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WRITING PORTFOLIO 2016
Marc-‐Antoine Breton
Marc-‐Antoine Breton ©2016 2
Table of Contents
SCREENPLAYS 3 PARADISE UNDERGROUND 3 CALIGULA -‐ SCÈNE CACHÉE PAR LE RIDEAU 10 LE PRIX DU SILENCE 12 VOLTE-‐FACE 17 CONFESSION 19
STORIES 24 UNE PIÈCE FANTASTIQUE 24 L’EVEREST 25 CONTE PHILOSOPHIQUE SUR LA CRÉATION DE L’HOMME 37 POUR QUELQUES BULLES D’AIR 39 QUI MOURRA VERRA 41 NOUVELLES PERSPECTIVES 43
SONG LYRICS 45 THE MELTING WISH 45 THE WORLD COULD BE A BETTER PLACE... 46
Marc-‐Antoine Breton ©2016 3
Screenplays
Paradise Underground Son de la radio qui change plusieurs fois. (quelqu’un qui cherche un poste à écouter)
1. EXTÉRIEUR NUIT, ROUTE
Une jeune femme conduit une voiture sur l’autoroute. Un homme dort sur la banquette arrière. Le cadran pour le niveau d’essence indique que l’automobile a besoin de carburant. L’intensité de la radio descend de moitié. Elle se retourne, et s’adresse à l’homme qui dort.
La femme (Isabelle)
Jérôme ?
L’homme laisse échapper un grognement pendant qu’Isabelle jette un rapide coup d’œil sur la route. Elle ralentit et s’engage sur la route secondaire pour prendre la prochaine sortie.
Isabelle (en se tournant vers l’homme)
Jérôme ! Je ne sais plus où on est pis on a besoin d’essence.
Au moment où elle termine sa phrase, une secousse fait trembler la voiture, et un son de taule froissée et de vitre cassée se fait entendre. Isabelle se retourne brusquement pour regarder la route. Tout semble normal, excepté que les phares ne fonctionnent plus, et que la voiture est plongée dans le noir total. La seule chose qu’Isabelle parvient à voir, est l’insigne qui annonce l’arrivée d’un poste d’essence et la sortie qui se trouve un peu plus loin. Elle garde la droite et s’engage lentement dans la sortie. Une fois la sortie dépassée, le chemin semble aller tout droit, mais il n’y a plus d’indication pour la guider. La seule chose qu’elle remarque est un point lumineux devant elle. Elle décide donc d’aller tout droit, vers ce qui semble être une petite agglomération. Peu après, elle repère l’unique source de lumière à sa droite, et constate qu’il s’agit en fait d’une affiche illuminée qui annonce un espèce de motel. On peut lire : Paradise Underground, next left, you can’t miss it. Elle se dirige donc dans cette direction. [Début du générique d’ouverture.]
Après avoir roulé un ou deux kilomètres, la voiture s’engage vers une route éclairée qui se présente à sa gauche. [Fin du générique d’ouverture.] Isabelle s’adresse à Jérôme.
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Isabelle
Y’a une station-‐service pas loin d’ici. Je conduis jusque-‐là pis après c’est ton tour. Moi j’suis plus capable.
Jérôme ne réagit pas, il dort. La voiture ralentit et arrive à un motel qui est visiblement fermé. La musique à la radio change subitement, Isabelle ferme la radio. La voiture se dirige vers une sorte d’entrée souterraine annoncée par une enseigne aux lettres criardes : PARADISE UNDERGROUND. Malgré les fluorescents, l’endroit paraît désert et, de l’auto, Isabelle n’aperçoit aucun bâtiment qui pourrait ressembler à un bureau pour l’accueil des clients. Par contre, une flèche géante pointe en direction du stationnement souterrain. Il n’y a pas de pompe à essence dans les environs et elle commence à hésiter.
Isabelle
Jérôme ?
Elle regarde sur la banquette arrière et Jérôme dort encore.
Isabelle
Je descends voir si y’a un poste à essence, et si y’en a pas, tu t’organiseras avec le peu qui reste.
Elle embraye et mène la voiture à l’entrée, puis sous les barrières métalliques qui se sont levées automatiquement.
2. INTÉRIEUR NUIT, STATIONNEMENT SOUTERRAIN Un chemin étroit, balisé par d’énormes blocs de ciment, l’avale aussitôt dans une succession de tours et de détours fléchés. Les étages supérieurs sont tous bondés et il n’y a pas de station-‐service. Les lacets continuent de s’enfiler dans la descente et Isabelle, crispée au volant, commence à désespérer. Elle s’énerve et freine. Le stationnement regorge de voitures alignées comme des sardines dans des boîtes de béton. Elle étire le cou, à gauche, à droite, cherchant une indication ou une âme charitable qui pourrait la guider vers la sortie. Rien. Le parking est aussi sombre et silencieux qu’une crypte, aussi lugubre qu’un cimetière passé minuit. Elle se retourne : Jérôme dort toujours profondément, dans un état de béatitude presque inconvenant. Mais elle choisit de ne pas le réveiller et de poursuivre seule la descente.
Isabelle
Il doit ben y’avoir quelqu’un ?
Dix étages plus bas, la situation n’a pas changé. Des voitures partout, muettes, hostiles. Un virage, un autre; il ne semble pas y avoir d’issue. Elle inspecte chaque recoin, passe et repasse sur l’étage en zigzaguant entre les colonnes de ciment.
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Isabelle
C’est débile !
Elle revient sur son trajet, cherchant l’ouverture qui lui a permis d’entrer. À la place, elle trouve un mur. Elle freine alors brusquement, et les pneus en crissant accompagnent son cri d’exaspération.
Isabelle
C’est pas possible ! On passera pas la nuit ici certain.
Elle prend une grande inspiration, fixe le mur devant elle, puis expire …
Isabelle
Jérôme !
Jérôme dort d’un sommeil cataleptique, absolument fermé aux appels du dehors.
Isabelle
Jérôme, tabarnac !
Elle a beau le secouer, rien n’y fait. On dirait qu’il a sombré dans le coma, ce qui n’est pas pour la calmer. Elle ne cède pas pour autant à la panique. Elle coupe le contact et sort de la voiture. La portière, en claquant, déclenche une série d’échos désagréables. Isabelle frissonne et s’avance sur la voie déserte du parking.
3. INTÉRIEUR NUIT, STATIONNEMENT SOUTERRAIN Le seul bruit perceptible est celui de ses pas claquant sur le ciment, avec en sourdine le ronronnement du système de ventilation. Parfois, il nous semble apercevoir des ombres derrière les pare-‐brise, ombres suspectes faisant le guet, à l’affût du voleur. Elle n’ose pas trop s’éloigner de sa voiture, ni trop s’approcher des autres véhicules garés sur l’étage. Les voitures luisent dans le noir, jetant des reflets cirés à la lumière des néons. Elle avance à petits pas dans les rangs bien ordonnés où se distinguent surtout l’éclat des pare-‐chocs et le miroitement des pare-‐brise.
Isabelle
Y’a quelqu’un ?
Elle déraille gentiment, abandonnée à elle-‐même dans un univers de ciment qui ne fait que répercuter ses appels à l’aide. Elle cherche une sortie, mais il n’y a pas d’ascenseur, ni d’escalier, ni de porte. Elle se frotte les yeux comme si toute cette mascarade ne pouvait être qu’un mauvais rêve.
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Isabelle
Y’a quelqu’un ? Au secours !
Ses appels ricochent sur les murs, s’amplifient, et rebondissent. Tout semble irréel. Elle panique pour de bon, court à sa voiture, claque la portière, démarre, embraye en marche arrière… et vient près d’écraser une petite fille courant après un ballon. Isabelle sursaute en freinant, le moteur sautille, l’acier se contracte. Elle braque les yeux dans le rétroviseur et voit la petite fille disparaître derrière un pylône. On entend le son du ballon sur le ciment, tranquillement il se dissipe. Elle recule à toute vitesse et fonce dans la direction qu’a sûrement prise la fillette, sans s’accorder le temps de douter. Au fond de l’allée, où une flèche indique la descente, le ballon roule. Elle le suit machinalement. Le ballon roule sur sa lancée, toujours plus vite, Isabelle le talonne malgré tout. Elle le perd entre deux îlots. Elle s’affole, donnant de la tête et du volant au hasard. Le ballon retombe brutalement sur son capot. Elle laisse échapper un cri aigu en même temps qu’elle freine.
Voix hors champ (un homme)
Puis-‐je vous aider Madame? Elle relève la tête du volant et regarde l’homme qui a prononcé ces mots incroyables. Elle sourit et respire de soulagement : l’homme qui est accoudé à sa portière est bel et bien vivant. Il ressemble à un officier sorti tout droit d’une cérémonie militaire. Il a un visage angélique, on ne pourrait pas dire son âge.
Isabelle
(elle bredouille) Je cherche la sortie. (elle enchaîne rapidement) J’croyais trouver de l’essence, mais j’me suis perdu. J’ai essayé
de réveiller mon …
L’homme l’interrompt.
L’officier
N’ayez crainte, Madame, il y a toujours une solution, même aux problèmes les plus compliqués. Venez avec moi, je voudrais vous montrer quelque chose.
Il est là, raide comme un i, attendant qu’elle se décide à le suivre.
Isabelle
Où voulez-‐vous m’emmener ?
Il sourit, révélant des dents qui auraient pu servir de réclame pour une pâte dentifrice.
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L’officier
Vous avez raison d’être prudente. On ne l’est jamais assez de nos jours. Je vous assure que vous n’avez rien à craindre. Je suis le gardien du parking. Je veux simplement vous amener
voir le gérant. Il est dans sa cabine, pas très loin d’ici.
Isabelle prend le temps d’y penser. Il est toujours raide comme un i.
Isabelle
D’accord, embarquez.
Le gardien embarque dans la voiture et lui indique le chemin en pointant du doigt.
Le gardien (l’officier)
Prenez à gauche ici, et puis à droite juste après la courbe.
Ils arrivent enfin à proximité d’une cabine vitrée où l’on peut apercevoir un vieil homme, cigare au bec, penché au-‐dessus d’un bureau et apparemment absorbé par une tâche exigeant toute son attention. Isabelle ralentit et le gardien ouvre sa portière.
Le gardien
Je vous quitte ici.
Isabelle
(un peu surprise) Mais … Merci de votre aide.
Ils se serrent la main et esquissent chacun un sourire.
Le gardien
Ça m’a fait plaisir. Au revoir.
Il referme la portière et donne deux petites tapes sur le capot avant de disparaître à son tour derrière un pylône. Elle se dirige vers la cabine et identifie la tâche du gérant : il écrit dans un livre gigantesque. Elle baisse sa vitre pour lui parler, mais il parle le premier, sans même la regarder.
Le gérant
Quel est votre nom ?
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Isabelle
Pourquoi ?
Le gérant
J’ai besoin de votre nom complet pour le registre.
Isabelle
Isabelle Allard.
Il tourne quelques pages du livre et scrute minutieusement l’une d’elles.
Le gérant
Je vois. Veuillez signer ici s'il vous plaît.
Il lui tend un crayon et colle le livre ouvert sur la vitrine de manière à ce qu’elle puisse signer à travers le trou. Une fois que c’est fait, il remet le livre sur son bureau et ouvre un des tiroirs pour en sortir une estampe. Il estampe la page signée, range l’estampe et actionne un levier situé sous le bureau. Une porte de garage s’ouvre à une dizaine de mètres devant la voiture et le vieil homme recommence à écrire sans se soucier d’Isabelle.
Isabelle
Merci !
Elle ne voit pas à l’extérieur, mais la lumière vive lui annonce le début de la journée. Elle avance jusqu’à la porte et s’arrête brusquement. Elle vient de prendre conscience qu’elle ne devrait plus avoir d’essence depuis un bon moment.
Isabelle
Comment ça s’fait que l’auto fonctionne sans essence ? Jérôme, réveille-‐toi !
Elle secoue Jérôme pour le réveiller, mais il reste endormi. Elle continue de le secouer.
Isabelle
(panique) Jérôme !
4. EXTÉRIEUR NUIT, ROUTE Une voiture de police est arrêtée sur le bord de l’autoroute avec les gyrophares allumés. Juste à côté, dans le fossé, la voiture d’Isabelle est emboutie dans un mélange de taule, de verre, et de sang. On remarque la carcasse d’un cerf coincé dans le pare-‐brise. Un policier parle dans sa radio
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de l’extérieur du véhicule de police, pendant qu’un autre éclaire les lieux de l’accident avec sa lampe de poche.
Policier 1 (dans la radio)
We found them dead in the ditch near the exit. Another deer crash.
Policier 2 (en éclairant dans la voiture)
The guy moves !
Call an ambulance !
Des nuages blancs recouvrent la scène. On entend des grincements d’onde radio. Générique de fin.
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Caligula -‐ Scène cachée par le rideau Caligula entre dans une salle du palais où discutent Lepidus et son fils. Il coupe la conversation et s’adresse à Lepidus.
CALIGULA Ah, Lepidus! Je vous cherchais justement.
Le fils reconnait l’empereur et se dresse comme un piquet en levant la main droite en guise de salut.
LUCIUS (le fils) Ave Caïus Augustus!
Lepidus, un peu gêné par cette formalité obséquieuse, s’empresse de poursuivre.
LEPIDUS
Que me voulez-vous donc, mon cher Caïus? Caligula regarde Lucius attentivement avant de répondre.
CALIGULA
Je voulais vous soumettre une question qui me tracasse au sujet de l’empire, mais je crois que votre fils sera plus apte à me répondre, car son respect pour la grandeur de l’empire est visiblement plus sérieux
que le vôtre.
Vexé, Lepidus contracte son faciès pour laisser paraître un sourire forcé.
LEPIDUS Mais bien sûr, mon fils est à votre disposition.
Lucius, droit comme un soldat, affiche sa fierté en attendant que l’empereur le questionne. Caligula regarde Lucius sans parler, puis détourne le regard vers Lepidus.
CALIGULA Nous n’avons plus besoin de vous. Vous pouvez vous retirer.
LEPIDUS
(insulté) Je ne voulais pas croire ce que les autres en disaient, mais il est vrai que votre arrogance interfère avec votre jugement.
Lucius, surpris par ce discours, regarde son père. Caligula reste muet. Ce qui nuit à l’empereur, nuit à l’empire, dit-on.
Caligula se cambre vers l’arrière en prenant un grand respire, serre les lèvres puis gifle Lepidus.
CALIGULA
(enragé) Pour qui vous prenez-vous? Mon arrogance? Vous ne pensez qu’à votre égo. Si petit, si facilement brimé, et vous osé le défendre en vous dissimulant derrière l’empire. Vous n’en avez que
faire de l’empire!
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Caligula gifle Lepidus de nouveau. Lucius est apeuré devant les événements.
CALIGULA Ma puissance et mon arrogance me viennent justement du fait que cet empire est le mien, et vous osez
critiquer ces manières qui sont également celles de l’empire.
LEPIDUS (la mine basse) Pourquoi cherchez-vous absolument à m’humilier devant mon fils?
Lucius sort de sa stupeur et s’approche de son père en le touchant d’une main pour le réconforter.
CALIGULA
(encore plus en colère) Vous humiliez! Vous? Et moi, ne croyez-vous pas que vous m’humiliez en ce moment?
Caligula commence à battre Lepidus de ses poings. Lucius s’interpose et pousse l’empereur au sol pour libérer son père.
LUCIUS Laissez mon père tranquille!
CALIGULA
(crie en se relevant) Gardes! Deux gardes arrivent en courant dans la salle. Caligula pointe Lucius du doigt.
Arrêtez cet homme! Il sera exécuté demain pour lèse-majesté.
Les gardes contrôlent Lucius pendant que son père essaie de s’interposer. L’un des gardes le pousse et ils amènent le fils de force avec eux. Découragé, Lepidus s’élance vers Caligula.
LEPIDUS (désespéré) Pourquoi Caïus? Pourquoi?
Caligula le repousse d’une main et Lepidus s’écroule au sol en pleurant.
CALIGULA Cette mort servira à te faire réfléchir, Lepidus. Un jour tu m’en remercieras.
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Le Prix du Silence Scène 1 int. Bureau de police – soir L'endroit est plutôt petit et le bureau est plein de papiers organisés en quelques piles sommaires qui semblent faites simplement pour faire de la place. Derrière le bureau, un policier est assis et consulte une feuille d’une main en faisant rouler un stylo dans l’autre. Élise est installée devant lui. Elle respire fort en regardant nerveusement le policier, elle est sous le choc. Un peu surpris de ce qu’il vient de lire, le policier lève les yeux en direction d’Élise.
POLICIER Vous avez été témoin d'un meurtre chez Épurex ?!
ÉLISE
Oui... enfin...
POLICIER Qu'avez-‐vous vu ?
ÉLISE
Eh bien ! Après être sortie de l'usine, je me suis rendu à mon auto... (VO)
SCÈNE 2 ext. Stationnement d'Épurex – soir
ÉLISE (VO)…et c'est là que j'ai vu M. Benassi avec le corps de l'évaluateur, M. Dupuis.
Il fait noir et le stationnement est pratiquement vide. On remarque une Jeep et deux autres voitures. Élise se rend à sa voiture et pendant qu’elle sort ses clefs, on entend la porte de l’usine qui claque. Élise se retourne pour voir qui sort et à sa grande surprise, elle voit M. Benassi qui transporte ce qui semble être à coup sûr le corps d’un homme. Élise court se cacher avant que Benassi la remarque, et elle continue d’observer la scène. Benassi traîne le corps jusqu’à l’arrière de sa jeep, sort ses clefs et ouvre le coffre avec difficulté. Avec empressement, il dépose le corps à l’intérieur du véhicule, referme le coffre et puis va prendre la place du conducteur. Le jeep démarre en trombe et disparaît. SCÈNE 3 int. Bureau de police – soir Le policier arrête de prendre des notes.
POLICIER Vous êtes certaine de ce que vous avez vu ?
ÉLISE
Oui ! Je ne comprends pas, la dernière fois que je les ai vus, ils semblaient de mauvaise humeur, mais pas au point d'en arriver là.
POLICIER
Comment ça ?
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ÉLISE M. Benassi est arrivé juste avant la fermeture de l'usine pour voir M. Dupuis qui l'attendait pour lui parler des résultats de son évaluation. Quand il a commencé à expliquer à M. Benassi qu’il y aurait des frais pour les changements à apporter, la tension a monté. Je peux le comprendre, tout lui tombe dessus en même temps : les supposés problèmes avec l’eau potable, le téléphone qui est coupé depuis hier à cause des constructions près de l’usine, et maintenant des frais pour le
renouvellement des méthodes d’assainissement.
POLICIER Je commence à comprendre. Il y a des rumeurs comme quoi M. Benassi serait payé par les propriétaires des abattoirs pour falsifier les rapports d’évaluation qui sont envoyés à la ville.
Il prend le combiné du téléphone et compose un numéro, pendant qu’Élise réagit à sa dernière affirmation.
ÉLISE (légèrement offusqué)
Vous n’allez pas un peu loin? C'est rien que d...
Il lui fait signe d'attendre et relit ses notes. POLICIER
Oui, Perreault ! Pourrais-‐tu me lancer un avis de recherche pour une Jeep grise immatriculée au nom de Hugo Benassi ? Parfait, j’attends ton appel.
Il raccroche et reporte son attention sur Élise.
ÉLISE (découragée)
Vous n’allez tout de même pas vous fier à des rumeurs
POLICIER Pour les abattoirs?! En fait, ce n'est pas simplement une rumeur.
Juste avant les dernières élections, la municipalité avait mis sur pied une enquête publique, mais curieusement cette enquête a cessé suite à la candidature du nouveau maire.
Et devinez qui sont les plus grands donateurs de sa campagne ?
Élise semble surprise, mais commence à comprendre.
POLICIER Et oui, les abattoirs. Moi je pense que les frais dont M. Dupuis parlait étaient plutôt les frais de
son silence face au comité. Peut-‐être qu’il avait découvert quelque chose que votre patron n’avait pas eu le temps de camoufler. Quelque chose de trop gros pour être caché aux membres du
comité à moins que le prix de son silence soit augmenté.
ÉLISE Il l’aurait tué au lieu de le payer ?
POLICIER
Peut-‐être bien.
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Le téléphone sonne, le policier répond. POLICIER
Amenez-‐le-‐moi.
SCÈNE 4 Int. Bureau de police – nuit Benassi a pris la place d’Élise et il a des menottes aux poignets.
BENASSI (irrité)
Puis-‐je savoir pourquoi on m'arrête ?
POLICIER J’ai un témoin qui vous a vu transporter le cadavre d’un homme plus tôt dans la soirée.
BENASSI
Ah ça ! (rire étouffé en soupir)
POLICIER Ça vous fait rire ?
BENASSI
Laissez-‐moi vous expliquer. SCÈNE 5 Int. bureau de Benassi – soir La pièce est plus vaste que le bureau de police, mais l'impression d'espace est réduite par la présence de quelques gros classeurs, le bureau est vide à l'exception de trois gros livres à couvertures solides sur le coin gauche et d'une calculatrice de table sur le coin droit. Benassi et Dupuis sont assis face à face.
DUPUIS Les tests ont révélé des taux alarmants de toxines provenant des gaz d’échappements produits
par les véhicules automobiles qui circulent le long de la rivière.Il va falloir adapter vos installations pour faciliter le décèlement et réduire la présence de ces toxines dans l’eau de la
rivière.
BENASSI Et combien vont me coûter ces nouvelles installations ?
DUPUIS
Ça ne devrait pas être trop dispendieux. Il y a quelques changements à apporter au niveau des protocoles d’analyses et un ajustement à faire pour le bassin de rétention spécifique à l’eau de la
rivière.
BENASSI Quel sorte d’ajustement ?
DUPUIS
C’est assez compliqué à expliquer comme ça. Je vous expliquerai sur place.
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Les deux hommes se lèvent et Benassi suit Dupuis qui sort du bureau.
Scène 6 Ext. usine d’épuration d’eau – soir Benassi suit Dupuis qui se rend en direction du bassin de rétention. Tout à coup, Dupuis s’enfarge, tombe et se cogne la tête sur le sol. Benassi se penche pour voir si Dupuis va bien. En se penchant, son cellulaire tombe et c’est en essayant de le rattraper qu’il le pousse dans le bassin.
BENASSI Ah fuck !
Benassi retourne doucement Dupuis sur le dos et lui parle.
BENASSI Monsieur Dupuis. Monsieur Dupuis! Shit !!!
SCÈNE 7 Int. Bureau de police – nuit Le policier alterne un regard suspicieux sur Benassi et un regard pensif sur le plancher.
BENASSI
Il ne bougeait plus, je croyais qu’il était mort. Je lui ai même lancé de l’eau à la figure pour tenter de le réveiller.
POLICIER
Ça ne m’explique pas pourquoi vous transportiez le corps dans votre voiture ?
BENASSI La ligne téléphonique de l’usine est hors d’usage à cause des travaux, et vu l’état de mon
cellulaire, je suis certain que vous pouvez comprendre que je n’avais aucun moyen d'appeler une ambulance. J’ai paniqué. J’ai cru qu’il avait peut-‐être une chance de le sauver en l’amenant à
l’hôpital.
POLICIER Et il est toujours à l'hôpital ?
BENASSI
Je crois que oui.
POLICIER Je vais vous placer en garde à vue jusqu’à ce qu’on confirme tout ça.
BENASSI
(résigné, un peu inquiet) Pouvez-‐vous au moins m'enlever ça ?
Benassi tend ses poignets menottés vers le policier.
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Le policier, un peu déçu, prend le téléphone et compose un numéro.
POLICIER Salut, je vais avoir besoin de la confirmation des faits. Je mets le suspect en garde à vue pis je t’amène le dossier pour que tu mettes un homme là-‐dessus.
Moi après ça je rentre à la maison, j’ai besoin d’un break. Le policier raccroche le téléphone se lève et se dirige à l’avant du bureau.
BENASSI
Est-‐ce que je peux appeler mon avocat ?
POLICIER Vous ferez ça en bas, levez-‐vous.
Benassi se lève pendant que le policier ouvre la porte et lui fait signe de sortir en premier. Le policer ferme la lumière, suit Benassi et ferme la porte derrière lui.
SCÈNE 8 Int. Bureau de police – nuit Les lumières sont fermées et le policier n'est pas présent. Le téléphone sonne et le répondeur s'active.
RÉPONDEUR
Vous êtes bien au bureau du lieutenant Jacques Guites (se prononce Guitesse), laissez votre message après le bip sonore.
Bip!
VOIX Lieutenant Guites ? Je suis le coroner Taschereau. J’ai viens de recevoir l’expertise du médecin légiste au sujet de votre enquête sur la mort d’Alain Dupuis. D’après lui, la mort semble à première vue attribuée à une contusion à la tête, mais après un examen en profondeur, il a
retrouvé une grande quantité d’eau non traitée dans les poumons du défunt. Il affirme donc avec certitude que celui-‐ci est mort noyé. Tout est dans le rapport d’autopsie que je vais vous envoyer.
Aurevoir.
FIN
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Volte-‐face Mise en contexte : Trois hommes faisant parti du même gang criminalisé se rassemblent autour du cadavre de leur chef après avoir entendu des coups de feu dans l’entrepôt. Lieu / temps : Quartier général du gang. Un entrepôt durant la nuit. Personnages : -Roberto dit Bob, un homme à tout faire très baraqué -Giovanni dit Junior, le fils du boss, jeune mafieux en costume d’homme d’affaires -Antonio dit Tony, frère du boss, collecteur et tueur à gages -Giussepe dit Le boss, la victime, chef du gang Lumière sur un corps ensanglanté gisant au sol. Junior, visiblement énervé, pointe son arme à gauche et à droite en cherchant celui qui a tiré les coups de feu. Bob et Tony arrivent en courant avec leur revolver à la main. TONY. Mais qu’est-ce qui se passe? JUNIOR. On a tiré sur mon père. Le salaud, si je le trouve. (en criant) Montre-toi si t’es un homme! Bob scrute l’entrepôt pendant que Tony s’élance vers le corps de son frère. TONY. Giussepe? Réponds-moi Giussepe! Il met ses doigts sur la gorge de la victime pour prendre le pouls et se relève déçu par l’évidence. TONY. Je ne sens rien. Il est mort. BOB (à Junior). As-tu réussi à voir c’était qui? JUNIOR. Non. Je suis arrivé et il n’y avait personne. TONY. S’il n’y avait personne, pourquoi as-tu tiré avec ton arme? Je peux voir la fumée d’ici. Junior regarde son pistolet encore fumant et répond avec hésitation. JUNIOR. J’a… J… J’avais cru voir quelqu’un se sauver, alors j’ai tiré dans sa direction. Junior pointe de son arme le fond de l’entrepôt. Bob s’empresse d’aller vérifier. BOB. Il n’y a personne ici. La porte est barrée de l’extérieur et l’alarme aurait sonnée si quelqu’un était sorti par là. TONY (à Junior). Combien de coups as-tu tirés? JUNIOR. Je ne sais pas. Un ou deux.
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Tony jette un regard à Bob qui lève le menton et ajoute un léger rictus comme s’il venait de tout comprendre et qu’il lui donnait son accord pour la suite des choses. TONY (au public/au cadavre). Je le savais que ce jeune-là tournerait mal. Je te l’avais dit Giussepe. JUNIOR. C’est quoi que ça change? TONY (à Junior). Ça change qu’on a entendu quatre coups de feu et qu’il y a exactement quatre trous de balle dans le corps de ton père. JUNIOR (choqué). C’est quoi l’affaire là? Vous pensez que j’ai tué mon père. TONY. Si j’me fis à ce que ton père m’a dit, ça n’allait pas très bien entre vous depuis quelque temps. JUNIOR (surpris). Voyons! Je ne l’aurais pas tué pour autant. Tony! C’est de mon père que tu parles. TONY. Justement. C’est mon frère et je le connais bien. Il regarde le cadavre et se reprend. Connaissait… (courte pause qui fait sentir le regret) Il t’a probablement dit ce que tu ne voulais pas entendre. Que bientôt c’est moi qui prendrais les rênes de l’entreprise, et tu n’as pas voulu l’accepter. JUNIOR (en colère). Je suis son fils! C‘est moi qui devrais… En parlant, il lève son arme pour la pointer vers Tony. Rapidement, Bob arrête le mouvement et contrôle Junior. Tony donne un coup de crosse sur la tête de Junior qui laisse tomber son arme pendant que Bob lui fait une clé de bras par-derrière pour le retenir. TONY (en colère). Ton propre père, Giovanni! La famille s’est sacrée, et toi tu craches dessus pour une simple question d’égo. T’as toujours ce que tu voulais, et tu te plains encore. Tony donne un autre coup de crosse sur le visage de Junior, et un coup de poing dans l’estomac. Junior a le visage couvert de sang et s’étouffe par manque de souffle. Bob le ressaisit et le tient droit. TONY. Je suis vraiment déçu de toi, Junior. Tony lève son arme et la pointe en direction de Junior. La lumière s’éteint en fondu au noir.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 19
╬ Confession ╬ Scène 1 intérieur, escaliers centrales, midi Un homme dans la soixantaine, vêtu d'un costume veston-‐cravate, monte les escaliers avec une boîte dans les mains. Scène 2 intérieur, couloir, midi L’homme marche dans le couloir et entre dans son bureau. Une femme entre par l’autre bout du couloir. Scène 3 intérieur, le bureau d'un juge, midi L’homme dépose la boîte sur le bureau et range ce qu'il reste de ses affaires à l’intérieur de celle-‐ci. Une jeune femme, habillée d'un tailleur, vient s'adosser sur le cadre de la porte.
Jeune femme (Catherine) Félicitations monsieur Targat !
L’homme se tourne en direction de la femme.
Juge Targat Merci ma petite Catherine. Tu es très aimable.
Catherine
Comment s'est déroulée votre dernière audience ? L’homme appuie ses fesses sur le bureau.
Juge Targat Très bien.
Je vais beaucoup m'ennuyer de tout ce cérémonial.
Catherine Ça fait plus de 35 ans que vous faites régner l'ordre dans ce tribunal.
Il est temps de penser un peu à vous, non ?
Juge Targat Tu as bien raison Catherine, mais je ne peux pas me résoudre à ne plus présider cette cour. J'ai mis mon corps et mon âme dans ce travail, c'est toute ma vie qui s'arrête avec lui.
Le juge regarde le sol durant quelques secondes avant que Catherine lui réponde.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 20
Catherine Voulez-‐ vous en parler devant un bon café ? Je vous l'offre.
L’homme cesse de s’appuyer sur le bureau.
Juge Targat Merci Catherine, mais je vais plutôt finir de ranger mes affaires et
je vais profiter de mon après-‐midi pour dire au revoir à tout le monde.
Catherine Il n’y a rien qui vous empêche de revenir nous voir, on se reprendrait pour le café.
Elle lui sourit.
Juge Targat Ce sera avec plaisir. Au revoir Catherine.
Scène 4 intérieur, salle d'audience, après-‐midi Le juge Targat entre dans la salle par la porte qui est à droite de la tribune. On entend le bruit de l'assistance sans la voir.
Voix hors-‐champ d'un homme inconnu Veuillez vous lever en présence de l'honorable juge Targat.
Le juge s'assoit sur le fauteuil situé sur la tribune et fixe droit devant lui. On entend toujours le bruit de la foule suivit de deux coups de marteau sur le butoir.
Juge Targat (en pensée)
L'audience peut commencer. Silence complet. Il baisse les yeux et nous constatons qu'il est seul dans la salle (Il semble avoir des remords). Un bruit strident (chaise qui traîne au sol). Surpris, le juge se lève en sursaut et sur la pointe des pieds, scrute la pièce. Il ne remarque aucun individu, ni rien de louche.
Juge Targat (ton autoritaire) Allez sortez !
Aucune voix ne lui répond et aucun son ne se fait entendre. Le magistrat laisse la tribune derrière lui pour aller vérifier les bancs de l'assistance et une fois la vérification terminée, au moment même où il retourne à son fauteuil, il voit une chaise se diriger à toute vitesse vers lui, comme par magie. Visiblement estomaqué, Targat se met en colère et crie en direction de la tribune.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 21
Juge Targat (exclamation) Êtes vous complément malade ?
Ce n'est pas du jeu vous auriez pu me blesser. Sortez d'où vous êtes !
Ne constatant aucune réaction, Targat marche rapidement vers le point de départ pour n'y trouver que l'absence du fauteuil. Craintif, le juge se dirige vers la sortie gauche de la tribune tout en pestant contre le provocateur.
Juge Targat (grommellement) Non, mais est-‐ce que c'est possible ... insignifiant ...
À l'instant même où sa main touche la poignée, on entend le loquet se verrouiller. Pris de panique, il fonce droit sur la porte par laquelle il est entré, mais elle est aussi fermée à clé. Son honneur, ne croyant manifestement pas en l'occultisme, affirme à haute voix le constat de ses hallucinations.
Juge Targat Ça y est ! Je suis devenu fou. Je suis en train d'halluciner.
Au bout de quelques instants, le juge se calme et s'attaque à la porte principale en hurlant pour sa libération.
Juge Targat Laissez-‐moi sortir !
Ouvrez-‐moi quelqu’un ! Un éclat de rire sardonique l’arrête et il tourne son regard en direction de ce qui semble être une entité fantomatique. Le juge médusé se transporte comme par enchantement sur la tribune et se trouve face à face avec un homme qu’il reconnaît.
Juge Targat (voix basse) Seán Lacey ? C’est impossible.
Scène 5 Extérieur, berges d’une rivière, soir Un policier éclaire le cadavre d’une jeune femme avec sa lampe de poche. Un homme accroupi, le coroner, observe la dépouille à demi couverte par un drap. On voit les reflets d’un gyrophare.
Le policier Une femme a téléphoné au poste pour dire qu’il y avait un homme louche qui rodait près de la
rive. Je suis venu faire ma ronde et j’ai découvert le corps.
Le coroner Elle a vraisemblablement été étranglée et abandonnée ici.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 22
Le policier Elle paraît si jeune. C’est dégueulasse de faire une chose pareille !
Le coroner
Parfois le plus sain des hommes peut abriter un démon. Le coroner cache totalement le corps de la jeune femme. Scène 6 Intérieur, salle d’audience, jour Le juge Targat, plus jeune, est assis derrière la tribune et regarde Seán qui est accompagné d’un policier.
Juge Targat Vous avez été reconnu coupable du meurtre de Joséphine Montreuil.
Je vous condamne conséquemment à la peine capitale.
Seán Lacey Je suis innocent !
Je le jure devant Dieu ! Le juge se lève et donne un coup de marteau sur le butoir.
Juge Targat Silence !
Le policier tente de faire taire Lacey d’un coup dans l’estomac, mais il se relève.
Seán Lacey Un jour vous payerez pour avoir condamné un homme innocent.
Un châtiment s’abattra sur vous.
Juge Targat À 8h20, le 26 juin 1979, vous serez pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Il attend quelques instants. La cour est levée.
Le juge donne un coup de marteau sur le butoir et la foule se fait entendre. Scène 7 Intérieur, prison, jour Seán se fait pendre.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 23
Scène 8 Intérieur, salle d’audience, après-‐midi Targat agrippe son marteau et fait raisonner le butoir plusieurs fois en criant.
Juge Targat Vous étiez coupable ! Coupable !
Seán Lacey
Non, j’étais innocent. Le fantôme s’avance lentement vers la tribune pendant que la lumière s’éteint. On entend le bruit de l'assistance. Scène 9 Extérieur, rue, jour Gros plan d’un journal qui est jeté sur le trottoir. On peut lire sur la page : Un juge meurt d’une crise cardiaque le jour de sa retraitre.
Fin
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Stories
Une pièce fantastique
Le juge Targat entre dans une salle d’audience déserte, et pour la dernière fois, puisqu’il vient de prendre sa retraite, s’assoit sur le fauteuil qui lui revient. Il réfléchit à voix haute et se remémore le bon vieux temps où il exerçait son droit de vie ou de mort sur les condamnés. Soudainement, il est interrompu par un bruit strident. Il se lève en sursaut, surpris, et sur la pointe des pieds, scrute la pièce. Ne remarquant aucun individu ni rien de louche, il demande donc à voir, avec un ton autoritaire, l’auteur de cette plaisanterie. Aucune voix ne lui répond. Nul son ne se fait entendre. Le magistrat laisse la tribune derrière lui pour vérifier les bancs de la salle. Une fois la vérification terminée, au moment même où il se retourne pour aller à son siège, il voit celui-ci s’envoler comme par magie pour aller se fracasser contre les portes principales de la salle d’audience. Visiblement estomaqué, Targat se met instantanément en colère et crie en direction de la tribune. Ne constatant aucune réaction, il marche rapidement vers le point d’envol pour n’y trouver que l’absence du fauteuil. Le juge craintif se dirige vers la sortie côté cour tout en pestant contre le provocateur et à l'instant même où sa main touche la poignée, il entend le loquet se verrouiller. Pris de panique, il fonce droit sur la porte par laquelle il est entré, mais elle est aussi fermée à clé. Son honneur, ne croyant manifestement pas en l’occultisme, affirme à voix haute le constat de ses hallucinations, et au bout de quelques instants, se calme. Il inspecte chacune des portes à nouveau afin de confirmer sa détention. Il s’attaque donc à la porte principale en hurlant pour sa libération, mais un éclat de rire sardonique l’arrête. Il tourne alors son regard en direction de ce qui semble être une entité fantomatique. Médusé, le juge se transporte comme par enchantement sur la tribune et se retrouve face à face avec l’un des hommes qu’il avait condamnés à la potence, trente années auparavant, pour le meurtre d’une fillette que l’on avait retrouvé dans la rivière Lafter. Targat agrippe son marteau et fait raisonner l’enclume en s’écriant : « Vous étiez coupable! Coupable! ». La lumière quitte la pièce pour laisser place à l’obscurité, et une voix grave répond : « Vous m’avez pris ma liberté. Maintenant c’est à mon tour. » Le silence qui suit fait ressentir toute la pesanteur des ténèbres. Soudain, les lumières de la salle s’allument et les applaudissements retentissent pendant que le rideau descend. Celui-ci s’élève ensuite pour laisser apparaître les acteurs qui effectuent leur révérence, qui une fois terminée, permet aux spectateurs de s’entasser près de la sortie. Le lendemain, sur la première page du journal local, nous pourrons lire « C’était une pièce fantastique! »
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L’Everest
La pluie, celle qui en une seule nuit nettoie la ville, venait de cesser après une journée de labeur.
Par la fenêtre de mon bureau, je pouvais la voir ruisseler tout le long de la rue Lafayette pour finir
sa course dans le bassin de la Villette. J’aurais bien voulu rester contempler la nature à l’œuvre
tout en me demandant pourquoi j’avais quitté ma Belgique pour ce commissariat du dixième
arrondissement, mais ce soir-‐là c’était vendredi, et tout le monde du dixième sait que vendredi
est une nuit plus chargée que les autres. Lorsqu’on m’avait offert cette affectation de nuit, on
m’avait dit que j’aurais beaucoup à faire puisque l’importante circulation aux abords de la gare
du Nord et de la gare de l’Est était la cause de nombreux méfaits, mais après une année passée
dans ce bureau minable, j’étais très loin du compte. Au début de chaque week-‐end, la montagne
de dossiers à traiter avait la fâcheuse habitude de se multiplier, et presque tous les dossiers
traitaient de vols à la tire, de fraudes, et de délits mineurs. Comme d’habitude, j’étais arrivé à mon
bureau vers 17 heures avec l’intention de lire mon journal avant de commencer le boulot, mais ce
soir-‐là, je n’avais pas eu le temps d’acheter le quotidien, et je n’avais surtout pas envie de rester
impassible devant cet Everest de papiers. Alors d’un mouvement décidé, j’ai attrapé mon imper et
j’ai averti mon jeune adjoint Simon Morel qu’il serait en charge des dossiers entrant durant mon
absence.
- Je vais me chercher un café, Momo.
- Mais commissaire, on a une cafetière neuve dans la cuisinette.
- Je sais.
Il m’a souri et a rajouté :
- Il paraît que plus on va le chercher loin, plus il est bon.
- Il risque d’être excellent dans ce cas.
- Je vous appelle sur votre portable si jamais il y a un problème.
Un signe de la main et j’étais parti.
Rendu à l’extérieur, content de ma décision, j’ai aperçu Guillot et Duval qui escortaient un homme
trapu, dans la quarantaine, qui arrivé près de moi, a craché à mes pieds comme si j’étais
responsable de son arrestation. Duval lui enfonça le bout de sa matraque dans l’abdomen et
l’homme s’est retrouvé à genoux sur l’asphalte mouillé. Pendant que Guillot traînait le malfaiteur
vers l’entrée du poste, Duval est venu m’expliquer ce qu’il en était.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 26
- On l’a chopé au bout de la rue, il était en train de tabasser une femme comme un dingue en
la traitant de tous les noms possibles. On a appelé une ambulance. Il aurait pu la tuer.
- J’espère que vous allez l’interroger en bonne et due forme.
- Ne vous inquiétez pas commissaire, le respect n’a pas sa place avec une ordure pareille.
Vous voulez voir ça ?
- Je vais prendre une petite marche de santé. Comme ça je ne pourrai pas vous empêcher de
faire votre devoir.
- Alors je vous souhaite une bonne promenade.
Il a rangé sa matraque et s’est dépêché de rejoindre son coéquipier. C’était le neuvième dossier
qui atteignait le sommet de l’Everest et ce n’était que le commencement de la soirée. Je ne m’en
faisais pas avec ça, Momo pouvait se débrouiller seul.
Je me suis rempli les poumons d’air frais, j’ai pris la même direction que l’eau de pluie, et pendant
que mes sens savouraient le climat postpluvial, mon cerveau songeait à l’endroit où me
mèneraient mes pas. À quelques mètres devant moi, monsieur André fermait son kiosque à
journaux.
- Bonjour commissaire Mullier ! Ça va bien ?
- Un peu blasé par la routine, mais ça va passer. Et vous ?
- Ça va très bien. C’est plus tranquille ce soir avec la pluie n’est-‐ce pas ?
- Tout semble calme en surface, mais malheureusement le crime n’a pas peur de l’eau. Si la
tendance se maintient, la soirée risque d’être chargée.
- Alors je ne vous dérangerai pas plus longtemps. Tenez, prenez le journal d’aujourd’hui. Il
m’en reste toujours quelques-‐uns à la fin de la journée.
En continuant mon chemin en direction du bassin de la Villette, j’ai ouvert le quotidien et j’ai
commencé à lire d’un oeil les actualités : La préfecture de la police au service des Parisiens, Un
découpage plus fin des territoires et des patrouilles plus nombreuses, Contrôle de la délinquance
dans le 1er et le 10e arrondissement. Tout ça n’allait qu’augmenter ma charge de travail ainsi que
mon désir de m’éloigner de celui-‐ci. J’ai donc replié le journal en vitesse et je l’ai mis sous mon
bras. Un homme aux allures sympathiques m’a salué en hochant la tête et c’est en lui répondant
que j’ai remarqué la vitrine parsemée d’affiches d’une agence de voyages. Je me suis donc rendu
pour la contempler puisque j’ai toujours eu envie de voyager, surtout depuis que j’ai accepté ce
Marc-‐Antoine Breton ©2016 27
boulot. Mon attention s’est détournée au moment où quelqu’un a déclenché la clochette de
l’entrée de l’agence. J’ai laissé mes rêves de côté pour reprendre ma route, et c’est à ce moment
précis que j’ai entendu le cri aigu d’une femme. Illico, je suis revenu jusqu’à la porte de l’agence,
qui brusquement s’est ouverte pour faire place à un homme patibulaire qui s’est empressé de me
jeter au sol pour s’enfuir en courant. Je me suis relevé courbaturé sans voir la direction que
prenait le colosse; c’était sans importance, à l'heure qu’il était je ne pouvais plus le rattraper, et je
le retracerais grâce au téléphone portable qu’il avait laissé tomber en me bousculant. J’ai
récupéré mon journal ainsi que l’indice principal de ce qui semblait être une nouvelle enquête et
me suis précipité à l’intérieur de l’agence de voyages.
En entrant, j’ai remarqué une jeune musulmane, les mains tachées de sang, qui pleurait en criant :
- Il a tué Clément ! Il a tué mon époux !
- Calmez-‐vous Madame. Je suis le commissaire principal du 10e arrondissement. Je vais vous
aider.
J’ai sorti mon porte-‐feuille et je lui ai montré ma plaque.
- Mon nom est Henry Mullier. Racontez-‐moi tout ce qui s’est passé.
Je me suis avancé pour regarder derrière le bureau et j’ai remarqué le cadavre d’un homme de
race blanche, d’environ 35 ans, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre, qui baignait dans une
mare de sang aussi grande que lui. Je me suis dépêché de sortir mon portable et j’ai appelé
aussitôt le commissariat. Guillot est venu rejoindre pendant que Duval terminait l’interrogatoire
pour le dossier précédent. Cinq minutes plus tard, le périmètre était sécurisé, et les analyses
étaient en voie de développement. J’ai profité du calme de la femme pour débuter un
interrogatoire. La clarification des faits m’a mené à un homicide dont la victime se nommait
Clément Dufour, un Parisien potentiellement innocent, dont l’agresseur présumé était un grand
inconnu de race blanche. D’après une rapide analyse du coroner, l’arme du crime était sans doute
le coupe-‐papier retrouvé près du corps inerte. Le témoin, qui s’avérait être la femme de la
victime, m’a assuré qu’elle ne connaissait pas le mobile du meurtre. Elle avait quitté l’arrière-‐
boutique pour répondre à un client et avait surpris par le fait même, l’assaillant près du cadavre.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 28
La nuit tombée, après avoir terminé l’examen de la scène du crime, je suis retourné au poste pour
amorcer l’enquête. Momo avait étudié une bonne partie des dossiers.
- Et puis ce café ?
- Comment est-‐ce possible de se changer les idées dans ce quartier si les criminels ne cessent
de troubler l’ordre publique ?
- C’est le but de notre travail non ?
- Je veux bien le croire, mais le sommet de la montagne continue quand même de s’élever.
- Quelle montagne ?
- Laisse tomber. Je dois être trop blasé pour penser que ces crimes auront une fin.
Il me regardait avec les yeux d’un homme qui croit pouvoir changer le monde et avant qu’il
réplique, j’ai enchaîné :
- Appelle Costa et dis-‐lui d’être ici au plus vite.
- Mais votre témoin est sous le choc, comment voulez en tirer un portrait fiable ?
- J’étais présent lorsque le suspect a pris la fuite.
Momo a appelé et je lui ai raconté toute l’affaire en attendant que Costa arrive. Plus tard, j’ai
donné la description du suspect à Costa, le plus talentueux de mes dessinateurs, qui en a fait le
portrait-‐robot. J’ai ensuite fait relever les empreintes et vider l’historique du portable que le
suspect avait échappé. Et pour finir, j’ai voulu appeler la compagnie de téléphone pour qu’elle me
donne toutes les informations relatives à l’activation de ce portable, mais en considérant l’heure
tardive, j’ai laissé tomber. J’allais apprendre un peu plus tard que ce téléphone avait été activé
sous une fausse identité, ce qui rendait impossible l’identification de son propriétaire. Comme
aucune empreinte ne pouvait m’aider à trouver le suspect, il ne me restait qu’une alternative.
L’historique contenait les numéros de 13 hôtels parisiens, et le dernier appel avait été effectué au
Holiday Inn Paris-‐République, cela au moment du meurtre. J’ai télécopié immédiatement le
portrait-‐robot du suspect à l’hôtel et j’ai reçu une confirmation visuelle quelques minutes plus
tard. Par conséquent, la piste prioritaire de mon enquête menait au Holiday Inn Paris-‐
République.
J’avais décidé de m’occuper personnellement de l’enquête, car j’étais un témoin clé. Cela tombait
bien puisque je ne voulais pas rester enfermé dans mon bureau. Je me suis rendu au 10, Place de
la République et lorsque je suis arrivé à la réception, mon hôte me fit attendre pendant qu’il
finissait de servir les clients. Durant ce temps, j’ai interrogé les quelques employés qui étaient à
Marc-‐Antoine Breton ©2016 29
l’entrée. Après quoi, je suis retourné auprès du réceptionniste, qui m’a remis toutes les
informations que je voulais savoir.
- Votre suspect s’appelle Jean-‐François Morin, 31 ans, originaire du Québec. Il séjourne ici
depuis la semaine dernière. Il a quitté l’hôtel cet après-‐midi et nous ne l’avons pas revu.
Pourquoi un Québécois logeant dans un luxueux hôtel parisien voudrait tuer un agent de voyage
qui travaille dans un quartier miteux ? Le mobile m’échappait toujours, mais j’étais confiant de le
trouver. Le réceptionniste a continué ses recherches dans le fichier virtuel et s’est arrêté
brusquement.
- Attendez ! Il a laissé un message sur sa boîte vocale dans la soirée.
- Puis-‐je l’entendre ?
- Non, nous ne pouvons pas écouter la messagerie vocale avec cet ordinateur, mais je peux
vous l’envoyer par courrier électronique.
- Parfait ! Je vais vous donner mon adresse. Envoyez-‐moi tout ce que vous trouverez sur cet
homme.
Avant de partir, je lui ai remis toutes les informations nécessaires pour me rejoindre et je suis
retourné au commissariat.
Simon avait l’air exténué. Il avait traité huit nouveaux dossiers depuis mon départ pour l’hôtel.
J’ai tenté de lui expliquer que ceux portant sur des délits mineurs pouvaient attendre, mais il a
voulu continuer de tout régler. Dans les circonstances, je l’ai laissé s’atteler à la tâche et j’ai
poursuivi l’enquête dans mon bureau. Après avoir demandé l’aide de Momo pour ouvrir le
fichier sonore de mon ordinateur, j’ai pu écouter le message que Morin avait laissé à l’heure du
meurtre.
- Laisse tomber l’autre. Il est finalement entré et il a tué l’agent de voyage.
- Bonjour !
- Ce n’est pas ce que vous croyez, je n…
L’appel se terminait par le cri très aigu de la femme de Dufour. J’ai réécouté le message plusieurs
fois et j’ai consulté le fichier de l’hôtel pour constater que le suspect y séjournait avec sa femme.
Après avoir parlé avec le réceptionniste de l’hôtel, j’ai sus qu’elle avait quitté le bâtiment en
même temps que son mari, et qu’elle n’était pas revenue non plus. Morin avait certainement
laissé le message à l’attention de sa femme. De quel autre homme voulait-‐il parler ? Si cet homme
était, d’après les dires du principal suspect, celui qui avait commis l’homicide, pourquoi Morin
Marc-‐Antoine Breton ©2016 30
avait-‐il fui l’agence de voyages ? Je me retrouvais devant une enquête de taille. Enfin, mes talents
d’enquêteur pourraient servir à autre chose que de signer une autorisation pour l’expédition d’un
petit voyou ou d’un batteur de femme vers l’établissement pénitentiaire adéquat.
J’avais besoin d’un mobile alors j’ai passé un coup de fil à Arnaud Raussin, un ancien collègue et
ami, qui travaillait maintenant à Montréal. Suite aux salutations et aux explications, je lui ai
demandé de me trouver toutes les informations qu’il pouvait au sujet de Jean-‐François Morin et
de sa compagne. En attendant son coup de fil, j’essayais de m’occuper en diminuant la taille de
l’Everest, mais le cafard m’est revenu aussi rapidement que l’orage qui avait commencé. J’ai donc
laissé ce fouillis de côté pour m’appliquer sur mes réflexions par rapport au mobile de
l’assassinat, tout en observant la pluie qui recommençait à déferler sur la ville. Au moment même
où ma patience commençait à espérer la réponse d’Arnaud, le téléphone a sonné. Lorsque que j’ai
décroché le combiné, je n’ai pas reconnu la voix de mon ancien collègue, mais plutôt celle du
nouveau stagiaire au laboratoire de police.
- Commissaire ! C’est Thomas, du labo. Le téléphone portable que vous nous aviez laissé vient
juste de sonner.
- …
- …
- Avez-‐vous répondu ?
- Oui, c’était la femme du suspect.
- Et puis ? Qu’a-‐t-‐elle dit ?
- Elle avait l’air très mal en point. Elle a seulement eu le temps de dire que le type qu’elle
suivait avait été à l’agence. Ensuite elle m’a raccroché au nez.
Thomas était au labo depuis un mois et il avait déjà la réputation d’être un parfait idiot.
- Les techniques de repérage ont-‐elles permis de retracer l’appel ?
- Non, monsieur. C’est quand je lui ai demandé où elle était qu’elle a raccroché. Voulez-‐vous
que j’essaie de la rappeler ?
J’étais découragé, alors j’ai conclu l’appel au plus vite.
- Non, laissez tomber. Si jamais quelqu’un rappelle, essayez de le localiser convenablement au
lieu de lui demander où il est. Ça pourrait être plus efficace.
J’ai reçu l’appel d’Arnaud quelques minutes plus tard. Il m’a demandé le numéro de mon
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télécopieur, et il m’a envoyé toute la documentation dont il disposait à propos du couple. Je me
suis donc installé à mon bureau et j’ai lu le dossier au son de la pluie. En résumé, Jean-‐François
Morin était un bon citoyen qui avait fait des études en criminologie pour devenir professeur à
l’Université de Boston, où il avait fait la rencontre de Laura Baker, une étudiante de dernier
trimestre qui n’avait indubitablement rien à se reprocher. Lors de leur nuit de noces, ils avaient
tous deux quitté les États-‐Unis pour se rendre au Brésil, et avaient complètement disparu de la
surface du globe. On avait retrouvé leurs traces quelques mois plus tard aux environs de Hong
Kong, et maintenant ils étaient à Paris. J’avais fini de feuilleter le dossier et de regarder les photos
des suspects, mais le crime restait toujours sans mobile. Mon esprit était peut-‐être trop focalisé
sur l’explication d’un meurtre, qui en fait était simplement injustifiable. J’allais porter les photos à
Momo pour qu’il m’en fasse des avis de recherche convenables, quand Duval est entré dans mon
bureau pour me faire signer le transfert du tabasseur de femme. L’homme en question avait
passé quelques heures dans la cellule du commissariat en attendant que je lise sa déposition, car
Simon n’avait pas le pouvoir de signer le transfert d’un détenu pour un autre établissement. Je
faisais l’échange des photos avec le document à signer quand Duval a remarqué qu’il connaissait
la femme sur les photos.
- C’est elle ! C’est elle la femme que l’autre sauvage a boxée au bout de la rue.
- Vous en êtes certain ?
- Vous pouvez me croire, j’ai l’œil pour regarder les femmes.
- Ça veut dire qu’il a peut-‐être un lien dans mon enquête.
- Si vous voulez que je l’interroge encore, ça va me faire plaisir.
J’ai lu la déposition de l’homme pour savoir s’il y avait un lien avec mon affaire et j’en ai remarqué
un. L’homme prétendait que la femme qu’il avait battue, s’était risquée à voler le billet d’avion
qu’il venait d’acheter à la fameuse agence de voyages, ce qui l’avait mis hors de lui.
- D’accord Duval, vous allez lui parler de l’agence. Moi je vais voir la femme à l’hôpital pour
qu’elle corrobore la version des faits. Surtout, ne lui parlez pas du meurtre, je m’en occuperai.
J’ai laissé l’autorisation du transfert sur mon bureau sans la signer, et je me suis rendu à l’hôpital.
J’espérais trouver Morin au chevet de son épouse, mais lorsque je suis entré dans la chambre, il
n’y avait que l’infirmière de garde qui était en train de border une femme dont le visage était
marqué par la violence d’un homme. Je lui ai demandé s’il était possible que j’interroge la
patiente, mais elle m’a expliqué qu’elle lui avait injecté une dose de calmants et qu’elle venait de
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s’endormir pour au moins trois heures. Comme mademoiselle Baker ne pouvait pas répondre à
mes questions, j’ai donc interrogé l’infirmière. Celle-‐ci me raconta qu’elle était de garde depuis
l’arrivée de la patiente, et que Laura n’avait cessé de réclamer son mari depuis qu’elle était là. Elle
m’a aussi dit que sa patiente répétait constamment qu’elle voulait seulement voir la destination
sur le billet. Après avoir remercié l’infirmière, je lui ai demandé de faire un message au mari de la
patiente, s’il venait à se présenter à l’hôpital.
- Dites-‐lui que nous avons besoin de son témoignage, et que s’il n’est pas coupable, tout
s’arrangera rapidement.
J’ai remis le numéro du poste à la garde-‐malade et j’ai quitté l’hôpital.
Sur le chemin du retour, je me suis mis à croire en l’innocence de Jean-‐François, et j’ai pensé que
s’il n’était pas coupable, quelqu’un d’autre l’avait précédé à l’agence. J’ai donc relu le témoignage
de la femme de Clément Dufour quand je suis arrivé au poste, et je me suis aperçu qu’elle
mentionnait avoir vu un homme d’environ 40 ans qui était venu chercher un billet d’avion juste
avant qu’elle se rende à l’arrière-‐boutique. Lorsqu’elle était revenue à l’avant pour répondre à
Jean-‐François, l’homme en question n’était plus dans l’agence, et Morin était près du cadavre.
J’avais découvert l’évidence même, un nouveau suspect dans l’enquête. J’ai quitté mon bureau
avec la certitude que ce petit homme trapu, prénommé Théo, était plus qu’un simple batteur de
femmes. Je me suis dirigé vers la salle d’interrogatoire en essayant de prévoir comment je
pouvais lui faire cracher le morceau.
Quand je suis entré dans la salle d’interrogatoire, Duval avait déjà cogné le suspect, puisque les
contusions étaient nombreuses. J’ai donc laissé de côté la violence physique et j’ai poursuivi
verbalement.
- C’est beau Duval, tu peux sortir. Je me charge du reste.
Duval est sorti sans dire un mot, en me faisant un petit sourire en coin.
- Maintenant qu’on est entre nous Théo, tu peux tout me dire.
- Vous dire quoi ?
- Ce que tu as fait à l’agence de voyages.
- Oh non, ce n’est pas vrai. J’ai tout expliqué à votre collègue qui vient de sortir.
- Eh bien il va falloir que tu recommences parce que je veux l’entendre de ta bouche.
Il a fait un long soupir, et il a débuté le récit.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 33
- Mon frère est en Californie et j’ai décidé de me payer le voyage aller-‐retour pour le voir. J’ai
rencontré l’agent de voyage qui se trouve près d’ici pour qu’il me planifie de belles vacances.
Lorsque je suis sorti de l’agence, j’ai pensé faire une visite à un ami qui travaille au café à
l’autre bout de la rue. Après lui avoir raconté ma future escapade en Amérique, j’ai voulu lui
montrer mon billet d’avion, mais la jeune dame est venue me l’arracher des mains. Je me suis
défendu. C’est elle qui a voulu me voler.
- Tu es certain que tu n’oublies rien ? Comme ce qui s’est passé dans l’agence après avoir
acheté le billet d’avion.
- Qu’est-‐ce qui aurait pu se passer ? J’ai seulement acheté un billet d’avion.
- Qu’est-‐ce qui aurait pu se passer ?! Le meurtre de l’agent peut-‐être.
- Quoi ! Je n’ai jamais tué personne moi.
- Je n’en suis pas si sûr. Peut-‐être que lorsqu’il est venu le temps de payer, tu t’es dit que ça
pourrait être gratuit.
- Pour qui est-‐ce que vous me prenez ? J’ai peut-‐être battu cette femme-‐là, mais ça ne fait pas
de moi un meurtrier.
- Tu n’es quand même pas un enfant de chœur. Ton dossier dit que tu as été arrêté pour vol
de voiture, coups et blessures, multiples agressions…
- Mais j’avais 20 ans quand j’ai fait ces niaiseries-‐là. Je veux bien croire que je ne suis pas un
citoyen modèle, mais la marge est grande entre moi et un assassin.
- Un homme qui peut battre une femme, peut tuer un autre homme.
- Si c’est comme ça que vous pensez pouvoir régler mon cas, moi je ne dis plus rien juste qu’à
ce que je vois mon avocat.
- D’accord, dans ce cas tu vas attendre longtemps.
Je suis sorti de la salle et je suis allé voir Duval qui avait tout écouté derrière la vitre sans tain. Il
m’a confirmé que Théo lui avait raconté exactement la même histoire qu’à moi. Le doute
commençait à m’envahir, et l’histoire de Théo tenait la route. Qui pouvait être l’assassin si ni
Morin, ni Théo ne l’étaient ? Je ne voulais pas attendre jusqu’au lendemain pour interroger Laura
Baker à son réveil, mais je n’avais plus de ressources à ma disposition. Comme un cri d’espoir,
mon portable a sonné, et j’ai répondu. C’était Momo qui voulait m’annoncer que Jean-‐François
Morin s’était rendu lui-‐même au poste, et qu’il m’attendait dans mon bureau.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 34
Je suis entré brusquement dans mon bureau, en oubliant les présentations.
- L’infirmière vous a fait mon message à ce que je vois.
- Quelle infirmière ? De quoi vous parlez ?
- Laissez tomber, je vous expliquerai plus tard. Racontez-‐moi plutôt votre version des faits.
- Vous devriez vous asseoir, car c’est une très longue histoire.
Je me suis assis sur mon siège et il a débuté.
- Connaissez-‐vous Edouard Murnau commissaire ?
- J’en ai vaguement entendu parler il y a quelques années de cela.
- Edouard Murnau est un grand criminel, un ennemi public recherché par le FBI. C’est un
allemand surnommé « Big Head », un voleur de bijoux qui a fait sa réputation en laissant une
tonne d’or et une cinquantaine de cadavres derrière lui.
- Quel rôle vient-‐il jouer dans cette histoire ?
- Laissez-‐moi tout vous raconter et vous poserez des questions ensuite, si vous en avez. Il y a
cinq ans, suite à son procès aux États-‐Unis, Murnau a été condamné à la peine de mort pour le
meurtre de six policiers américains. Lors de son transfert final jusqu’au couloir de la mort, il
s’est enfui, grâce à l’aide d’un complice, et a réussi à disparaître avec cinquante millions de
dollars en lingots de la réserve fédérale. Il y a un an, j’étais en lune de miel au Brésil et j’ai
reconnu Murnau à notre hôtel. J’en ai donc parlé à ma femme, et s’est poussé par l’appât du
gain, ainsi que par le plaisir de mettre en pratique nos connaissances en criminologie, que
nous avons décidé de le prendre en filature.
- Quel gain ?
- Le FBI offre une récompense pouvant aller jusqu’à un million de dollars pour tout
renseignement menant à la capture de « Big Head » Murnau. Nous avons eu beaucoup de
misère à le suivre jusqu’ici. Mais nous avons surtout eu énormément de chance, puisque nous
avons perdu sa trace plusieurs fois. C’est là que vous allez comprendre. J’étais à l’agence hier
lorsque Murnau a demandé un billet d’avion pour le Népal, mais l’agent de voyage n’a pas
voulu le lui remettre, car il y avait une complication avec le passeport. Murnau a commencé à
se méfier et lui a dit qu’il repasserait chercher son billet quand le problème serait réglé. Après
ça, nous avons eu beaucoup de difficulté à le suivre. Laura, ma femme, a donc surveillé l’hôtel
pendant que je m’occupais de l’agence de voyages. Elle m’a téléphoné avant que j’aperçoive
Murnau pour la dernière fois, c’était une heure ou deux avant le meurtre. Elle m’a dit qu’elle
croyait qu’il avait engagé un homme pour aller chercher son billet, et je lui ai demandé de
Marc-‐Antoine Breton ©2016 35
suivre cet homme pour ne pas perdre la trace de Murnau. J’ai ensuite tenté de la rappeler
pour lui dire que j’avais trouvé Murnau, mais son cellulaire était fermé. Je lui ai seulement
laissé un message à l’hôtel quand j’ai compris que Murnau n’avait pas eu besoin
d’intermédiaire pour récupérer son billet.
- Vous avez donc vu Murnau commettre le crime.
- Non, je suis resté à l’écart puisqu’il était très méfiant, et j’ai perdu sa trace lorsqu’il est sorti
de l’agence. Je suis donc entré à mon tour pour demander à l’agent s’il avait remis le billet à
Murnau, mais le constat du décès fut ma réponse. Je n’ai pas revu Murnau depuis, et comme
c’est vous qui avez mon cellulaire, je ne sais plus où est Laura.
Duval qui nous épiait depuis un petit moment, est entré dans le bureau en interrogeant Morin.
- Mais pourquoi un criminel recherché internationalement perdrait-‐il son temps en allant
chercher un billet d’avion dans une agence de voyages quand il peut l’acheter directement à
l’aéroport ?
Connaissant la réponse à cette question, j’en ai profité pour faire comprendre à Duval qu’il
pouvait nous laisser tranquilles.
- Mais voyons Duval, c’est justement parce qu’il est recherché qu’il ne va pas à l’aéroport.
C’est bourré d’agents qui pourraient le reconnaître. En allant à l’agence, cela lui permet de
prendre son vol à l’heure précise de l’embarquement en minimisant les chances de se faire
remarquer. Laisse-‐nous donc finir cette conversation et ferme la porte s’il te plait.
Un peu offusqué, Duval a quitté mon bureau en fermant la porte derrière lui. J’ai ensuite posé une
question à Jean-‐François.
- À quoi il ressemble ce Murnau ?
- Je n’ai pas la documentation sur moi, mais si vous allez sur Internet, vous allez trouver
presque tout le dossier que le FBI a monté sur lui.
J’ai suivi le conseil de Morin et je suis allé voir sur Internet, mais ma recherche fut inutile. Après
m’avoir convaincu de lui laisser le contrôle de la souris, Jean-‐François n’a eu besoin que de
quelques secondes pour trouver le dossier en entier sur le site en question. Lorsque j’ai vu la
photo du suspect, il m’a semblé l’avoir déjà aperçu. J’ai ressassé sans arrêt les traits du visage
dans mon esprit pour me rappeler où, quand et qui, et c’est a ce moment que le déclic s’est fait
dans ma mémoire. Je me suis rappelé avoir entendu la clochette de la porte de l’agence après
Marc-‐Antoine Breton ©2016 36
avoir rendu les salutations de l’homme aux allures sympathiques, qui en fait, était un homme
dans la quarantaine. C’était lui ! J’avais salué Murnau à la sortie de l’agence de voyages, juste
après le meurtre de Clément Dufour. Après cette observation, j’ai aussitôt appelé le service de
renseignements du FBI pour les prévenir de l’arrivée prochaine de Murnau au Népal. Ils m’ont
demandé d’où provenaient mes renseignements, et je leur ai expliqué rapidement que Jean-‐
François Morin était une source fiable, un criminologue réputé qui avait filé Murnau durant
plusieurs mois.
Après avoir raccroché le combiné, j’ai dis à Morin où était sa femme, et j’ai demandé à Duval de le
reconduire à l'hôpital pour il soit rapidement auprès d’elle. J’ai ensuite signé l’autorisation
concernant Théo, pour qu’il soit transféré sous les chefs d’accusation d’atteinte sur la personne et
pour avoir troublé l’ordre public. Pour finir la nuit, j’ai repris les obligations que j’avais laissées
entre les mains de Simon, et j’ai fait diminuer, au même rythme que la pluie, la pile de dossiers
qui était sur mon bureau. Au bout du compte, j’ai terminé le quart normalement, en laissant une
bonne hauteur à l’Everest. Quand je suis sorti du poste au petit matin, un soleil resplendissant se
levait sur Paris, et monsieur André était en train d’ouvrir son kiosque à journaux.
-‐ Bonjour commissaire Mullier ! Et puis, la nuit s’est bien passée ?
- Très bien. J’ai pu briser la routine et j’ai résolu une belle enquête.
- Tant mieux ! Quelle température magnifique ce matin, ça fait du bien après toute cette pluie.
- Comme dit le proverbe : « Après la pluie, le beau temps. »
- En passant, ils parlent de vous dans le journal ce matin. L’article principal raconte l’histoire
d’un couple de chasseurs de primes qui a fait le tour du monde pour attraper un dénommé
Edouard Murnau. Cet homme était recherché par le FBI depuis plusieurs années, et grâce au
couple, ils ont pu le capturer cette nuit. Le malfaiteur voulait s’enfuir en avion, mais son vol a
été annulé à cause de l’orage. Ils ont effectué l’arrestation ici, à l’aéroport de Paris. Le FBI a
affirmé qu’une prime de 500 000$ serait remise au couple et que vous pourriez être honoré
d’une médaille.
Je lui ai acheté une copie du journal et je suis retourné chez moi pour le lire. Mon dernier souvenir après m’être affalé sur le divan est le titre de la première page : « Le crime paie ! »
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Conte philosophique sur la création de l’homme (inspiré de La belle au bois dormant, l’histoire originale)
L'avenir est un lieu commode pour y mettre des songes, mais le passé est un gage d’expérience et
de sagesse. Le conte qui suit remonte au début des temps, à la naissance même du premier être
humain. Tous les êtres de la Terre étaient présents et de son nouveau regard, l’humain fut si
surpris qu’il n'a pas pu parler pendant presque deux ans. Tous étaient d’accord pour que les fées
offrent leurs dons au nouvel être, alors au fil du temps, chacune d’elles offrit un don magnifique :
l’une lui permit d’évoluer, l’autre de penser, l’une de voir la beauté du monde, l’autre de faire le
bien, et ainsi de suite. Mais une certaine fée, qui évitait les tentations à moins qu’elle ne puisse y
résister, était jalouse de cet être chétif et sans magie à qui l’on donnait tout ce qu’il n’avait pas
mérité. Elle décida donc de concocter le don le plus pernicieux de tous et de lui offrir, le don de la
découverte et du progrès technologique. Ce don est dangereux, car il est aussi bon que mauvais,
plus il est utilisé, plus le danger s’accroît. Pour commencer, l’être humain était apte à former le
peuple grâce à ce don, mais c’est de ce peuple qu’est né le désir d’avoir et de faire les choses qui
rendent nos semblables si différents. Comme il n'y a rien de plus ordinaire que ce désir d'être
remarquable, chacun s’est mis à faire des découvertes et à utiliser leur don du savoir et de la
connaissance. Ce fut, par conséquent, lors des siècles avenirs, que “le” peuple devint “les”
peuples, et que ces peuples devinrent de plus en plus malfaisants. Du seul fait que chacun ai
découvert ses propres idéaux et développé son propre progrès technologique, la convoitise
devint le mode de vie de tous. C’est à ce moment que la plupart des autres êtres on disparut, car
ils ne voulaient pas prendre part à ce fléau. En conséquence, des guerres entre tous les humains
se mirent à faire rage sur la surface de la planète. Lorsque la dernière fée dévoila la cause de leurs
malheurs, elle offrit à quelques-‐uns des humains le don de conscientisation. Après quoi, ils
prirent conscience de leurs actes et découvrirent que l'expérience est le pire des enseignants
puisqu’il donne le test avant la leçon. En se rappelant du passé si glorieux de la race humaine, où
hommes et femmes vécurent parmi les êtres surnaturels, ces humains tentèrent de faire revivre
la magie à travers l’écriture. Plusieurs centaines d’années s’écoulèrent, durant lesquelles une
bonne partie des habitants de cette planète se sont laissé duper par les mauvais aspects du
progrès et de la découverte. La pire de toutes ces découvertes fut l’automobile, car elle endormit
une grande majorité des peuples durant plus de cent ans. Endormit pour la bonne raison que
l’individualisme est le père de la solitude et que cette solitude étant le nid des pensées, est la
mère de tous les songes. Durant leur sommeil, l’automobile entraîna une à la suite de l’autre, la
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création de l’industrie à la chaîne, la surproduction, la surconsommation, la pollution et j’en
mettrais ma main au feu, la plupart des guerres qui suivirent. Depuis lors, le capitalisme c’est
employé à tuer la spiritualité, car au moment même où il a permis de se rattacher au capital
(réalité concrète et tangible), les peuples biens anesthésiés par le gaz d’échappement, ont accepté
ces valeurs sans avoir le don de conscience. Certains de ceux qui le possédaient ont tenté de le
transmettre, mais la plupart du temps, ce fut un échec. Profondément endormit, les peuples ne
pouvaient plus prendre conscience que la pire des erreurs est de ne rien faire lorsqu’on ne peut
que faire peu. Il y a donc que ceux qui ont le don de conscience qui peuvent tenter d’agir avant
d’être déshumanisé.
MORALITÉ : Parfois le progrès semble nous faire cadeau de certains avancements
technologiques, mais il faut bien prendre le temps de juger les conséquences de l'utilisation de
ces technologies. L'évolution est de plus en plus rapide, ce qui rend presque inaperçu le danger
de certaines découvertes. En cas d'échec, la puissance de ces innovations n'a d'égale que la
menace de l’effondrement de la Terre. À moins que les philosophes ne deviennent les souverains
du peuple ou que les souverains ne deviennent de vrais et sérieux philosophes, et qu’on ne voit
réunies dans le même sujet la puissance politique et la philosophie, il n’y aura pas de relâche aux
maux qui désolent le genre humain.
« Le sage poursuit les vices, non les hommes. » -‐ Pline le Jeune
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Pour quelques bulles d’air
Il était environ quatre heures du matin lorsque Conn McElroy, enquêteur de la police de Dublin,
reçut l’appel qui marqua le commencement de la plus dure enquête de sa carrière. La centrale de
police avait été informée un peu plus tôt dans la nuit, qu’un homme avait largué un colis suspect
sur les berges du quai numéro sept. Le policier chargé de la ronde avait découvert, grâce à
quelques bulles d’air à la surface de l’eau, le cadavre d’une fillette.
Conn arriva sur le quai quelques minutes après l’appel et la vue du cadavre le foudroya. Une
fillette rousse, en tout point comparable à sa propre fille, avait été vraisemblablement étranglée
et jetée par-‐dessus bord. Elle portait une petite robe bleue comme celle que sa fille aimait tant.
Dès que cette vision d’horreur prit fin, Conn se résolut à trouver le coupable de ce crime abject et
partit retrouver la vieille dame qui avait prévenu la centrale. Heureusement, cette dame restait
non loin du lieu de cette abomination et le brouhaha mené par l’enquête l’avait gardée réveillée.
Suite à un petit interrogatoire lors duquel elle lui fit la description nécessaire à l’esquisse du
portrait-‐robot, l’enquêteur n’eut pas la moindre piste à suivre puisque celles-‐ci le dirigeaient vers
la moitié des hommes d’Irlande, il conclut donc cette nuit par un assoupissement submergé de
réflexions.
Le lendemain matin, vers onze heures, il fut réveillé par sa fille qui sautait sur le lit en lui
annonçant qu’un homme voulait le voir à la porte de la maison. Avant de se lever, il serra sa fille
très fort dans ses bras et l’embrassa. Après lui avoir présenté l’homme en question, sa femme lui
expliqua qu’il était en réalité son père qu’elle n’avait pas vu depuis 10 ans puisqu’il avait quitté le
pays à cause de sa coopération avec l’IRA. Elle l’avait rencontré par hasard durant la matinée et
l’avait invité pour lui présenter sa nouvelle famille. Conn s’excusa et retourna travailler à la
centrale.
Aucun indice n’orientait la réflexion de l’enquêteur et lorsqu’il feuilleta les registres du crime, il
fut soudainement pris de panique et se dépêcha de rentrer à la maison. Comme il arrivait dans le
salon, où sa femme et son beau-‐père discutaient, il cria en direction de l’homme : « Pourquoi
avez-‐vous quitté l’Irlande ? ». Le beau-‐père ne lui donna que des bégaiements en guise de
réponse. L’enquêteur lui montra alors un article de journal vieux de 10 ans avec sa photo, et
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comme titre : « Principal suspect dans l’affaire des petites rouquines ». Les bégaiements du vieil
homme se transformèrent en convulsions et il mourut d’un anévrisme à l’instant même.
L’enquêteur finit son travail et téléphona à la centrale pour rapporter les faits. Le vieux fut
disculpé pour manque de preuves.
C’est seulement quelques mois plus tard, le 20 décembre 2004, que Conn reçut l’appel de la
centrale qui lui annonçait qu’une femme avait retrouvé le cadavre de son mari, suicidé par balle
dans son sous-‐sol, avec une bouteille de whisky vide et la confession de l’homicide en question
sur la table.
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Qui mourra verra Seán se réveilla en sursaut avec l’impression qu’une tige de fer lui traversait la tête. Des lumières
se mirent à clignoter et plusieurs personnes ressemblant fortement à des médecins s’affairèrent à
toute vitesse autour de lui. Il avait pourtant décidé d’en finir une fois pour toute avec ses
problèmes d’alcool et sa vie minable. Ayant repris conscience, il demanda aux médecins pourquoi
il vivait et combien de temps s’était écoulé depuis sa tentative de suicide. L’un d’entre eux
commença à rire et dit : « Il vrai que de s’en prendre au syndicat de l’usine à ozone était un acte
suicidaire. » Après avoir remarqué l’air surpris du patient, un autre des médecins expliqua à Seán
qu’il sortait d’un coma de deux mois suite à l’assaut d’un androïde qui travaillait à l’usine.
L’androïde lui avait presque défoncé le crâne mais un agent de sécurité avait abattu l’assaillant et
sauvé la vie de Seán.
Seán était confus et la douleur s’intensifia comme un battement de cœur à l’intérieur de son
cerveau. Androïde ? Usine à ozone ? «Où suis-‐je ?» s’exclama-‐t-‐il. Les médecins se consultèrent et
lui précisèrent que le choc qu’il avait subit avait certainement endommagé sa mémoire. Tous les
médecins quittèrent ensuite la chambre sauf un qui, pour éclaircir la mémoire de Seán, fit la
lumière sur son existence.
« Nous sommes le 30 août 2168 et votre nom est Buck Brozman. Suite au réchauffement
catastrophique de l’atmosphère terrestre en 2152, la couche d’ozone avait quasiment disparu.
Vous et vos collègues avez inventé et assuré la direction de la machine qui crée l’ozone nécessaire
à la survie de la planète Terre, mais la perte de milliards de vies humaines a contraint les
survivants à cloner des androïdes pour subvenir aux opérations de l’usine à ozone. Il y a quelques
mois, le syndicat des androïdes a mis fin au bon déroulement du mécanisme régénérateur et est
entré en grève contre ses propres créateurs. L’usine fonctionne donc à très faible rendement
depuis quatre mois et la Terre ainsi que ses habitants subissent les menaces de cette coalition.
Nous devons à tout prix mettre un terme à cette grève avant que l’atmosphère soit brûlé vive par
les rayons du soleil. Est-‐ce que vous vous rappelez maintenant ?»
Seán avait de plus en plus de difficulté à comprendre et la douleur des pulsations martelait
l’intérieur de sa tête. Était-‐ce Buck qui tentait de reprendre possession de son corps ? Toute cette
histoire lui donnait l’impression que son crâne allait éclater. Au même moment, il entendit une
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explosion et une secousse ébranla tout le bâtiment. Plusieurs personnes se mirent à courir dans
le corridor et le médecin sortit pour voir ce qui se passait. Seán se leva de son lit et marcha
jusqu’à la fenêtre, où il vit, par delà l’enseigne du quai numéro sept, le feu de l’apocalypse et le
chaos.
La douleur a cessé, il ouvre les yeux et aperçoit son sang qui coule sur la bouteille de whisky vide,
il entend le revolver toucher le sol, la vie le quitte.
Heure du décès : 19h37, le 20 décembre 2004.
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Nouvelles perspectives
Le cadran sonne à 7h tapant. Je me sens prêt à affronter une autre journée. Allez, debout! C’est
aujourd’hui qu’on officialise mon nouveau titre de directeur. Comme tous les matins, je prends mon
temps. Mon rendez-vous est à 8h30 après tout. Je m’habille en jetant un petit coup d’oeil par la fenêtre,
pour ajuster ma tenue selon la température actuelle : c’est une belle journée ensoleillée. J’imagine que
nous allons manger sur la terrasse. Tout va pour le mieux. Moi qui pensais que Londres n’y avait que
des journées brumeuses ou pluvieuses. Jusqu’à maintenant, la météo m’aura choyé. Pas une seule
journée de pluie, et du soleil en plus. J’ai envie d’un café, mais c’est vrai, je n’ai pas de cafetière. Je
m’en passerai. De toute façon, depuis que j’ai déménagé ici, j’ai troqué mon café matinal pour un thé,
par politesse, mais on dirait que mon petit déjeuner d’affaires avec le nouveau patron a réveillé une
vieille envie de caféine. Qui aurait cru que moi, Édouard Coben, simple vendeur de cellulaires,
deviendrait un jour directeur international des ventes EMEA pour Samsung? J’entends encore mon
ancien patron m’annoncer la nouvelle.
-Édouard, le siège social de la compagnie te convoque en entrevue, à Londres.
-Londres?
-Eh oui! Ça fait quelques semaines qu’ils cherchent un directeur international des ventes pour là-
bas, et comme je n’ai pas l’intention de quitter mon poste, et que tu es mon meilleur vendeur, j’ai
suggéré ta candidature.
Dire qu’au début j’avais peur de changer de pays. Si j’avais su que tout irait si bien, je ne m’en serais
pas fait autant pour rien. De toute façon, même si ça avait été compliqué, je ne pouvais pas passer par-
dessus une chance de promotion comme celle-là. Bon! Plus de temps à perdre. J’appelle un taxi.
-
Quand on mange au Del Arte, on peut dire qu’on a réussi dans la vie. La terrasse est remplie à craquer
de vestons-cravates, de montres en or, de bouteilles de vin qui valent plus que mon salaire
hebdomadaire, c’est la crème du gratin de Londres. Je suis un peu serré, il y avait du traffic au centre-
ville. L’important c’est que je ne sois pas en retard. Monsieur Gibbons, mon nouveau patron, est arrivé.
Je le vois lire son journal à l’ombre. Lorsqu’il me voit, il se lève et me tend la main, que je sers avec
vigueur, puis m’invite à m’assoir en balayant l’air de l’autre main.
-Bonjour mon cher Édouard. Assoyez-vous je vous pris.
-Bonjour M. Gibbons. Je ne vous ai pas trop fait attendre?
Je dépose ma valise et m’assois en face de lui. Avec un grand sourire, il rétorque.
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-Appelez-moi James, voyons. J’avais quelques commissions à faire en ville, alors je suis arrivé
un peu plus tôt, mais ce n’est pas grave, ça m’a donné le temps de parcourir l’actualité.
Un serveur arrive à notre table et nous offre chacun un menu. M. Gibbons se frotte les mains et rajoute.
-Alors, qu’est-ce qu’on mange ?
Le serveur dépose deux coupes à vin de son plateau sur la table, et nous propose.
-Je vous conseille la crêpe dentelle sauce au homard. Le homard est frais d’aujourd’hui.
Avant même que j’aie pu donner mon opinion sur la chose, le patron répond.
-Alors, ce sera deux fois ça, et une bouteille de Moët et Chandon pour commencer.
Il me fait un clin d’oeil en ajoutant.
-Un nouveau cadre supérieur, ça se fête!
Et c’est comme ça qu’on devient un riche. Sans s’en rendre compte. Un jour on fait partie de la classe
moyenne, en s’efforçant de gagner sa vie du mieux qu’on le peut, et le lendemain on est responsable de
la majorité des ventes pour une multinationale. J’y étais arrivé, enfin.
Marc-‐Antoine Breton ©2016 45
Song lyrics
The Melting Wish I see you every way, everywhere but mostly today, on the sidewalk. Always want to go to you but I’m too shy I can’t talk. Don’t know if you noticed me but I hope you will And even if you’d do it I think I’d just stay still. I lose myself into your eyes, my body feels like melting ice. It’s just so great. I have the heart of a fool and the brain of a tool. I just need you. Why in my head those situations work perfectly But when I try I always crash into reality. Love is a strange thing you agree, I feel it when you are near me. Because I waited a long time, I see you smile and it’s a sign. I lose myself into your eyes, my body feels like melting ice. It’s just so great. I have the heart of a fool and the brain of a tool. I just need you. All of you off course! There’s too much beauty in this world, I can’t choose between all those girls, I want them all Some think it’s sexuality but in the name of decency, I know I fall. Wish we had children of our own and this way we could build a home. But you are angels, I’m a martian and I’m dead straight to heaven. Why can’t we all live together ? We could try loving each other Polygamy is just a word. We don’t have to live like the birds. You all have something that worth fighting. Why do I wake up every morning Loving each of you that I see, nothing I can do “C’est la vie”. I lose myself into your eyes, “C’est la vie” My body feels like melting ice, “C’est la vie” I have the heart of a fool, “C’est la vie” and the brain of a tool, “C’est la vie” I just need you. All of you Yeah I just need you! All of you
Marc-‐Antoine Breton ©2016 46
The world could be a better place...
No I won’t take a rest I will push you until you all do what is the best
‘Cause we live in a mess It’s time to clean and save what’s left
We point fingers at those who abuse ‘Cause we really want someone to accuse
But stop acting like fools There is no right side to choose
Can’t you see that we’re all to blame We’re making the same mistake again
We give power to few of us And we let them control the game
What our world need now is a revolution Yes we have the solutions If you still think we don’t
Just take a moment and listen …listen well please!
No you cannot be wrong If you stop caring ‘bout money and start to be strong
No it won’t be that long If you do good things and listen that song
Marc-AntoineBreton©2016
Caligula Scene hidden by the curtain
Caligula enters a hall of the palace where Lepidus and his son are discussing. He cuts the conversation and addresses Lepidus.
CALIGULA (Caïus Augustus) Ah, Lepidus! I was looking for you precisely.
The son recognizes the emperor and stands to attention, raising his right hand as a salute.
LUCIUS (the son)
Ave Caïus Augustus!
Lepidus, a little embarrassed by this obsequious formality, hastens to continue.
LEPIDUS What do you want from me, my dear Caius?
Caligula looks at Lucius carefully before answering.
CALIGULA
I wanted to submit a question that bothers me about the Empire, but I think your son will be more able to answer, for his respect of the empire's greatness is clearly more solemn
than yours.
Annoyed, Lepidus contracts his face and shows a forced smile.
LEPIDUS But of course, my son is at your disposal.
Lucius is straight as a soldier and proud as he waits for the emperor's question. Caligula looks at Lucius without speaking, then looks towards Lepidus.
CALIGULA We no longer need you. You can retire.
LEPIDUS
(Insulted) I did not want to believe what the others were saying but it is true that your arrogance interfere with your judgment.
Lucius, surprised by this speech, looks at his father. Caligula is silent. That who harms the emperor, harms the empire, they say.
Caligula bends backward taking a deep breath, clenched lips and slap Lepidus.
Marc-AntoineBreton©2016
CALIGULA (Furious) Who do you think you are? My arrogance? You only think about your ego. So small, so easily upset, and dare to hide yourself behind the empire. You dare to do that to
the empire! Caligula slaps Lepidus again. Lucius is frightened at the events.
CALIGULA
My power and my arrogance come precisely with the fact that this empire is mine, and you dare to criticize such ways which are also those of the empire.
LEPIDUS
(Looking down) Why are you trying to humiliate me in front of my son?
Lucius gets out of his stupor, approaches his father and touches him with one hand to comfort him.
CALIGULA
(Angrier) Humiliated? You? And I? Don't you think you humiliated me just now?
Caligula starts beating Lepidus with his fists. Lucius intervenes and pushes the emperor to the ground to free his father.
LUCIUS Leave my father alone!
CALIGULA
(Shouts, standing up) Guards! Two guards come running into the room. Caligula’s pointing Lucius.
Stop that man! He will be executed tomorrow for treason.
The guards control Lucius while his father tries to intervene. One of the guards pushes him on the ground while they leave with the son. Discouraged, Lepidus gets up and rushes to Caligula.
LEPIDUS (Desperate) Why Caius? Why?
Caligula pushes Lepidus with one hand. Lepidus collapses and cries.
CALIGULA This death will make you think, Lepidus. One day you'll thank me about this.
Marc-AntoineBreton©2016
Context : At night, three men being part of the same criminal gang gather around the body of their
boss after hearing gunshots in the warehouse. Characters : -Roberto aka Bob - hefty handyman -Giovanni aka Junior - son of the boss - young mobster/businessman -Antonio aka Tony - brother of the boss - collector/hitman -Giussepe aka The Boss - the victim
Turnabout Light on a bloody body lying on the ground. Junior, visibly upset, points his gun left and right seeking the one who fired the shots. Bob and Tony come running, gun in hand. TONY. What's going on? JUNIOR. Someone shot my father. Bastard, if I find it. (shouting) Show yourself if you're a man! Bob scans the warehouse while Tony rushes towards the body. TONY. Giuseppe? Answer me, Giuseppe! Tony puts his fingers on the victim’s throat to feel the pulse and rises disappointed by the obviousness. TONY. I feel nothing. He is dead. BOB (to Junior). Were you able to see who it was? JUNIOR. No. There was nobody when I arrived. TONY. If there was no one, why have you fired your weapon? I can see the smoke from here. Junior looks at his gun still smoking and responds hesitantly. JUNIOR. I thought I saw someone run away, so I shot at him. Junior point his gun towards the bottom of the warehouse. Bob quickly go check. BOB. There’s no one here. The door is locked from the outside and the alarm would have sounded if someone had been there. TONY (to Junior). How many shots have you fired? JUNIOR. I don't know. One or two.
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Tony looks at Bob who lifts the chin with a slight grin as if he'd just understood everything and gave his consent for the next step. TONY (to the body). I knew that this boy would turn out bad. I told you Giussepe. JUNIOR (frustrated). What's your problem, uncle Tony? TONY. My problem is that we heard four shots and there are exactly four bullet holes in the body of your father. JUNIOR (shocked). What's the deal there? You think I killed my father. TONY. If I trust what your father told me, it wasn't going very well between you two lately. JUNIOR (surprised). And I would've killed him for that? Tony, it's my father you're talking about. TONY. Exactly. It's my brother and I know him well. He looks at the corpse and resumes. Knew him well… (short pause showing his regret) He probably told you what you didn't want to hear. That soon it will be me who will take the reins of the company, and you couldn't accept that. JUNIOR (angered). I’m his son! I should be the one who… As he speaks, he raises his gun towards Tony. Quickly, Bob stops the movement and grabs Junior. Tony hammers Junior on the head with his gun while Bob arm locks him from behind. TONY (furious). Your own father, Giovanni! Family is sacred and you spit on it for a simple matter of ego. You always got what you wanted, and you complain, still. Tony hammers him again in the face and throw a punch in his stomach. Junior's face is covered in blood and he's choking. Bob's holding him right. TONY. I'm really disappointed in you, Junior. Tony raises his gun and points it towards Junior. The light fades to black.
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Deep Into the Woods
Longache was a very small town away from the rest of the world, lost in the depths of the northern woods, near
Radisson. Dr. Pearson hoped to find answers to his questions there. The origin of the three primitive children he
had found the day before. By far, this town suggested a picturesque look, under which a closer look, quickly
turned into decrepitude. The land was full of scruffy buildings, showing signs of time. The doctor arrived near
what looked like a dilapidated house, forgotten there for centuries. He wanted to come closer, to attempt a first
contact with the inhabitants of the burg, but doubt gnawed at him. The slightest chill could reduce this remains to
nothing. He put a hand on his coat pocket, like he was searching for a cure, and suddenly felt relieved of what he
had found. A sip from his flask of gin would give him courage. Preparing to face the unknown, he raised his
elbow, and as it was coming down, along with the provider arm, a figure appeared at the window. Surprised, the
doctor remained quiet and still. The missing figure and his absence hinted a strange creak, as if the house was
finally giving up the ghost, but the door opened to reveal a repugnant being whose own smell was fleeing so
much his ugliness was horrifying. A man, or at least what was left of it, with dirty skin that seemed to rot on his
face... and everything else.
-Well, it seemed that I had smelled something. This seems to be good. You're not the kind not to share
with others, are you?
The doctor was still in shock. He paid no attention to the hand outstretched by the disgusting thing that was now
facing him. The beggar saw the effect he had on the traveler, and continued, still holding his hand.
-Ah, me it's Scabby Pete. They call me that because ... well ... you can see! What's in that little bottle of
yours?
-Alexander Pearson, automatically answered the doctor, like he just got out of an unspeakable
astonishment.
He didn't dare to shake the hand extended to him, and decided instead to deposit the flask, that the man took
pleasure to tend to his mouth. Alexander stared shamefully at the man, as if he couldn't help looking at the
horror. After a few seconds, the bottle was empty. Pete shook his arm to knock off a few drops he hoped to
receive, before realizing that there really was nothing left. He went to the doctor exclaiming.
-Well, it doesn't contain much yer stuff! I'd rather use my good ol' glass bottles. At least those don't let you
die of thirst after just a lick of it.
The doctor remembered the purpose of his visit and decided to start his investigation by adjusting himself to the
level of the disgusting man.
-It tells you something the Tana River? Was lost looking for a family that has forgotten their children at
my home.
Marc-AntoineBreton©2016
Scabby Pete did not flinch for a moment, and began to scratch his head to get a piece of unknown origin out, like
a skin crust that has torn his greasy hair. He wiped the residue on the side of his thigh before seeing Alexander
was still awaiting a response.
-Well, maybe, he replied.
The curious and disgusted doctor wanted a clear answer.
- Maybe what? You know or not?
The scabby man felt unwelcome and offended.
- Maybe you’ll find what you’re searching at Smithy’s Body Shop. It’s further down the woods.
Pete went back inside without adding anything, and the doctor gasped, disappointed with the events he had lived,
and his now empty flask.