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Vers l’état civil L’une des marques caractéristiques de l’islam politique au début du XX siècle était d’appeler à l’instauration d’un État islamique en se référant au concept de sharia. Il était normal que les mouvements se référant à l’islam se pensent et se construisent autour de deux axes prioritaires: la structure nationale et étatique les possibles dynamiques transnationaux l’« État islamique » englobe la triple réponse religieuse, politique et culturelle à l’imposition de modèles occidentaux et tous les mouvements islamistes pensent que seule la référence à l’islam leur permettait de résister à l’impérialisme occidental et ajoutent que L’État islamique était la structure qui permettrait, selon eux, l’indépendance politique et l’affirmation religieuse. Certains savants et leaders musulmans ont assez vite accepté le principe de la démocratie. Ils n’y voient pas d’opposition avec l’islam comme projet politiqué. Pourtant le leader islamiste du Hamas algérien, Mahfoud Nahnah, qui le premier semble avoir évoqué non plus 1’« État islamique >> mais l’<< État civil >>. Par la suite, de nombreux autres mouvements islamistes réviseront leur formulation et parleront d’« État civil >> et non plus d’« État islamique >>, tout en évitant de parler de sécularisation, de sécularité ou de laïcité. Cette dernière doit se fonder sur les institutions, la consultation (shûra) en composant avec la pluralité des religions et des idées politiques dont la priorité est de fonder une république démocratique (par opposition à la monarchie). Auteur : TARIQ RAMADAN De : p. 165 A p. 173 Fiche de lecture Roman : L’Islam et le réveil

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Page 1: partie 4

Vers l’état civil

L’une des marques caractéristiques de l’islam politique au début du XX siècle était d’appeler à l’instauration d’un État islamique en se référant au concept de sharia. Il était normal que les mouvements se référant à l’islam se pensent et se construisent autour de deux axes prioritaires:

la structure nationale et étatique les possibles dynamiques transnationaux

l’« État islamique » englobe la triple réponse religieuse, politique et culturelle à l’imposition de modèles occidentaux et tous les mouvements islamistes pensent que seule la référence à l’islam leur permettait de résister à l’impérialisme occidental et ajoutent que L’État islamique était la structure qui permettrait, selon eux, l’indépendance politique et l’affirmation religieuse.

Certains savants et leaders musulmans ont assez vite accepté le principe de la démocratie. Ils n’y voient pas d’opposition avec l’islam comme projet politiqué. Pourtant le leader islamiste du Hamas algérien, Mahfoud Nahnah, qui le premier semble avoir évoqué non plus 1’« État islamique >> mais l’<< État civil >>. Par la suite, de nombreux autres mouvements islamistes réviseront leur formulation et parleront d’« État civil >> et non plus d’« État islamique >>, tout en évitant de parler de sécularisation, de sécularité ou de laïcité.

Cette dernière doit se fonder sur les institutions, la consultation (shûra) en composant avec la pluralité des religions et des idées politiques dont la priorité est de fonder une république démocratique (par opposition à la monarchie).

Il s’agit de se démarquer de la notion de « laïcité », perçue dans le monde arabe comme l’une des voies de l’occidentalisation, et tant on est dans la recherche d’une nouvelle terminologie entre le pouvoir et la religion prouve que la pensée connait des évolutions réelles ; Cette évolution est bien sûr due à l’impact des transformations sociales et politiques, aussi aux fondements juridiques des principes supérieurs et aux approches des règles et des structures propres aux écoles juridiques traditionnelles C’est-à-dire les textes devait être pensée à travers les finalités éthiques, au-delà de la littéralité des règles, des obligations et des prohibitions.

On ajoutant que dans l’<< État civil >> puissent coexister deux autorités distinctes, l’une politique et l’autre religieuse. Cette mise au point cruciale précise le rapport au processus démocratique. Il ne faut pas oublier les modalités de la relation entre l’éthique (inspirée par la religion, l’intelligence collective et la culture) et la gestion de l’État. La religion n’est plus ici pensée comme un cadre fermé qui s’imposerait à l’ordre du politique mais comme un corps de principes et d’objectifs susceptibles d’orienter et d’inspirer l’action politique.

Auteur : TARIQ RAMADAN

De : p. 165 A p. 173

Fiche de lecture

Roman : L’Islam et le réveil arabe

Page 2: partie 4

Donc en général, il s’agit de faire écho aux désirs de la société civile d’une meilleure écoute de leurs requêtes par les élus et au constant questionnement éthique du champ politique. Il serait donc question de la bonne gouvernance.

Si l’une des conditions évidentes de la démocratie est de protéger la liberté et les prérogatives de l’État ou du gouvernement élu, l’autre condition nous paraît être de penser une éthique appliquée à l’exercice du pouvoir. Sans ces deux conditions, dans les sociétés majoritairement musulmanes comme en Occident, les risques sont énormes de démocraties inachevées ou, de démocraties d’apparat.