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ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE WT/TPR/M/240 21 janvier 2011 (11-0353) Organe d'examen des politiques commerciales 24 et 26 novembre 2010 EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO Compte rendu de la réunion Président: S.E. M. Bozkurt Aran (Turquie) Page I. REMARQUES INTRODUCTIVES DU PRÉSIDENT 3 II. DÉCLARATION LIMINAIRE DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 4 III. DÉCLARATION DU PRÉSENTATEUR 9 IV. DÉCLARATIONS DES MEMBRES 15 V. RÉPONSES DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET OBSERVATIONS ADDITIONNELLES 33 VI. REMARQUES FINALES DU PRÉSIDENT 44 Note: Les questions écrites communiquées à l'avance par les Membres de l'OMC et les réponses du gouvernement de la République démocratique du Congo figurent dans le document WT/TPR/M/240/Add.1 et seront disponibles en ligne à l'adresse suivante: http://www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/tp_rep_f.htm.

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ORGANISATION MONDIALE

DU COMMERCE WT/TPR/M/240 21 janvier 2011

(11-0353)

Organe d'examen des politiques commerciales 24 et 26 novembre 2010

EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Compte rendu de la réunion

Président: S.E. M. Bozkurt Aran (Turquie)

Page

I. REMARQUES INTRODUCTIVES DU PRÉSIDENT 3 II. DÉCLARATION LIMINAIRE DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO 4 III. DÉCLARATION DU PRÉSENTATEUR 9 IV. DÉCLARATIONS DES MEMBRES 15 V. RÉPONSES DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE

DU CONGO ET OBSERVATIONS ADDITIONNELLES 33 VI. REMARQUES FINALES DU PRÉSIDENT 44

Note: Les questions écrites communiquées à l'avance par les Membres de l'OMC et les réponses du gouvernement de la République démocratique du Congo figurent dans le document WT/TPR/M/240/Add.1 et seront disponibles en ligne à l'adresse suivante: http://www.wto.org/french/tratop_f/tpr_f/tp_rep_f.htm.

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I. REMARQUES INTRODUCTIVES DU PRÉSIDENT

1. Le premier examen de la politique commerciale de la République démocratique du Congo s'est tenu les 24 et 26 novembre 2010. Le Président, S.E. M. Bozkurt Aran (Turquie) a souhaité la bienvenue à la délégation congolaise conduite par M. Albert Kwete Minga Bope, Secrétaire Général au Commerce, et au présentateur, S.E. M. Jean Feyder (Luxembourg).

2. Le Président a rappelé l'objet des examens des politiques commerciales et les principaux éléments des procédures qui seraient suivies pour la réunion. Le rapport du gouvernement de la République démocratique du Congo avait été publié sous la cote WT/TPR/G/240 et celui du Secrétariat de l'OMC sous la cote WT/TPR/S/240.

3. Les délégations suivantes avaient communiqué à l'avance leurs questions écrites, et celles-ci avaient été transmises à la délégation congolaise: États-Unis, Japon et Union européenne.

4. Le Président a indiqué que les rapports établis pour la réunion en cours mettaient en évidence les mesures prises par la République démocratique du Congo (RDC) pour faire face à ses crises sociopolitiques, et faisaient notamment état d'une croissance économique moyenne de quelque 6 pour cent par an depuis 2001. L'inflation et le déficit public observés en RDC pendant cette période étaient en baisse, tandis que le budget avait affiché un excédent certaines années. Cependant, les réformes n'avaient pas permis d'améliorer l'environnement économique de la RDC.

5. Le manque d'infrastructures, la profusion de droits et de taxes sur le commerce recouvrés par de multiples institutions non coordonnées, et les tracas administratifs ont nettement accru le coût de l'activité commerciale en RDC. En conséquence, il fallait encore que le pays attire les investissements étrangers directs nécessaires pour exploiter son immense potentiel, notamment ses vastes ressources minérales et ses abondants facteurs de production agricole. Il serait intéressant d'apprendre de la délégation quels plans la RDC avait pour rendre son environnement économique propice aux investissements étrangers directs dont elle avait besoin.

6. Le Président a précisé que la RDC était Membre de l'OMC et qu'elle était aussi signataire de la quasi-totalité des accords régionaux conclus en Afrique centrale, en Afrique de l'Est et en Afrique australe, même si elle n'appliquait pas encore leurs dispositions commerciales. L'adhésion simultanée à différents accords commerciaux avait un coût et entraînait certaines difficultés. Il serait intéressant que la délégation de la RDC fasse part à l'assemblée des plans qu'elle a adoptés pour gérer tous ces accords.

7. La RDC présentait une structure tarifaire relativement simple. Pourtant, l'imposition de plus d'une centaine de droits et de taxes différents ainsi que l'intervention de plusieurs organes aux frontières avaient rendu le régime commercial du pays bien plus complexe. Cela avait accentué les coûts à l'importation en fragilisant la compétitivité des quelques produits d'exportation. De plus amples renseignements sur les réformes commerciales prévues par la RDC, y compris sur le programme de facilitation des échanges, seraient les bienvenus.

8. L'accès de la RDC aux programmes d'assistance technique avait été limité en raison de la crise sociopolitique. Il serait donc utile que cet examen permette d'identifier les contraintes qui empêchent la RDC de participer pleinement au système commercial multilatéral ainsi que la façon dont les Membres de l'OMC et les organisations internationales pourraient l'aider à les surmonter au mieux.

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II. DÉCLARATION LIMINAIRE DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

9. Il importe de savoir que l’examen de politique commerciale que mon pays s’est engagé à présenter pour la première fois, ce jour, constitue un moment fort de son histoire économique, car il consacre l’engagement et la volonté inébranlable du Gouvernement à insérer l’économie de la RDC dans le système commercial multilatéral. En effet, le commerce international est un important instrument de promotion du développement socioéconomique, de création d’emplois, d’augmentation des revenus, de réduction de la pauvreté et donc d’amélioration des conditions de vie de la population toute entière.

10. Comme vous le savez déjà, se conformer aux politiques et pratiques commerciales de l’OMC en vue de faciliter le fonctionnement du système commercial multilatéral à travers la transparence, est un impératif auquel sont astreints tous les pays membres de l’OMC. Ne pouvant déroger à ce principe d’évaluation des politiques et pratiques commerciales, mon pays, la République démocratique du Congo, à la faveur d’un climat politique apaisé, résultant d’un long processus de réconciliation nationale, qui a abouti à l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes depuis juin 2006, s’est proposé de présenter son premier examen depuis son admission comme membre de l’OMC. Pour votre gouverne, la RDC, membre originel de l’OMC, est indépendant depuis le 30 juin 1960, ce qui lui a valu de célébrer cette année le cinquantenaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale.

11. Située en plein centre de l’Afrique, elle s’impose par sa superficie de 2.345.000 km² comme le troisième plus vaste pays d'Afrique derrière le Soudan et l'Algérie et le plus peuplé d'Afrique centrale avec une population estimée à plus de 68 millions d'habitants. Il s’étend de l’océan Atlantique au plateau de l’est. Le Nord du pays, un des plus grands domaines de forêt équatoriale au monde constitue l’un des atouts majeurs du pays, car il représente, à lui seul, plus de 45% de l’ensemble de la forêt équatoriale du continent Africain et renferme des essences recherchées comme l’afromosia, l’ébène, le wenge, l’iroko, le sapelli, le sipro, le tiama, le tola, le kambala et le lifaki. L’Est du pays borde le grand rift est-africain, domaine des montagnes, des collines, des grands lacs mais aussi des volcans. Le Sud et le Centre, domaine des savanes boisées, forment un haut plateau riche en minerais, faisant de la RDC un véritable "scandale géologique" contenant le bauxite, charbon, colombo tantalite ou coltan, cuivre, cobalt, diamant, étain, fer, gaz méthane, manganèse, or, pétrole, schistes bitumeux, etc. À l’extrême Ouest, sur une quarantaine de kilomètres de littoral s’étale une côte sur l’océan Atlantique.

12. En ce qui concerne le sol, plus de 120 millions d’hectares de terres arables, fertiles et propices à l’agro-industrie sont concentrés en RDC. Le pays présente les conditions climatiques favorables au déploiement à grande échelle des activités agricoles durant toute l’année. En matière de faune, mon pays la RDC est doté de plusieurs parcs et réserves naturelles abritant des espèces aussi rares que diverses telles que l’okapi, le rhinocéros blanc, le bonobo, qui font l’objet d’une grande attraction touristique. Quant à l’hydrographie, la RDC est baignée par des fleuves, des rivières et des lacs offrant des vues imprenables et des paysages paradisiaques d’où émergent des volcans en activité ou éteints, un bassin hydrographique regorgeant d’innombrables espèces des poissons.

13. Long d’environ 4.700 km, le Fleuve Congo traverse le pays de part en part et possède le débit le plus régulier et le plus puissant au monde (80.000 m3/seconde) après l’Amazone. Son potentiel énergétique est estimé à environ 100.000 Mégawatts de puissance exploitable. Mon pays occupe une position géographique centrale et partage ainsi ses frontières avec: l’Angola et la République du Congo à l’ouest, la République centrafricaine et le Soudan au nord, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l’est, et la Zambie et l’Angola au sud. Sa population est composée de plusieurs centaines d’ethnies. Le français est sa langue officielle et le kikongo, lingala, tshiluba, swahili forment les langues nationales.

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14. Cette position spatiale stratégique fait de la RDC le plus grand marché de l'Afrique Centrale, propice aux grandes activités agricoles et industrielles et de production des biens et services pouvant être facilement écoulés localement ou exportés, pour le surplus, vers les marchés Africains, Européens, Américains et Asiatiques. Cependant, le peuple de mon pays n’a pas pu encore tirer profit de toutes ces opportunités. En effet la RDC a connu durant les deux dernières décennies une décroissance économique cumulée due notamment, à la rupture de la coopération bi et multilatérale, à des erreurs de gestion économique, à l’instabilité politique et institutionnelle accentuée par les guerres et conflits armés successifs dans l’Est du pays et à une longue période de transition sanctionnée par des élections en 2006.

15. Sur le plan monétaire, la forte expansion de liquidités intérieures impulsées essentiellement par le financement des déficits publics croissant, a abouti à distorsion qui s’est matérialisée par une dépréciation continue de la monnaie nationale vis-à-vis des principales devises étrangères à cause de l’hyper inflation qui a sévi durant cette période. Le paroxysme fut atteint par la forte dollarisation de l’économie, au motif que la monnaie américaine devrait servir de valeur refuge.

16. Quant à la production locale, l’on a observé durant cette période une compétition active et une concurrence déloyale des produits finis en provenance des pays ayant des coûts de production plus faible et aussi suite à la contrebande organisée. Par ailleurs, la presque totalité des filières traditionnelles de production et d’exportation de la RDC, pays à vocation agricole, ont été soit en arrêt, soit régression. Ces années de la "déglingue économique", sont considérées par certains observateurs comme étant "le coût de l’ajustement politique" que le pays devait encourir pour le passage du système du parti unique au multipartisme intégral.

17. Toute fois, durant ces mêmes années, les tentatives de la communauté financière internationale en vue de remodeler la gestion économique du pays, par le biais des programmes d’ajustement structurel conclus avec les institutions de Bretton Woods, n’ont pas atteint les objectifs escomptés suite notamment à la non adaptation de certaines mesures préconisées aux réalités locales et à la lenteur dans la vitesse des décaissements des fonds conjuguées avec des conditionnalités parfois trop contraignantes vis-à-vis de la fragilité des économies africaines.

18. Il vous souviendra que, depuis 2002, avec le retour de la stabilité institutionnelle, la RDC a amorcé une transition démocratique durable ayant permis de restaurer l’équilibre politico-institutionnel du pays et d’impulser une dynamique de reconstruction et de modernisation. En effet, le pays s’est lancé dans une série de réformes ininterrompues, consacrant une libéralisation progressive de l’économie et une plus grande ouverture à la concurrence internationale, pour se mettre au diapason du reste du monde. À l’instar des autres pays africains, la RDC est consciente de l’importance du commerce international dans le développement économique d’une nation.

19. Aussi, en matière de commerce, il est à relever que la compétitivité constitue un facteur essentiel auquel la RDC doit être attentive à l’égard de la diffusion et de l’application des mesures et instruments qui réglementent les activités commerciales dans le but: de simplifier les formalités et les procédures; de normaliser et d’améliorer les infrastructures et les installations matérielles; et d’harmoniser les législations et les réglementations applicables.

20. Pour ce faire, l’Étude Diagnostique sur l’intégration du Commerce, réalisée par le Cadre Intégré Renforcé, avec l’appui de la Banque Mondiale que je remercie, a déjà dressé un éventail des contraintes constituant des entraves au développement du commerce en RDC. Ces entraves se situent dans le circuit d’approvisionnement du pays, dans la prise en charge des marchandises au niveau de nos frontières et dans leur distribution interne.

21. Au vu de ces contraintes, mon pays a priorisé trois axes, à savoir: une amélioration de tous les corridors acheminant les produits vers la RDC. En effet, les opérateurs économiques de l’Est et du

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Sud-est opérant dans les Provinces du Nord et Sud-Kivu, du Maniema, du Katanga et de la Province Orientale utilisent les ports de transit de Mombassa au Kenya, de Dar-es-Salaam en Tanzanie, de Durban en Afrique du Sud et de Walvis Bay en Namibie. Ils acheminent leurs marchandises par ces Corridors Nord, Central et Nord-Sud et rencontrent des difficultés lors de l’utilisation, notamment les barrières physiques et non physiques. Ces perturbations exercent des effets pervers sur le cycle des approvisionnements de notre pays et entrainent la rareté et l’augmentation des prix de ces produits sur le territoire national. Vous conviendrez avec moi que cet état des choses constitue un problème économique majeur que le Gouvernement s’attèle à résoudre de concert avec les pays frontaliers et d’autres partenaires concernés.

22. La reforme du Guichet Unique devant fonctionner dans le cadre d’un partenariat public-privé, avec comme objectif un gain de temps dans le traitement des opérations du commerce extérieur à la frontière, vise à: couvrir toutes les phases du commerce extérieur à savoir, les opérations de pré-dédouanement, dédouanement et de post-dédouanement (Guichet Unique Intégral); renforcer l’utilisation des méthodes électroniques dans le traitement des dossiers (Guichet Unique virtuel); couvrir progressivement tout le territoire national et tous les modes de transport (Guichet Unique National); faire des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) des véritables leviers de développement du commerce extérieur en RDC; optimiser la mobilisation des recettes publiques liées aux activités de dédouanement; élaborer un schéma unique et concerté de circulation des informations dans le cordon douanier afin de permettre un contrôle croisé.

23. Pour la distribution intérieure, le gouvernement prône l’amélioration des infrastructures afin de finaliser sa politique de transport multimodal. C’est dans ce cadre que le Chef de l’État, S.E. Joseph Kabila, dans son dernier discours prononcé le 4 juillet 2010 à l’occasion de l’atteinte par la RDC du point d’achèvement de l’initiative PPTE, a réaffirmé sans ambages la volonté avérée du Gouvernement de prendre des mesures incitatives nécessaires à l’amélioration du climat des affaires dans notre pays, notamment par une fiscalité stimulante pour l’investissement et par la suppression de toutes les tracasseries.

24. Dans le même ordre d’idées, des mesures courageuses ont déjà été prises par le Gouvernement pour assainir le climat des affaires en RDC, à savoir: la simplification des formalités requises à la création d’entreprise; l’adhésion de la RDC à l’Organisation pour l’Harmonisation des Droits des Affaires (OHADA); la promulgation de la nouvelle loi sur les marchés publics; la révision à la baisse du taux directeur de la Banque Centrale du Congo; la promulgation des codes des investissements, des marchés publics, minier, forestier, douanier, agricole et du travail (il importe de noter que le code de commerce est en préparation); la mise en place de l'Agence nationale de promotion des investissements (ANAPI) et du Cadastre minier; l’extension progressive des tribunaux de commerce sur toute l’étendue du territoire et la révision du code pénal en vue de garantir la sécurité juridique et judiciaire des affaires.

25. Au niveau sectoriel, de nombreuses avancées ont été observées. L’adoption d’une politique douanière simplifiée avec une structure tarifaire à l’importation constituée de quatre taux, est la plus porteuse.

26. Avec ces différentes réformes, la RDC entend retrouver sa place dans le système commercial multilatéral en misant sur les innombrables atouts dont dispose le pays en termes de ressources naturelles, de potentiel humain et d'une position géographique privilégiée au cœur du continent africain à mi-chemin de l'Afrique Centrale, Orientale et Australe.

27. Il est du devoir du Gouvernement congolais de relever le gigantesque défi de reconstruction pour assurer l’émergence économique et le bien-être intégral de nos économies. Mieux encore, le Gouvernement a adopté depuis 2006 le Document de la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP) et exécute actuellement le programme triennal conclu avec le FMI, appuyé par la

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Facilitation pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC), qui couvre la période allant du mois de juillet 2009 au mois de juin 2012.

28. L'examen de politique commerciale, exercice historique auquel la RDC se soumet aujourd’hui pour la première fois devant vous, marque la détermination du gouvernement congolais d'œuvrer en faveur d'un commerce ouvert, transparent et respectueux des engagements souscrits dans le cadre du système commercial multilatéral. À travers son examen de politique commerciale, la RDC affiche sa volonté et sa détermination de diversifier son économie, dont le solde de la balance commerciale est structurellement déficitaire du fait que ces exportations sont constituées essentiellement des produits primaires ou des produits d’extraction à l’état brut, sans valeur ajoutée.

29. Pour sa part, le Gouvernement entend poursuivre les réformes économiques en vue de promouvoir le secteur privé, moteur de l'économie congolaise et s'attellera aussi à améliorer la composition de la dépense, en vue de faire de cette dernière un canal de réduction de la pauvreté en privilégiant les secteurs sociaux, notamment la santé, l'éducation et le développement rural. Dans l’optique de renforcer les mécanismes de l’économie de marché, le gouvernement prendra des mesures appropriées visant à réformer sa politique commerciale, à libéraliser davantage l'exercice des activités économiques, à renforcer le dialogue et le partenariat avec le secteur privé et la société civile, au travers d'une gestion concertée de l'économie, qui vise à instaurer un environnement concurrentiel dans différents secteurs porteurs de croissance.

30. Plus récemment, les "cinq chantiers prioritaires" de la République lancés par le Chef d'État et portant sur la réhabilitation et le développement des infrastructures, l'éducation et la santé, la création d'emploi, l'accès à l'eau, à l'électricité ainsi qu'au logement confirment la volonté irréversible de la RDC de s’inscrire définitivement dans la modernité.

31. À l’échelon multilatéral, le Gouvernement de la RDA a pris des engagements significatifs dans le cadre de l’Accord Général sur le Commerce des Services durant le Cycle d'Uruguay et a fait des consolidations tarifaires. En tant que Pays Moins Avancés, la RDC a bénéficié d'une période de transition pour l'exécution d'un certain nombre de dispositions de divers Accords de l'OMC, tels que les Accords sur l'évaluation en douane, sur l’Accords sur les aspects de droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (ADPIC), et sur les procédures de licences d'importation. C’est l’occasion pour nous ici de réaffirmer l’adhésion de la RDC au système commercial multilatéral fondé sur des règles équitables et avantageuses pour tous et sa participation active aux négociations au titre du programme de Doha. La RDC espère tirer profit de l’initiative "Aide pour le commerce" pour pérenniser son programme de réformes et de modernisation de son secteur commercial.

32. Le Gouvernement de la RDC est conscient que le commerce international joue un rôle moteur dans la promotion du développement et donc dans la lutte contre la pauvreté. C’est pour cette raison que la RDC s’est activement engagée dans les négociations au sein de l'OMC, et au titre du Cycle de développement de Doha, et des accords de partenariat économique avec l'UE, dans le cadre du groupe des pays de l'Afrique Centrale. La RDC reste donc attachée au maintien d’une économie toujours plus ouverte, au système commercial multilatéral et au rapide aboutissement des négociations dans le cadre du Programme de Doha pour le Développement.

33. La RDC est d'avis que les APE devraient être incorporés dans les politiques de développement des pays et régions ACP, et pleinement intégrés dans les politiques de coopération au développement de la Communauté européenne. Les APE devraient favoriser le développement durable, l'intégration progressive et harmonieuse des économies de l'Afrique centrale dans l'économie mondiale et l'éradication de la pauvreté. J’ose croire que les avancées obtenues lors de la Conférence ministérielle de Hong Kong ne seront pas remises dans les négociations en cours, notamment en ce qui concerne l'agriculture et l'aide au commerce.

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34. L’objectif poursuivis par la RDC, en présentant cet examen de politique commerciale, est de créer un environnement règlementaire, fiscal, et institutionnel dans lequel les échanges intérieurs et extérieurs prennent leur essor sans entrave, désenclavant ainsi notre vaste territoire national et l’intégrant aux circuits commerciaux régionaux et internationaux. Néanmoins, en tant que PMA, elle se heurte à des contraintes du côté de l’offre au niveau des infrastructures et de la productivité, et elle est fortement exposée aux fluctuations des prix des produits de base. C’est pourquoi elle espère que les États membres de l’OMC et les partenaires au développement l’appuieront dans ses efforts à surmonter les contraintes du côté de l’offre pour lui permettre de tirer pleinement profit des possibilités d’accès aux marchés créées au niveau multilatéral.

35. De tout ce qui précède, qu’il me soit permis d’affirmer devant l’auguste Assemblée que les perspectives de développement économique de la RDC sont prometteuses et que mon pays reste attaché à la pratique d’une économie libérale toujours plus ouverte, au système commercial multilatéral. Pour terminer qu’il me soit permis de rappeler que la RDC sera toujours respectueuse de ses engagements vis-à-vis de la communauté internationale en général, et de l’OMC en particulier, tout en se réservant le droit d’exercer ponctuellement son pouvoir de régulation sur des matières sensibles au bien-être de sa population toute entière, dans le respect des règles.

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III. DÉCLARATION DU PRÉSENTATEUR, S.E. M. JEAN FEYDER (LUXEMBOURG)

36. La République Démocratique du Congo (RDC) a une superficie de 2 345 000 km2 et est le deuxième plus grand pays en Afrique subsaharienne. Elle a des frontières avec neuf pays. Sa population est estimée à 70 millions d’habitants. Son taux de croissance est de 3%. Environ 30% de la population vit dans les villes. Devenu indépendante en 1960, la RDC a célébré en juin dernier le 50ième anniversaire de son indépendance. Peu favorisée par l’histoire, la RDC émerge de plus de 15 années de guerre, de désordres civils qui ont conduit à un nouvel délabrement du pays, de l’administration et de l’économie. La Constitution de transition adoptée en 2003 consacre un État unitaire et fortement décentralisé. Le pays est organisé en 11 provinces. Une nouvelle subdivision en 25 provinces est prévue après les élections de 2012. L’organisation des entités territoriales décentralisées est en cours.

37. Dans son rapport sur le développement humain 2010, le PNUD classe la RDC au 168ième rang sur 169 pays. Le même rapport signale que la RDC est un des trois pays dont l’Indice sur le Développement Humain (IDH) est inférieur à celui de 1970. La RDC est donc un pays très pauvre. Il compte parmi les pays les moins avancés. L’espérance de vie est de seulement 48 ans; 75 % de la population sont sous-alimentés. Le Produit National Brut (PNB) par habitant est de 182 dollars EU en 2008. Ce niveau moyen de revenu cache de grands écarts de revenus et ne tient pas suffisamment compte du secteur informel.

38. La RDC dispose d’un potentiel économique énorme tant en ce qui concerne l’agriculture que les richesses minières et forestières. Le secteur minier, essentiellement informel, fournit une grande partie du Produit intérieur brut réel et des recettes d’exportation de marchandises. L’agriculture occupe une place importante. Au moins 75% de la population y sont actifs. Le secteur contribue à plus de 40% du PIB. Le secteur manufacturier reste très faible. La part du secteur des services dans le PIB est d’environ 30%. Il connaît un rapide développement depuis les années 2000, surtout dans le domaine de la téléphonie cellulaire.

39. La RDC accuse un important déficit de sa balance des paiements qui est passé de 271 millions de dollars EU en 2000 à 493 millions en 2008. Un chômage élevé, estimé à 40%, explique l’importance du secteur informel qui représente entre 20 et 25% du PIB en 2008. S’y trouvent 80% des emplois non agricoles. Le commerce et l’artisanat occupent une place importante au sein de cette économie informelle, créent des emplois à moindre coût tout en répondant aux besoins de la population.

40. Pour une superficie comparable à celle de l’Europe occidentale, la RDC ne dispose que d’un réseau routier de 2 500 km de routes goudronnées, pour la plupart en mauvais état. Cet immense déficit en infrastructures, notamment de transports, limite singulièrement le développement des secteurs surtout agricole et minier. Seulement 5% de la population a accès à l’électricité.

41. La RDC offre un des climats les moins propices à l’activité économique au monde qu’on se réfère au rapport de Transparency International ou au rapport Doing Business de la Banque Mondiale. S’y ajoutent une corruption aux proportions gigantesques, une absence ou une faiblesse d’État dans de vastes régions du pays, une très grande bureaucratie, une décentralisation qui fonctionne très mal, une multiplicité de taxes prélevées par un nombre incontrôlable d’agents, enfin une persistance d’un climat de violence et d’insécurité surtout à l’Est du pays.

42. Après une décennie de stagnation sinon de régression au cours des années 1990, la RDC a connu, de 2000 à 2008, une nette amélioration du taux de croissance de son PIB qui est passé de -7% à 6% grâce aux réformes entamées en 2001 et des niveaux favorables des prix des matières premières. Ce redressement a toutefois été freiné par la crise financière et économique et la chute des prix d’une série de matières premières. Pour remédier au manque flagrant d’infrastructures, les autorités ont pris

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des mesures notamment en signant avec des entreprises chinoises des contrats de modernisation des infrastructures - de transport de routes, d’installations portuaires et de transports maritimes - en entamant une réforme des domaines de l’énergie et des télécommunications, de promotion des investissements dans les secteurs liés à l’infrastructure, de réforme et de développement du secteur bancaire.

43. Longtemps le Gouvernement a eu à régler une facture mensuelle au titre du service de la dette de 50 millions de dollars EU par mois. En juillet 2010, la RDC a atteint le point d’achèvement de l’initiative des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE). Le déclenchement du point d’achèvement a conduit à un allègement de la dette de l’ordre de 12,3 milliards de dollars EU. Des progrès sont aussi à noter sur le plan budgétaire où les recettes publiques totales ont connu une progression considérable depuis 2000 passant de 10,7% du PIB en 2000 à 30,2% en 2007 avant de retomber à 18,9% en 2008 du fait de la mauvaise conjoncture et de l’absence de nouveaux dons. Les recettes budgétaires sont passées de 3,5% du PIB en 2001 à 14,2% en 2008 provenant surtout du commerce extérieur. La collecte fiscale a été améliorée. Le taux d’inflation, de 511% en 2000 a été ramené à 53% en 2009. La monnaie nationale a connu une dépréciation importante.

44. Si la structure des échanges commerciaux n’a pas changé de manière significative depuis 2000, la part des importations de biens et de services dans le PIB est passée entre 2000 et 2007 de 6,7 à 50,7% tandis que celle des exportations a augmenté de 6,5 à 45,1%. Les exportations totales de marchandises ont été estimées à 3,7 milliards de dollars EU en 2008 contre 1,2 milliard en 2000 grâce avant tout à la hausse des cours mondiaux des matières premières et de leur production en RDC. Les importations durant cette même période ont augmenté encore plus vite en passant de 655 millions à 3,7 milliards de dollars EU en 2008, soit une multiplication par cinq. Il s’agit surtout de produits alimentaires, de combustibles, de machines et de matériels de transport et de machines non électriques dont les prix, pour la plupart, se sont envolés. L’excédent commercial moyen de 447 millions de dollars EU que la RDC a connu entre 2000 et 2005, s’est transformé en déficit d’environ 633 millions de dollars EU entre 2006 et 2008.

45. Pour ce qui est des importations, c’est l’Afrique du Sud qui est devenue le partenaire le plus important suivi de l’UE, de la Zambie et de la Chine. La part de l’UE est tombée entre 2000 et 2008 de 43,5 à 28,9%. Quant aux exportations essentiellement basées sur des produits miniers, les principaux partenaires de la RDC sont l’UE - notamment la Belgique -, la Chine, la Zambie et les États-Unis. De 2000 à 2008, la part de la Chine est passée de 2 à 42,5% tandis que celle de la Belgique a été réduite de 62,3 à 13,17%. Durant cette même période, la composition des exportations s’est modifiée en ce que, la part des diamants s’est réduite de 60 à 12% du total tandis que la part du cuivre est passée de 0,4 à 29,9%, et celle du cobalt de 11,1 à 40,1%. À noter la faiblesse du commerce intra-régional pour les exportations qui sont très peu orientées vers les pays africains à l’exception de la Zambie.

46. S’agissant du commerce des services, la RDC est importatrice nette dans un secteur dominé par les transports et les télécommunications. La valeur de ces importations, jusqu’en 2004 de moins de 550 millions, est passée à plus de 2 milliards de dollars EU en 2008.

47. La RDC attire toujours peu d’investissements étrangers directs étant donné l’environnement économique général et un climat peu favorable au secteur privé. Ils ont néanmoins doublé entre 2004 et 2009 passant de 405 millions à 951 millions de dollars EU après s’être élevés à 1,8 milliards en 2007. Ces investissements sont allés avant tout vers le secteur minier, celui des télécommunications, mais aussi de l’énergie.

48. Le deuxième Programme économique de gouvernement porte sur cinq grands chantiers: les infrastructures, la santé et l’éducation, l’eau et l’électricité, le logement et l’emploi. Les principaux objectifs sont une meilleure gouvernance et la lutte contre la corruption. Un autre objectif de la

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politique commerciale est la réduction des importations de produits alimentaires à travers l’accroissement de la production alimentaire locale, un objectif de bon sens qu’il convient d’encourager fortement. Un autre axe est la diversification des produits d’exportation vers les biens manufacturés à plus forte valeur ajoutée.

49. La RDC est membre originel de l’OMC depuis 1997. Elle accorde au minimum le traitement de la nation la plus favorisée (NPF) à tous ses partenaires commerciaux. Dans le cadre du cycle de Doha, la RDC fait partie du groupe de négociation ACP, du G-90 et des PMA. Sa participation au système multilatéral reste limitée avec seulement huit notifications faites à l’OMC entre 2004 et 2010.

50. La RDC est membre fondateur de l’Union Africaine et membre de trois communautés économiques régionales: la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC); la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA); et la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). Comment la RDC se propose-t-elle de résoudre les contradictions et incohérences résultant de son affiliation à trois Communautés Régionales?

51. La RDC est État partie à l’Accord de Cotonou conclu entre l’UE et les pays ACP. À ce titre, la RDC, comme PMA, bénéficie du régime "Tout sauf les armes" sur le marché de l’UE. Des négociations sur la conclusion d’un Accord de partenariat économique sont en cours entre l’UE et la CEEAC. S’agissant des relations commerciales avec les États-Unis, la RDC peut bénéficier de l’AGOA.

52. Le nouveau Code des investissements a comme objectif d’encourager les investissements nationaux et étrangers. Il n’encourage pas de manière spécifique les investissements liés aux exportations. Les étrangers peuvent être détenteurs de la majorité du capital. Le Code prévoit des avantages fiscaux et parafiscaux. Certains secteurs comme les mines et les hydrocarbures sont soumis à des lois particulières. La RDC est membre de l’Agence multilatérale de garantie des investissements. Des traités d’investissement bilatéraux ont été signés avec une dizaine de pays.

53. Le tarif de la Nation la Plus Favorisée (NPF) appliqué par la RDC est entièrement ad valorem et comporte quatre taux: 0%, 5%, 10% et 20%. Les produits agricoles et les produits non agricoles sont soumis quasiment aux mêmes niveaux moyens de protection nominale, respectivement 11,2 et 11,3%. Une progressivité tarifaire positive est toutefois appliquée notamment dans les industries de textiles, de vêtements et de papiers.

54. La RDC a des niveaux de consolidation de ses lignes tarifaires à des plafonds dont la moyenne simple se situe à 96,2%, soit à 98,1% pour les produits agricoles et à 95,9% pour les produits non agricoles. Cela laisse à la RDC une large marge pour augmenter, en toute conformité avec ses engagements à l’OMC, ses taux appliqués. Un grand nombre d’autres taxes et droits, y compris sur le chiffre d’affaires, sont toutefois prélevées sur les importations sans contrepartie et dans des proportions qui excèdent largement l’utilité des services rendus. Malgré l’institution de guichets uniques tant à l’importation qu’à l’exportation plusieurs autres institutions continuent d’opérer des contrôles systématiques qui se chevauchent qui allongent le temps des formalités administratives et qui en aggravent le coût.

55. La RDC peine à appliquer une législation conforme à l’Accord sur l’OMC sur la valeur en douane. Elle a recours à des valeurs de référence fournies par la société BIVAC. Un certificat phytosanitaire du pays d’origine est requis pour l’importation de tous les végétaux et produits végétaux, un certificat sanitaire pour celle d’animaux et produits animaux. Des droits de sortie sont prélevés sur un certain nombre de produits comme le café vert et les produits minéraux. La RDC ne dispose pas d’une institution chargée de la promotion des exportations ni de leur financement.

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56. Le nouveau Code de 2010 sur les marchés publics encourage la transparence, privilégie le recours à l’appel d’offres mais prévoit des préférences nationales et régionales. Un programme de réforme des entreprises publiques a été lancé devant aboutir soit à leur suppression, soit à leur transformation en des sociétés commerciales ou bien en des établissements publics ou services publics. L’application de la législation sur la propriété intellectuelle reste limitée.

57. L’agriculture est considérée comme un des moteurs de la croissance économique nécessaire à la reconstruction du pays et à la réduction de la pauvreté. Le potentiel économique de l’agriculture est substantiel. Seul 10% des 80 millions d’hectares cultivables sont exploités. Il s’agit en plus d’un secteur à haute intensité en main d’œuvre et pouvant jouer un rôle clé sur le plan de la sécurité alimentaire enfin sur celui de la fourniture d’intrants aux industries locales. Toutefois les importations y compris des intrants et d’équipements sont soumises à une multitude de taxes et de droits ainsi qu’à de lourdes formalités de nature à compliquer la protection que les autorités affirment vouloir réserver aux producteurs locaux.

58. Faute d’une politique agricole digne de ce nom, la productivité agricole a connu, dans toutes les filières, une très grande régression depuis l’indépendance. Les pratiques culturales demeurent archaïques. La production vivrière a cru à un rythme inférieur au taux de croissance démographique ce qui explique l’augmentation de l’insécurité alimentaire dans le pays malgré l’augmentation des importations. Ainsi, 100% des besoins en blé sont couverts par des importations, 20% des besoins en maïs et 90% de ceux en riz.

59. Au nombre des priorités figurent le redémarrage des cultures d’huile de palme, d’hévéa, du cacao, du coton, du thé et du café soit des produits dont la production a été décimée depuis l’indépendance. Une même priorité devrait être réservée au développement des productions vivrières. Un Code agricole et un Code forestier ont été récemment adoptés pour la redynamisation de l’agriculture, l’exploitation forestière, la pêche et l’aquaculture en vue aussi d’une gestion durable des ressources.

60. La RDC dispose de 50 millions d’hectares de forêts denses qui ont été très faiblement exploités jusqu’ici. La forêt congolaise constitue un ‘puits – réserves – de carbone’ significatif à l’échelle mondiale.

61. En ce qui concerne le secteur minier et énergétique, le potentiel du pays est extraordinaire, mais contribue très faiblement à la croissance économique. Le sous-sol, en effet, regorge de cuivre, d’or, de diamant, de cobalt, d’uranium, de manganèse et de zinc notamment. Une très grande partie de l’exploitation et de l’exportation des diamants et de l’or pour ne citer que ces deux produits miniers, font l’objet d’une exploitation informelle, donc non enregistrée. Une exploitation illégale opérée par des sociétés étrangères prive le pays de ressources indispensables. Quelque 200 000 personnes dépendent directement ou indirectement du secteur des mines industrielles et entre 500 000 et 2 millions de creuseurs artisanaux de mines qui agissent souvent dans des conditions de travail marquées par une grande précarité et dangerosité. Chaque année, entre 200 et 400 millions de dollars EU de recettes fiscales proviennent du secteur minier, soit entre 20 et 40% des recettes fiscales totales. Un Code minier a été adopté en 2002. Une taxe ad valorem et une multitude d’autres taxes équivalent à un taux de taxation total de près de 80% rendent pourtant l’exploitation minière et l’exportation de ces produits très peu compétitives.

62. Le secteur manufacturier reste sous-développé et contribue moins de 5% au PIB. La RDC ne dispose pas d’une stratégie claire pour développer ce secteur. Celui-ci se compose de quelques petites unités agro-alimentaires, chimiques, des boissons, de tabac, de textile, de produits forestiers et des biens d’équipement. Le secteur a connu un taux de croissance de 8% entre 2005 et 2008. Mais l’outil de production est souvent obsolète. Les taux de protection, variant entre 10 et 20%, sont irréguliers en fonction des branches de production. Une fiscalité foisonnante, complexe et peu transparente, la

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corruption généralisée, une justice coûteuse et incertaine et un Code des investissements peu attractif créent un environnement peu favorable à l’expansion de ce secteur.

63. Le secteur des services connaît une croissance de plus en plus importante. En 2005, les télécommunications, le transport et les services financiers ont assuré à ce secteur une croissance de 7,8%. Les télécommunications, les technologies de l’information et de la communication, le transport et l’énergie sont les principaux services exposés à la concurrence internationale. La défaillance des infrastructures, l’obsolescence de la réglementation et la forte fiscalité freinent un développement plus important. Cela d’autant plus que la RDC ne dispose pas d’une politique sectorielle pour la promotion du commerce des services. Elle a pris toutefois des engagements dans un certain nombre de branches de services sous l’AGCS. Certaines de ces branches font l’objet d’une ouverture quasi-totale, tandis que d’autres ne le sont que partiellement. Le monopole d’État est maintenu dans les services tels que l’eau et l’électricité, la téléphonie fixe et certains services postaux.

64. Le secteur bancaire reste réduit. La RDC ne compte que quelque 300 000 comptes bancaires. Seules 19 banques sont opérationnelles. La majeure partie des opérations bancaires consiste en la collecte de dépôts et en des opérations de financement à court terme ce qui constitue un principal obstacle au développement des petites et moyennes entreprises. Depuis le début des années 2000, la RDC a vu accroître le nombre d’institutions de messageries financières (IMF), des coopératives de crédits et d’autres formes d’institutions financières établies en ONG. Grâce à leur capacité à mobiliser de l’épargne, la micro-finance facilite l’accès au crédit des agriculteurs et des micros, petites et moyennes entreprises, et les IMF et les coopératives d’épargne et de crédit jouent de plus en plus un rôle important dans la lutte contre la pauvreté.

65. La Société nationale d’assurances (SONAS) exerce un monopole, mais son chiffre d’affaires annuel est limité à quelque 45 millions de dollars EU en 2009. Une amélioration de la performance dans ce secteur serait de nature à favoriser les opérations économiques. L’ouverture du marché à la concurrence inciterait également à la recherche de la compétitivité.

66. En 2008, la RDC a reçu une Aide Publique au Développement (APD) de près de 1,7 milliards de dollars EU. Après plusieurs années de rupture, le pays a à nouveau bénéficié d’une Aide au commerce qui s’est élevé en 2007 à 54 millions de dollars EU en engagements et à 34 millions en déboursements. Cette APD et cette Aide au commerce sont modestes au regard des besoins du pays. Pourtant, depuis 2000, l’APD finance en moyenne chaque année près du tiers du budget de l’État de la RDC. Depuis mars 2008, la RDC bénéficie du programme du Cadre Intégré Renforcé (CIR). L’Étude diagnostique sur l’intégration du commerce (EDIC) a été menée à bien en 2009 et 2010. Cette étude a identifié les principales contraintes au développement du commerce suivantes: absence d’un cadre juridique et commercial adéquat; manque d’infrastructures appropriées de transport, de télécommunications et d’électricité; inefficacité de la structure pour la mise en conformité avec les prescriptions; environnement non propice aux affaires; long processus de dédouanement; et multiplicité des services pirates aux frontières.

67. La RDC a besoin d’un meilleur environnement réglementaire, fiscal, et institutionnel au sein duquel les échanges intérieurs et extérieurs doivent se dérouler sans entrave. Un autre grand défi est celui de la formation et du développement des ressources humaines.

68. Les perspectives économiques de la RDC à court et moyen terme restent encourageantes pour autant que le Gouvernement arrive à stabiliser la sécurité à l’Est du pays. L’injection dans l’économie des ressources additionnelles issues de l’allègement de la dette extérieure est censée stimuler les activités économiques, surtout celles orientées vers la réduction de la pauvreté. Pour y arriver, le Gouvernement doit absolument améliorer sa capacité d’absorption et renforcer sa lutte contre la corruption et assurer une meilleure "bonne gouvernance". La poursuite résolue des projets à forte

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intensité de main d’œuvre tels que la construction de routes et de chemins de fer serait de nature à réduire le chômage et à redynamiser l’économie.

69. La mise en œuvre des conclusions de l’Étude diagnostique (EDIC) par le Gouvernement de la RDC doit aller de pair avec la poursuite et même le renforcement des efforts de coopération de la communauté internationale à l’appui de ceux de la RDC pour consolider les institutions souvent encore très faibles et pour accélérer le développement économique et social. La stabilisation définitive de la RDC tout comme les progrès dans la lutte contre la pauvreté sont à ce prix. L’impact que peut en retirer également une région stratégique pour tout le continent africain ne saurait être surestimé.

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IV. DÉCLARATIONS DES MEMBRES

ÉTATS-UNIS

70. Les États-Unis sont conscients des circonstances particulières qui affectent le contexte de la politique commerciale de la République démocratique du Congo, parmi lesquelles l'immense étendue du pays, son statut de pays moins avancé et le conflit civil armé qu'il a connu dernièrement.

71. Depuis les élections démocratiques de 2006, la République démocratique du Congo, qui est un Membre originel de l'OMC, a démontré qu'elle était résolument favorable à l'ouverture des marchés et déterminée à mettre en œuvre des réformes structurelles qui lui ont permis de commencer à se relever de son marasme économique dû à des années de conflits armés et de troubles civils. Par exemple, il a été prévu de réformer de nombreuses entreprises d'État, y compris dans le secteur des télécommunications, le secteur minier et le secteur de l'énergie. Depuis 2009, le système bancaire commercial a été restructuré et plusieurs nouveaux établissements bancaires commerciaux ont ouvert dans le pays. Le gouvernement a aussi pris des engagements au titre de l'AGCS dans plusieurs secteurs. Nous l'encourageons à appliquer ces engagements aux secteurs des services afin d'accroître la transparence et la prévisibilité et de drainer l'investissement dans ces secteurs, qui sont cruciaux pour la croissance économique et le développement.

72. La RDC s'est portée candidate à l'Initiative sur la transparence des industries extractives, qui vise à accroître la transparence des transactions entre les gouvernements et les entreprises du secteur des industries extractives. Le gouvernement s'apprête également à adhérer à l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), dont les Membres sont convenus d'adopter un ensemble commun de lois commerciales et de soumettre l'interprétation desdites lois à la juridiction finale qu'est la cour de l'OHADA. L'Agence nationale pour la promotion de l'investissement de la RDC a mis en place un guichet unique pour ceux qui souhaitent créer une entreprise dans le pays, et ce afin de limiter les obstacles à l'exercice d'activités commerciales. Si les mesures prises par le gouvernement ces dernières années n'ont pas encore débouché sur l'investissement accru et les échanges commerciaux bilatéraux qu'il souhaitait, elles ont néanmoins permis de poser les fondations d'une réussite future. Par conséquent, nous encourageons vivement le gouvernement à poursuivre ses réformes économiques et sa politique de libéralisation. Les mesures de libéralisation économique qu'il a adoptées ne sont pas restées lettre morte auprès des donateurs et des institutions financières internationales. Reconnaissant les progrès accomplis en matière de réformes économiques, les conseils d'administration du FMI et de la Banque mondiale ont voté en faveur de la sortie de la République démocratique du Congo de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés en juillet 2010. Par suite, la semaine dernière, les pays créanciers du Club de Paris sont convenus d'annuler 7,35 milliards de dollars sur les dettes bilatérales de la RDC. Les États-Unis se sont associés à d'autres créanciers pour féliciter le gouvernement des réformes économiques mises en œuvre, soulignant cependant qu'il restait beaucoup à faire.

73. La République démocratique du Congo rencontre encore de nombreuses difficultés dans ses efforts pour améliorer son environnement en matière de commerce et d'investissement, et pour utiliser le commerce afin de dynamiser sa croissance économique, son développement, et sa lutte contre la pauvreté. Malgré les progrès accomplis depuis 2006 et en dépit des ressources naturelles dont elle est dotée, la République démocratique du Congo reste un pays moins avancé présentant un environnement économique complexe. Le climat des affaires souffre considérablement – entre autres choses – de l'insuffisance des infrastructures, des problèmes de corruption et de la lourdeur des procédures administratives. À notre avis, ces facteurs, associés à de sérieuses préoccupations en rapport avec les droits de l'homme, ont eu des répercussions négatives sur la capacité du pays à développer le commerce et l'investissement. Nous exhortons le gouvernement à se pencher en priorité sur ces questions et à les résoudre de toute urgence. Nous l'encourageons également à continuer de

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lutter contre le travail des enfants dans tous les secteurs et nous attendons avec intérêt de constater de nouveaux progrès dans ce domaine.

74. Les efforts accrus du gouvernement pour améliorer les conditions d'investissement sont bienvenus, en particulier ceux visant à garantir le traitement équitable des investisseurs et l'application totale et transparente des lois et des règlements relatifs au commerce et à l'investissement. Les entreprises qui exercent actuellement des activités en République démocratique du Congo sont ses meilleurs alliés pour attirer le commerce et l'investissement étrangers. Nous sommes toutefois préoccupés par le nombre croissant de différends commerciaux entre le gouvernement et les entreprises multinationales qui exercent des activités en RDC. Si ces entreprises estiment que leur traitement est entaché de corruption et d'inégalités, elles feront passer le message aux futurs investisseurs et négociants.

75. Nous reconnaissons que la République démocratique du Congo doit bénéficier de programmes de renforcement des capacités commerciales pour être à même d'améliorer son environnement commercial et de participer plus effectivement à l'OMC. Les États-Unis offrent de tels programmes ainsi que l'assistance technique connexe par l'intermédiaire de leur centre régional d'Afrique de l'Est et d'Afrique centrale pour la promotion de la compétitivité commerciale, situé à Nairobi (Kenya). En outre, ils soutiennent les activités d'assistance liée au commerce menées par le Secrétariat de l'OMC en contribuant au Fonds global d'affectation spéciale pour le Programme de Doha pour le développement. Nous souhaitons être informés des intentions du gouvernement pour relever les défis auxquels il est confronté afin de convaincre ses partenaires techniques et financiers qu'une assistance supplémentaire est justifiée. À cet égard, il semble y avoir un double défi: 1) mobiliser davantage de ressources sur une base stable pour développer l'infrastructure et les capacités de production; et 2) identifier et définir clairement et précisément les actions prioritaires.

76. Je souhaite mettre en évidence certains aspects du rapport du Secrétariat qui méritent une attention particulière. D'après ce rapport, les importations sont soumises à de nombreuses redevances non tarifaires qui ne sont pas en rapport avec le coût des services rendus et qui constituent des taxes supplémentaires sur le commerce. Toute redevance excessive empêche le commerce de stimuler la croissance et le développement. En outre, malgré la création d'un guichet unique pour les importations et les exportations, plusieurs autres institutions continuent d'opérer en dehors de celui-ci, allongeant ainsi le temps des formalités administratives et en accentuant les coûts. L'inspection avant expédition est aussi obligatoire pour les importations à partir de 2 500 dollars, et la redevance correspondante est à la charge de l'importateur. Si les sociétés d'inspection avant expédition procèdent au dédouanement (et le facturent), nous nous demandons pourquoi les importations font malgré tout l'objet de si nombreuses redevances.

77. Nous encourageons le gouvernement de la République démocratique du Congo, ainsi que les gouvernements des pays voisins, à poursuivre leurs efforts pour réglementer le commerce des minéraux extraits de l'est du pays qui ont été utilisés par des groupes armés pour alimenter les conflits. La poursuite de la collaboration du gouvernement avec les instances internationales sera cruciale pour juguler le commerce illicite.

78. Enfin, le gouvernement de la République démocratique du Congo ne semble pas avoir accordé suffisamment d'attention à la protection des droits de propriété intellectuelle. Ces droits sont en principe protégés par des lois dont l'application demeure toutefois limitée, favorisant ainsi de nombreux cas d'infractions. La protection énergique des droits de propriété intellectuelle aide à attirer l'investissement, aussi nous prions instamment le gouvernement de dûment en tenir compte dans ses débats politiques. Par ailleurs, d'après le Secrétariat, le gouvernement n'a pas encore notifié à l'OMC sa législation sur les droits de propriété intellectuelle, ni désigné de point de contact, comme le stipule l'Accord sur les ADPIC. Nous aimerions savoir quelles sont les intentions du gouvernement en matière de notification de sa législation à l'OMC, et quand il désignera son point de contact. Nous

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attendons avec intérêt la promulgation de la nouvelle loi qui serait en cours d'élaboration pour mettre la législation intérieure en conformité avec les dispositions pertinentes de l'OMC et de l'OMPI.

79. Les États-Unis ont présenté plusieurs questions en vue d'obtenir des éclaircissements et des renseignements complémentaires sur certains points soulevés dans les rapports du gouvernement et du Secrétariat. Nous attendons en particulier les réponses du gouvernement à nos questions, y compris celles ayant trait à ses pratiques en matière de licences d'importation et à ses intentions en ce qui concerne les mesures sanitaires. Nous prévoyons d'examiner attentivement ces réponses.

80. En conclusion, les États-Unis estiment que les PMA tels que la République démocratique du Congo ont beaucoup à gagner d'un résultat équilibré et ambitieux dans les négociations de Doha, incluant un véritable nouvel accès aux marchés pour tous. Un tel résultat pourrait accroître encore les possibilités de croissance du commerce et de l'investissement dans votre pays et, partant, vous aider à concrétiser vos aspirations en matière de développement.

JAPON

81. J'aimerais commencer par aborder la politique et l'environnement économiques de la République démocratique du Congo. Grâce à la réforme structurelle mise en œuvre avec l'aide de la Banque mondiale et du FMI, la RDC est sortie du marasme économique causé par ses conflits armés des années 1990. Elle a connu une croissance moyenne de 6 pour cent par an entre 2001 et 2008. Le Japon apprécie les divers efforts qu'elle a faits pour mettre en place des politiques macro-économiques saines, notamment une politique monétaire et budgétaire restrictive, qui ont permis de réduire le taux d'inflation et d'équilibrer le budget.

82. En outre, les orientations adoptées par le Président Kabila dans le cadre des "cinq grands chantiers de la RDC" ont progressivement donné des résultats visibles dans le renforcement des infrastructures telles que le réseau routier. Le Japon salue ces efforts, qui ont créé un environnement plus favorable à l'investissement.

83. À cet égard, le Japon a soutenu le renforcement des infrastructures grâce à des dons. Selon l'analyse donnée dans l'EDIC, le manque d'infrastructures est l'un des principaux freins au développement du commerce et de l'industrie en RDC. Nous avons bon espoir que leur renforcement contribuera à l'accroissement de l'IED et au développement économique, en conjonction avec l'expansion du commerce.

84. Cela étant, puisque dans ses rapports Doing Business pour 2008 et 2009, la Banque mondiale a classé la RDC au dernier rang des pays offrant des conditions favorables sur un total de 182, celle-ci doit s'attacher sérieusement à améliorer son environnement économique et son contexte d'investissement. Nous avons appris que la RDC avait institué un comité de pilotage Doing Business pour mettre en œuvre des mesures destinées à améliorer l'environnement économique. Le Japon souhaite former le vœu que cela débouche sur des résultats fructueux et concrets. Il serait utile que la RDC présente à ce Comité certaines des réalisations accomplies.

85. S'agissant des divers secteurs, je souhaite formuler trois observations au sujet des politiques relatives au commerce et à l'investissement. Premièrement, dans le secteur minier, nous nous félicitons de l'adoption du Code des mines et du dépôt de candidature à l'Initiative sur la transparence des industries extractives. L'industrie minière étant la première branche d'activité exportatrice en RDC, nous estimons qu'une transparence accrue aidera à séduire les investisseurs. Cependant, d'après le rapport du Secrétariat, la charge fiscale a atteint 80 pour cent et semble décourager les échanges commerciaux. Nous souhaitons savoir si des initiatives sont envisagées ou adoptées en vue d'attirer les investissements et de promouvoir les exportations à cette fin.

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86. Deuxièmement, en ce qui concerne le secteur manufacturier, le Secrétariat explique dans son rapport que la progressivité positive des droits de douane protège certaines branches d'activité, mais qu'elle fausse probablement la concurrence internationale. De plus, pour d'autres produits, la progressivité mixte des droits de douane semble faire augmenter les coûts de production, ce qui va à l'encontre de l'intention de la RDC de développer son secteur manufacturier. Nous aimerions connaître les vues de la RDC sur cette structure tarifaire dans l'optique de sa politique industrielle.

87. Troisièmement, nous souhaitons évoquer le secteur des services. Il a rapidement pris son essor, enregistrant une croissance moyenne de 7,8 pour cent par an. Dans ce secteur, les services de télécommunications ont été cités comme un bon exemple de libéralisation dans le rapport du Secrétariat. Le Japon escompte que la RDC continuera de faire évoluer sa politique de libéralisation dans d'autres secteurs, en se basant sur le modèle de réussite qu'est le secteur des services de télécommunications. Nous espérons qu'une libéralisation appropriée des services de base sera bénéfique à l'économie dans son ensemble, grâce à des prestations plus larges et plus fiables.

UNION EUROPÉENNE

88. Pour ce premier examen de la politique commerciale, je vais commencer avec quelques mots sur le contexte économique de la RDC. Après un déclin économique de plusieurs décennies dû notamment à l'insécurité des années 1990, la RDC - actuellement classé Pays Moins Avancé (PMA) - s'est de nouveau engagée dans un processus de "décollage" et de redressement économique, aidé par son engagement dans la mise en œuvre de réformes, et également par des facteurs externes. Comme la RDC le déclare elle-même dans son Rapport - l'année 2002 a marqué le commencement d'un processus de transition démocratique durable, qui a permis à la RDC de rétablir ses institutions après les élections démocratiques et de mettre progressivement le pays sur la voie de la reconstruction et de la modernisation.

89. Les autorités de RDC ont fait des progrès dans des secteurs clés de gouvernance économique. Des améliorations notables ont été effectuées récemment dans le domaine des marchés publics (Code des marchés publics), de la gestion budgétaire (avec des procédures améliorées pour la chaîne de dépenses, y compris au niveau des provinces, et une diminution substantielle de l'utilisation de la procédure dite "d'urgence ") ainsi qu'en matière de gestion des finances publiques dans son ensemble (notamment par l'adoption de la stratégie PFM dont la mise en œuvre est coordonnée avec par le Comité d'Orientation de la Réforme des Finances Publiques). La procédure engagée par la RDC pour devenir membre du Traité de l'Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) doit également être considérée comme une étape clé pour l'amélioration du climat des affaires du pays.

90. L'UE est également heureuse de noter qu'après une période de difficultés de mi-2008 à mi-2009 due à la récession mondiale, la RDC, avec l'aide de plusieurs partenaires au développement (le FMI, la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, l'Union Européenne et la Belgique) a pu progressivement stabiliser son cadre macroéconomique et a pu atteindre une croissance de 6,1% de son PIB.

91. En outre, le fait que la RDC a atteint en juillet 2010 le point d'achèvement de l'Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) prouve que les réformes mises en œuvre ont conduit la RDC sur la bonne voie. Malgré les nombreuses pressions, le gouvernement de la RDC a pu limiter ses dépenses publiques en fonction de ses ressources. Cet effort devra cependant être poursuivi notamment pour augmenter des recettes fiscales, l'un des points clés pour maintenir une saine politique fiscale bien après le point d'achèvement PPTE.

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92. L'Union européenne félicite la RDC pour ces résultats et l'encourage à poursuivre la mise en œuvre de toutes les réformes en cours et prévues avec la même énergie, tout en gardant le développement économique et social durable comme objectif central de ses réalisations.

93. Malgré tous ces aspects positifs et encourageants obtenus récemment, beaucoup reste à faire. Bien que la RDC ait donné la priorité à l'amélioration du climat des affaires par la mise en œuvre de certaines mesures encourageantes (comme l'adhésion à l'OHADA), la réalité vécue par les opérateurs économiques sur le terrain est encore différente et difficile. Nous aimerions souligner que la clé pour une croissance économique durable et une économie diversifiée sera l'amélioration du climat des investissements en résolvant les problèmes sérieux d'infrastructure, en réduisant la part importante qu'occupe le secteur informel dans l'économie, en s'attaquant à la corruption, en simplifiant des procédures administratives complexes, en éliminant l'imposition discriminatoire des importations, en améliorant davantage la sécurité juridique afin de rendre l'environnement économique plus stable et prévisible - une condition de base pour l'investissement.

94. Une attention particulière devrait être donnée à la mise en œuvre effective de la Loi sur les Marchés Publics, ainsi qu'aux réformes des entreprises du secteur public encore trop dépendantes des recettes publiques de l'État. Le "Code agricole" qui a été soumis au Parlement depuis un certain temps doit maintenant être validé. Par ailleurs, nous accueillons favorablement la stratégie sectorielle de développement rural et agricole qui a été adoptée par la RDC en mars 2010. Il est à noter que la RDC a indiqué rencontrer des difficultés dans la mise en œuvre de l'Accord sur la Valeur en Douane de l'OMC; sur ce point, nous encourageons la RDC à intensifier ses efforts dans la mise en œuvre de cette nouvelle législation. Nous encourageons également la RDC à engager les réformes dans le domaine de la concurrence, et à améliorer l'application des droits de la propriété intellectuelle.

95. La diversification de l'économie est un objectif essentiel qui a déjà été mentionné. Sur ce point, il faut se réjouir de la part croissante du secteur des services dans l'économie de la RDC; néanmoins, nous encourageons la RDC à poursuivre la libéralisation dans plusieurs secteurs importants ainsi que dans les services de base.

96. Le commerce et les politiques commerciales sont essentiels pour faire réussir le développement durable. La participation de la RDC au programme Cadre Intégré Renforcé (CIR) - à noter que l'étude diagnostique sur l'intégration du commerce a été approuvée en juillet 2010 - les efforts en cours du Ministère du Commerce pour intégrer le commerce dans le Deuxième Document de Stratégie pour la Croissance et pour la Réduction de la Pauvreté (DSCRP II) doivent être remarqués et encouragés. L'UE se félicite de ces résultats non seulement parce qu'elle est l'un des principaux partenaires économiques et commerciaux de la RDC, mais également parce qu'elle est le principal partenaire en matière de développement - l'UE a en effet alloué à la RDC approximativement 1 milliard d'euros depuis 2002 (dont un tiers sous forme d'aide humanitaire). L'Union européenne tient à réaffirmer sa disponibilité pour aider les autorités de RDC à mettre en œuvre le programme d'aide au commerce. Au cours des dernières années, l'UE a soutenu la RDC dans le développement et la réhabilitation de son infrastructure. À cet effet 193 millions d'euros ont été mis à disposition, notamment pour la réhabilitation des routes. De plus, l'UE a soutenu l'informatisation des bureaux de douane dans la région du Katanga et a fourni au Ministère du Commerce un conseiller résident en appui aux négociations commerciales en cours (y compris les APE). Nous sommes également heureux de vous informer qu'un programme d'aide pour le commerce financé par l'UE pour un total de 16 millions d'euros sera opérationnel à partir de novembre 2010. Cette enveloppe en matière d'aide au commerce sera complétée par d'autres investissements dans les infrastructures de transport, notamment routières et fluviales pour un montant de 287 millions d'euros.

97. Tandis que les négociations de l'Accord de Partenariat Economique (APE) avec la région Afrique centrale sont en cours, la RDC bénéficie du régime spécial "Tout sauf les Armes" destiné aux

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Pays Moins Avancés et qui permet à la RDC d'exporter ses produits sur le marché européen en franchise de droits et sans quota.

98. Sur les APE, nous aimerions apporter la clarification suivante: le Rapport du Gouvernement stipule que "Dans un souci d'efficacité, la RDC souhaite que l'UE évite d'attendre jusqu'en 2010 pour réaliser l'objectif de 2 milliard d’euros pour l'aide au commerce, puisque les APE sont supposés entrer en vigueur le 1er janvier 2008." L'Union européenne aimerait clarifier que sa stratégie d'aide au commerce vise à permettre à tous les pays en développement, particulièrement les pays les moins avancés, de mieux intégrer le système de commerce mondial et d'utiliser plus efficacement le commerce et d'une manière durable dans l'éradication de la pauvreté. Conformément à sa stratégie d'aide au commerce, un total de 2 milliards d'euros sera potentiellement disponible chaque année à partir de 2010. Environ la moitié de ce montant est réservé aux pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique avec qui l'UE négocie actuellement des accords de partenariat économique. Ces fonds seront disponibles pour les besoins prioritaires identifiés par les États ACP et inscrits dans leurs politiques et programmes nationaux et régionaux.

99. Toujours au sujet des APE, le rapport du Gouvernement stipule que "la RDC souhaite voir l'introduction d'un mécanisme de suivi efficace qui fonctionne dans le cadre général des relations UE-ACP, et également au niveau régional". Ici, nous aimerions clarifier, que le suivi de l'APE peut être une activité inscrite dans l'accord lui-même et que dans ce cas, sa définition et son contenu sont le résultat d'une décision commune entre les parties. La mise en œuvre du monitoring peut alors être faite dans le cadre des institutions communes prévues par l'APE. La RDC est invitée à faire toute proposition sur cette question pendant les prochaines négociations.

100. L'UE se réjouit que le développement social et économique durable, ainsi que la réduction de la pauvreté, soient les objectifs fondamentaux des stratégies à long terme de la RDC, comme il est indiqué dans le Document de Stratégie pour la Croissance et pour la Réduction de la Pauvreté et dans le Programme national multisectoriel de reconstruction. Nous notons que l'objectif de la politique commerciale de la RDC est de créer un environnement réglementaire, fiscal et institutionnel dans lequel le commerce intérieur et extérieur peuvent se développer sans encombre, ouvrant le vaste territoire du pays et l'intégrant aux échanges commerciaux régionaux et internationaux. Les liens entre commerce et développement durable étant cruciaux, nous aimerions demander à la RDC de préciser la façon dont elle envisage de poursuivre la recherche de synergies entre les politiques commerciales et le développement durable.

101. En conclusion, je voudrais renouveler mes encouragements à la RDC pour qu'elle continue les réformes et l'amélioration de son environnement domestique afin de le rendre plus favorable aux investissements. Si de nombreux défis sont encore à relever, la RDC possède cependant de nombreux atouts pour continuer sur la voie du développement. La RDC peut compter sur l'appui de l'UE pour l'y aider. L'UE attache une grande importance au partenariat avec la RDC et nous espérons continuer à travailler ensemble pour le développement durable et l'éradication de la pauvreté en RDC. L'UE est convaincue que lors du prochain examen de politique commerciale de la RDC nous serons en mesure de relever de nouveaux progrès.

TERRITOIRE DOUANIER DISTINCT DE TAIWAN, PENGHU, KINMEN ET MATSU

102. Nous apprenons avec plaisir que la RDC a connu une croissance économique relativement stable et soutenue ces dernières années – soit une augmentation moyenne du PIB de 6 pour cent par an de 2001 à 2009, due en partie aux réformes structurelles menées par le gouvernement. Nous nous félicitons aussi du fait qu'en juillet 2010, au terme de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, la RDC ait bénéficié d'un allègement de sa dette de quelque 12,3 milliards de dollars EU, qui devrait beaucoup l'aider à développer davantage les infrastructures dont elle a tant besoin et à créer de nouveaux emplois.

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103. La RDC est pourtant toujours confrontée à un certain nombre de difficultés réellement importantes en ce qui concerne les infrastructures, les procédures administratives, le régime fiscal, le système juridique et l'accès au crédit, et tous ces facteurs ne permettent pas de faire des affaires facilement dans le pays, comme l'illustre le rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale. À l'évidence, il faut mener de vastes réformes des politiques commerciales et améliorer l'environnement commercial ainsi que les conditions de l'investissement étranger et intérieur. D'autres mesures sont nécessaires pour accroître la productivité, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et de l'énergie ainsi que dans le secteur minier et le secteur manufacturier. La RDC devra aussi diversifier ses exportations, élargir l'éventail de ses partenaires commerciaux traditionnels et faire un meilleur usage de ses ressources naturelles abondantes.

104. À cet égard, nous savons tous que le système commercial multilatéral de l'OMC offre quelques outils précieux qui peuvent aider un Membre à diversifier son économie et à développer son commerce. En outre, le fait de tirer le meilleur parti de l'Aide pour le commerce et de poursuivre la libéralisation des échanges peut aider à améliorer les résultats du secteur des services et du secteur industriel, et à accroître considérablement leur part du PIB. Nous estimons aussi que la RDC aurait intérêt à améliorer sa mise en œuvre des Accords de l'OMC. Enfin, nous l'encourageons à participer aussi activement que possible au système et aux négociations dans le cadre du PDD, car cela pourrait l'aider à obtenir un soutien substantiel et une assistance technique de la part de la communauté internationale, et à mieux exploiter les préférences commerciales qui lui ont été accordées.

105. La valeur totale de notre commerce mutuel s'établissait exactement à 18 millions de dollars EU en 2009 mais pour l'instant, nous avons observé une augmentation notable des échanges cette année – soit un total de 38 millions de dollars EU rien que pour les huit premiers mois de 2010. Nous nous réjouissons du développement de nos échanges commerciaux mutuels à l'avenir, en particulier dans les secteurs de nos économies respectives qui sont complémentaires.

106. En conclusion, nous sommes favorables à la poursuite et à l'approfondissement du programme de réformes structurelles et de réformes de l'investissement mené par la RDC en vue d'améliorer l'environnement économique et d'accroître la productivité. Nous souhaitons aussi encourager la RDC à trouver un juste équilibre entre ses objectifs de politique économique, sociale et de développement durable.

CHINE

107. La Chine note avec plaisir que les conflits armés ont cédé la place aux réformes économiques, qui ont été le principal thème de société en République démocratique du Congo pendant ces dix dernières années, et plus particulièrement depuis 2006. En conséquence, l'économie s'est développée à un rythme régulier, enregistrant un taux de croissance moyen de 6 pour cent par an au cours de la période 2001-2009. Le rapport du Secrétariat a répertorié de nombreux atouts de l'économie de la RDC, comme son vaste territoire, son climat favorable, son sol fertile, et ses ressources forestières, lacustres, et minières – y compris pétrolières – abondantes. Le Secrétaire général a présenté tous ces éléments en détail dans ses remarques liminaires. Toutefois, plusieurs contraintes liées aux infrastructures, aux institutions et à l'administration ont empêché la RDC de réaliser pleinement son potentiel, si bien qu'elle reste un pays moins avancé. La Chine espère que la RDC pourra s'inspirer de son expérience fructueuse de la décennie passée, mener de nouvelles réformes structurelles et améliorer son environnement économique afin de tirer davantage de personnes de la pauvreté.

108. S'agissant des politiques en matière de commerce et d'investissement, la Chine se réjouit d'apprendre que la RDC vise la promotion du commerce, en particulier la diversification des exportations de produits manufacturés, l'accroissement de la production nationale de biens alimentaires afin de réduire la dépendance à l'égard des importations dans ce domaine, et la consolidation de ses marchés traditionnels et de sa participation au système commercial multilatéral.

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La RDC a le mérite d'adopter ou envisager d'ores et déjà des mesures visant à améliorer l'environnement économique et drainer les investissements nécessaires pour doper la production nationale. Par exemple, un nouveau code a été adopté en 2002 afin de faciliter et d'encourager les investissements nationaux et étrangers dans les domaines d'activité qui sont cruciaux pour le développement économique du pays, à savoir l'amélioration des infrastructures, la valorisation des ressources naturelles, et la création d'une base industrielle solide.

109. Permettez-moi à présent d'évoquer brièvement nos relations bilatérales. La Chine et la République démocratique du Congo ont signé leur premier accord commercial en janvier 1973, lorsque cette dernière portait encore son ancien nom de République du Zaïre. Le Comité mixte de la coopération commerciale et économique, créé en décembre 1984, a tenu sa huitième session à Kinshasa en mai dernier. Depuis le rétablissement de la paix en RDC, nos échanges bilatéraux se sont rapidement développés. En 2009, le volume total du commerce se chiffrait à 1,46 milliard de dollars EU, soit une diminution de 20 pour cent imputable à la crise financière. Cependant, au cours des neuf premiers mois de cette année, il a progressé de 122,4 pour cent pour s'établir à 2,14 milliards de dollars EU. Les importations et les exportations de la RDC se chiffrent respectivement à 330 millions et 1,81 milliard. Depuis le 1er juillet 2010, la plupart des produits exportés bénéficient de l'admission en franchise de droits sur le marché chinois. À l'heure actuelle, nos deux pays sont en train de négocier un accord sur l'investissement. En septembre 2010, les investissements directs de la Chine en RDC se chiffraient à 400 millions de dollars EU. À la quatrième Conférence ministérielle du Forum de coopération Chine-Afrique, tenue en novembre dernier, la Chine a annoncé huit nouvelles mesures de promotion de la coopération entre elle et les pays d'Afrique. La Chine souhaite renforcer sa communication avec la RDC afin de mieux mettre en œuvre les mesures visant spécifiquement ce pays.

110. Cela m'amène à un autre thème important, qui est l'Aide pour le commerce. La Chine observe qu'à l'instar de beaucoup d'autres pays en développement, en particulier les PMA, l'une des plus grandes difficultés auxquelles la RDC doit faire face pour atteindre ses objectifs de développement est liée aux contraintes du côté de l'offre. C'est précisément là que l'Aide pour le commerce peut intervenir. La Chine apprécie que le Secrétariat ait consacré une section entière de son rapport à l'examen exhaustif de l'Aide pour le commerce, qui présente non seulement certaines données de base ainsi que les priorités de la RDC, mais aussi des questions comme celles de savoir comment rapprocher les besoins et l'assistance, et quelles sont les perspectives d'avenir. À notre sens, cette section est une bonne base pour approfondir le travail accompli au titre de l'Aide pour le commerce en faveur de la RDC.

111. Enfin, la Chine estime qu'un résultat équilibré et axé sur le développement à l'issue du Cycle de Doha procurera des avantages tangibles à tous les pays en développement Membres, y compris les PMA. La Chine est disposée à travailler de manière constructive avec l'ensemble des Membres pour saisir l'opportunité qui s'offrira en 2011, conformément aux consignes des dirigeants présents au Sommet du G-20 à Séoul, pour achever le Cycle en temps utile. La Chine souhaite aussi rappeler qu'elle est favorable à l'obtention de résultats rapides sur des questions telles que le coton, l'accès aux marchés en franchise de droits et sans contingent, et l'octroi d'une dérogation relative aux services, qui sont d'une importance cruciale pour les PMA.

TURQUIE

112. Nous avons pris note des progrès remarquables accomplis par la RDC depuis 2001 et la fin des conflits armés. Une croissance et une discipline budgétaire fortes et stables facilitant la poursuite du développement économique semblent maintenant être bien en place. Sur ce point, nous félicitons également la RDC d'être arrivée au point d'achèvement de l'initiative d'allègement de la dette en sa faveur en juillet 2010. Cela a fourni une base ainsi que de nouvelles possibilités de réforme dont l'économie avait grand besoin. Nous estimons encourageant que des ressources financières aient été

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débloquées pour accélérer la mise en œuvre des projets d'infrastructures, y compris ceux concernant le transport, entre autres choses.

113. Nous espérons que la RDC poursuivra sur cette voie et qu'elle profitera, dans toute la mesure du possible, de l'environnement macro-économique favorable pour mobiliser son vaste potentiel et améliorer son environnement économique. À cet égard, entre autres changements apportés pendant la période à l'examen, nous saluons en particulier plusieurs initiatives comme l'instauration d'un régime simplifié de droits de douane, l'élimination des restrictions quantitatives, et la mise en place d'un système informatisé de gestion douanière.

114. Si le rapport du gouvernement détaille les autres changements apportés aux orientations, des changements aussi complets nous rappellent l'importance qu'il y a à approfondir aussi la mise en œuvre. Nous souscrivons en outre à l'évaluation du Secrétariat en ce qui concerne certains défis qui attendent la RDC. Sur ce point, il nous semble que le fait de favoriser une coordination plus étroite entre les divers organismes gouvernementaux et d'accroître la transparence des activités commerciales fera une différence notable dans l'économie de la RDC.

115. Nos relations commerciales bilatérales avec la République démocratique du Congo sont toujours embryonnaires. Pour l'heure, nous étudions divers moyens d'améliorer nos rapports. Nous avons tenu la première réunion de la Commission économique conjointe en Turquie en 2009 et, à cette occasion, nous avons pu discuter des façons d'améliorer nos relations avec le Ministre de la coopération internationale et régionale, l'Ambassadeur Raymond Tshibanda N'Tungamulongo.

116. À l'heure actuelle, nous étudions la possibilité de conclure un accord de libre-échange ainsi que plusieurs autres accords dans divers domaines comme l'investissement et l'imposition. Parallèlement, nous examinons aussi les différentes solutions possibles en matière d'assistance technique. Avant de conclure, nous souhaitons indiquer que nous sommes prêts à contribuer au développement économique de la RDC par tous les moyens dont nous disposons.

BRÉSIL

117. Le Brésil se réjouit que la RDC ait nettement amélioré ses résultats économiques pendant la période considérée. La croissance annuelle moyenne de son PIB est de 6 pour cent depuis 2001, ce qui représente sans conteste une solide expansion. En outre, des politiques macro-économiques prudentes ont permis d'enrayer l'inflation très élevée qui a sévi dans le pays jusqu'en 2001. Il s'agit de signes encourageants qui montrent que, grâce à un environnement politique stabilisé, la RDC se rapproche d'une stratégie de développement plus durable.

118. Toutefois, le revenu par habitant reste très bas: s'il s'établissait à 182 dollars EU en 2008, il restait en deçà du niveau de 1990 (soit 204 dollars EU) malgré des gains importants à partir de 2001. Cela démontre le fait que des efforts cohérents à long terme seront nécessaires pour éradiquer la pauvreté.

119. L'absence de diversification économique, conjuguée à un ratio du commerce au PIB très élevé, rend la RDC extrêmement vulnérable à des facteurs exogènes tels que les fluctuations des cours des produits de base. Cette vulnérabilité est accentuée par les faibles progrès réalisés dans le développement des infrastructures et par la persistance de faiblesses institutionnelles. Ces obstacles sont difficiles à surmonter, mais les rapports du gouvernement et du Secrétariat font état d'évolutions encourageantes qui contribueront à améliorer les perspectives de la RDC pour ce qui est de maintenir sa croissance économique récente et de réduire l'extrême pauvreté.

120. Dans le même ordre d'idées, le Brésil félicite le gouvernement de la RDC d'être parvenu au point d'achèvement de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés. Si l'allègement de la dette

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et les autres programmes d'aide extérieure ne peuvent pas remplacer la production et le commerce pour assurer, à terme, le développement économique, ils peuvent y contribuer en permettant aux pays pauvres d'affecter leurs ressources financières modestes à leurs besoins les plus cruciaux.

121. Le Brésil espère que les progrès accomplis dernièrement par la population et le gouvernement de la RDC ne sont que le début d'un cycle vertueux dont le pays a grand besoin et qui le conduira sur la voie d'une plus grande prospérité au cours des prochaines années.

122. Nous espérons aussi que nos relations bilatérales deviendront de plus en plus un élément positif dans ce processus. En octobre dernier, par l'intermédiaire du Bureau du Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, le Brésil a fourni une assistance humanitaire à concurrence de 1 million de dollars EU pour soutenir les actions visant à renforcer le mécanisme de réparation et l'accès à la justice en faveur des victimes de conflits en RDC. Au début de ce mois, le Ministre Celso Amorim s'est rendu à Kinshasa, où il s'est entretenu avec les autorités congolaises au sujet des questions bilatérales et régionales.

123. Les échanges bilatéraux entre le Brésil et la RDC ont été multipliés par 20 entre 2002 et 2009, passant de 2,8 millions à 58,5 millions de dollars EU. La part des importations de la RDC en provenance du Brésil s'est nettement accrue, et nous souhaitons vivement trouver des moyens d'élargir en conséquence l'accès des exportations congolaises à notre marché. En outre, la poursuite de la coopération technique dans des domaines tels que les biocarburants, l'enseignement, la santé et la politique environnementale offre une excellente occasion de développer notre partenariat.

CANADA

124. Le niveau commercial entre le Canada et la RDC n'est pas extrêmement élevé. En 2009, la RDC était notre 17ème partenaire commercial en Afrique subsaharienne – le commerce bilatéral, qui se composait en grande majorité d'exportations du Canada à destination de la RDC, se chiffrait alors à un total de 19,1 millions de dollars canadiens. Les investissements canadiens en RDC sont toutefois nettement plus importants et s'établissaient à plus de 3 milliards de dollars canadiens en 2009, essentiellement dans le secteur minier. Ce niveau élevé d'investissement dans un pays ayant éprouvé un certain nombre de difficultés à essayer de mettre en œuvre des réformes réglementaires et économiques a naturellement des conséquences pour le Canada, pour lequel le fait de suivre et d'aider le gouvernement de la RDC dans ses tentatives visant à instaurer une économie saine, stable et plus favorable aux investisseurs et aux entreprises, présente un intérêt indirect mais certain.

125. Comme il est mentionné dans le rapport du Secrétariat, le secteur des télécommunications est un véritable modèle de réussite en RDC depuis sa libéralisation, qui a été bénéfique à l'économie dans son ensemble. Il est encourageant de constater que la RDC reconnaît que la libéralisation d'autres secteurs cruciaux de l'économie, et plus spécifiquement des services financiers, peut être un vecteur de la croissance économique dans le futur.

126. Le Canada souhaite aussi saluer le fait qu'en début d'année, la RDC soit parvenue au point d'achèvement de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés, qui lui a permis de bénéficier d'un allègement de 12,3 milliards de dollars EU de sa dette. Maintenant que ces fonds sont débloqués, il appartient au gouvernement congolais de les investir de manière adéquate et transparente dans sa propre société. Ainsi qu'il est indiqué dans le rapport du Secrétariat, ces fonds peuvent être affectés à des projets sociaux et à des projets d'infrastructures routières et ferroviaires, qui seront tous bénéfiques à l'économie et créeront des emplois sur le marché intérieur.

127. La RDC est connue pour ses abondantes ressources naturelles, et surtout pour sa richesse en minéraux. Comme la communauté internationale l'a constaté, cette situation est à double tranchant pour la population du pays. Les difficultés pour mettre en œuvre et faire respecter les lois et

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règlements existants de manière cohérente et juste dans le secteur minier congolais ont contribué à une corruption généralisée. Malgré les efforts déployés récemment par le gouvernement de la RDC, et malgré l'énorme potentiel financier de ses ressources naturelles, la RDC se situe toujours en queue de classement en ce qui concerne l'indice sur la facilité de faire des affaires de la Banque mondiale. Par ailleurs, le manque de volonté dont le gouvernement semble faire preuve pour lutter contre la corruption et garantir que toutes les entreprises soient traitées conformément aux normes internationales admises continuera de dissuader les investisseurs de qualité de s'installer dans le pays. Sachant cela, le Canada tient à saisir cette occasion pour souhaiter la bienvenue à la RDC à la présidence du Processus de Kimberley – une initiative commune regroupant les gouvernements, l'industrie du diamant et la société civile afin d'éradiquer le commerce des diamants issus des zones de conflit – pour 2011, une démarche qui devrait aider à accroître la confiance des investisseurs dans le pays.

128. D'une manière générale, le Canada espère que le gouvernement de la RDC s'attachera davantage à remédier à la dégradation de l'environnement économique en faisant preuve d'une transparence et d'une responsabilité accrues. À cet égard, nous nous réjouissons du fait que la RDC se soit portée candidate à l'Initiative sur la transparence des industries extractives en 2008 et qu'il soit explicitement mentionné, dans le rapport sur l'examen de sa politique commerciale, que son système juridique doit être réformé. Nous saluons aussi les efforts accomplis en 2010 pour résoudre la question de l'exploitation illégale des ressources naturelles en RDC et dans la région des Grands lacs grâce à la collaboration avec des partenaires étrangers, dont le Canada.

129. En tant que Membre fondateur de l'OMC, le Canada est favorable à la participation de la RDC au Cycle de Doha en qualité de membre des groupes de négociations de l'ACEP, du Groupe des 90 et des PMA. Nous déplorons le fait que le gouvernement ait rencontré des difficultés pour mettre en œuvre certains Accords de l'OMC, comme l'Accord sur l'évaluation en douane, ainsi que pour satisfaire aux obligations de notification des mesures OTC et SPS. Si nous nous réjouissons que la RDC ait sollicité et bénéficié de plusieurs programmes d'assistance technique et financière en vue de développer son commerce international, de diversifier son économie et de relancer sa croissance, nous encourageons le gouvernement à renforcer la coordination des initiatives d'Aide pour le commerce et à mieux les harmoniser avec ses priorités en matière de développement national.

130. S'agissant de l'aide au développement, les décaissements au titre des projets et des initiatives dans les domaines de la bonne gouvernance, des services sociaux et économiques de base, du maintien de la paix et de la sécurité, et des droits de l'homme ont atteint un total de 54 millions de dollars canadiens durant la période 2008-2009. Le Canada continuera d'œuvrer en faveur d'une croissance économique durable en RDC, par exemple dans le cadre d'un nouveau projet régional – chiffré à 7,8 millions de dollars canadiens – de conservation et de gestion durable des ressources nationales du bassin du Congo et des produits qui en sont issus, qui a été annoncé dernièrement au Sommet de la francophonie de Montreux (Suisse) et qui s'inscrit dans un programme plus vaste d'aide aux pays africains d'un montant de 40 millions de dollars canadiens.

131. En conclusion, le Canada souhaite réitérer ses remerciements pour avoir eu la possibilité de formuler des suggestions au sujet de l'état actuel de l'environnement économique en RDC. Nous continuons d'encourager le pays à respecter et à utiliser les institutions internationales aux fins de la bonne gouvernance et de la transparence dans la sphère du commerce et des échanges internationaux.

INDE

132. Depuis le début de la guerre et des troubles civils à la fin des années 1990, la RDC est confrontée à une situation complexe et délicate au niveau intérieur comme au niveau extérieur. La précarité de la situation intérieure a entraîné un déclin économique pendant des décennies. Grâce à ses dirigeants, le pays a affronté ces difficultés et s'est lancé dans un processus de transition durable

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vers la démocratie, la construction et la modernisation. Le gouvernement a engagé une série de réformes dans le but de libéraliser progressivement l'économie et de l'ouvrir à la concurrence internationale. Nous félicitons le Congo d'avoir lancé un programme majeur de reconstruction nationale dans le cadre des "cinq grands chantiers" en vue de réhabiliter et de développer les infrastructures ainsi que les domaines de l'enseignement et de la santé, de créer des emplois et de fournir un accès à l'eau, à l'électricité et au logement. Nous nous félicitons de l'engagement inscrit dans le rapport du gouvernement, selon lequel la RDC poursuivra ses réformes structurelles et sa croissance. Nous exhortons les donateurs internationaux à prendre connaissance des besoins du pays en termes d'assistance pour la reconstruction, la réhabilitation et la création de possibilités en faveur de sa population, y compris en ce qui concerne l'Aide pour le commerce, les ajustements liés aux accords commerciaux et les coûts du développement.

133. Nous prions instamment la RDC de tirer pleinement parti des dividendes de la paix et de remédier intégralement aux principaux obstacles qui freinent la croissance économique et la progression de la productivité – c'est-à-dire le manque d'infrastructures. Il peut être utile de souligner que la RDC, qui est le deuxième pays d'Afrique subsaharienne en termes de dimensions, est dotée d'abondantes ressources minérales et forestières. Le pays est très riche en ressources naturelles, parmi lesquelles le cuivre, l'or, le diamant, le cobalt, l'uranium, etc. Il n'y a aucune raison pour que la RDC reste "l'un des pays les moins avancés du monde", comme le mentionne le rapport du Secrétariat.

134. Nous saluons l'annonce faite dernièrement par le Club de Paris et le Brésil concernant l'annulation de la quasi-totalité de la dette de la RDC, soit 7,35 milliards de dollars EU. La RDC doit prendre des mesures pour répondre aux préoccupations liées à l'environnement économique et mener de nouvelles réformes afin d'améliorer la gouvernance et de renforcer la primauté du droit.

135. L'Inde a toujours entretenu des relations cordiales avec la RDC. La contribution indienne au processus de décolonisation et sa participation aux opérations de maintien de la paix dans le Congo fraîchement indépendant, dans les années 1960, sont évoquées comme des souvenirs émouvants. Récemment, les visites bilatérales se sont multipliées. Le Président Kabila Kabange s'est rendu à Delhi pour participer au premier Sommet du forum Inde-Afrique, les 8 et 9 avril 2008. La Ministre d'État des affaires étrangères, Mme Preneet Kaur, s'est rendue à Kinshasa les 29 et 30 juin 2010 pour représenter le gouvernement indien à l'occasion des fêtes du cinquantenaire de l'indépendance du pays.

136. À l'heure actuelle, les échanges commerciaux entre l'Inde et la RDC sont modestes et s'établissent à environ 130 millions de dollars EU. Nous estimons qu'il existe de nombreuses possibilités de diversification et d'élargissement des relations commerciales entre nos pays. L'Inde a offert à la RDC une enveloppe de 320 millions de dollars EU d'aide pour la reconstruction et la relance des services industriels et agricoles. Les lignes de crédit ci-après ont été majorées: 33,5 millions de dollars EU pour la construction d'une cimenterie et l'acquisition de bus pour assurer des services de transport; 25 millions de dollars EU au titre du projet d'alimentation en eau des zones rurales (2008) (projet en cours d'application); 42 millions de dollars EU au titre du projet de centrale hydroélectrique de Kakobola; 168 millions de dollars EU au titre du projet de centrale hydroélectrique de 60 MW de Katende; et 50 millions de dollars EU au titre du projet de réhabilitation du système de transport ferroviaire urbain de la ville de Kinshasa. L'Inde a aussi fait don de 60 tracteurs, avec leurs accessoires et leurs pièces de rechange, pour aider à relancer l'agriculture et accroître la sécurité alimentaire. De plus, elle va mettre sur pied un centre d'excellence en informatique à Kinshasa, ainsi que trois chaînes d'apprentissage, un système de télémédecine, un système d'enseignement à distance et un nœud de connectivité VIP dans le cadre du projet de réseau électronique panafricain. Nous espérons que ces projets seront bientôt achevés. L'Inde offre 40 bourses d'apprentissage par an à des candidats de la RDC.

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137. L'Inde est le plus gros pourvoyeur de Casques bleus dans le cadre de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui sont déployés dans la province du Nord-Kivu. Actuellement, près de 5 000 soldats, observateurs et membres des forces paramilitaires indiens sont déployés en RDC dans le cadre de la plus vaste opération de maintien de la paix menée par l'ONU depuis novembre 2005. Certains ont sacrifié leur vie en accomplissant le mandat de l'ONU. Le dernier incident remonte à août 2010, où trois membres des forces militaires indiennes ont été tués dans une embuscade à Kirumba. Outre sa mission, le contingent indien a participé aux opérations de secours à la population du Nord-Kivu pour gagner leur sympathie et leur adhésion. Ces efforts ont été très appréciés des populations locales, des instances gouvernementales, des organes de l'ONU et de la MONUSCO.

GABON

138. Le Groupe Africain félicite le Secrétaire général pour le Rapport de situation économique et commercial qu’il a bien voulu nous livrer et le soutenons pour que les préoccupations qu’il a relevé, par rapport à son pays, soient réellement prises en compte par les instances de l’Organisation mondiale du Commerce ainsi que par tous les pays partenaires au commerce mondial afin que la RDC, après une longe période de difficultés économiques, puisse enfin enclencher le développement auquel il aspire légitimement dans la perspective, bien comprise, de la lutte contre la pauvreté, de la modernisation de son économie, de la résorption du chômage et du bien être de ses populations.

139. Le Groupe Africain renouvelle ses compliments au présentateur pour la justesse et la pertinence de sa présentation qui, non seulement a relevé les faiblesses de l’économie de la RDC – cette dernière étant fortement dépendante du secteur minier et manque, comme pour la plupart des pays africains, d’une industrie de transformation locale à forte valeur ajoutée – mais nous interpelle sur les énormes potentialités de ce pays et de tout l’intérêt qu’on devrait lui accorder du fait même de ses incalculables richesses, de sa situation géostratégique en Afrique et dans le monde et de sa population qui compte parmi les plus nombreuses du continent.

140. Dans son Rapport introductif, le Secrétaire général nous a démontré que la RDC est résolument engagée sur la voie des réformes économique, commerciale et monétaire qui, d’ailleurs, commencent à donner des fruits: la politique monétaire et de change qui semble désormais mieux maitrisée, d’où une dépendance de moins en moins criarde par rapport au dollar américain, de même, la RDC résorbe progressivement ses déséquilibres en termes d’exportations et d’importations. Elle diversifie ses partenaires en libéralisant davantage son économie afin de créer un environnement commercial serein et concurrentiel.

141. À cet effet, sous-tendu par un cadre juridique et institutionnel attractif et incitatif, l’économie de la RDC ne demande qu’à ce qu’elle soit encouragée et soutenue afin que ses objectifs soient atteints grâce à une transformation profonde et à une évolution nécessaire des secteurs agricole, des mines, des entreprises publiques, de l’industrie, des PME et PMI, de l’artisanat, du bois et de tous les autres domaines comme les télécommunications et les transports.

142. Malgré la grandeur de la RDC, il n’en demeure pas moins que ce pays demeure un PMA et qu’il est, à l’instar de nombreux autres pays, fragilisé par la dernière crise financière et économique. Sur la plan politique et social, la RDC est désormais stable et manifeste de réelles ambitions pour s’en sortir, d’où les nombreuses réformes, macroéconomiques et structurelles, engagées par son Gouvernement, non sans difficultés, en vue de se mettre en phase avec les règles de l’OMC, ainsi qu’avec celles des organisations régionales auxquelles elle appartient.

143. Ainsi, à l’appréciation de ces efforts, manifestes d’une volonté véritable de s’arrimer au train du commerce international, la RDC mérite toute l’attention des membres de notre Organisation. Il

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est, nous les pensons, impératif de prendre en compte les préoccupations qui sont les sienne en lui octroyant toute l’aide et l’assistance nécessaire aussi bien financière que technique.

ZAMBIE

144. La Zambie et la République démocratique du Congo entretiennent des relations cordiales et chaleureuses. Elles ont conclu, aux niveaux mondial et régional, plusieurs accords de coopération visant à promouvoir la croissance et le développement de leurs économies. La RDC est le premier marché d'exportation de produits non traditionnels de la Zambie, dont elle absorbe 36 pour cent des exportations. Les exportations de produits non traditionnels de la Zambie à destination de la RDC se sont chiffrées à 567,3 millions de dollars EU en 2009, contre 439,6 en 2008. Les principaux accords conclus comprennent la Commission mixte permanente, le Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA).

145. Comme cela a été mis en évidence dans les deux rapports, la RDC a enregistré des tendances positives au cours de la dernière décennie, à la suite des réformes entreprises pour créer un environnement favorable à la croissance et au développement du secteur privé. Nous prenons note des réformes engagées dans le contexte du cadre multilatéral qui portent, entre autres choses, sur la simplification du régime douanier et sur l'élimination des restrictions quantitatives. D'autres réformes concernent l'adoption d'un droit de la concurrence et d'une politique visant les pratiques commerciales déloyales; l'adoption d'une législation simplifiée sur les marché publics; l'informatisation du système de gestion douanière et la mise en place à Matadi et Kasumbalesa d'un guichet unique des opérations des douanes, comme cela est indiqué à la page 8 du rapport du gouvernement.

146. Ces réformes ont contribué à la croissance positive observée au cours de la décennie écoulée. Les rapports qui nous sont présentés indiquent que l'économie de la RDC a connu une croissance moyenne de 6 pour cent entre 2002 et 2009. En outre, le pays a enregistré des flux d'investissement accrus, dépassant les 6,6 milliards de dollars EU, entre 2002 et 2009. D'après le rapport du Secrétariat, le ratio du commerce au PIB reste élevé, à quelque 130 pour cent. Par ailleurs, les exportations ont plus que triplé entre 2000 et 2008, passant de 1,2 à 3,7 milliards de dollars EU. Toutefois, à l'instar d'autres PMA, la RDC est confrontée à de nombreuses difficultés liées au commerce et au développement.

147. Comme pour beaucoup de PMA, la structure des échanges de la RDC est marquée par le coût global élevé des importations et par l'exportation massive de produits de base tels que le cobalt, le cuivre, les diamants et le pétrole, qui représentaient 78 pour cent des exportations en 2008. Les principaux produits d'importation sont les denrées alimentaires, les combustibles, le matériel de transport et les machines électriques et non électriques, dont l'UE est le premier fournisseur devant l'Afrique du Sud, la Chine et la Zambie. Parallèlement, la RDC reste importatrice nette de services. La forte concentration des exportations et le coût global élevé des importations ont exposé la RDC à des facteurs extérieurs qui ont eu des répercussions sur la croissance durable et la lutte contre la pauvreté.

148. C'est pourquoi nous continuerons d'exhorter nos partenaires de coopération à aider les pays comme la RDC à diversifier leurs activités et à faire remonter leurs structures de production dans la chaîne des valeurs, de sorte qu'ils puissent devenir moins vulnérables aux chocs extérieurs. Nous félicitons les partenaires qui ont ouvert leurs marchés à des conditions préférentielles afin de faciliter les efforts de diversification des marchés entrepris par la RDC.

149. Nous félicitons également les partenaires qui ont manifesté leur soutien à la RDC par le biais de l'Aide publique au développement (APD) et d'autres formes d'assistance, y compris l'IED. Comme cela est souligné au chapitre V du rapport du Secrétariat, l'aide totale fournie jusqu'ici à la RDC au titre de l'APD et de l'Aide pour le commerce a augmenté au fil des années – l'APD s'est ainsi chiffrée

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à 1,5 milliard de dollars EU en 2008, contre environ 1,2 milliard en 2005. Nous notons toutefois avec inquiétude que, si certains progrès ont été faits pour accroître l'APD au cours de la dernière décennie, les promesses faites n'ont pas été totalement honorées. D'après les rapports qui nous sont présentés, seuls 63 pour cent des engagements consentis ont été honorés, et le versement du montant octroyé s'est accompagné de multiples difficultés.

150. Nous souhaitons souligner que les initiatives telles que l'Aide pour le commerce et le Cadre intégré renforcé restent cruciales pour développer les échanges et les intégrer dans le système commercial multilatéral. À cette fin, nous préconisons d'apporter à la RDC un soutien-relais afin de l'aider à mettre en œuvre de manière intégrale et efficace les priorités qu'elle a identifiées dans son étude diagnostique sur l'intégration du commerce pour les secteurs de l'agriculture, l'agroalimentaire, la sylviculture et l'industrie minière. Nous souhaitons aussi faire valoir l'importance qu'il y a à conclure le Cycle de Doha pour aider les pays tels que la RDC à tirer des avantages concrets du système commercial multilatéral, et pour apporter la contribution de l'OMC à la Conférence PMA-IV des Nations Unies.

MAROC

151. La RDC a engage, depuis plusieurs années, une série de reformes audacieuses et continues afin d’accompagner l’évolution des relations commerciales internationales, de s’adapter à des exigences et de relever les défis de la modernité.

152. Le Maroc se félicite des mesures qui ont étés prises par la RDC pour rendre l’environnement institutionnel et réglementaire propice au développement du commerce. Les données relatives à l’économie de ce pays prouvent que les perspectives sont rassurantes malgré les turbulences qui marquent actuellement l’environnement économique mondial. Le taux de croissance moyenne du PIB et l’augmentation des investissements étrangers directs attestent de leur dynamique et de leur capacité d’adaptation.

153. L’essor de l’économie de ce pays est également le fruit de réformes ciblées dans les domaines de sa politique commerciale, sa libéralisation davantage de ses activités économiques, son renforcement du partenariat avec le secteur privé, sa bonne gestion de l’environnement des affaires ainsi que son identification des pôles de croissance pour assurer son développement économique.

154. Les performances de l’économie de la RDC a rassuré davantage les opérateurs étrangers dont les investissements croissent à un rythme prometteur, grâce aux reformes gouvernementales dans les secteurs de l’économie nationale. Dans la même logique, ces avancées se présentent comme des instruments efficaces et ambitieux pour mettre en place les mécanismes d’une économie moderne, ouverte et compétitive.

155. Convaincue que la marche sur la voie de la modernisation de l’économie ne peut se faire sans une ouverture sur le monde extérieur, la RDC est activement engagée dans les négociations au sein de l’OMC et a porté pour la diversification de ses partenaires commerciaux en participant à des accords de partenariat économique avec l’UE dans le cadre du groupe des pays de l’Afrique centrale. À cet égard, l’OMC, ainsi que les pays partenaires, sont appelés à fournir l’assistance technique appropriée à ce pays, tel que stipulé dans les instruments existants de l’OMC afin de lui permettre d’intégrer le système commercial international et en tirer profit.

156. La RDC dans ses efforts de modernisation de ses structures et de ses institutions économiques et financières a besoin, dans le contexte actuel, d’une assistance technique conséquente dans les secteurs que couvrent l’OMC et ses différents accords. Dans ce cadre, il est nécessaire que les moyens soient mobilisés pour permettre à ce pays de mettre à profit les bons résultats qu’il a obtenus durant ces dernières années. De même, en tant que membre qui s’intéresse aux questions de l’OMC,

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le pays doit bénéficier d l’aide de l’OMC lui permettant, de poursuivre sa politique de réformes et de modernisation pour participer de manière bénéfique et constructive au commerce multilatéral.

157. Un appui à la modernisation de l’économie de ce pays est d’autant plus nécessaire qu’elle se trouve confrontée au manque de potentialités dans le domaine des matières premières, notamment dans le secteur minier, nécessitant des reformes et qui pénalise la compétitivité de ses économies.

ANGOLA

158. La RDC, pays avec lequel nous partageons non seulement une très longue frontière de plus de 2 500 km mais aussi différentes communautés historico-linguistiques communes, commence à se relever du marasme économique dû à plusieurs facteurs endogènes et exogènes. Bien que les statistiques officielles disent que ses échanges avec les pays africains restent marginaux, on doit toutefois reconnaitre que le dynamisme du commerce frontalier entre la RDC et ses voisins est évident. Nos populations ont toujours commercé de part et d’autres de nos frontières sans se préoccuper des règles commerciales multilatérales.

159. À en croire le Rapport du Secrétariat, l’économie de la RDC a enregistrée une croissance soutenue à un taux moyen de 6% par an sur la période 2001-2009. Ce chiffre prouve que les investisseurs tant étrangers que nationaux reconnaissent le bien fondé de la politique réformiste, de modernisation, de diversification économique et les efforts déployés par le gouvernement congolais. Fruit des réformes structurelles mises en œuvre par les autorités congolaises, ces résultats laissent présager que ce grand pays d’Afrique aux atouts et potentialités incommensurables, pourrait bien reprendre la place qui est la sienne pour le développement de la région et du continent.

160. Malgré certaines défaillances soulignées par certains membres au cour de ce premier Examen de politique commerciale et les difficultés sociales encore existantes dans la vie quotidienne, le dynamisme économique montre que l’objectif principal du gouvernement congolais qui est la diversification de l’économie, encore dépendante du secteur minier, pourrait être atteint dans quelques années.

161. Aujourd’hui le continent africain est au centre de toutes les attentions. C’est ainsi que l’Angola encourage la RDC à poursuivre ses reformes pour qu’elle retrouve sa place d’antan. L’Afrique – nous dit on – a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve en RDC. Au siècle précédent, la RDC a très bien joué ce rôle dans la libération de notre continent du joug colonial et notamment de celle de l’Angola. C’est pourquoi qu’il lui revient aujourd’hui d’en faire autant pour le développement économique, la croissance, la coopération régionale et le bien être de nos populations. Permettez-nous avant de conclure nos propos, de lancer un appel vibrant aux partenaires au développement de continuer à soutenir les efforts du gouvernement congolais.

NIGÉRIA

162. Le Nigéria note avec satisfaction que les réformes structurelles mises en œuvre par la RDC lui ont permis de commencer à se relever du marasme économique dû aux conflits des années 1990. L'économie a enregistré une croissance régulière moyenne de 6 pour cent par an pendant la période 2001-2009, plus rapide que l'accroissement de la population.

163. Par ailleurs, le Nigéria estime encourageant que la politique monétaire de la Banque centrale du Congo ait permis de réduire l'inflation de 511,2 pour cent en 2000 à 4,3 pour cent in 2003; en outre, l'augmentation des recettes publiques a permis de réduire le déficit public, et même d'enregistrer des excédents certaines années, malgré l'augmentation des dépenses.

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164. Cependant, avec un ratio du commerce des services et des marchandises au PIB avoisinant 130 pour cent, la RDC est fortement dépendante de l'extérieur. Ses principaux produits d'importation comprennent les denrées alimentaires, les combustibles, les matériels de transport et les machines électriques et non électriques. Il serait intéressant de connaître les mesures prises pour améliorer l'environnement économique et drainer les investissements nécessaires pour stimuler la production nationale et, ainsi, réduire la dépendance.

165. Comme cela est indiqué dans le rapport du Secrétariat, la RDC possède les potentialités nécessaires à la diversification en vue d'une contribution relativement substantielle des différents secteurs économiques au PIB. L'agriculture bénéficie de différents avantages naturels tels que de vastes superficies de terres très fertiles, et un climat favorable à une diversité de cultures. L'agriculture demeure le secteur le plus important dans la stratégie de réduction de la pauvreté du fait de son intensité en main-d'œuvre, et de son rôle en matière de sécurité alimentaire et de fourniture d'intrants aux industries locales. Cependant, de multiples facteurs continuent de freiner le développement du secteur. Le Nigéria aimerait savoir quels sont les efforts entrepris pour résoudre les problèmes qui font obstacle à la croissance de ce secteur.

166. La RDC a reçu une assistance technique de l'OMC et d'autres organisations internationales. Toutefois, du fait des conflits sociopolitiques, les activités d'assistance technique s'y sont raréfiées. En conséquence, ma délégation souhaite prier instamment l'OMC et les autres organisations internationales de collaborer avec la RDC pour l'aider à bénéficier d'une assistance technique adéquate et effective.

CAMEROUN

167. La RDC a été désignée de diverses manières – comme un pays pauvre ou comme un pays immensément riche, selon les paramètres utilisés. Pour sa part, le Cameroun souhaite employer la deuxième formule. En effet, nous faisons du commerce avec la RDC et nous sommes son principal partenaire commercial en Afrique centrale. À ce titre, nous avons particulièrement intérêt à être attentifs à l'évolution de la situation dans ce pays voisin du nôtre, qui est aussi membre de notre organisation d'intégration économique. Nous espérons que notre relation nous aidera à poursuivre ensemble l'harmonisation et l'intégration dans la région.

168. À la deuxième lecture des rapports qui ont été portés à notre attention, il nous est apparu très clairement que le gouvernement de la RDC a déployé d'importants efforts pour améliorer sa position, améliorer et moderniser sa structure économique et ses politiques commerciales et, d'une manière générale, moderniser le pays. Certains facteurs doivent toutefois être analysés.

169. Étant donné que le Cameroun est le point focal pour l'Aide pour le commerce destinée aux pays ACP, je souhaiterais évoquer directement ce sujet particulier. Il semblerait que la RDC reçoive 20 dollars EU par personne et par an au titre de l'Aide pour le commerce. Ce montant semble très bas, voire insignifiant, comme le Secrétariat l'a souligné dans son rapport. Le Gabon, en tant que coordinateur actuel du Groupe africain, a salué les efforts déployés par la RDC, la Zambie a mis en évidence les problèmes rencontrés en ce qui concerne les formalités et les procédures en particulier, et ma délégation souhaiterait formuler une observation et poser deux questions.

170. Premièrement, nous souhaitons faire observer qu'à la lecture du rapport du gouvernement, il semble que l'Aide pour le commerce ne soit pas traitée de manière très détaillée. Il est mentionné, à la page 101 du rapport du Secrétariat, que "les autorités estiment ne pas avoir bénéficié de l'APC depuis 2006; elles souhaitent que cette aide spécifique soit additionnelle". Si les bénéficiaires de cette aide n'ont pas conscience d'en bénéficier, c'est peut-être que le mécanisme utilisé n'est pas aussi transparent qu'il devrait l'être. Si c'est le cas, la RDC tout comme la communauté qui fournit l'Aide devraient agir pour remédier à la situation, afin que le pays puisse en bénéficier plus concrètement.

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171. Pour ce qui est des questions, comme je l'ai indiqué précédemment, il semble que nous ne disposions pas d'informations particulières dans la partie consacrée à l'Aide pour le commerce. Je me demande si la délégation congolaise pourrait nous éclairer au sujet de ce manque d'information alors que, dans le rapport du Secrétariat, malgré les difficultés évoquées, nous avons un certain nombre de renseignements sur le travail accompli, en particulier au titre du Cadre intégré. La RDC a-t-elle l'intention de mettre en place des mécanismes permettant de mieux refléter les flux d'aide, de sorte que le Groupe ACP puisse disposer de davantage d'éléments pour négocier avec ses partenaires?

172. La seconde question s'articule comme suit: quelles mesures le gouvernement de la RDC entend-il prendre à court et à moyen terme pour renforcer le commerce infrarégional et harmoniser les procédures et les mécanismes, en tant que membre de nombreux organes économiques régionaux et infrarégionaux, et alors qu'il existe des formalités relativement excessives et des coûts élevés, surtout en ce qui concerne les produits agricoles?

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V. RÉPONSES DU REPRÉSENTANT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ET OBSERVATIONS ADDITIONNELLES

173. C’est avec une grande joie que je reprends la parole devant vous, en réponse aux remarques et observations formulées dans le cadre de cette réunion consacrant le premier examen de la politique commerciale de mon pays, la République Démocratique du Congo (RDC). Avant de poursuivre mon propos qu’il me soit permis, au nom du Gouvernement congolais, de remercier très chaleureusement l’ensemble des intervenants qui ont, à l’unanimité, noté les importants efforts consentis par la RDC dans sa quête d’une meilleure insertion au système commercial multilatéral. Je remercie également le Secrétariat de l’OMC, qui a réalisé un rapport dont la qualité a été saluée par tous. Ce rapport, qui fait une analyse sans complaisance de la situation de la politique commerciale de mon pays, constituera, sans nul doute, un document de référence pour la conduite des programmes de modernisation de l’économie congolaise.

174. Le présentateur, à qui je réitère au passage ma profonde gratitude, a fait un état des lieux de l’économie congolaise, non sans relever les performances accrues du pays depuis 2002 ainsi que les efforts du Gouvernement pour asseoir une politique macroéconomique saine, en dépit des contraintes internes et de la conjoncture internationale. La RDC entend maintenir le cap en misant sur une plus grande libéralisation des secteurs de l’économie et une meilleure ouverture des marchés, en vue de promouvoir le bien-être des populations congolaises. En effet, la lutte contre la pauvreté, objectif majeur du Gouvernement, ne saurait être viable sans le développement du secteur privé, moteur de la croissance. Aussi, la RDC continuera à promouvoir un cadre attractif pour les investissements et s’attachera à lever les entraves au commerce conformément à ses engagements internationaux auxquels elle n’entend nullement se dérober.

175. De ce qui précède, je me dois, monsieur le Président, de porter à la connaissance des membres de l’OMC les actions majeures que mon pays a déployées, ou compte mettre en œuvre.

176. La faible diversification de l’économie congolaise, essentiellement concentrée sur le secteur des mines, constitue une contrainte que la RDC doit surmonter pour son intégration au commerce international.

177. En effet, cette forte concentration ne permet pas au pays d’amortir les chocs exogènes qui peuvent remettre en cause les objectifs de développement du Gouvernement, dont l’essentiel des recettes budgétaires provient du secteur minier. En vue de renverser cette faiblesse structurelle de l’économie, le Gouvernement entend initier des stratégies pour la relance des secteurs à fortes potentialités de développement et de croissance, plus particulièrement, dans le domaine de l’agriculture, du tourisme et de l’environnement, autant de secteurs où la RDC détient d’énormes avantages comparatifs.

178. Conscient que la diversification de l’économie ne peut pas être impulsée sans la promotion d’un climat propice aux affaires, le Gouvernement travaille à la mise en place d’un cadre pouvant garantir, d’une part, la stabilité macroéconomique et, d’autre part, la sécurité juridique et judiciaire aux investisseurs.

179. Ceci se traduit, par la mise sur pied depuis août 2009, d’un Comité de Pilotage, travaillant en étroite collaboration avec le secteur privé, et investi des missions suivantes: identifier les diverses entraves à la constitution des entreprises et à l’exercice du commerce; faire des propositions sur les réformes à décider par le Conseil des Ministres; accélérer la mise en œuvre des réformes pouvant permettre une plus grande sécurité physique et juridique des investissements; faire le suivi-évaluation de l’exécution des mesures prises. À travers ce Comité, le Gouvernement poursuit clairement l’objectif de réduire les formalités, les délais et les coûts dans les procédures administratives,

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d’introduire plus de transparence, d’assurer la sécurité juridique et judiciaire et d’éliminer toute forme de discrimination dans l’exercice du commerce.

180. D’importants résultats ont déjà été enregistrés notamment, la simplification et l’allègement des procédures de création d’entreprises avec la suppression des discriminations entre investisseurs nationaux et étrangers; la promulgation de la Loi sur la TVA; la promulgation de la loi autorisant l’adhésion au traité de l’Organisation pour l’Harmonisation du Droit des Affaires en Afrique (OHADA); la réforme des procédures de délivrance de l’autorisation de bâtir; l’assouplissement des conditions de transfert de propriété; l’introduction de plus de flexibilité dans le code du travail; la rationalisation des missions de contrôles fiscaux et parafiscaux.

181. D’autres mesures sont en voie d’approbation au niveau gouvernemental ou parlementaire, notamment, la libéralisation du secteur des assurances; la mise en place d’un cadre légal et réglementaire du jeu de hasard et de la loterie; la suppression des taxes redondantes; l’interdiction de l’immixtion des services non autorisés dans les contrôles et le recouvrement des impôts, droits et taxes et autres redevances dus à l’État, sans requête des régies financières; la réglementation du crédit bail (leasing); l’élimination des documents et des formalités redondantes dans les opérations d’import et export, et l’implantation du guichet unique dans tous les postes frontaliers; la suppression de la limitation d’exercer le commerce pour les étrangers; le projet de loi cadre sur le Partenariat Public-Privé.

182. Par ailleurs, dans le cadre de la réforme des entreprises publiques, le Gouvernement a procédé à la libéralisation des secteurs marchands où subsistait le monopôle public, notamment celui des assurances. Un projet de Code des assurances a été déjà adopté en conseil des ministres et déposé au Parlement en vue de son vote. En consacrant la libéralisation de ce secteur, le Gouvernement entend parachever l’ouverture complète du secteur financier.

183. En outre, les quelques entraves à l’exercice du commerce qui existent encore dans la Loi particulière sur le commerce sont en voie d’être supprimées. Le Gouvernement a déjà déposé au Parlement un projet de Loi pour l’amendement des dispositions de la Loi particulière sur le commerce qui restreignent les conditions d’exercice du commerce pour les étrangers. À cet égard, le Gouvernement entend promouvoir une égalité de traitement dans l’exercice du commerce, quelle que soit l’origine de l’investisseur. Parallèlement à la mise en œuvre de cette mesure qui découle d’une demande du secteur privé congolais, le Gouvernement a entrepris d’adapter l’ensemble des dispositions de la Loi particulière sur le commerce, en veillant au respect scrupuleux des principes et règles édictés par les dispositions de l’OMC et de l’OHADA.

184. Il est également envisagé la mise en place d’une véritable politique de concurrence ainsi que l’adoption de normes pour la protection des consommateurs. En effet, l’ouverture aux échanges ne saurait se concevoir sans la mise en place de règles pouvant garantir le respect des principes de concurrence et de la sauvegarde du bien-être des populations.

185. La mise en place de ce nouveau cadre réglementaire ne se fera pas sans l’implication des acteurs non étatiques, notamment le secteur privé et les associations de consommateurs, appelés à siéger aux organes de gestion et de suivi des réglementations (Commission de la concurrence, Conseil de la consommation, etc.). La mise en place de ces organes contribuera à renforcer le partenariat entre l’État et le secteur privé.

186. En outre, le règlement juridictionnel des litiges commerciaux est confié à des juridictions spécialisées, à l’instar des tribunaux de commerce dont l’installation va se généraliser dans toutes les provinces du pays. Ce qui comporte un coût pour lequel mon pays apprécierait les concours de ses partenaires.

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187. Dans le souci d’instaurer un climat apaisé entre les investisseurs, le Gouvernement continuera d’encourager le développement des modes alternatifs de règlement des litiges commerciaux. Quant à la corruption, le Gouvernement ne ménage aucun effort pour lutter contre toute pratique frauduleuse qui entrave le développement économique.

188. Pour attirer les opérateurs économiques évoluant dans l’informel vers le secteur formel, le Gouvernement a lancé une campagne d’identification de ces opérateurs économiques en utilisant des mesures incitatives, tel l’octroi, sous conditions, des crédits par des Institutions des micro-finances qui seront associées à ce large programme.

189. En outre, la RDC est convaincue que le commerce est le moteur du développement durable. C’est ainsi qu’elle est à pied d’œuvre pour intégrer la politique commerciale dans le Document de Stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté. Dans cette optique, une attention particulière est aussi à accorder au commerce frontalier afin de faciliter le flux des biens et services avec les pays de la sous-région. Il va de soit que c’est une vision à moyen et long terme qui nécessite l’appui substantiel technique et financier pour sa réalisation.

190. Dans l’optique d’une participation efficace au commerce international, la RDC s’emploie à exploiter les opportunités commerciales offertes par le système commercial multilatéral, les régimes de préférences commerciales ainsi que ses marchés régionaux. D’une part, le Gouvernement entend d’abord privilégier le développement des capacités institutionnelles en matière de préparation et de suivi des négociations commerciales, notamment par le renforcement des capacités d’analyse et une meilleure coordination interministérielle des positions de négociations multilatérale, régionale et bilatérale. Aussi, il importe que la RDC soit appuyée dans ses efforts pour le renforcement de son comité interministériel chargé des négociations commerciales et le développement de son dispositif de recherche et d’analyse des statistiques.

191. D’autre part, la faible diversification de l’économie et le manque de compétitivité des exportations du pays constituent de sérieux freins pour saisir les opportunités commerciales offertes par le commerce international. La RDC éprouve des contraintes majeures à l’accès aux marchés, du fait de la faiblesse de son offre à l’exportation et des exigences en matière de normes appliquées par ses principaux pays partenaires. C’est pourquoi, le Gouvernement entend combler les lacunes en s’attelant à la mise en place d’un dispositif de promotion des exportations. À cet effet, la RDC fait appel aux partenaires pour la création de cet instrument qui contribuera au renforcement et à la diversification des exportations.

192. La politique commerciale de la RDC s’inscrit davantage dans l’objectif de promouvoir la facilitation des échanges. Dans son programme économique pour la période 2009-2012, le Gouvernement fait de la suppression des entraves aux échanges un des axes majeurs. Dans cette perspective, un nouveau Code des douanes a été promulgué. Ses dispositions sont entièrement alignées sur les principes de la Convention Internationale sur l’Harmonisation et la Simplification des procédures dite "Convention de Kyoto révisée".

193. En complément à cette réforme, le Gouvernement s’est engagé dans un processus d’assainissement des procédures administratives à la frontière. Il est parvenu à limiter le nombre de services opérant aux frontières, qui sont maintenant au nombre de quatre, alors que, par le passé, on déplorait la présence d’une dizaine de services appliquant chacun sa propre procédure et prélevant des taxes, pour la plupart, sans fondement légal.

194. Mieux, sous la conduite du Chef du Gouvernement, des travaux impliquant le secteur privé ont été menés, en vue de la mise en place, au plus tard en décembre 2011, d’un Guichet unique du commerce extérieur dont la compétence s’étendra sur toutes les formalités du commerce extérieur, du pré-dédouanement à la mise en consommation des marchandises. Le Gouvernement est en train de

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réfléchir sur une formule de gestion efficace de cet instrument. L’option retenue, à ce jour, est d’en confier la gestion à une structure privée, sur appel d’offre. La mise en place du guichet unique viendra renforcer l’informatisation des procédures douanières, déjà enclenchée, à travers l’implantation du logiciel Sydonia++ dans les principaux bureaux de douane du pays.

195. Par ailleurs la RDC a adopté, depuis 2003, l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane, avec la promulgation de la loi y relative. Toutefois, des difficultés d’application de cette Loi subsistent, non pas à cause du manque de volonté politique, mais plutôt du fait des limites objectives de l’administration des douanes. À l’instar de nombreux PMA, la RDC éprouve beaucoup de difficultés pour la mise en œuvre des différentes méthodes d’évaluation, telles que définies par cet Accord.

196. Compte tenu de ces contraintes, la douane congolaise a recours aux services d’un organisme d’inspection avant expédition, en vue de veiller sur la régularité des valeurs déclarées. Les valeurs de la base des données, fournies par cet organisme, ne constituent pas à proprement parler des valeurs planchers. Il s’agit d’une référence aux fins de comparaison pour l’application des méthodes successives de l’accord.

197. En effet, bon nombre des dossiers de dédouanement des marchandises ne comportent pas des factures, ou sont munis des fausses factures. Ce qui ne permet pas une véritable application de l’évaluation en douane. La RDC attend donc de ses partenaires un appui pour le renforcement des capacités du personnel de l’administration douanière et la finalisation du programme d’informatisation des bureaux de douane. Elle demande également la mise en œuvre des accords d’assistance mutuelle administrative, signés avec les pays partenaires en vue de faciliter l’échange de données entre les administrations douanières.

198. La RDC réitère son attachement au respect des principes et règles en matières de prélèvement des taxes non douanières. Elle reconnaît que les droits, taxes et charges, autres que les droits de douane, doivent être normalement perçus en contrepartie des services rendus. Aussi, le Gouvernement est-il conscient que la plupart de ces taxes posent problème au regard des engagements internationaux et s’est engagé à supprimer tous les droits, taxes et redevances non conformes. C’est dans ce dessein qu’il a été engagé plusieurs réformes aux fins de la rationalisation et de l’allègement des formalités et procédures du commerce extérieur, dont la dernière en date est la décision de supprimer toutes les taxes provinciales non conformes à la réglementation en vigueur.

199. Dans le cadre de la réduction des tracasseries et des redevances frontalières, le Gouvernement a déjà identifié conformément à la matrice du Cadre Intégré Renforcé (CIR), les redevances qui sont appliquées sans contrepartie réelle de services ou dont les modes de perception ad valorem doivent être réformés pour être en phase avec les prescriptions de l’OMC. Compte tenu des nombreux défis qui restent à relever, le Gouvernement demande l’appui de ses partenaires internationaux, dont l’assistance technique et les financements seront les bienvenus.

200. En matière de restrictions et d’administration des licences à l’importation, la RDC applique un régime sans contingentement. La déclaration déposée au niveau de la Banque centrale congolaise (BCC) vaut autorisation d’importation; cette formalité est exigée pour des besoins statistiques. Son octroi ne peut être refusé; il peut par contre être annulé par le requérant ou expirer. Cependant l’importation et l’exportation de certains produits tels que, les pièces de monnaie, les billets de banque, les armes et munitions, les biens d’équipement de seconde main (à l’exportation) doivent être autorisées préalablement par les services compétents. Mais il convient de noter que la législation congolaise n’impose généralement pas des restrictions quantitatives, ni à l’importation, ni à l’exportation.

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201. Dans le cadre de la protection de la santé humaine et animale, la RDC éprouve des difficultés pour mettre en place un dispositif cohérent, conformément aux exigences des Accords de l’OMC sur les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et les obstacles techniques au commerce (OTC). Ceci s’explique par la faiblesse des administrations compétentes et des infrastructures de contrôle de la qualité, notamment les laboratoires dont l’essentiel n’a pas encore obtenu d’accréditation internationale. Il est donc essentiel que la RDC puisse bénéficier de l’appui des partenaires internationaux dans le cadre du renforcement des capacités des structures chargées du contrôle de la qualité et de la conformité, au premier chef desquelles, l’Office Congolais de Contrôle (OCC).

202. La RDC ne participe pas suffisamment aux travaux des organisations sœurs (CIPV, OIE, Codex alimentarius) et se voit donc appliquer des normes internationales dont elle n’a pas participé au processus d’élaboration; d’où la nécessité de l’aider à mieux prendre part aux activités internationales en matière de normalisation. Dans le but de s’impliquer pleinement dans l’élaboration des normes internationales, la RDC a l’intention d’adhérer à la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV). Le ministère de l’agriculture a en déjà exprimé la demande auprès du ministère des affaires étrangères qui doit engager les procédures de signature.

203. La RDC a également initié un processus pour la mise en place d’un nouveau cadre législatif et réglementaire, dans les domaines phytosanitaire et zoosanitaire, notamment: la Loi phytosanitaire voté par parlement et qui est en instance de promulgation; le projet de Loi zoosanitaire qui est encore à l’étude au niveau ministériel; le projet de Loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) toujours en discussion au parlement. Son champ d’application va couvrir le transit, la manipulation, la mise sur le marché et l’utilisation de tout OGM, qu’il soit destiné à être disseminé dans l’environnement, ou utilisé comme denrée alimantaire, aliment pour le bétail ou produit de transformation ou encore comme produit dérivé.

204. En ce qui concerne la réglementation des marchés publics, la RDC a promulgué un nouveau cadre de transparence qui promeut le libre accès et l’égalité de traitement des candidats à la commande publique. Dans le cadre des négociations de l’Accord de partenariat économique, la RDC envisage une harmonisation de ses règles avec les partenaires régionaux africains.

205. Sur l’application des droits de propriété intellectuelle, la RDC fera en sorte d’être en conformité avec l’Accord sur les aspects de droit de propriété intellectuelle touchant au commerce (ADPIC), d’ici la fin de la nouvelle période d’extension accordée aux PMA. C’est pourquoi, un soutien et une aide accrus du Secrétariat et de ses partenaires lui seront indispensables pour adapter le cadre réglementaire.

206. Cependant, le nouveau code des douanes renforce les pouvoirs de l’administration douanière, en matière de protection de la propriété intellectuelle. En vertu de ses dispositions, les produits contrefaits sont prohibés à l’importation et exclus de l’entrepôt ainsi que du transit. Le détenteur du droit de propriété intellectuelle peut saisir la douane pour suspendre le dédouanement desdits produits. Mais la douane est également habilitée à suspendre le dédouanement des marchandises, pour lesquelles elle a des présomptions de preuve qu’elles portent atteinte à un droit de propriété intellectuelle. Par ailleurs, la loi du 7 janvier 1982, régissant la propriété industrielle, détermine les mesures correctives, en cas de contrefaçon des produits ou licences accordés par les brevetés. L’Ordonnance d’application de cette loi fixe le mode de calcul en cas de dommage-intérêt.

207. En vue d’adapter la réglementation avec l’évolution, la RDC s’attèle à la révision de cette Loi afin d’intégrer les dispositions du Traité de Madrid, de manière à se saisir d’office des cas de contrefaçon réprimés, sous certaines conditions, par la Loi sur la concurrence déloyale.

208. Les politiques mises en place s’appuient sur les nombreuses potentialités naturelles et humaines existantes. Dans le domaine agricole, la RDC dispose de plusieurs atouts inexploités.

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L’agriculture reste encore traditionnelle et la RDC est un grand pays importateur net de produits. Cependant, le secteur fait face à de nombreuses contraintes liées, principalement, à la persistance de méthodes traditionnelles et archaïques de production, la disparition des cultures de rente, l’absence de mécanisation, l’utilisation des semences non améliorées, l’absence de financements appropriés, etc.

209. Le Gouvernement affirme le caractère prioritaire du secteur agricole dans sa stratégie de développement. Plusieurs mesures de relance du secteur agricole ont été mises en place, notamment, le projet de Loi sur le Code agricole en discussion au Parlement. Ce texte est articulé autour des priorités comme l’accès aux marchés, l’appui à la productivité du secteur, l’accès aux financements, le renforcer des capacités techniques et organisationnelles des institutions publiques et privées, l’amélioration des infrastructures de base, etc.

210. Quant au régime foncier, le code foncier et les différents codes promulgués ou en instance d’adoption, ont réglé les problèmes d’accès à la terre en RDC ; il s’agit des codes des investissements, forestier et minier ainsi que du projet de Loi portant code agricole.

211. Dans le domaine minier, malgré les immenses réserves, les problèmes d’organisation et d’insécurité juridique ne favorisaient pas le développement du secteur. La contribution du secteur au PIB était de 9% ces 10 dernières années contre 24,55% au cours de la décennie 80. Elle est en pleine évolution aujourd’hui avec 23% du PIB en 2008.

212. Plusieurs contraintes expliquaient cette évolution en dents de scie, parmi lesquelles: une législation inadaptée, les pesanteurs du système administratif, l’inadéquation des systèmes fiscal et douanier applicables, l’insuffisance des financements et la faiblesse des investissements étrangers. Pour lever ces contraintes, le Gouvernement a mis en œuvre un certain nombre de réformes. C’est ainsi que la RDC s’est dotée, depuis juillet 2002, d’un nouveau code minier qui instaure un cadre légal attractif pour les investisseurs. À travers ce Code, l’État encourage l’investissement privé et le partenariat public-privé. Le code minier prévoit également des avantages pour les communautés locales et un volet environnemental. Par ailleurs, la RDC est membre du système de certification du processus de Kimberley et assure actuellement sa présidence. La RDC entend également renforcer les principes fondamentaux de bonne gouvernance et de transparence dans le secteur par son adhésion à l’initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).

213. Au niveau du secteur énergétique, le Gouvernement a initié d’importantes réformes, notamment en ce qui concerne les entreprises publiques du secteur. Plusieurs projets sont en cours d’exécution et privilégient le partenariat public-privé. Cette politique va se traduire par la libéralisation des segments de la production, du transport et de la distribution d’énergie.

214. Dans le secteur manufacturier, l’infrastructure industrielle est encore embryonnaire. La contribution du secteur à la croissance économique est estimée à 5% seulement du PIB. Cet état de fait est dû à la vétusté des outils de production, la destruction du tissu industriel pendant les longues années de conflits armés et d’instabilité sociopolitique, peu propices aux investissements. Pour relancer le secteur des produits manufacturiers, la politique du Gouvernement vise essentiellement l’amélioration du climat des affaires afin d’attirer les investissements dans le secteur. C’est ainsi que la RDC dispose, depuis 2002, d’un code des investissements et des codes dans les domaines minier et forestier. L’adhésion à l’OHADA et à la MIGA, la participation active aux organisations régionales et internationales, la stabilité du cadre macroéconomique, la mise en place des tribunaux de commerce et la lutte contre la corruption sont autant de mesures qui participent à cet objectif.

215. Dans le domaine des services, la RDC, malgré son statut de PMA, a déjà pris beaucoup d’engagements au titre de l’Accord Général sur le commerce des services (AGCS). La contribution du secteur des services au PIB est en évolution progressive, comparativement aux autres secteurs de l’économie.

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216. Dans le secteur des transports, la RDC est confrontée aux contraintes liées au manque d’infrastructures et au faible développement des différents modes de transports. Avec l’appui des partenaires, le Gouvernement a entrepris une réforme en profondeur du secteur, longtemps marqué par l’existence d’entreprises publiques en situation de monopole dont la plupart sont d’ailleurs en difficulté. La considération de l’importance stratégique des transports pour la compétitivité de l’économie congolaise a conduit le Gouvernement, dans le cadre du projet de transport multimodal initié avec l’appui de la Banque Mondiale, à promouvoir le partenariat public-privé en vue de la relance du secteur des transports dont certains segments sont déjà ouverts à la concurrence. Par ailleurs, la RDC est engagée également dans les programmes d’infrastructures et de facilitation des échanges au niveau régional (COMESA, SADC, CEEAC, NEPAD) mais les financements ne sont toujours pas disponibles.

217. Le secteur bancaire, quant à lui, est en pleine mutation avec la création de nouvelles banques et leur implantation sur toute l’étendue du territoire national. En effet, ce secteur a été libéralisé depuis très longtemps, suite à des réformes inédites ayant permis d’obtenir les résultats probants ci-après: la restauration des indicateurs de solvabilité, de liquidité et de rentabilité des banques à l’effet de conduire à l’assainissement de ce secteur; la rénovation du cadre légal de l’activité bancaire par le renforcement de leur supervision et contrôle; la mise en place d’un guide comptable pour les établissements de micro-finance, à l’issu d’un diagnostic des audits organisationnels et financiers diligenté par la BCC; l’élaboration et la promulgation de la loi portant lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ainsi que la mise en place de la Cellule nationale des renseignements financiers (CENREF).

218. Grâce à ces mesures de redressement, des avancées significatives ont été observées dans ce secteur. La méfiance du public vis-à-vis des banques a pu être atténuée. L’accès au secteur est garanti à tout investisseur, sans discrimination et quelle que soit sa nationalité.

219. Il en est de même pour les organismes de micro-finance et les coopératives du secteur financier. La loi sur la micro-finance vise à encadrer les structures de la micro-finance.

220. C’est le cas également du secteur des télécommunications qui est suffisamment libéralisé. On y dénombre une dizaine d’opérateurs, sans distinction de nationalité. L’ouverture de ce secteur constitue une option gagnante, car la part des recettes collectées dans le secteur est loin d’être négligeable. Elle a également permis de multiplier le nombre d’abonnés aux réseaux mobiles qui desservent toutes les provinces du pays. L’État n’a plus le monopole de ce secteur dont la régulation est confiée l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes au Congo (ARTPC).

221. En conclusion, eu égard à tout ce qui précède, vous conviendrez sans doute avec moi que la RDC essaie, tant bien que mal, d’inscrire sa politique dans le respect de ses engagements commerciaux multilatéraux. Certes des lacunes persistent encore malgré la détermination du Gouvernement. C’est pourquoi, je terminerai en lançant un appel à nos partenaires, afin d’accompagner la RDC dans sa quête d’une meilleure insertion à l’économie mondiale.

PRÉSENTATEUR

222. Nous avons commencé il y a deux jours l’examen de la politique commerciale de la RDC. Nous avons entendu des interventions de la part de 15 délégations, nous avons ainsi eu une bonne participation dénotant de l’intérêt important que cet examen a suscité. Nous venons d’écouter, Monsieur le Secrétaire général, votre intervention de ce matin où vous avez, en particulier, présenté le prochain programme de réformes que votre gouvernement se propose de mener à bien tant sur le plan macro-économique, que sur celui de la politique commerciale et des politiques sectorielles. Il importera d’assurer maintenant une mise en œuvre rigoureuse et un suivi attentif à toutes ces réformes, à tous les Codes – minier, agricole, forestier etc. – qui ont été adoptés.

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223. Les différentes interventions de mercredi dernier ont toutes eu comme dénominateur commun deux aspects: la reconnaissance et l’appréciation pour les réformes importantes que le gouvernement a d’ores et déjà lancées qui ont déjà conduit à un certain redressement économique du pays mais il ne s’agit que d’un début, beaucoup d’efforts restent à faire.

224. Il y a eu consensus sur la nécessité d’améliorer le climat des affaires, ce qui veut dire: la simplification et l’accélération des procédures d’enregistrement et de contrôle aux frontières; la réduction drastique du nombre des taxes et droits qui sont prélevés; la lutte résolue contre la corruption et la création, dirais-je, d’une culture de service public; la mise en œuvre des recommandations de l’Étude diagnostique.

225. La relance de l’économie et du commerce implique la nécessité de consolider la stabilité dans tout le pays et d’assurer le plein exercice de la souveraineté étatique sur tout le territoire au service de la population. Pour développer le commerce intérieur et extérieur, il convient d’assurer en premier lieu la libre circulation les biens et services sur tout le territoire, de permettre à ces biens d’arriver sans entrave aux marchés locaux et régionaux.

226. Une autre condition indispensable pour un tel développement de l’économie et du commerce est la poursuite d’un programme ambitieux d’infrastructures et notamment de routes et de pistes rurales, et qui dit construction de telles routes et de telles pistes dit en même temps dispositif d’entretien et de maintien de ces infrastructures. Lors d’un assez bref séjour en RDC en août dernier j’ai pu me rendre compte que les choses sur le plan commencent à bouger.

227. La part très grande du commerce dans le PIB entraîne une grande dépendance de facteurs externes et par conséquent une grande vulnérabilité; d’où l’importance qui s’attache aux efforts visant à renforcer, à moderniser et à diversifier les capacités de production. Un appui marqué a été donné au développement de l’agriculture et au renforcement de la sécurité alimentaire. L’allègement de la dette au titre des PPTE a été salué accompagné du message qu’il convient d’affecter les ressources financières ainsi dégagées au développement du pays et à la lutte contre la pauvreté. La RDC devrait réserver un suivi plus attentif à ses obligations découlant de son affiliation à l’OMC et des engagements qu’elle y a contractés.

228. Concernant le secteur minier, la demande d’adhésion de la RDC à l’Initiative pour la Transparence dans les Industries d’Extraction (EITI) a été appréciée. La RDC pourrait ainsi se doter d’un instrument précieux pour le gouvernement et les sociétés concernées de créer une plus grande clarté dans les opérations relatives à ce secteur et le rendre plus compétitif et plus attractif pour les investisseurs; la participation au processus de Kimberley va dans le même sens; l’initiative visant à rejoindre l’Organisation pour l’harmonisation du Droit des Affaires a été de même encouragée; les engagements pris dans le domaine de l’APD devraient être respectés; le rôle important à jouer par l’aide au commerce et le Cadre Intégré Renforcé a été souligné y compris pour le développement des capacités de production.

229. Les mesures prises devraient permettre d’intégrer davantage l’économie informelle dans l’économie nationale et partant d’améliorer les statistiques. Une haute priorité est à réserver au développement de la formation et des capacités humaines

230. Cet exercice coïncide avec une conjoncture importante et je me réfère aux travaux en cours pour préparer la IVième Conférence des Pays les Moins Avancés (PMA) qui se tiendra à Istanbul en mai 2011. L’OMC a présenté une importante contribution à cette Conférence à la réunion du Sous-Comité des PMA que j’ai présidée le 17 novembre dernier. Les travaux menés au niveau de la CNUCED ont montré en particulier que la structure économique de la majorité des PMA n’a pas beaucoup changé au cours de la dernière décennie, qu’ils restent dépendants de l’exportation d’un nombre réduit de produits miniers ou agricoles. Une nouvelle attention est donc à réserver à la

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diversification des économies, à la création de valeur ajoutée dans les différentes filières. La RDC a une importante contribution à apporter à cette Conférence et les résultats et les recommandations de celle-ci pourront de même inspirer et guider son développement futur.

UNION EUROPÉENE

231. Nous avons examiné les réponses et nous n’avons pas des questions additionnelles à ajouter à ce stade. Les réformes déjà mises en œuvre ont conduit la RDC sur la bonne voie. Je voudrais renouveler les encouragements de l’UE à la RDC pour qu’elle continue toutes les réformes en cours et celles programmées ainsi que l’amélioration de son environnement domestique afin de rendre le pays plus favorable aux investissements. La RDC peut compter sur l’appui de l’UE pour l’aider à mettre en œuvre son programme d’aide au commerce. L’UE attache une grande importance au partenariat avec la RDC et nous espérons continuer à travailler ensemble pour le développement durable.

ZIMBABWE

232. Le Zimbabwe a des liens historiques, économiques, sociaux et culturels très anciens avec la RDC. Nos deux pays sont membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA) et du Marché commun d'Afrique orientale et australe (COMESA). Les échanges commerciaux entre le Zimbabwe et la RDC concernent le secteur de l'énergie – nous avons en effet importé et exporté du charbon et des produits connexes en provenance et à destination de la RDC.

233. Le Zimbabwe note avec plaisir que, d'après les rapports du Secrétariat et du gouvernement, les réformes structurelles mises en œuvre par la RDC lui ont permis de sortir de son marasme économique. Nous nous félicitons du fait que le pays ait atteint un rythme de croissance économique stable de 6 pour cent par an en moyenne, et nous souhaitons qu'il soit largement supérieur au taux d'accroissement de la population, qui s'établit à 3 pour cent. Malgré sa croissance impressionnante, la RDC a connu des difficultés dans divers domaines, notamment des problèmes liés aux infrastructures, à la pauvreté, au coût élevé du crédit, à la corruption, etc. L'injection de ressources additionnelles dans l'économie du pays qui a fait suite à l'allègement de la dette extérieure accordé en juillet 2010 devrait donner un coup de fouet à l'activité économique, surtout en ce qui concerne la réduction de la pauvreté, qui est l'un des principaux Objectifs du Millénaire pour le développement.

234. En outre, l'ouverture à la concurrence des marchés de la RDC, et en particulier des services et du secteur manufacturier, contribuera à accroître la compétitivité et à drainer les investissements dont le pays à besoin pour réaliser ses potentialités.

235. Le commerce entre la RDC et le reste du continent est toujours très limité, le pays ayant seulement deux grands partenaires commerciaux – à savoir la Zambie et l'Afrique du Sud – au sein du COMESA et de la zone commerciale régionale australe, respectivement. À l'évidence, il reste un fort potentiel à exploiter compte tenu de la taille de la population du pays et de ses divers besoins.

236. Nous avons pris note des difficultés que la RDC rencontre pour mettre en œuvre certains accords commerciaux de l'OMC, comme celui sur les droits de douane, et nous sommes favorables à la multiplication – dans la mesure du possible – des activités d'assistance technique, y compris dans le cadre de l'Aide pour le commerce, en faveur de ce pays. Cela lui permettra de poursuivre son programme de libéralisation.

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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

237. Nous observons que la RDC est un pays naturellement doté d'un fort potentiel économique, que les efforts conjoints du gouvernement et des partenaires aideront à trouver sa place dans le contexte multilatéral. Permettez-moi de préciser ici que la RDC et la République centrafricaine ont en commun une tradition historique, politique et culturelle ancienne. Outre les considérations que j'ai évoquées, il y a eu des échanges commerciaux informels entre le Sud de la République centrafricaine et la RDC, qui ont été formalisés par des accords de libre-échange.

238. La République centrafricaine a utilisé les eaux navigables du Bangui pour transporter ses produits, soit 600 000 tonnes par an dans les années 1970 contre 320 000 tonnes actuellement. Il est important de souligner que les deux décennies de chaos politique ont entraîné la fermeture des frontières, pénalisant le commerce destiné aux populations frontalières des deux pays. La bonne nouvelle aujourd'hui est que nous avons passé un accord pour rouvrir les frontières afin de résoudre ce problème. Par ailleurs, la RDC a utilisé le port de Douala pour faire transiter ses marchandises par le port de Beleko, qu'elle n'autorise pas à importer de grandes quantités en raison des règles de transit en vigueur et des coûts élevés que cela comporte.

239. La RDC bénéficie aussi du Cadre intégré, qui est un programme d'intégration par le commerce destiné aux PMA. Le succès de ce programme en ce qui concerne l'assistance technique nécessaire aux projets admissibles au bénéfice d'un financement mérite une attention particulière. Nous prenons note de l'effort consenti par le Ministère français des affaires étrangères, qui a financé le transport sur le fleuve Bangui à hauteur de 900 millions de francs CFA, et nous invitons les autres partenaires à soutenir ces initiatives qui ne peuvent que contribuer à faciliter les échanges entre les trois pays que sont le Congo, la RDC et la République centrafricaine.

CONGO

240. Je commencerai par une formule sans doute inhabituelle, empruntée aux responsables politiques élus à des postes de pouvoir ou qui essayent d'obtenir de tels postes: "il est difficile, sinon impossible, de réinventer un pays". Je pense que cette citation s'applique parfaitement à la situation économique et sociale de la RDC, qui sort tout juste de 15 années de bouleversements politiques qui ont, notamment, eu pour conséquence une détérioration considérable des conditions de vie de la population et la destruction du tissu économique. Mon pays, la République du Congo, qui a une frontière commune avec la RDC dont le tracé suit presque entièrement le fleuve Congo, ne peut être indifférent à l'examen des politiques commerciales de la RDC en cours, car étant passé par cette douloureuse étape, connaît parfaitement les sacrifices qu'un pays doit consentir pour sa reconstruction.

241. La RDC vient d'être admise au bénéfice de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), avec tous les avantages qu'elle comporte, ce qui représente une nouvelle étape de sa résurrection politique et économique, parallèlement à l'examen de ses politiques commerciales. Je ne souhaite pas entrer dans les détails des politiques appliquées par la RDC car ils ont été évoqués mercredi dernier dans les diverses déclarations des délégations, qui ont reconnu les efforts considérables, quoique limités, qui continuaient d'être déployés par la RDC pour assurer sa reprise économique et participer pleinement au système commercial multilatéral. Mon pays est membre de la CEMAC et de la CEEAC, comme notre voisin; aussi, apprécions-nous beaucoup ses efforts et ses réussites, en particulier du fait que nous entretenons avec ce pays une relation déjà ancienne dans le domaine du commerce et dans d'autres domaines. Nous sommes très heureux de constater les progrès économiques et sociaux réalisés par la RDC pour se reconstruire grâce à l'exploitation rationnelle de ses potentialités naturelles considérables, qui sera bénéfique non seulement à ce pays, mais aussi à d'autres pays de la région, et lui permettra donc de connaître un développement économique réel.

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242. Cet examen a mis en évidence les défis auxquels la RDC est confrontée et qui sont similaires à ceux auxquels sont confrontés de nombreux autres pays africains. Ils consistent à construire et reconstruire les infrastructures de base; reconstruire le système de production; créer des emplois; assurer la sécurité alimentaire de la population; réorganiser l'administration publique afin d'assurer une gouvernance adéquate et de lutter contre la corruption; stabiliser le secteur financier; réhabiliter et améliorer le système d'enseignement ; etc., aux fins de l'intégration dans le système économique intra régional et international, etc.

243. Il faut que la RDC prenne conscience du potentiel que lui offre le rééchelonnement de la dette qui, je crois, a été évoqué dans le présent examen, car il est important pour renforcer le commerce et créer des bases économiques et politiques solides en vue de poursuivre le développement.

244. À l'évidence, la production doit être prioritaire dans tous les pays en développement, y compris la RDC, pour qu'ils puissent réellement devenir des acteurs à part entière du système commercial multilatéral. En effet, la facilitation des échanges fait intervenir l'offre et la demande, et si aucun effort n'est fait pour renforcer cette offre, donc les capacités de production, pour les PED, elle aboutira à une nouvelle forme de colonialisme, alors économique, qui est la dernière chose souhaitable parce qu'elle n'est bénéfique à aucun pays.

ÉTATS-UNIS

245. Les États-Unis souhaitent tout d'abord remercier la RDC d'avoir répondu à leurs questions. Nous n'avons pas eu la possibilité de toutes les passer en revue, en particulier du fait qu'elles sont toutes rédigées en français, mais nous avons l'intention de les examiner plus attentivement la semaine prochaine. Nous n'avons cependant pas de questions complémentaires à poser ce jour.

246. Nous sommes tout à fait conscients de l'effort à fournir pour donner des réponses écrites, et nous tenons vraiment à adresser nos remerciements non seulement au Secrétaire général, mais aussi à tous les membres de la délégation de la capitale. Je souhaite aussi remercier le Secrétaire général pour sa déclaration d'aujourd'hui, qui était très intéressante à de nombreux égards, et j'en ai pris bonne note, ainsi que de la déclaration du présentateur.

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VI. REMARQUES FINALES DU PRÉSIDENT

247. Ce premier examen de la République démocratique du Congo (RDC) nous a permis de mieux comprendre l'environnement économique du pays, ses politiques et pratiques commerciales et les défis auxquels il est confronté. Notre dialogue a été stimulé par la collaboration pleine et entière de la délégation de la RDC, conduite par M. Albert KWETE MINGA BOPE, Secrétaire général au commerce, et par la contribution perspicace de notre présentateur, S.E. M. Jean FEYDER.

248. Les Membres ont félicité la RDC pour la réforme macro-économique et structurelle qu'elle a engagée, y compris dans le domaine du commerce, et qui a contribué aux résultats globalement positifs de son économie; pour la reprise en cours, après les crises sociopolitiques qu'elle a traversées; et pour la réduction de sa dette dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Toutefois, l'insuffisance des infrastructures, l'inaccessibilité et le coût élevé des services financiers, l'inefficacité des entreprises d'État, l'existence d'un grand nombre de droits et de redevances disproportionnées imposées par plusieurs organismes non coordonnés, ainsi que la faiblesse de la gouvernance, caractérisée entre autres choses par les pesanteurs administratives et la corruption, comme en témoignent les indicateurs de Transparency International et ceux de la Banque mondiale (Doing Business), nuisent à la compétitivité de l'économie et compromettent ses perspectives de croissance. La RDC a été encouragée à poursuivre ses réformes en vue de renforcer les fondamentaux de son économie et de rendre son environnement économique propice à l'investissement étranger direct, nécessaire pour exploiter son potentiel considérable, diversifier son économie et faire reculer la pauvreté.

249. Les Membres appréciaient l'attachement de la RDC au système commercial multilatéral mais se sont dits inquiets de la possibilité d'engagements contradictoires dus à sa participation à la quasi-totalité des accords commerciaux régionaux d'Afrique centrale, orientale et australe. Ils ont noté que les contraintes du côté de l'offre constituaient un obstacle majeur à l'utilisation des préférences commerciales par la RDC.

250. La RDC applique un tarif douanier à la structure relativement simple mais elle a consolidé celui-ci à des taux plafonds. En outre, malgré leur consolidation à zéro, plusieurs autres droits et impositions s'appliquent au commerce international et majorent les coûts de l'activité commerciale. L'obligation d'inspection avant expédition pour les importations et la longueur des procédures d'importation, y compris en matière de licences, compliquent encore davantage le régime commercial. La RDC a été encouragée à s'acquitter pleinement de son obligation de notification et à mettre en œuvre l'Accord de l'OMC sur l'évaluation en douane, à abolir ses autres droits et impositions sur les importations et les exportations, et à réduire ses taux de droits consolidés, en vue de remplir ses engagements multilatéraux et d'améliorer la prévisibilité de son régime tarifaire ainsi que la compétitivité de ses produits.

251. Des éclaircissements ont été demandés sur un certain nombre de sujets, à savoir, notamment, les obstacles techniques au commerce, les mesures SPS, les marchés publics, les points faibles de la protection des droits de propriété intellectuelle et les services financiers.

252. Les Membres se sont dits satisfaits des réponses données à leurs questions par la délégation de la RDC.

253. En conclusion, les Membres ont encouragé la RDC à améliorer son environnement économique ainsi que la prévisibilité et la crédibilité de son régime commercial en améliorant ses engagements dans le cadre de l'OMC pour les marchandises et les services et en en élargissant la portée. De telles initiatives, conjuguées à de nouvelles réformes structurelles, contribueraient à attirer les investissements étrangers directs nécessaires au développement de l'économie et au recul de la pauvreté. Les partenaires commerciaux pouvaient soutenir ces efforts en gardant leurs marchés ouverts aux biens et services qui présentent un intérêt pour la RDC et en lui fournissant une assistance technique appropriée.

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PRÉSIDENT

254. Nous devons maintenant traiter les questions internes. Je me réfère au Projet de rapport de l'Organe d'examen des politiques commerciales pour 2010 (WT/TPR/W/42). Les délégations souhaitent-elles formuler des observations sur ce document?

CHINE

255. Tout d'abord, ma délégation souhaite remercier le Président et Secrétariat d'avoir élaboré ce rapport et sollicité nos observations avant la réunion. Nous croyons savoir que ce rapport, tel qu'il se présente sous la cote WT/TPR/W/42, vise à donner un résumé factuel des débats tenus au sein dudit Organe en 2010. Puisque notre délégation représente l'un des Membres qui ont conduit un examen des politiques commerciales (EPC) au cours de cette année, nous aimerions saisir cette occasion pour vous faire part, ainsi qu'aux autres Membres, de certaines observations basées sur notre expérience récente.

256. Vous vous en souvenez peut-être, le troisième EPC de la Chine s'est déroulé le 31 mai et le 2 juin 2010. Avant la première séance de la réunion d'examen, nous avons reçu 1 508 questions des autres Membres, dont plus de 1 200 ont été posées avant l'échéance des deux semaines. Puis, lors de la deuxième séance, nous avons reçu 128 questions complémentaires. La Chine apprécie beaucoup le vif intérêt que les autres Membres ont manifesté pour son régime commercial. Nous avons d'ailleurs fait tout notre possible pour répondre, durant l'examen, à toutes les questions préalables communiquées avant le délai de deux semaines prévu par le Règlement intérieur de cet Organe. Mais à franchement parler, en relisant ces réponses après l'examen, alors que nous préparions les réponses écrites à l'ensemble des questions, il nous est apparu qu'elles manquaient de précision sur le fond dans une moindre mesure et, dans une plus large mesure, sur la formulation.

257. Il y a trois raisons principales à cela. Tout d'abord, vous n'êtes pas sans savoir que la Chine est un pays en développement soumis à des contraintes institutionnelles, budgétaires et de ressources humaines, à l'instar des autres pays en développement Membres. De plus, aucune des trois langues officielles de l'OMC n'est une langue de travail de la Chine. Enfin, le nombre considérable de questions qui ont découlé de l'examen, qui dépasse même le nombre de questions concernant les pays développés Membres, ajoute à nos difficultés. Nous estimons que le problème de la langue, l'augmentation du nombre de questions et les moyens limités ne touchent pas exclusivement la Chine. D'autres pays en développement Membres peuvent connaître une situation semblable.

258. En tant que pays en développement et Membre ayant accédé récemment à l'OMC, la Chine aborde l'examen des politiques commerciales avec sérieux et apprécie énormément le mécanisme de transparence. Cependant, la qualité des examens se dégrade de plus en plus, sauf lorsqu'il est efficacement remédié aux contraintes du côté de l'offre des pays en développement Membres. Cela étant, la Chine est tout à fait consciente que la prochaine et quatrième évaluation du mécanisme d'examen des politiques commerciales est imminente. Elle nous donnera une bonne base pour continuer d'échanger nos vues et chercher des solutions en ce qui concerne les préoccupations que je viens d'évoquer. Cependant, afin que nous ayons tous davantage de temps pour réfléchir non seulement aux préoccupations que nous avons soulevées, mais aussi à d'autres préoccupations qui se sont peut-être déjà manifestées, ou à d'éventuelles suggestions, nous espérons que notre intervention pourra servir d'exemple ou susciter des idées créatives. La Chine est prête à apporter des contributions constructives à la prochaine évaluation qui doit être menée en 2011 pour affiner encore le mécanisme et la qualité des examens des politiques commerciales. C'est ainsi que je conclurai mon intervention, tout en indiquant que nous sommes favorables à l'adoption du Projet de rapport.

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JAPON

259. Nous partageons la préoccupation de la Chine quant à l'amélioration du processus de questions-réponses écrites. D'une manière générale, l'échéance de deux semaines pour la communication des réponses écrites n'a pas été respectée. Nous avons toutefois observé que dans certains cas, les Membres à l'examen ne peuvent pas du tout ou pas totalement respecter le délai imparti. Comme mon collègue chinois l'a expliqué, ces réponses tardives peuvent refléter diverses difficultés rencontrées par les Membres qui doivent répondre aux questions dans un délai limité. En outre, ces difficultés concernent non seulement les pays ayant des capacités limitées, mais aussi ceux qui reçoivent de nombreuses questions. À l'évidence, le fait de ne pas fournir de réponse le premier jour de l'examen a des répercussions sur les débats tenus dans le cadre de l'EPC. Par conséquent, le Japon est d'avis que l'on traite cette question en priorité lors du prochain examen. Il est disposé à contribuer à la discussion.

TERRITOIRE DOUANIER DISTINCT DE TAIWAN, PENGHU, KINMEN ET MATSU

260. Cette année a eu lieu le deuxième examen de nos politiques commerciales. Nous nous réjouissons d'avoir la possibilité de faire part aux autres Membres de l'évolution récente des diverses réformes entreprises s'agissant de notre régime économique et commercial. Nous estimons également que cet exercice contribue à la transparence visée par l'Organe d'examen des politiques commerciales. Il s'agit d'un exercice très utile pour tous les Membres de l'OMC. Nous partageons effectivement les préoccupations soulevées par les intervenants précédents à propos des contraintes de temps et des contraintes liées aux ressources humaines auxquelles nous devons faire face pour répondre aux questions des Membres dans le délai très court dont nous disposons dans le cadre du processus d'EPC. Nous suggérons aussi de tenir compte à l'avenir des contraintes réelles qui pèsent ainsi sur certains Membres.

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