no. 34899 coursuprgmeducanada

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No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA EN APPEL D'UN JUGEMENT DE LA COUR D'ApPEL DU QUÉBEC ENTRE: DIDIER BUZIZI ApPELANT (Appelant devant la Cour d'appel du Québec) ET: SA MAJESTÉ LA REINE INTIMÉE (Intimée devant la Cour d'appel du Québec) MÉMOIRE DE L'APPELANT Me Clemente MONTEROSSO CLÉMENT MONTEROSSO AVOCAT 1160-8, Avenue Laurier Ouest Outremont (Québec) H2V 2L5 Tél.: (514) 948-2006 / Téléc.: (514) 948-6131 Courriel : [email protected] Procureur de l'Appelant Me Sonia MASTRO MATTEO LAROUCHE & AsSOCIÉS, AVOCATS 240, rue Saint-Jacques, bureau 701 Montréal (Québec) H2Y 1L9 Tél.: (514) 825-2470 / Téléc.: (514) 987-5110 Courriel : [email protected] Procureure de l'Appelant Me Thierry NADON PROCUREUR AUX POURSUITES CRIMINELLES ET PÉNALES PALAIS DE JUSTICE l, rue Notre-Dame Est, bureau 4.100 Montréal (Québet) R2Y 1B6 Tél.: (514) 393-2703 / Téléc.: (514) 873-9895 Courriel : [email protected]ç.ca Procureur de l'Intimée LES FACTUMS INSTANTER INe. 8765, ROUTE MARIE-VICTORIN, CONTRECOEUR (QUÉBEC) JOL 1CO Me Richard GAUDREAU BERGERON,GAUDREAU 167, Notre-Dame-de-l'Île Gatineau (Québec) J8X 3T3 Tél. : (819) 770-7928/ Téléc. : (819) 770-1424 CauITiel : [email protected] Correspondant de l'Appelant Me Jean CAMPEAU PROCUREUR AUX POURSUITES CRIMINELLES ET PÉNALES PALAIS DE JUSTICE 17, rue Laurier, bureau 1.230 Gatineau (Québec) J8X 4C1 Tél. : (819) 776-8111 / Téléc. : (819) 772-3986 Courriel: [email protected] Correspondant de l'Intimée TÉL.: 1800 240-6756 - 1450746-1569 - TÉLÉe.: 1450 780-1042 - COURRIEL: factnIDsinstanter@yideotrovca

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Page 1: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

No. 34899

COURSUPRGMEDUCANADA

EN APPEL D'UN JUGEMENT DE LA COUR D'ApPEL DU QUÉBEC

ENTRE: DIDIER BUZIZI

ApPELANT (Appelant devant la Cour d'appel du Québec)

ET: SA MAJESTÉ LA REINE

INTIMÉE (Intimée devant la Cour d'appel du Québec)

MÉMOIRE DE L'APPELANT

Me Clemente MONTEROSSO CLÉMENT MONTEROSSO AVOCAT

1160-8, Avenue Laurier Ouest Outremont (Québec) H2V 2L5 Tél.: (514) 948-2006 / Téléc.: (514) 948-6131 Courriel : [email protected] Procureur de l'Appelant

Me Sonia MASTRO MATTEO LAROUCHE & AsSOCIÉS, AVOCATS

240, rue Saint-Jacques, bureau 701 Montréal (Québec) H2Y 1L9 Tél.: (514) 825-2470 / Téléc.: (514) 987-5110 Courriel : [email protected] Procureure de l'Appelant

Me Thierry NADON PROCUREUR AUX POURSUITES CRIMINELLES ET PÉNALES PALAIS DE JUSTICE l, rue Notre-Dame Est, bureau 4.100 Montréal (Québet) R2Y 1B6 Tél.: (514) 393-2703 / Téléc.: (514) 873-9895 Courriel : [email protected]ç.ca Procureur de l'Intimée

LES FACTUMS INSTANTER INe. 8765, ROUTE MARIE-VICTORIN, CONTRECOEUR (QUÉBEC) JOL 1CO

Me Richard GAUDREAU BERGERON,GAUDREAU

167, Notre-Dame-de-l'Île Gatineau (Québec) J8X 3T3 Tél. : (819) 770-7928/ Téléc. : (819) 770-1424 CauITiel : [email protected] Correspondant de l'Appelant

Me Jean CAMPEAU PROCUREUR AUX POURSUITES CRIMINELLES ET PÉNALES PALAIS DE JUSTICE 17, rue Laurier, bureau 1.230 Gatineau (Québec) J8X 4C1 Tél. : (819) 776-8111 / Téléc. : (819) 772-3986 Courriel: [email protected] Correspondant de l'Intimée

TÉL.: 1800 240-6756 - 1450746-1569 - TÉLÉe.: 1450 780-1042 - COURRIEL: factnIDsinstanter@yideotrovca

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TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES

DIDIER BUZIZI C. SA MAJESTÉ LA REINE DOSSIER NO. CSC 34899 EN APPEL D'UN JUGEMENT DE LA COUR D'APPEL DU QUÉBEC

MÉMOIRE DE L'APPELANT

PARTIEl Exposé concis des faits

• Les faits

PARTIE II Exposé concis des questions en litige

• La question en litige La Cour d'appel a erré en confirmant la décision de 1 'honorable juge de première instance de ne pas soumettre la défense de provocation au jury

PARTIE III Exposé concis des arguments

• L'argumentation • L'élément objectif • L'élément subjectif

PARTIE IV Ordonnance demandée au sujet des dépens

PARTIE V Ordonnances demandées

PARTIE VI Table alphabétique des sources

PARTIE VII Textes législatifs

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LE MÉMOIRE D'APPEL

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Mémoire de l'Appelant

LES FAITS :

MÉMOIRE DE L'APPELANT

PARTIEl

EXPOSÉ CONCIS DES FAITS

Exposé concis des faits

[1] Dans la soirée du 25 au 26 août 2007, à Montréal, un événement soudain et inattendu

de quelques minutes l s'est soldé par la mort d'un jeune homme;

[2] Ce soir là, l'appelant, Didier Buzizi, alors âgé de 20 ans2, devait faire la promotion

de son album de musique dans un club « after hour », à savoir le Circus3, lorsque son

cousin, Pierre Mumporeze, alias Peter lui a demandé de l'accompagner à l'ouverture

du centre communautaire rwandais4;

[3] Didier Buzizi aussi d'origine rwandaise a accepté d'accompagner son cousin au

centre culturel rwandais puisqu'il avait planifié se rendre au Circus faire la

promotion de son album seulement vers les trois heures du matinS;

1 Témoignage de Didier Buzizi, procès, 15 décembre 2009, Annexe IV de l'appelant, vol. XII, p. 1819, ligne 19; p. 1811, ligne 5. 2 Ibid. p. 1743. 3 Ibid. pp. 1748-1773. 4 Ibid. p. 1748. 5 Ibid. pp. 1748-1773.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des faits

[4] Au centre culturel rwandais, tout s'est bien déroulë. Les gens sur place ont par la

suite été invités à se rendre dans une boîte de nuit «le 2037 » par le promoteur

Rassem Chamaa alias Amouda7;

[5] C'est à cet endroit que l'appelant a été présenté à Maxime Rushemeza, la victime.

Cette brève rencontre au cours de laquelle ils ont parlé de musique a été le seul

échange entre ceux-ci au bar« 2037 »8;

[6] La preuve a démontré qu'au cours de la soirée, les gens (l'appelant, la victime et les

témoins) ont consommé de l'alcool et que la soirée avait été bonne pour le

propriétaire du bar. Aucune altercation n'est survenue à cet endroit;

[7] Suite à la fermeture de la boîte de nuit vers les 3 heures du matin, les gens ont été

invités à poursuivre la soirée dans un endroit communément appelé un « after hour »

à savoir, le « 221 » situé sur la rue Ontario;

[8] Didier Buzizi, qui voulait plutôt se rendre au «Circus » faire la promotion de son

album a avisé son cousin de son intention de se rendre à cet endroit9. Ils ont

finalement convenu de passer rapidement au bar «221 ». Il ressort de la preuve que

Buzizi attendait son cousin Peter Mumporeze à l'extérieur du 221, à savoir en face

du dépanneur situé sur la rue Ontario. JO Au «221 » Didier Buzizi n'a pas vu la

victime Maxime Rushemeza; Il

6 Ibid. pp. 1753-1754. 7 Ibid. pp. 1754-1759. 8 Ibid. pp. 1770 à 1773. 9 Ibid. pp. 1774-1776, ligne 19-20 et pp. 1777-1778. 10 Ibid. pp. 1792 à 1796. Référence à la pièce et la photo, Pièce D-5, Annexe V de l'appelant, vol. XVI, p. 2531. 11 Ibid. p. 1794.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des faits

[9J Alors qu'il attendait impatiemment son cousin12, il a aperçu ce dernier se battre avec

un autre individu. Il lui semblait, de l'endroit ou il était situé, que ces derniers se

battaient à coups de poing; 13

[10J Selon la version donnée par l'appelant, il a couru rejoindre son cousin, a repoussé

l'agresseur et a été stupéfait de constater que son cousin avait la gorge tranchée et

qu'il saignait abondamment;14

[llJ Immédiatement, il fut confronté par Maxime Rushemeza qui lui disait en brandissant

un couteau de type « exacto » et s'avançant sur Buzizi. :« you want a piece ofthis »15

(en faisant référence au couteau).

[12J Buzizi, agissant en légitime défense mais aussi «plein d'émotions }}16, a réagi à ce

qui se passait17, sans avoir eu le temps de réfléchir et il a poignardé Maxime

Rushemeza;

[13J L'appelant n'a pu préciser à quel endroit il a poignardé la victime. Tout au plus, il

croit avoir poignardé la victime dans son dos alors que celle-ci s'était penchée pour

ramasser son couteau Exacto qu'elle venait d'échapper au sol. Buzizi n'a pas non

plus été en mesure d'indiquer le nombre de coup qu'il a donné à la victime. Le

rapport de la pathologiste révèlera toutefois 5 plaies dont deux qui pouvaient être

mortelles;

12 Ibid. pp. 1796-1797 et pp. 1800-180l. 13 Ibid. pp. 1802 à 1804. 14 Ibid. pp. 1804; vol. XIII, p. 1867. 15 Ibid. pp. 1804-1805; vol. XIII, p. 1867. 16 Ibid. pp. 1807-1808; p. 1814; p. 1817, ligne 11-20; p. 1818, ligne 15 à 17; pp. 1821-1822; p. 1828; vol. XIII, p. 1854; p. 1855; p. 1857 à 1866; pp. 1883-1884. 17 Ibid. vol. XIII, p. 1954, ligne 18-25; p. 1857.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des faits

[14] L'appelant a quitté les lieux en marchant dans la direction opposée pour retrouver

son cousin. Il n'avait alors pas réalisé qu'il marchait avec son couteau sur la rue étant

toujours énervé;

[15] D'ailleurs, certains témoins du ministère public ont aussi fait cette constatation à

l'effet que l'appelant était toujours dans ses émotions, choqué et énervé après la

bagarre; 18

[16] L'appelant a été arrêté à proximité du lieu des incidents alors qu'il marchait en

direction nord sur la rue Hôtel-de-Ville après s'être assuré que son cousin était pris

en charge. Il ne croyait pas que Maxime Rushemeza allait mourir;

[17] L'appelant, qui a témoigné pour sa défense a toujours soutenu qu'il n'avait jamais

voulu tuer Maxime Rusherneza. Il a affirmé à plusieurs reprises qu'il avait réagi à

l'attaque soudaine et qu'il était sous le choc, plein d'émotions lorsqu'il a poignardé

la victime;

[18] L'appelant témoignera également qu'il n'a pas eu le temps de réfléchir, que la

situation s'est passée en moins de deux minutes. Ce fait n'est pas contesté par les

témoins du ministère public;

18 Témoignage de Rassem Chamaa, procès, 27 novembre 2009, vol. III, pp. 341-342. Témoignage de Diane Rudakenga, 8 décembre 2009, vol. X, p. 1505, ligne 20 à p. 1506.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des faits

[19] Seule la légitime défense en vertu de l'article 34(2) C.cr a été soumise au jury.

L'Honorable juge de première instance a refusé de soumettre au jury le moyen de

défense fondé sur la légitime défense conformément au paragraphe (1) de l'article 34

C.cr. et le moyen de défense de provocation prévu à l'article 232 C.cr. comme le lui

demandait l'appelant;

[20] L'appelant a été reconnu coupable de meurtre au deuxième degré le 23 décembre

2009. (Une requête pour verdict dirigé avait été accueillie par le juge de première

instance relativement au chef d'accusation de meurtre au premier degré le 14

décembre 2009).

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des questions en litige

PARTIE II

EXPOSÉ CONCIS DES QUESTIONS EN LITIGE

LA QUESTION EN LITIGE:

[21] Dans le cadre de ce procès, une conférence sur les directives a été tenue afin de

déterminer des moyens de défense qui seraient soumis au jury et des verdicts

possibles;

[22] Au terme des plaidoiries des parties, l'Honorable juge de première instance a rendu

sa décision et n'a soumis au jury que le moyen de défense fondé sur l'article 34(2)

du Code criminel à savoir la légitime défense. Il a rejeté les demandes de l'appelant

de soumettre également au jury le moyen de défense fondé sur la provocation en ces

termes:

« Tous les autres moyens de défense, à mon avis, ne rencontrent pas les prescriptions du Code criminel du Canada ».19

[23] La Cour d'appel, à la majorité, a confirmé la décision du juge de première instance

en concluant que l'allégation de légitime défense dans le présent dossier excluait

toute défense de provocation;

19 Décision de la Cour (moyens de défense présentés au jury), procès, 17 décembre 2009, vol. XV, p. 2183, ligne 16-17.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des questions en litige

[24] L'opinion de l'honorable juge Bich, j.c.a., est divergente sur ce point. Elle aurait

plutôt accueilli l'appel du verdict de culpabilité pour le motif de droit suivant:

1. LE JUGE DE PREMIÈRE INSTANCE A ERRÉ EN NE SOUMETTANT PAS AU JURY LA

DÉFENSE DE PROVOCATION.

[25] L'appelant se pourvoit devant cette Cour sur la question soulevée par l'opinion

dissidente de la Cour d'appel du Québec:

i. LA COUR D'APPEL A ERRE EN CONFIRMANT LA DECISION DE L'HONORABLE

JUGE DE PREMIERE INSTANCE DE NE PAS SOUMETTRE LA DEFENSE DE

PROVOCATION AU JURY ;

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

PARTIE III

EXPOSÉ CONCIS DES ARGUMENTS

L'ARGUMENTATION:

[26] Même s'il a refusé de soumettre la défense de provocation au jury, le juge du procès

a reconnu que l'appelant, apeuré, a réagi avec émotion dans la séquence des

évènements qui ont mené au décès de la victime:

«J'ai également retenu du témoignage de l'accusé qu'il était apeuré, plein d'émotions. qu'il avait peur, que le gars, parlant de la victime, était grand et gros, que sa vie était en danger, que son cousin avait eu la gorge tranchée et qu'il avait été lui-même attaqué. »20

[27] La Cour d'appel, à la majorité, a conclu, à l'instar du juge de première instance, que

l'appelant n'a pas agi sous le coup de la provocation mais dans l'intention évidente

de se défendre;

[28] L'opinion dissidente de la Cour estime plutôt que nous sommes devant un cas de

figure bien particulier où la défense de provocation et la légitime défense

s'entremêlent:

« [LJe geste agressif de la victime a pu engendrer une réaction dont on peut concevoir qu'elle relève aussi bien de la légitime défense que de la provocation. »2]

20 Ibid. p. 2183, ligne 2 à 6. 21 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012 par les honorables France Thibault, François Doyon et Marie-France Bich, j.c.a., dont appel à la Cour suprême du Canada, Annexe II de l'appelant, Motifs de la juge Bich, p. 28, par. 104

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[29] L'article 232 du Code criminel, qui codifie la défense de provocation prévoit:

232. (1) Un homicide coupable qui autrement serait un meurtre peut être réduit à un homicide involontaire coupable si la personne qui l'a commis a ainsi agi dans un accès de colère causé par une provocation soudaine.

(2) Une action injuste ou une insulte de telle nature qu'elle suffise à priver une personne ordinaire du pouvoir de se maîtriser, est une provocation pour l'application du présent article, si l'accusé a agi sous l'impulsion du moment et avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang-froid.

(3) Pour l'application du présent article, les questions de savoir:

a) si une action injuste ou une insulte déterminée équivalait à une provocation;

b) si l'accusé a été privé du pouvoir de se maîtriser par la provocation qu'il allègue avoir reçue;

[30] La défense de provocation pourra être invoquée lorsque deux éléments sont réunis:

1. L'élément objectif: Une action injuste ou une insulte suffisante pour priver une personne ordinaire du pouvoir de se maîtriser ;

2. L'élément subjectif: La provocation doit avoir amené l'accusé à perdre la maîtrise de soi et à agir avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang­froid ;22

22 R. c. Thibert, [1996]1 R.C.S. 37, par. 4

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[31] Évidemment, pour déterminer s'il devait soumettre la défense de provocation au

jury, le juge de première instance devait appliquer le critère de la vraisemblance :

«Lorsqu'il applique le critère de la vraisemblance, le juge du procès examine l'ensemble de la preuve et tient pour véridiques les éléments de preuve produits par l'accusé. Le fondement probant peut ressortir de la preuve émanant de l'interrogatoire principal ou du contre-interrogatoire de l'accusé, des témoins à décharge ou des témoins à charge. Il peut aussi découler des faits de l'affaire ou de tout autre élément de preuve versé au dossier. Il n'est pas nécessaire que la preuve soit produite par l'accusé.

En ce qui concerne la question préliminaire, le juge du procès n'a pas à statuer sur le bien-fondé du moyen de défense invoqué. Il appartient au jury de le faire. Le juge du procès s'abstient de se prononcer sur la crédibilité des témoins, d'apprécier la valeur probante de la preuve, de tirer des conclusions de fait ou de faire des inférences de fait précises. Le critère de la vraisemblance ne vise pas non plus à déterminer s'il est probable, improbable, quelque peu probable ou fort probable que le moyen de défense invoqué sera retenu en fin de compte. Le juge du procès doit se' demander si, au regard de la preuve, il existe une véritable question qui doit être tranchée par le jury, et non pas comment le jury doit trancher la question en fin de compte.»23 (Références omises)

23 R. c. Cinous, 2002 CSC 29, par. 53 et 54

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[32] La vraisemblance de la défense de provocation est établie selon le critère suivant:

«Un fondement probant suffisant est donc requis à l'égard de chacun des volets du moyen de défense pour que celui-ci puisse être soumis au jury: la vraisemblance exige que la preuve soit raisonnablement susceptible d'étayer les inférences nécessaires à l'application du moyen de défense»24

L'ÉLÉMENT OBJECTIF:

[33] L'existence d'une action injuste ou d'une insulte ne semble pas avoir été remise en

question par la Cour d'appel :

«Dans notre dossier, je suis prêt à accepter que la conduite de la victime Maxime Rushemeza puisse constituer de la provocation. Si l'on s'en tient à la version de l'appelant, les gestes posés et les paroles prononcées dans le contexte que l'on connaît me paraissent satisfaire les exigences du volet objectif du moyen de défense.»25

[34] L'appelant ne connaissait pas la victime. Ils n'ont été présentés que brièvement au

début de la soirée ;

[35] C'est vers les cinq heures du matin, alors que l'appelant attendait son cousin,26 qu'il

vit soudainement ce dernier se bagarrer en plein milieu de la rue avec Maxime

Rushemeza27. ,

24 R. c. Tran, 2010 CSC 58, par. 41 25 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs du Juge Doyon, p. II, par. 40 26 Témoignage de Didier Buzizi, procès, 15 décembre 2009, Annexe IV de l'appelant, vol. XII, pp. 1795-1796; pp. 1799 à 1802. 27 Ibid. p. 1802, ligne 20 à p. 1804, ligne 5.

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12

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[36] L'appelant aida son cousin à se dégager de l'affrontement. C'est alors qu'il aperçut

son cousin saignant abondamment au niveau de son cou; 28

[37] Au même moment, la victime menace l'appelant verbalement tout en donnant des

coups de couteau que M. Buzizi doit esquiver:

«Quand je me suis retourné, Maxime, lui, il avait une affaire à manche jaune dans sa main. Il m'a'regardé, puis il m'a demandé: «You want piece or this ? » C'est ... excusez-moi. C'est ça qu'il m'a dit: « You want a piece ofthis ?» Quand ... en anglais, il m'a répondu. Quand il m'a dit ça, j'ai même pas eu le temps de lui dire ni cric, ni crac. Ce qu'il afait, il a swigné son affaire vers moi. Quand il a swigné son affaire vers moi, j'ai esquivé le plus que je pouvais. Mais il était grand, agressif, plus

. 29 gros que mal.»

[38] Contre-interrogé sur son état d'esprit au moment des évènements, l'appelant a

affirmé avoir été en état de choc, qu'i! avait perdu le contrôle et qu'il avait perdu la

carte·30 ,

[39] Il soutient également avoir été dans une bulle jusqu'au moment où Mme Diane

Rudakenga est venue séparer la Maxime Rushemeza et lui:

«Mais par après, comme ... je suis comme sorti de ma bulle en même temps. Mais je suis pas sorti de ma bulle dans le sens que j'étais relax, puis je suis reparti comme si rien n'était. Je suis sorti de ma bulle dans le sens que je me suis rappelé que Peter était blessé. sa, je me suis dit : « Mon cousin est blessé. Il faut que j'aille voir ce qui se passe avec lui.»3!

28 Ibid. p. 1804, ligne 19-21. 29 Ibid. p. 1805. 30 Ibid. vol. XIII, p. 1859. 3lIbid. vol. XII, p. 1818.

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Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[40] Conséquemment, compte tenu de l'ensemble des circonstances, l'appelant soutient

qu'un jury aurait pu conclure que la victime, par ses actions défiait ou insultait

l'appelant;

[41] Un jury aurait également pu conclure que, placée dans les mêmes circonstances, une

personne ordinaire, c'est-à-dire un homme, qui a des raisons de craindre pour sa vie

après avoir vu son cousin grièvement blessé, aurait été provoquée par les actions de

la victime au point d'être privée du pouvoir de se maitriser;

L'ÉLÉMENT SUBJECTIF;

[42] En raison notamment de la vitesse à laquelle se sont déroulés les évènements,

l'appelant soumet qu'il a agi sous l'impulsion du moment avant même d'avoir eu le

temps de reprendre son sang-froid;

[43] La Cour d'appel conclut cependant que l'appelant n'a jamais perdu la maîtrise de lui­

même. Il n'aurait donc pas agi sous le coup de la provocation mais bien avec

l'intention évidente de se défendre;

[44] Pourtant les éléments de preuve que le premier juge devait tenir pour véridiques

tendent à démontrer le contraire;

[45] Au moment où il décide d'aller aider son cousin à se dégager de la bagarre dans

laquelle il est impliqué avec la victime, l'appelant se retrouve dans une situation

soudaine à laquelle il ne pouvait s'attendre;

Page 17: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

14

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[46] L'appelant constate d'une part que son cousin est grièvement blessé et d'autre part,

se retrouve immédiatement confronté à la victime qui le menace à son tour avec un

couteau. L'appelant doit alors se protéger en esquivant les coups;

[47] Ainsi, lorsque la victime échappe son arme au sol, l'appelant réagit avant qu'i! ne

puisse la ramasser :

«Puis, en me protégeant la figure, j'ai senti un contact de son corps avec mon corps. C'est là qu'il a échappé son affaire, son ... son Exacto. C'est là que j'ai constaté que c'était un Exacto. Mais en même temps, ma première pensée à moi, c'était de pas le laisser le ramasser. Parce qu'il a essayé de le ramasser. Quand il a essayé de le ramasser, c'est là que moi, je l'ai pris gar son chandail. J'ai pu prendre mon affaire. Puis, je l'ai poignardé.» 2

[48] Dans sa décision, la Cour d'appel a cité ce dernier extrait du témoignage de

l'appelant pour démontrer que l'appelant agissait en légitime défense;

[49] Selon la Cour, ce passage révèle que l'appelant a poignardé la victime dans le but de

se défendre, en toute connaissance de cause et non après avoir perdu son sang froid;

[50] La Cour souligne que, même si l'appelant a reconnu avoir agi alors que nombreuses

émotions se mélangeaient en lui et qu'il a exprimé avoir eu peur pour sa vie, il n'a

pas mentionné avoir perdu la maîtrise de lui-même pendant l'évènement;33

32 Ibid. p. 1805. 33 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs du juge Doyon, pp. 12 et 13, par. 43 et 44

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15

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[50] La Cour reconnaît que la défense de provocation et la légitime défense ne sont pas

des moyens incompatibles dans tous les cas. Cependant, la cour ajoute:

«Il y a cependant des situations où, de l'aveu même de l'accusé, il n Ji a aucune preuve de réaction impulsive avant d'avoir pu reprendre son

34 . sang-froid. »

[51] Au soutien de ses motifs, la Cour cite notamment l'arrêt R. c. Di Iorio35, une décision

dans laquelle le Cour d'appel du Québec a conclu que la défense de provocation

n'était pas vraisemblable puisque l'appelant n'avait pas déclaré que les paroles ou les

coups de la victime ne lui avait fait perdre la maîtrise de lui-même;36

[52] La Cour cite également l'arrêt Seide c. R.37 où la Cour d'appel du Québec a jugé que

la défense de provocation était invraisemblable puisque l'appelant invoquait plutôt la

légitime défense;38

[53] L'appelant est d'avis que ces deux décisions sont difficilement comparables avec le

présent dossier;

[54] Dans l'arrêt Seide, précité, il y avait absence totale d'une action injuste ou d'une

insulte qui aurait pu permettre de soulever la défense de provocation;39

34 Ibid. par. 45 35 Di Iorio c. R., 2007 QCCA 100, par. 58 36 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 154 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs du juge Doyon, p. 13, par. 46 37 Seide c. R., 2012 QCCA 201 38 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs du juge Doyon, p. 13, par. 47 39 Seide c. R., précité note 37, par. 43 à 45

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16

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[55] Dans le présent dossier cet élément n'a pas été remis en question par la Cour d'appel.

Contrairement à l'arrêt Seide, le fait d'invoquer la légitime défense ne permettait pas

d'exclure automatiquement la défense de provocation dans la présente affaire;

[56] Dans Di Iorio, précité, le seul élément qui aurait pu donner ouverture à la défense de

provocation était une déclaration anodine de l'appelant qui ne permettait de croire

que l'appelant ait perdre la maîtrise de lui-même;4o

[57] Dans le présent dossier, de nombreux éléments témoignent du fait que d'une part,

l'insulte était de nature à priver une personne du pouvoir de se maîtriser et d'autre

part, qu'au moment où les gestes ont été commis, l'appelant avait perdu le pouvoir

de se maîtriser même si ces mots exacts n'ont pas été utilisés;

[58] Lors de son témoignage, l'appelant a notamment dit qu'il était choquë1; qu'il n'avait

pas le contrôle42, qu'il avait perdu la carté3, qu'il était fâché44

, qu'il n'est pas fait en

bois45, qu'il n'était pas dans son état normal46. Il a souvent parlé d'un mélange

d'émotions47. L'appelant a aussi exprimé avoir été dans une bulle lors des

événements en cause48 :

40 Di Iaria c. R., précité note 35, par. 56 à 58 41 Témoignage de Didier Buzizi, procès, 15 décembre 2009, Annexe IV de l'appelant, vol. XIII, p. 1857; p. 1883. 42 Ibid. p. 1857. 43 Ibid. p. 1859, ligne 22 à 24. 44 Ibid. p. 1858; pp. 1883-1884. 45 Ibid. p. 1857. 46 Ibid. p. 1864. 47 Ibid. p. 1883,1884. 48 Ibid. vol. XII, p.1818, ligne 15 à 22.

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17

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

« ( ... ) Mais par après, comme ... je suis comme sorti de ma bulle en même temps. Mais je suis pas sorti de ma bulle dans le sens que j'étais relax, puis je suis reparti comme si de rien n'était. Je suis sorti de ma bulle dans le sens que je me suis rappelé que Peter était blessé. So, je me suis dit: « mon cousin est blessé. Il faut que j'aille voir ce qui se passe avec lui. »

[59] Mme Diane Diane Rudakenga, témoin du ministère public, a également décrit qu'au

moment ou l'appelant a poignardé la victime, il était comme dans un état second,

s'apparentant à une transe :

« Q. Okay, Etes-vous capable de décrire son état à monsieur Buzizi à ce moment-là, quand il a dit là : « Le gars a piqué Peter» Qu'est-ce que vous pouvez voir de lui?

R. Bien c'est comme s'il était pas là, là. Le mouvement a tellement été vite, que de son état, de ce que je m'en rappelle c'est, il avait l'air peut-être @ché. il était comme pas là. là. C'est comme s'il était comme dans un autre, je dirais, second là. Il était comme en transe. de ce que je me rappelle ».49 (nous soulignons)

[60] Même après avoir donné les coups de couteau, il appert de la preuve que l'Appelant

est toujours dans un état d'énervement et de colère lorsqu'on tente de le calmer.50

L'Appelant dira avoir été tellement énervé que même après les événements il

réagissait toujours de façon irrationnelle:

49 Témoignage de Diane Rudakenga, procès, 8 décembre 2009, Annexe IV de l'appelant, vol. X, p. 1464, ligne 6 à 15 50 Témoignage de Didier Buzizi, procès, 15 décembre 2009, vol. XII, p. 1814, ligne 21 à p. 1815, ligne 6; Témoignage de Diane Rudakenga, procès, 8 décembre 2009, vol. X, pp. 1445-1446; p. 1446, ligne 7 à 13.

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18

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

« .. J'étais tellement dans le choc que j'ai pas pensé à ... à le tenir d'une manière, là, comme ... Moi, je voulais juste aller voir Peter. Puis, c'est vraiment rendu là-bas que j'ai remarqué que vraiment, j'avais encore mon couteau dans les mains. Puis, j'étais vraiment comme ail ... ailleurs, dans le sens que j'ai pas regardé: « Ah, il faut que je le range », ou quoi que ce soit, non. Je suis allé directement et j'avais encore mon couteau dans la main ».51

[61] La Cour a toutefois conclu que la capacité de réflexion de l'appelant au moment des

évènements traduisait une intention de se défendre contraire à la défense de

provocation:

« La perte de contrôle dont il parle se rattache principalement à la situation, qu'il ne contrôlait pas, et non à ses émotions ou au sangfroid qu'il aurait perdu. Au contraire, dit-il, il savait ce qu'il faisait et cela nécessitait qu'il poignarde la victime avant qu'elle récupère son arme. Le peu de temps pour réfléchir est typique de la légitime défense et toute cette preuve justifie amplement la décision du juge de première . 52 Instance. »

[62] Il appartenait pourtant au ministère public, dans le contexte de cette affaire, alors que

le moyen de défense de provocation ressortait clairement de la preuve, de convaincre

le jury hors de tout doute raisonnable que l'appelant avait eu l'intention coupable

requise. De plus, il lui appartenait de prouver, hors de tout doute raisonnable que la

provocation n'était pas applicable;

51 Témoignage de Didier Buzizi, procès, 15 décembre 2009, voL XII, p. 1820, ligne 1 à 10. 52 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs du juge Doyon, p. 15, par. 51

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19

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[63] L'arrêt R. v. Gill, de la Cour d'appel de l'Ontario supporte aussi complètement cette

possibilité. Dans cette affaire, un verdict de meurtre avait été obtenu. La poursuite

avait réussi à convaincre le jury que ce n'était non pas la peur mais la colère qui avait

motivé les agissements de Gill. Les juges de la Cour d'appel de l'Ontario

expliqueront unanimement que le fait de soumettre la légitime défense comme

moyen de défense n'empêchait nullement que la provocation ne puisse expliquer les

agissements de l'accusé:

« We agree that there will be some cases in which the appellant's disavowall of one of the elements of a defence will preclude the availability of the defence based on the air of reality threshold. However, this is not one ofthose cases. In challenging the appellant's evidence that he was afraid at the time he stabbed Mr. Cana Vellos, the crown suggested, both in cross-examination and in his closing address to the jury, that the appellant 's true emotion was anger. If the jUry rejected the appellant 's evidence that he was afraid. there was evidence capable ofsupparting on interence that he was angrv. Similarly. there was evidence capable of supporting on interence that the awellant acted in the heat afpassian or as a result afa lass ofself-cantral. It was ais a open to the jury ta canclude that the awellant was bath frightened and angrv. »53 (nous soulignons)

[64] L'appelant est d'avis que la Cour d'appel a erré dans l'appréciation du critère de

vraisemblance de la défense de provocation en empiétant sur le rôle du juge des

faits;

[65] Il n'appartenait pas au juge de première instance ni à la Cour d'appel de chercher à

apprécier les propos de l'appelant pour déterminer si, dans les circonstances, ce

dernier a effectivement agi sous l'impulsion du moment après avoir perdu la maîtrise

de lui-même;

53 R. v. Gill, 2009 ONCA 124, par. 19

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20

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[66] L'honorable juge Bich, est également d'avis que la défense aurait être soumise au

jury en présence d'un fondement probant qui répond aux exigences des deux volets

de la défense de provocation:

«Dans la mesure où la conduite de la victime, telle que décrite par l'appelant, répond, ainsi que l'explique le juge Doyon, aux exigences du volet objectif de la défense de provocation, j'estime pour ma part que la situation de l'espèce répond aussi aux exigences du volet subjectif. Nous avons affaire ici, il me semble, à un cas de figure bien particulier, où la légitime défense (en l'occurrence celle du paragr. 34(2) c.cr.) et la provocation s'entremêlent: le geste agressif de la victime a pu engendrer une réaction dont on peut concevoir qu'elle relève aussi bien de la légitime défense que de la provocation.

À supposer qu'on le croit, en effet, le témoignage de l'appelant, selon la lecture que j'en fais, n'exclut pas cette double hypothèse, qui a suffisamment (même si c'est minimalement) de vraisemblance, et il me paraît hasardeux de disséquer ici ses propos afin de déterminer si son acte résulte de la peur ou d'une irrépressible colère, s'il a eu le temps de réfléchir ou non et s'il a agi ou non «sous l'impulsion du moment et avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang-froid» (paragr. 232(2) c.cr.). Le juge de première instance aurait dû présenter la défense de provocation au jury et laisser à celui-ci, dûment instruit, le soin de trancher en fait. »54

[67] À l'instar de la conclusion de l'honorable juge Bich, l'appelant est d'avis que

l'erreur de l'honorable juge de première instance, confirmé à la majorité par la Cour

d'appel justifie qu'un nouveau procès soit ordonné;

54 Jugement de la Cour d'appel du Québec rendu le 15 mai 2012, dont appel, Annexe II de l'appelant, Motifs de la juge Bich, p. 28, par. 104 et 105

Page 24: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

21

Mémoire de l'Appelant Exposé concis des arguments

[68] Il n'est pas possible de supposer qu'un jury en serait nécessairement venu au verdict

qu'il a rendu dans un cadre excluant la défense de provocation;55

55 Ibid. par. 106

Page 25: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

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Mémoire de l'Appelant Ordonnance demandée au sujet des dépens

PARTIE IV

ORDONNANCE DEMANDÉE AU SUJET DES DÉPENS

[69] Aucune ordonnance au sujet des dépens n'est demandée dans le présent appel.

Page 26: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

23

Mémoire de l'Appelant

LES CONCLUSIONS:

PARTIE V

ORDONNANCES DEMANDÉES

Ordonnances demandées

[70] POUR CES MOTIFS, PLAISE À CETTE HONORABLE COUR:

ACCUEILLIR l'appel;

INFIRMER la décision rendue par la Cour d'appel du Québec rendue en date du 15

mai 2012;

ORDONNER la tenue d'un nouveau procès;

RENDRE toute autre ordonnance requise pour les fins de la justice;

LE TOUT respectueusement soumis.

Fait à Montréal, province de Québec, le 16 décembre 2012

(s) ME CLEMENTE MONTEROSSO

ME CLEMENTE MONTEROSSO

(s) ME SONIA MASTRO-MATTEO

ME SONIA MASTRO-MATTEO Procureurs de l'appelant

Page 27: No. 34899 COURSUPRGMEDUCANADA

24

Mémoire de l'Appelant Table alphabétique des sources

PARTIE VI

TABLE ALPHABÉTIQUE DES SOURCES

Paragraphes Onglet

LESSOURCES:

R c. Di lorio, 2007 QCCA 100 51,56 1

R c. Cinous, 2002 CSC 29 31 2

R c. Thibert, [1996]IRCS 37 30 4

R c. Tran, 2010 CSC 58 32 5

R. v. Gill, 2009 ONCA 124 63 6

Seide c. R., 2012 QCCA 201 52,54,55 7

LES TEXTES LÉGISLATIFS:

Article 34(1) du Code criminel 19

Article 34(2) du Code criminel 19,22

Article 232 du Code criminel 19,29

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Mémoire de l'Appelant Textes législatifs

PARTIE VII

TEXTES LÉGISLATIFS

CODE CRIMINEL DÉFENSE DE LA PERSONNE

NOTE MARGINALE: LÉGITIME DÉFENSE

34. (1) - Toute persouue illégalement attaquée sans provocation de sa part est fondée à employer la force qui est nécessaire pour repousser l'attaque si, en ce faisant, elle n'a pas l'intention de causer la mort ni des lésions corporelles graves.

NOTE MARGINALE: MESURE DE JUSTIFICATION

(2) Quiconque est illégalement attaquée et cause la mort ou une lésion corporelle grave en repoussant l'attaque est justifié si : a} d'une part, il la cause parce qu'il a des motifs raisonnables pour appréhender que la mort ou quelque lésion corporelle grave ne résulte de la violence avec laquelle l'attaque a en premier lieu été faite, ou avec laquelle l'assaillant poursuit son dessein; b) d'autre part, il croit, pour des motifs raisouuables, qu'il ne peut pas autrement se soustraire à la mort ou à des lésions corporelles graves.

CRIMINAL CODE DEFENCE OF PERSON

MARGINAL NOTE:

UNPROVOKED ASSAULT

SELF-DEFENSE AGAINST

34. (1) - Every one who is unlawfully assaulted without having provoked the assault is justified in repelling force by force if the force he uses is not intended to cause death or grievous bodily harm and is no more than is necessary to enable him to defend hlmself.

MARGINAL NOTE: EXTENT OF JUSTIFICATION

(2) Every one who is unlawfully assaulted and who causes death or grievous bodily ham in repelling the assanlt is justified if (a) he causes il under reasonable apprehension of death or grievous bodily harm from the violence with which the assault was originally made or with which the assailant pursues his pnrposes; and (b) he believes, on reasonable grounds, that he caunot otherwise preserve himself frOID death or grievous bodily harm.

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Mémoire de l'Appelant

CODE CRIMINEL MEURTRE RÉDUIT À UN HOMICIDE INVOLONTAIRE

COUPABLE

232. (1) - Un homicide coupable qui autrement serait un meurtre peut-être réduit à un homicide involontaire coupable si la personne qui l'a commis a ainsi agi dans un accès de colère causé par une provocation soudaine.

NOTE MARGINALE: CE QU'EST LA PROVOCATION (2) Une action injuste ou une insulte de telle nature qu'elle suffise à priver une personne ordinaire du pouvoir de se maîtriser, est une provocation pour l'application du présent article, si l'accusé a agi sous l'impulsion du moment et avant d'avoir eu le temps de reprendre son sang-froid.

NOTE MARGINALE: QUESTIONS DE FAIT

(3) Pour l'application du présent article, les questions de savoir: a) si une action injuste ou une insulte déterminée équivalait à une provocation; b) si l'accusé a été privé du pouvoir de se maîtriser par la provocation qu'il allègue avoir reçue,

sont des questions de fait, mais nul n'est censé avoir provoqué un autre individu en faisant quelque chose qu'il avait un droit légal de faire, ou en faisant une chose que l'accusé l'a incité à faire afin de fournir à l'accusé une excuse pour causer la mort ou des lésions corporelles à un être humain.

Textes législatifs

CRIMINAL CODE MURDER REDUCED TO MANSLAUGHTER

232.(1) Culpable homicide that otherwise would be murder may be reduced to manslaughter if the person who committed it did so in the heat of passion caused by sudden provocation.

MARGINAL NOTE: WHAT IS PROVOCATION (2) A wrongful act or an insult that is of such a nature as to be sufficient to deprive an ordinary person of the power of self-control is provocation for the purposes of!his section if the accused acted on it on the sudden and before there was time for his passion to cool.

MARGINAL NOTE: QUESTIONS OF FACT (3) For the purposes of!his section, the questions (a) whether a particular wrongful act or insult amounted to provocation, and (b) whether the accused was deprived of the power of self-control by the provocation that he alleges he received,

are questions of fact, but no one shall be deemed to have given provocation to another by doing anything that he had a legal right to do, or by doing anything that the accused incited hirn to do in order to provide the accused with an excuse for causing death or bodily harm to any human being.