philosophie - approche méthodologique d'une notion: le bonheur

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Le bonheur Le bonheur Expressions: Expressions: Porter bonheur. Il ne connaît pas son bonheur, faire le bonheur de quelqu'un, avoir du bonheur dans ses entreprises, par bonheur, au petit bonheur, avoir le bonheur de vous plaire... Aspirer au bonheur. Tendre vers le bonheur, être rayonnant de bonheur, envier le bonheur d'autrui, le bonheur des uns fait le malheur des autres, l'argent ne fait pas le bonheur... Du bonheur, un bonheur, des bonheurs. Des instants de bonheur, un grand bonheur, « c'est que du bonheur! », faire quelque chose avec bonheur, un bonheur partagé, un bonheur fragile... R. Lichstenstein, Hopeless, 1967

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Fascicule relatif au cours de philosophie des TL(ES), TES3 et TS4 de Grégoire FLORENCE

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Page 1: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Le bonheurLe bonheur

Expressions:Expressions:● Porter bonheur. Il ne connaît pas son

bonheur, faire le bonheur de quelqu'un, avoir du bonheur dans ses entreprises, par bonheur, au petit bonheur, avoir le bonheur de vous plaire...

● Aspirer au bonheur. Tendre vers le bonheur, être rayonnant de bonheur, envier le bonheur d'autrui, le bonheur des uns fait le malheur des autres, l'argent ne fait pas le bonheur...

● Du bonheur, un bonheur, des bonheurs. Des instants de bonheur, un grand bonheur, « c'est que du bonheur! », faire quelque chose avec bonheur, un bonheur partagé, un bonheur fragile...

R. Lichstenstein, Hopeless, 1967

Page 2: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Expressions:Expressions:● Porter bonheur. Il ne connaît pas

son bonheur, faire le bonheur de quelqu'un, avoir du bonheur dans ses entreprises, par bonheur, au petit bonheur, avoir le bonheur de vous plaire...

● Aspirer au bonheur. Tendre vers le bonheur, être rayonnant de bonheur, envier le bonheur d'autrui, le bonheur des uns fait le malheur des autres, l'argent ne fait pas le bonheur...

● Du bonheur, un bonheur, des bonheurs. Des instants de bonheur, un grand bonheur, « c'est que du bonheur! », faire quelque chose avec bonheur, un bonheur partagé, un bonheur fragile...

Page 3: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

PlanPlanI. Bonheur et plaisir

1/ Joie et plaisir - J.S. Mill, De l'utilitarisme

TD - Méthodologie de l'explication de texte: Lecture d'un texte de philosophie

2/ Le contentement – Epicure, Lettre à Ménécée, §10

TD - Méthodologie des apprentissages: la fiche de synthèse

II. Bonheur et vérité

1/ La modération - Descartes, Lettre à Elizabeth du 6 octobre 1645

TD - Méthodologie de l'explication de texte : l'introduction

2/ La clef du bonheur - Kant, Métaphysique des mœurs, I, 2e section

III. Bonheur et chance

1/ Le pessimisme – Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, IV, §57

TD – Méthodologie des apprentissages : faire une carte heuristique de synthèse.

Page 4: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Méthodologie de l'explication de texte :Méthodologie de l'explication de texte :l'introductionl'introduction

1/ Apprendre à lire un texte de philosophie1/ Apprendre à lire un texte de philosophie2/ Rédiger l'introduction2/ Rédiger l'introduction

1/ Apprendre à lire un texte de philosophie

a/ thème – plan - thèseLisez le texte en soulignant les phrases qui vous

semblent les plus importantes. Dites quel sont le ou les thèmes du texte.

Relisez le texte en repérant les mots de liaison permettant de distinguer les parties du texte. Etablissez le plan détaillé du texte en précisant les arguments, les relations entre les arguments, les exemples...etc.

En prenant pour référence le thème, repérez la thèse du texte: si elle est explicite, soulignez la phrase correspondante dans le texte, si elle est implicite, reformulez une phrase pour la faire apparaître.

b/ problématisation du texte.Identifiez, à l'aide du ou des thèmes, les enjeux du

texte.En vous aidant des différents sens possibles du ou des

thèmes en jeu dans le texte, montrez les différentes dimensions de la thèse du texte.

Formulez, sous la forme d'une alternative, la problématisation de la thèse en vous appuyant sur les distinctions obtenues précédemment.

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Méthodologie de l'explication de texte :Méthodologie de l'explication de texte :l'introductionl'introduction

1/ Apprendre à lire un texte de philosophie1/ Apprendre à lire un texte de philosophie2/ Rédiger l'introduction2/ Rédiger l'introduction

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Page 8: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur
Page 9: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 2 - Le contentementEpicure, Lettre à Ménécée, §10

1/ Bonheur et plaisirs1/ Bonheur et plaisirs

Page 10: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 2 - Le contentementEpicure, Lettre à Ménécée, §10

1/ Bonheur et plaisirs1/ Bonheur et plaisirs

Page 11: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Méthodologie des apprentissages :Méthodologie des apprentissages :faire une fiche de synthèsefaire une fiche de synthèse

Page 12: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Le langage courant associe recherche du bonheur et poursuite des plaisirs. Or, si par bonheur, on entend un état de pleine satisfaction, il convient de se demander si cette satisfaction est produite par une quantité de plaisirs (satisfaction) ou par la qualité des plaisirs (disposition). Autrement dit, est-ce un critère quantitatif (plus on a de plaisir, plus on est heureux) ou qualitatif (plus on a conscient d'être heureux, plus on est heureux) qui définit le bonheur?

Fiche de synthèse :Fiche de synthèse : Le contentementLe contentementEpicure,Epicure, Lettre à Ménécée, §10 Lettre à Ménécée, §10

« Nous n'agissons en vue que d'un seul but : écarter de nous la douleur et l'angoisse.»

Le bonheur est moins affaire de quantité que de qualité des plaisirs. Ainsi, Epicure, dans sa Lettre à Ménécée, fait de la satisfaction des plaisirs le principe de la vie bienheureuse à condition de faire un tri parmi les plaisirs. Il faut donc poursuivre les plaisirs mais non pas tous les plaisirs. En effet, certains sont naturels, d'autres vains et superflus (ex. désir de gloire, de richesse ou d'immortalité); parmi les plaisirs naturels, certains sont naturels et nécessaires (ex. boire, manger, dormir...), d'autres sont seulement naturels (ex. sexualité).

Aussi, pour être heureux, il ne faut pas poursuivre tous les plaisirs mais savoir se contenter de peu. Autrement dit, si je ne peux me satisfaire que de choses difficiles à se procurer, alors la recherche du bonheur sera un chemin de douleurs; par contre, si je sais me satisfaire de ce qui est immédiatement disponible, alors mon plaisir est facile à contenter.

Le plaisir est source de bonheur dès lors que je sais me contenter de peu, c'est-à-dire supporter facilement la douleur du manque. Ce faisant, il n'y a de bonheur qu'en tant que nous ne sommes pas troublés (ataraxie) par la recherche continue des plaisirs.

Qu'est­ce q'un régime ? ­ La poursuite de tous les plaisirs peut être synonyme d'une goinfrerie (ex. de pourceau) que seule la vertu de la  diète  peut  conjurer.  C'est  ainsi  souvent  que  l'on  entend  un  régime comme  la  privation  qui  vient  compenser  l'excès  des  plaisirs.  Et cependant,  Epicure  nous  montre  qu'un  régime  est  un  mode  de  vie suffisamment  simple  pour  ne pas  être  continuellement  obsédé  par  les plaisirs. Aussi,  la sobriété épicurienne   (pain, eau, poisson cru et des figues)  est­elle  le  meilleur  des  régimes  car  toujours  les  plaisirs nécessaires  sont  satisfaits  sans  que  jamais  les  superflus  ne  nous troublent.

Ainsi, faire un régime, ce n'est pas se priver, mais savoir se   contenter de peu.

Page 13: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 3 | La modérationDescartes, Lettre à Elizabeth du 6 octobre 1645

II/ Bonheur et véritéII/ Bonheur et vérité1/ La modération1/ La modération2/ La clef du bonheur2/ La clef du bonheur

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Page 15: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Fiche de synthèse :Fiche de synthèse : La modération La modération Descartes, Descartes, Lettre à Elizabeth du 6 octobre 1645Lettre à Elizabeth du 6 octobre 1645

L'opinion commune accorde de façon faussement évidente le fait que le bonheur est lié au plaisir. Or, la satisfaction n'est pas la seule composante du bonheur. Et en effet, si par bonheur, on entend l'état d'esprit de pleine satisfaction, encore faut-il comprendre en quoi la pleine satisfaction est liée ou non à un certain état d'esprit. Autrement dit, est-ce le plaisir qui m'apportera seule la pleine satisfaction ? Ou faut-il aussi compter sur le savoir pour me dire ce que le plaisir peut me faire espérer comme satisfaction ?

« il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance. »

L'état de satisfaction visé par le bonheur est pour Descartes l'objet d'un doute : est-lié à la jouissance des biens (plaisir) ou à la connaissance des biens (savoir) ? Il s'agit là moins d'une condamnation du plaisirs que d'une interrogation sur la portée de la satisfaction. Ce faisant, Descartes souligne combien la joie que procure les plaisirs est ambiguë : elle est satisfaction indéfinie. Ainsi du tabac (pétun dans le texte) ou de l'alcool : sa consommation est source de satisfaction sans que je puisse en définir le terme. Aussi boire sans compter est une satisfaction qui me rendra malade et malheureux.

Dès lors, Descartes, lorsqu'il est question de bonheur, affirme la supériorité du savoir sur le plaisir. Le souverain bien est dans l'exercice de la vertu, c'est-à-dire dans la connaissance de ce qui peut nous rendre heureux. Car seul le savoir me fournit une connaissance de la juste valeur des choses : sachant ce qui est bon, je sais en mesurer les effets et en imaginer les conséquences. Ainsi de l'alcool : il peut être source de plaisir seulement s'il s'accompagne de modération, car sans la connaissance des limites propres à la consommation de l'alcool, le plaisir devient abrutissement.

Aussi, Descartes, lorsqu'il affirme qu' « il vaut mieux être moins gai et avoir plus de connaissance » ne prône en rien une abstinence en matière de plaisir. Il affirme la supériorité du savoir sur le plaisir en tant que seul le savoir peut me dire ce que les plaisirs peuvent apporter comme joie. La modération n'est pas un précepte rabat-joie, mais une cercle vertueux en matière de plaisir.

Page 16: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 4 | La clef du bonheurKant, Fondement de la métaphysique des mœurs, section 2

II/ Bonheur et véritéII/ Bonheur et vérité1/ La modération1/ La modération

2/ La clef du bonheur2/ La clef du bonheur

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Page 18: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Fiche de synthèse :Fiche de synthèse : Le bonheur, une idée vague Le bonheur, une idée vague Kant, Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs, section 2Fondement de la métaphysique des mœurs, section 2

L'opinion commune accorde trop au bonheur. Voilà une idée dont tout le monde fait la clef d'une vie réussie. Et en effet, il n'est pas trop de dire que le bonheur est une idée qui rendra malheureux. Car, le bonheur s'entendant comme un état d'une conscience pleinement satisfaite, il n'en demeure pas moins que autant cet état d'esprit que la pleine satisfaction ne trouvera sa réalisation que par hasard.

« Par malheur, le bonheur est un concept si indéterminé. »

Ce qui est susceptible de nous rendre heureux est l'objet de représentations assez précises : la richesse, la connaissance, la santé du cors, la longévité de la vie... Et cependant, ces représentations ne sont pas de nature à permettre à coup sûr la réalisation du bonheur. Car le bonheur n'est pas un concept, c'est-à-dire une représentation conforme à la réalité, mais une idée vague, c'est-à-dire une image de ce que pourrait être la réalisation du bonheur. Ce faisant, le bonheur est un concept indéterminé : on a une idée précise de ce qui peut nous rendre heureux, mais cette idée n'est pas une représentation adéquate de la réalité ; je crois savoir ce qui me rendra heureux, mais je ne sais en rien en quoi cela peut se réaliser.

Ainsi, ce qui peut nous rendre heureux (la richesse, la longévité...) peut tout aussi bien être source de malheur (la richesse comme source de l'envie, la longévité comme lieu de la souffrance...). Ce faisant, l'idée désigne ce qui rendra heureux (détermination quantitative : beaucoup d'argent, une vie de centenaire...) mais laisse dans l'ombre les moyens de réaliser cette idée dans l'expérience (indétermination qualitative : de l'argent, oui mais combien et pourquoi faire ? Une longue vie, oui mais dans quel but ?...). Autrement dit, le bonheur dépend d'un concept précis de ce qui nous rendra heureux, mais ces conditions de réalisations sont l'objet d'une indétermination quant aux conditions de possibilités dans l'expérience.

Page 19: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 5 | Le pessimismeA. Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, IV, § 57

III/ Bonheur et chanceIII/ Bonheur et chance

Page 20: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Texte 5 | Le pessimismeA. Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, IV, § 57

III/ Bonheur et chanceIII/ Bonheur et chance

Page 21: Philosophie - Approche méthodologique d'une notion: le bonheur

Fiche de synthèse :Fiche de synthèse : Le pessimisme Le pessimisme Schopenhauer, Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme Le monde comme volonté et comme représentation, IV, §57représentation, IV, §57

Il est d'usage de faire du pessimisme une humeur sombre et une vision noire de la vie, mais on oublie vite qu'il s'agit d'abord d'un concept philosophique qui s'oppose à l'optimisme de Leibniz. Là où Leibniz prétend que « tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, le pessimisme schopenhauerien soutient que « tout va pour le pire dans le pire des mondes possibles ». Et cependant, si par bonheur, on entend la chance, alors il n'est pas paradoxal de soutenir que le pessimiste est l'homme le plus heureux du monde.

« La vie n'est qu'un combat perpétuel avec la certitude d'être enfin vaincue. »

Le pessimisme n'est pas une vision sombre de la vie, mais un dévoilement lucide de ce qu'est la vie, c'est-à-dire une source de malheur. Parce que la vie n'a d'autres issues que la mort (la certitude d'être (…) vaincue), elle est une tentative d'échapper à ce qui est pourtant une certitude (un combat perpétuel), à tel point que la mort peut paraître un soulagement (enfin).

Ce faisant, pour Schopenhauer, le bonheur n'est qu'une illusion, c'est-à-dire une vision tronquée de la vie dans l'espérance factice d'échapper au malheur. Car, ce qui guide chaque homme est le désir de vivre. Or, celui-ci va lui faire espérer d'échapper à la mort par la poursuite des plaisirs. Mais ces plaisirs ne sont qu'une maigre victoire prise sur la souffrance et le malheur, fruits de toute une vie. Pire, la course aux plaisirs, quand bien même elle permet d'échapper temporairement à la douleur, risque de nous plonger dans un mal plus profond encore, l'ennui. Car la vie est désir, c'est-à-dire fuite devant la mort qui ne fait qu'attendre, mais lorsque le désir a été comblé, la fuite ralentit et l'ennui qui guette nous livre le secret de la vie, c'est-à-dire le malheur.

Cependant, le pessimiste est l'homme le plus heureux du monde. Car il a conscience que le bonheur n'est qu'affaire de chance. Or, la vie offre plus de mauvaises occasions que de belles fortunes. Dès lors, n'espérant rien de particulier de la vie, le pessimiste accueille avec d'autant plus de joie les seules moments de joies arrachés dans l'attente de la mort.

La série Desperate Housewives met en scène cette vision pessimiste de la vie. Chaque personnage (Lynette, Gabrielle, Bree ou Suzan) représente une façon particulière d'échapper au malheur en se faisant des illusions sur la vie. Or, les illusions ne sont qu'une vision trompeuse bien que nécessaire de ce que la vie ne peut offrir. Aussi est-ce toujours le malheur qui attend ces ménagères qui ont tout pour être heureuse sauf la lucidité d'accepter que la vie n'est que malheur.

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