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Novembre 2016 EMPLOI LE MAGAZINE DE minutes SUPP T. Weill / 20 Minutes Devancer le handicap Hémiplégique, Juliette Marques vient de commencer son service civique après un master 2 en sciences de l’éducation.

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Novembre 2016

EMPLOILE MAGAZINE DE minutes

SUPP’

T.Weill/20Minutes

Devancerle handicap

Hémiplégique, JulietteMarques vient de commencer son servicecivique après unmaster 2 en sciences de l’éducation.

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Novembre 20162 ■■■Handicap

Propos recueillis par Sylvie Laidet

Marraine de la Semaine euro-péennepour l’emploi des per-sonnes handicapées 2016,

Marie-Anne Montchamp était secré-taire d’Etat, chargée des personneshandicapées entre 2004 et 2005. Elleest à l’initiative du vote de la loi han-dicap de 2005. Aujourd’hui soutien deNicolas Sarkozy pour la primaire desRépublicains, elle revient sur les ré-sultats de ce programme.

Cela fait maintenant plus de dix ansque vous avez fait voter la loiHandicap. Quel bilan en tirez-vous ?La loi Handicap a porté ses fruits no-tamment en matière de scolarisationavec les auxiliaires de vie scolaire quiépaulent et accompagnent les enfantshandicapés à l’école. On constate éga-lement une amélioration sur le frontde l’emploi. Le nombre d’entreprisesà quota zéro, c’est-à-dire celles n’em-ployant aucune personne handicapée(PH) et n’ayant rien mis en œuvre surle sujet, est inférieur à 8000. Le sec-teur protégé et adapté réalise l’exploitd’être encore dans la course malgréla criseéconomiqueet le viragenumé-rique de la société.Mais il y a quandmême encorede gros points de blocage…On est en train de perdre, de manièreinsidieuse, l’esprit de la loi. L’évite-ment collectif sur le sujet de l’acces-sibilité des bâtiments est flagrant. On

reversecette loi desociété au rangdeslois ordinaires qui se perdent dans lesméandres de l’administration. La loide 2005 portait sur le projet de vie despersonnes handicapées qui devaientformuler leurs souhaits et la puis-sance publique devait les aider à yaccéder. Or, cela était trop demanderà une administration qui, au final, aimposé trop de contraintes.L’obligation d’emploi des PH est de6% dans les établissements de plusde 20 salariés. On dépasse tout justeles 3,1% dans le secteur privé et letaux de chômage des PH représentele double (20%) de celui despersonnes valides. Que proposez-

vouspour y remédier ?Ce stock de demandeurs d’emploi han-dicapésestd’uneviolencesociale insou-tenable. Je dis, fixons-nous l’objectif dediviser par deux ce taux de chômage.Aveccecapchiffré,onimposeuneclausede revoyure àmi-mandat et unanavantla fin dumandat présidentiel. Si l’objec-tif n’est pas atteint, on change de ton endevenant plus coercitif.Que préconisez-vous pour réduire demoitiécetauxdechômage?Desemploisànouveau réservés ?Il fautmettre autour de la table tous lesacteurs possible, dont évidemment lespartenairessociaux,maisaussilesasso-ciations, lesprofessionnelsde la forma-tion initiale et continue…Chacun donnesesmesures, on expérimente, on lanceet on évalue. Mais surtout pas d’ingé-rence de la puissance publique.Aquellemesure concrète pensez-voussur le recrutement desPH?Il ne s’agit pas de réserver des postesaux personnes handicapées mais derevoir lespratiquesde recrutement. Etça, c’est auxpartenairessociauxet aux

acteurs en prise directe avec le sujetd’y réfléchir et de faire des proposi-tions. Cet objectif de 6%n’est pas inat-teignable.Pour lesentreprisesqui s’enrapprochent ou qui ont allègrementdépassé ce chiffre, ce n’est pas nonplus un effort insurmontable.La loiMacron inclut désormaisles travailleurshandicapésindépendants et les stagiairesdans lecalcul des6%.Qu’endites-vous ?J’applaudis, mais c’est un morceau demesure.Latransitionnumériqueestunechance pour les personnes en situationde handicap. Mais si on n’y prend pasgarde, le jour où la réalité économiquechangera, elles pourraient se retrouverdans des situations encore plus pré-caires. Nous devons donc travailler surle maintien dans l’emploi, le reclasse-ment et la mobilité des personnes ensituation de handicap,mais aussi sur lesoutien aux créateurs d’entreprise ensituationdehandicap.LesPMEetstart-upsontégalementdesgisementsimpor-tants d’emploi encore trop souventsous-exploités. W

INTERVIEW L’ancienne secrétaire d’Etat est la marraine de la Semaine

«Onperd l’esprit de la loi »

Entreprises

&handicap

Marie-AnneMontchampest à l’origine de la loi Handicap de 2005.

L’actualitéduhandicap se lit sur 20minutes.frRetrouvez toute l’actualité autour de la Semaine européenne pour l’emploides personnes handicapées et de nombreux articles et reportages sur le sujetdu handicap à l’adressewww.20minutes.fr/magazine/handicap.

« Le chômage desPH est d’uneviolence socialeinsoutenable. »

Marie-AnneMontchamp

SOMMAIREREBONDIRLe panel #MoiJeune de20 Minutes donne ses idéesenmatière d’intégration despersonnes handicapées P. 4

Retour sur les techniquesde l’association de sensibili-sation Free Handi’se P. 6

SUIVRE L’EXEMPLEDeafi, le 1er centre derelation client dédié auxpersonnes sourdes etmalentendantes P. 8

Les raisons du succèsde la fonction publique P. 10

JEUNESA 26 ans, Juliette Marquesfait un service civique P. 12

L’enseignement secondairereste difficile d’accès P. 14

TROUVERUNJOBLes conseils des pros pourreprendre confiance P. 15

Les aides ajustées pour lestravailleurs handicapés P. 18

S’ÉPANOUIRMagali Le Naour-Saby,une actrice à suivre P. 20

Pourquoi le cinémas’emparedu handicap P. 22

Supplément au quotidien 20 Minutes,2e marque de presse française avec20,2 millions d’utilisateurs par mois1er quotidien avec 3 765 000 lecteurs(ACPMONE 2015-2016,ONE Global 2016V3)

24-26, rue du CotentinCS 23110 75732 Paris Cedex 15Tél. :0153266565Fax :0153266510E-mail : [email protected]

Edité par 20 Minutes France, SAS au capital de 5 776 544 €,RCS Paris 438 049 843

Actionnaires : Sofiouest, Rossel France InvestissementPrésident, directeur de la publication : Olivier BonsartDirecteur de la rédaction : Acacio PereiraDirecteur général adjoint en charge des revenus : RenaudGrand-ClémentDirecteur général adjoint en charge de l’exploitationet des systèmes d’information : Frédéric LecarmeRédacteurs en chef : Laurent Bainier et Armelle Le GoffDirectrice dumarketing et de la communication : NathalieDesaixDirectrice administrative, financièreet des ressources humaines :Magali Aldon

Impression : Rotogaronne

©20Minutes France, 2016.Dépôt légal : à parution.Nos ISSN : en cours

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Novembre 20164 ■■■Handicap

Constance Daulon

Lasituationdespersonnesensitua-tion de handicap a peu changé etleseffortspourlesintégrernesont

passuffisants.Unconstatrévéléparuneenquête d’Opinionway et 20Minutes au-près de la communauté #MoiJeune.Pour58%dessondés, lasituationasta-gné ces cinq dernières années.Et cela ne devrait pas aller en s’arran-geant : ils sont 71%à jugerque la situa-tion sera toujours difficile en 2030.« Trois raisons expliquent ces proposassez pessimistes, commente Elie Sic-Sic, cofondateurde l’agenceTellme thetruffe. Le mot ‘handicap’ rime souventavec ‘incapacité’et il yauneméconnais-sancedecequiestconsidérécommeunhandicap. 80% des handicaps sont invi-sibles et arrivent au cours de la vie. »

Lespécialistenoteégalementque,sicesjeunesn’imaginentpasunmeilleurave-nir, c’est qu’ils oublient les nouvellestechnologies.«Ellesaidentauquotidienlespersonneshandicapées.Commelestéléphonesquionteuunrôletrèsimpor-tant dans la communication des per-sonnes sourdes ou malentendantes. »Et leurconstatsévèrenes’arrêtepas là.S’ils sont 45% à juger que leur inté-gration dans leur environnement de

travail / d’études est « plutôt bonne »,ils ajoutent « peut mieux faire ». 30%estiment aussi que ce n’est « pas topet qu’il y a encore du boulot » et lamoitié dessondésattribuentunsmileytriste à l’accompagnement des handi-capés dans le monde professionnel.Pas étonnant alors que deux tierstrouventque le sujet doit êtreuneprio-

rité des candidats à l’élection prési-dentielle.Plus informés sur ce sujet que leursaînés, les 18-30 ans sont 68% à avoirdéjà assisté à des actions de sensibili-sation autour du handicap. Ce chiffreélevé s’explique notamment par desdémarches organisées en milieu sco-laire. Ils sont effectivement 34%àavoir

été sensibilisés au cours de leursétudes, contre 17% au travail. Commepourd’autressujets, l’écolesembleres-ter lemeilleur lieude sensibilisation.WEtude OpinionWay pour 20 Minutesréalisée en ligne du 17 au 21 octobre2016auprèsd’unéchantillonreprésen-tatif de 809 jeunes âgés de 18 à 30 ans(méthode des quotas).

#MOIJEUNE Dans une étude d’OpinionWay et « 20 Minutes », les 18-30 ans dressent un dur constat

Les jeunes veulent plus d’intégration

M.Pattier/

Sipa

68%des sondés ont déjà assisté à des actions de sensibilisation sur la thématique du handicap.

Lamoitié des sondésattribuent un smileytriste concernantl’accompagnement.

La 20e Semaine européenne pourl’emploi des personnes en situationde handicap (SEEPH) se tient du 14 au20 novembre en France et en Europe.Organisés par L’association pour l’in-sertion sociale et professionnelle despersonnes handicapées (Ladapt), denombreux événements sont à noterdans votre agenda.Lors de la journée d’ouverture, ce lundi14 novembre, les prix de l’open innova-tionseront remis. Issusdeshackathonsorganisés de juillet à octobre avec pourbutdemettre l’innovationnumériqueauservice de l’innovation sociale [voir page8], les projets seront présentés et lestrois meilleures innovations retenuespar un jury de professionnels et un votedu public seront annoncées.Mercredi 16 novembre, de 9 h 30 à18 h, un grand forum emploi Ile-de-

France aura lieu à la halle GeorgesCarpentier (place de Port-au-Prince,Paris 13e). Une bonne occasion pourrencontrer lesquelque400 recruteursprésents.Enfin, pendant toute la semaine, desforumsemploi/handicap,desjobdatingset des handicaps sont organisés danstoutes la France et en Europe. De nom-breuses entreprises, associations etorganismes seront présents.W C. D.

Les rendez-vous de la semaine

Pour cette 20e Semaine euro-péenne pour l’emploi des per-sonnes en situation de handicap(SEEPH), L’associationpour l’inser-tion sociale et professionnelle despersonnes handicapées (Ladapt) avoulu placer cette édition sous lesigne de l’innovation en créant unnouveau rendez-vous : les hackha-tons, rassemblés sous le pro-gramme #FairEvoluer.

Le numérique à l’honneurCe dernier rassemble sur un siteInternet (fairevoluer.fr) l’ensembledes travaux et propositions de plu-sieurs hackathons, coorganisésentre juillet et octobre 2016, et dontla restitution fera l’objet d’une pré-

sentation le 14 novembre 2016. Ilsavaient pour but de rassembler despersonnes de cultures différentesautour d’un but commun : trouverdes réponses à un besoin, une pro-blématique..Cinq thèmes ont été proposés au-tour du handicap en France et enEurope : « Associations, missionshandicap : que proposons-nous dedevenir dans dix ans ? », « PME,emploi, handicap, relevons ledéfi ! », « L’accessibilité by design,comment en faire un levier d’inno-vation ? », « Le numérique nousimpacte, commentpeut-il nousser-vir ? » et « Emploi accompagné,quelles solutions pouvons-nousapporter ? ».W C. D.

L’innovation au cœurde cette nouvelle édition

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Camille Poher

Moinsd’unadulte handicapé surdeux. C’est la statistique d’Eu-rostat qui fait froid dans le dos.

Elle représente le ratio de personneshandicapées (PH) qui avaient un em-ploi dans l’Union européenne (UE)en 2016. Si l’Europe n’a pas rang dedécisionnaire, elle peut cependant«définiruncadrederéférenceet tenterdefairedisparaître les inégalitésvécuespar lespersonneshandicapéessursonterritoire », explique Henri-Pierre La-guarrigue, responsable de la celluleEuropedeL’associationpour l’insertionsociale et professionnelle des per-sonnes handicapées (Ladapt).Viadespolitiquesfinancières incitatives,l’UE propose ainsi de « promouvoir laformation pour tous, de garantir l’éga-lité de traitement sur le lieu de travailou encore de subventionner l’aména-gement de l’accessibilité des espacesen entreprise pour les travailleurs

handicapés », illustre le responsable.Pour mettre en place ces mesuresincitatives, l’UEsebase sur laConven-tion des Nations unies relatives auxdroits des personnes handicapéesde2006.Sur28étatsmembres,27 l’ontratifié (l’Irlandenel’apasfait), laFranceest l’un d’entre eux.

La France, mauvais élèveSelon Laura Marchetti, chargée despolitiquessocialespourl’ONGEuropeanDisabilityForum,cettedernièren’estpasune très bonne élève en matière d’em-ploi des personnes handicapées : « Surles2millionsdePHquiont lapossibilitéde travailler en France, près de 400 000sont au chômage ! »Pourtant, depuis la loi du 10 juillet 1987,les entreprises de plus de 20 salariés,quin’emploientpasde travailleurshan-dicapés àhauteur de 6%de leur effectiftotal, sont priées de verser uneamendepouvantaller jusqu’à400fois lemontantdu Smic horaire… Ce qui peut donner à

réfléchir.Avecplusde60%d’entreprisesexemplaires, la Suède ainsi que leLuxembourg, l’Autriche et la Finlandesont lesmeilleurs élèves.« Ce sont les pays les mieux placés enmatière d’emploi et de handicap en Eu-rope»,expliqueLauraMarchetti.Sicer-tains sont en avance sur cette questionde l’employabilité des personnes en si-

tuation de handicap, d’autres restentencore à la traîne rappelle-t-elle : « LaHongrie (23,7%) et l’Irlande (29,8%)représentent aujourd’hui les taux lesplus bas d’Europe. »Prèsde«80millionsde citoyenseuro-péens sont en situation de handicap »,l’UE a donc encore de quoi faire enmatière de politique pour l’emploi.W

GÉOGRAPHIE Malgré les mesures de l’Union européenne, certains pays sont en retard sur l’emploi

UneEuropepastout à fait unie

N.M

essiasz/Sipa

L’UE promeut la formation pour tous et l’égalité de traitement au travail.

Novembre 2016 Handicap■■■ 5

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Novembre 20166 ■■■Handicap

Camille Poher

Le problème, ce n’est pas le han-dicap, c’est l’image que l’on sefait d’une personne handicapée.

Ledéfi deFreeHandi’se est justementd’ouvrir lesesprits sur cesujet, auseindu monde parfois confiné de l’entre-prise. Créée il y a cinq ans, l’associa-tion organise depuis autant d’annéesle FreeHandi’se Trophy (FTH). Sous laforme d’un raid handi’-valide inter-entreprise, il met ainsi en collabora-tion des salariés en situation de han-dicap et des valides. « On ne retient

bien que ce que l’on vit », c’est leproprede l’être humainpourFlorenceBeaune, la fondatrice de Free Han-di’se. Quand l’association apparaît en2011, elle n’a qu’un objectif : quechaque salarié arrive à se mettre à laplacede l’autre. Elle souhaite «dépas-ser la simple sensibilisation pour queles clichés les plus tenaces volent enéclats ». Elle imagine donc le FreeHandi’se Trophy, une compétitionsportive et engagée.Ce raid de 800 km en cyclo-tandem etcanoë unit quatre collègues, à paritéentre valides et ceux en situation de

handicap. Depuis cinq ans et à chaqueédition, le Free Handi’se Trophy n’acessé d’évoluer.« Le raid est à destination des salariésmais au bout de 2 ans nous y avonsintégré l’opérationUBpour permettreaux managers de vivre cette expé-rience le temps d’une étape et nouslançons cette année le CODIR’ATHON

à destination des chefs d’entre-prises. », raconte Florence Beaune.Ce dernier, lancé en 2016, va per-mettre aux hauts dirigeants d’euxaussi « mouiller la chemise et d’en-voyer un signal fort à leurs équipes etau monde de l’entreprise en géné-ral. ». Il y a quatre ans, l’association aégalement fait appel à une sociologue

afin d’analyser les résultats du raid.«Elle accompagneet s’entretient avecles salariés des entreprises partici-pantes après chaque raid », expliquela présidente de Free Handi’se.Du 12 au 20mai prochain, le FTH 2017reliera Strasbourg à Lille et réunira25 équipes d’entreprise pour une édi-tion aussi sportive que solidaire. W

SENSIBILISER Afin de faire disparaître les préjugés, l’association Free Handi’se a des solutions

Pour semettre à la placede l’autre

Free

Handi’seTrophy

Pour l’édition 2016 du FreeHandi’se Trophy, les participants ont dépassé leurs limites entre Annecy et Nice.

« Les hautsdirigeants pourrontaussimouillerla chemise. »Florence Beaune, fondatrice de

FreeHandi’se

Enentreprise, lehandicapdoit faireparlerde lui pour trouversaplace.Spontanément associé au fauteuilroulant, beaucouppassent tropsou-vent à côté des 80% de handicapsqu’on appelle « invisibles ».Que l’on soit une petite PME ou ungrand groupe, la sensibilisation auhandicap demeure donc un véri-table enjeuRH.PourHuguesDefoy,directeur du pôlemétier de l’ Asso-ciation de gestion du fond pourl’insertion professionnelle des per-sonnes handicapées (Agefiph), ilfautd’abord« informer lepersonnelsur les problématiques liées auhandicap ». La sensibilisation peutalors se faire par l’organisation deréunions d’information sur le sujet

ou la distribution de revues spécia-lisées à tous les employés.

Animer ses sensCertaines entreprises optent pourune transmission plus ludique,comme « des ateliers dans le noirpour sensibiliser à la cécité ou desessionsdereconnaissancesdesonspour leshandicaps liésà lasurdité»,explique Hugues Defoy.D’autres organisent des tournoissportifsoudesexpositionsd’œuvresréalisées par des artistes en situa-tion de handicap. L’objectif restedonc « de mieux se connaître afinde pouvoir travailler ensemble »,explique le directeur dupôlemétierde l’Agefiph.W C. P.

Les différentesméthodespour ouvrir l’espritDominique

BellionResponsable de laMission handicap

BNP Paribas

Pourquoi votreentrepriseparticipe-t-elle auFreeHandi’seTrophydepuis trois ans ?Ce tournoi offre à nos employés unnouveau regard sur le handicap et lesport, souvent trop apparenté à unediscipline de haut niveau. C’est unecompétition accessible à tous, handi-capés ou non. Réaliser un effort spor-tif et mettre son mental à l’épreuvepermet, de plus, à chacun d’entre euxd’oublier sa condition, valide ou non.Laparticipationde vosemployésà cetévénement a-t-elle changé leurs

rapports au seinde l’entreprise ?Evidemment ! Depuis notre premièreparticipation et jusqu’à aujourd’hui,nous avons vu croître le nombre departicipants. Beaucoup de nos em-ployés nous confient que le Free Han-di’se Trophy les a aidés, sur les plansprofessionnels (oublier les diffé-rences) et personnels (comprendre lehandicap). Et puis, cela crée de vraiesconnexions entre les salariés.Pourquoi est-il important desensibiliser vosemployés ?La sensibilisation est un axe majeurde notre politique handicap chez BNPParibas. Nous avons trop souffert dudéficit de communication sur le han-dicap en France. Nous devons fairetomber les idéesreçues,et l’entrepriseest engagée au cœur de cette dyna-mique.W Propos recueillis par C. P.

«Ça crée de vraies connexions »

BNPParib

as

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Novembre 20168 ■■ HandicapENTREPRISE Ce centre de relation client est destiné aux personnes sourdes ou malentendantes

ChezDeafi, on écoute tout lemondeAntoine Magallon

Si vousavezessayéderésiliervotreassuranceouderéparervotreboxpar téléphone, vous savez quel

enfer cela peut être. Les téléconseillersne comprennent pas toujours vos de-mandes, et vous ne suivez pas vraimentleurs instructions. Imaginezdevoir fairelamêmechoseenétantsourdoumalen-tendant. Impossible,non?C’estpourtantle quotidien de 4 millions de Français,selon leministère de la Santé.Partantdececonstat,Jean-CharlesCor-rea a créé en 2009 Deafi, le premiercentre de relation client à leur destina-tion. Les conseillers, en situation dehandicapeuxaussi, n’utilisentpas leurs

téléphonesmais la languedessignesetdeswebcams pour aider les clients.« Quand une personne sourde souhaitecontacter une entreprise, elle doit faire

appel à ses proches pour l’aider. Grâceà nous, elle gagne en autonomie et sesent plus épanouie », explique FabienChanut, employédepuis trois ans. «Lescompagnies pour qui nous travaillonsavaient déjà des clients sourds, mais

ellesnes’enoccupaientpas. Ilsn’étaientpas traités équitablement », renchéritJean-Charles Correa.PouraccéderàDeafi, lesclientspeuvent,soit téléchargerl’application,soitcliquersur un bouton présent sur les sites desentreprises partenaires. Mais aussi in-ventif soit-il, ce système reste limité.«Nous travaillonsavec10sociétésdontSFR, Engie, le CIC, Allianz… Mais nousn’avonspasséaucuncontratavec l’Etat.Les problématiques sont pourtant lesmêmes, sauf que ce n’est pas encorefait », détaille le PDG.Cette situation devrait changer, grâce àla loi pour une République numérique.Promulguée le 7 octobre 2016, elle pré-ciseque«lesservicesd’accueil télépho-

niquedestinés à recevoir les appels desusagerssontaccessiblesauxpersonnessourdes,malentendantes(...)parlamiseà disposition d’un service de traductionsimultanée écrite et visuelle ». Jean-Charles Correa espère donc passer de38 à 80 employés dans les deux pro-chaines années.« Nous organisons des formations dequatremoisàdestinationdespersonnessourdes et malentendantes. Nous sou-haitons continuer à créer de l’emploi. »Unenécessitépour les travailleurshan-dicapés, plus touchés par le chômage,en hausse de 5,3% de mars 2015 àmars2016,selonl’Associationdegestiondufondspourl’insertionprofessionnelledespersonneshandicapées(Agefiph).W

«Nous souhaitonscréer de l’emploipour les sourds etmalentendants. »

Jean-Charles Correa, PDG

«Lestroublespsychiquesn’empêchentpas d’avoir des capacités, ils peuventempêcher plein de choses, mais pasça. » Il y a trois ans, PascalGault a créé,àRennes,l’associationAtypickpourper-mettre aux personnes atteintes detroubles,commelaschizophrénie,deseréinsérer dans la société par le travail.« Nous avons deux activités, détaille lecoordinateur. Une initiation à l’informa-tique et au codage et une entreprise de

communication où nous réalisons dessites. Chaquebénévole ades responsa-bilités. Leur travail a un sens, ce n’estpas de l’occupationnel. »

Internet autrementL’utilisation du code informatique estliée aux besoins des 25 membres del’association. « Chez les personnesatteintes de troubles psychiques, il y ades moments d’angoisse ou d’incerti-

tude élevée. Certains ont besoin defaireunepausedeplusieurssemaines.Quand ils reviennent, rien n’a bougé etils peuvent reprendre là où ils enétaient », souligne-t-il.Atypick est un modèle, récompensé le13 octobre par un « laurier » de la Fon-dation de France, que Pascal Gault es-pèretransformerenentrepriseadaptée.« C’est un projet, un objectif, mais pasune finalité absolue. »W A. M.

Atypick, une association pour se réinsérer

A.Magallon/20Minutes

Fabien Chanut conseille en langue des signes des clients depuis le centre de relation deDeafi àMontreuil (93).

En 2016, 8,6% des demandeursd’emploisétaienthandicapésselonl’Insee. Avec 90 000 inscrits et prèsde 100 entreprises, Hanploi.comestl’undespremiers sitesd’emplois enFrance dédié aux personnes handi-capées (PH). Alyssia Schwartz, res-ponsable recrutementet alternancedelaplateforme,nousprésentetroisprofessions auxquelles on ne pensepas pour des PH.

V Caténairiste. « Alimenter lestrains en électricité, surveiller, pré-server et renouveler les équipe-ments », c’est le rôle d’un caténai-risteà laSNCF.Bienquecesoit «unmétier physique, qui nécessite detravailler parfois de nuit et les joursfériés », il est accessible aux PH.V Ingénieur d’exploitation. « Cen’estniplusnimoinsquedupilotagede centrale nucléaire pour EDF »,expliqueAlyssiaSchwartz.«C’estunmétier à forte responsabilité » qui adéjàrecrutéplusieurstravailleursensituation de handicap.V Technicien chimiste.Enmétal-lurgie,pharmacieouencorecosmé-tique, ils ont pour bureaux les labo-ratoiresetpouroutilsleséprouvettes.« Ces métiers nécessitent une ex-trême précision mais ils ne sontabsolument pas incompatibles aveccertains types de handicaps », pré-cise Alyssia Schwartz.W C. P.

JOBS

Des filièresinnattendueset sollicitées

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Novembre 201610 ■■■Handicap

Coralie Lemke

Desprogrèslégersmaisconstants.Depuis 2006, le taux de per-sonnes en situation de handicap

salariées dans la fonction publique estpasséde3,74%à5,17%en2015.Lefruitde plusieurs actions communes, selonMarc Desjardins, directeur du Fondspour l’insertiondespersonneshandica-péesdanslafonctionpublique(FIPHFP).« Nous avons établi des partenariatset des conventions avec de nombreuxacteurs du secteur public, comme lesministères, les centres hospitaliersuniversitaires et les collectivités terri-toriales afin de faciliter le recrute-

ment », explique-t-il. De plus, lesemployeursprincipauxdusecteursontbien organisés.« Ilsont tousunemissionhandicapavecun conseiller spécialisé. Il est là aussibienpouraccueillirlesnouveauxsalariésque pour sensibiliser le reste deséquipes»,poursuitMarcDesjardins.Lescontrats aidés sont aussi responsablesde ce succès. Ce dispositif permet àl’employeur debénéficier d’aides finan-cièresà l’embaucheetd’exonérationdecharges sociales. « A titre d’exemple,pour le premier semestre 2016,

4641 contrats signés sur 7115 dans lesréseaux Cap emploi sont des contratsaidés », souligne Gilles Lenice, le délé-guégénéralduConseilnationalhandicapetemploidesorganismesdeplacementspécialisés (Cheops).Un type de contrat accusé par sesdétracteurs d’améliorer artificielle-ment les chiffres du chômage. Pas sûrpour autant que les chiffres soient

aussi bons l’année prochaine. « Lesbudgets sont en baisse. Difficile pourleFIPHFP, qui fait un travail de fourmi,de financer autant d’aménagementsque dans les années passées », re-grette Gilles Lenice.Par ailleurs, plus les entreprises pu-bliques emploient de personnes han-dicapées, moins le FIPHFP récolted’argent. «Nousnous finançonsgrâce

à la taxe prélevée auprès des em-ployeurs qui n’atteignent pas le seuillégal de 6% de salariés handicapés »,explique Marc Desjardins, directeurdu FIPHFP. « Plus les résultats sontsatisfaisants, plus nos budgets seréduisent. » Un véritable paradoxe,puisque sans cet argent, le Fonds nepeut pas proposer de solutions auxsalariés qui en ont besoin. W

RECORD Comment le taux d’emploi dans le secteur public a dépassé les 5% en 2015

Unsuccèsmenacéà long terme

Jean-Jacques

Bernard

Un job dating organisé par Ladapt en 2014 à la halle Georges-Carpentier à Paris.

« Pour le premiersemestre 2016,4 641 contrats aidésont été signés. »

Gilles Lenice, Cheops

Hugues Defoyresponsable

du pôle Métiersà l’Agefiph

Comment uneentreprise peut-elle se rapprocherdes 6% d’obligation d’emploide personnes handicapées ?Un bon réflexe consiste à rendre sys-tématique la publication des offresd’emploi à Cap emploi, l’équivalent duPôle emploi pour les personnes ensituation de handicap. Cela donne unechance à tout le monde de postuler.De même, si on prévoit d’engager unintérimaire, onpeut préciser d’embléequ’onaimerait unepersonnequi béné-ficie d’une reconnaissance de la qua-lité de travailleur handicapé (RQTH).

L’alternance est-elle envisageable ?Absolument.Cettevoiepermetderecru-teraussibiendespersonnesexpérimen-tées que des jeunes et de les former àun poste en particulier. Les droits sontlesmêmesquepouruntravailleurclas-sique et cette voiemène vers un emploidurable. Ce qui arrange aussi bien lesalarié que l’employeur.Faut-il privilégier certains postes ?Personne n’est condamné à faire dusecrétariat s’il n’aimepasça.Onconsi-dère que tous les postes sont acces-sibles,mêmedans lessecteursdu luxeoude laparfumerie,parexemple.C’esttout l’esprit de la loi de 2005 : aucunemploi n’est inaccessible. On ne re-crute pas une personne parce qu’elleest handicapée. On la recrute parcequ’elle a des compétences.W

Propos recueillis par C. L.

«Tous les postes sont accesibles»

Agefiph

7,40% d’employés en situation dehandicap à la Fédération des entre-prises de propreté et de services as-sociés (FEP), voilà un taux qui feraitpâlir d’envie bon nombre d’entre-prises. En France, la loi fixe l’obliga-tion d’emploi de salariés en situationdehandicapà6%pourlesentreprisesde plus de 20 salariés.« Il faut souligner que nous n’avonsaucunemploi réservéauxpersonnesvalides. Les personnes handicapéesontdespostesd’agentdeservicetoutcomme de chefs d’entreprise. Rienn’est segmenté », explique SandrineRazeghi, responsable de la missionhandicap à la FEP. Par ailleurs, laFédération a établi des partenariatspourembaucherde façon judicieuse.

L’Associationdegestiondufondspourl’insertion professionnelle des per-sonnes handicapées (Agefiph), leCentre de formation des apprentis etlescentresderééducationsont leursinterlocuteursprivilégiés.Cequiper-met demieux identifier les candidatsavec un profil adapté.

Trouver sa place« Nous finançons aussi des forma-tions à nos employés. Par exemple,deux sourds et malentendants onttous les deux passé un certificat dequalification professionnelle de chefd’équipeetsontdevenusmanagers»,raconteSandrineRazeghi.Une façonde trouver une place adaptée àchaque salarié.W C. L.

Les entreprises de propreté,unmodèle de réussite

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Thomas Weill

Quel est le programme des can-didats à l’élection présientiellede 2017 en faveur de l’emploi

despersonneshandicapées?20Minutesa interrogé les formations politiquescertainesdeprésenterun(e)candidat(e)sur ce qu’ils prévoyaient. L’essentiel serésume en quatre points.

V La formation par le digital. Accé-der à un emploi veut dire être formé.SophieGaugain, secrétairenationaleauhandicap (LR) parle de « renforcer lesformations accessibles à tous grâce aunumérique ».Son homologue au PS, Kamel Chibli,souhaite « continuer à titulariser lesaccompagnants » dans les écoles. LeNPAdePhilippePoutouetlemouvementFrance insoumise de Jean-Luc Mélen-chon regrettent aussi un manque d’ac-cès à la formation.VEtat-providence.LeFNpropose de

renforcer la prise en charge par l’Etatdesaidespermettant de compenser lehandicap. Le but, selon Joëlle Mélin,membre du bureau politique, estd’améliorer l’aménagement du posteet du lieu travail pour que « le talentprime sur le handicap ».ChezLR,BrunoLeMaireveutaugmen-ter laproductivitédes travailleurshan-dicapés (TH) grâce à des dispositifs decompensation financière. Vincent As-sante, animateur de la commissionhandicapdeFrance insoumise,appellequant à lui à limiter les«dérogations»à propos de l’accessibilité des bâti-ments publics prévue par la loi.V Renforcer les liens.France insou-mise souhaite également « renforcerla connexion entre le secteur dit pro-tégéouencoreadapté, et le secteur ditordinaire » dans les deux sens. Idemdu côté d’EELV, où on réfléchit à lamise en place d’« une structure pas-serelle permettant d’amener vers letravail ordinaire », évoque David Ma-

rais, responsable de la commissiondetravail handicap.VTravaillerensemble.D’aprèsSophieGaugain, LR propose « un guide debonnes pratiques » incitant les « entre-prises, mises en réseau, à renforcerl’employabilité ». Kamel Chibli (PS)évoque de son côté « des conventionstripartites » entre entreprises, régions

etTH.Bienavancédanssespropositionssur le handicap, Jean-Luc Mélenchonprévoitd’intégrerlesaccompagnantsauquota des entreprises, et un ministrepourlehandicap.PourFranceinsoumiseet EELV, les TH « doivent être traitéscomme tout le monde », d’après DavidMarais (EELV),etbénéficierontdoncdesmesures générales pour l’emploi.W

ELECTIONS Voici le programme des partis politiques pour l’emploi des personnes handicapées

Desprojets dedroite àgauche

Superstock

/Sipa

Une des propositions consiste à rapprocher l’Etat et les entreprises.

Novembre 2016 Handicap■■■ 11

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Novembre 201612 ■■ HandicapPORTRAIT Juliette Marques fait partie des jeunes qui ont décidé de réaliser un service civique

Une jeune fille comme les autresThomasWeill

Cesontparfoisdespetiteschoses.« Avoir des chaussures àscratch»,«desvêtementsfaciles

àenfiler », ou«partir cinqminutesplustôtpourarriveràl’heure».Quandonnaîthémiplégique (paralysie d’une ou plu-sieurs parties du corps d’un seul côté)commeJulietteMarques,lescontraintesseretrouventauquotidien.Mais la jeunefranciliennede26ansa«toujoursapprisà [se]débrouillerseule», commeelle leprouveaujourd’hui dans le cadredesonservice civique.Diplômée d’unmaster 2 en sciences del’éducation, après un stage et un CDDdansl’Associationd’éducationpopulaire

CharonneRéunion, JulietteMarques seretrouveauchômage.Huitmoispendantlesquels elle passe son permis dans« une école de conduite adaptée » et

recherche un nouvel emploi ou un ser-vice civique, mission d’intérêt généralpour les jeunes de 16 à 25 ans, 30 anspour les personnesensituationdehan-dicap [lire ci-dessous].Elle trouve son bonheur au sein de la

Fédération de Paris de la Ligue del’enseignement. Depuis le 1er sep-tembre dernier, dans le cadre de l’ini-tiative l’Ecole de la philanthropie, ellesensibilisedesenfantsde8à11ansauconcept de la philanthropie à traverssix thématiques, « l’éducation, l’envi-ronnement, lesdroitsde l’homme, l’artet la culture, la santé et la lutte contrela pauvreté et l’exclusion ».En quelquesmois, la jeune femmeper-çoit plus d’un bénéfice. « J’ai plusconfiance enmoi, plus d’expérience. Cen’est pas simpledeprésenterunatelierdevant des enfants, mais ça me donnel’occasion demettre en pratique ce quej’ai étudié », affirme Juliette Marques.Souvent perçu comme un moyen d’in-

sertionprofessionnelleoud’intégration,le service civique ne revêt par pour Ju-lietteMarquesuncaractèreaussiessen-tiel. « Je n’ai pas besoin d’intégration.Mon handicap a toujours été là, il faitpartie demoi, cen’est pas çaquim’em-pêchedevivre.Jenemevoispascommeune personne handicapée. »Satisfaite que « le service civique durejusqu’à 30 ans pour les personnes han-dicapées»,elleencomprendbienl’inté-rêt « pour s’intégrer au milieu profes-sionnel ». Et d’ajouter, « il faut toujourss’intégrerquandonarrivequelquepart,maispasentantquepersonnehandica-pée».Leserviceciviqueestun tremplinqui loge tout le monde à la même en-seigne, et c’est tantmieux. W

« Il faut toujourss’intégrer quelquepart, mais pas entant que personnehandicapée. »

MesurephareducandidatHollandeen2012, les emplois d’avenir (contratsd’aide à l’insertion destiné aux jeunes)se déclinent pour les personnes handi-capées jusqu’à 30 ans au lieu de 25.Quatreansaprèslespremièresconven-tions, le point sur leur participation.9401 jeunessur lesquelque333000ontobtenuunemploi d’avenir.Unchiffreduministère du Travail, jugé « satisfai-sant».«Ilrestestableà3%descontrats

signés », commente-t-on auministère.«Nousn’avionspasd’objectifquantitatif,mais sur le niveau de qualification, et ila été tenu, avec 80% de jeunes quin’avaient pas le bac », dit-on encore auministère, pour qui les travailleurshan-dicapés sont « un public prioritaire ».

Le secteur public concernéSelon l’Association de gestion du fondspourl’insertionprofessionnelledesper-

sonnes handicapées (Agefiph), 370 em-ployeursontbénéficiéd’unsoutienfinan-cier en 2015.D’après son pendant du secteur public,le Fonds public pour l’insertion profes-sionnelle des personnes handicapéesdans la fonction publique, seuls 90 ontbénéficié d’une aide en 2015, maisd’aprèsleministère,lesemploisd’avenirconcernent toutdemêmeà70%lesec-teur public. W T.W.

Comment fonctionnent les emplois d’avenir

T.Weill/20Minutes

JulietteMarques devant l’école où elle effectue son service civique dans le 11e arrondissement à Paris.

Depuis août 2015, les jeunes en si-tuationdehandicappeuventaccom-plir une mission de service civiquejusqu’à 30 ans, cinq ans de plus quepourlesautresjeunes.Cettemesurefavorisant l’accès de ce public auservice civique s’avère efficacemaispas suffisante. « L’objectif était detenircomptedesparcourspluslongsde formation et d’insertion des per-sonnes handicapées », commenteYannickBlanc,présidentdel’Agencedu service civique.D’après le rapport d’activité 2015de l’Agence, 11 jeunes de plus de26 ans ont signé un service civiquel’annéedernière. C’est encorepeu,mais, pour Yannick Blanc, la me-sure a permis à plus de personnesde tout âge d’accéder à ce servicecivique. « Nous en avons eu 288 en2015 et 284 en 2016 à l’été, dont 63de plus de 26 ans », se félicite-t-il.

« Retour d’expérience »Si l’amélioration est notable, resteque, d’après le rapport d’activité, lespersonnes handicapées ne repré-sentent que 0,75% des volontaires,bien loin des 6% visés. « Il reste desréticences de la part des familles »,explique Yannick Blanc. L’Agence adoncentreprisun«travaildeconvic-tion » fondé sur « le retour d’expé-rience » en œuvrant main dans lamain avec les associations.W T. W.

CHIFFRES

Oùen est-ondu servicecivique ?

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Novembre 201614 ■■■Handicap

Pour ceux qui souhaitent rejoindreles 18 200 étudiants français en si-tuation de handicap présents dansl’enseignement supérieur (chiffresduministère de l’Enseignement su-périeuretdelaRecherche),quelquesdémarches sont à connaître.A l’université, il s’agit de contacterla structured’accueil desétudiantshandicapés. Puis un conseillerdéfinira avec l’étudiant les aména-gements spécifiques dont il a be-soin et se chargera d’en avertir lepersonnel de l’université.Dans les écoles et instituts privés,le futur étudiant doit se renseignerauprès du référent handicap ou dudirecteur d’établissement. Celui-cipourra ainsi l’informer si l’établis-sement est adapté à sa situation etsi des aménagements scolairesexistent pour satisfaire ses be-soins. En bref, il ne faut pas hésiterà poser des questions.W A. M.

ÉTUDIANTS

Suivre sesétudes à sonpropre rythme

Antoine Magallon

En 2013, selon les chiffres du mi-nistère de l’Education nationale,80%des travailleurshandicapés

(TH)avaientunniveaud’étude inférieurau bac. Beaucoup d’entre eux quittentles cours prématurément, ou privilé-gient des filières courtes en raison dedifficultés scolaires. Selon la chef duservice handicap à l’Onisep, HélèneLegault de Compiègne, une solutionsimple serait « d’aménager les courset les emplois du temps pour que leslycéensconcernésbénéficientd’ensei-gnements adaptés ».Mais le problème se trouve aussi dansl’accessibilitédeslycées.La loidu11fé-vrier2005pourl’égalitédesdroitsetdeschances, prévoyait la mise aux normesdes établissements qui recevaient dupublic d’ici à 2015. Pourtant une étudede2012,menéeparl’Observatoirenatio-naldelasécuritéetdel’accessibilitédesétablissements d’enseignement, esti-

mait qu’en 2015 seuls 20% des lycéesseraient aménagés. Une réalité géné-rant une fatigue supplémentaire chezces élèves, contraints de faire plus detrajet que les autres pour trouver une

institution capable de les accueillir etleur proposer une meilleure accessi-bilité au sein des locaux.

Sensibiliser les enseignantsPour Christian Grapin, le directeur deTremplin,uneassociationquiveilleàunemeilleure insertion professionnelle desjeunesensituationdehandicap,d’autressolutions, moins coûteuses, pourraientdéjà êtremises en place.« Il faut former les professeurs afinqu’ils acquièrent certains réflexes,comme imprimer un document en po-lice18pourunlycéenmalvoyant.»Maisaussi développer les projets personna-lisés de scolarisation (PPS) « pour ac-compagner les jeuneset leur fournirunordinateur ou un auxiliaire de vie »,ajoute Hélène Legault de Compiègne.Reste à voir si ces dispositifs serontgénéralisés alors que, depuis 2005, lenombre d’élèves en situation de han-dicap scolarisés en milieu ordinaireest passé de 150 000 à 280 000.W

En 2013, 20%des TH avaient le bac.

LYCÉE Des solutions existent pour améliorer le cursus scolaire des élèves

Uneaccessibilité tropfaible dans le secondaire

F.Durand/Sipa

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Handicap■■■ 15

Sylvie Laidet

Près de 20% des personnes at-teintes d’une tumeur maligneperdent ou quittent leur emploi

dans les deux ans suivant la pose dupremier diagnostic, selon l’étudeVican2 publiée dans le rapport 2013de l’Observatoire sociétal des cancers.Un chiffre qui en dit long sur la diffi-culté de reprendre le travail avec unelongue maladie par exemple.Pourlimiterlacasseetessayerderetra-vailler dans les meilleures conditionspossible, il faut d’abordavoir accepté cequi s’est passé durant les mois et lesannées demaladie et de traumatismeset,enfin,enassumerlesconséquences.Parexemple,unhandicap,untraitementà vie etc. « Ne pas parler de son précé-dentposteavecremordsouregretsmaisaccepterdefairedifféremmentouautrechose. Le pire serait le déni », insistePascale Pourrier, dirigeante du cabinetHandispensable.

Se remettre en conditionUne fois bien (ou plus) au clair dans satête, il convient d’anticiper son retour.«Réapprendreàse lever tôt, àavoir desplannings et des horaires contraints,enfilerànouveaudestenuesdetravail...Toutça,unoudeuxmoisavant larepriseselonlesbesoins»,conseilleAlbineGas-quet, directrice du cabinet JLO Emploi.De même, caler une pré-visite de re-prise, avec lemédecin du travail est re-commandé. Cela permet ainsi à la per-sonne handicapée de « parlerd’éventuelles difficultés à se lancer etd’aborder,sibesoin, lesaménagements

de postes nécessaires, voire d’évoquerl’inaptitudeaupostede travail », ajoute-t-elle. Renouer le contact avec ses an-cienscollègues,managerset lerestedesoncerclesocialetprofessionnelpermetaussi de reprendre confiance en soi. Aumilieu des autres, on se refait doncnaturellementuneplacedans lemondedu travail et donc dans la société.On apprend ainsi plus facilement etrapidement les changements opéréspendant l’absence prolongée : lesmodesdefonctionnementouencorelesméthodes et organisations de travailentre les membres de l’entreprise.

Trouver les bons appuisIl s’agit donc de se remettre à jouraprès l’absenceprolongéepourmieuxgérer le retour à la vie active et ce quecela comprend. « Ceux qui ont encoreundoute sur leur capacité à reprendreleur poste d’origine peuvent égale-ment contacter le service d’appui aumaintien dans l’emploi des travail-leurs handicapés (Sameth).Les professionnels de l’Association degestion du fonds pour l’insertion pro-fessionnelle des personnes handica-pées (Agefiph) peuvent ainsi, si le sala-rié les y autorise, entrer directementen contact avec l’employeur. De lasorte, il pourra intervenir pour fairepart des craintes et des interrogationsdu collaborateur », recommande Al-bine Gasquet. Dans tous les cas, quela situation soit d’ordre personnel ouprofessionnel, si le sujet est pris encharge dans les plus brefs délais, il ya plus de chance que le retour à l’em-ploi soit une réussite.W

CONSEILS Après une maladie ou un accident,ce n’est pas toujours facile de retravailler

Gérer son retoursur le terrain

JSierakow

ski/Isopix/Sipa

Renouer avec les anciens collègues aide à reprendre confiance en soi.

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Novembre 201616 ■■■HandicapTRAVAIL Les personnes autistes ont leurs propres codes dans le cadre du milieu professionnel

Pour l’entreprise accessible à tousCamille Poher

Certaines intelligences necherchent qu’à être sollicitées.Pourtant, en 2016, seulement

1% des 650 000 français atteints detroubles du spectre autistique (TSA)possédaient un emploi, selon l’orga-nisme Vaincre l’autisme. « Les per-sonnes autistes souffrent de troublesde la cognitionetdegrandesdifficultésde socialisation », explique M’Ham-med Sajidi, président de l’association.La porte d’entrée d’une entreprise,c’est l’entretiend’embauche, et là déjàle bât blesse pour les personnes at-teintes de TSA. « Etre évalué sur safaçon de serrer la main, de dire bon-

jour ou de porter sa cravate, c’est uneabsurditépourunepersonneautiste»,confie Josef Schovanec, chroniqueurpour Europe 1. Ce contresens, il le

connaîtmieux que personne, puisqu’ilest lui-même autiste Asperger. « Jesuis incapable deme vendre lors d’unentretien. » Il s’agit donc de proposerune procédure de recrutement diffé-rente. «Desépreuvespratiquesoudes

entretiens intelligents basés sur lescompétences de l’adulte autiste pour-raient aider beaucoup d’entre eux dese révéler aux yeux des recruteurs »,ajoute Josef Schovanec.Pour ceux qui parviennent à rejoindreune société, demeure encore l’étapede l’intégration, comme la machine àcafé. Si c’est un usage élémentairepour beaucoup de salariés, elle reste« une véritable épreuve pour un grandnombre de personnes atteintes deTSA», expliqueDanièleLangloys, pré-sidente d’Autisme France. « Pourquoifaire des pauses sur le temps de tra-vail ? Pourquoi échanger de façonpersonnelledansuncadreprofession-nel ? » Un travailleur autiste ne maî-

trise pas ces codes de vie en entrepriseet il peut être mal compris par le restedesemployés.Aménagerleurshoraireset expliquer leurs comportements auxautresemployéspourraientainsifaciliterle quotidien de bien des personnes au-tistes dans lemonde du travail.PourJosefSchovanec,récemmentmis-sionné sur les questions de l’insertionprofessionnelledespersonnesautistesaucabinetdeSégolèneNeuville, secré-taire d’Etat chargée des personneshandicapéesetdelaluttecontrel’exclu-sion, les entreprises françaises sepriventd’excellentséléments.Etcommeil aime à le rajouter : « Bill Gates a re-connu lui-même être atteint d’autismeAsperger. Ça vous étonne, non ? »W

Aménagerleurs horaires etéchanger davantageles aideraitau quotidien.

Witoa est unique en France. Dans lemagasindejouetssituédanslequartierdes Minimes à Toulouse, tous les ven-deurs sont porteurs du syndromed’Asperger ou de troubles neurolo-giques apparentés.Après avoir fondé en 2009, avec deuxautres psychologues, l’associationInpacts qui favorise l’insertion profes-sionnelle des personnes autistes,Carine Mantoulan ouvre Witoa en dé-

cembre2015. Véritablemagasin asso-ciatif, c’est à la fois un lieu de stage etde bénévolat pour des travailleurs auxcompétences et aux besoins spéci-fiques dans le cadre entreprenarial.

S’imprégner des codes de vieMémoriser des procédures, accueillirune clientèle ou encore communiqueravec ses supérieurs, sont les coutumesentrepreneuriales avec lesquelles les

bénévoles viennent se familiariser chezWitoa.«Nousapprenonsànosvendeursà améliorer leur savoir-faire et leur sa-voir-être»,ajoutelaprésidented’Inpacts.Enfin, l’ambition deWitoa est de « valo-riser leursnouvellescompétencesdansunCVetfavoriserleuraccèsàl’emploi».Accueillant déjà un adulte en serviceciviqueet8bénévoles,Witoaad’ailleurspucréerunposteenseptembredernieret ne compte pas s’arrêter là.W C. P.

Unmagasin s’engage à former les autistes

OjoImage/R

exFeatures

/Sipa

La pause café et autres rituels quotidiens d’une entreprise sont difficiles à assimiler pour les personnes autistes.

Pendant tout lemois de septembredernier, L’association pour l’inser-tion sociale et professionnelle despersonnes handicapées (Ladapt) amis enplace cinqhackathons, d’unejournéechacun, autourdu thèmeduhandicap et de l’emploi.Ce concours a réuni 250 personnes(associatifs, entrepreneurs, per-sonnes en situation de handicap) etabouti à 24 projets différents. Ils ontnotamment travailler à développerune application pour tablette, à défi-nir juridiquementl’emploiaccompa-gné, à rendreunsitewebaccessibleà tousouencoreà faireentre lehan-dicap dans les PME.«L’objectifétaitd’imaginerdesidéesconcrètes, des prototypes, expliqueVéronique Covin, directrice du pôledéveloppementdeLadapt. Ilsserontd’ailleursprésentés le14novembredevant un jury, puis laissés en libreaccès.Nousespéronsquedesentre-prises ou des mécènes s’en empa-rerontpourlesfinanceret lesmettreen œuvre. Ce que nous souhaitons,c’est améliorer la viedespersonnesen situation de handicap et leuraccès à l’emploi. »Pour celles et ceux qui auraientsouhaité participer auxhackathonsde Ladapt, Véronique Covin l’as-sure, « de nouveaux seront trèscertainement organisés l’annéeprochaine ».W A. M.

INITIATIVE

Une journéepour trouverdes idées

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Novembre 201618 ■■■Handicap

Sylvie Laidet

Après avoir été oubliées lors dulancement le 1er janvier 2016de la prime d’activité, les per-

sonnes handicapées y sont désormaiséligibles. Pour elles comme pour lespersonnes valides, cette nouvelleprestation remplacedésormais leRSAactivité et la prime pour l’emploi.Concrètement, la prime concerne lessalariés handicapés exerçant en mi-lieu ordinaire ou protégé, tels que lesétablissements et services d’aide parle travail (Esat). Mais il y a également

les travailleurs handicapés indépen-dants. Versée par la Caisse d’alloca-tions familiales, la prestation est éga-lement ouverte aux bénéficiaires del’allocation aux adultes handicapés(AAH). Toutefois, il faut biendistinguerdeux situations en fonction de vosrevenus d’activité.Dans le cas où vous percevez moinsde 280 € de salaire par mois, cettesomme est prise en compte dans lecalcul de la prime d’activité. Mais, enfonction du montant, votre AAH resteune prestation à part. En revanche, sivous gagnez plus de 280 € par mois,

votre salaire et votre AAH sont pris encompte au titre des revenus d’activité.Dans les deux cas, l’AAH est intégréeau calcul de la primemais demanièredifférente. «Pour unbénéficiaire isolépercevant 200 € de revenus d’activitéet 500€d’AAH, la personne ne pourrapas percevoir la prime d’activité. Avecune AAH fixée à 300 € et un revenu de

400 € par mois, la prime d’activités’élèvera donc à 195,72 € par mois »,illustre la Caisse nationale d’alloca-tions familiales.Pour connaître vos droits en la ma-tière, il est possible de procéder à unesimulation sur Internet. La CAF a misen ligne un simulateur de calcul afinde savoir à quel type de prime vous

avez accès.Aprèsavoir renseignévotreprofil, vous obtenez une estimation dumontantde laprimed’activitéà laquelleil vous est possible de prétendre.Il suffit alors de faire une demandeofficielle en ligne. Attention, vous de-vrez déclarer vos ressources tous lestroismoisauprèsde laCAFpourconti-nuer à en bénéficier ou pas. W

AIDE Depuis le 1er janvier 2016, la prime d’activité remplace le RSA activité et la prime pour l’emploi

L’Etat offre son soutien aux salariés

Superstock

/Sipa

Pourmieux connaître vos droits en termes de prime d’activité, la CAF amis en ligne un simulateur de calcul.

Pour continuer depercevoir cetteprime, déclarez vosressources tous lestroismois à la CAF.

Créée par Frédéric Guibet, pèred’une enfant autiste, l’entreprisebaséeàCaendéveloppedes logicielspouraider lespersonnesatteintesdetroublesdu langageàcommuniquer.Son appli phare, CommunicoTool,permet, via un système de picto-grammes personnalisables et asso-ciés à des sons, de faciliter l’expres-sion des besoins chez les personnesatteintes de troubles du langage. Le«timer»aideaussi l’utilisateuràpla-nifier ses tâches.« Le marché est malheureusementénorme.EnFrance,8%delapopula-tion a eu, a, ou aura un problème delangage au cours de sa vie. Actuelle-ment,certainsautistesadultesviventsanslangage»,déploreFrédéricGui-

bet, fondateur de CommunicoTool.Alors, au quotidien, sa petite équipedehuitpersonnesinnoveafindesatis-faire au mieux les attentes des10 000 utilisateurs actuels de l’appli.Et elle se réjouit des belles histoirescomme celle deNathan.« Ce jeune garçon piquait une crise àchaquefoisqu’ilmontaitdanslemini-bus qui le conduisant à la piscine caril ignorait où il partait. Avec notreappli, son entourage lui montre lepicto “piscine” et depuis, Nathan nefaitplusdecrise»,raconte-t-il volon-tiers tout en étant bien conscient deslimites de l’outil. « Si ce type de pro-blématique se soignait comme ça,on serait millionnaire », conclut-ilen toute humilité.W S. L.

CommunicoTool, unenouvelle façon de se parlerBenjamin

Guinaudeaudirigeant du

cabinet RQTHRecrutement

La reconnaissancedequalité detravailleur handicapé (RQTH)est-elle obligatoire ?Non, c’est un choix administratif quiappartient à chacun.Quel est l’intérêt d’avoir uneRQTH?Une personne handicapée peut pré-tendreàuneorientationprofessionnelleenmilieuordinaireouprotégé.Encom-plément de Pôle emploi, elle bénéficieaussi d’un contact avec les Cap emploi,des structures dédiées au public handi-capé.Celaaccélèreégalementune titu-larisation dans la fonction publique.

Est-ce un plus pour postulerdans le secteur privé ?Selon la loi handicap, les établisse-ments de 20 salariés et plus doiventcompter 6% de travailleurs handica-pés (TH). Pour eux, embaucher descandidats avec une RQTH est donc unmoyen de contribuer à ce taux d’em-ploi. Mais attention, ce n’est pas un« pass emploi ». Cela peut aider à êtreconvoqué en entretien, mais pas àgarantir l’embauche.Pourquoi certains travailleurshésitent-ils à en faire la demande ?L’administrationpeutêtrelente.Deplus,certains TH ont peur d’être embauchésuniquementpour leurRQTHetpaspourleurs compétences. Enfin, d’autrescraignent de ne pas avoir lamême évo-lution de carrière avec une RQTH quesans.W Propos recueillis par S. L.

«Cela n’est pas un pass emploi »

RQTH

Recrutem

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Fin juin 2016, près de 480 000 de-mandeurs d’emploi en situation dehandicap étaient inscrits à Pôle em-ploi, soit 8,6% de l’ensemble desdemandeurs d’emploi. Ils sont enmoyenneplusâgésetmoinsqualifiésquelerestedeschômeurs,selon leschiffres annuels de l’Association degestiondufondspourl’insertionpro-fessionnelledespersonneshandica-pées (Agefiph). 47% d’entre eux ont50 ans ou plus, contre 24% pourl’ensemble des publics.Etseuls26%ontunniveaud’étudessupérieur ou égal au bac, contre44% pour les autres personnes enrecherche.Les femmessontmoinsreprésentées,à46%,alorsque leurpart s’élève à 51% pour le reste dela population. Une situation quifavorise le chômage de longuedurée avec 24% de demandeursd’emploi sans activité depuis troisans ou plus [lire ci-contre].W C. L.

CHÔMAGE

Plus âgésetmoinsqualifiés

Coralie Lemke

Près d’un quart (24%) des per-sonnes en situation de handicapsont à la recherche d’un travail

depuis plus de trois ans selon leschiffresannuelsdel’Associationdeges-tion du fonds pour l’insertion profes-sionnelle des personnes handicapées(Agefiph). Chez les autres des deman-deurs d’emploi, ce chiffre ne s’élèvequ’à 16%.Plus qu’ailleurs, le chômagede longue durée est important chez lespersonnes handicapées (PH).Une conséquence du climat écono-mique, selon Eric Blanchet, directeurgénéral de L’Association pour l’inser-tion sociale et professionnelle despersonnes handicapées (Ladapt).«Quand le chômage s’aggrave pour lapopulation, ce public fragilisé estmal-heureusement en première ligne etest plus frappé que lamoyenne. » Lespersonnes en situation de handicap« font souvent les frais des mesures

de restrictions de budgets et sont lespremières à être affectées. Si elles ontde petites inaptitudes, on les licencie.Pour une entreprise, la personne estvue comme une difficulté supplémen-

taire », explique Hubert George, direc-teurduGroupementpourl’insertiondespersonnes handicapées physiques(GIHP) Aquitaine.

Un système inégalL’autre frein à l’obtention d’un travailrésidedanslaformation.«Il fautd’abordfaire le deuil de sa validité puis réap-prendre un autre métier dans la fouléepour éviter une rupture trop longue dutravail.Maislaformationprofessionnelles’est régionalisée, cequi rendplusdiffi-cile d’identifier les personnes laisséesau ban », souligne Eric Blanchet.Ce qui se traduit par une anciennetémoyenne d’inscription au chômaged’environ 800 jours, soit plus de deuxans.«Pourtant,unepersonnehandica-pée est un employé fidèle à son entre-prise, qui ne va pas chercher à quitterson poste », précise Hubert George.Commequoi, en temps de crise,mieuxvaut voir les PH comme un atout quecomme une complication.W

Ladapt facilite l’accès à l’emploi.

EMPLOI Le chômage de longue durée touche d’abord les plus fragilisés

Pourquoi la route versl’embaucheest longue

LADAP

T

Novembre 2016 Handicap■■■ 19

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Novembre 201620 ■■■HandicapPORTRAIT Danseuse et comédienne, Magali Le Naour-Saby quitte la France pour s’épanouir

Poursuivre ses rêves à l’étrangerSylvie Laidet

PourmettreMagaliLeNaour-Sabyen colère, c’est simple, dites luiqu’elle est une handicapée qui

danse et vous verrez. « Je suis artisteinterprète en situation de handicap. Lehandicapmecaractérisephysiquementmaisn’altèrepasmapersonnalité,moncaractère, mes passions, mes joies etmes peines », prévient-elle.Cette jeune trentenaire est infirmemoteur cérébral de naissance. Pour-tant,elleestcapabledemarcheràl’aidede béquilles et de cannes anglaises. Etc’est là que réside son talent, car ellesait danser avec son fauteuil roulant.Également comédienne, elle n’entend

pas être rangée dans la case « handi-capée».Sonparcours«chaotiquemaisriche » commence par une scolaritécompliquéemaisdébouchesur l’obten-

tion d’un master en arts du spectacle.A 8 ans, elle fait ses premiers pas surscène. « Mon professeur de théâtre aété la premièrepersonneàm’acceptercomme je suis », se souvient-elle. Lavoilà donc piquée par le virus de la

culture et du spectacle vivant. Enparti-culier la danse. Mais en France, leschoses sont compliquées. « Les portessont closes, faute de projets intégrantdespersonnesvalidesetensituationdehandicap. Au début, je ne mentionnaispas mon handicap sur mon CV et puis,après plusieurs refus dus à la décou-verte demonhandicap, j’ai décidé de lepréciser », explique-t-elle.Magali Le Saour-Saby se produit doncessentiellement à l’étranger. EnGrande-Bretagne ou encore en Alle-magne,elledansepourdescompagniesinclusives. En France, elle tient tout demêmeune place de choix dansGala, lespectacle du chorégraphe JérômeBel.Et a crevé l’écran dans le film Indési-

rables de Philippe Barassat où ellejouait Stéphana, une jeune fille handi-capée ayant recours aux services d’unassistant sexuel.« Au moment du film, je me posaisbeaucoupdequestions.Pouvait-onêtreune femme désirable avec un corps etune mobilité différente ? », se sou-vient-elle en regrettant que le publicn’ait pas été au rendez-vous. « EnFrance, un film sur l’homosexualité,le handicap et la maladie semble êtreune vraie recette pour faire fuir lepublic », constate-t-elle.Dommage, mais la jeune artiste resteoptimiste et enchaîne les projets untantinet décalés en participant auconcours Miss Handi France 2016.W

« En France, peu deprojets intègrent despersonnes valideset en situation dehandicap. »

Dans, « économie du partage », il y alemot « partage ». Face aux difficul-tés qu’elle avait pour se rendre à unmariage, Charlotte de Vilmorin a eul’idée en 2015 de créer Wheeliz. Ils’agit d’un site de location de voituresentre particuliers qui, à la différencede Drivy ou de OuiCar, se spécialisedans les véhicules aménagés pour lespersonnes en situation de handicap.« En France, les grandes agences

n’ont, en tout, qu’une trentaine de cesvoitures. Pourtant, on dénombre350 000 personnes en fauteuil rou-lant », s’indigne la jeune femme.Lancée en avril 2015, sa plateformerassemble déjà plus de 300 véhiculesrépartis sur l’ensemble du territoire« y compris dans les DOM-TOM et enzone rurale », précise Charlotte deVilmorin. Le tout à un tarif accessible :comptez un prix de départ de 35 € par

jour, soit 100 € de moins que le devismoyend’uneagence.«Lespropriétairespeuvent fixer librement leur prix. Pournous financer, nous prenons une com-mission de 30% qui inclut tous les fraisbancaires et d’assurances. »La prochaine étape consistera à déve-lopper Wheeliz à l’international ainsiqu’unsystèmegrâceauqueldeschauf-feurs pourraient livrer les véhicules àdomicile.W Jean-Jacques Valette

La location solidaire de véhicules aménagés

Emmanuelle

Alès

Entre le cinéma et la danse,Magali LeNaour-Saby vit sa passion de la culture et du spectacle depuis l’âge de 8 ans.

AlorsqueJustinMarquantplanchaitsur un site de tourisme, un de sesamis,éducateurspécialiséorganisa-teur de voyagepour personneshan-dicapées, lui fait part de sa difficultéà identifier des lieux accessibles.L’idée fait tilt chez Justin Marquantet, en janvier 2016, Pictotravel voit lejour. Ce moteur de recherche, dé-cliné en application mobile, permetaux personnes handicapées, maisaussi aux familles avecpoussettes,d’identifier des bars, des restos,des commerces, des services detransports… accessibles.En saisissant un lieu de recherche,on découvre les activités acces-sibles à proximité. Et ce, en filtrantéventuellementsa rechercheselonun type de handicap. A ce jour, laplateforme détaille l’accessibilitéde 47 000 lieux et entend doublerson offre en 2017.Et cela, grâce aux informationstransmises par les entreprises re-cevant du public ainsi que par lesutilisateurs eux-mêmes.« Notre prochaine étape est de tra-vailler en temps réel : Être capabled’indiquer en direct la panne d’unescalator d’une gare par exemple »,conclut le fondateurdePictotravel. Ilne suffit pas de savoir qu’une sallede spectacle est accessible en fau-teuil roulant, si on découvre quel’ascenseur est en panne.W S. L.

INTERNET

Unmoteur derechercheaccessible

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Novembre 201622 ■■■Handicap

Coralie Lemke

Un jeune tétraplégique dans Pa-tients, une jeune fille qui perd lavue dans Le Cœur en braille, un

pompier en fauteuil roulant dansRoueslibres. Les films à l’affiche cet hivermettentenscènedeshérosensituationde handicap. Cette tendance se dessinedepuis la sortie d’Intouchables. « Jemesouviens, c’était en 2011. Intouchablesavait fait un carton. Ensuite, les Jeuxparalympiques de 2012 à Londresavaient été très suivis. En fait, c’est à cemoment-là que lesFrançais ont décou-

vert qu’il existait des personnes handi-capées », sourit Adda Abdelli, auteur etacteur de la série Vestiaires, quimet enscène les vestiaires d’un club de nata-tion.LeprogrammecourtestdiffusésurFrance 2 à 20h45. « Vous vous rendezcompte des progrès qu’on a fait ? »,s’enthousiasmeAdda Abdelli.Cette nouvelle thématique, qui com-mencetout justeàêtreexplorée,démul-tiplie les possibilités de création. « Lehandicap aiguise l’imaginaire des scé-naristes et des réalisateurs », expliqueKatiaMartin-Maresco,directriceduFes-tival internationaldufilmsurlehandicap

(FIFH) à Cannes. « Chaque année, pen-dant notre événement, on est là pour lecinéma, pour l’art, pas pour vendre desfauteuils roulants. »Sicettethématiqueauntelsuccès,c’estaussi qu’elle touche le public, ainsi quelesréalisateurs.Aprèsavoir lulelivreLeCœur en braille, Michel Boujenah a dé-cidéd’enfaireunfilm.«Cesontdebelles

histoires. Aujourd’hui, on peut faire desfilms simples et populaires. J’ai essayéd’en tourner un qui fait du bien, sansrecette commerciale. »

Rire pour se rapprocherNi misérabilisme, ni success story, lesfilms d’aujourd’hui permettent surtoutde dédramatiser ce thème longtemps

resté tabou. « Quand on rigole avec lesgens,çapermetdecreverl’abcès. Ilsontbeaucoupmoinsdegêneànousparler»,raconte Adda Abdelli. Pour lui, la pro-chaine étape sera de « confier un rôle àunacteurensituationdehandicapparcequ’il a le tempérament qui correspondau personnage ». Et ce, peu importe si,dans l’histoire, il est valide ou non.W

CULTURE Le quotidien des personnes handicapées envahit le 7e art et séduit les cinéphiles

La fiction rendhommageà la réalité

C.C.S.P.

Adda Abdelli, auteur et acteur de la série « Vestiaires »,met en lumière des personnes handicapées à la natation.

«Chaque année, onvient pour le cinéma,pas pour vendre desfauteuils roulants. »

AddaAbdelli, auteur et acteur

La thématique du handicap a en-vahi lessallesobscures.Plusieursfilmssortentcethiveretbiend’autresont déjà marqué l’histoire du 7e art.20 Minutes a sélectionné troisœuvres incontournablessur lesujet.

V Patients (2017). A 20 ans, Bense retrouve cloué au lit, tétraplé-gique. Un drame pour ce jeune quise voyait déjà intégrer des étudesde sport et à terme entamer unecarrière dans le basket-ball. Pa-tients raconte l’histoire de rêvesbrisés, de destins d’espoirs qui re-naissent et d’amitiés qui se lient ausein de centres de rééducation. Enbonus, l’artisteGrandCorpsMaladeà la réalisation de ce long-métrage.

V De rouille et d’os (2012). Cedrame de Jacques Audiard met enscènedeuxbatailles.CelledeStépha-nie, jouéeparMarionCotillard,quidoitaccepter lapertedesesdeuxjambes.Et celle d’Ali, alias Matthias Schoe-naerts,quidoitapprendreàmaîtriserson tempérament pour s’en sortir.V Rain Man (1988). Deux frères,dont l’un est autiste, se retrouventaprèsdesannéesdeséparationpourune histoire d’héritage. Dustin Hoff-manetTomCruiseincarnentcesdeuxpersonnalités qui vont se retrouverlors de leur road trip à travers lesEtats-Unis. Pas de combat, pas demisérabilisme, juste deux hommesquis’apprivoisent.Unfilmde1988de-venu un classique.W C. L.

Les 3 films à découvrir surle petit et le grand écranDominique

Véranprésidente du

festival du cinémaEntr’2 marches

Votre festival estorganisé parl’Association desparalysés de France. Est-ce-qu’il estimportant de montrer des héros ensituation de handicap ?C’est important que ce monde ne soitpas uniquement associé à la tristesse.Cheznous, pasde visionmisérabiliste.Lespersonnesensituationdehandicapontlesmêmeproblèmesquelesautres.Elles ont un travail, une famille et unefurieuse envie de vivre. Nousmettonsen avant des personnages qui par-viennent à se surpasser au quotidien.

La culture est-elle un bonmoyende sensibilisation ?Absolument. Le film Intouchables achangé le regard des gens. Depuis,beaucoup de choses ont été faites etpas seulement dans le cinéma. Denouveaux champs de créationémergent, comme dans la peintureavec le handi-art [les peintures réali-sées par des personnes en situationde handicap]. Ce courant a pris unecertaine ampleur en France.Pensez-vous qu’il y ait encoredu chemin à faire ?Oui, c’est encoredifficilemais le thèmes’impose en douceur. Ce n’est pas uneguerre.Lesmentalitésévoluent, certeslentement,mais leschangementsopé-rés ces dernières années laissent pré-sager de belles choses pour le futur. W

Propos recueillis par C. L.

« Pas de visionmisérabiliste »

Dom

inique

Véran

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