partie ii le déroulement du procès

69
PARTIE II. LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE Le principe de base c’est le principe légaliste. Ce principe est fondé par l’article 34 de la C°. Et l’autre disposition qui le fonde est l’article 66 de la C° qui dit que « les mesures qui compromettent la liberté individuelle doivent être posées par la loi ». L’article 112-2 du Code pénal dispose que « les lois relatives à la compétence et à l’organisation judiciaire sont applicables immédiatement à la répression des infractions commises avant leur entrée en vigueur tant qu’un jugement sur le fond n’a pas été rendu en première instance ». Le même article ajoute que « les lois fixant les modalités de poursuite et les formes de la procédure sont d’application immédiate ». Pour étudier le déroulement de la procédure on distingue quatre questions : - Celle de la phase d’enquête. Personnages : la Police et le Ministère public. But de cette phase : recueillir des éléments pour décider si oui ou non il faut déclencher l’action publique. - Celle de la phase de déclenchement de l’action publique. Personnages : le Ministère public et la victime, ce qui illustre le caractère mixte de la procédure française. But : mettre en œuvre le procès pénal pour savoir si les éléments recueillis lors de l’enquête constituent ou non une hypothèse de responsabilité pénale, donc de condamnation. - Celle de la troisième phase : l’instruction Personnages : le juge d’instruction, le JLD, la Chambre de l’instruction But : recueillir d’avantage d’élément que ceux trouvés lors de l’enquête, et décider si le suspect peut être renvoyé devant la juridiction de jugement. Cette phase est obligatoire pour les crimes et facultative pour les délits. - Celle de la quatrième phase : le jugement Intervenants : les juridictions de droit commun -le cas échéant les juridictions d’exception-, la CA, la Chambre criminelle. But : vérifier si els éléments qui sont dans le dossier constituent bien une infraction, et vérifier si la personne jugée est bien l’auteur de ces faits. 1

Upload: thomas-aoustet-allibe

Post on 26-Jun-2015

293 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: PARTIE II Le déroulement du procès

PARTIE II. LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE

Le principe de base c’est le principe légaliste.Ce principe est fondé par l’article 34 de la C°.Et l’autre disposition qui le fonde est l’article 66 de la C° qui dit que « les   mesures   qui compromettent la liberté individuelle doivent être posées par la loi ».

L’article 112-2 du Code pénal dispose que « les lois relatives à la compétence et à l’organisation judiciaire  sont  applicables   immédiatement  à   la   répression des  infractions  commises  avant   leur entrée en vigueur tant qu’un jugement sur le fond n’a pas été rendu en première instance ». Le même article ajoute que « les lois fixant les modalités de poursuite et les formes de la procédure sont d’application immédiate ».

Pour étudier le déroulement de la procédure on distingue quatre questions :

- Celle de la phase d’enquête.Personnages : la Police et le Ministère public.But de cette phase : recueillir des éléments pour décider si oui ou non il faut déclencher l’action publique.

- Celle de la phase de déclenchement de l’action publique.Personnages : le Ministère public et la victime, ce qui illustre le caractère mixte de la procédure française.But : mettre en œuvre le procès pénal pour savoir si les éléments recueillis lors de l’enquête constituent ou non une hypothèse de responsabilité pénale, donc de condamnation.

- Celle de la troisième phase : l’instructionPersonnages : le juge d’instruction, le JLD, la Chambre de l’instructionBut : recueillir d’avantage d’élément que ceux trouvés lors de l’enquête, et décider si le suspect peut être renvoyé devant la juridiction de jugement. Cette phase est obligatoire pour les crimes et facultative pour les délits.

- Celle de la quatrième phase : le jugementIntervenants : les juridictions de droit commun -le cas échéant les juridictions d’exception-, la CA, la Chambre criminelle.But : vérifier si els éléments qui sont dans le dossier constituent bien une infraction, et vérifier si la personne jugée est bien l’auteur de ces faits.

1

Page 2: PARTIE II Le déroulement du procès

CH1. L’enquête

Elle est menée par les fonctionnaires de la Police nationale et de la Gendarmerie nationale. Ces fonctionnaires assurent deux types de mission :

- Missions de police administrative dont le but est préventif, c'est-à-dire d’éviter la commission des infractions : rondes, surveillance, contrôle d’identité.

- Missions de police judiciaire dont le but est donné par l’article 14 du CPP : constater les infractions, rassembler les preuves, rechercher les auteurs.Article 15-3 CPP : la police judiciaire est obligée de recevoir les plaintes des victimes d’infraction et d’en donner récépissé.

La même mission peut passer d’un cadre à l’autre. Par exemple, la police fait une ronde pour surveiller un quartier : c’est une mission de police administrative, lors de la ronde elle constate une infraction, ainsi la mission de transforme en mission de police judiciaire. L’effet est que les missions de la police ne sont pas les mêmes dans les deux cadres : Lorsqu’elle agit dans le cadre d’une mission de police judicaire, ils ont des pouvoirs coercitifs.

Section 1. Le cadre d’action de la police judiciaire

La police judiciaire est placée sous la direction du procureur de la République, et sous la surveillance du procureur général près telle CA.Le procureur général note les policiers et peut aussi retirer un à OPJ son habilitation.Explication : la police judiciaire est composée :

o d’officiers de police judiciaireo d’agents de police judiciaireo d’agents de police judiciaire adjoint.

Les OPJ ont une habilitation ce qui leur permet de diriger le travail des APJ et des APJ adjoints, et leur permet de prendre des décisions qui portent atteinte à la liberté individuelle des citoyens. Exemple type : seul un OPJ peut placer en garde à vue.

L’article 16 du CPP énumère les fonctionnaires qui ont la qualité d’OPJ : par exemple les commissaires (ou commandants de police aujourd’hui) et les officiers de gendarmerie.

On distingue deux types d’enquête à partir du critère de l’urgence :- Quand il y a urgence, la police ou la gendarmerie agissent dans le cadre de l’enquête de

l’enquête de flagrance.- Quand il n’y a pas d’urgence, ils agissent dans le cadre de l’enquête préliminaire.

§1. L’enquête de flagrance

Ce qui la caractérise c’est l’urgence et c’est que la police a des pouvoirs coercitifs (de contrainte). Compte tenu de ces éléments et des atteintes inutiles à liberté individuelle, la loi encadre strictement ces enquêtes à deux égards :

- D’abord par l’édiction de limites matérielles- Ensuite par l’édiction de limites temporelles

2

Page 3: PARTIE II Le déroulement du procès

I- Limite matérielle

Ces limites tiennent à la qualification de l’infraction et aux circonstances de l’infraction avec la notion d’urgence.

A. Limite tenant à la qualification de l’infraction : crimes et délits punis d’emprisonnement

Ce type d’enquête, compte tenu des pouvoirs importants de la police, ne doit jouer que pour les infractions les plus graves. Deux types d’infraction pouvant donner lieu à cette enquête :

- Tous les crimes- Délits punis d’emprisonnement

Cela veut dire qu’il n’y a pas d’enquête de flagrance pour les contraventions et pas non plus pour les délits punis uniquement d’amendes. La difficulté pratique pour la police c’est de ne pas se tromper de qualification. Par exemple si la police ouvre ce type d’enquête pour un fait qualifié au final de contravention, l’enquête peut être annulée.

Quel est le critère des juges pour décider ou non d’annuler ?

Critère de l’apparence : cela veut dire qu’au moment précis où la police débute ce type d’enquête il faut qu’elle s’appuie sur des éléments tangibles, objectifs qui laissent légitimement penser que l’infraction sur laquelle ils enquêtent est soit un crime, soit un délit puni d’emprisonnement.

Ex : quand il ya un suicide notamment avec une arme, quelqu’un découvre le corps appelle la police. Arme + mort laisse penser meurtre donc la police va commencer à enquêter sur cette base.

B. Limite tenant aux circonstances de commission de l’infraction : les deux cas de flagrance de l’art. 53 CPP

L’article 53 CPP décrit deux sortes de circonstances relevant de la flagrance :

- Crime ou délit (puni d’emprisonnement) qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre.

- Lorsque dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique ou alors est trouvée en possession d’objet, ou encore présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au crime ou au délit.Ex : personne blessée suite à une altercation.

Dans les deux hypothèses de flagrance, il appartient aux OPJ d’apprécier les circonstances factuelles pour déterminer s’il se trouve ou non dans le cas de la flagrance.

Comment font-ils pour décider ?

Ils se réfèrent aux indices apparents.Exemple d’indice apparent : une arme sur le sol d’un véhicule Ou encore la Cour de cassation considère comme plainte apparente la plainte de la victime ou encore la dénonciation de l’infraction par une personne identifiée. En revanche les dénonciations anonymes ne permettent pas d’ouvrir une enquête de flagrance.

3

Page 4: PARTIE II Le déroulement du procès

C. Limite temporelle

Compte tenu des pouvoirs importants de la police, l’idée du législateur est de limiter cette enquête dans le temps.

 Quelle est alors la durée ? 

8 jours sans discontinuer. Prolongation de 8 jours supplémentaires possible sur autorisation du Procureur de la République mais si deux conditions sont cumulativement remplies :

- L’enquête concerne un crime ou un délit puni d’une peine d’emprisonnement supérieure ou égale à cinq ans.

- Qu’il y ait toujours urgence. Ce qui revient à dire que la police doit démontrer que les investigations sont nécessaires à la manifestation de la vérité et que ces investigations ne peuvent pas être différées.

§2. L’enquête préliminaire

Les limites matérielles et temporelles sont beaucoup plus vastes puisque la police n’a que peu de pouvoirs de contrainte.

I- Limite matérielle

La police utilise l’enquête préliminaire lorsque les conditions ne sont pas remplies pour utiliser l’enquête de flagrance. Cette enquête elle est ouverte soit spontanément par la police, soit sous demande du procureur de la République.

Cette enquête a deux intérêts :

- Elle permet à la police de procéder à des vérifications, de recueillir des éléments de preuves qui sont transmis au ministère public. Et sur cette base, le ministère public, lorsqu’il y a une infraction, peut décider soit de déclencher l’action publique soit d’utiliser une mesure alternative.

- Lorsqu’il y a une suspicion d’infraction, la police en investiguant dans le cadre de l’enquête préliminaire peut découvrir un indice apparent qui lui permet de basculer sur une enquête de flagrance.

II- Limite temporelle

Deux cas de figure :

Enquête ouverte spontanément par la police :Dans ce cas là, la police rend compte au procureur de la République des enquêtes ouvertes depuis plus de 6 mois.

Enquête ouverte sur demande du procureur :C’est le procureur qui fixe un délai à la police.

4

Page 5: PARTIE II Le déroulement du procès

Section 2. Les mesures d’enquête

Toutes les mesures d’enquête sont décrites par le code de procédure pénale. Quelques mesures sont les mêmes dans l’enquête de flagrance et dans l’enquête préliminaire. D’autres mesures obéissent à des conditions différentes selon le cadre.

Quelles sont ces mesures utilisées par la police ?

Contrôles d’identité Audition d’une personne Perquisition Saisie Constatation technique et scientifique Garde à vue

§1. Les contrôles d’identité

Ils sont réalisés par les OPJ et sur leurs ordres et sous leur responsabilité par les APJ et APJ adjoints. La personne contrôlée peut justifier de son identité par tout moyen. Ce qui signifie que le port de la carte d’identité n’est pas obligatoire, tout ce qu’il faut c’est un document suffisamment probant et qui comporte une photo. Si la personne ne peut pas, ne veut pas prouver son identité, la police recours à une rétention policière. Cette rétention ne dure que le temps strictement nécessaire à l’établissement de l’ID et dans tous les cas pas plus de 4h. La personne ainsi retenue doit immédiatement être présentée à un OPJ et elle est immédiatement informée de ses droits.

De quels droits s’agit-il ?

- Faire aviser le procureur de la République- Faire prévenir un membre de sa famille ou toute personne de son choix

Les contrôles d’ID relèvent tantôt des missions de police judiciaire, tantôt des missions de police administrative. Et il existe des types de contrôles particuliers :

A. Les contrôles de police judiciaire

C’est l’article 78-2 du CPP : « Est possible le contrôle d’ID de toute personne à l’égard de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles (= critère de l’apparence) de soupçonner quatre choses possibles » :

- Qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction- Qu’elle se prépare à commettre un crime ou un délit- Qu’elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à l’enquête- Qu’elle fait l’objet de recherches ordonnées par l’autorité judiciaire

Les juges dans les quatre cas, vérifieront que les soupçons de la police prenaient appuis sur des indices apparents.

5

Page 6: PARTIE II Le déroulement du procès

B. Les contrôles de police administrative

Ils sont possibles dans deux hypothèses :

. Peut être contrôlée l’ID de toute personne quelque soit son comportement pour prévenir une atteinte à l’ordre public, notamment à la sécurité des personnes et des biens.Le Conseil Constitutionnel a été saisi du texte qui prévoit ce cas de contrôle et pour éviter les abus il a émis une réserve d’interprétation. Il explique que l’OPJ doit justifier dans tous les cas de circonstances particulières établissant le risque d’atteinte à l’ordre public qui a motivé ce contrôle. Cela signifie que la police dans le procès verbal de contrôle doit motiver très concrètement le motif du contrôle.Par exemple : n’est pas une motivation suffisante le fait de dire que la délinquance est en augmentation dans un quartier donné. En revanche si la police dit qu’il y a eu un tel nombre de plainte dans un tel quartier que l’on contrôle.

. Contrôles sur réquisition du procureur de la République.Dans ce cas là, l’ID de toute personne peut être contrôlée quelque soit le comportement de cette personne. Il y a tout de même des garanties : le réquisitoire du procureur par lequel il ordonne le contrôle doit être motivé par écrit et indiquer trois choses :

o Les infractions que l’on veut préveniro Les lieux où se déroulera le contrôleo La durée du contrôle (heure de début et heure de fin)

Cependant la Cour de cassation considère que lors de ce contrôle la police découvre d’autres infractions que celles visées dans le réquisitoire les enquêtes ouvertes à propos de ces infractions sont valables.

C. Contrôles particuliers

Il y a deux grandes catégories :

Contrôle du titre autorisant un étranger à circuler et séjourner en France

Une difficulté importante se présente : la police ne PEUT PAS utiliser un critère d’apparence discriminatoire. En particulier la tenue vestimentaire ou la couleur de peau.Il y a deux arrêts extrêmement importants rendus par la Ch. Criminelle de la Cour de cassation :

o 25 avril 1985 La Cour de Cassation dit que « les contrôles ne sont possibles que sur la base d’éléments objectifs déduis   de  circonstances   extérieures   à   la   personne,   de   nature   à   faire   apparaitre   sa   qualité d’étranger. »

o 13 août 1993 Le Conseil constitutionnel adopte exactement la même position que la Cour de cassation en disant que la police ne peut se fonder « exclusivement sur des critères objectifs  »Des critères objectifs et extérieurs à la personne sont : l’immatriculation de son véhicule ou encore des bagages portant des marques de passage en douane.Deux situations :

- Soit la personne justifie qu’elle a un titre en règle.

6

Page 7: PARTIE II Le déroulement du procès

- Soit elle est en situation irrégulière. Et alors, la police ouvre une enquête de flagrance pour le délit d’entrée et de séjour irrégulier sur le territoire qui est puni d’une peine d’emprisonnement.

Contrôle « Schengen »

L’accord de Schengen réalise un espace de libre circulation en Europe et c’est surtout la suppression des frontières à l’intérieur de l’UE. Comme cette suppression de frontières facilite la circulation de délinquants en UE, on a créé une nouvelle possibilité de contrôle : Article 78-2 al 4 CPP : « peut être contrôlée l’ID de toute personne quelque soit son comportement même uniquement dans  certaines zones. »

Quelles sont les zones ?

Zones accessibles au public : les ports, aéroports, gares ferroviaires et routières ouverts au trafic international.

§2. Audition d’une personne

Dans le cadre d’enquête de flagrance (article 62 du CPP), comme de l’enquête préliminaire (article 78 du code), un OPJ peut convoquer toute personne suspect ou simple témoin susceptible de fournir des renseignements sur les faits ou sur des objets saisis . Cette personne a l’obligation de comparaitre mais pas l’obligation de déposer : elle peut ne rien dire. Si elle ne comparé pas, l’OPJ peut la contraindre (envoyer des agents pour la récupérer) mais sur autorisation préalable du procureur. Le simple témoin ne pourra être retenu que le temps strictement nécessaire à son audition. L’audition peut être réalisée par un APJ. La personne ne prête pas serment. Pourquoi est-ce important ?Si elle ment, il n’y a pas de poursuite possible pour faux témoignage. Un PV d’audition est rédigé, si la personne auditionnée craint des représailles, elle peut ne pas indiquer son adresse sur le PV. Et l’adresse est remplacée par l’adresse du commissariat ou de la gendarmerie.

§3. Perquisition et saisie

Avant de procéder à des perquisitions ou à des saisies, l’OPJ dans les deux sortes d’enquête peut procéder à des réquisitions.

A qui les adresse-t-il ?

Réquisitions auprès de toutes personnes ou tout établissement ou organisme public comme privé. Sauf motif légitime, les personnes faisant l’objet de réquisitions ne peuvent pas opposer le secret professionnel.

Le refus de répondre aux réquisitions est puni pénalement (ex : en France il n’y a pas de secret financière. La banque est obligée de communiquer sous peine de sanctions pénales).Sauf si la personne requise est un avocat, un médecin, un huissier, un notaire, ou un journaliste. Ces différents professionnels ont le choix de répondre ou de ne pas répondre, c’est ce qu’on appelle un choix de conscience. Si ces professionnels ne répondent pas, ils risquent une perquisition.

7

Page 8: PARTIE II Le déroulement du procès

Dans les deux types d’enquête (flagrance et préliminaire) seule l’OPJ peut décider de perquisitionner et saisir. La loi précise les lieux des perquisitions et saisies et précise les garanties entourant les perquisitions et saisies.

I. Le lieu d’intervention

Les perquisitions et les saisies sont strictement encadrées. La raison de cet encadrement est que ce sont des mesures qui heurtent le principe constitutionnel de l’inviolabilité du domicile.

Qu’est-ce que c’est qu’un domicile ?Dans l’acception pénale, le domicile est plus large qu’en droit civil, c’est tout lieu où la personne a le droit de se dire chez elle qu’elle y habite ou qu’elle n’y habite pas, quelque soit son titre juridique d’occupation (propriétaire, locataire, hébergée amicalement) et quelque soit l’affectation des locaux.Concrètement, seront des domiciles des maisons ou appartements dont l’individu est soit propriétaire soit locataire, mais aussi une tente dans un camping, une caravane, une chambre d’hôtel ou encore un bureau.Peu importe que ces lieux soient des lieux principaux ou secondaires, et peu importe que la personne occupe ou non ces lieux au moment où la police intervient.

Peut être perquisitionné, non seulement le domicile du suspect mais aussi de toute personne qui pourrait détenir des pièces ou des objets relatifs aux faits sur lesquels la police enquête.

II. Les garanties entourant l’intervention policière

Trois sortes de garanties :

Une garantie tenant au consentement de la personne.

On distingue selon le type d’enquête :

Dans l’enquête de flagrance, il n’est pas nécessaire que la personne chez qui la perquisition a lieu donne son accord

Dans l’enquête préliminaire, par contre, son assentiment est nécessaire, qui doit être donné par écrit et avant la perquisition. Mais dans l’enquête préliminaire, le JLD, sur requête du procureur de la République, par une décision écrite et motivée peut autoriser une perquisition ou une saisie sans l’accord de la personne.Il faut que deux conditions soient cumulativement réunies :

o que l’enquête concerne un délit pour lequel est encouru un emprisonnement d’au moins 5 ans

o que le JLD explique quelles sont les nécessités qu’il y a à procéder à cette perquisition . Si des personnes se trouvent sur les lieux, la police peut les retenir le temps nécessaire à la perquisition.

Une garantie tenant à la protection de la personne

C’est une double garantie :

8

Page 9: PARTIE II Le déroulement du procès

- Garantie d’horaire : pas de perquisition avant 6 h du matin, ni après 21 h. mais si une perquisition est débutée avant 21 h, elle peut se poursuivre au-delà.Pour certaine catégorie d’infraction (ex : terrorisme ou trafic de stupéfiant), sous certaines conditions, il peut y avoir des perquisitions de nuit.

- Garantie qui tient à la présence de l’intéressé : cela signifie que la perquisition ne peut avoir lieu que si l’individu est à son domicile. A défaut, l’OPJ invite l’intéressé à désigner son représentant. A défaut, l’OPJ désigne deux témoins qui assistent aux opérations et l’OPJ ne doit pas avoir d’autorité sur ces témoins.

Une garantie qui tient à la protection du secret professionnel

Concrètement, les perquisitions dans les cabinets d’avocat ne peuvent être réalisées uniquement par un magistrat et non par la police. La présence du bâtonnier est obligatoire. Seuls le magistrat et le bâtonnier peuvent prendre connaissance des documents que l’on veut saisir. Le bâtonnier peut s’opposer à la saisie d’un document. Si le magistrat conteste, le JLD tranchera.

Existent aussi des dispositions particulières aux perquisitions au cabinet d’un médecin, d’un notaire, d’un avoué ou des huissiers. Egalement pour les perquisitions des locaux d’une entreprise de presse ou de communication audiovisuelle. Dans ces cas là, seul un magistrat peut perquisitionner et il veille à deux choses :

- Le secret des sources journalistiques- Qu’il n’y ait pas de retard injustifié dans la diffusion de l’information

Enfin les banques et les organismes financiers ne sont pas soumis à des règles particulières : application du régime ordinaire.

§4. Les constatations techniques ou scientifiques

Dans l’enquête de flagrance (art. 60) et dans l’enquête préliminaire (art. 77-1), il est prévu qu’une personne qualifiée peut procéder à des constatations et autres examens techniques. Par exemple des constatations médicales, mais aussi d’un armurier, d’un garagiste, d’un expert comptable. Cet expert est choisi sur une liste d’expert judiciaire. A défaut, on peut prendre un expert hors liste mais il faut lui faire prêter serment d’apporter son concours à la justice en son honneur et conscience (sinon nullité). Cet expert est désigne par l’OPJ, et, afin d’expertise dans les deux types d’enquête, l’OPJ peut prélever sur un témoin ou un suspect des échantillons pour procéder à des analyses ADN.

Le refus de se soumettre au prélèvement est sanctionné pénalement. Le Conseil constitutionnel a validé ce texte pour deux raisons :

- Il n’y a pas besoin d’atteinte corporelle- Ce prélèvement permet aussi de prouver l’innocence de la personne.

§5. La garde à vue

C’est une mesure qui permet à la police judiciaire nationale de priver une personne de liberté pendant un délai défini qui va de 1 h à quelques jours. Dans ce cas, la personne ne va pas en prison, elle reste dans les cellules du commissariat ou de la gendarmerie.

9

Page 10: PARTIE II Le déroulement du procès

En pratique cela sert à la police à interroger plusieurs fois la personne et à procéder, parallèlement à des investigations qui permettent de recouper les déclarations de la personne. Seulement, pratiquement, dans certains cas, la police se sert de la garde à vue pour punir la personne , alors qu’elle n’est pas juge.Pour que la garde à vue fonctionne la police peut réclamer un mandat de recherche. Il est délivré par le procureur de la République dans les deux types d’enquête à l’encontre de la personne contre laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre soit un crime, soit un délit puni d’au moins 3 ans d’emprisonnement.

I. Qui met en garde à vue ?

Uniquement l’OPJ et il a l’obligation d’informer le procureur de la république dès le début de la mesure, à peine de nullité.

II. Qui est placé en garde à vue ?

La personne à l’encontre de laquelle il existe des raisons plausible de soupçonner qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction. Ainsi pas de garde à vue pour les témoins.

III. Quelle est la durée de la garde à vue ?

Dans le régime de droit commun elle est de 24 h plus 24 h. Dès que la police n’a plus de raison de soupçonner la personne, elle doit la relâcher.La prolongation ne peut pas être accordée par l’OPJ car l’attient à la liberté individuelle devient plus lourde, et par conséquent il faut l’intervention d’une autorité judiciaire, en l’occurrence le procureur de la République.Les modalités de renouvellement dépendent du type d’enquête :

- Enquête de flagrance : renouvellement écrit par le procureur qui peut demander qu’on lui présente le gardé à vue

- Enquête préliminaire : le principe est que le gardé à vue est présenté au procureur, mais ce dernier peut dispenser l’OPJ de présentation.

Il existe des régimes particuliers de garde à vue, notamment dans le domaine de trafic de stupéfiant, de la délinquance organisée et du terrorisme. En général, la garde à vue est de 4 jours et au de là de la 48ème heure, la prolongation doit être autorisée par le juge su siège qui sera soit le JLD soit le juge d’instruction.

La garde à vue et la durée de la garde à vue, d’après le Code doivent être nécessaires. Or, aujourd’hui, la nécessité est appréciée uniquement par la police alors qu’une véritable garantie devrait consister dans une appréciation par l’autorité judiciaire.

IV. Les droit du gardé à vue

Premièrement le gardé à vue est immédiatement informé de ses droits :

- Faire prévenir une personne de son choix : famille, proches ou employeur. Si l’OPJ juge cette mesure inopportune, il peut la refuse mais doit avoir l’accord du procureur de la République.

- Un droit à l’examen médical : possible toutes les 24 h. et l’OPJ et le procureur peuvent demander l’intervention d’un médecin à tout moment. C’est un médecin choisi par la police et celui-ci atteste de la compatibilité de l’état de santé avec la garde à vue. La Cour

10

Page 11: PARTIE II Le déroulement du procès

de cassation vient de juger que si la police maintient la garde à vue, après un avis médical négatif, la garde à vue sera annulée.

- Le droit à la rédaction d’un PV : il doit indiquer le jour et l’heure de début de la garde à vue, son motif, et surtout la durée des interrogatoires et les temps de repos. Ce qui permet de voir la fiabilité des interrogations. Ce PV doit être signé par l’intéressé et s’il refuse, l’OPJ doit mentionner le motif du refus.

- Le droit de s’entretenir avec un avocat : c’est un droit récent, crée en 1993.

Régime commun : l’avocat intervient à la première heure, et au début de la prolongation s’il y a prolongation.Dans les régimes particuliers, l’avocat intervient plus tard. Par exemple, pour un trafic de stupéfiant il intervient à la 48 h, pour le terrorisme il intervient à la 72ème h. Le Conseil constitutionnel a validé ces régimes particuliers car la seule chose qu’il censure c’est absence totale d’avocat.

A quoi sert-il ? Il n’a pas accès au dossier il est simplement informé par l’OPJ de la nature de la date de l’infraction. Il peut s’entretenir confidentiellement avec son client pendant 30 min et il joint ses observations au dossier.

Pour les gardes à vue pour suspicion de crime, les interrogatoires font l’objet d’un enregistrement audiovisuel. L’intérêt est qu’il pourra être écouté si par la suite l’intéressé conteste le contenu de son PV d’interrogatoire. La Chambre criminelle refus d’étendre cette garantie aux délits.

V. L’issue de la garde à vue

L’individu est déféré au parquet et le procureur examine le contenu du dossier pour décider s’il faut déclencher ou non l’action publique. La loi, à la fin de la garde à vue prévoit aussi l’information de la personne gardée à vue et qui n’a pas fait l’objet de poursuite alors que 6 mois ce sont écoulés depuis la garde à vue. Cette personne peut interroger le procureur de la République par lettre recommandée avec accusé de réception sur les suites qu’il envisage peut être de donner à la procédure.

11

Page 12: PARTIE II Le déroulement du procès

CH2. L’action publique et l’action civile

Si des autorités judiciaires, notamment le parquet, interviennent lors de la phase policière, la phase véritablement judiciaire débute vraiment avec l’action publique. Elle consiste à mettre en œuvre la répression pour aboutir au prononcé d’une peine si l’individu est coupable . Cette action est mise en œuvre au nom de la société pour protéger des intérêts publics et non privés par un corps particulier de magistrat : le ministère public. Le but de l’action publique est d’assurer l’application de la loi pénale par les juges du siège.

La victime est absente de cette définition, pourtant elle pourra venir au procès pénal pour demander la réparation de son préjudice, c’est ce que l’on appelle l’action civile.

Il y a un lien assez étroit entre l’action civile et l’action publique. Ce lien est que si une infraction est commise et que le ministère public ne prend pas l’initiative de déclencher les poursuites, la victime en se consistant partie civile oblige finalement le parquet à mettre en œuvre la répression.

Section 1. L’action publique

Dans un système strictement accusatoire, le droit de poursuite appartient à la victime. Dans l’inquisitoire il appartient au parquet. Le système français est mixte.

§1. Qui met en œuvre l’action publique ?

Comme c’est le déclenchement de la phase judiciaire la réponse se trouve à l’article 1 du CPP : « la répression est mise en œuvre par le ministre public ».Mais le pouvoir de déclencher la répression est aussi confié par la loi pour certaines infractions à certains fonctionnaires. Par exemple, l’administration des douanes peut déclenche l’action publique pour les infractions douanières, idem pour l’administration des impôts.

Différence entre l’action publique du ministère public et celle de ses fonctionnaires : l’administration peut transiger avec l’auteur de l’infraction. Cela signifie qu’ils peuvent essayer de trouver un accord, notamment financier, pour ne pas déclencher le procès pénal. Ce type de négociation est impossible pour le ministère public.

Contre qui est déclenchée l’action publique ?Contre l’auteur ou coauteur de l’infraction, ainsi que les complices. Il faut retenir que si l’une de ces personnes est décédée, l’action publique ne peut jamais viser ses héritiers, en raison du principe de personnalité de la responsabilité pénale.

Si le ministère public poursuit, il saisira le juge d’instruction s’il s’agit d’un crime ou d’un délit complexe, et directement la juridiction de jugement si c’est un délit simple ou une contravention. En réalité, les lois les plus récentes offrent au ministère public un éventail plus large de solution.

§2. Les choix offerts au ministère public

Même si l’enquête de police laisse penser qu’une infraction a été commise, le ministère public n’est pas obligé de déclencher la répression. Il peut soit classer sans suite en vertu d’un principe de l’opportunité des poursuites, soit utiliser des mesures alternatives aux poursuites.

12

Page 13: PARTIE II Le déroulement du procès

A. Le principe de l’opportunité des poursuites

Le principe en droit français est celui de l’opportunité des poursuites.Ce principe on l’oppose au principe de la légalité des poursuites, que l’on trouve en Allemagne. Selon ce dernier, le ministère public poursuit toutes infractions sauf exceptions. L’avantage c’est l’égalité devant la loi pénale et devant le juge pénal. L’inconvénient est l’encombrement des juridictions pénales.

C’est la raison pour laquelle la France a préféré le principe de l’opportunité des poursuites qui permet au ministère public de décider des suites qu’il donne à l’enquête policière. Ce principe a quand même un inconvénient, c’est que la victime peut être très mécontente que l’infraction ne donne pas lieu à un procès pénal. La loi a canalisé les classements sans suite.Plusieurs textes sont à connaitre :

- art. 40 CPP : le procureur de la République reçoit les plaintes et les dénonciations et apprécie les suites à leur donner.

- Art. 40-1 CCP : il prévoit que lorsque l’identité et le domicile de l’auteur des faits sont connus, le classement sans suite ne peut être décidé que si des circonstances particulières liées à la commission des faits le justifie.

Les décisions de poursuite et de recourir à des mesures alternatives sont portées à la connaissance des victimes si elles sont identifiées. Quant aux décisions de classement sans suite sont portées à la connaissance des victimes en précisant les raisons qui les justifient.Le pouvoir des victimes est d’exercer un recours hiérarchique. Elle peut demander au procureur général d’enjoindre au procureur de la République d’exercer les poursuites. Si ce dernier refus il n’y a aucun recours possible.Le recours n’est pas juridictionnel (ce n’est pas un appel).

B. Les mesures alternatives aux poursuites

Ces mesures alternatives sont utilisées dans environ 35% des cas. Ce ne sont pas des mesures résiduelles.L’idée du législateur est d’éviter la politique du tout ou rien, c'est-à-dire classement sans suite ou action publique. Devant la diversification de la délinquance, la loi a crée des troisièmes voies qui consistent à prononcer des mesures de faibles gravité qui ne mettent pas en cause la liberté individuelle.Ces troisièmes voies sont confiées au ministère public qui alors concurrence le juge du siège dans les réponses apportées à la délinquance.

La loi prévoit deux types de mesures alternatives :

1. La possibilité d’obliger le délinquant à exécuter une prestation

Prévue par l’article 41-1 CPP

Conditions ?

Il faut que l’alternative en questions soit de nature à assurer la réparation du dommage ou de nature à mettre aux troubles à l’OP ou encore que cela contribue au reclassement de l’auteur.

Conditions alternatives

Quelles mesures peuvent être prononcées par le Parquet ?

13

Page 14: PARTIE II Le déroulement du procès

- Un rappel des obligations résultant de la loi.- Orienter l’auteur des faits dans vers une structure sanitaire, sociale ou professionnelle,

notamment pour y suivre un stage ou une formation.

- Demander à l’auteur des faits de régulariser sa situation au regard de la loi et des règlements.

- Demander à l’auteur des faits de réparer le dommage qu’il a causé. Mais c’est une mesure qui brouille la frontière entre la responsabilité pénale et civile.

- Faire procéder avec leur accord à une médiation entre l’auteur et la victime.

Ces mesures ne peuvent être prononcées que si l’individu avoue être l’auteur de l’infraction. Ces mesures suspendent la prescription de l’action publique.

- Si la mesure est exécutée, la loi ne dit pas que l’action publique est éteinte. Théoriquement, le procureur peut toujours déclencher un procès pénal.

- Si la mesure n’est pas exécutée pour une raison tenant au comportement du délinquant, le parquet a deux options : soit il déclenche l’action publique, soit il utilise la composition pénale.

2. La composition pénale

Elle est prévue par l’article 41-2 CPP.

Dans un premier temps le législateur avait voulu mettre en place un mécanisme que l’on appelait l’injonction pénale. Ce texte consistait en ce que le procureur pouvait proposer à celui qui avouait être l’auteur de l’infraction certaines mesures, qui d’habitude étaient prononcées par un juge du siège : le versement d’une somme d’argent au Trésor public et l’accomplissement d’un travail non rémunéré.Ce texte a été censuré par le Conseil constitutionnel dans une décision du 2 février 1995.

Le législateur a donc fait un nouveau texte sur la composition pénale.Elle est à l’initiative du ministère public.

Que concerne-t-elle ?

Elle concerne les contraventions ainsi que les délits punis d’amende ou d’un emprisonnement inférieur ou égal à 5 ans. Sont exclus : les délits de presse, les délits politiques, pour les homicides et les blessures par imprudence.

Quelles mesures peuvent être prononcées ?

Le procureur peut prononcer :- le versement d’une amende de composition pénale au Trésor public, du même montant

que celle prévue par le texte incriminateur.- immobilisation du véhicule- remise au greffe de son permis de chasse ou de conduire- accomplissement pour la collectivité d’un travail non rémunéré

14

Page 15: PARTIE II Le déroulement du procès

La personne peut se faire assister d’un avocat avant d’accepter al proposition du procureur. La loi prend en compte les demandes du Conseil constitutionnel puisque si l’individu accepte la proposition du procureur, celui-ci saisi le tribunal aux fins de validation de la composition pénale. Cette validation assure un contrôle par le juge du siège. Mais c’est un contrôle léger. L’incidence est très importante, l’accord qui est validé ne devient pas un acte juridictionnel. Par conséquent il ne peut pas y avoir appel.Si le juge valide, les mesures sont mises à exécution.S’il ne valide pas elles sont caduques : perte de la juridicité par un élément postérieur.

Si la composition pénale est exécutée, l’action publique est éteinte. Cela signifie donc que la composition pénale est une réponse pénale plus lourde que celle de l’article 41-1. Finalement, elle est une réponse quasi-juridictionnelle.

§3. L’extinction de l’action publique

L’article du CPP qui en regroupe toutes les causes est l’article 6 qui énumère six événements :

A. La mort de l’auteur

Impossibilité pour le ministère public de poursuivre les héritiers du défunt, en vertu du principe de personnalité de la responsabilité pénale.Les éventuels coauteurs ou complices peuvent être poursuivis. C’est une cause personnelle.

B. L’amnistie

L’amnistie se définit comme une mesure d’oubli par laquelle le législateur fait perdre aux faits leur qualification d’infraction. Donc l’amnistie opère de la même façon qu’un fait justificatif.

C. L’abrogation de la loi pénale

Si une loi pénale est abrogée, il n’y a pus de fondement à l’action publique.Si des personnes ont déjà été condamnées sur la base du texte abrogé et qu’elles purgent leur peine, la peine cesse de recevoir exécution, sauf si les faits peuvent revêtir une autre qualification pénale.

D. La chose jugée

Si un individu a été condamné pour certains faits, il ne peut pas être poursuivi pour les mêmes faits. C’est ce que l’on appelle le principe non bis in idem ou nebis in indem.On considère que la chose jugée est une présomption de vérité, et cette présomption en peut être attaquée que par les voies de recours.

E. Transaction, composition pénale, retrait de la plainte

1. Transaction

Possible uniquement pour l’administration. Mais la majorité des textes qui autorise une administration à transiger prévoit que s’il y a transaction, il ne peut plus y avoir déclenchement de l’action publique. Cas pour les transactions des douanes et des impôts.

2. La composition pénale

15

Page 16: PARTIE II Le déroulement du procès

Si elle réussi, il n’y a pas d’action publique : caractère semi-juridictionnel

3. Le retrait de la plainte

Il n’a aucune incidence sur l’action publique. Le procureur peut poursuivre, malgré un retrait de plainte. Sauf pour quelques très rares infractions : infractions de diffamations et injure, ainsi qu’atteinte à la vie privée.

F. La prescription de l’action publique

La prescription traduit l’effet du temps sur l’infraction.L’idée du législateur est que lorsqu’un certain délai s’est écoulé depuis les faits, d’une part, le trouble à l’OP a fini par s’estomper et d’autre part, les preuves se sont altérées. Donc il ne serait plus utile de déclencher un procès pénal.

La prescription opère in rem : cela signifie qu’elle empêche toute poursuite à l’égard des faits, donc le procureur ne peut plus inquiéter ni les coauteurs ni les complices.

La prescription est d’OP. Concrètement, le délinquant ne peut pas y renoncer et le juge doit la soulever d’office.

Ce mécanisme est tout de même critiqué : la prescription peut être perçue comme un encouragement à la délinquance puisque finalement celui qui est el plus habile pourra échapper à la justice. La loi française connait le mécanisme de la prescription, mais la JP essaie de déjouer ce mécanisme.

1. Le point de départ du délai de prescription

a) Le principe

Le principe posé par la loi est que le délai commence à courir lorsque l’infraction est totalement consommée.Pas de problème pour les infractions instantanées, mais la situation est plus complexe pour les infractions continues successives. C’est une infraction qui dure dans le temps parce que le délinquant réitère son intention délictuelle.Le cas typique est le recel qui est le fait de conserver un objet ou une somme d’argent provenant d’une infraction tout en le sachant. Le départ du délai de prescription est le jour où l’individu ne sera plus en possession de l’objet ou de la somme.

La durée du délai de prescription de l’action publique est de - 1 an pour les contraventions- 3 ans pour les délits- 8 ans pour les crimes

Délais particuliers :- Les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles- Les agressions sexuelles sur mineur se prescrivent lorsque ce sont des crimes par 20 ans.

Et le point de départ du délai est le jour de la majorité de la victime.S’il s’agit d’une agression sexuelle délictuelle, le délai est de 10 ans à compter de la majorité de la victime.

- Les crimes pour les trafics de stupéfiants sont de 30 ans.

16

Page 17: PARTIE II Le déroulement du procès

Lorsque l’action publique est prescrite, la victime peut toujours demander l’indemnisation de son préjudice mais seulement devant le juge civil et si les délais civils ne sont pas éteints.

b) Les tempéraments jurisprudentiels

Les juges sont hostiles aux mécanismes de la prescription, ils ont donc crée de toute pièce une catégorie d’infraction qu’ils appellent les infractions occultes ou encore les infractions clandestines. Et ils décident à leur propos que le point de départ du délai est le jour où l’infraction est découverte dans des conditions permettant l’exercice de l’action publique.

Terrain d’élection : droit pénal des affaires où des infractions peuvent être dissimulées sous des écritures comptables.

2. La perturbation du cours du délai

Perturbation en raison de deux événements :

I. L’interruption du délai de prescription

Deux points :

a) Les causes d’interruption

Ce sont les actes de poursuite et les actes d’instruction dès lors qu’ils ont été accomplis régulièrement. Ce qui signifie qu’ils remplissent les conditions de fond et de forme prévues par la loi, c'est-à-dire qu’un acte entaché de nullité n’a pas d’effet interruptif.

L’acte d’instruction a une définition large puisqu’entrent dans cette catégorie tous les actes qui tendent à la constatation de l’infraction et à la recherche des auteurs d’infraction. Ce qui signifie qu’entrent dans cette catégorie non seulement les actes accomplis par le juge d’instruction mais aussi les actes accomplis par la police judiciaire tant dans le cadre d’une infraction flagrante que d’une enquête préliminaire.

Les actes de poursuite sont tous ceux qui tendent à la mise en mouvement de l’action publique en saisissant soit une juridiction de jugement, soit une juridiction d’instruction. Par exemple, une citation directe ou encore un réquisitoire introductif du parquet, ou enfin une constitution de partie civile.

b) Les effets de l’interruption

Lorsqu’est réalisé un acte d’instruction ou un acte de poursuite, le délai est anéanti et un nouveau délai recommence à courir, ce qui signifie que les autorités judiciaire (parquet ou juge d’instruction) peuvent multiplier les actes de poursuite ou d’instruction pour qu’en fin de compte une infraction échappe totalement à la prescription.

II. La suspension du délai de prescription

a) Les causes de la suspension

Ces causes ont deux origines :

17

Page 18: PARTIE II Le déroulement du procès

- Origine assez ponctuelle : la loi. La loi dans certain cas précise que tel ou tel mécanisme suspend la prescription de l’action publique.Ex : l’art. 41-1 du CPP prévoit que la médiation pénale suspend le cours de la prescription.

- Source beaucoup plus importante : la JP. En effet les juges considèrent que le délai ne court pas lorsque certains obstacles empêchent les poursuites.Deux sortes d’obstacles :

o Obstacles de droit :Les questions préjudicielles qui sont des questions posées dans un litige mais qui ne relèvent pas de la compétence du juge saisi de ce litige. Dans ce cas là, il sursoit à statuer et soumet la question au juge compétent. En attendant la réponse la prescription est suspendueLe statut pénal du PR signifie que si l’on veut poursuivre pénalement le chef de l‘Etat, il faut attendre la fin de son mandat, en attendant la prescription est suspendue.

o Obstacles de fait : catastrophes naturelles, mais aussi la démence de l’auteur de l’infraction si elle est postérieure aux faits

b) Les effets de la suspension

Ici, il n’y a qu’un seul et unique délai qui court, mais le décompte de ce délai s’arrête lorsque survient la cause de suspension. Quand la cause disparaitra le délai reprendra là où il avait été suspendu.

Section 2. L’action civile

Le juge naturel de l’indemnisation est le juge civil. Mais lorsque le préjudice a été causé par un fait constitutif d’une infraction pénale, la réparation peut être demandée au juge pénal, ce qui illustre le principe d’unité des justices civile et pénale.L’action en réparation portée devant le juge pénal s’appelle l’action civile. Cette action civile est dirigée non seulement contre l’auteur et ses éventuels complices de l’infraction, mais aussi contre les tiers civilement responsables du fait d’autrui.L’action civile tend donc uniquement à la satisfaction d’un intérêt privé. Mais, il ne s’agira pas d’une simple action en réparation dès lors qu’on s’adresse au juge pénal et que le fait générateur est une infraction pénale.

§1. Les qualités nécessaires pour déclencher l’action civile

La possibilité de saisir le juge pénal d’une action en indemnisation est un droit exceptionnel puisque le juge naturel de ce type d’action est le juge civil. Donc cette action est enserrée dans des conditions très strictes par le CPP. Mais en même temps, par faveur pour les victimes, la loi pénale assoupli un peu ces conditions et elle permet à certaines PM de demander aussi indemnisation au jugé pénal.

I. Un droit d’action exceptionnel

C’est l’article 2 du CPP qui pose les conditions que la loi a ensuite assouplie.

18

Page 19: PARTIE II Le déroulement du procès

A. Des conditions strictes

Article 2 CPP : « l’action civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit  ou une contravention appartient à tous ceux qui ont personnellement soufferts du dommage directement causé par l’infraction ».

Cet article montre bien que l’action civile est possible pour les trois catégories d’infraction.Quant aux conditions :

- L’action civile peut être exercée par la partie lésée qui peut être une PP ou une PM, en sachant que la JP considère que certaines infractions protègent uniquement des intérêts généraux et ne peuvent pas donner lieu à action civile.Cette catégorie des infractions d’intérêt général est strictement jurisprudentielle, on y trouve pour l’essentiel des infractions économiques.

- Celui qui est à l’origine de l’action civile doit remplir cumulativement deux conditions :

o Le dommage doit être personnel : cela signifie que ne peut demander réparation au juge pénal que la seule personne qui a elle-même souffert de l’infraction, soit dans sa chair, soit dans son patrimoine, soit dans son honneur.Ex : des locaux appartenant à une société sont cambriolés, c’est la société elle-même qui doit introduire l’action civile et non pas ses salariés ni son chef d’entreprise, car c’est le patrimoine de la société qui a été affecté par l’infraction.

Si la victime directe est décédée, ses héritiers trouvent dans son patrimoine le préjudice qu’elle a subit, et donc ils peuvent, devant le juge pénal exercer ‘action trouvée dans le patrimoine de la victime.

En revanche les créanciers de la victime ne peuvent exercer devant la juridiction pénale l’action civile par voie oblique.

Egalement les cessionnaires de l’action en réparation ne peuvent pas agir devant le juge pénal, mais devant le juge civil.

Les tiers subrogés, qui sont les personnes ou organismes qui ont indemnisés la victime qui se trouvent subrogés dans ses droits. Ces tiers subrogés peuvent se retourner contre l’auteur de l’infraction pour demander remboursement des sommes qu’ils ont payées. Ils ne peuvent porter leur action devant la juridiction pénale qui si le procès pénal est déjà déclenché. On dit alors qu’ils interviennent au procès pénal.

o Le dommage doit être direct : le juge pénal ne peut indemniser que le seul préjudice directement, étroitement causé par l’infraction.Ex : une personne est victime d’un cambriolage. On retrouve le cambrioleur. La victime peut demander au juge pénal la réparation des dégâts matériels et la restitution ou le remboursement des choses volées, en revanche elle ne peut pas demander au juge pénal que lui soit allouée une somme pour installer un système d’alarme.

B. Des conditions assouplies

19

Page 20: PARTIE II Le déroulement du procès

Il existe quatre types d’assouplissement :1. L’admission des actions purement vindicatives

Dès lors que les conditions de l’article 2 du CPP sont remplies, la victime peut aller devant le juge pénal, y compris pour demander 1 € symbolique de D&I. Elle ne va donc pas devant le juge pénal pour être indemnisée, mais pour demander vengeance, c'est-à-dire la condamnation pénale de l’auteur.La cour de cassation, dans un arrêt Crim. 8 juin 1971 admet, et la JP est constante, que « la partie civile peut n’être motivée que par le souci de corroborer l’action publique et d’obtenir que soit établi la culpabilité du prévenu ».

2. L’action des proches de la victime : les victimes par ricochet

En matière d’homicide et de blessures volontaires et involontaires, la JP admet que les proches de la victime sont recevables à démonter qu’ils ont subi un dommage dont ils ont personnellement souffert et qui découle directement des faits. En particulier ce préjudice peut être un préjudice moral et résulter du spectacle de l’état physique ou psychique découlant des blessures subies par le proche.

En matière de blessures involontaires : Crim. 9 février 1989.En matière de blessures volontaires : Crim. 23 mai 1991.

Il y a un argument de texte pour soutenir ce point de vue qui l’article 1 al. 2 du CPP : cet article non les victimes mais « les parties lésées par l’infraction ».

3. L’extension des chefs de dommage

Article 3 al. 2 du CPP : « l’action civile sera recevable pour tous les chefs de dommage aussi bien matériels que corporels ou moraux qui découleront des faits, objets de la poursuite. »

Ex : accident de la circulation entre deux véhicules, l’un des véhicules ne respectant la priorité, l’autre véhicule est très endommagé et son conducteur sérieusement blessé. L’affaire est porté au pénal du chef de blessure involontaire (délit). Si on applique l’article 2 du CPP, la victime ne pourra demander au juge pénal que la réparation de son préjudice corporel, et elle devra faire un procès civil pour demander a réparation du préjudice matériel (véhicule) et du préjudice moral.

Ce qui explique que l’on dissocie les actions est que la qualification retenue au pénal est celle de blessure involontaire ce qui fait que le juge pénal ne constatera que les atteintes corporelles.

Grâce à l’article 3 al. 2, la victime pourra demander au juge pénal la réparation de tous les chefs de préjudices : corporel, matériel et moral. L’avantage est que cela évite à la victime de mener un autre procès au civil.

4. La dissociation de la recevabilité et du bien fondé de l’action

Le terme de recevabilité est un terme procédural qui renvoi uniquement au fait de savoir si une certaine action en justice peut être menée devant un certain juge.

Le terme de bien fondé, lui, renvoi au droit substantiel. Il s’agit de savoir quelle règle de fond s’applique à une situation donnée.

20

Page 21: PARTIE II Le déroulement du procès

La recevabilité renvoi à la question : peut-on saisir le juge ? et le bien fondé pose une autre question : est-ce que je peux gagner le procès ?

Une victime peut parfois saisir le juge pénal, son action est donc recevable, alors que le juge pénal ne peut pas lui accorder l’indemnisation parce que l’action est mal fondée.Ex : en matière d’accident du travail, un salarié blessé peut saisir le jugé pénal, alors que l’indemnisation sera versée par la Sécurité sociale et non par le juge.

Quel est le but de l’action ?- Un but vindicatif- Le fait que la condamnation pénale facilitera le versement de l’indemnisation par la

Sécurité sociale.

II. Un droit d’action étendu

Lorsqu’une PM (association, syndicat, sociétés civiles ou commerciales) est elle-même victime d’une infraction, elle peut agir devant le juge pénal si elle rempli les conditions de l’article 2 du CPP.

En revanche, la question qui se pose est de savoir si une PM peut agir devant le juge pénal pour demander réparation de l’atteinte à l’intérêt collectif qu’elle défend.Pas de réponse unique de la loi pénale. On va donc distinguer selon les PM :

A. Les syndicats

Est-ce qu’un syndicat peut demander réparation au juge pénal lorsqu’une infraction porte atteinte aux intérêts de la profession qu’il protège ?

Réponse en deux temps :

1. Réponse de la JP

Cour de cassation 5 avril 1913. C’était le syndicat de défense de la viticulture française qui se constituait partie civile contre un individu qui avait falsifié du vin en le mélangeant avec de l’eau. La Cour de cassation a considéré que l’action du syndicat n’avait pas pour objet de donner satisfaction aux intérêts individuels des membres du syndicat, mais d’assurer la protection des intérêts collectifs de la profession dans son ensemble représentée par le syndicat.

2. Réponse de la loi

C’est plus précisément le Code du travail qui a apporté la réponse en prévoyant que les syndicats professionnels peuvent exercer l’action civile devant les juridictions pénales, relativement aux faits qui portent un préjudice direct ou indirect à l’intérêt collectif de la profession qu’il représente. Il faut donc que le syndicat démontre l’atteinte à l’intérêt collectif qu’il défend.

Qu’est-ce qu’un intérêt collectif ?

On peut le cerner à partir de plusieurs points :- Ce n’est pas l’intérêt individuel des membres de la profession, ni des adhérents au

syndicat.- Ce n’est pas l’intérêt général, lequel est défendu par le ministère public. Ici la frontière

est plus floue.

21

Page 22: PARTIE II Le déroulement du procès

L’intérêt collectif est donc affecté lorsque l’infraction met en cause l’organisation de la profession ou encore les règles qui assurent la protection de la profession.Ex : un chauffeur de taxi est assassiné par un client. Un syndicat de chauffeur de taxi ne peut pas se constituer partie civile puisque l’infraction atteint un individu, pas une profession.En revanche, une personne exerce illégalement la médecine, dans ce cas, un syndicat de médecin peut se constituer partie civile puisque l’infraction affecte une profession.

B. Les associations

Les associations, comme les syndicats peuvent demander au juge pénal une indemnisation lorsque l’infraction atteint l’intérêt collectif qu’elle défende.Ici pas de texte unique, mais plusieurs textes qu’on trouve aux articles 2-1 et s. du CPP. Ces différents textes posent un certain nombre de conditions. Par exemple des conditions tenant :

- à l’ancienneté de l’association- à l’objet statutaire de l’association : lutte contre le racisme, sécurité routière, défense du

consommateur, etc.- chaque texte précise pour quelle infraction l’association peut agir- chaque texte précise si l’intérêt collectif doit être atteint directement ou indirectement.

§2. Modalités et effets de l’action civile

Si l’action civile obéit à de strictes conditions, c’est parce qu’elle produit en procédure pénale des effets très particuliers. Et ceci quelques soient les modalités de l’action. Ce qui amène à distinguer deux points.

I. Les modalités

A. Première différence : la demande en indemnisation peut être portée :

1. Devant le juge d’instruction

Il est saisi obligatoirement en matière criminelle, facultativement en matière délictuelle.

Lorsqu’une personne fait savoir au juge d’instruction qu’elle veut obtenir de la juridiction de jugement une indemnisation : on dit qu’elle porte plainte avec constitution de partie civile. Cette plainte n’obéit pas à des formes particulières, il suffit d’un courrier adressé au juge d’instruction lui indiquant qu’on est victime d’infraction et qu’on souhaite être indemnisé par la juridiction de jugement (et non par le juge d’instruction).

Le ministère d’avocat n’est pas obligatoire.

Le risque de cette simplicité est qu’il y ait de parie civile abusive, pour éviter cela le juge d’instruction fixe au plaignant une consignation, somme d’argent fixée en fonction des ressources du plaignant qui doit être versée dans le délai fixé par le juge d’instruction et qui conditionne la recevabilité de la plainte avec constitution de partie civile.Si la plainte avec constitution de partie civile est abusive, la somme servira à payer l’amende civile qui sera prononcée par le juge.

22

Page 23: PARTIE II Le déroulement du procès

Une loi de 2007 a voulu limiter le nombre de telle plainte. Elle les a soumises à de nouvelles conditions de recevabilité. Ces conditions ne jouent que dans le domaine délictuel.La loi impose de porter plainte d’abord devant le procureur de la République ou un service de police judiciaire.Cela signifie qu’une plainte avec constitution de partie civile ne sera recevable que si le procureur ayant eu connaissance de la plainte fait savoir à la victime qu’il n’engagera pas de poursuite. Ou encore elle ne sera recevable que si 3 mois se sont écoulés depuis que le victime a porté plainte devant le procureur, soit contre récépissé soit par lettre recommandé avec accusé de réception, ou qu’elle lui adressé copie de la plainte déposée à la police judiciaire. Ce délai de 3 mois suspend la prescription de l’action publique.

2. Devant la juridiction de jugement

La victime s’adresse directement à la juridiction de jugement : soit le Tribunal correctionnel, soit le Tribunal de police.Le tribunal fixe une consignation et un délai pour la verser pour éviter les parties civiles abusives.

B. Deuxième différence : on peut se constituer partie civile devant le juge d’instruction ou devant la juridiction de jugement selon deux procédés :

1. Premier procédé

L’action publique a déjà été déclenchée par le ministère public, soit spontanément soit à la suite d’une première constitution de partie civile. Dans ce cas, on dit que la partie civile intervient au procès pénal en cours.

2. Deuxième procédé

L’action publique n’a pas été déclenchée par le ministère public en vertu du principe de l’opportunité des poursuites. Dans ce cas là on dit que la partie civile agit par voie d’action, et cette constitution de partie civile a un effet très particulier : elle oblige le parquet à déclencher la répression.

II. Les effets de la constitution de partie civile

Toute action civile produit des effets particuliers, et la constitution de partie civile par voie d’action entraine elle des effets spécifiques.

A. Les effets communs de l’action civile

Toute action civile, par intervention ou par voie d’action produit les mêmes effets. Le principal effet est que le plaignant prend la qualité de partie civile. Ce qui signifie que dorénavant il a un statut procédural qui entraine plusieurs conséquences :

- S’il a constitué un avocat, il ne pourra être entendu par le juge d’instruction qu’avec son avocat. Cet avocat pourra à tout moment accéder au dossier de la procédure. Le plaignant ne peut plus être entendu comme un simple témoin. Le juge pourra l’auditionner à titre de simple renseignement, et surtout, il ne prête pas serment de dire la vérité.

- Les actes de procédure lui seront notifiés

23

Page 24: PARTIE II Le déroulement du procès

- Elle pourra exercer des voies de recours, mais uniquement contre les décisions qui font atteinte à ses intérêts civils.

B. Les effets particuliers de la constitution de partie civile par voie d’action

Lorsque le ministère public n’a pas déclenché les poursuites, une constitution de partie civile par voie d’action contraint le parquet à agir. Peu importe que cette action civile soit le fait d’une PP ou d’une PM.

Arrêt très important : Crim. 8 décembre 1906, arrêt PLACET ou arrêt Laurent ATALIN :Une plainte avec constitution de partie civile déposée entre les mains du juge d’instruction oblige celui-ci à agir, et donc met en mouvement l’action publique.

La constitution de partie civile par voie d’action permet de vaincre l’inertie du parquet. Le parquet sera obligé de déclencher l’action publique.

Une fois le procès pénal ainsi déclenché, l’action publique sera exercée par le seul ministère public.

Attention : la victime n’exerce pas l’action civile !

§3. L’option offerte à la victime

Une victime d’infraction pénale peut porter sa demande en indemnisation soit devant le juge civil, soit devant le juge pénal. Elle a donc une option qui est en principe irrévocable, mais qui dans des cas très restreints n’existe pas.

I. Le principe de l’option

Le principe de l’option s’étudie en deux temps :

A. L’existence de l’option

Ce principe se fonde sur deux textes :

Article 3 al. 1 CPP : « l’action civile peut être exercée en même temps que l’action publique et devant la même juridiction ».

Article 4 al. 1 CPP : « l’action   civile  peut  aussi   être   exercée   séparément   de   l’action publique ».

Qu’est-ce qui guide le choix de la victime ?

Trois considérations entrent en ligne de compte :- Savoir si elle est pressée car la justice pénale est moins lente que la justice civile- Savoir si elle veut apaiser le conflit : elle ira plutôt devant le juge civil- Devant le juge pénal la victime bénéficiera des preuves rapportées par le ministère public

ce qui simplifie son action en justice.

24

Page 25: PARTIE II Le déroulement du procès

B. L’irrévocabilité de l’option

Exprimée par un adage latin : « electa una via, non datour recursus ad alteram » (on élit une voie et on ne peut pas changer de voie si ça altère la situation).

1. Le principe de l’irrévocabilité

Ce principe est fondé sur l’idée qu’il faut éviter que la partie civile porte l’action tantôt devant le juge civil, tantôt devant le juge pénal en fonction se son humeur.L’article 5 CPP affirme que celui qui a agit devant le juge civil, ne peut pas agir devant le juge pénal dans la même affaire puisque ça aggraverait le sort de la personne poursuivie. Cela signifie que l’irrévocabilité opère à sens unique. A savoir, la partie civile qui agit au civil ne peut pas passer au pénal, mais celle qui a saisi le juge pénal peut basculer au civil.

2. Les exceptions à l’irrévocabilité

Deux exceptions :

- Lorsque la partie civile a agit au pénal, elle peut demander une provision au juge des référés qui est un juge civil, sans abandonner la voie pénale.

- Lorsque la victime a agit devant le juge civil parce qu’elle ignorait que les faits étaient constitutifs d’une infraction et que le ministère public a déclencher le procès pénal. Elle peut basculer au pénal sous une réserve : si le juge civil ne s’est pas encore prononcé sur le fond du litige.

II. Les hypothèses d’absence d’option

Dans trois cas la victime n’a pas d’option :

- Seule la voie pénale est ouverte : dans les cas de diffamation envers les fonctionnaires ou les parlementaires

- La voie civile est seule ouverte lorsque l’action publique est éteinte par amnistie, décès du délinquant, prescription.

- La voie civile est seule ouverte lorsque la poursuite a lieu devant certaines juridictions d’exception et notamment la Cour de justice de la République.En revanche partie civile possible devant les juridictions pour mineur.

§4. Les conséquences de l’action civile

Par l’action civile, la partie lésée PP ou PM peut obtenir deux choses :- Des D&I : tout dommage entrainera un préjudice et tout préjudice trouve sa cause dans

le dommage.- La restitution d’objet volé ou détourné : réparation en nature

25

Page 26: PARTIE II Le déroulement du procès

Lorsque la victime ne peut pas être indemnisée, soit parce que l’auteur reste inconnu ou alors qu’il est insolvable, l’indemnisation est versée par la CIVI (commission d’indemnisation de victimes d’infraction) qui est un fond d’indemnisation.

Cette décision civile est liée à la décision pénale ce qui entraine deux conséquences :

Il ne doit pas y avoir contradiction entre la décision pénale et la décision civile

Ce qui signifie que la décision civile doit se claquer sur la décision pénale. C’est ce que l’on appelle le principe de l’autorité de la chose jugée au pénal sur le civil. Ce principe est aujourd’hui assez critiqué pour une raison simple, c’est qu’il prive le juge civil e son autonomie de décision.C’est la raison pour laquelle une loi du 10 juillet 2000 (Loi FAUCHON) a dissocié les fautes civiles et pénales d’imprudence.Pourquoi avoir limité cette loi à l’imprudence ?Quantitativement les litiges en matière d’imprudence sont les plus nombreux.Quel est l’effet produit par cette loi ?Dorénavant un juge pénal qui en matière d’imprudence prononce une relaxe peut accorder une indemnisation civile.Article 372 CPP permet à une Cour d’assises qui acquitte l’accusé, d’indemniser tout de même la victime si le fondement qui justifie l’indemnisation ne contredit pas l’acquittement pénal.

La décision civile ne peut intervenir qu’après la décision pénale

Deux cas :

C’est le juge pénal qui doit se prononcer sur l’indemnisation : il va d’abord se prononcer sur l’aspect pénal de l’affaire, et ensuite sur l’aspect civil.

Hypothèse où parallèlement au procès pénal est intenté un autre procès devant le juge civil : dans ce cas le juge civil doit sursoir à statuer en attendant la décision pénale . C’est le cas lorsque le tribunal civil est saisi alors que l’action publique est déjà en cours. Mais c’est aussi le cas si le tribunal civil est saisi le premier mais que l’action publique est déclenchée avant qu’il ait rendu son jugement.On appelle cette règle : le criminel tient le civil en l’état (art. 4 al. 2 CPP).Cette règle a un inconvénient car elle ralentit le procès civil, d’où une réforme en mars 2007 pour cantonner la règle. Depuis cette loi on distingue l’action civile de l’action à fin civile :

- L’action civile est celle qui consiste à demander la réparation du préjudice directement causé par l’infraction. Dans ce cas, la règle « le criminel tient le civil en l’état » s’applique toujours. En revanche la règle ne jour plus de la même manière pour les actions à fin civile.

- L’action à fin civile est une action qui ne consiste pas à demander réparation du dommage causé par l’infraction mais qui a un lien tout de même avec la décision pénale.

Ex : une action en licenciement et la faute justifiant le licenciement est constitutive d’une infraction pénale, ou encore une action en divorce où le comportement reproché au conjoint est aussi constitutif une infraction pénale.

Dorénavant pour les actions à fin civile, le juge civil n’est pus obligé d’attendre la décision pénale.Avantage : plus rapide

26

Page 27: PARTIE II Le déroulement du procès

Inconvénient : risque de contradiction entre la décision pénale et la décision extra pénale.

§5. L’extinction de l’action civile

Deux causes d’extinction :

I. La volonté de la victime

L’action civile, quelle soit portée devant le juge civil ou pénal, entend protéger un intérêt privé. L’intéressé peut donc disposer librement disposer de son action.Pratiquement cela signifie que l’intéressé peut transiger avec l’auteur. Il peut aussi abandonner sa demande ce qui n’aura aucune incidence sur l’action publique, sauf cas particuliers (atteinte à l vie privée, etc.)

II. La prescription

La prescription civile a été réformée. Prescription au civil :- 5 ans à compter du moment où l’individu a connu ou aurait dû connaitre le fait fondateur

de l’action.- 10 ans pour l’action en réparation du dommage corporel.

L’action civile peut être portée devant le juge pénal tant que l’action publique n’est pas prescrite. Et lorsque l’action publique est prescrite la demande en indemnisation peut être portée devant le juge civil si les délais civils ne sont pas éteints.

Ex : une personne est victime de blessures légères constitutives d’une simple contravention. Elle peut demander indemnisation au juge pénal, en l’occurrence au Tribunal de police durant 1 an. La prescription civile étant de 10 ans, il peut agir les 9 années suivantes devant le juge civil.

27

Page 28: PARTIE II Le déroulement du procès

CH 3. L’instruction

L’instruction est une phase particulièrement complexe du procès pénal car :

- Il faut rassembler les preuves permettant de décider s’il y a infraction pénale et si la personne poursuivie est coupable. Donc le juge d’instruction va avoir des pouvoirs d’investigation plus poussés que ceux de la police.

- L’instruction doit protéger la présomption d’innocence des personnes suspectées. Or l’instruction permet de restreindre la liberté de ces personnes : c’est ce qu’on appelle le contrôle judiciaire. Ou encore priver ces personnes de liberté en attendant le jugement : la détention provisoire.

L’instruction n’est obligatoire que pour les crimes, y compris s’il n’y a aucun doute sur la culpabilité sur la personne. Elle est facultative en matière délictuelle. Exceptionnelle en matière contraventionnelle.

Section 1. Le secret de l’instruction

Deux raisons à ce secret :

- Permettre aux autorités de rechercher les preuves en toute sérénité.- Protéger la présomption d’innocence des personnes suspectées.

Ce secret ne signifie pas que l’instruction est dissimulée à la personne suspectée puisque cette personne doit pouvoir se défendre durant l’instruction.Le secret implique que tous ceux qui participent à cette instruction doivent rester discrets sur son déroulement.C’est l’article 11 CPP qui affirme que l’instruction est secrète. Mais cet article ne prévoit aucune sanction en cas de violation du secret.

§1. Le champ du secret

On peut l’appréhender en deux temps :

I. Les personnes soumises au secret

Sont soumises au secret uniquement les personnes qui concourent à l’instruction. Pour ces personnes la loi assimile le secret de l’instruction au secret professionnel. Car ces personnes participent à l’instruction en raison de leur métier. Ce sont techniquement toutes les personnes qui participent à la recherche de la vérité.Plus concrètement cela vise les magistrats du parquet et du siège, les greffiers, les policiers et els gendarmes, les experts, les interprètes et les enquêteurs de personnalité.En revanche cet article 11 n’astreint pas les avocats au secret puisqu’il ne participe pas à la recherche de la vérité. Mais ils sont tenus à la discrétion par leur secret professionnel.

Peuvent parler librement les témoins, le suspect, la victime et les journalistes. Encore que pour ces derniers, la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse prévoit un certain nombre d’infraction, et

28

Page 29: PARTIE II Le déroulement du procès

notamment il est interdit de publier dans la presse les actes d’accusation et les autres écrits de procédure criminelle et correctionnelle avant qu’ils aient été lu en audience publique.

II. L’existence de fenêtre d’informations

Dans certains dossiers sensibles, pour faire taire les rumeurs et protéger la présomption d’innocence, il peut être souhaitable de communiquer des éléments du dossier.

Cette possibilité est prévue par l’alinéa 3 de l’article 11 qui prévoit que le procureur de la République, d’office ou sur demande du juge d’instruction des parties, peut rendre public des éléments du dossier dès lors que ces éléments ne comportent aucune appréciation sur le bien fondé des charges retenues et à condition que cette communication soit, évite la propagation d’informations fausses, soit mette fin à un trouble à l’OP.

En plus de cela l’article 11-1 prévoit que le procureur de la République ou le juge d’instruction peut autoriser la communication d’éléments du dossier à des autorités habilitées, et ceci dans un but de recherche ou d’enquête scientifique destinées à prévenir la commission d’accident ou de faciliter l’indemnisation des victimes. Dans ce cas là, les personnes habilitées sont soumises au secret professionnel.

§2. La sanction de la violation du secret d’instruction

Il n’existe pas en droit pénal d’infraction spécifique à la violation du secret de l’instruction. Mais d’autres délits peuvent s’appliquer, deux pour l’essentiel :

- Le délit de violation du secret professionnel- Le délit de diffamation : la diffamation se définit comme l’imputation à une personne

d’un fait portant atteinte à son honneur ou à sa considération. Dire qu’une personne a peut être commis une infraction est systématiquement diffamatoire.

Section 2. La saisine du juge d’instruction

§1. Les modalités de la saisine

Elles sont doubles, le juge d’instruction est saisi soit :- par une plainte avec constitution de partie civile- par un réquisitoire improductif du ministère public

Lorsqu’au sein d’un TGI, il y a plusieurs juges d’instruction, c’est le président du TGI qui désigne l’un d’entre eux pur une affaire. Mais pratiquement, les tribunaux mettent en place des tableaux de roulement. Si le juge désigné par le tableau est indisponible, c’est le président du TGI qui nomme un autre juge. En principe le juge d’instruction est seul, mais le président du tribunal, si l‘affaire est complexe, peut lui adjoindre d’autres magistrats instructeurs.

§2. L’étendue de la saisine

L’acte de saisine est extrêmement important puisque le juge d’instruction est saisi in rem. Cela signifie qu’il n’est pas saisi du cas d’une personne mais d’un fait infractionnel.Pratiquement ça veut dire que l’acte de saisine (plainte ou réquisitoire) peut être pris contre X. la seule chose qui compte c’est la description des faits. Et la tâche du juge d’instruction est d’éclairer

29

Page 30: PARTIE II Le déroulement du procès

ces faits, découvrir toutes les circonstances de leur commission et découvrir toutes les personnes dont la responsabilité pénale est engagée par ces faits (auteur, coauteur, complice).

Pratiquement cela signifie que si le juge d’instruction, lors des investigations, découvre de nouveaux faits, il ne peut pas instruire à leur propos. Son instruction serait nulle. Il avertit le procureur de la République et ce dernier peut saisir le juge d’instruction d’un réquisitoire supplétif qui lui donne pouvoir sur ces nouveaux faits.

Le juge d’instruction n’est pas tenu par la qualification donnée aux faits par la victime ou par le ministère public. Il a un pouvoir de requalification de ces faits.

§3. Le dessaisissement du juge d’instruction

Il peut se réaliser de deux façons :

I. Le dessaisissement volontaire

Le juge d’instruction peut se dessaisir volontairement dans trois cas :

- Il apprend qu’un autre juge d’instruction, notamment d’un autre ressort géographique, instruit sur les mêmes faits. Dans ce cas là, il rend une ordonnance de dessaisissement.

- Les faits sur lesquels il instruit sont connexes (lien assez étroit) à ceux sur lesquels un autre juge d’instruction instruit. Et tous ces faits concernent les mêmes personnes. Il rend une ordonnance de dessaisissement.

- Il considère qu’il est incompétent géographiquement. Il rend une ordonnance d’incompétence.

II. Les dessaisissements involontaires

Il en existe deux :

- Le dessaisissement du juge d’instruction au profit d’un autre juge d’instruction peut être demandé au président du tribunal pour bonne administration de la justice par une requête motivée du procureur.

- Lorsque la chambre de l’instruction est saisie pour contrôler un acte d’instruction et elle annule tout ou partie de la procédure. Dans ce cas là, elle peut renvoyer au même juge d’instruction, ou alors elle peut techniquement évoquer l’affaire. Cela signifie qu’elle garde le dossier d’instruction et elle confie l’instruction à l’un de ses membres. C’est prévu par le Code mais en pratique ça ne se passe jamais.

Section 3. Le statut de la personne suspecte

L’instruction a en particulier pour objectif de découvrir les éventuels coauteurs et complices pour pouvoir les renvoyer devant la juridiction de jugement qui seule se prononcera sur la culpabilité. Au cours de l’instruction il y a une étape fondamentale qui est la mise en examen.La mise en examen (autrefois appelée inculpation), elle se définit comme l’imputation officielle à une personne suspecte des faits infractionnels a propos desquels le juge d’instruction instruit.

30

Page 31: PARTIE II Le déroulement du procès

Cette mise en examen produit deux effets très importants :

- La personne mise en examen peut être placée sous contrôle judiciaire ou mise en détention provisoire.

- Le mis en examen devient partie à la procédure d’instruction, ce qui signifie qu’il bénéficie des droits de la défense.

Comme la mise en examen met à mal la présomption d’innocence, le législateur a crée un autre statut pour retarder le plus possible la mise en examen : le témoin assisté. Pratiquement cela produit l’effet inverse.

§1. Le témoin assisté

Il a été crée par une loi du 30 décembre 1987. Le but est d’avoir un statut intermédiaire entre le simple témoin qui n’a pas accès au dossier et le mis en examen qui a accès au dossier mais qui aussi peut être mis en détention provisoire.

La loi du 15 juin 2000 réforme le statut. Elle a un but : faire du statut de témoin assisté la règle lors de l’instruction.Finalement il n’y aura de mise en examen que très tard dans l’instruction. Le juge d’instruction met en examen pour deux raisons :

- Quand c’est nécessaire, demander la mise en détention du suspect- Quand il envisage un renvoi devant la juridiction de jugement

I. Qui est témoin assisté ?

Article 113-1 CPP décrit les personnes qui doivent être placées sous statut de témoin assisté et celles qui peuvent être placées sous statut de témoins assisté.

A. Les personnes devant être témoin assisté

Il y en a deux sortes :

- Toute personne nommément visée par un réquisitoire improductif ou supplétif et qui n’est pas mise en examen. La loi considère que lorsque le ministère public vise nommément quelqu'un dans un réquisitoire il y a trop d’élément pour considérer que cette personne est un simple témoin.

- Toute personne nommément visée par une plainte (plainte simple) ou bien mise en cause par la victime. Il a statut de témoin assisté pour ces personnes si elles en font la demande.

B. Les personnes pouvant être entendues comme témoin assisté

Deux sortes :

- Toute personne nommément visée dans une plainte simple ou mise en cause par la victime et qui ne demande pas à être témoin assisté, le juge d’instruction peut la placer sous ce statut.

31

Page 32: PARTIE II Le déroulement du procès

- Toute personne mise en cause par un témoin ou contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer comme auteur ou complice aux faits dont le juge d’instruction est saisi.

II. Les droits du témoin assisté

Le témoin assisté n’est plus un simple témoin et n’est pas non plus une véritable partie à l’instruction. Il a donc moins de droit que le mis en examen qui est partie au dossier.

Concrètement quels sont les droits du témoin assisté ?

- Etre assisté d’un avocat. L’avocat est averti des auditions, peut être présent aux côtés de son client et il a accès au dossier de procédure.

- Demander une confrontation avec les personnes qui le mettent en cause- Droit à la liberté : pas de contrôle judiciaire, pas de détentions provisoire.- Il ne prête pas serment- Il peut demander à être mis en examen : le juge d’instruction ne peut pas lui refuser.- Il ne peut pas être renvoyé comme prévenu ou accusé devant une juridiction de

jugement

§2. La mise en examen

I. Qui est mis en examen ?

Sont mis en examen :

- Le témoin assisté qui à n’importe quel moment de l’instruction en fait la demande au juge d’instruction. Dans ce cas là cette personne est considérée comme mise en examen dès le moment de sa demande et elle bénéficie de tous les droits du mis en examen. Cette demande peut être faite au juge d’instruction soit lors d’une audition, soit par lettre recommandée avec accusé de réception.

- Le juge d’instruction : à tout moment de l’instruction mettra en examen les personnes contre lesquelles il existe des indices graves ou concordants de participation à l’infraction. Peu importe que cette personne ait été ou non témoin assisté. Même si les conditions sont remplies, le juge d’instruction ne mettra la personne en examen que s’il estime que le statut de témoin assisté est insuffisant.

Le témoin assisté pourra donc être mis en examen, soit en cours d’instruction, soit à la fin de l’instruction. Si l’individu mis en examen considère que els indices qui pèsent sur lui ne sont pas graves ou concordants, il peut agir en nullité contre la décision de mise en examen.

Bien que le statut de témoin assisté soit préféré à celui de mis en examen, la loi interdit (art. 105 CPP) les mises en examen tardives. Cela signifie que la personne contre laquelle il existe des indices graves et concordants d’avoir participé à l’infraction ne peut pas être entendue comme témoin. Cependant cet article ne joue pas pour les témoins assistés. Ainsi un juge d’instruction qui fait bénéficier des personnes du statut de témoin assisté met sa procédure à l’abri d’une nullité pour mise en examen tardive. L’article 105 interdit au juge d’instruction d’entendre comme témoin la personne contre laquelle il existe des indices graves et concordants. En revanche cet article ne l’oblige pas à la mettre en examen.

32

Page 33: PARTIE II Le déroulement du procès

Si une mise en examen est annulée, la personne est obligatoirement sous statut de témoin assisté. La difficulté pratique est qu’il est extrêmement difficile de faire la différence entre un indice simple, un indice grave ou concordant et un indice grave et concordant.

II. Les modalités de la mise en examen

La mise en examen se réalise lors d’un interrogatoire de première comparution (ne signifie pas que c’est première fois qu’il voit la personne). La personne est convoquée à cet interrogatoire soit par lettre recommandée avec accusé de réception, soit notification par OPJ.

Dans ce document le juge d’instruction :- Il décrit les faits dont il est saisi- Il avertit la personne que lors de cet interrogatoire elle a le droit à un avocat- Il avertir la personne que la mise en examen ne pourra intervenir qu’après un

interrogatoire.

Lors de l’interrogatoire lui-même le juge d’instruction :- constate l’identité de la personne- lui indique les faits sur lesquels il instruit- lui indique la qualification juridique qu’il envisage.

Si la personne est venue avec un avocat il l’interroge immédiatement, sinon il lui dit qu’elle peut choisir un avocat ou en faire désigner un d’office. L’avocat peut consulter le dossier et communique avec le client. Le juge d’instruction écoute les déclarations de la personne, l’interroge et entend son avocat. Puis il décide ou non la mise en examen. S’il n’y a pas mise en examen, la personne est placée sous statut de témoin assisté.

Le point important est que la procédure de mise en examen est contradictoire.

III. Les droits de la personne mise en examen

Les droits du mis en examen englobent ceux du témoin assisté et d’autres prérogatives.

- Pour l’essentiel, le droit le plus important est l’assistance d’un avocat qui a accès au dossier, qui est convoqué pur tous les interrogatoires de son client. Il peut aussi consulter le dossier en permanence sous réserve du bon fonctionnement des cabinets d’instruction. Et dans tous les cas, 4 jours ouvrables avant chaque interrogatoire.

- Egalement le droit de réclamer des actes d’instruction.

- Droit de présenter une requête en annulation contre un acte d’instruction

- Le mis en examen ne prête pas serment

- En matière criminelle uniquement les interrogatoires du mis en examen font l’objet d’un enregistrement audiovisuel qui pourra être consulté au cas de contestation du procès verbal d’interrogatoire.

33

Page 34: PARTIE II Le déroulement du procès

- Depuis une loi de 2007 un article 80-1-1 donne la possibilité au mis en examen de demander au juge d’instruction de le basculer sous statut de témoin assisté. Il peut formuler cette demande 6 mois après sa mise en examen, puis tous les 6 mois. Si le juge d’instruction veut que la personne reste en examen, il statut par une ordonnance motivée qui fait état des indices graves ou concordants qui ont justifiés sa décision.

IV. Les mesures de contrainte applicables au mis en examen

Le principe est que le mis en examen reste en liberté. Pourquoi ? En raison de la présomption d‘innocence.Mais dans des cas exceptionnels, et notamment pour éviter la fuite de l’individu ou qu’il entrave la recherche de la vérité, le juge d’instruction peut restreindre sa liberté ou demander qu’il soit privé de liberté. Ce qui renvoi à deux questions :

A. Le contrôle judiciaire

Il consiste à restreindre la liberté de la personne mise en examen en la soumettant à certaines obligations afin de surveiller son comportementLa mise sous contrôle judiciaire peut être décidée à tout moment de l’instruction par le juge d’instruction ou par le JLD.

1. Les conditions de la mise sous contrôle judiciaire

Deux conditions :

- Que la personne ait été mise en examen soit pour crime, soit pour un délit puni d’emprisonnement.

- Que le contrôle soit justifié par une des deux raisons suivantes :o Les nécessités de l’information : pour par exemple éviter la fuite de la personne,

éviter une entrave de l’instruction.o Contrôle judiciaire prononcé à titre de mesures de sûretés : pour par exemple

empêcher la récidive, éviter un trouble à l’ordre public.

2. Les obligations du contrôle judiciaire

Deux sortes d’obligations :

- Obligations de faire. Ex : obligation d’informer le juge de ses déplacements, se présenter régulièrement à certaines autorités, remettre certains documents aux autorités, fournir un cautionnement.

- Obligations de ne pas faire. Ex : ne pas sortir de certaines zones géographiques, ne pas contacter certaines personnes, ne pas exercer certaines activités.

Ces obligations peuvent durer le temps de l’instruction, cela peut être très long. Il n’existe aucun délai butoir. L’intéressé peut faire appel et il peut demander la main levée totale ou partielle du contrôle judiciaire que le juge peut aussi accorder d’office.Le juge choisit librement les obligations dans la liste et il peut à tout moment en enlever ou en rajouter.

34

Page 35: PARTIE II Le déroulement du procès

B. La détention provisoire

Le problème de la détention provisoire est qu’elle consiste à priver un individu de liberté alors qu’il n’a pas été jugé. C’est le point le plus réformé de la procédure pénale toujours dans le même but de limiter le nombre de détention provisoire.

1. Les conditions de la mise en détention provisoire

a) Conditions de fond

Peut être placé en détention la personne qui n’a pas respecté les obligations du contrôle judiciaire.

Peut aussi être placée en détention la personne mise en examen pour crime ou pour délit puni d’au moins 3 ans de prison, si la détention répond à certains motifs de l’article 144 du CPP. Et ces motifs valent pour une mise en détention initiale et pour des renouvellements de détention.

La détention doit être l’unique moyen, compte tenu des éléments précis et circonstanciés de l’affaire :

- De conserver les preuves ou indices matériels, empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ou une concertation frauduleuse entre personnes mises en examen et complices.

- De protéger la personne mise en examen, de garantir son maintien à la disposition de la justice, mettre fin à l’infraction, éviter son renouvellement.

- De mettre fin un trouble exceptionnel et persistant alors l’ordre public provoqué par la gravité de l’infraction, les circonstances de sa commission ou l’importance du préjudice causé. Toutefois ce trouble ne peut résulter du seul retentissement médiatique de l’affaire, sachant que ce dernier cas ne joue qu’en matière criminelle.

Point commun à toutes ces conditions de fond : les juges doivent montrer que ces objectifs ne peuvent pas être atteints par un contrôle judiciaire.

b) Conditions de forme

Traditionnellement c’était le juge d’instruction qui plaçait en détention provisoire. Inconvénient : il se servait de ce pouvoir pour faire avouer les personnes.

D’où la loi du 15 juin 2000 qui créer le JLD, lequel est compétent pour les mises en détention, les prolongements de détention, et les demandes de mise en liberté.Le JLD est saisi d’une demande de placement de détention soit par le juge d’instruction lequel se décide spontanément ou après réquisition du parquet, soit par le procureur de la république lorsque l’infraction est très grave (c'est-à-dire : crime ou encore délit puni de 10 ans de prison et uniquement dans les cas où le procureur demande la détention en raison d’un risque de récidive ou de fuite de la personne ou de trouble persistant et exceptionnel à l’OP.)

Le JLD avant de prendre sa décision, organise un débat contradictoire et public sauf si le ministère public ou le mis en examen veulent une confidentialité pour protéger les investigations ou préserver la présomption d’innocence.

35

Page 36: PARTIE II Le déroulement du procès

Si le JLD ne prononce pas la mise en détention, il peut prononcer une mise sous contrôle judiciaire. S’il place en détention, il rend une ordonnance motivée en droit et en fait et qui articule deux points :

- Expliquer pourquoi le contrôle judiciaire est insuffisant- S’expliquer sur le motif qui justifie la détention

Si le JLD n’est pas certain de la décision à prendre, il peut ordonner provisoirement la détention pour une durée de 4 jours maximum afin de procéder à des vérifications.

2. La durée de la détention provisoire

La durée de la détention est doublement encadrée par :

- Des délais butoirs sont prévus par la loi. Ils sont fonction de la gravité des faits reprochés et des antécédents de la personne.Dans certains cas, à l’expiration de ces délais, la détention peut être prolongée, mais il faut que le JLD soit saisi par le juge d’instruction.

- Un délai raisonnable : Article 144-1 du CPP «  la détention provisoire ne peut pas excéder un   délai   raisonnable   en   fonction   de   la   gravité   des   faits   et   de   la   complexité   des investigations nécessaires à la recherche de la vérité. » Cette limite, oblige le juge à une analyse des faits de l’affaire et cette limite est une transposition de l’article 5 de la convention européenne.

3. Le contentieux de la détention provisoire

L’ordonnance de placement ou de prolongation d’une détention est susceptible d’appel devant la chambre de l’instruction de la part du mis en examen ou du parquet. Donc ici il n’y a pas d’appel possible par la victime.Le délai d’appel est de 10 jours suivant la notification de l’ordonnance.

En plus, lorsqu’un délai de 3 mois s’est écoulé depuis le placement en détention , le président de la chambre de l’instruction peut d’office ou sur demande du ministère public ou du mis en examen, saisir la chambre de l’instruction pour que celle-ci examine l’ensemble de la procédure ce qui permet :

- Une éventuelle décision de mise en liberté- Un contrôle de la nullité des actes d’instruction

Toujours dans le souci de lutter contre les détentions provisoires on a créé une procédure de « référé liberté ». En théorie, cette procédure nécessite qu’il y ait eu un appel de l’ordonnance du JLD. Le référé liberté permet de faire examiner l’appel par le président de la chambre de l’instruction dans les trois jours suivant la demande d’appel. L’ordonnance du président n’est pas motivée et n’est pas susceptible de recours.

Que peut décider le président de la chambre de l’instruction ?

Il peut infirmer l’ordonnance du JLD et dans ce cas là la personne est immédiatement libérée et la chambre de l’instruction est dessaisie de l’appel.

36

Page 37: PARTIE II Le déroulement du procès

Si le président de la chambre ne fait pas droit à la demande, l’affaire est renvoyée à la chambre de l’instruction qui statue sur l’appel. La personne peut aussi choisir de faire examiner directement son appel par la chambre de l’instruction qui statue dans les 5 jours ouvrables suivants sa demande.

4. La libération de l’intéressé

Le juge d’instruction peut décider seul de la libération, il n’a pas besoin d’être saisi par le JLD.Il prend cette décision lorsque les conditions de fond de la détention ne sont plus réunies.

L’intéressé peut demander sa libération au juge d’instruction. S’il refuse, il transmet au JLD. Le JLD se prononce dans les 3 jours.

Quand le juge d’instruction ou le JLD rendent une ordonnance de mise en liberté contraire aux réquisitions du parquet, ce dernier peut utiliser un référé détention. Le but est d’éviter une libération immédiate. Ce référé détention est soumis au premier président de la cour d’appel. Et il fait cette demande en même temps que l’appel contre l’ordonnance de libération.

Le premier président de Cour d’appel peut ordonner la suspension des effets de l’ordonnance de libération. Ce qui veut dire que l’individu reste en détention mais l’appel sera examiné par la chambre de l’instruction. Pour qu’il y ait maintien en détention, il faut que soient réunies les conditions de fond de l’article 144.

Enfin, la détention prend fin en principe à la clôture de l’instruction, mais le juge par une ordonnance distincte de celle qui clôt l’instruction peut décider de maintenir la personne en détention ou de la placer sous contrôle judiciaire.

Section 4. La réalisation des actes d’instruction

L’instruction est la phase durant laquelle le juge d’instruction recherche la vérité, donc il instruit à charge et à décharge. A l’issu de son instruction, deux solutions :

- Il a suffisamment alimenté son dossier : il y aura renvoi devant une juridiction de jugement- Il n’a pas suffisamment étayé son dossier ou bien il a acquis la certitude que l’affaire n’a pas

de coloration pénale (ex : faits prescrits, etc.) : il rend une ordonnance de non lieu.

Les moyens d’investigation sont scrupuleusement encadrés par la loi et le respect de la loi peut faire l’objet d’un contrôle par la chambre de l’instruction.

§1. L’encadrement des actes d’instruction

Plusieurs dispositions importantes :

Article 81 CPP : « le juge d’instruction procède conformément à la loi à tous les actes d’information qu’il juge utile à la manifestation de la vérité. »

Article 82 CPP : le procureur de la République peut réclamer au juge d’instruction « tous actes lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité »

Article 82-1 CPP : permet aux parties de demander à ce qu’il soit procédé à tous autres actes qui leur paraissent nécessaires à la manifestation de la vérité. Le juge peut refuser ces demandes par une ordonnance motivée.

37

Page 38: PARTIE II Le déroulement du procès

La loi encadre les actes d’investigation que peut réaliser le juge d’instruction. On compte 6 types d’acte :

I. Les auditions et les interrogatoires

A. Définitions

On parle d’audition lorsque la personne questionnée est un témoin ou la partie civile.On parle d’interrogatoire lorsque la personne questionnée est le mis en examen.

Dans tous les cas, les questions son posées par le juge d’instruction. La présence d’un représentant du ministère public et des avocats des parties. Les avocats des parties peuvent d’une part poser des questions et d’autre part, formuler des observations.

1. L’audition des témoins

Ils ont l’obligation de comparaitre et peuvent être contraint par la force publique. Le défaut de comparution sans excuse valable est puni d’une amende.Deux points importants :

- Le témoin n’est pas assisté par un avocat- Il prête serment de dire la vérité. S’il ment il pourra être poursuivi pour faux témoignage.

2. L’audition de la partie civile

Elle ne peut être entendue qu’en présence de son avocat ou lui dûment appelé au plus tard dans les 5 jours ouvrables avant l’audition. En sachant que le dossier est à sa disposition au moins 4 jours ouvrables avant l’audition.La partie civile ne prête pas serment.

3. L’interrogatoire du mis en examen et audition du témoin assisté

La présence de l’avocat est obligatoire ou l’avocat dûment appelé. L’avocat est convoqué au moins 5 jours ouvrables avant l’interrogatoire.Pas de serment ni pour le mis en examen ni le témoin assisté.

II. Les perquisitions, visites domiciliaires, saisies et réquisition

Le juge d’instruction peut se transporter en tout lieu utile pour une perquisition ou pour une reconstitution. Il doit aviser le procureur qui peut l’accompagner. Dans tous les cas il est toujours accompagné de son greffier.Le juge d’instruction peut procéder à des réquisitions dans les mêmes conditions que les OPJ lors des enquêtes.Et les perquisitions et les saisies se déroulent aux mêmes conditions que l’enquête de flagrance si ce n’est que le juge d’instruction est accompagné de son greffier et qu’il avertit le procureur territorialement compétent qui peut l’accompagner.

III. L’expertise

Le juge d’instruction la décide soit d’office, soit sur demande du procureur, soir sur demande des parties.

38

Page 39: PARTIE II Le déroulement du procès

Il s’agit de recourir à un homme de l’art dans les domaines les plus variés : médical, balistique mais aussi chimique, mécanique, comptable, informatique, etc.

En principe, l’expert est choisi sur une liste établie près les tribunaux. Exceptionnellement, il peut être choisi hors liste.

Les experts prêtent serment d’apporter leur concours à la justice en leur honneur et conscience. Le juge d’instruction fixe le contenu de leurs missions et le délai dans la mission d’expertise doit être réalisée.Après l’affaire d’Outreau, une loi est venue renforcer le caractère contradictoire des expertises.

Désormais le juge d’instruction transmet immédiatement aux avocats des parties et au procureur de la République la décision de recourir à un expert. Ils ont alors 10 jours pour demander la modification ou le complément des questions qui seront posées à l’expert.Ils peuvent aussi demander que soit adjoint à l’expert un autre expert.

Le juge d’instruction statue dans les 10 jours par une ordonnance motivée qui peut être contestée dans les 10 jours devant la chambre de l’instruction.Le juge d’instruction peut demander à l’expert un pré-rapport puis, lorsque l’expert rendra son rapport final, celui-ci sera notifié aux avocats des parties et le juge d’instruction leur fixe un délai pour formuler des observations, demander un complément d’expertise ou une contre expertise.

L’expertise ne lie jamais le juge qui devra l’interpréter. Ex : assassinat, expertise ADN qui trouve un seul échantillon d’ADN sur la scène du crime. La personne est identifiée. La seule chose que peut conclure le juge d’instruction est que la personne a un moment donné a été présente sur les lieux du crime.

IV. Les écoutes téléphoniques

La loi en la matière est assez récente puisqu’elle date de 1991. Elle a été rendue nécessaire par une condamnation de la France par la CEDH.

Jusqu’à cette loi, les juges d’instruction procédaient à des écoutes téléphoniques sur le seul fondement de l’article 81 du CPP. Au fur et à mesure des arrêts de la Chambre criminelle de la Cour de cassation, la JP a encadré les écoutes téléphoniques. Mais la CEDH a considérée que cet encadrement était insuffisant.Arrêt du 24 avril 1990 KRUSLIN et HUVG vs. France.

Après cet arrêt européen, la France avait deux possibilités :- Affiner les garanties jurisprudentielles- Légiférer

Comme la procédure pénale, en vertu de l’article 34 de la C° est soumise au principe de la légalité criminelle, c’est la seconde solution qui a été adoptée.

La loi prévoit qu’un juge d’instruction peut faire procéder à des écoutes téléphoniques lorsque deux conditions sont cumulativement remplies :

- L’instruction porte soit sur un crime soit sur un délit pour lequel la peine encourue est supérieure ou égale à 2 ans de prison.

- Que les écoutes soient nécessaires à l’instruction

Le juge d’instruction décide les écoutes par décisions écrites insusceptibles de recours.

39

Page 40: PARTIE II Le déroulement du procès

Il y a des conditions particulières pour les écoutes sur la ligne d’un parlementaire, d’un magistrat, ainsi qu’au cabinet et domicile d’un avocat.La durée des écoutes peut être de 4 mois maximum et le renouvellement est possible aux mêmes conditions.

Les enregistrements sont placés sous scellés. Et, pour protéger la vie privée, ne sont retranscrits au procès verbal que les parties de conversations ayant un rapport avec les faits au sujet desquels le juge d’instruction instruit.

Depuis une loi du 9 mars 2004, très exceptionnellement, les écoutes peuvent être utilisées dans les enquêtes de police aux conditions suivantes :

- Uniquement dans le domaine de la délinquance organisée- Si les nécessités de ces enquêtes l’exigent- Condition de durée : 15 jours renouvelables- La police doit obtenir une autorisation du JLD sur requête du procureur

V. Les mandats du juge d’instruction

Le mandat est un ordre écrit du juge d’instruction. Le formalisme est strict : - le mandat doit indiquer l’identité et la qualité du juge d’instruction- identité de la personne contre laquelle le mandat est exécuté- indication des faits et leur qualification juridique datée et signée par le juge d’instruction qui

appose son sceau.

Le mandat peut être exécuté sur tout le territoire national diffusé par tout moyen.

Trois sortes de mandat :

Le mandat de comparution

Mandat par lequel le juge d’instruction donne ordre à une personne de se présenter devant lui au jour et à l’heure indiquée. La personne se présente librement.

Le mandat d’amener

Le juge d’instruction donne ordre à la force publique de conduire immédiatement devant lui la personne mise en examen. S’il ne peut l’entendre immédiatement, elle est placée en maison d’arrêt puis interrogée dans les 24 heures, sinon libéré.

Le mandat d’arrêt

Le juge d’instruction donne ordre à la force publique de rechercher une personne et de la conduire en maison d’arrêt. Le juge d’instruction doit l’interroger dans les 24h.

VI. Les commissions rogatoires

Compte tenu de sa charge de travail, le juge d’instruction ne peut pas accomplir lui-même tous les actes d’investigation. Il peut alors donner une commission rogatoire à certaines personnes pour procéder à sa place.

40

Page 41: PARTIE II Le déroulement du procès

Une commission rogatoire est une délégation par laquelle le juge d’instruction ordonne de procéder à une mesure d’instruction qui répondra aux mêmes conditions que s’il accomplissait la mesure lui-même.Une seule exception lorsqu’il y a commission rogatoire, l’acte est réalisé sans la présence du greffier.Ex : un OPJ reçoit commission rogatoire d’interroger un témoin. Il lui fera prêter serment, alors que s’il l’interrogeait dans le cadre d’une enquête de police il ne lui ferait pas prêter serment.

A qui est adressée la commission rogatoire ?

La commission est adressée soit à un OPJ, soit à un autre juge d’instruction.Deux précisions :

- Certains actes ne peuvent pas être délégués : c’est le cas de la délivrance de mandat, de l’ordre de mise sur écoute, également la perquisition et la saisie dans les locaux professionnels.

- Certains actes ne peuvent être délégués qu’à un autre juge d’instruction et non à un OPJ : interrogatoire du mis en examen, audition de la partie civile et du témoin assisté. Sauf pour ces derniers à demander à être entendu par un OPJ.

Une commission rogatoire ne doit jamais être générale. Cela signifie qu’un juge d’instruction ne peut pas demander à un OPJ ou à un autre juge d’instruction de rechercher la vérité à sa place.Donc la commission rogatoire doit être spéciale et demander la réalisation d’un acte d’instruction défini.

§2. Le contrôle des actes d’instruction

Un juge d’instruction peut prendre deux sortes d’acte :- Les actes juridictionnels : ce sont des décisions de justice, donc susceptibles d’appel.- Les actes d’instruction : ils ont pour but de rechercher la vérité et sont susceptibles d’action

en nullité.

Dans les deux cas, l’appel et l’action en nullité sont portés devant la chambre de l’instruction.

Pour la nullité deux questions de posent :- Quels sont les cas de nullité- Comment la nullité peut-être mise en œuvre

I. Les cas de nullité

Ils s’étudient à partir de deux distinctions qui se recoupent :

A. Les nullités textuelles et les nullités substantielles

1. Les nullités textuelles

Une nullité textuelle est l’hypothèse dans laquelle la loi prévoit expressément que le non respect d’une condition de fond ou d’une condition de forme entraine la nullité de l’acte.Exemples :

- art. 59 al. 3 CPP relatif aux perquisitions dans les enquêtes de flagrance- art. 100-7 CPP relatif aux écoutes téléphoniques sur la ligne d’un parlementaire ou d’un

avocat ou magistrat.

41

Page 42: PARTIE II Le déroulement du procès

2. Les nullités substantielles ou nullités virtuelles

Cette catégorie est connue par le CPP, par exemples :- l’article 802 dit qu’il peut y avoir annulation au cas d’inobservation des formalités

substantielles.- l’article 171 CPP où il est dit qu’il y nullité lorsque la méconnaissance d’une formalité

substantielle porte atteinte aux intérêts de la partie qu’elle concerne.

Si la catégorie est visée par le Code, par contre, le Code n’énumère pas, contrairement aux nullités textuelles, les différents cas de nullités substantielles. Le contenu de cette catégorie est défini par le juge arrêt après arrêt. Le juge se demande dans chaque cas si la formalité omise par la police ou le juge d’instruction est ou non une formalité substantielle. Cela signifie que cette catégorie est une catégorie ouverte et fluctuante au fur et à mesure des arrêts.

B. Les nullités avec griefs et les nullités d’ordre public

La règle en procédure est que toute action est fondée sur le respect d’un intérêt.

Quel est l’impact ?

Une personne ne pourra demander l’annulation d’un acte d’enquête ou d’instruction uniquement si le défaut de la condition de fond ou de la condition de forme lui cause un grief. On appelle cette catégorie les nullités d’ordre privé. L’exigence du grief est commune aux nullités textuelles et aux nullités substantielles, c'est-à-dire que quand la loi prévoit expressément un cas de nullité (nullité textuelle), pour autant cette nullité n’est pas automatique parce que le justiciable devra prouver que le non respect de la loi lui a causé un préjudice (un grief).

L’autre branche de la distinction est que les juges ont crée de tout pièce une autre catégorie de nullités : les nullités d’OP. Ces nullités ne réclament pas la preuve d’un grief. On trouve des nullités textuelles d’OP et des nullités substantielles d’OP. Les juges n’ont jamais donné de définition nette de la nullité d’OP.Pour l’essentiel, il semble qu’il y a nullité d’OP lorsqu’est en cause la compétence (du juge d’instruction par exemple), le respect des délais de recours, ou encore plus largement lorsqu’il y a une atteinte importante aux droits de la défense.

Les cas de nullité relèvent vraiment du pouvoir des juges puisque si la loi peut poser des nullités textuelles, les juges sont entièrement maîtres de la catégorie des nullités substantielles, et surtout ce sont les juges qui décident si une nullité textuelle comme substantielle sont d’ordre privé ou d’OP.

II. Les conditions de mise en œuvre et effets de l’action en nullité

L’action en nullité peut concerner les actes du juge d’instruction, mais aussi les actes des enquêtes de police.

A. La demande en nullité

Un juge ne peut relever d’office que les nullités d’OP, celles d’ordre privée doivent toujours être soulevées.

42

Page 43: PARTIE II Le déroulement du procès

Qui soulève ?

Le juge d’instruction lui-même, lorsqu’il se rend compte que pour un acte donné il n’a pas respecté les conditions posées par la loi.Peut aussi agir en nullité le procureur de la République ainsi que le mis en examen, la partie civile, le témoin assisté.

Le législateur pour limiter les annulations a prévu des délais de forclusion. L’idée est que le législateur prévoit qu’un stade donné, par exemple la clôture de l’instruction, s’ouvre un délai déterminé à l’expiration duquel l’action en nullité ne sera plus recevable.

B. Les effets de l’annulation

L’acte irrégulier peut être annulé dans sa totalité ou seulement en partie. Dans ce dernier cas, la partie annulée est cancellée (matériellement elle est raturée).L’acte auparavant est photocopié et conservé dans son intégralité au greffe du tribunal. La Chambre de l’instruction peut décider que seront aussi annulés les actes d’enquête ou d’instruction qui trouvent un support nécessaire dans l’acte qui a été annulé.Ex : une garde à vue irrégulière au cours de laquelle l’individu donne des indications permettant de réaliser une perquisition et une saisie. Très vraisemblablement, la Chambre de l’instruction annulera avec la garde à vue la perquisition et la saisie.

Les parties à la procédure ne peuvent tirer aucun renseignement de l’acte qui a été annulé.Ex : trafic de stupéfiant au stade de l’enquête, certains actes du début étaient nuls, ainsi tous les actes par la suite étaient nuls. Ainsi PV de témoignage du trafic, mais ce n’est pas non plus possible.

Section 5. La clôture de l’instruction

Lorsque le juge d’instruction a terminé son instruction il ne peut pas se prononcer sur la culpabilité. S’il pense que la personne est pénalement responsable, il la met en examen si ce n’est pas déjà fait pour pouvoir la renvoyer devant la juridiction de jugement. A la clôture de l’instruction, le juge d’instruction peut prendre deux types d’ordonnance :

A. Une ordonnance de non lieu.

L’effet produit est que l’affaire s’arrête et il n’y a pas de renvoi devant la juridiction de jugement.Deux familles d’ordonnance de non lieu :

o L’ordonnance de non lieu fondée en droit : hypothèse où c’est un argument de droit qui fait obstacle au jugement. Par exemple : les faits ne revêtent de qualification pénale, ou encore ils sont couverts par un fait justificatif, ils sont prescrits.

o L’ordonnance de non lieu fondée en fait : hypothèse où les charges sont insuffisantes. Par exemple : on n’a pas identifié l’auteur ou bien on n’a pas assez de preuve contre lui.

Les ordonnances fondées en droit ont autorité de la chose jugée. L’effet est important, cela veut dire que l’ordonnance let un terme définitif à l’affaire.

43

Page 44: PARTIE II Le déroulement du procès

Le non lieu en fait ne met qu’un terme provisoire à l’affaire puisqu’il n’y a pas autorité de la chose jugée. Ainsi le ministère public peut reouvrir l’enquête ou l’instruction sur charge nouvelle (cf. art. 189 CPP).

B. Les ordonnances de renvoi

Cette ordonnance est prise par le juge d’instruction lorsqu’il pense avoir réuni suffisamment de charge contre une personne qu’il a identifiée.S’il considère que les faits constituent une contravention ou un délit, il prend une ordonnance de renvoi devant le tribunal de police ou le tribunal correctionnel.S’il considère que c’est un crime, il rend une ordonnance de mise en accusation qui opère le renvoi devant la Cour d’assises.

Dans tous les cas, l’ordonnance de renvoi n’a pas autorité de la chose jugée.

Pourquoi ?Pour respecter la présomption d’innocence devant la juridiction de jugement.

Quelles est la conséquence ?La juridiction en jugement reste entièrement libre d’apprécier les faits différemment du juge d’instruction, et elle est entièrement libre de choisir une autre qualification que celle qui avait été proposée par le juge d’instruction.

Conclusion sur l’instruction

L’instruction est très souvent cause de lenteur dans la justice pénale puisqu’elle peut durer jusqu’à 88 à 10. Le Code essaye donc d’accélérer l’instruction parce qu’on craint une condamnation par la CEDH pour non respect du délai raisonnable.

- L’article 175-2 CPP dit que l’instruction ne peut excéder un délai raisonnable au regard de la gravité des faits reprochés à la personne, de la complexité des investigations nécessaires et de l’exercice des droits de la défense.

- L’article 175-1 CPP : la personne mise en examen, le témoin assisté et la partie civile peuvent à un certain stade, demander au juge d’instruction de clore son dossier.

- L’article 175-2 al. 2 CPP : au bout de deux ans, le juge d’instruction doit rendre une ordonnance motivée qui justifie la durée de son travail au regard des données de l’affaire.

L’avenir de l’instruction ?

Le point sur lequel tout le monde est d’accord est la nécessité d’une réforme car l’instruction est longue, elle coûte cher et les droits de la défense ne sont pas toujours bien respectés.La question est alors quelle réforme ? Deux grandes options :

1. L’option radicale : supprimer l’instruction

Par quoi le remplacer ? En basculant la totalité de la recherche de preuve dans une phase unique d’enquête. Cette phase d’enquête serait dirigée par le parquet. Et lorsque le parquet voudrait

44

Page 45: PARTIE II Le déroulement du procès

réaliser un acte dangereux pour les libertés, il devrait demander une autorisation au JEL (juge de l’enquête et de libertés).

Argument : l’Allemagne fait comme ça.

Inconvénients :

- Le ministère public reste soumis à l’exécutif.En pratique les actes d’investigation seront faits par la police. La formation de la police n’est pas la formation des magistrats. Et surtout la police n’a pas l’habitude de rechercher des preuves à charge et à décharge.

- Le contrôle du JEL sera totalement illusoire car lorsqu’une instruction dure 8 ans, représente 12 tomes, le JEL qui intervient ponctuellement ne peut pas connaitre le dossier. En particulier il lui est totalement impossible de se prononcer sur la nécessité ou la non nécessité de l’acte demandé par le parquet.En plus, il est prévu par le texte que lorsque le procureur ne voudra pas faire un acte d’investigation, les parties privées pourront demander au JEL de le contraindre. Statutairement, le procureur n’est pas soumis u juge du siège. Pratiquement quel va être l’esprit du procureur qui réalisera un acte qui ne voulait pas faire.

La CEDH, le 30 mars 2010 dans l’arrêt MEDVEDEV a répété que l’autorité judiciaire implique une indépendance vis-à-vis de l’exécutif. Ce qui oblige, si on veut faire cette réforme, à modifier le statut du parquet.

2. Conserver le juge d’instruction mais améliorer le dispositif

Comment ?- Assurer la collégialité de l’instruction- Accentuer le caractère contradictoire de l’instruction : plus de place, plus de pouvoir pour les

avocats- Réformer la chambre de l’instruction pour qu’elle contrôle mieux le juge d’instruction- Limiter les détentions provisoires en prévoyant que certaines infractions ne pourraient pas

donner lieu à la détention provisoire.

45

Page 46: PARTIE II Le déroulement du procès

CH 4. Le jugement

Problème de la phase de jugement est l’asphyxie des juridictions par un trop grand nombre de dossier. Deux remèdes :

- Les alternatives aux poursuites- La mise en place de procédures de jugements simplifiées ou accélérées

Ces dernières procédures, on ne les trouve qu’en matière de contravention et de délit. Le risque de ces procédures est de porter atteinte aux droits de la défense.

Section 1. Le Tribunal de police

Il connait deux procédures allégées et une procédure ordinaire.

I. La procédure allégée

A. L’ordonnance pénale

L’ordonnance pénale est applicable à la grande majorité des contraventions.

Fonctionnement ?

Le président du tribunal de police statu en audience de cabinet sans débat contradictoire par une ordonnance non motivée qui peut conclure à la relaxe ou à la condamnation.Si un débat contradictoire lui parait utile, il renvoie au Tribunal de police en procédure ordinaire.S’il rend l’ordonnance, s’ouvre un délai de 10 jours durant lequel le ministère public peut former opposition. Ce qui signifie que l’affaire sera renvoyée au Tribunal de police.Si le ministère public ne fait pas opposition, l’ordonnance pénale est notifiée aux parties. Et si l’intéressé a été condamné il a deux options :

- Il paye l’amende dans les 30 jours- Il fait opposition à l’ordonnance dans les 30 jours : l’affaire est jugée par le tribunal de police

selon la procédure ordinaire.

B. L’amende forfaitaire

Pour l’essentiel, applicable aux contraventions des 4 premières classes, en particulier dans le domaine du Code de la route. Le juge n’intervient pas, la personne verbalisée s’acquitte du montant de l’amende soit auprès de l’agent verbalisateur, soit dans un délai de 4 jours.Dans le délai de 30 jours, la personne peut adresser une requête en exonération au Procureur de la république. Le procureur peut :

- Classer sans suite- Décider d’une poursuite soit par l’ordonnance pénale soit pare la procédure ordinaire

Si l’individu ne paye pas l’amende est automatiquement majorée et un nouveau délai de 30 jours dans lequel l’individu paye ou essaye à nouveau de demander une exonération au procureur de la république qui soit classe, soit poursuit.

46

Page 47: PARTIE II Le déroulement du procès

II. La procédure ordinaire pour le tribunal de police

Il va être saisi soit par un renvoi du juge d’instruction. Surtout, le tribunal peut être saisi par une citation directe du ministère public ou par une plainte avec constitution de partie civile. La procédure est très légère car la présence du prévenu n’est pas obligatoire, il peut se faire représenter par un avocat, en revanche l’assistance de l’avocat n’est pas obligatoire. Pour le reste la procédure est exactement la même que le tribunal correctionnel.

Section 2. Le tribunal correctionnel

I. Les procédures alternatives au jugement, la procédure allégée

La très grande majorité des infractions sont des délits. Il existe des délits dans le code mais aussi beaucoup hors code.D’où le besoin de procédures particulièrement rapides, on peut les appeler des alternatives au jugement : action publique est déclenchée (différent de l’alternative aux poursuites). Elles sont doubles :

A. L’ordonnance pénale

En matière délictuelle elle a été validée par le conseil constitutionnel dans une décision du 29 août 2002. Elle n’est utilisable que pour certains délits et notamment des contentieux de masse. Ce sont tous les délits au Code de la route et ceux en matière de transport terrestre.

Fonctionnement ?

Le ministère public communique le dossier au président du tribunal correctionnel avec ses réquisitions.Le président statue sans débat préalable par une ordonnance pénale motivée qui porte condamnation ou relaxe uniquement à une amende ou à des peines complémentaires. Ce qui signifie pas de peine d’emprisonnement par l’ordonnance pénale. Le conseil constitutionnel exige la publicité des débats lorsqu’est encourue une peine privative de libertés.

Si le président estime qu’un débat contradictoire est nécessaire ou bien qu’une peine privative de liberté doit être prononcée, il renvoi le dossier au ministère public qui saisi le tribunal correctionnel selon la procédure ordinaire.

L’individu s’il a été condamné a 45 jours pour faire opposition. L’effet de l’opposition est que le dossier est traité par une autre juridiction du même degré, en l’occurrence le tribunal correctionnel.

Pour la victime, la loi, afin que lui soit reconnu son statut de victime, permet une indemnisation par le tribunal correctionnel et non civil.

L’ordonnance pénale n’a pas autorité de la chose jugée, ce qui permet de laisser une liberté de décision sur la question de l’indemnisation.

B. La CRPC : la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité

En pratique on l’appelle le « plaider coupable ». C’est très récent puisque ça a été introduit dans le CPP par une loi du 9 mars 2004. On a tardé car c’est une procédure de jugement qui reposer uniquement sur l’aveu. Cette procédure joue pour toute une catégorie de délit, et plus précisément

47

Page 48: PARTIE II Le déroulement du procès

pour tous les délits punis d’une amende et d’une peine d’emprisonnement inférieure ou égale à 5 ans.

Pas de CRPC pour :- les mineurs- les délits de presse- Les homicides involontaires- Les délits politiques

Fonctionnement ?

Initiative du procureur ou sur la demande de la personne poursuivie. Ce qui fait l’identité de cette procédure est qu’elle repose uniquement sur l’aveu et qui ne fait donc aucune place au débat contradictoire. Différent donc de l’ordonnance pénale.Elle se déroule en deux temps :

1. Première phase : la phase de proposition

Le personnage de cette phase est le ministère public qui propose une peine à la personne qui peut être soit la peine d’amende prévue par le texte incriminateur. Soit une peine d’emprisonnement dont la durée est plafonnée. Il ne peut être supérieur à 1 an de prison, ni à la moitié de la peine d’emprisonnement encourue.Le procureur recueille l’aveu de la personne. Il propose la peine en présence de l’avocat de l’individu. Si l’avocat est absent il y a nullité de la procédure. Si la personne accepte la proposition s’ouvre la deuxième phase.

2. Seconde phase : la phase d’homologation

Intervention d’un juge du siège qui est obligatoire car une peine privative de liberté peut être proposée.Cette intervention du ministère public consiste à ce que le président du TGI (magistrat ancien et haut gradé) homologue l’accord passé entre la personne poursuivie et le ministère public. L’homologation est un contrôle plus complet que la simple validation ce qui a une conséquence : l’homologation transforme la nature juridique de l’acte contrôlé qui devient un véritable jugement. Dès lors il y a une possibilité d’appel (différence avec validation).Le juge ne peut pas modifier l’accord il ne peut homologuer ou refuser l’homologation. Ici la phase d’homologation est publique car on risque une peine privative de liberté. C’est le conseil constitutionnel qui la réclamée.

Le président du tribunal :

- va entendre l’avocat de l’intéressé- vérifier que l’aveu a été fait librement- vérifier les faits matériels- contrôler de la qualification juridique

L’ordonnance d’homologation sera motivée. Si le président refuse l’homologation, ou si l’intéressé a refusé la proposition du procureur, le procureur saisi le tribunal correctionnel selon la procédure ordinaire.

Quant à la victime, elle peut d’abord faire obstacle à la CRPC tout simplement en se constituant partie civile devant le tribunal correctionnel.

48

Page 49: PARTIE II Le déroulement du procès

Dans le cadre de la CRPC elle-même, la victime peut demander des D&I. deux possibilités :- soit pendant la phase d’homologation- soit, si elle n’est pas au courant de l’homologation, on lui permet de demander

indemnisation devant le Tribunal correctionnel qui statue uniquement sur l’indemnisation et pas sur l’action publique.

II. La procédure de jugement classique

1. La saisine du tribunal correctionnel

Comment est-ce qu’on saisi le tribunal correctionnel ? Quatre modes :

- Renvoi par le juge d’instruction

- La citation directe : assignation à comparaitre délivrée par huissier. Elle est en pratique peu utilisée car celui qui prend l’initiative de la citation ne sait pas si le dossier est assez complet. Si le dossier est incomplet la personne poursuivie peut se retourner contre lui pour procédure abusive.

- La convocation par PV : convocation qui la plupart du temps est notifiée à une personne à été gardé à vue par l’OPJ sur instruction du ministère public.

- La comparution immédiate : décidée par le procureur à l’issu de la garde à vue. Deux différences avec la convocation par PV :

o L’audience de comparution immédiate s’enchaine immédiatement avec la fin de garde à vue.

o L’individu ne comparait pas libre à l’audience

La procédure n’est applicable que :- aux délits punis d’au moins deux ans de prisons, hors flagrance- aux délits punis de 6 mos de prison s’il y a flagrance

Pas de comparution immédiate pour les délits de presse, pour les délits politiques, pour les mineurs.Le tribunal siège obligatoirement en collégialité. L’individu peut refuser la comparution immédiate. Il a le droit d’être assisté d’un avocat qui accès au dossier. Il peut y avoir entretien confidentiel.

2. Le déroulement de l’audience

Présence de l’avocat possible mais facultative, l’individu pouvant sue défendre seul. Sur la demande de la CEDH obligatoire lorsque cela serait catastrophique. L’individu comparait personnellement.S’il est absent à l’audience deux cas de figure :

- Son absence n’est pas fautive (maladie, convocation n’est pas arrivée à temps, etc.) ; l’individu bénéfice d’un droit d’opposition, c'est-à-dire qu’il peut faire rejuger son affaire par un tribunal correctionnel. L’avantage est qu’il garde le bénéfice du double degré.

- Il ne se présente pas à l’audience sans excuse valable : il est jugé en son absence mais il pourra faire appel. Ainsi il perd le double degré.Réforme qui a consisté à rendre la procédure de jugement en l’absence de l’individu contradictoire. Explication : si son avocat se présente, le juge aura l’obligation de l’entendre.

49

Page 50: PARTIE II Le déroulement du procès

Alors qu’avant la réforme on considérait que le prévenu était irrespectueux du tribunal en ne se présentant pas sans excuse. Et la sanction était qu’on el jugeait en son absence et sans entendre son avocat. Réforme en raison de la CEDH qui a condamné la France dans un arrêt du 23 mai 2000 « VAN BELT vs. France ».

50