présentation du dialogue entre entreprises minières et ... · réaliser pleinement la vocation...
TRANSCRIPT
17e Colloque international en évaluation environnementale, du 12 au 15 juin
L’évaluation environnementale pour une gestion durable des ressources minières, énergétiques et biologiques
Présentation du dialogue entre entreprises minières et collectivités locales,
dans la région du Sénégal oriental
Marina Isabelle Gueswendinda BAMBARA
Assistante, Chercheuse
Université Cheikh Anta Diop, Institut des Sciences de l'environnement,
Unité d'Enseignement et de Recherche « Éthique, Gouvernance, Responsabilité Environnementale et Sociale »
Sénégal
Professeur Abdoulaye SENE
Sociologue Environnementaliste
Institut des Sciences de l’Environnement, Université Cheikh Anta DIOP de Dakar. Il
dirige le Groupe de Réflexion et d’Action sur la Responsabilité Sociale et Environnementale (ISE, UCAD)
ainsi que le Master « Éthique, Gouvernance, Responsabilité Environnementale et Sociale » de la même institution
Philippe BARRY
Expert du secteur privé
Directeur de l’Initiative RSE Sénégal.
Principales formations
- Diplôme d'Études Appliquées en Sciences de l'Environnement
- Master II en Management des projets
- Diplôme d'Études Appliquées en Gouvernance Internationale/Environnement
- Maîtrise en droit
Fonction actuelle
- Assistante chargée du Master « Éthique, Gouvernance et RSE » de l'Institut des Sciences de l'Environnement
- Chargée de Recherches au sein de l'Unité de Recherche sur la RSE en collaboration avec RSE SENEGAL
Activités et expériences en lien avec le Forum
- Préparation pour Participation au 4e Forum de Dakar sur la Responsabilité Sociétale sur le Thème « RSE, Énergie
et Mines en Afrique de l'Ouest »/Communication sur les Besoins et difficultés des compagnies minières dans
leurs relations d'affaires avec les acteurs économiques locaux et présentation de modèles de partenariat
- Participation au Troisième Forum de Dakar sur la Responsabilité Sociétale sur le thème l’Ancrage Territorial des
entreprises dans le cadre de la RSE/Communication sur le Dialogue entre entreprises et collectivités locales au
Sénégal
- Participation aux ateliers nationaux sur la révision du code de l'environnement du Sénégal dans sa version issue
de la Loi n°2001/01 du 15 janvier 2001
Résumé
À la faveur de la remontée des cours mondiaux de l'or, le Sénégal a depuis 2003 entrepris de réaliser pleinement la vocation
minière de sa région orientale. L'environnement attractif crée a favorisé l'installation de groupes industriels multinationaux. Alors
que cette dynamique avait suscité d'énormes attentes en terme d'engagement sociétal et de réduction de la pauvreté, le
constat aujourd’hui est mitigé, car la région demeure l'une des plus pauvres du Sénégal avec plus de 50 % des ménages vivant
en dessous du seuil de pauvreté. De fait, cette situation rend d'autant plus difficile l'acceptabilité sociale des projets miniers. En
effet, avec les nouvelles exigences d'un développement plus solidaire et équitable des questionnements très poussés se posent
sur les rapports entre l'entreprise et son territoire. L'industrie minière qui comporte d’énormes enjeux environnementaux,
économiques et sociaux est particulièrement au cœur de ces questionnements. D'où l'idée d'effectuer une analyse du dialogue
et des relations entre les entreprises minières et les acteurs de leur territoire d'implantation afin d'optimiser les effets attendus de
l’exploitation minière.
L’objectif était l’analyse des interactions entre l'entreprise minière et sa partie prenante « collectivité locale » pour une
construction durable des territoires.
L’étude exploratoire a mis en présence deux entreprises minières (OROMIN ET IAMGOLD) et les autorités administratives
décentralisées de leurs territoires. La méthodologie utilisée se décline en quatre phases : la revue bibliographique,
l'échantillonnage, la confection des outils de recueil de données, la réalisation des entretiens et des missions de terrain. Un
premier rapport d'étape a été présenté au 3e forum de Dakar sur la Responsabilité Sociale d'Entreprise suivi d'un rapport définitif
incluant des recommandations générales qui devront faire l'objet d'un plan d'action.
L'étude a révélé le caractère embryonnaire du dialogue qui se limite à des échanges ponctuels au gré des besoins. L'absence
d'un cadre de gestion concertée de la relation entreprises minières – collectivités au Sénégal oriental rend difficile le
développement d'initiatives de responsabilité sociétale des entreprises. Et, afin de contourner les difficultés des approches projet
de développement durable liées à celles du partenariat, les entreprises minières ont une tendance poussée à investir dans les
infrastructures de base et à faire des appuis ponctuels et institutionnels aux collectivités ce qui en fait plus des mécènes que des
acteurs responsables. D'où la proposition finale d'un cadre de concertation tripartite (Collectivité locale - État - Entreprise minière)
flexible et évolutif qui permettra de favoriser une compréhension commune des rôles, missions, préoccupations, attentes et
possibilités de chaque partie.
« Les entreprises représentent encore un potentiel largement inexploité en matière d’aide au développement. Le principe n’est
pas de faire de l’acteur privé le seul et unique dépositaire des moyens d’éradication de la pauvreté, mais de définir les modalités
d’un engagement qui, tout en respectant la performance économique de l’entreprise, contribuera à l’effort collectif d’aide au
développement. »
Introduction
Il est à noter que le Nouvel Ordre Economique consécutif au mouvement de mondialisation et de libéralisme se caractérise
principalement par l’affaiblissement du rôle de l’État et l’arrivée en force d’un acteur majeur sur la scène internationale :
l’entreprise privée. Dans le même temps, la montée en puissance de la société civile et les nouvelles problématiques
environnementales et sociales de la seconde moitié du 20e siècle ont fait émerger des questionnements grandissants sur les
rapports entre l’entreprise et la société. Le nouveau paradigme du développement durable dont le corolaire pour l’entreprise est
le concept de Responsabilité environnementale et sociale va offrir à celle-ci un cadre de redéfinition et de reconquête de sa
légitimité quelque éprouvée par les externalités négatives engendrées par son activité.
Figure 1 : Articulation Développement Durable et RSE, M. BAMBAR
Au nom de cette nouvelle Responsabilité Sociale et Environnementales, les entreprises s’imposent volontairement des principes
de conduite devant faire d’elles des acteurs du développement durable.
La norme ISO 26000 qui constitue aujourd’hui le consensus en la matière définit un ensemble de sept questions centrales devant
être prises en compte de façon reliée et interdépendante par l’entreprise pour déployer sa politique RSE. Le rôle de l’entreprise
dans le développement local abordé sous la question 6.8 « communautés et développement local » en définit les contours
majeurs.
Carte 1 : Carte des régions du Sénégal
Le Sénégal oriental offre un cadre d’analyse idéal des enjeux qui entourent les relations entre l’entreprise et les acteurs de son
territoire d’implantation. En effet, depuis 2003, à la faveur de la remontée des cours mondiaux de l’or, le Sénégal a entrepris de
réaliser pleinement la vocation minière de sa région minière par excellence, Kédougou. Les réformes entreprises ont créé un
environnement attractif qui a favorisé l’installation de grands groupes industriels multinationaux. Aujourd’hui, près d’une décennie
après; ce boum minier est encore loin de répondre aux attentes économiques et sociales de cette région. Elle figure toujours
parmi les plus pauvres du Sénégal avec 86 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté quand le niveau des
investissements par tête d’habitant la classe dans le peloton de tête des régions du Sénégal. Quelles sont donc les relations entre
entreprises minières et entreprises locales dans la région de Kédougou? Quelles sont les marges de manœuvre dont disposent les
unes et les autres pour aboutir à cette finalité commune du développement économique durable? Surtout, comment rétablir les
déséquilibres économiques et sociaux des territoires regorgeant de ressources importantes, mais paradoxalement immergées
dans une pauvreté extrême. Le dialogue des deux entités est ici approfondi à travers l’examen spécifique des relations d’affaires
issues des chaînes d’approvisionnement des entreprises minières dans la région de Kédougou, OROMIN et TERANGAGOLD.
Où vont les flux financiers d’approvisionnement émis par les entreprises minières?
Les entreprises minières constituent de vastes enclaves territoriales fortement consommatrices de biens et de services. Le
graphique des fréquences d’achats sur l’année 2010 fait ressortir d’importants mouvements d’approvisionnement avec des pics
pour les services de transport (plus de 140 fois/an) la restauration (environ 50 fois/an) et le matériel de quincaillerie et plomberie
(un peu moins de 40 fois/an).
Kédougo
u
17e Colloque international en évaluation environnementale, du 12 au 15 juin
L’évaluation environnementale pour une gestion durable des ressources minières, énergétiques et biologiques
Les calculs effectués à partir des comptes fournisseurs nationaux des entreprises minières au cours de l’année 2010 permettent de
dégager les tendances suivantes :
0
20
40
60
80
100
120
140
160
Les fréquences d'achats
0
50
100
150
200
250
300
350
400
Mill
ion
s F
CFA
Axis Title
Autres
Tambacounda Kédougou Dakar
Figure 2 : Répartition spatiale des achats de moins de cinq cents millions FCFA/an
La synthèse du précédent graphique indique que 79 % des achats de moins de 500 000 000 FCFA/an sont réalisés à Dakar, la
capitale, contre un pourcentage de 13 % à Kédougou et de 7 % à Tambacounda (ancienne région d’appartenance de
Kédougou).
Figure 3 : Répartition spatiale des achats de plus de cinq cents millions FCFA/an
En progressant vers les catégories drainant d’importants flux financiers annuels (de l’ordre de plus de 500 000 000 FCFA/an), les
achats sont plus accentués sur la région de Dakar à hauteur de 96 % contre seulement 3 % à Kédougou.
79%
13%
7%
1%
Dakar
Kédougou
Tambacounda
Autres
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
Mill
ion
s FC
FA
Autres
Tamba
Kédougou
Dakar
La répartition globale de tous les flux financiers place logiquement Dakar en tête des villes où l’approvisionnement minier se fait
essentiellement (97 %). En définitive, seuls 2 % des flux financiers sont absorbés par Kédougou, territoire d’implantation des
entreprises étudiées.
Pourquoi un si faible taux d’approvisionnement local des entreprises minières dans la région de Kédougou? ?
Nous avons relevé deux raisons majeures pouvant expliquer la faiblesse des achats locaux. S’il apparait vraisemblablement que la
région est peu adaptée au boum minier en cours, il faudrait ajouter que la pratique RSE des entreprises minières observées rester
peu à même d’impulser des changements attendus d’une démarche d’engagement sociétal.
L’observation du tissu économique de la région de Kédougou laisse clairement entrevoir la faiblesse des moyens humains et
financiers des TPE et PME pour répondre aux besoins des entreprises minières. Ce tissu est majoritairement constitué de
Groupement d’Intérêt Economique (GIE) dont le caractère « micro » ne permet pas à une seule entité de répondre efficacement
aux besoins d’approvisionnement en terme de qualité, de quantité et de prix. La difficulté de réunir l’ensemble de ces critères est
un facteur de dispersion, de rallongement et de renchérissement des chaînes d’approvisionnement
Figure 4 : Différence des chaines d’approvisionnement entre Dakar et Kédougou
96%
3% 1%
Dakar Kédougou Autres
GIE
TPE
PME Entreprise
minière
Besoin d’approvisionnement
Achats à Kédougou
Site minier
Achats à Dakar
Entreprise
minière
Société de
distribution Site minier
Pour combler ce déficit, les entreprises minières se retrouvent dans l’obligation de construire des chaînes d’approvisionnement
longues, complexes, et sources de tensions dans la région d’implantation.
Cette faible capacité opérationnelle se retrouve également dans l’approche entreprises locales et entreprises minières. En effet,
des données recueillies, on relève que près de 50 % des acteurs reconnaissent jusque-là n’avoir pas tenté d’entrer en relation
avec les compagnies quand 42 % d’entre eux affirment avoir échoué et que seulement 8 % ont réussi à nouer des relations de
partenariat. Le « manque de temps » ou plus généralement « l’attente d’une démarche groupée » portée et/ou appuyée par
une institution publique et censée donner plus de poids à la requête son entre autres les raisons avancées. D’autres plus
catégoriques arguent de « la non-nécessité d’une démarche auprès des miniers » qui semble-t-il « risquerait de fausser les règles
de jeu et de pouvoir ». De fait, la dynamique de croissance de la région reste méconnue des opérateurs miniers du fait
essentiellement de l’absence et/ou l’inadéquation de l’approche que les opérateurs économiques locaux ont vis-à-vis des
compagnies minières
Ces difficultés auraient-elles pu trouver un début solution à travers une Politique d’achats locaux des entreprises minières dans le
cadre de leur RSE? Très certainement. Nous abordons ici l’examen des politiques de RSE des entreprises étudiées. Si
l’approvisionnement local est une forte préoccupation des opérateurs miniers interrogés (100 % des responsables interrogés ont
montré un vif intérêt pour l’approvisionnement local lorsque celui-ci est disponible et respecte les critères présentés
précédemment), on relève que les actions initiées dans ce sens restent très parcellaires et ne sont pas incluses dans un cadre
d’action global. Les procédures devant guider le choix du fournisseur, les catégories de besoins, les niveaux et délais
d’approvisionnement ne sont pas connus au préalable d’où les difficultés rencontrées pour les opérateurs économiques locaux
dans la planification et la prévision des besoins. De même, il faut dire que le choix du fournisseur local reste très lié au privilège du
préalable et aux relations intuitu personae existant entre le centre d’émission et le centre de réception des demandes liées aux
approvisionnements. En conséquence, le faible niveau d’achats locaux effectués (moins de 2 % des flux financiers
d’approvisionnement) reste malheureusement concentré entre les mains d’un minimum de fournisseurs
Entreprises minières et acteurs économiques locaux dans la région de Kédougou : un « dialogue » de sourds
L’analyse des critères d’achats des entreprises minières permet de mesurer le niveau d’incompréhension mutuelle entre ces deux
catégories d’acteurs :
- Sur la qualité : c’est le point de discorde le plus saillant. De l’avis des entreprises étudiées, la rudesse de l’environnement
minier impose l’usage rigoureux de produits et services de grande qualité. Tandis que du côté des acteurs économiques
il y’a la conviction de répondre à ce critère, les entreprises avancent que le critère qualitatif est rarement rempli de
façon convenable. En conséquence, les approvisionnements locaux au mieux stagnent à de très faibles niveaux (ce qui
se répercute de façon négative sur l’opérationnalité des acteurs économiques et au) et au pire régressent ou sont
suspendus.
- Sur la quantité : les entreprises minières relèvent l’incapacité des petites entités économiques de la région de Kédougou
à répondre dans les délais aux commandes effectuées et jugent leur capacité d’anticipation et de prévision faible. Sur
ce point, ces derniers relèvent être parfaitement en mesure de répondre à cette exigence si tant est que les besoins et
procédures soient connus longtemps à l’avance.
- Sur le prix : de l’avis des entreprises minières, les prix des biens et services disponibles à Kédougou est plus élevé que ceux
pratiqués dans les autres villes. Le fait est simple : Kédougou n’étant pas une ville industrielle, la plupart des opérateurs
économiques se ravitaillent à Dakar, la capitale; ville où les entreprises effectuent aussi également la majorité de leur
approvisionnement. La deuxième raison est liée à la hausse volontaire des prix quand le client est une entreprise minière
d’où parfois la rupture de la relation de confiance. Cet argument est cependant balayé d’un revers par les opérateurs
qui estiment que leurs prix sont beaucoup plus concurrentiels.
Une RSE très basique pratiquée dans la région de Kédougou
L’examen des relations d’affaires entre les entreprises minières et les acteurs économiques de la région de Kédougou démontre
l’ampleur du fossé qui sépare les deux catégories d’acteurs. Le dialogue l’élément clé d’un ancrage territorial y est très
embryonnaire.
Figure 5 : Intensité des pratiques d'ancrage territorial des entreprises minières (DUNN ET LAPALME, 2007)
Certes, le contexte socio-économique précaire justifie le fait que les entreprises minières rencontrent des difficultés à nouer des
partenariats durables avec les parties prenantes locales (problème de légitimité des acteurs, réflexe d’action par groupe
différencié, absence de structuration de requêtes, etc. ). Afin de contourner ces difficultés, elles s’investissent par défaut dans des
actions ponctuelles et moins exigeantes en terme d’engagement (construction d’infrastructures sociales de bases — écoles,
postes de santé, routes; forages — , subventions, dons, etc.), ce qui reste un niveau très basique de Responsabilité. Il est toutefois
à noter également que les attentes des populations locales vis-à-vis des entreprises minières sont assez élevées dans cette région
qui cristallise une forte demande économique et sociale d’autant plus que l’État y a joué un très faible rôle. Comment l’entreprise
minière pourrait agir de façon plus responsable tout en ne se substituant pas à l’État qui reste tout de même garant de l’intérêt
général. Voici quelques pistes de solution.
Quelles perspectives pour l’avenir?
Dans toute recherche de solution, il convient de garder à l’esprit que les projets miniers ont une durée de vie limitée d’où
l’importance d’une action rapide afin de saisir l’opportunité de développement que représente le boum minier encours de
réalisation dans la région. Il faut cependant nécessairement passer par une redéfinition du rôle des acteurs avant d’instaurer un
cadre de dialogue multipartite.
- Une nécessaire (re)définition du rôle des acteurs
Rôle des entreprises minières : Développer une politique de Responsabilité Sociétale impose d’en assurer le
leadership. Les entreprises minières doivent être au-devant de la scène et amener progressivement les
opérateurs locaux à se comporter eux aussi de façon responsable. Il importe pour elles de définir des politiques
cohérentes et de construire l’environnement propice à leur application.
Rôle des acteurs économiques locaux: ils doivent sortir de leur attitude quelque peu attentiste afin de
développer des outils leur permettant de s’adapter à l’environnement minier
Et l’État? : Dans une logique de RSE, il convient bien évidement de se garder de toute incitation à la création de
norme juridique obligatoire. Cependant, vu l’importance du déséquilibre entre les deux catégories d’acteurs,
l’État doit, nous le pensons, se poser en régulateur. . Dans une logique incitative, il devrait promouvoir à l’achat
local dans les chaines d’approvisionnement des entreprises tout en tenant compte bien entendu des spécificités
et des potentialités de la région. Le code minier du Sénégal de 2003 fait clairement référence au principe du
« libre choix des partenaires, fournisseurs et sous-traitants » (article 89) tout en incitant les titulaires de titres miniers,
leurs fournisseurs et leurs sous-traitants à « utiliser autant que possible des services et matières d’origine du
Sénégal, les produits vendus ou fabriques au Sénégal dans la mesure où ces services et produits sont disponibles
Partenariats durables
Accroissement des capacités
Formation et l'education
Mise à profit des relations :
Emploi
Approvisionnement local
Subventions et dons
"Colliers et babioles"
à des conditions compétitives de prix, qualité, garanties et délais de livraison » reprenant ainsi les mêmes
prescriptions que l’article 71 du précèdent code de 1989. Actuellement, aucune mesure visant à inciter à
l’approvisionnement local dans les territoires d’implantations des entreprises minières n’existe.
- Vers l’instauration d’un cadre de dialogue
La faiblesse du niveau d’échanges entre les deux catégories d’acteurs étudiés nous mène à réfléchir à la mise en place
d’un cadre de dialogue qui permettra aux deux protagonistes d’échanger régulièrement sur leurs attentes respectives.
Cet espace de communication permettrait de diffuser les informations d’une part sur les potentialités de la région (base
de données de fournisseurs) et d’autres parts sur les besoins et attentes des entreprises minières et de tirer tout le
bénéfice d’un engagement sociétal plus affirmé.
Figure 6 : Proposition d'un cadre de dialogue entreprises minières et acteurs économiques locaux dans la région de Kédougou
En définitive
Si les politiques d’achats responsables deviennent de plus en plus des outils-clés de responsabilité sociale des entreprises minières,
elles peinent encore à trouver un terreau favorable d’application dans la région minière de Kédougou. Le constat majeur est que
le niveau des relations d’affaires entre les entreprises minières et les TPE/PME de Kédougou est si faible qu’au stade actuel, il est
difficilement envisageable que le développement local puisse être impulsé par les chaînes d’approvisionnement des
compagnies minières. Cependant, si la volonté d’améliorer les achats locaux du côté des entreprises minières est fortement
perceptible, elle reste confrontée à des contraintes majeures. Celles-ci auraient pu être valablement surmontées dans le cadre
de politiques RSE globales et cohérentes qui auraient permis d’améliorer le dialogue, de prendre valablement en compte les
attentes des parties prenantes et de tirer tous les bénéfices liés à de bonnes pratiques de RSE. Il importe donc aujourd’hui de
travailler davantage à une intégration plus forte de la RSE dans les entreprises minières, afin de minimiser les risques éventuels liés
à l’insuffisance des relations. Cette intégration permettra dans le même temps aux entreprises minières de tirer profit des
opportunités qu’apportent des partenariats construits dans la durabilité (en terme d’acceptabilité sociale, de réduction des coûts
de production, etc.) pour une performance globale de l’entreprise. Cependant, il faut garder à l’esprit que l’outil « achats
locaux » n’est pas une panacée, mais un moyen d’impulser le développement économique local. Le caractère non durable des
projets miniers impose de trouver des débouchés parallèles pour amortir les conséquences non moins complexes liées au retrait
de la mine.
Bibliographie
IMS, Eyrolles « La Société, une affaire d’entreprise? L’Engagement Sociétal des entreprises : enjeux, pratiques et perspectives »
2006.
GRATZFELD (Joachim), (Ed.) (2004). Industries extractives en zone aride et semi-aride : planification et gestion de l’environnement.
Traduit par Danièle et Richard DEVITRE. UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-Uni. Viii.
PriceWaterHouseCoopers, Mining and Minerals Sustainability Survey, MMSD 2001, 44p.
BARRY (Philippe), « Les enjeux de la RSE comme outil d’intégration des entreprises à l’économie rurale », présentation lors du 2ème
salon international de la coopération, Dakar, juin 2009.
DIALLO (Mouhamadou Lamine), « Mine d’or et développement durable dans le Sénégal Oriental (Sabodala)», EchoGéo[En
ligne], Numéro8|2009, mis en ligne le 26 mars 2009. URL : http://echogeo.revues.org/11103.
CAILLET (Marie Caroline) et NGOM Gore (Me), Les entreprises transnationales et leur responsabilité sociétale, Fiches
pédagogiques à l’intention des juristes francophones, Association Sherpa, Paris, 2009.
CISO, CQCAM et CETAR Guide de mise en place d’une Politique d’achats responsables, Bibliohèque Nationale de Québec,
Decembre 2007
CJD, “Guide de l’engagement sociétal ou comment passer d’une entreprise solitaire à une entreprise solidaire”, juin 2010
IMS et ORSE, « L’ancrage des entreprises dans les territoires : pilotage et Reporting international », avril 2006, 79 p.
Internationale Finance Corporation (IFC), « Le dialogue avec les parties prenantes : manuel des bonnes pratiques pour les
entreprises réalisant des affaires sur les marchés en développement », IFC, Washington mai 2007, 202p.
JUAN P., « L’entreprise, un acteur clé de son territoire : comment l’entreprise peut exercer sa responsabilité sociétale en
contribuant au développement local», World forum Lille, 2010.
ORSE, Étude benchmark sur la communication des entreprises du CAC40 relative aux achats responsables, janvier 2010, 92 p.
SADJI (Ahmed), « Pratique de la RSE au niveau des MPME, et dynamique engendrée par l’approche Cluster, cas du Sénégal »,
SME Cluster Development and Corporate Social Responsibility, UNIDO, avril 2007.
VERGER (Olivier) et WHITE (Gavin), « L’ancrage des entreprises dans les pays en développement, étude exploratoire », IMS –
Entreprendre pour la cité, juin 2004, 25 p.
WEISMANN (Natalie), Les enjeux de la RSE dans le secteur minier, Présentation lors de l’atelier de formation sur la RSE dans
l’industrie extractive au Burkina Faso, 2IE, Mars 2010.
ZIMMERMANN (Jean-Benoît), « Entreprises et territoires : entre nomadisme et ancrage territorial », Revues de l’IRES n°47 – 2005/1
36 p.
CHAMARET (Aurélie), « Une démarche Top-down/Bottom up pour l’évaluation en termes multi critères et multi acteurs des projets
miniers dans l’optique du développement durable », Thèse de doctorat de l’université de Versailles, soutenue le 28 juin 2007.
GREIG (Isabelle), « Le Sénégal oriental à l’aube du développement minier : quels enjeux pour les collectivités locales », Mémoire
de Master en Sciences Haines et sociales, École normale Supérieure en lettres en sciences humaines, Paris, France 54 p.
YAMEOGO (Urbain K.), « L’émergence de la RSE en Afrique, état des lieux, enjeux et perspectives », Mémoire pour le Master 2
Professionnel en Management de la RSE, Université Paris 12, 2007, 101 p.
Gouvernement du Canada, « La Responsabilité sociale des entreprises : Guide de mise en œuvre à l’intention des entreprises
canadiennes», http://www.ic.gc.ca/eic/site/csr-rse.nsf/fra/rs00126.html,
Loi N° 2001 - 01 du 15 Janvier 2001 portant code de l'environnement de la République du Sénégal
Loi N° 2003-36 du 24 novembre 2003 portant code minier de la République du Sénégal
République du Sénégal, Ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, Direction des collectivités locales, Recueil des textes de
la décentralisation, novembre 2003.
République du Sénégal, Ministère des Mines et de l’Industrie, Direction des Mines et de la Géologie, Région de Tambacounda,
Programme Social Minier, janvier 2008, 149 p.
www.rsesenegal.sn (l’ancrage territorial des entreprises dans le cadre de la RSE, 3e forum de Dakar, mars 2011, Étude du dialogue
entreprise et collectivités locales dans le cadre de la RSE, Mamadou L. BA et Marina BAMBARA)