paysages intérieurs

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Jasmin Farand 2003-2008 Paysages intérieurs / Expériences génétiques Poésie - molécules libres

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Jasmin Farand2003-2008

Paysages intérieurs /Expériences génétiques

Poésie - molécules libres

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À Ivona

ADN = CMG-IV-KN-MDD- MLR MNS-NC-NC-TK-RB.

Tous droits réservés. Jasmin Farand 2003-2008.

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Flicker in Darknessby Ivona Vujica

Your light my sun come and goesand comes again and goes again

When you come, my flickering flamegoes out

When you go awayI am lit again

We gives way to each otherPolitely

Yet, against the window paneof night darknessI burn waiting for you

I never stop flickering in the darknessMy wait is never ending

We can never be togetherif we continue giving way to each otherPolitely

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Angle mort

Bien étrange que les choses de l'amour et du sentiment. Reste toujours un angle mort dans les géométries de l'âme.

M'est-il possible de faire du sens là où tout m'invite à le perdre ?

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Paysages intérieurs

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Cette fille d’un autre village

Cette fille d’un autre village parlait de mon enfanceles champs étaient d’orge et de bléil y avait l’odeur du trèfle, les vaches prenaient l’airles fermes étaient familles et les terres étaient terreFaut-il croire un autre temps, l’espace qu’il nous reste ?

Cette fille d’un autre village m’a dit pour son enfant ses plansun autre monde qu’on pouvait entendre dans le ventdes rivières, la forêt, des vallons tout vertson pouvait jouer à la cachette sous ombres et lumières,une vie remplie d’espoir.L’enfance est de rêves, mais le rêve est-il mensongequand on n'y croit plus ?

J’ai ouvert les yeux dans ses yeuxet j’ai vu ce qu’il en était du silence de mon villagele loup qui n’est plus, les oiseaux cherchant nidsles boisés disparus et les ruisseaux poisonstant de doutes au milieu des champs de maïsj’aurais dû fermer les yeux, fuir mon village et son silencemais a-t-on jamais réussi à fuir le silence ?

Les jours sont maintenant une économie sans attenteet ma liberté a le prix d'une peur d'enfance.Jeune femme, j’aimerais quitter mon village pour me rendre à ton village. Veux-tu tracer mon chemin dans ta main ?

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L’élan vital

Il y a un élan vital qui se fait sentir, un désir incontournable d'aller à sa rencontre pour chercher la vie, par un mystérieux chemin trouver le corps des sens.

Bien étranges que les choses de l'amour et du sentiment... bien étrange que ce frémissement du coeur qui fait tout trembler en-dedans, que ces balbutiements de l'âme qui montent à la gorge. Combien troublant, aussi, ces vertiges que l'on a quand on prend conscience, tout à coup, du vide qui se creuse en nous.

Pourquoi nos solitudes sont-elles si grandes ?

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Ma muse

Elle n'a rien demandée, ni rien fait. Moi non plus d'ailleurs. Les choses arrivent parfois d'elles-mêmes, comme par syncronie dirait-on. Jamais j'aurais cru qu'elle serait présente avec autant de force en moi, qu'elle m'habiterait de façon si intense, presqu'excessive en fait. J'avais plus le choix, je devais apprendre à composer avec elle ou perdre la raison. J'ai donc suivi son chemin en moi, jusque dans mes profondeurs et dans tous les recoins de mon existence.

Mais rien n'y faisait, je n'arrivais pas à comprendre ce qui cherchait à se dire de sa présence en moi. Il m'a fallu jouer de l'écriture pour la faire naître et lui faire face. Son visage s'est dès lors imposé à mon imagination comme une icône au temps de Byzance, prenant tout de mes yeux pour me faire voir un autre monde, une possibilité d'être là où je ne croyais plus pouvoir être. Un ailleurs est né d’elle et de moi, entre elle et moi.

Des voies intérieures l'ont fait entrer en moi, puis mon désir a sculpté sa présence dans mon esprit. Elle a pris les dimensions d'un univers que seule la poésie peut contenir. De mon coeur à mon ventre, et de ma tête jusqu'au bout des sens, en passant par tous les creux de ma vie, sa présence a changé l’ordre des choses.

.../suite

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Je me suis fermé sur elle et elle s'est ouverte en moi. Cela me fait peur et m'attire à la fois. Elle défait ma vie pour faire la sienne. Elle me conduit là où la mort a fait silence. Peut-être pour que j'apprenne à dire de ce silence et de mon rêve, de son rêve dans mon rêve, de son silence dans mon silence.

Mes yeux se sont ouverts dans ses yeux. Je me suis laissé prendre dans une spirale d'émotions et de sensations, incapable d'en dompter les forces. N'aurais-je pas mieux fait de fermer les yeux…aveugle désir.

Le rêve donne ampleur au désir comme une ombre qui ferait grandir les verticales de l'âme. J'attends dans le détour de l'esprit le signal de l'envol pour aller jouer aux anges avec ma muse.

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Le temps proche

Proche, le temps est proche de ma mainet pourtant impalpablel'air circule tout autour charge les clairs et les obscursd'un peu plus qu'ils ne sontcomme si un souffle venait de l'intérieurlaissait passer un secretà qui mieux mieux l'aurait à la bouchepour dire ce qui paraît

Le temps proche, comme les secondesqui viennent juste après l'éclat d'un rêvequand l'œil s'ouvrepour suivre le vol des libellules

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Ascension

L’ombre lasse embrasse le sol usé de mille paschemins cherchés, passants perdusle soleil plonge au bout de la Terrele temps s’ouvre d’en-dedansun mur, une porte, un mur, une portedehors un jardin, l’éternitéle vent a brisé l’écran où jouait la mère et l’enfantdans l’espace du jour crève un nuageapparaît, disparaît, réapparaîtun visage d’ange, une flaque de sangon entend sonner les cloches au milieu du villagedes éclats de silence, plus un respirel’enfant est montée au cielau Paradis je crois.

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In medias res

Aucun bruit, pas même une note dans le vent qui pourrait déranger le lointain septentrion. Rien à voir dans la place ouverte par le soleil levant, ni dans le lieu clos des songes. Les vivances sont immobiles dans l'antre-silence.

Les chercheurs d’âmes écrivent les derniers espoirs en forme de coeur sur les murs, les verticales du vide. Tout ce qu’on peut lire du temps cherché, du temps entre là et les mots qui font tourner l’âme par en-dedans, des souffrances et des peines du temps latence qui fait la vie, qui fait la mort.

Cet instant souvenance au bord d’un lac, ce moment de contemplation dans la montagne, ce temps passé sous l’arbre à penser le monde. Qui se rappelle des voyages entre ciel et terre des chercheurs d’âmes ?

In medias res on entend bouger l’ombre jusqu’au tournant des rivières, à travers champs et villages, avant de la voir disparaître dans la forêt, encore ivre des rosées matinales.

L’espace d’une intuition dans un jeu de nuages, les yeux s’accrochent aux satellites pour inventer des univers parallèles. D’autres mondes naissent comme ça des regards portés vers le ciel quand plus rien n’a la mesure du coeur. In medias res on fait des histoires pour quelque lune cachée dans la mémoire d’une planète. On broie du noir dans la lunette d’un téléscope. Les reflets sont éclats d’illusions. Tant de mirages, si peu qui reste des rêves.

In medias res , la poésie est mon seul refuge.

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Les horizons d'exils

La lumière suit l'inclinaison du ciel jusqu'aux horizons d'exils dessinés sur les murs, un temps l'enfant, avant les nuages et la pluie. Sous les fenêtres brisées les talismans parlent des sentiers menant à la mer, des chemins de l'esprit jusqu' ailleurs, les déserts sont parfois si grands à traverser qu'il n'y pas de chemin pour se perdre. Il faut savoir lire le ciel et trouver lumière dans un grain de sable.

J'approche des horizons d'exils à bout de marche pieds nus dans l'ombre. De l'autre côté du temps trille des ailes une hirondelle dans les brumes du matin naissant, luminescence, l'eau, le ciel et la terre mêlent un instant leurs substances aux matières du vide, immense, laissant dans un coin de lune le temps cherché du silence, l'unité et le nombre en osmose aux pourtours des quasars quantiques, des radiances liant l'être et le temps l'espace d'une larme, d'un sourire.

Prends ma main, ma muse, mon amour, prends mon âme, le soleil brille pour nous quelque part.

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Congruence

Dans la fenêtre ouvertel’oeuvre à jour et le soleill'au-delà qui miroite sur l'eaubientôt midi, l'heure prochedes traverses de la ligne droitedans l'angle du temps mis à nunos silencesmémoire d'ange ma museun parfait paysage.

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L’onde longue

L'onde longue de mes rêves traverse le blanc de ses yeuxl'instant d'un frisson, l'espace éclatel'amour m'emporte, j'ai des papillons dans l'âmeelle a pris mon coeur et j'ai des fleurs dans les cheveux

Irons-nous au bois ma belle aimée, irons-nous au boiscueillir les fruits sauvages, fouler pieds nus les moussesirons-nous au bois ma belle amie, irons-nous làfaire l'amour jusqu'aux premiers rayons du jour

L'onde longue de mes rêves traverse le blanc de ses yeuxl'espace d'un clin d'oeil, le temps éclatel'amour m'emporte, j'ai des oiseaux dans la têteelle a pris mon coeur et j'ai des étoiles au bout des doigts

Irons-nous sur la lune ma belle amie, irons-nous sur la lunechercher des diamants, planter des roses sur les dunesirons-nous sur la lune ma belle aimée, irons-nous làfaire l’amour jusqu’à la fin des temps.

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Contre-jour

En contre-jour ton visageet la chimie des auroresdans l’oeuvre au noirton sexe tout désiret la mort qui m’attend.

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Ta présence, ton absence

L’espace d’un momentMa tristesse, ta caresseEt la lumière qui s’éteintUn soir de jazzTa présence, ton absenceEt le silence qui revient.

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Inventions

La radio joue de l’ondeet j’ai des questions plein la têtesur un air de jazzj’invente des images, je voisla nuit, dans la fenêtrele vent tourne poésiela lumière est feu pâlej’entends parler le doutejusqu’à l’autre côté du désirÀ tout hasardque puis-je tenter de la vie ?

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Paysage intérieur

Le temps d’un espacedes arbres violoncelleset des lacs xylophonesdes échos trompetteset des nuits saxophonesla nature à fleur de peaujoue de mystère, joue de lumièrela terre tourne piano, pianoun jour, une nuitce qu’on oublie, ce qu’on retientla vie sensation, cinémata voix, ton sourirela forêt qui respireet la danse des ombres.

Dans l’approche des crépusculesque cherchons-nous d’intérieurqui ne soit paysage ?

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Plongée

Aller en profondeurmourir un peu, beaucouppuis faire surfaceouvrir ses aileslibre des pesanteurs de l'être.Le temps d'une seconde suffitpour apprendre à volerdu soleil à la lunedans une flaque de verre. *

*merci à Pierre Reverdy pour cette image poétique

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Mystère

Entre ombres la ligne du tempsjoue de lumière, joue des senspour peu on croirait un miragemille perspectivesd’autres raisons, d’autres lieuxun paysagel’amour et les seulsimmensément seulscomme seul l’amour fait êtresans abri, sans attachela lune, la nuit, les étoilesun rêve possible, rien d’autrele sentiment, l’émotion si étrangequantique, transgénique,l'espace d'un clin d'oeille temps rupture, le temps refaitnos coeurs qui battentl’amour, le sentimentles inventions, les illusionsl'espace d'un clien d'oeilun temps mieux, une autre heuretu es, nous sommesl’amour qui vit, l’amour qui tuelet’s get lost, let’s get nowherejust you and mel’amour qui tue, l’amour qui vitlet’s get something from this worldla nature, l’eau douceun feu pâle, l’oraisonmes yeux cherchent ta mainta main cherche ma mainje t’aime, je veux rêverI love you love-love

Sommes-nous si loin l’un de l’autrepour être si près d’un mystère ?

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Latence

La pluie contient l'unité et le nombrel'entente des heuresvisibles et invisiblesl'eau, la terrele chemin d'ombre qui couvre lumièredans la pensée.

De quoi avons-nous peur ?

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Biologie

Un peu d'air, d'eau, de terre et de lumièrepeu s'en faut, très peupuis l'immense désir de viedes molécules en libertésans attachequ'un lien de vapeur ou d'encensdans l'écologie de l'être

Le fil du temps aprèsde secondes en espacesl'insondable ouverture de l'oeilsur ton visagela vérité millième fois refaitedes traverses de l'espritdans l'accroche du coeurEntre l'être et le tempsune simple question de biologie.

Qu'en est-il de mon rêve ?

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Le Gitan

Le Gitan traîne ses musiques jusqu'au bout de la nuit, fait ses danses jusqu'aux lointains, quelque part entre les lunes grises et blanches, parfois rouges, qui éclairent les villages, les ponts et le haut des montagnes, avant de tricher l'angle d'approche du jour sur les terres. Le vent soulève poussières et brindilles d'un reste de temps, du temps qui reste, du temps qui voyage d'un point à l'autre du désir.

Le Gitan part et revient toujours de loin, part et revient près du feu où naissent les espoirs tombés des dernières pluies, les songes ailés du vent levant.

Le Gitan fait chemin des vivances. Il sait lire le ciel, l'eau, la terre, les crépuscules et les montagnes, les silences des plaines et les lignes de la main. Sa quête est souveraine et sauvage. Derrière le mur du temps on entend le respire des forêts et des rivières, des vies qui vivent encore libres d'être.

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Le paysage

Le paysage est ce lieu construit par l’esprit suivant les géométries de l’émotion et du sentiment. Le paysage contient l’être et le temps. C’est l’espace-témoin du vivant qui subsiste dans la pensée quand on a touché le sol de nos mains, de nos yeux lu le ciel, et quand l’air a parfum d’infini dans la fraction d’un respire.

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Terres inconnues

Le promeneur céleste capte le relief des ombresqui font silence des enfants morts et des ventres creuxla faim donne soif quand l'eau se fait rare etque des grands oiseaux tournent au-dessus des têtes

Les seuls sont dans leurs caches à faire les cartes de terres inconnuesdes jardins qui renaissent au printempset des étoiles qui brillent.

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Cinéma

Tournés l’un vers l’autrefermant l’espace sur nous mêmesle temps invente un détoursuspend la durée des choses et du jourau moment même où ma main cherche sa mainet mes lèvres sa joueDans la lumière incertaine du crépusculeles feux du ciel se déclinent en une suite infinie de nuanceson dirait que fusionnent l’or, le saphir et le rubisJ’aimerais plus long moment encoretenir le temps plus longtempsmais dans ses yeux aux reflets d’ambrej’aperçois l’instant qui fuitjusqu’au milieu de nous, jusqu’à nous au milieutrouver refuge dans des solitudes inaltérables.

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La nuit de la licorne

La nuit prend place, colle noir sur ombres dans l’espace où tout respire. Plus un relief, plus une ombre, pas même un léger dérangement dans la fuite des regards. Rien ne paraît de ce qui est, ni le loup qu’on entend hurler, ni la biche qu'on devine pas loin du ruisseau. Tout prend vie dans l’onde des résonances qui font mesure des distances. Je tends l’oreille, espérant capter une fréquence qui me permettra de faire le compte des pas jusqu’à ses yeux...

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Long silence

J'arrive à elle au bout d'un long silence. Toutes ces heures laissées derrières, tous ces moments tenus obscurs.

Combien de lunes une vie compte-elle quand s'est brisé le fil des jours ?

Le désir va si loin chercher l'absence qu'il faut parfois taire nos souffrances.

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Chuchottements

Chuchottements, chuchottementsBruissements du secret qui prend l’airSur tes lèvres de ton souffle j’adore la délicate ondulationQuand il frôle ton rire d’enfant.

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La Vierge inventée

Je me souviens d'un dimanche, je me souviens d'une prière. J'avais comme tant d'autres fois passé une nuit à faire des ronds d'yeux au plafond de ma chambre avant de me rendre au monastère. J'arrivai à la messe avec en tête l'image d'une vierge inventée, l'image d'une femme dont le ventre faisait tout le mystère de l'amour, tous les mystères de l'humanité.

Je suis allé à la chapelle et j'ai pris la même place que d'habitude dans la dernière rangée, près du Grand Livre ouvert. Je me suis assis pour écouter la Parole. Je me suis agenouillé pour prier Dieu et sa Mère.

J'ai alors compris que le mystère de l'amour n'était pas dans le ventre de cette vierge inventée mais dans la colère de son fils révolté. Qu'avais-je à croire que dans le ventre de cette vierge ma colère pouvait s'apaiser ?

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Son parfait visage

Le vent fait de l'aile au jour jusqu'au seuil de ta présence, subtile et douce, qui frôle l'instant caché dans les nuages de la plus que vive vivance des liaisons du soleil, des potentilles et des baies sauvages aux contours du jardin puisant ses ombres dans l'avancée du coeur.

Le temps, ce rêve-temps qui s'ajoute au temps mort, au temps défait pour faire le monde, pour faire l'amour entre temps, les temps matières, l'antre-lumière qui donne à penser, qui porte fruits dans la diagonale des songes et la lueur, sublime, des matins d'encore hier laissés passé sur la table comme un pain d'ange...ce qu'on prend, ce qu'on laisse un temps d'amour.

J'irai, j'irai d'île en île, jusqu'au bout du monde s'il le faut prendre de ta beauté, prendre un peu de l'éternel sur ta joue pour faire dévier l'âme jusqu'au secret du nombre d'or. Ton parfait visage.

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Capteurs de rêves

Des bateaux musiquela ronde des eauxsi loin, si loin le tempsla rose des ventsavant, après, le jamais tempsles amours, toujours l'amourdes mots capteurs de rêvesles cafés, la smokel'arbre à fruits, si beau le temps, le temps si beauà regarder les oiseauxjouer dans les nuagesjoue musicien, joue ton pianoconte-moi tes histoires, tes voyagesdes choses qui arriventj'ai pu qu'un bout de chandelle pouréclairer la nuitun bout de chandellela lueur pâle d'un rêve survivance.

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Illuminations(à Claude Vivier)

Vlang...Vling...Vlang...Kaboum...shhhhhhh...Ting.....Lumière s.v.p....Il était une fois...Mémoire...mémoire vivele soleil, la montagnemarche, marche...jusqu'à l'exiltonnerre...le ciel éclairmarche ou crèveles marchands d'âmes ont faimVling...Vlang...Krak...KaboumShhhhhhhhhhhhhh ! Shhhhhhhhhhh !You broke the lineI don't care ! I don't care anymoreShhhhhhhhhh ! Shhhhhhhhhh ! Ting....Kaboum...Krak....Kaboum...Shhhhhhhhh ! Shhhhhhhhh !Les faiseurs d'âmes ont soifl'immense bruit....le silencepassants passé, passants qui passentle temps, les défiancesa strange time Kabul, New-York in mindla rue, la vie, la mort... délireKaboum...Krak...Bang...Kaboumnevermind, nevermorel'enfant pleure, l'enfant seulPourquoi l'amour ?L'enfant seul, l'enfant pleurejoue musicien, joue musiquefrappe tambour, chauffe violoncellejoue le temps, le temps qu'il fautles illuminations, que joie demeure !

Page 49: paysages intérieurs

L'été St-Louis

J'ai dans les yeux le temps, le temps désert de l'île, les vagues, les coquillages, l'avant-temps sur les battures, nous étions tous deux silence, la plage et la mer, le vent détour sur tes lèvres et l'absolu mystère, l'imagination sans frontières dans l'entaille d'une rose.

L'été St-Louis, l'harmattan et l'avancée silencieuse de l'océan dans nos secrets lointains, tout près les rêves détachés des ombres sur les murs toujours debouts de la citadelle inventée du temps des heures voyages jusqu'aux planètes encore cachées dans l'oeil de la nuit.

J'ai dans un songe repris l'espace d'un désert pour voir la vie ailleurs, entendre les souffles soufis cercler l'instant d'outres-lieux le temps décaèdre des quartz lumineux dans un carré de ciel.

Sur l'île de sable l'harmattan, tes yeux grandeur d'univers et l'agile traverse de signes ascendants jusqu'aux voies secrètes, longs sentiers séquences des parhélies faiseurs d'ombres.

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Le cercle de feux(à Shirin Neshat)

Sur le feuil dilection l'insaisissable déclinaison des spins limbiques forment un cercle de feux, ravissement, l'esprit éclate en morceaux d'éveils cramoisis dans un creux de ciel, se cherchent des visages et des corps, des mots et des silences, les abstractions du désir éparpillées entre songes et présence. Les lieux de l'âme existent, indéfinis, ineffables et pourtant là, la porte à portée d'un regard qui s'ouvre dans la tête, les imaginations du vide dans l'amplitude des vies cherchées sous un voile.

Il faut parfois fermer les yeux pour voir.

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Les Katuk-Katuks

Les Katuk-Katuks vivent en Katukimie, pas loin d'ici, tout droit, juste après le troisième soleil, à gauche, la cinquième lune, à huit pas de l'arbre à plumes, tout proche le lac calcédoine et la montagne wulfénite, des champs pourpres sur les terres du Grand Livre. Plus loin, presque-rien.

Poètes y font d'étranges formules, sans mesure les alchimies du miel et la raison des ténèbres. J'ai vu là des chèvres-loups et des tortues volantes, des biches chanteuses et des hiboux pianos, parfois aussi des chauves-grenouilles et des papillons violons. Puis les sentiers du jardin clos, muse nouaison.

En Katukimie l'étranger fait présence de ses rêves et des feux faiseurs d'amour.

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L'alchimie du vide

Le temps a pris lumière dans l'antre-nuit encore matière entre l'être et le temps. L'espace d'une étincelle des chants telluriques se mêlent aux encens d'ambre et de miel dans la crypte des amours invaincus de l'or et du feu, chargent d'âme la naissance d'un rêve. Le feu sacré.

Le temps a pris matière dans les sentiers lumineux des rivières souterraines de l'être encore désir, l'instant d'un intervalle les chimies du silence fondent un anneau d'or, l'alliance des jours et des nuits faisant nombre les solitudes dans l'alchimie du vide. La liberté a prix d'or.

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Le désert humain

Rien à perte de vuela ligne droite des yeux se défaitde vagues déplacements d'aircontournent les obstacles de la penséeles illusions du temps qui arrête et qui reprendqui fait la soif et la faim

Il y a un désert humain qui granditdans la mémoire des seulsune vaste étendue de sécheressedes voix qu'on n'entend plusdes visages qui disparaissentl'eau manque à la bouchepour dire les voyances et les rappels incessants du ventquand tout devient poussières

Dans les abris nuptiaux les papillons font des carrousels dans le creux des soupirstout ce qu'on peut voir dans le noirtout ce qui subsiste d'un souffle qu'on retientjusqu'au bruit plus profond, sans limites,des grains de sable qui érodentun jardin de pierres ramassées au grédes humeurs et des pas voyageurs.

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Sédiments

La rivière a fait son lit dans une plaine chargée d'histoires anciennes, les pierres et les boues parlent d'elles mêmesdes climats et des blessures qui ont laissé des marques au sol, des restes suspendus au courant à travers champs.L'âge du métal brillant a charrié ses horreurs dans l'ondedes pubs et des poisons qui dévastent le territoire du rêve,l'eau a des couleurs toxiques, le goût amer des rejets,jusqu'aux odeurs d'asphalte qu'on devine pas très loin.En surface des molécules de rêves font une danse étrange,on dirait mille éclats de lunes, des poussières de diamant qu'on veut prendre dans sa main, faire fondre au fond de soi pour changer l'eau en vin.

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Strates imaginaires

Je cherche le temps profond, le temps vraiqui raconte les silences et les bruitsles passages d'une histoire à l'autredans l'écriture des âges.Ici des vagues immenses ont laissé au soldes coquillages et des histoires de dragons,là des feux ont brûlé des forêts et des plaines,les maisons, les villes, les livres et les imagesqui font les territoires du gène et des lunes.

Dans cette grotte des dessins sur les murs etdes bijoux trouvés dans un coin laissent aller un peu plus des secrets que défait le vent,plus loin, on peut lire la fonte des glaces et les tempêtes de sable,la vie mise à nue par une explosion de lumière.

Les plus beaux contes sont enfouis sous terreet la mémoire est faite de poussières d'étoiles.

Page 59: paysages intérieurs

Spectacle éolien

Le vent fait voler les ombres et les couleursmille mots en apesanteuren-dedans des bulles du temps cherchédu temps à compter les fractals amoureuxdans des reflets de tourmaline

J'ai trouvé dans la lueur de tes yeuxles teintes du désir printanierle spectacle des alchimies du coeurdans la floraison des lilas et des muguets

Le vent fait voler les ombres et les couleursmille mots en apesenteuren-dedans du temps cherchédu temps à faire calcul des illusionsdans des reflets de tourmaline

J’ai trouvé dans l’air du tempsl'incroyable liberté des sentimentsDes sentiments qui suivent les parcours éolienssur l'étendue des terres et des mersavant de trouver refuge dans un clin d'oeil.

Page 60: paysages intérieurs

Migrations

Les migrations sont à tire-d'ailes de destins inconnussuivent le parcours fou des Amours conduisant le mondedes climats changeants qui font aujourd'huidessus-dessous des partancesdes plans inavoués pour rejoindre la mer.

La ligne d'horizon n'existe pas dans l'espace des dedans qui prennent la place des dehors.

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Nature morte

De l'autre côté du pontla statue de Ste-Anne en prìèreles étals d'un marchéles contours d'une pommedes baies sauvages, un jardin closles inventions de l'oeil font revivre la Viergeavec un chapelet d'émeraudes autour du cou.

Page 62: paysages intérieurs

Paysage 2

Si loin et si proche à la foison imagine un olivier et des rivières dans un carré de cendres rouges

un jardin sur Marsdans l'oeil de Major Tom

Si proche et si loin à la foison croirait un pommier en fleurs

dans un cercle de lumièreun jardin au paradis

dans l'oeil de Sgt. Pepper

Loin et proche en même tempsd'un même lieu

un jardin sur Terredans un dessin d'enfant

un iris dans l'oeil d'un quasar.

Page 63: paysages intérieurs

Le corbeau

Un corbeau fait des ronds dans le cielil n'en faut pas plus pour savoir qu'ici-bas

à hauteur d'homme et de femmenous sommes toujours sous observation

qu'anges ou démons nous repèrentquand ils ont faim d'éternité

Page 64: paysages intérieurs

Sentiers humains

Les sentiers humains sont parfois trompeurssuivent des superstitions et des croires

qui font lieux de certitudesAinsi du chant des oiseaux

et des chemins limitesdans l'esprit des forêts

Jusqu'où aller pour savoir où on va ?

Page 65: paysages intérieurs

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Page 66: paysages intérieurs

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Page 67: paysages intérieurs

Présence étrangère

Je sens une présence étrangère dans les paragesà l'oreille une vibration sauvage l'onde courte d'un doutefait sa vie dans la mienneJe ne suis plus seul

Pour chaque part de moi que prend l'autreje ramasse des pierresPour chaque part que je prends à l'autreje partage les illusionset j'imagine un arbre à plumes

Un jour ces pierres me servirontun jour les oiseaux pousseront comme des fruitsComme c'est étrange !

Page 68: paysages intérieurs

Exode

Voyons voir là-baspuisque partir il fautplus âme qui vive icimême le chien cherche son ombrece qui reste du village !Le climat semble meilleur par cette routelaissons parler le ventla raison n'a plus mot à direta main prend ma mainun oasis nous attendle bonheur pas trop loin dis-tumoi je n'ai d'yeux que pour tes yeux.

Page 69: paysages intérieurs

Cascades idylliques

L'eau, limpide, intrépidel'eau qui glisse sur les rochestumulte, exorciseroule l'ombre sous les arbresun bruit immense, trombel'être et l'infini, le temps présentdétachement, délaissement...l'eau douce qui glisse sur la peauje respire, je goûtela mémoire des algues et du quartzle soleil, le vent, l'espace touchant...

Doit-on vraiment mourir ?

Page 70: paysages intérieurs

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Page 71: paysages intérieurs

Nouaisons

J'ai trouvé sur son île un fragment d'opaleun éclat de mystère sorti du ventre de la terredes vallées bleues tachées d'or et d'émeraudela vie au temps des nouaisonsdans l'espace fermé d'un rêve d'enfant.

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Cassiopée

Sous le vent tiède d'occidentque d'amours perdus à chercher le nordl'être est avalé par le temps puis disparaîtune vague immense prend toutâme, coeur et corpsjusqu'à cette part du ciel qui scintilletrop belle Cassiopéepour toujours, à jamais, jusqu'à la mortla lueur simple, éternellede la beauté sacrifiée par le nombrepour le plaisir des dieux.

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L’unité et le nombre

Tout se résume, ma foi, à deux questions :Qu’est-ce que l’unité ? Puisqu’elle fait l’être.Qu’est-ce que le nombre ? Puisqu’il fait l’infini.

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Expériences génétiques

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Le chemin de la marmite

Il n'y a pas lieu où se perdre qui soit plus proche de l'étrange

que celui qu'on trouve au bout du chemin de la marmite

Là, dans la clairière mi-lumièreles errances font passage

les pas perdus laissent des traces de rêveset des cendres autour du foyer

les seuls ont passé la nuit à regarder les étoiles

Derrière un rideau vert les sorciersfont équations entre la vie et la mort

donnent au miel et à la cigüe le même goûtquand ils les mêlent au sang

Au bout du chemin de la marmitele territoire du désir est une invention de sens inverses

Des calculs imprévisibles entre cristal et fuméepour rompre les mauvais sorts.

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MING-MING *

7yuyui uyeqw p909ÈJ(&* jdfioas ^po qe 9-40 3 .ç^roki0-iow

poio eu weiou u73 &?&?92uooouuuuilk . poe- -eio0 3 4-=p 0ou&?%?#$kiiy klu lops kiiiiu

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vcdzzaqgjeeetttuiomiaou…miaou…ouaiing.. ouaiin... 1 immense bruit.que cela veut-il dire ?je donne ma langue au chat…..

* en langue chat

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Je suis le monstre

Supposons que je sois…que je soisQui d’autre serais-je qu’un monstreSans visage et sans voixNé du silence et des ombresDes chimies du ciel et de l'eauPresque-rienQu’un respire de lumière...

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L'erreur génomique

Sur mon île, sur mon île asile il y a l'esquisse d'un voyagel'adn des vertiges, un saut dans l'videun cercle de feu ouvrir le cielle temps d'une allumettej'ai vu brûler la nuit mes ailesentre seul et la luneun cercle de feu ouvrir le ciell'alchimie des chimies jusqu'à l'extase

J'ai laissé la vie, un saut dans l'videle temps d'une allumettel'erreur génomique, un zoïdedans les jardins sorcièresun cercle de feu ouvrir le ciella nuit mes ailes, un saut dans l'videl'erreur génomique, un zoïdeentre seul et la luneles molécules enchaînées du désir

Et maintenant quel espoir ?

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Le diable est aux vaches(à Zachary Richard)

Le diable est aux vachesgrand-mère le dit, grand-père le saitle diable est aux vachesles prières, la misèredansons, dansons toute la nuitdemain, demain sera mieuxtrèfle amour, mon trèfle amourle monde à nu, le monde à nousle pain, le beurrela crème, la crème glacéele diable est aux vachesdansons, chantonsgrand-père le dit, grand-mère le saitMonsanto, les abeillesdansons, chantonsle diable s'en va, s'en va demainle miel, la vie, le miel et la viegrand-père disait, grand-mère savaitle diable est aux vachespas longtemps, pas toujoursl'amour à nous ma bellel'amour à nu, l'amour à nousdansons, chantonsles grenouilles et la lunedansons, chantonsla lune, les grenouilleson a toute la nuitle diable est aux vachesdansons toute la nuitdemain, demain sera mieux.

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Oxyde de brumes

Quel temps y fait dehorsquel temps bizarreon dirait les cieux qui pleurentdrôle de jour, triste paysagepas grand chose à fairepas grand chose, c'qui resteles brumes, le désespoirles brumes cyanure

Toi et moi sous un ciel dioxideun désir, juste un désirle jeu d'amour, un rond de sorcières pas grand chose, un peu d'espoirton corps doudou, ton corps dourloule soleil brille comme une cennedans les brumes sulfure

Allons ma belle, allons bouger l'ombredanser chamade, grouiller nuagesle bonheur malgré toutle bonheur un soir de brumestoi et moi sous un ciel dioxidefaire la nuit les oiseauxla lune brille comme un dix cennesdans les brumes désespoir.

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Le chapeau

J'vous conte une histoireune sorte d'histoire de gensun village, un clocherune histoire d'exils, de partancesdes vaches, des cochons, des monsters, des pickupsdes moutons pis le loupj'raconte tout ça de bonne âmepis j'passe le chapeaudes fois j'crois pu à rien y'a rien qui vaille, juste des cennesj'dis mes affaires, quelqu'une par amourpour celle que j'aime, sa jouepour celle même la nature j'raconte pas d'histoire, la vie est dure au villagedes gros chars, des spineux, les casseurs de tôledes ti-coqs, les vielles poules qui picossentles chicanes de clôture, la tite chatte pis les toryeux qui fuckent le chienle monde tourne en rondy'attendent le move, l'économiej'raconte pas d'histoiresles shylocks, les menteursla faim, la guerre, le pétroleon mange l'herbe à cochons les brumes, les brumes fatalesun peu de vin, la véritéça passe le mauvais sangj'entends miauler la lunej'joue d'la musique avec les motsj'fais la danse du loup, la danse de l'angej'prends des mots d'âme, j'fais l'amour au cielj'conte juste des histoires, pas d'histoirepis j'passe le chapeau...des twoonies s.v.p.

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Mangeur d'asphalte

J'ai mon truck, mon harmonicaj'peux faire un boute tout bonheurj'transpire, j'transportj'mange l'asphalte en longeur de jourj'carbure au diesel, j'ai mal au coeurles hamburgers, la poutine, j'vois des ombreson peut pu charger comme avanton peut pu rouler comme on veutle ciel obscur qui disent à la radioj'ai l'goût d'prendre l'aircharrier d'aut'chose que des t.v.Wal-Mart, Big-Mac, Hill Topc'est là que j'pars, c'est là qu'j'arrivej'fais ma job, j'prends ma chancemais la machine roule pas pour moion fait des nuages, on fait trop d'gazj'joue d'l'harmonica, des fois d'la guitaremais j'pense juste à maisonAre kids alright ? How was their week at school ?Did your brother called from Bagdad ?J't'attendais à River Creekt'étais pas là, j'suis parti prendre une bièreles vaps, j'comprends trople mur du temps qu'ils disentj'ai comme le goût d'aller pêcher des poissons volants sur un nuage.

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Partir loin

La rue, les promeneuses et leurs chiensdedans les maisons des images qui bougentune bombe explose à Bagdaddes enfants meurent en AfriqueDid your sister send a message ?L'enfant chiale, pu d'X-BoxSeigneur c'est quoi l'affaireles pandas, les vaches sacréesles talibans, les femmes voiléesWhat's wrong with this world ?On donne des médailles, on prend des viesles guerres, le pétrole, la théorie des nuagesmais faut payer pour le show, que j'paye l'impôtr'garde en Chine comment y fontRestes-tu du baloney pis d'la moutardedes fraises, d'la rhubarbeas-tu pris tes pilules, is that our life ?Demain j'vas faire ma job, j'vas faire ma jobvendre des soucoupes, connecter des affairesmais des fois j'voudrais partirpartir loin, nulle part peut-êtrekill Economy, faire plaisirperdre du temps dans la nature.Can we give love one more chance ?

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Bakteri oikonomia

L'économie est rock and roll sous un ciel obscur. Les marchands d'armes veulent des guerres. Les marchands d'âmes ont soif de pétrole, ont faim d'atomes dans l'antre des messes bancaires. On craint le vide, les vertiges. Tout à coup. Tout à coup la machine se brise. On joue au feu avec l'argent. Big Blue est fatigué. La bakteri oikonomia.

Punk time, switch the clock. No future. On fait du bruit sur la planète, on clash des rêves, on casse le temps, le mur du temps la rage au coeur. Lost time, les briseurs d'âme font libre marché des influences à la casbah pour des hectares de sable et des bombes. On joue la vie dans un désert. No future, pu grand chose en banque, le monde est malade, la bakteri oikonomia. Big Blue est fatigué.

Big time. On danse en podcast et les marchands font du cinéma, des annonces pour un verre d'eau - Sauvons la planète ! On veut des billets verts, un beau décor au Trade Center. On joue le bonheur au casino. Bad time, Bagdad. God time in Texas.

Time out, la guerre des nuages. Sunny day, rainy day, les marchands d'âme veulent du pain et du vin, les faiseurs d'âme ont goût de miel. On joue la vie sur Terre, tout à coup l'eau, tout à coup le ciel, tout à coup le vent...la tempête. Time out, Mama Green is back.

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Jardin d'uraniums

Près des grottes oubliées les ombres sont cerclées de peurs, des peurs invisibles, sombres sciences horreurs. Les sociétés toxiques ont la mort au cou, c'est l'heure nucléaire, l'adn des finances, un secret, on ne sait pas, on ne saura jamais, le temps fossile. On a dérayé des terres pour un bouquet de fleurs fatales. Un jardin d'uraniums.

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Titanium : 11-22

J'ai cherché dans les géologies de l'être la désinence du temps, un feu sacré.

J'ai vu tantôt le bien, tantôt le mall'amour et la guerre, un loin chemindes traverses du songe aux mémoires du feu

Titanium 11-22, l'envers et l'endroit dans un double-jeu de matière entre l'être et le temps.

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Les sorciers

Les sorciers dans leurs habits docteurprennent sombres pouvoirsserment d'hippocrite, brain control vous avez un message... bipla mort vous attendscénario silencequi sont la mort, qui sont la mort ?don't know, never knowl'oiseau, la vache, un moutonscénario silencevous avez un message...biple temps qui reste, pronostica strange worldl'oiseau, la vache, un moutonscénario silencele temps fou, statistiquesauve qui peutsauve qui peut la vieles sorciers, brain dammage...

Dessine-moi un oiseau !

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Génétique inverse

Dans un triangle isocèledeux introns, trois exonsséquences actives et muettesreproduction, duplicationun même, un autredeux introns, trois exonsun même, un autredans un triangle isocèleséquences actives et muettesun même, un autrereproduction, duplicationdeux introns, trois exonsun même, un autrel'inverse désir...

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Les messes bancaires

Qui sont nous dans l'accroche du rêve capital, qui sont nous dans l'étouffe mathématique des pouvoirs sans partage ? Qui sont nous à tout prendre ? Qui sont nous à tout perdre ? Les plaisirs statistiques. Les messes bancaires.

Tout près les verticales monétaires mine de rien grandit la peur, l'arrache bonheur. À tout prendre, à tout perdre, ne reste que la peau et les os...des poussières.

Des limbes j'entends dire... un doute.Quelque reste humain.

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Ta main fait signe plus loin...

Ta main fait signe plus loin, plus loin nos yeux un prélude à l'amour, l'air dans l'air qui remue nos rires, nos silences et l'embrasement du jour à nu; sur nos corps caresse, innocente, la parure du soleil suspendue aux stries du ciel azur.

Ta main fait signe plus loin, plus loin la vie slam un désir, rage au coeur, mort à l'âme, un spleen rebelle traverse les villes, dans une sorte d'opprobre lance un cri d'alarme, l'air à tous, l'eau pour tous, un jardin sous les feux du ciel.

Ta main fait signe plus loin encore, plus loin l'espoir, la mère et l'enfant dans un désert s'accrochent survivance, le jour brûle les yeux, la nuit couve les rêves, quand l'eau, quand les fruits...

Ta main fait signe ici, maintenant, plus loin les yeux la soif de vivre. J'irai là....

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L'orgue de Barbarie

Au coin d'une rue des couleurs à l'oreillejaune, rouge, mauve, vermeildes passants, des visages, les rires d'enfantsles sons lovées dans leurs bulles se dispersentforment un temps des ronds de solitudeSur son carré d'ombre un vieux joue del'orgue de Barbariedans l'air mêle au goût des fruitsles heures astables, déhisencetout autour prennent vie des formes d'amourpensées absencela musique a rompu l'ordre monochromedes gènes pathétiques.Vieux, ne dit rien de ton mystèrepour peu tu sais peindre des arpègeset rendre à l'être ses rêves.

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Épilogue : des espèces disparaissent

Bien étranges que les choses du sentiment, bien étranges que les choses de l'âme et du coeur. On n'a pas idée des mots qui manquent pour dire l'amour, pour dire la vie et la mort. On n'a pas idée de ce que le silence peut vouloir dire.

J'ai cherché des yeux toutes choses pour la lier à une autre, comme pour me raconter une histoire sans fin, un périple extraordinaire à bout d'âme, à la vie, à la mort. J'ai cherché sans octant dans les territoires du rêve et de l'inconscient ce que sont l'être et le temps, le juste texte des choses.

J'ai compris que tout chemin mène à cette part d'inconnu en nous qui fait l'expérience du coeur et du sentiment et qu'on ne peut comprendre qu'en esprit ce qui unit l'être à la vie. À la limite de nos sens se trouve un monde de solitude qui échappe à la raison et dont les dimensions ouvrent d'autres perspectives sur la réalité, l'espace d'un sourire, d'un silence, de quelque musique ou d'une envolée de libellules.

Il faut tenter la vie dans ce qu'elle a d'ineffable et d'indicible pour en voir la beauté. Il faut tenter la vie dans ce qu'elle a de plus proche de l'être et du néant pour comprendre l'espèce qui nous fait seul parmi les seuls et prendre conscience d'un lien essentiel avec la nature. C'est dans les géométries de l'âme qu'on découvre la beauté du monde.

Des espèces disparaissent et c'est la poésie qui unit l'être à la vie qui disparaît avec elles.

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Dictons

''Mieux vaut le loup près du fumier, que pluie en février''

“Sous l’eau la faim, sous la pluie le pain”

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La géométrie du désir

Point, ligne et planla géométrie du désir calcule une étrange trajectoireentre elle et moiouvrent l'espace sur des perspectives inverséesla faisant touchée et touchante, visible dans l'invisiblematrice de pourpres passions inextinguibles

Son aile couvre le toit d'une maison que je n'ai pas encoreet je me sens enfermé entre des murs de peurs.Quelle onde de choc viendra frapper mes falaises ?De quel vertige me guérira-t-elle ?

Je n'ai plus d'yeux que les siens pour me voirJe n'ai plus d'ouïe que la sienne pour entendre le silence.Sur toute l'étendue des terres, jusqu'au plafond du cielma présence est sa présence et tout n'est plus qu'à son image.

Deviendra-t-elle l'amie, la muse, l'amoureuse ?Le sable glisse entre ses doigts et elle seule dira le temps venuL'angle des mouvances intimes me conduira alors selon ses choixEt j'entrerai dans le jour ou dans la nuit nu comme l'enfancecherchant son sein, cherchant la vie dans le calice des roses profondes d'Avalonimmobiles et sereinesmiraculeuse survivance des soupirs d'Iseult.

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Crépuscule

Je ne suis plus seul un momentSous un ciel couleur rubista présenceà hauteur d'yeux, le silence le temps avant, le temps après

L'antre jour, l'autre nuit, l'angle mortgardent secrets les néantsces voyagements, ces destinsqu'on voudrait suivre jusqu'à l'autre rive.

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Le rond de sorcière

Le cœur bat moins fort un instantun arbre est mort et tout autour la forêt s'ouvre sur le cielle voyageur repose un momentdans la mémoire sauvage des ombres sylvestres

L'esprit entre en terre pour renaître plus loin dans les caches vertes la lumière fait luirela pointe des buissons où fouinent les guêpesles chemins d'air et les chemins d'eau s'entremêlent jusqu'au creux de l'âgedans la blessure ouverte par l'éclair puis une invasion obscure laisse pour miettesla somme des vies intérieures

Le sol respire une autre foisles poésies de l'arbre et du voyageurAu milieu du rond de sorcière le vol des oiseaux laisse planer un doute immenseLa vie a-t-elle autre fin que la mort ?

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Jasmin FarandPaysages intérieurs / Expériences génétiques

poésie - molécules libres2003-2008

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