuletsansaide.Encela,ilestbien à l’image d’Entreprendre, unmessage d’espoir pour tousceuxquiveulentcroireeneux.»

RobertLafont

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TABLEDESMATIÈRES

CHAPITREPREMIER–SAINT-TROPEZMONAMOUR

CHAPITREII–LEPLUSJEUNEPDGDEFRANCE

CHAPITREIII–COMMENTJ’AIBRISÉLETABOUDEL’ARGENT

CHAPITREIV–L’INVENTIONDUWESTERNFINANCIER

CHAPITREV–SULITZERÉCRIT-ILSESLIVRES?

CHAPITREVI–LESSENTIERSDELAGLOIRE

CHAPITREVII–MONSTRESACRÉETÉCRIVAINPLANÉTAIRE

CHAPITREVIII–AMISDESGRANDSDECEMONDE

CHAPITREIX–DEBUCARESTÀLAPLACEROUGE

CHAPITREX–MAVIEPRIVÉE–UNROMANDESULITZER

CHAPITREX–ANGOLAGATE,UNPROCÈSPOLITIQUE

CHAPITREXI–LETEMPSDELASAGESSE