petits poèmes entre amies
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Petits poèmes entre amies
Lycée Toussaint Louverture - Pontarlier -Valérie Liger, documentaliste ; Annie Seguin, professeur de lettres histoire
Avril 2015
Règles du jeu
Prenez de beaux recueils de poésie sortis des rayons du CDI…Offrez-les à la découverte et au feuilletage par les mains de vos élèves.
Règles du jeu
Elles ont choisi leurs préférés.
Prenez de beaux livres pour découvrir l’art avec plaisir. Lâchez entre les pattes des mêmes élèves… pour qu’elles élisent l’oeuvre qui accompagne leur poème.
Règles du jeu
Et puis, elles ont pris leur plume et ont à leur tour écrit.
Voici leurs mots et leurs images.
Aube d’été de Georges Chennevière Je n’ai pas ouvert les yeux,Et je sens que le jour point.Mon corps reste dans le lit,Mais mon âme est déjà loin. Elle goûte parmi l’aubeUn bonheur aérien,Et revient de temps en tempsMe rappeler que j’existe. La fenêtre est grande ouverteAvec le store baissé.Je suis baigné du même airQue les feuilles et les nids.
J’ai ouvert aussi la porte ;
J’aperçois dans le couloir
Le premier rai de soleil
Qu’aucun pas ne trouble encore.
On dirait que les oiseaux
Chantent tous dans le même arbre,
Et j’entends le bruit d’épingles
De leurs pattes sur les toits.
On arrose la chaussée ;
Mes draps me semblent plus frais.
Je sens l’odeur du savon
Qui est près de la cuvette.
On n’a pas encor marché
Sur le sable des jardins,
Et toutes les rues sans hommes
Sont pareilles à des routes.
Le fleuve s’est rajeuni
D’une eau qui a traversé
Les campagnes et la nuit.
Remorqueur, tu peux chanter.
Le canal n’a plus de rides :
Marinier, tu peux partir.
L’aube est pleine de voyages
Qui ne devraient pas finir ! ...
Aube d’été de Georges Chennevière, suite...
Allègement de la chair !Il me semble que je baigneDans la paix d’une eau profondeQui diffuse le soleil ; Et le matin est si netQu’on voit battre à petits coups,Sous un voile de sommeil,Le cœur délicat du monde.
Claude Monnet (1840 - 1926)Le bassin aux nymphéas : harmonie verte
Divertissement de Patrice de La Tour du Pin
Trois musiciens dans une clairièreJouent au milieu des ronciers rouillésPour les passants nocturnes qui errentSans parvenir à s'ensommeiller.
Ils célèbrent d'infimes offrandesA l'adresse des germes éclos,Ou des fougères qui se détendent,Ou du vol vespéral des corbeaux.
Trois musiciens dans une clairière
En habit de velours, avec des violons,
Enseignent la cérémonie
Des instants de grâce de la terre
Non par des mots chargés de passion,
Mais la vraie musique de fête de la vie.
Canaletto (1697-176), Le pont du Rialto
Charles d’OrléansLe temps a laissé son manteau.De vent, de froidure et de pluie,Et s’est vêtu de broderie,De soleil luisant, clair et beau.Il n’y a bête, ni oiseauQu’en son jargon ne chante ou crie :Le temps a laissé son manteau.Rivière, fontaine et ruisseauPortent en livrée jolie,Gouttes d’argent d’orfèvrerie,Chacun s’habille de nouveau :Le temps a laissé son manteau.
Vincent Van Gogh (1853 - 1890)Le faucheur
Mignonne, allons voir si la rose de Pierre de Ronsard
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la roseQui ce matin avoit descloseSa robe de pourpre au Soleil,A point perdu ceste vespréeLes plis de sa robe pourprée,Et son teint au vostre pareil.
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las ! las ses beautez laissé cheoir !
Ô vrayment marastre Nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Francois Boucher (1703-1770)Jeune fille avec un bouquet de roses
J’me suis rendu ! de Grégoire Pellequer
Ca y est, j’me suis rendu en prison, meLaissez pas ressortir, chuis un dangereuxP’tit gars, ouais, des gars comme moi,Si vous saviez ce que je pense,Si vous saviez ce que j’ai fais, vousNe me laisseriez pas en liberté.
Pierro Della Francesca (1416/17 - 1492) Sigismondo Pandolfo Malatesta
J’me suis rendu ! de Grégoire Pellequer, suite
Ca y’est, j’me suis rendu en prison,Il était temps, j’commençais àM’faire chier dehors, y’a pas grandChose à faire et les loyers sontChèrs, alors qu’ici c’est gratuit, y’aLa télé, bon, c’est vrai, c’est un peuRéduit, pour faire des fêtes c’est unPeu juste, et puis pas d’alcool, pasDe pétards à faire tourner, c’est vrai, sinonOn f’rai tout pétaradé ! (...)
Pierro Della Francesca (1416/17 - 1492) Sigismondo Pandolfo Malatesta
Il était une feuille de Robert Desnos
Il était une feuille avec ses lignes.Ligne de vieLigne de chanceLigne de cœur.
Il était une branche au bout de la feuille.Ligne fourchue, signe de vieSigne de chanceSigne de cœur.
Il était des racines au bout de l'arbre.
Racine, signe de vie
Vignes de chance
Vigne de cœur.
Au bout de ces racines, il était la Terre.
La Terre tout court.
La Terre toute ronde.
La Terre toute seule au travers du ciel.
La Terre.
Il était un arbre au bout de la branche.
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de cœur.
Cœur gravé, percé, transpercé
Un arbre que nul jamais ne vit.