numero 4 2010
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Environnement Produits phytosanitaires et risques pour l’avifaune Page 128
Economie agricole Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions Page 142
Production végétale Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre Page 148
127 Editorial
Environnement
128 Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring
Michela Gandolfi et Otto Daniel
Environnement
134 La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? Franz Bigler
Economie agricole
142 Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions
Ali Ferjani, Linda Reissig et Stefan Mann
Production végétale
148 Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients
Jacob Rüegg et René Total
Production animale
154 Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs
Nathalie Roth et Peter Kunz
Eclairage
162 Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse
Dominik Burger, Mireille Baumgartner,
Iris Bachmann, Christine Grivel,
Anne Rizzoli, Ruedi von Niederhäusern
et Pierre-André Poncet
166 Portrait
167 Actualités
171 Manifestations
ImpressumRecherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz est une publication des stations de recherche agronomique Agroscope et de leurs partenaires. Cette publication paraît en allemand et en français. Elle s’adresse aux scientifiques, spécialistes de la recherche et de l’industrie, enseignants, organisations de conseil et de vulgarisation, offices cantonaux et fédéraux, praticiens, politiciens et autres personnes intéressées.
EditeurAgroscope
Partenairesb Agroscope (stations de recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW; Agroscope Liebefeld-Posieux ALP et Haras national suisse HNS; Agroscope Reckenholz-Tänikon ART)
b Office fédéral de l’agriculture OFAG, Berneb Haute école suisse d’agronomie HESA, Zollikofenb Centrales de vulgarisation AGRIDEA, Lausanne et Lindau b Ecole polytechnique fédérale de Zurich ETH Zürich,
Department of agricultural and foodscience
Rédaction Andrea Leuenberger-Minger, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, Tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Judith Auer, Recherche Agronomique Suisse / Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, Case postale 1012, 1260 Nyon 1, e-mail: [email protected]
Team de rédaction Président: Jean-Philippe Mayor (Directeur général ACW), Eliane Rohrer (ACW), Gerhard Mangold (ALP et HNS), Etel Keller-Doroszlai (ART), Karin Bovigny-Ackermann (OFAG), Beat Huber-Eicher (HESA), Philippe Droz (AGRIDEA), Jörg Beck (ETH Zürich)
AbonnementsTarifsRevue: CHF 61.–*, TVA et frais de port compris(étranger + CHF 20.– frais de port), en ligne: CHF 61.–** Tarifs réduits voir: www.rechercheagronomiquesuisse.ch ou
AdresseNicole Boschung, Recherche Agronomique Suisse/Agrarforschung Schweiz, Station de recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, Case postale 64, 1725 Posieux, tél. +41 26 407 72 21, Fax +41 26 407 73 00, e-mail: [email protected]
Internet www.rechercheagronomiquesuisse.chwww.agrarforschungschweiz.ch
ISSN infosISSN 1663-7917 (imprimé)ISSN 1663-7925 (en ligne)Titre: Recherche Agronomique SuisseTitre abrégé: Rech. Agron. Suisse
© Copyright Agroscope. Tous droits de reproduction et de traduction réservés. Toute reproduction ou traduction, partielle ou intégrale, doit faire l’objet d’un accord avec la rédaction.
Haute école spécialisée bernoiseBerner FachhochschuleHaute école suisse d’agronomie HESASchweizerische Hochschulefür Landwirtschaft SHL
Office fédéral de l’agriculture OFAGDépar tement fédéral de l ’économie DFE
Agroscope
SommaireAvril 2010 | Numéro 4
Tarier des prés dans du colza.Les oiseaux et autres animaux sauvages sont-ils en con-tact avec les produits phytosantaires ? Quels sont les risques pour eux ? Cette problématique est étudiée par le Groupe d’écotoxicologie de la Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW (Photo : Markus Jenny, Fehraltorf)
Editorial
127Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 127, 2010
Chère lectrice, cher lecteur,
près de 100 000 chevaux vivent en Suisse. Ce nombre est révélateur de l’impor-
tance de la branche au sein de l’agriculture, puisque la branche chevaline uti-
lise environ 10 % de la surface agricole utile. Pas moins de 265 000 personnes
sont impliquées dans l’élevage et l’utilisation du cheval en Suisse. Comme dans
d’autres secteurs, la qualité, l’efficacité et la durabilité sont urgemment re-
quises dans la filière du cheval dans le cadre de l’ouverture à l’Europe.
Rôle du Haras national suisse HNS
Le Haras national suisse HNS occupe un rôle important et central dans cette
filière. C’est LE centre de compétences en la matière qui, en tant qu’institu-
tion fédérale, permet d’anticiper les questions et les problèmes de la branche
et de proposer des solutions. Ceci afin de promouvoir la compétitivité et le
bien-être du cheval en Suisse, mais également de contribuer à la conserva-
tion de la biodiversité. Elaboré ces dernières années, le programme de for-
mation et de formation continue du HNS est unique en son genre au sein de
l’Europe, de même que son travail en réseau bien ancré. En effet, le réseau
étroit formé par les nombreuses institutions nationales et internationales,
privées ou universitaires, associations, fédérations et haras d’Etat permet de
fournir des résultats de recherche efficaces et interdisciplinaires, directe-
ment transmissibles à la pratique.
Le Réseau de recherche équine en Suisse en est un exemple parlant. Pour
la cinquième fois et fort du succès des années précédentes, le haras organise
la réunion annuelle du Réseau de recherche équine en Suisse le 30 avril 2010
à Avenches. Pas moins de 32 travaux scientifiques du HNS et d’autres institu-
tions suisses seront présentés publiquement lors de cette édition sous forme
de posters ou d’exposés. Cette plate-forme de la recherche équine suisse,
inter disciplinaire et ouverte à tous, favorise l’échange entre les chercheurs
ainsi que les synergies potentielles. Elle permet également d’optimiser le
transfert de connaissances vers les utilisateurs du cheval et à ces derniers de
définir directement leurs besoins en matière de recherche. C’est ainsi que le
HNS et son Réseau de recherche équine peuvent jouer un rôle décisif dans la
reconnaissance précoce des besoins et des problèmes de la branche. En tant
que manifestation scientifique annuelle la plus importante du paysage che-
valin suisse, ce congrès reconnu internationalement et désormais indispen-
sable apporte une contribution incontournable au développement de l’agri-
culture suisse.
Les défis posés par le développement de l’agriculture suisse, et donc par
la filière équine, seraient difficiles à relever en faisant cavalier seul. Seule
une collaboration organisée en réseau de haut niveau et dans tous les do-
maines peut y parvenir. Le Haras national suisse permet de le concrétiser.
Le travail en réseau du Haras national suisse
Pierre-André PoncetDirecteur du Haras national suisse HNS
Michael GysiDirecteur d’ALP-Haras
I n t r o d u c t i o n
Les enseignements de l’histoire
Les produits phytosanitaires (PP) sont utiles, car ils ai-
dent à combattre les organismes nuisibles et à obtenir
de meilleurs rendements agricoles. Les premiers PP de
synthèse datent des années 1940 ; à l’époque, ils étaient
perçus comme étant «LA» solution : la découverte du
DDT a valu à son inventeur, le docteur P. Müller, le prix
Nobel en 1948. Le fait que les PP puissent avoir des ef-
fets secondaires négatifs pour l’environnement n’a été
envisagé que plus tard. Dans les années 1950 et 1960, en
effet, diverses populations d’oiseaux ont drastiquement
diminué, ce qui a été attribué aux effets du DDT et de ses
métabolites sur la reproduction (Hartner 1981). A la
suite de cette découverte, les autorisations du DDT pour
des applications agricoles ont été progressivement reti-
rées. En raison de la forte persistance de cette substance
et de sa faculté de bioaccumulation tout au long de la
chaîne alimentaire, les espèces concernées ont mis des
décennies à s’en remettre. Cette expérience a montré
qu’afin d’éviter les surprises désagréables, il fallait aussi
étudier les inconvénients des PP avant une autorisation,
et pas seulement leurs avantages.
Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoringMichela Gandolfi et Otto Daniel, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil
Renseignements : Michela Gandolfi, e-mail : [email protected], tél. +41 44 783 62 70
E n v i r o n n e m e n t
Nid d’oiseau dans un vignoble du Tessin. (Photo: Michela Gandolfi, Zurich)
128 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
Avant toute homologation, l’impact et les
effets secondaires des produits phytosani-
taires (PP) sur l’environnement doivent être
évalués. A la Station fédérale de recherche
Agroscope Changins-Wädenswil ACW, le
groupe d’écotoxicologie étudie à l’aide de
modèles les risques éventuels présentés par
les PP pour les plantes et les animaux,
notamment pour l’avifaune. Toutefois, un
modèle ne peut jamais rendre compte de la
réalité dans toute sa complexité, sans un
certain taux d’incertitude. Une fois le produit
autorisé, des programmes de monitoring sur
le terrain peuvent apporter des informations
complémentaires sur les risques éventuels
des PP pour les oiseaux. Ces monitoring ont
leurs limites, mais constituent néanmoins un
bon outil pour compléter les analyses
de risques établies avec des modèles. Ils
peuvent aider à mieux comprendre les
dangers que les PP représentent pour les
oiseaux, à déceler des problèmes imprévus
et à définir des mesures pour diminuer
les risques.
Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement
C’est pourquoi les procédures actuelles d’homologa-
tion des PP s’appuient sur un processus de comparaison
de l’utilité et des risques. La base est une analyse des
risques objective et scientifiquement fondée.
M é t h o d e
Etude de l’écocompatibilité des produits
phytosanitaires
En vertu de la législation, seuls les PP sans effets secon-
daires inacceptables sur l’être humain et sur l’environne-
ment peuvent être mis sur le marché (RS 916.161, Ordon-
nance du 18 mai 1995 sur les produits phytosanitaires).
Toute homologation de PP doit par conséquent être pré-
cédée d’une étude d’écocompatibilité.
Le groupe d’écotoxicologie de la Station de re-
cherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW analyse si
et comment les plantes et les animaux peuvent entrer en
contact avec des PP et si ces derniers constituent un dan-
ger pour eux. Le spectre des espèces évaluées va des or-
ganismes aquatiques (poissons, animaux et végétaux
leur servant de nourriture), en passant par les orga-
nismes du sol (vers de terre, arthropodes et microorga-
nismes vivant dans les sols) et les insectes (auxiliaires et
autres arthropodes) jusqu’aux mammifères et aux oi-
seaux (Daniel et al. 2007).
La présente publication est centrée sur les oiseaux,
car de nombreuses espèces de l’avifaune sont très liées
aux terres agricoles : en Europe, un quart des espèces
aviaires nichent sur les terres agricoles et un nombre
bien plus important y recherchent leur nourriture (Schif-
ferli 2000).
Pronostiquer les risques avant l’homologation
La prévision des risques que l’utilisation des PP fait en-
courir aux oiseaux implique la connaissance d’informa-
tions sur la toxicité du produit et sur l’exposition des oi-
seaux aux PP sur le terrain. Comme le disait Paracelse,
«seule la dose fait le poison». C’est donc avant tout cette
relation entre la toxicité du produit et le taux d’exposi-
tion des oiseaux qui permet de mesurer le risque.
La toxicité des PP pour les oiseaux est testée en labo-
ratoire par des entreprises spécialisées. Les entreprises
requérantes soumettent les résultats de ces analyses aux
autorités d’homologation. Il s’agit de tests de toxicité
orale aiguë, de toxicité alimentaire à court terme et
d’études de reproduction sur des espèces standard sen-
sibles, notamment le canard colvert (Anas plathyrhyn-
chos) et le colin de Virginie (Colinus virginianus). Dans les
tests aigus et à court terme, on observe à partir de quelle
dose les oiseaux considérés présentent des troubles com-
portementaux (p. ex. comportement alimentaire),
129Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
Rés
um
é
perdent du poids ou meurent. Le taux de mortalité per-
met de définir la DL50, dose létale pour 50 % des animaux
étudiés. Dans les études de reproduction, on observe les
doses à partir desquelles il y a des effets sur le nombre
d’oeufs pondus, la qualité de ces oeufs, le nombre de
poussins en bonne santé qui éclosent, ainsi que sur leur
comportement et leur poids. La limite à déterminer ici est
le dosage auquel aucun effet (No Observed Effect Level =
NOEL) n’est observable sur la reproduction.
L’exposition des oiseaux aux PP est essentiellement
de nature alimentaire. Il est admis en effet que les oi-
seaux entrent en contact avec les PP en consommant de
la nourriture «contaminée» dans les champs traités.
Après les semis, les oiseaux granivores peuvent ingérer
directement des graines de céréales traitées qu’ils
trouvent sur le sol. Les insectivores peuvent se nourrir
d’insectes provenant de champs traités et les herbivores
de plantes consommables qui y poussent. Le degré d’ex-
position se mesure en valeurs ETE (Expected Theoretical
Exposure) ; cet indice est composé de deux éléments : le
taux de résidus de PP attendu sur la nourriture d’une
part et la quantité de nourriture absorbée par les oi-
seaux d’autre part (fig. 1a). Le calcul de cet ETE nécessite
d’avoir des informations sur la pratique agricole, sur le
comportement des PP dans l’environnement, de même
que sur la biologie et l’écologie des oiseaux exposés (fig.
130
Environnement | Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring
1b – 1e). Les paramètres agronomiques sont le taux d’ap-
plication (TA), le «Multiple Application Factor» MAF
(facteur d’applications multiples, mesure de l’effet d’ap-
plications répétées), et la «Crop Interception» CI (part
de PP que la plante retient lors d’un traitement ; fig. 1b).
Il existe encore une autre valeur clé, le Ftwa, qui rend
compte la dégradation des PP déposés sur la nourriture
(fig. 1c). Les paramètres biologiques sont le type d’oi-
seau, le type de nourriture et la teneur en résidus atten-
due (RUD), le poids corporel (PC) et le taux d’ingestion
(TI) de l’oiseau (fig. 1d). Au besoin, on procède en outre
à des observations supplémentaires de terrain pour dé-
terminer l’utilisation de l’habitat des espèces avicoles
concernées (PT), leur comportement alimentaire (PD)
ainsi qu’un éventuel comportement d’évitement des PP
en question (AV ; fig. 1e).
Pour évaluer le risque, on compare la valeur ETE avec
la limite de toxicité préalablement définie. Il en résulte
une valeur dite TER («Toxicity-Exposure-Ratio»). Le TER
est alors mis en relation avec des valeurs de seuil telles
que définies : 10 pour la mortalité et 5 pour la reproduc-
tion. Si le TER est inférieur à la valeur seuil, un risque
aigu ou un risque concernant la reproduction n’est tou-
tefois pas à exclure.
La procédure détaillée est fixée dans la directive de
l’UE sur l’évaluation du risque pour les oiseaux et les
mammifères SANCO (2002). Cette directive a récemment
été soumise à une révision totale, puis publiée en dé-
cembre 2009 par l’EFSA (European Food Safety Autho-
rity). Le groupe d’écotoxicologie d’ACW étudiera cette
année les modifications contenues dans la nouvelle di-
rective et les mettra en oeuvre de manière ciblée ; il sera
ainsi possible d’optimiser encore davantage l’évaluation
des risques et de l’harmoniser avec la législation de l’UE.
R é s u l t a t s e t d i s c u s s i o n
Limites du pronostic des risques
Dans le domaine des prévisions, il s’agit d’éviter la sous-
estimation des risques ; c’est pourquoi l’évaluation inclut
certaines marges de sécurité. Il reste néanmoins tou-
jours une part d’incertitude, car l’environnement est un
système si complexe qu’on ne peut le contrôler ni le saisir
dans sa totalité. En outre, diverses causes peuvent avoir
des effets imprévus sur le terrain :
• Une constellation particulière de facteurs et de
conditions de terrain : des oiseaux déjà affaiblis par
des maladies, des conditions climatiques défavo-
rables, par le manque de nourriture ou par la
présence d’autres facteurs de stress peuvent dévelop-
per une sensibilité étonnamment élevée aux PP
(Buerger et al. 1994). De même, la structure du milieu
agricole local et la présence ou non d’habitats
naturels peut influer sur la fuite et le rétablissement
des animaux concernés, et, par conséquent, sur les
risques au niveau de la population (Hart 1990a).
• Des formulations particulièrement problématiques :
les PP préparés sous forme de granulés, d’appâts ou
de semences traitées ont une forte concentration de
substance active. Les PP de ce type sont ceux avec le
plus haut taux d’incertitude relative au risque, car la
précision de leur application et le comportement des
oiseaux peuvent influer sur l’exposition de manière
déterminante (Hart 1990b).
PP critiques
Certaines classes de PP présentent des risques relative-
ment importants pour les oiseaux. Il s’agit souvent de
classes de matières actives assez anciennes, comme les
carbamates, les produits organophosphorés et les ro-
ETE = (RUD * TA * CI * MAF * Ftwa) * (TI/PC) * PT * PD * AV Résidus dans l‘aliment Prise de nourriture
Figure 1a | Calcul de la valeur ETE (Expected Theoretical Exposure).
Figure 1b | Pratique agronomique.
– Culture et moment de l’application– Type d’application (aspersion, traitement
des semences, granulés ...)– Taux d’application : TA (kg matière active/ha)– Nombre d’applications : MAF (Multiple
Application factor)– Stade de croissance : CI (Crop Interception)
Figure 1e | Ecologie des oiseaux.
– Espèce typique pour la culture et la saison ?– Aussi dans des surfaces non traitées ? PT (Part of Time
in the treated area)– Autres types de nourriture ? PD (Part of Diet
of different food types)– Comportement d’évitement ? AV (Avoidance Factor)(les facteurs écologiques requièrent généralement des études de terrain)
Figure 1c | Comportement des PP dans l’environnement.
– Propriétés physico-chimiques – Dégradation dans eau, sol,
végétation, insectes et vers: Ftwa (time-weighted averaging factor)
Figure 1d | Biologie des oiseaux.
– Type d’oiseau (p. ex. petit insectivore) : PC (poids corporel), TI (taux d’ingestion)
– Type de nourriture (p. ex. petits insectes)– Résidus : valeurs RUD = Residues per Unit Dose,
pour 1 kg matière active/ha(Valeur standard tirée de la bibliographie ou mesurèe)
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement
131
produit phytosanitaire doit être entièrement incorporé
dans le sol, en s’assurant qu’il soit également incorporé
en bout de sillon.» et SPe 6 «Pour protéger les oiseaux,
tout produit phytosanitaire accidentellement répandu
doit être récupéré.» Si l’on n’observe pas ces dispositions
de sécurité, les semences ou les granulés peuvent être
plus accessibles et consommés à doses mortelles par les
oiseaux (Barnett et al. 2007).
Les cas d’utilisation inadéquate de PP doivent être
limités. Un renforcement des contrôles pourrait éven-
tuellement être utile, mais demanderait un gros travail
(Ellenberg 1992). Il paraît plus efficace d’informer et de
sensibiliser les utilisateurs à ce problème.
Monitoring actif et ciblé
Une fois le produit autorisé, il serait bon, pour certains
PP présentant des risques, de contrôler et de surveiller
de manière ciblée leurs effets réels sur le terrain. Par
exemple, un programme de surveillance a pu démontrer
que la dieldrine, produit de traitement des semences,
constituait un danger pour les oiseaux. Un second moni-
toring, réalisé après retrait de l’autorisation de ce PP, a
pu prouver que ce problème était résolu (Riley 1990).
Aux Etats-Unis, ces études de terrain «actives» consti-
tuent souvent même une condition de base pour l’ob-
tention d’une autorisation (Turner 1990). Ce type
d’étude peut également être utilisé pour comparer des
systèmes de culture. Fluetsch et Sparling (1994) ont par
exemple étudié l’avifaune des cultures fruitières conven-
tionnelles (traitées avec des insecticides, acaricides, fon-
gicides et herbicides de synthèse) et des cultures frui-
tières biologiques (protection phytosanitaire au moyen
d’extrait naturels de plantes et d’auxiliaires, sans utilisa-
tion d’herbicides). L’étude comparative met en évidence
que, dans les vergers conventionnels, les oiseaux ont
une mortalité plus élevée, un taux de succès reproductif
réduit et que la diversité des espèces est plus faible.
Les études de terrain peuvent aussi servir à vérifier
que les modèles de pronostic des risques protègent suf-
fisamment les oiseaux. Dans le cadre de la révision de la
directive de l’UE concernant les oiseaux et les mammi-
fères (SANCO 2002), une comparaison entre les risques
pronostiqués et les risques effectivement observés sur le
terrain a été réalisée à partir des données bibliogra-
phiques existantes (EFSA 2008, appendice 2). Dans
quelques cas, moins d’oiseaux morts que prévu ont été
dénombrés sur le terrain (faux négatifs). En revanche,
des mortalités d’une ampleur imprévue ont été consta-
tées avec plusieurs applications de terrain pronostiquées
comme non problématiques (faux positifs), confirmant
ainsi le fait que les modélisations comportent inévita-
denticides (Devine et Furlong 2007). Des cas d’empoi-
sonnement d’oiseaux sont rapportés avec diverses sub-
stances actives, notamment le chlorpyriphos et le diazi-
non (Cox 1991), le thirame (Riedel et Grün 1986), le dimé-
thoate, le méthiocarb et le carbosulfan (BVL 2004) ainsi
que le carbofuran (Dietrich et al. 1995; Jenni-Eiermann
et al. 1996; Barnett et al. 2007; Kupper et al. 2007). Dans
l’UE, toutes ces molécules font actuellement l’objet
d’une vérification dans le cadre d’un programme de réé-
valuation de toutes les matières actives (selon la direc-
tive 91/414/CEE, art. 8). Les substances actives qui reste-
ront autorisées après cette nouvelle évaluation consti-
tueront des candidates possibles pour un programme de
monitoring après autorisation.
Monitoring «passif» après autorisation
La surveillance «passive» – le recensement des cas d’em-
poisonnement d’oiseaux – permet de glaner des rensei-
gnements complémentaires sur le danger de l’emploi
des PP. Dans plusieurs pays, il existe des services spéciali-
sés auxquels annoncer les cas d’empoisonnement d’ani-
maux sauvages. Au Royaume-Uni par exemple, c’est le
DEFRA (Department for Environment, Food and Rural
Affairs) et, en Allemagne, le BVL (Bundesamt für Ver-
braucherschutz und Lebensmittelsicherheit). Ces orga-
nismes enregistrent systématiquement tous les empoi-
sonnements d’animaux et les publient régulièrement.
En Suisse, les oiseaux trouvés morts sont généralement
signalés et envoyés à la Station ornithologique suisse de
Sempach ou aux stations régionales correspondantes.
Les causes de la mort sont recherchées ponctuellement,
en étudiant notamment s’il existe un lien avec l’utilisa-
tion de PP. Ce travail requiert des analyses morpholo-
giques et toxicologiques ciblées sur les animaux morts et
éventuellement des examens sur le lieu de découverte.
La plupart des empoisonnements d’animaux sau-
vages sont non intentionnels et généralement dus à un
dosage excessif ou à la non observation des dispositions
de sécurité. Il est rare que des oiseaux soient intention-
nellement intoxiqués avec des PP. Un dosage excessif
peut se produire fréquemment lors de traitements de
petites surfaces ou de l’application de PP difficiles à
doser, par exemple en répandant des granulés à la main
(Kupper et al. 2007). En Suisse, il existe une série de dis-
positions de sécurité (Ordonnance sur les produits phy-
tosanitaires, RS 916.161, 18 mai 2005, annexe 5) : les ap-
pâts rodenticides doivent toujours être disposés de ma-
nière contrôlée et les rongeurs morts toujours retirés de
la zone de traitement (SPr 1, 2 et 3). Pour les semences
traitées, les antilimaces et les granulés, deux précau-
tions sont notifiées : SPe 5 «Pour protéger les oiseaux, le
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
132
blement un certain taux d’incertitude résiduel.
Limites et possibilités du monitoring
Le monitoring passif permet dans certains cas de détec-
ter des effets inattendus des PP sur le terrain (voir p. ex.
Stanley et Bunyan 1979). Il est toutefois probable que les
cas d’empoisonnement documentés ne reflètent qu’une
partie des effets réels des PP (Balcomb 1986), pour plu-
sieurs raisons : les oiseaux morts restent souvent non
détectés, spécialement s’ils sont petits et peu spectacu-
laires ; en règle générale, seules les espèces les plus
grandes et les plus impressionnantes, comme les rapaces,
les oies ou les canards (Jenni-Eiermann et al. 1996), sont
repérées. L’expérience montre aussi que seule une faible
partie d’entre eux sont annoncés et, là encore, ce sont
surtout des oiseaux appartenant à des espèces particu-
lièrement belles et rares. De plus, les cadavres sont gé-
néralement très vite emportés et consommés par des
prédateurs ou des animaux nécrophages. Dans une
étude, Balcomb (1986) a montré que 62 à 92 % des oi-
seaux morts disparaissent dans les 24 heures. Mineau et
Collins (1988) ont indiqué des taux de disparition sem-
blables, en particulier pour les petits oiseaux chanteurs.
Les oiseaux, très mobiles, peuvent, en cas d’empoison-
nement, se réfugier dans un endroit qu’ils considèrent
comme sûr et mourir plus tard, loin de l’endroit où ils se
sont intoxiqués (Vyas 1999). Il convient de noter aussi
que les PP peuvent avoir une action retardée, selon leur
mécanisme d’action ou par une accumulation progres-
sive dans les tissus graisseux (Evans 1990). Et pour finir,
rappelons que, si le cadavre est découvert après un cer-
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Environnement | Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
tain délai et loin du lieu d’empoisonnement, il est sou-
vent difficile d’établir une relation de causalité entre
l’application de PP et l’empoisonnement de l’animal.
Quant à l’aptitude du monitoring «actif» à saisir direc-
tement les effets des pesticides sur les oiseaux, elle fait
l’objet de controverses. C’est surtout la représentativité
et la proximité à la réalité de ce type d’études très coû-
teuses qui sont remises en question (Oelke 2002). Les ré-
sultats de ces études de terrain dépendent dans une large
mesure des conditions, de la méthode de saisie et de la
précision des relevés. Si des effets sont observés, leur in-
terprétation est souvent ardue, car il est difficile de sépa-
rer clairement les effets des PP des effets généraux de
l’intensification de l’agriculture (Scharenberg 2008). Par
ailleurs, rappelons que l’absence de cadavres ne signifie
pas qu’il n’y ait pas eu de victimes (Fischer 1990).
La principale faiblesse du monitoring «actif» ou
«passif» est qu’il est difficile de saisir, de mesurer et de
documenter les effets des PP sur le comportement et sur
la reproduction de façon directe. Et ce sont peut-être
justement de tels effets qui constituent le principal dan-
ger pour les populations d’oiseaux et le principal risque
pour la biodiversité.
Malgré ses limites et son utilité restreinte dans la sai-
sie directe des effets des PP sur le terrain, le monitoring
constitue un outil important pour compléter les pronos-
tics de risques précédant l’autorisation. Cette technique
peut aider à mieux comprendre la nature des risques sur
les oiseaux, à déceler des problèmes imprévus et à défi-
nir des mesures pour diminuer ces risques. n
133
Ria
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Sum
mar
y
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Birds affected by pesticides?
Risk assessment and monitoring
Prior to authorization, the side-effects
of pesticides on the environment must
be evaluated. The Ecotoxicology group
at ACW assesses by means of models
the potential risks of pesticide uses to
plants and animals, including birds.
Since a model can never incorporate
the whole complexity of reality, uncer-
tainty remains. With the help of pas-
sive or active monitoring after authori-
zation, additional information can be
gathered about safety or danger of a
pesticide to birds. Even if monitoring
studies have their limits, they are an
important complement to the risk as-
sessment based on models. They help
to understand the risks of pesticides
for birds, to identify unexpected prob-
lems and to define measures for risk
mitigation.
Key words: birds, pesticides, risk,
monitoring.
Uccelli e prodotti fitosanitari:
valutazione dei rischi e monitoraggio
Gli effetti collaterali dei prodotti
fitosanitari (PFS) sull’ambiente devono
essere valutati prima di un’autorizza-
zione. Il gruppo di ecotossicologia
di ACW esamina con l’aiuto di modelli
i potenziali rischi dei PFS su piante e
animali, tra cui gli uccelli. Poiché un
modello non può mai cogliere integral-
mente la complessità della realtà, alcu-
ne incertezze rimangono. Grazie a studi
di monitoraggio è possibile ottenere
anche dopo un’autorizzazione ulteriori
informazioni sulla sicurezza o i rischi
dei PFS sugli uccelli. Il monitoraggio
ha i suoi limiti, tuttavia è un importante
complemento alla prognosi del rischio
con modelli. Infatti può contribuire a
capire meglio l’impatto dei PFS sugli
uccelli, ad individuare problemi
imprevisti e a definire misure per la
riduzione dei rischi.
Oiseaux et produits phytosanitaires : évaluation des risques et monitoring | Environnement
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 128–133, 2010
134 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
I n t r o d u c t i o n
Il est de plus en plus fréquent de trouver dans le monde
des animaux et des végétaux qui ne sont pas indigènes,
qui ont été importés volontairement ou non. Le déve-
loppement du commerce international, la multiplication
des voyages et le tourisme y sont pour beaucoup. Une
partie de ces espèces s’établissent, se développent et
peuvent se transformer en organismes nuisibles pour
l’agriculture ou la sylviculture, ou encore menacer les
espèces indigènes dans leurs biotopes naturels. La lutte
biologique contre les ravageurs, qui utilise certains or-
ganismes pour limiter les populations d’autres orga-
nismes, est une des méthodes les plus sûres sur le plan
écologique et les plus intéressantes sur le plan écono-
mique. Elle permet de contrôler et de combattre les or-
ganismes nuisibles indigènes ou non dans les écosys-
tèmes naturels et dans ceux exploités par l’homme. Elle
emploie des parasitoïdes, des prédateurs, des patho-
gènes et des phytophages pour enrayer le développe-
ment des ravageurs et l’apparition de maladies et d’ad-
ventices. L’application de la Convention sur la diversité
biologique peut toutefois générer un grave problème
pour l’emploi d’organismes auxiliaires dans la protec-
tion phytosanitaire biologique.
Qu’est-ce que la Convention sur la diversité biologique ?
La Convention sur la diversité biologique poursuit trois
objectifs :
• la conservation de la diversité biologique ;
• l’utilisation durable de tous les éléments
de la diversité biologique (ressources génétiques,
espèces et écosystèmes) ;
• le partage juste et équitable des avantages
découlant de l’exploitation des ressources génétiques
(Access and Benefit Sharing, ABS).
La Convention sur la diversité biologique est une
convention-cadre internationale. Ses dispositions sont
obligatoires pour les états signataires. Il est désormais
reconnu au niveau international que les Etats possèdent
un droit souverain sur les ressources biologiques situées
à l’intérieur de leurs frontières nationales (elles sont
considérées comme leur propriété) et que, par consé-
quent, les traités qui régissent l’accès à ces ressources et
leur utilisation commune doivent être rédigés et ratifiés
par les parties du contrat. Ce type d’accord est résumé
par le concept «Access and Benefit Sharing, ABS» (accès
et partage équitable des avantages des ressources géné-
tiques). L’ABS est valable pour tous les auxiliaires échan-
gés entre les états signataires de la Convention sur la
diversité biologique. A l’avenir, les chercheurs et les ex-
perts spécialisés dans la lutte biologique contre les rava-
geurs devront satisfaire aux exigences ABS, qui doivent
être adoptées lors du dixième meeting de la Conférence
des signataires de la Convention sur la biodiversité en
2010. Ces derniers temps, la mise en oeuvre de la Conven-
tion sur la biodiversité a déjà entravé les travaux (col-
lecte, identification et étude de la biologie) et l’exporta-
La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?Franz Bigler, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements : Franz Bigler, e-mail : [email protected], tél. +41 44 377 72 35
E n v i r o n n e m e n t
A l’origine, l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis vient d’Amérique du Sud. Depuis plus de 40 ans, il est utilisé avec succès dans le monde entier dans les cultures sous serre contre l’acarien commun, Tetranychus urticae. (Photo : Mario Waldburger, ART)
135Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
La Convention sur la diversité biologique
a été ratifiée en 1992. Elle poursuit trois
objectifs : 1) la conservation de la diversité
biologique ; 2) l’utilisation durable de tous
les éléments de la diversité biologique, 3)
la garantie de l’accès aux ressources géné-
tiques ainsi que le partage juste et équitable
des avantages découlant de l’exploitation
des ressources génétiques. Elle garantit en
outre le droit souverain des Etats sur leurs
ressources génétiques. Les traités qui régis-
sent l’accès à ces ressources et leur utilisation
commune doivent être rédigés et ratifiés par
les parties du contrat (Access and Benefit
Sharing, ABS). Ceci s’applique également aux
organismes qui sont collectés et étudiés en
vue de leur utilisation potentielle dans la
lutte biologique contre les ravageurs. Ces
derniers temps, la mise en oeuvre de la Con-
vention sur la biodiversité a déjà fait obstac-
le à la collecte et à l’exportation des organis-
mes destinés à la recherche dans le domaine
de la lutte biologique dans de nombreux
pays. L’application de cette pratique à gran-
de échelle pourrait remettre en question
la lutte biologique, qui dépend de la biodi-
versité. D’ici la fin de l’année 2010, les pays
signataires de la Convention sur la diversité
biologique doivent ratifier une proposition
détaillée sur les ABS. En collaboration avec
l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO) et avec
son soutien financier, l'Organisation Interna-
tionale de lutte Biologique et intégrée contre
les Animaux et les Plantes Nuisibles (OILB) a
rédigé un document de base, publié derni-
èrement sous la forme d’un rapport FAO
(ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/017/
ak569e.pdf). Le rapport contient des recom-
mandations qui simplifient la collecte et
l’échange d’organismes pour la lutte biolo-
gique, ainsi que des pro positions de condi-
tions-cadres solides destinées aux décideurs
politiques et aux acteurs de la lutte biolo-
gique. Le rapport veut également inciter les
responsables de la protection biologique des
végétaux à participer aux discussions avec
l’organe représentant l’ABS dans leur pays,
afin que leurs intérêts soient pris en compte.
La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement
tion des organismes naturels destinés à la recherche
dans le domaine de la lutte biologique dans quelques
pays. L’application stricte et à grande échelle des règles
ABS pourrait remettre en question la lutte biologique
contre les ravageurs, pourtant très efficace et sûre sur le
plan écologique. Si ces mesures venaient à être appli-
quées, tout projet de recherche en lutte biologique né-
cessiterait une autorisation préalable dans chaque pays
d’origine potentiel, ainsi que l’adoption de conditions
réciproques (éventuellement avec des mécanismes mo-
nétaires) en vue du partage des avantages. Les experts
en lutte biologique devraient se pencher et identifier à
temps les conséquences possibles des dispositions ABS,
potentiellement génératrices de contraintes et d’obs-
tacles, y compris pour la communauté universitaire à but
non lucratif. Jusqu’à présent, la plupart des experts et
des chercheurs spécialisés dans ce domaine ignorent
quels en seront les effets sur l’application et la recherche.
Ces deux à trois dernières années, les spécialistes de
la lutte biologique ont été confrontés à quelques cas
d’application stricte des ABS. Les institutions de re-
cherche concernées ont rapporté ces cas à l’Organisa-
tion Internationale de Lutte Biologique et Intégrée
contre les Animaux et les Plantes Nuisibles (OILB) (www.
iobc-global.org). Après consultation de l’Organisation
des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) (www.fao.org), les auteurs (voir encadré 1) ont
rédigé un rapport en 2009 sur le thème des ABS et de la
lutte biologique contre les ravageurs sur mandat et avec
le soutien financier de la FAO, en tant que membre de la
Commission globale de l’OILB sur le «Biological Control
and Access and Benefit Sharing». Le rapport concerne
notamment l’emploi des animaux invertébrés dans la
lutte biologique contre les ravageurs. Les principes dé-
crits peuvent toutefois être appliqués directement à
l’emploi de pathogènes dans la lutte biologique. Le rap-
port pour la FAO traite de la lutte biologique dans l’agri-
culture et la sylviculture en particulier, bien que celle-ci
soit également de plus en plus pratiquée dans les écosys-
tèmes naturels.
C o n t e n u d u r a p p o r t F A O
Pratiques de la lutte biologique
Le rapport FAO décrit les pratiques anciennes et ac-
tuelles de lutte biologique contre les ravageurs en lien
avec l’emploi et l’échange de ressources génétiques, im-
portantes pour les auxiliaires. Il existe deux types princi-
paux de lutte biologique. Le premier, la lutte biologique
Rés
um
é
136 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?
classique, consiste à importer un auxiliaire, générale-
ment originaire du même pays que le ravageur, afin de
lutter contre ce dernier dans le pays où il a été introduit.
Après l’importation, l’auxiliaire doit s’établir, se repro-
duire et se développer, pour avoir une action durable et
permanente sur le ravageur. Le deuxième type de lutte,
la lutte biologique avec lâcher périodique d’auxiliaires,
implique de produire et de lâcher des auxiliaires indi-
gènes ou exotiques. Les auxiliaires permettent de régu-
ler les ravageurs et meurent dès qu’il n’y en a plus ou, au
plus tard, au moment de la récolte. Ils doivent donc être
lâchés périodiquement à intervalles plus ou moins longs.
L’autorisation de l’emploi d’auxiliaires dans un autre
pays n’engage pas la responsabilité du pays d’origine. La
lutte biologique contre les ravageurs est une activité qui
nécessite l’accès aux ressources génétiques et mobilise
beaucoup de ressources au niveau de la recherche sans
offrir de revenus financiers importants. Jusqu’à mainte-
nant, les auxiliaires utilisés dans la lutte biologique n’ont
jamais été brevetés, et cela ne devrait pas changer dans
un proche avenir.
Recherche et partage des connaissances
Les études sur les ravageurs et leurs ennemis naturels
doivent souvent être effectuées dans plusieurs pays. De
tels travaux coûtent cher et n’offrent en général aucune
perspective de gains à partager entre les pays qui les fi-
nancent et les utilisateurs potentiels des ressources gé-
nétiques. Les pays d’origine peuvent toutefois bénéfi-
cier du transfert des connaissances, par exemple dans le
domaine de la taxonomie, la méthode moléculaire utili-
sée pour déterminer les espèces et les écotypes. Ils
peuvent également participer aux études communes sur
le terrain et en laboratoire et obtenir de nouvelles
connaissances sur des espèces peu étudiées jusque-là.
Ces travaux aident à mieux connaître et mieux com-
prendre la biodiversité. Quelques exemplaires des rava-
geurs et de leurs ennemis naturels sont généralement
envoyés dans d’autres pays pour y être identifiés par des
spécialistes et pour les besoins des études taxonomiques.
Conservés ensuite dans les règles de l’art, ils font office
d’exemplaires de référence.
Des études détaillées doivent parfois être réalisées
dans le pays d’origine pour évaluer le potentiel des pré-
dateurs naturels à servir d’auxiliaires. D’autres études,
portant par exemple sur la spécificité des hôtes et impli-
quant des plantes et des animaux naturellement absents
dans le pays d’origine, devraient pouvoir être réalisées
en quarantaine dans le pays cible ou dans un pays tiers.
A ce stade, de nombreuses collaborations sont possibles
dans la recherche et la formation communes et le trans-
fert des connaissances, avec les pays d’origine des auxi-
liaires. En revanche, dans les phases ultérieures du pro-
jet, comme la sélection des auxiliaires en laboratoire,
l’identification des impacts environnementaux ou en-
core le lâcher et le contrôle de l’effet des auxiliaires dans
le pays cible, ces possibilités de recherche commune sont
relativement limitées.
Les partenaires locaux dans les pays d’origine jouent
toujours un rôle capital pour les études et les recherches
dans le domaine de la lutte biologique. En outre, si l’on
tient compte de l’engagement moral contenu dans les
ABS, le partenariat avec les organismes de recherche lo-
caux est absolument nécessaire. Les partenaires locaux
sont d’ailleurs souvent appelés à devenir les leaders du
développement de la lutte biologique dans leur pays.
Matthew J. W. Cock, CABI Europe-
Switzerland, 2800 Delémont, Suisse
Joop C. van Lenteren, Wageningen University,
6700 EH Wageningen, Pays-Bas
Jacques Brodeur, Université de Montréal,
4101 Montréal, Canada
Barbara Barratt, AgResearch Limited,
50034 Mosgiel, Nouvelle-Zélande
Franz Bigler, Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART, 8046 Zurich, Suisse
Karel Bolckmans, Koppert B. V.,
2650 AD Berkel en Rodenrijs, Pays-Bas
Fernando L. Cônsoli, Université de São Paulo,
13418-900 Piracicaba-SP, Brésil
Fabian Haas, icipe, 00100, Nairobi, Kenya
Peter G. Mason, Agriculture and Agri-Food
Canada, Ottawa, Ontario, Canada
José Roberto P. Parra, Université de São Paulo,
13418-900 Piracicaba-SP, Brésil
Encadré 1 | Les membres de la Commission
de l'OILB Global sur le Biological Control
and Access and Benefit Sharing et auteurs
du rapport FAO sont :
137Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement
Financement de la lutte biologique
Il existe deux catégories de fournisseurs d’auxiliaires
pour la lutte biologique avec lâchers périodiques: les
entreprises privées et celles qui bénéficient de fonds
publics, fournissant leur production aux agriculteurs
sans but lucratif. Les entreprises commerciales sont indé-
pendantes et produisent des auxiliaires qu’elles vendent
directement aux utilisateurs. Jusqu’ici ces entreprises
travaillaient surtout dans les pays développés. Depuis
peu, les producteurs privés opèrent également au ni-
veau international, notamment dans les pays émergents,
où ils produisent et commercialisent parfois les auxi-
liaires. Certains pays émergents et en voie de dévelop-
pement soutiennent la production d’auxiliaires par des
fonds publics, souvent pour des secteurs de niche dans
des cultures agricoles et forestières à grande échelle. Les
auxiliaires sont alors fournis gratuitement ou à très bas
prix aux producteurs. Dans le cas de la lutte biologique
classique contre les ravageurs qui ne nécessite pas une
grosse production d’auxiliaires, les projets sont généra-
lement financés par les fonds publics et les organisations
internationales, et aucun auxiliaire n’est vendu.
Bénéfices pour les utilisateurs et les consommateurs
En agriculture et en sylviculture, ce sont les agriculteurs
qui profitent le plus de la lutte biologique classique; les
problèmes de ravageurs sont résolus sans qu’il soit né-
cessaire d’utiliser activement des auxiliaires. En se pro-
pageant et en se multipliant, les auxiliaires contribuent
à la réduction des ravageurs, et donc des pertes de ré-
colte. Ils augmentent ainsi la sécurité des denrées ali-
mentaires et améliorent les conditions de vie. La lutte
biologique classique est pratiquée avec succès partout
dans le monde. Tous les producteurs de denrées alimen-
taires en profitent, notamment ceux qui vivent en autar-
cie. Ce dernier point est particulièrement important
dans les pays émergents et en voie de développement,
car le degré d’auto-approvisionnement de la population
rurale y est élevé. La lutte biologique classique a pris une
grande importance au cours des dernières années, par-
tout où il est désormais interdit d’utiliser des pesticides
dans les biotopes proches de la nature et les parcs pu-
blics. Dans ces conditions, le lâcher périodique d’auxi-
liaires peut également contribuer à la lutte contre les
organismes nuisibles en respectant l’environnement.
La lutte biologique permet de réduire l’emploi des
pesticides et de limiter les résidus dans les denrées ali-
mentaires et l’environnement, au grand bénéfice des
consommateurs. Grâce à la réduction des pesticides et de
leurs résidus, les producteurs de denrées vivrières et agri-
coles des pays émergents et en voie de développement
peuvent remplir les hautes exigences de qualité des mar-
chés d’exportation de l’hémisphère nord. L’écoulement
de leurs produits sur ces marchés profitables leur permet
de réaliser des bénéfices, ce qui contribue à créer des em-
plois et à faire rentrer des devises dans ces pays.
Figure 1 | Le parasitoïde des oeufs Trichogramma brassicae a été introduit en France en 1973 en provenance de l’actuelle Moldavie, dans l’intention de lutter biologiquement contre la pyrale du maïs. Aujourd’hui, près de 150 000 hectares sont traités chaque année en Europe occidentale contre la pyrale du maïs avec ce trichogramme.(Photo: Mario Waldburger, ART)
Figure 2 | Le parasitoïde larvaire Heterospilus prosopidis vient d’Amérique du Nord. En Suisse, des études sont en cours sur l’utilisation de cet auxiliaire dans la lutte contre les ravageurs des denrées stockées. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
138 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?
Ampleur de la lutte biologique
Au moins 7000 cas ont été documentés jusqu’ici dans les-
quels des auxiliaires ont été introduits dans des pays
cibles. Ces importations portaient sur environ 2700 es-
pèces d’auxiliaires, provenant de 119 pays sources et im-
portées dans 146 pays cibles. Les pays en voie de déve-
loppement pratiquent le plus souvent la lutte biolo-
gique et, parallèlement, sont ceux qui fournissent le
plus d’auxiliaires. Les pays émergents et en voie de déve-
loppement exportent légèrement plus d’auxiliaires
qu’ils n’en importent.
Pour les besoins de la lutte biologique avec lâchers
périodiques, plus de 170 espèces d’auxiliaires ont été
produites, vendues ou fournies gratuitement, avec envi-
ron 30 espèces représentant plus de 90 % du marché
mondial. Ces dernières années, on observe que, dès l’ap-
parition d’un nouveau ravageur, même exotique, la dé-
marche consiste d’abord à lui trouver un prédateur na-
turel indigène avant d’importer un auxiliaire exotique,
ce qui est très positif. En effet, cela diminue considéra-
blement le risque que le lâcher d’auxiliaires exotiques
puisse nuire à la biodiversité et rend la lutte biologique
encore plus sûre. Les pays en voie de développement
peuvent souvent utiliser de tels auxiliaires et bénéficier
ainsi de la recherche et du développement des pays in-
dustrialisés. Par exemple, les travaux effectués dans les
pays développés à climat tropical et subtropical (comme
l’Australie et les Etats-Unis) profitent souvent directe-
ment aux pays en voie de développement situés dans
des régions à climat similaire.
Contrôle des ressources génétiques et possibilités
de profit
Dans la lutte biologique classique contre les ravageurs,
les instituts de recherche nationaux ou internationaux
effectuent normalement les travaux de recherche néces-
saires. Une fois qu’un auxiliaire s’est établi et que la lutte
donne des résultats satisfaisants, l’institut de recherche
n’assume généralement plus les contrôles ultérieurs.
L’auxiliaire se reproduit et contribue, lorsque tout se
passe bien, à lutter efficacement contre le ravageur. Il se
propage dans l’aire géographique qui lui correspond,
souvent également dans d’autres pays. C’est le sens de la
lutte biologique classique: offrir un bien public gratuit,
en renonçant à la protection de la propriété et à mono-
poliser l’accès aux auxiliaires. Toutes les connaissances
sont mises à disposition du public, en invitant les autres
pays à profiter des avantages conférés par la lutte biolo-
gique classique. Les bénéfices qu’en retirent les agricul-
teurs, les consommateurs et l’économie locale n’ap-
portent aucun retour financier à l’institut de recherches
ou aux donateurs.
Dans la lutte biologique avec lâcher périodique d’au-
xiliaires, les entreprises productrices assument le coût de
la recherche et du développement dans les pays indus-
trialisés. Ces entreprises vendent ensuite leurs auxiliaires
dans un but lucratif sur les marchés du monde entier. Les
utilisateurs des auxiliaires bénéficient d’une protection
efficace contre les ravageurs, de rendements plus élevés
et d’une qualité éventuellement supérieure. Ils peuvent
cultiver des denrées alimentaires sans pesticides et ob-
tiennent ainsi un meilleur prix pour leurs produits. Les
consommateurs, eux, obtiennent des denrées alimen-
taires saines à un prix acceptable. Dans ce type de lutte
biologique, il n’est pas possible de breveter les auxi-
liaires. N’importe qui peut donc collecter des auxiliaires
dans la nature et les utiliser, dans la mesure où la com-
mercialisation n’est pas réglementée par les autorités
locales. Les entreprises peuvent faire breveter des pro-
cédés de production, mais en général le savoir-faire est
gardé secret et n’est pas breveté.
Environ trente grandes entreprises privées pro-
duisent des auxiliaires pour les lâchers périodiques dans
le monde, dont vingt en Europe. Parallèlement, on re-
cense environ cent petits fournisseurs qui occupent
moins de cinq personnes. Le marché de la vente de ces
auxiliaires aux utilisateurs a été estimé à environ
100 – 135 millions de US$ en 2008. Avec un rendement sur
chiffre d’affaires net d’environ 3 – 5 %, le produit total
de l’industrie de la lutte biologique avec lâcher pério-
dique d’auxiliaires représente moins de 15 millions de
US$ par an. Ces chiffres indiquent qu’il s’agit d’une acti-
vité dégageant des rendements modestes, pratiquée
par des petites et moyennes entreprises.
Réglementation de l’importation des auxiliaires
Ces vingt dernières années, l’importation des auxiliaires
est de plus en plus réglementée par les législations natio-
nales ou internationales. Les normes internationales pour
les mesures phytosanitaires n°3 de la Convention interna-
tionale pour la protection des végétaux (CIPV) définissent
les obligations des différents participants, mais ne
contiennent aucune disposition relative aux ABS.
Depuis le début de la lutte biologique contre les or-
ganismes nuisibles, les auxiliaires ont plutôt été échan-
gés gratuitement et librement, sur une base multilaté-
rale, sans recourir à des conventions réciproques d’utili-
sation commune. Les pays sont à la fois donateurs et
139Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement
Points de vue des utilisateurs
Dans le domaine de la lutte biologique contre les rava-
geurs, les opinions et les positions divergent en ce qui
concerne les ABS. Pendant longtemps, dans la lutte bio-
logique classique, leurs conséquences possibles n’ont
pas été envisagées. Aujourd’hui, les intéressés ont da-
vantage conscience des enjeux politiques et de la néces-
sité de permettre l’échange des auxiliaires, afin de ga-
rantir la lutte biologique, reconnue d’utilité publique.
Les utilisateurs savent depuis longtemps que la lutte
biologique classique contre les organismes nuisibles ne
leur rapporte aucun bénéfice financier. Déjà parce que ce
serait en contradiction avec les principes éthiques. En
outre, il n’existe aucun moyen ni mécanisme pour exiger
une participation financière des bénéficiaires, comme les
exploitations agricoles et les individus pratiquant l’auto-
approvisionnement. Les différentes formes non moné-
taires de partage des avantages – activités de recherche
communes financées essentiellement par les pays récep-
teurs ou formation des scientifiques issus des pays dona-
teurs par d’autres scientifiques des pays récepteurs – per-
mettraient de retourner aux pays émergents et en voie
de développement une grande partie des acquis com-
muns générés par les projets de ce type et d’améliorer
ainsi les capacités de recherche et les connaissances.
Les utilisateurs de la lutte biologique avec lâcher pé-
riodique d’auxiliaires sont en revanche davantage
conscients du problème soulevé par les ABS, peut-être
parce que cette technique génère quelques profits. Les
gros producteurs d’auxiliaires, comme les membres de
l’International Biocontrol Manufacturers Association
(IBMA) et de l’Association of Natural Biocontrol Produ-
cers (ANBP), se déclarent prêts à étudier les principes et
les exigences des ABS et à proposer des formes possibles
d’exploitation équitable des ressources génétiques. S’il
fallait payer pour chaque prédateur naturel étudié et
éventuellement utilisé pour aboutir à un produit, la plu-
part des entreprises privées produisant des auxiliaires
ne seraient plus en mesure de poursuivre leurs activités.
Dans l’ensemble, les producteurs partent du principe
que les activités communes et l’échange de connais-
sances entre les pays donateurs et les pays récepteurs
représentent une approche plus réaliste, car les rende-
ments et les marges de bénéfices sont relativement ré-
duites dans ce type de lutte biologique.
utilisateurs des auxiliaires. Jusqu’ici, dans la pratique, il
s’est toujours avéré judicieux de collaborer avec un orga-
nisme de recherche du pays d’origine des auxiliaires.
Mais, devant la demande croissante d’études détaillées
sur l’évaluation des risques et des impacts environne-
mentaux, il devient de plus en plus indispensable de
s’appuyer sur une recherche commune dans les pays
d’origine.
D’un autre côté, on observe une tendance générale à
restreindre l’accès aux ressources génétiques, notam-
ment aux auxiliaires nécessaires à la lutte biologique.
Plusieurs raisons expliquent cette attitude, comme les
dispositions ABS et la législation sur la protection des
végétaux. L’échange multilatéral gratuit d’auxiliaires, tel
qu’il était pratiqué jusqu’à présent, et le réseau interna-
tional très efficace de chercheurs et d’utilisateurs de la
lutte biologique représentent une base solide qui de-
vrait être prise en compte dans le cadre des ABS.
Certains pays ont ou vont introduire de nouvelles lé-
gislations pour le règlement de l’accès aux ressources
génétiques. Si celles-ci ne tiennent pas compte des be-
soins spécifiques de la lutte biologique, la situation de-
viendra très difficile, pour les chercheurs internationaux
comme pour leurs partenaires nationaux et les utilisa-
teurs. Ces législations entreront probablement en vi-
gueur prochainement. De nouvelles dispositions ABS
internationales ne tenant pas compte des besoins de la
lutte biologique risquent également de voir le jour, po-
sant de nouveaux obstacles à la recherche et à l’applica-
tion, et ralentissant encore le processus.
Figure 3 | Le parasitoïde larvaire Eupelmus vuilleti vient d’Afrique. Il sert également à lutter contre les ravageurs des denrées stockées.(Photo: Gabriela Brändle, ART)
140 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
Le rapport FAO est disponible dans son intégralité sous ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/meeting/017/ak569e.pdf
C o n c l u s i o n s e t r e c o m m a n d a t i o n s
Les dispositions relatives à l’accès et à l’utilisation
équitable des ressources génétiques (ABS) devraient
tenir compte des propriétés spécifiques de la lutte
biologique contre les ravageurs :
• les pays qui fournissent des auxiliaires pour la lutte
biologique, peuvent également être utilisateurs de
cette technologie;
• de nombreux auxiliaires sont échangés et utilisés,
mais la valeur financière totale réalisable reste mi-
nime ;
• les organismes ne sont pas brevetés, ce qui veut
dire qu’ils peuvent à tout moment être utilisés par
tout le monde ;
• les informations relatives à la lutte biologique
classique et partiellement à la lutte biologique
avec lâcher périodique d’auxiliaires sont accessibles
et utilisables par le public ;
• les atouts de la lutte biologique sont importants
pour la société: bénéfices pour l’environnement,
la santé des hommes et des animaux, et possibilité
de diminuer les pesticides ;
• la lutte biologique contre les ravageurs est largement
répandue dans les pays industriels comme dans les
pays en voie de développement.
• la lutte biologique est pratiquée essentiellement
dans l’agriculture et la sylviculture, mais de plus en
plus aussi pour protéger les biotopes naturels des vé-
gétaux et animaux envahissants.
Compte tenu de ces faits et des aspects positifs de la
lutte biologique, le rapport FAO préconise les recom-
mandations suivantes :
1. Les gouvernements devraient s’appuyer sur l’échange
multilatéral d’auxiliaires pratiqué jusqu’ici. Cette
base de collaboration se complète et se développe
réciproquement, en garantissant un partage juste
et équitable dans le monde des avantages tirés de
la lutte biologique contre les ravageurs.
2. Les dispositions relatives à l’accès et à l’utilisation
équitable des ressources génétiques (ABS) devraient
stimuler le développement de la lutte biologique en
facilitant l’échange multilatéral des auxiliaires.
3. Les différents pays devraient être incités à créer une
centrale de contact pour faciliter les recherches, l’ac-
cès aux informations, la mise en réseau institution-
nelle et le soutien taxonomique, ainsi que pour
conseiller les intéressés sur les dispositions en vigueur
pour la lutte biologique, dont les ABS.
4. Les dispositions ABS relatives à la lutte biologique
devront tenir compte des avantages non monétaires
comme les programmes de recherche communs, la
formation et / ou le transfert de connaissances /
technologie, tels que les pratiquent déjà de
nombreuses institutions qui travaillent dans
ce domaine.
5. Un document devrait être rédigé et diffusé, décrivant
les «bonnes pratiques» pour l’ABS concernant la lutte
biologique et contenant des directives pour les
activités de recherche communes, équitables et
non restrictives, à l’intention des organisations et
institutions de lutte biologique.
6. Pour améliorer la transparence des échanges
d’auxiliaires, des mécanismes devraient être créés
afin de donner aux pays d’origine et aux pays cibles
l’accès gratuit à des bases de données contenant
des informations sur les auxiliaires.
7. Dans des situations d’urgence touchant la sécurité
des denrées alimentaires, avec conséquences huma-
nitaires, les gouvernements devraient coopérer avec
la FAO, afin d’accélérer l’échange des auxiliaires. n
Environnement | La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ?
141Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 134–141, 2010
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Does the convention on biological
diversity impede biological control?
The Convention on Biological Diversity
(CBD) was established in 1992 with
three objectives: 1) conserve nature,
2) sustainably use biodiversity and
3) ensure access and fair and equitable
sharing of the benefits arising form
the use of biodiversity. It also ascer-
tains that countries have sovereign
rights over their genetic resources.
Agreements governing the access to
these resources and the sharing of the
benefits arising from their use need to
be established between involved par-
ties (Access and Benefit Sharing ABS).
This also applies to species collected
for potential use in biological control.
Recent applications of CBD principles
have already made it difficult or im-
possible to collect and export natural
enemies for biological control research
in several countries. If such an ap-
proach is widely applied it would im-
pede this very successful and environ-
mentally safe pest management meth-
od based on the use of biological
diversity. The CBD is required to agree
a comprehensive Access and Benefit
Sharing process in 2010. In collabora-
tion and with financial support of the
Food and Agriculture Organisation
(FAO), the International Organisation
for Biological Control of Noxious Ani-
mals and Plants (IOBC) has prepared
a position paper on Access and Benefit
Sharing for Biological Control that has
been published recently as an FAO
report (ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/
meeting/017/ak569e.pdf). The report
makes recommendations which would
facilitate the practice of collection and
exchange of biological control agents,
propose a workable framework to
assist policy makers and biological
control practitioners, and urge biologi-
cal control leaders in each country to
get involved in the discussions with
their national ABS contact point to
take their needs into consideration.
Key words: genetic resources, biologi-
cal control, natural enemies, IOBC.
La convenzione sulla biodiversità è una
minaccia per la lotta biologica?
La Convenzione sulla diversità biologi-
ca (CBD) è stata adottata nel 1992. Gli
obiettivi che si prefigge sono tre: 1) la
conservazione della diversità biologica,
2) l’impiego sostenibile dei suoi ele-
menti, 3) la garanzia dell’accesso alle
risorse genetiche e la ripartizione
giusta dei vantaggi dallo sfruttamento
della biodiversità. Essa, inoltre, garanti-
sce agli Stati il diritto sovrano di sfrut-
tare le loro proprie risorse genetiche.
Gli accordi che disciplinano l’accesso e
l’utilizzo in comune di queste risorse
devono essere convenuti dalle parti per
iscritto (Access and Benefit Sharing,
ABS). Ciò si applica anche per gli orga-
nismi analizzati per un potenziale
impiego nella lotta biologica. Le recenti
applicazioni dei principi della CBD han-
no già reso difficoltoso raccogliere ed
esportare organismi ai fini della ricerca
sulla lotta biologica in diversi Paesi.
L’ampia applicazione di questa prassi
potrebbe compromettere la lotta biolo-
gica basata sull’uso della diversità bio-
logica. Entro la fine del 2010 gli Stati
firmatari della CBD dovranno varare
una proposta completa di ABS. In colla-
borazione con l’Organizzazione delle
Nazioni Unite per l’Alimentazione e l’A-
gricoltura (FAO) e con il suo sostegno fi-
nanziario, l’International Organisation
for Biological Control of Noxious Ani-
mals and Plants (IOBC) ha redatto un
documento di posizione pubblicato
recentemente come rapporto FAO
(ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/
meeting/017/ak569e.pdf). Il rapporto
contiene raccomandazioni che agevola-
no la raccolta e lo scambio di organismi
per la lotta biologica, nonché proposte
per condizioni quadro funzionali, con
l’obiettivo di sostenere tutti coloro che
sono chiamati a prendere decisioni in
ambito politico e della lotta biologica.
Inoltre, esorta i responsabili della lotta
biologica dei singoli Paesi a cercare il
dialogo con il servizio nazionale di con-
tatto ABS affinché vengano prese in
considerazione le loro esigenze.
La Convention sur la diversité biologique menace-t-elle la lutte biologique ? | Environnement
I n t r o d u c t i o n
De 2005 à 2007, le nombre d’exploitations biologiques a
baissé de 4,2 % (Reissig et al. 2009). Quelles sont les rai-
sons de cette baisse et quels sont les types d’exploitation
qui abandonnent le plus fréquemment l’agriculture bio-
logique ?
La Station de recherche Agroscope Reckenholz-
Tänikon ART a mis en place un projet en collaboration
avec BioSuisse, pour étudier les causes qui expliquent
l’abandon de ce mode de production, les obstacles qui
pénalisent la conversion à l’agriculture biologique et, en-
fin, pour trouver d’éventuelles mesures à prendre. Dans
un premier temps, les chercheurs ont étudié les causes qui
Agriculture biologique en Suisse : abandons et conversions Ali Ferjani, Linda Reissig et Stefan Mann, Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART,
Tänikon, 8356 Ettenhausen
Renseignements : Ali Ferjani, e-mail : [email protected], tél. +41 (0)52 368 31 31
E c o n o m i e a g r i c o l e
Surtout les paysans de montagne sont ceux qui renoncent le plus à l'agriculture biologique. De 2005 à 2007, il y a eu plus d'abandons que de conversions.
142 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
En janvier 2009, la Station de recherche
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART a réalisé
une enquête auprès de 3425 exploitations
agricoles en Suisse afin d’étudier l’abandon
de la production biologique entre 2005 et
2007, ainsi que les obstacles à surmonter
pour s’y convertir. Cette étude détermine les
facteurs qui ont influencé l’abandon de la
production biologique à l’aide d’une analyse
factorielle et d’une régression logistique.
Les exploitations qui ont renoncé à
l’agriculture biologique sont avant tout des
exploitations laitières de montagne. Les
raisons économiques (prix des produits
biologiques, paiements directs réduits), la
charge des enregistrements et des contrôles
(«les directives changent trop fréquem-
ment») et l’approvisionnement difficile en
concentrés ou en paille adaptés sont les
principales raisons invoquées pour l’abandon
de ce mode de production. Un taux
important d’exploitations sont prêtes à
renoncer à l’agriculture biologique (14 %),
en particulier dans la production laitière.
L’analyse de régression confirme les résultats
de l’enquête.
Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole
ont poussé les chefs d’exploitation à abandonner la pro-
duction biologique. Une des priorités de l’étude portait
sur les mesures à prendre pour favoriser efficacement le
développement de l’agriculture biologique.
M é t h o d e
L’étude a été réalisée à partir d’une enquête écrite. Au
total, 3425 exploitations ont été contactées, dont 1145
exploitations biologiques et 281 exploitations ayant ces-
sé l’agriculture biologique entre 2005 et 2007. Le taux de
réponses était de l’ordre de 45,6 % pour les exploita-
tions biologiques et de 31 % pour les exploitations ayant
renoncé à ce mode de production.
Les facteurs de démission ou d’adhésion ont été dé-
duits des raisons indiquées dans le questionnaire pour
expliquer l’abandon de la production biologique ou la
conversion à ce type d’agriculture à l’aide d’une analyse
factorielle et d’une régression logistique (Backhaus
2003). Cet article présente les résultats des groupes d’ex-
ploitations biologiques et d’exploitations ayant aban-
donné ce mode de production.
R é s u l t a t s
Attitude face à l’agriculture biologique
La question «Pourquoi avez-vous décidé d’opter pour
l’agriculture biologique ?», et les 14 arguments avancés
pour l’agriculture biologique munis de quatre réponses
possibles (échelonnées de «très important» à «pas im-
portant») avaient pour but d’évaluer l’opinion des per-
sonnes interrogées sur l’agriculture biologique.
Dans le groupe des exploitations qui sont restées fi-
dèles à l’agriculture biologique, la conviction écolo-
gique profonde des agriculteurs est une raison impor-
tante ou très importante de conversion (57 %), suivie du
«Bien-être des animaux» et de l’argument «Convient à la
conception personnelle de l’exploitation». Les considé-
rations financières (p. ex. «Prix des produits plus élevés»
avec 38 %) viennent en second plan. Au contraire, pour
les exploitations qui ont abandonné l’agriculture biolo-
gique, les aspects financiers sont prépondérants, no-
tamment les arguments «Peut améliorer le revenu agri-
cole» (70 %), «Autorise plus de paiements directs» (69 %)
suivis du «Prix des produits plus élevés» (63 %).
Facteurs pénalisants dans l’agriculture biologique
Le questionnaire demandait aux agriculteurs de préciser
leur opinion sur les problèmes de l’agriculture biolo-
gique et proposait 26 raisons potentielles de quitter ce
mode de production. Là aussi, les personnes interrogées
devaient évaluer l’importance de ces raisons dans leur
143
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
144
décision sur une échelle de quatre degrés (de «très impor-
tant» à «pas important»). Les raisons expliquant l’aban-
don de l’agriculture biologique ont été relevées aussi
bien auprès des exploitations qui ne pratiquent plus ce
mode de production que chez celles qui le pratiquent
encore. Pour les exploitations qui ont effectivement arrê-
té l’agriculture biologique, les attentes semblent souvent
avoir été déçues, car les raisons citées comme importantes
ou très importantes sont un «Revenu difficilement amé-
liorable, même avec la culture bio» (72 %) ou un «Prix des
produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires»
(71 %) (fig. 1). De plus, ces exploitations jugeaient les di-
rectives biologiques trop changeantes (76 %) et trop sé-
vères (72 %). Les problèmes liés à l’achat de concentrés
adéquats (70 %) jouaient un rôle majeur sur ce point, sans
doute à cause de l’adaptation des directives de BioSuisse
à l’ordonnance de l’UE qui impose désormais que tous les
aliments pour animaux soient d’origine biologique.
Les exploitations qui continuent l’agriculture biolo-
gique acceptent un peu mieux les directives, 63 % consi-
dèrent que des directives trop changeantes ou trop sé-
vères pourraient les pousser à abandonner l’agriculture
biologique. La charge de travail généralement plus éle-
vée en agriculture biologique a tendance à causer da-
vantage de problèmes, notamment la pression des mau-
vaises herbes (72 %). Les exploitations biologiques
jugent également la situation financière pesante, citant
plus particulièrement le niveau trop bas (73 %) et l’évo-
lution incertaine (72 %) des paiements directs. Enfin, de
nombreuses exploitations désapprouvent le coût des
contrôles biologiques (72 %) et les charges administra-
tives (60 %).
Combinaisons des raisons qui motivent l’abandon
Les raisons qui expliquent l’abandon de l’agriculture
biologique ou les problèmes qui interviennent dans la
Economie agricole | Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions
Changements trop fréquents des directives
Revenu difficilement améliorable, même avec la production bio
Directives trop sévères
Prix des produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires
Paille et concentrés adaptés difficiles à obtenir
Contrôles biologiques trop chers
Pression des mauvaises herbes
Paiements directs trop bas
Volume de travail trop élevé
Ecoulement et commercialisation insuffisamment organisés
Demande future en produits bio incertaine
Trop grandes pertes de revenu
Insécurité sur l’évolution des paiements directs
Trop lourdes charges administratives
Difficultés à s’approvisionner en nutriments
Exigence de gros investissements
Inquiétude face au droit de livraison
Image négative de l’agriculture biologique
D’autres formes d’agriculture améliorent aussi la qualité de l’environnement
Je n’aime pas être surveillé
Difficulté d’obtenir les semences adaptées
Niveau insuffisant de connaissances en agriculture bio
Pression des maladies et des ravageurs
Vulgarisation insuffisante pour les exploitations biologiques
636063706272727363453543726040423522252527254523
Très et assez important Pas et peu important
Exploitations biologiques%
0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160% 180% 200%
767272717062605954514949484638363331313030242012
%
303030183020181730425245173048474763576757584363
%
101417161426322531303236363946444754535843616269
%
Exploitations ayant cessé l‘agriculture biologiqe
Figure 1 | Classement des raisons d'abandon des exploitations interrogées.
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
145
conversion ne sont pas tous indépendants les uns des
autres. L’analyse factorielle permet d’identifier ceux qui
sont indépendants. Six facteurs de ce type ont pu être
extraits pour les besoins l’étude. Ils représentent chacun
un groupe de raisons motivant l’abandon (tabl. 1).
A l’aide de modèles de régression logistique, les
chercheurs ont étudié dans quelle mesure ces facteurs
d’influence et d’autres encore, relevés dans le cadre du
sondage, ont un impact sur le risque de quitter l’agricul-
ture biologique. Les facteurs «Valeur ajoutée et direc-
tives» et «Image» notamment ont joué un rôle capital
dans la décision de quitter ce mode de production
(tabl. 1). La probabilité que les paysans et les paysannes
ayant invoqué ces arguments abandonnent l’agriculture
biologique était 2,4 fois plus élevée que pour leurs collè-
gues qui n’avaient pas de problème sur ce plan. L’évolu-
tion du revenu au cours des cinq dernières années a éga-
lement un impact considérable sur la décision. Lorsque
les chefs d’exploitation indiquaient que leur revenu
avait tendu à s’amenuiser, la probabilité qu’ils quittent
l’agriculture biologique était multipliée par 3,6. Enfin, la
charge de travail joue elle aussi un grand rôle. Lorsque
les exploitants jugent la charge de travail trop lourde ou
beaucoup trop lourde, la probabilité qu’ils abandonnent
l’agriculture biologique est trois plus élevée que pour
leurs collègues qui indiquent une charge de travail ré-
duite ou équilibrée. Les exploitations de production lai-
tière sont celles où la probabilité de démission est la plus
élevée, (4,1 fois plus que pour les autres types d’exploi-
tation).
Volonté de continuer l’agriculture biologique
Une des questions du sondage portait sur la volonté de
poursuivre dans l’agriculture biologique. 14,1 % des
agriculteurs et agricultrices interrogés songent à quitter
l’agriculture biologique. Parmi eux, 58,3 % gèrent une
Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole
Tableau 1 | Groupement des facteurs
Facteurs Liste
Valeur ajoutée et directives (facteur 1)
Paille et concentrés adaptés difficiles à obtenir, revenu difficilement améliorable, même avec la production bio, changements trop fréquents des directives, prix des produits ne couvrant pas les dépenses supplémentaires, directives trop sévères, demande future en produits biologiques incertaine, inquiétude face au droit de livraison, écoulement et commercialisation insuffisamment organisés, exigence de gros investissements
Connaissances et environnement(facteur 2)
Vulgarisation insuffisante pour les exploitations biologiques, niveau insuffisant de connaissances en agriculture bio, difficulté d’obtenir des semences adaptées, surfaces de compensation écologique difficiles à respecter, d’autres formes d’agriculture améliorent aussi la qualité de l’environnement
Technique de production et surcroît de travail (facteur 3)
Pression des mauvaises herbes, volume de travail trop élevé, pression des maladies et des ravageurs, trop grandes pertes de revenu, difficultés à s’approvisionner en nutriments
Administration et contrôles (facteur 4)
Trop lourdes charges administratives / de suivi, je n’aime pas être surveillé, contrôles biologiques trop chers
Paiements directs(facteur 5)
Paiements directs trop bas, insécurité sur l’évolution des paiements directs
Image (facteur 6) Je rejette catégoriquement l’agriculture biologique, image négative de l’agriculture biologique
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
146
exploitation de montagne. Pour des raisons topogra-
phiques et climatiques, la plupart sont producteurs de
lait (38,4 %). Ils pensent souvent qu’une conversion n’ap-
porte pas d’avantages, mais plutôt des inconvénients et
aucune amélioration du résultat de l’exploitation. Les
changements souhaités par les chefs d’exploitation vont
dans le même sens que les raisons qui motivent l’aban-
don de l’agriculture biologique : des directives biolo-
giques stables, des prix plus élevés pour les produits bio-
logiques, des contrôles moins chers et des paiements
directs plus élevés sont les principaux arguments qui
pourraient inciter certains agriculteurs à reprendre
l’agriculture biologique.
D i s c u s s i o nL’étude visait essentiellement à analyser les démissions au
sein de l’agriculture biologique de 2005 à 2007 et les rai-
sons qui les expliquent. Que faudrait-il changer dans les
conditions commerciales et les paramètres incitatifs pour
que les agriculteurs se décident à nouveau pour ce mode
de production? L’enquête auprès des agriculteurs montre
que les aspects financiers sont prioritaires pour décider
de renoncer ou d’adhérer à l’agriculture biologique. Les
principales raisons qui motivent la démission sont : direc-
tives trop souvent modifiées et renforcées, suppléments
de prix obtenus pour les produits écologiques trop faibles,
aliments biologiques pour animaux trop chers ou diffici-
lement disponibles et paiements directs pour la produc-
tion biologique trop bas. 14 % des agriculteurs biolo-
giques songent actuellement à quitter ce mode de pro-
duction, de nombreuses exploitations l’ont déjà fait. Pa-
rallèlement, le nombre d’exploitations qui envisagent
une conversion est relativement limité (26).
C o n c l u s i o n sLes résultats descriptifs et analytiques de cette étude
permettent de tirer les conclusions suivantes pour le
développement de l’agriculture biologique :
• Les contrôles devraient être simplifiés et contribuer
à un contact positif avec les chefs d’exploitations
agricoles.
• Les directives devraient être stabilisées. Leur
renforcement devrait être annoncé et justifié
à l’avance.
• Les possibilités de commercialisation devraient
être développées.
• Les exploitations biologiques existantes devraient
être soutenues et servir d’exemple. n
Tableau 2 | Analyse des raisons de démission
Variable dépendante Probabilité de démission Coefficient Probabilité
Arg
umen
ts c
ontr
e l’a
gric
ultu
re b
iolo
giqu
e Valeur ajoutée et directives (Facteur 1) 0,837*** 2,310
Connaissances et environnement (Facteur 2) – 0,030*** 0,971
Technique de production et surcroît de travail (Facteur 3) – 0,209*** 0,811
Administration et contrôles (Facteur 4) – 0,147*** 0,863
Paiements directs (Facteur 5) – 1,342*** 0,261
Image du paysan par rapport à l’agriculture biologique (Facteur 6) 0,862*** 2,368
Stru
ctur
e et
pro
prié
tés
Convient à la conception personnelle de l’exploitation (Oui = 1; Non = 0 ) – 1,114*** 0,328
Exploitations à titre principal (Oui = 1; Non =0) – 0,567*** 0,567
Charge de travail (élevée = 1; autre = 0) 1,110*** 3,033
Chef d’expl. ayant grandi dans l’agriculture (Oui = 1; Non =0) 1,586*** 4,840
Durée de l’exploitation biologique (années) – 0,144*** 0,866
Vente directe (Oui = 1; Non =0) 0,245*** 1,277
Exploitation de production laitière (Oui = 1; Non = 0) 1,421*** 4,143
Surface agricole utile (ha) 0,025*** 1,025
Non morcelée (Oui = 1; Non = 0) 1,192*** 3,292
Âge du chef d’exploitation (années) – 0,028** * 0,972
Réduction du revenu (Oui = 1; Non = 0) 1,292*** 3,640
Constante – 4,056*** 0,017
*** Significatif à 1 %, ** significatif à 5 % et * significatif à 10 %.
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
Economie agricole | Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions
147
Ria
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nto
Sum
mar
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Analysemethoden. Eine anwendungsorientierte Einführung, 10. Auflage. Springer-Verlag Berlin.
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b Reissig L., Ferjani A. & Zimmermann A., 2009. Ausstieg aus dem Biolandbau – steigende Tendenz in der Schweiz. Agrarforschung 14 (4), 124 – 128.
Organic Farming in Switzerland:
opting in and opting out
The Agroscope Reckenholz-Tänikon
ART Research Station conducted a
survey on 3425 Swiss farms in January
2009. Its aim was to examine the drop-
out rate from organic farming over the
period 2005 – 2007, to determine the
types of farms and regions primarily
affected, and the reasons leading
farms to opt out. In the present study,
the factors influencing a decision to
opt out of organic farming are deter-
mined by means of a factor analysis
and logistic regression. The bulk of
those opting out are dairy farms in the
mountain region. Economic reasons
(price of organic products, low direct
payments), the time and effort of re-
cord-keeping and checks («Guidelines
change too often») and problems ob-
taining suitable concentrated feed /
straw were the most commonly cited
reasons for opting out. There is a high
disposition towards opting out of
organic farming (14 %), especially
in the case of dairy farms. The
regression analysis confirms the
results of the survey.
Key words: organic farming, survey,
factor analysis, logistic regression.
Agricoltura biologica in Svizzera:
chi la intraprende e chi la abbandona?
Nel gennaio 2009, la Stazione di ricerca
Agroscope Reckenholz-Tänikon ART ha
condotto un’inchiesta tra 3425 aziende
agricole svizzere con l’obiettivo di ana-
lizzare l’abbandono della modalità di
produzione biologica, osservato tra il
2005 e il 2007, nonché le difficoltà che
si incontrano se si vuole intraprendere
tale tipo di gestione. Nel presente con-
tributo si riportano i fattori d’influenza
e i motivi determinanti che spingono
ad abbandonare l’agricoltura biologica,
rilevati tramite un’analisi dei fattori
e una regressione logistica. Tra chi ab-
bandona sono numerose le aziende
lattiere di montagna. Tra i motivi mag-
giormente addotti vi sono le condizioni
economiche (prezzi dei prodotti bio,
pagamenti diretti esigui), il dispendio
per le registrazioni e i controlli («le
direttive sono modificate troppo
frequentemente») e le problematiche
legate all’acquisto di foraggio concen-
trato o di paglia adatti. La volontà ad
abbandonare l’agricoltura biologica
è alta (14 %), soprattutto tra le aziende
specializzate nella produzione lattiera.
L’analisi di regressione conferma i
risultati del sondaggio.
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 142–147, 2010
Agriculture biologique en Suisse: abandons et conversions | Economie agricole
dans la serre fermée, en général le soir après le travail.
Les ventilateurs produisent un faible courant d’air qui
transporte la fine nuée de gouttelettes à travers la serre
durant la nuit. Le diamètre des gouttelettes est très pe-
tit (5 à 30 μm), contre 100 à 400 μm dans les traitements
par pulvérisation standard. Selon le produit phytosani-
taire utilisé et le dosage, la substance active est 10 à 100
fois plus concentrée dans les gouttelettes de vapeur que
lors d’applications avec des volumes de plusieurs cen-
taines de litres par hectare. Le matin, une fois la nébuli-
sation à froid achevée, la serre est ouverte et bien aérée
avant le début du travail. La nébulisation à froid permet
Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénientsJacob Rüegg et René Total, Station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW, 8820 Wädenswil
Renseignements : Jakob Rüegg, e-mail : [email protected], tél. +41 44 783 64 28
P r o d u c t i o n v é g é t a l e
Appareil de nébulisation à froid «PFALZTECHNIK» avec lequel le fongicide Forum (diméthomorphe) a été appliqué, à raison de 0,4 litre pour 20 litres d’eau et 2 litres de bioaérosol pendant une heure dans un compartiment de serre (0,31 hectare de surface au sol), sur des tomates. L’appareil a été utilisé conformément aux recommandations du distributeur local Hortiplus Sàrl.
148 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
I n t r o d u c t i o n
L’application d’insecticides et de fongicides au pulvérisa-
teur à rampe ou à lance sur les cultures en serre, comme
les tomates, les concombres ou les aubergines, implique
une importante charge de travail. Il est donc compré-
hensible qu’un processus d’application nettement plus
simple, comme la nébulisation à froid, paraisse intéres-
sant aux yeux des producteurs. Avec les appareils de
nébulisation à froid du commerce dotés d’une ou deux
buses à air comprimé, le produit phytosanitaire, mélan-
gé à un faible volume d’eau (5 à 40 l / ha) est pulvérisé
La nébulisation à froid offre le grand avanta-
ge de simplifier et d’alléger les travaux liés
à l’application des produits phytosanitaires
en serre. Cependant, les premières mesures
effectuées dans deux serres où étaient
cultivées respectivement des tomates et des
aubergines ont montré que la répartition
de la matière active à partir d’un appareil
stationnaire était très inégale. De plus,
ponctuellement, les résidus trouvés sur le
produit récolté étaient trop élevés.
L’utilisation de la nébulisation à froid peut
et doit donc être améliorée par des mesures
techniques appropriées. En outre, le choix et
le dosage des produits doivent pouvoir se
baser sur une information disposant de
données bien étayées.
Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale
d’appliquer un insecticide ou un fongicide avec une
heure de travail par hectare, contre une journée entière
de travail, voire plus, avec les techniques standard. Les
points forts de la nébulisation à froid sont ainsi la simpli-
cité de son utilisation et le gain de temps important
qu’elle permet. Il convient néanmoins de s’interroger sur
les points faibles de cette technique d’application, et sur
leurs conséquences.
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Premiers essais d’Agroscope Changins-Wädenswil ACW
Dans deux exploitations qui cultivent à grande échelle
sous serre, respectivement des tomates et des auber-
gines, les dépôts de produits phytosanitaires (insecti-
cides, fongicides) ont été détectés et mesurés sur le sol,
la végétation et la structure de la serre. Juste avant que
les producteurs mettent en marche leurs appareils de
nébulisation à froid «PFALZTECHNIK» (fig. 1), des boîtes
de Pétri munies de rondelles de papier-filtre (7 cm de
diamètre) ont été placées sur le sol, contre les parois et
sur le plafond de la serre, ainsi qu’à la face supérieure et
inférieure des feuilles de plantes choisies (fig. 2a et b ;
3b). Le budget à disposition a limité la pose de ces filtres
collecteurs à deux ou trois endroits par serre. Le lende-
main matin, après nébulisation et aération de la serre,
les rondelles de papier-filtre ont été recueillies et mises
dans des éprouvettes en verre. Les échantillons ont en-
suite été envoyés au laboratoire certifié ISO Veritas de
Zurich pour rechercher et mesurer les dépôts de subs-
tance active. Si les plantes portaient des fruits prêts à
être récoltés, quelques échantillons de fruits ont aussi
été prélevés et transmis au même laboratoire pour ana-
lyse, environ deux jours avant la récolte. L’utilisation
Figure 1 | Appareil de nébulisation à froid «PFALZTECHNIK». L’insecticide Pirimor (pirimicarbe) et le fongicide Switch (cyprodinil, fludioxonil) ont été appliqués, à raison de 0,8 kg pour 15 litres d’eau et 2 litres de bioaérosol pendant une heure dans une serre (0,87 hectare de surface au sol), sur des aubergines. L’appareil a été utilisé conformément aux recommandations du distributeur local, Hortiplus Sàrl.
Figure 3a et b | Doubles rangs d’aubergines, avec environ 1,7 plant par mètre carré. Le 16 mai 2009 : hauteur des plants 90 cm, indice de surface foliaire 1,9. Des rondelles de papier-filtre ont été instal-lées dans différents endroits de la végétation, sur le dessus et le dessous des feuilles, ainsi que sur le sol et sur la structure de la serre, afin de mesurer les dépôts.
Figure 2a et b | Doubles rangs de tomates le 16 mai 2009, hauteur des plants 190 cm, indice de surface foliaire 2,6; des rondelles de papier-filtre blanches ont été placées sur le dessus et le dessous de feuilles se trouvant sur les parties supérieures, inférieures, inté-rieures et extérieures des doubles rangs. D’autres rondelles de papier-filtre ont été posées sur le sol et sur la structure de la serre.
149Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
Rés
um
é
150 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
Production végétale | Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients
d’une substance de marquage était impossible, à cause
des contaminations indésirables dans des serres com-
merciales. Les figures 4 et 7 montrent schématiquement
le plan des serres avec le détail de la position des appa-
reils de nébulisation et du dispositif de mesure des dé-
pôts. Les figures 5, 6 et 8 présentent une sélection des
résultats sous forme de schéma.
Réglage et dosage adaptés à la culture
Les dépôts mesurés aux positions A, B et C (fig. 5, 6, 8)
montrent très clairement qu’un appareil de nébulisation
à froid stationnaire posé à même le sol et un ventilateur
par 500 m2 environ ne permettent pas d’obtenir une ré-
partition égale de la matière active dans les deux serres
examinées. Dans le passage où l’appareil était placé, les
dépôts étaient très importants sur le sol et sur les plantes
avoisinantes, alors que la position A, et encore plus le
point B, ont enregistré des dépôts bien moins impor-
tants, voire très faibles. Sur le dessus des feuilles, le dé-
pôt était presque toujours plusieurs fois supérieur à ce-
lui de la face inférieure. Pour les aubergines comme
pour les tomates, les résidus laissés sur les fruits, préle-
vés deux jours avant la récolte commercialisée, étaient
très variables et parfois nettement trop élevés. Globale-
ment, les dépôts sur les parois et le plafond étaient plu-
tôt faibles à moyens. Des estimations indiquent que, la
plupart du temps, 43 à 46 % seulement de la substance
active se retrouvent sur les feuilles des plantes, tandis
que 16 à 19 % se déposent sur le sol de la surface cultivée
et moins de 2 % sur la structure de la serre. La quantité
restante de substance active se trouvait sur le sol du pas-
sage de la serre, où était installé l’appareil de nébulisa-
tion à froid, ou encore s’était échappé de la serre et dis-
persé à l’extérieur (Stanghellini 2009). Ces calculs sont
basés sur un petit nombre d’emplacements, toutefois, et
ne donnent qu’un ordre de grandeur.
Ces données, certes encore modestes, montrent tout
de même qu’il est urgent de se poser, dès maintenant, la
question du dosage des produits phytosanitaires
lorsqu’on utilise la nébulisation à froid (voir encadré).
Actuellement, la plupart du temps, la quantité de pro-
duit autorisée par hectare est extrapolée à la surface de
la serre; ce faisant, la taille de la surface cible, soit, sui-
vant le produit et le ravageur, la surface totale de
feuillage et de tiges de la végétation ou des fruits, n’est
que peu, voire pas du tout prise en compte. Des pre-
mières mesures indiquent que, chez l’aubergine par
exemple, l’indice de surface foliaire (surface foliaire par
unité de surface au sol) augmente considérablement de
la mi-mai à la mi-juillet, passant de 1,9 à 4,5 (fig. 9). Dans
ces conditions, maintenir le même dosage n’a aucun
sens. Pour adapter celui-ci, il serait important de
connaître non seulement la modification des surfaces
cibles en fonction des cultures et de la croissance, mais
aussi quels sont les taux optimaux de fixation du produit
atteignables par les appareils de nébulisation à froid.
Les plantes proches du passage de la serre où était
installé l’appareil de nébulisation à froid présentaient
parfois de très nettes brûlures aux feuilles et les résidus
trouvés sur les fruits étaient beaucoup trop élevés. Des
mesures effectuées à une douzaine d’emplacements
dans les deux serres pour évaluer le mouvement de l’air
provoqué par les ventilateurs ont montré que l’air circu-
lait bel et bien. Cependant, la vitesse atteinte par le cou-
rant, généralement inférieure à 0,2 m/s, ne remplissait
pas bien sa fonction. L’effet de dispersion de la subs-
B
130m
67m
A
C
Circulation de l‘air
Appareil de nébulisation à froid
Figure 4 | Schéma de la surface au sol de la serre des aubergines, à sept chapelles. Position de l’appareil de nébulisation à froid (rouge), circulation de l’air (bleu) provoquée par les ventilateurs et points A, B et C où les dépôts ont été mesurés (noir).
Figure 5 | Coupe transversale schématique de la serre avec les doubles rangées d’aubergines, le 16 mai 2009. Valeurs des dépôts de l’insecticide nébulisé, Pirimor (pirimicarbe), en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les aubergines mûres pour la récolte, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C. Les emplacements où les rondelles de papier-filtre ont été placées, sur le sol, sur les plantes ou sur la structure de la serre, sont indiqués en jaune.
Position A Position B
820
291
282 245
303
588
1524
234
394
345
132 452
100 204
85 283
103 367
2161418
333 1983
172 1507
459 1083
A: Plante Ø 897 Dessus feuille Ø 1498 Dessous feuille Ø 295
A: SolØ 1172
B: SolØ 264
B: Plante Ø 216 Dessus feuille Ø 327 Dessous feuille Ø 105
1814
3488
Position C
2.67 mg/kg 0.90
mg/kg
0.11 mg/kg
Pirimor (primicarbe) LMR 1,00 mg/kg Aubergines 16 mai 2009
Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale
151Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
tance active n’était pas suffisant et doit être amélioré.
Plusieurs solutions sont possibles: soit utiliser plusieurs
appareils de nébulisation à froid à l’hectare, soit instal-
ler le ou les appareils en hauteur, au-dessus de la végé-
tation, ou même avoir une installation mobile, similaire
à celle des rampes d’arrosage horizontal montées sur
roues. Cependant, même si des améliorations de ce type
peuvent être apportées, la répartition de la substance
active restera vraisemblablement inégale entre le dessus
et le dessous des feuilles. Ces écarts seront certainement
diminués avec des produits à action translaminaire ou
avec une pression de vapeur élevée. Jusqu’ici, toutefois,
seules de très rares recherches ont été entreprises sur les
cultures maraîchères en serre.
En Allemagne, les organes officiels ne recom-
mandent la nébulisation à froid qu’avec des réserves,
voire pas du tout, les résultats des essais effectués dans
ce pays mettant également en lumière la problématique
de la répartition inégale des produits nébulisés (Meinert
et al. 1996; Harmut et Krämer 2005). Des recherches an-
térieures menées sur des plantes ornementales avaient
également montré qu’une répartition égale sur la cou-
verture végétale était difficile à obtenir (Owens et Ben-
net 1978). En Suisse, les instances de conseil publiques et
privées manquent d’informations consistantes dans le
domaine de la nébulisation à froid, car les données ex-
périmentales sont encore très modestes. Comme dans le
cas de l’application de produits phytosanitaires par arro-
sage au goutte-à-goutte, la vulgarisation ne peut être
étayée concrètement que par la constitution progressive
d’une base de données et d’expériences. Ces nouvelles
méthodes d’application sont certainement pertinentes
pour une exploitation moderne des serres, parallèle-
ment aux systèmes de pulvérisation standard. Cepen-
dm a
19m
168m
Circulation de l‘air
Appareil de nébulisation à froid
BA C
Figure 7 | Schéma de la surface au sol de la serre des tomates ; essai réalisé dans un compartiment à deux chapelles. Position de l’appareil de nébulisation à froid (rouge), circulation de l’air (bleu) provoquée par les ventilateurs et points A, B et C où les dépôts ont été mesurés (noir). En plus des points A, B et C, les dépôts ont éga-lement été mesurés au sol dans le couloir traversant la serre, de-vant (d), au milieu (m) et à l’arrière (a).
Figure 6 | Coupe transversale schématique de la serre avec des loubles rangées d’aubergines, le 16 mai 2009. Valeurs des dépôts du fongicide nébulisé, Switch (cyprodinil, fludioxonil) en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les aubergines mûres pour la récolte, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C.
Figure 8 | Valeurs des dépôts du fongicide nébulisé, Forum (diméthomorphe) en ng/cm2, sur des rondelles de papier-filtre, et valeurs des résidus en mg/kg sur les tomates mûres pour la récolte, le 18 juillet 2009, deux jours avant la récolte, aux points A, B et C. Les valeurs des dépôts mesurés aux points d, m et a, sur le sol du passage, sont également mentionnées.
Figure 9 | La même culture d’aubergines à la mi-juillet: hauteur des plants 250 cm, indice de surface foliaire 4,5.
Position A Position B
707
141
193 173
177
413
1246
109
240
191
79 300
62 131
53
197
59 258
1161191
207
1597
98 1395
309 808
A: Plante Ø 715Dessus feuille Ø 1248Dessous feuille Ø 182
A: SolØ 982
B: SolØ 183
B: Plante Ø 142Dessus feuille Ø 222Dessous feuille Ø 63
1878
3795
Position C
1.85 mg/kg 0.38
mg/kg
0.04 mg/kg
Switch (cyprodinil) LMR 0,50 mg/kg Aubergines 16 mai 2009
Forum (diméthomorph) LMR 0,20 mg/kgTomates 18 juillet 2009
853
14
54 46
22
97
1086
15
20
70
50 42
32 57
18 48
20 65
140 735
318 891
36 217
234 835
894 3596
1083 4186
3.10 mg/kg 0.31 mg/kg 0.84 mg/kg
Position BPosition CPosition A
Plante Ø 426 Dessus feuille Ø 670 Dessous feuille Ø 182
SolØ 970
SolØ 50
Plante Ø 42 Dessus feuille Ø 53 Dessous feuille Ø 30
d 14198
m 89378
a 11096
Plante Ø 2440 Dessus f. Ø 3891 Dessous f. Ø 989
152
dant, ces techniques doivent être utilisées de manière à
ce que l’efficacité biologique soit bonne, que l’appari-
tion de résistances chez les ravageurs soit retardée le
plus longtemps possible et que la présence de résidus
inacceptables soit à tout prix évitée. Pour être utile aux
producteurs, la vulgarisation doit, en collaboration avec
l’industrie, indiquer et définir clairement, sur la base de
leurs caractéristiques (par ex. action systémique et/ou
translaminaire), quels sont les produits appropriés à la
nébulisation à froid ou à l’arrosage au goutte-à-goutte.
Partout où cela est possible, les insecticides devraient
être remplacés par l’utilisation d’auxiliaires appropriés.
Des expériences faites aux Pays-Bas et en Suisse montrent
que, en fonction des années, des cultures et de la pré-
sence des ravageurs, la nébulisation à froid doit être
complétée avec des traitements sélectifs ponctuels par
pulvérisation et/ou vaporisation avec des appareils à
rampe verticale conventionnels, que l’on fait passer
entre les rangs le long de la haie foliaire. Pour ces der-
niers également, les études en matière de réglage des
appareils et de dosage des produits adaptés aux cultures
doivent aussi être poursuivies (voir encadré). La base de
données est, ici aussi, encore trop mince pour permettre
un conseil fiable et professionnel. n
Actuellement, pour la plupart des fongicides,
des insecticides et des acaricides, les autori-
sations accordées en Suisse ne mentionnent,
concernant l’utilisation en serre, que la
concentration en pourcentage pour la fabri-
cation de la bouillie. Le volume de bouillie
à utiliser pour une culture précise à un stade
de développement donné n’est pas indiqué
clairement. Lors de la nébulisation à froid, on
transpose généralement la quantité de pro-
duit par hectare usuelle dans les cultures
maraîchères au champ, à la surface au sol de
la serre. Là aussi, la façon d’adapter la quanti-
té de produit ainsi calculée à la surface foliaire
en croissance de la culture n’est pas claire-
ment expliquée. A l’avenir, la Station de
recherche Agroscope Changins-Wädenswil
ACW cherchera à élaborer, en collaboration
avec l’industrie suisse et européenne, des
données de dosage faciles à utiliser en
fonction de la culture et de la surface foliaire
présente. Comme cela se fait déjà en arbori-
culture fruitière, en viticulture et en culture
de baies, des instructions de dosage doivent
être établies en fonction des cultures, incluant
le type d’appareil à utiliser pour l’application,
avec le réglage et les caractéristiques d’utilisa-
tion appropriés.
Encadré 1 | Dosage des produits phytosani-
taires en serre
Production végétale | Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
153
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
Bibliographieb Harmuth P. & Krämer P., 2005. Jahresbericht des Pflanzenschutzdienstes
Baden-Württemberg. Landesanstalt für Pflanzenschutz, Reinsburgstrasse 107, 70197 Stuttgart Deutschland.
b Meinert G., Schmidt K., Wagner R. & Merz F., 1996. Untersuchungen zur Minimierung der Boden- und Luftbelastung durch Pflanzenschutz-mittel in Gewächshäusern bei verbesserter biologischer Wirksamkeit. Abschlussbericht zum Forschungsvorhaben. Landesanstalt für Pflanzen-schutz, Reinsburgstrasse 107, 70197 Stuttgart Deutschland.
b Owens J. M. & Bennett G. W., 1978. Spray Particle Size Distribution in Greenhouse ULV Applications to Poinsettia. J. of Economic Entomology 71 (2), 353 – 357.
b Stanghellini C., 2009. Emissions by aerial routes from protected crop systems (greenhouses and crops grown under cover). A position paper. Report 224. EFSA Eurpean Food Safety Authority. Wageningen UR Greenhouse Horticulture, Wageningen January 2009.
Strengths and weaknesses of cold-
fogging for pesticides application
in greenhouses
Cold-fogging crop protection products
in greenhouses is an easy to handle
and time and labour saving method.
However measurements of depo-
sitions on commercial tomato and
eggplant crops in two greenhouses
in Switzerland revealed that active
ingredients distribution in the green-
houses was very uneven. Furthermore
there were spots where unacceptably
high residues were found on
harvested fruit. Cold-fogging
application method must and can be
improved through technical measures.
The choice and the dosage of the
products should rely on solid data
sets made available to the extension
service.
Key words: cold-fogging, application
techniques, crop protection, tomatoes,
eggplants, greenhouse, deposition,
distribution.
Vantaggi e inconvenienti della
nebulizzazione a freddo
per l’applicazione di prodotti
fitosanitari in serra
La tecnica della nebulizzazione a
freddo semplifica l’applicazione dei
prodotti fitosanitari su colture in
serra con un investimento di lavoro
estremamente ridotto. Tuttavia, le
prime misurazioni effettuate in due
serre (una coltivata a pomodori e l’altra
a melanzane), hanno però dimostrato
che la distribuzione della sostanza
attiva partendo da un apparecchio
stazionario era molto irregolare.
Inoltre i residui riscontrati sul raccolto
erano a puntino troppo elevati.
L’utilizzo della nebulizzazione a
freddo può e deve essere migliorata
con delle misure tecniche appropriate.
La scelta e il dosaggio dei prodotti
devono basarsi su informazioni
solide e sicure.
Nébulisation à froid des produits phytosanitaires en serre: avantages et inconvénients | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 148–153, 2010
I n t r o d u c t i o n
Les conditions topographiques sont très variables en
Suisse. Les exploitations de montagne et de plaine ayant
choisi de pratiquer la pâture intégrale emploient peu
d’aliments concentrés, ce qui peut causer des problèmes
de santé et réduire la fertilité des vaches à haute perfor-
mance. La race Holstein néo-zélandaise a été sélection-
née non seulement pour sa production laitière élevée et
certains critères morphologiques, mais aussi pour obte-
nir de bonnes longévité et fertilité et un poids plus
faible. Cette race peut atteindre une production laitière
acceptable en pâture intégrale grâce à son ingestion
d’herbe élevée par kilo de poids vif. En Suisse, le rende-
ment économique d’une race bovine dépend non seule-
ment de la production laitière des vaches mais égale-
ment de la performance d’engraissement des veaux.
L’étude de cette performance chez des veaux Hol-
stein Friesian néo-zélandais intéresse donc les exploita-
tions pratiquant la pâture intégrale. Dans le cadre d’un
travail de Bachelor à la Haute école suisse d’agronomie
(Roth 2009), la performance à l’engraissement de veaux
Holstein Friesian néo-zélandais et suisses a été compa-
rée dans les conditions de la pratique en Suisse.
Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancsNathalie Roth, Peter Kunz, Haute école suisse d’agronomie HESA, 3052 Zollikofen
Renseignements : Nathalie Roth, e-mail : [email protected], tél. +41 31 910 22 75
P r o d u c t i o n a n i m a l e
L’aptitude à l’engraissement de ces veaux Holstein-Friesian néo-zélandais a été testée dans le cadre d’une thèse de Bachelor.
154 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Dans le cadre d’un travail de Bachelor à
la Haute école suisse d’agronomie (HESA), la
performance d’engraissement de 11 veaux
mâles Holstein Friesian néo-zélandais a été
comparée à celle de 26 veaux Holstein
Friesian suisses. Les deux groupes ont été
engraissés pendant 100 jours dans les mêmes
conditions d’alimentation et de détention.
Les veaux accédaient librement à un mélan-
ge d’eau et de poudre de lait au distributeur
automatique. A partir du 17e jour
d’engraissement, ils ont reçu en outre de
l’ensilage de maïs à volonté. La ration a
été complétée par un supplément minéral
et une pierre à sel. Les gains de poids
quotidiens des veaux néo-zélandais ont
été comparables à ceux des veaux suisses.
Ceux des veaux suisses étaient de 130 g plus
élevés ; leur poids vif moyen et leur poids
final étaient également supérieurs, mais les
différences étaient non significatives. Les
pieds avant des veaux néo-zélandais étaient
plus légers, indiquant une plus faible propor-
tion d’os dans la carcasse, ce qui représente
un avantage pour l’acquéreur. Les carcasses
des deux groupes ont été classifiées principa-
lement dans les classes +T3 à -T3 du système
CH-TAX, avec un léger avantage pour les
veaux néo-zélandais.
Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale
M a t é r i e l e t m é t h o d e s
Essai d’engraissement de veaux en deux groupes
Les veaux ont été détenus en stabulation libre sur litière
profonde paillée. La surface totale de 70 m2 a été subdivi-
sée comme suit : 20 m2 pour les 11 veaux NZ et 50 m2 pour
les 26 veaux CH. Pour optimiser l’utilisation des places dis-
ponibles, le nombre de veaux suisses a été augmenté.
L’étude a été réalisée entre mars et juin 2009 (fig. 1).
La consommation d’aliment (kg de poudre de lait et
d’ensilage de maïs) a été enregistrée en continu pour
chaque groupe. L’état de santé des veaux a été suivi dans
un journal de traitement pendant toute la période d’en-
graissement. Les animaux ont été pesés chaque mois : en
début d’engraissement, trois fois pendant l’engraisse-
ment et 24 h avant l’abattage. Six veaux suisses avaient
déjà atteint ou dépassé le poids maximal de 210 kg après
86 jours. Ils ont donc été abattus plus tôt que prévu. Un
pesage supplémentaire a alors été nécessaire pour le
groupe suisse parce que l’ingestion alimentaire n’était
enregistrée que pour le groupe complet. Les 31 veaux
restants (20 suisses, 11 néo-zélandais) ont été abattus
après 100 jours d’engraissement.
155
Rés
um
é
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Figure 1 | Calendrier et déroulement de l’essai d’engraissement. Thèse de Bachelor de Nathalie Roth (2009).
Mars
Début essaiengraissement
3 pesées intermédiaires
Relevés ingestion
(poudre de lait, ensilage de maïs)
Relevés à l‘abattoir(pH, couleur de la viande)
Abattages 1&2 Relevés poids des pieds avant
Pesées avantabattage (PV)
Avril Mai JuinJuinJuin
Figure 2 | Quartiers arrière des veaux de l’essai (NZ&CH) avec leurs étiquettes d’identification dans la chambre froide : la couleur de la viande et le pH du muscle longissimus dorsi ont été mesurés sur les carcasses suspendues.
156
Lors de l’abattage, les pieds avant (des onglons à
l’articulation carpale) ont été détachés et pesés, puis les
carcasses ont été refroidies. Après 3,5 jours (88 h post
mortem), la couleur et le pH de la viande ont été déter-
minés dans le muscle long dorsal (M. longissimus dorsi).
Le pH a été mesuré, avec un ph-mètre de Mettler Toledo,
dans une coupe du muscle long dorsal (M. longissimus
dorsi) au niveau d’une côte des quartiers arrière gauche
et droit (fig. 2).
Pour la comparaison des deux groupes, les variables
mesurées (accroissement journalier, poids vif final, poids
mort et proportion de poids des pieds avant) ont été
analysées statistiquement par covariance, avec le poids
initial comme covariable. La couleur de la viande a été
comparée avec le test exact de Fisher. La charnure (CH-
TAX) a été comparée avec un test Mann-Whitney. Tous
les tests ont été évalués avec un niveau de signification
de 5 % (p < 0,05). Comme la consommation alimentaire
était déterminée par groupe et non par animal indivi-
duel, elle n’a pas pu être analysée statistiquement.
Caractérisation des deux groupes de veaux
L’essai incluait 37 veaux mâles Holstein Friesian d’origine
génétique différente. Tous les veaux étaient nés en Suisse.
Ils ont été subdivisés en deux groupes selon leur origine
génétique, reflétant des buts d’élevage différents :
Le groupe suisse (CH) comprenait 26 veaux Holstein-
Friesian. Les pères provenaient principalement de Suisse
et d’Amérique du Nord et avaient une valeur d’élevage
lait moyenne de + 466 kg (ET ± 552) (Fédération suisse
d’élevage Holstein, mai 2009). Les veaux ont été acquis
sur le marché par la Gefu Oberle AG en choisissant des
animaux convenant bien à l’engraissement. Deux veaux
présentaient un poids initial déjà très élevé (95 et 103
kg). Ils ont été exclus de toutes les analyses de données,
sauf pour la consommation alimentaire et le rendement
économique, dont les données n’étaient pas enregis-
trées individuellement. Pour toutes les analyses statis-
tiques, cependant, le groupe suisse comprenait 24 veaux.
Les 11 veaux du groupe néo-zélandais (NZ) prove-
naient d’exploitations avec pâture intégrale, qui uti-
lisent la génétique néo-zélandaise dans leur élevage. Il
s’agissait de veaux avec 1 à 3 générations de génétique
Holstein-Friesian néo-zélandaise. La valeur d’élevage
lait suisse des pères était en moyenne de – 386 kg
(ET ± 154) (Fédération suisse d’élevage Holstein, mai
2009). Le nombre de vaches et d’inséminations avec de
la génétique Holstein néo-zélandais étant restreint en
Suisse, seuls un nombre limité de veaux mâles d’origine
néo-zélandaise était disponibles.
Une enquête téléphonique immédiatement après la
mise en stabulation a permis de décrire les conditions sur
Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Tableau 2 | Composition chimique des compléments minéraux
Aliments Prix[CHF / dt MS]
Teneurs par kg MS (indications du fabricant)
Ca[g]
P[g]
Mg[g]
Na[g]
Se[mg]
Iode[mg]
Co[mg]
Cu[mg]
Zn[mg]
Mn[mg]
Complément minéral Homin Ca:P 2:1 280 120 60 30 60 20 20 20 200 2000 500
Pierre de sel MINALOCa : P 2,7 : 1 300 140 60 40 120 8 6 3 50 720 800
Tableau 1 | Teneur en énergie et valeur nutritive de l’ensilage de maïs et des deux poudres de lait
Aliments Prix[CHF / dt MS](UFA 2009)
Teneurs par kg MS (ALP 2004)
MS[%]
EMV[MJ]
PB[g]
CB[g]
CE[g]
LB[g]
Fe[mg]
Ensilage de maïs (dès le 17e jour) 30 28 12,3 74 183 kA 30 kA
Gefumilk 20 – 20 (engraissement initial) 400 93 18,9 200 0 65 180 50
Gefumilk Swissspray(finition) 400 93 19,5 210 0 65 210 22
mS = matière sèche; emV = énergie métabolisable veau; PB = protéines brutes; cB = cellulose brute; ce = cendres brutes; LB = lipides bruts; Fe = fer, – pas d’indication.
157
les exploitations dont proviennent les veaux. Les condi-
tions de détention (extérieur / intérieur, isolés / en
groupe), l’alimentation (lait, foin, maïs etc.) et l’état de
santé (journal de traitement) des veaux ne différaient
pas systématiquement entre les deux groupes.
Après une administration préventive de sélénium et
de vitamine E lors de la mise en stabulation (contre la
maladie du muscle blanc), les veaux ont reçu les médica-
ments suivants à travers le lait : SK-60 (Biokema SA, Cris-
sier), CAS 45 K et Amoxan 70 (UFAMED AG, Sursee). Pour
cause de maladie, deux veaux NZ et trois veaux CH ont
en outre reçu un antibiotique à large spectre (Advocid
18 %, Pfizer AG, Zurich).
Alimentation
Tous les veaux ont été initialement nourris avec un mé-
lange poudre de lait-eau. Dès le 17e jour d’engraisse-
ment, la ration a été complétée par de l’ensilage com-
plet de maïs donné en crèche. Les animaux avaient accès
à la paille fraîche de la litière. Dès le 40e jour d’engraisse-
ment, la poudre de lait initiale a été remplacée par une
poudre de lait de finition avec une teneur en protéines
brutes plus élevée (tabl. 1). La différence essentielle
était la teneur en fer, réduite de 50 mg à 22 mg / kg MS
en phase finale pour obtenir la couleur de viande claire
requise par le marché.
Les veaux ont en plus reçu le complément minéral
Homin 1263 (2 : 1) de Gefu Oberle et la pierre à sel Mina-
lo (2,7 : 1) de Multiforsa (tabl. 2), qu’ils pouvaient
consommer à choix.
Sur la base de l’ingestion totale de la ration, l’indice
de consommation a été calculé en kg MS / kg croît et en
MJ NEV / kg croît.
R é s u l t a t s
Performances d’engraissement
L’utilisation du fourrage diffère peu entre les deux
groupes (tabl. 3). L’âge moyen des veaux différait signi-
ficativement au début de la période d’engraissement
mais pas à la fin. Six veaux suisses ont dû être abattus
environ 14 jours avant la fin prévue de l’engraissement,
soit après 86 jours. Le poids des deux groupes ne diffé-
rait pas significativement au début de l’engraissement,
ni à la fin, si on les corrige par rapport au poids initial.
L’accroissement journalier moyen a évolué parallèle-
ment dans les deux groupes. Pendant tout l’engraisse-
ment, les animaux suisses ont gagné en moyenne 130 g
par jour de plus que les animaux néo-zélandais (fig. 3).
Cependant, les prises de poids ne différaient pas signifi-
cativement. Le poids supérieur de 11 kg des veaux suisses
s’explique entièrement par leur poids supérieur au dé-
Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Tableau 3 | Performances d’engraissement des veaux
Groupe NZ Groupe CH
Nombre d’animaux n = 11 n = 24
Durée d’engraissement (jour) 100 86 (n = 4) ou 100 (n = 20)
Indice de consommation (IC) poudre et ensilage de maïs (kg MS/kg croît) 37,2 38,4
Indice de consommation (IC) poudre et ensilage de maïs (MJ NEV/kg croît) 1,96 2,02
Moyenne (Ø) + / – écart-type (ET) Ø* ET Ø ET
Âge initial ( jour) 31a + / – 9,2 39b + / – 11,6
Poids vif initial (kg/veau) 64,9a + / – 8,5 70,2a + / – 6,5
Âge final (jour) 131a + / – 9,2 137a + / – 10,9
Poids vif final (kg/veau) 197,1a + / – 23,2 215,2a + / – 18,4
Gain moyen quotidien (g/veau) 1322a + / – 184 1450a + / – 151
Poids mort (kg/veau) 108,2a + / – 15,6 119,4a + / – 10,5
Poids des jambes antérieures (kg/veau) 2,49a + / – 0,22 2,84b + / – 0,19
* Des indices différents (a, b) indiquent des différences significatives entre groupes (p < 0,05).
158
but de l’engraissement. En revanche, les pieds avant re-
présentaient une partie moindre du poids chez les veaux
néo-zélandais que chez les veaux suisses.
La qualité des carcasses appréciée selon le système
CH-TAX était satisfaisante pour les deux groupes. Les
veaux néo-zélandais avaient tous le degré d’engraisse-
ment optimal 3 et une charnure entre +T et A. Les ani-
maux suisses étaient également classés entre +T3 et A3,
sauf trois (A2, A2, 2X2 ; fig. 4).
Couleur de la viande et pH du muscle
La couleur de la viande a été jugée par un expert (blanc,
rose, rouge) et comparée à une échelle standardisée (1 =
blanc ; 6 = rouge ; tabl. 4). Aucune différence significa-
tive n’est apparue entre les deux groupes. Leur géné-
tique différente n’influence donc pas ces caractères. Le
pH du muscle dorsal après 88 h ne différait pas non plus
entre les deux groupes.
Comparaison des résultats avec d’autres études
En Suisse, un grand intérêt a été porté à la génétique
d’Amérique du Nord dans les années 1960 et la race Tache-
tée noire fribourgeoise a été remplacée par la race Hol-
stein nord-américaine, meilleure laitière. La Fédération
suisse d’élevage de la race Tachetée noire a rapidement
développé un programme d’évaluation national indépen-
dant, de sorte que l’élevage des Holstein est maintenant
bien établi en Suisse et compétitif au niveau international.
L’élevage suisse s’oriente encore maintenant sur une vache
à haut rendement laitier avec le but de maximiser la per-
formance. C’est pourquoi les Holstein Friesian suisses sont
généralement comparées avec des études effectuées avec
des Holstein Friesian nord-américaines.
Plusieurs auteurs ont comparé la production de
viande entre lignées de Holstein Friesian (Reklewski et al.
1985 ; Keane 2003 ; McGee et al. 2005 ; MacDonald et al.
2007). Ces études concernaient généralement des tau-
rillons, ce qui empêche une comparaison directe avec les
études suisses, portant généralement sur l’engraisse-
ment de veaux blancs. Par rapport aux lignées Holstein
du Danemark, de Pologne, d’Allemagne, de Hollande,
de Suède, d’Amérique et d’Israël, les veaux néo-zélandais
montraient régulièrement des poids vifs inférieurs en
début d’engraissement, les veaux nord-américains ayant
les poids les plus élevés dans toutes les comparaisons
effectuées. L’accroissement journalier, le poids vif final
et le poids des carcasses des veaux néo-zélandais étaient
également toujours inférieurs à ceux des Holstein nord-
américains (Reklewski et al. 1985 ; Stolzman et al. 1988 ;
Keane 2003). La qualité des carcasses était cependant
semblable pour les deux lignées. Les animaux néo-
zélandais avaient partiellement même un taux d’en-
graissement supérieur et une proportion d’os inférieure
(Reklewski et al. 1985).
Aspects économiques
La rentabilité de l’engraissement a été comparée entre
les deux groupes par un calcul des marges brutes compa-
rables. Pour rendre la comparaison plus robuste, le calcul
s’est basé sur le prix moyen des veaux entre 2006 et 2008,
Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Figure 4 | Taxation des carcasses en pourcentage des animaux par groupe (CH : n = 24, NZ : n = 11).
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0T+3 T3 T-3 A3 A2 2X2
NZ (n=11) CH (n=24)
Pour
cent
age
des
anim
aux
par
grou
pe
Taxation des carcasses
Figure 3 | Courbes d’accroissement moyen (GMQ, g / jour) des deux groupes pendant 100 jours d’engraissement.
200018001600140012001000
800600400200
00 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
GMQ veaux CH GMQ veaux NZ
Gai
n m
oyen
quo
tidi
en d
es d
eux
grou
pes
(g)
Durée d’engraissement (d)
159
qui était de CHF 14,50 / kg poids mort pour un veau T3
(Proviande 2008), plutôt que sur le prix exceptionnelle-
ment bas de juin 2009 (CHF 11,70 / kg PM). La marge
brute comparable du groupe néo-zélandais surpassait
toujours celle du groupe suisse, même si les animaux
suisses étaient vendus à un meilleur prix, vu leur poids
final supérieur. La différence est due à trois positions
principales du bilan économique : le prix d’achat, les
frais alimentaires et le produit de vente. Le prix d’achat
du groupe néo-zélandais était inférieur de 77 CHF / ani-
mal par rapport au groupe suisse en raison du poids in-
férieur et d’une classification CH-TAX inférieure. Les
frais alimentaires du groupe néo-zélandais étaient éga-
lement inférieurs de 88 CHF / animal en raison du gain de
poids plus faible. Le produit de vente à l’abattoir (en
supposant un prix de CHF 14,50 / kg PM pour les veaux
T3) ne différait que de 112 CHF / animal entre le groupe
néo-zélandais (CHF 1558) et le groupe suisse (CHF 1670).
C’est pourquoi un veau néo-zélandais obtient une
marge brute comparable supérieure de 53 CHF à celle
d’un veau suisse.
D i s c u s s i o n e t c o n c l u s i o n s
L’expérience montre que les deux lignées de Holstein
Friesian conviennent à l’engraissement dans les condi-
tions de production suisses. Les deux groupes ont livré
des résultats semblables, correspondant aux valeurs
normales pour l’engraissement des veaux en Suisse
(Kunz 2009).
Le gain de poids quotidien des deux groupes était de
1320 g (NZ) et 1450 g (CH) mais ne différait pas significa-
tivement. D’autres études rapportent également un
accroissement inférieur significatif avec des animaux
néo-zélandais par rapport à des animaux nord-améri-
cains (Keane 2003 ; Stolzman et al. 1988 ; Reklewski et al.
1985). L’accroissement inférieur des veaux néo-zélandais
peut être expliqué par un poids initial moindre. De plus,
les Holstein Friesian NZ adultes atteignent un poids
maximal inférieur aux lignées européennes et nord-
américaines (MacDonald et al. 2007 ; Berry et al. 2005 ;
Kolver et al. 2000).
Notre étude a confirmé que les animaux NZ ont une
proportion d’os plus faible dans la carcasse en raison
d’un poids inférieur des pieds avant (Reklewski et al.
1985). Ceci représente un avantage pour l’acquéreur
mais n’augmente pas le revenu du producteur.
Après correction due au poids initial différent,
le poids final des deux groupes ne différait pas significa-
tivement. Contrairement à ces résultats, Keane (2003) a
obtenu des poids finaux supérieurs avec des animaux
européens et nord-américains qu’avec les animaux néo-
zélandais. La qualité des carcasses ne différait pas dans
l’étude de Keane (2003). Dans notre étude, les animaux
néo-zélandais ont montré une qualité légèrement supé-
rieure, sans que la différence soit significative.
Considérant qu’il s’agit d’une race laitière pure,
même les veaux néo-zélandais avec leur âge inférieur
présentaient une bonne charnure. Malgré leur moindre
gain quotidien et leur poids final inférieur, les veaux
néo-zélandais arrivent tout à fait à atteindre le degré
d’engraissement 3 désiré.
Les animaux néo-zélandais ont pu être achetés moins
chers, en raison d’un poids et d’une classification infé-
rieurs. A l’abattage, le supplément de qualité CH-TAX
par kg de poids mort était plus élevé pour les veaux néo-
Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
Tableau 4 | Couleur de la viande et pH du muscle pour les deux groupes de veaux
Groupe NZ Groupe CH
Nombre d’animaux n = 11 n = 24
Moyenne (Ø) + / – écart-type (ET) Ø* ET Ø ET
Couleur de la viande: jugement visuel1 1,2 + / – 0,40 1,4 + / – 0,49
Couleur de la viande: échelle standardisée2 3,0 + / – 0,63 3,3 + / – 1,08
pH du muscle dorsal (88 h post mortem) 5,545 + / – 0,065 5,537 + / – 0,053
* Les différences entre les deux groupes ne sont pas significatives.1 Jugement d'un expert : 1 = blanc, 2 = rose, 3 = rouge 2 comparaison avec une échelle de couleurs : 1 = blanc à 6 = rouge
160
zélandais. Avec des frais d’alimentation moindres, la
marge brute est supérieure chez les animaux néo-
zélandais, même si les prix du marché fluctuent.
En conclusion, dans les conditions de l’essai, les
Holstein Friesian néo-zélandais ont présenté des gains
de poids légèrement plus faibles et des poids à l’abat-
tage inférieurs mais une meilleure marge brute pour
l’engraisseur. n
Bibliographieb ALP, 2004. Fütterungsempfehlungen und Nährwerttabellen für
Schweine. Landwirtschaftliche Lehrmittelzentrale LmZ, Zollikofen, 242 p.b Berry D. P., Horan B. & Dillon P., 2005. Comparison of growth curves
of three strains of female dairy cattle. Animal Science 80, 151 – 160.b Keane M. G., 2003. Beef Production from Holstein Friesian bulls and
steers of New-Zealand and European/American descent, and Belgian Blue x Holstein Friesians, slaughtered at two weights. Livestock Production Science 84, 207 – 218.
b Kolver E. S., Napper A. R., Copeman P. J. A. & Muller L. D., 2000. A comparision of New-Zealand and overseas Holstein Friesian heifers. Proceedings of the New-Zealand Society of Animal Production 60, 265 – 269.
b Kunz P., 2009. Fütterung von Mastkalb und Mastrind. Vorlesungs-unterlagen TP-17 (non publié). Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen CH, 15 p.
b MacDonald K. A., McNaughton L. R., Verkerk G. A., Penno J. W., Burton L. J., Berry D. P., Gore P. J. S., Lancaster J. A. S. & Holmes C. W., 2007. A Comparison of Three Strains of Holstein-Friesian Cows Grazed on Pasture: Growth, Development, and Puberty. Journal of Dairy Science 90 (8), 3993 – 4003.
b McGee M., Keane M. G., Neilan R., Moloney A. P. & Caffrey P. J., 2005. Production and carcass traits of high dairy genetic merit Holstein, standard dairy genetic merit Friesian and Charolais × Holstein-Friesian male cattle. Irish Journal of Agricultural and Food Research 44, 215 – 231.
b Proviande (Branchenorganisation der Schweizer Fleischwirtschaft), 2008. Der Fleischmarkt im Überblick 2008. Produzentenpreise, 57 p.
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b Roth N., 2009. Vergleich von zwei Typen von Holstein Friesian Mast-kälbern. Bachelor Thesis (non publié). Schweizerische Hochschule für Landwirtschaft, Zollikofen, 66 p.
b Stolzman M., Jasiorowski H., Reklewski Z., Zarnecki A. & Kalinowska G., 1988. Comparison of ten Friesian strains in Poland under field conditions. Strain comparison for growth rate. Livestock Production Science 18 (3 – 4), 217 – 237
b UFA, 2009. Kosten in den Griff kriegen. UFA Revue 1, 40 – 42.
RemerciementsNous remercions chaleureusement les personnes suivantes pour leur aide précieuse et pour la bonne collaboration : Jörg Oberle de Gefu Oberle AG et son équipe, Famille Risi de Sempach Station (chef d’exploitation) et Adrian Scheidegger de Frischfleisch AG Sursee et son équipe.
Production animale | Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
161
Ria
ssu
nto
Sum
mar
y
The Suitability for Fattening of Various
Strains of Holstein Friesian Calves
To determine their suitability for fat-
tening, 11 male New Zealand Holstein
Friesian calves and 26 Swiss Holstein
Friesian calves underwent a compara-
tive study within the framework of a
Bachelor Thesis at the Swiss College
of Agriculture SHL. Both test groups
were held and fed under the same
conditions for 100 days. The calves
had free access to a pure milk powder-
water mixture throughout the entire
duration of the test via an automatic
feeder. In addition, the calves were
given maize silage ad libitum as of the
17th day. This was supplemented with
a mineral preparation and a salt lick.
The weight gains of the New Zealand
calves were comparable to the pub-
lished results for the Swiss calves,
although average weight gains for the
Swiss calves were approximately 130 g
higher. This affected the development
of the average live weight and the
final weight of the Swiss calves. How-
ever, the differences were not statisti-
cally significant. The New Zealand
calves reached a considerably lower
forefoot weight, which points to a
lower bone content of the carcasses,
and an advantage for the buyer. The
carcasses for both groups were classi-
fied from T+3 to T-3 according to the
CH-TAX-system, with slight advantag-
es for the New Zealand calves.
Key words: Holstein Friesian, strain
comparison, fattening calves, daily
gains, growth curves, carcass quality.
Idoneità di due linee Holstein
per l’ingrasso di vitelli
Nell’ambito di una tesi di bachelor alla
scuola superiore svizzera di agricoltura,
SHL, sono stati confrontati undici vitelli
di sesso maschile della linea neozelan-
dese Holstein Friesian sulla loro idonei-
tà per l’ingrasso con altri 26 vitelli della
linea svizzera Holstein Friesian. I due
gruppi sono stati messi all’ingrasso alle
stesse condizioni di stabulazione e
foraggiamento per una durata di 100
giorni. Durante questo periodo, i vitelli
avevano libero accesso ad un abbevera-
toio automatico dal quale ricevevano
una miscela di acqua e latte in polvere.
Dal 17.esimo giorno d’ingrasso, i vitelli
ricevevano inoltre dell’insilato di
mais a volontà. Le razioni sono state
completate con un supplemento
minerale e una pietra salina. L’aumento
del peso d’ingrasso giornaliero
raggiunto dai vitelli neozelandesi è
confrontabile con quello ottenuto dai
vitelli svizzeri. La crescita giornaliera
media dei vitelli svizzeri era di 130 g
superiore e , di conseguenza, lo era an-
che il loro sviluppo del peso medio vivo
e finale Tuttavia, non vi sono differenze
significative. Le zampe anteriori dei
vitelli neozelandesi risultavano più
leggeri, indicando uno spessore osseo
più debole della carcassa il che rappre-
senta un vantaggio per l’aquirente.
Le carcasse dei due gruppi sono state
classificate principalmente da +T3 a -T3
del sistema CH-TAX con lievi vantaggi
per i vitelli neozelandesi.
Aptitude de deux lignées Holstein pour la production de veaux blancs | Production animale
Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 154–161, 2010
En seulement cinq ans d’existence, le Réseau de re-
cherche équine en Suisse, congrès annuel et public créé
et organisé par le Haras national suisse d’Avenches, est
devenu la plateforme interdisciplinaire des chercheurs
autour du cheval en Suisse. Reconnu nationalement et
internationalement, ce congrès constitue un pont trans-
parent et interactif entre la science et la pratique. Cette
année encore, pas moins de 32 présentations scienti-
fiques sont attendues, de même que la distribution des
prix pour jeunes chercheurs, sans oublier les discus-
sions autour de thèmes actuels importants.
A l’instar du Haras national suisse HNS, de nombreux
groupes de recherche en Suisse se penchent sur les ques-
tions les plus diverses autour du cheval. Une bibliomé-
trie de Clément et Bassecoulard (2004), couvrant 6775
publications des années 1998 à 2000 sur le cheval, situe
la Suisse au 14e rang mondial. La recherche équine a évo-
lué longtemps de façon peu coordonnée, souvent dans
l’ignorance des travaux d’autres groupes, en situation
de concurrence ou encore sans le contact et l’échange
de connaissances nécessaires avec les usagers de la fi-
lière du cheval. Les cercles intéressés de la branche, soit
finalement les utilisateurs du cheval, étaient ainsi insuf-
fisamment informés et ne pouvaient guère faire part de
leurs besoins. Afin d’améliorer la situation, le Réseau de
recherche équine en Suisse a été lancé en 2005 par le
HNS et poursuivi par des rencontres annuelles depuis.
Les buts de celles-ci sont :
• l’établissement d’une plateforme pour la recherche
équine en Suisse
• la présentation des travaux et projets actuels
• l’échange scientifique
• le transfert de connaissances vers les utilisateurs
• la détermination des besoins de la branche
• l’intégration du public
Une telle manifestation est encore unique en Europe.
Les congrès interdisciplinaires comparables, comme la
Journée de recherche organisée annuellement par les
Haras nationaux français, l’European Association for
Animal Production (EAAP) ou encore les Göttinger Pfer-
detage allemands par exemple, intéressent surtout les
chercheurs et les usagers scientifiques directs, comme
les vétérinaires et les agronomes.
Organisation
Lors des rencontres annuelles du Réseau de recherche
équine, les travaux de recherche sont présentés sous
forme de conférences et de posters. Il s’agit de rapports
scientifiques, de thèses, de PhD, de Master, de Bachelor
ou encore de bons travaux de semestre issus de tous les
domaines. Auparavant, chaque contribution est experti-
sée par une commission scientifique interdisciplinaire*,
puis, si la qualité le permet, le résumé est alors publié
Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse
E c l a i r a g e
162 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010
Dominik Burger, Mireille Baumgartner, Iris Bachmann, Christine Grivel, Anne Rizzoli, Ruedi von Niederhäusern
et Pierre-André Poncet, Haras national suisse HNS, 1580 Avenches
Renseignements : Dominik Burger, e-mail : [email protected], tél. +41 26 676 63 00
Quand l'union fait la force: la recherche en réseau.
* Prof. Dr. Jörg Auer et PD Dr. Anton Fürst, Faculté Vetsuisse de l'Université de Zurich; PD Dr. Vinzenz Gerber, Faculté Vetsuisse de l'Université de Berne; Dr. Stefan Rieder, Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen et Prof. Dr. Rico Thun, rédacteur en chef des Archives Suisses de Médecine Vétérinaire
dans un cahier spécial du périodique Archives suisses de
médecine vétérinaire, qui fait également office de docu-
ment de congrès (Proceeding) (Nationalgestüt 2006,
2007, 2008, 2009). A la fin de la manifestation, différents
prix, décernés par la commission scientifique et par des
représentants des associations de sport et d’élevage, sont
distribués, récompensant les meilleurs jeunes chercheurs
pour leurs travaux. Toutes les activités de ces journées, de
même que la plupart des contributions ainsi que d’autres
informations et interviews sont archivées sur le site inter-
net du congrès www.reseaurechercheequine.ch, rendues
ainsi accessibles à un large public (National gestüt 2010).
Afin de garantir un transfert de connaissances at-
trayant et compréhensible, des séminaires (2006 / 2007),
des tables rondes (2008) et une session plénière (2009)
sont organisés en parallèle pour tous les publics, spécia-
lisés ou non, sur des thèmes choisis. Ces thèmes, souvent
anticipateurs et représentatifs d’enjeux actuels impor-
tants comme l’éthique dans le sport et l’élevage ou la
protection des animaux, complètent les sujets plus
conventionnels, comme la santé, l’entraînement ou la
sélection. Depuis deux ans, une traduction simultanée
est offerte au public lors de cette manifestation bilingue.
Le programme de 2009, qui a su convaincre, sera repris
en 2010.
En plus de l’échange scientifique et du transfert de
connaissances, ces rencontres annuelles servent égale-
ment à la détermination proactive des problèmes et des
besoins de la branche. A cette fin, un questionnaire est
distribué depuis 2007 lors des rencontres du Réseau et
d’autres manifestations du HNS. En 2008 – 2009, il a été
également envoyé à 32 associations suisses de sport et
d’élevage.
Les moyens financiers indispensables à cette mani-
festation sont réunis chaque année grâce à la générosité
de groupes d’intérêt provenant de l’industrie, des assu-
rances et d’associations. Ils sont évoqués sur le site inter-
net, dans le matériel publicitaire et lors de la journée
annuelle.
Les partenaires du Réseau
Des 119 groupes de chercheurs participant au Réseau
de recherche équine en Suisse depuis cinq ans, 52 pro-
viennent d’institutions et de fondations publiques, 18
d’organismes privés suisses et 49 de l’étranger, dont huit américains (fig. 1). Les institutions vétérinaires sont
clairement dominantes. Les premiers auteurs pro-
viennent surtout des deux facultés Vetsuisse de Berne
(68) et de Zurich (35), mais aussi du HNS (22) et de la
Haute école suisse d’agronomie de Zollikofen (13). L’im-
plication du haras d’Avenches dans la collaboration en
réseau est apparente par les co-auteurs (41). On
constate également un grand éventail d’autres institu-
tions intéressées, mais les grands absents sont les par-
tenaires en sciences humaines. Lors de l’interprétation
de ces chiffres, il est important de considérer la variété
importante du niveau scientifique des différentes
contributions.
Participants aux réunions annuelles
Le nombre de participants au Réseau de recherche est
en continuelle augmentation. Le pic a ainsi été atteint
en 2009 avec 245 personnes. Ces chiffres font des jour-
nées du Réseau la plus grande manifestation scienti-
fique autour du thème du cheval organisée périodique-
ment en Suisse. La croissance de ce congrès est due à la
présence toujours croissante des représentants de la fi-
lière du cheval et de l’industrie. Le nombre de chercheurs
Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse | Eclairage
163Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010
Figure 1 | Distribution des instituts de recherche par le nombre de résumés publiés dans les Archives suisses de médicine vétérinaire, dans le cadre du Réseau de recherche equine en Suisse entre 2006 et 2010.
AutresETH Zurich (4)Haute école suisse d’agriculture, Zollikofen (23)
Haras national suisse HNS, Avenches (63)
Faculté Vetsuisse Université de Zurich (55)
Faculté VetsuisseUniversité de Berne (132)
portement comptant quatre contributions chacune et
trois titres traitent de l’alimentation.
Problèmes et besoins de la filière du cheval
Les questionnaires distribués depuis 2007 pour cerner
les problèmes et les besoins de la filière du cheval ont
été remplis par 245 personnes, dont 111 se décrivent
comme éleveur actif et 188 comme cavalier et / ou atte-
leur ; dans ces deux groupes, 28 et respectivement 17
personnes sont des représentants d’associations. On y lit
que les éleveurs jugent les sujets fertilité, sélection et
génétique primordiaux pour la recherche, alors que les
cavaliers et atteleurs préfèrent les sujets maladies, bien-
être et affourragement. Dans ce cadre, plusieurs cha-
pitres, parfois complexes comme l’éthique, l’application
de la loi pour la protection des animaux, le transfert de
connaissances ou encore la question du cheval et de
l’environnement, ont été identifiés et thématisés en col-
laboration avec l’Observatoire Filière Cheval.
Ces résultats et ces constatations vont dans le sens de
la seule étude de ce type conduite en Europe, celle du
Comité d’orientation scientifique et technique (COST)
des Haras nationaux français (Duchemin et Bernard
2007), et correspondent au besoin croissant en général
de solutions concrètes aux problèmes, de conseils et de
connaissances inter- et transdisciplinaires.
Objectifs d’avenir
164 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010
Eclairage | Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse
et de praticiens vétérinaires reste constant (fig. 3). Cin-
quante-trois éminents représentants d’organisations de
sport et d’élevage participaient au congrès en 2009. Une
nette augmentation d’intéressés provenant d’instituts
de recherche de pays voisins est à noter.
Sujets scientifiques
La recherche équine suisse s’intéresse presque unique-
ment à des thématiques vétérinaires depuis de nom-
breuses années. Les facultés vétérinaires de Zurich et de
Berne sont au 37e et 42e rang mondial des institutions de
recherche, selon Clément et Bassecoulard (2004) qui ont
étudié les publications entre les années 1998 et 2002.
L’analyse des contributions scientifiques présentées lors
des rencontres annuelles du Réseau de recherche équine
en Suisse montre également une dominance claire des
thèmes vétérinaires (prévention, médecine interne et sys-
tème locomoteur), suivis de la génétique, du bien-être et
du comportement (fig. 3). Cependant, on dénote au fil
des ans, et particulièrement en 2010, une aug mentation
frappante de thèmes moins sanitaires, répondant à l’am-
bition d’interdisciplinarité de la recher che équine suisse
dans l’intérêt de la filière du cheval (www.reseaurecher
cheequine.ch). Ainsi en 2010, on ne compte que dix sujets
purement vétérinaires sur 32 titres. Toujours en 2010,
onze sujets relèvent de l’élevage, de la reproduction et de
la génétique; les questions de performance et de com-
Figure 2 | Nombre de participants au Réseau de recherche équine en Suisse entre 2006 et 2009, selon la fonction.
Chercheurs
Détenteurs et représ. associations
Vétérinaires praticiens
Etudiants et doctorants
Industrie et sponsors
Presse
Organisation et Haras nationalsuisse HNS
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
2009 2008 2007 2006
Nombre de participants
En plus du maintien des réunions annuelles du Réseau
de recherche équine, il est prévu d’intensifier la collabo-
ration entre les différents instituts de recherche par un
journal électronique périodique qui communiquera les
projets et coopérations actuels. Ces objectifs, joints à
une plus forte collaboration entre médias, associations
et organisateurs, pourraient faciliter et coordonner les
synergies tout en impliquant la filière cheval, mais pour-
raient également créer de nouveaux groupes de travail
(par exemple sur la recherche génomique) et libérer de
nouveaux moyens financiers. Les besoins des chercheurs
seraient ainsi également mieux pris en compte.
Actuellement, un réseau européen est en création
entre des groupes de recherche intéressés, en collabora-
tion avec la Horse Commission de l’EAAP. D’autres syner-
gies et possibilités sont également attendues des activi-
tés en lien avec la recherche et le transfert de savoir de
la récente European State Stud Association (ESSA).
Conclusions
Le succès des réunions annuelles du Réseau de recherche
équine en Suisse, spécialement auprès des utilisateurs,
démontre la nécessité d’une approche pluridisciplinaire.
Le savoir, mais aussi la confiance, se gagne par une com-
munication compréhensible et transparente. L’obten-
tion de solutions orientées vers la pratique, applicables
et utilisables rapidement, découle de la possibilité de
décrire les problèmes et besoins de la filière à la re-
cherche. Par la mise en réseau nationale, internationale
et pluridisciplinaire de la façon de penser et d’agir, la
recherche peut profiter de nouvelles synergies et colla-
borations, de même que de la mobilisation de moyens
financiers supplémentaires. Les premières pierres sont
posées pour atteindre le but que s’est fixé l’agriculture
suisse: aller dans le sens de la rentabilité et du bien-être
du cheval. n
Cinq ans du Réseau de recherche équine en Suisse | Eclairage
165Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 162–165, 2010
Figure 3 | Contributions scientifiques lors des journée du Réseau de recherche équine en Suisse entre 2006 et 2010, selon la thématique.
25
20
15
10
5
0
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pris
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ogie
hist
oire
/arc
héol
ogie
dive
rs
2007 2008 2009 2010
Bibliographieb Clément F. & Bassecoulard C., 2004. La recherche équine en France
et dans le monde au travers d’une analyse bibliométrique. INRA Prod. Anim. 17 (1), 69 – 76.
b Duchemin M. H. & Bernard A., 2007. Evaluation quantitative des besoins en matière de recherche équine. Rapport d’étude COST Haras nationaux France, Paris.
b Nationalgestüt, 2006. 1. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 148 (4), 199 – 213.
b Nationalgestüt, 2007. 2. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 149 (4), 173 – 187.
b Nationalgestüt, 2008. 3. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 150 (4), 181 – 193.
b Nationalgestüt, 2009. 4. Jahrestagung Netzwerk Pferdeforschung. Schweizer Archiv für Tierheilkunde 151 (4), 177 – 287.
b Nationalgestüt, 2010. Netzwerk Pferdeforschung Schweiz. Accès: http://www.reseaurechercheequine.ch [18. Februar 2010].
166 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 166, 2010
P o r t r a i t
Hans Ramseier : tout a commencé par un accident
Hans Ramseier avait 21 ans lorsqu’il a été victime d’un
grave accident de la route. Les premiers diagnostics
n’étant pas très positifs, il se faisait à l’idée de passer sa
vie en chaise roulante. C’est alors qu’on lui a annoncé que
sa lésion de la colonne vertébrale pouvait malgré tout
être opérée... Peu de temps après, il était de nouveau sur
pied; un handicap devait persister. Ensuite ? Ce fils de pay-
sans originaire de l’Emmental allait terminer son appren-
tissage agricole et n’avait jamais envisagé d’exercer un
autre métier. L’agriculture était toute sa vie. Un change-
ment d’orientation s’imposait. Il s’est décidé pour une
formation d’ingénieur agronome ETS au technicum agri-
cole de Zollikofen. Aujourd’hui, le technicum s’appelle
«Haute école suisse d’agronomie HESA», Hans Ramseier y
enseigne : l’agriculture est toute sa vie.
Une prédilection pour les cultures spéciales
«Cela fait plus de vingt ans que je suis à la HESA, je com-
mence à prendre racine !», déclare Hans Ramseier avec un
sourire. Vingt ans, certes, mais pendant lesquels il a exer-
cé d’innombrables fonctions et s’est toujours montré ou-
vert à de nouvelles idées. La protection des végétaux et la
compensation écologique, qu’il enseigne, sont complé-
mentaires à ses yeux : «L’agriculture doit produire des
denrées alimentaires de haute qualité tout en tenant
compte des impératifs écologiques.». S’il a opté pour la
production intégrée, on devine un net intérêt pour une
agriculture biologique axée sur la demande des consom-
mateurs. Ses activités de recherche l’amènent à étudier
les grandes cultures préservant les ressources. Actuelle-
ment, des essais prometteurs consistent à cultiver sous
semis de trèfle blanc. Cette couverture du sol permet de
limiter la croissance des mauvaises herbes et de fixer
l’azote. Quand on sait que la fabrication d’engrais azotés
de synthèse est très gourmande en énergie… Toujours
dans une perspective globale, Hans Ramseier s’engage
pour la préservation de la biodiversité et des cultures spé-
ciales : la fabrication de bières locales à partir d’orge de
brasserie et de variétés russes de millet commun, par
exemple, est à l’ordre du jour.
Conseiller et encourager
Pour Hans Ramseier, le côté pratique est essentiel : «J’ai
parfois besoin de revenir à la terre !». Cet agriculteur dans
l’âme s’occupe – souvent personnellement – des petites
parcelles d’essai situées à côté du campus de Zollikofen. Et
son enthousiasme est communicatif : heureusement, car
c’est lui qui accompagne les jeunes pendant le stage préli-
minaire. Il aide chaque année des dizaines de personnes à
trouver une exploitation et se tient à disposition quoi qu’il
arrive. «Hans», première personne de contact à la HESA,
demeurera aux yeux de beaucoup d’entre eux un mentor
précieux, qui aura su les encourager, et avec lequel les liens
dureront parfois bien au-delà des études. La HESA se féli-
cite de pouvoir compter sur la figure sympathique de Hans
Ramseier – malgré les circonstances qui l’y ont amené. A
quelque chose, malheur est bon!
Urs Wehrli, chargé de l’information, Haute école suisse d’agronomie,
3052 Zollikofen
Hans Ramseier (Photo : Reto Baula, HESA)
2010, année mondiale de la biodiversité
Hans Ramseier fait partie des initiateurs du con-
cours «Biodiversité dans l’agriculture». Seront
récompensés les projets visant à promouvoir la
diversité (diversité génétique, diversité des espèces
et diversité des biotopes). Délai de candidature :
le 15 juin 2010. Informations : www.agrigate.ch.
167Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010
A c t u a l i t é s
Actualités
Journée professionnelle du 6 mai 2010L’agriculture et la médecine vétérinaire ensemble dans la recherche en nutrition animale
Le thème de la
journée profes-
sionnelle de cette
année sera la col-
laboration entre
la recherche
agro nomique et
la recherche en
médecine vétéri-
naire dans le do-
maine de la nutrition animale. Pour la première fois, cette
journée est organisée en collaboration par la station de
recherche Agroscope Liebefeld-Posieux ALP, la faculté
Vetsuisse de l’université de Zurich, la faculté de Vetsuisse
de l’université de Berne et l’EPF Zurich.
Pour commencer, les responsables des différents ins-
tituts de recherche présenteront les particularités et les
buts de leur recherche et programmes de recherche res-
pectifs. Ensuite, les connexions entre la recherche en
nutrition animale du point de vue agricole et de la mé-
decine vétérinaire seront approfondies.
Une exposition de nombreux posters présentant les
travaux actuels des organisations participantes et
d’autres instituts de recherche et de formation attend
les participantes et participants après le repas de midi.
Pour finir la journée, Alfred Buess, président du
conseil de recherche agronomique, fera le point sur la
recherche actuelle sur les animaux de rente en Suisse.
Programme :
Le programme détaillé et le talon d’inscription se
trouvent sur les sites Internet d’ALP www.agroscope.ch
et de «Institut für Nutz tierwissenschaften der ETH-
Zürich» www.an.ipas.ethz.ch
Des chercheurs américains fabriquent de la viande de volaille à base de soja Des chercheurs de l’Université de Missouri ont présenté
une imitation de poulet à base de soja, qui ressemble
beaucoup à l’original. Grâce à une technique spéciale de
transformation, ils sont parvenus à fabriquer du suprême
de poulet avec de la farine de soja. Leur objectif a été
d’imiter au mieux tant le goût et la couleur que la struc-
ture et la consistance de la viande de poulet. Les avan-
tages de cette invention pour les consommateurs sont liés
à la santé. Le soja contient d’importantes composantes
nutritionnelles qui baissent le taux de cholestérol, renfor-
cent les os et peuvent prévenir les tumeurs de la prostate
et du sein. En outre, le soja est une bonne source d’acides
gras essentiels. Seul l’affinement du goût est encore né-
cessaire avant la commercialisation du produit.
Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010
Les boissons au soja ne remplacent pas le lait Les boissons au soja ne sont pas un substitut complet du
lait, selon le Secrétaire d’Etat parlementaire du minis-
tère allemand de l’agriculture. Les boissons au soja ne
peuvent pas non plus être vendues comme «lait de soja».
La dénomination «lait» ne peut s’appliquer qu’à un ali-
ment d’origine animale. Or, même s‘il ressemble au lait
et s’il peut être utilisé comme du lait, le lait de soja n’en
reste pas moins un aliment végétal.
Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010
Projet de recherche sur le décodage du génome ovin Le décodage de la séquence ADN dans le génome ovin
est l’objectif d’un projet mené par des chercheurs de
l’Institut Leibniz sur la biologie des animaux de rente à
Dummerstorf, en collaboration avec des collègues aus-
traliens, néo-zélandais, britanniques et américains. Se-
lon les indications de l’institut, le séquençage complet et
la détermination de la structure génomique devraient
permettre d’approfondir la compréhension de la biolo-
gie et de l’évolution des ruminants. Les résultats servent
de base non seulement à la compréhension détaillée du
génome ovin, mais aussi à l’élaboration de nouvelles
stratégies en matière de sélection. On pourrait par
exemple développer des moutons adaptés à l’environne-
ment, qui seraient capables de tirer le meilleur profit des
conditions régionales et donc, de produire de très bons
rendements.
Agra-Europe 7 / 10, 15 février 2010
La nutrition animale est un thème important aussi bien pour l'agronomie que pour la médecine vétérinaire.
Actualités
168 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010
Portes ouvertes à Changins du 18 au 20 juin 2010
Le site de Changins ou-
vrira ses portes au public
du vendredi 18 au di-
manche 20 juin 2010,
sous le thème «L’alimen-
tation de demain : un
défi pour la recherche
d’aujourd’hui».
Six postes seront propo-
sés aux visiteurs pour il-
lustrer les défis de l’ali-
mentation de demain.
Poste 1 : Un environnement préservé
ACW et des partenaires comme la CIPEL, Sol-Conseil ou
la CPS favorisent une production alimentaire respec-
tueuse de notre environnement. Ce poste vous permet
de découvrir :
• différentes méthodes alternatives appliquées
à la lutte contre les adventices, les maladies et
les ravageurs ;
• différentes actions de préservation de la qualité des
eaux, de la diversité des plantes sauvages dans notre
paysage agricole et de la fertilité des sols.
Poste 2 : La plante et son milieu
L’importance de la variété et de la certification dans le
système de production suisse, ceci sur les principales es-
pèces de grandes cultures, arboricoles ou médicinales,
est présentée sur ce poste. Les travaux de maintien des
ressources génétiques sont également richement illus-
trés. Les actions au cœur ou en aval de ces thèmes sont
présentées par nos partenaires DSP, Swisssem, la FSPC et
Sol-Conseil. L’influence du climat, du lieu ou de la fu-
mure sont également expliqués.
Poste 3 : Sécurité et suffisance alimentaire
Comment s’assurer en Suisse d’une production suffi-
sante de produits sains ? Ce poste présente certaines re-
cherches réalisées sur les principales espèces fourragères
et de grande culture. Il aborde différents aspects de la
sécurité microbiologique des produits et les contamina-
tions fongiques provoquant des toxines sur les grains de
céréales et de maïs. Egalement présentés dans ce poste:
le programme de recherche ProfiCrops, qui vise la com-
pétitivité de notre agriculture, et l’ADCF, y sont égale-
ment présentés.
Poste 4 : Emotions, jeux, concours
Plusieurs animations sont prévues pour le plaisir des
grands et des petits. Initiation ludique à la découverte
du travail et des produits agricoles, un parcours des sens
(goût, odorat, toucher, vue) et de nombreuses autres
attractions initieront les plus jeunes et leurs parents à
l’importance et à la beauté de notre agriculture. Un par-
cours en mini-tracteur, un lâcher de ballons et d'autres
jeux sont également prévus. Chaque enfant sera donc
également un hôte de marque.
Poste 5 : Qualité, plaisir et santé
Les aliments de qualité et goûteux savoureux contri-
buent à notre bonne santé et au plaisir de la table. La
recherche d'ACW est illustrée par de nombreuses dégus-
tations – pain, vin, distillats, fruits, pommes de terre,
Ribelmaïs et huiles – qui démontrent la diversité des
goûts obtenus selon les méthodes de production, le lieu
ou la variété. Agridea, la CPC, l’EIC, Swisspatat et la FUS
seront également présents à ce poste.
169Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010
Actualités
N o u v e l l e s p u b l i c a t i o n s
Bruit et vibrations lors de la traite Effets sur l’homme et l’animal
Rapport ART 720Les mesures de rénovation des salles de traite visant à
réduire le bruit et les vibrations permettent d’améliorer
la santé de la mamelle et de faire baisser le taux de cel-
lules somatiques dans le lait (rapport FAT n° 625, actuel-
lement rapport ART).
C’est pourquoi les «Directives concernant le mon-
tage des installations de traite» recommandent de ne
pas dépasser des seuils de 70 dB(A) pour le bruit et de
0,3 m/s2 pour les vibrations (Standard de la branche, an-
nexe 3, al. 7). Toutefois, on sait encore peu de choses sur
les effets du bruit et des vibrations sur le bien-être de la
vache et du trayeur. L’étude avait pour but, à l’aide de
paramètres éthologiques et physiologiques appropriés,
d’évaluer l’ampleur du stress causé à l’animal. Les effets
sur le trayeur ont été étudiés sur la base d’interviews. Le
bruit de 80 dB(A) et les vibrations de 0,5 m/s2 au niveau
des pare-bouses et de la structure tubulaire de la salle de
traite, tout comme la combinaison des deux, ont conduit
à un changement de comportement chez les animaux,
ainsi qu’à une accélération de leur fréquence cardiaque.
Néanmoins, les différences observées entre les variantes
d’essai avec une intensité de bruits et de vibrations plus
élevées et la variante de référence (70 dB(A), 0 m/s2)
étaient si faibles en valeur absolue qu’elles ne per-
mettent pas de conclure à un impact négatif sur le bien-
être des animaux. Les trayeurs interrogés à Tänikon ont
déclaré ne pas sentir les vibrations de 0,5 m/s2. Par contre,
ils ont avoué trouver très désagréable le bruit d’une in-
tensité de 80 dB(A) et ont constaté des répercussions
négatives sur la qualité de leur travail.
Maren Kauke, Pascal Savary,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART
Poste 6. Ethique et alimentation
Diverses recherches visant à produire mieux sont présen-
tées à ce poste : économie de l’eau d’irrigation, produc-
tion de fourrage dans des conditions sèches, valorisation
des zones de montagne ou marginales. L’importance
d’une production régionale, bio et saisonnière y est aussi
présentée. Les visiteurs y trouveront des réponses con-
cernant la production d’agro-carburants en Suisse, le rôle
d’ACW dans le dossier OGM et la manière dont Médiplant
contribue à la lutte contre le paludisme dans le monde.
Conférences
Marcel Mazoyer, agronome et économiste, professeur ti-
tulaire de la chaire d’agriculture comparée et développe-
ment agricole à l’INRA Paris-Grignon donnera une confé-
rence intitulée L'alimentation de demain, un défi pour
aujourd’hui. Aline Clerc, ingénieure EPFL en génie rural et
en environnement, responsable des domaines de l’agri-
culture, de l'environnement et de l’énergie à la Fédéra-
tion romande des consommateurs (FRC) donnera une
conférence intitulée sur les Produits régionaux de saison
– importance des labels.
Cafés-scientifiques
Des cafés scientifiques seront organisés durant toute la
durée des portes ouvertes, d’une durée de 15 minutes,
suivies de 15 minutes de discussion. Ces mini-conférences
interactives favoriseront un contact étroit entre les cher-
cheurs et le public.
170 Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010
Actualités
C o m m u n i q u é s d e p r e s s e
19.03.2010 / ART Les arbres finissent par cacher la montagneLe changement structurel de l’agriculture ne passe pas inaperçu dans le paysage des régions de montagne. Les arbres et les buissons envahissent les prairies et les pâturages qui ne sont plus ex-ploités, tandis que la diversité biologique souffre de l’exploitation trop intensive des autres sur-faces. La recherche tente de trouver des solutions.
13.03.2010 / HNSRéunion du Réseau de recherche équine en Suisse : chevaux et cavaliers sous la loupeLe 30 avril prochain se tiendra la 5e rencontre du Réseau de recherche équine à Avenches, sous l’égide du Haras national suisse HNS. Les derniers résultats de la recherche scientifique sur la perfor-mance, les maladies et leur prévention, l’élevage et la génétique ou encore le comportement des équidés seront présentés.
11.03.2010 / ACW La culture in vitro redonne vie à d’anciennes variétés de pomme de terre suissesAu cours de l’année 2009, 17 variétés de pommes de terre anciennes ont pu être réintroduites dans le commerce suisse. Tombées dans l’oubli car contaminées par différentes maladies et patho-gènes, elles ont été assainies et multipliées à la station de recherche Agroscope Changins-Wä-denswil ACW, pionnière en matière de biotechno-logie végétale.
25.02.2010 / ACW Le climat stresse la vigneLes facteurs environnementaux – eau et tempéra-ture – ont une influence décisive sur le développe-ment de la vigne. La station de recherche Agroscope Changins-Wädenswil ACW étudie le rôle joué par les conditions du sol et du climat, comme la réserve en eau des sols, la répartition des précipitations et l’évolution climatique (hausse des températures). Ces facteurs peuvent largement déterminer les stress environnementaux chez la vigne et influen-cer la qualité des raisins et des vins.
171Recherche Agronomique Suisse 1 (4): 167–171, 2010
Actualités
M a n i f e s t a t i o n sL i e n s I n t e r n e t
Avril 2010
22.4.20105e journée d’information sur la recherche bio : Quoi de nouveau sur le boeuf bio ? Agroscope Liebefeld-Posieux ALPPosieux
22.4.2010Zustand der Biodiversität in der SchweizAgroscope Reckenholz-Tänikon ARTReckenholz, Zürich
30.4.20105e réunion du réseau de recherche équine en SuisseHaras national suisse HNS Avenches
Mai 2010
05. – 06.05.201010. Tagung – Landtechnik im AlpenraumAgroscope Reckenholz-Tänikon ART, Feldkrich, Österreich
06.05.2010L’agriculture et la médecine vétérinaire ensemble dans la recherche en nutrition animale ALP, ETHZ, Facultés Vetsuisse Universités Zurich et Berne ETH ZürichInformations : www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen et www.an.ipas.ethz.ch
Juin 2010
03.06. – 05.06.2010IGN-Tagung 2010 : Internationale Gesellschaft für NutztierhaltungAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen
06.06.2010Breitenhoftagung 2010, Treffpunkt der SteinobstbrancheAgroscope Changins-Wädenswil ACWWädenswil
16.06. – 17.06.2010Tänikoner AgrartechniktageAgroscope Reckenholz-Tänikon ART Tänikon, Ettenhausen
18.06. – 20.06.2010Portes ouvertes 2010Agroscope Changins-Wädenswil ACWChangins, Nyon
Informations : www.agroscope.admin.ch/veranstaltungen
Liens intéressants pour les produits phytosanitaires
Index des produits phytosanitaires en Suisse
http://www.blw.admin.ch/psm/produkte/ index.html?lang=frDans l’index des produits phytosanitaires en Suisse, on
peut rechercher par le produit, par la matière active, par
le ravageur ou encore par le domaine d’application. On
peut ainsi obtenir toutes les informations sur un produit
pour une culture donnée en Suisse.
EU Pesticide Database
http://ec.europa.eu/sanco_pesticides/public/ index.cfmDans la banque de données européenne, les informations
peuvent être recherchées par le pesticide, le produit com-
mercial ou la matière active.
Ordonnance sur la mise en circulation des produits phyto-
sanitaires (Ordonnance sur les produits phytosanitaires,
OPP) du 18 mai 2005 http://www.admin.ch/ch/f/as/2005/3035.pdf
Mai 2010 / Numéro 5
• Effets de la fumure sur une pelouse à nard raide
R. Tenz et al. ART
• La disparition d'espèces réduit la production
fourragère, A. Stampfli et M. Zeiter HESA
et Université de Berne
• Production de viande au pâturage sur des prairies
temporaires: intérêt de la fétuque élevée,
E. Mosimann et al. ACW et HESA
• Augmenter la productivité, M. Lips ART
• Liste recommandée des variétés de colza
d’automne pour la récolte 2011
La diversité et la composition botanique des prairies riches en espèces réagissent à la fumure et au mode d’exploitation. (Photo: Gabriela Brändle, ART)
D a n s l e p r o c h a i n n u m é r o