nouvelles sceptiques
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Qu’est-ce que le
Comité belge pour l’Investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux ?
www.comitepara.be
Un groupement de personnalités, universitaires pour la plupart, appartenant à différentes disciplines philosophiques et scientifiques, et animées d’un même désir de détecter le vrai et le faux dans les phénomènes dits paranormaux et présentés au public à grand renfort de publicité.
Ce Comité a été fondé en 1948 et constitué en A.S.B.L. le 21 mai 1949 (Moniteur Belge du 4 juin 1949)(*), en raison du développement croissant des pratiques connues sous le nom générique d’occultisme, de métapsychie ou de parapsychologie.
Son but est d’étudier ces pratiques, de les soumettre à un contrôle impartial et objectif, puis de publier, en temps opportun, le résultat de ses recherches.
Des disciplines diverses sont ou ont été représentées au sein du Comité: Agronomie, Archéologie, Art de l’Ingénieur, Astronomie, Calcul des probabilités, Chimie, Criminalistique, Droit, Géologie, Histoire, Hydrologie, Hygiène, Littérature, Mathématiques, Médecine, Météorologie, Orientalisme, Pharmacie, Philosophie, Physique, Police, Psychiatrie, Radiations, Statistiques et Télécommunications.
De plus, pour éviter toute cause d’erreur, le Comité compte, parmi ses membres effectifs, des spécialistes en illusionnisme.
Les statuts actuels (adoptés en Assemblée Générale Extraordi-naire du 25 novembre 2004, modifiés en 2008) prévoient qu’outre les membres effectifs, dont le nombre est limité à 40, le Comité s’adjoint des membres adhérents en nombre illimité. Une cotisation annuelle est demandée aux membres adhérents comme aux membres effectifs. Elle donne droit aux conférences et aux démonstrations publiques que le Comité peut être amené à organiser, ainsi qu’à ses « Nouvelles Sceptiques » et à son Trait d'Union (TU). (*) Pour obtenir une copie des statuts du Comité, consultez www.comitepara.be ou faites-en la demande à son Secrétariat, en joignant une enveloppe timbrée pour la réponse. D’anciens numéros des Nouvelles Brèves encore disponibles dans les archives du Comité peuvent être obtenus au prix de 2,50 Euros l’exemplaire.
N.B.: Notre fichier de membres n’est communiqué à aucun tiers (loi relative à la vie privée)
ISSN : 0774-5834
Nouvelles
Sceptiques
Comité belge pour l’investigation
scientifique des phénomènes réputés paranormaux
dit « Comité Para » Association sans but lucratif fondée en 1949
« http://www.comitepara.be »
Membre du European Council of Skeptical Organisations (ECSO)
Numéro 78 Août 2012
COMITE PARA
www.comitepara.be
- en 2012 -
MEMBRES D'HONNEUR
P. DANBLON, Journaliste scientifique J. RANDI, Illusionniste américain.
MEMBRES HONORAIRES
A. FOUGNIES (Mme), Romaniste, Membre hon. du Service Edu. à la Bibliothèque Royale; C. ISBECQUE (alias KLINGSOR), Ingénieur agronome (Groupe: génie rural),
Illusionniste professionnel, Ancien Président du Club des Magiciens de Bruxelles; R. VANHERLE, ancien Adj. à la Recherche au Laboratoire de Rech. Card.,
Faculté de médecine de l’Université Libre de Bruxelles, retraité;
MEMBRES CORRESPONDANTS
H. BROCH, Professeur de Physique et de Zététique, Université de Nice-Sophia Antipolis, Directeur du Laboratoire de Zététique de cette université;
C. DE JAGER, Professeur honoraire à l’Université d’Utrecht, Astrophysicien, Secrétaire général de l’Union Astronomique Internationale de 1967 à 1971, Ancien Président du European Council of Skeptical Organisations (ECSO); P. KURTZ, Professeur de Philosophie, Président du CSI, Buffalo (USA);
J.C. PECKER, Professeur honoraire au Collège de France, Membre associé de l’Acad. R. de Belg. et Membre de l’Acad. des Sc. (Paris), Secrétaire général de l'Union Astronomique Internationale de 1961 à 1964;
G. PLESSY, journaliste français retraité; P.A. STURROCK, Professeur à l’Université de Stanford (USA),
Président de la Society for Scientific Exploration.
CONSEIL D’ADMINISTRATION
BUREAU R. GONZE, Astronome, Chef de dépt. honoraire à l'Observatoire Royal,
Président; O. MANDLER, Ingénieur Commercial, Chef d’entreprise,
Secrétaire-Trésorier; M. SOUPART, Officier supérieur, breveté d'état-major, retraité,
Secrétaire-adjoint;
M. BOSQUET, Autodidacte en science; J. CHAMPENOIS, Educateur, retraité de l’enseignement, Magicien;
M. HINSENKAMP, Docteur en médecine, spéc. en orthopédie et traumatologie; J. HOEYMANS, Physicien retraité;
F. KAMPS, Autodidacte en science; A. KOENIGSFELD, Ingénieur civil électronicien ULg, Chef d’entreprise;
B. SPRIO, Ingénieur Industriel, Chef d’entreprise; M. VANDIEPENBEECK, Climatologue à l’Institut Royal Météorologique;
COMITE DE REDACTION DES NOUVELLES SCEPTIQUES
O. MANDLER, R. GONZE, M. SOUPART, B. SPRIO
Vous qui désirez promouvoir l’esprit critique, vous vous devez de collaborer à l’activité, à la lutte et à la diffusion des idées défendues par le
Comité belge pour l’Investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux
www.comitepara.be
le plus ancien de son genre dans le monde.
COMMENT lui apporter votre contribution?
1. En signalant au Comité les cas réputés paranormaux, les pratiques occultes et les procédés charlatanesques dont vous auriez connaissance; 2. En lui indiquant toute personne qui voudrait bien se prêter à des expériences sur n’importe quel pouvoir paranormal dont elle se croirait douée; 3. En adressant au Comité vos suggestions et travaux relatifs à ces questions; 4. En diffusant ses publications et en signalant à votre entourage les manifestations publiques organisées sous ses auspices; 5. En versant annuellement votre cotisation(*) de membre au compte 000-0069728-82 du “Comité Para”, 1160 Bruxelles.
N.B.: Il est bien entendu que le Comité a pour objet principal l’étude scientifique des phénomènes réputés paranormaux. Toutefois il a également une tâche d’information. C’est pourquoi il relate dans ses NOUVELLES SCEPTIQUES, les cas qui lui semblent intéressants ou qui ont fait l’objet de son examen.
Les articles signés paraissent sous l’entière responsabilité de leurs auteurs.
* * * * * * Editeur responsable: Secrétariat: M.Soupart O.Mandler 36, Avenue A. Oleffe 183, rue Théodore De Cuyper 1160 Bruxelles 1200 Bruxelles _________
(*) 15,00 Euros pour les membres adhérents, 25,00 Euros pour les membres effectifs, 40,00 Euros pour les membres du Conseil d’Admin. 5,00 Euros pour les étudiants (abonnement NS et TU)
Pour un payement effectué de l’étranger (entre pays de la zone euro) il faut indiquer à sa banque (en plus du montant à payer): - le code signalétique IBAN du Comité: BE 25 0000 0697 2882: - le code signalétique BIC de notre banque: BICBPOTBEB1
1506
l’auteur, est que Janet sautait, se servant du lit comme d’un
trampoline. Elle aurait avoué plus tard avoir triché (avec une de ses
sœurs) mais pas souvent !
Flying saucer or fly (Sousoupe volante ou mouche) : The Case UFO
Sceptics Have Been Dreading (Le cas d’Ovni que les sceptiques Ovni
ont redouté ?) - Robert Sheaffer . Un ovni aurait été filmé en vidéo en novembre 2012 au-dessus de
l’aéroport d’El Bosque au Chili. C’est ce qu’a prétendu e.a. l’expert
ufologiste Leslie Kean affirmant que l’affaire clouait le bec aux
sceptiques. Elle prétendait que l’objet avait été vu par sept caméras
différentes mais une seule vidéo a été diffusée L’engin ne montrait
aucun signe de propulsion et il était impossible de le situer par
rapport au sol. Il passait et repassait. La meilleure explication pour les
experts critiques était qu’il s’agissait d’une mouche et que la vidéo
avait été trafiquée et mise sur le net avec l’intention de tromper
l’audience. L’auteur fait aussi référence à l’ovni de Petit Rechain, le
canular qui a leurré plusieurs « experts » belges.
Diving HeadOn into Pseudoscience (Avec HeadOn plongeon dans la
pseudoscience) - Benjamin Radford.
HeadOn est une pommade qu’il suffit d’appliquer sur le front pour
éliminer maux de tête et migraines. C’est un produit homéopathique
qui fonctionnerait à travers les nerfs. Aucune étude clinique ne prouve
ses résultats prétendus qui sont sans doute dus à un effet placebo.
Neurologic Ilness or Hysteria ? (Maladie neurologique ou hystérie ?) -
Joe Nickell.
Cela a débuté à la Haute Ecole Le Roy à New York en 2011. 15 teen-
agers ont manifesté une sorte de symptôme de Tourette avec des tics
et des explosions verbales. Les hypothèses envisagées d’abord - un
désordre du système immunitaire, les médicaments et drogues, des
causes environnementales – ont dû être abandonnées. L’auteur penche
avec les neurologues pour un désordre de conversion, un groupe de
symptômes provoquant des malaises physiques mais sans cause
identifiée dans un groupe d’individus partageant les mêmes
croyances. Dans le cas présent, on peut parler de maladie
psychogénique de masse.
M.Soupart
ISSN :0774-5884
Comité belge pour l’investigation scientifique
des phénomènes réputés paranormaux
(Association sans but lucratif)
Membre du European Council of Skeptical Organisations
(ECSO)
http://www.ecso.org
« Le plus ancien comité dénonçant les dérives de l’irrationnel »
Fondé en 1949
Nouvelles sceptiques
Ne rien nier a priori, ne rien affirmer sans preuve
(Dr Robert Rendu, Une expérience suggestive de radiesthésie,
Editions Camus, Lyon, 1936, p. 5)
Numéro 78 Août 2012
Sommaire
Le mot du Président 1464 Maisons hantées, poltergeists and Co 1465 Présentation 1473
Einstein avait raison 1474 Nous avons lu pour vous
Tour du monde d’un sceptique 1478 Le visage de Dieu 1480 Nous ne sommes pas seuls
Le Québec Sceptique n° 77, Printemps 2012 1504Skeptical Inquirer, Vol. 36, n°4, Juillet-Août 2012 1505
http://www.comitepara.be
Le MOT DU PRESIDENT LE 21 DÉCEMBRE 2012 : la fin du
monde ?
Ce n’est pas la première fois que certains prédisent la fin du monde.
On peut en trouver une longue liste sur le site Internet
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_dates_predicted_for_apocaliptic_events.
La prédiction relative au 21 décembre prochain a toutefois une
particularité : « elle n’émane d’aucune secte ou religion particulière et
est, au contraire, relayée par des gens venant d’horizons extrêmement
variés, de plus en plus nombreux. » (Laure GRATIAS, La Grande Peur
de 2012, Editions Albin Michel, 2011). L’affaire démarre avec une
fable : la collision le 21 décembre 2012 entre la Terre et la planète
Nibiru (ou X) qui aurait été découverte par les Sumériens. De plus, un
calendrier de la civilisation Maya, le Tzolk’in, s’arrêterait le jour du
solstice d’hiver 2012, date à laquelle se produiront de nombreuses
catastrophes naturelles (tsunamis, séismes, inversion des pôles
magnétiques de la Terre). D’autres prédicateurs invoquent le prochain
maximum de l’activité solaire, un alignement des planètes du système
solaire, le passage prétendu dangereux de la Terre dans le plan de la
Galaxie ou encore la chute d’un astéroïde. Toutes ces rumeurs sur la
fin du monde en 2012 ont pris une amplitude telle que la NASA a pris
l’initiative de les démentir sur l’un de ses nombreux sites, à savoir :
http://astrobiology.nasa.gov/ask-an-astrobiologist/intro/nibiru-and-
doomsday-2012-questions-and-answers. On y trouve d’autres adresses
intéressantes dont http://2012hoax.org. La conclusion : « Les
scientifiques dignes de ce nom savent que 2012 n’est associé à aucune
menace ». Tout ceci n’empêche nullement les arnaqueurs de tout poil
de profiter de l’occasion pour faire de bonnes affaires : vente d’abris,
kits de survie, provisions de nourriture, quantité de livres, etc. Ce qu’il
faut craindre, c’est que des personnes trop crédules, effrayées par ces
prédictions, n’attentent à leurs jours. Attendons donc avec sérénité la
prochaine prédiction qui ne saurait tarder. Sans doute bien avant le 21-
12-2112, palindrome constituant un futur candidat fort alléchant…
1464 1505-de de guerre use d’une perception sélective de la réalité. Elle utilise
les schémas mentaux préexistants chez les individus : l’ennemi
désigné est un nouvel Hitler par exemple. 3. La bonne foi est toujours
mise en avant. Il n’y a pas de trucage dit le magicien. L’action à
entreprendre est nécessaire pour des raisons d’humanité, de
démocratie dit le politique. 4. Le magicien recourt aux accessoires. Le
propagandiste use de faux témoignages. 5. Les complices. Le
magicien les utilise. En politique les médias jouent souvent ce rôle.
Skeptical Inquirer, Vol 36, n° 4,
Aout 2012 Why the GOP distrusts Science
(Pourquoi le GOP (Grant Old Party =
Parti Républicain) se défie de la
science) - Chris Mooney.
Jusqu’à présent, la confiance des
Américains dans l’institution
scientifique et ses leaders était forte.
Une étude récente (2012) montre que
cette confiance a fortement diminué
chez les conservateurs américains
éduqués. Elle serait liée à un
mouvement né entre 1960 et 1970, le New Right. Les conservateurs
ont créé leur source alternative d’experts, leur propre version de la
réalité, de la science, etc. et développé en même temps un univers
médiatique alternatif. On y attaque les scientifiques sur toutes sortes
de sujets comme le réchauffement climatique. L’idée est que ce
domaine « libéral » est biaisé et qu’une contre-expertise s’impose.
Explication partielle selon l’auteur. Il faut aussi examiner les
déterminants souterrains psychologiques du comportement politique.
Au sens psychologique, les conservateurs actuels sont plus rigides et
moins ouverts, donc plus enclins à écarter les opposants idéologiques
en refusant tout compromis.
Enfield Poltergeist - Joe Nickell En 1977 à Londres, un cas de poltergeist, concernant une fillette de 11
ans (Janet) lévitant au dessus de son lit, tient le public en haleine
pendant un an. Quatre jeunes enfants et leur mère habitent la maison.
Bruits, mouvements d’objets, lit qui bouge, etc. sont fréquents.
L’épicentre est Janet, grande pour son âge, très forte en gymnastique
et très intelligente. Selon l’auteur, les parapsychologues étaient fort
crédules. Exemple : la voix étrange que l’on entendait parfois refusait
de parler quand les fillettes n’étaient pas seules dans leur chambre !
Une explication possible de la lévitation (prise en photo), selon
1504
Nous ne sommes pas seuls
Québec Sceptique, N° 77, Printemps 2012
L’affaire du collier.
Louis Dubié fait le point sur le collier de
noisetier qui, passé autour du cou,
diminuerait les symptômes d’une multitude
d’affections. Les effets allégués sont-ils
réels ? Leur efficacité est anecdotique. Il
n’existe pas d’études cliniques. Le succès
est surtout dû à une campagne publicitaire
très bien menée. L’utilisation de ce produit
à la place de médicaments peut être nocive.
La vente en pharmacie est coupable. Les médias n’ont pas joué de rôle
protecteur. La firme ne fournit pas de preuve scientifique. Il faudrait
donc stopper la vente de ce collier.
Sur l’identité de Shakespeare.
Normand Baillargeon traite d’un film qui prétend que ce n’est pas
Shakespeare qui a écrit ses pièces. Cette théorie ne tient pas la route
car on peut trouver des explications à toutes les anomalies qui servent
de base à cette thèse qui n’est pas neuve et qui peut être comparée à
une thèse conspirationniste.
Les nouveaux charlatans - Timothy Caulfield.
La promesse de guérisons grâce aux cellules souches a créé beaucoup
d’espoirs chez les malades incurables. S’est développé un marché qui
propose des traitements sans valeur. Ces pratiques ont été condamnées
par beaucoup d’autorités mais se poursuivent. Il n’y a pas de preuve
scientifique. C’est du marketing scientifique mercantile au jargon
accrocheur. Les injections sont dangereuses et les traitements bidons
et onéreux. Les médias facilitent cette exploitation. Les chercheurs
sont sous pression mais les recherches sont inachevées dans ce
domaine et les études animales sont non concluantes. Un prudent
scepticisme est de mise.
Le leurre politique - Normand Baillargeon
La propagande politique s’apparente selon cet auteur à une forme de
magie car les procédés mis en œuvre relèvent des leurres et illusions
cognitives dont se servent les magiciens pour leurs effets. 1. Quand ça
commence, c’est déjà fini. La cuiller est déjà pliée avant le tour. La
décision d’entrer en guerre est prise avant la conversation
démocratique. 2. Le magicien manipule les perceptions. La propagan-
Maisons hantées, poltergeists and Co….
L’existence des fantômes implique que quelque chose subsiste d’un être humain après la mort. Or, ne demeurent que des restes, des ossements ou parfois des corps momifiés naturellement lorsque les conditions extérieures sont favorables. On n’a jamais démontré scientifiquement qu’une conscience pouvait persister sans un cerveau qui lui permette de se manifester. Si l’on accepte ce postulat de départ comment se peut-il que de nombreuses personnes prétendent avoir vu ou entendu des fantômes, c-à-d.des esprits désincarnés résidant dans des endroits réputés hantés. De nombreux récits font ainsi état de personnes ayant connu une mort violente et dont le spectre continuerait à fréquenter l’endroit où elles ont été tuées. On peut, semble-t-il, raisonnablement se poser la question : pourquoi rester lié à un endroit alors que pour ceux qui y croient, l’esprit peut se poser n’importe où ?
Les idées que l'on se fait des maisons hantées viennent souvent de livres ou surtout de films. Prenons l’exemple Amityville Horror qui est censé décrire les évènements paranormaux dont les membres de la famille Lutz avaient été victimes. En réalité il s’agissait d’une arnaque des Lutz qui ont inventé cette histoire abracadabrante pour échapper à des problèmes familiaux et financiers (Melvin Harris 1986).
Toutes les histoires de hantises ne sont évidemment pas des escroqueries. Certaines sont le fait de blagues d’adolescents ou d’actions de jeunes perturbés qui cherchent à obtenir de l'attention en faisant peur à leurs parents, frères et sœurs.
D’autres hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer cette impression de hantise chez beaucoup de personnes. Il y a des drogues hallucinatoires qui provoquent un déséquilibre entre deux régions du
1465
cerveau : le cortex qui nous rend capable d’être en contact avec le monde extérieur et une autre partie plus profonde de notre cerveau qui emmagasine tout ce que nous avons vécu : émotions, souvenirs, etc. En état de veille le cortex nous permet d’appréhender correctement la réalité. La drogue éveille des éléments de notre mémoire qui viennent perturber notre perception et se mêlent à la réalité. Un objet vu dans un tel état peut faire, par exemple, ressurgir l’image de son propriétaire défunt et c’est alors l’apparition d’un fantôme.
Une autre possibilité ressortit au domaine médical. Il s’agit de la paralysie du sommeil et des hallucinations qu’elle peut entrainer. Ce trouble du sommeil est dû à des intrusions du sommeil paradoxal et de l’absence de tonus musculaire qui l’accompagne lors des transitions entre veille et sommeil. La sensation la plus fréquente est celle d’une présence. Souvent hostile. Hallucinations auditives (bruits de pas, voix, etc.), impressions d’étouffement, sensations de chute, de sortie du corps, etc.. peuvent également se présenter. Ce type de pathologie peut jouer un rôle non négligeable dans les rapports d’évènements d’apparence paranormale (visions de fantômes, poltergeists, etc.).
Même si l’on n’est pas sous l’influence d’une drogue, nos perceptions, qui sont toujours le résultat d’un traitement par notre cerveau, peuvent être brouillées dans différentes circonstances : la nuit par exemple, dans l’ombre, des formes indistinctes peuvent nous faire croire à la présence d’une personne. Il ne faut pas non plus exclure un disfonctionnement possible de l’œil. Si nos yeux sont déficients, notre cerveau peut compenser la chose en faisant apparaitre des images diverses (Syndrome de Charles Bonnet).
Selon Richard Wiseman, ce qui joue surtout en fait dans de nombreux cas supposés de hantise c’est la force de suggestion qui est nettement sous estimée. Il cite notamment une expérience menée sur un couple marié vivant dans une maison qui n’avait pas la réputation d’être hantée auquel il avait été demandé de noter pendant un mois des faits inhabituels. Etonnamment ce couple a rapporté 22 faits curieux incluant un disfonctionnement téléphonique, leur nom murmuré par une présence fantomatique et le déplacement étrange d’un masque vaudou sur une étagère. Il cite aussi le cas d’une émission de la BBC à la fin des années 70 au cours de laquelle un team scientifique (cherchant à mesurer le pouvoir de suggestion) présentait, avec le sérieux requis, un appareil permettant de transmettre les odeurs via le son et affirmant qu’il allait avec cet appareil transmettre un parfum
1466
données. Ils devront attendre comme vous et moi pour pouvoir en
prendre connaissance.
On peut s’étonner de ce que trois scientifiques de haut niveau aient
accepté d’écrire un article dans ce livre, apportant ainsi une caution
scientifique à son intégralité. D’après Alain RIAZUELO, il n’en est rien
car contactées, toutes ces personnes ont dit avoir collaboré avec les
auteurs en pensant que le livre ne porterait que sur l’histoire de la
cosmologie. Et en effet, dans leurs articles, les trois scientifiques ne
soufflent mot de la théorie des frères. Ceux-ci répliquent sur le site
http://cosmologie.blog.lemonde.fr/2011/03/19/manipulations-et-
mensonges-du-bon-docteur-riazuelo.
Signalons pour en terminer qu’est paru début juin 2012 un nouveau
livre des frères BOGDANOV : La Pensée de Dieu, Grasset. D’après les
extraits publiés notamment par Le Figaro Magazine (taper « La
pensée de Dieu Bogdanov» dans un moteur de recherches), on peut
craindre que rien de nouveau ne sera révélé. A vérifier… Notons
toutefois, que dans une interview des frères publié par le journal
Direct Matin (http://www.directmatin.fr/article/37507), les auteurs
précisent que ce « Dieu » n’est pas celui de la révélation, mais,
comme pour EINSTEIN, « le Dieu de Spinoza », c’est-à-dire la cause à
l’origine des causes. Ils déclarent également qu’ils sont totalement
opposés au créationnisme car celui-ci nie le hasard qui joue pourtant
un rôle dans l’évolution de la vie.
Roger Gonze
1503
lettre à un enfant de dix ans lui demandant s’il priait, et si oui, pour
quoi il priait. La réponse, dont le sens est à l’opposé complet de celui
de la phrase citée par les auteurs, est la suivante : « J’ai essayé de
répondre à ta question aussi simplement que possible. Voici ce que
j’en pense : la recherche scientifique se fonde sur l’idée que les lois
de la nature déterminent tout ce qui existe ; il en va de même pour les
actions de l’homme. Pour cette raison, un chercheur scientifique sera
difficilement enclin à croire que les événements pourraient être
influencés par une prière, à savoir par un souhait adressé à un être
surnaturel. Cependant, il nous faut admettre que notre connaissance
de ces lois n’est qu’imparfaite et fragmentaire. En fait, croire qu’il
existe des lois fondamentales régissant toutes choses dans la nature
repose aussi sur une sorte de croyance. Ajoutons toutefois que cette
croyance a été confirmée jusqu’à présent par le succès de la
recherche scientifique. Par ailleurs, toute personne sérieusement
engagée sur la voie de la recherche n’échappe pas
à la certitude qu’un esprit se manifeste au travers
des lois de l’Univers – un esprit immensément
supérieur à celui de l’homme et devant lequel,
nous, modestes acteurs, devons nous sentir
humbles. De cette manière, la voie de la recherche
scientifique mène à un sentiment religieux d’un
caractère particulier ; il est, bien sûr, tout à fait
différent de la religiosité d’une personne plus naïve. » (Helen DUKAS
et Banesh HOFFMANN, Albert EINSTEIN, The Human Side, Princeton
University Press, 1979, traduction française : EINSTEIN –
Correspondance, InterEditions, Paris, 1980). On peut trouver d’autres
critiques argumentées, notamment celle de Guillaume BLANC sur les
sites Internet http://snovae.free.fr/spip.php?article157 et article 176.
La quatrième couverture du livre (première édition) annonce (ce qui
ne figure plus dans l’édition en livre de poche de 2006) : « Ce livre –
nourri des révélations fournies par le nouveau satellite PLANCK lancé
le 14 mai 2009 – s’approche… ». Ce qui est évidemment faux parce
que les données recueillies par le satellite ne seront rendues publiques
que fin 2012, voire début 2013. Les Bogdanov, ne faisant pas partie de
l’équipe qui traite les données de PLANCK, n’ont pas accès à ces
1502campagnard et demandant dès lors aux spectateurs de signaler les odeurs ressenties. Un son quelconque de courte durée se faisait alors entendre. Une centaine de spectateurs téléphonèrent dont la majorité déclara avoir senti un fort parfum de haie, d’herbe et de fleurs !
Des phénomènes physiques peuvent être la cause de ce que l’on prendra, sans étude approfondie, pour un fait de hantise ainsi certains phénomènes géologiques : des cavités dans le sous-sol d’une maison proche de la mer par exemple peuvent permettre à l’eau de s’infiltrer dans ces poches à marée haute provoquant des déplacements d’air d’une cavité à l’autre avec comme conséquences des fissures, des craquements et donc des bruits divers qui réapparaissent à chaque retour de l’eau. La fragilisation du sol peut même entrainer de petits effondrements ébranlant la maison et faisant claquer les portes.
Henri Broch rapporte dans un de ses livres un cas de hantise apparente ayant été résolu. Dans l’arrière pays niçois des coups se manifestaient dans une chambre. L’intervention d’un radiesthésiste n’avait rien changé. Les enquêteurs remarquèrent qu’un tuyau métallique d’un échafaudage voisin était partiellement encastré dans un des murs de la chambre. La dilation provoquée par le soleil de la journée suivie d’une rétraction due au refroidissement nocturne étaient responsables de ces coups mystérieux.
Gérard Majax cite le fait d’un appartement situé dans immeuble tout à fait moderne qui était le siège de bruits voire de paroles semblant sortir des murs. La gendarmerie appelée ne put que constater la chose sans pouvoir l’expliquer. L’appartement n’avait aucun voisin, ni à gauche, ni à droite, ni au-dessus ni en dessous. Les voix mystérieuses empêchaient les occupants de dormir. On s’aperçut finalement, un peu par hasard, que les bruits provenaient d’étages situés à plusieurs niveaux de distances de l’appartement « hanté ». Par une bizarrerie de la composition moléculaire des matériaux il y avait une transmission d’ondes sonores à travers le béton. Un ressortissant pakistanais, musicien, écoutait tard dans la nuit de la musique exotique sans se rendre compte qu’il gênait des voisins pourtant éloignés.
Un son excessif peut faire vibrer le corps mais il y a plus sournois. Certains infrasons inaudibles par l’oreille humaine perturbent néanmoins l’oreille interne et peuvent déranger. Apparaissent alors différents malaises .et le sentiment d’une présence. Richard Wiseman, professeur de psychologie décrit le cas curieux d’un ingénieur
1467
électricien, Vic Tandy, qui en 1998 travaillait dans un petit laboratoire qu’il partageait avec deux autres scientifiques. Ce laboratoire avait la réputation d’être hanté. Vic avait toujours attribué cela à la suggestion ou aux divers petits animaux à fourrure qui vivaient dans certaines parties du bâtiment. Travaillant seul, un soir, tard, il commença à se sentir de plus en plus mal à l’aise et à avoir de plus en plus froid. Ensuite il eut la nette impression qu’on l’observait et, relevant la tête, il aperçut une forme grise et indistincte émergeant dans la partie gauche de son champ de vision. Il finit par trouver le courage de se retourner et de regarder la silhouette. Ce faisant, celle-ci s’évanouit et disparut. Très ébranlé il rentra chez lui. Le jour suivant il devait participer à une compétition d’escrime, aussi emporta-t-il son fleuret au laboratoire pour le réparer. Alors qu’il venait de le coincer dans un étau, la lame se mit à vibrer follement. Vic chercha une explication rationnelle. Et il en trouva une. Il constata que le mouvement était maximal au centre du laboratoire et s’éteignait à chaque extrémité de la pièce. Vic pensa alors que la pièce était le siège d’une vibration à basse fréquence, en dessous du seuil de perception de l’oreille humaine. Il remonta la source de l’onde jusqu’à un ventilateur installé récemment dans le système d’extraction d’air. Une fois celui-ci éteint, le fleuret resta inerte. Des travaux ont montré que certains infrasons pouvaient faire vibrer les globes oculaires provoquant une distorsion de la vision. Ces ondes peuvent aussi faire bouger de petits objets et de petites surfaces. Des bâtiments contiennent parfois des infrasons causés par des vents forts soufflant par une fenêtre ouverte ou par le grondement de la circulation pouvant amener certaines personnes à croire l’endroit hanté.
Autre source possible : les variations du champ magnétique. Elles peuvent provoquer des hallucinations, des halos lumineux ou des taches de lumière. Les chasseurs de fantômes ou “ghostbusters” sont très présents partout aujourd’hui y compris dans les films et séries télé. Ils disposent d’appareils électroniques et parcourent les endroits prétendument hantés pour y détecter la présence de champs électromagnétiques affirmant avoir ainsi la preuve qu’un esprit frappeur est à l’œuvre. Mais les appareils qu’ils utilisent décèlent simplement ce qui est physique, ce qui émet un champ électromagnétique. Donc si le fantôme ne se comporte pas comme un téléphone cellulaire ou une ampoule électrique, on ne peut pas le détecter de cette façon et s’il ressemble à un de ces objets comment le distinguer des autres...
1468
ainsi que l’appareillage embarqué sont longuement et explicitement
décrits. Il y a encore d’autres inepties à signaler (voir l’article de
Guillaume BLANC sur le site http://snovae.free.fr/spip.php?article157).
Dans une deuxième partie (chapitres 15 à 21), les auteurs expliquent la
théorie et l’outil mathématique qu’ils ont créés pour explorer l’instant
zéro, cette singularité sur laquelle bute toute la cosmologie actuelle.
Disons tout de suite que ces sept chapitres ne nous apprennent rien de
neuf par rapport à ce que les auteurs ont écrit dans leur livre
précédent, Avant le Big Bang, Editions Grasset & Fasquelle, 2004. A
propos de ce livre Agnès LENOIRE (Science et Pseudosciences n°264,
octobre 2004) a écrit : « Toute honorable qu’elle soit, leur théorie est
présentée sous un aspect ésotérique fort, rédhibitoire aux yeux des
rationalistes. Pour nos jumeaux, l’univers est d’essence mathématique.
L’idée n’est ni neuve, ni incongrue, mais elle leur fait énumérer des
conséquences pour le moins contestables. Tout d’abord, le début de
l’univers, réduit à un point mathématique, contiendrait tout son futur,
et les événements de l’avenir attendraient de se répandre. Il s’agit bel
et bien d’un principe anthropique fort, comme si l’univers et la vie qui
apparaîtra ensuite, ne pouvaient échapper à cette programmation. Leur
culte des maths se traduit par une mystique de la pureté du zéro. Le
lecteur est passé, subrepticement, de l’éloge appuyé des
mathématiques à une mystique des nombres, enfin à la création
divine ». Alain RIAZUELO, astrophysicien, chercheur de l’Institut
d’Astrophysique de Paris et membre de l’équipe PLANCK, a rédigé
des Notes de lecture sur l’ouvrage « Le Visage de Dieu » qui ont
figuré sur http://www2.iap.fr/users/riazuelo/fpc/bog/lvdd/lvdd.php. Il
s’y montre très critique. A noter que suite à un procès que lui ont
intenté les frères BOGDANOV, ces notes et d’autres articles sur les
mêmes sont actuellement supprimés. Alain RIAZUELO estime que les
opinions personnelles émises par les auteurs relèvent assez clairement
du Dessein Intelligent et que le but inavoué du livre est plutôt de
promouvoir l’idée que la science est sur le point de prouver que
l’Univers tel que nous le connaissons peut difficilement se passer de
l’hypothèse d’un Créateur. Pour étayer cette hypothèse connue sous le
nom de « Principe anthropique fort » les BOGDANOV invoquent (chap.
15) une citation attribuée à EINSTEIN. Alain RIAZUELO précise que
cette citation est tronquée et que le texte correct se trouve dans une
1501
SMOOT. Ce dernier proteste (citation tronquée, mauvaise
interprétation) contre son utilisation par les auteurs ainsi que contre
l’utilisation de la crédibilité scientifique pour promouvoir des idées
spirituelles et religieuses (voir l’article La tête dans les étoiles écrit
par Jean-Gabriel Fredet dans Le Nouvel Observateur, 15-21 juillet
2010). La lecture de cet historique réserve quelques surprises de
dimension qui révèlent des lacunes énormes dans les connaissances de
base des BOGDANOV qui, faut-il le rappeler, sont docteurs
respectivement en physique théorique et en mathématiques. Ainsi
(Introduction), au sujet du LHC (Large Hadron Collider) du CERN, ils
écrivent : dans le sillage d’atomes tellement accélérés (…). Il n’est
évidemment pas possible d’accélérer des atomes car ils sont
électriquement neutres. Ce sont des protons (qui portent une charge
positive) qui sont accélérés au moyen de champs électriques pulsés. Et
encore (chap. 1), à propos de la force faible : C’est la force faible
(sans cette forme de radioactivité, le Soleil ne pourrait pas briller). La
radioactivité n’est pas une force mais une propriété de certains noyaux
atomiques. De plus le Soleil tire son énergie, non pas d’une
quelconque radioactivité qui y règnerait, mais bien de réactions de
fusion thermonucléaire qui ont démarré grâce à la force de gravitation
et pas du fait de la force faible. Et encore (chap. 11) : Depuis notre
monde, (il faut comprendre : depuis la surface de la Terre…) noyé
dans un brouillard perpétuel de poussières et d’ondes en tous genres,
il n’est pas possible de vraiment déceler les infimes détails
indispensables à de nouvelles découvertes. Pour entrer dans les
profondeurs de la première lumière, il va falloir observer de plus loin.
Depuis l’espace. C’est surtout la vapeur d’eau présente dans la basse
atmosphère terrestre qui, absorbant les microondes, empêchent
l’observation de la première lumière. D’ailleurs des observations au
moyen de ballons s’élevant suffisamment haut ont été effectuées.
Quelques lignes plus loin, les satellites utilisés pour l’observation du
fond cosmologique sont qualifiés de prodigieuses « machines
métaphysiques » et d’engins mystérieux dans leurs buts. Les auteurs
n’expliquent pas comment on aurait pu doter les satellites de
métaphysique. De plus leurs buts n’ont rien de mystérieux car tant sur
le site de l’ESA que sur celui de la NASA (que les auteurs connaissent
puisqu’ils s’y réfèrent à plusieurs reprises), la mission de ces satellites
1500La lumière visible ne représente qu’une fraction du spectre des
ondes électromagnétiques. En dessous d’elle on trouve e.a. les ondes infrarouges. Les caméras infrarouges permettent de détecter les variations de chaleur et non de lumière. Or, contrairement à la lumière visible qui disparait dès que la source est éteinte, la chaleur émise par un corps persiste un long moment lorsque la source a disparu. Si par exemple un chasseur de fantômes avec sa caméra infrarouge détecte à un endroit une longue forme verticale ayant la forme d’un être humain il ne s’agit pas d’un fantôme en train de l’observer mais vraisemblablement de la silhouette rémanente d’une personne (un membre du groupe ?) qui s’est attardée à cet endroit un moment plus ou moins long auparavant.
Plusieurs causes peuvent se combiner. Une personne impressionnable ou imaginative réagira davantage si elle est soumise par exemple à des perceptions parasites dans une ambiance sinistre. Une personne même avertie et rationnelle peut être impressionnée par un phénomène donné dont elle peine à s’expliquer la cause.
Des savants réputés ont cru à l’existence d’entités, de maisons hantées. Charles Richet, prix Nobel de médecine, se ridiculisa en accordant du crédit aux apparitions du fantôme Bien-Boâ à la villa Carmen à Alger en 1903. Le fantôme était en réalité le cocher de la générale en mal de divertissement et organisatrice de réunions spirites. Sir William Crookes fut abusé par une jeune femme, Florence Cook, qui se faisait passer pour Katie King, fille d’un
boucanier du XVII e siècle.
Sur un certain nombre de photos on semble avoir réussi à capter un fantôme mais la plus grande méfiance est de rigueur car il y les nombreux trucages possibles et au début du XXe
siècle ils furent légion. Pensons notamment aux fées de Cottingley chères à Conan Doyle. En outre beaucoup d'entre elles ne montrent que des artefacts. Il peut s'agir de phénomènes naturels ou de défauts de
l'appareil photo ou de sa pellicule, de problèmes d'exposition, d'erreurs de développement, de reflets d'objectifs, d'irruption dans l'image de la dragonne de l'appareil, de la lumière de la lampe-éclair qui se reflète sur des miroirs, des bijoux ou autres objets, d'effets de lumière
1469
ambiante, de polarisation, de réactions chimiques, etc. (Nickell 1994, 1997).
Récemment, s’est développée une forme spéciale de fantômes appelés « orbes ». Il s’agirait de petits êtres lumineux apparaissant sur les photos sous la forme d’un petit cercle de couleur blanche et qui se déplacent dans l’air. Cette vogue de fantômes new look est apparue au moment où s’est développée la photo numérique. Les orbes qui existaient rarement sur les photos argentiques se sont multipliées parce que le capteur des appareils numériques est plus petit que la pellicule argentique ce qui a pour conséquence de rapprocher de l’appareil la zone de netteté des sujets photographiés. Cette zone étant plus proche les particules en suspension en dehors de la zone de foyer deviennent plus lumineuses quand elles sont éclairées par le flash. A la suite de cela apparaissent des cercles blancs parfois opaques parfois transparents quand la lumière est moins intense. On peut obtenir aussi des orbes sans flash si un grain de poussière reçoit assez de lumière. Le chercheur sceptique Benjamin Radford a décortiqué le cas d’une orbe découverte dans l’endroit le plus hanté du Canada à Fort Georges dans l’Ontario. Il s’agissait en l’occurrence de particules de poussières déposées sur les débris d’une toile d’araignée ce qui donnait l’apparence d’un globe flottant dans l’air sans support apparent. Le phénomène bien connu de paréidolie fait que certaines personnes imaginatives y décèlent aussi parfois des visages.
L’investigation scientifique de cas de maisons hantées et/ou de phénomènes de poltergeists n’est pas aisée. Elle intervient le plus souvent après une première vague de phénomènes qui ont attiré journalistes, amateurs de sensations, croyants occultistes, parascientifiques tels que géobiologues, radiesthésistes, parapsychologues et tutti quanti et dans certains cas des policiers qui s’efforcent de dresser un état des lieux et des faits avec une volonté d’objectivité mais qui n’ont ni la méthode, ni la formation requise pour juger de la réalité paranormale ou non des faits. Dans certains cas l’autorité judiciaire peut même freiner l’investigation. Dans le cas de la « hantise » d’Arc Wattripont dans le Hainaut en 1993, le procureur du roi de l’arrondissement judiciaire de Mons à l’époque a refusé catégoriquement de nous permettre de visionner la bande vidéo qui avait été enregistrée par les forces de l’ordre dans de mauvaises conditions d’ailleurs (plusieurs personnes présentes dans un lieu exigu, obscurité, observation limitée, etc.). Les personnes concernées relatent les faits tels qu’elles les ont vus ou ressentis et non tels qu’ils se sont passés. Les récits journalistiques ajoutent généralement de la
1470
Troisième postface « Les premières traces dans l’espace-temps ».
John MATHER (prix Nobel de physique 2006) mentionne
qu’aujourd’hui, grâce aux outils d’observation dont on dispose, la
cosmologie est devenue une science expérimentale. En 1974 il a dirigé
une petite équipe de scientifiques afin de concevoir une méthode de
mesure du rayonnement cosmologique émis au moment du Big Bang
ainsi que les radiations infrarouges en provenance des galaxies les
plus lointaines. Le satellite COBE, résultat du travail de plus de 1500
chercheurs de la NASA et de Bell Aerospace ainsi que d’universités a
permis à l’équipe de faire trois découvertes majeures que MATHER
décrit. Ce sont 1) la confirmation du fait que le spectre du
rayonnement fossile est celui d’un « corps noir » (température 2,725
K) confirmant la théorie du Big Bang chaud, 2) la présence de
minuscules anisotropies de la luminosité du rayonnement fossile et 3)
la radiation du fond cosmique infrarouge qui n’est pas encore
totalement expliquée et nécessite des travaux supplémentaires.
Commentaires
Dans une première partie du livre (chapitres 1 à 14) les auteurs
retracent l’histoire de la cosmologie moderne dont les débuts datent de
1915, année au cours de laquelle EINSTEIN publie sa théorie de la
relativité générale. Ce n’est pas inintéressant, mais les choses sont
présentées avec beaucoup trop d’emphase (sans doute un effet de leur
enthousiasme ou pour épater le lecteur) et à certains moments il s’en
dégage des relents de Dessein Intelligent (quand on demande aux
BOGDANOV s’ils sont créationnistes, ils s’en défendent avec énergie,
mais seraient-ils comme Monsieur Jourdain qui écrivait de la prose
sans le savoir ?). De plus un historique beaucoup plus sérieux et plus
instructif a déjà été écrit bien auparavant par Jean-Pierre LUMINET, un
astrophysicien spécialiste des trous noirs et des modèles
cosmologiques, sous le titre L’invention du Big Bang. Une première
version (voir le site http://luth2.obspm.fr/~luminet/Books/FL.html) a
servi d’introduction à son livre Friedmann A. et Lemaître G. : Essais
de cosmologie, Editions du Seuil, 1997. Une deuxième version, fort
développement de la première, a paru sous le même titre et chez le
même éditeur en 2004. Dans leur récit, les BOGDANOV insistent
lourdement et à plusieurs reprises sur la phrase prononcée par George
1499
finale ». Quelle est la nature de la matière sombre froide ? Quelle est
la nature de cet autre élément hypothétique, la constante cosmologique
d’EINSTEIN ? PLANCK pourrait nous apprendre si l’une des versions
de l’inflation a réellement eu lieu. « L’histoire de la cosmologie
repose pour l’essentiel, sur une rencontre entre de grandes espérances
d’un côté et de minutieuses observations de l’autre. Avec parfois la
joie immense de découvrir ce que SMOOT appelle "le Visage de
Dieu" ! ».
Deuxième postface « La carte de l’Univers primordial ». Robert
WILSON (prix Nobel de physique 1978) a suivi fin 1950 à Caltech
l’enseignement en cosmologie de Fred HOYLE, auteur et défenseur
acharné de la théorie de l’Univers stationnaire. Cette théorie lui
plaisait et il n’était donc pas particulièrement orienté vers une
cosmologie de type « Big Bang », théorie désormais plutôt bien
comprise et qui semble être la
seule susceptible d’expliquer
l’Univers tel qu’il est. Il narre
ensuite son entrée aux laboratoires
Bell, les circonstances dans
lesquelles il a fait avec PENZIAS la
découverte que l’on sait, la prise
de contact avec l’équipe de Robert
DICKE qui cherchait à mettre en
évidence le rayonnement fossile et l’attribution du prix Nobel. Il
ajoute que certains de ses collègues, comme GAMOW, ALPHER et
HERMAN qui avaient prédit dans les années 1940 le rayonnement de
fond issu d’un Big Bang ou encore PEEBLES et DICKE qui étaient partie
prenante dans cette découverte auraient dû partager le prix Nobel avec
PENZIAZ et lui. Il mentionne ensuite la contribution du satellite COBE
dont les observations ont établi que le spectre d’émission du fond
diffus cosmologique était celui d’un corps noir (presque parfait),
conformément aux prédictions de la théorie du Big Bang, confortant
ainsi cette théorie. Le satellite PLANCK va certainement renforcer
notre compréhension de ce qui s’est passé au moment de la naissance
de l’Univers. Pour terminer il évoque la période très heureuse qu’il a
passée aux laboratoires Bell.
1498confusion. A cela vient s’ajouter la suggestion à laquelle nous avons déjà fait allusion.
Les deux auteurs d’un manuel destiné à tous ceux qui veulent mener des enquêtes scientifiques sur ce genre de phénomènes donnent les conseils suivants :
-Toujours respecter la vie privée et la propriété des personnes et ne pratiquer aucune action sans accord formel du propriétaire des lieux ou des gens concernés.
-Toujours conserver une attitude courtoise, tolérante et non arrogante vis-à-vis des personnes qui se disent victimes de tels faits car ils sont souvent réellement perturbés et craignent de passer pour fous. Afficher un scepticisme total dès l’abord n’est pas conseillé.
-S’efforcer au contraire d’établir un climat de confiance avec les témoins. Essayer de connaître leurs convictions (croyances religieuses, scepticisme).
-Interroger les témoins en privé et séparément. Au besoin, faire répéter le témoignage et le faire mettre par écrit.
-Garder l’attitude la plus neutre possible quels que soient les évènements se déroulant en votre présence.
-Utiliser la vidéo pour enregistrer les lieux, les faits observés et les témoignages.
-Se méfier des explications simplistes. -Eviter de sauter trop vite aux conclusions avant de disposer de
suffisamment d’éléments probants. -De toute façon, en l’absence d’explication l’attitude saine du sceptique, après avoir épuisé les causes possibles qu’il connait, est de réserver son jugement. L’absence apparente d’explication n’est jamais une preuve du caractère paranormal du fait observé ou ressenti.
Cyrille de Neubourg écrit en 1957 à la fin de son livre : « En mettant à part les hallucinations dont les causes sont d’ordre pathologique, y-t-il des fantômes dont l’existence ne fait aucun doute ? Il semble bien que non, car personne ne peut affirmer avec une certitude absolue leur authenticité. Par ailleurs ceux qui admettent la réalité des fantômes n’ont pu jusqu’à présent élaborer une théorie satisfaisante pour expliquer le phénomène. Il s’agit donc pour ceux qui étudient le supranormal d’accumuler un nombre suffisant de cas précis et d’en chercher les lois qui les gouvernent. Pour le moment ;le mystère n’est pas résolu ».
1471
Pour nous, en 2012, il ne l’est toujours pas et nous doutons fort qu’il puisse l’être un jour
Ouvrages, revues et sites consultés
Melvin Harris, Investigating the Unexplained, Prometheus Books, 1986, pp. 9-17.Olivier Lascar, Florence Nicot, Fantômes, qu’en pense la science ?, Science et Vie Junior, n° 204, Septembre 2006, pp.48-65.Benjamin Radford, Infrared cameras and ghosthunting, SI, Vol 34, n° 6, novembre - décembre 2010.Benjamin Radford, The (non) mysterious orbs, SI, Vol 31, n° 5, septembre-octobre 2007, pp. 31 et 46.Richard Wiseman, Petit traité de bizarrologie, Dunod, 2009, pp. 120-122.Henri Broch, Gourous, sorciers et savants, Odile Jacob, 2006 volume broché-2007 format poche, pp 189-191.Dictionnaire sceptique (http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire), L’.Enquêteur paranormal.Richard Wiseman, The Haunted Brain, SI, Vol 35, n°5, septembre- octobre 2011.Robert Baker, Joe Nickell, Missing Pieces, Prometheus Books, 1992.Gérard Majax, Le grand bluff, Fernand Nathan, 1978.Gérard Majax, Les faiseurs de miracles, Michel Lafon, 1992.Cyrille de Neubourg, Fantômes et maisons hantées, Grasset, Bilan du Mystère, 1957.
M.Soupart
1472
Seth LLOYD ou David DEUTSCH l’Univers et tout ce qu’il contient obéit
à une sorte de « programme » enfoui au cœur même de la matière. Si
ce programme existe, jusqu’où faut-il remonter pour en trouver
l’origine ? Avant l’apparition de l’Univers ? D’après Jean-Loup
PUGET, responsable scientifique du projet PLANCK, les données
d’observation permettront de déterminer l’époque et la manière se
sont formées les premières étoiles et les premières galaxies, les formes
de matière et d’énergie qui emplissent l’Univers, l’âge et la forme de
l’Univers et son avenir lointain. Pour Jean-Michel LAMARRE la mesure
de la polarisation du rayonnement cosmologique diffus permettra de
chercher à mesurer les résidus des ondes gravitationnelles produites
pendant la phase d’inflation. Les données d’observation ainsi que les
premiers résultats scientifiques ne seront rendus publics que fin 2012.
« En réussissant à reconstituer les premiers instants de l’Univers,
PLANCK livrera peut-être pas le visage de Dieu mais l’instant même
de la Création ».
Suivent alors trois Postfaces et le croquis du satellite PLANCK
dessiné par Jean-Michel LAMARRE et la Table des matières.
Première postface « Vers un Big Bang chaud ». P.J.E. PEEBLES (prix
Crafoord d’astronomie 2005) raconte ses débuts en cosmologie, la
construction avec David WILKINSON d’un instrument capable de
détecter le rayonnement fossile prédit par Bob DICKE, l’annonce de la
découverte de PENZIAS et WILSON., la confirmation du fait que le
spectre du rayonnement fossile correspondait à un Big Bang chaud et
les premières mesures de ses légères variations par le satellite COBE.
S’ouvrait ainsi un nouveau champ de recherches : tenter de
comprendre comment le rayonnement et la matière ont interagi à
l’époque primordiale pour engendrer la distribution des structures
observées aujourd’hui. Il est partisan d’une théorie dans laquelle la
matière sombre froide joue un rôle dominant dans le développement
de la matière à partir d’une distribution primordiale sous forme de
« grumeaux ». Les observations réalisées au moyen du satellite
WMAP montrent que cette théorie représente une bonne
approximation de ce qui s’est produit lorsque notre Univers en
expansion s’est refroidi. La cosmologie a rassemblé quantité de
preuves en faveur d’un Big Bang chaud, mais pas une « théorie
1497
temps imaginaire se transforme en temps réel et l’énergie imaginaire
en énergie réelle. « La Singularité Initiale pourrait être le support de
ce que les auteurs appellent le "code cosmologique", une sorte de
programme mathématique, qu’on pourrait comparer au code génétique
pour un être vivant. Ceci affaiblit terriblement le rôle qu’aurait pu
jouer le hasard au moment du Big Bang et auparavant. « Est-ce donc
là que s’arrête la science et que Dieu prend le relais, le créateur de
cette singularité, de cette simplicité initiale ? » comme l’écrit George
SMOOT. Evidemment, dire que le Big Bang vient de l’information ne
nous dit pas d’où vient l’information elle-même.
Conclusion : Depuis son apparition il y a 13,7 milliards d’années,
l’Univers a lentement évolué jusqu’à produire la vie et la conscience.
Comme l’a écrit SMOOT et comme le pense DYSON, ce scénario est-il
inscrit au cœur même de la matière ? La programmation du vivant
trouve son origine dans le carbone. Ce sont les étoiles qui ont fabriqué
ce carbone. De plus, il a déjà été mentionné que la moindre
modification de la valeur d’une des constantes physiques ou le plus
infime changement des conditions initiales auraient eu pour résultat
que la vie n’aurait jamais été possible. Pour répondre à cette question,
il faut remonter jusqu’à l’instant zéro où, comme le pensent les
auteurs, devaient être codées toutes les lois physiques sur lesquelles
repose la réalité physique qui nous entoure. De même que pour les
êtres vivants qui sont précédés d’une information génétique qui
« code » leurs caractères physiques, l’Univers pourrait être précédé
d’un programme cosmologique (un système d’instructions et de
données numériques) qui code ses caractéristiques et les grandes lois
physiques. Aujourd’hui, la vie se manifeste sous des formes très
diverses. Mais, malgré cette étonnante diversité, tous les organismes
vivants présentent une remarquable unité de structure (mêmes acides
nucléiques et mêmes protéines composées des mêmes éléments de
base - leurs gènes sont tous des formes de la même molécule d’ADN).
Les différentes espèces ont évolué à partir d’un ancêtre commun et les
recherches les plus récentes ont montré que l’évolution future du
cerveau primitif vers le néocortex humain semble déjà codée dans le
génome du cerveau reptilien. Ceci suggère que l’évolution des espèces
ne dépendrait pas seulement du hasard. Selon des physiciens comme
1496Vous trouverez ci-après un texte de M. A. Lausberg, un de nos
membres, astronome, paru dans le numéro d’avril 2012 de la revue Le
Ciel de la Société astronomique de Liège. Nous le remercions de nous
avoir permis de le publier. Il traite avec compétence et clarté d’un
problème qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois : celui
de l’expérience du CERN qui avait fait découvrir une erreur
fondamentale d’Einstein et qui est en réalité le résultat d’un artefact.
Depuis que le génial physicien a présenté sa théorie de la relativité les
critiques mettant en doute sa validité n’ont pas manqué aussi bien
dans le domaine académique que dans le domaine philosophique.
Pour Henri Bergson la dilatation du temps ne pouvait
s’appliquer aux organismes biologiques. Or ceux-ci utilisent des
processus physiques et sont donc soumis aux effets relativistes.
En Union Soviétique dans les années 20, la relativité a été
rejetée comme anti-matérialiste et spéculative.
En 1931, dans un livre intitulé Hundert autoren gegen
Einstein (Cent auteurs contre Einstein), on trouvait à la fois des
objections philosophiques mais aussi des affirmations d’erreurs ou
d’insuffisances de la théorie qui étaient plutôt des erreurs des auteurs.
La théorie de la relativité a été validée par plusieurs
vérifications expérimentales et est à la base d’autres théories comme
l’électrodynamique quantique. La communauté scientifique ne prend
plus en compte les critiques émises pour la plupart par des
publications ou des revues alternatives dont la qualité scientifique
n’est pas reconnue. Grâce aux progrès de la technologie, la relativité a
passé avec succès tous les tests dans les accélérateurs pour la relativité
restreinte et par les observations astronomiques pour la relativité
générale.
Comme il est écrit dans le Figaro-sciences du 8 juin dernier :
L’ « affaire des neutrinos » n’en restera pas moins un bel exemple du
déroulement de toute démarche scientifique. Un résultat expérimental
étonnant remettant en cause les fondements des théories actuelles n’a
pas été ignoré. Porté à la connaissance de toute la communauté en
toute transparence, il a fait l’objet d’un examen critique qui a pu
déboucher sur une nouvelle remise en cause expérimentale. Le tout en
moins d’un an. Comme le dit justement le directeur de l’Institut
national de physique nucléaire du CNRS et de physique des particules,
« si in fine nous avons eu affaire à une erreur expérimentale, il est
impossible de parler de faute ». Ceci nous semble être une excellente
conclusion.
La rédaction
1473
avril 2012, Le Ciel - 131
Einstein a toujours raisonAndré Lausberg
Depuis l’apparition de la relativité res-treinte (en 1905) et de la relativité générale (vers 1915) ces deux théories ont connu un succès grandissant, des vérifications multiples, mais aussi diverses contestations.
Même si leur propos s’adresse d’abord à des physiciens, théoriciens et expérimenta-teurs, un large public se sent concerné par ces nouvelles approches des notions d’espace et de temps. Dès lors la presse s’empare de la moindre remise en cause d’une de ces théories ; et c’est ce qui s’est passé très récemment avec l’annonce de la pos-sibilité pour des neutrinos de dépasser la vitesse de la lumière. Par ailleurs, une information circulait à propos d’une expérience moins spectaculaire, mais tout aussi fondamentale, concernant la mesure de l’entraînement des systè-mes d’inertie au voisinage de la Terre en rotation.
Les titres des jour-naux témoignent de la dramatisation : « Einstein s’est-il trompé ? » suivi de « La revanche d’Einstein ! ». Notre savant allait-il tomber du piédestal qu’on lui avait construit, bien malgré lui ?
Plus vite que la lumière ?En septembre 2011, l’équipe responsa-
ble de l’expérience OPERA, visant à suivre le trajet de neutrinos produits au CERN de Genève et reçus à l’observatoire souterrain de Gran Sasso près de Rome, publiait les résultats provisoires révélant un parcours des neutrinos à une vitesse supérieure à celle de la lumière. C’est avec prudence que les scientifiques ré-vélaient leur découverte, en appelant d’autres équipes à vérifier indépendamment les me-
sures. Bien leur en prit puisque ce 23 février 2012 un avis transmis par la revue Science annonçait un problème de délai temporel dans le câblage utilisé par le système GPS de l’opé-ration. On parle d’un « petit décalage au sein d’une connexion en fibre optique. »
Pour la petite histoire locale, rappelons que notre conférence du 17 février permettait à une bonne centaine d’auditeurs d’entendre
l’exposé de Marko Sojic sur ce sujet brûlant, ce qui a permis à chacun de se rendre compte de la com-plexité de l’expérience. Marko, très prudent, avait notamment mis en cause la connexion reliant l’antenne GPS et le détecteur...
On attendra les ul-times vérifications, dans les prochains mois, tout en soulignant qu’une fois de plus, la démarche scien-tifique a été respectée, à savoir que toute découverte doit être confirmée par la communauté internatio-nale avant d’être admise. Rappelons aussi que cette expérience OPERA n’avait
nullement pour objectif initial de mettre au défi la théorie d’Einstein, mais plutôt d’étudier les propriétés mystérieuses de ces énigmatiques neutrinos !
L’entraînement des systèmes d’inertieDès 1918 deux Autrichiens, Lense et
Thirring, utilisaient la toute nouvelle théorie d’Einstein pour mettre en évidence l’influence de la rotation diurne de la Terre sur les systè-mes d’inertie dans le voisinage. Pendant plus de 50 ans, ces calculs sont restés purement for-mels, vu que cet effet prévoyait une déviation, par rapport à la théorie de Newton, d’à peine... un dix-milliardième.
1474
création, celles qui auraient pu nous donner une idée d’un processus
naturel à l’origine de ce moment explosif appelé Big Bang, tout cela a
disparu. Finalement, les astronomes et les cosmologistes se retrouvent
nez à nez avec les théologiens, qui ont toujours pensé que ce qu’on
pourrait appeler une force surnaturelle, une force créatrice, est
responsable de ce qui s’est passé à l’origine du monde. » Le point de
vue de JASTROW (de même que celui d’une grande partie de la
communauté scientifique), bien que largement fondé, paraît
excessivement pessimiste aux yeux des BOGDANOV. Il leur semble que
les tout derniers progrès de la physique (et d’autres disciplines comme
les mathématiques et les sciences de l’information) ainsi que le
concours des satellites cosmologique rendent possible de jeter un coup
d’œil avant le mur de PLANCK. D’après un groupe de physiciens
théoriciens japonais de l’université de Tsukuba, spécialisés dans
l’étude du rayonnement fossile, au cas où la phase de l’inflation aurait
bien eu lieu la corrélation à grande échelle des anisotropies observées
peut fournir des informations sur la dynamique de la période avant le
Big Bang. Pour les auteurs, le Big Bang « n’a pas surgi du néant
" comme ça ". Il vient bien de quelque part. Mais d’où ? ». Et de citer
trois repères. Premier repère : il existe bien quelque chose, un autre
monde, avant le Big Bang. L’Univers n’a pas été « créé à partir de
rien ». Deuxième repère : la réalité physique telle que nous la
connaissons est apparue 10-43
seconde après le Big Bang et dès les
trois premières minutes on trouve dans l’Univers du temps et de
l’espace et aussi beaucoup d’énergie et un peu de briques
fondamentales dont est faite la matière. Troisième repère : l’état KMS
dans lequel se trouvait l’Univers avant le Big Bang. C’est de ce côté-
là que les BOGDANOV vont maintenant chercher la réponse à la
question « d’où vient le Big Bang ». « Le temps avant le Big Bang
était très probablement complexe (c’est-à-dire oscillant entre une
forme réelle – le temps ordinaire – et une forme imaginaire). Le temps
ordinaire est lié à l’existence de l’énergie. Le temps imaginaire ne
s’écoule pas et dans le temps imaginaire, l’énergie ne peut donc pas
exister. Et à sa place on y trouvera de l’information. « A l’instant zéro,
il n’y a rien d’autre que de l’information, quelque chose de purement
numérique, mais qui "encode" toutes les propriétés de l’Univers
destiné à apparaître après le Big Bang. » Au moment du Big Bang, le
1495
moindre phénomène de ce genre. « Pourtant notre recherche de
l’Univers avant le Big Bang nous avait menés face à l’un des mystères
les plus profonds de la cosmologie d’aujourd’hui ». Celui de l’énergie
noire. En octobre 1968, le phénomène de l’accélération de l’expansion
de l’Univers est confirmé par des observations de supernovae
effectuées par deux équipes d’astronomes indépendants. Ce qui
implique que dans l’avenir, l’Univers continuera à grandir et que le
« Big Crunch » n’aura pas lieu. Le pourquoi de cette accélération n’est
pas connu. L’origine de l’énergie noire reste un mystère (elle
constituerait pourtant près de 75% de la masse de l’Univers contre
moins de 5% de matière ordinaire). Certains parlent de cinquième
force de l’Univers (quintessence) ou d’énergie fantôme et pour
d’autres il s’agirait de la constante cosmologique proposée par
EINSTEIN. Pour les BOGDANOV « la source (de l’énergie noire) ne se
trouve pas dans notre Univers. Ou plutôt, elle se trouve avant sa
naissance matérielle, avant le Big Bang. A ce moment, le temps n’est
plus fixe, il oscille entre la direction réelle et la direction imaginaire. »
Suit alors une explication alambiquée : la source de fluctuation du
temps avant le Big Bang est un champ scalaire complexe qui
« remplace » le temps. Après le Big Bang, l’équilibre thermique est
brisé et l’Univers quitte alors l’état KMS. Le temps se normalise,
cesse de fluctuer et devient réel. Au début de l’expansion, le champ
scalaire complexe s’est brisé en une partie réelle et une partie
imaginaire. La partie imaginaire a pu devenir le temps ordinaire et la
partie réelle un paramètre libre dont la valeur est une constante. Et
c’est donc lui qui accélère l’expansion.
Chapitre 21 : « D’où vient le Big Bang ? »
Après avoir «décrit » la première seconde de vie de notre Univers et
rappelé que c’est en moins de trois minutes que l’espace, le temps et la
matière se sont mis à exister, les auteurs posent la question « Pourquoi
y a-t-il tout à coup quelque chose plutôt que rien, comme une seconde
plus tôt ? En bref : d’où vient le Big Bang ? ». Pour la plupart des
scientifiques, il est impossible de savoir ce qui a pu se passer avant le
Big Bang. Certains, comme l’astrophysicien Robert JASTROW, pensent
que si la réponse ne peut être trouvée aujourd’hui, elle sera trouvée
demain. Mais dit JASTROW « toutes les reliques de l’Univers avant la
1494
132 - Le Ciel, avril 2012
Pour rappel, les autres tests vérifiant la théorie de la relativité générale mettent en jeu des écarts correspondant à une fraction du millionième : c’est le cas notamment de la déviation d’un rayon lumineux passant près du Soleil, ou du déplacement séculaire du périhé-lie de Mercure ! Voir l’encadré ci-contre.
À la suite des années 1960 – les golden sixties – des applications nouvelles de la relativité générale sont apparues, que ce soit pour l’étude des pulsars, des quasars, des trous noirs, et aussi pour la préparation de nouveaux tests relatifs aux ondes gravitationnelles ou... à l’effet Lense–Thirring.
Pour ce dernier, il est fait appel à des gyroscopes placés dans un satellite en orbite polaire, les calculs ayant montré que ces gy-roscopes peuvent subir une précession très petite (toujours le dix-milliardième ou moins !) mais cumulative, donc espérait-on détectable sur plusieurs années d’observation.En réalité il y a un double effet :
- l’effet géométrique d’Einstein–De Sitter, calculé dès 1916, et qui correspond à la cour-bure d’espace-temps induite par la masse cen-trale, même immobile, entraînant une préces-sion de l’axe d’un gyroscope emmené suivant une orbite géodésique (en anglais « geodetic
effect ») ; il est de l’ordre de 6,6 arcsec/an, l’arcsec ou seconde d’arc valant 1/3600 degré.
- l’effet Lense–Thirring, lié à la rotation pro-pre de la Terre et à l’entraînement du système local d’inertie ; il est inférieur en grandeur au précédent, mais se manifeste par une préces-sion de l’axe d’un gyroscope dans une direc-tion différente (« frame dragging effect ») ; il est de l’ordre de 0,04 arcsec/an
La sonde est équipée d’un axe de référen-ce grâce à un télescope pointant vers l’étoile HD 8703, située dans Pégase, avec une préci-sion très remarquable de 0,0001 arcsec !
Pour les amateurs de calculs, signalons que le facteur permettant d’estimer l’ordre de grandeur d’un effet relativiste s’écrit sous forme d’une fraction (nombre sans dimension) :
G M / c2 Roù M est la masse et R la distance au centre du corps, tandis que G est la constante de gravitation de Newton, et c la vitesse de la lumière.Grâce à votre calculette et à un bon livre d’astronomie, vous introduirez d’abord la masse et le rayon du Soleil, pour trouver un millionième, et ensuite la masse et le rayon de la Terre, pour atteindre le dix-milliardième.
© NASA
1475
avril 2012, Le Ciel - 133
La mission Gravity Probe B emportait en son sein quatre sphères de quartz, recouvertes de niobium supraconducteur. Ces sphères, de la dimension d’une boule de ping-pong, sont les plus parfaites jamais conçues par l’homme. Entraînées par induction magnétique, elles tournent sur elles-mêmes à une vitesse de 5 000 tours par minute.
Elles évoluent dans le vide et sont re-froidies à une température de 1,8 kelvin. Dans ces conditions, un champ magnétique se crée, aligné sur l’axe de rotation, et des capteurs ultraprécis permettent de mesurer la moindre déviation de l’axe. On a pu réaliser ainsi des gyroscopes un million de fois plus précis que tout ce qui avait été développé auparavant.
En mai 2011, la (très nombreuse) équipe de chercheurs utilisant la sonde Gravity Probe B publiait les résultats de l’ex-périence après trois années de réception et de dépouillement des données. Voici les chiffres annoncés :
Effet Einstein–De Sitter - prévu : 6,606 1 arcsec/an- mesuré : 6,601 8 ± 0,018 3- imprécision : 0,3 %
Effet Lense–Thirring - prévu : 0,0392 arcsec/an- mesuré : 0,0372 ± 0,072- imprécision : 19 %
Si la précision obtenue pour l’effet Einstein–De Sitter est excellente, elle est net-
tement moindre pour l’effet Lense–Thirring, et c’est pourquoi l’expérience se poursuit... !
Un groupe de chercheurs italiens pense pouvoir atteindre une précision de l’ordre de 1% à l’aide du satellite Lares (Laser Relativity Satellite). Il s’agit d’une sphère très dense de tungstène, de quelque 37 cm de diamètre et d’une masse de 387 kg. Elle est équipée de 92 rétroréflecteurs laser permettant des mesures de télémétrie laser sur satellite. La technique est employée depuis longtemps pour mesurer précisément les orbites de sa-tellites. Ici l’on va détecter le déplacement relatif des « nœuds » des orbites des satellites Lageos 1 et Lageos 2 lancés en 1976 et 1992.
La mise en orbite de Lares à 1 450 km de la surface de la Terre a été effectuée avec succès ce 14 février 2012 par le nouveau petit lanceur européen Vega.
L’enjeuPourquoi s’acharner à mesurer de
mieux en mieux cet effet minime, presque inobservable ?
C’est qu’il permet de tester une prédic-tion très spécifique de la théorie de la relativité générale, concernant l’entraînement des systè-mes d’inertie, et au-delà l’origine de l’inertie.
Le calcul de cet effet d’inertie peut être différent selon les diverses théories de la gra-vitation proposées à la place de celle d’Eins-tein. Si l’effet Lense–Thirring, au voisinage de la Terre, n’apporte qu’une déviation d’un dix-milliardième par rapport à la théorie de Newton, il n’en est plus de même si l’on se place tout près d’une étoile à neutrons ou d’un trou noir.
Reprenons notre calculette, et calculons le facteur d’échelle G M / c2 R en y plaçant cette fois les données relatives à ces objets très concentrés. On obtient alors un « facteur d’en-traînement » de quelques dixièmes ou même, dans le cas du trou noir, tendant vers l’unité !
Les astrophysiciens qui étudient ces objets massifs voudraient savoir si la théorie d’Einstein s’applique encore à ces cas extrê-mes. Ce sera peut-être en observant des étoiles à neutrons binaires que l’on saura si « Einstein a toujours raison » ?
© NASA
1476
l’Univers a été en équilibre thermique (Stephen HAWKING en 1981) ou
approximativement en équilibre thermique (Fang LIZHI et Remo
RUFFINI en 1987). C’est ce que pensent aussi la plupart des
astrophysiciens aujourd’hui. Les objets supposés en équilibre au
moment du Big Bang sont les gravitons (des particules jamais
observées mais censées véhiculer la force gravitationnelle et qui
seraient produits par des perturbations de la métrique - ces gravitons
ne sont probablement plus observables aujourd’hui mais on espère
trouver des traces des ondes gravitationnelles qu’ils ont engendré).
C’est l’avis de Peter COLES, astrophysicien et de Maurizio GASPERINI,
cosmologiste. Dans ce cas l’Univers est dit être dans l’état KMS, état
dans lequel l’équilibre thermique d’un système est relié à son
évolution. Lorsqu’un système quantique est en état KMS, son temps
propre cesse d’exister au sens strict. Il n’est plus bien défini et devient
complexe au sens mathématique du mot. Ce temps peut ralentir ou
accélérer brusquement. Avant d’être réel, avant le Big Bang, le temps
a existé sous une forme imaginaire. Les fluctuations visibles sur le
fond diffus pourraient donc provenir des fluctuations de la métrique à
l’échelle de PLANCK. Et dans ce cas, le rayonnement fossile n’est autre
que l’image visible de l’état KMS de l’Univers avant le Big Bang.
« Alors, face à cet étrange poudroiement de couleurs venues d’un
temps où le temps n’existait pas encore, comment ne pas être tenté d’y
deviner le visage de Dieu ? ».
Chapitre 20 « D’où vient l’énergie noire ? »
Les auteurs expliquent qu’au cours des calculs qu’ils ont effectués,
une anomalie a surgi. Ils n’ont pas réussi à l’éliminer. Le problème est
celui de l’existence d’une « force » étrange venue avant le Big Bang,
avant même l’existence physique de notre Univers et qu’en physique
on appelle un « champ ». D’après eux, ce champ est encore là
aujourd’hui dans tout l’Univers. « Or, ce qui n’allait pas dans les
équations, c’est que ce champ invisible, totalement inconnu, ne
pouvait bizarrement qu’accélérer sans cesse l’expansion de
l’Univers » (Ndlr : auraient-ils publié quelque chose à ce sujet qui
prouverait cette affirmation ?). En visite au CERN en juin 1997, ils
ont en parlé à divers physiciens (dont VENEZIANO) s’y trouvant, mais
sans les convaincre écrivent-il, car jamais on n’avait observé le
1493
retrouve 380 000 ans plus tard sous forme de fluctuations de
température du fond cosmologique. « Mais l’explication des étranges
" rides du temps " ne va habituellement pas plus loin ». Les auteurs
pensent pourtant qu’il est possible d’en savoir davantage. Le secret ?
Il faut le chercher du côté de l’extraordinaire équilibre qui dominait
tout l’espace-temps à l’échelle de PLANCK.
Le chapitre 18 est intitulé « Vers le grand équilibre originel ». Les
observations du satellite COBE ont rapidement montré que le
rayonnement fossile avait un spectre de corps noir. Ce rayonnement
est donc d’origine thermique et dans un état d’équilibre presque
parfait. D’après les Bogdanov, ce « presque » signifie qu’il faut
chercher un équilibre parfait dans l’Univers plus tôt, au début de
l’Univers, comme le suggère l’astrophysicien Peter COLES. Quand de
manière plus précise ? A l’instant même où le Big Bang commençait à
déverser dans le néant des torrents d’énergie venus de nulle part, à
l’instant qu’on appelle temps de PLANCK. Dans quel état se trouvait
l’Univers à ce moment ? Pour le savoir, les BOGDANOV proposent de
remonter jusqu’au temps de PLANCK et de suivre ce chemin en arrière.
Chapitre 19 « L’étrange moment du Big Bang ». On revient à
l’Univers au moment où l’infiniment grand est encore infiniment petit,
au moment du Big bang. Pour George SMOOT, il est pratiquement
certain que juste avant le démarrage de l’expansion, l’Univers était en
équilibre thermique. Il ajoute même qu’ « il est très probable que
l’Univers ait été en équilibre thermique à l’échelle de PLANCK, bien
qu’il soit passé par de nombreuses transformations avant d’atteindre
l’équilibre observé aujourd’hui. A partir du rayonnement fossile, il est
possible de "voir" que l’Univers était en
équilibre au moins une heure après le
Big Bang. De plus, la nucléosynthèse
liée au Big Bang fournit une preuve
solide selon laquelle cet équilibre
existait plus tôt encore, dès la première
seconde ». Ce qui, ajoutent les auteurs,
les a évidemment confortés dans leurs propres intuitions. D’autres
scientifiques avaient déjà affirmé plus tôt qu’à l’échelle de PLANCK
1492
134 - Le Ciel, avril 2012
Pour élargir le débatQue vaudrait ce « facteur d’entraîne-
ment » si l’on prenait en compte toutes les masses de l’univers ?
La réponse est connue, au moins par ceux qui ont observé le pendule de Foucault : placé au pôle nord de la Terre, il ne suit pas la rotation de celle-ci, mais il est plutôt branché sur les étoiles... (on n’est pas ici à un dix-mil-liardième près).
Le système d’inertie local serait alors déterminé par l’ensemble des masses de l’uni-vers. Dans ce cas, ce serait Ernst Mach qui avait raison... et Einstein après lui.
Lares encore au laboratoire de montage. © Agenzia Spaziale Italiana
Réf. Pour en savoir plus, un site de l’Univer-sité de Stanford (Californie) :http://einstein.stanford.edu/MISSION/mission1.htmlavec une vidéo remarquable réalisée par Kip Thorne, permettant de visualiser l’effet Eins-tein–De Sitterhttp://einstein.stanford.edu/Media/Thorne-MissingInch_Demo-Flash.html
1477
Nous avons lu pour vous
Tour du monde d’un sceptique Aldous HUXLEY(1926, titre original Jesting pilate - 1932, première traduction française chez Plon – 2005, Editions Payot & Rivages, Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs).
Aldous Huxley (1894-1963), lorsqu’il publie ce livre en 1926, n’a pas encore écrit Le Meilleur des mondes mais il est déjà considéré par certains comme le porte-parole des intellectuels anglo-saxons.
La quatrième de couverture nous encourage à plonger « dans ce qui est bien plus qu’une chronique de voyage, un véritable itinéraire spirituel » de ce « sceptique que tout intéresse et qui saisit l’instant avec humour et le sens de la formule ».
Des Indes et de la Birmanie à l’Amérique, en passant par la Malaisie et le Pacifique, on semble loin du scepticisme scientifique qui anime les amis du Comité Para. On est plus proche sans doute d’une forme de « relativisme » quand Huxley affirme que « voyager c’est découvrir que tout le monde a tort ». Pourtant il n’hésite pas à souligner combien, à côté d’une « extraordinaire diversité humaine », tous les hommes ont un sens des mêmes valeurs : la bonté, la beauté, la sagesse et la … science. En fait c’est l’œuvre d’Huxley dans son ensemble qui est malaisée à classer, passant au cours de sa vie de la défense d’un certain humanisme à un intérêt de plus en plus marqué pour les questions spirituelles ; il s’est même frotté à la parapsychologie et à la philosophie mystique, à tel point que le mouvement « New Age » se réfère à certains de ses écrits …
Alors, en guise de recension, voici quelques « curiosités » notées par l’auteur, parmi des dizaines d’autres, dans le seul chapitre d’ouverture consacré aux Indes et la Birmanie …
1478
experts du WMAP pour qui le modèle préféré est légèrement courbé
et ce malgré les résultats également compatibles avec un Univers plat.
Les résultats des observations effectuées par le satellite PLANCK
permettront peut-être de trancher en faisant pencher la balance du côté
d’un Univers courbe et fermé à trois dimensions. Quelle en est sa
forme ? Parmi toutes les formes imaginables, la plus simple est la
sphère à trois dimensions, le modèle adopté par RIEMANN et EINSTEIN.
Ce résultat avait déjà été formulé par le mathématicien Henri
POINCARE. Il a été démontré par un autre mathématicien, le Russe
Grisha PERELMAN. D’après les auteurs, le fait que l’espace soit rond a
d’immenses conséquences. Car cette sphère contient un secret qui va
leur permettre de remonter avant le Big Bang, comme expliqué dans le
chapitre suivant.
Chapitre 17 : « D’où viennent les rides du temps ? ». SMOOT désigne
ainsi les légères variations de température du rayonnement fossile
d’un point à l’autre du ciel. D’où proviennent-elles ? Jusqu’à présent il
n’y a pas vraiment de réponse. Ce sont les fluctuations du vide initial,
juste au moment du Big Bang, qui pourraient les avoir produites.
SMOOT indique qu’il est possible de découvrir ce qui s’est passé très
peu de temps après le Big Bang. Une première méthode utilise les
variations de température pour révéler des ondes sonores dont les
caractéristiques nous renseignent sur ce qui s’est passé une minuscule
fraction de seconde après le Big Bang. Une deuxième méthode, très
difficile qui sera peut-être accomplie grâce aux observations du
satellite PLANCK, consiste à rechercher des traces d’ondes
gravitationnelles qui ont été produites en même temps que les
perturbations de densité. On remonterait ainsi plus tôt que le premier
millième de milliardième de seconde après le début du Big Bang. Pour
MATHER les anisotropies de la température du rayonnement fossile et
ces ondes gravitationnelles remonteraient jusqu’au temps de PLANCK
(10-43
seconde). Les experts du fond cosmologique pensent qu’au
moment du Big Bang, lorsque l’Univers était extrêmement petit
(« bien plus petit que la plus infime des poussières »), l’espace et le
temps eux-mêmes n’étaient pas stables. C’est l’empreinte de ces
fluctuations microscopiques imprimées dans l’espace-temps naissant,
dilatées par l’inflation vers 10-30
seconde après le Big Bang que l’on
1491
mesure de distinguer la matière du néant. Pour l’astrophysicien Martin
REES, l’Univers repose sur six constantes sans dimensions. Au fond la
question qui importe est : l’Univers est-il apparu par hasard ou bien,
comme plaisantait HOYLE, s’agit-il d’un « coup monté ? ». Il semble
(mais pour quelles raisons profondes ?), que la matière ait une
tendance naturelle à s’organiser spontanément en systèmes de plus en
plus hétérogènes et complexes. Pour Ilya PRIGOGINE les molécules les
plus simples s’organisent en systèmes plus complexes jusqu’à
engendrer la vie. Freeman DYSON écrit : « Plus j’analyse l’Univers et
étudie les détails de son architecture, plus je rencontre de preuves
selon lesquelles, dans un certain sens, l’Univers " savait " que nous
allions apparaître. Je ne prétends pas que l’architecture de l’Univers
prouve l’existence de Dieu, je dis seulement que cette architecture est
compatible avec l’hypothèse selon laquelle " l’esprit " joue un rôle
essentiel dans le fonctionnement de l’Univers. Je pense que l’Univers
tend vers la vie et la conscience et qu’il y a du sens parce que nous
sommes là pour l’observer et appréhender sa beauté harmonique. Mais
j’insiste sur le fait qu’il s’agit là d’un pari métaphysique et non d’un
strict raisonnement scientifique. » Contrairement à ce qu’affirme le
biologiste Jacques MONOD, la vie ne semble pas explicable par une
série d’accidents. Tout semble au contraire avoir été minutieusement
préparé. Par une Intelligence organisatrice transcendant notre réalité ?
C’est peut-être à cette intelligence-là qu’EINSTEIN songeait en 1936
lorsqu’il a répondu à un enfant qui lui demandait s’il croyait en
Dieu : « Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science
finiront un jour pas comprendre qu’un esprit se manifeste dans les lois
de l’Univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’homme. »
Dans le chapitre 16 est posée la question : « Quelle est la forme de
l’Univers ? ». George SMOOT pense que d’après les données dont nous
disposons, il est possible que notre espace ait une courbure positive
(c’est le cas de la sphère), mais ces données sont également
compatibles avec un Univers plat. La majorité des astrophysiciens
pensent que l’Univers est plat, ce qui signifie que si on se déplace en
ligne droite dans cet espace, on ne reviendra jamais à son point de
départ. Par contre les BOGDANOV sont persuadés que cette courbure
existe. Ils se réfèrent à l’un des tout derniers articles écrit par les
1490
Port-SaïdLa principale industrie du pays est apparemment la fabrication et la vente de photographies obscènes … On dirait qu’en ce domaine les gens sont plus agréablement excités par la représentation picturale ou verbale que par la réalité charnelle. C’est un fait psychologique curieux, auquel je ne trouve aucune explication satisfaisante.SrinagarLes universités produisent un essaim de diplômés pour lesquels il n’y a rien à faire. L’Etat ne peut en occuper qu’un nombre limité, et, en dehors des postes gouvernementaux, il n’y a presque aucun débouché pour un homme ayant l’éducation moyenne d’un Occidental. L’industrie et le commerce vers lesquels se dirige une grande partie de notre jeunesse cultivée existent à peine aux Indes. Il n’y a pas de capitaux liquides disponibles …TaxilaLe monastère, contigu au temple, est la réplique exacte des ruines d’un monastère chrétien. Je n’ai remarqué qu’une seule différence : les moines bouddhistes avaient des salles de bains.De Péchaver à LahoreToutes les religions ont été unanimes à encourager, dans des limites de plus en plus larges, les tendances sociales, altruistes, humanitaires de l’homme, et à condamner ses tendances antisociales et égocentristes. Ceux qui aiment parler d’un point de vue anthropomorphique seraient en droit de dire que la religion est un moyen employé par la Force Vitale pour promouvoir ses desseins évolutionnistes. Mais ils seraient en droit d’ajouter que la religion est aussi un moyen employé par le diable pour répandre l’idiotie, l’intolérance, l’abjection servile.
Huxley découvre alors la Malaisie, Shanghaï et le Japon, San-Francisco et New-York, et son tour du monde s’achève – last but not least – par Londres, qu’il rejoint « plus riche de beaucoup d’expériences, plus pauvre de nombreuses convictions perdues, de beaucoup de certitudes détruites ». Ce dernier chapitre est une véritable ode à la méthode expérimentale appliquée à la connaissance de la diversité humaine- c’est-à-dire le voyage – supposé « trouver son expression morale dans la pratique de la plus complète tolérance possible ».
Au risque de perdre son esprit critique, tant il est vrai que toutes les hypothèses (et donc dans ce cas toutes les pratiques culturelles) ne se valent pas … ?
Olivier Mandler
1479
Igor et Grichka BOGDANOV, Le Visage de Dieu, Grasset, 2010, 284
pages.
Le livre débute par un Avant-propos rédigé par
Robert WILSON, codécouvreur en 1964 avec Arno
PENZIAS du fond diffus cosmologique (aussi appelé
rayonnement fossile) et tous deux Prix Nobel de
Physique 1978. WILSON nous annonce que, dans ce
livre dont le titre reprend la fameuse expression de
George SMOOT, Le Visage de Dieu, le lecteur va
découvrir une fascinante histoire racontée par Igor
et Grichka : celle de nos origines, la naissance de l’Univers. Sont
rappelés les noms de la plupart de ceux qui ont apporté des éléments
essentiels aux tentatives d’explications de la part des scientifiques de
ce qui a été appelé le Big Bang. WILSON dit comprendre à quel point
SMOOT a pu être enthousiasmé quand il a vu les premières
informations fournies par le satellite COBE et s’est alors
exclamé : « C’était comme voir le visage de Dieu ! ». Il ajoute que lui
aurait préféré dire « Nous sommes en train de contempler le visage de
la Création ! » et qu’à son sens, si on est religieux, selon la tradition
judéo-chrétienne, il n’existe pas de meilleures théorie de l’origine de
l’Univers qui puisse correspondre à ce point à la Genèse.
Suit alors une Introduction dans laquelle les auteurs relatent (dans un
style qui peut faire croire qu’ils y ont assisté ou est-ce plutôt le fruit de
leur imagination fertile ?) la conférence de presse donnée à la Société
Américaine de Physique en avril 1992 par George SMOOT et au cours
de laquelle, en présentant les premiers résultats des observations
effectuées par le satellite COBE, il a dit « Pour les esprits religieux,
c’est comme voir le visage de Dieu ». Les auteurs ajoutent « qu’il ne
s’agissait que d’une image, une métaphore sans contenu religieux ».
Stephen HAWKING était d’avis « qu’il s’agissait-là de la découverte la
plus importante du siècle ! Peut-être même de tous les temps ! ». Au
moment du lancement de COBE en 1989, on connaissait peu de
choses à propos de ce rayonnement issu de la phase dense et chaude
de l’univers primordial, émis environ 380.000 ans après le Big Bang
et dont la température actuelle est de 2,7K. Après plus de deux ans
1480
d’Astrophysique Spatiale en France. On y était occupé à la réalisation
d’un autre satellite, HERSCHEL, dont l’objectif est de comprendre
comment les galaxies se sont formées tout au
début de l’Univers et comment les étoiles naissent
au sein des galaxies. Jean Michel LAMARRE,
astrophysicien de cet institut, a alors proposé
d’utiliser certaines techniques mises au point pour
HERSCHEL sur un autre satellite qui, comme
COBE, aurait pour mission de sonder la première
lumière mais avec une sensibilité mille fois plus
grande. Les satellites HERSCHEL et PLANCK
Le satellite PLANCK seront lancés simultanément. Les bolomètres de
PLANCK sont 30 fois plus sensibles que ceux de WMAP et capables
de mesurer des écarts de température de un millionième de degré. La
résolution angulaire est également meilleure.
« Pourquoi l’Univers est-il si bien réglé ? », tel est le titre du
chapitre 15. Les auteurs citent Jean GUITTON : « Par quelle étrange
coïncidence la taille d’un homme est-elle égale au rayon de la Terre
multipliée par celui d’un atome ? Pourquoi, de la même façon, la
masse d’un être humain est-elle égale à la masse de la Terre multipliée
par la masse d’un atome ? ». Les auteurs mentionnent ensuite une
série de constantes physiques fondamentales comme la vitesse de la
lumière, la constante de gravitation, le temps de PLANCK, la masse de
l’électron, etc. Il s’agit de nombres dont les valeurs sont fixes et d’une
précision extrême. « Mais par quel miracle ont-elles tout juste la
valeur qu’il faut pour que "tout marche" dans l’Univers ? Par quoi –
par qui – ont-ils été calculés ? ». Ces constantes ont déconcerté de
brillants esprits comme Paul DIRAC et Richard FEYNMAN, tous deux
Prix Nobel. « Tout cela est tellement déconcertant, tellement
incroyable que de nombreux philosophes et scientifiques pensent y
déceler une sorte de "projet cosmologique" ». Certaines de ces
constantes sont sans dimensions et leur valeur est la même quel que
soit le système d’unités de mesure utilisé. Parmi elles la « constante de
structure fine » proposée par le physicien allemand Arnold
SOMMERFELD. D’après Max BORN si cette constante avait une valeur
légèrement supérieure à la valeur qu’elle a, nous ne serions plus en
1489
l’Univers ne serait qu’un nuage de gaz. Ces différences de
température constituent les « stries » dont l’origine n’est actuellement
pas connue. Les auteurs proposeront plus loin une réponse possible.
- WMAP (WILKINSON Microwave Anisotropy Probe – Chef de projet
Charles BENNETT) a été lancé le 30 juin 2001 et placé à une altitude
mille cinq cent fois plus élevée que celle de COBE (Ndlr : en fait
placé au point de LAGRANGE L2 situé à une altitude d’environ un
million cinq cent mille km dans la direction opposée à celle du Soleil
par rapport à la Terre). La sensibilité des radiomètres de WMAP est
environ 30 fois celle des instruments de COBE et le pouvoir résolvant
a également été amélioré. Dans la représentation de la carte, les taches
de couleur jaune et rouge sont un cent millième de degré plus chaudes,
celles de couleur vert et bleu deux cents millièmes de degré plus
froides. D’après BENNET les cinq principaux résultats consistent en
l’obtention de la carte la plus détaillée du rayonnement fossile, la
détermination plus précise de l’âge de l’Univers (13 milliards 750
millions à 120 millions d’années près), le fait que notre espace est en
première approximation plat (mais les données ne sont pas
incompatibles avec un espace très légèrement courbé positivement, ce
qui, dans le cas le plus simple, signifie qu’il aurait la forme d’une
sphère), le fait que le contenu de l’Univers serait
fait de seulement 4% de matière normale (les trois
quarts seraient de l’énergie noire de nature et de
provenance inconnues qui serait responsable de
l’accélération de l’expansion de l’Univers et un
peu moins du quart restant serait de la matière
Le satellite WMAP noire) et enfin « la détection d’une signature majeure
de l’inflation », période au cours de laquelle l’Univers s’est
brusquement dilaté au moins 1050
fois en une fraction de seconde.
WMAP a également permis d’établir qu’un (ou plusieurs) amas de
galaxies situé à près de 3 milliards d’années-lumière de chez nous
semble se déplacer à la vitesse de trois millions de kilomètres à
l’heure vers une région lointaine de l’Univers, une source
gravitationnelle invisible ou peut-être tout autre chose.
- PLANCK (ESA avec participation importante de la NASA) a été
lancé le 14 mai 2009 et également placé au point de LAGRANGE L2.
L’idée de réaliser ce satellite est né au sein de l’Institut
1488
d’observations, l’équipe du satellite COBE put annoncer (outre la
confirmation de la nature thermique du rayonnement cosmologique)
l’existence d’une anisotropie de ce rayonnement. Un autre satellite,
WMAP, équipé d’instruments encore plus performants et lancé en
2001 a confirmé l’existence de cette anisotropie mais n’a pas apporté
de réponse quant à son origine. Les auteurs rappellent ensuite que,
dans le livre Dieu et la science écrit avec Jean GUITTON, ils ont dit
qu’ « il est possible d’appréhender l’Univers comme un message
exprimé dans un code secret, une sorte de hiéroglyphe cosmique que
nous commençons tout juste à déchiffrer ». Ils ajoutent : « Ce
" message secret " semble inscrit dans la trame même de l’Univers
primordial, dans ce temps très reculé où l’avenir de tout ce qui est
semblait déjà crypté dans la première lumière. Ceci veut peut-être dire
que l’origine profonde de la trame cosmologique pourrait se situer
ailleurs, semble-t-il, que dans le monde physique. L’Univers repose
bien sur des lois physiques, mais leur origine semble curieusement
située " en dehors " de notre réalité, étrangement antérieure au Big
Bang lui-même. ». Les auteurs citent Paul DAVIES, physicien
américain, d’après qui « les lois physiques n’existent aucunement dans
l’espace et dans le temps. Tout comme les mathématiques, elles ont
une existence abstraite. Elles décrivent le monde, mais elles ne sont
pas "dedans" (bien que certaines personnes désapprouvent
profondément cette vision). Néanmoins, cela ne signifie pas pour
autant que les lois de la physique sont nées avec l’Univers. Si tel était
le cas – si l’ensemble de l’Univers physique et des lois était issus de
rien – nous ne pourrions alors pas recourir à ces lois pour expliquer
l’origine de l’Univers. Aussi, pour avoir quelque chance de
comprendre scientifiquement comment l’Univers est apparu, nous
devons admettre que les lois elles-mêmes ont un caractère abstrait,
intemporel, éternel ». Les frères BOGDANOV espèrent avoir identifié
quelques fragments de ce caractère et en feront part dans les pages de
ce livre. Paul DAVIES a également écrit « J’appartiens au nombre de
ces chercheurs qui ne souscrivent pas à une religion conventionnelle,
mais refusent de croire que l’Univers est un accident fortuit.
L’Univers physique est agencé avec une ingéniosité telle que je ne
puis accepter cette création comme un fait brut. Il doit y avoir, à mon
1481
sens, un niveau d’explication plus profond. Qu’on veuille le nommer
"Dieu" est affaire de goût et de définition. »
Le Chapitre 1 est intitulé « Où chercher le visage de Dieu ? ». Les
auteurs posent la question de savoir pourquoi George SMOOT a pris le
risque en 1992 de mêler Dieu à ce qu’il a vu grâce à son satellite, ce
qui lui a valu par ailleurs des reproches de la part de collègues
scientifiques. Ils ont interrogé son équipier John MATHER à ce sujet :
En fait, comme il l’a précisé plus tard, SMOOT pensait que cela pourrait
aider le public à comprendre les résultats scientifiques. Mais cette
réponse ne semble pas satisfaire les BOGDANOV car ils
ajoutent « Si SMOOT est allé aussi loin, c’est qu’il
avait de bonnes raisons. Il a bel et bien aperçu
"quelque chose" là-haut. Quelque chose de très
inhabituel. » Les auteurs font alors une petite mise au
George SMOOT point : SMOOT lui-même leur a confié que sa fameuse
phrase ne devait pas être prise au pied de la lettre. C’était une
métaphore, mais les journalistes l’ont prise au sérieux et l’ont
propagée sans discernement, sans chercher à comprendre le contexte
ou une signification plus profonde. D’après les auteurs cela signifierait
que, comme l’a écrit SMOOT, « nous ne sommes pas le résultat d’un
simple accident cosmique, le résultat fortuit d’un enchaînement de
processus physiques dans un Univers qui nous écrase complètement. »
Alors ? S’il ne s’agit pas d’un « simple accident cosmique », d’où
vient l’Univers ? D’où venons-nous ? Les auteurs posent alors la
question : comment faire pour entrevoir, ne serait-ce qu’un instant, le
« visage de Dieu » dans notre monde ? Comment donc savoir si
« quelque chose » - mieux encore, quelqu’un – existe à l’arrière de
cette immense machinerie qu’est l’Univers ? Réponse : Pourquoi les
flocons de neige ont tous six pointes, pas quatre, cinq ou sept ? Les
marguerites ont soit cinq, treize ou huit pétales, jamais sept. Qui en a
décidé ainsi ? D’où viennent ces lois ? La température du fond
cosmologique diffus ne dévie que d’une infime fraction de degré sur
100.000. Comment expliquer un « réglage » aussi fin ? Et celui des
quatre forces existant dans l’Univers ? Et les constantes universelles :
sans les valeurs très précises qu’elles ont, l’Univers avec tout ce qu’il
contient n’aurait pas la moindre chance d’exister. Les auteurs citent
1482
partout et qu’à chaque instant on est en quelque sorte frôlé par le
fantôme de la première lumière.
Les chapitres 11, « Les astronomes de métal », 12, « Photographier
"le visage de Dieu" », 13, « Voir le bébé Univers » et 14, « "Voir" le
mur de PLANCK » sont successivement consacrés aux trois satellites
utilisés pour étudier le fond cosmologique diffus.
- Depuis la fin du XXe siècle la cosmologie est entrée dans une ère
expérimentale grâce à l’utilisation de satellites observateurs, des «
astronomes de métal ». Ces prodigieuses « machines métaphysiques »,
engins aussi compliqués dans leur fonctionnement que « mystérieux
dans leurs buts » vont donc nous prêter main-forte. Tout d’abord
COBE, puis WMAP et enfin PLANCK.
- COBE (COsmic Background Explorer – Explorateur du fond
cosmologique - SMOOT et MATHER), lancé le 18 novembre 1989 et
placé sur une orbite à 900 km d’altitude (des détails sur ce lancement
sont donnés) livre rapidement un premier
résultat : le spectre du rayonnement fossile est
celui d’un corps noir dont la température est de
2,725 K. « "Corps noir" veut également dire que
l’Univers se comporte comme un système clos et
que la première lumière est, par définition, dans
Le Satellite COBE un état d’équilibre thermique presque parfait. Le
véritable équilibre ne peut être atteint que beaucoup plus tôt, juste au
moment du Big Bang, comme le prédit le modèle standard. Or cet
équilibre primordial qui n’a duré qu’un seul instant (le temps de
PLANCK) recèle, selon nous, un secret très étonnant : comme nous le
suggérons dans nos travaux, l’équilibre thermique du début des temps
nous permet de comprendre ce qui a pu se passer avant le Big Bang ».
Le satellite est équipé de trois radiomètres qui, fonctionnant sur
micro-ondes, permettent de dresser une carte de la distribution de
température du fond cosmologique. Celle-ci met en évidence des
variations de température suivant la direction d’observation de l’ordre
du cent millième de degré. Les régions les plus « chaudes » sont peut-
être les lointains ancêtres de nos galaxies. D’après les simulations
effectuées par les cosmologistes, si ces écarts minimes de température
avaient été légèrement plus grands, l’Univers se serait transformé en
un gigantesque champ de trous noirs. S’ils avaient été plus petits,
1487
Leurs jeunesses respectives sont brièvement racontées. Ils sont tous
deux engagés en 1964 par la compagnie Bell Telephone et sont
chargés de remettre en état une antenne de liaison satellite (Ndlr : en
fait une antenne-cornet ayant servi à des essais de communication
téléphonique transatlantique par réflexion sur un satellite passif
(Echo), en l’occurrence un ballon dont l’enveloppe a été métallisée).
Malgré tous leurs efforts, ils ne parviennent pas à éliminer une source
de bruit qui semble provenir de toutes les directions et dont la
température serait d’environ 3 K. Ce n’est qu’un an plus tard qu’ils
apprendront de la part d’un collègue radioastronome, Bernie BURKE,
que deux astrophysiciens, Robert DICKE et James PEEBLES, ont
construit un récepteur destiné à observer la radiation fossile et
s’apprêtent à le mettre en service. En fait, WILSON et PENZIAS qui
ignoraient tout de cette supposée radiation l’ont déjà découverte par
hasard. Cela leur vaudra de recevoir le Prix Nobel de Physique 1978.
Dans le chapitre 9, « Le feu de la Création », les auteurs expliquent
que pour les deux découvreurs du rayonnement fossile, tout comme
pour George SMOOT « la contemplation de cette première lumière va
les changer à tout jamais. Dans les deux cas, ce qui a fait basculer nos
deux chercheurs vers ce que SMOOT appelle le Visage de Dieu, c’est
l’idée (inévitable dans la théorie du Big Bang) de "création à partir de
rien". ». WILSON et PENZIAS sont devenus des partisans de cette
création avec une référence marquée à l’idée d’un plan conçu par une
force extérieure. Certains scientifiques ne sont pas d’accord avec cette
conclusion et en particulier avec l’idée de « Singularité Initiale », ce
prétendu point à l’origine de l’Univers, dont l’existence a été
démontrée théoriquement par Stephen HAWKING et Roger PENROSE.
Le chapitre 10 est intitulé «Le fantôme du Big Bang ». Les auteurs
rappellent que suivant l’opinion de beaucoup de scientifiques, la
découverte de PENZIAS et WILSON est une découverte majeure. « L’une
des plus importantes découvertes scientifiques du XXe siècle » selon
Steven WEINBERG, prix Nobel de physique en 1979, « peut-être la
chose la plus importante que l’on n’ait jamais vue ! » d’après le
physicien Mills PURCELL. Suivent alors quelques détails sur le
rayonnement fossile (dont la composition, la température à divers
stades comme renseignées par la NASA, l’évolution). Pourquoi parler
de « fantôme du Big Bang » ? Parce que le rayonnement fossile est
1486
alors plusieurs scientifiques qui évoquent Dieu dans ce
contexte comme Stephen HAWKING et POLYAKOV. Freeman DYSON
affirme « Le défi est de lire la pensée de Dieu ! » Afin de savoir
pourquoi l’Univers existe. Pourquoi il est tel qu’il est. Pourquoi il y a
« quelque chose » plutôt que rien. Comment le monde a été créé.
L’enjeu est donc un lien étroit entre la création de l’Univers et,
invisible à l’arrière, son hypothétique créateur. Arno PENZIAS a précisé
que la radiation qu’il avait découverte avec WILSON n’avait aucune
source connue dans l’Univers. Cette source inconnue, d’où émerge la
radiation fossile (et avec elle tout l’Univers) n’existe pas, où donc la
chercher ? De manière naturelle, avant le Big Bang disent les auteurs.
Ils font alors allusion à une science nouvelle : la science de
l’information. Un peu comme le monde du vivant obéit à
l’information qu’est le code génétique, le monde de l’énergie et de la
matière obéirait à une sorte d’ADN cosmique.
Suivent alors treize chapitres (2 à 14) dans lesquels les auteurs
relatent à leur manière l’histoire des progrès des connaissances en
cosmologie moderne depuis les origines en 1915 quand EINSTEIN
fonde la relativité générale. On y évoque quelques étapes importantes
concernant les observations (l’expansion de l’univers et le fond diffus
cosmologique) et l’élaboration de modèles cosmologiques.
Dans le chapitre 2, « L’Univers éternel », sont cités les précurseurs
qui mettent en question le fait que l’Univers aurait existé de tous
temps. En 1823 l’astronome allemand Heinrich OLBERS énonce un
célèbre paradoxe qui recevra une première réponse dans Eureka, un
essai de Edgar Allan POE. Dans ce même essai, POE inclut une vision
cosmologique qui anticipe les trous noirs et la théorie du Big Bang. Il
y a aussi le mathématicien Bernhard RIEMANN pour qui l’Univers, s’il
est muni d’une courbure constante et positive, peut être représenté par
une sphère à trois dimensions, une « hypersphère », dont le rayon peut
varier au cours du temps. Il y a encore l’astronome américain Vesto
SLIPHER qui, en 1912 après une campagne d’observations de trois ans,
montre qu’une douzaine de nébuleuses s’éloignent à grande vitesse de
la Terre. Il y a enfin l’astronome hollandais Willem de Sitter qui, au
vu des équations de la relativité d’EINSTEIN, remarque que rien
n’interdit que l’Univers soit en expansion. Ce que ce dernier refuse
1483
d’admettre. Ces prémisses ne suscitent aucun écho dans les milieux
scientifiques concernés.
Dans les chapitres 3 et 4, « La fin de l’éternité » et « L’atome
primitif », qui suivent sont successivement évoqués deux des trois
principaux auteurs de la théorie du Big Bang, le
Russe Alexandre FRIEDMANN puis le Belge, l’abbé
Georges LEMAÏTRE. FRIEDMANN découvre la théorie
de la relativité d’ EINSTEIN en 1922 et en cherche des
solutions exactes. Il est le premier à entrevoir que
cette théorie mêlant gravitation, temps et espace
Alexandre FRIEDMANN permet l’étude de la structure de l’univers dans
son ensemble et la description d’un univers en expansion, ce qui
déclenchera une controverse avec EINSTEIN. LEMAÏTRE en étudiant les
travaux de ce dernier parvient, indépendamment de FRIEDMANN, à
trouver une solution aux équations posées par EINSTEIN et la publie en
1927 dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles. Comme
FRIEDMANN, il arrive à la conclusion : l’Univers n’est pas - ne peut pas
– être fixe.
Le chapitre 5, « Le plus grand mystère de l’Univers », est consacré
aux observations et aux travaux menés par l’astronome Edwin HUBBLE
et Milton HUMASON, astronome autodidacte, à
l’origine ouvrier muletier. Leurs observations,
effectuées à l’aide du télescope de 2m50 de
l’Observatoire du Mont Wilson, montrent dès 1925,
sans contestation possible, que l’Univers n’est pas fait
d’une seule galaxie mais de millions (peut-être même
de milliards). En 1929, les mesures de distances et de
Georges LEMAÏTRE spectres effectuées sur de nombreuses galaxies
prouvent que celles-ci se déplacent les unes par rapport aux autres, ce
qui signifie que l’Univers tout entier est en expansion. FRIEDMANN et
LEMAÏTRE avaient donc raison. Après une visite à l’Observatoire du
Mont Wilson, EINSTEIN acceptera cette conclusion. Les auteurs
ajoutent « Sans le vouloir, voilà qu’EINSTEIN emboîte donc le pas de
l’un des pères de l’Eglise chrétienne, le vénérable saint Augustin. Né
dans la basse Antiquité en 354 ; ce penseur devenu évêque d’Hippone
vers la fin du IVe siècle a eu l’extraordinaire intuition d’écrire un jour,
au tout début de la longue nuit du Moyen Age : L’Univers n’est pas né
1484
dans le temps mais avec le temps. Exactement ce que dira EINSTEIN
1500 ans plus tard. D’où cette idée encore fermement ancrée que, s’il
existe une ère avant la création de l’espace, du temps et de la matière -
une ère avant le Big Bang -, celle-ci ne relève plus de la science mais
plutôt de la quête métaphysique (voire mystique) ». Vient alors le tour
du Russe George GAMOW, le troisième auteur principal de la théorie
du Big Bang. Elève de FRIEDMANN, il publie en 1948 deux articles et
en supervise un troisième, écrit par deux de ses élèves, Ralph ALPHER
et Robert HERMAN, dans lequel il est indiqué que l’explosion initiale
qui a probablement donné naissance à l’Univers a forcément laissé des
traces, un rayonnement à très basse température (quelques degrés au-
dessus du zéro absolu) qui doit exister dans tout l’Univers.
Le chapitre 6 est intitulé « Et la lumière fut ». En 1948 paraît un
article signé par ALPHER, BETHE (à son insu) et GAMOW (le fameux
article αβγ) dans lequel il est montré que pendant une phase ultra-
chaude de l’Univers ont été créés certains noyaux
atomiques. Sont ensuite évoquées les diverses
tentatives de GAMOW de quitter l’Union Soviétique et
finalement son installation aux Etats-Unis en 1934
comme professeur à l’université George WASHINGTON.
C’est là que GAMOW fera la connaissance d’un jeune
étudiant, ALPHER, dont il décèle rapidement les dons
George GAMOW en mathématiques. Il le met au travail sur la question
ardue de la nucléosynthèse primordiale. En 1948, ALPHER arrive à la
conclusion que l’hydrogène et l’hélium n’ont pu être formés
qu’uniquement durant les cinq premières minutes qui ont suivi le Big
Bang. ALPHER est l’un des premiers avec PEEBLES à avoir l’intuition de
l’existence du rayonnement fossile.
Dans le chapitre 7, « Vers le Big Bang », il est rappelé que c’est Fred
HOYLE, célèbre astronome anglais, qui, au cours d’une émission à la
BBC a, pour la première fois, utilisé l’expression « Big Bang » pour
se moquer des idées défendues par GAMOW. Le pape Pie XII par contre
voit dans les résultats des recherches de GAMOW et LEMAÏTRE la preuve
de l’existence de Dieu. Mais la preuve du Big Bang, la radiation
fossile prédite par ALPHER et HERMAN, n’est pas encore observée.
Le chapitre 8, « A la découverte de la première lumière », est
consacré à deux radioastronomes, Robert WILSON et Arno PENZIAs.
1485
d’admettre. Ces prémisses ne suscitent aucun écho dans les milieux
scientifiques concernés.
Dans les chapitres 3 et 4, « La fin de l’éternité » et « L’atome
primitif », qui suivent sont successivement évoqués deux des trois
principaux auteurs de la théorie du Big Bang, le
Russe Alexandre FRIEDMANN puis le Belge, l’abbé
Georges LEMAÏTRE. FRIEDMANN découvre la théorie
de la relativité d’ EINSTEIN en 1922 et en cherche des
solutions exactes. Il est le premier à entrevoir que
cette théorie mêlant gravitation, temps et espace
Alexandre FRIEDMANN permet l’étude de la structure de l’univers dans
son ensemble et la description d’un univers en expansion, ce qui
déclenchera une controverse avec EINSTEIN. LEMAÏTRE en étudiant les
travaux de ce dernier parvient, indépendamment de FRIEDMANN, à
trouver une solution aux équations posées par EINSTEIN et la publie en
1927 dans les Annales de la Société scientifique de Bruxelles. Comme
FRIEDMANN, il arrive à la conclusion : l’Univers n’est pas - ne peut pas
– être fixe.
Le chapitre 5, « Le plus grand mystère de l’Univers », est consacré
aux observations et aux travaux menés par l’astronome Edwin HUBBLE
et Milton HUMASON, astronome autodidacte, à
l’origine ouvrier muletier. Leurs observations,
effectuées à l’aide du télescope de 2m50 de
l’Observatoire du Mont Wilson, montrent dès 1925,
sans contestation possible, que l’Univers n’est pas fait
d’une seule galaxie mais de millions (peut-être même
de milliards). En 1929, les mesures de distances et de
Georges LEMAÏTRE spectres effectuées sur de nombreuses galaxies
prouvent que celles-ci se déplacent les unes par rapport aux autres, ce
qui signifie que l’Univers tout entier est en expansion. FRIEDMANN et
LEMAÏTRE avaient donc raison. Après une visite à l’Observatoire du
Mont Wilson, EINSTEIN acceptera cette conclusion. Les auteurs
ajoutent « Sans le vouloir, voilà qu’EINSTEIN emboîte donc le pas de
l’un des pères de l’Eglise chrétienne, le vénérable saint Augustin. Né
dans la basse Antiquité en 354 ; ce penseur devenu évêque d’Hippone
vers la fin du IVe siècle a eu l’extraordinaire intuition d’écrire un jour,
au tout début de la longue nuit du Moyen Age : L’Univers n’est pas né
1484
dans le temps mais avec le temps. Exactement ce que dira EINSTEIN
1500 ans plus tard. D’où cette idée encore fermement ancrée que, s’il
existe une ère avant la création de l’espace, du temps et de la matière -
une ère avant le Big Bang -, celle-ci ne relève plus de la science mais
plutôt de la quête métaphysique (voire mystique) ». Vient alors le tour
du Russe George GAMOW, le troisième auteur principal de la théorie
du Big Bang. Elève de FRIEDMANN, il publie en 1948 deux articles et
en supervise un troisième, écrit par deux de ses élèves, Ralph ALPHER
et Robert HERMAN, dans lequel il est indiqué que l’explosion initiale
qui a probablement donné naissance à l’Univers a forcément laissé des
traces, un rayonnement à très basse température (quelques degrés au-
dessus du zéro absolu) qui doit exister dans tout l’Univers.
Le chapitre 6 est intitulé « Et la lumière fut ». En 1948 paraît un
article signé par ALPHER, BETHE (à son insu) et GAMOW (le fameux
article αβγ) dans lequel il est montré que pendant une phase ultra-
chaude de l’Univers ont été créés certains noyaux
atomiques. Sont ensuite évoquées les diverses
tentatives de GAMOW de quitter l’Union Soviétique et
finalement son installation aux Etats-Unis en 1934
comme professeur à l’université George WASHINGTON.
C’est là que GAMOW fera la connaissance d’un jeune
étudiant, ALPHER, dont il décèle rapidement les dons
George GAMOW en mathématiques. Il le met au travail sur la question
ardue de la nucléosynthèse primordiale. En 1948, ALPHER arrive à la
conclusion que l’hydrogène et l’hélium n’ont pu être formés
qu’uniquement durant les cinq premières minutes qui ont suivi le Big
Bang. ALPHER est l’un des premiers avec PEEBLES à avoir l’intuition de
l’existence du rayonnement fossile.
Dans le chapitre 7, « Vers le Big Bang », il est rappelé que c’est Fred
HOYLE, célèbre astronome anglais, qui, au cours d’une émission à la
BBC a, pour la première fois, utilisé l’expression « Big Bang » pour
se moquer des idées défendues par GAMOW. Le pape Pie XII par contre
voit dans les résultats des recherches de GAMOW et LEMAÏTRE la preuve
de l’existence de Dieu. Mais la preuve du Big Bang, la radiation
fossile prédite par ALPHER et HERMAN, n’est pas encore observée.
Le chapitre 8, « A la découverte de la première lumière », est
consacré à deux radioastronomes, Robert WILSON et Arno PENZIAs.
1485
Leurs jeunesses respectives sont brièvement racontées. Ils sont tous
deux engagés en 1964 par la compagnie Bell Telephone et sont
chargés de remettre en état une antenne de liaison satellite (Ndlr : en
fait une antenne-cornet ayant servi à des essais de communication
téléphonique transatlantique par réflexion sur un satellite passif
(Echo), en l’occurrence un ballon dont l’enveloppe a été métallisée).
Malgré tous leurs efforts, ils ne parviennent pas à éliminer une source
de bruit qui semble provenir de toutes les directions et dont la
température serait d’environ 3 K. Ce n’est qu’un an plus tard qu’ils
apprendront de la part d’un collègue radioastronome, Bernie BURKE,
que deux astrophysiciens, Robert DICKE et James PEEBLES, ont
construit un récepteur destiné à observer la radiation fossile et
s’apprêtent à le mettre en service. En fait, WILSON et PENZIAS qui
ignoraient tout de cette supposée radiation l’ont déjà découverte par
hasard. Cela leur vaudra de recevoir le Prix Nobel de Physique 1978.
Dans le chapitre 9, « Le feu de la Création », les auteurs expliquent
que pour les deux découvreurs du rayonnement fossile, tout comme
pour George SMOOT « la contemplation de cette première lumière va
les changer à tout jamais. Dans les deux cas, ce qui a fait basculer nos
deux chercheurs vers ce que SMOOT appelle le Visage de Dieu, c’est
l’idée (inévitable dans la théorie du Big Bang) de "création à partir de
rien". ». WILSON et PENZIAS sont devenus des partisans de cette
création avec une référence marquée à l’idée d’un plan conçu par une
force extérieure. Certains scientifiques ne sont pas d’accord avec cette
conclusion et en particulier avec l’idée de « Singularité Initiale », ce
prétendu point à l’origine de l’Univers, dont l’existence a été
démontrée théoriquement par Stephen HAWKING et Roger PENROSE.
Le chapitre 10 est intitulé «Le fantôme du Big Bang ». Les auteurs
rappellent que suivant l’opinion de beaucoup de scientifiques, la
découverte de PENZIAS et WILSON est une découverte majeure. « L’une
des plus importantes découvertes scientifiques du XXe siècle » selon
Steven WEINBERG, prix Nobel de physique en 1979, « peut-être la
chose la plus importante que l’on n’ait jamais vue ! » d’après le
physicien Mills PURCELL. Suivent alors quelques détails sur le
rayonnement fossile (dont la composition, la température à divers
stades comme renseignées par la NASA, l’évolution). Pourquoi parler
de « fantôme du Big Bang » ? Parce que le rayonnement fossile est
1486
alors plusieurs scientifiques qui évoquent Dieu dans ce
contexte comme Stephen HAWKING et POLYAKOV. Freeman DYSON
affirme « Le défi est de lire la pensée de Dieu ! » Afin de savoir
pourquoi l’Univers existe. Pourquoi il est tel qu’il est. Pourquoi il y a
« quelque chose » plutôt que rien. Comment le monde a été créé.
L’enjeu est donc un lien étroit entre la création de l’Univers et,
invisible à l’arrière, son hypothétique créateur. Arno PENZIAS a précisé
que la radiation qu’il avait découverte avec WILSON n’avait aucune
source connue dans l’Univers. Cette source inconnue, d’où émerge la
radiation fossile (et avec elle tout l’Univers) n’existe pas, où donc la
chercher ? De manière naturelle, avant le Big Bang disent les auteurs.
Ils font alors allusion à une science nouvelle : la science de
l’information. Un peu comme le monde du vivant obéit à
l’information qu’est le code génétique, le monde de l’énergie et de la
matière obéirait à une sorte d’ADN cosmique.
Suivent alors treize chapitres (2 à 14) dans lesquels les auteurs
relatent à leur manière l’histoire des progrès des connaissances en
cosmologie moderne depuis les origines en 1915 quand EINSTEIN
fonde la relativité générale. On y évoque quelques étapes importantes
concernant les observations (l’expansion de l’univers et le fond diffus
cosmologique) et l’élaboration de modèles cosmologiques.
Dans le chapitre 2, « L’Univers éternel », sont cités les précurseurs
qui mettent en question le fait que l’Univers aurait existé de tous
temps. En 1823 l’astronome allemand Heinrich OLBERS énonce un
célèbre paradoxe qui recevra une première réponse dans Eureka, un
essai de Edgar Allan POE. Dans ce même essai, POE inclut une vision
cosmologique qui anticipe les trous noirs et la théorie du Big Bang. Il
y a aussi le mathématicien Bernhard RIEMANN pour qui l’Univers, s’il
est muni d’une courbure constante et positive, peut être représenté par
une sphère à trois dimensions, une « hypersphère », dont le rayon peut
varier au cours du temps. Il y a encore l’astronome américain Vesto
SLIPHER qui, en 1912 après une campagne d’observations de trois ans,
montre qu’une douzaine de nébuleuses s’éloignent à grande vitesse de
la Terre. Il y a enfin l’astronome hollandais Willem de Sitter qui, au
vu des équations de la relativité d’EINSTEIN, remarque que rien
n’interdit que l’Univers soit en expansion. Ce que ce dernier refuse
1483
sens, un niveau d’explication plus profond. Qu’on veuille le nommer
"Dieu" est affaire de goût et de définition. »
Le Chapitre 1 est intitulé « Où chercher le visage de Dieu ? ». Les
auteurs posent la question de savoir pourquoi George SMOOT a pris le
risque en 1992 de mêler Dieu à ce qu’il a vu grâce à son satellite, ce
qui lui a valu par ailleurs des reproches de la part de collègues
scientifiques. Ils ont interrogé son équipier John MATHER à ce sujet :
En fait, comme il l’a précisé plus tard, SMOOT pensait que cela pourrait
aider le public à comprendre les résultats scientifiques. Mais cette
réponse ne semble pas satisfaire les BOGDANOV car ils
ajoutent « Si SMOOT est allé aussi loin, c’est qu’il
avait de bonnes raisons. Il a bel et bien aperçu
"quelque chose" là-haut. Quelque chose de très
inhabituel. » Les auteurs font alors une petite mise au
George SMOOT point : SMOOT lui-même leur a confié que sa fameuse
phrase ne devait pas être prise au pied de la lettre. C’était une
métaphore, mais les journalistes l’ont prise au sérieux et l’ont
propagée sans discernement, sans chercher à comprendre le contexte
ou une signification plus profonde. D’après les auteurs cela signifierait
que, comme l’a écrit SMOOT, « nous ne sommes pas le résultat d’un
simple accident cosmique, le résultat fortuit d’un enchaînement de
processus physiques dans un Univers qui nous écrase complètement. »
Alors ? S’il ne s’agit pas d’un « simple accident cosmique », d’où
vient l’Univers ? D’où venons-nous ? Les auteurs posent alors la
question : comment faire pour entrevoir, ne serait-ce qu’un instant, le
« visage de Dieu » dans notre monde ? Comment donc savoir si
« quelque chose » - mieux encore, quelqu’un – existe à l’arrière de
cette immense machinerie qu’est l’Univers ? Réponse : Pourquoi les
flocons de neige ont tous six pointes, pas quatre, cinq ou sept ? Les
marguerites ont soit cinq, treize ou huit pétales, jamais sept. Qui en a
décidé ainsi ? D’où viennent ces lois ? La température du fond
cosmologique diffus ne dévie que d’une infime fraction de degré sur
100.000. Comment expliquer un « réglage » aussi fin ? Et celui des
quatre forces existant dans l’Univers ? Et les constantes universelles :
sans les valeurs très précises qu’elles ont, l’Univers avec tout ce qu’il
contient n’aurait pas la moindre chance d’exister. Les auteurs citent
1482
partout et qu’à chaque instant on est en quelque sorte frôlé par le
fantôme de la première lumière.
Les chapitres 11, « Les astronomes de métal », 12, « Photographier
"le visage de Dieu" », 13, « Voir le bébé Univers » et 14, « "Voir" le
mur de PLANCK » sont successivement consacrés aux trois satellites
utilisés pour étudier le fond cosmologique diffus.
- Depuis la fin du XXe siècle la cosmologie est entrée dans une ère
expérimentale grâce à l’utilisation de satellites observateurs, des «
astronomes de métal ». Ces prodigieuses « machines métaphysiques »,
engins aussi compliqués dans leur fonctionnement que « mystérieux
dans leurs buts » vont donc nous prêter main-forte. Tout d’abord
COBE, puis WMAP et enfin PLANCK.
- COBE (COsmic Background Explorer – Explorateur du fond
cosmologique - SMOOT et MATHER), lancé le 18 novembre 1989 et
placé sur une orbite à 900 km d’altitude (des détails sur ce lancement
sont donnés) livre rapidement un premier
résultat : le spectre du rayonnement fossile est
celui d’un corps noir dont la température est de
2,725 K. « "Corps noir" veut également dire que
l’Univers se comporte comme un système clos et
que la première lumière est, par définition, dans
Le Satellite COBE un état d’équilibre thermique presque parfait. Le
véritable équilibre ne peut être atteint que beaucoup plus tôt, juste au
moment du Big Bang, comme le prédit le modèle standard. Or cet
équilibre primordial qui n’a duré qu’un seul instant (le temps de
PLANCK) recèle, selon nous, un secret très étonnant : comme nous le
suggérons dans nos travaux, l’équilibre thermique du début des temps
nous permet de comprendre ce qui a pu se passer avant le Big Bang ».
Le satellite est équipé de trois radiomètres qui, fonctionnant sur
micro-ondes, permettent de dresser une carte de la distribution de
température du fond cosmologique. Celle-ci met en évidence des
variations de température suivant la direction d’observation de l’ordre
du cent millième de degré. Les régions les plus « chaudes » sont peut-
être les lointains ancêtres de nos galaxies. D’après les simulations
effectuées par les cosmologistes, si ces écarts minimes de température
avaient été légèrement plus grands, l’Univers se serait transformé en
un gigantesque champ de trous noirs. S’ils avaient été plus petits,
1487
l’Univers ne serait qu’un nuage de gaz. Ces différences de
température constituent les « stries » dont l’origine n’est actuellement
pas connue. Les auteurs proposeront plus loin une réponse possible.
- WMAP (WILKINSON Microwave Anisotropy Probe – Chef de projet
Charles BENNETT) a été lancé le 30 juin 2001 et placé à une altitude
mille cinq cent fois plus élevée que celle de COBE (Ndlr : en fait
placé au point de LAGRANGE L2 situé à une altitude d’environ un
million cinq cent mille km dans la direction opposée à celle du Soleil
par rapport à la Terre). La sensibilité des radiomètres de WMAP est
environ 30 fois celle des instruments de COBE et le pouvoir résolvant
a également été amélioré. Dans la représentation de la carte, les taches
de couleur jaune et rouge sont un cent millième de degré plus chaudes,
celles de couleur vert et bleu deux cents millièmes de degré plus
froides. D’après BENNET les cinq principaux résultats consistent en
l’obtention de la carte la plus détaillée du rayonnement fossile, la
détermination plus précise de l’âge de l’Univers (13 milliards 750
millions à 120 millions d’années près), le fait que notre espace est en
première approximation plat (mais les données ne sont pas
incompatibles avec un espace très légèrement courbé positivement, ce
qui, dans le cas le plus simple, signifie qu’il aurait la forme d’une
sphère), le fait que le contenu de l’Univers serait
fait de seulement 4% de matière normale (les trois
quarts seraient de l’énergie noire de nature et de
provenance inconnues qui serait responsable de
l’accélération de l’expansion de l’Univers et un
peu moins du quart restant serait de la matière
Le satellite WMAP noire) et enfin « la détection d’une signature majeure
de l’inflation », période au cours de laquelle l’Univers s’est
brusquement dilaté au moins 1050
fois en une fraction de seconde.
WMAP a également permis d’établir qu’un (ou plusieurs) amas de
galaxies situé à près de 3 milliards d’années-lumière de chez nous
semble se déplacer à la vitesse de trois millions de kilomètres à
l’heure vers une région lointaine de l’Univers, une source
gravitationnelle invisible ou peut-être tout autre chose.
- PLANCK (ESA avec participation importante de la NASA) a été
lancé le 14 mai 2009 et également placé au point de LAGRANGE L2.
L’idée de réaliser ce satellite est né au sein de l’Institut
1488
d’observations, l’équipe du satellite COBE put annoncer (outre la
confirmation de la nature thermique du rayonnement cosmologique)
l’existence d’une anisotropie de ce rayonnement. Un autre satellite,
WMAP, équipé d’instruments encore plus performants et lancé en
2001 a confirmé l’existence de cette anisotropie mais n’a pas apporté
de réponse quant à son origine. Les auteurs rappellent ensuite que,
dans le livre Dieu et la science écrit avec Jean GUITTON, ils ont dit
qu’ « il est possible d’appréhender l’Univers comme un message
exprimé dans un code secret, une sorte de hiéroglyphe cosmique que
nous commençons tout juste à déchiffrer ». Ils ajoutent : « Ce
" message secret " semble inscrit dans la trame même de l’Univers
primordial, dans ce temps très reculé où l’avenir de tout ce qui est
semblait déjà crypté dans la première lumière. Ceci veut peut-être dire
que l’origine profonde de la trame cosmologique pourrait se situer
ailleurs, semble-t-il, que dans le monde physique. L’Univers repose
bien sur des lois physiques, mais leur origine semble curieusement
située " en dehors " de notre réalité, étrangement antérieure au Big
Bang lui-même. ». Les auteurs citent Paul DAVIES, physicien
américain, d’après qui « les lois physiques n’existent aucunement dans
l’espace et dans le temps. Tout comme les mathématiques, elles ont
une existence abstraite. Elles décrivent le monde, mais elles ne sont
pas "dedans" (bien que certaines personnes désapprouvent
profondément cette vision). Néanmoins, cela ne signifie pas pour
autant que les lois de la physique sont nées avec l’Univers. Si tel était
le cas – si l’ensemble de l’Univers physique et des lois était issus de
rien – nous ne pourrions alors pas recourir à ces lois pour expliquer
l’origine de l’Univers. Aussi, pour avoir quelque chance de
comprendre scientifiquement comment l’Univers est apparu, nous
devons admettre que les lois elles-mêmes ont un caractère abstrait,
intemporel, éternel ». Les frères BOGDANOV espèrent avoir identifié
quelques fragments de ce caractère et en feront part dans les pages de
ce livre. Paul DAVIES a également écrit « J’appartiens au nombre de
ces chercheurs qui ne souscrivent pas à une religion conventionnelle,
mais refusent de croire que l’Univers est un accident fortuit.
L’Univers physique est agencé avec une ingéniosité telle que je ne
puis accepter cette création comme un fait brut. Il doit y avoir, à mon
1481
Igor et Grichka BOGDANOV, Le Visage de Dieu, Grasset, 2010, 284
pages.
Le livre débute par un Avant-propos rédigé par
Robert WILSON, codécouvreur en 1964 avec Arno
PENZIAS du fond diffus cosmologique (aussi appelé
rayonnement fossile) et tous deux Prix Nobel de
Physique 1978. WILSON nous annonce que, dans ce
livre dont le titre reprend la fameuse expression de
George SMOOT, Le Visage de Dieu, le lecteur va
découvrir une fascinante histoire racontée par Igor
et Grichka : celle de nos origines, la naissance de l’Univers. Sont
rappelés les noms de la plupart de ceux qui ont apporté des éléments
essentiels aux tentatives d’explications de la part des scientifiques de
ce qui a été appelé le Big Bang. WILSON dit comprendre à quel point
SMOOT a pu être enthousiasmé quand il a vu les premières
informations fournies par le satellite COBE et s’est alors
exclamé : « C’était comme voir le visage de Dieu ! ». Il ajoute que lui
aurait préféré dire « Nous sommes en train de contempler le visage de
la Création ! » et qu’à son sens, si on est religieux, selon la tradition
judéo-chrétienne, il n’existe pas de meilleures théorie de l’origine de
l’Univers qui puisse correspondre à ce point à la Genèse.
Suit alors une Introduction dans laquelle les auteurs relatent (dans un
style qui peut faire croire qu’ils y ont assisté ou est-ce plutôt le fruit de
leur imagination fertile ?) la conférence de presse donnée à la Société
Américaine de Physique en avril 1992 par George SMOOT et au cours
de laquelle, en présentant les premiers résultats des observations
effectuées par le satellite COBE, il a dit « Pour les esprits religieux,
c’est comme voir le visage de Dieu ». Les auteurs ajoutent « qu’il ne
s’agissait que d’une image, une métaphore sans contenu religieux ».
Stephen HAWKING était d’avis « qu’il s’agissait-là de la découverte la
plus importante du siècle ! Peut-être même de tous les temps ! ». Au
moment du lancement de COBE en 1989, on connaissait peu de
choses à propos de ce rayonnement issu de la phase dense et chaude
de l’univers primordial, émis environ 380.000 ans après le Big Bang
et dont la température actuelle est de 2,7K. Après plus de deux ans
1480
d’Astrophysique Spatiale en France. On y était occupé à la réalisation
d’un autre satellite, HERSCHEL, dont l’objectif est de comprendre
comment les galaxies se sont formées tout au
début de l’Univers et comment les étoiles naissent
au sein des galaxies. Jean Michel LAMARRE,
astrophysicien de cet institut, a alors proposé
d’utiliser certaines techniques mises au point pour
HERSCHEL sur un autre satellite qui, comme
COBE, aurait pour mission de sonder la première
lumière mais avec une sensibilité mille fois plus
grande. Les satellites HERSCHEL et PLANCK
Le satellite PLANCK seront lancés simultanément. Les bolomètres de
PLANCK sont 30 fois plus sensibles que ceux de WMAP et capables
de mesurer des écarts de température de un millionième de degré. La
résolution angulaire est également meilleure.
« Pourquoi l’Univers est-il si bien réglé ? », tel est le titre du
chapitre 15. Les auteurs citent Jean GUITTON : « Par quelle étrange
coïncidence la taille d’un homme est-elle égale au rayon de la Terre
multipliée par celui d’un atome ? Pourquoi, de la même façon, la
masse d’un être humain est-elle égale à la masse de la Terre multipliée
par la masse d’un atome ? ». Les auteurs mentionnent ensuite une
série de constantes physiques fondamentales comme la vitesse de la
lumière, la constante de gravitation, le temps de PLANCK, la masse de
l’électron, etc. Il s’agit de nombres dont les valeurs sont fixes et d’une
précision extrême. « Mais par quel miracle ont-elles tout juste la
valeur qu’il faut pour que "tout marche" dans l’Univers ? Par quoi –
par qui – ont-ils été calculés ? ». Ces constantes ont déconcerté de
brillants esprits comme Paul DIRAC et Richard FEYNMAN, tous deux
Prix Nobel. « Tout cela est tellement déconcertant, tellement
incroyable que de nombreux philosophes et scientifiques pensent y
déceler une sorte de "projet cosmologique" ». Certaines de ces
constantes sont sans dimensions et leur valeur est la même quel que
soit le système d’unités de mesure utilisé. Parmi elles la « constante de
structure fine » proposée par le physicien allemand Arnold
SOMMERFELD. D’après Max BORN si cette constante avait une valeur
légèrement supérieure à la valeur qu’elle a, nous ne serions plus en
1489
mesure de distinguer la matière du néant. Pour l’astrophysicien Martin
REES, l’Univers repose sur six constantes sans dimensions. Au fond la
question qui importe est : l’Univers est-il apparu par hasard ou bien,
comme plaisantait HOYLE, s’agit-il d’un « coup monté ? ». Il semble
(mais pour quelles raisons profondes ?), que la matière ait une
tendance naturelle à s’organiser spontanément en systèmes de plus en
plus hétérogènes et complexes. Pour Ilya PRIGOGINE les molécules les
plus simples s’organisent en systèmes plus complexes jusqu’à
engendrer la vie. Freeman DYSON écrit : « Plus j’analyse l’Univers et
étudie les détails de son architecture, plus je rencontre de preuves
selon lesquelles, dans un certain sens, l’Univers " savait " que nous
allions apparaître. Je ne prétends pas que l’architecture de l’Univers
prouve l’existence de Dieu, je dis seulement que cette architecture est
compatible avec l’hypothèse selon laquelle " l’esprit " joue un rôle
essentiel dans le fonctionnement de l’Univers. Je pense que l’Univers
tend vers la vie et la conscience et qu’il y a du sens parce que nous
sommes là pour l’observer et appréhender sa beauté harmonique. Mais
j’insiste sur le fait qu’il s’agit là d’un pari métaphysique et non d’un
strict raisonnement scientifique. » Contrairement à ce qu’affirme le
biologiste Jacques MONOD, la vie ne semble pas explicable par une
série d’accidents. Tout semble au contraire avoir été minutieusement
préparé. Par une Intelligence organisatrice transcendant notre réalité ?
C’est peut-être à cette intelligence-là qu’EINSTEIN songeait en 1936
lorsqu’il a répondu à un enfant qui lui demandait s’il croyait en
Dieu : « Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science
finiront un jour pas comprendre qu’un esprit se manifeste dans les lois
de l’Univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’homme. »
Dans le chapitre 16 est posée la question : « Quelle est la forme de
l’Univers ? ». George SMOOT pense que d’après les données dont nous
disposons, il est possible que notre espace ait une courbure positive
(c’est le cas de la sphère), mais ces données sont également
compatibles avec un Univers plat. La majorité des astrophysiciens
pensent que l’Univers est plat, ce qui signifie que si on se déplace en
ligne droite dans cet espace, on ne reviendra jamais à son point de
départ. Par contre les BOGDANOV sont persuadés que cette courbure
existe. Ils se réfèrent à l’un des tout derniers articles écrit par les
1490
Port-SaïdLa principale industrie du pays est apparemment la fabrication et la vente de photographies obscènes … On dirait qu’en ce domaine les gens sont plus agréablement excités par la représentation picturale ou verbale que par la réalité charnelle. C’est un fait psychologique curieux, auquel je ne trouve aucune explication satisfaisante.SrinagarLes universités produisent un essaim de diplômés pour lesquels il n’y a rien à faire. L’Etat ne peut en occuper qu’un nombre limité, et, en dehors des postes gouvernementaux, il n’y a presque aucun débouché pour un homme ayant l’éducation moyenne d’un Occidental. L’industrie et le commerce vers lesquels se dirige une grande partie de notre jeunesse cultivée existent à peine aux Indes. Il n’y a pas de capitaux liquides disponibles …TaxilaLe monastère, contigu au temple, est la réplique exacte des ruines d’un monastère chrétien. Je n’ai remarqué qu’une seule différence : les moines bouddhistes avaient des salles de bains.De Péchaver à LahoreToutes les religions ont été unanimes à encourager, dans des limites de plus en plus larges, les tendances sociales, altruistes, humanitaires de l’homme, et à condamner ses tendances antisociales et égocentristes. Ceux qui aiment parler d’un point de vue anthropomorphique seraient en droit de dire que la religion est un moyen employé par la Force Vitale pour promouvoir ses desseins évolutionnistes. Mais ils seraient en droit d’ajouter que la religion est aussi un moyen employé par le diable pour répandre l’idiotie, l’intolérance, l’abjection servile.
Huxley découvre alors la Malaisie, Shanghaï et le Japon, San-Francisco et New-York, et son tour du monde s’achève – last but not least – par Londres, qu’il rejoint « plus riche de beaucoup d’expériences, plus pauvre de nombreuses convictions perdues, de beaucoup de certitudes détruites ». Ce dernier chapitre est une véritable ode à la méthode expérimentale appliquée à la connaissance de la diversité humaine- c’est-à-dire le voyage – supposé « trouver son expression morale dans la pratique de la plus complète tolérance possible ».
Au risque de perdre son esprit critique, tant il est vrai que toutes les hypothèses (et donc dans ce cas toutes les pratiques culturelles) ne se valent pas … ?
Olivier Mandler
1479
Nous avons lu pour vous
Tour du monde d’un sceptique Aldous HUXLEY(1926, titre original Jesting pilate - 1932, première traduction française chez Plon – 2005, Editions Payot & Rivages, Petite Bibliothèque Payot/Voyageurs).
Aldous Huxley (1894-1963), lorsqu’il publie ce livre en 1926, n’a pas encore écrit Le Meilleur des mondes mais il est déjà considéré par certains comme le porte-parole des intellectuels anglo-saxons.
La quatrième de couverture nous encourage à plonger « dans ce qui est bien plus qu’une chronique de voyage, un véritable itinéraire spirituel » de ce « sceptique que tout intéresse et qui saisit l’instant avec humour et le sens de la formule ».
Des Indes et de la Birmanie à l’Amérique, en passant par la Malaisie et le Pacifique, on semble loin du scepticisme scientifique qui anime les amis du Comité Para. On est plus proche sans doute d’une forme de « relativisme » quand Huxley affirme que « voyager c’est découvrir que tout le monde a tort ». Pourtant il n’hésite pas à souligner combien, à côté d’une « extraordinaire diversité humaine », tous les hommes ont un sens des mêmes valeurs : la bonté, la beauté, la sagesse et la … science. En fait c’est l’œuvre d’Huxley dans son ensemble qui est malaisée à classer, passant au cours de sa vie de la défense d’un certain humanisme à un intérêt de plus en plus marqué pour les questions spirituelles ; il s’est même frotté à la parapsychologie et à la philosophie mystique, à tel point que le mouvement « New Age » se réfère à certains de ses écrits …
Alors, en guise de recension, voici quelques « curiosités » notées par l’auteur, parmi des dizaines d’autres, dans le seul chapitre d’ouverture consacré aux Indes et la Birmanie …
1478
experts du WMAP pour qui le modèle préféré est légèrement courbé
et ce malgré les résultats également compatibles avec un Univers plat.
Les résultats des observations effectuées par le satellite PLANCK
permettront peut-être de trancher en faisant pencher la balance du côté
d’un Univers courbe et fermé à trois dimensions. Quelle en est sa
forme ? Parmi toutes les formes imaginables, la plus simple est la
sphère à trois dimensions, le modèle adopté par RIEMANN et EINSTEIN.
Ce résultat avait déjà été formulé par le mathématicien Henri
POINCARE. Il a été démontré par un autre mathématicien, le Russe
Grisha PERELMAN. D’après les auteurs, le fait que l’espace soit rond a
d’immenses conséquences. Car cette sphère contient un secret qui va
leur permettre de remonter avant le Big Bang, comme expliqué dans le
chapitre suivant.
Chapitre 17 : « D’où viennent les rides du temps ? ». SMOOT désigne
ainsi les légères variations de température du rayonnement fossile
d’un point à l’autre du ciel. D’où proviennent-elles ? Jusqu’à présent il
n’y a pas vraiment de réponse. Ce sont les fluctuations du vide initial,
juste au moment du Big Bang, qui pourraient les avoir produites.
SMOOT indique qu’il est possible de découvrir ce qui s’est passé très
peu de temps après le Big Bang. Une première méthode utilise les
variations de température pour révéler des ondes sonores dont les
caractéristiques nous renseignent sur ce qui s’est passé une minuscule
fraction de seconde après le Big Bang. Une deuxième méthode, très
difficile qui sera peut-être accomplie grâce aux observations du
satellite PLANCK, consiste à rechercher des traces d’ondes
gravitationnelles qui ont été produites en même temps que les
perturbations de densité. On remonterait ainsi plus tôt que le premier
millième de milliardième de seconde après le début du Big Bang. Pour
MATHER les anisotropies de la température du rayonnement fossile et
ces ondes gravitationnelles remonteraient jusqu’au temps de PLANCK
(10-43
seconde). Les experts du fond cosmologique pensent qu’au
moment du Big Bang, lorsque l’Univers était extrêmement petit
(« bien plus petit que la plus infime des poussières »), l’espace et le
temps eux-mêmes n’étaient pas stables. C’est l’empreinte de ces
fluctuations microscopiques imprimées dans l’espace-temps naissant,
dilatées par l’inflation vers 10-30
seconde après le Big Bang que l’on
1491
retrouve 380 000 ans plus tard sous forme de fluctuations de
température du fond cosmologique. « Mais l’explication des étranges
" rides du temps " ne va habituellement pas plus loin ». Les auteurs
pensent pourtant qu’il est possible d’en savoir davantage. Le secret ?
Il faut le chercher du côté de l’extraordinaire équilibre qui dominait
tout l’espace-temps à l’échelle de PLANCK.
Le chapitre 18 est intitulé « Vers le grand équilibre originel ». Les
observations du satellite COBE ont rapidement montré que le
rayonnement fossile avait un spectre de corps noir. Ce rayonnement
est donc d’origine thermique et dans un état d’équilibre presque
parfait. D’après les Bogdanov, ce « presque » signifie qu’il faut
chercher un équilibre parfait dans l’Univers plus tôt, au début de
l’Univers, comme le suggère l’astrophysicien Peter COLES. Quand de
manière plus précise ? A l’instant même où le Big Bang commençait à
déverser dans le néant des torrents d’énergie venus de nulle part, à
l’instant qu’on appelle temps de PLANCK. Dans quel état se trouvait
l’Univers à ce moment ? Pour le savoir, les BOGDANOV proposent de
remonter jusqu’au temps de PLANCK et de suivre ce chemin en arrière.
Chapitre 19 « L’étrange moment du Big Bang ». On revient à
l’Univers au moment où l’infiniment grand est encore infiniment petit,
au moment du Big bang. Pour George SMOOT, il est pratiquement
certain que juste avant le démarrage de l’expansion, l’Univers était en
équilibre thermique. Il ajoute même qu’ « il est très probable que
l’Univers ait été en équilibre thermique à l’échelle de PLANCK, bien
qu’il soit passé par de nombreuses transformations avant d’atteindre
l’équilibre observé aujourd’hui. A partir du rayonnement fossile, il est
possible de "voir" que l’Univers était en
équilibre au moins une heure après le
Big Bang. De plus, la nucléosynthèse
liée au Big Bang fournit une preuve
solide selon laquelle cet équilibre
existait plus tôt encore, dès la première
seconde ». Ce qui, ajoutent les auteurs,
les a évidemment confortés dans leurs propres intuitions. D’autres
scientifiques avaient déjà affirmé plus tôt qu’à l’échelle de PLANCK
1492
134 - Le Ciel, avril 2012
Pour élargir le débatQue vaudrait ce « facteur d’entraîne-
ment » si l’on prenait en compte toutes les masses de l’univers ?
La réponse est connue, au moins par ceux qui ont observé le pendule de Foucault : placé au pôle nord de la Terre, il ne suit pas la rotation de celle-ci, mais il est plutôt branché sur les étoiles... (on n’est pas ici à un dix-mil-liardième près).
Le système d’inertie local serait alors déterminé par l’ensemble des masses de l’uni-vers. Dans ce cas, ce serait Ernst Mach qui avait raison... et Einstein après lui.
Lares encore au laboratoire de montage. © Agenzia Spaziale Italiana
Réf. Pour en savoir plus, un site de l’Univer-sité de Stanford (Californie) :http://einstein.stanford.edu/MISSION/mission1.htmlavec une vidéo remarquable réalisée par Kip Thorne, permettant de visualiser l’effet Eins-tein–De Sitterhttp://einstein.stanford.edu/Media/Thorne-MissingInch_Demo-Flash.html
1477
avril 2012, Le Ciel - 133
La mission Gravity Probe B emportait en son sein quatre sphères de quartz, recouvertes de niobium supraconducteur. Ces sphères, de la dimension d’une boule de ping-pong, sont les plus parfaites jamais conçues par l’homme. Entraînées par induction magnétique, elles tournent sur elles-mêmes à une vitesse de 5 000 tours par minute.
Elles évoluent dans le vide et sont re-froidies à une température de 1,8 kelvin. Dans ces conditions, un champ magnétique se crée, aligné sur l’axe de rotation, et des capteurs ultraprécis permettent de mesurer la moindre déviation de l’axe. On a pu réaliser ainsi des gyroscopes un million de fois plus précis que tout ce qui avait été développé auparavant.
En mai 2011, la (très nombreuse) équipe de chercheurs utilisant la sonde Gravity Probe B publiait les résultats de l’ex-périence après trois années de réception et de dépouillement des données. Voici les chiffres annoncés :
Effet Einstein–De Sitter - prévu : 6,606 1 arcsec/an- mesuré : 6,601 8 ± 0,018 3- imprécision : 0,3 %
Effet Lense–Thirring - prévu : 0,0392 arcsec/an- mesuré : 0,0372 ± 0,072- imprécision : 19 %
Si la précision obtenue pour l’effet Einstein–De Sitter est excellente, elle est net-
tement moindre pour l’effet Lense–Thirring, et c’est pourquoi l’expérience se poursuit... !
Un groupe de chercheurs italiens pense pouvoir atteindre une précision de l’ordre de 1% à l’aide du satellite Lares (Laser Relativity Satellite). Il s’agit d’une sphère très dense de tungstène, de quelque 37 cm de diamètre et d’une masse de 387 kg. Elle est équipée de 92 rétroréflecteurs laser permettant des mesures de télémétrie laser sur satellite. La technique est employée depuis longtemps pour mesurer précisément les orbites de sa-tellites. Ici l’on va détecter le déplacement relatif des « nœuds » des orbites des satellites Lageos 1 et Lageos 2 lancés en 1976 et 1992.
La mise en orbite de Lares à 1 450 km de la surface de la Terre a été effectuée avec succès ce 14 février 2012 par le nouveau petit lanceur européen Vega.
L’enjeuPourquoi s’acharner à mesurer de
mieux en mieux cet effet minime, presque inobservable ?
C’est qu’il permet de tester une prédic-tion très spécifique de la théorie de la relativité générale, concernant l’entraînement des systè-mes d’inertie, et au-delà l’origine de l’inertie.
Le calcul de cet effet d’inertie peut être différent selon les diverses théories de la gra-vitation proposées à la place de celle d’Eins-tein. Si l’effet Lense–Thirring, au voisinage de la Terre, n’apporte qu’une déviation d’un dix-milliardième par rapport à la théorie de Newton, il n’en est plus de même si l’on se place tout près d’une étoile à neutrons ou d’un trou noir.
Reprenons notre calculette, et calculons le facteur d’échelle G M / c2 R en y plaçant cette fois les données relatives à ces objets très concentrés. On obtient alors un « facteur d’en-traînement » de quelques dixièmes ou même, dans le cas du trou noir, tendant vers l’unité !
Les astrophysiciens qui étudient ces objets massifs voudraient savoir si la théorie d’Einstein s’applique encore à ces cas extrê-mes. Ce sera peut-être en observant des étoiles à neutrons binaires que l’on saura si « Einstein a toujours raison » ?
© NASA
1476
l’Univers a été en équilibre thermique (Stephen HAWKING en 1981) ou
approximativement en équilibre thermique (Fang LIZHI et Remo
RUFFINI en 1987). C’est ce que pensent aussi la plupart des
astrophysiciens aujourd’hui. Les objets supposés en équilibre au
moment du Big Bang sont les gravitons (des particules jamais
observées mais censées véhiculer la force gravitationnelle et qui
seraient produits par des perturbations de la métrique - ces gravitons
ne sont probablement plus observables aujourd’hui mais on espère
trouver des traces des ondes gravitationnelles qu’ils ont engendré).
C’est l’avis de Peter COLES, astrophysicien et de Maurizio GASPERINI,
cosmologiste. Dans ce cas l’Univers est dit être dans l’état KMS, état
dans lequel l’équilibre thermique d’un système est relié à son
évolution. Lorsqu’un système quantique est en état KMS, son temps
propre cesse d’exister au sens strict. Il n’est plus bien défini et devient
complexe au sens mathématique du mot. Ce temps peut ralentir ou
accélérer brusquement. Avant d’être réel, avant le Big Bang, le temps
a existé sous une forme imaginaire. Les fluctuations visibles sur le
fond diffus pourraient donc provenir des fluctuations de la métrique à
l’échelle de PLANCK. Et dans ce cas, le rayonnement fossile n’est autre
que l’image visible de l’état KMS de l’Univers avant le Big Bang.
« Alors, face à cet étrange poudroiement de couleurs venues d’un
temps où le temps n’existait pas encore, comment ne pas être tenté d’y
deviner le visage de Dieu ? ».
Chapitre 20 « D’où vient l’énergie noire ? »
Les auteurs expliquent qu’au cours des calculs qu’ils ont effectués,
une anomalie a surgi. Ils n’ont pas réussi à l’éliminer. Le problème est
celui de l’existence d’une « force » étrange venue avant le Big Bang,
avant même l’existence physique de notre Univers et qu’en physique
on appelle un « champ ». D’après eux, ce champ est encore là
aujourd’hui dans tout l’Univers. « Or, ce qui n’allait pas dans les
équations, c’est que ce champ invisible, totalement inconnu, ne
pouvait bizarrement qu’accélérer sans cesse l’expansion de
l’Univers » (Ndlr : auraient-ils publié quelque chose à ce sujet qui
prouverait cette affirmation ?). En visite au CERN en juin 1997, ils
ont en parlé à divers physiciens (dont VENEZIANO) s’y trouvant, mais
sans les convaincre écrivent-il, car jamais on n’avait observé le
1493
moindre phénomène de ce genre. « Pourtant notre recherche de
l’Univers avant le Big Bang nous avait menés face à l’un des mystères
les plus profonds de la cosmologie d’aujourd’hui ». Celui de l’énergie
noire. En octobre 1968, le phénomène de l’accélération de l’expansion
de l’Univers est confirmé par des observations de supernovae
effectuées par deux équipes d’astronomes indépendants. Ce qui
implique que dans l’avenir, l’Univers continuera à grandir et que le
« Big Crunch » n’aura pas lieu. Le pourquoi de cette accélération n’est
pas connu. L’origine de l’énergie noire reste un mystère (elle
constituerait pourtant près de 75% de la masse de l’Univers contre
moins de 5% de matière ordinaire). Certains parlent de cinquième
force de l’Univers (quintessence) ou d’énergie fantôme et pour
d’autres il s’agirait de la constante cosmologique proposée par
EINSTEIN. Pour les BOGDANOV « la source (de l’énergie noire) ne se
trouve pas dans notre Univers. Ou plutôt, elle se trouve avant sa
naissance matérielle, avant le Big Bang. A ce moment, le temps n’est
plus fixe, il oscille entre la direction réelle et la direction imaginaire. »
Suit alors une explication alambiquée : la source de fluctuation du
temps avant le Big Bang est un champ scalaire complexe qui
« remplace » le temps. Après le Big Bang, l’équilibre thermique est
brisé et l’Univers quitte alors l’état KMS. Le temps se normalise,
cesse de fluctuer et devient réel. Au début de l’expansion, le champ
scalaire complexe s’est brisé en une partie réelle et une partie
imaginaire. La partie imaginaire a pu devenir le temps ordinaire et la
partie réelle un paramètre libre dont la valeur est une constante. Et
c’est donc lui qui accélère l’expansion.
Chapitre 21 : « D’où vient le Big Bang ? »
Après avoir «décrit » la première seconde de vie de notre Univers et
rappelé que c’est en moins de trois minutes que l’espace, le temps et la
matière se sont mis à exister, les auteurs posent la question « Pourquoi
y a-t-il tout à coup quelque chose plutôt que rien, comme une seconde
plus tôt ? En bref : d’où vient le Big Bang ? ». Pour la plupart des
scientifiques, il est impossible de savoir ce qui a pu se passer avant le
Big Bang. Certains, comme l’astrophysicien Robert JASTROW, pensent
que si la réponse ne peut être trouvée aujourd’hui, elle sera trouvée
demain. Mais dit JASTROW « toutes les reliques de l’Univers avant la
1494
132 - Le Ciel, avril 2012
Pour rappel, les autres tests vérifiant la théorie de la relativité générale mettent en jeu des écarts correspondant à une fraction du millionième : c’est le cas notamment de la déviation d’un rayon lumineux passant près du Soleil, ou du déplacement séculaire du périhé-lie de Mercure ! Voir l’encadré ci-contre.
À la suite des années 1960 – les golden sixties – des applications nouvelles de la relativité générale sont apparues, que ce soit pour l’étude des pulsars, des quasars, des trous noirs, et aussi pour la préparation de nouveaux tests relatifs aux ondes gravitationnelles ou... à l’effet Lense–Thirring.
Pour ce dernier, il est fait appel à des gyroscopes placés dans un satellite en orbite polaire, les calculs ayant montré que ces gy-roscopes peuvent subir une précession très petite (toujours le dix-milliardième ou moins !) mais cumulative, donc espérait-on détectable sur plusieurs années d’observation.En réalité il y a un double effet :
- l’effet géométrique d’Einstein–De Sitter, calculé dès 1916, et qui correspond à la cour-bure d’espace-temps induite par la masse cen-trale, même immobile, entraînant une préces-sion de l’axe d’un gyroscope emmené suivant une orbite géodésique (en anglais « geodetic
effect ») ; il est de l’ordre de 6,6 arcsec/an, l’arcsec ou seconde d’arc valant 1/3600 degré.
- l’effet Lense–Thirring, lié à la rotation pro-pre de la Terre et à l’entraînement du système local d’inertie ; il est inférieur en grandeur au précédent, mais se manifeste par une préces-sion de l’axe d’un gyroscope dans une direc-tion différente (« frame dragging effect ») ; il est de l’ordre de 0,04 arcsec/an
La sonde est équipée d’un axe de référen-ce grâce à un télescope pointant vers l’étoile HD 8703, située dans Pégase, avec une préci-sion très remarquable de 0,0001 arcsec !
Pour les amateurs de calculs, signalons que le facteur permettant d’estimer l’ordre de grandeur d’un effet relativiste s’écrit sous forme d’une fraction (nombre sans dimension) :
G M / c2 Roù M est la masse et R la distance au centre du corps, tandis que G est la constante de gravitation de Newton, et c la vitesse de la lumière.Grâce à votre calculette et à un bon livre d’astronomie, vous introduirez d’abord la masse et le rayon du Soleil, pour trouver un millionième, et ensuite la masse et le rayon de la Terre, pour atteindre le dix-milliardième.
© NASA
1475
avril 2012, Le Ciel - 131
Einstein a toujours raisonAndré Lausberg
Depuis l’apparition de la relativité res-treinte (en 1905) et de la relativité générale (vers 1915) ces deux théories ont connu un succès grandissant, des vérifications multiples, mais aussi diverses contestations.
Même si leur propos s’adresse d’abord à des physiciens, théoriciens et expérimenta-teurs, un large public se sent concerné par ces nouvelles approches des notions d’espace et de temps. Dès lors la presse s’empare de la moindre remise en cause d’une de ces théories ; et c’est ce qui s’est passé très récemment avec l’annonce de la pos-sibilité pour des neutrinos de dépasser la vitesse de la lumière. Par ailleurs, une information circulait à propos d’une expérience moins spectaculaire, mais tout aussi fondamentale, concernant la mesure de l’entraînement des systè-mes d’inertie au voisinage de la Terre en rotation.
Les titres des jour-naux témoignent de la dramatisation : « Einstein s’est-il trompé ? » suivi de « La revanche d’Einstein ! ». Notre savant allait-il tomber du piédestal qu’on lui avait construit, bien malgré lui ?
Plus vite que la lumière ?En septembre 2011, l’équipe responsa-
ble de l’expérience OPERA, visant à suivre le trajet de neutrinos produits au CERN de Genève et reçus à l’observatoire souterrain de Gran Sasso près de Rome, publiait les résultats provisoires révélant un parcours des neutrinos à une vitesse supérieure à celle de la lumière. C’est avec prudence que les scientifiques ré-vélaient leur découverte, en appelant d’autres équipes à vérifier indépendamment les me-
sures. Bien leur en prit puisque ce 23 février 2012 un avis transmis par la revue Science annonçait un problème de délai temporel dans le câblage utilisé par le système GPS de l’opé-ration. On parle d’un « petit décalage au sein d’une connexion en fibre optique. »
Pour la petite histoire locale, rappelons que notre conférence du 17 février permettait à une bonne centaine d’auditeurs d’entendre
l’exposé de Marko Sojic sur ce sujet brûlant, ce qui a permis à chacun de se rendre compte de la com-plexité de l’expérience. Marko, très prudent, avait notamment mis en cause la connexion reliant l’antenne GPS et le détecteur...
On attendra les ul-times vérifications, dans les prochains mois, tout en soulignant qu’une fois de plus, la démarche scien-tifique a été respectée, à savoir que toute découverte doit être confirmée par la communauté internatio-nale avant d’être admise. Rappelons aussi que cette expérience OPERA n’avait
nullement pour objectif initial de mettre au défi la théorie d’Einstein, mais plutôt d’étudier les propriétés mystérieuses de ces énigmatiques neutrinos !
L’entraînement des systèmes d’inertieDès 1918 deux Autrichiens, Lense et
Thirring, utilisaient la toute nouvelle théorie d’Einstein pour mettre en évidence l’influence de la rotation diurne de la Terre sur les systè-mes d’inertie dans le voisinage. Pendant plus de 50 ans, ces calculs sont restés purement for-mels, vu que cet effet prévoyait une déviation, par rapport à la théorie de Newton, d’à peine... un dix-milliardième.
1474
création, celles qui auraient pu nous donner une idée d’un processus
naturel à l’origine de ce moment explosif appelé Big Bang, tout cela a
disparu. Finalement, les astronomes et les cosmologistes se retrouvent
nez à nez avec les théologiens, qui ont toujours pensé que ce qu’on
pourrait appeler une force surnaturelle, une force créatrice, est
responsable de ce qui s’est passé à l’origine du monde. » Le point de
vue de JASTROW (de même que celui d’une grande partie de la
communauté scientifique), bien que largement fondé, paraît
excessivement pessimiste aux yeux des BOGDANOV. Il leur semble que
les tout derniers progrès de la physique (et d’autres disciplines comme
les mathématiques et les sciences de l’information) ainsi que le
concours des satellites cosmologique rendent possible de jeter un coup
d’œil avant le mur de PLANCK. D’après un groupe de physiciens
théoriciens japonais de l’université de Tsukuba, spécialisés dans
l’étude du rayonnement fossile, au cas où la phase de l’inflation aurait
bien eu lieu la corrélation à grande échelle des anisotropies observées
peut fournir des informations sur la dynamique de la période avant le
Big Bang. Pour les auteurs, le Big Bang « n’a pas surgi du néant
" comme ça ". Il vient bien de quelque part. Mais d’où ? ». Et de citer
trois repères. Premier repère : il existe bien quelque chose, un autre
monde, avant le Big Bang. L’Univers n’a pas été « créé à partir de
rien ». Deuxième repère : la réalité physique telle que nous la
connaissons est apparue 10-43
seconde après le Big Bang et dès les
trois premières minutes on trouve dans l’Univers du temps et de
l’espace et aussi beaucoup d’énergie et un peu de briques
fondamentales dont est faite la matière. Troisième repère : l’état KMS
dans lequel se trouvait l’Univers avant le Big Bang. C’est de ce côté-
là que les BOGDANOV vont maintenant chercher la réponse à la
question « d’où vient le Big Bang ». « Le temps avant le Big Bang
était très probablement complexe (c’est-à-dire oscillant entre une
forme réelle – le temps ordinaire – et une forme imaginaire). Le temps
ordinaire est lié à l’existence de l’énergie. Le temps imaginaire ne
s’écoule pas et dans le temps imaginaire, l’énergie ne peut donc pas
exister. Et à sa place on y trouvera de l’information. « A l’instant zéro,
il n’y a rien d’autre que de l’information, quelque chose de purement
numérique, mais qui "encode" toutes les propriétés de l’Univers
destiné à apparaître après le Big Bang. » Au moment du Big Bang, le
1495
temps imaginaire se transforme en temps réel et l’énergie imaginaire
en énergie réelle. « La Singularité Initiale pourrait être le support de
ce que les auteurs appellent le "code cosmologique", une sorte de
programme mathématique, qu’on pourrait comparer au code génétique
pour un être vivant. Ceci affaiblit terriblement le rôle qu’aurait pu
jouer le hasard au moment du Big Bang et auparavant. « Est-ce donc
là que s’arrête la science et que Dieu prend le relais, le créateur de
cette singularité, de cette simplicité initiale ? » comme l’écrit George
SMOOT. Evidemment, dire que le Big Bang vient de l’information ne
nous dit pas d’où vient l’information elle-même.
Conclusion : Depuis son apparition il y a 13,7 milliards d’années,
l’Univers a lentement évolué jusqu’à produire la vie et la conscience.
Comme l’a écrit SMOOT et comme le pense DYSON, ce scénario est-il
inscrit au cœur même de la matière ? La programmation du vivant
trouve son origine dans le carbone. Ce sont les étoiles qui ont fabriqué
ce carbone. De plus, il a déjà été mentionné que la moindre
modification de la valeur d’une des constantes physiques ou le plus
infime changement des conditions initiales auraient eu pour résultat
que la vie n’aurait jamais été possible. Pour répondre à cette question,
il faut remonter jusqu’à l’instant zéro où, comme le pensent les
auteurs, devaient être codées toutes les lois physiques sur lesquelles
repose la réalité physique qui nous entoure. De même que pour les
êtres vivants qui sont précédés d’une information génétique qui
« code » leurs caractères physiques, l’Univers pourrait être précédé
d’un programme cosmologique (un système d’instructions et de
données numériques) qui code ses caractéristiques et les grandes lois
physiques. Aujourd’hui, la vie se manifeste sous des formes très
diverses. Mais, malgré cette étonnante diversité, tous les organismes
vivants présentent une remarquable unité de structure (mêmes acides
nucléiques et mêmes protéines composées des mêmes éléments de
base - leurs gènes sont tous des formes de la même molécule d’ADN).
Les différentes espèces ont évolué à partir d’un ancêtre commun et les
recherches les plus récentes ont montré que l’évolution future du
cerveau primitif vers le néocortex humain semble déjà codée dans le
génome du cerveau reptilien. Ceci suggère que l’évolution des espèces
ne dépendrait pas seulement du hasard. Selon des physiciens comme
1496Vous trouverez ci-après un texte de M. A. Lausberg, un de nos
membres, astronome, paru dans le numéro d’avril 2012 de la revue Le
Ciel de la Société astronomique de Liège. Nous le remercions de nous
avoir permis de le publier. Il traite avec compétence et clarté d’un
problème qui a fait couler beaucoup d’encre ces derniers mois : celui
de l’expérience du CERN qui avait fait découvrir une erreur
fondamentale d’Einstein et qui est en réalité le résultat d’un artefact.
Depuis que le génial physicien a présenté sa théorie de la relativité les
critiques mettant en doute sa validité n’ont pas manqué aussi bien
dans le domaine académique que dans le domaine philosophique.
Pour Henri Bergson la dilatation du temps ne pouvait
s’appliquer aux organismes biologiques. Or ceux-ci utilisent des
processus physiques et sont donc soumis aux effets relativistes.
En Union Soviétique dans les années 20, la relativité a été
rejetée comme anti-matérialiste et spéculative.
En 1931, dans un livre intitulé Hundert autoren gegen
Einstein (Cent auteurs contre Einstein), on trouvait à la fois des
objections philosophiques mais aussi des affirmations d’erreurs ou
d’insuffisances de la théorie qui étaient plutôt des erreurs des auteurs.
La théorie de la relativité a été validée par plusieurs
vérifications expérimentales et est à la base d’autres théories comme
l’électrodynamique quantique. La communauté scientifique ne prend
plus en compte les critiques émises pour la plupart par des
publications ou des revues alternatives dont la qualité scientifique
n’est pas reconnue. Grâce aux progrès de la technologie, la relativité a
passé avec succès tous les tests dans les accélérateurs pour la relativité
restreinte et par les observations astronomiques pour la relativité
générale.
Comme il est écrit dans le Figaro-sciences du 8 juin dernier :
L’ « affaire des neutrinos » n’en restera pas moins un bel exemple du
déroulement de toute démarche scientifique. Un résultat expérimental
étonnant remettant en cause les fondements des théories actuelles n’a
pas été ignoré. Porté à la connaissance de toute la communauté en
toute transparence, il a fait l’objet d’un examen critique qui a pu
déboucher sur une nouvelle remise en cause expérimentale. Le tout en
moins d’un an. Comme le dit justement le directeur de l’Institut
national de physique nucléaire du CNRS et de physique des particules,
« si in fine nous avons eu affaire à une erreur expérimentale, il est
impossible de parler de faute ». Ceci nous semble être une excellente
conclusion.
La rédaction
1473
Pour nous, en 2012, il ne l’est toujours pas et nous doutons fort qu’il puisse l’être un jour
Ouvrages, revues et sites consultés
Melvin Harris, Investigating the Unexplained, Prometheus Books, 1986, pp. 9-17.Olivier Lascar, Florence Nicot, Fantômes, qu’en pense la science ?, Science et Vie Junior, n° 204, Septembre 2006, pp.48-65.Benjamin Radford, Infrared cameras and ghosthunting, SI, Vol 34, n° 6, novembre - décembre 2010.Benjamin Radford, The (non) mysterious orbs, SI, Vol 31, n° 5, septembre-octobre 2007, pp. 31 et 46.Richard Wiseman, Petit traité de bizarrologie, Dunod, 2009, pp. 120-122.Henri Broch, Gourous, sorciers et savants, Odile Jacob, 2006 volume broché-2007 format poche, pp 189-191.Dictionnaire sceptique (http://www.sceptiques.qc.ca/dictionnaire), L’.Enquêteur paranormal.Richard Wiseman, The Haunted Brain, SI, Vol 35, n°5, septembre- octobre 2011.Robert Baker, Joe Nickell, Missing Pieces, Prometheus Books, 1992.Gérard Majax, Le grand bluff, Fernand Nathan, 1978.Gérard Majax, Les faiseurs de miracles, Michel Lafon, 1992.Cyrille de Neubourg, Fantômes et maisons hantées, Grasset, Bilan du Mystère, 1957.
M.Soupart
1472
Seth LLOYD ou David DEUTSCH l’Univers et tout ce qu’il contient obéit
à une sorte de « programme » enfoui au cœur même de la matière. Si
ce programme existe, jusqu’où faut-il remonter pour en trouver
l’origine ? Avant l’apparition de l’Univers ? D’après Jean-Loup
PUGET, responsable scientifique du projet PLANCK, les données
d’observation permettront de déterminer l’époque et la manière se
sont formées les premières étoiles et les premières galaxies, les formes
de matière et d’énergie qui emplissent l’Univers, l’âge et la forme de
l’Univers et son avenir lointain. Pour Jean-Michel LAMARRE la mesure
de la polarisation du rayonnement cosmologique diffus permettra de
chercher à mesurer les résidus des ondes gravitationnelles produites
pendant la phase d’inflation. Les données d’observation ainsi que les
premiers résultats scientifiques ne seront rendus publics que fin 2012.
« En réussissant à reconstituer les premiers instants de l’Univers,
PLANCK livrera peut-être pas le visage de Dieu mais l’instant même
de la Création ».
Suivent alors trois Postfaces et le croquis du satellite PLANCK
dessiné par Jean-Michel LAMARRE et la Table des matières.
Première postface « Vers un Big Bang chaud ». P.J.E. PEEBLES (prix
Crafoord d’astronomie 2005) raconte ses débuts en cosmologie, la
construction avec David WILKINSON d’un instrument capable de
détecter le rayonnement fossile prédit par Bob DICKE, l’annonce de la
découverte de PENZIAS et WILSON., la confirmation du fait que le
spectre du rayonnement fossile correspondait à un Big Bang chaud et
les premières mesures de ses légères variations par le satellite COBE.
S’ouvrait ainsi un nouveau champ de recherches : tenter de
comprendre comment le rayonnement et la matière ont interagi à
l’époque primordiale pour engendrer la distribution des structures
observées aujourd’hui. Il est partisan d’une théorie dans laquelle la
matière sombre froide joue un rôle dominant dans le développement
de la matière à partir d’une distribution primordiale sous forme de
« grumeaux ». Les observations réalisées au moyen du satellite
WMAP montrent que cette théorie représente une bonne
approximation de ce qui s’est produit lorsque notre Univers en
expansion s’est refroidi. La cosmologie a rassemblé quantité de
preuves en faveur d’un Big Bang chaud, mais pas une « théorie
1497
finale ». Quelle est la nature de la matière sombre froide ? Quelle est
la nature de cet autre élément hypothétique, la constante cosmologique
d’EINSTEIN ? PLANCK pourrait nous apprendre si l’une des versions
de l’inflation a réellement eu lieu. « L’histoire de la cosmologie
repose pour l’essentiel, sur une rencontre entre de grandes espérances
d’un côté et de minutieuses observations de l’autre. Avec parfois la
joie immense de découvrir ce que SMOOT appelle "le Visage de
Dieu" ! ».
Deuxième postface « La carte de l’Univers primordial ». Robert
WILSON (prix Nobel de physique 1978) a suivi fin 1950 à Caltech
l’enseignement en cosmologie de Fred HOYLE, auteur et défenseur
acharné de la théorie de l’Univers stationnaire. Cette théorie lui
plaisait et il n’était donc pas particulièrement orienté vers une
cosmologie de type « Big Bang », théorie désormais plutôt bien
comprise et qui semble être la
seule susceptible d’expliquer
l’Univers tel qu’il est. Il narre
ensuite son entrée aux laboratoires
Bell, les circonstances dans
lesquelles il a fait avec PENZIAS la
découverte que l’on sait, la prise
de contact avec l’équipe de Robert
DICKE qui cherchait à mettre en
évidence le rayonnement fossile et l’attribution du prix Nobel. Il
ajoute que certains de ses collègues, comme GAMOW, ALPHER et
HERMAN qui avaient prédit dans les années 1940 le rayonnement de
fond issu d’un Big Bang ou encore PEEBLES et DICKE qui étaient partie
prenante dans cette découverte auraient dû partager le prix Nobel avec
PENZIAZ et lui. Il mentionne ensuite la contribution du satellite COBE
dont les observations ont établi que le spectre d’émission du fond
diffus cosmologique était celui d’un corps noir (presque parfait),
conformément aux prédictions de la théorie du Big Bang, confortant
ainsi cette théorie. Le satellite PLANCK va certainement renforcer
notre compréhension de ce qui s’est passé au moment de la naissance
de l’Univers. Pour terminer il évoque la période très heureuse qu’il a
passée aux laboratoires Bell.
1498confusion. A cela vient s’ajouter la suggestion à laquelle nous avons déjà fait allusion.
Les deux auteurs d’un manuel destiné à tous ceux qui veulent mener des enquêtes scientifiques sur ce genre de phénomènes donnent les conseils suivants :
-Toujours respecter la vie privée et la propriété des personnes et ne pratiquer aucune action sans accord formel du propriétaire des lieux ou des gens concernés.
-Toujours conserver une attitude courtoise, tolérante et non arrogante vis-à-vis des personnes qui se disent victimes de tels faits car ils sont souvent réellement perturbés et craignent de passer pour fous. Afficher un scepticisme total dès l’abord n’est pas conseillé.
-S’efforcer au contraire d’établir un climat de confiance avec les témoins. Essayer de connaître leurs convictions (croyances religieuses, scepticisme).
-Interroger les témoins en privé et séparément. Au besoin, faire répéter le témoignage et le faire mettre par écrit.
-Garder l’attitude la plus neutre possible quels que soient les évènements se déroulant en votre présence.
-Utiliser la vidéo pour enregistrer les lieux, les faits observés et les témoignages.
-Se méfier des explications simplistes. -Eviter de sauter trop vite aux conclusions avant de disposer de
suffisamment d’éléments probants. -De toute façon, en l’absence d’explication l’attitude saine du sceptique, après avoir épuisé les causes possibles qu’il connait, est de réserver son jugement. L’absence apparente d’explication n’est jamais une preuve du caractère paranormal du fait observé ou ressenti.
Cyrille de Neubourg écrit en 1957 à la fin de son livre : « En mettant à part les hallucinations dont les causes sont d’ordre pathologique, y-t-il des fantômes dont l’existence ne fait aucun doute ? Il semble bien que non, car personne ne peut affirmer avec une certitude absolue leur authenticité. Par ailleurs ceux qui admettent la réalité des fantômes n’ont pu jusqu’à présent élaborer une théorie satisfaisante pour expliquer le phénomène. Il s’agit donc pour ceux qui étudient le supranormal d’accumuler un nombre suffisant de cas précis et d’en chercher les lois qui les gouvernent. Pour le moment ;le mystère n’est pas résolu ».
1471
ambiante, de polarisation, de réactions chimiques, etc. (Nickell 1994, 1997).
Récemment, s’est développée une forme spéciale de fantômes appelés « orbes ». Il s’agirait de petits êtres lumineux apparaissant sur les photos sous la forme d’un petit cercle de couleur blanche et qui se déplacent dans l’air. Cette vogue de fantômes new look est apparue au moment où s’est développée la photo numérique. Les orbes qui existaient rarement sur les photos argentiques se sont multipliées parce que le capteur des appareils numériques est plus petit que la pellicule argentique ce qui a pour conséquence de rapprocher de l’appareil la zone de netteté des sujets photographiés. Cette zone étant plus proche les particules en suspension en dehors de la zone de foyer deviennent plus lumineuses quand elles sont éclairées par le flash. A la suite de cela apparaissent des cercles blancs parfois opaques parfois transparents quand la lumière est moins intense. On peut obtenir aussi des orbes sans flash si un grain de poussière reçoit assez de lumière. Le chercheur sceptique Benjamin Radford a décortiqué le cas d’une orbe découverte dans l’endroit le plus hanté du Canada à Fort Georges dans l’Ontario. Il s’agissait en l’occurrence de particules de poussières déposées sur les débris d’une toile d’araignée ce qui donnait l’apparence d’un globe flottant dans l’air sans support apparent. Le phénomène bien connu de paréidolie fait que certaines personnes imaginatives y décèlent aussi parfois des visages.
L’investigation scientifique de cas de maisons hantées et/ou de phénomènes de poltergeists n’est pas aisée. Elle intervient le plus souvent après une première vague de phénomènes qui ont attiré journalistes, amateurs de sensations, croyants occultistes, parascientifiques tels que géobiologues, radiesthésistes, parapsychologues et tutti quanti et dans certains cas des policiers qui s’efforcent de dresser un état des lieux et des faits avec une volonté d’objectivité mais qui n’ont ni la méthode, ni la formation requise pour juger de la réalité paranormale ou non des faits. Dans certains cas l’autorité judiciaire peut même freiner l’investigation. Dans le cas de la « hantise » d’Arc Wattripont dans le Hainaut en 1993, le procureur du roi de l’arrondissement judiciaire de Mons à l’époque a refusé catégoriquement de nous permettre de visionner la bande vidéo qui avait été enregistrée par les forces de l’ordre dans de mauvaises conditions d’ailleurs (plusieurs personnes présentes dans un lieu exigu, obscurité, observation limitée, etc.). Les personnes concernées relatent les faits tels qu’elles les ont vus ou ressentis et non tels qu’ils se sont passés. Les récits journalistiques ajoutent généralement de la
1470
Troisième postface « Les premières traces dans l’espace-temps ».
John MATHER (prix Nobel de physique 2006) mentionne
qu’aujourd’hui, grâce aux outils d’observation dont on dispose, la
cosmologie est devenue une science expérimentale. En 1974 il a dirigé
une petite équipe de scientifiques afin de concevoir une méthode de
mesure du rayonnement cosmologique émis au moment du Big Bang
ainsi que les radiations infrarouges en provenance des galaxies les
plus lointaines. Le satellite COBE, résultat du travail de plus de 1500
chercheurs de la NASA et de Bell Aerospace ainsi que d’universités a
permis à l’équipe de faire trois découvertes majeures que MATHER
décrit. Ce sont 1) la confirmation du fait que le spectre du
rayonnement fossile est celui d’un « corps noir » (température 2,725
K) confirmant la théorie du Big Bang chaud, 2) la présence de
minuscules anisotropies de la luminosité du rayonnement fossile et 3)
la radiation du fond cosmique infrarouge qui n’est pas encore
totalement expliquée et nécessite des travaux supplémentaires.
Commentaires
Dans une première partie du livre (chapitres 1 à 14) les auteurs
retracent l’histoire de la cosmologie moderne dont les débuts datent de
1915, année au cours de laquelle EINSTEIN publie sa théorie de la
relativité générale. Ce n’est pas inintéressant, mais les choses sont
présentées avec beaucoup trop d’emphase (sans doute un effet de leur
enthousiasme ou pour épater le lecteur) et à certains moments il s’en
dégage des relents de Dessein Intelligent (quand on demande aux
BOGDANOV s’ils sont créationnistes, ils s’en défendent avec énergie,
mais seraient-ils comme Monsieur Jourdain qui écrivait de la prose
sans le savoir ?). De plus un historique beaucoup plus sérieux et plus
instructif a déjà été écrit bien auparavant par Jean-Pierre LUMINET, un
astrophysicien spécialiste des trous noirs et des modèles
cosmologiques, sous le titre L’invention du Big Bang. Une première
version (voir le site http://luth2.obspm.fr/~luminet/Books/FL.html) a
servi d’introduction à son livre Friedmann A. et Lemaître G. : Essais
de cosmologie, Editions du Seuil, 1997. Une deuxième version, fort
développement de la première, a paru sous le même titre et chez le
même éditeur en 2004. Dans leur récit, les BOGDANOV insistent
lourdement et à plusieurs reprises sur la phrase prononcée par George
1499
SMOOT. Ce dernier proteste (citation tronquée, mauvaise
interprétation) contre son utilisation par les auteurs ainsi que contre
l’utilisation de la crédibilité scientifique pour promouvoir des idées
spirituelles et religieuses (voir l’article La tête dans les étoiles écrit
par Jean-Gabriel Fredet dans Le Nouvel Observateur, 15-21 juillet
2010). La lecture de cet historique réserve quelques surprises de
dimension qui révèlent des lacunes énormes dans les connaissances de
base des BOGDANOV qui, faut-il le rappeler, sont docteurs
respectivement en physique théorique et en mathématiques. Ainsi
(Introduction), au sujet du LHC (Large Hadron Collider) du CERN, ils
écrivent : dans le sillage d’atomes tellement accélérés (…). Il n’est
évidemment pas possible d’accélérer des atomes car ils sont
électriquement neutres. Ce sont des protons (qui portent une charge
positive) qui sont accélérés au moyen de champs électriques pulsés. Et
encore (chap. 1), à propos de la force faible : C’est la force faible
(sans cette forme de radioactivité, le Soleil ne pourrait pas briller). La
radioactivité n’est pas une force mais une propriété de certains noyaux
atomiques. De plus le Soleil tire son énergie, non pas d’une
quelconque radioactivité qui y règnerait, mais bien de réactions de
fusion thermonucléaire qui ont démarré grâce à la force de gravitation
et pas du fait de la force faible. Et encore (chap. 11) : Depuis notre
monde, (il faut comprendre : depuis la surface de la Terre…) noyé
dans un brouillard perpétuel de poussières et d’ondes en tous genres,
il n’est pas possible de vraiment déceler les infimes détails
indispensables à de nouvelles découvertes. Pour entrer dans les
profondeurs de la première lumière, il va falloir observer de plus loin.
Depuis l’espace. C’est surtout la vapeur d’eau présente dans la basse
atmosphère terrestre qui, absorbant les microondes, empêchent
l’observation de la première lumière. D’ailleurs des observations au
moyen de ballons s’élevant suffisamment haut ont été effectuées.
Quelques lignes plus loin, les satellites utilisés pour l’observation du
fond cosmologique sont qualifiés de prodigieuses « machines
métaphysiques » et d’engins mystérieux dans leurs buts. Les auteurs
n’expliquent pas comment on aurait pu doter les satellites de
métaphysique. De plus leurs buts n’ont rien de mystérieux car tant sur
le site de l’ESA que sur celui de la NASA (que les auteurs connaissent
puisqu’ils s’y réfèrent à plusieurs reprises), la mission de ces satellites
1500La lumière visible ne représente qu’une fraction du spectre des
ondes électromagnétiques. En dessous d’elle on trouve e.a. les ondes infrarouges. Les caméras infrarouges permettent de détecter les variations de chaleur et non de lumière. Or, contrairement à la lumière visible qui disparait dès que la source est éteinte, la chaleur émise par un corps persiste un long moment lorsque la source a disparu. Si par exemple un chasseur de fantômes avec sa caméra infrarouge détecte à un endroit une longue forme verticale ayant la forme d’un être humain il ne s’agit pas d’un fantôme en train de l’observer mais vraisemblablement de la silhouette rémanente d’une personne (un membre du groupe ?) qui s’est attardée à cet endroit un moment plus ou moins long auparavant.
Plusieurs causes peuvent se combiner. Une personne impressionnable ou imaginative réagira davantage si elle est soumise par exemple à des perceptions parasites dans une ambiance sinistre. Une personne même avertie et rationnelle peut être impressionnée par un phénomène donné dont elle peine à s’expliquer la cause.
Des savants réputés ont cru à l’existence d’entités, de maisons hantées. Charles Richet, prix Nobel de médecine, se ridiculisa en accordant du crédit aux apparitions du fantôme Bien-Boâ à la villa Carmen à Alger en 1903. Le fantôme était en réalité le cocher de la générale en mal de divertissement et organisatrice de réunions spirites. Sir William Crookes fut abusé par une jeune femme, Florence Cook, qui se faisait passer pour Katie King, fille d’un
boucanier du XVII e siècle.
Sur un certain nombre de photos on semble avoir réussi à capter un fantôme mais la plus grande méfiance est de rigueur car il y les nombreux trucages possibles et au début du XXe
siècle ils furent légion. Pensons notamment aux fées de Cottingley chères à Conan Doyle. En outre beaucoup d'entre elles ne montrent que des artefacts. Il peut s'agir de phénomènes naturels ou de défauts de
l'appareil photo ou de sa pellicule, de problèmes d'exposition, d'erreurs de développement, de reflets d'objectifs, d'irruption dans l'image de la dragonne de l'appareil, de la lumière de la lampe-éclair qui se reflète sur des miroirs, des bijoux ou autres objets, d'effets de lumière
1469
électricien, Vic Tandy, qui en 1998 travaillait dans un petit laboratoire qu’il partageait avec deux autres scientifiques. Ce laboratoire avait la réputation d’être hanté. Vic avait toujours attribué cela à la suggestion ou aux divers petits animaux à fourrure qui vivaient dans certaines parties du bâtiment. Travaillant seul, un soir, tard, il commença à se sentir de plus en plus mal à l’aise et à avoir de plus en plus froid. Ensuite il eut la nette impression qu’on l’observait et, relevant la tête, il aperçut une forme grise et indistincte émergeant dans la partie gauche de son champ de vision. Il finit par trouver le courage de se retourner et de regarder la silhouette. Ce faisant, celle-ci s’évanouit et disparut. Très ébranlé il rentra chez lui. Le jour suivant il devait participer à une compétition d’escrime, aussi emporta-t-il son fleuret au laboratoire pour le réparer. Alors qu’il venait de le coincer dans un étau, la lame se mit à vibrer follement. Vic chercha une explication rationnelle. Et il en trouva une. Il constata que le mouvement était maximal au centre du laboratoire et s’éteignait à chaque extrémité de la pièce. Vic pensa alors que la pièce était le siège d’une vibration à basse fréquence, en dessous du seuil de perception de l’oreille humaine. Il remonta la source de l’onde jusqu’à un ventilateur installé récemment dans le système d’extraction d’air. Une fois celui-ci éteint, le fleuret resta inerte. Des travaux ont montré que certains infrasons pouvaient faire vibrer les globes oculaires provoquant une distorsion de la vision. Ces ondes peuvent aussi faire bouger de petits objets et de petites surfaces. Des bâtiments contiennent parfois des infrasons causés par des vents forts soufflant par une fenêtre ouverte ou par le grondement de la circulation pouvant amener certaines personnes à croire l’endroit hanté.
Autre source possible : les variations du champ magnétique. Elles peuvent provoquer des hallucinations, des halos lumineux ou des taches de lumière. Les chasseurs de fantômes ou “ghostbusters” sont très présents partout aujourd’hui y compris dans les films et séries télé. Ils disposent d’appareils électroniques et parcourent les endroits prétendument hantés pour y détecter la présence de champs électromagnétiques affirmant avoir ainsi la preuve qu’un esprit frappeur est à l’œuvre. Mais les appareils qu’ils utilisent décèlent simplement ce qui est physique, ce qui émet un champ électromagnétique. Donc si le fantôme ne se comporte pas comme un téléphone cellulaire ou une ampoule électrique, on ne peut pas le détecter de cette façon et s’il ressemble à un de ces objets comment le distinguer des autres...
1468
ainsi que l’appareillage embarqué sont longuement et explicitement
décrits. Il y a encore d’autres inepties à signaler (voir l’article de
Guillaume BLANC sur le site http://snovae.free.fr/spip.php?article157).
Dans une deuxième partie (chapitres 15 à 21), les auteurs expliquent la
théorie et l’outil mathématique qu’ils ont créés pour explorer l’instant
zéro, cette singularité sur laquelle bute toute la cosmologie actuelle.
Disons tout de suite que ces sept chapitres ne nous apprennent rien de
neuf par rapport à ce que les auteurs ont écrit dans leur livre
précédent, Avant le Big Bang, Editions Grasset & Fasquelle, 2004. A
propos de ce livre Agnès LENOIRE (Science et Pseudosciences n°264,
octobre 2004) a écrit : « Toute honorable qu’elle soit, leur théorie est
présentée sous un aspect ésotérique fort, rédhibitoire aux yeux des
rationalistes. Pour nos jumeaux, l’univers est d’essence mathématique.
L’idée n’est ni neuve, ni incongrue, mais elle leur fait énumérer des
conséquences pour le moins contestables. Tout d’abord, le début de
l’univers, réduit à un point mathématique, contiendrait tout son futur,
et les événements de l’avenir attendraient de se répandre. Il s’agit bel
et bien d’un principe anthropique fort, comme si l’univers et la vie qui
apparaîtra ensuite, ne pouvaient échapper à cette programmation. Leur
culte des maths se traduit par une mystique de la pureté du zéro. Le
lecteur est passé, subrepticement, de l’éloge appuyé des
mathématiques à une mystique des nombres, enfin à la création
divine ». Alain RIAZUELO, astrophysicien, chercheur de l’Institut
d’Astrophysique de Paris et membre de l’équipe PLANCK, a rédigé
des Notes de lecture sur l’ouvrage « Le Visage de Dieu » qui ont
figuré sur http://www2.iap.fr/users/riazuelo/fpc/bog/lvdd/lvdd.php. Il
s’y montre très critique. A noter que suite à un procès que lui ont
intenté les frères BOGDANOV, ces notes et d’autres articles sur les
mêmes sont actuellement supprimés. Alain RIAZUELO estime que les
opinions personnelles émises par les auteurs relèvent assez clairement
du Dessein Intelligent et que le but inavoué du livre est plutôt de
promouvoir l’idée que la science est sur le point de prouver que
l’Univers tel que nous le connaissons peut difficilement se passer de
l’hypothèse d’un Créateur. Pour étayer cette hypothèse connue sous le
nom de « Principe anthropique fort » les BOGDANOV invoquent (chap.
15) une citation attribuée à EINSTEIN. Alain RIAZUELO précise que
cette citation est tronquée et que le texte correct se trouve dans une
1501
lettre à un enfant de dix ans lui demandant s’il priait, et si oui, pour
quoi il priait. La réponse, dont le sens est à l’opposé complet de celui
de la phrase citée par les auteurs, est la suivante : « J’ai essayé de
répondre à ta question aussi simplement que possible. Voici ce que
j’en pense : la recherche scientifique se fonde sur l’idée que les lois
de la nature déterminent tout ce qui existe ; il en va de même pour les
actions de l’homme. Pour cette raison, un chercheur scientifique sera
difficilement enclin à croire que les événements pourraient être
influencés par une prière, à savoir par un souhait adressé à un être
surnaturel. Cependant, il nous faut admettre que notre connaissance
de ces lois n’est qu’imparfaite et fragmentaire. En fait, croire qu’il
existe des lois fondamentales régissant toutes choses dans la nature
repose aussi sur une sorte de croyance. Ajoutons toutefois que cette
croyance a été confirmée jusqu’à présent par le succès de la
recherche scientifique. Par ailleurs, toute personne sérieusement
engagée sur la voie de la recherche n’échappe pas
à la certitude qu’un esprit se manifeste au travers
des lois de l’Univers – un esprit immensément
supérieur à celui de l’homme et devant lequel,
nous, modestes acteurs, devons nous sentir
humbles. De cette manière, la voie de la recherche
scientifique mène à un sentiment religieux d’un
caractère particulier ; il est, bien sûr, tout à fait
différent de la religiosité d’une personne plus naïve. » (Helen DUKAS
et Banesh HOFFMANN, Albert EINSTEIN, The Human Side, Princeton
University Press, 1979, traduction française : EINSTEIN –
Correspondance, InterEditions, Paris, 1980). On peut trouver d’autres
critiques argumentées, notamment celle de Guillaume BLANC sur les
sites Internet http://snovae.free.fr/spip.php?article157 et article 176.
La quatrième couverture du livre (première édition) annonce (ce qui
ne figure plus dans l’édition en livre de poche de 2006) : « Ce livre –
nourri des révélations fournies par le nouveau satellite PLANCK lancé
le 14 mai 2009 – s’approche… ». Ce qui est évidemment faux parce
que les données recueillies par le satellite ne seront rendues publiques
que fin 2012, voire début 2013. Les Bogdanov, ne faisant pas partie de
l’équipe qui traite les données de PLANCK, n’ont pas accès à ces
1502campagnard et demandant dès lors aux spectateurs de signaler les odeurs ressenties. Un son quelconque de courte durée se faisait alors entendre. Une centaine de spectateurs téléphonèrent dont la majorité déclara avoir senti un fort parfum de haie, d’herbe et de fleurs !
Des phénomènes physiques peuvent être la cause de ce que l’on prendra, sans étude approfondie, pour un fait de hantise ainsi certains phénomènes géologiques : des cavités dans le sous-sol d’une maison proche de la mer par exemple peuvent permettre à l’eau de s’infiltrer dans ces poches à marée haute provoquant des déplacements d’air d’une cavité à l’autre avec comme conséquences des fissures, des craquements et donc des bruits divers qui réapparaissent à chaque retour de l’eau. La fragilisation du sol peut même entrainer de petits effondrements ébranlant la maison et faisant claquer les portes.
Henri Broch rapporte dans un de ses livres un cas de hantise apparente ayant été résolu. Dans l’arrière pays niçois des coups se manifestaient dans une chambre. L’intervention d’un radiesthésiste n’avait rien changé. Les enquêteurs remarquèrent qu’un tuyau métallique d’un échafaudage voisin était partiellement encastré dans un des murs de la chambre. La dilation provoquée par le soleil de la journée suivie d’une rétraction due au refroidissement nocturne étaient responsables de ces coups mystérieux.
Gérard Majax cite le fait d’un appartement situé dans immeuble tout à fait moderne qui était le siège de bruits voire de paroles semblant sortir des murs. La gendarmerie appelée ne put que constater la chose sans pouvoir l’expliquer. L’appartement n’avait aucun voisin, ni à gauche, ni à droite, ni au-dessus ni en dessous. Les voix mystérieuses empêchaient les occupants de dormir. On s’aperçut finalement, un peu par hasard, que les bruits provenaient d’étages situés à plusieurs niveaux de distances de l’appartement « hanté ». Par une bizarrerie de la composition moléculaire des matériaux il y avait une transmission d’ondes sonores à travers le béton. Un ressortissant pakistanais, musicien, écoutait tard dans la nuit de la musique exotique sans se rendre compte qu’il gênait des voisins pourtant éloignés.
Un son excessif peut faire vibrer le corps mais il y a plus sournois. Certains infrasons inaudibles par l’oreille humaine perturbent néanmoins l’oreille interne et peuvent déranger. Apparaissent alors différents malaises .et le sentiment d’une présence. Richard Wiseman, professeur de psychologie décrit le cas curieux d’un ingénieur
1467
cerveau : le cortex qui nous rend capable d’être en contact avec le monde extérieur et une autre partie plus profonde de notre cerveau qui emmagasine tout ce que nous avons vécu : émotions, souvenirs, etc. En état de veille le cortex nous permet d’appréhender correctement la réalité. La drogue éveille des éléments de notre mémoire qui viennent perturber notre perception et se mêlent à la réalité. Un objet vu dans un tel état peut faire, par exemple, ressurgir l’image de son propriétaire défunt et c’est alors l’apparition d’un fantôme.
Une autre possibilité ressortit au domaine médical. Il s’agit de la paralysie du sommeil et des hallucinations qu’elle peut entrainer. Ce trouble du sommeil est dû à des intrusions du sommeil paradoxal et de l’absence de tonus musculaire qui l’accompagne lors des transitions entre veille et sommeil. La sensation la plus fréquente est celle d’une présence. Souvent hostile. Hallucinations auditives (bruits de pas, voix, etc.), impressions d’étouffement, sensations de chute, de sortie du corps, etc.. peuvent également se présenter. Ce type de pathologie peut jouer un rôle non négligeable dans les rapports d’évènements d’apparence paranormale (visions de fantômes, poltergeists, etc.).
Même si l’on n’est pas sous l’influence d’une drogue, nos perceptions, qui sont toujours le résultat d’un traitement par notre cerveau, peuvent être brouillées dans différentes circonstances : la nuit par exemple, dans l’ombre, des formes indistinctes peuvent nous faire croire à la présence d’une personne. Il ne faut pas non plus exclure un disfonctionnement possible de l’œil. Si nos yeux sont déficients, notre cerveau peut compenser la chose en faisant apparaitre des images diverses (Syndrome de Charles Bonnet).
Selon Richard Wiseman, ce qui joue surtout en fait dans de nombreux cas supposés de hantise c’est la force de suggestion qui est nettement sous estimée. Il cite notamment une expérience menée sur un couple marié vivant dans une maison qui n’avait pas la réputation d’être hantée auquel il avait été demandé de noter pendant un mois des faits inhabituels. Etonnamment ce couple a rapporté 22 faits curieux incluant un disfonctionnement téléphonique, leur nom murmuré par une présence fantomatique et le déplacement étrange d’un masque vaudou sur une étagère. Il cite aussi le cas d’une émission de la BBC à la fin des années 70 au cours de laquelle un team scientifique (cherchant à mesurer le pouvoir de suggestion) présentait, avec le sérieux requis, un appareil permettant de transmettre les odeurs via le son et affirmant qu’il allait avec cet appareil transmettre un parfum
1466
données. Ils devront attendre comme vous et moi pour pouvoir en
prendre connaissance.
On peut s’étonner de ce que trois scientifiques de haut niveau aient
accepté d’écrire un article dans ce livre, apportant ainsi une caution
scientifique à son intégralité. D’après Alain RIAZUELO, il n’en est rien
car contactées, toutes ces personnes ont dit avoir collaboré avec les
auteurs en pensant que le livre ne porterait que sur l’histoire de la
cosmologie. Et en effet, dans leurs articles, les trois scientifiques ne
soufflent mot de la théorie des frères. Ceux-ci répliquent sur le site
http://cosmologie.blog.lemonde.fr/2011/03/19/manipulations-et-
mensonges-du-bon-docteur-riazuelo.
Signalons pour en terminer qu’est paru début juin 2012 un nouveau
livre des frères BOGDANOV : La Pensée de Dieu, Grasset. D’après les
extraits publiés notamment par Le Figaro Magazine (taper « La
pensée de Dieu Bogdanov» dans un moteur de recherches), on peut
craindre que rien de nouveau ne sera révélé. A vérifier… Notons
toutefois, que dans une interview des frères publié par le journal
Direct Matin (http://www.directmatin.fr/article/37507), les auteurs
précisent que ce « Dieu » n’est pas celui de la révélation, mais,
comme pour EINSTEIN, « le Dieu de Spinoza », c’est-à-dire la cause à
l’origine des causes. Ils déclarent également qu’ils sont totalement
opposés au créationnisme car celui-ci nie le hasard qui joue pourtant
un rôle dans l’évolution de la vie.
Roger Gonze
1503
1504
Nous ne sommes pas seuls
Québec Sceptique, N° 77, Printemps 2012
L’affaire du collier.
Louis Dubié fait le point sur le collier de
noisetier qui, passé autour du cou,
diminuerait les symptômes d’une multitude
d’affections. Les effets allégués sont-ils
réels ? Leur efficacité est anecdotique. Il
n’existe pas d’études cliniques. Le succès
est surtout dû à une campagne publicitaire
très bien menée. L’utilisation de ce produit
à la place de médicaments peut être nocive.
La vente en pharmacie est coupable. Les médias n’ont pas joué de rôle
protecteur. La firme ne fournit pas de preuve scientifique. Il faudrait
donc stopper la vente de ce collier.
Sur l’identité de Shakespeare.
Normand Baillargeon traite d’un film qui prétend que ce n’est pas
Shakespeare qui a écrit ses pièces. Cette théorie ne tient pas la route
car on peut trouver des explications à toutes les anomalies qui servent
de base à cette thèse qui n’est pas neuve et qui peut être comparée à
une thèse conspirationniste.
Les nouveaux charlatans - Timothy Caulfield.
La promesse de guérisons grâce aux cellules souches a créé beaucoup
d’espoirs chez les malades incurables. S’est développé un marché qui
propose des traitements sans valeur. Ces pratiques ont été condamnées
par beaucoup d’autorités mais se poursuivent. Il n’y a pas de preuve
scientifique. C’est du marketing scientifique mercantile au jargon
accrocheur. Les injections sont dangereuses et les traitements bidons
et onéreux. Les médias facilitent cette exploitation. Les chercheurs
sont sous pression mais les recherches sont inachevées dans ce
domaine et les études animales sont non concluantes. Un prudent
scepticisme est de mise.
Le leurre politique - Normand Baillargeon
La propagande politique s’apparente selon cet auteur à une forme de
magie car les procédés mis en œuvre relèvent des leurres et illusions
cognitives dont se servent les magiciens pour leurs effets. 1. Quand ça
commence, c’est déjà fini. La cuiller est déjà pliée avant le tour. La
décision d’entrer en guerre est prise avant la conversation
démocratique. 2. Le magicien manipule les perceptions. La propagan-
Maisons hantées, poltergeists and Co….
L’existence des fantômes implique que quelque chose subsiste d’un être humain après la mort. Or, ne demeurent que des restes, des ossements ou parfois des corps momifiés naturellement lorsque les conditions extérieures sont favorables. On n’a jamais démontré scientifiquement qu’une conscience pouvait persister sans un cerveau qui lui permette de se manifester. Si l’on accepte ce postulat de départ comment se peut-il que de nombreuses personnes prétendent avoir vu ou entendu des fantômes, c-à-d.des esprits désincarnés résidant dans des endroits réputés hantés. De nombreux récits font ainsi état de personnes ayant connu une mort violente et dont le spectre continuerait à fréquenter l’endroit où elles ont été tuées. On peut, semble-t-il, raisonnablement se poser la question : pourquoi rester lié à un endroit alors que pour ceux qui y croient, l’esprit peut se poser n’importe où ?
Les idées que l'on se fait des maisons hantées viennent souvent de livres ou surtout de films. Prenons l’exemple Amityville Horror qui est censé décrire les évènements paranormaux dont les membres de la famille Lutz avaient été victimes. En réalité il s’agissait d’une arnaque des Lutz qui ont inventé cette histoire abracadabrante pour échapper à des problèmes familiaux et financiers (Melvin Harris 1986).
Toutes les histoires de hantises ne sont évidemment pas des escroqueries. Certaines sont le fait de blagues d’adolescents ou d’actions de jeunes perturbés qui cherchent à obtenir de l'attention en faisant peur à leurs parents, frères et sœurs.
D’autres hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer cette impression de hantise chez beaucoup de personnes. Il y a des drogues hallucinatoires qui provoquent un déséquilibre entre deux régions du
1465
Le MOT DU PRESIDENT LE 21 DÉCEMBRE 2012 : la fin du
monde ?
Ce n’est pas la première fois que certains prédisent la fin du monde.
On peut en trouver une longue liste sur le site Internet
http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_dates_predicted_for_apocaliptic_events.
La prédiction relative au 21 décembre prochain a toutefois une
particularité : « elle n’émane d’aucune secte ou religion particulière et
est, au contraire, relayée par des gens venant d’horizons extrêmement
variés, de plus en plus nombreux. » (Laure GRATIAS, La Grande Peur
de 2012, Editions Albin Michel, 2011). L’affaire démarre avec une
fable : la collision le 21 décembre 2012 entre la Terre et la planète
Nibiru (ou X) qui aurait été découverte par les Sumériens. De plus, un
calendrier de la civilisation Maya, le Tzolk’in, s’arrêterait le jour du
solstice d’hiver 2012, date à laquelle se produiront de nombreuses
catastrophes naturelles (tsunamis, séismes, inversion des pôles
magnétiques de la Terre). D’autres prédicateurs invoquent le prochain
maximum de l’activité solaire, un alignement des planètes du système
solaire, le passage prétendu dangereux de la Terre dans le plan de la
Galaxie ou encore la chute d’un astéroïde. Toutes ces rumeurs sur la
fin du monde en 2012 ont pris une amplitude telle que la NASA a pris
l’initiative de les démentir sur l’un de ses nombreux sites, à savoir :
http://astrobiology.nasa.gov/ask-an-astrobiologist/intro/nibiru-and-
doomsday-2012-questions-and-answers. On y trouve d’autres adresses
intéressantes dont http://2012hoax.org. La conclusion : « Les
scientifiques dignes de ce nom savent que 2012 n’est associé à aucune
menace ». Tout ceci n’empêche nullement les arnaqueurs de tout poil
de profiter de l’occasion pour faire de bonnes affaires : vente d’abris,
kits de survie, provisions de nourriture, quantité de livres, etc. Ce qu’il
faut craindre, c’est que des personnes trop crédules, effrayées par ces
prédictions, n’attentent à leurs jours. Attendons donc avec sérénité la
prochaine prédiction qui ne saurait tarder. Sans doute bien avant le 21-
12-2112, palindrome constituant un futur candidat fort alléchant…
1464 1505-de de guerre use d’une perception sélective de la réalité. Elle utilise
les schémas mentaux préexistants chez les individus : l’ennemi
désigné est un nouvel Hitler par exemple. 3. La bonne foi est toujours
mise en avant. Il n’y a pas de trucage dit le magicien. L’action à
entreprendre est nécessaire pour des raisons d’humanité, de
démocratie dit le politique. 4. Le magicien recourt aux accessoires. Le
propagandiste use de faux témoignages. 5. Les complices. Le
magicien les utilise. En politique les médias jouent souvent ce rôle.
Skeptical Inquirer, Vol 36, n° 4,
Aout 2012 Why the GOP distrusts Science
(Pourquoi le GOP (Grant Old Party =
Parti Républicain) se défie de la
science) - Chris Mooney.
Jusqu’à présent, la confiance des
Américains dans l’institution
scientifique et ses leaders était forte.
Une étude récente (2012) montre que
cette confiance a fortement diminué
chez les conservateurs américains
éduqués. Elle serait liée à un
mouvement né entre 1960 et 1970, le New Right. Les conservateurs
ont créé leur source alternative d’experts, leur propre version de la
réalité, de la science, etc. et développé en même temps un univers
médiatique alternatif. On y attaque les scientifiques sur toutes sortes
de sujets comme le réchauffement climatique. L’idée est que ce
domaine « libéral » est biaisé et qu’une contre-expertise s’impose.
Explication partielle selon l’auteur. Il faut aussi examiner les
déterminants souterrains psychologiques du comportement politique.
Au sens psychologique, les conservateurs actuels sont plus rigides et
moins ouverts, donc plus enclins à écarter les opposants idéologiques
en refusant tout compromis.
Enfield Poltergeist - Joe Nickell En 1977 à Londres, un cas de poltergeist, concernant une fillette de 11
ans (Janet) lévitant au dessus de son lit, tient le public en haleine
pendant un an. Quatre jeunes enfants et leur mère habitent la maison.
Bruits, mouvements d’objets, lit qui bouge, etc. sont fréquents.
L’épicentre est Janet, grande pour son âge, très forte en gymnastique
et très intelligente. Selon l’auteur, les parapsychologues étaient fort
crédules. Exemple : la voix étrange que l’on entendait parfois refusait
de parler quand les fillettes n’étaient pas seules dans leur chambre !
Une explication possible de la lévitation (prise en photo), selon
1506
l’auteur, est que Janet sautait, se servant du lit comme d’un
trampoline. Elle aurait avoué plus tard avoir triché (avec une de ses
sœurs) mais pas souvent !
Flying saucer or fly (Sousoupe volante ou mouche) : The Case UFO
Sceptics Have Been Dreading (Le cas d’Ovni que les sceptiques Ovni
ont redouté ?) - Robert Sheaffer . Un ovni aurait été filmé en vidéo en novembre 2012 au-dessus de
l’aéroport d’El Bosque au Chili. C’est ce qu’a prétendu e.a. l’expert
ufologiste Leslie Kean affirmant que l’affaire clouait le bec aux
sceptiques. Elle prétendait que l’objet avait été vu par sept caméras
différentes mais une seule vidéo a été diffusée L’engin ne montrait
aucun signe de propulsion et il était impossible de le situer par
rapport au sol. Il passait et repassait. La meilleure explication pour les
experts critiques était qu’il s’agissait d’une mouche et que la vidéo
avait été trafiquée et mise sur le net avec l’intention de tromper
l’audience. L’auteur fait aussi référence à l’ovni de Petit Rechain, le
canular qui a leurré plusieurs « experts » belges.
Diving HeadOn into Pseudoscience (Avec HeadOn plongeon dans la
pseudoscience) - Benjamin Radford.
HeadOn est une pommade qu’il suffit d’appliquer sur le front pour
éliminer maux de tête et migraines. C’est un produit homéopathique
qui fonctionnerait à travers les nerfs. Aucune étude clinique ne prouve
ses résultats prétendus qui sont sans doute dus à un effet placebo.
Neurologic Ilness or Hysteria ? (Maladie neurologique ou hystérie ?) -
Joe Nickell.
Cela a débuté à la Haute Ecole Le Roy à New York en 2011. 15 teen-
agers ont manifesté une sorte de symptôme de Tourette avec des tics
et des explosions verbales. Les hypothèses envisagées d’abord - un
désordre du système immunitaire, les médicaments et drogues, des
causes environnementales – ont dû être abandonnées. L’auteur penche
avec les neurologues pour un désordre de conversion, un groupe de
symptômes provoquant des malaises physiques mais sans cause
identifiée dans un groupe d’individus partageant les mêmes
croyances. Dans le cas présent, on peut parler de maladie
psychogénique de masse.
M.Soupart
ISSN :0774-5884
Comité belge pour l’investigation scientifique
des phénomènes réputés paranormaux
(Association sans but lucratif)
Membre du European Council of Skeptical Organisations
(ECSO)
http://www.ecso.org
« Le plus ancien comité dénonçant les dérives de l’irrationnel »
Fondé en 1949
Nouvelles sceptiques
Ne rien nier a priori, ne rien affirmer sans preuve
(Dr Robert Rendu, Une expérience suggestive de radiesthésie,
Editions Camus, Lyon, 1936, p. 5)
Numéro 78 Août 2012
Sommaire
Le mot du Président 1464 Maisons hantées, poltergeists and Co 1465 Présentation 1473
Einstein avait raison 1474 Nous avons lu pour vous
Tour du monde d’un sceptique 1478 Le visage de Dieu 1480 Nous ne sommes pas seuls
Le Québec Sceptique n° 77, Printemps 2012 1504Skeptical Inquirer, Vol. 36, n°4, Juillet-Août 2012 1505
http://www.comitepara.be
COMITE PARA
www.comitepara.be
- en 2012 -
MEMBRES D'HONNEUR
P. DANBLON, Journaliste scientifique J. RANDI, Illusionniste américain.
MEMBRES HONORAIRES
A. FOUGNIES (Mme), Romaniste, Membre hon. du Service Edu. à la Bibliothèque Royale; C. ISBECQUE (alias KLINGSOR), Ingénieur agronome (Groupe: génie rural),
Illusionniste professionnel, Ancien Président du Club des Magiciens de Bruxelles; R. VANHERLE, ancien Adj. à la Recherche au Laboratoire de Rech. Card.,
Faculté de médecine de l’Université Libre de Bruxelles, retraité;
MEMBRES CORRESPONDANTS
H. BROCH, Professeur de Physique et de Zététique, Université de Nice-Sophia Antipolis, Directeur du Laboratoire de Zététique de cette université;
C. DE JAGER, Professeur honoraire à l’Université d’Utrecht, Astrophysicien, Secrétaire général de l’Union Astronomique Internationale de 1967 à 1971, Ancien Président du European Council of Skeptical Organisations (ECSO); P. KURTZ, Professeur de Philosophie, Président du CSI, Buffalo (USA);
J.C. PECKER, Professeur honoraire au Collège de France, Membre associé de l’Acad. R. de Belg. et Membre de l’Acad. des Sc. (Paris), Secrétaire général de l'Union Astronomique Internationale de 1961 à 1964;
G. PLESSY, journaliste français retraité; P.A. STURROCK, Professeur à l’Université de Stanford (USA),
Président de la Society for Scientific Exploration.
CONSEIL D’ADMINISTRATION
BUREAU R. GONZE, Astronome, Chef de dépt. honoraire à l'Observatoire Royal,
Président; O. MANDLER, Ingénieur Commercial, Chef d’entreprise,
Secrétaire-Trésorier; M. SOUPART, Officier supérieur, breveté d'état-major, retraité,
Secrétaire-adjoint;
M. BOSQUET, Autodidacte en science; J. CHAMPENOIS, Educateur, retraité de l’enseignement, Magicien;
M. HINSENKAMP, Docteur en médecine, spéc. en orthopédie et traumatologie; J. HOEYMANS, Physicien retraité;
F. KAMPS, Autodidacte en science; A. KOENIGSFELD, Ingénieur civil électronicien ULg, Chef d’entreprise;
B. SPRIO, Ingénieur Industriel, Chef d’entreprise; M. VANDIEPENBEECK, Climatologue à l’Institut Royal Météorologique;
COMITE DE REDACTION DES NOUVELLES SCEPTIQUES
O. MANDLER, R. GONZE, M. SOUPART, B. SPRIO
Vous qui désirez promouvoir l’esprit critique, vous vous devez de collaborer à l’activité, à la lutte et à la diffusion des idées défendues par le
Comité belge pour l’Investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux
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le plus ancien de son genre dans le monde.
COMMENT lui apporter votre contribution?
1. En signalant au Comité les cas réputés paranormaux, les pratiques occultes et les procédés charlatanesques dont vous auriez connaissance; 2. En lui indiquant toute personne qui voudrait bien se prêter à des expériences sur n’importe quel pouvoir paranormal dont elle se croirait douée; 3. En adressant au Comité vos suggestions et travaux relatifs à ces questions; 4. En diffusant ses publications et en signalant à votre entourage les manifestations publiques organisées sous ses auspices; 5. En versant annuellement votre cotisation(*) de membre au compte 000-0069728-82 du “Comité Para”, 1160 Bruxelles.
N.B.: Il est bien entendu que le Comité a pour objet principal l’étude scientifique des phénomènes réputés paranormaux. Toutefois il a également une tâche d’information. C’est pourquoi il relate dans ses NOUVELLES SCEPTIQUES, les cas qui lui semblent intéressants ou qui ont fait l’objet de son examen.
Les articles signés paraissent sous l’entière responsabilité de leurs auteurs.
* * * * * * Editeur responsable: Secrétariat: M.Soupart O.Mandler 36, Avenue A. Oleffe 183, rue Théodore De Cuyper 1160 Bruxelles 1200 Bruxelles _________
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Pour un payement effectué de l’étranger (entre pays de la zone euro) il faut indiquer à sa banque (en plus du montant à payer): - le code signalétique IBAN du Comité: BE 25 0000 0697 2882: - le code signalétique BIC de notre banque: BICBPOTBEB1
Qu’est-ce que le
Comité belge pour l’Investigation scientifique des phénomènes réputés paranormaux ?
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Un groupement de personnalités, universitaires pour la plupart, appartenant à différentes disciplines philosophiques et scientifiques, et animées d’un même désir de détecter le vrai et le faux dans les phénomènes dits paranormaux et présentés au public à grand renfort de publicité.
Ce Comité a été fondé en 1948 et constitué en A.S.B.L. le 21 mai 1949 (Moniteur Belge du 4 juin 1949)(*), en raison du développement croissant des pratiques connues sous le nom générique d’occultisme, de métapsychie ou de parapsychologie.
Son but est d’étudier ces pratiques, de les soumettre à un contrôle impartial et objectif, puis de publier, en temps opportun, le résultat de ses recherches.
Des disciplines diverses sont ou ont été représentées au sein du Comité: Agronomie, Archéologie, Art de l’Ingénieur, Astronomie, Calcul des probabilités, Chimie, Criminalistique, Droit, Géologie, Histoire, Hydrologie, Hygiène, Littérature, Mathématiques, Médecine, Météorologie, Orientalisme, Pharmacie, Philosophie, Physique, Police, Psychiatrie, Radiations, Statistiques et Télécommunications.
De plus, pour éviter toute cause d’erreur, le Comité compte, parmi ses membres effectifs, des spécialistes en illusionnisme.
Les statuts actuels (adoptés en Assemblée Générale Extraordi-naire du 25 novembre 2004, modifiés en 2008) prévoient qu’outre les membres effectifs, dont le nombre est limité à 40, le Comité s’adjoint des membres adhérents en nombre illimité. Une cotisation annuelle est demandée aux membres adhérents comme aux membres effectifs. Elle donne droit aux conférences et aux démonstrations publiques que le Comité peut être amené à organiser, ainsi qu’à ses « Nouvelles Sceptiques » et à son Trait d'Union (TU). (*) Pour obtenir une copie des statuts du Comité, consultez www.comitepara.be ou faites-en la demande à son Secrétariat, en joignant une enveloppe timbrée pour la réponse. D’anciens numéros des Nouvelles Brèves encore disponibles dans les archives du Comité peuvent être obtenus au prix de 2,50 Euros l’exemplaire.
N.B.: Notre fichier de membres n’est communiqué à aucun tiers (loi relative à la vie privée)
ISSN : 0774-5834
Nouvelles
Sceptiques
Comité belge pour l’investigation
scientifique des phénomènes réputés paranormaux
dit « Comité Para » Association sans but lucratif fondée en 1949
« http://www.comitepara.be »
Membre du European Council of Skeptical Organisations (ECSO)
Numéro 78 Août 2012