CYCLE " FEMMES À LA CAMÉRA " / IDA LUPINO

LA JEUNE FILLE À L'ÉCHO de Arūnas Žebriūnas, Lituanie, 2020, VO, 1h06avec Lina Braknyte, Valeriy Zubarev, Bronius Babkauskas.Tourné en Crimée, dans les fantastiques montagnes de Kara Dag et sur les rives de la ville de Soudak, La jeune fille à l'écho raconte la dernière journée de vacances de Vika chez son grand-père. Hardie, fantasque, en accord avec la nature, la petite fille danse, se baigne et escalade les falaises au mépris de la bande de garçons qui tente de l'importuner. Avec ce lumineux récit initiatique, le réalisateur de Labelle, signe une ode poétique à la liberté au charme intemporel.

UN SOUPÇON D’AMOURPaul Vecchiali, France, 2020, 1h32Avec Marianne Basler, Fabienne Babe, Jean-Philippe Puymartin.Fidèle à son cinéma artisanal, entre théâtre de chambre et science du dénuement, Paul Vecchiali filme le superbe portrait d’une comédienne qui tente d’échapper aux tourments de sa vie. C’est l’histoire d’une comédienne et mère qui ne veut plus jouer Andromaque et rêve d’interpréter Occupe-toi d’Amélie. Lâcher Racine pour Feydeau. La proie pour la comédie, l’ombre pour le vaudeville.

L’ACROBATEDe Jean-Daniel Pollet, France, 1976, 1h41Avec Claude Melki, Laurence Bru, Guy Marchand, Marion Game.Léon est un garçon de bain complexé, qui n’a aucun succès auprès des femmes. Son grand amour est une prostituée dont il voudrait devenir l’unique client. Léon se décide un jour à prendre exemple sur son ami Ramon le Gominé, grand séducteur et danseur de tango. Il s’inscrit à un cours de danse…Jean-Daniel Pollet retrouve Claude Melki, acteur fétiche depuis son premier film, Pourvu qu'on ait l'ivresse. Pierrot lunaire, éternel amoureux déçu, Léon va soudain s'affirmer au rythme de la danse. Derrière le personnage insaisissable, se cachent la tendresse, l'humour et le talent d'un poète dont les moindres gestes prennent une dimension inattendue. Un bijou de fantaisie mélancolique et burlesque.

OUTRAGE De Ida Lupino, Etats Unis, 1950, VO, 1h15 Avec Mala Powers, Tod Andrews, Robert Clarke.La vie d'Ann Walton bascule le jour où elle est violée sur le chemin de son travail. Traumatisée, la jeune femme se réfugie dans un petit village où elle est recueillie et aidée par un pasteur.Grande actrice des années 40 et 50, Ida Lupino s'impose à Hollywood comme l'une des rares réalisatrices de l'époque. Avec son mari, l'écrivain Collier Young, elle fonde la compagnie The Filmakers, alternative au modèle des studios hollywoodiens, qui lui permet de traiter en toute indépendance des thèmes peu conventionnels.Soirée animée par Mathieu Macheret, critique aux Cahiers et au Monde.

LA FEMME QUI S’EST ENFUIEDe Hong Sang-Soo, Corée du Sud, 2020, VO, 1h17Avec Kim Min-Hee, Seo Young-hwa, Saebyuk KimPendant que son mari est en voyage d’affaires, Gamhee rend visite à trois de ses anciennes amies. A trois reprises, un homme surgit de manière inattendue et interrompt le fil tranquille de leurs conversations… Après trois films en noir et blanc, Hong Sang-soo retrouve la couleur et revient sur le terrain de la comédie pour réaliser un film dédié à la sororité et à la parole des femmes, récompensé par l’Ours d’argent du Meilleur Réalisateur lors de la dernière édition de la Berlinale.

GRAND FRÈRE De Liang Ming, Chine, 2020, VO, 1h44Avec Lu Celeste, Wu Xiaoliang, Jiajia Wang.« Grand Frère » est le premier long-métrage de Liang Ming, jusque-là connu comme acteur, notamment chez Lou Ye, qui s’affirme comme un bel espoir du cinéma chinois. Tourné sur son lieu de naissance, la province de Heilongjiang, son film investit des paysages industriels et hivernaux pour dépeindre les relations entre la jeune Gu Xi, son frère Gu Liang et sa petite amie Oingchang. L’intrigue qui se noue au sein de ce triangle amoureux est parcourue par les tensions sociales et économiques de l’extrême nord-est de la Chine, territoire anéanti par les affrontements entre gangs pour le contrôle des zones de pêche, par le chômage et par la pollution lié à l’activité pétrolière.

NUAGES ÉPARSDe Mikio Naruse, Japon, 1967, VO, 1h48,Avec Yûzô Kayama, Yôko Tsukasa, Mitsuko Kusabue, Mie HamaYumiko Eda se prépare à partir vivre aux États-Unis avec son mari Hiroshi, où elle donnera naissance à leur premier enfant. Mais Hiroshi, renversé par une voiture, meurt subitement. Rongé par le remords, Shiro Mishima, le responsable de l’accident, décide de verser une pension à la jeune veuve et de maintenir le contact avec elle... 89ème et dernier film de Mikio Naruse, « Nuages épars » est un superbe mélodrame, qui constitue le testament cinématographique d’un des plus grands réalisateurs japonais.

LUX AETERNA De Gaspard Noé, France, 2020, 0h 51Avec Charlotte Gainsbourg, Béatrice Dalle, Abbey Lee.Noé n’y va certes pas avec le dos de la cuillère en convoquant le souvenir du Dies Irae (Jour de colère, 1943), de Dreyer, mais aussi de La Sorcière (1988), de Marco Bellocchio (film dans lequel Béatrice Dalle tint le premier rôle), ou du Melancholia (2011), de Lars von Trier. Béatrice Dalle (la réalisatrice) et Charlotte Gainsbourg (l’actrice) y sont plongées dans un enfer, dont elles contribuent par ailleurs à la création.

A DARK, DARK MAN de Adilkhan Yerzhanov, France/Kazakstan, 2020, VO, 1h50avec Daniar Alshinov, Dinara Baktybaeva, Teoman Khos.Bekzat est un jeune policier qui connait déjà toutes les ficelles de la corruption des steppes kazakhes.Chargé d’étouffer une nouvelle affaire d’agressions mortelles sur des petits garçons, il est gêné par l’intervention d’une journaliste pugnace et déterminée. Les certitudes du cow-boy des steppes vacillent.Après son superbe La tendre indifférence du monde, Yerzhanov nous revient avec un polar, aussi noir que son titre, qui s’attaque, toujours avec la même virulence, à la corruption de son pays. Mais avec lui, le genre, loin d’être un carcan, devient l’occasion d’exercer tout le génie de sa mise en scène, avec un sens du découpage et de l’espace inouïs.