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Nathaniel Hawthorne L’Expérience du docteur Heidegger Traduction de Paul Hermann Éditions Sillage MMVII

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Nathaniel Hawthorne

L’Expériencedu docteur Heidegger

Traduction de Paul Hermann

Éditions Sillage

MMVII

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Ce livre électronique est distribué sous licence Creative Commons.

Pour plus de détails consulter les pages suivantes : http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/deed.fr

http://editions.sillage.free.fr/livreelectronique.html

L’Expérience du docteur Heidegger (Dr Heidegger’sExperiment) parut dans le recueil Twice-Told Tales en1837.

Conception graphique : Laëtitia Loas

Éditions Sillage90, rue Cambronne

75015 Parishttp://www.editions-sillage.com

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Note de l’auteur

Il y a quelque temps, une revue anglaise m’aaccusé d’avoir plagié, dans cette intrigue, un chapitred’un roman d’Alexandre Dumas [Joseph Balsamo].Assurément, l’un de nous deux a plagié l’autre ; maiscomme mon histoire a été écrite voilà plus de vingt ans,et que ce roman a été publié à une date bien plusrécente, je me plais à penser que M. Dumas m’a faitl’honneur de s’approprier l’une des idées fantasques dema jeunesse. Bien sûr, il en est tout à fait libre. Cen’est d’ailleurs pas l’unique occasion, et de loin, où l’ona vu le grand romancier français exercer le privilègedes plus éminents génies en confisquant la propriétéintellectuelle d’auteurs moins célèbres, la détournant àson usage et profit.

Septembre 1860

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L’Expériencedu docteur Heidegger

Cet homme très singulier, le vieuxdocteur Heidegger, invita un jour quatrevénérables amis à lui rendre visite en soncabinet : trois messieurs à barbe blanche,M. Medbourne, le colonel Killigrew etM. Gascoigne, ainsi qu’une vieille damedécrépite qu’on appelait la veuveWycherly. Tous étaient de vieux êtresmélancoliques, qui avaient passé une viemalheureuse, et dont l’infortune la plusgrande consistait à ne point se trouverdepuis longtemps morts et enterrés.M. Medbourne avait été, dans la fleur del’âge, un négociant prospère, mais il avait

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tout perdu à la suite d’une spéculationfrénétique, et valait aujourd’hui à peineplus qu’un mendiant. Le colonel Killigrewavait gaspillé ses plus belles années, ainsique sa santé et son patrimoine, dans lapoursuite de plaisirs coupables, quiavaient engendré maintes douleurs, tellesque la goutte et divers autres supplices del’âme et du corps. M. Gascoigne était unpoliticien ruiné, un homme de tristerenommée, ou du moins l’avait été jusqu’àce que le temps eût enseveli son souvenir,et rendu obscur ce qui avait été infâme.Quant à la veuve Wycherly, la traditionrapporte qu’elle avait été d’une grandebeauté en son temps, mais qu’elle vivaitdepuis de nombreuses années dans unisolement profond, du fait de certainesaventures au parfum de scandale quiavaient dressé contre elle la bourgeoisielocale. Il n’est pas inutile de préciser que

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chacun de ces trois vieux messieurs,M. Medbourne, le colonel Killigrew etM. Gascoigne, avaient par le passé briguéles faveurs de la veuve Wycherly, et, unbeau jour, failli s’entr’égorger pour elle.Avant d’aller plus loin, je me contenteraid’ajouter que le docteur Heidegger et sesquatre invités semblaient parfois un peu endehors d’eux-mêmes, comme il arrive avecles vieilles gens que viennent tourmenterdes soucis présents ou des souvenirsdouloureux.

« Mes chers vieux amis, dit le docteurHeidegger en leur faisant signe de s’asseoir,j’aurais besoin de votre assistance pour l’unede ces petites expériences avec lesquelles jem’amuse, ici, dans mon cabinet. »

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Si tout ce qu’on raconte est vrai, lecabinet du docteur Heidegger devait êtreun endroit très curieux. C’était unechambre vieillotte et obscure, ornée detoiles d’araignées, saupoudrée d’antiquepoussière. Le long des murs se dressaientplusieurs bibliothèques en chêne dont lesrayonnages inférieurs étaient garnis derangées d’in-folio gigantesques et d’in-quarto imprimés en caractères gothiques,et les rayonnages supérieurs occupés pardes in-douze à la couverture parcheminée.Sur la bibliothèque centrale trônait unbuste en bronze d’Hippocrate auquel,d’après les dires de certaines personnesautorisées, le docteur Heidegger avaitaccoutumé de se référer dans les cas

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difficiles de son exercice. Dans le recoin leplus sombre de la pièce se tenait unebibliothèque élevée et étroite, dont la porteentr’ouverte laissait voir quelque chose quiressemblait à un squelette. Entre deuxbibliothèques était suspendu un miroir,dont la glace haute, poussiéreuse, étaitentourée d’un cadre aux dorures ternies.Parmi maintes histoires merveilleusesassociées à ce miroir, on avait imaginé queles esprits des patients morts logeaientsous sa surface et venaient dévisager ledocteur chaque fois que son regard s’yposait. Le mur d’en face était orné d’unportrait en pied qui représentait une jeunedame dont la parure de soie, de satin et debrocart était magnifique mais flétrie, et dontle visage était aussi flétri que la robe. Prèsd’un demi siècle auparavant, le docteurHeidegger avait été sur le point d’épousercette jeune dame. Mais, la veille des noces,

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souffrant d’une indisposition passagère, elleavait ingurgité une potion préparée par sonfiancé et en était morte sur-le-champ.

Le principal objet de curiosité de cecabinet reste à mentionner. C’était un in-folio massif, relié de cuir noir, orné delourds fermoirs d’argent. Aucune lettre nefigurait sur son dos, et personne n’auraitpu en donner le titre. Mais on n’ignoraitpas qu’il s’agissait d’un livre de magie, etqu’un jour où la bonne l’avait soulevédans le seul but de l’épousseter, le squeletteavait cliqueté au fond de son armoire, lajeune dame du portrait avait posé un piedsur le sol et quelques visages effroyablesavaient surgi du miroir, tandis que lebuste en bronze d’Hippocrate, dans unfroncement de sourcils, avait dit : « Prendsgarde ».

Tel était donc le cabinet du docteurHeidegger. Par l’après-midi où se déroule

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notre conte, une petite table ronde et noirecomme de l’ébène se trouvait au centre dela pièce, supportant un vase de cristal auxcontours magnifiques et travaillé avec art.Les rayons du soleil traversaient la fenêtre,passant entre deux lourds rideaux dedamas festonné, et tombaient droit sur cevase, de telle sorte qu’une splendeurchaleureuse se reflétait sur les visages,pâles comme de la cendre, des cinqvieillards qui l’entouraient. Quatre flûtes àchampagne étaient posées sur la table.

« Mes chers vieux amis, répéta ledocteur Heidegger, puis-je compter survotre aide dans la réalisation d’une expé-rience excessivement curieuse ? »

Il faut maintenant dire que le docteurHeidegger était un vieil homme très étrange,dont l’excentricité avait fourni la matièred’un millier d’histoires extravagantes.Quelques-unes de ces fables, je le confesse à

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grand-honte, peuvent être attribuées à votreserviteur, pourtant peu enclin au mensonge,et si quelque passage du présent contevenait à ébranler votre confiance, je devraisme résoudre à porter les stigmates duforgeur de contes.

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En entendant le docteur parler del’expérience qu’il se proposait de réaliser,ses quatre hôtes n’espéraient rien de plusextraordinaire que le meurtre d’une sourisdans une machine pneumatique, l’examend’une toile d’araignée au microscope ousemblable bêtise, de celles qu’il infligeaithabituellement à ses proches. Mais sansattendre de réponse, le docteur Heideggertraversa la chambre en boitillant et s’enrevint porteur de l’in-folio massif que nousavons déjà mentionné, relié de cuir noir etdont personne n’ignorait qu’il s’agissaitd’un livre de magie. Après en avoirdégrafé les fermoirs d’argent, il ouvrit levolume et tira d’entre ses pages une rose,ou ce qui avait jadis été une rose, bien que

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les feuilles vertes et la pourpre des pétalesfussent désormais devenus brunâtres, etque la vieille fleur desséchée semblât sur lepoint de tomber en poussière entre lesmains du docteur.

« Cette rose, dit le docteur Heideggeravec un soupir, cette rose-ci, fanée,presque poussière, cette rose a fleuri voilàcinquante-cinq ans. Elle me fut donnée parSylvia Ward, dont vous pouvez ici voir leportrait, et j’avais l’intention de la porter àmon revers le jour de notre mariage. Elle apassé cinquante-cinq ans amoureusementconservée entre les pages de ce vieux livre.Aujourd’hui, vieille d’un demi-siècle, pour-riez-vous croire qu’elle puisse fleurir denouveau ?

– Quelle idée ! fit la veuve Wycherly,qui d’agacement secouait la tête. Autant sedemander si le visage ridé d’une vieillefemme peut refleurir !

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– Eh bien, voyez ! » répondit le docteurHeidegger.

Il découvrit le vase et jeta la rose fanéedans l’eau qu’il contenait. D’abord, elle seposa, légère, sur la surface du liquide, et,semblait-il, elle n’en absorbait pas lamoindre humidité. Bientôt pourtant, onput observer un changement singulier. Lespétales écrasés et desséchés prirent uneteinte pourpre de plus en plus prononcée,comme si la fleur s’éveillait du sommeil dela mort. La frêle tige et ses ramilles rever-dirent. Et soudain, ils eurent sous lesyeux cette rose cinquantenaire, aussifraîche que le jour où Sylvia Ward l’avaitofferte à son amoureux. Elle était à peineépanouie : quelques-uns de ses délicatspétales rouges s’ouvraient timidementautour du calice humide, à l’intérieurduquel scintillaient deux ou trois gouttesde rosée.

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« Voilà une supercherie bien étonnante »,dirent les amis du docteur, mais sansconviction, car ils avaient assisté à de bienplus grands miracles dans des numéros deprestidigitateurs. « Mais comment vous yêtes vous pris ? »

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« Avez-vous jamais entendu parler de laFontaine de Jouvence, demanda le docteurHeidegger, celle que Ponce de León, l’aven-turier espagnol, a recherchée voilà deux outrois siècles ?

– Mais, demanda la veuve Wycherly,Ponce de León a-t-il fini par la découvrir ?

– Non, répondit le docteur Heidegger,car il ne l’a pas cherchée au bon endroit.La fameuse Fontaine de Jouvence, si mesinformations sont exactes, se situe au sudde la péninsule de Floride, dans les environsdu lac Macao. Sa source est dissimuléesous l’ombre de plusieurs magnoliasgigantesques, qui, bien qu’âgés de sièclesinnombrables, sont restés aussi frais quedes violettes grâce à la vertu de cette eau

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miraculeuse. L’un de mes amis, connaissantmon intérêt pour de telles matières, m’afait parvenir le liquide que vous voyezdans le vase.

– Hum, fit le colonel Killigrew, qui necroyait pas un traître mot de l’histoire dudocteur. Et quel serait l’effet de ce liquidesur l’organisme humain ?

– Vous aurez le loisir d’en juger parvous-même, mon cher colonel, répondit ledocteur Heidegger, et vous tous, mes amisrespectés, êtes invités à boire autant de celiquide admirable qu’il en faudra pourrestaurer toute la fleur de votre jeunesse.Pour ma part, vieillir m’a donné tant desoucis que je ne suis pas pressé de rede-venir jeune. Avec votre permission, je mecontenterai d’observer le déroulement del’expérience. »

Tout en parlant, le docteur Heideggeravait rempli les quatre flûtes à champagne

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d’eau de la Fontaine de Jouvence. Ellecontenait manifestement un gaz efferves-cent, car de petites bulles remontaientcontinuellement depuis les profondeursdes verres, pour, argentées, venir pétillerà la surface. Comme un parfum agréableémanait du liquide, les vieillards nedoutaient pas qu’il possédât un principecordial et réconfortant. Aussi, bien quetout à fait sceptiques quant à son pouvoirrajeunissant, étaient-ils tentés de l’avalerd’un trait. Mais le docteur Heidegger lessupplia de patienter un instant.

« Avant de boire, dit-il, vous, mesrespectables amis, il serait bon que, guidéspar l’expérience de toute une vie, vousétablissiez quelques règles générales deconduite qui vous aideront à traverser denouveau les périls de l’âge. Pensez quelpéché et quelle honte ce serait si, avecl’avantage particulier que vous possédez,

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vous ne deveniez pas des modèles de vertuet de sagesse pour tous les jeunes gens denotre époque. »

Les quatre vénérables amis n’émirentd’autre réponse qu’un rire faible etchevrotant ; sachant combien le repentirs’attachait aux pas de l’erreur, il leursemblait ridicule qu’ils puissent, une foisde plus, faire fausse route.

« Alors buvez, dit le docteur enesquissant une révérence. Je me réjouisd’avoir si bien choisi les sujets de monexpérience. »

Et leurs mains presque paralytiquesportèrent les verres à leurs lèvres. Leliquide, s’il possédait des vertus telles quelui en prêtait le docteur Heidegger, nepouvait pas avoir été offert à quatre êtreshumains qui en eussent aussi misérable-ment besoin. Ils semblaient n’avoir jamaisconnu la jeunesse ou le plaisir, mais être

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venus au monde en rejetons tardifs d’uneNature gâteuse ; ils semblaient avoirtoujours été des créatures grises, décré-pites, desséchées, des êtres misérables quiappuyaient aujourd’hui leurs silhouettesvoûtées à la table du docteur, et dont nil’âme ni le corps ne possédaient assez devigueur pour que la perspective de devenirjeune à nouveau les ranimât. Ils burentl’eau d’un trait et reposèrent les verres surla table.

Une amélioration presque immédiate seproduisit dans l’aspect de la compagnie,semblable à celle qu’aurait procurée ungénéreux verre de vin, accompagné d’unsoudain rayon de soleil éclairant leurvisage. Les riches couleurs de la santéremplaçaient sur leurs joues la pâleurterreuse qui leur donnait un aspect quasicadavérique. Ils se dévisageaient, s’ima-ginant qu’un pouvoir magique avait bel et

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bien commencé à effacer, doucement, lesprofondes et tristes inscriptions que leTemps avait gravé sur leur front. La veuveWycherly rajusta sa coiffe ; elle se sentaitpresque redevenue une femme.

« Redonnez-nous de cette eau mira-culeuse, s’écria-t-elle avidement. Noussommes plus jeunes, mais nous sommesencore trop vieux. S’il vous plaît, versez-nous-en plus !

– Du calme, du calme, dit le docteurHeidegger, qui, depuis son siège, assistait àl’expérience, plein d’un calme philo-sophique. Vous avez vieilli pendant trèslongtemps. Vous pourriez bien sûr vouscontenter de devenir jeunes en une demi-heure... Mais l’eau est à votre disposition. »

Il emplit de nouveau les verres deliqueur de Jouvence, dont il restait assezdans le vase pour faire revenir la moitiédes vieillards de la ville à l’âge de leurs

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propres petits-enfants. Tandis que lesbulles pétillaient, les quatre hôtes dudocteur s’emparèrent de leurs verres, dontils vidèrent le contenu d’un trait. Étaient-ils le jouet d’une hallucination ? Dès que lebreuvage descendit dans leur gorge, ils lesentirent influer sur tout leur organisme.Leurs yeux se firent plus clairs et brillants.Leurs boucles argentées devinrent de plusen plus foncées. On vit soudain autour dela table trois messieurs d’âge moyen, et unefemme à peine sortie de la prime jeunesse.

« Très chère veuve, vous êtes char-mante », s’écria le colonel Killigrew qui lafixait du regard, observant les ombresdéposées par l’âge s’enfuir comme l’obscu-rité quand point la rose aurore.

La belle veuve savait depuis longtempsque les compliments du colonel Killigrewn’étaient pas toujours mesurés d’aprèsl’exacte réalité. Aussi se leva-t-elle d’un

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bond et courut-elle jusqu’au miroir,craignant encore que le hideux visaged’une vieille femme ne vienne à sarencontre. Pendant ce temps, les troismessieurs se conduisaient d’une manièrequi prouvait que l’eau de la Fontaine deJouvence possédait quelques qualitésenivrantes – à moins, bien sûr, que la gaietéqui s’était emparée de leurs esprits ne fûtqu’un léger étourdissement causé parl’envol soudain du fardeau des années.L’esprit de M. Gascoigne semblait bondird’un problème politique à un autre, sansqu’on puisse déterminer s’il se référait aupassé, au présent ou à l’avenir, dans lamesure où les mêmes idées et les mêmesphrases étaient en vogue depuis cinquanteans. Tantôt il déclamait à pleine gorge destirades pompeuses à propos du patriotisme,du prestige de la nation et du droit despeuples, tantôt il murmurait quelque

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téméraire sottise dans un chuchotementplein de ruse et d’équivoque, et avec tant decirconlocutions que sa propre consciencepeinait à en saisir le sens profond. Puis ilreprenait une diction nette et un tonprofondément respectueux, et l’on auraitjuré qu’une oreille royale écoutait sespériodes bien tournées. Pendant ce temps-là, le colonel Killigrew avait entonné unechanson de corps de garde qu’il accom-pagnait en faisant tinter son verre aumoment du refrain, et il promenait sonregard sur la silhouette généreuse de laveuve Wycherly. De l’autre côté de la table,M. Medbourne était plongé dans un calculde dollars et de cents, auquel se mêlait leprojet étrange de fournir en glace les Indesorientales, en attelant des troupes debaleines aux icebergs du pôle.

Quant à la veuve Wycherly, elle se tenaitdevant le miroir, tirant des révérences et

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minaudant devant sa propre image, lasaluant comme l’amie qu’elle aimait plusque tout au monde. Elle approchait sonvisage tout près de la glace pour s’assurerque telle ride ou telle patte d’oie qu’elleportait depuis longtemps avait bien disparu,ou que la neige de ses cheveux avait fondu,lui permettant de se débarrasser sanscrainte de son vieux bonnet. Enfin, elle seretourna brusquement et s’approcha de latable, esquissant un pas de danse.

« Cher vieux docteur, s’écria-t-elle, jevous en prie, accordez-moi un autre verre !

– Mais certainement, ma chère madame,certainement, répondit-il avec complai-sance. Voyez, je les ai déjà remplis. »

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Et c’était vrai. Les quatre verres étaientposés sur la table, resplendissant de cetteeau miraculeuse. Le pétillement des bullesqui éclosaient à la surface évoquait l’éclatfrémissant de diamants. On était mainte-nant si proche du coucher du soleil que lachambre était devenue plus sombre quejamais, mais une douce lueur, semblable àcelle de la lune, émanait du vase, éclairantles quatre invités et la silhouette vénérabledu docteur. Il était assis dans un fauteuilen chêne sculpté avec art et pourvu d’unhaut dossier, plein de l’austère dignité quisied au Temps – celui précisément dontpersonne n’avait jamais contesté la puis-sance, à l’exception de cette heureusecompagnie. Et tandis qu’ils buvaient à

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longs traits le troisième verre d’eau deJouvence, ils furent presque effrayés parl’expression mystérieuse de son visage.

Mais l’instant d’après, ils sentirentbouillonner dans leurs veines le torrentd’une ardeur juvénile : ils étaient revenus àla prime jeunesse. L’âge, avec son misérablecortège de soucis, de chagrins et de mala-dies, ne leur faisait pas plus d’effet que letrouble procuré par un rêve dont ils seseraient joyeusement éveillés. L’éclat dontbrille une âme jeune, si tôt disparu et sanslequel le spectacle du monde n’est qu’unegalerie de tableaux aux couleurs passées,cet éclat, de nouveau, enchantait leuravenir. Ils se sentaient comme des êtresneufs dans un univers nouvellement créé.

« Nous sommes jeunes ! Nous sommesjeunes ! », exultaient-ils.

Cette jeunesse, tout comme l’extrêmevieillesse, avait effacé les caractéristiques

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si marquées de l’âge mûr, les rendantsemblables l’un à l’autre. Ils formaient unebande de joyeux lurons, rendus commefous par l’espiègle exubérance propre àleur âge. La conséquence la plus singulièrede cette gaieté était qu’elle les poussait àrailler l’infirmité et la décrépitude dont ilsavaient été les si récentes victimes. Ilsriaient très haut de leur accoutrementdémodé – les habits aux larges basques etles gilets flottants des jeunes messieurs, lacoiffe et la robe antiques de la jeune fille enfleur. L’un imitait la claudication d’ungrand-père goutteux, un autre avaitperché une paire de lunettes au bout deson nez et faisait mine de se pencher surles caractères gothiques du grimoire, letroisième s’était assis dans un fauteuil etsingeait la dignité vénérable du docteur.Puis tous poussèrent des cris de joie et semirent à bondir dans la pièce. La veuve

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Wycherly – s’il est permis d’appeler veuveune si pimpante demoiselle – voleta jusqu’aufauteuil du docteur d’un air enjoué etmalicieux.

« Docteur, chère bonne âme, s’écria-t-elle, levez-vous, et dansez avec moi ! » À cesmots, les quatre jeunes gens partirent d’unrire plus éclatant que jamais, s’imaginantquelle plaisante figure offrirait là le pauvrevieux docteur.

« Je vous prie de m’excuser, réponditcalmement le docteur. Je suis vieux,perclus de rhumatismes, et voilà long-temps que je ne danse plus. Mais je suissûr que l’un de ces fougueux jeunes gens semontrerait très honoré d’avoir une parte-naire si charmante.

– Clara, dansez avec moi ! s’écria lecolonel Killigrew.

– Non, non, ce sera moi son cavalier !hurla M. Gascoigne.

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– Elle m’a promis sa main il y a cinquanteans », s’exclama M. Medbourne.

Ils se pressèrent tous trois autour d’elle.L’un lui saisit les mains dans une étreintepassionnée, un autre jeta son bras autourde sa taille, tandis que le troisième enfouis-sait sa main dans les boucles brillantes quis’amoncelaient sous la coiffe de la veuve.Rougissant, haletant, se débattant, gron-dant, riant, sa chaude haleine caressanttour à tour leurs visages, elle s’efforçait dese libérer, sans parvenir à s’arracher à leurtriple embrassade. Jamais on ne vittableau plus saisissant d’une rivalité juvéniledont une beauté enchanteresse était leprix. Pourtant, par un étrange mirage dû àl’obscurité de la pièce et au vêtement passéde mode, le grand miroir, dit-on, reflétaitles silhouettes de trois aïeuls, gris et flétris,luttant, ridicules, pour conquérir la laideurémaciée d’une grand-mère rabougrie.

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Mais ils étaient jeunes. Leur passionbrûlante le prouvait. Enflammés, jusqu’à lafolie, par la coquetterie de la fille-veuve, quisans leur accorder ses faveurs ne les refusaitpas tout à fait, les trois rivaux commen-çaient à échanger des regards menaçants.Toujours cramponnés au bel enjeu de leurlutte, ils s’empoignaient férocement à lagorge. Dans l’ardeur du tumulte, la table futrenversée, et le vase brisé en millemorceaux. La précieuse eau de Jouvencecoula, ruisselet brillant sur le sol, imbibantles ailes d’un papillon qui avait vieilli avec ledéclin de l’été et s’était posé là pour attendrela mort. L’insecte voleta légèrement àtravers la chambre jusqu’à se poser sur lecrâne argenté du docteur Heidegger.

« Allons, allons, messieurs ! Allons,Madame Wycherly, s’exclama le docteur.Je me vois obligé de protester contre cesdébordements. »

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Ils se figèrent, frissonnants, car il leursemblait que le Temps, vieillard gris, lesrappelait, depuis leur jeunesse ensoleillée,dans la vallée obscure et glaciale desannées. Ils contemplaient le vieux docteurHeidegger, assis dans son fauteuil sculptéet tenant sa rose d’un demi-siècle, sauvéealors qu’elle gisait parmi les fragments duvase brisé. Sur un signe de sa main, lesquatre bambocheurs se rassirent, d’autantplus volontiers que ces efforts violents lesavaient épuisés, tout jeunes qu’ils fussent.

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« La rose de ma pauvre Sylvia ! s’exclamale docteur Heidegger, l’élevant à la lumièredu couchant que reflétaient les nuages. Ondirait qu’elle se fane de nouveau. »

Et c’était vrai. Sous leurs yeux, la fleurse ratatinait progressivement, jusqu’à re-devenir aussi sèche et fragile qu’aumoment où le docteur l’avait jetée dans levase. Il la secoua pour en enlever lesquelques gouttes d’humidité qui s’atta-chaient à ses pétales.

« Je l’aime autant ainsi que lorsqu’elleétait fraîche et humide de rosée », observa-t-il, pressant la rose flétrie contre ses lèvres.Pendant qu’il parlait, le papillon, dans unbattement d’ailes, abandonnant le crâneargenté du docteur Heidegger, tomba au sol.

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Ses invités frissonnèrent de nouveau. Unfroid étrange, sans qu’ils pussent dire s’ilvenait de l’âme ou du corps, les envahissaitpeu à peu. Ils se dévisageaient, imaginantque chaque instant qui passait les dépouillaitde leurs charmes, laissant un sillon qui s’ap-profondissait là où il n’y en avait pas traceauparavant. Rêvaient-ils ? Les changementsd’une vie entière avaient-ils été condensés enun moment si bref ? Étaient-ils à nouveauquatre vieillards assis en la compagnie deleur vieil ami, le docteur Heidegger ?

« Sommes-nous redevenus vieux sivite ? » s’écrièrent-ils douloureusement.

Hélas ! l’eau de Jouvence possédaitune vertu plus passagère encore que le vin.Le délire qu’elle avait engendré s’étaitévaporé. Oui ! ils étaient redevenus vieux.Dans un élan irrépressible qui montraitqu’elle était encore femme, la veuve enfouitson visage dans ses mains, en souhaitant

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que le couvercle du cercueil se refermedessus, puisque sa beauté avait définitive-ment disparu.

« Oui, mes amis, vous êtes redevenusvieux, dit le docteur Heidegger. Hélas,toute l’eau de Jouvence est répandue surle sol. Mais je ne m’en plains pas. Carmême si la source coulait sur le pas de maporte, je ne me baisserais pas pour ytremper mes lèvres – non, même si le délirequ’elle engendre devait durer des années,au lieu d’instants. Telle est la leçon quevous m’avez apprise ! »

Mais les quatre amis du docteurn’avaient pas retenu pareille leçon. Ilsrésolurent sur-le-champ de partir enpèlerinage en Floride et de s’abreuver,matin, midi et soir, d’eau de la Fontainede Jouvence.

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Nathaniel Hawthorne naît le 4 juillet 1804à Salem dans le Massachusetts. Il est le filsd’un capitaine de la marine marchande, et ledescendant d’une famille de juges puritainsimpliqués dans des persécutions de Quakers etdans le procès des sorcières de Salem.Orphelin de père à quatre ans, il est élevé parsa mère, loin du monde, dans une maison qu’ils’imagine hantée.

En 1821, il entre au Bowdoin College deBrunswick, dans le Maine, où il se lie d’amitiéavec Franklin Pierce, qui sera élu en 1853quatorzième président des États-Unis. Quatreans plus tard, il retourne à Salem avec la réso-lution de devenir écrivain. Il passera là unedizaine d’années dans l’isolement, nourri devastes lectures. Il publie en 1828 un premierroman, qu’il reniera, et un premier conte en1830. Jusqu’en 1837, il en écrit plus de

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soixante-dix, dans lesquels, le premier, il utilisel’histoire de son continent comme matériaulittéraire, situant la plupart de ses récits dansles colonies puritaines des XVIIe et XVIIIe siècles.

Il sort de sa retraite en 1836 pour occuperun poste de rédacteur en chef dans un journalà Boston. L’année suivante voit la publicationde son premier recueil de contes, les Twice-ToldTales. Il fréquente le cercle de la famillePeabody, proche des transcendantalistes.

En 1839, Hawthorne devient inspecteurdes douanes à Boston, emploi dont il démis-sionne le 1er janvier 1841 pour se consacrer àl’écriture. Il s’installe alors dans une commu-nauté d’inspiration fouriériste, mais, déçu, laquitte après six mois. En 1842, il épouseSophia Peabody, et le couple s’installe dans leOld Manse (« Vieux presbytère ») de Concord,Massachusetts, propriété qu’il loue à la famillede Ralph Waldo Emerson. Jusqu’en 1845,Hawthorne écrit une vingtaine de nouveauxcontes, qui seront recueillis en 1846 dansMosses from an Old Manse.

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Sa fille Una naît en 1844, et les Hawthorneretournent à Salem, où l’écrivain a obtenu unposte aux douanes. Il perd son emploi aprèsle changement de majorité électorale de1849. La même année voit la naissance deson fils Julian et le décès de sa mère.Hawthorne commence alors la rédaction dela Lettre écarlate, qui sort l’année suivante etinstalle sa famille à Lenox, dans leMassachusetts. Il se lie avec Herman Melvillequi, dans un article élogieux, le salue commeun nouveau Messie.

Après La Lettre écarlate, Hawthorne publieThe Snow Image and Other Twice-Told Tales, lerecueil de ses derniers contes – à l’exception detextes destinés à la jeunesse – et se consacre àdes romans : La Maison aux sept pignons (1851)et Valjoie (1852). En 1851 naît Rose, sondernier enfant.

En 1853, suite à l’élection de Franklin Pierceà la présidence des États-Unis, Hawthorneobtient un poste de consul à Liverpool, qu’iloccupera quatre ans, sans écrire. De 1857 à

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1859, il voyage en Italie et en France, puisrevient en Amérique pour rédiger Le Faune demarbre, qui paraît en 1860. Il publie en 1863 sondernier ouvrage, Our Old Home, récit de sonséjour en Angleterre.

Il meurt le 19 mai 1864 à Plymouth, NewHampshire, lors d’un séjour qu’il y effectuaiten compagnie de Franklin Pierce.

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