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  • 8/18/2019 Mou 1216 022 Reg Chomage

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    AC TU AL I TÉ S L A V É R I TÉ S U R L E C H Ô M AG E

    22  20/03/2016

     kPourquoi dites-vous le “mythe”du plein emploi?P.J. - Parce qu’il a toujours valeur, jus-tement, de mythe fondateur. Saufqu’on n’est plus dans l’après-guerre. Àl’époque, et jusqu’au début des an-nées 70, l’économie semblait définiti-vement partie sur les bons rails. Maisc’était une économie de reconstruc-

    tion, sous perfusion américaine grâceau plan Marshall. On fournissait alorsdu travail à presque tout le monde. Etle monde était deux fois moins peu-plé. Aujourd’hui, pour des raisons que

     je vais développer, ce n’est plus pos-

    sible. Malheureusement, nous noussommes habitués à ce type de crois-sance. Et, en passant, nous avonscommis une erreur fondamentale: lierÉtat providence et croissance. Si lacroissance est là, l’État saura se mon-trer généreux. Sinon... tant pis. L’Étatprovidence n’a pas été véritablementinscrit dans nos institutions. C’est une

    cerise sur le gâteau, un luxe qu’onpeut se permettre quand tout va bien.

     k Il n’y aura donc plus jamais detravail pour tout le monde?P.J. - Non, c’est trop tard, et c’est la

    deuxième raison que j’évoquais. On amisé sur la mécanisation du travaildepuis trop longtemps. Après lesmachines-outils, qu’on connaît déjà

    depuis deux siècles, on s’inquiètemaintenant de ces robots appelés àremplacer les ouvriers. Mais desouvriers, il n’y en a plus beaucoup. Levrai défi, ce sont les logiciels, qui sesubstituent à un nombre grandissantde travailleurs dans les métiers deservices. Dans les banques, parexemple, qui ferment des agences àtour de bras, le guichetier est devenuobsolète depuis que l’utilisateur de PCbanking mène ses opérations lui-même. C’est d’ailleurs la même ten-dance à l’œuvre dans ce qu’on appelle“l’uberisation” de l’économie. C’est

    une façon de commercialiser touteforme d’activité, mais en tirant partidu travail gratuit des gens. Autrefoisc’était le travail domestique qui n’étaitpas comptabilisé. Demain, aujourd’huidéjà, c’est une part toujours crois-sante des activités humaines qui nesera plus rémunérée. Et ce mélangede marchandisation et de bénévolatcache en fait une paupérisation géné-ralisée de la population.

    kFaut-il renoncer pour autantaux robots et aux logiciels?

    P.J. - Pas nécessairement. Avec les

    premières formes de mécanisation dutravail sont apparues les premièrespropositions pour encadrer lestravailleurs déclassés. Il y a déjàdeux siècles, le philosophe suisseSismondi proposait que les per-

    Bruno, 52 ans LE CAS DES QUINQUAS

    Bruno Withoek, Bruxellois et père dequatre enfants, a débuté sa carrièrecomme infirmier, avant de devenir

    directeur d’une maison de repos etde soins dans le Hainaut et puis àBruxelles. En 2005, celle-ci estrachetée par une autre société.

    En cours d’emploi, il s’inscrit à laLouvain School of Management, cequi lui permet d’ouvrir ses horizonsprofessionnels. Il intègre ensuite unesociété de service public, au poste deresponsable des ressourceshumaines. Mais...

    “Notre collaboration s’est achevée en 2013. Je ne me retrouvais plus dans lesvaleurs de mon employeur. J’ai été

    licencié. Dans le même temps, un demes fils a subi un gros problème desanté. Dans ce contexte il est difficile dese consacrer à temps plein à sarecherche d’emploi.”  Bruno Withoeks’insère parallèlement dans unecoopérative d’accompagnement à lacréation d’entreprise pour leschercheurs d’emploi, “Job Yourself”,où il teste progressivement sonactivité indépendante, le Sharing HRManager qui propose aux PME des

    conseils en ressources humaines. Ils’investit aussi dans du coachingintergénérationnel avec des jeunes de

    18 à 30 ans issus de l’immigration.Pour couronner le tout, il bénéficieencore de formations en anglais. “Jen’avais jamais eu l’occasion de pratiquercette langue professionnellement.” 

    Ce chercheur d’emploi a un agendachargé, il envoie plusieurs lettres demotivation par semaine. “Cinq rien quece matin. J’espère toujours décrocher uncontrat CDI. Il est frustrant de nerecevoir que des réponses toutes faites,

    quand ce n’est pas de réponse du tout.L’âge constitue vraiment un importantfacteur de discrimination, alors que

    nous offrons l’expérience et la fiabilité.Quand je travaillais dans les ressourceshumaines, j’ai pourtant, moi, engagé des

     gens de plus de 55 ans.”  

    Bruno Withoek anime encore un groupede travail au sein de l’ASBL “50’ @work” autour de la problématique duburn out: “Burn out? Rise again!”L’ASBL aide les quinquas à retrouverune motivation dans leurs recherchesde job. - A.-C.H.

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