note strategique afrique - mars 2015
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Description des opportunités de marchés en AfriqueTRANSCRIPT
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LAFRIQUE EN QUTE DAGILIT STRATGIQUE : TAT DES LIEUX ET SCNARIOSPar Abdelmalek Alaoui Note stratgique-Mars 2015
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2 MAZARS NOTE STRATGIQUE
DE LAFRO-PESSIMISME LAFRO-OPTIMISME
Les Etats africains ont tous, quelques exceptions prs, renou avec la croissance
dans les annes 2000. Or, lon peut dire que lAfrique revient de loin.
A la courte priode deuphorie des annes post- indpendance (1960-1970), ponctues
des grands discours volontaristes des pres fondateurs les Nkrumah, Lumumba,
Senghor, - avaient succd deux dcennies perdues (1980-1990), rythmes
par les conflits arms, les pandmies et les plans dajustement du FMI. LAfrique, un
continent sans espoir ? Cest ce que titrait encore The Economist en lan 2000.
Le retour de la croissance doit bien sr beaucoup lenvole du prix des matires
premires, stimule par lapptit colossal de la Chine, et les effets dentranement
que le secteur primaire a eu sur les autres secteurs et sur les pays voisins des pays
producteurs1. Toutefois, cela nexplique pas tout.
Sur le plan macroconomique, les Etats africains ont par exemple enregistr des
progrs importants au cours des quinze dernires annes : rsorption des dficits
budgtaires, rduction de linflation, redressement des comptes externes et diminution
du poids de la dette en sont quelques avatars emblmatiques.
Ces rsultats en matire de gestion macroconomique ont permis au Continent
dafficher une rsilience remarquable face la pire crise que lconomie mondiale ait
connue en soixante dix ans.
Il y a galement eu des progrs rels en matire de gouvernance publique et de
relations entre lEtat et le secteur priv, comme le souligne un rapport2 publi en
2012 par la Banque Africaine de Dveloppement (BAD). La plupart des Etats africains
ont ainsi dans lensemble amlior le fonctionnement de leurs administrations et ont
assaini lenvironnement des affaires. Ils ont mis en place des guichets uniques
pour attirer les investisseurs et les entrepreneurs, et le temps ncessaire pour ouvrir
une entreprise a t divis par deux en moyenne.
1. En raison de la forte croissance dmographique, la croissance du revenu par habitant est beaucoup moins spectaculaire, autour de 2% par an dans les annes 2000. 2. AfDB, Development Effectiveness Review on Governance, 2012.
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De lafro-pessimisme lafro-optimisme
3MAZARS NOTE STRATGIQUE
Des success stories existent en la matire, du Ghana lle Maurice en passant
par le Botswana et le Rwanda. Ce petit pays pauvre et enclav, nich au cur
de la rgion des Grands Lacs, sest class en 2014 la 41me place au niveau
mondial dans le classement Doing Business de la Banque Mondiale, passant pour
la premire fois devant lAfrique du Sud. lchelle de la sous-rgion, le pays fait
sensiblement mieux que ses voisins knyans (129e), ougandais (132e), burundais
(140e) et tanzaniens (145e). Cette performance remarquable doit beaucoup aux
actions volontaristes certains disent autoritaristes- engages par le gouvernement
rwandais sous limpulsion de son prsident, Paul Kagam, et du Rwanda Development
Board, lagence gouvernementale charge de coordonner la politique dattraction
des investissements et de dveloppement des secteurs prioritaires (technologies
de linformation et tourisme). Sa nouvelle directrice gnrale, Valentine Rugwabiza,
qui continue doccuper le poste de directrice gnrale adjointe de lOMC, incarne ces
nouvelles lites africaines la fois globalises et fires de leurs racines.
Enfin, sur le plan politique, la dmocratie et le multipartisme font dsormais partie
du logiciel intellectuel des lites africaines que lon disait tribalistes et sectaires.
Le multipartisme et des lections organises rgulirement sont devenus la norme
presque partout en Afrique, mme sil faut plus que des lections pour installer une
culture dmocratique.
Un nombre croissant de pays a expriment des transitions politiques pacifiques
la suite de processus lectoraux relativement transparents, comme ce fut le cas au
Sngal, au Ghana, au Bnin, au Cap Vert, au Botswana, lle Maurice, en Tanzanie
et en Zambie. Si des caciques qui saccrochent cote que cote au pouvoir, comme
Robert Mugab au Zimbabwe, existent encore, ils sont devenus de plus en plus rares,
et de moins en moins frquentables.
Le Printemps arabe de 2011 a dmontr quil ne pouvait y avoir de stabilit durable en
labsence de processus de dmocratisation durable, et mme si des crises politiques
peuvent clater au lendemain dlections contestes, comme cela sest produit en Cte
dIvoire ou au Kenya, elles finissent par tre matrises. Mme dans une puissance
rgionale comme le Nigeria, traverse de part en part par des tensions inter-
ethniques et inter-religieuses importantes qui constituent des forces centrifuges, la
population dans son immense majorit reste attache lunit du pays. La culture de
la dmocratie et lidentification un Etat-nation qui transcende les clivages ethniques
et tribaux senracine donc progressivement sur le Continent.
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4 MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
Que faut-il alors aux Etats africains pour transformer lessai, et pour acclrer leur
mergence au niveau individuel et collectif ? On peut se demander en effet comment
profiter de lembellie conjoncturelle des annes 2000, et de lamlioration de certains
indicateurs socio-conomiques, sur fond de retour dun certain afro-optimisme,
partag la fois par les Africains eux-mmes et par beaucoup dobservateurs
lextrieur du continent africain, pour en faire un vritable tremplin.
Lenjeu cest de faire des annes 2020-2050 les Trente glorieuses africaines comme
il y a eu avant cela les Trente glorieuses europennes (19451975), puis les Trente
glorieuses chinoises (1978-2008).
UN PANORAMA DES PROBLMATIQUES DE DVELOPPEMENT EN AFRIQUEAvant de prsenter les rsultats densemble de cette dmarche, il est intressant de
faire un tat des lieux du dveloppement en Afrique partir des indicateurs associs
aux quatre grands thmes identifis et que nous avons pris soin de collecter et
danalyser. Lobjectif nest pas ici dentrer dans une analyse dtaille, mais de donner
quelques repres succincts permettant de mieux comprendre le choix de ces thmes
et des indicateurs affrents.
Le dfi dmographique et les villes africaines du futurLAfrique est le dernier continent engag dans la transition dmographique. Cest l
quon trouve encore, au sud du Sahara, les taux de fertilit les plus levs au monde.
En raison de la chute spectaculaire de la mortalit qui a eu lieu au cours des cinquante
dernires annes, lAfrique subsaharienne doit aujourdhui faire face une croissance
dmographique soutenue. Selon les projections des Nations Unies, la population
africaine, qui stablit aujourdhui un milliard dhabitants, devrait doubler lhorizon
2050.
Cette explosion dmographique constitue une menace srieuse, si la production
agricole, les infrastructures et les emplois ne montent pas en puissance de manire
substantielle. Mais elle peut aussi constituer une formidable opportunit si les Etats
africains arrivent tirer profit du dividende dmographique qui lui sera associ au
cours des prochaines dcennies. Ce dernier est li la baisse du ratio de dpendance,
et la croissance plus rapide de la population en ge de travailler par rapport celui
de la population totale.
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5MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
La situation est contraste selon les diffrentes sous-rgions, et parfois selon les
pays au sein dune mme sous-rgion. LAfrique du Nord par exemple a dj achev
dans lensemble sa transition dmographique. La population ne crot plus que trs
faiblement en Algrie, en Tunisie et au Maroc, et elle devrait se stabiliser au cours
des quinze prochaines annes. LEgypte suit le mme chemin, mais avec un certain
retard. Le taux de fertilit y a baiss plus tardivement et la population devrait encore
augmenter de 30% 40% lhorizon 2030, par rapport son niveau actuel. Au sud
du Sahara, cest lAfrique de lOuest et du Centre qui devra faire face la croissance
la plus rapide de sa population, et qui reprsentera la sous-rgion africaine la plus
peuple en 2030. Mais cest lAfrique de lEst qui devrait raliser la perce la plus
importante en matire de dveloppement conomique et social.
A cet horizon, un Africain sur deux vivra en ville. Cela reprsentera donc prs dun
milliard de citadins quil faudra nourrir, loger, approvisionner en nergie, en eau et
auxquels il sagira dassurer les services dassainissement, et dautres services
(ducation, transports, loisirs).
Cela reprsente un dfi colossal lchelle de chaque pays, de chaque sous-rgion
et lchelle du Continent. Mais cela constitue aussi une formidable opportunit. Les
tudes montrent en effet que les effets dagglomration lis lurbanisation sont
systmatiquement associs llvation de la croissance conomique, condition de
matriser les effets de saturation que cela peut engendrer si lurbanisation nest pas
matrise.
Les grandes mgalopoles africaines, de Johannesburg au Caire en passant par Lagos,
Kinshasa, Nairobi et Casablanca font dailleurs dj face des problmes inextricables
avec lexplosion de lhabitat insalubre, du trafic automobile et de la pollution. Face ce
dfi gigantesque, la capacit dadaptation au changement et leffectivit des acteurs du
dveloppement-Etat, secteur priv, socit civile- trouvent ici tout leur sens.
nergies et infrastructures : Adam Smith LagosAdam Smith, le fondateur de lconomie classique et le premier thoricien du
libralisme, est galement le premier penseur affirmer de manire explicite
limportance des infrastructures pour le dveloppement conomique. Evoquant la
Chine dans son ouvrage fondamental De la richesse des nations Adam Smith lui
prdit un avenir brillant sur la base des ralisations des empereurs de la dynastie
Ming, avec la rparation et lextension de grands canaux reliant les grands fleuves du
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6 MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
pays, et lamnagement de ces derniers pour la navigation et lirrigation. Depuis lors,
ce thme des infrastructures sous leurs diffrentes formes (nergie, transports, eau
et assainissement, tlcommunications) constitue une tte de chapitre rcurrente de
la littrature sur le dveloppement, et une justification du rle de premier plan que
lEtat peut et doit jouer dans ce domaine. Or, la situation africaine, cinquante ans aprs
les indpendances reste cet gard encore proccupante, que ce soit pour laccs
lnergie ou aux transports.
Laccs lnergie sous ses diffrentes formes (lectricit pour les usages domestiques
et industriels, fioul et gaz pour le chauffage, carburant pour les vhicules de transport
et machines agricoles) est indispensable lactivit humaine et au dveloppement
conomique et social. LAfrique subsaharienne est cet gard avec lAsie du Sud, lune
des deux rgions les moins favorises au monde en termes de couverture des besoins en
nergie. La capacit lectrique installe au Sud du Sahara - hors Afrique du Sud -, pour
une population de 800 millions dhabitants, ne dpasse en effet pas celle de lEspagne qui
compte peine 40 millions dhabitants3 .
Une grande partie de la population africaine utilise encore la biomasse (bois, dchets)
comme source principale dnergie au quotidien. Paradoxalement, lAfrique dispose
aussi dun des plus importants rservoirs nergtiques au monde. Cela concerne
aussi bien les ressources fossiles (ptrole, gaz, charbon), qui sont aujourdhui
exportes de manire croissante hors du Continent, vers lAsie en premier lieu (Chine,
Core du Sud, Japon), que les nergies dites renouvelables : hydrolectrique, solaire
thermique et photovoltaque, olien onshore et offshore, gothermie, etc.
On pourrait en dire autant pour les infrastructures de transport, indispensables pour
constituer un march intrieur digne de ce nom, en reliant les villes aux campagnes,
ainsi que les diffrentes villes entre-elles. A lexception de lAfrique du Sud qui dispose
dinfrastructures routires de classe mondiale, et, plus rcemment de lAfrique du Nord
o des avances importantes ont t ralises dans ce domaine dans les annes 2000
(autoroute Est-Ouest en Algrie, autoroute ctire de Tanger Agadir au Maroc), les
autres sous-rgions africaines continuent ptir dune faible densit du rseau routier
et autoroutier. Un Africain sur trois seulement a accs une route pave moins de
deux kilomtres de son habitation, selon les donnes de la BAD. Et compte tenu de la
dispersion de la population rurale, il faudrait tripler le rseau routier africain actuel -
passer de 400000 1,5 million de kilomtres pour doubler le ratio daccessibilit.
3. World Bank, African Infrastructure: A Time for Transformation, 2010.
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7MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
Les ressources budgtaires sont toutefois limites dans la plupart des pays africains,
et les alas nombreux, la ralisation de grands projets dinfrastructures nergtiques
et de transports par les autorits publiques ncessitant une vritable matrise de
bout en bout de toute la chane qui va de ltude de faisabilit, lexploitation et la
maintenance, en passant par le financement et la construction. Peu dEtats africains
peuvent aujourdhui se targuer de matriser toute cette chane. La solution alternative
consiste alors soit, lorsque la situation du pays le permet et que le ROI (Retour sur
investissement) est suffisamment attractif, raliser ces projets dans le cadre de
partenariats publics-privs (PPP) - sur le mode BOT (Build Operate Transfer)- en
y associant les investisseurs privs et les bailleurs de fonds internationaux, soit
ngocier directement la livraison dinfrastructures cls en main avec des partenaires
disposant de toutes ces capacits oprationnelles et financires comme la Chine, dans
le cadre de grands deals infrastructures contre matires premires .
Du rattrapage la disruption : le dfi du capital humain et de linnovation
Il y a cinquante ans, lAfrique partait de loin en matire de capital humain. Au lendemain
des indpendances, le terrain tait quasiment vierge. Les administrations coloniales
se sont en effet bornes former une petite lite administrative indigne pour les
seconder dans leurs tches, laissant dans lanalphabtisme la vaste majorit de la
population autochtone. La situation sanitaire ntait gure plus reluisante, mme si
quelques progrs ont t enregistrs aprs la seconde guerre mondiale.
Quen est-il aujourdhui ? Des progrs significatifs ont t raliss en matire
dducation primaire et de couverture sanitaire. Sur le plan de la sant, dans les
annes 1980, les Etats africains ont par exemple du faire face la pandmie du
Sida au pire moment, lorsque les institutions internationales leur demandaient
de contracter leurs dpenses publiques dans le cadre notamment de divers plan
dajustements structurels. Il leur a donc fallu faire des efforts considrables en
matire de prvention et de traitement. Sous limpulsion de lAfrique du Sud, qui a
pay un lourd tribut ce flau, et avec laide de lInde qui a mis disposition de
lAfrique ses thrapeutiques anti-VIH un prix abordable, cette pandmie est
aujourdhui en passe dtre surmonte. Des progrs substantiels ont galement t
constats dans la lutte contre le paludisme et la tuberculose. Entre 1990 et 2013, le
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8 MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
taux de mortalit infantile a t rduit de moiti en Afrique. Globalement, la situation
sest donc nettement amliore. Sur le plan de lducation, le taux de scolarisation
dans lenseignement primaire est pass de 50% en 1990 78% en 2012.
Mme sil ne faut pas relcher leffort sur ces indicateurs de base, lenjeu principal
dans les prochaines dcennies, en matire de capital humain en Afrique, rside dans
la formation professionnelle et llvation de la productivit du travail, notamment
travers lutilisation des nouvelles technologies de linformation et de la communication.
Vaincre la trappe productivit dans laquelle sont enferms bon nombre de pays
africains ncessitera bien plus quune logique de rattrapage acclr (leapfrogging)
bas uniquement sur limportation de technologies et de pratiques exognes en
provenance de rgions technologiquement beaucoup plus avances.
Des pratiques disruptives et plus adaptes au continent africain, comme linnovation
frugale par exemple, pourraient transformer la donne de manire plus sre
(leapfrogging the leapfrog ). A ce propos, la diffusion des technologies de connectivit
mobile et les usages socio-conomiques nouveaux, parfois inattendus, que cela
suscite est un phnomne remarquable. LAfrique doit imprativement passer du
stade de consommateur dinnovations ( innovations taker ) celui de producteur
dinnovations innovations maker.
Mobiliser lpargne intrieure au service du dveloppementLa problmatique du financement est centrale pour la croissance et le dveloppement.
A ce titre, lAfrique est l encore dans une situation paradoxale. Les taux de
bancarisation conventionnels restent encore faibles si on les compare dautres
rgions du monde. Un Africain sur cinq seulement, hors Afrique du Nord, a accs un
compte bancaire conventionnel , ouvert auprs dune agence physique. En mme
temps, cest en Afrique que les innovations les plus intressantes en matire de banque
mobile ont merg et se sont diffuses le plus rapidement ces dernires annes. Cest
le cas du porte-monnaie lectronique M-Pesa lanc au Kenya et en Tanzanie par les
oprateurs Safaricom et Vodacom en 2007, devenu un vritable service de banque
mobile (branchless banking service ). Prs de vingt millions de personnes utilisent
aujourdhui ce service au Kenya o les transactions lectroniques reprsentent 50%
du PIB du pays.
Le dveloppement de ce type dinnovations disruptives, et lamlioration de linclusion
financire par dautres canaux micro-financiers comme le financement participatif
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Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
9MAZARS NOTE STRATGIQUE
crowdfunding qui existait dj depuis des sicles sous des formes traditionnelles en
Afrique de lOuest et du Centre constitue aujourdhui une priorit pour mobiliser le
vaste gisement dpargne informelle qui existe au sein du Continent. Cest un pralable
indispensable pour orienter cette pargne vers linvestissement productif et financer
des projets plus grande chelle, ayant un vritable impact transformationnel sur
les conomies africaines. Tous les experts saccordent dire que la dpendance de
lAfrique vis--vis des financements extrieurs (aide internationale, crdits bancaires
internationaux) nest pas tenable sur le long terme, et les success stories asiatiques du
dveloppement (Asie de lEst et du Sud-Est) soulignent limportance dune croissance
finance sur la base dune pargne endogne.
A cette logique dinclusion financire bottom-up, doit sajouter une logique dintgration
financire top-down lchelle continentale. Lobjectif est de vaincre la fragmentation
qui empche une allocation optimale des ressources, notamment pour financer de
grands projets dinfrastructures transfrontaliers pouvant bnficier plusieurs pays
africains, ou pour largir le pool de liquidits accessibles et la base dinvestisseurs
capables de financer des entreprises forte croissance issues de diffrentes sous-
rgions. Des initiatives se dveloppent aujourdhui dans ce sens, comme celle
de Casablanca Finance City au Nord du Continent, qui se prsente comme un hub
et un centre dexpertise financire couvrant toute la rgion de lAfrique du Nord et
de lOuest, ou celle, lautre extrmit du Continent, de la Bourse de Johannesburg
(Johannesburg Stock Exchange), qui vise connecter les bourses des quinze pays de
la Communaut de Dveloppement dAfrique Australe (SADC). Beaucoup dobstacles
techniques et politiques restent surmonter pour faire de lintgration financire
africaine une ralit, mais ces initiatives montrent quil y a une prise de conscience de
la centralit de cet enjeu.
Des marchs fragments en qute dintgrationAvec 3% des exportations totales ralises dans le monde, la part de lAfrique reste
faible dans le commerce mondial. Essentiellement caractrise par lexportation de
matires premires non transformes, cette part a mme rgress tendanciellement
depuis 1948, lorsquelle reprsentait 8% des exportations mondiales. De plus, tout
comme pour lintgration financire, lAfrique est en retard en matire dintgration
commerciale. Une comparaison rapide avec dautres rgions, montre que lAfrique est
la rgion la moins intgre commercialement dans le monde, avec des exportations
intracontinentales situes autour de 5% des exportations totales, contre 30% en Asie.
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10 MAZARS NOTE STRATGIQUE
Un panorama des problmatiques de dveloppement en Afrique
Cela est encore vrai lorsquon descend au niveau des sous-rgions africaines dont
les diffrents pays commercent encore trop peu entre eux, avec seulement 5% 10%
des exportations ralises sur une base intra-rgionale, lexception de lAfrique de
lEst o ce taux atteint 15%. A titre de comparaison, en Asie de lEst (hors Japon), le
commerce intra-rgional reprsente 30% du commerce total et il avoisine les 25% en
Asie du Sud-Est.
Cette faible intgration est dautant plus prjudiciable que le Continent compte un
grand nombre de pays enclavs, avec une fragmentation des marchs qui empche la
ralisation dconomies dchelles substantielles, tant au niveau de la production que de
la distribution des biens et services. Les diffrents groupements conomiques rgionaux
constitus progressivement avec le soutien de lOUA et de lUNECA nont pas russi
dpasser le stade des dclarations dintention en matire dintgration commerciale,
malgr des programmes ambitieux prvoyant la mise en place successive de zones de
libre-change, dunions douanires, de marchs communs, et enfin dunions conomiques
intgres. En Afrique subsaharienne, lintgration commerciale est freine tant par
les difficults dinterconnexion physiques et rglementaires des diffrents marchs
nationaux, en labsence dinfrastructures de transport adaptes et de rglementations
harmonises, que par les mono-spcialisations des diffrentes conomies de la rgion
dans la production et lexportation de matires premires, lexception de lAfrique du
Sud dont les exportations incluent galement des biens manufacturs.
Il existe pourtant des solutions cette situation de fragmentation conomique et
commerciale, comme la transformation de corridors de transport transfrontaliers
existants en vritables corridors dactivit conomique. Cette logique dintgration
par le bas, valorisant les changes existants sur le terrain, pourrait constituer une
alternative intressante une logique top-down , bureaucratique et dsincarne. Le
corridor Nord en Afrique de lEst mis en place rcemment entre le Kenya, lOuganda et
le Rwanda illustre un tel changement de perspective. Dans le cadre de ce programme
dintgration rgionale, chaque pays a accept de prendre en charge certains projets
structurants : lducation et la formation professionnelle ainsi que la production et
la distribution rgionale dlectricit pour le Kenya, les infrastructures intgres de
tlcommunications pour lOuganda, et enfin lintgration de lespace arien et le
dveloppement du tourisme rgional pour le Rwanda. Un mlange de pragmatisme
et dopportunisme adosss une bonne comprhension des avantages comparatifs
pourrait ainsi amener des rsultats tangibles l o les approches prcdentes,
calques sur lexprience europenne, ont chou.
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11MAZARS NOTE STRATGIQUE
LA VOIE DU LOPARD : LAGILIT STRATGIQUE AU CUR DU CHANGEMENTLune des critiques rgulirement adresse aux gouvernements africains est le
manque de vision doubl dune carence structurelle en matire de formulation dune
vritable stratgie de dveloppement. Les premiers plans de dveloppement labors
au lendemain des indpendances, quils soient prescriptifs ou indicatifs et centrs sur
le secteur public, nont pas t reconduits aprs la crise de la dette des annes 1980.
La planification conomique a t abandonne sous linfluence du tournant nolibral
pris par les institutions de Bretton Woods (FMI et Banque Mondiale) durant ces annes.
Les plans dajustement structurel imposs par ces institutions internationales aux
Etats en faillite se sont rvls tre pire que les maux dont ils souffraient (corruption,
npotisme, clientlisme). En voulant en finir avec lEtat no-patrimonial, ils ont
jet le bb avec leau du bain . Au final, cela sest traduit par une vritable perte
de substance de lEtat et de la capacit du secteur public conduire ses missions
fondamentales.
Aprs une longue priode de flottement, on a finalement assist, avec le retour de
la croissance dans les annes 2000, une rsurgence de plans stratgiques de
dveloppement, centrs cette fois-ci sur le secteur priv. Ces plans Emergence
transversaux ou sectoriels, labors par de grands cabinets de conseil internationaux4
ne sont pas dnus dintrt. Ils ont permis aux nouveaux gouvernements lus de se
projeter dans lavenir, de dfinir des objectifs ambitieux moyen et long terme, et
darticuler ces objectifs avec un ensemble de politiques publiques, adosses des
indicateurs de performance mesurables. Mais dans beaucoup de cas, ces plans, aussi
sduisants quils soient sur le papier, nont pas t suivis deffets tangibles, faute dune
relle capacit dexcution. Et peut-tre aussi parce que lenvironnement rgional et
mondial a chang tellement vite que ces plans, peine conus, sont dj devenus
caducs.
4. Nicolas Teisserenc, Emergence : qui conseille les pays africains ?, Jeune Afrique, dition du 10 juin 2014.
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12 MAZARS NOTE STRATGIQUE
La voie du lopard : l agilit stratgique au coeur du changement
Dans un article5 qui a fait couler beaucoup dencre, le gourou du management Henri
Mintzberg distingue la planification et la rflexion stratgique. La premire est
analytique et rationnelle et peut vite aboutir un schma de reprsentation rigide
du monde. La seconde est plus synthtique, intuitive et crative. Plutt que de courir
derrire des plans labors lavance, la solution ne consiste-elle pas plutt
renforcer les capacits dadaptation au changement ? Ce quon pourrait rsumer par
cette qualit essentielle du lopard quest lagilit. En un sens, lagilit stratgique nest
pas une stratgie, elle est une mta-stratgie une voie et une mthode qui peut tre
mise au service dun leadership et dune vision suffisamment englobante pour susciter
ladhsion dune nation ou dun groupe de nations -, tout en tant suffisamment souple
et adaptable. Cela ne signifie pas quil faille abandonner la planification. Mais lavenir
dune nation est trop important pour le confier des ingnieurs de la croissance
venus dailleurs, auxquels lon reproche souvent de rester cantonns dans des palaces
climatiss dans lesquels ils lisent domicile.
Cette agilit stratgique, ou capacit sadapter au changement, pourrait elle-mme
tre relie deux caractristiques fondamentales des institutions : linclusion et
lefficacit. Dans leur livre intitul Pourquoi les Nations chouent6 , lconomiste
Daron Acemoglu et le politologue John Robinson ont synthtis plus de vingt ans de
recherche acadmique sur cette question. Pour ces chercheurs, cest le caractre
inclusif des institutions conomiques et politiques dun pays qui dtermine son succs
ou son chec moyen et long terme. Plus les institutions sont inclusives et plus la
croissance est partage, et plus les opportunits conomiques sont accessibles
tous, crant ainsi un cercle vertueux dans lequel toujours plus de croissance engendre
toujours plus dinclusion et ainsi de suite.
Cest ce cercle vertueux quont expriment les pays dAsie de lEst comme le Japon
et la Core du Sud. A contrario, dans les pays o une oligarchie a longtemps domin
la socit et accapar les ressources conomiques son seul bnfice, cest un cercle
vicieux qui se met en place. Ce rapport de domination repose alors sur des institutions extractives
qui se consolident dans le temps. Cest typiquement le cas dans des pays qui ont longtemps vcu
de lexploitation dune rente lie aux ressources naturelles, sans avoir pu isoler les effets ngatifs
lis cette rente le fameux syndrome hollandais -, ou russi construire des institutions
plus inclusives pour leurs populations. Les trajectoires radicalement divergentes suivies par
le Sierra Leone et le Botswana, tous deux producteurs et exportateurs de diamants, et
5. Henry Mintzberg, The Fall and Rise of Strategic Planning, Harvard Business Review, Janvier 1994. 6. Daron Acemoglu, James Robinson, Why Nations fail
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13MAZARS NOTE STRATGIQUE
La voie du lopard : l agilit stratgique au coeur du changement
tous deux anciennes colonies britanniques, illustrent bien, selon les deux auteurs cits
antrieurement, limportance des institutions dans le dveloppement.
De la mme manire, sans efficacit de lEtat, au sens technocratique du terme, des
institutions mme inclusives ne peuvent faire dcoller un pays. La capacit dimpulsion
et de coordination quun Etat stratge peut assurer permet de circonvenir tout un
ensemble de difficults qui se dressent sur le chemin du dveloppement, comme le
manque dinfrastructures, de financements et de march intrieur. L encore, lexemple
de la croissance fulgurante qua connue lAsie de lEst (Japon, Core du Sud, Tawan),
dans la seconde moiti du XXme sicle illustre le rle dterminant jou par un Etat fort
capable dexcuter les orientations stratgiques quil sest fix, condition dassocier
llaboration et la mise en uvre de ces orientations, le secteur priv et la socit civile,
qui sont les deux autres grandes parties prenantes (stakeholders) du dveloppement.
On pourrait donc dire pour rsumer cette rflexion, que ce que lon se propose dappeler
lagilit stratgique dun pays, est la rsultante de lexistence dun leadership politique
proactif, et de la capacit de ce leadership politique construire un consensus sur une
vision stratgique partage moyen et long terme. Le tout en insufflant aux autres
parties prenantes du dveloppement une capacit dadaptation au changement qui leur
permet de rsister aux chocs et aux mutations de lenvironnement extrieur, tout en
progressant dans la ralisation de cette vision stratgique.
Grer la complexit : une matrice de la transformation conomique et sociale
La fondation Mo Ibrahim publie chaque anne un indice qui tente de jauger et de
quantifier linclusivit conomique et politique, lefficacit et la probit de lEtat, la qualit
de lenvironnement des affaires, ainsi que les progrs objectifs raliss sur le plan du
dveloppement humain. Cet indice, construit sur la base dune centaine dindicateurs
de base permet de brasser une quantit impressionnante dinformations. Il part du
postulat que tous ces indicateurs sont autant de manifestations dune dimension latente
qui serait la gouvernance. Si ce postulat est correct, plus on ajoute de linformation
et plus cette dimension est rvle, et plus les risques derreur de mesure attnus.
Lanalyse des rsultats 2014 de lindice Mo Ibrahim montre ainsi que lAfrique nest pas
ce continent monolithique fantasm par les observateurs extrieurs, et quil y a bien
plusieurs Afriques, lune qui rit et lautre qui pleure . Il montre aussi que les acquis
ne sont pas dfinitifs, et quune dgradation de la gouvernance est toujours possible,
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14 MAZARS NOTE STRATGIQUE
La voie du lopard : l agilit stratgique au coeur du changement
et quon peut en effet la constater pour tel ou tel pays, mme si la tendance gnrale
est positive.
En sinspirant de cette dmarche et dautres analyses clairantes, comme celles de la
Banque Mondiale et de la Banque africaine de dveloppement, nous avons construit
notre propre grille danalyse, sous la forme dune matrice de la transformation
conomique et politique , en croisant laxe dagilit stratgique, tenant compte de
la gouvernance et de la capacit conduire le changement, avec un axe forces
et faiblesses qui mesure le niveau de dveloppement atteint par diffrents pays
africains sur la base dune agrgation de cinq sous-indices. Ces derniers renvoient aux
thmes voqus dans la premire partie de cette tude : dmographie et urbanisation,
nergie et infrastructures, capital humain et innovation, financement de la croissance
et intgration conomique.
Pris isolment, toutes ces dimensions sont bien identifies dans la littrature sur le
dveloppement conomique. Mais en les croisant et en les mettant en perspective, on
peut identifier les lacunes et les retards accumuls au sein de chaque pays, ainsi que
les bonnes pratiques existantes en la matire lchelle du continent, et qui pourraient
tre essaimes. Cela permet de susciter des effets dmulation et dentranement.
Cela nous situe cet gard clairement dans la philosophie de la pression par les
pairs promue par la fondation Mo Ibrahim, tout en distinguant dans notre approche
matricielle les indicateurs dtat, qui refltent la situation actuelle de dveloppement,
des indicateurs de capacit stratgique, - leadership et inclusion conomique et
politique -, qui sont autant de leviers actionnables du changement.
Cela permet de faire apparatre quatre groupes de pays qui ont des problmatiques
diffrentes :
Les locomotives du Continent (African achievers), qui sont dans le quart suprieur de la matrice, avec la fois un niveau de dveloppement dj lev, relativement leurs pairs, et une agilit stratgique importante qui prlude des progrs futurs condition quils ne relchent pas leffort. Les ppites mergentes (Future gems) qui sont encore en bas de lchelle du
dveloppement mais qui possdent une agilit stratgique remarquable, gnralement associe un leadership politique clair. Ces pays peuvent servir dexemples pour les deux groupes suivants. Les Etats assoupis (Sleeping beauties) qui disposent dindicateurs de
dveloppement relativement corrects, mais qui sont la trane en matire
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15MAZARS NOTE STRATGIQUE
La voie du lopard : l agilit stratgique au coeur du changement
dagilit stratgique en raison dinstitutions qui ne favorisent pas linclusivit conomique et politique, ou de capacits tatiques diminues. Ces pays, qui vivent gnralement de lexploitation dune rente naturelle, et qui nexploitent pas suffisamment leur potentiel, auraient tout gagner dune transposition des
bonnes pratiques mises en uvre ailleurs sur le Continent. Les Etats la trane (African Laggards) qui ploient sous le poids des problmes
avec, la fois une agilit stratgique des plus rduites, - en raison de srieux problmes de gouvernance et dune conflictualit politique chronique -, et qui sont encore trs en retard en matire de dveloppement socio-conomique.
Dautres catgorisations et dautres mthodes pour organiser linformation existent
bien entendu.
Lobjectif ici nest pas de construire une grille dvaluation universelle, mais plutt
de fournir un clairage sur des dimensions souvent ngliges dans les grands
plans stratgiques labors par les Etats. La capacit dexcution des projets et
la flexibilit laisse aux acteurs afin quils sadaptent aux changements, font partie
de ces dimensions ngliges. Cette agilit stratgique repose sur des capacits
dintelligence conomique beaucoup plus tendues qu lheure actuelle. Les
acteurs du dveloppement devront tre mme dexploiter des masses de donnes
toujours plus importantes, de les confronter les unes aux autres, et den tirer les
enseignements adquats, tout en tant conscients des limites dun data mining qui ne
remplacera jamais le jugement fond sur lexprience, ni la sanction dmocratique de
ce jugement par la voie des urnes. Lenjeu nest pas dapporter des solutions toutes
faites, mais de favoriser la cration dune mulation constante, et la recherche des
meilleures pratiques qui peuvent tre transposes dun pays lautre.
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MAZARS NOTE STRATGIQUE16
CONCLUSION : QUELS SCNARIOS POUR LAFRIQUE LHORIZON 2030 ?Les exercices de prospective sont par nature difficiles et incertains. La dynamique
interne chaque pays et les interactions et interdpendances entre les diffrents
pays africains, et avec les grandes puissances conomiques situes hors du Continent
(Europe, Etats-Unis, Chine, Inde, Brsil, etc.) permet denvisager une multitude de
scnarios pour les quinze prochaines annes.
Pour faciliter le dbat, nous avons nanmoins identifi trois scnarios centraux sur la
base de la matrice de transformation conomique que nous avons construite avec les
deux axes agilit stratgique et forces et faiblesses , ainsi que la segmentation
par groupes de pays que cette matrice fait apparatre et les interdpendances entre
ces diffrents groupes :
1. Un scnario dmergence de lAfrique (African golden dawn) dans lequel les opportunits lemportent sur les risques, et les dynamiques individuelles se renforcent mutuellement travers un puissant effet dentranement cumulatif suscit par les locomotives du continent sur les autres pays, en particulier sur les Etats assoupis et sur les Etats la trane. Dans ce scnario, leffet dmulation et la pression par les pairs en matire de gouvernance et dagilit stratgique se traduisent par une valorisation optimale des ressources conomiques et sociales. Cela concerne aussi bien le capital humain, le capital physique - grce un large accs au financement et une allocation de lpargne aux projets ayant limpact transformationnel le plus important - et des potentialits offertes par lintgration rgionale, travers lharmonisation des normes et standards, la construction dinfrastructures adquates de transport et de communication, et lexploitation des complmentarits existantes sur le terrain, dans une logique pragmatique et opportuniste de cration de corridors transfrontaliers de la croissance et du dveloppement.
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MAZARS NOTE STRATGIQUE 17
Conclusion
2. Un scnario de croissance ingale et en ordre dispers (Uneven growth and polarization) dans lequel des ples de prosprit mergent, sur la base des locomotives et des ppites mergentes, mais leur dynamique propre ne suffit pas entraner tout le continent sur le sentier de lmergence. Des zones entires et des pays restant pigs dans des trappes pauvret et/ou conflictualit chronique. Ce scnario nest pas au final bien diffrent de la situation actuelle que connat le continent par del les discours des afro-optimistes et des afro-pessimistes. Ce scnario repose sur la poursuite de la spcialisation dans les matires premires de la plupart des pays africains, avec une accentuation du caractre rentier de certaines conomies les rendant dpendantes des volutions dans le reste du monde. Mais il suppose aussi que certains pays arrivent sextraire de ce cycle de dpendance et de stagnation en pariant sur la productivit, linnovation et la valorisation du capital humain. Ces ples dmergence isols seront tourns vers lextrieur plutt que vers le Continent et dveloppent des relations conomiques avec dautres grandes zones conomiques avances ou mergentes. On peut imaginer le renforcement des liens entre lAfrique du Sud et les autres pays des BRICS par exemple, notamment la Chine, lInde et le Brsil. Au Nord du Continent, les pays du Maghreb pourraient renforcer les relations et les changes entre eux tout en poursuivant lintgration avec la rive Nord de la Mditerrane, dans le cadre dun vaste ensemble euro-mditerranen construit sur les principes de co-localisation de la production et de prosprit partage. Enfin, certains Etats dAfrique subsaharienne pourraient connatre une industrialisation acclre comme lEthiopie et le Kenya lEst ou la Cte dIvoire lOuest, cette dernire redevenant le champion dune Afrique francophone en plein boom dmographique.
3. Un scnario dimplosion et de recolonisation (African Breakout and Recolonization) dans lequel les menaces lemportent sur les opportunits, suscitant une spirale infernale cumulative lchelle continentale et justifiant en dernier ressort lintervention dune ou de plusieurs grandes puissances trangres au Continent. Ce scnario-pouvantail est loin dtre le plus probable, et tous les indicateurs signalent plutt une amlioration structurelle des conditions conomiques et sociales en Afrique, quun retour la situation de chaos, de conflits et de dpression conomique que le continent a connu dans les annes 1980 et 1990. Mais on ne peut pas lexclure tout fait, compte tenu des menaces nombreuses qui continuent hypothquer le dveloppement, lexplosion dmographique tant la premire de ces menaces. On observe en effet historiquement que la conflictualit augmente lorsque la dernire gnration
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Conclusion
issue de la transition dmographique arrive lge adulte, comme ce fut le cas en Europe dans les annes 1960, en Asie de lEst et du Sud-Est dans les annes 1980-1990 et dans les pays arabes dans les annes 2000. La responsabilit des dirigeants conomiques et politiques actuels est dautant plus grande pour viter que cette conflictualit ne dgnre en conflits ouverts et gnraliss. Sous couvert de guerres de religion et de conflits fonds sur des identits ethniques ou tribales, les guerres que lon observe actuellement au Sahel, dans la Corne de lAfrique, en Afrique centrale ou dans le Golfe de Guine sont en effet en grande partie des conflits pour le contrle de ressources conomiques, dans des pays qui ont rat le coche de la diversification conomique et de la transformation structurelle.
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Conclusion
Expert International en Stratgie, Editorialiste et Auteur,
Abdelmalek Alaoui, Conseil auprs du Comit excutif de Mazars.
Twitter @abdelmalekalaou
(Les calculs macro-conomiques de ce Policy paper ont t effectus
par lconomiste Alexandre Kateb. Twitter@AlexandreKateb)
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Mazars, Communication Ref PP - Mars/2015 - photoistock
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