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183 Trouvez d’autres articles et photos sur www.lebimsa.fr LES JEUNES S’ENGAGENT ! Mensuel / Avril - Mai 2018 P.13 RENFORCER L’ACCÈS AUX SOINS P.26 SOLIDEL REMET LE COUVERT P.34 PRÉVENTION ROUTIÈRE : TOUS CONCERNÉS

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LES JEUNES S’ENGAGENT !

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P.13 RENFORCER L’ACCÈS AUX SOINS P.26 SOLIDEL REMET LE COUVERT P.34 PRÉVENTION ROUTIÈRE : TOUS CONCERNÉS

Régulièrement, des voix s’élèvent pour défendre l’idée d’une intégration de la MSA au régime général. L’une des dernières en date est un article publié le 7 avril sur le site Internet de l’Ifrap, think tank dédié à l’analyse des politiques publiques.

Sur l’argument d’une intégration qui permettrait de répondre à une logique de simplification et d’économies d’échelle, notre point de vue est

le suivant : nous pensons qu’avant de porter une appréciation étayée sur des conséquences en termes de coûts et de qualité de service, il est préférable d’at-tendre les effets de l’intégration en question. Il est encore trop tôt pour se pro-noncer sur la solution avancée en prenant pour seul exemple celui du RSI ! Et je rappelle que la MSA n’est pas le RSI mais un régime professionnel comportant tant des non-salariés que des salariés. Un changement de statut n’induit pas un changement d’organisme, le guichet unique couvrant toute la protection sociale, y compris la santé au travail, l’an-crage territorial avec de multiples actions de terrain répondant aux besoins des populations couvertes et des territoires, la gouvernance s’appuyant sur des élus dans chaque canton. Par ailleurs, on nous conteste notre volonté d’extension du périmètre de nos activi-tés. Rappelons tout d’abord que cette volonté témoigne d’une démarche de bonne gestion pour un organisme confronté à la baisse tendancielle du nombre de ses ressortissants, essentiellement des non-salariés. Nous bénéficions d’un savoir-faire approuvé dans la gestion pour compte de tiers, par exemple : recouvrement des coti-sations de l’Unedic et d’une vingtaine d’organismes nationaux de la sphère sociale et professionnelle agricole ; gestion de l’assurance maladie des ressortissants de la RATP et de la caisse des Français de l’étranger, infogérance pour la SNCF ; missions de couverture sociale confiées par l’État à Mayotte et à Saint-Barthélemy, etc.Nous sommes le seul organisme à disposer en son sein de toutes les compétences humaines et techniques pour couvrir la totalité du champ de la protection sociale de base et complémentaire. Pourquoi devrions-nous limiter nos efforts ? Enfin, la MSA est un acteur de référence dans le milieu rural, reconnu comme tel par les pouvoirs publics. Au-delà de sa seule mission de service public, elle organise et fédère un réseau associatif qui permet de sauvegarder sur les territoires l’accès à des services essentiels de la vie courante, notamment pour les personnes âgées. Cette activité économique — 5 000 équivalents temps plein — offre un fort potentiel de développement.Je rappelle une fois encore que si la MSA est favorable à l’intégration financière dans un seul régime, elle considère que la pluralité d’opérateurs à caractère profession-nel est le gage d’une bonne prise en compte des besoins spécifiques et territoriaux.

Michel BraultDirecteur général de la CCMSA

Un changement de statut n’induit pas un changement d’organisme.”

La reproduction

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est subordonnée

à une autorisation

préalable.

Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole19 rue de Paris – CS 50070 – 93013 Bobigny CedexTél. : 01 41 63 77 77 – www.msa.frLe Bimsa : dépôt légal à parutionCPPAP : 1021 M 05851 – ISSN : 1298-9401Directeur de la publication : Michel BraultComité d’orientation : Pascal Cormery ; Philippe Moinard ; Béatrice Barbeau ; Robert Caldayroux ; Didier Cuniac ;Régis Jacobé ; Dominique Marmier ; Éric Van Daele ; André RicardRédacteur en chef : Gildas BelletRédacteur en chef adjoint : Franck RozéRédacteurs : Ève Dusaussoy ; Marie Molinario ; Alexandre Roger Secrétaire de rédaction : Anne Pichot de la MarandaisMaquettistes : Delphine Levasseur ; Lou RoyConception : agence MeaningsAdministration et abonnements : Marie-Christine Feugueur Tél. : 01 41 63 73 31Imprimeur : Imaye Graphic 96, boulevard Henri-Becquerel - ZI des TouchesBP 2159 - 53021 Laval cedex 9Couverture : MFR Saint-Florent-des-BoisÉdito : Luc Pérénom/CCMSA Image

Le Bimsa est imprimé sur du papier certifié PEFC.

ACTUALITÉS ……………………04-08Du nouveau dans les régions et dans notre environnement social et agricole.

TERRITOIRES …………………09-12Écrire les bons dialogues.

ENJEUX ……………………………13-14 Renforcer l’accès aux soins.

DOSSIER ……………………15-23 LES JEUNES S’ENGAGENT !Avec 89 projets cette année, l’appel à partenariat MFR-MSA a le vent en poupe. Les jeunes fourmillent d’idées et la MSA les aide à les concrétiser. Retour sur trois réalisations.

FOCUS ………………………………24-25Rescrit social, mode d’emploi.Les centres de loisirs examinés à la loupe.

RENCONTRES ………………26-33 Solidel remet le couvert.Plus forts ensemble.La Gironde soigne ses jeunes.Se soucier du bien-être au travail.

EN IMAGES ……………………34-35Prévention routière : tous concernés.

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Restez informés :

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MARNE ARDENNES MEUSE – SUD CHAMPAGNE /

Trophée prévention jeunesLa finale régionale de la 13e édition du Trophée prévention jeunes (TPJ) s’est déroulée le 18 avril, à Sept-Saulx, dans la Marne. La section seconde professionnelle élevage canin et félin du lycée de Somme-Vesle, dans la Marne, a remporté le premier prix, avec un projet de sensibilisation et de prévention à l’échinococcose, zoonose transmise à l’homme par les chiens, les chats, les renards. La présentation, sous forme théâtrale à la sauce C’est pas sorcier, a séduit l’auditoire, tant par le fond que par la forme.

Crogny, dans l’Aube, a trusté les deuxième et troisième marches du podium. La première équipe des apprentis bûcherons a présenté une « Crogny Cook Box ». « Nous avons choisi d’aménager une remorque tractée derrière un véhicule de chan-tier forestier, permettant d’assurer une prise de repas qui respecte les règles d’hygiène et de sécurité », soulignent les jeunes. Leur présen-tation d’un prototype réalisé avec des matériaux de récupération a laissé le jury admiratif. Ce qui leur a valu une belle deuxième place. La seconde équipe de Crogny s’est lancée dans une démonstration d’affûtage de chaîne de tronçon-neuse sous la forme d’un tutoriel vidéo. Son message est simple : « Un affûtage de qualité est un gage de sécurité au moment de l’abattage. » Les autres projets ont également séduit le jury : « Le cru

2018 du TPJ est de qualité. » Les prix, qui s’échelonnent de 500 à 1 600 euros, concrétisent le travail d’une année scolaire.

La prévention avant toutLe TPJ, c’est aussi des stands et des animations autour de la santé et de la sécurité au travail : lunettes 3D pour simuler les chutes de hauteur, circuit alcoolémie avec lunettes déformantes, le Tamalou pour la prévention du mal de dos, le « CKIKI Joue » sur la consom-mation d’alcool et de cannabis, le code de la route Groupama. Cet événement est un moyen original et constructif d’impliquer les futurs professionnels agricoles dans des projets de santé et de sécurité, et de sensibiliser les enseignants et les chefs d’établissements à l’intégration de la prévention dans leur projet pédagogique. —

ALSACE /

CHARTE TERRITORIALELa MSA d’Alsace, la CAF du Haut-Rhin, le conseil départemental du Haut-Rhin, la communauté de communes du Pays de Rouffach vignoble et château, et la fédération des foyers-clubs ont signé, en mars dernier, la première charte territoriale avec les familles et les jeunes âgés de 18 à 25 ans. Ce dispositif expérimental a pour objectif de revitaliser la vie en milieu rural. Il s’inscrit sur une durée de trois ans. Il pourrait se développer ces prochaines années sur d’autres territoires.

MIDI-PYRÉNÉES SUD /

“PREMIÈRES PAGES”La MSA Midi-Pyrénées Sud est partenaire de l’opération « Pre-mières pages » – qui sensibilise les familles à l’importance de la lecture dès le plus jeune âge – pour la première fois cette année, dans les Hautes-Pyrénées. Un album, offert pour chaque enfant né ou adopté en 2018, est à retirer dans l’un des 80 points de retrait (bibliothèques, centres sociaux, relais assistantes maternelles, centres de PMI, associations…). Les acteurs de la culture et de la petite enfance y proposent des animations tout au long de l’année (tapis de lecture, ateliers contes, théâtre d’images…). Une journée ouverte aux professionnels des livres et de la petite enfance a eu lieu le 20 mars, à Bagnères-de-Bigorre.

64,4hectares, c’est la superficie moyenne des exploitations agricoles en 2016.

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PORTES DE BRETAGNE /

Projet social de territoire

DORDOGNE, LOT ET GARONNE /

Coup de pouce connexion

Roi Morvan communauté, la CAF du Morbihan et la MSA Portes de Bretagne ont souhaité agir ensemble pour le développement des solidarités et des services aux familles sur ce territoire. Cet engagement commun, qui a commencé au printemps 2017, va se poursuivre sur une période de quatre ans. Ils suivront un cap fixé ensemble, qui permettra d’offrir de nouveaux services aux habitants et de mieux faire connaître ceux existant déjà.Ce partenariat a été formalisé par la signature d’une convention d’engagement tripartite, intitulée Projet social de territoire, qui s’est déroulée le 19 avril, à Gourin, dans le Morbihan. À l’issue de cette signature, des ateliers de réflexion, réunissant des élus locaux, des délégués MSA, des partenaires institutionnels, des associations et des habitants du territoire, ont été organisés autour des trois thématiques retenues pour 2018 :

Pour favoriser l’insertion des populations fragiles dans leur environnement social et économique, la MSA Dordogne, Lot et Garonne développe son nouveau pro-gramme « Coup de pouce connexion ». Il s’agit d’une action collective visant à s’approprier et à utiliser Internet au quotidien. De janvier à mars 2018, la MSA a orga-nisé des ateliers informatiques gratuits à l’espace numérique de Villeréal, dans le Lot-et-Garonne. Ce lieu, équipé de maté-riel informatique connecté pour chaque participant, a permis à des personnes — pénalisées par l’usage récurrent du numérique et d’Internet ou éprouvant des difficultés à accéder à l’outil informa-tique par manque de moyens financiers ou de confiance en soi — de découvrir et de s’initier aux outils, aux services et aux innovations liés au numérique.En dix séances de trois heures, l’animatrice de l’espace numérique et l’assistant social de la MSA ont proposé aux participants (par groupe de dix) des mises en situation et un travail individuel ou collectif sur un large éventail de sujets liés à Internet. Grâce à ce programme, chacun est reparti en sachant faire des recherches sur des sites et des forums spécialisés, effectuer des démarches personnelles ou profes-sionnelles (télédéclarations, réponse à des annonces, achats, consultation de compte bancaire...), télécharger des documents ou des applications, communiquer facilement grâce à l’ouverture d’une boîte e-mail et à l’usage des réseaux sociaux… La MSA apporte ainsi de nouvelles compétences et un moyen pour être plus autonome et rompre l’isolement. En réponse à l’éloignement des popu-lations rurales, Internet représente un véritable levier de proximité. —

Denis Verdier, le président de l’association Bureau profes-sionnel, a fait don à la MSA du Languedoc d’une somme de 70 000 euros, pour qu’elle mène des actions d’aide pour les familles et de prévention pour les jeunes. Créée dans les années 1960 pour accompagner les exploitants agricoles dans la constitution de leurs dossiers TVA, cette association a cessé son activité en 2015. 56 000 euros ont été consacrés à l’aide aux familles touchées par la maladie dans le Gard. 34 non-salariés ont ainsi bénéficié d’un soutien financier exception-nel pour différentes causes : arrêt maladie, accident du travail, enfant à charge bénéficiaire de l’allocation enfant handicapé… Ont été accordées des aides au remplacement, des aides pour prendre soin de soi (consultation médicale spécialisée), des aides pour des équipements adaptés au logement (élévateur), une participation aux frais médicaux et paramédicaux non pris en charge par l’assurance maladie...14 000 euros ont bénéficié aux élèves de l’enseignement agricole, qui ont assisté à des séances de théâtre-forum interactif sur le thème de la sécurité routière. Elles ont permis aux équipes pédagogiques d’engager une réflexion sur les facteurs de risque liés à la vitesse, l’alcool et les stupéfiants. —

NORD-PAS DE CALAIS /

DES LYCÉENS FACE AU HANDICAP

C’est le nombre d’élèves qui ont participé, le 21 avril, à une journée dédiée au handicap, au lycée horticole de Raismes, dans le Nord. La MSA Nord-Pas de Calais a mis en place cette journée, afin que les jeunes prennent conscience des difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontées les personnes en situation de handicap. Organisée par le comité d’échelon local Douaisis-Valenciennois, avec l’aide de l’association Collectif handicap et accessibilité pour tous, elle a rassemblé des ergothérapeutes, des infirmières, des kinésithérapeutes et des professionnels de handisport. Des ateliers de sensibilisation sur les différents handicaps (visuel, auditif, mental…) et un parcours en fauteuil roulant étaient proposés aux jeunes. Des élus de la commune ont également participé à cette journée de sensibilisation.

LANGUEDOC /

70 000 euros de dons

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le numérique ; l’enfance et la famille ; l’emploi et l’insertion. Une soixantaine de personnes y a participé. Les échanges ont été fructueux, nourris d’expériences et de témoignages. Afin de continuer les travaux, deux autres sessions ont été programmées, le 22 mai au Faouët et le 14 juin à Guémené-sur-Scorff. —

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RHÔNESALON PRÉVENTICADU 29 AU 31/05. Les MSA de la région Auvergne-Rhône-Alpes donnent rendez-vous à leurs adhérents au salon de la santé/sécurité au travail, à Lyon-Eurexpo, sur leur stand commun (avec une animation de réalité virtuelle sur les chutes de hauteur) et pour trois conférences thématiques à 14 heures (démarche de prévention, hygiène au travail, risques psychosociaux). www.preventica.com—CORSEENTREPRENEURS DES TERRITOIRES DU 31/05 AU 01/06. La fédération nationale entrepreneurs des territoires tient son 86e congrès national sur le thème « Réinventer nos entreprises », à partir de 11 h le 31 mai et de 9 h 15 le 1er juin 2018, au palais des congrès d’Ajaccio. congresedt2018.fr—LOIRE-ATLANTIQUESALON DU VÉGÉTALDU 19 AU 21/06. Il se déroulera au parc des expositions de Nantes. C’est le plus grand salon professionnel français dédié aux univers du végétal, du jardin et de la nature en ville. Exposants, animations et conférences attendent les visiteurs en fonction de leurs centres d’intérêt : production, distribution, fleuriste, paysage, formations/emplois. www.salonduvegetal.com—SAÔNE-ET-LOIREEUROFOREST 2018DU 21 AU 23/06. La 7e édition d’Euroforest, le salon forêt-bois en pleine nature, se déroulera à Saint-Bonnet-de-Joux, en Bourgogne-Franche-Comté. Le premier salon forestier français et troisième européen est reconnu comme le rendez-vous de référence de la filière amont de la forêt. 40 000 visiteurs sont attendus. www.euroforest.fr—

BEAUCE CŒUR DE LOIRE /

Sécuriser l’activité agricoleConscients que les situations accidentogènes sont encore trop nombreuses sur les exploitations agri-coles, les élus de la MSA Beauce coeur de Loire ont souhaité qu’une formation pratique soit donnée aux professionnels agricoles. Cette réunion, axée sur « la prévention des risques pour sécuriser son activité agricole », s’est déroulée le 30 mars, à Louzouer, dans Le Loiret, sur l’exploitation de Jean Groenweg. Une quinzaine de participants, exploitants et salariés, sont venus pour l’occasion écouter les recommandations du conseiller en prévention de la MSA, Thierry Mahon de Monaghan. Au cours de la visite qui a eu lieu le matin, ont été passés en revue le hangar et l’agence-ment de ses équipements (tables de pliage, espaces pour souder, perceuses, treuil installé au plafond pour soulever les lourdes charges, servante pour déplacer les outils sur le lieu de travail, chauffage apportant du confort...), les équipements de protection individuelle et le télescopique.Mises en situations sur différents postes de la ferme,

analyse et détection des risques, explications sur les moyens pour s’en prémunir : la formation a suscité de nombreux échanges. Les agriculteurs ont notam-ment pris conscience que l’installation des habitudes de travail peut favoriser la survenue d’accidents. En cause : moins de vigilance, une volonté d’aller rapidement, oublier d’utiliser le matériel de sécurité. Une réunion identique avait eu le 19 janvier, à Rebréchien, dans le Loiret. —

de 800 congressistes et 300 béné-voles. Il sera avant tout un moment d’échange entre agriculteurs.Prévu les 5, 6 et 7 juin à la Cité Saint-Pierre, à Lourdes, ce ras-semblement – qui verra l’élection du nouveau président national des JA, avec la participation attendue de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, le dernier jour – nécessite un soutien des structures locales. C’est pour-

quoi, dès le mois de juin 2017, les JA 65 ont sollicité la MSA MPS. Dans le cadre du partenariat avec les JA, scellé par une charte signée en 2011 et régulièrement actua-lisée depuis, la MSA a répondu favorablement à cette demande. Cet accord a été officiellement formalisé, en présence de Jean-Louis Cazaubon, vice-président en charge de l’agriculture au conseil régional d’Occitanie. —

MIDI-PYRÉNÉES SUD /

Congrès des Jeunes agriculteursAu cours du salon de l’agricul-ture qui s’est tenu début mars à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées, a été signée sur le stand de la MSA une convention entre la MSA Midi- Pyrénées Sud et les Jeunes agriculteurs des Hautes-Pyrénées, concernant l’organisation du 52e congrès national des Jeunes agricul-teurs. Cet événement d’envergure, le premier de ce genre organisé sur le département, réunira près

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EN RÉGIONS

VIE DE L’INSTITUTION

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SILVER FOURCHETTELe groupe SOS, partenaire de la MSA, a lancé en 2014 le programme Silver fourchette, composé d’un concours gastronomique et d’animations périphériques (cinés-débats, ateliers cuisine…). Après des sélections départementales (voir notre article de février 2018), la finale aura lieu le 4 juin au Palais d’Iéna à Paris. Parmi les candidats, la Marpa de Pierrefontaine-les-Varans (Doubs) portera les valeurs du réseau des maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie. www.marpa.fr

APPEL À PROJETSLe fonds national de lutte contre le tabagisme, dont la MSA est membre, lance un appel à projets « Mobilisation de la société civile ». Il vise le soutien à la mise en œuvre d’actions à caractère national, portées par des acteurs de la société civile. Date limite de candidature : le 10 juin 2018.

NOUVEAU TESADepuis le 1er avril, grâce au nouveau Tesa, les employeurs de main-d’œuvre agricole peuvent déclarer leurs embauches et réaliser leurs bulletins de salaire en ligne. Pour faciliter l’appropriation de ce nouveau service numérique, la MSA propose aux adhérents, outre un accompagnement de proximité assuré par les caisses, des tutoriels vidéo sur son site dédié : nouveau-tesa.msa.fr

TOXICOVIGILANCE EN MILIEU AGRICOLEDans son bulletin Vigil’anses (http://vigilanses.mag.anses.fr/), l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) propose une présentation du réseau Phyt’attitude développé par la MSA, de ses objectifs et de ses impacts dans l’évaluation des risques des produits chimiques. Ce réseau

a pour objectifs de recenser et d’analyser toutes les informations sur les accidents, incidents, ainsi que les effets sur la santé survenus lors de l’utilisation de produits chimiques par les salariés et les exploitants du monde agricole afin d’améliorer

la prévention par la remontée d’informations aux fabricants et aux pouvoirs publics.

L’observatoire économique et social de la MSA indique que l’effectif total de la population protégée en mala-die au régime agricole est de près de 3,2 millions de personnes en 2017 (bénéficiaires ayant droit aux prestations au titre de l’assurance maladie obligatoire. Il peut s’agir d’actifs, de retraités, de conjoints d’actif ou de retraité, ou d’enfants). La diminution est de 1,1 % et résulte de la combinaison de deux mouvements inverses : une pro-gression très modérée des effec-tifs de personnes protégées chez les salariés agricoles et un recul continu de ceux appartenant au régime des non-salariés.Fin 2017, près de 1,9 million de personnes relèvent du régime des salariés pour leur assurance maladie (58 % de l’effectif total), en légère progression (0,4 % en 2017, après 1,5 % en 2016).Chez les non-salariés agricoles, plus de 1,3 million de personnes sont protégées (42 % de l’effectif). La baisse se poursuit en 2017 et s’établit à - 3,2 %, après - 3,3 %

en 2016. Ce recul pèse sur l’évo-lution globale de la population relevant du régime agricole pour leur assurance maladie.Ce dernier compte une majorité d’hommes. Ils représentent 55 % de la population protégée totale. Cette proportion est sensiblement identique dans les deux régimes : 57 % pour les salariés agricoles, contre 53 % pour les non-salariés.

En revanche, l’âge moyen des non-salariés est nettement supé-rieur à celui des salariés, soit 63 ans contre 42 ans. Ceci tient au grand nombre de retraités protégés en maladie dans ce régime et au recul continu des personnes en activité. Les personnes de 60 ans et plus représentent 62 % des effectifs chez les non-salariés, contre 25 % chez les salariés. —

193 615 établissements employeursau régime agricole en 2016.

En 2017, 3,2 millions de personnes protégées en maladie

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Parcours d’agriculteurs

LES JEUNES ET LA SÉCULe 27 mars a eu lieu la remise des prix du second concours national « Les jeunes et la sécurité sociale », sous la présidence d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Organisé par l’École nationale supérieure de la sécurité sociale, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, il vise à faire réfléchir les collégiens (classes de 3e), les lycéens et les étudiants des sections de techniciens supérieurs sur le sens à donner à la solidarité et sur leur rapport, en tant que citoyen, avec la sécurité sociale. Près de 3 500 élèves (soit près du double de la première édition) y ont participé, encadrés par une centaine d’enseignants. 417 projets ont été remis et évalués au niveau régional. Les 39 meilleures productions sélectionnées (vidéo, BD, plaquette, affiche, saynète…) ont été présentées au jury national – présidé par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites – qui a récompensé neuf lauréats.

À travers des p o r t r a i t s v i d é o s , Mutualia part à la rencontre des agricul-teurs pour faire connaître le métier, les activités et le parcours de ceux qui font l’agriculture en France, et ainsi faire décou-vrir tout ce qui fait leur quotidien. Grâce à ces portraits, la mutuelle donne la parole aux agriculteurs, producteurs, éleveurs, exploi-tants… et souhaite ainsi rapprocher le monde agricole et le grand public, valoriser ce métier et contribuer à son rayonnement.Après candidatures, les volontaires seront sélec-tionnés pour la réalisation d’un reportage vidéo. L’équipe de tournage viendra sur leurs exploi-tations pour leur permettre de faire découvrir leur quotidien au plus grand nombre. Cinq grandes thématiques sont proposées pour les portraits : développement durable, innovation et digital, liens locaux, nouvelle installation et histoire de famille.Pour candidater, il suffit de se rendre sur le site www.mutualia.fr, rubrique « Parcours d’agri », puis de remplir le formulaire en ligne. —

Dans sa dernière étude, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), service statistique minis-tériel, dresse le portrait de la population de médecins. Au 1er janvier 2018, 226 000 médecins sont en activité en France. Depuis six ans, le pays compte 10 000 médecins supplémen-taires. On dénombre 102 000 généralistes (45 % de l’ensemble) et 124 000 spécialistes hors médecine générale. Depuis six ans, l’ef-fectif de médecins a progressé de 4,5 %, sous l’effet de la hausse du nombre de médecins hospitaliers. Près d’un médecin en exercice sur deux a plus de 55 ans. Selon la Drees, les inégalités de densités départementales n’ont pas augmenté depuis les années 1980 en matière d’accès aux médecins généralistes. 98 % de la population réside à moins de dix minutes du généraliste le plus proche en 2016. Les disparités d’accès qui existent malgré tout ne sont pas liées à des disparités régionales, mais à des différences marquées selon le type d’espace. C’est en effet dans les communes rurales des périphéries des grands pôles et dans les communes hors influence des pôles, que la part de la population ayant l’accessibilité la plus faible aux médecins généralistes est la plus grande. Près de 5,7 millions (8,6 % de la population) de personnes résident en 2016 dans une commune sous-dense en médecins généralistes. Toutefois, des espaces urbains sont également touchés : un quart de la popu-lation habitant dans une commune sous-dense en médecins généralistes vit dans un pôle urbain, dont près de 18 % autour de Paris. —

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8 AVRIL - MAI 2018 le bimsa www.lebimsa.fr

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le bimsaBulletin d’abonnementÀ retourner à CCMSA – Le Bimsa19 rue de Paris - CS 5007093013 Bobigny Cedex

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ÉCRIRE LES BONS dialogues

Dans la Manche, des élus MSA se sont emparés du thème de la communication en milieu agricole, fil rouge de leurs actions depuis le début de leur mandat. Première entrée en scène à Villedieu-les-Poêles.

T raite du soir cette semaine  : Patricia. Le matin, ce sera moi. Réunion Cuma et MSA  : Patricia. Ramassage du bois :

Patricia… » Claude, agriculteur associé avec sa femme Sylvie, sa fille Sophie et son ancienne salariée Patricia, distribue le travail pour faire tourner l’exploitation. Les quatre associés se trouvent dans la cuisine de la maison familiale. « Eh ! Je ne peux pas tout faire, je n’ai que deux mains et je ne peux pas être partout  », réagit Patricia, qui profite aussi de la réunion pour aborder un sujet qui lui tient à cœur : « Tant qu’on est dans les plannings, je voudrais partir en vacances avec mes enfants et mon conjoint ». Rires et réaction immédiate chez Claude et Sylvie : « Nous, ça fait quatre ans et demi qu’on n’a pas pris de vacances ». « Vous, peut-être,

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réplique-t-elle sans se démonter, mais vous êtes en famille. Moi, je veux profiter de mes enfants et de mon mari. Et puis, j’avais bien des vacances avant. » L’échange tourne un peu au vinaigre… Patricia a la nette impression de se faire avoir, de ne pas être entendue, ni considérée.Nous sommes à Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, département où l’installation sous forme sociétaire se développe. Si la solution peut procurer des avantages en termes de mise en commun d’équipe-ments, cheptel, compétences, de partage des responsabilités, de conditions de travail, d’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, elle peut également générer des tensions, voire des conflits, susceptibles d’entraver, sur la durée, la réussite de l’exploitation. C’est l’une des trois situations qu’ont

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TERRITOIRES

Sophie Leménager, présidente de l’échelon local de Villedieu-les-Poêles, dans la Manche, et son équipe accueillent le public pour une soirée de théâtre-forum consacrée à la communication en milieu agricole.

Trois scènes sont jouées. La première met en scène Mélanie et Denis, exploitants, et leur fils Fabien lors du repas dominical. Celui-ci annonce que la désileuse est tombée en panne. Il aimerait aborder l’idée d’une adhésion à la Cuma pour pouvoir utiliser du matériel en commun. Denis n’est pas d’accord avec cette option, n’écoute pas les arguments de son fils et fait montre d’autorité. Au désespoir de Mélanie — qui veut éviter le conflit — le repas s’envenime…

voulu mettre en scène les élus du canton de Villedieu-les-Poêles, lors d’une soirée de théâtre-forum sur la commu-nication en milieu agricole, qu’ils ont organisée avec Vincent Posé, comédien basé à Saint-Lô, fondateur de Com’une impro (voir son témoignage ci-contre). Y étaient conviés, à l’invitation de la MSA Côtes normandes, les agriculteurs du territoire et les salariés intervenant sur les exploitations. Un débat théâtral destiné à faire émerger des réflexions et des solutions autour de cette thématique sensible des relations humaines.

Échanges constructifs avec le publicComment Patricia peut-elle sortir de cette situation ? Dans le public, des mains se lèvent, des spectateurs encouragés par Stéphanie, comédienne animant la soirée, prennent la parole pour rejouer la scène d’une façon différente. Propositions dans la salle  : l’un souligne que la réunion doit se tenir dans un endroit neutre — le bureau de l’exploitation — et pas dans la cuisine de la maison familiale, un autre précise que Claude ne doit pas imposer le planning mais demander l’avis de ses partenaires pour vraiment « associer ses associés », un autre encore prend la place de Patricia pour influer sur l’épilogue de la scène. Les réponses se construisent et on ne doute pas que, finalement, Patricia

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TÉMOIGNAGE finira par être écoutée et pourra béné-ficier de vacances en famille, sans que le climat collectif en pâtisse. « Depuis le début de notre mandat, nous tra-vaillons sur le thème de la communication, explique Sophie Leménager, présidente de l’échelon local. On communique tous les jours, aussi bien au travail qu’à la mai-son : avec ses associés, son conjoint, ses enfants, ses parents, mais on n’apprend nulle part à le faire, à se faire comprendre, à s’écouter. » Un constat partagé par toute l’équipe de l’échelon local.

Pour préparer ce théâtre-forum, nous avons organisé trois séances de travail. La première avait pour objet de fixer

les contours du projet. Les élus, forte-ment impliqués, ont ensuite échangé sur le terrain à propos des thématiques retenues et mobilisé leur réseau pour le recueil de témoignages.Puis, à partir de ce matériau, nous avons retenu les situations les plus intéressantes et préoccupantes, susceptibles de faire réagir le public, pour procéder à l’écriture des scènes. Notre dernière rencontre a asso-cié les comédiens qui ont interprété les scènes. Des rôles étaient à pourvoir et les élus, sollicités, se sont prêtés au jeu.

Vincent Posé, comédien, fondateur de Com’une impro

UNE FORMATION

POUR DÉVELOPPER SES COMPÉTENCES RELATIONNELLES.

C’est pourquoi Virginie Féron-Lecocq, animatrice territoriale, a proposé aux élus, dans un premier temps, une formation sur ce thème (voir son témoignage en page 11), qu’elle a coanimée avec Yves Bailly, médiateur à la chambre d’agri-culture de la Manche et à laquelle elle a associé Christophe Leroux, travailleur social MSA du secteur. Un jour et demi pour se familiariser avec les bases

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TÉMOIGNAGESSophie Leménager,

exploitante, présidente de l’échelon local de Villedieu-les-Poêles Virginie Féron-Lecocq,

animatrice territoriale MSA

Autre situation : Patricia, ancienne salariée devenue associée, est la seule à ne pas appartenir à la famille. Sur l’exploitation, Claude, le père, gère le quotidien : la répartition des tâches, les emplois du temps… et impose ses décisions. Sylvie, la mère, prend en charge les tâches administratives et la comptabilité. Sophie, la fille, ne donne jamais son avis. Patricia aimerait prendre des vacances avec sa propre famille mais ça coince…

En début de mandat, l’échelon local s’est réuni pour évoquer des propositions d’actions à mener. Lors de notre discussion, nous avons partagé nos inquiétudes sur les difficultés et le mal-être des agriculteurs en proie à la crise laitière, sur la pression subie pour faire tourner leurs exploitations. Les soins aux animaux, la conduite de l‘exploitation, les papiers, les enjeux financiers… il faut que ça tourne dans nos entreprises. Certains se

Lors de la première réunion de l’échelon local, nous avons beaucoup parlé de la crise agricole — de nombreux exploitants sont en activité sur ce canton. Avec la volonté de l’aborder sous un autre angle, en l’occurrence celui de la manière de communiquer en période de crise — le repli sur soi, l’expression de la colère, l’appréhension, l’entrée en conflit avec la famille, les associés, les intervenants extérieurs...

replient sur eux-mêmes et ne parlent plus. Petit à petit, nous avons décidé d’approfondir la question de la communication en milieu agricole — d’abord en suivant une formation sur ce thème, puis en organisant cette soirée de théâtre-forum, avec l’espoir d’échanges constructifs avec le public. Au sein de notre équipe d’élus, grâce à notre histoire commune autour de cette formation, nous sommes aussi plus à l’aise aujourd’hui pour échanger et nous écouter. —

Les élus partageaient le même constat : la communication, nous nous en servons tous les jours, sans forcément avoir appris à bien la mettre en œuvre. D’où une session d’une journée et demie de formation construite en fonction de leurs attentes — s’écouter, bien se comprendre, savoir dire non, gérer les conflits… — avec des mises en situation et des jeux de rôle. Ils ont souhaité poursuivre ce travail avec l’organisation du débat théâtral. —

Dans la cour de la ferme, Alain, débordé et énervé, houspille le nouveau vacher de remplacement qu’il emploie. Celui-ci n’a pas reçu de consignes précises sur les travaux à réaliser et vient de faire une erreur. Arrivent Jacques, inséminateur, et Mélanie, commerciale, qui subissent également la mauvaise humeur d’Alain. La tension monte…

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de la communication interperson-nelle, l’influence des gestes, l’importance de la voix, des postures, de l’écoute, la gestion des conflits… et développer ses compétences relationnelles.Désireuse d’aller plus loin, l’équipe, très soudée, a décidé d’organiser cette soi-rée de débat théâtral pour «  favoriser les échanges constructifs avec le public ». Quelques séances de travail plus tard, avec l’appui de Vincent Posé, certains des élus ont vaincu leur appréhension et se retrouvent même sur scène avec les comédiens pour interpréter ces saynètes inspirées du quotidien. Outre le conflit entre associés, sont également mises en lumière les difficultés de communi-cation au sein d’une famille lors d’un repas dominical ou entre un agriculteur débordé et le vacher de remplacement qu’il a embauché, sans toutefois lui fournir les informations pour mener à bien les tâches confiées. Pour chaque situation, le public interrompt, réagit, suggère, afin d’éviter que la situation ne s’envenime. Mais, parfois, la tension peut monter trop fortement, et le conflit, durable, s’installe. Que faire alors ?

Un compromis sans perdantC’est avec la prise de parole d’Yves Bailly, médiateur à la chambre d’agriculture de la Manche, que se clôture la soirée. Venu présenter son activité, il souligne que son objectif est « surtout de travailler sur le côté

LE MÉDIATEUR FAIT EN SORTE

QUE LES PERSONNES REPRENNENT LE DIALOGUE.

Principes du théâtre-forum : le public peut intervenir pour modifier le cours de l’histoire et apporter des solutions pour sortir de l’impasse. Divers scénarios sont proposés pour sortir des situations conflictuelles exposées.

Très investi et soudé, le groupe d’élus a choisi de travailler avec une compagnie théâtrale locale. Vincent Posé, comédien, fondateur de Com’une impro à Saint-Lô, a organisé avec eux trois séances de travail pour caler cette soirée.

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préventif, d’informer en amont — comme ce qui est fait à l’occasion de cette soirée — sur l’importance de la communication au sein des sociétés.  » Dans la Manche, beau-coup d’agriculteurs gèrent un élevage laitier « soumis à des contraintes fortes en termes de travail, ce qui les incite à se regrouper — par exemple s’ils veulent éviter d’avoir à effectuer seuls la traite tous les jours, matin et soir, 365 jours par an, s’ils aspirent à prendre des vacances… Mais, en cas d’association, il y a des règles de fonctionnement à fixer, à mettre en place, à partager et à respecter ». Avant, le dialogue est nécessaire pour envisager les différents aspects du travail en com-mun : organisation et fonctionnement, questions financières, temps d’échanges formalisés, lieu pour les réunions… « Ce sont des aspects sur lesquels on n’est pas formé quand on fait des études agricoles. Celles-ci sont plutôt basées sur la technique, la production, l’économie. Tout ce qui touche au relationnel est très peu présent dans les programmes. » Yves Bailly insiste sur cette relation humaine et l’importance de la communication en amont. « Si des

tensions surgissent, il faut les faire sortir, en discuter. Elles peuvent apparaître en raison de personnalités très différentes, de projets non partagés, de prises de congé non respectées, de personne dominante sur l’exploitation… Et, plus la situation a pourri, plus elle est compliquée à démêler. Quand on attend trop, dans certains cas, les agriculteurs ne sont même plus capables de se prendre en main. Et ce, d’autant plus que les tensions se trouvent exacerbées lorsque la situation est financièrement dégradée. » L’appel à un médiateur peut permettre de renouer la communication : « Celui-ci n’est pas un juge qui écoute et tranche. Il ne prend pas parti et a une parfaite neu-tralité. Il fait en sorte que les personnes reprennent le dialogue, les aide à réfléchir afin qu’elles trouvent elles-mêmes leurs solutions, qu’elles envisagent un compromis sans perdant ». L’idéal est de ne pas en arriver là — « mon objectif est de ne plus faire de médiation », précise Yves Bailly — mais les participants à la soirée ont ainsi de nombreuses cartes en main pour envisager une communi-cation adaptée aux situations auxquelles ils peuvent être confrontés.Et ceux qui le souhaitent peuvent même suggérer des actions dans le prolongement de ce débat théâtral — pourquoi pas des formations ou des ateliers ? Les élus et la MSA Côtes normandes sont bien sûr à leur écoute ! — Gildas Bellet

TERRITOIRES

12 AVRIL - MAI 2018 le bimsa www.lebimsa.fr

RENFORCER L’ACCÈS AUX SOINS

« Nos 750 élus, c’est notre carte de visite, estime Claudine Faure, présidente de la MSA Dordogne, Lot et Garonne. Si vous me demandez comment va une petite mamie dans un village de la Dordogne, en trente minutes, avec notre réseau, je peux vous répondre. » Un argumentaire qui n’aurait pas déplu aux membres de la délégation parlementaire « accès aux soins » venus prendre la température, à Casteljaloux, le 5 avril, du déploiement du plan éponyme sur les territoires ruraux (1).

Pour répondre aux exigences du gouvernement en matière d’accès aux soins sur les territoires, la MSA met en avant son expertise technique, son réseau d’élus et sa capacité d’innovation. La visite de la délégation parlementaire

dédiée, le 5 avril, dans le Lot-et-Garonne, a permis à l’ARCMSA Nouvelle Aquitaine de présenter ses actions d’accompagnement des maisons de santé pluriprofessionnelles et de l’activité coordonnée, de promotion

de l’exercice en milieu rural et sa méthodologie de diagnostic territorial.

Le 13 octobre 2017, le Premier ministre et la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, lancent le plan pour l’égal accès aux soins dans les territoires. Quatre axes sont déclarés prioritaires : le renforcement de l’offre de soins au service des patients par une présence médicale et soignante accrue ; la mise en œuvre de la révolution numérique en santé, pour abolir les distances ; une meilleure organisation des professions de santé, pour assurer une continuité des soins ; une nouvelle méthode articulée autour de la confiance accordée aux acteurs des territoires, pour construire des projets et innover dans

le cadre d’une responsabilité territoriale. La démarche vise à doter chaque territoire d’un projet de santé sur mesure.Cela passe, respectivement et concrètement, par aider et inciter financièrement les professionnels de santé à s’installer dans les territoires où l’offre de soins est insuffisante (un budget de 200 millions d’euros est débloqué sur le quinquennat) ; développer la télémédecine (l’inscrire dans le droit commun et lancer les négociations conventionnelles pour adapter sa tarification) ; soutenir le développement des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), des centres de santé et de tous les modes

d’exercice coordonné (doublement des structures en cinq ans) ; coconstruire un projet d’animation et d’aménagement du territoire par tous les professionnels de santé, les usagers, les institutions et les élus des territoires. Entre autres.Pour coller à la morphologie du milieu rural, il faut en connaître les besoins. Acteur de référence sur cet espace et reconnu comme tel par les pouvoirs publics, la MSA fait valoir le réseau de ses délégués, d’une part, son expertise technique, d’autre part. Pour l’illustrer, à la demande de l’agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine, Claude Chaussée, directrice déléguée de

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Plus d’infos sur notre site.

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ENJEUX

l’association régionale des caisses de Mutualité sociale agricole concernées, invite Claudine Faure et Francis Largeaud, premier vice-président de la MSA Gironde, à présenter le guichet unique et le rôle des délégués cantonaux. Par ailleurs, une large place est dédiée aux actions développées sur ce thème dans la région.Pour le Limousin, les docteurs Marie-Christine Haulot et Virginie De Sousa présentent deux axes de travail : l’accompagnement des maisons de santé et la promotion de l’exercice en milieu rural. En mars 2018, on compte 1 026 maisons de santé en France et 248 projets. Pour sa part, la MSA accompagne ou a accompagné 187 d’entre elles. La MSA du Limousin intervient depuis dix ans : elle a réalisé 14 projets. Trois grands principes sous-tendent les accompagnements : ils sont soumis à l’accord préalable de l’ARS ; ils portent principalement sur les professionnels de santé (pas de plus-value dans une programmation immobilière) ; ils sont basés sur l’écoute des professionnels de terrain. Le rôle des accompagnants — deux médecins du contrôle médical — est alors de les guider dans leur réflexion, afin que le projet de santé et le projet professionnel qu’ils élaborent soient compatibles avec le cahier des charges national des maisons de santé pluriprofessionnelles.La méthodologie d’ingénierie se fait en deux temps : un diagnostic territorial réalisé en partenariat avec l’observatoire régional de santé, en premier lieu, puis des questionnaires envoyés aux professionnels de santé de la zone concernée, en

second lieu. Des entretiens individuels avec ces derniers — ceux qui ont répondu favorablement — et des rencontres avec les élus locaux parachèvent la démarche, pour aboutir à la rédaction d’un diagnostic complet et global. Celui-ci préconise une stratégie territoriale d’organisation de l’offre de soins. Le projet global — qui comporte notamment le projet de santé et la programmation architecturale et financière — doit au final être validé par l’ARS. La MSA du Limousin accompagne également des professionnels dans leur projet d’exercice coordonné sans projet immobilier.Concernant la promotion de l’exercice en milieu rural, la caisse intervient auprès des internes de médecine générale (IMG), des écoles d’infirmiers et des étudiants masseurs-kinésithérapeutes : cours à la fac dans le cadre du module « sécurité sociale », accueil de stagiaires IMG au contrôle médical (60 % des effectifs de la promotion 2017), échanges entre étudiants et kinésithérapeutes exerçant en milieu rural… Le travail de la MSA du Limousin ne s’arrête pas là, puisqu’elle déploie également la démarche de diagnostic territorial.Autres actions développées dans la région Nouvelle Aquitaine, celles présentées par le docteur Christian Pougel pour la MSA Sud Aquitaine. Deux exemples d’intervention sur l’offre de soins primaires en milieu rural : la première, dans le cadre d’une convention de partenariat entre la MSP de Labrit (village de 870 habitants au nord de Mont-de-Marsan), la MSA, l’ARS Nouvelle Aquitaine, la Cpam 40, le centre de coordination des dépistages

des cancers et la Ligue contre le cancer des Landes. L’objectif est la mise en place de réunions de sensibilisation sur des thématiques de prévention primaire et secondaire, à destination des professionnels de la MSP et des populations du territoire : forum prévention des maladies cardiovasculaires chez la femme, conférence débat coanimée par les élus de la MSA sur les cancers féminins à Labrit, la maladie de Lyme à Sabres…La seconde intervention prend la forme de formations d’une demi-journée en MSA. Elles sont destinées aux IMG (stagiaires chez des médecins généralistes libéraux). Elles s’inscrivent dans la convention signée entre la MSA et le département de médecine générale de la faculté de médecine de l’Université Bordeaux II. Parmi les thèmes abordés : l’installation en milieu rural et les projets de santé des MSP, des exemples concrets, les atouts, les points de vigilance, les causes d’échec. Sont également abordées les spécificités du régime agricole et de la législation médico-administrative de la MSA.Au plan national, auprès du ministère des Solidarités et de la Santé, et de la Cnam, la MSA marque sa volonté de s’investir pleinement dans la stratégie de transformation du système de santé et, en particulier, dans le plan pour renforcer l’accès aux soins, aux côtés des partenaires. Elle propose, entre autres, d’intégrer les treize « guichets uniques » régionaux d’information et d’orientation pour l’exercice des professionnels de santé (2), et d’amplifier sa contribution à la coordination des soins sur les territoires ruraux, notamment son travail

d’accompagnement de l’exercice coordonné. Sur ce dernier point, la MSA souhaite faire bénéficier le réseau de l’expérience des MSA Beauce Cœur de Loire et Grand Sud en cours d’accompagnement à la création de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sur les territoires du sud Eure-et-Loir et de Prades dans les Pyrénées-Orientales — en lien avec les unions régionales de professionnels de santé, les ARS et divers partenaires. Ce dispositif constitue potentiellement un outil majeur pour assurer un bon déroulement des parcours des patients, en développant l’exercice coordonné des professionnels de santé de ville et les liens entre la ville, l’hôpital et le médico-social. Un travail d’instruction est en cours sur les modalités de contribution de la MSA à la stratégie de l’état de déploiement territorial des CPTS. —

Franck Rozé

(1) Thomas Mesnier, député de Charente, Élisabeth Doineau,

sénatrice de Mayenne, Sophie Augros, médecin généraliste en Savoie,

Ève Robert, inspectrice générale des affaires sociales, Nathalie Schneider,

chargée de mission offre premier recours à la direction générale de l’offre de soins.

(2) Ce « guichet unique » se présente comme un point d’entrée facilement

identifiable par les professionnels de santé. Il a pour but de les informer,

de les orienter et de les accompagner dans toutes leurs démarches,

de l’installation à la retraite ou au cumul emploi retraite, en passant

par l’exercice regroupé ou coordonné, les remplacements, l’hébergement

des stagiaires, etc.

LES JEUNES S’ENGAGENT !

32 projets en 2013, 48 en 2015, 89 cette année. La coopération entre les Maisons familiales rurales et la MSA a le vent en poupe. S’investir dans la transition écologique, en apportant une réponse concrète à des besoins locaux. Prendre le volant de Germaine, un camion conçu pour lutter contre l’isolement numérique en campagne. Valoriser le patrimoine local grâce à un procédé cinématographique. Les jeunes fourmillent d’idées et de projets. L’appel à partenariat MFR-MSA a été conçu pour les aider à les concrétiser. Les jeunes s’engagent, la MSA aussi.

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LES JEUNES S’ENGAGENT !

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Jeunes, citoyenset écolos

La M a i s o n f a m i l i a l e rurale (MFR) du Néracais, spécial isée

dans le social et les services, permet aux jeunes en formation professionnelle — de la 4e au Bac — de découvrir et d’appréhender au mieux des notions importantes, telles que l’humanisme, la solidarité, la citoyenneté et le développement durable, qui sont les supports de notre pédagogie », annonce Francine Lavaud, directrice de la MFR de Barbaste, commune de 1 500 habitants nichée au cœur du Lot-et-Garonne. Un état d’esprit qui démontre une confiance sans faille dans la capacité de la jeunesse bar-bastaise à inventer un futur plus solidaire et plus respectueux de l’environnement. Cette conviction a naturellement mené l’équipe pédagogique à s’engager dans un projet visant à transformer ses élèves de 4e en ambassadeurs locaux de la transition écologique. Devenus les porte-drapeaux de l’un des cinq « coups de cœur » de l’appel à partenariat national MFR-MSA, ils se sont engagés depuis le début de l’année dans un mouvement qui apporte une réponse concrète à des besoins locaux.« Le but de ce projet est de participer à l’ani-mation du territoire en mettant en contact les enfants du centre de loisirs et les adoles-cents de la MFR, pour créer du lien social autour du thème de la transition écologique », assure Julien Piovesan, le jeune moniteur référent des élèves de 4e et 3e, en charge du projet. La bonne idée a été de faire des élèves de la MFR, non seulement des ambassadeurs de la transition écologique,

mais aussi les passeurs d’un savoir. On apprend mieux quand on transmet une information à d’autres. Une pédagogie simple à l’efficacité redoutable. Une façon moins formelle d’apprendre, également au bénéfice des enfants du centre de loisirs. « Le contact avec les petits n’était pas évident pour certains ados de la MFR qui appréhen-daient la rencontre », poursuit-il. Des peurs surmontées des deux côtés. Les jeunes se

sont apprivoisés au fil du temps et ont fini par devenir d’inséparables défenseurs de la nature. Le combat pour un avenir plus vert rassemble.Ils ont pu constater ensemble que les déchets sauvages peuvent non seulement survivre à l’indélicat qui les a jetés, mais également à ses enfants, à ses petits-enfants… comme un héritage odieux laissé à sa descendance. La prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, cette violence faite à la nature et finalement à nous-mêmes, n’était pourtant pas une évidence pour certains d’entre eux. « Un jeune m’a même expliqué qu’il trouvait que le thème de l’écologie était un sujet de vieux et ne se sentait pas forcément concerné », résume Julien Piovesan. Des réflexions qui, loin de décourager le jeune homme, lui ont permis de prendre conscience du chemin à parcourir pour transformer ses élèves en défenseurs de la nature éclairés.Il les a donc mis au travail. Manches relevées

CRÉER DU LIEN SOCIAL AUTOUR DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE.

Cette année, vingt élèves de la MFR de Barbaste, petite ville du Lot-et-Garonne, se sont faits les ambassadeurs de la transition écologique au sein de leur établissement et auprès des enfants du centre de loisirs de la commune. Leur but : inventer un système de collecte sélective des déchets au sein de la MFR qui en était jusqu’à présent dépourvue.

Après avoir mis les mains dans le cambouis, les jeunes ont eu l’occasion de prendre un peu de hauteur grâce à « Planète Précieuse », un outil pédagogique original qui aborde de manière ludique les différentes problématiques du développement durable.

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au passage à remercier les membres de l’association locale « Au fil de la Séounes » pour leur aide dans l’animation de la jour-née. Chaque équipe était composée de quatre élèves de la MFR et de deux enfants du centre de loisirs.Les jeunes ont ensuite préparé, grâce à trois élèves de terminale venus en renfort, un après-midi récréatif. Au programme : créations de puzzles à partir de photos de déchets, de rébus, d’un jeu de piste au sein de la MFR et de l’écriture de saynètes théâtrales sur le blues des déchets oubliés au bord de la route, alors qu’ils auraient pu être valorisés. Une série d’animations qui ont emballé les enfants du centre.L’ensemble des actions a rendu possible la cocréation d’affichettes et d’une signalétique pour une meilleure gestion des déchets

et mains gantées, les actions concrètes ont commencé par une récolte et un tri de déchets dans les rues de Barbaste. La petite troupe était encadrée par des adultes. Cette moisson hétéroclite a donné lieu à des recherches sur l’origine des matériaux et du temps de décomposition des détritus trouvés. 400 ans pour un sac en plastique. 1 000 ans pour un morceau de polystyrène. Cinq ans pour un chewing-gum. De 200 à 500 ans pour une canette en aluminium. Certains déchets ont décidément du mal à se mettre au vert.

Un après-midi récréatifAprès avoir mis les mains dans le cambouis, les jeunes ont eu l’occasion de prendre un peu de hauteur grâce à « Planète Pré-cieuse », un outil pédagogique original qui aborde de manière ludique les diffé-rentes problématiques du développement durable, comme les ressources disponibles, le bien-être des habitants, le partage des terres, le paysage… « Ils ont pu se rendre compte que faire des choix d’aménagement du territoire est un véritable casse-tête qui entraîne des conséquences en cascade et, au final, est toujours le fruit d’un compromis. Ce n’est évident pour personne de choisir entre implanter une ferme ou une école sur un territoire utile qui n’est pas extensible à l’infini », poursuit Julien Piovesan. Il tient

à la MFR et au centre de loisirs. Outre l’aspect éducatif et social, l’objectif ultime de mettre en place une collecte sélective efficace à la MFR ne sera atteint qu’à la rentrée prochaine. Mais les élèves ont déjà imaginé le design des quatre conteneurs qui seront fabriqués sur place avec des matériaux recyclés et qui seront installés à l’automne. Ils ont aussi sélectionné les matières qui seront valorisées : papier, carton, plastique et tout-venant, en se gar-dant la possibilité d’y ajouter le compost, matière vivante bien plus compliquée à gérer en collectivité. Ainsi, même si le tri n’est pas encore un réflexe, il devrait le devenir à la rentrée prochaine. « Le plus remarquable pour moi, conclut Julien Piovesan, c’est de constater que certains élèves, qui n’avaient pas la fibre écolo, sont devenus des vrais défenseurs de la nature et m’apprennent même des choses au passage. » Et de citer l’élève qui arrive un jour en classe en ayant fait ses propres recherches : « Vous savez, monsieur, que les habitants d’une petite commune bretonne consomment l’électricité produite sur place par des panneaux solaires installés sur la toiture des ateliers municipaux ? Est-ce qu’on pourrait faire la même chose à Barbaste ? » Une bonne question d’un jeune ambassadeur de la transition écologique ambitieux. —

Alexandre Roger

La bonne idée a été de faire des élèves de la MFR, non seulement des ambassadeurs de la transition écologique, mais aussi les passeurs d’un savoir.

CERTAINS ÉLÈVES SONT DEVENUS DE VRAIS DÉFENSEURS DE LA NATURE.

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LES JEUNES S’ENGAGENT !

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DOSSIER

En camion, Germaine !Et en voiture, Simone : quatre élèves de bac pro de la MFR de Saint-Florent-des-Bois, en Vendée, montent à bord du camion Germaine pour se lancer dans l’aventure de l’initiation aux nouvelles technologies. La machine sillonne la campagne pour rompre l’isolement des habitants et leur offrir un moment d’échange intergénérationnel. Dans le cadre de l’appel à partenariat, elle a fait escale dans trois MFR du département.

G ermaine a tout et Germaine vient vers vous. On pourrait s’en réjouir, non ? Germaine est un véhicule aménagé par l’équipe de la fédération

des centres sociaux et socioculturels de Vendée. Présenté comme un espace de convivialité, d’échanges et d’activités, il est équipé d’un matériel numérique novateur, ainsi que d’une web radio, pour se faire connaître et présenter les projets locaux. Ses pérégrinations de camion lui permettent de rencontrer les habitants des territoires ruraux, de lutter contre leur isolement et de leur apporter du lien social intergénérationnel.

la directrice de Saint-Florent-des-Bois, Isabelle Nicodex, propose à quatre élèves de terminale services aux personnes et aux territoires (Sapat) de s’investir dans l’aventure, dans le cadre d’une action professionnelle à destination d’un ter-ritoire rural — module MP6 de cette for-mation — soit d’une gestion de projet en autonomie. « Nous avons été attirés par le caractère local, social et dynamique de Germaine », explique-t-elle.La fine équipe, composée de quatre jeunes femmes de 18 à 20 ans, s’empare du projet. Il s’agit de faire stationner le camion par journée ou par demi-journée dans trois MFR de Vendée, à Chantonnay, Mareuil-

NOUS AVONS ÉTÉ ATTIRÉS PAR SON CARACTÈRE LOCAL, SOCIAL ET DYNAMIQUE.

Germaine a tapé dans l’œil de la fédération départementale des maisons familiales rurales (MFR) de Vendée. C’est ainsi que

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VIENS VOIR MAMIELe projet « Germaine » s’appelle ainsi pour plusieurs rai-sons : tout d’abord ce nom fait référence à Germaine Tillion, ethnologue, résistante, puis déportée. Cette femme est également à l’origine de l’expérience des centres sociaux en Algérie dans les années 1950. C’est une figure embléma-tique de l’histoire du réseau des centres sociaux. Ensuite, le prénom renvoie au verbe « germer » et à l’idée qui anime les centres sociaux de faire germer du lien entre les gens

et, plus généralement, de nouvelles solidarités. Enfin, c’est la dimension affective au cœur de ce prénom qui achève de convaincre les initiateurs. Aller voir Germaine, c’est un peu comme aller voir mamie. Un moment de partage, de convivialité, un moment intergénérationnel. L’utilisation de ce nom de baptême met en lumière l’atmosphère que les centres sociaux locaux veulent créer avec les habitants dans les villes et les villages de Vendée.

sur-Lay-Dissais et Le Poiré-sur-Vie. Elles se mettent à la recherche de finance-ments. Germaine coûte 420 euros par jour (prix négociable selon les projets). Elles trouvent un écho favorable auprès du Crédit agricole. Les trois MFR font également pot commun. Puis le groupe obtient une contribution de la MSA, en participant à l’appel à partenariat.

Une initiation aux logiciels et aux applicationsÀ Mareuil-sur-Lay-Dissais, pour faire ve-nir les autochtones, les élèves prennent contact avec la mairie, la maison de retraite, le club du 3e âge… Le matin, Germaine s’ouvre aux jeunes de la classe

belle Nicodex. Comme faire stationner le camion sur le site de la maison de retraite pour être sûr de toucher les résidents. » Germaine n’a pas fini de germer. —

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de 4e/3e et l’après-midi aux retraités invi-tés. Tout le monde se retrouve autour du camion, pour discuter tout en buvant un café. Certains sont initiés aux logiciels et aux applications de communication virtuelle  : Skype, Facetime ou encore WhatsApp, ou bien à l’usage de l’impri-mante 3D. D’autres se font accompagner dans la réalisation de démarches admi-nistratives en ligne. Autre possibilité  : tout simplement pour faire une bonne partie de jeu vidéo.Le projet Germaine sur les trois MFR de Vendée a été repéré comme l’un des cinq coups de cœur de la campagne 2017-2018 de l’appel à partenariat MSA-MFR. « Cela nous engage à aller plus loin, estime Isa-

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DOSSIER

Se former à la campagneLes maisons familiales rurales d’aujourd’hui sont l’aboutissement d’une expérience originale conduite dans un village du sud-ouest en 1935. Cette année-là, une poignée d’agriculteurs syndicalistes inventent une formation adaptée pour compenser un système scolaire classique qui ne répond pas aux besoins de leurs enfants et de leur métier.

Scolarité. Chaque maison familiale est un établissement scolaire qui propose des formations par alternance à tous les niveaux de l’enseignement professionnel (4e, 3e, CAP, BEP, Bac professionnel, Bac technologique, BTS, licence professionnelle, ingénieur). Les jeunes ou les adultes présents qui s’y forment sont soit des élèves sous statut scolaire dépendant du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (47 800), soit des apprentis ou des préapprentis, principalement dans des formations de l’Éducation nationale (10 800) ou bien encore des stagiaires de la formation profession-nelle continue (32 000).

Alternance. Dans chaque MFR, on recense en moyenne 150 élèves et 17 salariés. Chaque établissement compte environ 75 places en internat où l’accompagne-ment éducatif est important. Les élèves sont suivis par des formateurs (des moniteurs) qui assurent différentes activités : ensei-gnement, animation, visites de stage…

Motivation. Les maisons familiales rurales proposent plus de 350 qualifications, répar-ties dans 18 secteurs professionnels. Elles ne pratiquent pas ou peu de sélection à l’entrée en formation et s’appuient essentiellement sur la motivation et le projet personnel de chacun. L’école « classique », en particulier au niveau du collège, ne sait pas toujours valoriser les talents de nombreux jeunes et leur créativité. Malgré cette absence de sélection et des recrutements diversifiés, elles enregistrent le plus souvent des taux de réussite aux examens équivalents ou supérieurs à la moyenne nationale. —

Plus d’infos sur https://www.mfr.asso.fr/

+ 65 %c’est la progression en un an du nombre

de projets déposés (1).

21caisses de MSA

associées (1).

64MFR ont déposé un ou plusieurs dossiers (1).

31 départements concernés.

REPÈRES

LES JEUNES S’ENGAGENT !

(1) Dans le cadre de l’appel à partenariat MFR-MSA « Les jeunes s’engagent », édition 2017/2018.

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Des liens forts entre MSA et MFRL’appel à partenariat MFR-MSA a été

reconduit pour la période 2016-2020. Il est désormais nommé «  Les jeunes s’engagent ! ». La diversité des projets proposés et des thématiques couvertes montre la grande ouverture d’esprit des jeunes ruraux.

AUTONOMIE ET RESPON-SABILITÉ. «  Les jeunes s’en-

gagent ! », pour peu qu’on leur propose un espace et une place pour le faire. L’appel à partenariat MFR-MSA répond à l’attente de la jeunesse d’un cadre pour s’investir dans des projets d’envergure et ce, dans des domaines aussi variés que le développement durable, la culture, le vivre ensemble et la citoyenneté. Il rejoint là l’essence même du projet éducatif des MFR et les objectifs de la politique jeunesse de la MSA qui visent à soutenir l’autonomie et la prise de responsabilités des jeunes ruraux.

80 BOURSES. Les 80 projets validés cette année bénéficient

d’une bourse de 500 euros versée par la MSA concernée à la MFR qui porte le projet, après signature d’une convention locale. Les critères de sélection sont au nombre de trois : l’implication des jeunes qui prennent de réelles responsabilités dans les projets, depuis la conception jusqu’à la réalisation ; l’ouverture aux autres et à l’environnement  : jeunes, familles, territoires (au sens large, du local au mondial), populations et acteurs locaux, maîtres de stages, partenaires de coopération  ; les projets qui vont au-delà des programmes pédagogiques et apportent une nouveauté, une valeur ajoutée dans la façon de les conduire ou encore une réponse nouvelle à des besoins du territoire.

CINQ COUPS DE CŒUR. Pour faire partie des cinq « coups

de cœur », les projets doivent présenter une envergure, témoigner d’une certaine originalité et concerner des enjeux par-ticulièrement importants (humains ou sociétaux).Outre les trois initiatives faisant l’objet d’un développement particulier dans ce dossier, deux autres MFR ont reçu la distinction « coup de cœur » : - celle de la Vallée du Lot, à Castelmoron-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne (avec la MSA Dordogne, Lot et Garonne), qui a imaginé des activités auprès de jeunes autistes polyhandicapés. L’idée était de faire découvrir les oiseaux par le biais de courtes vidéos, afin de stimuler le sens auditif de ces jeunes. Le projet a également donné lieu à la fabrication de nichoirs, de puzzles en bois pour repré-senter les oiseaux ;- celle de Conty, dans la Somme (avec la MSA de Picardie). Un mini salon de l’agriculture a été organisé en mobili-

sant les ressources sur le territoire. Des animations pour les enfants en situation de handicap accueillis à cette occasion ont été mises en place : promenade en calèche, jeux et parcours de motricité, jeux picards, atelier maquillage, courses de petits tracteurs, stand photos souve-nirs, atelier goût…

ÉDUCATION AU MONDE ET AUX AUTRES. Le nombre

de dossiers déposés a augmenté de 65 % en un an. Cette progression s’explique notamment par l’enrichissement du cahier des charges 2017- 2018, à l’initiative de l’union nationale des maisons familiales rurales (UNMFREO). Dans le cadre de sa stratégie d’éducation au monde et aux autres, l’UNMFREO a en effet souhaité inclure et valoriser les projets portant sur des thématiques en lien avec la citoyen-neté internationale. Ainsi, cette année, 19 projets relatifs à la citoyenneté euro-péenne et à la solidarité internationale ont été déposés. —

EN BREF

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DOSSIER

J e ne pensais pas qu’on ferait quelque chose d’aussi bien  !  » À la découverte du résultat de leur travail, Julie et Mélodie, 16 ans, étaient étonnées et ravies.

Quand ces deux élèves en bac pro services aux personnes et aux territoires (Sapat) ont découvert le projet socio-culturel qu’elles allaient devoir réaliser tout au long de l’année, elles ne savaient pas ce qui les attendait. « Au départ je pensais que ça serait ennuyeux, qu’on n’allait pas s’en sortir… Mais c’était un beau projet », avoue Mélodie. Donner accès aux étudiants à une forme d’art ou à de nouvelles techniques, dans la réalisation d’un projet de groupe, fait partie des objectifs des maisons fami-liales rurales (MFR). Et, pour participer à l’appel à partenariat MFR-MSA, les 27 élèves de cette classe de seconde se sont lancé un défi ambitieux  : réaliser des vidéos en time-lapse  —  technique cinéma tographique qui fait défiler un grand nombre d’images en accéléré et

Les Seysselans font leur cinémaAu bord du Rhône, les élèves de seconde de la maison familiale rurale du Pays de Seyssel, en Haute-Savoie, se sont essayés à l’art de la photographie. Objectif : mettre en avant le patrimoine local à travers des petites histoires racontées grâce à la technique du time-lapse.

La troupe a tout d’abord visité Seyssel et son patrimoine, ainsi qu’une exposition, avec un animateur de la Maison du Haut-Rhône. Un lieu qui a la particularité d’être divisé en deux communes distinctes qui portent le même nom, partagées par le Rhône entre la Haute-Savoie et l’Ain. Lors d‘une deuxième balade, les jeunes ont dessiné deux endroits au choix avec des techniques naturelles. Puis, Jérôme Prugniaux, photographe professionnel et, heureux hasard, ancien formateur en MFR, leur a appris dans un premier temps la technique photo. « Il nous a beaucoup aidés à chaque étape du projet, raconte Julie : comment ça allait se passer, le time-lapse, l’appareil photo, comment se placer… Ça m’a beaucoup plus plu de découvrir la technique du time-lapse que je ne connaissais pas du tout. C’est beaucoup de travail. Ça prend du temps de faire toutes les photos. » Il faut en effet de 500 à 1 000 prises de vue pour une minute trente à deux minutes de vidéo ! « Les appareils étaient assez gros. On avait peur de les faire tomber !, continue Mélodie.

LES JEUNES S’ENGAGENT !

TOUS LES ÉLÈVES ONT ÉTÉ SURPRIS PAR LES RÉSULTATS.

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donne l’illusion du mouvement  — pour mettre en valeur le patrimoine local à travers des petites saynètes.« On cherche toujours à ce que le jeune s’ouvre à d’autres univers, explique Céline Damay, responsable de l’éducation socio-culturelle, en charge du projet. Cette idée m’est venue car nos élèves vivent dans trois départe-ments — Ain, Savoie et Haute-Savoie — et viennent parfois de loin. Ils ne sont que deux dans la classe à vivre à Seyssel même. Ils peuvent être déstabilisés au début par cet éloignement. Et ils ne connaissent pas forcément le territoire. »

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responsable. Il faut donc tenir leur motivation semaine après semaine. Cette année, ça s’est bien passé, personne n’a voulu changer de groupe et ils ont su s’adapter aux difficultés et rebondir. » Comme lorsqu’une cama-rade de Mélodie et Julie s’est blessée juste avant le tournage. Elles ont dû adapter le scénario au dernier moment. Une expérience dont ces jeunes se souvien-dront. Leurs vidéos seront présentées aux autres élèves de la MFR lors de la dernière semaine de cours, à la fin du mois de juin, ainsi que lors de leur stage de mobilité Erasmus 2018/2019. Elles seront égale-ment mises à disposition des collectivités territoriales. Une belle occasion de faire connaître leur ville et leur quotidien au pied des montagnes. —

Marie Molinario

Personnellement, je m’y connaissais déjà un peu car je voulais être photographe avant. Ça m’a énormément intéressée d’en décou-vrir plus avec un professionnel. J’ai appris beaucoup de techniques grâce à ce projet et je continue aujourd’hui à les pratiquer de retour à la maison ! » « Et c’est quelque chose qu’elle pourra réutiliser dans son futur métier, avec les gens qu’elle va accompagner », ajoute Céline Damay. Par petits groupes, ils ont sélectionné un lieu et écrit un petit scénario pour le mettre en scène. La réalisation a duré une demi-journée. Puis, ils ont fait le montage des photos pour réaliser le time-lapse, en y associant de la musique qu’ils ont également choisie.

Un projet artistique, collectif et citoyenJulie, Mélodie et leurs deux camarades ont intitulé leur œuvre : « La solitude sous les quais ». « On a trouvé cette idée car dans ma commune — Oyonnax, à 55 kilomètres de Seyssel — il y a beaucoup de personnes seules », explique Julie. « Et ce lieu isolé collait bien au thème », complète Mélodie. Une autre équipe s’est mise en scène devant les tags situés sous le Pont-Neuf pendant que, près de l’église, se jouait le drame d’une sportive épuisée qui a besoin d’un miracle. Sera-t-elle exaucée ? Du côté de la gare, des élèves montrent le trajet buco-lique qu’ils empruntent quotidiennement pour aller à la MFR. Un projet artistique, citoyen et collectif, qui développe le lien social avec les acteurs du territoire mais aussi entre les élèves. « Ils ont dû travailler avec des personnes qu’ils

connaissent moins  : c’est porteur pour la classe. Ils ont tous participé à leur manière. C’est un peu difficile de se mettre en scène : quelques introvertis se sont pourtant faci-lement prêtés au jeu. D’autres ont posé leur voix sur le film. Ils doutent énormément, mais savent en fait beaucoup de choses. Ces jeunes sont souvent en échec dans l’enseignement général classique et n’ont pas souvent été mis en avant : on leur a plutôt vu des incom-pétences que des compétences. Tous ont été très surpris par les résultats. » « On a appris à se connaître et à découvrir des capacités cachées », confirme Mélodie. «  Il nous a tout de même fallu garder notre sérieux car, entre amis, on peut vite rigoler quand il faut poser ! », s’amuse Julie.« La difficulté, c’est aussi que nous sommes dans un système en alternance, remarque la

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FOCUSPROTECTION

SOCIALE

Rescrit social, mode d’emploiLa procédure de rescrit social permet à un cotisant ou futur cotisant d’interroger la MSA

sur l’application d’un point spécifique de législation (affiliation, cotisations, contributions sociales, prélèvements sociaux…). Il peut ainsi obtenir, dans un délai déterminé, une réponse justifiée et explicite

sur sa situation, pour éventuellement s’en prévaloir pour l’avenir, notamment en cas de contrôle.

Qui est concerné ?Principalement les employeurs de main-d’œuvre et les non-salariés agricoles. La procédure peut également être initiée par des organisations patronales ou syndicales de branches professionnelles. Ainsi, tout cotisant ou futur cotisant agricole (ou avocat ou expert-comptable le représentant) peut solliciter la MSA pour connaître la législation de sécurité sociale qui lui est applicable.

Sur quels sujets ?Pour les employeurs agricoles, le champ d’application des demandes de rescrit social couvre l’ensemble de la législation relative aux cotisations et contributions de sécurité sociale (affiliation, assiette et modalités de calcul des cotisations, recouvrement, décla-ration...) et aux prélèvements sociaux dus au titre de l’assurance chômage (Unedic) et de la retraite complémentaire (Agirc-Arrco). Pour les non-salariés, la demande peut porter sur les conditions d’affiliation et l’exonération en faveur des jeunes agricul-teurs qui leur sont applicables.

ExemplesÀ titre d’illustration concrète, voici quelques cas de rescrit social reçus par les MSA : peut-on appliquer le taux accident du tra-vail relatif au personnel de bureau à des collaborateurs qui travaillent à la fois dans des serres et dans des laboratoires ? La participation salariale au forfait repas de la cantine d’entreprise est-elle suffisante pour bénéficier d’une exonération de cotisations sociales pour la participation employeur ? Une entreprise exerçant à la fois une activité de producteur grainier et une activité d’achat-revente de semences potagères relève-t-elle du régime agricole pour l’ensemble de ses activités ?

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Formulation de la demandeElle doit porter sur l’application de la législation au regard d’une situation précise et la question posée doit être nouvelle. La demande est à effectuer par tout moyen permettant d’apporter la preuve de la date de réception (courriel avec accusé de réception, lettre recom-mandée avec accusé de réception, lettre remise contre décharge).Les informations suivantes doivent être fournies impérativement : nom et adresse en qualité de cotisant du requérant, numéro de sécurité sociale (s’il est déjà inscrit à la MSA), secteur d’activité de l’entreprise (code APE). Si c’est un avocat ou un expert-comptable qui interroge la MSA pour le compte du requérant, ses coordonnées doivent également être mentionnées. Si l’entreprise appartient à un groupe, les références et les coor-

données des entreprises concernées par la demande doivent être portées. Le courrier doit présenter, de manière précise et complète, la situation et les points de réglementation concernés. À noter que la requête n’est pas recevable si un contrôle est déjà engagé ou s’il existe un contentieux en cours correspondant à l’objet même de la demande.

Délais applicablesLa demande peut être instruite dès sa réception. Si la caisse l’estime nécessaire, elle peut, dans un délai de vingt jours, adresser une liste de pièces ou d’informations com-plémentaires à fournir, utiles à l’examen du dossier. Le requérant a un mois pour répondre (à défaut de retour de sa part, la demande sera caduque et non instruite). Lorsqu’elle est complète, la MSA en accuse réception et dispose de trois mois pour apporter sa réponse écrite et motivée. —

www.msa.fr

En savoir plus

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ENQUÊTE

Les centres de loisirs examinés à la loupeQuelle est la réalité des accueils de loisirs en milieu rural ? Afin d’établir un état des lieux, la CCMSA et Familles rurales

ont lancé une étude à la fin de l’année 2017, dont les résultats ont été présentés le 18 avril. Objectif : dégager des pistes d’aides et de dispositifs adaptés à leurs besoins.

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Les accueils de loisirs sans héber-gement (ALSH), héritiers des centres aérés, sont des centres d’accueil collectif d’enfants âgés de trois à onze ans, et

parfois au-delà, en période périscolaire ou extrascolaire. Entre réformes des temps scolaires et territoriales, leur rôle est au centre des débats. Un travail de terrain a été effectué auprès de treize structures dans trois départements, complété par une enquête remplie par 409 personnes de 51 départements, et des entretiens avec de nombreux acteurs.

Une diversité de modèlesPortés par des collectivités ou des associations, situés dans différents types

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de locaux, accueillant des profils et âges divers… Les réalités locales sont variées. Une diversité accentuée en milieu rural par les spécificités géographiques, éco-nomiques, culturelles et politiques des territoires. Malgré le manque de moyens, les ALSH se sentent soutenus par les élus qui mutualisent du personnel et mettent à leur disposition des locaux, parfois inadaptés, pour répondre à l’ensemble des besoins.

Un large rayongéographiqueLes accueils de loisirs en milieu rural reçoivent en moyenne des enfants de six à sept communes différentes, sur un rayon variant de 13,5 kilomètres en période sco-laire à 33 kilomètres pendant les vacances. Les difficultés concernent surtout ces der-nières, car la plupart des accueils situés dans les locaux des écoles ou à proximité bénéficient d’un ramassage scolaire. Dans des territoires très ruraux, certains centres rayonnent sur plus de quarante communes et il peut arriver que des familles fassent plus d’une heure de route. Le principal

frein à l’organisation de sorties est donc le coût du transport.

Une pédagogie forteAutour d’un projet pédagogique, les ALSH offrent des activités ludiques et éducatives aux enfants. Une valeur ajoutée souvent méconnue des familles agricoles dont les enfants peuvent rester sur l’exploitation. 90 % des centres organisent des manifes-tations ouvertes aux habitants et beau-coup développent des relations avec un Ehpad, une maison de retraite ou même des Esat, afin de mettre en place des activités. 73 % accueillent des enfants en situation de handicap.

Des difficultés de recrutementPlus de la moitié des centres peinent à recruter des animateurs qualifiés. La plu-part ont recours à des contrats aidés et s’interrogent sur leur avenir. Par ailleurs, 87 % des structures associatives font appel à des bénévoles.

Des pistes de travailFamilles rurales souhaite renforcer l’accom-pagnement et la formation des équipes, favoriser les échanges de bonnes pratiques et démontrer la valeur ajoutée des ALSH. La fédération entend travailler à une meilleure maîtrise des coûts et cherche à faciliter les partenariats, notamment pour le transport. La fin des contrats enfance jeunesse à partir de 2020 conduit la MSA à réfléchir à de nouvelles modalités pour accompa-gner les collectivités locales rurales dans le fonctionnement et le développement des accueils de loisirs. Pour la direction de l’action sociale, l’enquête permet de faire ressortir des thématiques leviers : la qualité des activités, l’accessibilité, le lien social, la participation des familles et des bénévoles, la professionnalisation, ainsi que le maillage partenarial. —

Plus d’informations sur notre site.

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RENCONTRES

SOLIDEL REMET LE COUVERT

Après une première édition réussie, le concours culinaire l’Assiette Solidel a posé ses casseroles cette année au village vacances La Châtaigneraie, dans le Cantal.

Retour sur une journée pleine de saveurs et rencontre avec des candidats gourmands, craquants et très motivés !

Du sarrasin breton à la châ-taigne du Cantal, il n’y a qu’un pas. Pour participer à l’Assiette Solidel, certains ont tout de même traversé

toute la France. Ce concours gastrono-mique pour les établissements et services d’aide par le travail (Esat), et les entreprises adaptées du monde agricole, organisé par l’association Solidel, a réuni à Maurs le 17 avril une quarantaine de participants de neuf départements. Onze équipes, sept en catégorie sucré et quatre pour le salé, se sont affrontées toute la journée sous un soleil généreux. « Aujourd’hui, vous allez vous étonner, vous faire plaisir et nous faire plaisir ! » Le chef Louis-Bernard Puech, restaurateur dans le Cantal, parrain de l’événement et président du jury, donne le top départ. Après le tirage au sort, les épreuves commencent. La pression monte, la motivation aussi. Pendant que les équipes de la catégorie salé se mettent derrière les fourneaux, les autres profitent d’un moment de détente dans la piscine du centre de vacances ou d’une balade printanière.

Un moment agréableLes équipes, composées de travailleurs des établissements et d’un encadrant, ont deux heures pour réaliser leur création, après plusieurs mois de préparation de la recette. Consignes à respecter : des produits locaux et de saison, un travail d’équipe et, bien sûr, le goût ! Le jury prend également en compte la présentation, l’équilibre ali-mentaire ou encore la créativité. Composé de cinq personnes, membres de Solidel et partenaires locaux et territoriaux, il visite les cuisines pendant la préparation, avant la présentation et la dégustation finale. Le stress se fait sentir chez les participants, mais la bonne humeur aussi. Les moins

timides se lancent dans la description de leur recette. Les produits régionaux sont à l’honneur. Certains proviennent directement des Esat : pommes bio, porc cul noir du Limousin, noix de Dordogne… Une grande diversité de goûts et de couleurs, pour un résultat digne des plus grands chefs !« On a travaillé la recette par petits bouts, en trois grandes étapes — le biscuit, la crème et le fruit — avant de passer à la composition finale », explique Jérôme Bodinier, chef cuisinier qui encadre Élodie et Céline, de l’Esat Val de Vay, en Loire-Atlantique. « On a ensuite montré et fait goûter le résultat au sein de l’établissement pour l’améliorer,

continue Sandrine Bruckman, encadrante. On a aussi travaillé sur l’organisation, le voyage, le déroulement de la journée, etc. C’est aussi important car c’est du stress. Il faut beaucoup les rassurer. Sur place, on rencontre d’autres Esat, on discute avec d’autres moniteurs et travailleurs. C’est un moment agréable, une pause dans le quoti-dien. Élodie et Céline n’avaient jamais voyagé aussi loin. » « C’est la première fois que je vois les montagnes ! », confirme gaiement Élodie. Très fières, elles repartent avec le premier prix pour leur dessert « La Delis ô Miel  » et ses jolies billes de pommes caramélisées. Croquantes et finement sucrées. Un délice !

Relever le défiLe temps file dans les cuisines des bunga-lows du centre mises à disposition pour l’occasion. L’organisation doit être réglée au cordeau, mais les encadrants prennent le temps de réexpliquer les consignes, de faire travailler leur mémoire, de montrer les gestes… « Que faut-il faire ensuite ? », interroge l’encadrante des concurrentes de l’Esat de Pescheray, dans la Sarthe. Elle les aide à se rappeler les étapes de leur recette : un filet de sandre parfumé au miel des montagnes et son risotto aux senteurs du Cantal. « Je crois que je suis plus stressée qu’elles ! », souffle-t-elle. Du bon stress, puisqu’elles décrochent la troisième place du podium.Désormais habitué du concours, l’Esat de Clairvivre, en Dordogne, est revenu cette année avec deux équipes. Chacune remporte le 2e prix de leur catégorie res-pective. Les « makis périgourdins », au foie gras, cul noir et huile de truffe, et les « Délices aux noix », et leur décor en caramel (ci-contre), ont ravi les papilles du jury. « Moi, j’adore faire des gâteaux. Je voulais relever le défi, raconte Julia. Nos

VOUS AVEZ TOUS FAIT

UN TRAVAIL REMARQUABLE.”

Le chef Louis-Bernard Puech, président du jury.

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collègues qui ont participé l’année dernière nous en ont beaucoup parlé, alors ça nous a donné envie. » Côté salé, c’est l’équipe locale du centre de réadaptation de Maurs, et sa « Pastilla de canard façon Châtaigneraie », qui remporte la timbale en or. Pour Éric Van Daele, président de Solidel et membre du jury, « Le jeu c’est aussi la préparation, la mise au point de la recette sur laquelle ils ont travaillé plusieurs mois, ainsi que la valorisation de leur travail. Peu importe le classement. Et puis, il y a ce qui n’est pas organisé : les échanges de pratiques. Les concurrents reviennent avec des idées, des rencontres. C’est important de montrer nos richesses et nos compétences, et pas que le handicap. »On y trouve aussi la passion. Et pour cela, les Bretons sont doués : l’Esat et l’établisse-

ment adapté « Les Hardys-Behelec », dans le Morbihan, en sont le parfait exemple. Légumes et élevage de poules bio, travail du bois et du métal, poulailler pliable, zéro déchet… Les équipes débordent d’idées et travaillent avec des partenaires locaux. Deux de leurs poules sont mêmes parties faire un tour du monde « zéro déchet » en voilier ! Le choix de la recette n’a donc pas

dérogé à la règle : « Nous avons opté pour un crumble sarrasin, explique Julien, de l’équipe sucrée qui a gagné le coup de cœur AVMA/Solidel. Nous sommes allés à la chambre d’agriculture de Ploërmel pour trouver une association qui promeut le sarrasin bio et IGP. » « Cette démarche environnementale est importante pour nous, acquiescent Agnès Noël, éducatrice, et Danielle Legregam, animatrice soutien. Pour la recette salée, nous avons aussi utilisé de la farine de blé noir. Nous avons pris des légumes cultivés dans l’atelier maraîchage bio de l’Esat — des petits navets nouveaux — pour faire une tarte tatin revisitée avec du miel. » Le tout arrosé de cidre. Produit sur place, bien sûr !Fiers d’eux et de leurs réalisations, les candidats sont soulagés lorsque sonne la fin des épreuves. « Moi qui ai l’habitude de participer à des concours, vous m’avez ému. C’était un vrai concours. Vous vous êtes battus et avez tous fait un travail remarquable. » Le chef Puech ne tarit pas d’éloges pour conclure une journée riche en émotion pour nos toques en herbe. —

Marie Molinario

Retrouvez le palmarès en images sur notre site.

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C’EST IMPORTANT

DE MONTRER NOS RICHESSES ET NOS COMPÉTENCES, ET PAS QUE LE HANDICAP.”

L’Esat de Pescheray, dans la Sarthe, a cuisiné un filet de sandre parfumé au miel des montagnes et son risotto aux saveurs du Cantal.

Tous les participants au concours gastronomique, fiers d’eux et de leurs réalisations.

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RENCONTRES

PLUS FORTS ENSEMBLE Réunis par la MSA Marne Ardennes Meuse, les acteurs sociaux de sept départements sont venus

partager leurs expériences, le 29 mars, à Varennes-en-Argonne. La journée consacrée au développement social local leur a permis de travailler ensemble

à inventer l’avenir de la ruralité. Leur méthode : miser sur l’intelligence collective.

C onstruisons ensemble l’avenir de nos territoires ». Le leitmotiv de la journée a rythmé les dis-cussions, animées par un chef d’orchestre connaisseur : Axel

Othelet, directeur de l’association Citoyens et territoires Grand Est. À l’exemple des chartes avec les aînés qui ont mis au diapason les acteurs du territoire depuis plusieurs années. Conseils régionaux, départemen-taux, maires, communautés de communes, bénévoles, travailleurs sociaux, Familles rurales, Fédération des centres sociaux, Agrica, Cpam, Mutualité française, ARS, Secours catholique, Générations mouvement et diverses associations... Ils sont venus nombreux en ce début de printemps — plus de 140 personnes — pour parler de déve-loppement social local (DSL).Cette démarche globale et participative d’intervention sur un territoire implique en effet tous ses acteurs, y compris les habitants, premiers bénéficiaires des actions mises en place. « Le développement social local, c’est construire ensemble, susciter l’initiative, pour répondre à des besoins attendus et exprimés, en s’appuyant sur la connaissance de ceux qui vivent sur leur territoire, explique Hubert Bruneel, directeur de la MSA Marne Ardennes Meuse, à l’ouverture de la rencontre. Une méthode souple et adaptable aux réalités locales. Pour nous, dont c’est le métier de faire vivre au quotidien la solidarité, cœur de la cohésion sociale, c’est une façon concrète de traduire nos valeurs mutualistes. Une solida-rité qui peut concerner tous les âges, tous les moments de la vie et qui se décline au plus près des personnes. C’est le pari gagnant de l’intelligence collective au service de tous. » Tout un programme.Et des initiatives, il y en a. Cette rencontre est l’occasion de faire le bilan des trois actions développées ces dernières années autour des chartes pour les seniors en Marne Ardennes Meuse, de montrer ce qui marche, les freins, et de progresser. Dans la Meuse, par exemple, la charte

territoriale des solidarités avec les aînés « Entre Aire et Meuse » (2 600 habitants), lancée en 2013, a fait naître de nombreuses idées. Après enquête pour déterminer les besoins des seniors, 39 projets ont été mis en œuvre : ateliers numériques, sorties en groupes, dépistage du diabète, ateliers du bien vieillir, service de transport pour personnes à mobilité réduite… En 2016, notamment, «Les plaisirs du mardi » ont proposé des ateliers ou des événements dédiés au bien-être tous les premiers mar-dis de chaque mois. Des activités qui ont suscité une grande adhésion, permettant de rompre l’isolement, de créer du lien social et de prendre soin de soi. Gaëlle Nicolay, pédicure-podologue à la mai-son de santé de Pierrefitte-sur-Aire, y a participé : « Cela m’a permis de rencontrer quelques futurs patients et de me rendre compte qu’il y avait une réelle demande

dans le secteur. Ces seniors peuvent ainsi découvrir des spécialités auxquelles ils n’ont pas accès et retrouver l’envie de se prendre en charge d’une façon plus globale. Ce sont des événements comme ceux-là qui nous permettent d’échanger et de faire avancer la prise en charge des patients. »

Des retours d’expériences concretsDans les Ardennes, la charte « Attigny Tourteron », lancée en 2015, a permis la mise en place d’une grille d’évaluation des risques pour l’aménagement de l’habitat et d’une formation avec un ergothérapeute pour les salariés qui l’utilisent. Parallèlement, une action pour développer du portage de produits locaux à domicile, souhait exprimé par les habitants, a tourné court après le désistement des producteurs, se transfor-mant alors en transport de seniors vers les marchés locaux. Du côté de la Marne, les bénévoles de la charte « Le Pass’âge du Perthois-Bocage et Der » ont créé un « Guide Malin », afin de faire connaître les artisans et les commerces de leurs communes. Édité à 3 000 exemplaires, il a été remis en main propre aux commerçants et distribué dans les boîtes aux lettres des habitants.

« ON A LE SENTIMENT

QU’ON PEUT FAIRE BOUGER DES MONTAGNES.”

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Après ces retours d’expériences concrets, les participants ont échangé tout l’après-midi en forum ouvert. Ils ont établi dix thématiques et des petits groupes de discus-sions se sont créés. Formation des jeunes, mobilité, actions de proximité…, les sujets sont variés et les débats vont bon train. À gauche, on parle familles : « Nous avons changé de tactique, raconte un travailleur social : au lieu d’organiser des réunions où l’on pense que les gens vont venir, et que ce n’est pas le cas, nous allons vers les parents, directement à la sortie de l’école parfois. En impliquant les directeurs d’école, ça fonctionne bien. » « Quand les familles sont impliquées, elles aident à porter la parole auprès des élus, confirme une autre participante. Si un problème est détecté et qu’on implique les parents pour trouver une solution, ça redonne un souffle qui peut engendrer d’autres actions. »À droite, on réfléchit à la meilleure façon de rompre l’isolement et de prendre en compte toutes les difficultés du travail social. Comment savoir ce dont les per-sonnes isolées ont besoin, sans générer des attentes nouvelles et ne pas penser à leur place ? Comment convaincre les plus isolées, sans trop entrer dans leur vie personnelle ? Comment redonner l’envie, alors qu’on a l’impression qu’elles ne veulent rien et ne demandent rien ? Un élément de réponse revient souvent : le temps, qui manque souvent pour ces professionnels débordés. Toucher l’entou-rage des personnes et faire marcher le

bouche à oreille est aussi important. S’ils sont passionnés par leur travail, une certaine frustration de ne pas pouvoir faire plus se ressent dans les échanges. Mais, surtout, les professionnels sont friands des partages d’expériences et de bonnes pratiques. Bénédicte Madelin (ci-dessous), militante associative et membre du collectif « Pas sans nous », est venue témoigner de sa longue expérience en développement social dans les quartiers populaires : « Avec le DSL, on a le sentiment qu’on peut faire bouger des montagnes. Et ça fait du bien. Ça redonne du sens au travail social qui est de plus en plus axé sur de l’accompagne-ment individuel. Cela veut dire aussi qu’il

faut changer de regard sur les habitants. Ils ne sont pas le problème. Ils sont une partie de la solution. De mon expérience, je tire le constat suivant  : quand on les interroge, les habitants parlent des mêmes sujets que les pouvoirs publics, mais pas de la même manière, et ils n’ont pas les mêmes priorités. Et ça, c’est fondamental pour l’efficacité d’une politique publique. Dans notre système, nos traditions admi-nistratives et politiques très centralisées, nous avons tendance à marcher avec une seule patte. Or, la démocratie marche sur deux pattes. »Pascale Chevallot, présidente de la Commu-nauté de communes Perthois Bocage et Der, confirme les bonnes pratiques qu’engendre cette coopération territoriale globale : « La charte nous a obligés à changer nos façons de penser, à diminuer nos procédures et à revenir sur le quotidien des habitants. » Une démarche qui n’est pas prête de s’essouf-fler, puisque les communes s’engagent désormais dans une nouvelle étape : les chartes avec les familles. À suivre. —

Marie Molinario

Retrouvez l’intervention de Cyprien Avenel,

sociologue, dans un dossier à paraître

prochainement dans Le Bimsa.

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RENCONTRES

LA GIRONDE SOIGNE SES JEUNES

Imaginez une colocation étudiante. Adaptez le principe au secteur de l’action jeunesse. Le résultat donne la charte jeunesse, un modèle de coopération interinstitutionnelle au service des

11/25 ans, qui regroupe l’ensemble des acteurs « jeunesse » de la Gironde.

En découvrant le thème de l’évé-nement organisé le 29 mars dans ses locaux par la MSA Gironde, Marine, 19 ans, et Alanah, 17 ans, se sont dit que

c’était leur chance. La présentation du nouveau schéma départemental de la jeu-nesse est l’occasion pour les deux copines, élèves en terminale au lycée Jean-Renou de la Réole, commune située à une heure de route de Bordeaux, d’en apprendre un peu plus sur les aides destinées aux jeunes pour financer leur projet. Car les deux jeunes filles ont un but commun et de l’enthousiasme à revendre. En plus de la révision du Bac depuis la rentrée, dès qu’elles ont un moment de libre, elles retroussent leurs manches pour organiser un tremplin rock. Un festival qui a pour nom « Le printemps de la musique ». Il se déroule chaque année en mai à La Réole. Au programme : reggae, funk, rock, techno, pop, électro mais surtout beaucoup d’éner-gie dépensée par les jeunes organisatrices pour leur permettre de dénicher les bons plans destinés à faire vivre un festival ouvert à tous et dont l’entrée est gratuite. Leur ambition  : pérenniser l’événement qui fête cette année son quatrième anniver-saire. Le gagnant remporte une journée d’enregistrement en studio.Pour être certaines de ne rien rater des différentes interventions, les deux Réolaises sont assises au premier rang de la plus grande salle de la MSA Gironde qui peut contenir jusqu’à 200 personnes. La jour-née organisée dans le cadre de la charte jeunesse réunit les acteurs «  jeunesse » départementaux et locaux. Au micro et dans la salle, responsables de structures, élus, animateurs et jeunes se succèdent. « L’objectif est de leur présenter, pour qu’ils se l’approprient, le plan d’actions du nouveau schéma départemental jeunesse 2016-2021 », souligne Alain Duc, président de la MSA Gironde, l’hôte du jour.

La MSA assure en effet depuis le 1er janvier la présidence de la charte jeunesse de la Gironde pour deux ans. Cette instance de coopération et de coordination compte cinq institutions signataires : la direction de la cohésion sociale, le département, la CAF, l’Éducation nationale et la MSA. Elle vise à définir et à mettre en œuvre une politique publique concertée à l’échelle du département en faveur des 11-25 ans. « Ce schéma structure notre politique jeunesse partagée, explique à l’assemblée Claude Chaussée, directrice adjointe de la MSA Gironde. Il définit nos axes d’intervention, nos orientations. Il se décline en un plan d’actions sur lequel nous allons travailler lors de cette rencontre départementale. Nous

le souhaitons complètement articulé avec vos actions sur les territoires et en lien avec les problématiques que vous rencontrez sur le terrain. »

Accompagner au numériqueL’occasion pour tous de découvrir des initiatives locales ancrées sur leurs ter-ritoires, comme Remue-méninges. Les membres de l’association mettent leur énergie au service de l’éducation populaire et de la lutte contre l’échec scolaire sur le territoire béglais depuis trente ans. « À la base de sa création, un constat simple : tous les enfants ne sont pas égaux devant les devoirs à la maison, se souvient Valé-rie Barraud, directrice de l’association. L’exercice donné un jour par un professeur, consistant à associer noms de pays et dra-peaux, semblait anodin. Il se révélait pourtant impossible à réaliser techniquement par certains élèves du fait de l’absence de dic-tionnaire à la maison. » Aujourd’hui, c’est moins le dictionnaire que l’ordinateur ou

Au micro et dans la salle, responsables de structures, élus, animateurs et jeunes se succèdent devant un public impliqué.

APPRENDRE LE VIVRE-

ENSEMBLE, L’AUTONOMIE ET LA MIXITÉ.”

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l’abonnement à Internet qui manquent. Consciente que la fracture numérique est une réalité pour de nombreuses familles qui peinent non seulement à aider leurs enfants à faire les devoirs grâce à l’outil web mais aussi à saisir en ligne leurs dos-siers de bourse, l’association s’est adaptée au fil du temps à ces nouvelles réalités en mettant en place des actions visant à accompagner les familles au numérique.Benoît Despujos, animateur jeunesse sur le canton de Saint-Ciers-sur-Gironde, est, lui, venu faire l’éloge de la lenteur et du Solex Riders, le camp itinérant qu’il a mis sur pied, ou plutôt sur roues. « Le solex est au départ pour eux un objet roulant non identifié qui roule à vingt kilomètres/heure en vitesse de croisière. Ce deux-roues qui prend son temps permettra encore cette année à douze gamins de 14 à 17 ans de faire 150 à 200 bornes de Saint-Ciers au Bassin d’Arcachon. Les habitants de la commune, classée zone rurale sensible, souffrent de problèmes de mobilité. Les jeunes en parti-culier. Nous sommes situés à seulement cinq kilomètres de la Charente-Maritime mais à 75 kilomètres de Bordeaux, loin du cœur administratif de la Gironde. Pour faire des études, il y a un bus le matin et un autre le soir. Concernant l’emploi, les perspectives se limitent à la culture de la vigne ou de l’asperge, au maraîchage, ou encore à pos-tuler à la centrale nucléaire du Blayais. En plus de leur permettre de passer le permis cyclomoteur (AM), l’expérience permet aux jeunes d’apprendre le vivre-ensemble, l’auto-

nomie et la mixité entre allocataires MSA et CAF, jeunes en études, en apprentissage ou au lycée et sans emploi. »

Impliquer les jeunesLe principal outil de l’intervention publique créé dans le cadre du schéma départe-mental est un appel à projets jeunes, dont l’objectif prioritaire est de développer leur implication dans les projets pour favoriser leur engagement dans la vie publique, le développement de leur autonomie, la prise de responsabilités, l’acquisition de compétences variées, ainsi que leur construction en tant que citoyen. Les acteurs du champ de l’animation socioculturelle, dont la finalité est de former des citoyens responsables et critiques, éclairés par l’accès à la culture et à l’éducation, sont ceux qui utilisent le plus les appels à projets. Il ne s’agit pas d’un fond commun abondé par les différents partenaires mais d’un appel à projets conjoints, qui résulte de

l’harmonisation des dispositifs respectifs des institutions.C’est justement le genre d’informations que sont venues chercher Marine et Alanah. Elles sont allées jusqu’au bout de leur démarche en s’impliquant dans les ate-liers organisés l’après-midi. Aux côtés des professionnels de tout le département, elles ont bûché sur des thèmes comme la citoyenneté et l’engagement des jeunes mais également sur leurs pratiques du numérique. Les deux jeune filles ont des choses à dire dans un débat qui tourne principalement autour des dangers du web  : « On ne comprend pas pourquoi à l’école, on nous présente Internet uniquement sous l’aspect prévention et harcèlement, en oubliant ses énormes potentialités. La mise en garde est nécessaire mais nous aurions voulu apprendre aussi à créer un petit site Internet pour présenter notre festival ou savoir comment utiliser les réseaux sociaux pour établir un plan de communication. » Elles ont décidément de la suite dans les idées…« On est en plein dans l’objectif de la journée, constate Camille Cieplik, responsable du département action sanitaire et sociale à la MSA Gironde. En plus de créer un réseau, une culture commune, d’apprendre à se connaître, de savoir comment on mutualise au mieux les forces des jeunes et des acteurs jeunesse de tout le territoire, la journée permet à des personnes — qui ne se seraient pas for-cément côtoyées — de faire connaissance et d’apprendre les unes des autres. » —

Alexandre Roger

Marine, 19 ans, et Alanah, 17 ans, sont venues à la pêche aux infos sur les aides destinées aux jeunes pour financer leur festival de musique.

Les professionnels de la jeunesse de tout le département ont bûché sur des thèmes comme la citoyenneté et l’engagement des jeunes mais également sur leurs pratiques du numérique.

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RENCONTRES

SE SOUCIER DU BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL

Fin mars, la MSA Loire-Atlantique – Vendée a organisé une journée dédiée à la qualité de vie au travail. Le but : promouvoir le bien-être dans le cadre de l’activité professionnelle,

tout en préservant l’efficacité économique.

L a qualité de vie au travail (QVT) est un sujet qui occupe une place de plus en plus importante dans notre société, présente Éric Van Daele, président du comité de

protection sociale des salariés agricoles de la MSA Loire-Atlantique – Vendée. En effet, malgré des conditions d’exercice globale-ment moins pénibles, paradoxalement, la dégradation de la qualité de vie, voire la souffrance, est un thème très souvent évoqué par des travailleurs de plus en plus touchés. « La santé de l’entreprise passe par celle des personnes qui la composent, mana-gers et salariés. C’est un challenge pour la société tout entière. » Ce 29 mars, le service santé-sécurité au travail de la MSA a invité salariés agricoles, exploitants agricoles, employeurs de main-d’œuvre et élus MSA à participer à une journée d’information sur ce thème. Elle s’est déroulée à Vallet, dans la région nantaise. Certains sont venus

pour améliorer la QVT dans l’entreprise, d’autres pour y trouver des pistes pour résoudre des problèmes de mal-être. Au programme  : trois interventions, deux témoignages et six ateliers tournants (ces derniers à découvrir sur notre site Inter-net), le tout ponctué d’échanges entre intervenants et participants.Combattre la précarité subjective au tra-vail : Danièle Linhart, sociologue, cher-cheur émérite au CNRS, fait part de ses recherches sur la transformation du mana-gement et comment les salariés subissent et s’adaptent aux évolutions. Se basant

sur des enquêtes et des interviews quali-tatives qu’elle a effectuées sur le terrain, elle observe que « beaucoup d’entre eux sont perdus. Ils éprouvent des difficultés pour assimiler des transformations qui s’accé-lèrent. Le management moderne impose son autorité. Chacun doit se surpasser. Être efficace. La performance est le but. Il faut être au top en permanence. Dépasser les objectifs. Faire plus avec moins, tout le temps. De plus, l’organisation du travail bouge sans arrêt. Les entreprises sont restructurées en permanence. Les services sont recomposés, les logiciels changent. Ce qui brouille les repères des travailleurs et les met en situation de relative instabilité. Ils doivent réapprendre en permanence, ce qui les épuise et leur fait conserver un statut d’apprentis à vie ». Résultats : la confiance en soi et dans les autres s’effondre. Le salarié ne peut plus compter sur ses compétences, ses savoirs, ses connaissances. Il s’ensuit fatigue, stress,

La journée d’information sur la qualité de vie au travail s’est déroulée à Vallet, en Loire-Atlantique.

« LA SANTÉ DE L’ENTREPRISE

PASSE PAR CELLE DES PERSONNES QUI LA COMPOSENT.”

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RENCONTRES

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épuisement, burn out, addictions, dépres-sion… « Le travail devient délétère. Il n’est plus gratifiant. Cette façon de manager n’est ni rentable, ni performante. »« Il existe deux pistes pour changer cela. Il faut modifier l’état d’esprit des managers, partir de la confiance dans les salariés pour qu’ils atteignent un état de sérénité : ils seront alors plus performants. Il faut aussi sortir de ce changement perpétuel qui n’est pas rentable et qui les déstabilise. » Autre idée : elle sug-gère de faire le bilan de tout changement… avant d’en entreprendre un nouveau. Et d’y associer les travailleurs. Elle affirme que, contrairement aux idées reçues, « les Français veulent bien faire et être reconnus pour la qualité de leur travail ».

Rendre l’activité moins pénibleAutre intervenant : Serge Garrigues, socio-logue et ergonome consultant. Il s’inter-roge : qualité de vie au travail ou qualité de vie tout court ? « La première option est trop réductrice. La seconde est essentielle à étudier. Il faut s’interroger sur la qualité de notre vie, le travail étant l’une de ses compo-santes. Celui-ci est un processus complexe. Dans les exploitations agricoles — où sphère privée et sphère professionnelle sont imbri-quées — il faut faire cette démarche ». Pour cela, il donne quelques pistes à explorer : « Optimiser l’interrelation et l’organisation de ses temps professionnel, personnel et privé ; se remobiliser autour de certaines valeurs fondamentales, comme la confiance

en soi et dans les autres, l’appartenance (au monde agricole et l’ouverture au monde), la reconnaissance (être reconnu pour ce que j’apporte à la société), l’autonomie (la vivre comme une réelle plus-value) ; valoriser et sécuriser son parcours personnel. »En matière de parcours pour acquérir une certaine qualité de vie au travail, Christelle Souchet a fait part de son vécu : « J’ai quitté avec regret mon métier d’aide- soignante en raison de conditions d’exercice difficiles. Depuis septembre 2016, je suis salariée à mi-temps dans l’entreprise de construction et de répa-ration d’engins de chantier et de machines agricoles de mon mari. Mon arrivée n’a pas été préparée. J’ai eu des difficultés, en tant que femme, pour prendre ma place dans un atelier uniquement masculin. J’ai même eu envie de reprendre mon ancien métier. Mais j’ai tenu bon. J’ai appris à souder et je me suis perfectionnée. J’ai progressé, acquis des compétences et un savoir-faire reconnu par mes collègues. Les relations se sont nettement améliorées. J’ai réussi à m’intégrer, en me battant pour me faire accepter en tant que femme. Maintenant, ma vie dans l’entreprise est de meilleure qualité ! »

Samuel Baty, exploitant agricole en productions laitière et céréalière, exerce en Gaec avec un associé et un salarié à mi-temps. En 2000, à la suite de « soucis d’épaule dus aux gestes répétés pendant la traite des vaches — et qui ont nécessité une opération — le médecin du travail de la MSA a analysé nos façons de procéder et proposé de changer l’organisation et de varier les tâches  ». Résultats  : des aménagements et des équipements nouveaux — dont un robot racleur financé par la MSA  — ont rendu l’activité moins pénible. Si Samuel Baty a accepté de diminuer sa partici-pation à la traite, il s’est aussi fixé des objectifs : « Pouvoir vivre correctement de mon métier ; équilibrer vie professionnelle et vie privée  ; passer du temps avec mes enfants ; préserver ma santé ; être fier de mon métier ; donner une bonne image de l’agriculture. J’aime mon métier, mais j’ai aussi des responsabilités à l’extérieur pour rencontrer des personnes  ». Il s’octroie également des vacances en famille.

Valoriser les bonnes pratiquesAlain Viard, conseiller en prévention à la MSA, a présenté la démarche d’accompa-gnement QVT de l’association régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract). «  L’une des priorités du plan régional santé au travail 2016-2020 des Pays de la Loire est la QVT. Elle se décline en trois axes : comprendre, agir et valoriser les bonnes pratiques. » Pour en savoir plus, il suffit d’aller sur le site Internet de l’Aract des Pays de la Loire (www.conditionsdetravail.com), pour y découvrir la web série de 2017 à 2020, Les ¼ d’heure QVT. « L’association régionale accompagne les entreprises de moins de cinquante salariés pour mettre en place la démarche. Elles bénéficient de quatre rendez-vous sur une période de cinq mois, pendant laquelle un suivi personnalisé est assuré. Ce dispositif est gratuit. En contrepartie, les entreprises s’engagent à témoigner sur le site. Ce qui permettra à terme de recenser les actions réussies dans ce domaine et de valoriser les bonnes pratiques. » —

Anne Pichot de la Marandais

Plus d’infos sur notre site Internet.

www.lebimsa.fr

De gauche à droite : Christelle Souchet, Danièle Linhart, Serge Garrigues et Samuel Baty.

LES FRANÇAIS VEULENT BIEN

FAIRE ET ÊTRE RECONNUS POUR LA QUALITÉ DE LEUR TRAVAIL.”

34 AVRIL - MAI 2018 le bimsa www.lebimsa.fr

Ils n’ont pour la plupart pas encore le permis, mais cela n’empêche pas les jeunes Nordistes d’être déjà des usagers de la route et de futurs automobilistes. Simulateurs, voiture tonneau et conférence d’un accidenté de la route, la MSA Nord-Pas de Calais a sorti les grands moyens pour ses journées de sensibilisation au risque routier organisées ce printemps dans des établissements d’enseignement agricole de Dunkerque, Lomme et Hazebrouck.

Jacques Vanbremeersch, à gauche, administrateur de la MSA Nord-Pas de Calais et élu MSA des Flandres intérieures, discute avec Bernard Meirand, intervenant sécurité routière à la Direction départementale des territoires et de la mer. Lui-même victime d’un grave accident de moto en 2014, il est venu raconter son calvaire aux jeunes.

Le garrot tourniquet est un geste simple qui peut sauver des vies, à condition de savoir dans quelles situations précises l’utiliser.

La voiture tonneau donne un bon coup d’adrénaline aux jeunes et leur fait prendre conscience de l’efficacité de la ceinture de sécurité.

« J’appuie, j’allonge, j’alerte. » Fabien, 33 ans, pompier

à Tourcoing, est venu apprendre

aux lycéens les gestes

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TOUS CONCERNÉS

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Anthony vient de brûler un feu, au guidon du simulateur d’un deux-roues motorisé. Il peut se faire du souci pour son permis probatoire. Ce sont quatre points sur six qui disparaissent.

Après sa simulation de consommation de trois verres d’alcool fort, le jeu des courbes permet à Faustine d’estimer l’heure à laquelle elle aura éliminé l’alcool dans son sang. Bilan pour elle : interdiction de reprendre le volant avant 7 h 30 du matin.

Faustine, 17 ans, 1 m 57, 45 kilos, joue le jeu en simu-lant sa consommation d’alcool, « en buvant comme lors d’une soirée habituelle », précise l’animateur. Résultat : à 23 heures, elle a déjà 1,40 g d’alcool dans le sang. La loi limite ce taux à 0,2 g pour les jeunes détenteurs du permis.

Le parcours lunettes, alcool et drogues fait tourner la tête, en simulant parfaitement l’ingestion de subs-tances psychotropes. Attention à la chute !

Retrouvez d’autres photos sur notre

site : www.lebimsa.fr